• La stratégie de pourrissement voulue par l’État néofranquiste, avec sa mise en application de l'article 155 (fasciste) de la Constitution, est en train de porter ses fruits avec l'aide de la politicaillerie politicienne du camp indépendantiste bourgeois lui-même, exposée au grand jour dans la laborieuse investiture d'un exécutif suite aux élections de fin décembre, qui auront finalement été un coup de maître du régime de Rajoy en dépit de leur apparence première de défaite pour lui et son parti. Il est d'ailleurs notable de relever que si l'identité politique de centre-droit de Carles Puigdemont et de son courant a été l'argument "massue" de tous les jacobins et les espagnolistes "de gauche" au cours des derniers mois, c'est à l'heure actuelle de... la "gauche", des socedems d'ERC (dont les principaux dirigeants sont certes emprisonnés) que proviennent les pires coups fourrés et les pires illustrations de l'impossibilité pour la bourgeoisie de mener à bien un tel processus historique avec la rigueur qu'il exige. Comme quoi l'analyse des marxistes doit bel et bien et toujours être DE CLASSE, et non fondée sur des catégories politiques artificielles et subjectives telles que "droite" ou "gauche".

    Cette analyse a été menée par les camarades occitanistes révolutionnaires de NÒS : quelques-reflexion-sur-le-processus-catalan

    Le pourrissement, donc, fait son effet et un récent sondage vient d'annoncer que 54% des Catalans ne voudraient plus de l'indépendance :

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/02/23/sondage-catalans-independance-catalogne/

    Parallèlement et pour information, Anna Gabriel, l'une des principales dirigeantes du secteur populaire, révolutionnaire et déterminé de la lutte pour l'indépendance (au cœur de la radicalisation et du débordement des atermoiements bourgeois dont nous avons parlé continuite-et-rupture-en-catalogne), est à son tour poursuivie pour "sédition", menacée de 30 ans de prison et en exil en Suisse :

    https://www.letemps.ch/suisse/anna-gabriel-separatiste-frontieres

    Nouvelles de Catalogne :


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  • (et par dérivation, de toutes les oppressions de genre puisque l'homophobie et la transphobie ne sont rien d'autre qu'un rejet de la non-conformité aux "rôles" et "rangs" associés à cette division...)

    La réponse spontanée de tout marxiste serait en principe "la division sexuelle du travail". Une division très ancienne, remontant aux temps préhistoriques, et fondée sur des critères BIOLOGIQUES (force physique, impossibilité pour les hommes de certaines tâches comme donner naissance et allaiter les enfants en bas âge, etc.).

    MAIS VOILÀ, cette réponse est en réalité inexacte. Car si cette division se fonde sur des critères biologiques, de force physique etc., alors la logique voudrait que chaque progrès technologique réduisant sa pertinence (en supprimant la nécessité d'aptitudes physiques particulières) la fasse reculer, et qu'au jour d'aujourd'hui elle ait pratiquement disparu. Or ce n'est pas le cas, bien au contraire.

    La réponse nous est en fait fournie par les camarades féministes maoïstes du Canada :

    "La surexploitation des femmes n’est pas causée par la division sexuelle du travail (les femmes historiquement, se sont concentrées sur les tâches liées à la reproduction et à l’entretien des enfants et de la famille). Cette division sexuelle du travail, même si elle y joue un rôle important, n’est pas dans l’absolu, une source d’oppression pour les femmes. Si on accordait la même valeur à ce travail (comme c’était le cas dans les sociétés primitives, avant l’apparition de la propriété privée, de la famille patriarcale et des classes sociales) qu’au travail dans la production, tous les salaires seraient plus ou moins égaux ; toute tâche « utile » à la société et à sa reproduction serait valorisée de la même façon."

    Eh oui... La division sexuelle originelle joue un rôle important certes, un rôle premier en ayant décidé de la répartition des tâches ; mais elle n'est pas l'explication principale du problème aujourd'hui : celle-ci, avant même de discuter (car on le peut) de la pertinence actuelle de la répartition, réside avant tout dans la VALEUR (ou plutôt l'absence de valeur) attribuée aux tâches qui sont en l'occurrence celles principalement dévolues aux femmes, à savoir, les tâches de l'économie domestique dites de reproduction gratuite de la force de travail ("nourrir-blanchir", s'occuper des enfants etc.).

    Dans une société d'économie totalement naturelle, comme celle de la préhistoire où la division s'est établie (mais l'économie naturelle n'a totalement disparu d'Occident qu'au 19e siècle, et existe encore dans beaucoup d'endroits du monde), les tâches sont distinctes mais COMPLÉMENTAIRES, absolument nécessaires les unes aux autres ; si bien que sur cette seule base, il n'y a pas en réalité de véritable statut d'infériorité des tâches de la femme, et donc de la femme elle-même.

    Ce qui engendre cette infériorisation, c'est le développement de l'économie marchande et l'"expulsion" de ces tâches de la valeur (marchande) reconnue dans cette économie, "réservée" aux seules tâches productives des hommes.

    Une économie marchande qui commence à émerger à la fin de la préhistoire, avec l'entrée dans l'âge des métaux (la forge, grande activité qu'au nom de la force physique vont alors par exemple se réserver les hommes : la production d'outils de valeur, alors que la production d'outillage en bois, pierre, os etc., complémentaire de l'activité de chasse, était à l'origine une tâche féminine...) ; mais qui devient TOTALE et subsume ("englobe", "pénètre") toute la vie sociale avec le triomphe du CAPITALISME, entre le 16e et le 18e siècle en Europe et aux 19e-20e siècles dans le monde entier.

    Pour les féministes marxistes comme Silvia Federici (principale référence en la matière), cette expulsion totale des activités féminines de la sphère de la valeur est notamment ce qui accompagne et explique la gigantesque campagne de persécution des femmes en Europe (ainsi que dans certaines colonies au dehors) entre la fin du 15e et le 18e siècle, connue sous le nom de chasse aux sorcières (parallèlement bien sûr à d'autres facteurs comme l'écrasement de la transmission - principalement féminine - des cultures populaires nationales, au Pays Basque comme ailleurs, dans le cadre de la construction des États modernes négateurs ; le besoin de bras pour la production, car le grand paradoxe est qu'aucun autre système n'a non plus autant jeté les femmes - en position surexploitée - dans la production de marchandises que celui-ci, en les arrachant donc à leurs activités spécialisées complémentaires ; bref, de manière générale la destruction de ce communisme primitif qui survivait encore très largement, sous la "ponction" ponctuelle de l'autorité féodale, dans les masses populaires à 95% paysannes du Moyen Âge) :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/il-y-a-530-ans-le-malleus-maleficarum-breviaire-capitalo-patriarcal-de-a114065394

    Depuis lors, le progrès technologique ininterrompu fruit du capitalisme lui-même a donc certes retiré peu à peu toute pertinence au partage (complémentaire) préhistorique des tâches ; mais le fait que les tâches de "soin" de la force (ou future force : les enfants) de travail, et non de production directe de marchandise par cette force, ne se voient reconnaître aucune valeur par la société fait que les hommes, qui n'y sont pas historiquement "habitués", ne les acceptent qu'à contrecœur ; tandis que les femmes, elles, qui plus que jamais travaillent tout autant que les hommes dans la production marchande (et généralement dans des fonctions plus subalternes et moins bien payées, ainsi sont-elles rarement chef dans la restauration alors que la cuisine est la première tâche domestique qu'on leur attribue "naturellement"...), les voient tout simplement se SURAJOUTER à leur activité professionnelle...

    L'oppression et l'infériorisation sociale des femmes, loin d'être quelque chose de "moyenâgeux" (époque où certes, l'association de la force physique à la production qui "rapporte" privilégiait déjà les hommes, mais l'idée de complémentarité et de nécessité sociale absolue des tâches féminines restait dominante), a en réalité connu son "pic" dans la société de capitalisme triomphant du 19e et début 20e siècle ; avant de reculer un petit peu sous la pression du mouvement d'émancipation associé au mouvement révolutionnaire anticapitaliste ; mais aujourd'hui, les choses consistent finalement en une "bataille" pour la répartition des tâches non-valorisées économiquement dont personne (en plus de son dur labeur salarié) ne veut, les "externaliser" étant dans certains cas possible mais réservé aux moyens économiques des familles bourgeoises ("LA condition féminine" n'existant donc pas, tant elle varie selon les classes) ; en sus de problématiques nouvelles ("patriarcat 2.0") liées à la mutation du capitalisme monopoliste en société de consommation (marchandisation du corps des femmes comme "produit" à acquérir par les hommes via tout un tas de dépenses faisant tourner l'économie, nouveau rôle des femmes comme "accompagnatrices" des enfants "consommateurs-rois" dans la consommation, femmes élevant seules leurs enfants car l'homme a "acheté" une vie sexuelle mais pas les responsabilités de soutien de famille, etc. etc.).

    De ce fait (un camarade nous parlait de cela récemment), il n'est pas surprenant de rencontrer non seulement un salafiste radical prônant (cela n'a en fait rien de surprenant) un rôle purement domestique de la femme, refusant qu'elle travaille et pratiquement qu'elle sorte du foyer etc., mais surtout, des femmes acceptant et rejoignant ce mode de vie : celui-ci leur apparaît, tout simplement, préférable à la condition féminine occidentale de ce début de 21e siècle, à la fois esclave salariée comme les hommes, objet sexuel sur un "marché de la séduction" ET chargée des tâches ni valorisées ni rémunérées de la reproduction de la force de travail...

    La solution à cette problématique réside donc avant tout, comme nous le disent les camarades maoïstes du Québec, dans une nouvelle société où toute tâche « utile » à la société et à sa reproduction serait valorisée de la même façon.

    Quelle est la source de l'oppression des femmes ?

    Quelle est la source de l'oppression des femmes ?


    En annexe, DEUX TEXTES FONDAMENTAUX des mêmes camarades canadiennes :

    (Source : http://www.pcr-rcp.ca/fr/4567)

    ANNEXE 1: Sur le FFPR et l’oppression des femmes

    L’analyse de l’oppression spécifique des femmes est traversée historiquement par deux courants conceptuels irréconciliables dans la théorie comme dans la pratique: le courant matérialiste et le courant post-moderne (queer). Ces deux courants n’identifient pas la même contradiction sociale à l’origine de l’oppression des femmes: les matérialistes mettent en lumière la contradiction entre les hommes et les femmes, alors que les féministes queer envisagent une contradiction entre les individus qui performent le genre de façon normative et les individus qui performent le genre de façon transgressive.

    Le féminisme prolétarien est un cadre théorique et pratique matérialiste. Toutefois, en tant que marxistes, les féministes prolétariennes n’abordent pas l’oppression des femmes d’après la même grille d’analyse que celle utilisée par les féministes matérialistes radicales, lesquelles conçoivent la contradiction homme/femme comme un rapport entre une classe exploitée et une classe exploiteuse. Au contraire, les féministes prolétariennes estiment que l’oppression des femmes ne profite pas aux hommes dans leur ensemble, mais plutôt à la classe dominante, et que la contradiction homme/femme est subordonnée à la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie.

    Le Front féministe prolétarien (FFPR) adopte une conception féministe prolétarienne de l’oppression vécue par les femmes. L’existence de ce petit mouvement, généré par le Parti communiste révolutionnaire (PCR), repose sur la ferme conviction que la prise du pouvoir par la classe ouvrière ne peut se produire sans la participation et le leadership des femmes, qui en composent la majorité, et que la libération des femmes est indissociable de la révolution socialiste.

    Ces thèses seront élaborées dans l’argumentaire ci-dessous. D’abord, les conceptions féministes matérialistes radicales seront opposées aux conceptions post-modernes (queer). Ensuite, le féminisme matérialiste prolétarien – qui, étant matérialiste, rejette lui aussi les conceptions queer – se distinguera du féminisme matérialiste radical. Enfin, une fois les fondements théoriques du féminisme prolétarien exposés, la raison d’être et les tâches du FFPR seront rappelées.

    A) Féminisme matérialiste radical VS féminisme queer

    1. Les féministes matérialistes radicales comme les féministes queer rejettent la «différence des sexes» reposant sur l’essentialisme biologique. En effet, la science a démontré que les comportements humains échappent au déterminisme biologique, tant au niveau neurologique qu’au niveau hormonal.[1]

    2. Les féministes matérialistes radicales analysent le sexe comme étant une construction sociale à l’instar des féministes queer. Par contre, ces dernières introduisent la notion de genre, une construction sociale hétéronormée qui se superpose au sexe et, par le fait même, le supplante dans leur analyse. D’après leur compréhension, le genre est choisi individuellement et librement, soit en acceptant la norme binaire, soit en la transgressant volontairement. C’est donc dire qu’être homme, femme, ou encore appartenir à un groupe de genre n’entrant pas dans cette division binaire, relève du libre arbitre.

    3. Au contraire, les féministes matérialistes radicales estiment qu’être une femme ou être un homme est le résultat d’une inculcation faite tout au long de la vie qu’on appelle socialisation.

    4. Pour les féministes matérialistes radicales, cette socialisation est le produit d’un rapport social de sexe, à l’intérieur duquel la classe des hommes exploite la classe des femmes. Cette exploitation est induite par l’existence du patriarcat, entendu comme un mode de production.

    5. Pour les féministes queer, ce qui détermine l’identité du genre, c’est sa performativité, c’est-à-dire, la pratique répétée des normes du genre. Le genre n’est pas le produit d’un rapport social, mais plutôt d’un rapport de pouvoir. En effet, dans le paradigme post-moderne, le pouvoir n’est pas concentré dans une classe sociale ou encore dans l’appareil d’État de cette classe. Il est plutôt réparti de façon diffuse à travers toutes les institutions et les individus qui composent la société. Le pouvoir est ce qui à la fois produit et réprime les sujets. Par exemple, la famille hétéronormative est une unité de pouvoir qui produit généralement des hommes et des femmes appeléEs à entretenir des relations hétérosexuelles, et qui emprisonne ces individus dans des rôles de genre masculins et féminins rigides. Par contre, ces individus sont à leur tour des unités de pouvoir qui décident de se conformer à la norme ou de la subvertir, d’en transgresser les règles, et ce, afin de transcender la répression de leur propre subjectivité. C’est ce qu’on appelle l’agentivité, ou la pratique de soi. Pour les féministes queer, c’est l’étude de la norme qui permet aux individus d’avoir une performance normative ou transgressive du genre, quelle que soit la socialisation à laquelle ils et elles ont été exposéEs.

    6. C’est ainsi que les féministes queer placent la contradiction entre la performance normative du genre (femmes et homme cisgenres, femmes et hommes hétérosexuelLEs) et la performance transgressive du genre (femmes et hommes transgenres, queers, femmes et hommes homosexuelLEs, bisexuelLEs, pansexuelLEs, personnes non-binaires, «gender neutrals», «gender fluid», berdaches, drags, etc.)

    7. Pour les féministes matérialistes radicales, la contradiction se situe plutôt entre deux groupes sociaux séparés et hiérarchisés qu’on appelle homme et femme. La perpétuation de la domination masculine est causée par un ordre socialement construit. Elles considèrent que la division homme/femme s’est établie sur la base de la différence anatomique des organes sexuels perçus à la naissance et des fonctions reproductives (biologiques et sociales) distinctes qui leur sont systématiquement associées. Le corps est construit par le monde social comme une réalité sexuée qui trouverait sa justification idéologique «dans l’ordre naturel des choses».

    8. Les féministes matérialistes radiales considèrent que le travail est l’objet principal de la différentiation des sexes et leur hiérarchisation. En effet, c’est le travail domestique qui constitue la base économique et sociale de l’oppression patriarcale des femmes. La division sexuelle du travail organise la répartition des richesses et des statuts sociaux en faveur des hommes. Par exemple, le travail domestique assigné aux femmes est disqualifié comparativement au travail salarié.

    9. Pour les féministes queer, le travail n’est pas l’objet principal de la question de l’oppression des femmes, ou plutôt, des personnes opprimées par le genre. C’est la sexualité qui est déterminante, la sexualité englobant ici la construction d’identités de genre, indissociables de l’orientation et des pratiques sexuelles. La domination masculine, comme rapport social de sexe, est alors remplacée par la prescription hétéronormative comme rapport sexuel de pouvoir. En ce sens, pour les féministes queer, l’hétéronormativité entraîne la suppression des similitudes naturelles entre les individus désignéEs comme hommes ou femmes et force la répression chez les hommes de leurs traits «féminins» et chez les femmes, de leurs traits «masculins», ces traits (physiques ou comportementaux) correspondant à l’idée qu’on se fait de ce qu’est la masculinité et la féminité.

    10. À l’opposé, les féministes matérialistes radicales, lorsqu’elles se penchent sur la question de la sexualité, l’analysent encore dans le prisme de la division sexuelle du travail. Les relations sexuelles sont conçues comme un travail fourni par les femmes et approprié par les hommes. La féminité inculquée, comme expression de la vulnérabilité et de la soumission des femmes, sert à combler les désirs sexuels des hommes. En ce qui a trait à l’hétéronormativité, elle découle de la division sexuelle du travail qui assigne des tâches différentes aux hommes et aux femmes et qui les veut «naturellement complémentaires».

    11. Alors que les féministes matérialistes radicales veulent abolir les rôles sexués, établis d’après une binarité socialement construite, les féministes queer privilégient la multiplication de catégories de personnes n’entrant pas dans les normes de genre, et donc la perpétuation de la différenciation qui sous-tend inévitablement une hiérarchisation.

    12. Les féministes matérialistes radicales ne s’attardent pas au discours philosophique portant sur la subjectivation, mais plutôt à l’observation des pratiques sociales et des conditions matérielles dans lesquelles évoluent les femmes.

    13. Pour les féministes queer, il suffit de s’autodéfinir et d’avoir une activité incessamment performée en correspondance avec cette auto-identification pour renverser la norme du genre. C’est une approche individualiste.

    14. Au contraire, pour les féministes matérialistes radicales, la classe des femmes doit mener collectivement une lutte politique acharnée contre la classe des hommes.

    B) Féminisme matérialiste prolétarien VS féminisme matérialiste radical

    1- Les points de convergence

    15. Le féminisme prolétarien, comme le féminisme radical, rejette la théorie queer parce que celle-ci découle du postmodernisme. Son articulation avec le matérialisme ne peut s’opérer sans une tension parce qu’elle est intrinsèquement idéaliste. Les approches matérialistes et postmodernes sont donc, à plusieurs égards, antagoniques. La perspective théorique queer est étrangère au marxisme et est appelée à le demeurer car elle est bourgeoise.

    16. Le féminisme prolétarien, comme le féminisme radical, identifie une contradiction entre les hommes et les femmes, et rejette l’idée d’une contradiction entre les individus ayant une performance normative et les individus ayant une performance transgressive du genre. Comme le féminisme radical, le féminisme prolétarien conçoit le sexe comme une construction sociale. Cette dernière est générée par une socialisation différentiée et hiérarchisée entre les hommes et les femmes. La socialisation est établie en fonction de l’apparence des organes génitaux observés à la naissance.

    17. Le féminisme prolétarien, tout comme le féminisme radical, s’intéresse au travail comme étant à la racine de l’oppression des femmes.

    18. Finalement, le féminisme prolétarien, comme le féminisme radical, poursuit l’objectif de l’abolition des rôles sexués, contrairement au féminisme queer qui, par libéralisme, appelle à la multiplication des identités de genre et à la liberté individuelle de choisir la sienne ici et maintenant.

    2- Les points de divergence

    19. L’analyse féministe radicale, dans son ensemble, n’est pas compatible avec le marxisme, parce qu’elle conçoit la société actuelle comme étant patriarcale, c’est-à-dire comme étant contrôlée par les hommes dans leur ensemble, ou du moins, comme étant gérée dans l’intérêt de l’ensemble des hommes. Au contraire, le féminisme prolétarien soutient que l’oppression des femmes, aussi importante soit-elle, ne profite pas aux hommes dans leur ensemble, mais à la bourgeoisie. Si la domination masculine dans la société est indéniable, il est erroné de prétendre que tous les hommes détiennent le pouvoir.

    20. Le marxisme analyse le mode de production capitaliste du point de vue des intérêts matériels des différentes classes. Les féministes matérialistes radicales ont voulu donner une base matérialiste, calquée sur le marxisme, à la théorie du patriarcat en prétendant qu’il existe un mode de production domestique. Toutes les femmes, quelle que soit leur appartenance de classe, constitueraient une classe sociale unique dont le travail domestique serait spolié par la classe des hommes.

    21. Les féministes prolétariennes estiment que les rapports entre les hommes et les femmes ne peuvent pas être considérés comme étant analogues aux rapports entre les capitalistes et les travailleurEs. L’exploitation et l’oppression sont deux phénomènes de nature différente. Le travail domestique fait par les femmes prolétariennes ne permet pas à leurs compagnons prolétariens d’accumuler du capital. Dans le travail salarié, chaque minute gagnée par les travailleurEs est une minute perdue pour les profits des capitalistes. Dans le travail domestique, les hommes n’exigent pas des femmes plus de préparation de repas et plus de lessives dès qu’elles ont la possibilité physique d’en faire davantage. Dans le travail salarié, les machines qui pourraient améliorer le sort des prolétaires, mais qui ne servent pas à augmenter les profits, ne sont pas introduites. Dans le travail domestique, l’introduction des machines et des produits nouveaux, qui améliorent les conditions de vie des femmes, n’est pas combattue par les hommes. Le temps passé à l’éducation et aux soins des enfants n’est pas un travail dont profitent les hommes prolétariens; l’absence d’un homme ne réduit pas la charge de travail des innombrables femmes monoparentales qui élèvent seules leurs enfants. C’est le capitalisme qui impose, par la privatisation de ce travail, de longues heures éreintantes aux femmes. Ceux qui profitent du travail domestique des femmes sont les mêmes qui profitent du travail en général : les capitalistes. Ce travail de reproduction leur permet d’avoir des travailleurEs nourriEs, blanchiEs et en santé, prêtEs à se mettre au travail chaque jour. Les capitalistes ne socialisent pas tout le travail de reproduction car cela nuirait à leurs profits en entraînant des coûts considérables. Pour faciliter la reproduction de la force de travail, la bourgeoisie a conservé une institution préexistante, la famille – au sein de laquelle les femmes étaient considérées comme inférieures – tout en la transformant et en la subordonnant à ses rapports de production. C’est ainsi que le sexisme se reproduit au sein de la société actuelle et génère les inégalités entre les hommes et les femmes, notamment en ce qui a trait au partage des tâches domestiques.

    22. Certaines féministes radicales n’analysent pas séparément les rapports de classe et les rapports sociaux de sexe. Elles analysent tout de même conjointement l’intérêt individuel de chaque homme à se faire servir à la maison par une femme et l’intérêt collectif qu’a la classe dominante à perpétuer la division sexuelle du travail – qui assigne aux femmes la majeure partie des tâches domestiques et leur prolongement dans le monde salarial.

    23. Pour les féministes prolétariennes, le travail domestique ne représente pas un antagonisme d’intérêts entre les hommes et les femmes de la classe ouvrière. Être moins exploité que les femmes ne signifie pas les exploiter. Les hommes prolétariens n’ont pas un intérêt matériel dans le maintien de la privatisation du travail reproductif. Ils ne perdraient rien avec la socialisation de ce travail.

    24. Les féministes radicales affirment que le mode de production patriarcal serait aussi structurant socialement, sinon plus, que le mode de production capitaliste. Les féministes prolétariennes, en tant que marxistes, considèrent que cette analyse est erronée.

    25. En effet, peut-on dire que la famille, siège du travail domestique, a le même poids historique, politique et économique que le marché capitaliste? Le marché et l’accumulation du capital ont fait et refait tous les aspects du monde dans lequel nous vivons; ont causé les guerres et les famines, transformé littéralement le paysage, créé les villes, détruit et recréé des monarchies, des dictatures, des démocraties; créé les conditions pour l’entrée en masse des femmes dans le travail industriel; créé l’éducation et les universités. La famille n’a pas eu ce rôle dynamique et progressiste-en-même-temps-que-destructeur dans l’histoire du monde. Il s’agit plutôt d’une institution qui contribue fortement à la survie du capitalisme, sans pour autant constituer une de ses raisons d’être. L’organisation et la réalisation des tâches domestiques dépendent de l’existence préalable de la production industrielle, de ses produits et de son impact sur la division du travail. Quand les besoins de l’accumulation capitaliste changent, de grandes transformations peuvent avoir lieu dans la famille, tandis que l’inverse n’est pas vrai. L’économie capitaliste en expansion a besoin de la main-d‘œuvre féminine – et voilà que des millions de femmes rejoignent à nouveau la force du travail. Le capitalisme a besoin d’une main-d’œuvre plus formée? – Les enfants iront touTEs à l’école au lieu d’aller à l’usine. Dans des périodes de crise, c’est encore plus frappant. En temps de paix, l’idéologie bourgeoise déclare que le foyer familial est le seul endroit où l’on peut développer des êtres humains équilibrés. Arrive une guerre mondiale et les capitalistes envoient les hommes par millions dans les champs de la mort et les femmes par millions à l’usine pour remplacer le travail des ouvriers hommes. Le cadre familial comme mode de vie est détruit jusqu’à la fin de la guerre. Bref, le capitalisme a besoin de la famille, mais la famille lui est, en dernière instance, subordonnée.[2]

    26. Le féminisme prolétarien, contrairement au féminisme radical, analyse la contradiction homme/femme comme une contradiction secondaire non-antagonique, une contradiction au sein du peuple. Le féminisme prolétarien considère que la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie est la contradiction sociale principale. L’oppression des femmes est subordonnée à la lutte des classes.

    27. Contrairement aux féministes radicales, les féministes prolétariennes considèrent donc qu’il n’y a pas d’unité possible entre les femmes prolétariennes et les femmes bourgeoises, mais qu’il y en a une entre les femmes prolétariennes et les hommes prolétariens, malgré la persistance de comportements sexistes au sein du peuple. C’est dans l’intérêt des hommes prolétariens de participer au combat contre le sexisme et l’oppression des femmes. Dans tous les pays, les femmes constituent une partie importante des travailleurEs. L’idée même que les prolétaires puissent prendre le pouvoir et laisser en place l’oppression des femmes est un non-sens. Cette idée suggère que des millions de travailleuses, s’étant engagées dans une lutte sans merci pour renverser la bourgeoisie – lutte entraînant toutes les transformations de la conscience qui surgissent de ce genre d’expérience – décideraient par la suite de maintenir l’oppression des femmes. Une prise du pouvoir par les travailleurEs, si la majorité du prolétariat est ignorée, n’en est pas une. Cela ne signifie pas qu’après la prise du pouvoir, les préjugés sexistes millénaires et le mépris envers les femmes disparaîtront d’un coup. Cela signifie seulement que l’élimination de la base matérielle de l’oppression, jumelée avec la conscience révolutionnaire de millions de femmes et d’hommes, affaiblira cette oppression qui entamera son dépérissement rapide jusqu’à son élimination.[3]

    C) Pour un petit-mouvement féministe prolétarien

    28. Le FFPR a été constitué sur la base de la reconnaissance de l’existence objective d’une contradiction entre les hommes et les femmes, ainsi que sur la nécessité 1) d’organiser les femmes prolétariennes pour faire la révolution, et 2) de combattre le sexisme dès maintenant pour qu’il se forme une alliance véritable entre les hommes et les femmes du prolétariat.

    29. Le fait que le FFPR s’adresse aux femmes – le groupe opprimé qui justifie son existence – ne reproduit pas l’oppression de minorités elles aussi opprimées, qu’il s’agisse de catégories qui ont une existence matérielle dans la société (homosexuelLEs, personnes trans, personnes racisées, etc.), ou qu’il s’agisse de catégories strictement idéologiques, comme celles avancées par les queer. Le fait de n’utiliser que le mot «femmes» dans le chapitre 8 du programme du PCR et dans le Manifeste pour un féminisme prolétarien n’est en rien problématique. Il n’y a pas lieu d’ajouter des expressions provenant du féminisme queer telles que «personnes opprimées par le genre», «personnes non-binaires» ou encore «non-hommes». Cela trahirait la mission du FFPR. En effet, le féminisme queer occulte l’oppression des femmes. Il prétend qu’en changeant les mots et les idées, on change le monde matériel, niant que les rôles sexués continuent d’exister objectivement. Le féminisme queer, en faisant la promotion de l’agentivité, en vient à effacer la nécessité de la lutte collective pour l’émancipation des femmes prolétariennes.

    30. Les féministes prolétariennes reconnaissent l’existence objective des personnes trans, mais comprennent leur situation comme étant déterminée par la contradiction homme/femme, et non par une contradiction imaginaire entre normativité et transgression du genre. La socialisation sexuée génère des rôles sexués à travers tous les appareils idéologiques de la société bourgeoise. Cependant, cette socialisation ne s’effectue pas de façon homogène et uniforme pour tous les individus, étant donné que la pression des différents environnements sociaux n’est pas la même partout. Les personnes trans ne transgressent pas ou ne subvertissent pas le genre ou les rôles sexués; ils et elles changent de camp tout simplement. Notons que les hommes sont aussi soumis aux impératifs des rôles associés au sexe dominant qu’on leur a assigné à la naissance. Cela peut entraîner un malaise important qui pourrait expliquer la transsexualité des hommes, les amenant à s’exposer aux violences sexistes que subissent les femmes.

    31. L’oppression des personnes trans par les femmes soi-disant cisgenres[4] est une invention divisive de la bourgeoisie. Même une femme qui serait en parfaite correspondance avec les rôles sexués féminins serait une femme dominée qui n’aurait pas choisi son sexe, mais à qui la société lui en aurait assigné un qui la maintiendrait en position d’infériorité. Ceci dit, il n’y a pas de femmes ni d’hommes en parfaite correspondance avec les rôles sexués qui incombent à leur sexe puisque le sexe est construit socialement.

    32. C’est donc dire que le FFPR prend en compte l’oppression que vivent les personnes trans et les personnes homosexuelles, tout en concevant ces oppressions comme découlant de la contradiction entre les hommes et les femmes. L’homophobie et la transphobie sont des prolongements du sexisme.

    33. Le FFPR affirme que les organisations révolutionnaires et les hommes révolutionnaires doivent aussi agir contre les effets de l’oppression des femmes dans la vie quotidienne ou organisationnelle.

    34. Pour conclure, le FFPR milite en faveur de l’affranchissement de la sexualisation des corps et des rôles sexués qui en découlent. La société communiste sans classes sera marquée par l’égalité réelle entre les individus qui ne seront plus placés dans des catégories de sexe et qui pourront exprimer leurs préférences librement.

    35. Le PCR, en tant qu’avant-garde communiste, accorde aux mouvements de lutte des femmes prolétaires (contre l’exploitation sexuelle, le sexisme, etc.) un soutien sans failles, mais inscrit dans un travail politique visant à rendre ces mouvements conscients de leur cadre naturel – la lutte des classes – et, donc, à les qualifier vers la lutte révolutionnaire.[5] Quelle doit être l’attitude de l’avant-garde communiste vis-à-vis du féminisme bourgeois et petit-bourgeois, du féminisme queer et du féminisme radical? Une critique sans concession de leur caractère anti-prolétarien.

    Des camarades militantes du FFPR-Montréal

    NOTES:

    [1] Nous nous basons sur les écrits de théoricien(ne)s tel(le)s que Catherine Vidal, Joëlle Wiels, Gaïd Le Maner-Idrissi, Pascal Picq, I.E. Sommer et al, K.M. Bishop et D. Walhsten, S.J. Gould, D. Benoît-Browaeys, etc.

    [2] Extrait tiré presque intégralement du texte «Vivons-nous dans une société patriarcale? À qui profite l’oppression?» par John Mullen.

    [3] Idem.

    [4] D’après le féminisme queer, les personnes cisgenres sont celles dont l’identité de genre correspond au genre qui leur a été assigné à la naissance en fonction de l’apparence de leurs organes génitaux. Autrement dit, il s’agit de la grande majorité des individus.

    [5] Extrait tiré presque intégralement du texte «La Flèche et la cible» par le Collectif des prisonnièrEs des Cellules communistes combattantes (CCC).

    * * *

    ANNEXE 2 : Sur la prostitution

    1. Nous tenons à un féminisme prolétarien, c’est-à-dire, un féminisme qui s’intéresse à la libération des femmes qui ne possèdent pas de moyens de production et qui n’ont d’autre choix que de vendre leur force de travail pour survivre. Ce féminisme s’inscrit en opposition avec un féminisme bourgeois qui sert les intérêts de la classe dominante.

    2. Le féminisme prolétarien repose sur un cadre d’analyse matérialiste. Le matérialisme philosophique a été employé chez les féministes de 2ième vague pour analyser ce qu’elles ont nommé les «rapports sociaux de sexe». Toutefois, le féminisme prolétarien rejette les conceptions féministes radicales selon lesquelles il existerait un mode de production patriarcal. Il défend plutôt que le mode de production capitaliste, aujourd’hui dominant, est fait de rapports sociaux de production qui font en sorte que la bourgeoisie profite de l’oppression des femmes.

    3. Sur la question de la prostitution, le prohibitionnisme apparaît chez les féministes de 1ière vague, les égalitaristes. L’égalitarisme est un féminisme qui répond aux besoins des femmes bourgeoises. Il condamne la prostitution et les prostituées pour des considérations morales et hygiéniques.

    4. L’abolitionnisme, de son côté, apparaît chez les féministes matérialistes. Celles-ci examinent la prostitution dans le prisme de l’exploitation économique et sexuelle des femmes.

    5. La position pro travail du sexe (pro TDS), ou encore réglementariste, apparaît plus tard dans la littérature féministe. Il s’agit d’une position qui est souvent défendue par les féministes de 3ième vague, ou queer, au nom du droit à l’autodétermination des individus (agentivité).

    6. En tant que féministes prolétariennes, nous considérons que la position pro TDS ne répond pas aux femmes prolétaires touchées quotidiennement par l’exploitation économique et sexuelle. Pour sa part, la position abolitionniste la plus répandue, bien qu’elle soit matérialiste, comporte aussi des failles que le féminisme prolétarien se doit de corriger.

    7. Dans un premier temps, la position pro TDS, ou réglementariste, est problématique parce qu’elle refuse de voir la prostitution comme étant structurée par le sexisme. C’est une position libérale, empreinte d’idéologie bourgeoise, faisant la promotion de la liberté individuelle de marchander ce qu’on veut.

    8. En effet, les pro TDS considèrent à tort que les femmes qui vivent de la prostitution vendent un service sexuel et donc, disposent librement de leur corps. Or, les femmes qui vivent de la prostitution louent plutôt le droit de disposer de leur corps à des clients.

    9. La prostitution n’est pas la vente ordinaire de la force de travail; il ne s’agit pas de l’exploitation du travail d’une personne, mais de l’exploitation absolue d’une personne. La prostitution n’est pas la vente et la consommation de services sexuels: ce qui est vendu et consommé, c’est le rapport de domination direct sur une personne. C’est cette domination qui est la valeur d’usage de la marchandise-prostituée, tandis que pour le travail salarié en général, la domination est plutôt une condition qui permet l’exploitation de la force de travail. Ce que met en scène et en marché l’industrie du sexe, c’est non seulement les corps sexués, mais aussi, et surtout, la violence sexiste. La prostitution est l’expression la plus complète de cette violence.

    10. Considérer que la prostitution est un travail comme un autre, c’est renforcer l’idée voulant que la sexualité soit une tâche, celle de répondre à la sexualité-besoin de l’homme. Le matérialisme nous enseigne que les hommes et les femmes sont soumisES à une socialisation différenciée et hiérarchisée. Cette socialisation fait en sorte que les hommes conçoivent leur sexualité comme une nécessité, une chose qui leur est due. Les personnes qui entrent dans un rapport sexuel avec eux sont donc vouées à répondre à un besoin soi-disant «naturel» – qui est plutôt un besoin construit socialement. En contrepartie, la socialisation des femmes les amène à concevoir leur sexualité comme étant une réponse au désir irrépressible des hommes, et donc comme le devoir de les satisfaire. Dans la satisfaction qu’elles peuvent procurer, les femmes sont poussées à mesurer leur valeur en tant que personnes. La position pro TDS participe à la reproduction de ces inégalités, et donc bafoue l’épanouissement sexuel des femmes.

    11. Ajoutons que le libre consentement, condition essentielle de la sexualité, n’est pas le propre d’une relation marchande prostitutionnelle. En effet, quand la subsistance de la femme dépend de son achat par l’homme, ce qui est le cas des femmes prostituées prolétariennes qui constituent la majorité des personnes prostituées, il n’y a pas de mutualité dans le choix des partenaires et dans le choix des actes posés dans la relation. On ne peut donc pas parler de sexualité, mais plutôt d’un viol institutionnalisé.

    12. De plus, en tant que marxistes, on ne peut faire autrement que de dénoncer le libéralisme de la position pro TDS qui invisibilise l’exploitation – voire la surexploitation – des femmes issues des couches les plus vulnérables du prolétariat (racisées, mères, immigrantes, autochtones, sous-éduquées, mineures, toxicomanes, non-qualifiées, etc.) par des bourgeois qui tirent des profits faramineux de l’industrie du sexe, et qui en bénéficient aussi en tant que clients-prostitueurs. Il est donc intéressant de se demander à qui profite la régularisation de la prostitution.

    13. En tant qu’internationalistes, nous nous devons d’analyser le phénomène de la prostitution en prenant aussi en considération la façon dont elle est vécue dans les pays dominés. Comme nos camarades maoïstes indiens, népalais et philippins, nous dénonçons avec véhémence l’industrie du sexe internationale caractérisée par le tourisme sexuel ainsi que la traite des femmes et des enfants. Cette industrie profite largement de l’appauvrissement des populations de ces pays ; elle est une composante essentielle de l’impérialisme.

    14. Dans un deuxième temps, si nous nous dressons contre le réglementarisme des pro TDS, nous n’adhérons pas non plus complètement à la position abolitionniste la plus répandue. Bien que nous endossions l’analyse globalement juste selon laquelle la prostitution n’est pas un travail comme un autre, nous nous opposons aux solutions avancées par les abolitionnistes. En effet, ces solutions sont bourgeoises parce qu’elles visent à mettre un terme à l’exploitation sexuelle du corps des femmes par l’instauration de réformes législatives appliquées par les forces de l’ordre et appuyées par des politiciens bourgeois : la criminalisation des clients et des proxénètes. Pourtant, nous savons que le système judiciaire n’est qu’au service des capitalistes, que la police n’est nulle autre que le bras armé de la classe dominante et que nous vivons sous la dictature de la bourgeoisie. Nous savons que la collaboration de classes ne répond pas au besoin des femmes prolétariennes. Une fraction de la bourgeoisie a un intérêt direct dans le maintien du système prostitutionnel. Surtout, la bourgeoisie dans son ensemble a intérêt à ce que perdurent les conditions matérielles qui jettent une partie des femmes du prolétariat dans la prostitution.

    15. En tant que marxistes-léninistes-maoïstes, nous avons pour objectif de répondre aux besoins matériels du prolétariat. Il ne suffit pas de criminaliser les pimps et les clients pour libérer les femmes prolétaires de la prostitution. Il faut aussi, et surtout, transformer complètement les conditions matérielles d’existence des femmes de sorte qu’elles n’aient plus besoin de se vendre pour satisfaire leurs besoins vitaux.

    16. Nous rejetons donc les positions abolitionnistes qui refusent de reconnaître la nécessité de faire la révolution communiste pour libérer pleinement les femmes prolétariennes. Pour être conséquent, l’abolitionnisme devrait mener à des positions révolutionnaires, puisque le capitalisme entretient la pauvreté et l’oppression spécifique des femmes (ainsi que d’autres formes d’oppression spécifiques) dont se nourrit la prostitution. Sous le capitalisme, les conditions matérielles qui engendrent la prostitution vont perdurer.

    17. Dans notre perspective d’anéantissement de la bourgeoisie et de pouvoir populaire, la prostitution sera inévitablement abolie. Effectivement, la transition socialiste, ce sera l’abolition progressive de tous les rapports marchands. Les gens pourront répondre à leurs besoins sans avoir à vendre leur force de travail, et encore moins leur corps sexué et leur soumission. Dans la société communiste, sans classes sociales et sans exploitation, tout le monde pourra activement et dignement contribuer à la production et sera assuré de voir l’ensemble de ses besoins comblés. C’est donc dire qu’il ne restera qu’une sexualité dans le cadre de la libre association entre des personnes qui s’apprécient et qui se respectent mutuellement.

    18. Bien entendu, avant d’en arriver là, il faudra livrer plusieurs batailles pour se débarrasser des contradictions au sein du peuple qui risquent de subsister après la prise du pouvoir, entre autres, la contradiction entre les femmes et les hommes, déterminante dans la prostitution. Il faudra mener une lutte acharnée contre le sexisme hérité de millénaires d’oppression.

    19. Certaines militantes pro TDS invectivent toutes camarades ayant une position abolitionniste en prétendant qu’elles dénigrent et rejettent les travailleuses du sexe. Il n’en n’est rien chez les féministes prolétariennes. Nous nous solidarisons avec les femmes prostituées prolétariennes au même titre que les communistes se battent avec et pour les travailleurEs tout en dénonçant leur exploitation et leurs exploiteurs.

    20. Ces militantes pro TDS accusent souvent les abolitionnistes de faire de la stigmatisation par les mots. Nous choisissons sciemment d’employer les expressions «prostitution» et «femmes prostituées» parce qu’elles décrivent une réalité objective. Au contraire, celles et ceux qui emploient les expressions «travail du sexe» et «travailleuses du sexe» ont la prétention de changer la réalité en changeant le vocabulaire, alors qu’il n’en est rien. De plus, ces expressions véhiculent l’idée que la prostitution est un travail comme un autre.

    21. Les syndicats de travailleuses du sexe ne peuvent pas faire de réel travail syndical, car la prostitution ne repose pas uniquement sur un contrat de travail entre la prostituée et le proxénète, mais aussi sur un non-contrat entre la prostituée et le prostitueur: la vente de soi et, par extension, de la pleine disposition de quelqu’un d’autre sur soi.

    22. Le syndicalisme, en matière de prostitution, impliquerait: a) la reconnaissance de la prostitution comme étant un travail comme un autre, b) la négociation du prix de vente de la force de travail des prostituées avec des membres du crime organisé, ce qui nécessiterait un pouvoir de coercition qui ne sera atteint que pendant la GPP, c) la capacité de contracter avec l’ensemble des clients une entente sur les «services sexuels» rendus, ce qui est impraticable, et ce qui entrerait en contradiction avec la nature même de la prostitution, soit l’achat de la domination.

    23. Les «syndicats» existants, comme Stella à Montréal, sont en fait des organes qui essaient d’imposer une direction politique libérale sur les femmes prolétariennes, de même que certaines organisations abolitionnistes tentent d’instaurer une hégémonie politique réformiste en la matière.

    24. Nous souhaitons plutôt travailler à ce que le Front féministe prolétarien révolutionnaire (FFPR), continue, dans son discours et dans sa pratique, à rassembler les prolétaires et à exercer une direction politique révolutionnaire sur le mouvement de libération des femmes, et ce, tout en supportant les revendications justes des femmes prostituées et en les aidant à s’organiser pour renverser la bourgeoisie et mettre fin au sexisme.

    Adopté par la cellule de Montréal.

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    TRÈS INTÉRESSANT AUSSI... bien que ruant pas mal dans les brancards de tout un féminisme radical-révolutionnaire occidental contemporain, bref pas vraiment super safe pour ne pas dire trigger (LOL !), un texte qui nous vient du mouvement maoïste du Brésil :

    https://medium.com/@yatahaze/dois-caminhos-o-feminismo-ou-a-luta-feminina-revolucion%C3%A1ria-306d4858d1e2

    Deux voies : le féminisme ou la lutte révolutionnaire des femmes


    Note de l'auteur : Le texte qui suit est une analyse historique de l'apparition et du développement du féminisme comme mouvement démocratique, de ses scissions, de sa situation actuelle dans notre pays [le Brésil] et de quelles sont les solutions pour les femmes.

    Introduction

    Pour une meilleure compréhension du féminisme et de sa nature, il importe de repasser succinctement en revue, de la manière la plus synthétique possible, le développement du monde moderne depuis le 19e siècle jusqu'à nos jours. Commençons.

    [Nous préciserons ici en préambule que nous ne partageons pas exactement une vision aussi "schématique" de l'histoire mondiale ; néanmoins, ce "schématisme" a peut-être pour avantage de faciliter la compréhension, le fond de l'idée restant tout à fait juste.]

    Nous savons que la bourgeoise s'établit au pouvoir, initie sa période historique et de là instaure le capitalisme en Europe avec les révolutions bourgeoises, les principales étant la Révolution anglaise (1640-88) et la Révolution française (1789). [C'est là le principal point avec lequel nous sommes en désaccord : lorsque les révolutions bourgeoises surviennent, le capitalisme se développe déjà en Europe depuis plusieurs siècles ; l’État monarchique moderne qui émerge à partir des 13e-14e siècles et devient absolutiste entre le 16e et le 18e fait partie de ce processus de développement du capitalisme ; les révolutions bourgeoises interviennent à un stade de capitalisme déjà largement développé et permettent avant tout la "révolution industrielle" ; néanmoins c'est là un bémol secondaire, on comprend où le texte veut en venir.]

    La révolution bourgeoise a consisté en un grand mouvement (dans la majorité des cas militaire, dans tous les cas culturel, social, politique, économique etc.) dans lequel la bourgeoisie a dirigé l'ensemble du peuple contre l'aristocratie, le clergé et la grande propriété de la terre entre les 17e et 19e siècles ; mouvement également connu comme la “révolution démocratique”. [Nous savons en réalité que dans les faits (lorsqu'on lit par exemple Marx sur l'accumulation primitive) la bourgeoisie au cours de son processus d'instauration du capitalisme a déchaîné bien plus de violence contre les masses populaires de producteurs que contre ses rivaux de l'aristocratie et du clergé ; et sur le plan idéologique, en quelque sorte, a sécrété en permanence de l'humanisme pour aussitôt le piétiner ; néanmoins il est vrai que la lutte pour le pouvoir, donc la lutte principale et historiquement motrice, l'opposait aux classes féodales.]

    Ces grands mouvements jetèrent à bas (par la violence révolutionnaire dans la majorité des cas) les classes féodales aristocratiques européennes ; les paysans prirent le contrôle des terres des grands propriétaires [là encore, pas si simple en réalité... surtout si l'on pense aux Îles Britanniques] et renversèrent ainsi le pouvoir de la noblesse et du clergé. À partir de là se structura donc l’État bourgeois, basé sur la propriété capitaliste, avec la grande industrie et une agriculture capitaliste. Ces révolutions bourgeoises ou démocratiques ne se produisirent pas dans le monde entier, mais uniquement dans les pays d'Europe (Allemagne, Angleterre, France, Italie etc.) et aux États-Unis, au Canada, au Japon etc.

    Avec le développement du capitalisme dans ces pays post-révolution démocratique [comme conséquence de la "révolution" industrielle, que ces révolutions bourgeoises avaient vocation à permettre] commencèrent inévitablement à apparaître les monopoles, c'est à dire des groupes accumulant du capital et absorbant un certain nombre d'entreprises, mettant fin à l'ère du capitalisme de libre concurrence et initiant le processus qui devait culminer dans l'impérialisme.

    Il faut rappeler ici que dans les pays d'Asie (à l'exception du Japon), d'Afrique et d'Amérique latine il n'y a pas eu de telles révolutions bourgeoises ou démocratiques. Ici le capitalisme ne s'est pas mis en place pour le compte d'une bourgeoisie locale qui aurait pu grandir, accumuler un grand capital national, devenir politiquement puissante et renverser les forces féodales. Au contraire, dans ces pays le capitalisme a été implanté par l'impérialisme, c'est à dire par la bourgeoisie de pays étrangers, et se caractérise par un capitalisme bureaucratique [en gros, un peu l'équivalent du "mercantilisme" de Colbert sous l'Ancien Régime...], ce qui signifie que ce capitalisme a été "plaqué" sur des bases féodales qui n'ont pas été éliminées comme il aurait fallu, comme cela a été fait dans les pays passés par des révolutions démocratiques. Un exemple simple des bases semi-féodales de nos pays du Tiers Monde est l'existence de la grande propriété terrienne, toujours bien présente et puissante de nos jours.

    Toute cette explication introductive peut sembler hors-sujet pour aborder la question du féminisme (que peut bien avoir à voir le féminisme avec le ‘capitalisme bureaucratique’, ‘l'impérialisme’ ou encore la ‘révolution bourgeoise’ etc. ?) ; mais il va en réalité apparaître clairement ci-après que cette question, apparemment sans rapport, fait toute la différence dans l'analyse.

    Le féminisme et son essence : la bourgeoisie révolutionnaire

    Le féminisme a vu le jour comme mouvement de la bourgeoisie révolutionnaire du 19e siècle [certes, s'il est utile de le préciser, non sans frictions avec la bourgeoisie masculine...] cherchant à transformer les bases culturelles-idéologiques de la société (la superstructure), à modifier les rapports sociaux hérités des vieilles bases du féodalisme déjà vaincu. Jusqu'au 19e siècle, la bourgeoisie jouait encore [au service de ses intérêts] un rôle révolutionnaire de destruction des classes féodales et de libération des forces productives ; cependant, elle passait petit à petit et toujours plus dans le camp de la contre-révolution tandis que se consolidait l'impérialisme (20e siècle), phase décadente et de décomposition du capitalisme, et que le prolétariat surgissait comme nouvelle force sociale de caractère révolutionnaire [il faudrait préciser ici : le prolétariat mondial, avec les peuples colonisés ou dominés par l'impérialisme, en rappelant que jusque-là, en dehors de quelques avancées certes notables comme l'abolition de l'esclavage (mais sous la pression de quelles luttes, aussi !), le rôle relativement émancipateur de la bourgeoisie a surtout concerné les peuples blancs occidentaux].

    À l'époque de l'impérialisme (dans laquelle nous nous trouvons encore aujourd'hui), la bourgeoisie est intégralement passée dans le camp de la contre-révolution et perd son essence révolutionnaire, craignant le progrès de la civilisation humaine par crainte de l'ascension du prolétariat. Par conséquent, tous les mouvements et les mots d'ordre apparaissant à son initiative et dirigés par elle seront également voués à se retrouver soit dans le camp réactionnaire, soit dans celui de l'inconséquence politique et de la vacillation. Et de fait, tous les mouvements antérieurement surgis sous la direction de la bourgeoisie (encore) révolutionnaire, devenue entre temps réactionnaire, se révèleront désormais incapables d'aborder correctement la réalité et de proposer une solution solide aux problèmes qu'ils prétendent résoudre.

    L'agenda féministe à ses débuts comprenait essentiellement la lutte pour le droit de vote des femmes [obtenu en général plus ou moins tardivement au cours du 20e siècle], la liberté financière synonyme de droit au travail, le droit à l'avortement et l'accès aux moyens de contraception, en sus du droit à la santé, à l'éducation et autres services qui leur étaient auparavant interdits ou restreints. Ces mots d'ordres se levaient face au poids des conceptions féodales qui pesaient encore sur les femmes. Le féminisme n'était pas un mouvement isolé, et nous ne pourrions en avoir qu'une analyse extrêmement superficielle si nous le considérions comme une fin en soi, sans voir qu'il s'inscrivait dans le grand mouvement général de la bourgeoisie pour balayer les bases culturelles et idéologiques du féodalisme en Europe [ou pourrait-on peut-être plutôt dire, les bases issues de l'accumulation primitive et de la mise en place de la Modernité capitaliste, car il apparaît souvent à l'étude que c'est à cette époque, entre le 14e et le 17e siècle, qu'appartiennent les pires oppressions à l'encontre des femmes comme par exemple les chasses aux sorcières – de fait et de manière générale, ce que l'on entend communément par "féodal" ou "moyenâgeux", "obscurantiste" etc. et contre quoi les Lumières et la révolution "démocratique" bourgeoise se sont dressées n'est pas la féodalité proprement dite d'autour de l'An 1000 ; système tributaire finalement cohérent dans lequel l'unité et non la lutte des fonctions sociales était principale, et de toute façon déjà (au 18e siècle) totalement laminé sous les assauts conjoints du développement du capitalisme, de l'absolutisme et dans une certaine mesure des luttes populaires ; mais bien plutôt les affres hideuses de la période historique d'émergence du capitalisme dans les entraves d'une féodalité résiduelle et "zombie", historiquement dépassée et réactionnaire sur toute la ligne, à son "stade suprême" comme peut l'être le stade des monopoles pour le capitalisme : c'est cela que la révolution bourgeoise, c'est à dire la bourgeoisie se débarrassant de ces entraves pour atteindre sa "plénitude", a en réalité affronté...].

    Mais le féminisme ne concernait pas toutes les femmes de la même manière : il était un mouvement qui servait les femmes de chaque classe en accord avec les intérêts de celle-ci ; bien que, en Europe, il prétendait rassembler et unir toutes les femmes.

    Prenons un exemple : dans l'Europe du 19e siècle, le féminisme demandait la liberté et l'indépendance financière vis à vis du mari. Mais cette revendication signifiait en réalité deux choses très différentes pour deux groupes différents de femmes : pour la femme bourgeoise, elle signifiait le droit d'avoir et d'accumuler du capital indépendamment du mari ; tandis que pour la femme prolétaire, elle ne signifiait que le droit de prendre place sur une chaîne de production industrielle. Ce qui représentait, certes, un progrès par rapport au pur travail servile domestique ; mais servait aussi principalement la bourgeoisie, qui trouvait dans les femmes un nouveau contingent de main d’œuvre à exploiter [et même surexploiter].

    Avant d'entrer dans l'ère des monopoles et de l'impérialisme, les revendications des femmes  —  non seulement des femmes bourgeoises, mais de toutes les classes, dès lors que la bourgeoisie jouait un rôle émancipateur —  étaient les mêmes : droit de vote, fin de l'autorité absolue du mari etc. ; et le mouvement féministe, bien que dirigé par la bourgeoisie, regroupait les intérêts des femmes de toutes les classes jusqu'à la fin du 19e siècle. Ceci reflétait en fait la réalité générale de la lutte des classes de l'époque : l'époque de l'offensive de la révolution démocratique où les intérêts de toutes les classes (bourgeoisie révolutionnaire, petite bourgeoisie, paysans et prolétariat naissant) étaient en substance les mêmes pour abattre le féodalisme et l'aristocratie, imposer un nouveau régime social ‘démocratique’ etc. Le mouvement féministe, de la même manière, unissait toutes les femmes dans un intérêt également commun : abattre les traditions féodales dans la culture et la vie sociale, conquérir leur place dans une société démocratique bourgeoise (qui était alors, à défaut d'une autre, la forme la plus avancée de société).

    C'est ainsi que le féminisme doit être compris comme mouvement particulier dans le grand mouvement général de la bourgeoisie européenne-occidentale pour détruire les rapports sociaux hérités de la vieille féodalité. Et, de ce fait, il a réellement joué à cette époque (en Europe-Occident) un rôle révolutionnaire démocratique d'anéantissement de ces rapports féodaux.

    Le passage de la bourgeoisie à la contre-révolution et ses conséquences sur le féminisme

    Dans les pays comme la France, l'Allemagne, l'Angleterre, les États-Unis, l'Italie et les autres pays d'Europe ou d'Amérique, anglo-saxons etc. (outre le Japon), où la bourgeoisie avait consolidé la révolution démocratique et détruit le féodalisme, le féminisme a bien rempli son rôle : détruire totalement les bases culturelles féodales dans les rapports sociaux aux femmes, et avancer dans les tâches démocratiques aussi loin qu'il l'a pu (c'est à dire aussi loin que la bourgeoisie le lui a permis...).

    [Ou pour parler concréto-concrètement, et énoncer ce qui devrait être une évidence matérialiste : le féminisme "c'est du chocolat" comme dirait Houria Bouteldja, c'est "un luxe" au sens où il ne peut comme mouvement se développer réellement que dans une société en voie rapide de libération du besoin, et triompher que dans une société libérée de celui-ci ; ce qui a pu en partie (du moins) être le cas sous la direction de la bourgeoisie dans les sociétés capitalistes des pays occidentaux ; mais ne peut désormais pas l'être, comme nous allons le voir dans la suite du texte, dans les pays dominés par l'impérialisme en dehors d'une révolution démocratique anti-impérialiste (de "nouvelle démocratie") ininterrompue vers le socialisme et le communisme (et ses tâches inaccomplies en Occident même, en particulier pour les femmes des classes populaires, ne peuvent également être parachevées que dans le socialisme).]

    Lorsque apparaît et se consolide définitivement l'impérialisme, et que la bourgeoisie passe totalement dans le camp de la contre-révolution, s'opposant à tout progrès humain de peur que le prolétariat ne prenne le pouvoir, le féminisme lui aussi connaît une mutation essentielle. Les bases sociales qui le dirigeaient, c'est à dire la bourgeoisie, passent totalement dans le camp de la régression et il subit une scission : d'un côté, le féminisme bourgeois, de l'autre, les revendications des femmes prolétaires¹, auxquelles échoit désormais la responsabilité de poursuivre sur la voie du progrès de la condition féminine.

    Du côté du féminisme bourgeois se font alors jour toute une série de dénaturations logiques et politiques des revendications, d'où surgissent les plus bizarres interprétations et propositions comme par exemple le concept de “lutte des sexes” visant objectivement à opposer les femmes et les hommes d'une même classe ; autrement dit un féminisme jouant un rôle ouvertement réactionnaire au service de sa classe, la bourgeoisie [l'on pourrait encore ajouter ici : le féminisme mis au service d'un impérialisme "progressiste"-"néo-civilisateur" en direction des pays dominés ou de leurs représentants dans les métropoles impérialistes (alors que dans plus d'un cas, auparavant, c'est l'impérialisme occidental lui-même qui a imposé ses normes patriarcales dans des sociétés qui les ignoraient...) ; imbu de la "supériorité" de la "civilisation" occidentale et fomentant la "lutte des sexes" au sein des peuples contre leur nécessité prioritaire de combattre et abattre la domination impérialiste].

    Tandis que, du côté du prolétariat, se reprend tout doucement la marche pour rendre à la lutte féminine son caractère émancipateur, pointant du doigt la bourgeoisie comme la classe réactionnaire qui empêche le progrès de la civilisation humaine et, de là, la complète émancipation des femmes ; posant la nécessité de le renverser et d'instaurer le Pouvoir du prolétariat pour faire à nouveau avancer la condition féminine — tout comme le fit la bourgeoisie révolutionnaire sous le féodalisme.

    Le féminisme dans le Tiers Monde  —  au Brésil

    Le féminisme est apparu ici aussi comme une idée, une pensée de la bourgeoisie à la fin du 19e siècle, époque de la bourgeoisie révolutionnaire. Cependant, dans un pays comme le Brésil du 19e siècle où s'imposait déjà la domination étrangère (en lien avec l'explosion de l'industrie en Angleterre principalement), la bourgeoisie nationale² demeurait très faible économiquement du fait de ne pas parvenir à soutenir la concurrence du capital étranger, et de ce fait était également politiquement très faible, autrement dit, trop fragile et impuissante pour mener à bien une véritable révolution démocratique. Cette impuissance la conduisit à tomber dans l'inconséquence politique, notamment entre autres au niveau de l'organisation des femmes à l'époque de la révolution démocratique bourgeoise. De sorte que, pour autant que le féminisme ait pu apparaître et porter des propositions progressistes à l'époque, il ne pouvait de toute façon pas se développer à un niveau lui permettant d'organiser toutes les femmes, de par la faiblesse de la classe lui ayant donné le jour, à savoir la bourgeoisie nationale.

    Le féminisme au Brésil put gagner un peu en force au siècle suivant, à partir de 1920, justement à l'époque où la révolution démocratique comme tendance était la plus latente dans la société brésilienne ; époque marquée par la grève générale de 1917 et la fondation du Parti communiste en 1922.

    Les mots d'ordre du féminisme au Brésil, à cette époque d'apogée de la révolution démocratique comme tendance, étaient globalement les mêmes que ceux du féminisme de la bourgeoisie révolutionnaire en Europe au 19e siècle : liberté de travailler sans l'autorisation du mari, indépendance financière, droit de vote etc.

    Mais la faiblesse de la bourgeoisie nationale à l'époque de l'impérialisme ne permit pas au féminisme de descendre sur le terrain des classes populaires et de se lier à elles : il ne fut pas capable d'organiser et de mobiliser les femmes ouvrières et paysannes, laissant de côté, par exemple, les femmes noires qui étaient les premières victimes des traditions féodales-esclavagistes ; il ne réussit même pas à mobiliser un nombre conséquent de femmes de la petite bourgeoisie ; et de même que pour toute la révolution démocratique au Brésil, il ne pourra finalement accomplir ses tâches historiques de rupture avec les traditions et les bases semi-féodales du pays.

    Toutefois, bien que la révolution démocratique n'ait pu être menée à terme au Brésil, beaucoup de revendications féministes de la bourgeoisie ont pu être satisfaites sous le régime de Getúlio Vargas  —  qui fut celui de la consolidation et de l'approfondissement du capitalisme bureaucratique, encore assis sur une grande part des bases semi-féodales que la bourgeoisie nationale (et au niveau des femmes, le féminisme) n'avait pas pu détruire ou briser.

    Capitalisme bureaucratique et scission du féminisme brésilien

    Getúlio Vargas arrive au pouvoir au Brésil et met en œuvre une restructuration du vieil État : tout en conservant intactes la structure latifundiaire de la propriété agricole et la soumission à l'impérialisme (anglais, yankee et flirtant avec l'Allemagne nazie...), il consolide le capitalisme bureaucratique³ et l'ascension de la fraction bureaucratique de la grande bourgeoisie vers l'hégémonie dans l’État [ces notions un peu compliquées sont rapidement expliquées ici : capitalisme-bureaucratique-pays-domines]. Ce fait, ajouté à une toujours plus grande pénétration impérialiste dans le pays (fruit de la Seconde Guerre mondiale) et à la croissance du prolétariat (déjà doté de son Parti communiste), conduit à la scission du féminisme au Brésil comme conséquence du passage complet de la bourgeoisie dans le camp de la contre-révolution (dans le cas de la bourgeoisie nationale, le camp de l'inconséquence politique irréversible).

    Le féminisme, qui avant que le capitalisme bureaucratique ne se consolide avait dans toutes les classes les mêmes revendications (la conclusion des tâches démocratiques pour les femmes : suffrage universel, droit au travail etc., bien qu'incapable d'y parvenir en pratique), en vient donc à son tour à se diviser entre classes.

    Deux principaux secteurs porteront alors les mots d'ordre de la question féminine : les mouvements féministes bourgeois, avec leurs conceptions excluant la nécessité du Pouvoir et concevant l'oppression des femmes de façon isolée de toute le reste de l'ordre social ; et le mouvement féminin lié au prolétariat, qui conçoit le problème des femmes comme une manifestation particulière de l'ordre social et comprend que, comme autrefois la bourgeoisie européenne (alors révolutionnaire) face aux classes féodales, apportant de grands progrès à la condition féminine, pour faire progresser plus avant et définitivement l'émancipation il faut impérativement établir un nouveau régime de la classe révolutionnaire de notre époque, le prolétariat.

    Telle est la différence substantielle entre ces deux secteurs.

    Le féminisme au Brésil aujourd'hui

    Comme nous avons pu le voir, lorsque la bourgeoisie passe intégralement du côté de la contre-révolution, et que le féminisme connaît sa scission, échoit alors au prolétariat la mission d'avancer les changements démocratiques y compris sur la question des femmes (intégrer les femmes dans la production, détruire les traditions féodales de possession de la femme par l'homme etc.), au travers d'une analyse scientifique de la société et en proposant une véritable rupture avec le vieil ordre des choses ; tandis que la bourgeoisie, de son côté, tombe dans la plus totale vacillation politique, et montre sa complète incapacité à diriger le processus démocratique en étalant ses théories “philosophiques” abracadabrantes qui en pratique ne font qu'empêcher le progrès de la condition féminine.

    En pratique, tout progrès et toute conquête quant à la condition féminine ne sera plus possible que dans le cadre d'une grande lutte commune contre deux ennemis pernicieux, qui doivent être regardés comme les deux faces d'une même pièce : les vieilles classes dominantes avec leur vieil État, leur vieille société etc. (en d'autres termes, on parle là de la lutte pour la révolution...) ; et les idées du féminisme bourgeois. Ce dernier n'est ni plus ni moins que la tentative de la bourgeoisie de diriger le mouvement des femmes, et l'histoire a déjà prouvé que cette classe n'était pas capable (aujourd'hui moins que jamais) de faire avancer la condition féminine au Brésil.

    L'“erreur” de permettre à la bourgeoisie d'avancer ses positions dans le mouvement des femmes provient du fait que, si elle est incapable (comme nous l'avons vu) d'apporter une réelle solution aux problèmes féminins, elle parvient néanmoins à se faufiler dans les failles de la confusion idéologique et de l'opportunisme, qui ne font qu'alourdir et ralentir le mouvement.

    Les théories mises en avant par le féminisme bourgeois ne servent, consciemment ou inconsciemment, qu'à inverser les priorités et retarder la compréhension correcte de la réalité. Comme le disait déjà le grand Lénine, dans un échange avec la communiste allemande Clara Zetkin :

    “Où conduit, en fin de compte, cet examen insuffisant et non-marxiste de la question ? À la chose suivante : que les problèmes de genre et matrimoniaux ne soient pas vus comme une partie de la question sociale principale, sinon qu'au contraire, la grande question sociale apparaisse comme un pur appendice du problème de genre. La question fondamentale est reléguée au second plan, comme question secondaire. Ceci ne porte pas seulement préjudice à la clarté de la question, mais obscurcit la pensée en général, la conscience de classe des ouvrières.” (LÉNINE, “Lénine et le Mouvement des Femmes”, de Clara Zetkin).

    Conclusion

    Ainsi, lorsque nous cherchons à comprendre le féminisme par-delà d'une vision superficielle comme mouvement en soi, nous parvenons à comprendre chaque virgule de sa pratique actuelle et chaque centimètre de sa nature de classe : il est apparu comme idée de la bourgeoisie pour balayer les traditions féodales en Europe ; il s'est vu imposer un coup d'arrêt par la bourgeoisie elle-même lorsque celle-ci est passée intégralement dans le camp de la contre-révolution ; et il a alors connu un processus de scission entre la bourgeoisie et le prolétariat, ce dernier seul pouvant aujourd'hui poursuivre les avancées quant à la condition féminine en instaurant son Pouvoir.

    Au Brésil, il est apparu comme idée révolutionnaire démocratique de la bourgeoisie nationale, qui n'a cependant pas été en capacité de mener à bien la révolution démocratique et, dans le champ du féminisme en particulier, d'organiser les femmes des classes populaires et de leur apporter des progrès sérieux ; si bien qu'il a fini par scissionner dans le cadre de la consolidation du capitalisme bureaucratique, la bourgeoisie devenant alors réellement et irréversiblement incapable d'aborder sérieusement le problème et de lui apporter une solution, tandis que le prolétariat hérite de le mission de poursuivre le progrès et d'organiser les femmes des classes populaires (ouvrières et paysannes, en particulier les femmes de couleur qui sont les plus opprimées, ainsi que les étudiantes et intellectuelles honnêtes qui se placent du côté du peuple) jusqu'à leur complète émancipation.

    C'est ainsi que, dans le féminisme, les choses se présentent et elles ne seront modifiées que par une révolution ; de même que les réformes démocratiques pour les femmes en Europe n'ont pu être mises en œuvre que par la révolution démocratique bourgeoise. Pour cette raison, résoudre complètement la question des femmes au Brésil signifie lutter pour la révolution démocratique de nouveau type dirigée par un authentique Parti communiste, qui éliminera les traditions féodales opprimant les femmes (aujourd'hui, principalement les femmes des classes populaires), construira le socialisme et marchera vers le communisme au travers d'une succession de révolutions culturelles, balayant les résidus d'idées bourgeoises qui oppriment également les femmes.

    Nous voulons bien clarifier ici que, par cette conclusion, nous ne voulons pas dire que par exemple les communistes devraient “laisser de côté” la question féminine ou “attendre la révolution” pour prendre des mesures contre les vieilles conduites abusives et caractéristiques de l'ennemi de classe (agressions, humiliations etc.) ; au contraire, le communiste est un agent moral et doit être un exemple, il est par conséquent logique qu'il doive rompre avec ces pratiques caractéristiques de la vieille culture et les combattre chez ses camarades proches en dénonçant quelle classe elles servent.


    Notes

    ¹ “Revendications des femmes prolétaires” équivaut à ce que certains appellent, de manière erronée selon nous, “féminisme prolétarien révolutionnaire” etc. Il n'y a actuellement pas de consensus dans le mouvement communiste quant à l'utilisation du terme “féminisme” pour qualifier les revendications des communistes sur la question des femmes : certains utilisent l'adjectif “prolétarien” pour le différencier du féminisme bourgeois, tandis que d'autres rejettent le terme même de “féminisme” considérant qu'il désigne en tant que tel une conception bourgeoise du problème féminin. Pour notre part, ayant analysé l'histoire du concept, nous tendons à partager la position du grand Lénine et des communistes révolutionnaires du 20e siècle :

    “Cela me semble important pour notre travail actuel d'agitation et de propagande, si nous voulons prétendre convertir ce travail en action et en une lutte couronnée de succès. Les thèses doivent laisser extrêmement clair que ce n'est qu'à travers le communisme que se réalisera la véritable émancipation des femmes. Il faut absolument insister sur les liens qui existent entre la position sociale et la position humaine des femmes : ceci permettra de tracer une ligne de démarcation claire et indélébile entre notre politique et le féminisme.” (…) “Nous avons besoin d'organismes appropriés pour mener le travail politique révolutionnaire parmi les femmes. Ceci n'est pas du féminisme : c'est le chemin pratique, révolutionnaire.”(LÉNINE, “Lénine et le Mouvement des Femmes”, de Clara Zetkin).

    ² “Il est très important de souligner encore ici la distinction conceptuelle entre bourgeoisie bureaucratique et bourgeoisie nationale, la première étant la grande bourgeoisie locale liée à la grande propriété agraire et à l'impérialisme, composée de deux fractions essentielles, la bureaucratique et la compradore, tandis que la seconde est la bourgeoisie moyenne et véritablement nationale. Bourgeoisie nationale ou moyenne, dont le double caractère est déterminé par sa condition opprimée par l'impérialisme et la grande bourgeoisie à son service, d'un côté, et en même temps bourgeoise, exploiteuse de force de travail de l'autre. Sa faiblesse économique dûe à son oppression par les monopoles étrangers et nationaux, en sus de sa crainte naturelle envers la révolution prolétarienne, en fait une classe vacillante, inconséquente et totalement incapable de réaliser pleinement la révolution démocratique (sur la question agraire ou la question nationale notamment) que nécessitent nos pays dominés, et que seule peut aujourd'hui mener à bien la révolution populaire.” (‘La fin de l'histoire de la démocratie bourgeoise et l'époque de la démocratie populaire’, prof. Fausto Arruda, publié dans le journal A Nova Democracia nº 3)

    ³ Le capitalisme bureaucratique est un type de capitalisme qui naît imposé par la domination impérialiste et non d'une véritable révolution démocratique nationale, se consolidant sur la base de rapports sociaux féodaux. Cela signifie que c'est un capitalisme subordonné aux intérêts d'une ou plusieurs puissances impérialistes, et contraire à la pleine indépendance nationale.

    Source originale :

    https://serviraopovo.wordpress.com/2016/01/28/dois-caminhos-o-feminismo-ou-a-luta-feminina-revolucionaria/ (mais article apparemment supprimé depuis...)

    [L'on peut peut-être tenter le "rapide" résumé suivant, qui intègre dans la restitution du propos des camarades brésiliens les quelques divergences que nous pouvons avoir avec leur lecture historique :

    Le féminisme est un mouvement qui s’est inscrit dans cette séquence historique très particulière qu’a été la dite révolution bourgeoise, avec ses (plus ou moins fortes selon les pays) poussées démocratiques ; depuis le 18e siècle des "Lumières" jusqu'au début du 20e voire, pour certaines "répercussions", jusqu'au milieu voire aux grands "progrès" des années 60-70 de celui-ci (mais il vaut tout de même la peine, aussi, de lire Pasolini sur cette époque de "libération" et l'entrée dans le "fascisme moderne" qu'elle a aussi pu représenter).

    Un mouvement ayant pour but (et ayant effectivement dans une certaine mesure réussi au final) de rendre meilleure qu’en l’an 1000 ou 1200 une condition féminine qui valait ce qu’elle valait à ces dates mais surtout, avait entre disons 1400 et 1750 terriblement empiré ; l’accumulation capitaliste dans l’utérus d’un cadavre, celui de la féodalité européenne à son "stade suprême" absolutiste, ayant objectivement conduit à la rendre PIRE qu’avant aussi bien pour les femmes de l’élite que pour celles du peuple, particulièrement victimes de la guerre contre les masses qu’a représenté la dite accumulation, les évictions de paysans et rafles de miséreux, la construction et la consolidation des États modernes au détriment des nationalités réelles (sans parler du colonialisme), ou encore le développement manufacturier-industriel où elles étaient jetées comme robots producteurs inférieurs aux hommes, etc. etc. (voir plus haut le lien vers l'article sur les chasses aux sorcières).

    En tant que tel, ce mouvement ne pouvait 1°/ qu’avoir les limites intrinsèques à tout mouvement démocratique bourgeois, avant que la bourgeoisie n’entre carrément à son tour dans son "stade suprême" (à partir de la fin du 19e ) où elle devient totalement incapable d’être la force dirigeante de "poussées démocratiques" telles qu’observées au siècle précédent (une certaine petite-bourgeoisie "de gauche", ou les "traîtres" réformistes du mouvement ouvrier pouvant cependant peut-être prendre le relais pour quelques décennies encore), et 2°/ que jouer un rôle de figuration hors de l’Occident capitaliste développé, c’est-à-dire, dans les pays colonisés ou semi-colonisés maintenus sous une forme hybride de capitalisme arriéré et de féodalité tyrannique pourrie, au service des puissances impérialistes dominantes.

    Nous sommes donc entrés dans une nouvelle séquence historique où, de fait, le progrès le plus radical de la condition féminine, l’émancipation pure et simple des femmes, ne peut plus être le fruit d’un quelconque "féminisme" intrinsèquement bourgeois, mais découlera "naturellement" de la libération SOCIALISTE (et anti-impérialiste dans les pays dominés) de l’humanité entière, comme "volet féminin" de celle-ci.

    Car il faut oser, oui, oser sortir de la terreur intellectuelle postmoderne qui règne depuis 30 ans ou plus sur ce sujet, à coups de « et qu’est-ce qui nous prouve que vot’ socialisme il mettra ‘comme par magie’ fin au patriarcat » (ce que personne n'a jamais dit, mais il en créera les véritables conditions, ça oui), si ce n’est pas carrément « ouais mon œil », et « en attendant votre révolution qui n’arrive jamais, on fait quoi ? ».

    Il faut oser, à nouveau, affirmer et réaffirmer que les PIRES souffrances humaines qui soient ; et osons le dire aussi, il y a pire que d’être une femme en Occident et même en bien des endroits du Sud global : être un enfant qui meurt de faim en Afrique par exemple ; que ces souffrances, donc, n’ont qu’une seule solution, la révolution.

    Sortir de ce pseudo-urgentisme qui ne conduit en fin de compte jamais qu’à une forme ou une autre de charity business – pour les enfants d’Afrique, Bob Geldof, Renaud ou Balavoine ; pour les femmes, les grandes "mobilisations" médiatiques régulières de type #MeToo...

    Sortir de ce fascisme idéologique postmoderne de mort de toute pensée et perspective révolutionnaire, dans lequel nous croupissons sans même nous en rendre compte ; pour réaffirmer la nécessité historique d’un long et dur processus dans lequel tomberont peut-être des millions de martyrs, et exploseront dans la nuit les châteaux lits de l’oppresseur, pour que puisse triompher le droit au bonheur de milliards d’autres individus, dans le rire de leurs enfants et de toutes les générations futures !]

    À lire aussi :

    Un entretien excellent (par rapport au féminisme petit-bourgeois, au postmodernisme etc.) : Elaine Brown, ex-présidente du BPP

    ****************************************************************************************

    Voilà là des questions pour le moins intéressantes qui sont soulevées... Car en vérité, si l'on regarde un peu (par exemple) les positions de trois grandes figures révolutionnaires féminines que le mouvement féministe, parfois à leur époque et (plus ou moins "radical") aujourd'hui, a pu tenter d'annexer, quelles sont-elles ?

    Alexandra Kollontaï :

    « Comme beaucoup de socialistes ou de communistes, Alexandra Kollontaï condamne le féminisme de son époque, le considérant comme « bourgeois », puisqu'il détourne la lutte des classes en affirmant qu'il n'y a pas qu'une domination économique, mais aussi une domination des genres. Mais elle travaille cependant à l'émancipation des femmes dans le combat communiste ; elle déclare ainsi : "La dictature du prolétariat ne peut être réalisée et maintenue qu’avec la participation énergique et active des travailleuses". »

    Clara Zetkin :

    « Clara Eißner naît fille d'un instituteur, Gottfried Eißner, et de la féministe Joséphine Vitale (…) Clara rentre à l'institut Von Streyber pour l'éducation des femmes, ce qui lui donne accès à l'une des plus hautes éducations qu'une jeune femme pouvait obtenir à l'époque, l'accès aux universités étant encore impossible aux femmes à l'époque. Elle eut notamment comme enseignante l'éducatrice et féministe Auguste Schmidt. Elle fréquente les mouvements féministes, participant aux discussions de l'Allgemeiner Deutscher Frauenverein (Association générale des femmes allemandes) »

    « Elle s'éloigne de sa famille et du féminisme bourgeois et adhère la même année au SAP, ancêtre du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) »

    « En Suisse, elle influence par son opposition au féminisme bourgeois l'Union suisse des ouvrières, qui n'adhère pas à l'Alliance des sociétés féminines suisses »

    « En effet, les socialistes sont encore divisés sur la question du travail des femmes : sa massification est accusée de faire baisser les salaires, et certains socialistes ont encore une vision conservatrice de la place "naturelle" de la femme au foyer, comme le défendaient les partisans de Proudhon lors de la Première Internationale.

    Son discours à Paris plaide pour une émancipation de la femme en deux temps, le premier étant l'accès au travail :

    "Libérée de sa dépendance économique vis-à-vis de l'homme, la femme [qui travaille] est passée sous la domination économique du capitaliste. D'esclave de son mari, elle est devenue l'esclave de son employeur. Elle n'avait fait que changer de maître. Elle a toutefois gagné au change : sur le plan économique, elle n'est plus un être inférieur subordonné à son mari, elle est son égale."

    Elle contrecarre les arguments contre le travail des femmes, dont elle attribue les conséquences néfastes au système capitaliste.

    Enfin, elle fustige le féminisme bourgeois (comme de tradition chez les marxistes de l'époque) dont elle considère que les priorités (accès aux études supérieures, droit de vote des femmes...) ne sont pas celles des travailleuses :

    "Les pays dans lesquels existe le suffrage dit universel, libre et direct, nous montrent qu'en réalité il ne vaut pas grand-chose. Le droit de vote sans liberté économique n'est ni plus ni moins qu'un chèque sans provision. Si l'émancipation sociale dépendait des droits politiques, la question sociale n'existerait pas dans les pays où est institué le suffrage universel. L'émancipation de la femme comme celle de tout le genre humain ne deviendra réalité que le jour où le travail s'émancipera du capital." »

    Louise Michel :

    « Cet article s’attache donc à montrer comment, dans ce contexte, Louise Michel a été construite comme une figure féministe, alors même qu’elle refuse de se définir comme telle. »

    https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2017-2-page-18.htm

    « En effet, Louise Michel ne se considère pas comme féministe. Elle refuse, dans une perspective anarchiste, la revendication du droit de vote des femmes, central dans les mouvements féministes de cette fin du XIXe siècle.

    Ses prises de position dans la presse sur le sujet sont assez claires.

    Dans une interview en 1893, elle répond à un collaborateur de La Presse :

    "Que pensez-vous des revendications politiques féminines ?

    – Aberration. La femme ne doit pas réclamer sa place parmi les oppresseurs, son seul devoir est de la tenir dans la révolte."

    Dix ans plus tard, sa position est identique, et elle déclare dans La Presse en 1904, soit un peu moins d’un an avant sa mort : "On a souvent répété que j’étais féministe. Je ne suis pas féministe. Pourquoi réclamer, en effet, pour les femmes des droits politiques puisque, dans l’anarchie future, il n’y aura plus de gouvernement, plus d’autorité ?" »

    CQFD...


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  • Nous serions tentés de dire que non. 

    La nostalgie mélenchonienne d'un on-sait-plus-trop-quand où "c'était mieux" socialement, est un anticapitalisme romantique. Dans une large mesure, l'anarchisme, le zadisme, l'altermondialisme sont des anticapitalismes romantiques. Même la volonté de "créer son propre emploi" et peut-être "devenir riche" ainsi (au cœur de l'idéologie Macron) est une forme d'anticapitalisme romantique, en tout cas de volonté de revenir à un capitalisme "originel" où "tout était possible", avant que la "bureaucratie" au service des "installés" ne verrouille tout.

    Tout ce qui n'est pas matérialiste, scientifique, est un anticapitalisme romantique. 

    Le fascisme devrait donc peut-être se limiter à désigner la portion de l'anticapitalisme romantique captée par le capitalisme dans une mobilisation réactionnaire de masse pour surmonter sa propre crise.

    Et donc du coup, est-ce que les islamismes, qui ont sans le moindre doute cette dimension anticapitaliste romantique (quelque part, une sorte de longue chouannerie -  qui va bientôt fêter son centenaire - face à la "modernité" impérialiste...), seraient "semblables" aux fascismes mais "hors du contexte de pays impérialistes" ? 

    Il est sans doute possible de le dire, MAIS "hors du contexte de pays impérialistes" est justement ce qui fait toute la différence... Ou plutôt, en fait, va s'appliquer la même règle : sera, en un sens, "fasciste" ce qui sera mis par l'impérialisme à son service ; ou au service d'un projet expansionniste comme le "Califat" de Daesh ou le nouvel Empire ottoman d'Erdogan. Mais clairement, pas ce qui est une résistance "anticapitaliste romantique" nationale CONTRE l'impérialisme (c'est là que se situe toute la différence).

    Il est de toute façon impossible d'être dans un combat nationaliste bourgeois ("laïc" ou religieux, mais non-communiste) sans merci, et encore moins dans une démarche expansionniste comme la Turquie ottomaniste d'Erdogan ou le "Califat" de Daesh, sans présenter d'évidents caractères qualifiables de "fascistes" et notamment "anticapitalistes romantiques", anti-individualistes, de soumission sacrificielle de l'individu à la communauté (nationale ou religieuse), sans parler de la violence antipopulaire. De toute façon, pour la majorité de la gaugauche occidentale, si l'objectif est communiste, alors ce ne sera pas fasciste mais "stalinien"... Ou alors il faut délibérément organiser un "spectacle-emballage" dans le but explicite de plaire à cette gauche, et ça s'appelle le PKK-PYD-YPG/J (ou l'EZLN). 

    Le problème est de toute façon toujours le même, à savoir d'avoir une lecture non pas "religieuse" (faite de totems et tabous, basée sur l'apparence et non l'essence) mais POLITIQUE (d'ÉCONOMIE POLITIQUE) des choses : classes en présence, analyse de classe du phénomène considéré, analyse de classe de ce qu'il affronte, rapports de force, contexte actuel et historique, etc.

    Lire aussi : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/en-gros-a130231220


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  • Une simple publication sur Facebook, comme ça, sans prétention aucune, au sujet d'un dealer d'une favela brésilienne qui a enlevé deux infirmières (qui auraient été bien traitées) pour les obliger à vacciner les enfants contre la fièvre jaune, a suscité une tempête de commentaires indignés.

    Un mal pour un bien : cela aura été l'occasion d'aborder en profondeur ce problème qui, si il touche toutes les classes (les jeunes cadres dynamiques ne sont pas en reste), est particulièrement prégnant dans les quartiers populaires.

    Alors déjà, il semble que les choses n'aient pas été bien comprises, ou comprises de travers dès le départ.

    Bon, il y en a un par exemple, en mode délire total comme d'habitude : "défendre LES dealers comme progressistes"... non mais LOL ! Il est question d'UN mec qui a fait UN truc, dans UN article qui ne cherche aucunement  à dire "le leader de la révolution brésilienne est né".

    Ensuite, plus globalement, l'impression qui se dégage est celle d'un grand malentendu : l'impression que les gens voient une réponse ("c'est ça qu'il faut faire"), là où il n'y a que des questions.

    Un camarade, d'ailleurs, pose (indirectement) une de ces questions de manière (déjà) beaucoup plus intéressante :

    "Des dealer qui se prennent pour des Robins des Bois à la sauce Pablo Escobar y en a toujours eu et y en aura toujours. Si tu veux  développer ton influence, ton réseau, et pouvoir vivre ailleurs que terré dans une cave il faut se développer sur certains endroit et avoir un certain soutien populaire. Ce gars là ça en fait pas moins que c'est une saloperie et que pour l'instant ça reste une saloperie de dealer et c'est pas du tout ça qu'on doit mettre en avant en tant que révolutionnaire. Le fait de 'pas avoir le  choix' c'est de la connerie. On à toujours le choix de choisir de pas empoisonner sa classe, d'autant plus qu'au Brésil il y a un Parti puissant."

    Bon, apparemment le gars dont il est question n'est pas non plus Pablo Escobar. Mais voilà, c'est justement là une question que cet article a vocation à poser : pourquoi en Amérique latine les narco-trafiquants sont-ils vus comme des dieux, et pas ou moins les révolutionnaires (au Brésil oui il y a un Parti puissant mais il est encore loin d'être partout, on parle de 8,5 millions de km², 210 millions d'habitants).

    Tout simplement parce que le fait est que, POUR SERVIR LES INTÉRÊTS que décrit bien le camarade, ils servent le peuple. Pour en empoisonner une partie derrière (encore qu'il y a longtemps eu une politique de ne vendre qu'aux pays du Nord, rien a 'su gente', mais bon c'est fini)... Mais ils le servent. Pendant que la gauche petite bourgeoise occidentale (et locale) fait la leçon et s'offusque.

    SLP a parlé en son temps du massacre d'Ayotzinapa au Mexique, et a donc eu l'occasion d'aborder cette question des cartels criminels (qui avaient en l'occurrence été "embauchés" par le président municipal local pour le sale boulot) : feroce-repression-contre-des-etudiants-au-mexique-l-etat-bourgeois-sem

    Nous y avions, concrètement, caractérisé le narcotrafic dans ces pays comme finalement, un peu comme l'islamisme dans les pays musulmans (objet d'une autre grande "guerre contre" planétaire !), une expression du capitalisme "d'en bas", naissant spontanément dans les "entrailles" de la vie sociale populaire (où les gens produisent et vendent, bref font du bizness et certains deviennent riches et d'autres pas...). Il y a un capitalisme "d'en haut", monopolisé par une oligarchie bureaucratique-compradore héréditaire et impulsé par et au service de l'impérialisme ; mais au sein des masses populaires (à peu près livrées à elles-mêmes par l’État) il y a aussi une vie sociale qui généralement produit des échanges marchands, en mode système D, petit commerce de proximité etc.

    Des petits bourgeois, ou carrément des prolos, des prolétaires "informels" issus de la paysannerie pauvre émigrée et entassée dans les grandes villes (par exemple), "bloqués" par le système oligarchique et clientéliste dans leurs rêves d'une vie de palace, se lancent alors parfois dans un commerce illégal qui peut se révéler juteux... Et certains peuvent, là-dedans, aller très très loin. 

    Mais voilà, ce "capitalisme d'en bas" "empêche le surproduit (plus-value "sur-accaparée") de remonter correctement jusqu'aux monopoles impérialistes - qui le combattent donc en conséquence, dans leur perspective de domination totale des économies du Sud".

    En Amérique latine s'est développée dans les années 1970-80 une logique que l'on pourrait résumer ainsi : trafiquer illégalement la production locale de drogues, en particulier la cocaïne, exclusivement (à l'époque) à l'export vers l'Amérique du Nord ou l'Europe ; grand principe des narcos de la "vieille école". Contrairement aux idées reçues, la marchandise d'Escobar n’inondait pas vraiment les rues colombiennes ; étant de toute façon inaccessible à la bourse des prolétaires locaux. Les gamins des rues buvaient, fumaient de l'herbe (trouvable partout, même pas un trafic au niveau local) ou sniffaient de la colle. L'idée était concrètement "que les Gringos s'en foutent plein les narines et moi, avec leur fric, d'abord je vais devenir plus riche que la moitié des pays du monde, et ensuite je vais construire pour les gamins pauvres des écoles, des stades de foot, des hôpitaux etc. etc. bref tout ce que ceux qui sont nés avec l'or dans la bouche ne font pas".

    Mais bon... Tout ceci n'est bien sûr pas resté plus de 25 minutes un tel tableau idéal et "Robin des Bois". Capitalism is capitalism et petit à petit, pour développer le marché (nature même du capitalisme) il a fallu en ouvrir un local, de marché, et donc droguer avec de la came de merde (financièrement accessible) son propre peuple pauvre, tout en continuant à lui faire des écoles et des stades de foot. Sachant aussi que les "Gringos" (ou les Européens) ne sont pas un bloc, mais des classes sociales différentes, des prolétaires, des minorités raciales opprimées, et si la cocaïne est en principe plutôt une drogue de riches, elle est très vite rentrée dans la composition du crack, véritable fléau populaire. La nécessité de toujours plus de marchandise va (forcément) pousser à une surexploitation de type esclavagiste des paysans producteurs de coca. Et puis, que ce soit pour se "faire" ou pour (ensuite) défendre une fortune de plusieurs millions voire milliards de dollars, face à la concurrence ou aux "mauvais payeurs", aux adversaires de l'illégalité etc., il est difficile de ne pas déployer dans tous les cas une terrible violence antipopulaire. "Les gauchistes", qui n'ont "rien compris à la vraie vie" et veulent "prendre aux gens ce qu'ils ont gagné à la force du poignet", c'est "hors de question" d'en entendre parler : on va les combattre sans pitié... etc. etc.

    Comme nous le disions dans l'article précédemment cité, "ces forces expression du "capitalisme d'en bas" ne sont nullement "subversives" et encore moins "progressistes" : elles se caractérisent généralement par une grande barbarie dans leurs pratiques quotidiennes et dès que le vent de la révolte populaire se lève, elles ont systématiquement tendance à "faire bloc" avec la classe dominante "d'en haut" pour l'écraser. Cela ne date pas d'hier : il suffit de penser au rôle des fameuses triades dans la répression-massacre des communistes en Chine, en 1927".

    Au bout d'un moment donc, ou plutôt très vite, on a affaire à des forces jouant un rôle politique fondamentalement réactionnaire. Mais cette contradiction initiale entre "le gars qui s'est fait tout seul à partir de rien" et redistribue (un peu) aux pauvres en mode "Robin des Bois", et l'oligarchie bureaucratique-compradore semi-coloniale qui a priori ne laisse aucune chance à ceux qui (comme dans la chanson de Goldman) ne sont "pas bien nés", est ce qui explique le soutien populaire (nécessaire à l'activité, comme l'explique bien le camarade) dont bénéficient ces individus, et ce à tous les niveaux, pas seulement les parrains des parrains à la Escobar mais aussi les "petits bonnets" de quartier.

    Certains courants opportunistes de gauche, généralement postmodernoïdes, célèbrent les activités "populaires informelles" et autres "marginalités", ce qui est évidemment de la merde à leur mesure ; mais les matérialistes, eux, n'en doivent pas moins comprendre les choses ainsi pour pouvoir les traiter dans un esprit de LIGNE DE MASSE ; et non pas tomber en mode matérialiste-point-com dans les solutions "définitives" du type "tous une balle dans la tête", dans la même veine que "les putes en camp de travail" ou "les Roms de toute façon c'est qu'une grande mafia".

    La question de la drogue est complexe du point de vue communiste authentiquement matérialiste, caractérisé par "l'analyse concrète de la situation concrète". Des Partis ont très souvent en effet, dans des conditions (bien précises) données, eu à affronter les dealers de drogue (mais pas sûr, notamment dans le cas du BPP, que ce ne soient pas les dealers qui aient déclaré la guerre en premier...). Mais au Philippines, Duterte a lancé une guerre d'extermination contre les "dealers" (ceux qu'il juge tel) et le CPP s'y est opposé, disant que c'est pas comme ça qu'on règle le problème. Ajith aussi a parlé de la "guerre contre la drogue'', comme de la "guerre contre le terrorisme", comme d'une guerre contre le peuple. Aux États-Unis, des mouvements noirs qui se réclament du BPP le disent aussi d'ailleurs.

    [À la fin de l'été dernier donc, conformément à ses promesses électorales et à sa politique dans la ville dont il était précédemment maire, le nouveau président philippin Rodrigo Duterte a donné l'ordre (à la police... et à tout "bon citoyen") de littéralement tirer à vue sur tout "dealer" de drogue dans tout le pays. Au bout d'un mois l'on comptait déjà plus de 1 000 morts, soit plus d'exécutions extrajudiciaire qu'en 9 ans de présidence de la très fasciste Gloria Arroyo.

    Cela a été l'occasion, pour le Parti communiste (CPP) et les grandes organisations démocratiques comme le NDFP (lié au CPP) ou Karapatan, de livrer la position suivante : la "guerre contre la drogue" de Duterte est antipopulaire et antidémocratique, une guerre contre le peuple, qui ne fait que massacrer les consommateurs et petits revendeurs eux-mêmes consommateurs et laisse tranquille les gros bonnets liés au pouvoir politique et à l'oligarchie économique ; la seule façon de mener efficacement la guerre contre la drogue étant (pour le CPP) de "mobiliser les masses du peuple dans la révolution sociale", ou (pour Karapatan) de "défendre les droits économiques et sociaux élémentaires du peuple", fournir "des emplois stables aux salaires dignes", "l'accès gratuit à la santé et à l'éducation ainsi qu'à la terre cultivable", afin que la population "répudie la consommation ou le trafic de drogues".

    http://bulatlat.com/main/2016/08/24/rights-groups-dutertes-war-drugs-stop-killings/

    https://www.rappler.com/nation/142967-cpp-duterte-war-drugs-anti-people-undemocratic]

    La question de la drogue pose aussi et surtout la question du désespoir prolétarien, qui pousse à une consommation morbide. Aucune substance n'est "mauvaise" en soi, la plupart sont utilisées en pharmacie (d'ailleurs les médocs sont peut-être la drogue n°1). L'État est le plus gros dealer, d'une substance potentiellement pire que les 3/4 des autres : l'alcool. Potentiellement pire, mais que l'on peut aussi consommer en toute modération. Bref...

    "Le choix", non on ne l'a pas toujours, notamment quand on est soi-même tombé dedans et qu'on deale pour pouvoir acheter (les gros bonnets ont pour principe de ne jamais consommer eux-mêmes, d'ailleurs). C'est le cas typique des milliers de victimes de Duterte aux Philippines, et de la "guerre contre la drogue" dans tous les pays où elle se déchaîne.

    Bref, c'est complexe. Le problème étant le désespoir, l'espoir est donc l'ennemi du trafic de drogue ; donc effectivement les vendeurs irréductibles n'aiment pas l'espoir, donc n'aiment pas le BPP, le DHKP-C, les républicains irlandais et tous les révolutionnaires ; l'affrontement étant par conséquent tôt ou tard inéluctable. Ceci sans même parler du cas d'introduction VOLONTAIRE de drogue par l'État et d'utilisation des dealers comme mouchards (ghettos raciaux US, Italie, Irlande, Pays Basque), qui peut expliquer les volées de plomb aussi.

    [En Europe à partir des années 1970 il y a eu l'héroïne : cela, il est documenté aujourd'hui que ça a été COMPLÈTEMENT organisé par les États, les services spéciaux et les stay behind anti-"subversifs" ; en se fournissant chez les "guérillas" anticommunistes d'Asie du Sud-Est ou la Maffya turque (liée aux Loups Gris).]

    Mais encore faut-il que la révolution soit à l'ordre de jour, pour que l'on puisse observer, en plus d'un (probable) recul de la consommation populaire, qui des vendeurs et revendeurs s'y rallie ou préfère au contraire rester englué dans le business, et donc la combattre et être combattu par elle.

    Et dans tous les cas, ce n'est pas une affaire d'approche moralisatrice et incantatoire. Le mouvement communiste a aussi toujours combattu les Ligues de Vertu bourgeoises (contre l'alcoolisme, auquel il s'opposait pourtant lui aussi), pour la bonne et simple raison qu'elles prétendaient combattre le "mal" sans s'en prendre à ses causes sociales. Et "suffit d'tous les buter", ça s'appelle Duterte et le mouvement maoïste des Philippines s'y est opposé.

    Finalement la meilleure réponse, en forme de question, pourrait être : est-ce que le Parti peut faire ce genre de choses, servir le peuple en "Robin des Bois" ; et donc les retirer des mains des narcos pour ne leur laisser que le narcotrafic qui sera combattu ?

    Au Brésil la réponse est qu'il y a des maoïstes qui servent le peuple, oui, mais ils sont hélas encore loin d'être partout (et s'implanter dans les favelas pose par ailleurs le problème d'affronter les gangs).

    [Ils sont surtout implantés dans le Sud-Ouest subamazonien du pays. À Rio, mégalopole de 15 millions d'habitants, ils sont hélas encore loin d'être hégémoniques. Surtout dans les favelas qui sont sous le contrôle des gangs malheureusement, dont certains proviennent... de guérillas de gauche qui ont dégénéré, comme le Comando Vermelho (vermelho = rouge...). Ce sont ceux-ci qui sont l'État dans ces quartiers, hélas. D'ailleurs, au Pérou le PCP organisait l'implantation de NOUVEAUX quartiers de migrants ruraux. Dans les quartiers déjà surgis de terre (c'est comme ça là-bas, les gens arrivent sur un terrain non construit et s'installent) depuis longtemps, c'était sûrement moins simple : il devait déjà y avoir des parrains locaux qui verrouillaient tout. C'est pour cela que les maos brésiliens travaillent surtout "à la source" : avec les paysans sans terre qui luttent encore pour la terre et ne sont pas encore allés s'entasser à Rio ou São Paulo. Parce que là-bas c'est déjà plus compliqué.]

    Et puis une autre question, comme on l'a dit aussi, est celle de la contradiction qui traverse chaque individu entre l'arriéré-aliéné et l'avancé-révolutionnaire ; moteur de sa transformation individuelle. Ali la Pointe, proxénète qui devient cadre du FLN. Alors bon après, si on veut s'amuser on peut faire un dossier matérialiste-point-com de 16 articles pour expliquer que le FLN c'était bourgeois et tout pourri...

    Les 3/4 des Black Panthers, au moins, avaient un passé de lumpen parfois lourd.

    Kevin "Rashid" Johnson du New Afrikan Black Panther Party (NABPP) est en taule depuis le début des années 1990 pour... avoir été un dealer de drogue.

    Il n'est peut-être pas le nec plus ultra idéologique MLM... Mais il offre une autre perspective à la population carcérale US (1% de la population, 5% des minorités noire et latine...) que de rester dans les mêmes gangs et se filer des coups de brosse à dent taillée pendant la promenade. MAIS en fait, au début des 90s il aurait fallu le buter... CQFD.

    Et puis enfin pour finir, ça nous saoûle ce côté born again de certains dans la nécessaire lutte révolutionnaire contre les aliénations toxiques.

    Oui, nous assumons ce terme qui, bien au delà de quelques personnes en particulier, désigne à la perfection ces gens qui trouvent dans un dogme politique (comme religieux pour d'autres) une espèce de rédemption et d'expiation des problèmes qu'ils ont eu et des erreurs qu'ils ont faites dans la vie (sans même parler des cas littéralement psychiatriques). Et cassent les couilles aux autres... Et derrière, attention, on ne peut pas plus critiquer LEUR lecture de leur idéologie (maoïste ou autre), que la lecture de l'islam d'un takfiri !

    Il y a de cela dans BEAUCOUP de gens et ça pompe l'air, voilà. Nous disons dogme "politique" mais en fait c'est un oxymore : le dogmatisme à un tel niveau est ANTI-politique. Les positions réacs, antipopulaires arrivent toujours plus tôt que tard.

    Sur la question des drogues, vendre a une part de déterminisme social ET comme dit le camarade une part de choix... Mais à ce moment-là, consommer aussi, plonger complètement dedans aussi, ou alors qu'on nous explique la différence. À partir de là, s'en sortir c'est très bien ! Grâce à un engagement politique révolutionnaire, encore mieux !! Mais on peut alors, au moins, faire un peu le canard... Et pas le Père la Morale, quand lorsqu'on parle à un alcoolo ou un tox, on parle à soi quelques années en arrière.

    Sur la question de la drogue, du trafic, des dealers etc.


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  • #Syrie : le martyre de la Ghouta et le triomphe programmé d'Assad

    Certes, mais il y a les désirs et il y a la réalité.

    Nous ne désirons pas la victoire d'Assad, elle nous fait même horreur, mais c'est la réalité de ce qui est en train de se passer.

    Au moins, pourra-t-on dire, après une dernière vague de répression la guerre sera finie, et reprendra la hagra ordinaire...

    La révolution syrienne devra repartir de zéro, et ce qui comptera surtout d'où nous sommes, en Occident, sera de mettre chacun devant ses responsabilités.

    Ceux qui auront fait du boucher leur Blanc d'honneur par haine des z'horribles z'islamistes ; les BHLoïdes qui auront dévoyé la révolution en mercenariat des Saoud et d'Erdogan avant (généralement) de se rendre compte avec horreur de ce qu'ils avaient fait et de basculer kurdolâtres ; et enfin et surtout les rojavites qui nous auront fait tout un foin avec leur "3e voie progressiste", à laquelle nous-mêmes avons cru un bon bout de temps ; qui auront même incité de gens à aller MOURIR là-bas pour un idéal "communiste" et/ou "libertaire", pour qu'à l'arrivée... ce qui n'est pas devenu la part yankee du gâteau (si tant est que les Yankees restent) revienne tout simplement dans le giron du régime fasciste.

    On pourra se consoler en se disant que le régime ne pourra certainement plus régner comme avant, car tout cela aura été une école de lutte et d'auto-organisation pour le peuple – et à ce jeu là, les zones dites "ASL" n'auront pas été moins intéressantes que les zones Rojava tant encensées.

    #Syrie : le martyre de la Ghouta et le triomphe programmé d'Assad

    C'EST un conflit Nord-Sud car d'une part c'est l'Israël de Moscou (depuis déjà le régime pro-soviétique du père), d'autre part il ne faut pas se leurrer, TOUS les États profonds impérialistes occidentaux ont fait d'Assad leur Blanc d'honneur dès que la connotation islamique (en fait... simplement SYRIENNE, ARABE, pas venue d'une autre planète !) de la rébellion est apparue clairement, c'est-à-dire pratiquement dès le début.

    Ils ont étudié quelques possibles changements de régime au sein même du sérail (Rifaat el-Assad, Manaf Tlass) puis ont laissé tomber. S'ils avaient vraiment eu Assad dans le collimateur, ç'aurait été réglé en quelques semaines comme Kadhafi.

    Au final ils ont regroupé les quelques composantes "potables" de l'opposition autour de leurs nouveaux protégés kurdes, et fin de l'histoire, en forme de plan de partage de part et d'autre de l'Euphrate. En Rojava, des gens sont MORTS pour le communisme libertaire... pour qu'au final ce qui ne relève pas du protectorat impérialiste occidental au Nord-Est de l'Euphrate, revienne tout simplement au régime (qui sans tarder écrasera ceux qui oseront lui parler de "confédéralisme démocratique" façon Chine 1927). Misère ! 

    Mais bon... Il faut avoir à l'esprit qu'il y aura eu dans ce terrible conflit au demi-million de victimes deux histoires celle des seigneurs de guerre, des milices au service de telle ou telle puissance impérialiste ou régionale, des reconnus "acteurs" par la "communauté internationale" (que ce soit pour les inviter à la table des négociations ou pour les écraser, peu importe)... et puis, "cachée dessous", celle des MASSES ; les masses qui font et peuvent tout et FONT RÉELLEMENT L'HISTOIRE ; qui durant 7 ans se seront auto-organisées pour la survie et le maximum de bien-être et de liberté démocratique possible, en Rojava certes... mais pas moins dans les zones insurgées "ASL" ou même vaguement contrôlées par le régime ; et c'est cette histoire, cette école de lutte révolutionnaire qui, nous le verrons dans les décennies à venir, fera à long terme l'Histoire avec un grand H. 

    Même la présence communiste, marxiste-léniniste et maoïste aux côtés de Rojava aura été utile, au-delà de la protection des populations qui se justifiait au début, comme point de départ d'une gigantesque campagne mondiale de clarification de notre compréhension communiste du monde sur tout un ensemble de points – ce qui n'est jamais vraiment possible sans se confronter au réel immédiat, à l'Histoire qu'il s'agit de faire sans l'avoir déclenchée, ni en maîtriser depuis un quartier général toute la complexité.


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    Quelques réflexions sur le processus catalan


    Le processus d'indépendance du Principat est dans l'impasse. D'un côté nous avons un État espagnol qui ne veut rien lâcher, une Europe qui ne veut pas créer un précédent ; et de l'autre nous avons les représentants du Peuple catalan qui sont comme paralysés. Malgré les mobilisations de masse de la société civile, la situation risque de s'enfoncer dans un statu quo démobilisateur. Tout cela désarme les masses et crée un sentiment de gâchis énorme.

    Lire la suite >>> nosinfo.org/789-quelques-reflexion-sur-le-processus-catalan

    Sur la Catalogne


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  • Comme nous avons pu le dire dans un précédent article en réponse à un contradicteur, il semble ressortir des communiqués des camarades de l'ILPS, comme de beaucoup d'autres sur la question, une vision minoritairement claire dans le mouvement communiste quant à ce qu'est réellement le "Kurdistan syrien" autrement nommé Rojava, ou alors (au choix) de ce que signifie le confédéralisme démocratique.

    Qu'est-ce qu'un TERRITOIRE NATIONAL ? On peut imaginer (au hasard) que c'est un territoire donné, sur lequel les membres d'une nationalité donnée sont majoritaires. Pour les Kurdes, ce n'est pas très compliqué à déterminer tant ils se différencient des Arabes comme des Turcs ou Turkmènes par la langue...

    Sauf que voilà : dans l'État syrien, si l'on prend ce critère et l'applique kilomètre carré par kilomètre carré, on se rend compte que le Kurdistan de Syrie couvre en fait un territoire... très réduit. Si l'on prend les données d'avant le conflit (et ses énormes mouvements de population), la population kurde n'apparaît un tant soit peu majoritaire que dans la "corne" du Nord-Est (Hassaka), le (fameux) district d'Efrin, et un peu autour de Kobané. Cela fait, c'est le moins que l'on puisse dire, une sacrée différence avec le territoire actuellement contrôlé par les FDS et revendiqué comme "Fédération démocratique de Syrie du Nord" (DFNS) !

    Quelques considérations sur le confédéralisme démocratique et la question nationale

    En réalité, en termes de majorité kurde incontestable, Rojava qui signifie "Ouest" en kurde et sert à désigner le Kurdistan "syrien"... n'existe pas vraiment : il ne s'agit que de quelques enclaves qui prolongent le Bakur (Kurdistan "turc" du Nord), dont elles ont été coupées en 1920 par la frontière artificiellement tracée par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale (une grande part, même, est en fait venue du Kurdistan "turc" après cette date pour fuir la répression anti-kurde du régime kémaliste) ; les mêmes clans et grandes familles, parlant le même dialecte (kurmanji) etc. etc.

    Ailleurs, sur toute une bande de terre au sud de la frontière turque jusqu'à Alep et Raqqa, vivent des Kurdes... en minorité, de l'ordre de 10 à 35%, aux côtés d'Arabes (qui peuvent être musulmans ou chrétiens, ces derniers parlant parfois encore le syriaque), de Turkmènes, parfois de quelques Arméniens ou Circassiens, etc.

    Les questions nationales sont COMPLEXES dans cette partie du monde ! Si l'on regarde par exemple une carte nationalitaire de l'Empire ottoman en 1910... on se rend compte qu'il n'existait pas de Kurdistan ni d'Arménie : les deux populations étaient absolument imbriquées sur le même territoire, depuis la région d'Alexandrette-Antioche jusqu'aux frontières de l'Arménie russe (actuelle Arménie indépendante) et de l'Iran. S'il n'y a aujourd'hui plus d'Arménie occidentale, et il y a par contre un Kurdistan du Nord "turc", c'est parce que les Arméniens ont été exterminés par le régime jeune-turc et pas les Kurdes.

    C'est la raison pour laquelle, DE PRIME ABORD, le confédéralisme démocratique pouvait sembler intéressant : on ne cherche plus à établir un État-"nation" uniformisateur qui tôt ou tard débouchera sur la violence répressive, mais une Fédération démocratique de Communes populaires où les gens seraient ce qu'ils sont sans être favorisés ou discriminés du fait de l'être, et vivraient en paix avec leurs voisins.

    SACHANT QUE les différentes nationalités et confessions ne sont pas hostiles les unes aux autres "comme ça" : elles le sont (comme d'ailleurs les familles élargies, les tribus d'une même nationalité et confession entre elles) sur la base d'intérêts et de concurrences ÉCONOMIQUES, pour les terres agricoles notamment, ou entre "niches" sociales qu'elles occupent – donc... il faut une RÉVOLUTION SOCIALE pour renverser la base économique de ces haines, et des massacres qu'elles engendrent régulièrement.

    Jusque-là donc, tout va bien.

    Mais voilà : il y a anguille sous roche... Une anguille qu'il n'est possible de détecter qu'en lisant attentivement Öcalan avec les "lunettes" d'une formation politique bien particulière (marxiste-léniniste-maoïste c'est à dire matérialiste scientifique au plus haut degré, et anti-impérialiste intransigeante).

    Une telle lecture attentive, une telle formation politique, permet alors de voir combien le chauvinisme petit-bourgeois kurde suinte en réalité par tous les pores du discours "confédéraliste" et "anti-nationaliste radical" ; simplement enrobé d'une "mission civilisatrice" pour la Nation kurde : celle d'apporter aux autres populations de la région cette "essence" démocratique qu'elle porterait pour ainsi dire dans ses gènes... Quant à la nécessaire révolution sociale, elle est noyée dans un salmigondis altermondialiste fumeux, zapato-negriste fait d'assembléisme, d'"horizontalisme", de "démocratie directe" censée tout régler en mettant les "gros" et les "avides" en minorité numérique. Dans les faits, toutes les informations sérieuses concordent à montrer un pouvoir des notables kurdes absolument INTACT dans la "Fédération du Nord", que ce soit dans la direction de la production économique, les autorités civiles ou le commandement militaire.

    C'est CELA qui a conduit dans les faits, EN PRATIQUE, le confédéralisme démocratique et ceux qu'il guide (PKK, PYD, YPG/J) à n'être qu'un menchévisme complètement déséquilibré : côté "turc", là où vivent le plus grand nombre de Kurdes sur le plus grand territoire contigu où ils sont majoritaires, et où le MHP "Loup Gris" au pouvoir (car c'est ce qu'il est, à travers Erdogan depuis qu'il le soutient) devrait totalement mettre à l'ordre du jour la "séparation avec ce qui est réactionnaire", toute revendication d'autodétermination nationale est abandonnée au profit d'une autonomie négociée avec l'État... fasciste, en tout cas jusqu'à ce qu'Erdogan s'énerve que le HDP l'ait privé de sa majorité absolue aux élections de 2015, et relance à nouveau la guerre (mais même là il ne s'agit encore du côté kurde que d'"autodéfense" des communautés, principe de la violence totalement acceptée pour l'autodéfense, un peu comme chez les zapatistes, et en aucun cas d'une guerre de libération assumée comme telle...) ; et de l'autre côté, côté "syrien", après avoir résisté héroïquement à l'assaut de Daesh... ce que l'on a est bel et bien un État sécessionniste dont toutes les forces ont été lancées dans une expansion qui, au nom d'apporter la lumière du confédéralisme démocratique aux Arabes "à l'obéissance servile" ocalan-arabes-turcs.png, finit par ne plus être que les meilleures troupes au sol de l'Occident pour se tailler sa part de gâteau dans le conflit : un authentique protectorat impérialiste sur quelques... 35% du pays.

    [Et ces Arabes "à l'obéissance servile" et (surtout) de plus en plus exaspérés commencent (MàJ juillet 2018) à se... SOULEVER contre les YPG : Brigade_révolutionnaires_Raqqa#cite_ref-AFP240618_12-0 - Syrie : couvre-feu à Raqqa contre l'EI et le mécontentement populaire - syriahr.com/en/?p=95616 !]

    Mais même là, le projet enveloppé dans toute une rhétorique alambiquée demeure d'une profonde ambiguïté : dans la zone au Nord-Est de l'Euphrate est donc en train de s'établir... un "protectorat" officieux du bloc impérialiste de l'OTAN, ou éventuellement une zone d'influence partagée entre ce dernier et l'axe régime-Iran-Russie grand vainqueur de la guerre ; mais globalement, les dirigeants civils comme militaires de la DFNS n'ont de cesse de répéter que celle-ci est une "fédération géographique" (?) censée "jouer un rôle dans la solution démocratique" au conflit en cours, mais faisant bel et bien "partie intégrante de la Syrie"... Face à l'offensive turque contre Efrin, les appels incessants à ce que le régime vienne "défendre l'intégrité de SON territoire national" ont finalement été entendus : des forces pro-Assad ont commencé depuis hier à entrer dans le district attaqué.

    Ainsi donc, ce qui ne deviendrait pas un protectorat occidental ou un condominium russo-occidental, si – comme nous le promettent les rojavalâtres – les Américains se "cassent" bientôt du secteur où ils épaulent les YPG/J, reviendrait tout simplement dans le giron du régime... Qui certes ne pourra sans doute plus jamais régner comme avant ; mais n'en est pas moins un régime clanico-mafieux fasciste qui vient de triompher d'un soulèvement populaire contre lui après 7 ans de guerre sans pitié et un demi-million de morts (en grande majorité de son fait malgré la férocité de certaines forces djihadistes en face), et qui n'a par ailleurs auparavant eu de cesse, pendant un demi-siècle, d'effacer toute existence visible de la minorité kurde (ce que d'ailleurs le PKK des années 1980-90, très lié à lui et à son protecteur social-impérialiste soviétique, ne contestait pas vraiment !).

    [Concrètement, pour reprendre un exemple déjà évoqué ici, la lutte de Rojava contre Daesh et les divers groupes djihadistes plus ou moins mercenaires d'Erdogan aura été en quelque sorte un 1er Front uni chinois contre les seigneurs de guerre (1924-27), plus ou moins en partenariat tant avec l'Occident qu'avec le régime et son parrain russe... et maintenant, devant tant de naïveté dans l'analyse des enjeux, le régime va jouer le rôle de Tchang Kaï-chek : après avoir bien fêté la victoire, écraser ceux qui oseront émettre la moindre prétention d'"autonomie", "Syrie fédérale" ou quoi que ce soit dans le genre !!!]

    "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement", et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'"énoncé" de sa pratique concrète montre combien le PKK a à travers les "lunettes" de son idéologie bookchiniste une "lecture" de la région et du monde, des conflits et de leurs enjeux, totalement brumeuse !

    Que l'on nous permette donc, en communistes attachés aux libérations nationales et engagés d'ailleurs dans l'une d'entre elles au sein de l’État français, d'y préférer la clarté lumineuse de la vision léniniste en la matière, portée notamment, pour la région kurdo-anatolienne, par Ibrahim Kaypakkaya !!

    Une vision qui pourrait déboucher... sur un VÉRITABLE confédéralisme démocratique proche-oriental et anatolien : des Communes populaires, des "oblast", des Républiques aux statuts variés, autonomes dans un esprit de subsidiarité du pouvoir et où le respect des identités nationales-culturelles majoritaires... et minoritaires serait réglé démocratiquement ; en même temps que seraient révolutionné l'ordre social, collectivisés les moyens de production etc.

    Mais pas comme simple emballage, destiné à séduire la gauchisterie occidentale, d'un nationalisme petit-bourgeois condamné à servir l'impérialisme ou à s'auto-liquider devant les États oppresseurs !


    Lire aussi : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/sur-le-municipalisme-libertaire-ou-confederalisme-democratique-a179792528


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  • http://le-blog-sam-la-touch.over-blog.com/2018/02/18.02.18.le-point-sur-l-offensive-turque-a-afrin-a-j30/

    - Progression, mais enfin pénible et lente (voir carte) des forces turques et supplétives syriennes dans le canton (la mort de deux internationalistes, dont le breton Olivier/Kendal, est évoquée). Le canton d'Efrin fait moins de 2 000 km², quelque chose comme une quarantaine de kilomètres sur 50... Au trentième jour d'opérations de la deuxième armée de l'OTAN, voilà où l'on en est.

    - Dans la province d'Hassaka (loin d'Efrin, au Nord-Est), il y aurait des défections de combattants arabes recrutés de force dans les FDS [cf. aussi ci-dessous le commentaire de "Coco Anar" : les contradictions dans la "chambre d'opération" FDS pourraient bien avoir commencé à éclater, et pas d'hier ni avant-hier en fait...].

    - L'intervention de l'armée syrienne à Efrin, qui signifierait la fin de l'opération turque (à moins d'envisager un conflit ouvert entre les deux États), pourrait être une question de jours d'après un haut responsable PYD du canton.

    [BIEN SÛR, reste aux uns et aux autres à se mettre d'accord sur les modalités de la chose, ce qui pourrait rencontrer des résistances dans certaines niches du "bunker" baathiste... en attendant, afin que certains bons vieux camarades puissent venir nous cracher à la gueule que nous "caricaturons" et "calomnions honteusement", le commandement YPG/J se charge de leur fournir leur dose de bonne vieille langue de bois dont ils sont si friands http://rojinfo.com/hediye-yusuf-na-jamais-ete-question-de-ceder-afrin-regime/ :

    "Notre position a toujours été la suivante : s’il existe une possibilité de dialogue qui aide à ouvrir la voie à une solution démocratique en Syrie, nous l’utiliserons et l’appuierons. Sur la base d’un système fédéral comme nous l’avons mis en place au Nord de la Syrie, nous pensons que le Nord de la Syrie jouera un rôle important dans le processus de solution démocratique pour la Syrie [LOL mais bien sûûûr, et la marmotte... la "démocratie" négociée avec un régime comprador fasciste, elle a l'air d'envoyer, la beuh locale !]. Nous sommes ouverts au dialogue avec le régime [syrien]. La base de tout dialogue est d’atteindre l’objectif d’une solution démocratique. Par conséquent, nous avions déjà fait ces déclarations auparavant. (...) Ainsi, il y a maintenant une discussion en cours entre les forces militaires, partant du principe que le régime syrien en tant qu’État devrait jouer son rôle en empêchant l’occupation de son sol. Si ces discussions existantes apportent des résultats, alors l’armée syrienne devrait maintenir son rôle en tant qu’État et protéger l’espace aérien à l’intérieur de ses frontières. Mais ce ne sont que des discussions. Si l’on arrive à un accord militaire, les YPG feront une déclaration officielle. Tant que le YPG n’effectuent pas de déclaration officielle, nous ne pouvons rien dire sur l’existence d’un accord [vues, donc, les déclarations de responsables civils dont nous avons parlé plus haut, tout cela sent les grosses contradictions internes dans une ambiance de sauve-qui-peut, on-dit-ça-on-dit-rien]. En dehors de cela, dans le cadre de cette résistance et sur un terrain politique, il n’y a pas de dialogue avec le régime syrien. Pour l’avenir du Nord de la Syrie et comme nous l’avons déjà dit, nous sommes prêts pour des discussions. Mais à l’heure actuelle, une telle discussion n’est pas en cours. Il n’a jamais été question, par exemple, comme cela a été dit, de céder Afrin au régime. Ces affirmations sont fausses et n’ont jamais été un sujet de discussion. Ce qui existe actuellement, c’est un dialogue pour parvenir à un accord militaire, afin de contrecarrer les projets d’occupation de l’État turc. C’est de cela dont il s’agit."]

    Breaking news 20/02 à 22h00 : ça y est http://www.france24.com/fr/20180220-syrie-combattants-pro-regime-entrent-enclave-kurde-afrin-armee-turque-bombardement

    Dernières nouvelles #Efrin

    Et puis "on" a un peu tendance à "l'oublier", mais dans le même temps que l'opération d'Erdogan s'enfonce doucement dans l'échec lamentable qu'elle mérite, les forces armées d'Assad, elles, sont en train de se lancer à l'assaut de l'une des dernières poches insurgées dans le centre du pays (à l'Est de Damas), la GHOUTA.

    http://www.leparisien.fr/international/syrie-100-civils-tues-a-la-ghouta-l-onu-exige-l-arret-des-bombardements-20-02-2018-7569249.php

    Si (cela ne nous semble pas si compliqué !) on est capable de faire la différence entre un soutien DÉMOCRATIQUE à des populations, et un soutien idéologique à une direction politique (de laquelle au demeurant, concernant la Ghouta, nous ne savons pas grand-chose...), alors pourquoi ce silence de l'extrême-gauche francophone et occidentale sur cet autre massacre ? Peut-être parce que ce ne sont que des "sales boukaks", mais comme ces choses-là ne se disent pas à "gauche", alors on a maintenant les mots magiques : "islamiiiistes mercenaires d'Erdogan" !

    Voici un post poignant qui, en dépit de son idéologie qui n'est pas la nôtre, envoie quelques vérités bien senties dans les dents de quelques uns :

    Sarah Kilani
    18 février, 22:23 

    La situation en Syrie aujourd'hui est insupportable. Insoutenable. La Ghouta est plus que pilonnée, elle est en passe d'être rayée de la carte. Pendant ce temps, le PYD passe des accords avec le régime pour obtenir une aide contre l'offensive turque. Et les relations russo-américaines se tendent dangereusement. Ici en France, on lit JLM qui nous explique que les rebelles = les djihadistes = les potes d'Erdogan.

    Comment ne pas hurler de rage quand les habitants de la Ghouta crèvent dans l'indifférence totale de la communauté internationale ? Comment ne pas être en colère contre les soutiens inconditionnels du PYD qui n'ont jamais appelé à aider la Ghouta mais qui aujourd'hui trouvent des excuses ou des logiques à une nouvelle alliance entre le régime et le parti à la tête du Rojava ? C'est quoi cette gauche qui ne voit rien des réalisations concrètes sur le terrain et qui ne regardent que les champs lexicaux utilisés, les symboles sur les drapeaux et les images de com' soigneusement choisies ? La révolution populaire autogérée elle était la, bien réelle, sous leurs yeux, mais quel a été le tort des révolutionnaires syriens si ce n'est d'ignorer le champ lexical de la gauche occidentale ? Et pourtant, quoi de plus libertaire que les comités locaux, que les tansiqiyya al-malhalliyya, que l'autogestion de toutes les infrastructures, que les civils qui s'organisent face à la pénurie, que les associations de femmes pour la gestion des orphelins, que les écoles enfin libres d'écrire leurs propres programmes, que des liwa et des katiba qui dégagent Al Nusra et Daech à coups de pieds au cul de leurs villages et de leurs villes ? Merde franchement mais qu'est ce qu'il leur faut ?! C'est insensé et absurde. Comment peut-il ne pas être insoutenable pour leur conscience de laisser la révolution s'éteindre dans ces conditions atroces quand dans le même temps ils nous font l'éloge d'un parti issu de la tradition stalinienne et qui en a conservé tous les réflexes ? [oui bon, là, merci de laisser notre Petit Père des Peuples tranquille : l'engouement gauchiste mondial pour la cause de Rojava et des Kurdes en général, a JUSTEMENT BEAUCOUP À VOIR avec le fait que le PKK-PYD n'a plus grand-chose de "stalinien" (marxiste-léniniste)... après, il est vrai que les idées de ses soutiens libertaires quant à son fonctionnement soi-disant (devenu) "ultra-démocratique", relèvent largement de l'illusion candide la plus totale.]

    Moi aujourd'hui, j'ai honte de faire partie de cette gauche là qui ne vaut pas mieux que Macron qui joue avec ses crayons de couleur pendant que la Ghouta est sous les bombes. Peut être même que c'est pire même. Parce que Macron ne défend pas l'internationalisme, la révolution populaire et l'autogestion. Ce sont nous les tartuffes. Et j'espère que l'histoire condamnera durement notre médiocrité. C'est la honte la plus totale pour notre pays qui héberge Rifaat el-Assad le criminel mais qui dessine des lignes imaginaires alors qu'une violence inouïe bien concrète s'abat chaque jour là-bas sous forme de TNT, de balles, ou d'armes chimiques depuis 7 ans. 7 ans sérieux. Il y a 7 ans, seuls quelques fous sortaient manifester en silence des bougies à la main sur une place damascène en soutien aux Printemps arabes. 7 ans plus tard le pays est dévasté. Et bientôt le mois de mars. Nous fêterons les 7 ans de la torture des enfants de Deraa et des premières fosses communes de la révolution. Enfin, Assad lui les fêtera. Sur sa montagne de cadavres. 500 000 morts. Absurde. À devenir fou.

    Suivi de l'échange suivant, avec toujours le même genre d'excités :

    Perrot C. : Viva Erdogan le défenseur de la liberté. Vive al qaida. vive Daesh. Et mort aux chiens communistes kurdes. C'est ça ? Décidément cette guerre ignoble rend tout le monde aussi pitoyable que des extras dans Game of Thrones. Parler de liberté en défendant Erdogan et les fascistes des armées de l'Islam me laisse sans voix.

    Sarah Kilani : C'est quoi le rapport? Quand on dénonce la politique du PYD c'est qu'on aime Erdogan et al Qaïda? C'est ca votre degré d'analyse politique?
    Et c'est qui al Qaïda pour vous? Nan parce que vue la teneur de votre commentaire, on s'attend à ce que vous nous sortiez que les rebelles sont des potes d'Al Qaïda. Et c'est quoi le rapport avec Daech? Qui a dégagé Daech d'Alep? Le PYD peut être? C'est quoi le rapport avec les kurdes? Le PYD ne représente pas "les kurdes". Quand aux communistes, désolée mais les stal c'est pas trop mon truc.
    Vous avez vu ou que je défendais Erdogan? Elle est où la phrase? Putain les cretins qui viennent ramener leur fraise sans avoir deux sous de discernement politique où qui ne savent même pas lire un texte, c'est vraiment un fléau.

    Perrot C. : Aujourd'hui nous apprenons la mort de trois de nos camarades antifas tués par les mercenaires d'Erdogan que vous semblez soutenir. Ils sont payés et armés par un régime fasciste. Et que font-ils à Afrin sous les ordres des Turcs au lieu de se battre pour défendre Idlib ? Ils n'ont simplement plus le choix, ils rampent devant leurs maîtres qui les ont toujours armé pour annexer la Syrie et faire revivre l'empire ottoman. Cynisme absolu. Tout le mone en est là maintenant.

    Sarah Kilani : Vos camarades antifas sont partis se battre, c'était leur choix. Les syriens n'ont jamais eu le choix, eux. Le PYD Ca fait 6 ans qu'il bouffe au râtelier du regime, hein. Tres antifasciste le concept. Ca leur a fait quoi quand le régime a balance du sarin du la Ghouta en 2013? Ils ont fait quoi contre ce fascisme la?

    Quant à Erdogan, je le vomis comme je vomis vos propos

    Coco Anar : tu veux qu'on parle des kurdes? ok, où sont les au moins 53 membres du CNK qui ont étés arrêtés en 2017 et qui sont portés disparus? hein? ils sont où? ils sont où les 3 derniers commandants du Liwa Thuwar Al-Raqqa, membre des "FDS" qui ont étés arrêtés sans raisons par les YPG et qui sont maintenant portés disparus? ils sont où les centaines d'opposants politiques arrêtés par les milices du PYD? dans quel centre de torture ils ont étés envoyés? ha et rappelle moi, qui a arrêté, torturé et brutalement assassiné 3 jeunes de Manbij sans raison récemment, si ce n'est le YPG?

    Et notre aimable "contribution" au débat LOL (fallait que ça sorte, au bout d'un moment) :

    Dernières nouvelles #Efrin

    Dernières nouvelles #Efrin


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  • Et encore moins l'oreille de toute la "gauche radicale" hexagonale.

    Les soutiens pourris, réactionnaires, antisémites du Peuple palestinien ne sont CLAIREMENT PAS les représentants de la fraction dominante, au pouvoir, de la bourgeoisie impérialiste française. C'est déjà une première et GROSSE différence.

    Mais en vérité, avec ce que nous avons pu faire campagne là-dessus, il est étonnant que le premier truc à nous être opposé lorsque nous parlons de Rojava ne soit pas notre position sur l'Ukraine et le Donbass.

    Cela dit, la réponse serait là aussi très simple :

    - En Rojava, la justesse de ce qui est juste, à savoir préserver le Peuple kurde d'agressions génocidaires, ne fait AUCUN débat ni dans la "gauche radicale"... ni dans le champ politique bourgeois en général. Il faut vraiment aller chercher dans les tréfonds de l'extrême-droite complotiste, Soral-Meyssan, pour trouver des affirmations comme quoi tout cela (Rojava comme Daesh) serait un "plan" élaboré par les stratèges US depuis des années etc. Même au FN, à l'aile droite de l'UMP, ou dans les courants de la FI les plus pro-Assad, on se méfie du "démembrement de l’État syrien internationalement reconnu", et éventuellement du "Djihadistan gauchiste" que pourrait représenter la chose, mais PERSONNE ne critique le fait que les Kurdes aient latté la gueule à Daesh et Nosra, et maintenant soient en train de la latter à Erdogan. Ce qui est JUSTE dans la lutte de Rojava ne fait pas débat ; la question principale est dès lors de pointer ce qui ne va pas du point de vue matérialiste révolutionnaire et anti-impérialiste conséquent, et que les gens unanimes sur la justesse de ce qui est juste feignent souvent de ne pas voir ; les soutiens pourris, impérialistes, "civilisateurs", islamophobes qui pour le coup PULLULENT (... et sont partagés allègrement, OKLM par les soutiens révolutionnaires anticapitalistes sans que cela ne suscite la levée de bouclier d'un partage de RT ou Sputnik) ; et ce qui dans l'idéologie même qui guide la lutte, permet le foisonnement des tels soutiens que l'on n'observe pas pour les Guerres populaire en Inde ou aux Philippines (qui pourtant n'en émancipent pas moins, si ce n'est pas plus les femmes par exemple).

    - Au Donbass, la justesse de ce qui était juste dans le fait de résister à des hordes de NAZIS devait déjà EN SOI être affirmée et défendue ; loin de faire l'unanimité à la gauche de Mélenchon. C'était le fait que les soutiens soient pourris, qu'il n'y ait pas (en dehors peut-être du blog de Nicolas Maury) une source francophone un tant soit peu défendable idéologiquement, et que ceci reflète bien évidemment l'idéologie poutiniste ou douguinoïde majoritaire sur place, qui ne faisait pas débat.


    [Autres réponses au même commentateur #comment-86797878]

    - Ta présentation des positions de SLP est volontairement une caricature grossière. Oui, dans l'ABSOLU, notre explication de la position de Kaypakkaya (libération kurde absolument liée à la révolution démocratique dans tout l'État turc), honteusement caricaturée en une espèce de jacobinisme rouge par des guignols, passe par expliquer le "syndrome de Sèvres" et parler de cette HYPOTHÈSE D'ÉCOLE d'un Bakur "indépendant" protectorat impérialiste, comme dans le fameux Traité, montrant ainsi ce que le TKP/ML ne veut pas, et donc pourquoi il veut ce qu'il veut.

    Mais à l'heure actuelle, une telle chose n'est tout simplement pas à l'ordre du jour... tout simplement parce que le PKK, explicitement, n'en veut pas. Le PKK veut, explicitement, "démocratiser" le Bakur ; ce qui revient en gros à défendre la légalité et travailler au renforcement électoral du HDP (dont les villes et autres municipalités gagnées aux élections de 2014 sont actuellement toutes ou presque sous tutelle). Toute intention séparatiste a été éliminée de son idéologie, et pas "momentanément" ni "tactiquement" comme a pu le prétendre un clown.

    - Le FPLP (Leila Khaled a récemment exprimé son soutien au PKK et à Rojava) : être la force la plus à gauche, vaguement marxisante, de la résistance palestinienne n'en fait pas non plus le nec plus ultra idéologique (en témoigne justement sa position ambiguë sur Assad). Beaucoup moins que cela n'en fait (plutôt) l'espèce de planche de salut de tous ceux qui en Occident et ailleurs refusent d'assumer un soutien TOTAL à TOUTE la résistance palestinienne (dans la mesure où le Palestinien religieux qui prie 5 fois par jour n'est pas moins opprimé que le Palestinien athée et marxiste...). Participer à un congrès des socedems du HDP... non mais LOL ! Le FPLP a pour ligne explicite, depuis le début du conflit syrien, d'être contre une révolution violente et pour la "table des négociations" avec le "dernier régime arabe un peu debout", qui accepterait à cette table de se réformer un peu (sauf qu'un régime "debout" qui traite ses masses populaires de cette façon est peut-être "debout", mais sur des pieds d'argile !). Donc oui, il n'est pas impossible qu'ils envisagent favorablement Rojava comme un "acteur" qui permettrait ce scénario. Mais alors, avec de sacrées illusions quant à ces perspectives de "solution démocratique" ; même si l'on considère que le régime victorieux ne pourra plus jamais gouverner comme avant ! Sans parler de l'utopie complète d'espérer que les impérialistes US et occidentaux s'en aillent gentiment de la seule portion de Syrie qu'ils aient gagné au bout de 7 ans de guerre, la zone FDS au Nord-Est de l'Euphrate ; ou qu'ils en soient chassés par les YPG/J. Georges Ibrahim Abdallah étant globalement sur la même ligne : même raisonnement. Défendre un prisonnier politique n'est pas faire de tout ce qu'il dit parole d'évangile.

    - Les martyrs, la position de SLP est claire : nous honorons ceux qui sont morts en révolutionnaires car animés d'un idéal révolutionnaire, croyant lutter pour une révolution. Leur mort est en tant que telle la tragique preuve... qu'ils/elles n'étaient pas là-bas pour taper la pose, contrairement à (osons le dire) des dizaines d'autres, et comme l'auraient encore été des milliers que nous voyons quotidiennement sur les réseaux sociaux s'ils ou elles avaient trouvé les moyens d'y aller.

    Mais cela ne veut pas forcément dire avoir EFFECTIVEMENT lutté, et donc être morts pour une révolution. Cela, seul l'avenir le dira. Et si la révolution à laquelle on croyait est trahie, et donc ce pour quoi on est mort n'est finalement PAS une révolution... alors on n'est finalement pas mort différemment d'un poilu de 14-18 ; on est mort pour Nivelle ("ah, j'en ai consommé, du Breton !"). Et de cela (entre autres), de cette trahison de ceux qui sont morts pour une révolution qui n'aura finalement pas été... les traîtres et les liquidateurs devront répondre devant le Tribunal de l'Histoire. Voilà la position de SLP.

    Pour le reste, le moment de deuil que nous traversons n'est pas celui de parler de certaines choses. Nous nous contenterons de répéter qu'il faut être très pointu en termes de conception-compréhension communiste du monde pour saisir ce qu'il se passe réellement, et que c'est bien là tout le problème...

    - Il n'y a qu'une seule organisation MLM en Turquie, c'est le TKP/ML (qui est également le maoïsme kurde, puisque 80% de ses rangs sont kurdes), dont SLP soutient et a fait connaître la position du Comité central légitime (pas des putschistes liquidateurs contre lui) :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/declaration-du-tkp-ml-au-sujet-du-hbdh-et-de-toutes-sortes-de-points-c-a134327788

    - Les positions du NDFP et de l'ILPS ilps-condems-attack-afrin-turkey-expresses-firm-support-kurdish-people-struggle-national-self-determination sont, conformément à la nature de ces organisations, des positions de soutien DÉMOCRATIQUE ; exactement comme celui de SLP ; au PEUPLE KURDE sur ses TERRES KURDES d'Afrin ET du reste de Rojava (notion différente de la DFNS, c'est justement tout le problème...) ET du Bakur ; contrairement à tes affirmations malhonnêtes délirantes. Il se peut toutefois en effet, à la lecture attentive du communiqué, que vue des Philippines et/ou de Hollande cette distinction entre terres kurdes et "Grand Rojava"-DFNS ne soit pas parfaitement saisie (mais il est vrai qu'elle ne l'est pas par grand-monde, en réalité).

    - Et enfin, encore une fois, si tu affirmes que l'idéologie de "l'immense majorité des militants" n'est pas l'idéologie de merde Öcalan-Bookchin ; qui est une RÉALITÉ et non "nos délires" ; et donc, par voie de conséquence logique, qu'elle va entrer tôt ou tard en contradiction avec cette dernière... eh bien, que peut-on alors faire de mieux que de défendre d'ores et déjà le matérialisme révolutionnaire scientifique et l'anti-impérialisme conséquent contre cette merde liquidationniste, pour soutenir ces gens et contribuer à leur (peut-être) victoire ?

    Maintenant, un peu ça va mais ça commence à bien faire. Tes arguments insultants et de mauvaise foi sont toujours les mêmes, on dirait un disque rayé.

    Il t'a été adressé 3 questions : Les 3 grandes questions de fond

    Si ce n'est pas pour y répondre, plus aucun commentaire de ta part ne sera publié.


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  • Mort d'un volontaire libertaire breton à Efrin...

    http://www.bretagne-info.org/2018/02/18/kendal-breizh-est-mort-au-kurdistan-aux-cotes-de-deux-autres-camarades/

    https://www.facebook.com/skeyouenn.bernard.5 


    Nous discutions ensemble, de nos (vous vous en doutez) nombreuses divergences mais aussi... de nos non-rares points d'accord, il y a à peine quelques semaines. Un échange d'une qualité et d'une constructivité comme il n'est hélas pas donné d'en avoir dans les longs et pénibles "débats" de ces derniers mois avec certains excités qui, depuis leur confortable chaire gauchiste occidentale, appellent à l'anéantissement de l'"islamo-fascisme" et au triomphe de la "civilisation progressiste" jusqu'au dernier cadavre de combattant(e) kurde ou de volontaire international(e).

    Autant dire que, même si nous ne le connaissions pas au-delà de ça, pas aussi bien que d'autres, ça fait quelque chose...

    Qu'on se le dise : notre campagne de critique contre la liquidation de tout matérialisme scientifique révolutionnaire que représente l'idéologie öcalaniste et celle de ses suiveurs marxistes-léninistes et même "maoïstes", la cristallisation autour de Rojava de tout l'antimarxisme et l'opposition mondiale à un anti-impérialisme conséquent, et la projection sur cette cause de tous les fantasmes "civilisateurs" islamophobes de petits bourgeois occidentaux ; enjeu VITAL pour notre camp politique communiste ; ne nous empêche pas et ne nous empêchera jamais de rendre hommage à l'héroïsme de tels engagements révolutionnaires, mûs par la foi en la libération des peuples et la révolution sociale contre toutes les dominations... pas plus que de soutenir et souhaiter de tout cœur la victoire de la résistance kurde à Efrin, et la déroute du fascisme anti-kurde de l'État turc prison des peuples (qui n'est pas né en 2002 avec l'élection, et ne disparaîtra pas demain avec la mort politique d'Erdogan, ce que beaucoup déjà n'ont pas l'air de comprendre...) et de ses bouffons de supplétifs d'Al Qaïda, qui en sont à appeler à l'intervention... israélienne.

    Honneur éternel au camarade Kendal et à tou.te.s les martyr.e.s combattant.e.s d'Efrin !

    Puisse Efrin être la première marche vers le tombeau de l'État fasciste turc, dans sa synthèse idéologique erdoganiste ou quelque autre que ce soit... ET de la liquidation néo-menchévique internationale (dont il suffit de lire notre dernier article pour avoir l'illustration sans appel) qui un jour devra elle aussi répondre devant le Tribunal de l'Histoire, de l'abîme entre l'idéal pour lequel des centaines de Kendal seront morts, et ce qui aura été réalisé dans les faits !!


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  • (oui parce que depuis le temps que vous nous suivez, "la souuuurce" quand les gens n'ont pas envie de débattre sur le fond, vous connaissez la chanson)

    ... lorsque cette source fournit autant d'informations pour comprendre la situation :

    https://rojinfo.com/turquie-train-de-perdre-a-efrin/

    "La Turquie perd à Efrin, c’est une certitude. Elle perd militairement et politiquement contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) à majorité kurde avec des composantes arabes et chrétiennes."

    "Il y a un clair manque de condamnation mais les soutiens officiels à l’intervention font également défaut. (...) Les États-Unis laissent faire mais sont gênés face à une attaque portée contre des forces militaires (les YPG/J et FDS) dont ils espèrent qu’elles deviendront leurs meilleurs alliés contre l’Iran en Syrie après la chute de Daech."

    "En France, le ministre des affaires étrangères, M. Le Drian, a appelé à une réunion du conseil de sécurité de l’ONU suite à l’invasion turque d’Efrin avant de baisser d’un ton suite à un entretien avec l’ambassadeur turc en France. La ministre des armées, Florence Parly, a clairement appelé à ce que la Turquie cesse les combats expliquant que cela nuirait à la lutte contre Daech peu avant que le président Macron ne se fasse l’avocat de la Turquie dans une interview au journal Le Figaro en qualifiant de « potentiels terroristes » les alliés de la France, les FDS, qu’elle a armés (ce passage est faux : Macron fait part, dans une conférence de presse devant la communauté arménienne, de sa "préoccupation" lui aussi). Dans la majorité présidentielle, le député Paul Molac a lui-même interpellé le gouvernement sur cette question faisant penser que la position d’Emmanuel Macron n’a pas l’assentiment de larges pans de la majorité présidentielle. Cela va de pair avec les opinions publiques qui sont largement favorables aux Kurdes et où l’islamiste Erdogan est fortement détesté comme le montrent de nombreuses prises de positions médiatiques (oui, que "l'opinion publique" soit hostile à l'"islamisme", ça on s'en est rendu compte depuis quelques années déjà...)."

    [fondamental] "Pourtant les FDS assurent la sécurité des peuples et des États occidentaux en combattant Daech et les djihadistes efficacement. De plus, c’est aussi un moyen pour les puissances occidentales de revenir sur un territoire où elles étaient presque absentes depuis des décennies : la Syrie. (!!) C’est un territoire riche en ressources agricoles et pétrolières occupant une position géostratégique de choix en plein cœur du Moyen-Orient. Contrairement à la Turquie, il s’agit d’un partenaire fiable. En effet, l’État turc a armé les djihadistes d’Al-Qaïda et de Daech. Ces derniers ont expulsé une bonne partie des rebelles pro-occidentaux, comme le Front révolutionnaire syrien, du Nord du pays, obligeant les grandes puissances occidentales à se rabattre sur les FDS dans leur lutte contre les djihadistes. Autant dire que de nombreux États occidentaux n’ont plus confiance dans la Turquie qui ne tient pas ses engagements et n’hésite pas à trahir ses alliés. Cela explique les hésitations, en particulier de la France qui ne pourra pas éternellement faire le grand écart." [donc là, concrètement, on a la presse pro-Rojava qui dit... exactement tout ce qu'on dit et répète depuis des mois]

    "L’armée turque elle-même en grande difficulté est peu encline à se lancer sur le territoire syrien. Depuis les purges, sa hiérarchie a été dépouillée de nombreux officiers compétents, notamment dans l’armée de l’air où la plupart des pilotes ont été écartés. Par ailleurs avant les purges, l’ancien chef d’état-major de l’armée turque, le général Necdet Özel avait déclaré à l’été 2015 au sujet d’une possible intervention turque en Syrie : « Entrer, c’est facile, mais comment en sortir ? ». Cela montre que la décision d’envahir Efrin n’est peut-être pas si unanime dans l’armée."

    "Le scénario le plus incertain est pour le coup en Turquie même. Comment vont réagir les populations face à une guerre d’invasion coûteuse humainement et matériellement ? Comment vont-t-elles réagir au retour des cercueils ? Comment va réagir l’armée si elle est poussée à bout ? (là la question est lourde de sous-entendus...) Sera-t-il aussi facile de démanteler le CHP qu’Erdogan le voudrait ? La nouvelle chef dissidente des Loups gris (un des principaux mouvements de l‘extrême droite turque), Meral Aksener dite la louve (lire ici et SURTOUT ICI), va-t-elle profiter des difficultés d’Erdogan en Syrie ? Une fois la neige fondue, est-ce que l’armée pourra à la fois attaquer Efrin et combattre la guérilla ?" (...) "Erdogan sait bien ce qui est arrivé au dernier islamiste au pouvoir en Turquie qui a voulu envahir la Syrie au début des années 60. Il a fini pendu." (... ultra-lourd de sous-entendus aussi : il s'agit d'Adnan Menderes ; nullement "islamiste" et pas franchement "anti-impérialiste", ni même anti-occidental non plus il ancra profondément le pays dans le camp occidental en ces débuts de Guerre froide mais jugé "pas assez laïc", déjà trop "néo-ottoman", trop représentant de la bourgeoisie provinciale anatolienne contre l'oligarchie "moderniste"-kémaliste marmaro-égéenne ; il sera renversé par un coup d’État militaire, premier d'une longue et triste série, ramenant les kémalistes "orthodoxes" Inönü etc. au pouvoir et inaugurant l'ère de l’État sous supervision militaire... paye ta référence !)

    Alors bon, certes, pour voir prononcé le mot "piège" au sujet de l'opération, il faut par contre encore envoyer de la source qui craint (pro-Iran) :

    http://www.presstv.com/DetailFr/2018/02/15/552451/Afrin-est-Stalingrad

    Pour le coup, on peut prendre une source absolument INATTAQUABLE par nos détracteurs...


    13 commentaires

  • POUR COMPRENDRE LES GUERRES DU YÉMEN (intro + première partie : Guerre Froide, 1962-90) - ou : que paye le pays dans son martyre actuel, après les décennies de tyrannie et de guerre civile permanente de l'ère Saleh (1978 au Nord, 1990 au Sud - 2012) ?

    via Khalmurad Sakhatmuradov

    Petite histoire contemporaine des guerres du Yémen

    Depuis la fin de la monarchie en 1962, mais surtout depuis la crise politique de juin 1978, l'Arabie heureuse n'a jamais aussi mal porté son surnom. Meurtri par les conflits armés tous-azimuts quasi-ininterrompus depuis 40 ans, le Yémen, terre du mythique royaume de Saba, fut, jusqu'à l'ère du pétrole, l'un des poumons économiques de la Péninsule arabe. Nation tribale, elle est partagée géographiquement entre un « Nord » occidental montagneux, et un « Sud » oriental désertique (l'Hadramaout). Les capitales respectives étant Sanaa (Nord) et le port stratégique d'Aden (Sud). Elle est divisée cultuellement entre populations chiites zaïdites du Nord (45%) et sunnites chaféites partout ailleurs (55%). Le pays, aujourd'hui extrêmement pauvre, détient beaucoup moins de pétrole que ses voisins, mais occupe une position stratégique sur le détroit de Bab el-Mandeb.

    Historiquement, le Yémen fait partie, dans le prolongement sud du Hedjaz en Arabie (où se trouve Médine et La Mecque), du berceau de l'Islam (islamisation dès Mahomet). Après la domination des Ayyoubides d’Égypte et du Sham et le Sultanat rasoulide (sunnite) au Moyen-Age, le Nord est vassalisé par l'Empire ottoman pendant près de quatre siècles, tandis que sa partie Sud est colonisée par les Anglais à la fin du XIXe. En 1918, le Nord devînt une monarchie chiite (un « imamat zaïdite »), le Royaume mutawakkilite. Soucieux de son indépendance, il cherchait alors à contrebalancer l'hégémonisme britannique. Il s'agissait toutefois d'un régime autocratique et féodal, de plus en plus contesté dans le contexte du début de la Guerre Froide et du panarabisme nassérien.

    ======> 1- Première Guerre civile du Nord-Yémen (1962-67/70) : émergence de la République arabe

    La première grande guerre qui déchire le Yémen contemporain :

    - oppose les républicains panarabes (soutenus par l’Égypte et l'URSS) et les monarchistes (soutenus par l'Arabie Saoudite et le Royaume-Uni) ;

    - débouche sur une victoire républicaine, avec la prise de Sanaa en 1967 et l'avènement de la République arabe du Yémen (RAY) en 1970 ;

    - cause 26 000 pertes égyptiennes (engagement direct), 1 000 pertes saoudiennes (engagement indirect), 40 000 pertes royalistes et 200 000 morts avec les civils au total.

    Abdul Rahman al-Iryani est le premier président : il s'oppose aux deux ingérences égypto-saoudienne et se veut un républicain modéré : il œuvre pour la réconciliation post-guerre (avec les ex-royalistes) et la réunification des deux Yémen (le Sud-Yémen venait d'obtenir l'indépendance en 1967).

    Lui succède le dernier âge d'or du Yémen, sous la présidence (à Sanaa) d'Ibrahim al-Hamdi, surnommé le « Sankara arabe ». On raconte qu'enfant, il essaya de sauver de la noyade son propre reflet, avant de tomber dans l'eau (il sera sauvé par ses parents). Dirigeant de juin 1974 au 11 octobre 1977, al-Hamdi est le plus aimé des dirigeants yémenites du XXème siècle. Il renforça les relations Nord-Sud et améliora considérablement la situation économique de son pays (programmes économiques ambitieux, infrastructures - a pavé les routes, hôpitaux, écoles etc., lutte contre le tribalisme et le vieux système de classes sociales, dans le cadre d'un idéalisme panarabe particulièrement socialisant).

    Très proche du peuple, se souciant très peu de sa propre sécurité (il circulait avec sa voiture et rencontrait même ses opposants), il est assassiné le 11 octobre 1977 par des agents saoudiens (Riyad souhaitait entraver le processus de réunification), avec son frère, et deux jeunes femmes pour ternir sa réputation d'homme vertueux...

    Son successeur direct, et continuateur, Ahmad bin Hussein al-Ghashmi, lequel poursuivra le rapprochement avec le Sud, est assassiné à son tour, quelques mois plus tard, en juin 1978.

    Il est vite remplacé par le fameux Ali Abdallah Saleh, qui restaurera le vieux système tribal et clanique à privilèges.

    ======> 2- Soulèvement de Radfan / Crise d'Aden (1963-67) : émergence du Sud-Yémen populaire

    À la même époque, au Yémen du Sud, le protectorat britannique est vaincu par la résistance nationale arabe, principalement menée par le Front de Libération Nationale (ruraux marxistes-léninistes) et son rival, le Front de Libération du Sud-Yémen occupé (Flosy, social-démocrate nassérien, plus intellectuel), au bout d'une guerre de 4 ans.

    Le Yémen-Sud obtient son indépendance comme république le 30 novembre 1967, avant de devenir une République démocratique populaire (RDPY) avec la victoire du courant marxiste du Front de Libération Nationale le 1er Décembre 1970. Le mouvement nassérien subissait alors les contrecoups de la défaite de l’Égypte face à Israël en 1967 : le socialisme panarabe « petit-bourgeois » était éclipsé par l'essor du marxisme, seul à même de vaincre Israël, les monarchies féodales arabes et la misère.

    Salim Rubayyi Ali, dit « Salmine », chef de file du « courant maoïste » et ami du « Sankara arabe » nord-yéménite al-Hamdi, dirige -collégialement- le Sud-Yémen de 1969 à 1978. Victime des guerres, de la fuite des élites d'Aden et de la fermeture du canal de Suez (1967), la RDPY cumule les soucis économiques, tout en dépensant une fortune pour sa défense militaire face aux tentatives de subversion saoudienne et britannique.

    Pourtant, on assiste alors, comme au Nord, à un âge d'or sur le plan social (paix et progrès). Cette situation n'empêche pas en effet Salmine de mener les réformes les plus radicales du monde arabe : éducation universelle, gratuité des soins, égalité homme-femme, disparités sociales réduites (hausse du niveau de vie en zone rurale), lutte contre le tribalisme.

    [Article francophone rare sur la seule grande expérience marxiste-léniniste de l'Histoire du monde musulman : https://orientxxi.info/…/quand-le-drapeau-rouge-flottait-su… ]

    Avec l'URSS, la RDA et la Chine de Mao, elle soutient une rébellion marxiste voisine en Oman pendant la Guerre du Dhofar, le Front Populaire de Libération de l'Oman et du Golfe Arabe, réprimé par le Sultan de l'Oman ibadite avec l'Iran du Shah et les forces spéciales britanniques (SAS).

    Malgré quelques dissensions, les deux États frères (Aden est marxiste pro-soviétique, Sanaa est panarabe non-alignée) entretiennent des relations cordiales au point d'envisager la réunification.

    En juin 1978, deux événements simultanés mettent fin à l’idylle :

    - au Sud, le « maoïste » Salmine est liquidé par les « bureaucrates pro-soviétiques » menés par Abdel Fattah Ismail, avec la complicité de Moscou ;

    - au Nord, al-Ghashmi (le fidèle du très progressiste al-Hamdi) est à son tour assassiné : Saleh arrive au pouvoir et opère un virage à 180°, en rétablissant le vieux système féodal.

    Petit retour historique sur le Yémen, actuellement dévasté par l'agression des porcs Saoud avec la complicité de l'Occident

    (Ibrahim al-Hamdi et "Salmine" lors d'une rencontre)


    ======> 3- Rébellion marxiste du Yémen-Nord (1978-82)

    Une fois au pouvoir, Ali Adballah Saleh, rompt avec la politique de ses prédécesseurs progressistes, et renoue avec les traditions tribales et claniques. Contre ce retour en arrière, une rébellion populaire éclate, lancée par le « NDF » (National Democratic Front, coalition notamment composée du Parti démocratique révolutionnaire du Yémen, marxiste-léniniste, et d'autres partis socialistes et panarabes). Elle est soutenue par la RDPY voisine, l'URSS et la Libye. Cette guérilla durera jusqu'en mai 1982.

    Un conflit interétatique faillit alors éclater entre Aden et Sanaa, mais la Ligue arabe l'évita. Le sommet du Koweït en mars 1979 confirma l'objectif vers la réunification.

    ======> 4- Guerre civile du Sud-Yémen (janvier 1986)

    En 1980, le dirigeant sud-yéménite, Abdul Fattah Ismail, perd à nouveau la confiance de ses soutiens en URSS : il démissionne et part en exil à Moscou. Son successeur, Ali Nasir Muhammad Husani, se montre plus pragmatique et conciliant vis à vis de la République arabe du Yémen.

    En janvier 1986, alors que l'URSS s'engage dans la désastreuse Perestroïka c'est au tour du Yémen-Sud de tomber dans le chaos : le 13 janvier, Ali Nasir Muhammad liquide tous les pères de la Révolution yéménite. Les partisans d'Abdul Fattah Ismail (revenu l'année passée, et assassiné ce jour-là) se soulèvent. Après un mois de combats acharnés à Aden (10 000 morts au total), c'est une victoire posthume pour ce dernier. Ali Salim al-Beidh prend la tête d'un État affaibli et décrédibilisé par ces événements.

    Unification du Yémen en 1990.

    La RAY et la RDPY fusionnent pour devenir la République du Yémen, dirigée de Sanaa par Ali Abdallah Saleh, avec al-Beidh pour vice-président. Elle se fait remarquer en soutenant l'Irak de Saddam Hussein pendant la Guerre du Golfe. Cette fusion sera un échec sanglant... (suite prochainement)

    Notez ceci : on vous demande quand, pour la dernière fois, ce pays pouvait espérer un développement socialiste dans la concorde et le progrès ? Vous pouvez désormais répondre : du temps des expériences socialistes les plus avancées, à savoir celles d'al-Hamdi « le Sankara arabe », et du proto-maoïste Salmine (années 1970).

    https://orientxxi.info/magazine/quand-le-drapeau-rouge-flottait-sur-aden,2152

    Petit retour historique sur le Yémen, actuellement dévasté par l'agression des porcs Saoud avec la complicité de l'Occident

    (Soldats britanniques devant une manifestation organisée par le FLN à Aden, 1967)


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  • http://www.elishean.fr/le-catharisme-apogee-spirituelle-de-la-civilisation-occultee-des-wisigoths-contre-le-mythe-franco-gaulois/

    Alors bon, disons-le LOL... on kiffe, mais c'est clair que c'est gentiment bourrin et d'un point de vue historique plus qu'approximatif, subjectiviste voire contre-véritaire.

    Caricatural mais avec un fond de vérité sur deux points (dont SLP s'est déjà fait depuis plusieurs années "militant", dans sa lutte contre l'historiographie bourgeoise) :

    - Il n'y a pas eu de véritable effondrement de civilisation, "âges obscurs" à la "chute" de l'Empire romain, en tout cas pas plus que dans le prolongement de ce qu'avaient été ses 3 derniers siècles. C'est la bourgeoisie qui prend en modèle absolu l'Empire romain (d'ailleurs, notre monde impérialiste lui ressemble...), et peint les choses de cette manière pour dire "après nous le chaos" (puisque "nous" sommes la nouvelle Rome). Il n'y a pas eu de chaos subit à l'arrivée des Germains, juste un prolongement de la décadence romaine jusqu'au 9e siècle, avant une nouvelle dynamique de récupération où commencent à naître la bourgeoisie dans les villes et les nouvelles nations (celles que nous connaissons aujourd'hui). Il n'y avait pas par exemple de "loi" germanique imposant de diviser le royaume entre les fils à la mort de chaque grand souverain... en tout cas, pas plus qu'il n'y avait chez les Romains la même pratique à partir de Dioclétien, pour gérer l'immensité du territoire (qui avait pourtant été gérée sans problème pendant 3 siècles sans faire cela...), et des anarchies militaires et guerres entre prétendants aux lauriers impériaux à chaque fois qu'il n'y avait pas eu de succession bien préparée (et même, une succession bien préparée pouvait être contestée).

    Les Wisigoths sont connus, par les historiens marxistes comme non-marxistes pour avoir conservé les notions romaines de droit écrit, ainsi que l'esprit de civilisation urbaine etc. Mais ils ont néanmoins, quand même, libéralisé ce qui était devenu un système oligarchique esclavagiste, et perçu sans doute comme une oppression nationale par les populations hors d'Italie (mais cela, l'histoire bourgeoise qui idéalise la Gaule romaine ne le dira pas...). Engels le dit dans L'Origine de la Famille, de la Propriété et de l'État : les "barbares" ont été accueillis en libérateurs (comme d'ailleurs les Arabes dans l'Empire byzantin). En "mixant" l'humanisme du christianisme (non-catholique, non-impérial, en plus) avec la Treue germanique, ils ont établi une société plus libre, supérieure en fait à l'organisation sociale romaine, mais que la bourgeoisie qui vénère l'Antiquité nous présente aujourd'hui comme un recul civilisationnel énorme.

    Les Francs en eux-mêmes n'étaient d'ailleurs pas non plus un problème, et l'archéologie sérieuse montre qu'il n'y a pas eu d'effondrement de civilisation pile poil en 476 au Nord non plus. Il y avait une forme d'Antiquité tardive sous les Mérovingiens également. Il y avait une basilique à Paris, plus grande que l'actuelle Notre Dame. Le problème est qu'ils se sont faits mandater par la Papauté pour reconstituer l'Empire romain (Charlemagne, lui aussi vénéré par l'histoire bourgeoise, est allé le plus loin en ce sens), sauf que ceci a ramené le phénomène des anarchies militaires à la mort de chaque grand souverain... C'est cela qui a conduit aux âges effectivement un peu obscurs du 9e-10e siècle.

    - Relativiser la rupture de la "révolution" de 1789, qui a en réalité plus parfait que détruit l’œuvre absolutiste ; qui a été, même si elle a mal tourné ensuite pour lui, VOULUE par le roi qui avait une vraie volonté modernisatrice bloquée par les Parlements (donc il a convoqué les États Généraux pour crever l'abcès), etc. etc. D'aucuns rétorqueront que "la rupture, c'était 1793, pas 1789"... Certes, mais alors cette rupture a duré un an. En plus d'être loin d'être parfaite de notre point de vue, consistant aussi voire avant tout en une reprise en main de Paris menacé d'être ramené à 1/83e d'influence, et d'être ainsi une usine à Thermidoriens qui ne sont venus ni de nulle part, ni de Coblence mais bien des bancs de la Convention et des Comités de Salut Public et de Sûreté Générale eux-mêmes ; la rupture de 1793 a duré un an avant d'être maudite, présentée comme tout ce qu'il ne faut pas faire, et que le perfectionnement de l’œuvre absolutiste reprenne son cours avec le Directoire puis Napoléon.

    À ce sujet nous vous invitons à lire ici :

    http://ekladata.com/A-l-Copie.docx


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  • La réponse qui s'impose est OUI, BIEN SÛR... Mais ces questions nationales, dans ce pays qui a la particularité d'avoir été une COLONIE (britannique), puis un processus de colonisation mené par les colons devenus indépendants de la métropole, avant de devenir la première puissance impérialiste mondiale, ont la particularité d'être fondamentalement raciales.

    Déjà, l'intégralité du territoire a été volé aux Nations indigènes qui y vivaient (et dont des "maoïstes", ou plutôt des sortes de 'p''c''mlm' locaux aujourd'hui ont encore le toupet de discuter le caractère national et donc le droit à l'autodétermination, alors qu'elles avaient tous les prérequis scientifiques marxistes et sont donc devenues des nations en étant "touchées" par le capitalisme lors de la colonisation). Dans une logique maximaliste de "justice absolue", l'on pourrait donc dire que l'intégralité du territoire fédéral leur revient de droit ; après, ne représentant plus que 0,9% de la population, il y a bien sûr une question de faisabilité qui doit être étudiée démocratiquement. Il y a néanmoins, largement au-delà des "réserves" où la colonisation les a parquées, de larges territoires qui pourraient être rendus à certaines d'entre elles comme mesure immédiate.

    Y a-t-il des questions nationales aux États-Unis ?

    Ne serait-ce que déjà... toute l'Alaska, achetée à la Russie en 1867 et grande comme 3 fois l’État français !

    Ensuite, pour mettre en valeur ces terres volées aux Nations indigènes, ont été amenés dans toute une région au Sud-Est, jusqu'au 19e siècle, des millions d'esclaves africains. En dépit de leur répartition, par la suite, sur tout le territoire au cours de la Grande Migration (entre les deux guerres mondiales et jusqu'aux années 1960), il y a depuis les rives du Bas-Mississippi jusqu'à l'embouchure du Potomac où se trouve Washington, tout un territoire de grande concentration, anciennement celui des grandes plantations esclavagistes, que certains militants révolutionnaires noirs appellent New Afrika (déjà dans les années 1940, Harry Haywood, éminent marxiste-léniniste ami de l'URSS, envisageait d'y établir une république socialiste noire).

    Y a-t-il des questions nationales aux États-Unis ?

    Ensuite encore, un tiers du territoire américain actuel consiste en fait en la MOITIÉ du territoire mexicain conquis à la suite d'une terrible guerre d'agression en 1848.

    Y a-t-il des questions nationales aux États-Unis ?

    Non seulement des dizaines de milliers de Mexicains (généralement métis indigènes), ainsi que des Nations indigènes entières (comme les Apaches ou les Navajos), ont été emprisonnés à l'époque dans ce territoire conquis que les militants chicanos nomment Aztlán ; certes submergés ensuite par les colons européens ; mais très vite, dès la fin du 19e siècle, une immigration mexicaine puis latino-américaine en général l'a en quelque sorte reconquis, avec désormais des dizaines de comtés où les Latinos (principalement mexicains) sont majoritaires, voire l'écrasante majorité dans certains.

    Y a-t-il des questions nationales aux États-Unis ?

    Quelques décennies plus tôt, la Floride qui relevait de la Caraïbe espagnole avait elle aussi été annexée (1819) ; et un phénomène un peu similaire s'est opéré ces dernières décennies : les Latino-Américains sont désormais majoritaires dans la pointe méridionale de la péninsule (qui abrite aussi une importante population afro-caraïbe anglophone ou haïtienne).

    Y a-t-il des questions nationales aux États-Unis ?

    Loin de là dans le Pacifique, l'archipel d'Hawaii, territoire polynésien annexé en 1898 puis devenu État en 1959, bien qu'aujourd'hui majoritairement peuplé d'Asiatiques (près de 40%) et de métis de diverses origines (25%), et seulement de 10% d'Hawaiiens "purs", doit bien entendu immédiatement redevenir un État démocratique indépendant ; de même que l'île caraïbe hispanique de Porto Rico, annexée la même année et devenue quant à elle un "État associé" protectoral (avec pratiquement plus de ressortissants immigrés sur le continent que d'habitants dans l'île même).

    Pour le reste, il y a bien évidemment des particularismes régionaux, mais l'Amérique blanche reste fondamentalement l'Amérique blanche. D'ailleurs, ces particularismes ne sont pas nécessairement plus importants... que ceux entre les différentes origines européennes et l'attachement qui peut perdurer envers celles-ci (Irlandais, Italiens, Polonais, Juifs etc.).

    Le particularisme texan, souvent mis en avant dans cet État, est fondamentalement réactionnaire, s'agissant d'une affirmation de colons européens sur un territoire volé au Mexique et aux Nations indigènes. Globalement plus liberal ("progressiste"), prenant parfois même des accents "éco-socialistes", le mouvement dit de Cascadie (Nord-Ouest, Oregon et État de Washington avec Seattle) n'en est pas moins une tentative d'esquiver cette problématique fondamentale.

    Certaines organisations communistes, comme l'Organisation Révolutionnaire du Travail (ROL ou Ray O. Light), évoquent l'existence d'une "Nation appalachienne" dans la chaîne de montagne de ce nom, caractérisée par une immigration européenne très pauvre et une condition ouvrière très dure, ainsi qu'un important métissage avec les populations indigènes (Cherokees etc.) ; mais cette affirmations est loin de faire l'unanimité... ni réellement et immédiatement sens d'un point de vue scientifique marxiste.

    Sur le littoral de la Louisiane (terre des bayous) se trouve la région de l'Acadiane, peuplée de Cadiens ou Cajuns, issus (attention, à la différence des descendants de planteurs esclavagistes français venus nombreux lors de la révolution anti-esclavagiste en Haïti - 1791-1803) de la terrible déportation de masse des francophones des actuelles Provinces maritimes du Canada par le conquérant britannique, que l'on pourrait qualifier de premier backlash des méthodes coloniales au sein même la blanchité (sur un nombre d'environ 14.000, près de 9.000 n'y ont pas survécu...) ; parfois plus ou moins métissés avec les populations indigènes locales. Ils sont au nombre actuel d'un demi-million environ dans cette région qui en compte un million et demi, à raison de 10 à 30% de locuteurs du français cadien selon les paroisses.

    Y a-t-il des questions nationales aux États-Unis ?

    Certes, il y a dans la middle class américaine (pas forcément "plus progressiste" au demeurant) une culture de mépris du "petit Blanc arriéré" des campagnes et petites villes ouvrières (redneck, hillbilly, white scum) ; certes, lors de la Grande Dépression, les paysans d'Oklahoma ou d'Arkansas chassés par la misère vers la Californie y étaient traités comme la pire merde. Certes, au moment de chercher des Blancs pour travailler avec eux, les Black Panthers de Fred Hampton se sont finalement rendus compte que ces petits Blancs des Appalaches ou d'Arkansas, du Nord-Ouest ou du Michigan venus dans les grandes villes comme Chicago pouvaient finalement être, une fois "décrassés" de leur bain culturel raciste depuis la naissance, de bien meilleurs alliés que les "radicaux" prétentieux et paternalistes de campus (comme les yippies de Hoffmann et Rubin, qui planteront radicalement leur co-inculpé Bobby Seale lors du procès de Chicago en 1968).

    Pour autant, ces populations blanches (auxquelles on pourrait encore une fois ajouter, en termes de relégation et de mépris, les vagues récentes d'immigration européenne jusqu'à ce que celles-ci cessent à-peu-près au milieu du 20e siècle) ont toujours fini par être intégrées dans le "glacis défensif" du Pouvoir qu'est la blanchité, avec son "salaire" chargé de faire que même avec de très faibles revenus financiers, il est toujours plus avantageux d'être blanc (et donc de s'accrocher à ce statut face à la précarisation sociale) ; chose absolument structurelle pour l'ordre social là-bas et INDISPENSABLE à reconnaître et comprendre pour quiconque se prétend révolutionnaire.

    D'autre part, sur le plan de l'organisation sociale territoriale de l'immense fédération, Washington est une capitale purement administrative et sur le plan économique le pays est polycentrique : plusieurs Centres s'y "chargent" de concentrer et gérer la richesse extraite de chaque grande région (métropole atlantique de Boston à Washington en passant par New York, métropole californienne de San Diego à San Francisco en passant par Los Angeles, Chicago, Houston et Dallas au Texas, Kansas City dans les Grandes Plaines, Seattle tout au Nord-Ouest, Miami en Floride comme "porte" de la Caraïbe et de l'Amérique latine, etc.) ; si bien qu'il n'est pas possible de dire qu'un grand Centre hégémonise tout et "plie" des régions périphériques entières à sa logique économique.

    Dit autrement : toutes ces contradictions au sein de l'Amérique blanche peuvent tout à fait être mises à plat et affrontées (elles le devront, même) ; mais PAS AVANT d'avoir reconnu et décidé d'affronter comme contradiction principale la nature COLONIALE du système vis-à-vis des Nations indigènes, des Latinos, des New Afrikans et autres minorités "de couleur" (Asiatiques etc.).

    De fait, tant qu'une immigration européenne soutenue entrait chaque année dans le pays, conduisant sa démographie en ligne quasi-droite (sauf Guerre de Sécession et Grande Dépression des années 1930) de moins de 5 à plus de 300 millions, les États-Unis se voyaient envers et contre toute leur histoire garantir une nette majorité blanche (75 voire 80% durant l'"âge d'or" d'après-guerre jusqu'aux années 1960) ; mais la tendance s'est désormais inversée et l'on ne compte plus, selon les statistiques de 2010, que 63% de Blancs non-hispaniques (les "Hispaniques", désormais 50 millions soit 1/6e de la population, ne sont pas une catégorie raciale et peuvent être déclarés noirs, blancs, "amérindiens" ou "multiraciaux", beaucoup se déclarant - donc - blancs sans l'être aux yeux des WASP...), et donc par soustraction près de 40% de non-Blancs-non-hispaniques colonisés intérieurs.

    C'est un fait : conséquence de l'impérialisme, l'immigration est en train de mettre la fin de l'Amérique blanche à l'ordre du jour - et c'est une EXCELLENTE CHOSE.

    Il résulte, tant de cette construction historique que nous avons vue que de cette situation actuelle, que le moteur de la révolution aux États-Unis est la RÉVOLUTION ANTICOLONIALE INTÉRIEURE ; et que sur plus de la moitié du territoire (les régions que nous avons vues sur les cartes), ainsi que dans toutes les grandes villes, les communistes révolutionnaires blancs ne peuvent finalement avoir pour premier Plan Général de Travail que d'être des PORTEURS DE VALISE de celle-ci (et non un "complexe industriel de l'allié" postmo-gauchiste qui finit toujours par prétendre tout diriger).

    Y a-t-il des questions nationales aux États-Unis ?


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  • La réponse est NON ; ni aujourd'hui ni "plus depuis les années 1960" ; et dans la vision matérialiste qui est la nôtre, il ne doit pas y avoir de place pour l'approximation et encore moins la subjectivité postmodernoïde.

    Une colonie, cela signifie racialité du pouvoir ; un rapport social très spécifique et qui ne laisse pas place à la confusion avec autre chose.

    Le mot colonie, s'il est utile de le rappeler, dérive de COLON : des colons, des gens venus d'ailleurs, s'installent dans un pays (nombreux ou pas, ce n'est pas la question) et y forment un groupe social certes non-égalitaire, stratifié socialement, mais INTÉGRALEMENT SUPÉRIEUR à la société indigène dans l'ensemble de ses classes sociales (car elle aussi stratifiée, le plus souvent).

    Il n'y a bien évidemment jamais rien eu de tel en Bretagne. Depuis sa conquête à la fin du 15e siècle, celle-ci a été une NATIONALITÉ OPPRIMÉE conservant sa structure et son élite sociale, celles-ci étant simplement soumises (via l'État moderne) à la bourgeoisie d'un Centre extérieur, Paris, qui en a "plié" la vie sociale et productive à ses intérêts.

    [Pour citer Kaypakkaya au sujet de l'oppression nationale dans l’État turc : "Quel est l'objectif de l'oppression nationale ? Cet objectif, de manière très générale, est de maîtriser la richesse matérielle de tous les marchés du pays sans avoir de rivaux, pour gagner de nouveaux privilèges, étendre les limites des privilèges actuels et s’en servir. Dans ce but, la bourgeoisie et les propriétaires issus de la nation dominante, afin de conserver les frontières politiques du pays font d’énormes efforts pour empêcher par tous les moyens les régions dans lesquelles vivent plusieurs nationalités de se séparer du pays. Dans les mots du camarade Staline : “Qui dominera le marché ?” [ici en Hexagone, dans la construction de l’État moderne français : la bourgeoisie du Bassin de la Seine ou d'Occitanie, lyonnaise, de Flandre-Artois, ou encore anglo-normande ? les foires de Champagne ou du Languedoc ? etc.]. C’est l’essence de la question. (...) L’oppression des travailleurs des peuples minoritaires acquiert de cette manière une double qualité : premièrement il y a l’oppression de classe utilisée contre les travailleurs afin d’exploiter et d’éradiquer la lutte de classe ; deuxièmement, il y a l’oppression nationale mise en œuvre pour les objectifs mentionnés plus haut contre toutes les classes des nations et des nationalités minoritaires. Les communistes font la distinction entre ces deux formes d’oppression parce que, par exemple, tandis que les bourgeois kurdes et les petits propriétaires s’opposent à la seconde forme d’oppression, ils supportent la première. En ce qui nous concerne, nous sommes opposés aux deux formes d’oppression. Afin d’éradiquer l’oppression nationale, nous supportons la lutte de la bourgeoisie kurde et des petits propriétaires, mais, d’un autre côté, nous devons nous battre contre eux pour mettre un terme à l’oppression de classe."].

    Il n'y a jamais eu des milliers d'individus venant du Bassin parisien pour y constituer, loi à l'appui, un groupe social supérieur aux Bretons "inférieurs" (bien que le mépris des Bretons bretonnants soit quelque chose qui a existé, dans le discours dominant parisien voire même nantais).

    Il en va de même en Occitanie, où certes, lors de la Conquête au 13e siècle, un certain nombre de fiefs "hérétiques" ont été confisqués par des seigneurs venus avec Montfort du Bassin parisien, le terme "indigène" (opposé à "francigène") y faisant même son apparition dans la langue écrite (Statuts de Pamiers) ; mais néanmoins l'aspect principal est resté celui-là : une intégration des élites survivantes (non massacrées lors des révoltes) aux classes dominantes françaises et un "pliage" de l'existence sociale du pays aux intérêts économiques de Paris ; jusqu'à finir par fournir plus de la moitié du personnel politique de la République bourgeoise colonialiste et la quasi totalité des généraux bouchers de 1914-18. Même les Landes, qui ont connu une forme très particulière de "colonisation" avec destruction d'un mode de vie séculaire, associée à tout un discours anti-"sauvages", ne peuvent être mises strictement sur le même plan.

    Et encore de même au Pays Basque "français" (Iparralde), tandis que le Pays Basque "espagnol" (Hegoalde) jouit certes, pour trois provinces du moins, d'une large autonomie, mais sous un régime (la Constitution de 1978) héritier de celui (Franco) qui a mis fin à sa République indépendante en 1937, et consisté basiquement en 40 ans d'occupation militaire fasciste - mais ce n'est pas, là encore, du colonialisme.

    La Corse est elle aussi dans la même situation, bien que son insularité y amène des problématiques plus particulières.

    La Bretagne n'est pas une colonie lorsque, puisque l'on parle de la Corse, le "pacificateur" et plus brutal oppresseur de celle-ci a été un noble breton au service du roi de France (Marbeuf) ; avant d'être... un Corse (Napoléon), avec pour fondé de pouvoir local un Occitan (Morand). Le Pays Basque n'est pas une colonie lorsque c'est un noble basque, Sebastián de Segurola, qui a fait écarteler Tupac Katari.

    Nous avons là des situations d'oppression de périphéries par un Centre, recoupant, du fait du caractère nationalitaire de certaines périphéries, des situations d'oppression nationale.

    Ne pas comprendre correctement cela peut conduire aux raisonnements les plus erronés et finalement DÉLIRANTS non seulement sur les luttes dans l'État français (le rôle et le rapport à la bourgeoisie locale, ou encore la dimension de "reconquête"-"renationalisation" des masses populaires qu'a la lutte, sont ainsi très mal compris), mais aussi sur des sujets tels que la Turquie et la question kurde qui ont finalement une grande similarité*.

    Les seules situations "approchantes" d'une véritable colonisation et racialité du pouvoir en Europe ont historiquement été l'Irlande, avec une véritable infériorité juridique et pseudo-scientifique raciale des Irlandais catholiques vis-à-vis de colons protestants venus d'Angleterre et d'Écosse, et (jusqu'en 1945) la position des colons allemands installés depuis le Moyen Âge sur des territoires aujourd'hui en Pologne ou dans les Pays baltes, vis-à-vis des populations slaves et baltes. 

    À la rigueur, sous l'Ancien Régime (jusqu'au 19e siècle), l'Andalousie, le Sud de la Péninsule ibérique où la noblesse castillane et léonaise s'était emparée des terres des élites musulmanes et juives expropriées et massacrées, la limpieza de sangre ("pureté de sang", interdiction d'avoir du sang juif ou "maure" - chose quasi impossible - pour accéder à toutes sortes de propriétés et de positions sociales importantes) pouvant être vue comme une forme de lois raciales. Même le très fort mépris des Italiens du Nord pour les Méridionaux, et la très violente répression de ceux-ci entre les années 1860 et 1880, suivie de l'utilisation de leurs crânes par Cesare Lombroso pour définir son "Homme criminel", ne se sont pas accompagnés de l'implantation de gens du Nord dotés d'un statut juridique de supériorité (au contraire ce sont plutôt les Méridionaux, réservoir de main d'œuvre, qui sont montés massivement au Nord).

    L'Occitanie, la Bretagne etc. sont-elles des colonies ?

    Réponses à quelques questionnements : 

    - La politique contre les langues, souvent citée en argument, est presque un contre-argument en fait. Parce que si l'on regarde l'ex- ou même actuel Empire colonial, les langues ont très bien survécu. C'est presque une caractéristique du colonialisme, que de s'en foutre que les sauvages qui le resteront parlent leurs langues de sauvages ! C'est plutôt une caractéristique de l'État-nation, dans ce qu'il considère sa métropole, que d'uniformiser la langue et la culture.

    Ce n'est pas non plus qu'une question d'"ancienneté" de la domination : les Antilles sont "françaises" depuis à peine moins longtemps que le Béarn, et plus longtemps que la Savoie et Nice, la Corse et la Lorraine, et même l'Alsace, le Nord, la Franche-Comté et le Roussillon. Le créole est pourtant loin d'y avoir été anéanti : il est omniprésent dans la rue !

    En réalité, l'hégémonie linguistique est une question sociale qui ne peut servir à caractériser un colonialisme, et qui est même totalement indépendante d'une politique centraliste en fait. L'Angleterre n'a jamais nié les nations celtiques comme nations, mais y a pratiquement fait disparaître les langues (sauf au Pays de Galles). L'Italie a au contraire été jacobine comme la France mais n'a jamais réussi à faire disparaître les dialetti, tout juste à imposer l'italien parlé par tous. L'Angleterre ne colonise pas la Suède, mais il est impératif en Suède de parler très bien anglais pour réussir socialement. Et si bien sûr vous allez vivre à Londres, et ne parlez pas bien anglais, vous finirez à la plonge des restaurants.

    C'est PAR VOIE DE CONSÉQUENCE que la langue du colonisateur va s'imposer comme moteur social, marqueur de l'élite compradore dans une colonie. Ce n'est pas une "caractéristique" du colonialisme en soi.

    - * Cela pourrait même avoir des conséquences encore plus graves. Car après tout, ce que dit Alain Soral c'est que le sionisme ne fait pas qu'occuper la Palestine, mais règne sur le monde ; et que donc nous serions en fait "tous" des colonisés victimes du "Peuple élu", "tous" des Palestiniens. Il tente ainsi, en s'emparant systématiquement de toutes les questions que la gauche radicale bobo-métropolitaine lui laisse en pâture, de mettre à sa remorque politique le sentiment anticolonial-intérieur qui grandit dans les masses arabo-musulmanes et afro-descendantes d'Hexagone. À partir de là... en quoi considérer que nous serions "tous" (pareillement, strictement sur le même plan) "colonisés par la France", pourrait éviter de mener à des dérives similaires ; c'est-à-dire, une forme particulièrement astucieuse de (tentative de) mise de l'anticolonialisme intérieur à la remorque d'un gauchisme certes opprimé nationalement, mais non moins BLANC ? Nous ne disons pas que cela existe à l'heure actuelle, mais que c'est POSSIBLE ; car on a à la base le même confusionnisme plus ou moins conscient. L'on peut déjà observer les effets de ce confusionnisme, par exemple, lorsque nous voyons quelqu'un projeter sur la question de Rojava les mêmes schémas de "colonialisme turc" ou "arabe" (!) que de "colonialisme français" au sujet de la Bretagne ou de l'Occitanie : même confusion, même tout-se-vaut et non-analyse concrète de la réalité concrète (sait-il seulement que le bras droit et successeur de Kemal Atatürk, Ismet Inönü, était kurde ? que le pouvoir d'État syrien est totalement centré sur une minorité religieuse longtemps opprimée, les Alaouites, d'ailleurs pas très éloignés des Alévis de Turquie, religion de beaucoup de Kurdes ? et que l'une de ses premières bases sociales dans la reconquête du pays qu'il est en train de parachever, est outre ces Alaouites l'ensemble des minorités, chrétiens, chiites, druzes... et Kurdes ?).

    - [Compil' de commentaires FB]  Disons qu'il y a eu dans les périphéries "françaises" des situations RELATIVEMENT approchantes, dans les discours comme les pratiques. En Corse bien sûr... Rappelons que Fieschi, bonapartiste (tout sauf un paoliste !) qui tente en 1835 d'assassiner Louis-Philippe, est qualifié à son procès d'"étranger". Les capitales (Bastia et Ajaccio) qui sont des ports, regardant vers une métropole extérieure et non des villes centrales par rapport à l'île (comme Corte). Héritage, déjà, de Gênes et de sa sorte de colonisation par une sorte de "Compagnie des Indes"... Et puis forcément en Corse ça a été chaud, parce que ce n'était pas un duché féodal qui aurait simplement changé de maître, de son duc au roi de France : c'était une république démocratique !!  

    La situation dont nous avions fait un article en 2014, des Landes de Gascogne ; à l'époque nous employions le terme de colonisation... d'autant plus qu'il était employé sur le sujet au 19e siècle http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/les-landes. Effectivement des discours littéralement racistes, et des projets rappelant les colonisations de "terres sans peuple" outre-océans. Néanmoins à l'arrivée, on a plutôt eu une "bête" provincialisation : mise en valeur avec les pins, achat des lots par des notables locaux ou à la rigueur bordelais, transformation des bergers en ouvriers de la résine, et exode rural de ceux qui n'ont pas pu.

    Des discours sur la pointe de la Bretagne aussi : http://www.agoravox.fr/.../quand-les-bretons-etaient-23411 « La Basse-Bretagne, je ne cesserai de le dire, est une contrée à part qui n’est plus la France. Exceptez-en les villes, le reste devrait être soumis à une sorte de régime colonial . Je n’avance rien d’exagéré » (Auguste Romieu, sous-préfet à Quimperlé, 1831). Ou encore https://fr.wikipedia.org/wiki/Monts_d'Arr%C3%A9e...

    En Alsace c'est carrément une révolution ouvrière qui a été écrasée : novembre-1918. Il y a eu répression, l'expulsion d'1/10e de la population. Mais ensuite, après la nouvelle tentative d'annexion par le nazisme, les gens se sont francisés dans un esprit de "moindre mal"...

    Mais enfin, à l'arrivée l’État français a quand même eu ce raisonnement : les colonies, ça doit être séparé par des mers (la Corse l'est, certes). On ne peut pas avoir des colonies qui se soulèvent à 300 ou même 600 km de Paris, sans barrière naturelle.

    Donc, sur le territoire européen dit "Hexagone", il faut fabriquer des Français ; qui seront fidèles au Pouvoir, râleront une fois l'an dans la rue sans grande conséquence, sans plus.

    Grâce au pognon extorqué des colonies, justement, on va leur offrir une vie de petits bourgeois à condition qu'ils soient fidèles et abandonnent leur conscience de peuple conquis. C'est ce qu'il s'est passé et même si dans une moindre mesure, ce phénomène a aussi affecté la Corse, terriblement. Il suffit de penser à un peuple qui a subi les atrocités de Marbeuf et Morand, et qui se retrouve 150 ans plus tard, acheté par les postes de fonctionnaires coloniaux, SEUL à voter contre l'indépendance de l'Algérie...

    - "Le fait que la connaissance d'une langue extérieure à la langue locale parlée par la très grande majorité de la population des dites régions était la condition absolue d'accès à l'emploi qualifié et/ou administratif n'est-il pas déjà un privilège ?" => Oui, bien sûr ! C'est la définition d'une oppression nationale dans la construction d'un État-"nation". Mais de fait, la majeure partie de ces privilégiés par la maîtrise du français étaient des LOCAUX. On a encouragé par le français-ascenseur social l'éradication de la conscience nationale, pour qu'un glacis stratégique de "Français" protège le Capital "français", pyramide de bourgeoisies locales coiffée par celle de Paris. Dans une colonie, on a tendance à former à sa langue une élite de laquais, mais à laisser la masse dans la différence, qui doit être claire car elle fonde la hiérarchie raciale coloniale.

    Si tu veux un exemple qui clashe [de l'importance de la distinction] : aux journées de Corte, où règne cet esprit de confusion entre peuples sans État et colonies, est régulièrement reçu le MAK. Le MAK qui est loin de faire l'unanimité dans la population amazigh (tous les Algériens sont plus ou moins amazigh, mais ceux qui ne sont pas "trop" arabisés et ont un lien fort à cette identité sont déjà un tiers de la population), et qui surtout a le soutien de BHL, se pavane en Israël, etc., tout ça pour essayer d'affaiblir l'Algérie, pays SEMI-COLONIAL, et de le semi-colonialiser encore plus.  Nous soutenons les revendications berbères et pouvons penser en effet que la politique d'arabisation à outrance, d'inspiration nassérienne, a peut-être été une erreur. Mais dans la condition semi-coloniale, néocoloniale qui est celle de l'Algérie, on ne peut pas non plus soutenir n'importe quoi.

    C'est pour ça que la distinction entre situation coloniale et nationalité opprimée dans le cadre d'un État-"nation" est fondamentale. La Turquie est dans son ensemble un territoire semi-colonisé, dominé par l'impérialisme. Elle ne "colonise" pas le Kurdistan : elle a choisi pour son organisation interne (ouvertement) le "modèle" français, c'est-à-dire, dénationaliser des peuples et en extraire des élites qui, à la tête de l'État, se montreront souvent pires que les gens "de souche" de la nation centrale (turque ou vraie-française du Bassin parisien) ! Louis XIII et Louis XIV étaient fils et petit-fils de Béarnais ; Napoléon était corse, Thiers marseillais et Jules Ferry lorrain... De même qu'Atatürk était un mix d'Albanais et de Slaves islamisés (Pomaques), Inönü et Özal étaient kurdes, et Erdogan est laze.


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  • "Les vrais terroristes, c'est notre gouvernement" (post incriminé)

    http://servirlepeuple.over-blog.com/article-il-n-y-a-pas-de-plus-grands-terroristes-114539610.html




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  • ... quand on sort la vérité sur Bookchin attacks-on-israel-ignore-long-history.html ; ou un peu désorientés par des positions venant de l'aile gauche du PS, voire de la FI comparées à celles d'éléments d'extrême-droite ; mais ils oublient tout simplement que le pro-sionisme est beaucoup plus identitaire au menchévisme, à la gauche anticommuniste, qu'à la droite réactionnaire qui ne s'y est ralliée que plus tardivement et par intérêt.


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  • Contrairement à ce qu'a cru interpréter une personne qui nous a interpellés là-dessus, nous ne pensons pas, en des termes aussi caricaturaux, qu'Erdogan soit "anti-impérialiste" ou "antisioniste".

    La nature de classe de son parti, l'AKP, est bien expliquée ici : qu-est-ce-que-l-akp-a134714962

    Nous pensons en vérité que, bien plus que ses postures en ce sens que l'on sait largement factices, le problème pour l'impérialisme (principalement occidental) est surtout que l'économie turque menace à court terme de donner naissance à une véritable puissance régionale autonome qui serait décidément une de trop au Proche Orient.

    [L'on pourrait dire, en d'autres termes, que tout État semi-colonial un minimum "costaud" et industrialisé possède une certaine marge de manœuvre ; et Erdogan n'a pas, comme Chavez au Venezuela, essayé d'élargir celle-ci mais s'est plutôt, comme Lula et Dilma au Brésil ou Gbagbo en Côte d'Ivoire, employé à l'utiliser au maximum... ce qui est déjà devenu intolérable pour l'impérialisme en crise générale terminale. Au final, un peu comme Lula-Dilma et surtout comme Gbagbo, c'est conflictuel et violent ; et nous ne nions pas qu'il soit un dirigeant (bourgeois) foncièrement réactionnaire ; mais la focalisation sélective sur ce genre de "Grand Méchant" a le don de nous fatiguer (un peu)... Pour tout communiste authentique, la Turquie contemporaine est (de par son bloc de classe dirigeant) née fasciste avec Mustafa Kemal au début des années 1920 ; mais certains semblent littéralement découvrir qu'elle l'est depuis qu'Erdogan l'"islamiiiiste" fait parler de lui. Rappelons que pour nous la Russie est carrément un État impérialiste, profondément réactionnaire et présentant même, de par sa position dans le monde impérialiste, le terreau d'un fascisme de type hitlérien ; mais la focalisation sur cet impérialisme et ses crimes alors que les plus grands massacreurs et affameurs mondiaux restent l'Occident et ses fers de lance comme Israël, a aussi le don de nous fatiguer.]

    [Il y a aussi globalement, depuis la fin des années 2000 surtout ("fin de non-recevoir" opposée au "rêve" d'adhésion à l'Union européenne), un glissement tendanciel de l’État turc vers ce que l'on appellera le "bloc oriental" impérialiste-expansionniste, concrétisé une première fois en 2012 par l'accès au statut de "partenaire de discussion" de l'Organisation de coopération de Shanghai ; puis, après une "pause" liée à la position d'Erdogan dans le conflit syrien (la Russie surtout, mais aussi la Chine étant des soutiens d'Assad), un nouveau rapprochement à partir de 2016 avec le "raidissement" d'Ankara face au soutien occidental à Rojava, les suspicions envers l'Occident d'être derrière la tentative de coup d’État "güleniste" de cette année-là et (quoi qu'il en soit) les condamnations par celui-ci des purges qui ont suivi ; amenant ("sorti" après les élections de 2018 mais sans aucun doute déjà "dans les tuyaux" avant) à la volonté, fortement appuyée par Moscou et Pékin, de rejoindre les "BRICS" turquie-brics.pdf ; ce qui, dans un contexte de guerre monétaire livrée par (principalement) les États-Unis livre-turque-chute-libre-guerre-monetaire, et plus largement de crise économique galopante (éclatement de la "bulle" émergente turque), lui donnerait accès à la Nouvelle Banque de Développement réservée aux membres de ce "club" de nouvelles puissances non-occidentales...]

    À partir de là, l'impérialisme (principalement occidental) "fait les choses dans l'ordre" : après avoir en tout premier lieu écrasé "l'hydre" Daesh (plus long que prévu, mais néanmoins le plus "facile" à faire), il a d'abord repris en main l'Arabie saoudite (c'était là aussi relativement facile) et il s'évertue maintenant à détruire politiquement Erdogan et à s'assurer de sa défaite aux prochaines élections, pour pouvoir alors se consacrer au combat géopolitique de longue haleine... celui contre l'Iran et, derrière celui-ci, la Russie.

    Ce n'est pas prêter de particulières vertus politiques à l'homme fort d'Ankara, que de considérer la volonté impérialiste occidentale d'en finir avec lui comme un paramètre précieux pour comprendre ce qu'il se passe dans la région, au-delà de la profondément erronée lecture rojaviste.

    C'est juste l'équivalent de l'accent que nous avons mis durant des années sur le nouveau rôle géopolitique impérialiste de la Russie et de la Chine (que nous ne "défendons" pas non plus), là où des "maoïstes" s'évertuaient à désigner derrière les gouvernements réformistes sud-américains (par exemple)... l'impérialisme français ; afin de faire de leurs attaques contre ces régimes... et leurs peuples une "lutte contre notre propre impérialisme".

    [Et une autre confusion est peut-être que nous ne disons nullement que l'État "Turquie", comme État-"nation" Prison des Peuples et de plus en plus machine de guerre expansionniste, ne doit pas être détruit ; mais qu'il doit l'être par la RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE, dans la voie que nous a indiqué Kaypakkaya, et non par du dépeçage impérialiste et des protectorats "nationalistes" bourgeois, comme son prédécesseur l'Empire ottoman en 1919-20 ; cela nous nous y opposons en effet.]

    Et puis pour finir : nous sommes profondément pour l'autodétermination du Peuple kurde. Ceux qui ne le sont pas, c'est le PKK sur-le-confederalisme-democratique-et-la-quest ; prônant désormais une "autonomie démocratique" qu'ils pensent pouvoir négocier... avec des États pour lesquels "démocratie" (même bourgeoise) ne veut pas dire grand-chose, et conquérant dans le même temps, au nom de l'"autodéfense", des milliers de kilomètres carrés de terre arabe pour le compte de l'impérialisme !

    De manière générale, la questions nationale dans l’État turc et au Kurdistan ne peut être abordée par simple "projection" depuis l'Occident de schémas occidentalo-centrés, qu'ils soient "antifascistes" ou même de "libération nationale", "à la basque" ou "à la bretonne". L’État turc est un État semi-colonial (un protectorat non-dit, si vous voulez) où depuis les années 1910 (ère jeune-turque, suivie de l'ère kémaliste) sont construits une identité "nationale" et un nationalisme "turc" sur la base de populations très variées, parmi lesquelles les Turcs ne sont en fait qu'une minorité : Wikipédia donne ainsi un chiffre de 27 millions qui représenteraient (donc) un tiers à peine de la population [tiens tiens... depuis que nous avons mis ce lien, les chiffres ont été modifiés sur la base... du CIA World Factbook (!!) qui donne 70-75% des "Turcs" soit dans les 60-65 millions], tandis que seulement 10% seraient vraiment des descendants des Turcs osmanli venus d'Asie centrale au Moyen Âge.

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/il-y-a-100-ans-l-etat-fasciste-turc-naissait-dans-le-sang-du-genocide--a117493162

    Dans cette construction, cette turquisation des populations, l'imposition violente, la peur d'être massacrés comme plus d'un million de personnes entre 1915 et 1923 (et encore en 1937-38 au Dersim), a bien sûr joué un rôle fondamental ; mais ce n'est pas tout. Cette construction et imposition d'une identité "nationale" turque, joue aussi sur un TERREAU POPULAIRE qui est justement le caractère dominé du pays... et la réaction contre cela : en gros, on est dominés mais si on se divise, si on n'est pas unis (fut-ce au prix de mesures "un peu autoritaires" comme l'interdiction de toute affirmation d'identité autre que turque), ce sera encore pire ; les séparatismes, les affirmations centrifuges "ne peuvent que servir" l'impérialisation totale de l'Anatolie – ici, c'est sur le souvenir du Traité de Sèvres que l'idéologie turquisatrice kémaliste ou néo-jeune-turque AKP s'appuie avec une efficacité redoutable ; car l'on se doute bien que si seulement un tiers de la population la prenait au sérieux, la révolution démocratique aurait triomphé depuis longtemps !! L'État turc actuel, celui de Mustafa Kemal, est né d'une guerre de refus de Sèvres ; et la TERREUR de Sèvres est depuis son carburant idéologique, tout simplement.

    Ce n'est pas là qu'une affaire de gens de droite ou d'extrême-droite (comme l'électorat AKP, anciennement celui de la droite Demirel-Özal des années 1980-90, qui remplit des salles de milliers de places lors des tournées d'Erdogan auprès de la diaspora en Europe...), ou de kémalistes qui se disent de gauche mais qui pour nous seraient des fascistes : bien que laminée opérationnellement par la répression, la plus puissante organisation révolutionnaire armée des années 1990, le DHKP-C, était et reste encore sur des raisonnements de ce type (on peut aussi citer l'exemple de Deniz Gezmiş et son THKO, au début des années 1970), et son idéologie (qui va bien au-delà de ses rangs) représente encore aujourd'hui une question à traiter pour que les maoïstes puissent conquérir l'hégémonie déjà dans le champ politique anticapitaliste/anti-impérialiste... Rien que sur la question de l'autodétermination du Peuple kurde, que nous soutenons comme nos camarades du TKP/ML : le gauchisme petit-bourgeois occidental projette ses fantasmes de révolutionnaires romantiques "progressistes", affrontant son (autre) fantasme de "despotisme oriental", sur un Kurdistan du Nord où le PKK est loin d'être hégémonique (qu'il ait "raison" ou pas n'est même pas la question) et qui a en réalité, avant l'émergence du HDP social-démocrate en 2014-15, accordé pendant près de 15 ans la majorité de ses suffrages... à l'AKP, dès lors que celui-ci proposait un "pacte sunnite" turco-kurde (un peu comme sous l'Empire ottoman) en lieu et place de la turquité imposée (tandis que les Alévis, en partie kurdes, qui ne sont pas de la minorité rouge sont tout simplement... kémalistes).

    On a là encore un exemple, parmi hélas tant d'autres, de l'inefficacité et même de la dangerosité idéologique de l'"internationalisme" comme projection de ses certitudes et de ses schémas de pensée occidentaux sur une réalité lointaine (semi-coloniale) absolument ignorée et comprise de travers ; de la conception de la révolution comme lancer de formules magiques, récitation de mantras non pas politiques mais dogmato-religieux ; et non comme lutte prolongée au service des masses populaires, patiente conquête de celles-ci en leur montrant la révolution comme le POUVOIR pour elles, ce qui signifie prendre en compte et répondre aux préoccupations qui jusque-là les conduisaient à soutenir des forces anti-révolutionnaires.

    *********************

    Le Parti démocrate de Menderes, puis les successifs "Parti de la Justice", "de la Juste Voie" etc. de Demirel ont été les partis historiquement chargés d'encadrer la Turquie "noire", rurale, traditionnelle, attachée à l'islam et à l'orientalité.

    Et il est possible de dire que l'AKP a repris le flambeau dans ce rôle ; mais à la différence d'un populisme anti-occidental et d'un "indépendantisme" géopolitique nettement plus marqué (les autres avaient toujours opté pour un alignement "sage" sur l'Occident dans le contexte de la Guerre froide).

    En ce sens il est possible de dire que, bien qu'Erdogan soit généralement considéré "de droite", il a joué sensiblement le même rôle canalisateur et de "soupape" que les "gauches" en Amérique latine.

    Le TKP(ML) terminait son texte de 1992 ou 93, "On ne peut pas être communiste sans défendre le maoïsme", par "Les conditions sont bonnes" ; détaillant en quoi elles l'étaient malgré les apparences de la "Fin de l'Histoire" proclamée par l'impérialisme.

    Et la même chose aurait très certainement pu être écrite au sujet d'à peu près tous les pays d'Amérique latine.

    Mais c'était sans compter l'irruption de ces "gauches" pour canaliser la colère populaire dans des illusions réformistes, "socialistes du 21e siècle" etc. etc.

    Comme, strictement de la même façon, Erdogan et son AKP sont donc intervenus en 2002 pour la canaliser dans un "islam de justice" et des discours "musclés" d'indépendance vis à vis de l'Occident, de solidarité avec la Palestine et les pays musulmans agressés par l'impérialisme (Irak, Afghanistan) etc.

    Ce qui peut sembler "surréaliste" ou "bancal" comme raisonnement, ne l'est en réalité pas du tout : dans l’État turc, la monopolisation de la richesse a été historiquement assurée par une force de "centre-gauche", laïque et moderniste (le kémalisme) ; et le "ruissellement" de cette même richesse un thème porté par la droite conservatrice, islamiste ou du moins "ouverte" vis-à-vis de l'islam majoritaire de la population. On peut à la rigueur y voir un parallèle avec le PRI mexicain, lui aussi classé au "centre-gauche", et son renversement après 80 ans de pouvoir (lui aussi) par le PAN conservateur de droite. Faute de véritable perspective révolutionnaire anticapitaliste, supposément enterrée par la "Fin de l'Histoire", c'est un appel au "ruissellement" de la richesse nationale qu'émettaient les masses ; et ont surgi comme "soupapes" politiques les forces à même (en apparence du moins) de le satisfaire. Dans le reste de l'Amérique latine, la monopolisation au service de l'impérialisme était assurée peut-être parfois par des forces anciennement de "centre-gauche" (APRA péruvienne, AD vénézuélienne, divers "sociaux-démocrates" brésiliens ou radicaux argentins), mais depuis les années 1980 totalement converties au "néolibéralisme" donc de droite ; et c'est donc sur leur gauche, à coups de "socialisme du 21e siècle" qu'un contrefeu "soupape" a pu être allumé.

    Et aujourd'hui, strictement de la même manière, les deux "modèles" sont en faillite.

    Dans une Turquie en crise économique galopante, le régime d'Erdogan a achevé de montrer un visage néolibéral et fasciste que l'on peinerait désormais à distinguer des politiques des années 1980-90 dans ce pays ; sans pour autant que les médias occidentaux ne cessent d'exprimer la volonté impérialiste erdogan-est-un-fasciste de le voir remplacé par un bon vieux kémaliste bon teint à la Ince ou une nationaliste reconvertie en Macron locale comme Meral Akşener turquie-kurdistan-elections-anticipees.

    De même que les "gauches" latino-américaines soit ont capitulé devant l'ordre capitaliste-impérialiste occidental ("néolibéralisme"), soit sont soumises à l'asphyxie économique et à une déstabilisation fasciste de type Maïdan si elles s'accrochent à leur "socialisme" et à leur alignement sur la Russie et la Chine (Venezuela) ; subissent dans tous les cas la crise économique de leur "modèle" extractif ou agro-extensif "redistributeur" ; même des dirigeants qui n'avaient qu'infiniment peu bousculé les intérêts du Grand Capital local et impérialiste se retrouvent la cible de "coups d'État" institutionnels et/ou judiciaires (Correa en Équateur, Lula et Dilma au Brésil, Cristina Kirchner en Argentine) ; etc. etc., bref.

    Tout l'enjeu à présent, dans les uns et les autres cas, est de parvenir à transformer ces situations en ENSEIGNEMENT pour les masses qui avaient voulu voir en ces régimes un Peuple turc (mais c'est aussi valable pour beaucoup de minorités nationales, Arabes, Lazes et même une bonne partie des Kurdes !) ou une Amérique latine "debout" ; afin de montrer que le seul moyen d'être "debout" contre l'impérialisme et la misère qu'il impose est dans la Révolution démocratique et la Guerre populaire.


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  • Les partisans du Fatah, majoritaires en Cisjordanie, ne sont pas moins palestiniens et opprimés que les autres : ils se payent les mêmes murs, les mêmes checkpoints et autres entraves à la circulation, les mêmes vols de terre et arrachages d'oliviers. Leur choix politique n'en est pas moins critiquable et tout blancs occidentaux que nous sommes, nous le critiquons.

    À ce jeu-là des "premiers concernés", l'on pourrait sérieusement se demander qui a raison puisque la société palestinienne est ainsi divisée entre pro-Fatah et Front du Refus. C'est juste que la question est bien une question de LIGNE POLITIQUE, juste ou fausse sur la base des enseignements de l'Histoire, et pas de la position objective des gens.

    En ce moment il y a le débat sur Rojava, et l'on se rend compte combien cet argument que les opprimés en lutte sont incritiquables est devenu omniprésent ; un véritable fléau. Bien sûr que les Kurdes sont opprimés et qu'en grande partie leur résistance à cette oppression est juste, mais ils ont aussi une direction qui fait des choix politiques, et la Nation arabe est elle aussi opprimée, et favoriser chez cette Nation arabe la pénétration militaire des impérialistes dont l'action est déjà ce qui a engendré Daesh, doit pouvoir être critiqué.

    On paye peut-être là 15 ans de défense de la lutte palestinienne sur cet argument qu'on "ne critique pas les choix de lutte des opprimés" (en dépit du contre-exemple du choix de... non-lutte du Fatah), alors qu'il suffisait de dire ce qu'est le sionisme et que la lutte contre lui est EN SOI justifiée et la collaboration par contre à condamner (Fatah), et c'était tout. Simple !

    Plus globalement et "philosophiquement", ce n'est pas "la parole des concerné.e.s" en tant que telle qui "pose problème" dans le débat politique : c'est l'appel à la remise en question et à l'autocritique des "petits dominants" qu'elle peut éventuellement porter ; chose qui n'est jamais acceptée facilement par les gens, et nous serions tentés de dire, encore moins en nos temps de Moi-Roi que du temps de la gauche révolutionnaire d'il y a 50 ans, qui peut pourtant paraître tellement réac sur tellement de sujets vue d'aujourd'hui.

    C'est une question de contenu politique et pas de nature des personnes.

    Ce n'est pas non plus que ça "passe mieux" quand c'est un Blanc qui s'exprime sur le racisme ou un mec sur le patriarcat, Boniface sur l'islamophobie ou autre. Le prestige social (donc déjà, pas la race ou le genre à eux seuls !) peut jouer un rôle, mais c'est surtout que ça "passe mieux" parce que c'est généralement soft et réformiste. Si c'était hardline, le prestige social pourrait se perdre, ce ne sont pas des choses inamovibles que celles-ci.

    À la rigueur, lorsque la "parole des premiers concernés" sur une ligne de "légitimité" identitaire aboutit à atomiser le camp des colonisés intérieurs, ou des patriarcaliséEs, le Système va montrer du doigt et se gausser des "excitéEs", des "SJW ridicules", mais au fond s'en délecte car il sait qu'une telle atomisation des causes empêche toute remise en question réelle de son pouvoir.

    Mais sinon, sur le principe, c'est bien parce qu'elle questionne les "petits privilèges" qui forment le glacis stratégique de ce pouvoir, et donc le mettent en danger en déclenchant potentiellement un processus de critique-autocritique qui pourrait arracher des gens à ce "glacis" et les amener vers l'unité supérieure de tou.te.s les opprimé.e.s, qu'elle "pose problème".


    Les posts et commentaires auxquels ces réflexions répondent :

    Les limites de la légitimation/délégitimation sur la base d'une position sociale objective sont assez faciles à mettre en évidence

    Les limites de la légitimation/délégitimation sur la base d'une position sociale objective sont assez faciles à mettre en évidence

     


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  • http://revueperiode.net/en-tant-que-juifs-antisionistes-lettre-dabraham-serfaty-a-emmanuel-levyne/

    L’antisionisme est sans doute la tradition politique émancipatrice la plus caricaturée et la plus stigmatisée de nos jours, y compris sous un langage prétendument révolutionnaire.

    Dans ce texte extrêmement dense paru en 1970, Abraham Serfaty engageait un dialogue avec Emmanuel Lévyne, kabbaliste antisioniste de renom.

    Contrairement aux idées reçues, Serfaty montre que la perspective d’une Palestine démocratique et laïque, sur les frontières de 1948, n’implique en rien le reniement des traditions culturelles et religieuses, qu’elles soient juives ou musulmanes. Au contraire, fier de son héritage judéo-arabe, Serfaty souligne combien la révolution socialiste au Moyen-Orient nécessite une réappropriation des héritages messianiques, cultuels et éthiques communs aux « Peuples du Livre ».

    Aux antipodes d’un marxisme-léninisme étriqué, Serfaty voit dans la lutte palestinienne un épanouissement possible de valeurs communautaires et religieuses, qui pourraient réenchanter un mouvement ouvrier occidental embourbé dans « les eaux glacées du calcul égoïste ».

    Cette contribution inestimable est un témoignage saisissant des tentatives communistes arabes de penser une théologie de la libération, qui combine résistance à l’impérialisme et hégémonie multiconfessionnelle.


    Cher Frère1,

    Même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, nous sommes frères, frères dans la lutte antisioniste, dans l’angoisse profonde que juin 1967 a fait éclater en nous de voir le judaïsme auquel, croyants ou incroyants, nous ne pouvons pas dénier les valeurs qu’il a apportées à l’humanité, les valeurs dont nous avons été nourris, de voir le judaïsme sombrer dans cette monstrueuse entreprise qu’est le sionisme.

    J’ajouterai que le cri et l’angoisse de ce juif algérien (Roger Benhaïm) déraciné me sont d’autant plus sensibles que j’ai fait de ma vie ce même rêve de fraternité humaine, ici, dans ce monde arabe qui reste le sien, malgré son exil.

    Nous tous, juifs antisionistes dans le monde, nous devons effectivement contribuer à l’œuvre révolutionnaire contre l’État sioniste, contribuer ainsi à l’effort des révolutionnaires arabes pour ne pas tomber dans le piège du racisme, contribuer ainsi à ce que cet œuvre soit vraiment révolutionnaire, et pour le monde arabe, et comme apport à la lutte de toute l’humanité pour déraciner les formes d’oppression millénaire qui trouvent leur apogée dans l’agonie impérialiste.

    Comme vous le dites, la vérité antisioniste se clarifiera, pour les juifs qui ont été mystifiés et trompés par le sionisme, de la libre confrontation, s’appuyant sur l’action pratique, de tous ceux qui, par des chemins divers, accèdent à la prise de conscience du crime contre le judaïsme et contre toute l’humanité qu’est le sionisme.

    C’est pourquoi, je me dois de reprendre certaines de vos critiques concernant le socialisme et développer, comme vous m’y invitez, le concept de Palestine laïque, unifiée et démocratique, partie du monde arabe.

    1) Peut-on, concernant le socialisme, placer sur le même plan la réalisation concrète du socialisme dans le monde depuis cinquante ans avec ses imperfections humaines, et le monde pourri de l’impérialisme ? Faire cela serait rejoindre les sionistes qui actuellement organisent en grand une campagne antisoviétique sur les « juifs du silence » et convoquent à Londres une conférence à cette fin.

    Alors que, tout de même, c’est bien le socialisme qui a mis fin aux pogroms en Russie, et les sacrifices des peuples d’Union soviétique qui ont été le principal facteur d’écrasement du nazisme. Si le racisme ne s’efface que lentement des structures culturelles où il a été enraciné, les observateurs objectifs rapportent les changements radicaux connus sur ce plan en Union soviétique, tel le reportage publié en mai par le journal « Le Monde », qui pourtant ne manque pas une occasion d’antisoviétisme, reportage sur les Républiques musulmanes d’Asie centrale, leur développement économique et culturel, la disparition de toute discrimination raciale ou religieuse, et la fraternité entre juifs et musulmans.

    Bien sûr, le dépérissement même de l’État, lié aux changements profonds des structures culturelles enracinées par des siècles d’injustice, changements entrepris par la Révolution soviétique et auxquels la Révolution chinoise, le combat des Vietnamiens, l’effort des Cubains, font de nouveaux apports, cet objectif est une œuvre qui demandera des générations. Il demande le déracinement des structures économiques d’exploitation de l’homme par l’homme, et, comme préalable, la liquidation, à l’échelle mondiale, de l’impérialisme, facteur permanent d’agression et de corruption.

    En ce qui nous concerne, nous ne pouvons pas plus, dans cette lutte contre le sionisme, ignorer les liens de celui-ci avec l’impérialisme, que l’unité de la lutte antisioniste et anti-impérialiste avec les forces du socialisme dans le monde. Dans cette unité, nous devons garder notre autonomie de jugement et de conduite. Et effectivement, l’œuvre révolutionnaire qui peut être accomplie dans le monde arabe avec la participation des juifs antisionistes pourra être un exemple pour le monde dans le déracinement du racisme et un apport spécifique important dans la construction d’une société juste assurant l’épanouissement humain.

    Pour cela nous devons approfondir le sens de cette construction en tant que juifs antisionistes.

    2) Je pense, pour ma part, que cette contribution à la révolution dans le monde, à la révolution arabe plus spécifiquement, n’est pas en tant que « peuple juif ». Elle est dans notre propre dépassement, pas seulement de « l’État juif », mais aussi de la conception d’une communauté culturelle au-dessus et au-delà des communautés nationales. Une telle conception, qui mène au concept de « peuple juif » et au sentiment de « supériorité juive », nourrit le sionisme. Elle est contraire au développement historique de l’humanité.

    L’apport, sans doute spécifique, de la « question juive » dans le monde européen, et aujourd’hui, de façon aiguë dans le monde arabe, est de ne pouvoir être dépassée et résolue que dans le dépassement et la révolution de l’ensemble des contradictions sociales qui aliènent l’homme.

    L’étape historique que nous vivons n’est pas, comme le prétendent certains, d’effacement des spécificités nationales, mais celle de leur épanouissement au sein des ensembles nationaux qui font sauter les chaînes du capitalisme et de l’impérialisme et préparent ainsi un monde fraternel, par un dialogue sur un pied d’égalité entre les diverses cultures.

    Notre contribution spécifique, en tant que juifs, à la construction de ces ensembles nationaux sur des bases révolutionnaires n’est pas en tant que « peuple juif » extérieur à ces communautés et s’y plaquant, mais en assumant notre double qualité de national et de juif par l’intégration de celle-ci à celle-là dans la participation active à cette construction. Cette intégration ne signifie pas l’effacement, mais effectivement, comme vous l’écrivez, « le renouvellement de nos valeurs traditionnelles essentielles, leur réexpression moderne ».

    Ce qui permettra l’unité de ce monde humain à construire, et dont les prémisses émergent des luttes révolutionnaires, sera l’épanouissement des hommes dans leurs diversités nationales. Le judaïsme doit, pour rester fidèle à ses valeurs essentielles, en assurer la réexpression dans ces diversités nationales.

    L’une des spécificités de la révolution arabe est justement de demander, par sa nature même, cette réexpression. La fausse solution de la « question juive » est dans ce que Marx dénonçait sous le terme « d’État politique » dans l’étude qu’il y a consacrée. Cet État est celui de la démocratie bourgeoise, où l’homme est désintégré. Les valeurs essentielles du judaïsme, comme de l’Islam, expriment l’aspiration de ces sociétés communautaires rurales à l’épanouissement de l’homme total.

    La société européenne qui a subi le plus profondément, dans ce qu’on appelle la « Culture Occidentale », l’emprise du capitalisme, a désincarné cette essence. C’est ce que Marx a justement dénoncé sous le terme de « juif réel » dans la société capitaliste européenne par opposition au « juif du sabbat », dans la deuxième partie de sa « Question Juive » que certains auteurs de mauvaise foi présentent comme un pamphlet antisémite. S’il faut critiquer ces déformations de la religion par les exploiteurs de l’humanité, une fausse conception du socialisme est de croire qu’il faut lutter contre ce que Marx appelait « l’esprit des temps sans esprit » (la religion) pour assurer cet épanouissement humain, alors que celui-ci précise, dans cette même étude : « L’esprit religieux ne saurait être réellement séculaire. En effet qu’est-il sinon la forme nullement séculaire d’un développement de l’esprit humain ? L’esprit religieux ne peut être réalisé que si le degré de développement de l’esprit humain, dont il est l’expression, se manifeste et se constitue dans sa forme séculaire. » En quoi ceci diffère-t-il de l’idéal judaïque et islamique de la réalisation sur terre du Royaume de Dieu ?

    La société arabe contemporaine, dans sa restructuration révolutionnaire, incluant celle d’une culture nouvelle émergeant de l’acquis culturel antérieur, pourra assurer la « réexpression moderne » de cet épanouissement humain que des structures communautaires qui ont marqué cet acquis culturel permettent, au contraire de la Société et de la culture bourgeoises.

    Goiten2 a écrit ceci du passé commun judéo-musulman dans le monde arabe :

    L’Islam est fait de la chair et des os du judaïsme. Il est pour ainsi dire une refonte et un élargissement de celui-ci, exactement comme la langue arabe est très étroitement apparentée à la langue hébraïque. Le judaïsme a pu par conséquent puiser dans cette civilisation ambiante, et en même temps préserver son indépendance et son intégrité beaucoup plus facilement que dans la société hellénistique d’Alexandrie ou dans le monde moderne… jamais le judaïsme ne s’est trouvé dans des relations si étroites et dans un état de symbiose si fécond que dans la société médiévale de l’Islam arabe.

    Ce passé était encore vivant dans la vie quotidienne des communautés juives dans le monde arabe jusqu’à l’éclatement de ces communautés, sous l’emprise sioniste. Quel meilleur symbole que celui de la fête de Mimouna qui est traditionnellement, au Maroc, une fête d’amitié et de fraternité judéo-musulmane. Les premiers pains qui marquent la fin de Pessah étaient et sont encore offerts par les musulmans à leurs frères juifs, ce geste populaire marquant mieux que toute étude, la réexpression concrète du contenu de fraternité humaine biblique du pays de Canaan et le rejet des origines tribalistes et racistes.

    Voilà ce que signifie pour moi, et j’en suis convaincu, pour les révolutionnaires arabes conscients, quelle que soit leur origine religieuse, l’objectif d’un « État palestinien indépendant et démocratique » dont tous les citoyens, quelle que soit leur confession, jouiront de droits égaux, cet « État », partie de la patrie arabe « devant contribuer activement à l’édification d’une société arabe progressiste et unifiée » (Programme de El-Fath).

    Je montre dans la deuxième partie de mon étude sur « Culture et Progrès scientifique » qu’une telle conception, redonnant vie au contenu humain et progressiste de la culture arabe pour la projeter dans la construction de l’avenir, est en même temps autrement plus porteuse de progrès, y compris scientifique, que celle du monde capitaliste et de sa « Culture occidentale » décadente.

    Cher frère, j’ai déjà été trop long. Je joins à la présente lettre quelques documents sur la lutte antisioniste au Maroc. Vous remarquerez que jusqu’à la période récente, elle était restée sporadique et sans suite. J’en analyse quelques raisons dans une étude qui paraîtra dans quelques mois. Il est sûr que maintenant, nous appuyant sur un objectif déjà clarifié pour le monde arabe, cette lutte ne doit plus s’arrêter mais se développer.

    Cher frère, ce n’est que l’amorce d’un combat commun. Nous devons ici organiser l’information antisioniste dans une communauté juive de plus en plus dépersonnalisée sous les influences conjuguées de la colonisation et du sionisme. La connaissance d’efforts comme les vôtres, comme ceux de tous les juifs antisionistes dans le monde, est un élément essentiel pour notre effort.

    Je vous salue fraternellement.

    Retranscrit par Maxime Benatouil

    Et puis, un commentaire intéressant appelant une réponse intéressante :

    Dans ce texte comme dans son engagement de l'époque, il marque son adhésion au projet du Fatah de l’État laïque et démocratique "dont tous les citoyens, quelle que soit leur confession, jouiront de droits égaux".
    Cette approche fait l'impasse sur le fait la colonisation sioniste, comme phénomène tout à fait spécifique, a aboutit à la constitution d'une nouvelle nation qu'on peut appeler "hébraïque" pour bien marquer que, ce qui la soude, c'est bien une culture et une conscience nationale, et pas seulement une religion qui n'en est qu'une facette, et encore seulement pour une fraction de cette nation. Si on parle de droits, on ne peut faire l'impasse sur les droits collectifs.
    Je me sens infiniment plus proche de la formulation d'Ilan Halevy, cet autre militant judéo-arabe antisioniste, quand il écrit : "Cette refonte que nous appelons désionisation n'implique pas forcément le démantèlement de la formation sociale israélienne, non plus que la négation des droits nationaux israéliens. Elle n'implique que la fin de l'apartheid et l'instauration d'une démocratie pour les deux communautés."

    => Je dirais plutôt que le double tranchant de l'État unique c'est qu'il peut très bien signifier l'Afrique du Sud 'arc-en-ciel', c'est à dire un système où le colonat garde ses prérogatives sous les apparences de la fin de l'apartheid et des mêmes droits pour tous. Il ne fait pas de doute que c'est dans cette optique que des gens pas moins importants que le PRÉSIDENT israélien Reuven Rivlin soutiennent cette option... et une bonne partie de la gauche occidentale probablement aussi.

    Après, la solution à deux États est moisie aussi pour des raisons qu'il n'est plus besoin d'exposer.

    L'expulsion de masse de 5 millions de personnes, qui n'ont effectivement (je l'ai constaté) souvent plus de liens avec leur pays d'origine (encore qu'un million au moins, arrivés après 1990 de Russie ou d'Occident, l'aient), est évidemment inacceptable d'un point de vue moral en tant que communistes... Ce qui ne signifie cependant pas que ça n'arrivera pas, si le sionisme persiste à ne pas savoir choisir ses ennemis et se retrouve avec d'irréductibles extrémistes que son intransigeance aura engendré.

    Souvent le point commun des deux-étatistes et des un-étatistes coloniaux, c'est la question du retour des déportés, auquel ils s'opposent catégoriquement.

    Il m'a déjà traversé l'esprit qu'une solution était peut-être à regarder du côté du retour de tous les déportés qui le souhaitent... EN ÉCHANGE de ne plus limiter la présence juive à l'ex Palestine mandataire, mais bien de la permettre dans tout le Proche Orient du Nil à la Mésopotamie, comme (en fait) à l'origine (il y a 2000 ans) dont se réclament les sionistes. Mais bien sûr dans des conditions ne permettant d'opprimer personne. En fait c'est un point sur lequel les trips d'Öcalan pourraient servir à quelque chose, car en envisageant le Proche Orient comme une confédération de cantons ethniques ou confessionnels associés et ne s'opprimant pas (car ayant tous les moyens de s'autodéfendre), ça pourrait fonctionner.


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