• ... et en même temps, la faiblesse de la riposte iranienne au regard de ce qui avait été annoncé (quelques missiles frappant deux bases, 80 morts américains selon l'Iran mais aucune victime selon Washington), suivie de l'annonce par le régime de son intention d'en "rester là" ; Trump disant globalement la même chose...

    Tous ces éléments pourraient-ils être de nature à laisser penser que la mort de Soleimani (dont les millions de personnes dans la rue, donc, pour lui rendre hommage suffisent à démontrer l'immense popularité) pourrait être le résultat d'un deal entre les Américains et les oligarques du régime, afin de débarrasser les premiers d'un redoutable chef de guerre ennemi, ET les seconds d'une personnalité devenue trop populaire et pouvant peut-être représenter une menace pour leur pouvoir, violemment contesté dans la rue encore en novembre (et/ou peut-être, aussi, d'un opposant particulièrement ferme à une éventuelle capitulation sur le programme nucléaire) ?

    Ce n'est qu'une hypothèse, étayée par aucun fait établi sinon des déductions ; mais qui mérite peut-être qu'on la garde à l'esprit dans nos futures analyses de la suite des événements, si l'on veut bien réaliser, deux minutes, le caractère énorme de ce qu'il s'est passé : ce n'est pas le chef d'une "organisation terroriste" mondialement condamnée, comme Ben Laden ou Baghdadi, qui a été éliminé, mais bien le de facto n°3 ("ministre de la politique d'expansion régionale", après le "Guide" Khamenei et le président Rohani) d'un puissant État de 80 millions d'habitants ; ce qui devrait normalement prêter à des conséquences proches d'une guerre totale, que Trump ne pouvait ignorer en donnant l'ordre fatidique. S'il a pu prendre cette décision comme si elle ne prêtait pas à de telles conséquences, et qu'effectivement il ne se passe guère rien de plus que la très mesurée riposte qui vient d'avoir lieu ; alors il faudra peut-être se poser des questions...


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  • Décision de Trump sans passer par le Congrès, mais enfin, contrairement au récent retrait-qui-n'en-est-pas-vraiment-un-d'ailleurs de Syrie du Nord, largement soutenue par les Républicains, et critiquée (bien sûr, opposition oblige, mais ils ont beau jeu avec leur passif) par les Démocrates...

    Le général Qassem Soleimani a donc été tué au cours d'une frappe menée sur le territoire irakien. Né dans une famille paysanne pauvre du centre du pays, ouvrier à l'âge de 13 ans puis participant de la première heure à la Révolution islamique de 1979 (ce qui fait tout de même un autre pedigree qu'un vieux connard à moumoute pisseuse à qui son père klansman a prêté un million de dollars pour "démarrer"...), il était le commandant en chef de la Force Al Qods ("opérations extérieures") des Gardiens de la Révolution, et donc le véritable maître d'œuvre de la politique régionale iranienne ; autrement dit, un personnage de la plus haute importance pour le régime de Téhéran, contre lequel un tel niveau d'agression représente une terrifiante escalade et laisse craindre le pire pour la suite des événements – "un conflit multiforme, dont le théâtre risque d’être le Moyen Orient tout entier, et même au-delà", pour citer le socedem Pierre Haski sur France Inter.

    C'est là une accélération radicale sur le front proche- et moyen-oriental de la 4e Guerre mondiale non-déclarée en cours depuis les années 1990dont nous avons beaucoup parlé ces derniers temps ; en passant, après en avoir fini avec Daesh, beaucoup plus vite qu'on aurait pu le penser à l'offensive directe contre l'Iran, derrière lequel on sait que se profile la Russie ; accélération au regard de laquelle il faut peut-être lire l'"os à ronger" laissé au trublion Erdogan au Nord de la Syrie (bien que sa récente décision d'intervenir militairement en Libye en soutien au gouvernement national - Frères Musulmans - de Tripoli contre le maréchal Haftar, homme de main de l'Occident et du sionisme, des Saoud, des Émirats et de Sissi, mais vu également d'un assez bon œil par Moscou, soit loin de le montrer "rentré dans le rang"...).

    Certes, la première "arme de destruction massive" au service de l'impérialisme et du sionisme depuis bientôt 15 ans est d'abord et avant tout la terrible fitna, guerre fratricide, entre sunnites et chiites en lieu et place d'un puissant front uni qui ferait trembler le monde (qui avait déjà commencé à le faire lorsqu'il s'était brièvement dessiné en Irak en 2004) ; et Soleimani, d'Irak en Syrie aux côtés du fasciste Assad et jusqu'au Liban, avait largement pris sa part (côté chiite) dans cette désastreuse polarisation (nous nous abstiendrons ici de jouer les gauchistes occidentaux de base en insistant in extenso sur le "caractère anti-ouvrier" du régime iranien, tant c'est une évidence dès lors qu'une bourgeoisie nationale "révolutionnaire" a terminé de se consolider en bourgeoisie bureaucratique, mais absolument pas la question ici : ce type de régime ne doit jamais être soutenu face à la juste révolte ou la Guerre du Peuple, mais toujours face à l'impérialisme, ses missiles ou ses "révolutions de couleur" marionnettes).

    Pour autant, cet assassinat lâche et criminel, par la main de l'union sacrée de la superpuissance hégémonique unique yankee, de l'entité colonialiste et d'apartheid sioniste et de la porcherie wahhabite de Riyad, doit être condamné sans appel par tous les internationalistes anti-impérialistes dignes de ce nom ; tant pour l'effroyable conflagration qu'il risque de provoquer, semant la mort et la désolation dans toute la région voire au-delà ; que parce qu'à travers le général pasdaran, c'est tout semblant de volonté d'indépendance des peuples du Moyen-Orient et de toute la planète que l'Empire a voulu anéantir.

    https://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/irak-le-puissant-general-iranien-qassem-soleimani-tue-par-les-etats-unis_2113285.html

    https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-03-janvier-2020

    L'assassinat sauvage, impérialiste et sioniste, du général iranien Soleimani place toute la région moyen-orientale et l'humanité au bord du gouffre


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  • À Gazi les milices du HBDH affrontent
    la police sur les barricades

    (Nouvelle Turquie)


    À travers toute la Turquie, l’État a essayé d’empêcher les célébrations du Newroz. Partout le peuple a résisté. Dans le quartier de Gazi les milices révolutionnaires réunies dans le Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH) ont affronté la police et permis les célébrations.

    Newroz piroz be !


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  • Dix organisations révolutionnaires du Kurdistan et de Turquie - le TKP/ML, le PKK, le THKP-C/MLSPB, le MKP, le TKEP-Leninist, le TIKP, le DKP, le Devrîmcî Karargah et le MLKP - viennent d'annoncer la création d'un MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE UNI DES PEUPLES (HBDH en turc) pour lutter contre le régime fasciste de l'AKP et de l’État turc, en train de "renouveler les coups d’État fascistes du 12 mars (1971) et du 12 septembre (1980)" (qui avaient l'un et l'autre plongé le pays dans plusieurs années de répression meurtrière tous azimuts, Ibrahim Kaypakkaya mourant notamment suite au premier ; l'on pourrait encore ajouter celui de 1997, évinçant du pouvoir... l'ancêtre de l'AKP - le Refah Partisi - et ouvrant une autre période ultra-répressive jusqu'en 2002, sous la conduite... de la "gauche" kémaliste de Bülent Ecevit).

    http://democracyandclasstruggle.blogspot.fr/2016/03/kurdish-and-turkish-organisations.html


    http://www.secoursrouge.org/Turquie-Kurdistan-Etablissement-d-une-force-revolutionnaire-unitaire


    Et puis enfin la  Déclaration de fondation du Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples  (Nouvelle Turquie - avec traduction du communiqué)

    Les organisations ainsi réunies ont tenu à souligner que leur objectif ultime était "la démocratie et un avenir émancipé pour les peuples", dans une lutte sans merci contre "l'impérialisme, le capitalisme, le chauvinisme, le racisme et le fascisme".

    Comme nous avons déjà pu l'expliquer dans plusieurs articles, alors que l'arrivée au pouvoir de l'AKP (2002-2003) avait pu sembler amorcer une certaine "libéralisation" de façade et moins d'alignement inconditionnel sur le bloc impérialiste occidentalo-israélien (refus de servir de base pour l'invasion de l'Irak en 2003, un incident portant même presque au bord de l'affrontement militaire, gros soutien ouvert au "parti frère" Hamas en Palestine, etc.), non sans confrontation latente et permanente avec le pouvoir militaire (Conseil de Sécurité Nationale) fidèle à la doxa kémaliste-occidentaliste, depuis quelques années le pouvoir d'Erdoğan, à la tête de l'une des grandes économies "émergentes" de la planète, apparaît en réalité avoir RESTRUCTURÉ idéologiquement l’État fasciste dans un sens intégrant mieux (contrairement à l'idéologie kémaliste antérieure... et finalement un peu comme l'ultra-nationalisme d'extrême-droite "pantouranien" du MHP, qui multiplie d'ailleurs ces derniers temps les "déclarations d'amour" envers le parti au pouvoir) la réalité musulmane sunnite de la majorité de la population, en particulier de l'Anatolie "profonde" d'où est issue une grande partie de la population d'Istanbul et (surtout) toute une nouvelle bourgeoisie que l'AKP représente justement dans la capitale économique depuis 1994 (année où Erdoğan en est devenu maire) ; en cherchant par ailleurs à assumer un rôle "néo-ottoman" de grande puissance régionale aux dépens (bien sûr) des Peuples. Il est possible, en un sens, de parler de "nouveau jeune-turquisme" http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/il-y-a-100-ans-l-etat-fasciste-turc-naissait-dans-le-sang-du-genocide - les "Jeunes Turcs" ou "Comité Union et Progrès", faction réactionnaire "moderniste" et nationaliste de la bourgeoisie qui avait pris le pouvoir dans l'Empire ottoman en 1908 et conduit "entre autres" au génocide des Arméniens ainsi qu'à d'autres massacres de minorités, avant que l’État turc ne prenne sa forme définitive actuelle au terme de la Première Guerre mondiale et de la "guerre d'indépendance" conduite par Mustafa Kemal Atatürk.

    [Lire aussi ici : Qu'est-ce que l'AKP ?]

    Son implication dans le conflit syrien depuis 2011, en faveur des opposants au régime d'Assad (alors que le gouvernement AKP passait jusque-là pour plutôt proche de celui-ci et de l'Iran, des "anti-impérialistes" de la région et des "BRICS" au niveau international - le Qatar a connu le même virage), a conduit à un aiguisement et même une explosion des contradictions (avec notamment l'apparition d'un État kurde indépendant de fait et lié au PKK dans le Nord de la Syrie), et de là à tomber le masque ouvertement fasciste. Depuis plus d'un an maintenant, une violente répression ensanglante le "Sud anatolien" kurde où se multiplient les crimes contre l'humanité tandis que le double jeu d'Ankara vis-à-vis des forces les plus réactionnaires de la rébellion syrienne, et notamment de Daesh n'est plus un secret pour personne.

    Les élections de juin dernier ayant été perdues par Erdoğan et son parti, celui-ci en a ni une ni deux... convoqué de nouvelles (en novembre) qui se sont cette fois traduites par une nette "victoire" de l'AKP, alors que le Kurdistan bastion du parti d'opposition progressiste HDP était plongé dans l'état de guerre et la répression-massacre (empêchant bien sûr toute tenue d'un scrutin "démocratique" digne de ce nom). Le "nouveau 12 mars et 12 septembre" dont parlent les camarades a donc bel et bien eu lieu l'an dernier.

    Mais comme disent les maoïstes "là où il y a oppression il y a résistance" ; et tant la fuite en avant fasciste de l’État turc que le chaos réactionnaire dans lequel les manœuvres impérialistes et inter-hégémonistes régionales ont plongé la Syrie après la légitime révolte de 2011 (avec notamment le projet de "Califat" djihadiste visant à offrir un terrain d'investissement et une base d'accumulation aux pétro-dollars sur-accumulés du Golfe) sont en train de transformer la région en foyer d'une situation révolutionnaire en développement très rapide qui pourrait voir ce "Croissant fertile" bien connu des collégiens (les plus anciennes trace de civilisation urbaine y ont été découvertes) entrer à nouveau dans les livres d'histoire... comme phare rouge de la révolution mondiale pour le communisme !

    Il est de notre devoir de communistes de suivre de très près la situation là-bas, de la faire connaître et de lui apporter tout notre soutien internationaliste.

    Naissance d'un Front révolutionnaire uni en Turquie/Kurdistan

    PS : aussitôt constitué, le HBDH a "fêté" sa naissance par des affrontements armés avec la police dans le quartier stambouliote de Gezi.

    Naissance d'un Front révolutionnaire uni en Turquie/KurdistanNaissance d'un Front révolutionnaire uni en Turquie/Kurdistan


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  • Nous avons maintes fois analysé, et encore à nouveau suite aux terribles évènements de Paris, les sanglants conflits qui se déroulent depuis de longues années maintenant au Proche/Moyen-Orient comme l'expression de grandes concentrations de capitaux (issus principalement de l'exportation d'hydrocarbures) qui se retrouvent "à l'étroit" dans leurs pays respectifs et cherchent donc des "terrains" (en clair : des pays) pour s'y investir et valoriser (fructifier).

    La plupart (pour ne pas dire la totalité) des forces que l'idéologie dominante occidentale regroupe dans le grand sac d'"islamistes" s'inscrivent en réalité dans ce paradigme comme "soldats" de ces visées expansionnistes, soit qu'elles aient été créées en tant que telles, soit qu'elles s'y rattachent tout en menant une lutte anti-impérialiste qui en soi est légitime (l'on pense bien sûr à la Palestine et au Liban).

    Néanmoins, tous les "acteurs" régionaux ne partagent pas les mêmes objectifs ni les mêmes méthodes, et ceci a des raisons d'ÉCONOMIE POLITIQUE.

    Nous allons essayer ici de voir synthétiquement lesquelles :

    - L'Iran est un producteur important d'hydrocarbures, mais aussi un pays de très grande taille (trois fois l'Hexagone français) et très peuplé (plus de 80 millions d'habitant-e-s), doté d'une véritable économie productive : une agriculture ; une industrie aux ouvriers qualifiés dont profitent d'ailleurs beaucoup... les constructeurs automobiles des pays occidentaux soit-disant "ennemis", etc. etc. Il cherche à placer ses capitaux ainsi qu'à se constituer un "glacis stratégique" dans une démarche néo-séfévide, en s'appuyant notamment sur le "trait d'union" évident que représente la religion chiite ; mais cette nature économique explique son attitude à la fois "ferme" (assumant la confrontation avec l'Occident et ses autres rivaux) et "pragmatique" (ne faisant pas n'importe quoi n'importe comment, contrairement à ce que veulent faire croire les dirigeants israéliens pour mobiliser leur "opinion") : ce n'est pas une puissance aux abois, dans une fuite en avant. C'est en revanche un régime très "dur" en interne, très répressif, car il est issu d'une révolution confisquée par l'alliance de la bourgeoisie nationale (bāzār) et de la classe religieuse des mollahs ; alliance qui s'est transformée en nouvelle bourgeoisie bureaucratique compradore.

    - Il est possible de dire exactement la même chose de l’État turc, en "version" sunnite et "néo-ottomane". Comme le Qatar ci-dessous, depuis l'élection du parti AKP en 2002, c'est surtout un soutien des forces relevant des Frères musulmans, qui sont dans une démarche "pragmatique" et souvent légaliste de conquête du pouvoir [lire ici : Qu'est-ce que l'AKP ?]. Sa complaisance avérée envers les djihadistes de Syrie est elle aussi pragmatique, dans une optique anti-Assad/anti-Iran (avec lequel Ankara a rompu après des années de bonnes relations) et surtout anti-kurde ; tout comme le sont les liens qui ont pu se tisser entre les "islamistes" AKP et les ultra-nationalistes "semi-laïcs" et panturquistes du MHP. En réalité, l’État turc repose sur une démarche "état-nationale" tellement factice et condamnée à l'autoritarisme le plus brutal qu'il est surtout obsédé par éviter sa propre désintégration. Par conséquent, dès lors qu'un modus vivendi est possible, il s'installe tout simplement. À l'opposé diamétral de Daesh, il en existe ainsi un avec... les Kurdes d'Irak : ils ne soutiennent pas et même combattent (fut-ce mollement) le PKK, ils n'ont globalement pas l'intention de fomenter la libération nationale kurde en dehors de leurs frontières, les affaires commerciales vont bon train ; bref tout va bien ! Il en va exactement de même avec le projet de "Califat" djihadiste qui n'a pour le moment manifesté l'intention de s'attaquer qu'aux Kurdes, aux "chiites" alévis et aux forces progressistes et révolutionnaires très liées à ces deux communautés. Ankara ne va donc pas entrer dans une "inutile" conflictualité avec lui alors que des centaines de cellules djihadistes pourraient passer à l'action et semer le massacre sur tout le territoire. En contrepartie, les régions "turques" frontalières sont mises à sa disposition comme "profondeur stratégique"...

    - Le Qatar est un cas un peu "à part" parmi ses voisins du Golfe. En effet, il ne produit pas principalement du pétrole mais surtout du gaz pour GPL : un carburant d'avenir donc, et dont les réserves sur lesquelles il est assis semblent à ce jour illimitées. Il est donc dans une démarche relativement "zen" : il a bien sûr besoin de trouver où investir ses milliards, dont moins d'1% peuvent l'être au Qatar même (qui est un banc de sable sur la mer et où il n'y a pratiquement rien) ; mais le temps reste son allié. C'est pourquoi il soutient surtout des forces de type Frères musulmans, dont il est devenu de fait le quartier-général mondial, afin de constituer un "bloc" géopolitique autour de lui ; et que rarement des forces plus agressives comme au Mali (ce qui n'exclut pas, bien sûr, que des Qataris à titre privé puissent investir et chercher un retour sur investissement rapide dans le djihad). En tant que "généreux" investisseur et même prêteur, il a également su (un peu comme la Chine) placer les bourgeoisies occidentales dans un rapport complexe avec lui, même quand il se trouve de fait en guerre avec elles comme lorsqu'il s'est "offert" le groupe Ansar Dine au Mali (ces contradictions peuvent toutefois se dénouer par moments en sa défaveur, la surprenante abdication de l'émir Hamad au profit de son fils Tamim en 2013 étant sans doute l'un de ces "dénouements" malheureux). Faire du Qatar, donc, le "sponsor" du djihadisme qui vient de frapper à Paris est n'avoir rien compris à rien et tout mélanger (mais un tel "mélange-tout" est bien sûr caractéristique de la mobilisation réactionnaire de masse et de ses serviteurs "de gauche", y compris "communistes" et même "maoïstes"). Si le Hamas palestinien a condamné les attaques de Paris, c'est que le Qatar condamne ; car le Hamas est l'une des "voix" du Qatar.

    - Les autres États du Golfe, en revanche, sont surtout des producteurs de pétrole, source d'énergie de plus en plus remise en cause et dont les réserves, exploitées depuis 60 voire 70 ou 80 ans, vont en s'épuisant. Ils sont donc non seulement confrontés à la nécessité d'investir leurs immenses revenus, ce que leurs économies nationales hors-pétrole ne permettent pas, mais aussi au problème d'un tarissement à brève échéance de la source de ces mêmes revenus ! Il n'en faut pas plus pour expliquer leur comportement schizophrénique : leurs potentats "officiels" vont faire "risette" devant les dirigeants occidentaux afin de préserver leur unique ressource (l'écoulement de leur production pétrolière) et jouent les alliés indéfectibles, envoyant même les salafistes dont ils ont financé les mosquées appuyer... un coup d’État "laïc" en Égypte ; mais dans le même temps leurs grandes fortunes privées, en lien avec des éléments d'"État profond" (services secrets etc.), vont financer (investir dans) ni plus ni moins que les formes les plus agressives et meurtrières du djihad international ; tout simplement en raison de cette base économique précaire qui est la leur et les rend "aux abois".


    La base économique-politique des différences d'attitude entre puissances moyen-orientales

    La base économique-politique des différences d'attitude entre puissances moyen-orientales

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    La base économique-politique des différences d'attitude entre puissances moyen-orientales


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  • Alors que la tension monte de jour en jour en Palestine occupée, le Premier ministre sioniste d'extrême-droite Netanyahu s'est fendu d'une déclaration controversée jusque dans la presse bourgeoise internationale, par laquelle il ne rend ni plus ni moins que les Palestiniens, à travers la figure de l'ancien mufti de Jérusalem Amin al-Husseini (qui comme beaucoup de nationalistes arabes de l'époque avait pu voir dans l'Allemagne nazie une alliée objective, tant contre l'Empire britannique que contre le sionisme, avec toutefois une adhésion idéologique plutôt poussée)... "responsables" et même "initiateurs" de la Shoah : "Hitler ne souhaitait pas exterminer les juifs à cette époque, il souhaitait simplement les expulser", a-t-il déclaré. "C'est alors" (poursuit-il) "que Husseini est allé rencontrer Hitler en Allemagne et lui a dit : "Si vous les expulsez, ils débarqueront tous ici" (en Palestine). "Que dois-je alors en faire ?", lui répondit Hitler. "Brûlez-les", lui répondit Husseini"...

    Pour répondre à une telle absurdité, qui a fait hurler les historiens israéliens de l'Holocauste et même jusqu'à son "opposition" sioniste "de gauche", voici une petite revue de presse... qui bousculera peut-être quelques certitudes d'ailleurs !


    Le mufti de Jérusalem, inusable outil de la propagande israélienne (Gilbert Achcar)


    Régulièrement, des ouvrages "découvrent" les sympathies nazies du leader palestinien Amin Al-Husseini ; régulièrement, les dirigeants israéliens en tirent parti pour dénoncer l’antisémitisme "congénital" des Arabes. Car c’est bien l’objectif de ces pseudo-recherches historiques que de justifier l’occupation des Territoires et l’oppression des Palestiniens.

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    Ici un entretien très intéressant avec une spécialiste allemande de la question : "L'antisémitisme européen a été exporté dans les pays arabes" par Géraldine Schwarz


    Ce qui est une certitude historique en revanche, c'est que la conjonction évidente d'intérêts entre des nazis qui ne voulaient plus de Juifs en Europe et des sionistes voulant les Juifs d'Europe en Palestine a pu conduire jusqu'à une phase "avancée" du processus nazi (début de la Seconde Guerre mondiale... voire veille de la conférence de Wannsee) à des choses de ce genre :


    Le sionisme et l’exploitation de l’antisémitisme :
    l’accord Haavara signé en 1933 entre les autorités sionistes et nazies


    Une représentation de l’État d’Israël semble généralement aller de soi pour le sens commun, les autorités politiques et judiciaires internationales et nationales et même très souvent le discours académique. Israël incarnerait la vocation à « sauver les Juifs » : foyer d’accueil pour les rescapés du Génocide et havre de sécurité pour les Juifs persécutés du monde entier.

    Pourtant le sionisme réel est loin d’être conforme à cette représentation, en fait l’idéologie sioniste, mythe fondateur de l’État d’Israël. Un accord signé entre les autorités sionistes et nazies me paraît particulièrement révélateur.

    Le 7 août 1933 - quelques mois à peine après l’arrivée de nazis au pouvoir le 30 janvier 1933 - l’Accord Haavara (passage, transfert en hébreu, l’expression hébraïque est également utilisée dans les documents nazis) a été conclu entre les plus hautes autorités de l’État nazi et les plus hautes autorités du mouvement sioniste, notamment celles de la communauté juive implantée en Palestine (le Yichouv, de Hayichouv Hayehoudi beEretz Israël, l’implantation juive en Terre d’Israël).

    Lire la suite>>>


    S'il est (donc) complètement ridicule d'attribuer au mufti de Jérusalem (ou à quelque nationaliste arabe que ce soit) la responsabilité d'avoir "soufflé" l'idée de la Shoah à un nazisme devant lequel il ne faisait que ramper, et qui avait par ailleurs en Palestine un autre "fer au feu"... en la personne du mouvement sioniste ; nous nous permettrons toutefois, au risque assumé (comme d'habitude) de choquer et n'en déplaise à la "mythologie" dominante impérialiste occidentale post-1945, que l'identification du nazisme et du fascisme au "Mal absolu" est une vision profondément européo-centrée et largement inopérante sur les Peuples du "tiers-monde" (autrement dit, tout ce que pourra dire Netanyahu sur les liens du mufti avec le IIIe Reich laissera de toute façon les Palestiniens - et les Arabes en général - de marbre...).

    En effet, beaucoup de Peuples hors d'Europe n'auront que très tardivement... voire jamais, au cours de la "longue Seconde Guerre mondiale" (1931-45), considéré le bloc impérialiste Allemagne-Italie-Japon comme un "Mal" moralement plus ignoble que leurs oppresseurs impérialistes "historiques"... qui seront en 1945 les vainqueurs (France, Grande-Bretagne, États-Unis, Pays-Bas etc.) ; allant parfois même en effet (pour certains et pour un certain temps) jusqu'à y voir de potentiels alliés tactiques ; et aujourd'hui encore, si presque tout le monde (hormis les pires réactionnaires) reconnaît dans ces pays-là les méfaits et les abominations de l'Axe germano-italo-japonais, la perception de ce dernier comme "centralité du Mal" renâcle toujours à s'ancrer dans les esprits : pour un Palestinien, la "centralité du Mal" restera envers et contre tout la colonisation de son pays et l'expulsion de son Peuple par les sionistes ; pour un Algérien, ce sera la colonisation française de 1830 à 1962 (et non l'engagement dans la Wehrmacht de combattants de l'indépendance comme le colonel Mohammedi...) ; pour un Bantou sud-africain, la domination blanche jusqu'en  1992 ; pour un Congolais, le règne de Léopold II de Belgique ; pour un Antillais, l'époque de la traite et de l'esclavage bien sûr ; pour un Sud-Américain la "confiscation" de son indépendance (au 19e siècle) par les impérialistes britanniques puis US [ainsi par exemple, en Argentine, est désignée sous le nom de "Décennie infâme" une période (à partir de 1930) de dictatures militaires pilotées par Londres qui prendra fin en 1943 par un putsch... de sympathisants notoires de l'Axe, parmi lesquels un certain Juan Domingo Perón - ceci sans même parler bien sûr des sanglantes juntes militaires connues par ce pays et d'autres entre les années 1950 et 1980 ; au total, plusieurs centaines de milliers de personnes y auront sans doute perdu la vie] ; pour un "Indien" de ces mêmes Amériques le génocide qu'a représenté la colonisation européenne à partir de 1492 (et la domination de ces mêmes colons jusqu'encore aujourd'hui), etc. etc. Au Bengale, où une famine provoquée par la politique britannique en temps de guerre fit plusieurs millions de victimes en 1943 [au total, du milieu du 18e siècle jusqu'en 1947, la politique coloniale britannique en Inde aurait fait plusieurs dizaines de millions de morts], il est facilement compréhensible qu'un autochtone ne fasse pas bien la distinction entre Winston Churchill et Adolf Hitler. Même en Chine, l'occupation japonaise (1937-45) s'inscrit historiographiquement dans une période beaucoup plus large de domination impérialiste étrangère (des années 1840 jusqu'en 1949), sans autre spécificité particulière que d'avoir été celle où la Guerre populaire de Mao s'est véritablement développée. Les Japonais sont par ailleurs connus pour n'avoir pas fait grand-chose contre les communistes et autres indépendantistes vietnamiens en 1945 (le PCV retenant cependant cette "guerre de libération" dans son histoire officielle) : ils préféraient laisser le pays à des Asiatiques plutôt qu'aux anciens colonisateurs occidentaux (ils firent largement de même en Indonésie, en Malaisie, en Birmanie etc.). Éthiopiens et Libyens ont subi la barbarie coloniale de l'Italie fasciste : là, la perception dans les consciences populaires va effectivement pouvoir rejoindre celle qui domine en Occident. La Namibie aura connu la barbarie coloniale allemande avec le génocide des Héréros (1904-08)... mais ce n'était pas sous le nazisme.

    Le "Reich de mille ans" nazi aura été en dernière analyse une tentative d'Empire colonial allemand en Europe (avec son corollaire d'asservissement de certaines populations, d'extermination pure et simple d'autres etc. etc., lire ici Chapoutot et Losurdo) : il est parfaitement logique qu'en dehors de ce continent, ses atrocités ne soient pas perçues avec la même "viscéralité" par les masses. 

    Tout ceci met à mal, nous en sommes bien conscients, une certaine lecture dominante de l'Histoire en vigueur en Occident depuis trois générations ; lecture ancrée y compris à gauche... Mais c'est ainsi.

    On terminera néanmoins sur une note d'humour avec le journal satirique algérien El Manchar :

    Netanyahu : « des braconniers palestiniens à l’origine de l’extinction des dinosaures et des mammouths »

    Revue de presse 22/10/2015 sur les propos de Netanyahu au sujet de la Shoah, d'Hitler et du mufti Al-Husseini


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  • On commencera par un texte de Julien Salingue, toujours EXCELLENT sur ce sujet, rédigé pour le NPA (où doit certainement exister une lutte de lignes avec des gens en mode "oui mais bon, dans la résistance palestinienne y a quand même des forces un p'tit peu réactionnaires", "ouais enfin, y a des morts et des actions atroces des deux côtés", "et vous êtes sûrs qu'à battre le pavé comme ça pour la Palestine, on va pas passer pour des antisémites ?", etc. etc. - des gens, en fait, pas vraiment sur les positions des ultra-gauchistes réactionnaires délirants et objectivement pro-sionistes à la Aucordier ou Coleman, mais plutôt tétanisés par le terrorisme intellectuel que font régner ceux-ci à l'"extrême-gauche" : Salingue remet donc les pendules à l'heure et les points sur les i, à grandes doses de réalité en chiffres etc.) :


    Avec les Palestiniens, contre l’occupation


    Les grands médias et les analystes autoproclamés s’interrogent : comment comprendre la multiplication, ces derniers jours, des attaques menées par des Palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem et en Israël ?

    Pourquoi le « calme précaire » a-t-il cédé le pas à un « regain de violences » ? Le gouvernement israélien va-t-il pouvoir « reprendre le contrôle » de la situation ?

    It’s the occupation, stupid

    Une fois de plus, l’intérêt est porté sur le conflit opposant Israël aux Palestiniens lorsque des Israéliens sont blessés ou tués. Comme si, entre deux attaques au couteau ou entre deux tirs de roquettes, les « violences » s’interrompaient. Comme si la mainmise israélienne sur les territoires palestiniens, l’occupation militaire et la colonisation n’étaient pas des violences. Comme si le blocus de Gaza était une mesure pacifique…

    Combien de fois faudra-t-il le rappeler, les Palestiniens vivent sous occupation depuis des décennies, et sont confrontés chaque jour à la politique discriminatoire, expansionniste et répressive de l’État d’Israël. Il n’y a pas de « processus de paix » mais un processus de colonisation maintenue, avec son cortège d’expulsions, de saisies de terres, de démolitions de maisons, d’arrestations des récalcitrants.

    En temps « normal », il ne s’écoule pas une semaine sans que des manifestations palestiniennes soient prises pour cibles par l’armée israélienne, sans que des habitants de Cisjordanie soient victimes d’exactions commises par les colons, sans que des dizaines de Palestiniens soient enlevés en pleine nuit ou au petit matin pour être incarcérés sans jugement dans des prisons militaires.

    Alors, à la question « Pourquoi ces violences de la part des Palestiniens », on a envie de répondre par une autre question : « Pourquoi pas ? »

    Sois colonisé et tais-toi !

    Comme le faisait en effet remarquer la journaliste israélienne Amira Hass dans une tribune parue le 6 octobre dernier dans Haaretz, « Les Palestiniens se battent pour leurs vies, [alors qu’]Israël se bat pour l’occupation ». Et de poursuivre : «  Les jeunes Palestiniens ne se mettent pas à assassiner des juifs parce qu’ils sont juifs, mais parce que nous sommes leurs occupants, leurs tortionnaires, leurs geôliers, les voleurs de leur terre et de leur eau, les démolisseurs de leurs maisons, ceux qui les ont exilés, qui bloquent leur horizon. Les jeunes Palestiniens, vengeurs et désespérés, sont prêts à donner leur vie et à causer à leur famille une énorme douleur, parce que l’ennemi auquel ils font face leur prouve chaque jour que sa cruauté n’a pas de limites. »

    Quelles sont les perspectives offertes aux Palestiniens par ceux qui aujourd’hui critiquent leurs actions et exigent un « retour au calme » ? Aucune, sinon la perpétuation d’un système de domination et d’oppression contre lequel ils n’auraient pas le droit de s’insurger, et face auquel ils n’auraient qu’une seule attitude : la soumission et le silence, en attendant que les choses s’améliorent dans un avenir plus ou moins lointain. En d’autres termes : sois colonisé et tais-toi !

    La révolte des Palestiniens est légitime

    Entre le 1er et le 11 octobre, 4 Israéliens sont morts dans des attaques au couteau et une dizaine d’entre eux ont été blessés. Dans le même temps, 24 Palestiniens ont été tués et plus de 1 300 ont été blessés par balles réelles ou balles en caoutchouc, soit une moyenne de 130 par jour. Durant la seule journée du dimanche 11 octobre, 75 Palestiniens ont été atteints par des tirs à balles réelles lors de manifestations en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza. Des chiffres qui indiquent non seulement l’ampleur de la répression israélienne, qui se durcit chaque jour, mais aussi et surtout le déséquilibre des forces en présence.

    Difficile de mesurer aujourd’hui l’ampleur que peut prendre la révolte en cours, notamment parce qu’elle se caractérise par une accumulation d’actes individuels, sans coordination ni stratégie de la part des factions politiques palestiniennes. Mais une chose est certaine : le gouvernement israélien a une fois de plus choisi de nier ses responsabilités et de se faire passer pour la victime, quitte à multiplier les provocations, les amalgames et les incitations à la haine. Mais rien n’y fera : la colère, la révolte et la résistance des Palestiniens sont légitimes, et personne ne pourra leur interdire de lutter pour affirmer leurs droits.

    Nous avons été, nous sommes, et nous serons à leur côté dans ce combat.

    Julien Salingue

    Revue de presse 15/10/2015 - Palestine

    ... et on enchaîne sur le texte du FPLP au sujet des récents évènements, traduit par les camarades de Coup pour Coup et repris sur Danactu (avec quelques petites retouches de notre part) :


    Soutenir les actions de la jeunesse palestinienne


    Les diverses actions héroïques de résistance requièrent l'appui populaire, et doivent inspirer les dirigeants (FPLP)

    Le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) a confirmé que les diverses actions de résistance menées par l’héroïque jeunesse palestinienne, qui se développent dans toute la patrie occupée, sont des opérations importantes qui doivent continuer, s’intensifier et évoluer, et qui requièrent l'appui populaire en Cisjordanie et à Jérusalem sous diverses formes à la lumière des crimes continus de l'occupant contre notre Peuple.

    Le FPLP a souligné que ces actions de résistance ont pris des formes multiples, y compris la résistance avec des couteaux ; ceci provient de la résolution et de la détermination des jeunes palestiniens à retrouver leur terre et leurs droits dont ils sont privés, et de leur conviction dans la justesse de leur cause.

    Le Front a affirmé que l'ennemi sioniste devait savoir que chaque Palestinien est un guérillero potentiel pour affronter l’occupation et les colonies ; et que le colonisateur ne trouvera aucun endroit pour jouir de la sécurité et de la stabilité. Les Palestiniens n’abandonneront pas la lutte pour leurs droits jusqu’à la dernière goutte du sang qui coule dans leurs veines.

    Le Front a également souligné la nécessité de soutenir ces différentes actions à un niveau organisé, par l'appel immédiat à la formation d’une direction nationale unifiée dans tous les domaines, afin d'organiser et de diriger cette bataille et d'élever le niveau des actions de résistance pour porter des coups sérieux à l'entité sioniste et aux colons. Le Front a également souligné la nécessité de prendre dans ses bras les familles des guérilleros héroïques pour leur apporter tout ce dont elles ont besoin, pour les soutenir et pour les défendre contre les attaques de l’occupation.


    Source : FPLP - Traduction : A.C.

    SOURCE : COUPPOURCOUP31

    Revue de presse 15/10/2015 - Palestine
    Thawra, Thawra hatta el-Nasr !
    (Révolution, Révolution jusqu'à la Victoire !)

    Revue de presse 15/10/2015 - Palestine
    Revue de presse 15/10/2015 - Palestine

     


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  • Suite au nouvel attentat-massacre de l'alliance barbouzarde AKP-Daesh contre un rassemblement de gauche, faisant plus d'une centaine de victimes :

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/12/apres-l-attentat-d-ankara-la-turquie-au-bord-du-gouffre_4787525_3214.html

    http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/qui-est-derriere-l-attentat-d-ankara-737717

    http://www.lefigaro.fr/international/2015/10/11/01003-20151011ARTFIG00083-l-attentat-d-ankara-pose-le-probleme-d-eventuelles-complicites-au-sein-de-l-etat-turc.php

    PARTIZAN : Les fascistes doivent savoir que nous n’abandonnerons pas les slogans des morts, leur lutte n’est pas terminée ! (Nouvelle Turquie)

    Hommage aux victimes de l'attentat fasciste d'Ankara (Bloc Rouge - Unification des maoïstes)

    De Bologne à Ankara, le spectre de la violence d’État (Quartiers Libres) [* On notera au passage dans cet article une INFORMATION D'IMPORTANCE CAPITALE, à savoir la décantation finale du système politique à la tête de l’État turc : les nationalistes du MHP/"Loups Gris", plutôt hostiles à l'AKP ces 13 dernières années en raison de sa politique de "dialogue" avec les Kurdes et de son "multinationalisme ottoman" sur la base de l'islam (hostilité partagée avec le CHP, le parti kémaliste historique, pour les mêmes raisons ainsi que pour son attachement à la "laïcité"), ont annoncé par la voix de leur important dirigeant Sedat Peker (également chef maffieux et par ailleurs impliqué en 2008 dans une conjuration militaire... contre Erdoğan, le réseau dit "Ergenekon") leur ralliement au "Sultan" pour les prochaines élections du 1er novembre. Nous n'avons là rien moins que la synthèse définitive d'une idéologie NÉO-JEUNE-TURQUE (l'idéologie du génocide arménien !), tel que nous avions déjà pu l'annoncer dans des articles précédents (1 - 2).]


    ... la riposte populaire révolutionnaire ne s'est pas faite attendre :


    Action conjointe du PKK et du TIKKO à Geyiksuyu

    La guérilla du TKP/ML-TIKKO et celle du PKK ont organisé une attaque contre une base militaire du Dersim, tuant au moins 6 militaires, pour protester contre les massacres commis depuis plusieurs mois par l’État fasciste turc.


    Dans les quartiers de Gazi et de Sarıgazi, les militant-e-s ont réclamé des comptes…

    Suite au massacre d’Ankara qui a eu lieu hier, samedi 10 octobre, le peuple et les militant-e-s révolutionnaires manifestent dans toute la Turquie. À Istanbul, les milices armées du TKP/ML-TIKKO, du MLKP, du YDG-H et du MKP demandent des comptes par les armes.


    Action armée du TKP/ML-TIKKO en mémoire des martyrs du massacre d’Ankara

    « Chez nous on ne demande pas des comptes au fascisme avec des mots ! Ce sont les balles qui règlent les comptes !». Le jeudi 15 octobre, la guérilla du TIKKO, liée au TKP/ML, a organisé une action armée contre une base militaire, en mémoire des martyrs du massacre d'Ankara.

    Nouvelles de Turquie/Kurdistan - 14 octobre 2015


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  • Nous revenons encore une fois sur la situation insurrectionnelle qui fait actuellement rage dans l’État turc et en particulier dans ses "provinces" kurdes.

    Le "sultan" et nouveau Jeune-Turc Erdoğan est bel et bien pris à son propre piège, puisque sa volonté hégémoniste régionale de renverser le régime syrien de Bachar el-Assad a transformé la légitime révolte populaire de ce pays en guerre fratricide et que de cette guerre fratricide a jailli l'expérience révolutionnaire lumineuse des Kurdes de Rojava, qui "déborde" désormais sur son territoire alors que des centaines de révolutionnaires turcs ont rejoint la lutte contre les hordes takfiristes là-bas et sont prêts à leur retour à en finir avec le régime sanguinaire d'Ankara, en place depuis près d'un siècle.

    L'affrontement se concentre en ce moment tout particulièrement sur la ville de Cizre, dans la province kurde de Şırnak :

    Turquie: la ville de Cizre croule sous un déluge de feu (site Solidarité Ouvrière)

    Chape de plomb répressive et militariste en Turquie

    Cizre ne se rendra pas ! (Nouvelle Turquie)

    À Cizre le peuple est abandonné face à la mort !

    Kurdistan : Des milliers de manifestants affluent à Cizre pour secourir la population (Secours Rouge APAPC)

    Kurdistan : Le couvre-feu contre Cizré est levé, la grève de la faim des prisonniers se poursuit

    La situation révolutionnaire en développement atteint un niveau jamais vu depuis (au moins) la lutte armée du PKK dans les années 1980-90 :

    La Guerre, la Jeunesse et l’Autogestion

    Mais la lutte touche aussi le reste de l’État, et en particulier la capitale économique Istanbul :

    Affrontements à Istanbul, guérilla au Kurdistan et rassemblement à Bruxelles

    Pour se tenir informé-e-s en temps réel, les meilleures sources sont le site Nouvelle Turquie [MàJ : maintenant ici], le Secours Rouge section "Turquie-Kurdistan" et Solidarité Ouvrière tag "Kurdistan". On peut encore consulter le site des Amitiés kurdes de Bretagne.

    Par ailleurs, les maoïstes hexagonaux du Bloc Rouge ont réalisé une interview de l'organisation révolutionnaire DHF (Demokratik Haklar Federasyonu, Fédération démocratique du Peuple), qui sera publiée prochainement dans leur journal et probablement sur leurs médias en ligne. Cette interview reviendra avec un point de vue maoïste sur la situation dans ce pays.


    Encore des nouvelles de Turquie & Kurdistan du Nord


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  • Tandis qu'en Rojava la lutte héroïque et existentielle des Kurdes contre les dégénérés fascistes de Daesh se poursuit, avec le renfort de quelques 500 internationalistes venus d'Europe, la duplicité de l’État turc (officiellement membre de la coalition anti-djihadiste) apparaît chaque jour de manière plus évidente (ainsi que celle des satrapes vendus à l'impérialisme du Kurdistan "autonome" d'Irak, cul-et-chemise de longue date avec Ankara, cf. le troisième lien ci-dessous) : combattants takfiri vaincus se repliant le plus tranquillement du monde du côté "turc" avec un immense sourire aux lèvres devant les militaires qui les accueillent ; attentats anti-kurdes/progressistes/révolutionnaires en plein territoire "turc" (Diyarbakir contre un meeting du HDP avant les élections, Suruç contre les jeunesses du MLKP le 20 juillet) sans le moindre problème... ensuite de quoi la répression s'abat sur lesdits Kurdes/progressistes/révolutionnaires victimes ; offensives djihadistes contre des positions kurdes en Rojava juste après des vols de reconnaissance de l'aviation turque, etc. etc.

    Parallèlement, aux dernières élections législatives de juin, le parti progressiste HDP principalement soutenu par les Kurdes (ainsi que par la minorité culturelle alévie) a privé pour la première fois l'AKP au pouvoir ("démocrate-musulman"/"néo-menderiste", "ottomaniste", lire ici : Qu'est-ce que l'AKP ?) de la majorité absolue à la Grande Assemblée nationale, en raflant quelques 80 élus avec 13% des voix. Ceci a conduit Erdoğan à un nouveau coup de force constitutionnel en annonçant la tenue de nouvelles élections pour le 1er novembre, où il tentera de reconquérir une majorité ; tandis que paradoxalement (mais ces paradoxes font partie intégrante des accélérations de l'histoire) le gouvernement provisoire nommé en attendant intègre pour la première fois... deux élus HDP, le CHP ("centre-gauche" social-fasciste kémaliste) et le MHP (extrême-droite ultra-nationaliste) ayant refusé catégoriquement d'y participer (outre la "laïcité" principe identitaire du CHP, l'un et l'autre ne pardonnent pas à l'AKP d'avoir été... trop "libéral" à leurs yeux vis-à-vis des Kurdes ; tandis que du côté de ce dernier il y a peut-être une tentative de "mouiller" et décrédibiliser le HDP pour diviser le mouvement kurde - dont ce parti représente évidemment la tendance réformiste et modérée, appelant régulièrement le PKK à déposer les armes).

    Tout ceci a conduit ces derniers mois le "Sud-Est anatolien" (appellation fasciste turque du Kurdistan du Nord) mais aussi le reste de l’État à développer une situation insurrectionnelle permanente et grandissante : tous les jours à la répression répond la résistance et réciproquement ; l'état de siège est mis en place dans près d'une centaine de districts tandis que certaines municipalités à majorité kurde... et même une province entière ont proclamé "ne plus reconnaître l'autorité d'Ankara" ; la guérilla urbaine rouge mène des attaques jusqu'au cœur de la capitale économique Istanbul (lire ici et ici) ; tandis que les pourparlers qu'avait engagés la direction du PKK (notamment le dirigeant-fondateur Öcalan, emprisonné depuis 1999) avec le gouvernement AKP sont bien évidemment au point mort.

    Bien sûr, au regard notamment de ces va-et-vient permanents du PKK entre guérilla et table des négociations (et de la faiblesse relative des organisations ML et MLM : MLKP, TKP/ML, MKP, sans même parler du DHKP-C qui est hostile à l'affirmation nationale kurde), il manque à ce mouvement réel des masses une direction politique armée d'une stratégie claire. Néanmoins, l'Anatolie est bel et bien entrée dans une époque de grandes turbulences dont il est tout sauf certain que le régime turc (instauré voilà plus de 90 ans) ressortira intact...

    Voici une série de liens sur la situation politique et militaire au cours des derniers mois :

    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20150817-kurdes-turquie-proche-guerre-civile-pkk-varto-mus

    http://www.humanite.fr/ankara-en-guerre-contre-les-kurdes-580732

    http://blogs.mediapart.fr/blog/laterreur/040815/chronique-du-kurdistan-1-l-insurrection-qui-vient (après un bref exposé sur les situations côtés "irakien" et "syrien", bonne présentation de celle du côté "turc")

    http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/des-kurdes-prennent-les-armes-et-d-clarent-l-autonomie-en-turquie-1528198423

    http://www.secoursrouge.org/Turquie-Kurdistan-Villes-insurgees-et-guerilla-au-Kurdistan-affrontements-a

    http://www.secoursrouge.org/Turquie-Kurdistan-Attaques-contre-des-civils-et-climat-insurrectionnel

    https://nouvelleturquie.wordpress.com/2015/07/22/une-action-armee-du-tkpml-tikko-et-du-mlkp-pour-suruc/

    https://nouvelleturquie.wordpress.com/2015/08/22/au-kurdistan-turc-98-zones-sont-declarees-zones-de-securite-speciale/

    https://nouvelleturquie.wordpress.com/2015/08/28/a-gever-yuksekova-la-loi-martiale-et-les-assauts-perdurent/

    https://nouvelleturquie.wordpress.com/2015/08/12/actions-conjointe-du-tkpml-tikko-et-du-pkk-a-dersim/

    https://nouvelleturquie.wordpress.com/tag/kurdistan/

    http://www.secoursrouge.org/turquie-kurdistan

    http://blogs.mediapart.fr/blog/laterreur/240815/traitement-mediatique-de-la-question-kurde-le-cas-ekin-van (sur le scandale de la profanation-humiliation ignoble du corps de la combattante Ekin Van, tuée au combat le 10 août par les forces turques)

    https://nouvelleturquie.wordpress.com/2015/08/28/action-de-la-guerilla-feminine-du-tkpml-tikko-en-memoire-dekin-wan/

    https://nouvelleturquie.wordpress.com/2015/08/30/a-silopi-3-jeunes-ont-ete-execute/




    Turquie-Kurdistan : situation révolutionnaire en développement ?


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  • À l'occasion des dernières élections en Turquie, il nous a paru intéressant de rédiger ce petit "dossier" récapitulatif sur la nature du parti d'Erdogan et ses évolutions (car ce n'est pas non plus une force politique monolithique et immuable...), afin de pouvoir le mettre en lien dans les multiples articles où nous aurons l'occasion d'en parler.

    L'AKP, une force politique qui nécessite une analyse fine en non schématique ; car si elle est la force de gouvernement d'un État fasciste que des camarades communistes combattent et dont ils subissent la répression et les crimes, elle a aussi au fil de ses années de pouvoir acquis une popularité considérable parmi les masses populaires de culture musulmane en Europe et à travers le monde ; une contradiction à laquelle il est impossible de ne pas être confrontés tôt ou tard.

    Une analyse, finalement, TRÈS SATISFAISANTE (un marxiste qui passait par là, sans doute...) peut déjà être offerte par l'article Wikipédia consacré à Necmettin Erbakan, le fondateur du mouvement à l'origine de l'AKP (Milli Görüş puis Refah) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Necmettin_Erbakan#Biographie

    En gros, l'AKP comme successeur de ce mouvement représente la BOURGEOISIE NATIONALE provinciale/rurale, mais ayant la particularité d'être très liée à la fraction la plus conservatrice et religieuse de la grande propriété foncière (ce qui entame donc considérablement son caractère progressiste).

    "Le Parti de la Justice s'est constitué depuis sa création en 1961 sur une alliance de principe entre la petite bourgeoisie commerciale de province, les grands propriétaires terriens (très religieux) et la haute bourgeoisie capitaliste industrielle (plus occidentale) [NDLR parfois qualifiés de... "Turcs blancs" (beyaz türkler), par opposition aux (terme moins employé) "culs terreux" anatoliens "Turcs noirs" - kara türkler]. Le PJ, dirigé par l'équipe du Premier ministre Demirel, tient un discours ambigu sur la religion pour favoriser la domination de la haute bourgeoisie sur la bourgeoisie provinciale, et limiter les nombreux antagonismes qui les opposent.

    Mais le développement du capitalisme accentue les inégalités existantes entre la grande bourgeoisie occidentalisée, qui s'accapare tous les bénéfices de la croissance, et la petite bourgeoisie religieuse qui s'appauvrit.

    La bourgeoisie de province (liée aux grands propriétaires), qui s'oppose de plus en plus à la direction du PJ (accusée de défendre les intérêts des classes dominantes occidentalisées et anti-religieuses), trouve son porte-parole en la personne de Necmettin Erbakan. Il milite depuis les années 1960 au sein de la section jeunesse du Parti et s'était déjà fait remarquer par ses discours religieux virulents contre la laïcité kémaliste et l’impérialisme des grands bourgeois. [Lire : http://ekladata.com/Kaypakkaya-kemalisme.pdf]

    La direction du PJ, pour mettre un terme au mouvement de sécession qui s'est entamé en son sein, fait élire en 1968 Erbakan (qui s’est fait le porte-parole de la petite bourgeoisie) au poste de secrétaire de la Chambre du commerce et de l'industrie. Le Premier ministre Demirel croit pouvoir manipuler Erbakan et ainsi contrôler le mécontentement de la petite bourgeoisie.

    Mais Necmettin Erbakan refuse de se soumettre aux injonctions du PJ et commence à formuler de violents réquisitoires contre lui (et donc contre la grande bourgeoisie occidentalisée), ce qui lui permet d’asseoir sa popularité sur les classes populaires religieuses.

    Ces antagonismes de classes au sein du parti provoquent une première scission du PJ en 1969, et donnent naissance au Parti démocratique (dirigé par le frère de l'ancien Premier ministre Menderes). Cette première rupture décide la grande bourgeoisie, qui contrôle le PJ, à démettre Necmetin Erbakan pour ne pas accentuer la division qui le mine.

    Millî Görüş est la première grande organisation turque d'Europe. Fondée en 1971, à Braunschweig, à l'initiative de Necmettin Erbakan en tant qu'Union turque d'Allemagne, elle a pris son nom actuel en 1994. Le terme milli görüş signifie « vision nationale ». (...)

    Expulsé par le Premier ministre Demirel du PJ, Erbakan fonde le 26 janvier 1970 sa première formation politique, le Milli Nizam Partisi (ou MNP, « Parti de l’Ordre National », membre du Milli Görüş). Cette nouvelle formation politique, créée au nom de la bourgeoisie provinciale, s'ouvre à l’ensemble de la classe moyenne en proie au désarroi devant l'évolution des mœurs et des valeurs de la société turque, et qui se sent exclue du développement économique que connait le pays. Le Parti de l’Ordre National prône un retour aux valeurs traditionnelles de l’ancien Empire ottoman (et de l'islam), couplé à un développement économique axé sur l'industrie lourde et exportatrice.

    Son rejet catégorique des réformes kémalistes (dont la laïcité) fait remarquer le MNP par les forces de sécurité. Le coup d'État de 1971 en Turquie provoque sa dissolution par la Cour constitutionnelle le 20 mai 1971 pour atteinte au principe fondateur de la laïcité turque. Ses dirigeants restent cependant en liberté.

    En 1973, Necmettin Erbakan fonde, en compagnie des anciens dirigeants du MNP, le Milli Selamet Partisi (ou MSP, « Parti du Salut National »). Le nouveau parti politique, bien que très proche des principes de l'ancien, reste très prudent à l'égard de l’idéologie islamiste et essaye de s'intégrer davantage au système politique parlementaire (pour limiter les risques de dissolution). Le PSN rationalise l'idéologie religieuse pour la diriger contre ses adversaires (le PJ et le PRP), et défend une société utopiste égalitaire et juste fondée sur les principes de l'islam.

    Cette approche paie puisque le parti obtient 10 % des suffrages aux élections législatives de 1973 et s’intègre aux coalitions politiques du parlement. Erbakan est ainsi adjoint au Premier ministre lors de trois coalitions différentes de 1974 à 1978. En 1976, le jeune Recep Tayyip Erdoğan (futur président turc) adhère à l'organisation de jeunesse du Parti du Salut National.

    À la suite du coup d'État du 12 septembre 1980 en Turquie, le PSN est une nouvelle fois dissous par la Cour constitutionnelle. Cette fois-ci, Erbakan est arrêté pour activités anti-laïques (notamment pour une interview donnée au journal Milliyet en 1973, où il critiquait la réforme d'habillement d'Atatürk) et se voit signifier en 1982 une interdiction d’exercer des activités politiques pendant dix ans. Cette interdiction est levée en 1987 à la suite d'un référendum.

    Mais la légitimation politique de l’idéologie islamiste par les militaires (synthèse turco-islamiste) provoque un important engouement pour l'islam populaire et les partis qui s'en réclament. Le Refah Partisi, créé en 1983 après le retrait de l'armée de la vie politique, profite de cette vague populaire islamique.

    En 1987, Erbakan est élu président du Refah Partisi (ou RP, « Parti de la Prospérité »), sous les couleurs duquel il sera Premier ministre entre 1996 et 1997.

    Il est partisan d’un grand marché commun islamique du Maroc à l'Indonésie et s’oppose à la politique kémaliste favorable à l’Europe et à l’Occident : « Nous ne sommes pas occidentaux, nous ne sommes pas européens ». Il qualifie alors l'Union européenne de groupe maçonnique. En 1989, dans la ville néerlandaise d'Arnhem, il tient un discours aux accents djihadistes qui fait scandale : « Les Européens sont malades… Nous leur donnerons les médicaments. L’Europe entière deviendra islamique. Nous conquerrons Rome. »

    Le 30 juin 1997, il démissionne sous la pression des militaires ; le RP est alors interdit et Erbakan se voit signifier une nouvelle interdiction de son activité politique pour deux ans et quatre mois de prison pour incitation à la haine raciale et religieuse. Fin 1997, alors que le gouvernement tranche sur la suppression du parti d'Erbakan, le Refah, déjà des structures alternatives se mettent en place et Recep Tayyip Erdoğan, futur président du pays, en émerge comme nouveau leader."

    [Cette même analyse pourrait de fait s'appliquer à l'"islamisme" en général : une alliance de bourgeoisie nationale, de "capitalisme d'en bas" opposé au capitalisme "d'en haut" bureaucratique-comprador au service de l'impérialisme, et de propriété féodale la plus hostile à la "modernité" impérialiste ; le tout appuyé sur des masses populaires animées par le même sentiment. Quelque part, de par sa composition de classe, il est possible de dire que l'"islamisme" est une... Chouannerie géante, et qui va bientôt fêter son 100e anniversaire - voir ici un-film-reactionnaire-sur-la-vendee-a133902500 "notre" analyse (basée sur celle des historiens matérialistes sérieux qui se sont penchés dessus) à ce sujet.]

    En 2010, à l'occasion de l'attaque d'un navire humanitaire turc pour Gaza par la flotte israélienne, évènement qui a peut-être représenté l'apogée de la popularité d'Erdogan tant dans son pays que dans les masses musulmanes mondiales, nous avions publié cet article qui expliquait la nature de l'AKP à ce moment-là et les contradictions l'opposant aux autres forces politiques locales (y compris le mouvement communiste et le mouvement national kurde) :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/turquie-iran-kurdistan-israel-qu-en-est-il-a114095668

    Mais depuis cette époque, une nouvelle évolution s'est encore dessinée. Durablement installé au pouvoir, le parti d'Erdogan a tout d'abord littéralement "phagocyté" l'électorat des partis de la Juste Voie et de la Mère Patrie, qui ont littéralement disparu des "radars" parlementaires (ce qui, si l'on se réfère aux origines de l'erbakanisme dans le parti de Süleyman Demirel, est en quelque sorte une "revanche"...) ; partis classiquement considérés comme la DROITE kémaliste "laïcité ouverte" (sur l'islam) du pays, et qui ont notamment régné suite au (sanglant) coup d’État de 1980 jusqu'au milieu des années 1990. Et d'autre part, après les menaces de coup d’État en série qui ont émaillé la fin des années 2000, une sorte de "compromis" semble avoir été trouvé avec le national-républicanisme et l’État profond, faisant finalement ressembler l'idéologie du pouvoir erdoganien (de plus en plus autocratique) à celle du mouvement "Jeune-Turc" ("Union et Progrès") des années 1900-1910 (à l'origine du génocide arménien...), ou encore à celle du MHP (les fameux "Loups Gris" ultra-fascistes) qui du coup, après avoir honni l'AKP dans les années 2000 (notamment pour son "libéralisme" face aux Kurdes), a commencé à le soutenir ouvertement !

    "Ces ‘pragmatiques’ issus de l’‘islamisme’, c'est-à-dire de l’expression du ‘capitalisme d’en bas’ (émergeant des ‘entrailles’ de la vie sociale, où les gens produisent et vendent, bref font du bizness et certains deviennent riches et d'autres pas...) contre le capitalisme bureaucratique ‘d’en haut’, sont en fait les véritables ‘nouveaux Menderes’ ; entre libéralisme économique, ‘ouverture’ politique par rapport aux ‘vaches sacrées’ du kémalisme, charité ‘sociale’ islamique, néo-ottomanisme tourné vers l’Orient et europhilie frustrée ; tandis que les partis de la ‘Juste Voie’ et de la ‘Mère Patrie’ (les héritiers ‘officiels’, fusionnés en 2007 dans un nouveau Parti démocrate’) sont en réalité plutôt ‘kémalo-libéraux’ (ce sont en fait les ‘partis’ des coups d’État militaires des années 1970 et 80, qui visaient aussi l’aile ‘sociale’/‘dirigiste’ du kémalisme afin d'instaurer le ‘néolibéralisme’). L'on observe d'ailleurs très nettement que ces forces 'semi-kémalistes semi-menderistes' özalo-demireliennes ont tendu ces dernières années à purement et simplement disparaître de la scène politique [aucun élu aux élections législatives de 2011 et encore - MàJ - à celles de 2015], qu'elles ont pourtant dominée entre les épisodes putschistes des années 1970 à 1990. Disparaître... phagocytées par l'AKP, ce représentant de la nouvelle bourgeoisie - petite, moyenne voire grande - de l'intérieur du pays (c'est très net sur les cartes électorales), hier déshérité par rapport aux régions de la Mer Égée et d'Istanbul (Turquie "moderne", "utile", économiquement avancée) et qui a connu au cours des dernières décennies un développement économique conséquent ("tigres anatoliens") : une nouvelle bourgeoisie qui a produit des militaires (y compris hauts gradés) permettant de contrecarrer les menaces latentes de coup d’État de l'aile "dure" kémaliste laïciste [les services secrets, le MİT, sont ainsi réputés totalement sous contrôle de l'AKP qui a interdit en 2012 toute poursuite judiciaire contre eux, et n'ont subi aucune purge après le coup d’État "güleniste" - "islamiste" modéré pro-occidental et kémaliste "turco-islamique" de droite - de 2016] ; peuplé la capitale économique stambouliote à la faveur de l'exode rural (Erdoğan devenant maire de la ville dès 1994) et petit à petit imposé l'hégémonie intellectuelle d'une sorte de "kémalisme islamisé" plus indépendant (voire hostile : "idéologie Vallée des Loups") vis-à-vis de l'Occident et "ottomanisant" (comprendre, tourné économiquement et diplomatiquement vers les pays arabes voisins), mais tout aussi réactionnaire ; une sorte (finalement) de nouvelle idéologie jeune-turque (l'idéologie du génocide arménien...) prête à toutes les malfaisances. C'est peut-être là, dans cette mutation de l'idéologie dominante de l’État, qu'il faut voir malgré les menaces la raison du succès et de la longévité de l'AKP - exceptionnelle pour un gouvernement civil issu des urnes depuis le milieu du 20e siècle."

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/honneur-communiste-a-ibrahim-kaypakkaya-assassine-il-y-a-40-ans-par-l--a114094360 

    "Nous y faisions d'ailleurs - notamment - remarquer qu'après avoir semblé dans un premier temps amorcer une certaine libéralisation de l’État (surtout sur le plan de la négation des nationalités), une réduction du rôle de l'institution militaire (Conseil de Sécurité Nationale) face aux élus civils et un "désalignement" vis-à-vis de l'Occident et d'Israël (refus de servir de base pour l'invasion de l'Irak en 2003, un incident portant même presque au bord de l'affrontement militaire, soutien ouvert au "parti frère" Hamas en Palestine), l'AKP au pouvoir depuis 2002 a finalement été happé à son tour dans la fuite en avant autoritaire et répressive (lire aussi ici au sujet du "mouvement de Taksim" de 2013) indissociable de la crise générale terminale du capitalisme, surtout dans la région proche- et moyen-orientale où celle-ci aiguise particulièrement toutes les contradictions (il suffit de voir la Syrie), et a en fin de compte (en quelque sorte) "refondu" l'idéologie étatique turque dans un sens moins "laïc intégriste" et plus "ouvert" à l'islam sunnite, religion de la majorité de la population... et surtout de toute une nouvelle bourgeoisie - petite, moyenne voire grande - de l'intérieur du pays (chose très nette sur les cartes électorales) qui a connu au cours des dernières décennies un développement économique fulgurant et peuplé la capitale économique Istanbul à la faveur de l'exode rural (Erdoğan devenant maire de la ville dès 1994), produit des militaires (y compris hauts gradés) lui permettant de contrecarrer les menaces latentes de coup d’État de l'aile "dure" laïciste [les services secrets, le MİT, sont ainsi réputés totalement sous contrôle de l'AKP qui a interdit en 2012 toute poursuite judiciaire contre eux, et n'ont subi aucune purge après le coup d’État "güleniste" - "islamiste" modéré pro-occidental et kémaliste "turco-islamique" de droite - de 2016], et imposé ainsi l'hégémonie intellectuelle d'une sorte de "kémalisme islamisé" (assez semblable finalement... à l'ultra-nationalisme d'extrême-droite "pantouranien" du MHP, qui multiplie d'ailleurs ces derniers temps les déclarations d'amour envers le parti au pouvoir) ; phagocytant de fait la base sociale de la "droite kémalo-libérale" özalo-demirelienne (totalement disparue des écrans radar...) qui avait dominé la vie politique entre 1974 et 1996 (faisant entrer le pays dans l'ère du "néolibéralisme" entre deux coups d’État militaires sanglants...) tout en maintenant une ligne géopolitique "ottomaniste" de puissance régionale, tournée économiquement et diplomatiquement vers le voisinage oriental quitte à entrer en conflit avec l'Occident ("idéologie Vallée des Loups") ; ce qui associé (donc) au tournant autoritaire-répressif de ces dernières années, fait finalement ressembler le régime... à celui d'"Union et Progrès" !"

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/il-y-a-100-ans-l-etat-fasciste-turc-naissait-dans-le-sang-du-genocide--a117493162

    Voilà plus ou moins histoire de situer...

    *********************

    Le Parti démocrate de Menderes, puis les successifs "Parti de la Justice", "de la Juste Voie" etc. de Demirel ont été les partis historiquement chargés d'encadrer la Turquie "noire", rurale, traditionnelle, attachée à l'islam et à l'orientalité.

    Et il est possible de dire que l'AKP a repris le flambeau dans ce rôle ; mais à la différence d'un populisme anti-occidental et d'un "indépendantisme" géopolitique nettement plus marqué (les autres avaient toujours opté pour un alignement "sage" sur l'Occident dans le contexte de la Guerre froide).

    En ce sens il est possible de dire que, bien qu'Erdogan soit généralement considéré "de droite", il a joué sensiblement le même rôle canalisateur et de "soupape" que les "gauches" en Amérique latine.

    Le TKP(ML) terminait son texte de 1992 ou 93, "On ne peut pas être communiste sans défendre le maoïsme", par "Les conditions sont bonnes" ; détaillant en quoi elles l'étaient malgré les apparences de la "Fin de l'Histoire" proclamée par l'impérialisme.

    Et la même chose aurait très certainement pu être écrite au sujet d'à peu près tous les pays d'Amérique latine.

    Mais c'était sans compter l'irruption de ces "gauches" pour canaliser la colère populaire dans des illusions réformistes, "socialistes du 21e siècle" etc. etc.

    Comme, strictement de la même façon, Erdogan et son AKP sont donc intervenus en 2002 pour la canaliser dans un "islam de justice" et des discours "musclés" d'indépendance vis à vis de l'Occident, de solidarité avec la Palestine et les pays musulmans agressés par l'impérialisme (Irak, Afghanistan) etc.

    Ce qui peut sembler "surréaliste" ou "bancal" comme raisonnement, ne l'est en réalité pas du tout : dans l’État turc, la monopolisation de la richesse a été historiquement assurée par une force de "centre-gauche", laïque et moderniste (le kémalisme) ; et le "ruissellement" de cette même richesse un thème porté par la droite conservatrice, islamiste ou du moins "ouverte" vis-à-vis de l'islam majoritaire de la population. On peut à la rigueur y voir un parallèle avec le PRI mexicain, lui aussi classé au "centre-gauche", et son renversement après 80 ans de pouvoir (lui aussi) par le PAN conservateur de droite. Faute de véritable perspective révolutionnaire anticapitaliste, supposément enterrée par la "Fin de l'Histoire", c'est un appel au "ruissellement" de la richesse nationale qu'émettaient les masses ; et ont surgi comme "soupapes" politiques les forces à même (en apparence du moins) de le satisfaire. Dans le reste de l'Amérique latine, la monopolisation au service de l'impérialisme était assurée peut-être parfois par des forces anciennement de "centre-gauche" (APRA péruvienne, AD vénézuélienne, divers "sociaux-démocrates" brésiliens ou radicaux argentins), mais depuis les années 1980 totalement converties au "néolibéralisme" donc de droite ; et c'est donc sur leur gauche, à coups de "socialisme du 21e siècle" qu'un contrefeu "soupape" a pu être allumé.

    Et aujourd'hui, strictement de la même manière, les deux "modèles" sont en faillite.

    Dans une Turquie en crise économique galopante, le régime d'Erdogan a achevé de montrer un visage néolibéral et fasciste que l'on peinerait désormais à distinguer des politiques des années 1980-90 dans ce pays ; sans pour autant que les médias occidentaux ne cessent d'exprimer la volonté impérialiste erdogan-est-un-fasciste de le voir remplacé par un bon vieux kémaliste bon teint à la Ince ou une nationaliste reconvertie en Macron locale comme Meral Akşener turquie-kurdistan-elections-anticipees.

    De même que les "gauches" latino-américaines soit ont capitulé devant l'ordre capitaliste-impérialiste occidental ("néolibéralisme"), soit sont soumises à l'asphyxie économique et à une déstabilisation fasciste de type Maïdan si elles s'accrochent à leur "socialisme" et à leur alignement sur la Russie et la Chine (Venezuela) ; subissent dans tous les cas la crise économique de leur "modèle" extractif ou agro-extensif "redistributeur" ; même des dirigeants qui n'avaient qu'infiniment peu bousculé les intérêts du Grand Capital local et impérialiste se retrouvent la cible de "coups d'État" institutionnels et judiciaires (Correa en Équateur, Lula et Dilma au Brésil, Cristina Kirchner en Argentine) ; etc. etc., bref.

    Tout l'enjeu à présent, dans les uns et les autres cas, est de parvenir à transformer ces situations en ENSEIGNEMENT pour les masses qui avaient voulu voir en ces régimes un Peuple turc (mais c'est aussi valable pour beaucoup de minorités nationales, Arabes, Lazes et même une bonne partie des Kurdes !) ou une Amérique latine "debout" ; afin de montrer que le seul moyen d'être "debout" contre l'impérialisme et la misère qu'il impose est dans la Révolution démocratique et la Guerre populaire.


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  • Fin avril, nous écrivions dans un article consacré au génocide arménien et à l’État fasciste turc actuel (dont le crime de 1915 est à la racine) : "Le jour où l’État fasciste turc tombera, les atroces assassinats du camarade Ibo et de tant d'autres révolutionnaires comme du million et demi d'Arménien-ne-s génocidé-e-s seront vengés à tout jamais... et LE MONDE ENTIER TREMBLERA !!!".

    L’État fasciste turc n'est certes pas tombé, même s'il vient de prendre une belle claque (pas adressée, pour le coup, au seul AKP d'Erdoğan au pouvoir !) avec les scores électoraux du parti progressiste et défenseur des minorités HDP (Parti démocratique des Peuples), qui cartonne notamment dans les régions kurdes et remporte 80 députés.

    Néanmoins un grand criminel fasciste vient de recevoir la Justice du Peuple ; un tortionnaire impliqué notamment dans la mort atroce d'Ibrahim Kaypakkaya et de son camarade Ali Haydar ! Vu ce que représente pour nous l'héritage du camarade Ibo, une telle nouvelle se doit d'être partagée avec nos lecteurs.

    Voici l'article publié sur le (tout nouveau) site Nouvelle Turquie :


    MKP a pris des mesures pour punir Fehmi Altınbilek


    MKP BayrakLe Maoist Komünist Partisi (MKP) revendique son action punitive du 6 juin, à Beşiktaş à Istanbul, visant à tuer Fehmi Altınbilek, membre actif de la JİTEM et de la contre-guérilla, assassin d’un grand nombre de révolutionnaires communistes, tel que le leader communiste İbrahim Kaypakkaya, Ali Haydar Yıldız et Mahir Çayan. Le MKP a annoncé que l’action a été faite par ses forces militaires les Partizan Halk Güçleri.

    REDACTION (08.06.2015) – Le Maoist Komünist Partisi (MKP) a publié une déclaration indiquant avoir pris des mesures pour punir le célèbre tortionnaire Fehmi Altınbilek à Beşiktaş le 7 juin. Selon les déclarations que nous avons reçues par email, ce sont les Partizan Halk Güçleri (PHG) qui sont liés au MKP qui ont commis l’action. Ils s’excusent d’avoir visé également son épouse par erreur et déclare : « Même si c’est tardif, il s’agit de justice prolétarienne exécuté par les Partizan Halk Güçleri sous l’autorité du MKP qui a condamné à mort le colonel retraité Fehmi Altınbilek. »

    Comme nous l’avons appris hier dans la presse bourgeoise, Çetin Oğuz était la fausse identité sous laquelle vivait le célèbre tortionnaire après ses massacres et sa promotion au grade de colonel. La presse bourgeoise a expliqué qu’on a tiré sur Altınbilek et son épouse alors qu’il se rendait au bureau de vote et qu’à ce moment ils étaient gravement blessés à l’hôpital.

    Nous partageons la déclaration du MKP que nous avons reçu : Lire la suite >>>

    PS - Au cours de la campagne électorale un attentat fasciste a également ensanglanté la ville d'Amed (Diyarbakir) au Kurdistan, où se tenait un meeting du HDP, faisant 3 morts et plus de 400 blessés dont 16 graves. À ce sujet lire (toujours sur Nouvelle Turquie) cette autre déclaration du MKP : Suite à l’attentat d’Amed, le Maoist Komünist Partisi (MKP) a publié une déclaration s’intitulant « les responsables de cet attentat sont Erdoğan et le gouvernement de l’AKP »

     


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  • Il est difficile, pour ne pas dire impossible à un État moderne (c'est-à-dire capitaliste, produit et au service de l'accumulation du Capital) de naître sans perpétrer ce que la bourgeoisie mondiale qualifie elle-même, depuis 1945, sous le vocable de "crimes contre l'humanité".

    Tous les pays d'Europe, au même titre que les colonies européennes établies sur les autres continents à partir de 1492, ont connu cela. Tout simplement parce qu'un État/Empire moderne, produit et au service du capitalisme, consiste en dernière analyse en une extension perpétuelle du marché/base d'accumulation comme condition de la REPRODUCTION DU CAPITAL, transformant les territoires et leurs populations en forces productives/force de travail vouées à cette reproduction... et "balayant" sans pitié tout ce qui leur apparaît (à tort ou à raison) comme un "obstacle", qu'il s'agisse d'éléments du milieu naturel... ou de personnes et même d'entières communautés humaines.

    Depuis le début du 20e siècle, cette impossibilité est encore plus totale et de surcroît, va de pair avec l'impossibilité de constituer un État économiquement indépendant des puissances capitalistes-impérialistes déjà "installées". Vers 1900 le vieil Empire ottoman était l'un de ces derniers États au monde qualifiables de "non-modernes", non-fondé sur une idéologie "nationale" d’État mais sur l'allégeance de territoires (vilayets, beyliks, pachaliks) et de communautés ethno-religieuses (milliyets) à un souverain sur une ligne théocratique (celui-ci étant en même temps le "Commandeur des Croyants" - le "Pape" de l'islam en quelque sorte - et le "protecteur" des autres confessions), sans véritable pouvoir politique et économique central etc. ; bien qu'une tendance "modernisatrice" s'y soit affirmée au cours du siècle précédent avec notamment la Constitution de 1876 (mais tout ceci déjà dans un contexte de soumission semi-coloniale toujours grandissante aux puissances impérialistes européennes, à la fois "inspiré" par et "en réaction" à celles-ci).

    Pour "entrer dans la modernité" sous l'égide des "Jeunes-Turcs" (Comité Union et Progrès, parti moderniste de la bourgeoisie turque), il "devait" donc forcément brandir une idéologie "nationale"-étatique fanatique et commettre de grands crimes de masse pour "balayer" les "obstacles" sur cette voie ; dans un contexte de conflit avec la Russie et les puissances européennes qui cherchaient à le dépecer en s'appuyant sur les populations chrétiennes ; et en se plaçant (impossibilité d'un État bourgeois réellement indépendant au 20e siècle) sous le "parrainage" de l'impérialisme allemand.

    Le règne modernisateur des "Jeunes-Turcs" débute donc en 1908, sous des auspices plutôt libérales mais très vite, deux tendances se dessinent dans le Comité : les fédéralistes, qui souhaitent un Empire fédéral et multiculturel afin d’assurer le ralliement des minorités à la citoyenneté ottomane, cherchant leur inspiration du côté de l'Autriche-Hongrie par exemple (une "double monarchie" est un temps envisagée avec la partie arabe de l'Empire), et les unionistes qui veulent quant à eux un empire centralisé et unitaire et regardent plutôt vers le "modèle"... jacobino-bonapartiste français (quelle surprise !!), ou encore la façon (plus monarchiste) dont l'Italie s'est constituée une unité "nationale" à partir de 8 entités préexistantes. Les guerres balkaniques de 1912-13, qui se concluent par la perte (très largement pilotée par la Russie "mère des orthodoxes") de toute la partie européenne de l'Empire à l'exception de la petite région d'Andrinople (Edirne), achève de mettre les fédéralistes sur la sellette ; et l'assassinat du Grand Vizir Mahmoud Chevket, le 21 juin 1913, marque leur défaite définitive et le triomphe des unionistes qui mettent alors en place, sous la direction du triumvirat Talaat-Enver-Djemal, leur politique de répression féroce des minorités nationales.

    La guerre éclate en 1914, l'Empire ottoman s'engageant naturellement aux côtés de l'Allemagne... et la Russie menaçant ses frontières orientales avec son armée tout en appuyant ouvertement les revendications et les groupes nationalistes des Arméniens chrétiens qui se voient ainsi très rapidement, par-dessus le marché de l'idéologie unificatrice déjà au pouvoir, considérés comme une "cinquième colonne" ennemie.

    C'est ainsi qu'entre 1915 et le début des années 1920 périront un million et demi d'Arménien-ne-s, mais aussi des centaines de milliers de chrétiens "assyro-chaldéens" ou de Grecs (la Grèce entre à son tour en guerre en 1916, et la termine en se voyant attribuer d'énormes territoires qui lui seront repris par Kemal), sans oublier la répression de la révolte arabe appuyée par les Anglais.

    Par la suite, amputé de ce qui est aujourd'hui le Machrek arabe et réduit (après tout de même une contre-offensive menant au Traité de Lausanne) à ce qui constitue son territoire actuel (Anatolie et un petit bout de Thrace en Europe), l’État turc sera dirigé par le kémalisme dans un prolongement total de l'idéologie "jeune-turque" (sous couvert d'une "condamnation" de principe de la politique des années 1910, et d'un modernisme laïciste encore plus affirmé) : le même cocktail de modernisme bourgeois (ne débouchant cependant sur aucune révolution anti-féodale réelle : "révolution" bourgeoise inachevée) et de chauvinisme grand-turquiste qui conduira à l'oppression féroce de toute minorité nationale (non-turque) et religieuse (non-"sunnilaïque") et à de nouveaux massacres en se tournant notamment contre les anciens "partenaires" kurdes (qui se soulèvent dès 1924 avec Cheikh Saïd... à l'époque sur une ligne conservatrice religieuse et anti-républicaine) ; tandis qu'après une période de "neutralité" affichée ("neutralité"... à forts penchants pro-nazis jusqu'en 1945) le régime trouvera sa place comme "pièce maîtresse" dans le dispositif du "monde libre" face à l'URSS et au nationalisme arabe, dans le contexte de la Guerre froide.

    Mais quoi qu'il en soit, inachevée et "dépendante" de l'impérialisme ou pas, c'est bien une révolution bourgeoise qui a eu lieu en Turquie entre la prise de pouvoir des Jeunes-Turcs en 1908 et le règne de Mustafa Kemal Atatürk (1920-38), période dans laquelle s'inscrivent le génocide arménien et les autres massacres ("Assyriens", Grecs, Dersim)... et n'en déplaise aux tenants d'un certain marxisme "primitif" et mal digéré (à la limite du positivisme), une révolution bourgeoise est par essence À LA FOIS anti-féodale et CRIMINELLEMENT ANTIPOPULAIRE - comme en témoignent les massacres et autres lois "anti-vagabonds", enclosures et evictions de la "longue révolution" britannique (1640-~1840) au même titre que les violences et les résistances qui ont jalonné la "longue révolution" hexagonale de 1789 jusqu'à la répression des Communes en 1871 (violences et résistances évoquées par exemple ici concernant la Bretagne, ou montrées par cette carte des rébellions populaires contre les forces de l'"ordre" au 19e siècle).

    La seule différence étant que dans le cas turc (au 20e siècle, très tard, trop tard...) l'aspect anti-féodal aura été par nature tronqué, limité à la superstructure (abolition du sultanat qui était en même temps le califat, "papauté" des musulmans ; sécularisation de la société etc.) sans toucher réellement à la semi-féodalité comme rapport social et de production (grande propriété agraire dans les campagnes, métayers payant un "loyer" exorbitant à leurs propriétaires etc. etc.) ; et l'aspect antipopulaire n'en sera que d'autant plus prédominant et ne pourra déboucher (surtout à l'ère de la révolution prolétarienne à l'ordre du jour) que sur une forme de gouvernement directement et profondément fasciste. Pour autant, ces massacres visant à transformer les résidus d'un Empire multinational/multiculturel en État-"nation" uniformisé n'auront nullement été une quelconque "résistance" à la "modernité" et à ses "Lumières" (Talaat Pacha était franc-maçon...), comme le sous-entendent bon nombre d'analyses marxistes en insistant sur ce caractère incomplet de la lutte anti-féodale, mais bien au contraire les affres de la pleine entrée dans cette "modernité" capitaliste en question (comprendre par là que pour avoir été plus "radicaux" dans la dé-féodalisation, les États capitalistes occidentaux - France, Royaume-Uni, USA etc., sans même parler de l'ultra-moderne Allemagne nazie - n'en auront pas été moins exterminateurs, comme beaucoup de Peuples peuvent hélas en témoigner...). Une "modernité" qui comme nous l'avons déjà dit plus haut, pour "triompher" c'est-à-dire donner à la bourgeoisie une véritable base d'accumulation et de reproduction de son Capital, doit obligatoirement commettre des crimes de masse pour "balayer" ce que ladite bourgeoisie juge être "en travers de son chemin". Et une "modernité" capitaliste qui, à présent qu'elle a pleinement rempli son rôle historique de "sortir l'humanité de la préhistoire", doit à son tour être balayée dans le fracas de la Guerre du Peuple pour ouvrir la voie à l'avenir communiste !

    Bien sûr, en conséquence de ce qui vient d'être dit, la condamnation du génocide arménien par les puissances impérialistes occidentales suinte l'hypocrisie par tous les pores : non seulement (en dehors de la propagande de guerre sur le moment même) elle a été extrêmement tardive, pas avant les années 1980 (auparavant il ne fallait surtout pas froisser l'allié kémaliste, essentiel comme on l'a dit dans le cadre de la Guerre froide !), mais elle émane d’États qui devraient déjà commencer par balayer devant leur propre porte de crimes coloniaux et impérialistes en tout genre (s'attirant en ce sens les répliques bien senties d'Ankara...) et fait au demeurant comme si le massacre des Arméniens était "tombé du ciel" dans un monde idyllique et n’avait aucun lien avec la Première Guerre mondiale impérialiste... déchaînement de violence et de barbarie sans précédent pour le partage des colonies et des zones d’influence, dont ces États sont bien sûr les premiers responsables devant l'Histoire !

    Il n'en reste pas moins que ce crime contre l'humanité a été le baptême de sang d'un État moderne particulièrement réactionnaire et fasciste (pouvoir du haut-commandement militaire, etc.) et d'une Prison des Peuples (y compris pour le Peuple turc lui-même !). Tous ces évènements sanglants, massacres et nettoyages ethniques du sultanat tardif (1876-1908), de l'ère jeune-turque (1908-1918) et des débuts de la République kémaliste (années 1920), dont le génocide arménien est en quelque sorte le "clou", sont en effet absolument FONDAMENTAUX pour comprendre l'identité même de l’État-"nation" turc actuel et les questions dont il sait qu'elles signifient sa fin : la réalité, en effet, est que dans cette "nation" de 80 millions de personnes les "Vrais Turcs" ne sont en réalité qu'une petite minorité (l'article Wikipédia sur les Turcs en tant qu'ethnie ne fait ainsi état que de... 27 millions en Turquie, ce qui ferait un tiers seulement de la population) [tiens tiens... depuis que nous avons mis ce lien, les chiffres ont été modifiés sur la base... du CIA World Factbook (!!) qui donne 70-75% des "Turcs" soit dans les 60-65 millions], et que l'immense majorité sont des populations turquisées et/ou "sunnisées" DE FORCE (bien plus nombreuses encore, en fait, à l'époque, que les massacré-e-s ou expulsé-e-s : lire ici et ici) [ces populations comptant sans doute pour beaucoup dans ce qu'on appelle parfois les "Turcs noirs", ruraux d'Anatolie réputés "arriérés" par opposition aux "Turcs blancs" d'Égée-Marmara aisés-éduqués et "modernes" Turcs-Noirs-Turcs-Blancs de-quoi-les-beyaz-turk-sont-ils-le-nom, généralement descendants des élites (souvent d'origine caucasienne ou balkanique islamisée-turquisée) de l'Empire ottoman final ; en revanche il est vrai que cette identité "turque noire" s'exprime rarement à travers des positions politiques de gauche et anti-national-étatistes, bien au contraire...] ; que des millions de personnes le savent (tou-te-s les Kurdes, déjà...) et des millions d'autres pourraient sans difficulté le découvrir ; et donc que ceci explique pourquoi l’État fasciste ne peut "rien lâcher" sur ces questions, notamment face aux Kurdes ou aux Alévis (religion plus ou moins reliée au chiisme et que des millions d'Arméniens ou de Grecs chrétiens rescapés des massacres auraient rejointe), car cela signifierait sa FIN en tant que construction politico-militaire et idéologique (patriotisme et roman national érigés au rang de véritable religion...) au service de l'impérialisme dans la région – autrement dit, la RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE ; une chute qui serait un Jour de Libération pour les 80 millions d'hommes et de femmes qui le peuplent et un tremblement de terre pour l'ordre capitaliste-impérialiste dans toute la région et même dans le monde entier.

    Un jour qui VIENDRA, bien sûr... Des milliers de camarades y œuvrent jour après jour au péril de leur vie, suivant notamment la voie tracée par l'une des plus lumineuses pensées communistes du siècle dernier : celle d'Ibrahim Kaypakkaya.

    Voici l'article que nous lui avions consacré il y a deux ans :


    Honneur communiste à Ibrahim Kaypakkaya, assassiné il y a 40 ans par l’État fasciste turc


    [Nous y faisions d'ailleurs - notamment - remarquer qu'après avoir semblé dans un premier temps amorcer une certaine libéralisation de l’État (surtout sur le plan de la négation des nationalités), une réduction du rôle de l'institution militaire (Conseil de Sécurité Nationale) face aux élus civils et un "désalignement" vis-à-vis de l'Occident et d'Israël (refus de servir de base pour l'invasion de l'Irak en 2003, un incident portant même presque au bord de l'affrontement militaire, soutien ouvert au "parti frère" Hamas en Palestine), l'AKP au pouvoir depuis 2002 a finalement été happé à son tour dans la fuite en avant autoritaire et répressive (lire aussi ici au sujet du "mouvement de Taksim" de 2013) indissociable de la crise générale terminale du capitalisme, surtout dans la région proche- et moyen-orientale où celle-ci aiguise particulièrement toutes les contradictions (il suffit de voir la Syrie), et a en fin de compte (en quelque sorte) "refondu" l'idéologie étatique turque dans un sens moins "laïc intégriste" et plus "ouvert" à l'islam sunnite, religion de la majorité de la population... et surtout de toute une nouvelle bourgeoisie - petite, moyenne voire grande - de l'intérieur du pays (chose très nette sur les cartes électorales), "turque noire" comme on la qualifie parfois par opposition aux "Turcs blancs" de l'élite occidentalisée kémaliste, qui a connu au cours des dernières décennies un développement économique fulgurant ("tigres anatoliens") et peuplé la capitale économique Istanbul à la faveur de l'exode rural (Erdoğan devenant maire de la ville dès 1994), produit des militaires (y compris hauts gradés) contrecarrant les menaces latentes de coup d’État de l'aile "dure" laïciste [les services secrets, le MİT, sont ainsi réputés totalement sous contrôle de l'AKP qui a interdit en 2012 toute poursuite judiciaire contre eux, et n'ont subi aucune purge après le coup d’État "güleniste" - "islamiste" modéré pro-occidental et kémaliste "turco-islamique" de droite - de 2016], et imposé ainsi l'hégémonie intellectuelle d'une sorte de "kémalisme islamisé" (assez semblable finalement... à l'ultra-nationalisme d'extrême-droite "pantouranien" du MHP, qui multiplie d'ailleurs ces derniers temps les déclarations d'amour envers le parti au pouvoir) ; phagocytant de fait la base sociale de la "droite kémalo-libérale" özalo-demirelienne (totalement disparue des écrans radar...) qui avait dominé la vie politique entre 1974 et 1996 (faisant entrer le pays dans l'ère du "néolibéralisme" entre deux coups d’État militaires sanglants...) tout en maintenant une ligne géopolitique "ottomaniste" de puissance régionale, tournée économiquement et diplomatiquement vers le voisinage oriental quitte à entrer en conflit avec l'Occident ("idéologie Vallée des Loups") ; ce qui associé (donc) au tournant autoritaire-répressif de ces dernières années, fait finalement ressembler le régime... à celui d'"Union et Progrès" ! En forme de récap' ici : qu-est-ce-que-l-akp]

    [Et un autre enseignement fondamental du camarade Ibrahim... rejoignant ce que nous avons expliqué précédemment, c'est que "les Turcs" n'existant en fait pas vraiment, les "vrais" Turcs étant une minorité des 80 millions d'habitant-e-s de l’État et le reste une pseudo-identité "nationale" étatique construite par et pour la contre-révolution, pour cette raison précise une lutte nationale qui prendrait le chemin du chauvinisme "anti-turc" (PKK des années 1980-90), sans même parler d'un "autonomisme qui démocratiserait l’État" masquant en réalité l'idée d'une Nation kurde apportant la "lumière démocratique" à des "Turcs" (et des Arabes) à "l'obéissance servile" (PKK actuel ), est vouée par nature à l'échec ; à ne faire que renforcer en réaction le ciment pseudo-"national" "turc" contre-révolutionnaire, et à ne trouver de réel débouché politique qu'au service d'un impérialisme ou d'un autre cherchant à contrer la "Turquie" dans une perspective géopolitique (déjà l'URSS dans les années 1980, et la Russie comme l'Occident aujourd'hui).

    A contrario, ce que nous enseigne (donc) Kaypakkaya est que la question nationale kurde comme TOUTE revendication démocratique de quelque nationalité que ce soit n'a de véritable solution possible que dans la RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE ANTI-IMPÉRIALISTE de tout l’État turc et (très vraisemblablement) de toute la région proche-orientale (mais bien sûr pas au sens où l'entend le PKK actuel, dont la conception de toute façon vaseuse oscille en mode "grand écart" entre une vague autonomie négociée avec les États en place, et une promesse messianique de "révolution confédéraliste démocratique régionale abolissant l’État-nation et l'autoritarisme"... conçue en réalité comme un Empire kurde !). Telle est la ligne que nous défendons.]

    Rien ne sert de larmoyer et de "commémorer", surtout aux côtés d'impérialistes hypocrites qui tentent de faire oublier non seulement leurs propres crimes, mais même leur propre responsabilité dans la situation terreau du génocide : le Pouvoir est dans l'action, et la Victoire est au bout du fusil !

    Le jour où l’État fasciste turc tombera, les atroces assassinats du camarade Ibo et de tant d'autres révolutionnaires comme du million et demi d'Arménien-ne-s génocidé-e-s seront vengés à tout jamais... et LE MONDE ENTIER TREMBLERA !!!


    Il y a 100 ans, l’État fasciste turc naissait dans le sang des Arménien-ne-s... Demain, dans le sentier de KAYPAKKAYA, il périra sous les baïonnettes de la Justice des Peuples !Il y a 100 ans, l’État fasciste turc naissait dans le sang des Arménien-ne-s... Demain, dans le sentier de KAYPAKKAYA, il périra sous les baïonnettes de la Justice des Peuples !

    Il y a 100 ans, l’État fasciste turc naissait dans le sang des Arménien-ne-s... Demain, dans le sentier de KAYPAKKAYA, il périra sous les baïonnettes de la Justice des Peuples !

    Il y a 100 ans, l’État fasciste turc naissait dans le sang des Arménien-ne-s... Demain, dans le sentier de KAYPAKKAYA, il périra sous les baïonnettes de la Justice des Peuples !


    Hommage a Ibrahim Kaypakkaya par Socialisme44


    [Sur la Turquie actuelle et ses contradictions, lire aussi (l'article date un peu - 2010 - et certaines choses ont pu changer sensiblement, comme les alliances géopolitiques par exemple, mais l'article consacré au camarade Kaypakkaya  - en lien plus haut - a aussi été l'occasion d'un "point" plus actualisé) : Turquie, Iran, Kurdistan, Israël : qu'en est-il ?]

    À lire aussi absolument, l'œuvre de référence de Kaypakkaya sur le sujet, traduite par nos soins :


    Réflexion à posteriori (avril 2021) :

    "Le 24 avril 1915 débutait le génocide arménien.

    Rappel toujours utile, à l'heure où le discours dominant a tendance (confortablement il faut dire) à mettre le génocide sur le dos de "l'islam" :

    "Les Jeunes-Turcs ont eu au départ une politique libérale, ils avaient pour but d’instaurer un État réformé et multiethnique. Puis, pendant la révolution, les unionistes (homologues des Jacobins français) et les fédéralistes se disputèrent le pays. Les fédéralistes voulaient un empire fédéral afin d’assurer le ralliement des minorités à la citoyenneté ottomane. Les unionistes voulaient quant à eux un empire centralisé et unitaire.

    Les fédéralistes libéraux sont accusés par la population d'avoir bradé l'empire après la défaite des deux guerres balkaniques. L'assassinat du grand vizir Mahmoud Chevket, le 21 juin 1913, marque la défaite définitive des fédéralistes.

    Les unionistes gagnent en légitimité et se font les gardiens d’une structure unitaire de l’Empire. Le pouvoir passe à un triumvirat constitué par Talaat, Djemal et Enver. Un nationalisme strict est alors mis en place, une répression accrue frappe alors les « minorités » (majoritaires dans de nombreuses provinces), et le triumvirat conduit l'Empire ottoman déclinant à commettre plusieurs massacres et un génocide."

    [En réalité, les réformateurs décentralistes/fédéralistes étaient en tout cas à partir de 1911 un autre parti, le Parti de la Liberté et de l'Accord https://en.wikipedia.org/wiki/Freedom and Accord Party qui après des élections truquées "remportées" par Union et Progrès, a mené un premier coup de force en 1912 https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup d'État ottoman de 1912

    Auquel les "jacobins" CUP répondront par un autre coup d'État en janvier 1913. De là sortira le gouvernement Chevket, assassiné quelques mois plus tard par un "vengeur" des victimes du coup d'État, et de là ce sera le pouvoir total du triumvirat Talaat-Enver-Cemal.

    J'en profite pour dire que je suis en total désaccord avec cette analyse du DHKP-C que je viens de lire (et dans laquelle concrètement je reconnais, au regard du prestige de cette organisation dans les années 90-2000, l'influence sur les analyses selon moi totalement erronées de l'extrême gauche européenne sur les questions anatoliennes...) : http://lesmaterialistes.com/dhkpc-fascisme-en-turquie

    Pour moi, définitivement sur les positions de Kaypakkaya, c'est EXACTEMENT L'INVERSE qui est la réalité : le kémalisme est l'héritier direct de l'unionisme et du triumvirat, et, au-delà d'avoir eu raison de conjurer le dépeçage impérialiste total du pays en 1920, la PRINCIPALE force réactionnaire, profondément fasciste de la politique bourgeoise turque. 

    Il est le représentant central de la bourgeoisie "beyaz" ("turque blanche") de la région des Détroits, ou rapatriée des Balkans après les guerres, profondément européanisée/occidentalisée.

    Les partis de type "démocrate" (Menderes) ou "Juste Voie" (Demirel) étaient au contraires les héritiers des fameux "libéraux fédéralistes", ottomanistes, représentants d'une partie de l'élite "beyaz" stambouliote mais tournée vers et appuyée sur les notables de la Turquie anatolienne, moyen-orientale, "noire" ("kara") ; mais bien sûr, à cette époque, devenue largement inféodée au national-unitarisme triomphant beyaz-kémaliste, pour mieux contrôler les masses anatoliennes et leur potentiel tropisme asiatique et anti-occidental (rappelons que ça a longtemps été le camp politique de la grande majorité des Kurdes, le leader politique Özal étant lui-même de cette origine... les Alévis du Dersim apportant quant à eux par contre, en dépit du massacre dont ils ont été victimes de sa part en 1938, leur soutien au kémalisme).

    Des forces bourgeoises, réactionnaires comme tout ce qui est bourgeois, mais voilà... pas le "cœur" du fascisme turc.

    Aujourd'hui l'électorat de ces courants s'est pratiquement totalement "transféré" à l'AKP d'Erdogan, qui a ressuscité l'idéal ottomaniste et les références positives à l'islamité nationale ; mais dont, hélas, la politique plus "libérale" en direction des nationalités a rapidement tourné court (face notamment à l'irruption d'un nouvel acteur, lié à l'origine au nationalisme kurde non-islamique du PKK : le HDP qui capte désormais une bonne partie de l'électorat kurde, ainsi qu'alévi et même l'aile la plus "à gauche", "jeune dynamique et connectée" des métropoles beyaz d'Égée-Détroits traditionnellement kémalistes).]"


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  • http://www.couppourcoup31.com/2015/03/les-resultats-des-elections-sionistes-refletent-simplement-la-nature-raciste-de-l-etat-fplp.html

    Les résultats des élections sionistes reflètent simplement la nature raciste de l’État (FPLP)

    Déclaration du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) à l'occasion des résultats des élections législatives en Israël. Pour rappel, le FPLP appelait au boycott de ces élections.

    Le Front Populaire pour la Libération de la Palestine a déclaré que les résultats de l'élection israélienne reflètent simplement la nature et la structure raciste et fasciste de la société sioniste qui a produit ces résultats et a élu le Parti Likoud et ses alliés de droite, engagés dans les attaques anti-palestiniennes les plus ouvertes et extrêmes contre notre Peuple et ses droits tout au long la campagne.

    La montée de l'extrémisme et du racisme dans la société sioniste et le climat de fascisme sont alimentés par l’échec des autorités palestiniennes et arabes à s’opposer à l’État d’occupation ainsi que par les puissances impérialistes internationales, qui offrent leur protection à ses crimes et à ses violations permanentes du droit international et préservent son immunité et son impunité de toute responsabilité ou poursuite.

    Le Front a souligné qu’affronter l'extrémisme sioniste et répondre à ces élections requiert une politique palestinienne claire et décisive qui balaye les illusions de la confiance envers des négociations futiles et établisse à la place une stratégie nationale unifiée pour affronter l'ennemi et pour lutter pour les pleins droits de notre Peuple, sur la base de notre chemin stratégique de résistance pour la victoire.

    Le Front a exigé l'exécution immédiate des résolutions du Conseil central palestinien prises lors de sa dernière session, de se désengager vis-à-vis de l’État occupant et de ses responsables officiels en premier lieu et surtout, de mettre fin à la coopération de sécurité et de rejeter les Accords d'Oslo qui ont été si destructeurs pour le Peuple palestinien, de mettre fin à la division interne palestinienne par un projet sérieux d'unité nationale basé sur un programme unifié et sur la reconstruction de l'OLP à travers des institutions élues et démocratiques englobant toutes les forces palestiniennes, et de continuer à exiger la poursuite des dirigeants de l’État sioniste devant la Cour pénale internationale.

    Source : FPLP - Traduction : A.C.

    Les résultats des élections sionistes reflètent simplement la nature raciste de l’État (FPLP)


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  • Pour expliquer le plus clairement possible notre position au sujet de l'"État islamique" et de l'ensemble des évènements en cours au Proche et Moyen-Orient, il serait possible de prendre beaucoup d'exemples historiques.

    Prenons, pour sa proximité géographique et ses similitudes géopolitiques, celui de l'Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale :

    - Celui-ci était, certes, déjà constitué sur un territoire donné (consistant en l'actuel État turc + le Machrek arabe) alors que Daesh "part de rien" ; toutefois, il s'agissait alors de "capitaliser" (au bénéfice de la bourgeoisie turque) cet immense territoire qui, dans sa majeure partie, ne fonctionnait pas encore dans le cadre d'une économie capitaliste moderne (bien que le capitalisme marchand y soit présent et ancien, plus ancien même qu'en Europe). Avec ses vilayet (provinces) et ses milliyet (communautés ethno-religieuses) très autonomes et liées au sultan par "traité", l'Empire n'était en fait pas vraiment un État-"nation" moderne au service d'une bourgeoisie "centrale" - et c'est justement ce que ses dirigeants voulaient faire de lui...

    - L'idéologie qui présidait à cela (celle des "Jeunes-Turcs" Union et Progrès) était certes plutôt de type laïciste (encore que beaucoup moins que le kémalisme ultérieur) et moderniste. Ces idéologies ont depuis, dans cette partie du monde, connu un recul considérable et l'on a assisté à un renouveau des étendards religieux supposés plus "authentiques" et "enracinés". Mais tout ceci est en réalité très secondaire.

    - Toute guerre contre cet Empire ne pouvait alors consister qu'à le dépecer en colonies directes ou en semi-colonies de l'Europe impérialiste. Le seul impérialisme à lui dire (en substance) "on ne touchera pas à votre intégrité territoriale si vous êtes nos fidèles vassaux" était l'impérialisme allemand ; et c'est par conséquent à celui-ci qu'était alliée Istanbul (Constantinople à l'époque) pour mener cette entreprise de "capitalisation" du territoire au service de la bourgeoisie turque.

    - Contrairement à ce qu'affirment les complotistes, l'"État islamique" n'a aujourd'hui aucun soutien impérialiste du G8 ni du G20. Deux "émergents" expansionnistes du G20 peuvent éventuellement lui apporter un soutien indirect et contradictoire : l’État turc et l'Arabie saoudite. Mais Daesh n'en est pas moins une démarche 1°/ nullement anti-impérialiste ni de libération nationale (arabe par exemple), 2°/ (au contraire) clairement au service d'un Grand Capital : les milliards de pétro-dollars accumulés entre les mains de quelques familles oligarchiques du Golfe, 3°/ consistant en la construction à marche forcée (par des méthodes d'une brutalité terrifiante) d'une base d'accumulation capitaliste ; cette fois-ci en conquérant/soumettant premièrement le territoire et la population là où l'Empire ottoman avait déjà son territoire, mais devait le "capitaliser" tout en en empêchant le dépeçage (là encore, ces différences sont secondaires).

    - Le projet "Jeune-Turc" s'appuyait sur la bourgeoisie turque qui se sentait "humiliée" et "marginalisée" dans son propre pays ; tandis que les minorités nationales étaient ouvertement utilisées (depuis plus d'un siècle) comme points d'appui par les projets impérialistes de dépeçage (exemple type : les Arméniens par la Russie et ses alliés... français, mais aussi les chrétiens en général - du Liban notamment, de Syrie etc. ou encore les Arabes par les Anglais, sans oublier l'immigration sioniste en Palestine). Aujourd'hui, toute personne réfléchissant un peu sait pertinemment où se trouve la matrice de l'"abomination" Daesh : dans la frustration et l'humiliation des tribus arabes sunnites du Nord irakien depuis la chute de Saddam Hussein en 2003 (l'Armée baasiste de la Naqhsbandiyya d'Ezzat Ibrahim al-Douri a même été une proche alliée de l'organisation dans les opérations de 2014, avant de rompre et de commencer à l'affronter), l'occupation anglo-américaine du pays et l'installation à sa tête d'un pouvoir chiite (lire ici un très intéressant entretien avec un spécialiste de la région à ce sujet). Ce sentiment s'est communiqué par capillarité culturelle et tribale aux Arabes sunnites de l'Est syrien, confrontés eux aussi à un pouvoir "chiite" (alaouite) et pro-iranien dans une terrible guerre civile (depuis 2011). Sans s'appuyer sur cela, l'"État islamique" n'aurait pas pu exister. Il s'appuie certes, aussi, sur une démarche ressemblant beaucoup (pour le coup)... à l'un des instruments de dépeçage de l'Empire ottoman : le sionisme, en présentant le territoire qu'il contrôle comme une "Terre promise" pour les "musulmans du monde entier" invités à venir y mener une vie "islamiquement pure". Ceci est l'aspect principal du djihadisme venu des pays occidentaux : une logique sioniste "version musulmane" consistant à chercher une "Terre promise" plutôt que de lutter en tant que racisé là où l'on vit*. Mais ce phénomène n'est pas suffisamment massif pour permettre de contrôler un aussi vaste territoire sans appui local. Cet appui local, c'est donc la frustration arabe sunnite de cette vaste région longeant (en substance) le fleuve Euphrate.

    - POUR AUTANT, être en lutte contre une telle marginalisation et de telles menées impérialistes ne pouvait justifier (de la part des Turcs) des choses telles que le génocide des Arméniens et les massacres perpétrés contre d'autres minorités (comme les chrétiens assyriens, aujourd'hui à nouveau visés par Daesh). Ces crimes contre l'humanité devaient (et doivent encore aujourd'hui) être dénoncés avec la dernière force et la place de leurs auteurs décisionnaires était au bout d'une corde ou devant un peloton d'exécution, comme celle des nazis après la Seconde Guerre mondiale.

    - De la même manière, aujourd'hui, le "Califat" de Daesh comme base de valorisation des pétro-dollars du Golfe (qui le financent) passe par l'anéantissement de toute minorité non-arabe sunnite (Kurdes, chrétiens assyriens, Yézidis, Turkmènes etc.), perçue comme hostile par nature, et ne peut au demeurant s'imposer aux masses arabes sunnites elles-mêmes que par la terreur. Ces atrocités ne peuvent évidemment être justifiées ni tolérées par les consciences progressistes ; et justifient au contraire un soutien total aux forces populaires qui leur résistent et les combattent, pour y mettre fin et en punir les auteurs.

    - Il n'en reste pas moins que, la Première Guerre mondiale terminée et l'Empire ottoman vaincu, la condamnation de ses atrocités n'était nullement incompatible avec le refus de son dépeçage impérialiste par les vainqueurs (Traité de Sèvres) ; lequel dépeçage n'avait rien à voir avec le droit des peuples à l'autodétermination et tout à voir avec la formation de colonies et de semi-colonies (de bases d'accumulation) au profit des monopoles occidentaux (les Arabes "libérés" ne tardèrent d'ailleurs pas à s'en rendre compte, sans même parler des Kurdes dont les droits nationaux furent tout simplement passés par pertes et profits). Les marxistes n'avaient pas à accepter une domination bourgeoise turque (appuyée par l'Allemagne) sur les Peuples de l'Empire ottoman, a fortiori une domination génocidaire  ; mais ils n'avaient pas non plus à accepter des États "nationaux" fantoches et autres protectorats au service de l'impérialisme, et une domination impérialiste sur le Peuple turc lui-même.

    Une telle politique ne pouvait en effet déboucher que sur un nouveau cycle de revanches et de massacres et engendrer (en réaction) un nouveau monstre réactionnaire : c'est ce qui se produisit avec une poignée d'anciens "Jeunes-Turcs" regroupés autour de Mustafa Kemal pour livrer une "guerre d'indépendance" qui terminera le "nettoyage" ethnique des communautés chrétiennes (Arméniens, Grecs) et donnera naissance à l'actuel État turc, nouvelle Prison des Peuples "modèle réduit" qui après moultes péripéties finira par trouver sa place - comme "pièce maîtresse" - dans le système de domination impérialiste de la région (il faut dire que son idéologie "moderniste" d'imitation fanatique de l'Occident lui aura largement facilité une telle intégration)... Un "ordre" régional à présent (comme chacun-e peut le voir) une nouvelle fois battu en brèche. Car en réalité seule une solution démocratique, forcément synonyme de révolution sociale contre les classes exploiteuses locales et le Capital impérialiste du "Nord", pouvait réellement en finir avec le va-et-vient éternel des "revanches" et des expansionnismes bourgeois (constructions de bases d'accumulation capitalistes) et permettre une véritable cohabitation fraternelle entre les Peuples, nationalités et autres communautés (confessionnelles par exemple) de cette région de monde.

    - C'est exactement la même chose aujourd'hui ; et tel est le fondement de toute notre position. Les communistes que nous sommes n'acceptent pas la barbarie infligée par l'"État islamique", au service de ses financeurs pétro-milliardaires du Golfe, aux populations des territoires qu'il contrôle. Mais ils n'acceptent pas non plus, pour autant, les "découpages" et autres "re-dessins" de la région que les puissances impérialistes nous servent depuis (justement) la Première Guerre mondiale et qui ont à voir avec tout sauf l'intérêt des Peuples.

    La question kurde doit trouver sa solution démocratique dans un Kurdistan démocratique (au service du Peuple kurde et non d'une oligarchie liée à l'impérialisme). Mais les Arabes sunnites, quels que soient les crimes commis par leurs élites en alliance avec Daesh ou (hier en Irak) avec le régime de Saddam Hussein, ont eux aussi le droit de recevoir un traitement démocratique. Sans cela, le cycle de revanche ne ferait que "repartir pour un tour" au seul et unique bénéfice des rivalités impérialistes et expansionnistes régionales. Cette solution démocratique pourrait fort bien (pourquoi pas ??) prendre la forme d'une "Assyrie" démocratique le long de l'Euphrate et du Tigre jusqu'à Bagdad (ville conçue à l'origine comme un "carrefour", un hub à la "croisée des chemins" plutôt que la capitale-"centre" d'un État-"nation") ; entité qui aurait (après tout) une toute autre cohérence et continuité historique et culturelle que les États irakien et syrien actuellement existants, et dans laquelle les minorités non-arabes et non-sunnites (présentes depuis des millénaires) auraient bien sûr naturellement leur place. L'Irak chiite, au sud de Bagdad, s'appelle historiquement la Chaldée (ou "Basse Mésopotamie") et il a lui aussi sa cohérence sociale et culturelle depuis des millénaires. Quant à la ville de Bagdad elle-même, elle pourrait redevenir la place-carrefour et la métropole multiculturelle qu'elle était à son origine (et que la région, où le Tigre et l'Euphrate se rapprochent jusqu'à presque se toucher, a de fait toujours joué dans l'histoire - depuis Babylone en passant par Ctésiphon et Séleucie) : ʿĀsimat ad-Dunyā, le "centre du monde" arabo-oriental. Le Proche-Orient proprement dit (Syrie, Jordanie, Liban et Palestine) a vocation à tendre vers l'unification démocratique ; et la question palestinienne doit elle aussi être résolue dans une Palestine unie et démocratique où la population juive venue d'Europe, des autres pays arabes, d'Iran ou encore d’Éthiopie (sans oublier celle qui a... toujours été là : il y avait 20.000 Juifs en Palestine avant l'immigration sioniste)  n'aurait pas plus ni moins de droits que les Palestiniens définis comme arabes (chrétiens ou musulmans) - dans cette perspective, d'ailleurs, pourquoi la présence juive devrait-elle s'arrêter au Jourdain ? Les Palestiniens de l'exil, eux, auraient bien entendu un droit absolu au retour sur leur terre, dont ils ont été chassés en 1948-49 et en 1967.

    On pourra bien sûr nous rétorquer que tout ceci est "utopique", "irréaliste". Mais à un moment donné, être communiste, c'est aussi savoir dire "you may say I'm a dreamer but I'm not the only one", "soyons réalistes, exigeons l'impossible" : affirmer que ce qui sépare le "rêve" de la réalité n'a souvent pour seul nom que la VOLONTÉ POLITIQUE, la stratégie révolutionnaire correcte et les moyens implacables de la mettre en œuvre.

    Tout ceci pourrait (et même devrait, et même doit) avoir pour base un principe politique de COMMUNE POPULAIRE se fédérant d'échelon en échelon dans un esprit de subsidiarité (rien de traité "d'en haut" s'il peut l'être "d'en bas")... pourquoi pas jusqu'à l'ensemble de ce qui formait en 1914 l'Empire ottoman ! Mais cette fois sans aucune domination d'une nationalité, d'une communauté confessionnelle ou d'une région particulière sur les autres.

    Cette idée, d'ailleurs, nous croyons la percevoir en germe (avec toutes ses limites de germe, de chose naissante et fragile) dans les conceptions des combattant-e-s kurdes de Rojava ; lutte que nous soutenons fermement et sans réserve. En réalité, cette lutte a d'ores et déjà cessé d'être une simple lutte de libération nationale kurde : elle est devenue celle d'une certaine vision progressiste du Proche et Moyen-Orient de demain, contre d'autres toutes plus réactionnaires et ennemies des Peuples les unes que les autres.

    Voguons encore une fois vers "l'Orient compliqué"...Voguons encore une fois vers "l'Orient compliqué"...Voguons encore une fois vers "l'Orient compliqué"...Voguons encore une fois vers "l'Orient compliqué"...


    * Pour celles et ceux qui penseraient encore qu'il y a quelque chose de "subversif" et d'"anticapitaliste" dans l'idéologie salafiste (djihadiste ou pas) : le salafiste djihadiste "repenti" - et désormais "militant anti-djihad" - Mourad Benchellali (30 mois d'emprisonnement à Guantanamo dans les années 2000) organisait ce jour même une "rencontre" à Vénissieux... avec l'ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot !

    http://www.20minutes.fr/lyon/1560027-20150311-venissieux-laurence-parisot-invitee-minguettes-mourad-benchellali

    Mais attention hein, faut pas confondre : on parle là de capitalisme "musulman", "éthique" bien sûr ! À la trappe la lutte de libération en tant que racisé-e-s en articulation avec la lutte des classes ; place au salut capitaliste individuel par l'entreprise et le "bizness". Et si ce n'est pas possible "au quartier", comme Mourad Benchellali s'efforce d'en convaincre les "jeunes", alors il y a la "Terre promise" du "Califat" pour "devenir quelqu'un" ; dans le même esprit que les sionistes allant en Palestine en 1910 ou 1920 ou les colons américains partant vers l'Ouest au 19e siècle. Il n'y a pas à chercher plus loin la racine de ce sionisme musulman qui a déjà poussé des centaines de personnes à partir en Syrie : c'est cet esprit de "devenir quelqu'un" individuellement (fut-ce enrobé dans un pseudo-esprit de "communauté") qui se trouve "bouché" par la structure même du capitalisme en Hexagone et qui se cherche donc un terrain "débouché", plutôt que de "déboucher" les choses sur place en abattant le capitalisme et ses structures racistes (colonialistes intérieures). Mourad Benchellali en est aujourd'hui revenu comme des dizaines d'autres (avec un peu de chance) en reviendront demain. Ce qui est beaucoup moins certain, c'est qu'il ait identifié et extirpé la racine du problème...


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  • http://basnews.com/en/news/2015/03/08/german-socialist-killed-in-war-against-is-in-syria/

    C'est une triste nouvelle qui est tombée ce dimanche : Ivana Hoffmann, allemande d'origine africaine, a été tuée samedi dans les rangs du MLKP au cours d'un combat contre l'"État islamique" près de Tel Tamr (village assyrien - chrétien - du nord-est de la Syrie, près du Rojava kurde).

    De son nom de guerre "Avaşin Tekoşin Güneş", elle était née en Allemagne en 1995 (d'un père togolais et d'une mère allemande) et combattait depuis 6 mois dans les forces du Parti communiste marxiste-léniniste de Turquie, allié du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) et de sa branche "syrienne" (le PYD) contre les expansionnistes réactionnaire de Daesh. "La camarade Avaşin Tekoşin Güneş est immortelle"déclaré le MLKP qui, comme nous l'avions déjà évoqué, appelle les communistes et les révolutionnaires/progressistes du monde entier à soutenir le Rojava démocratique contre les milices de type nazi des pétro-dollars du Golfe (en quête de terrains d'investissement et de valorisation).

    Sa mort fait suite à celle, au cours des dernières semaines, de deux autres volontaires occidentaux engagés aux côtés des YPG (Unités de Protection du Peuple du PYD), un Anglais et un Australien.

    Le dégagement, fin janvier-début février, de la poche de Kobanê est hélas encore loin de signifier la fin victorieuse de la guerre et l'heure de la libération pour les millions d'hommes et de femmes emprisonné-e-s dans le monstrueux projet de "Califat islamique" à cheval sur les États irakien et syrien ; un projet qui ne peut que rappeler (en "miniature") le Lebensraum nazi en Europe ou la "sphère de coprospérité" impérialiste japonaise en Asie-Pacifique, comme construction accélérée et ultra-violente d'une base d'accumulation capitaliste.

    Il faut par ailleurs rester vigilants face aux tentations de type thoréziste, à la tête du PKK, de "vendre" à l'Occident la victoire contre l'hydre djihadiste (qu'il a lui même engendrée !) en échange de son "appui" dans des négociations capitulatrices avec l’État turc. La camarade Ivana avait affirmé, pour sa part, souhaiter poursuivre le combat contre ce dernier après la victoire kurde du côté "syrien" ; chose dont la mort l'a hélas empêchée...

    Rojava : une communiste afro-allemande tuée dans les rangs du MLKP

    "Ses rêves sont nos rêves, sa route est notre route et son souvenir est notre HONNEUR !"

     


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  • Article tunisien de 2013 :


    Il y a 50 ans mourait Abdelkrim El Khattabi, le Che Guevara maghrébin


    Sur la République confédérée des tribus du Rif qu'il proclama et dirigea :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/République_du_Rif
    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/oeil-sur-la-republique-du-rif-la-158298
    http://www.editionsdulys.com/uploads/3/8/9/9/3899427/abdelkrim_et_la_rpublique_du_rif.pdf
    http://www.cbf.fr : Le Rif, Histoire d’une république éphémère

    Par la suite, lorsqu'en 1952-53 (comme l'explique l'article tunisien) la lutte pour la libération du Maroc reprendra, il y aura deux Armées de Libération Nationales (ALN), au Nord et au Sud.

    La première, principalement implantée dans le Rif et profondément dans le prolongement du combat d'Abdelkrim trois décennies plus tôt, sera écrasée après la pseudo-"indépendance" par le régime monarchique (Makhzen) vendu à l'impérialisme, avec son armée commandée par le prince héritier Hassan (bientôt roi et bourreau du pays pendant 40 ans) et constituée... des anciennes unités de tirailleurs de l'armée française (et non de ceux qui avaient lutté les armes à la main pour leur Peuple pendant des années) :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Révolte_du_Rif_(1957-1959)
    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-offensive-du-mekhzan-contre-le-158164
    http://www.youtube.com/watch?v=b8DKaizmtDc
    http://www.dailymotion.com/video/x7pwp3_l-intifada-du-rif-1958-1959_news

    L'ALN du Sud poursuivra quant à elle la lutte contre le colonialisme espagnol qui occupe le "Sahara occidental" (Saguia el-Hamra et Oued ed-Dahab) jusqu'en 1975, lutte violemment réprimée notamment en 1958 par l'opération franco-espagnole Écouvillon... avec la complicité du pouvoir néocolonial marocain (lire ici et ici) ; et sera la principale matrice du Front Polisario (attention l'article en lien est plutôt hostile, mais néanmoins très factuel et donc intéressant) qui combat depuis près de 40 ans le Makhzen pour une République démocratique du Sahara.

    Le drapeau d'Abdelkrim El Khattabi reste encore aujourd'hui un emblème de résistance à la monarchie compradore réactionnaire de Rabat, gérante zélée de l'impérialisme occidental :
    http://www.demainonline.com/2014/06/09/a-amsterdam-le-drapeau-de-la-republique-du-rif-saffiche-sans-gene/

    Il est évident que c'est en se réappropriant cette mémoire historique, soigneusement gommée par l'impérialisme et ses agents locaux, que la jeunesse populaire tant du Maghreb que des colonies intérieures maghrébines d'Europe pourra regarder de l'avant vers la libération révolutionnaire et éviter de tomber dans les voies de garages politiques des "califats" bidons, prônés par quelques "émirs" dégénérés à la solde des pétro-dollars du Golfe...

    Histoire : il y a 52 ans le 6 février 1963 mourrait le héros anticolonialiste marocain Abdelkrim el-Khattabi
    Histoire : il y a 52 ans le 6 février 1963 mourrait le héros anticolonialiste marocain Abdelkrim el-Khattabi
    Histoire : il y a 52 ans le 6 février 1963 mourrait le héros anticolonialiste marocain Abdelkrim el-KhattabiHistoire : il y a 52 ans le 6 février 1963 mourrait le héros anticolonialiste marocain Abdelkrim el-Khattabi
    Histoire : il y a 52 ans le 6 février 1963 mourrait le héros anticolonialiste marocain Abdelkrim el-Khattabi

     


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