• ... c'en est fait : Kobané est devenue la Stalingrad du djihadisme Daesh et de ses sponsors pétro-milliardaires du Golfe ; la fourche caudine du début de la fin pour eux !


    Kobangrado in ogni città !



    http://www.liberation.fr/monde/2015/01/26/l-etat-islamique-chasse-de-kobane-par-les-kurdes_1189005

    http://www.liberation.fr/monde/2015/01/26/kobane-entierement-libere-par-les-kurdes_1189296

    http://www.france24.com/fr/20150126-ei-defaite-kobane-kurdes-syrie-irak-jihadistes-etat-islamique-coalition-etatsunis/

    http://kedistan.fr/2015/01/26/kobane-est-libre/



    Pendant ce temps-là au Kurdistan de Syrie...

    Pendant ce temps-là au Kurdistan de Syrie...

    Pendant ce temps-là au Kurdistan de Syrie...

    Pendant ce temps-là au Kurdistan de Syrie...


    Réaction au sujet d'une saloperie campiste... pro-Daesh qu'un camarade commentateur a porté à notre connaissance :

    Un camarade lecteur nous a fait remonter l'immondice suivant : "Le Bolchévik" a commis un article selon lequel les partis kurdes de l'État irakien pactisant avec l'impérialisme (pas entièrement faux), la chute de Kobané (au profit de Daesh) contrecarrerait les plans de l'impérialisme et serait un encouragement pour les luttes de la classe ouvrière française ! Il faudrait soutenir militairement Daesh contre l'impérialisme mais pas politiquement. Mais ils n'en sont pas à leur coup d'essai !"

    Après vérification, la source est ici http://icl-fi.org/print/francais/lebol/210/procheorient.html et il s'agit de la "Ligue trotskyste de France", connue pour ses régulières prises de position hallucinantes.

    SOYONS SÉRIEUX DEUX MINUTES ET DEMI. En Syrie, les Kurdes et les internationalistes qui se sont portés volontaires à leurs côtés FONT CE QU'ILS ONT À FAIRE face au monstre réactionnaire fanatique de Daesh. Exactement comme (pour prendre un exemple au hasard) les progressistes et les révolutionnaires de Grèce et les éventuels volontaires d'autres pays feraient ce qu'il y a à faire si l'Aube Dorée venait à prendre le pouvoir dans ce pays, ou n'importe quelle force nazie similaire dans n'importe quel pays d'Europe et du monde (comme, au hasard... en Ukraine par exemple ?).

    Les révolutionnaires, les communistes du monde entier COMBATTENT les monstres que l'ordre capitaliste-impérialiste mondial enfante de ses entrailles pourries ; comme hier nos glorieux prédécesseurs combattirent le nazisme (on a célébré hier les 70 ans de la libération d'Auschwitz par l'Armée rouge soviétique).

    Pour autant (nous ignorons si les Kurdes partagent cette position mais nous sommes prêts à en discuter avec eux), cela n'implique pour nous AUCUNE COMPLAISANCE envers les capitalistes et les impérialistes en question, AUCUN AVEUGLEMENT quant aux causes et aux RESPONSABLES des conditions du surgissement de ces monstres - les immondes grands bourgeois "libéraux", "démocrates" ou encore "républicains" qui une fois la "Bête" terrassée se cachent derrière le petit doigt de leur "indignation" bien-pensante, de leurs "devoirs de mémoire" et autres "plus jamais ça" hypocrites !

    Il n'y aura plus de monstres lorsque nous auront mis fin aux ténèbres capitalistes-impérialistes qui les engendrent, et nous y œuvrons chaque jour qui passe. Mais nous n'en combattons pas moins les monstres lorsqu'ils promettent les Peuples à l'esclavage et au génocide.


    KOBANGRAD DANS CHAQUE VILLE ET VILLAGE !

     


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  • Depuis plusieurs mois maintenant - en fait, depuis le début de l'été qui a également vu la terrible offensive de bombardements contre Gaza etc. - la tension est à son comble dans la ville de Jérusalem/Al-Qods et en particulier dans sa partie orientale (dite "arabe").

    palestinien jeruLes affrontements, quasi-quotidiens, ont déjà fait plusieurs dizaines de mort-e-s ; principalement - il va sans dire - du côté palestinien, ce que tentent de nous faire oublier les médias en mettant en avant les quelques actions-suicides ayant frappé des Israéliens.

    En toile de fond de ces affrontements, il y a bien sûr (comme le rappelle le FPLP, lien tout en bas) l'occupation, la colonisation et l'apartheid imposés par le sionisme en Palestine depuis 65 ans ; mais il y a plus spécifiquement un phénomène bien particulier de cette occupation-colonisation : un phénomène que l'on peut qualifier de "gentryfication ethnique" ou "gentryfication coloniale".

    C'est à dire que nous avons finalement affaire comme dans nos métropoles européennes ou nord-américaines (voir ici et ici) à un phénomène de "repoussement" et d'expulsion-"nettoyage" d'une population pauvre/défavorisée au profit de l'habitat d'une population nettement plus aisée - ici, en ce qui nous concerne, à grands coups de "réhabilitations" où l'explosion du prix du mètre carré vaut bien toutes les armes de guerres, mais aussi par des moyens de "quadrillage" et de harcèlement policier visant à rendre la vie impossible aux habitants de classe populaire. Mais à la différence (et donc avec un NIVEAU DE VIOLENCE BIEN SUPÉRIEUR, soulignons-le bien face aux "professionnels des procès d'intentions") que nous sommes en Palestine sur une ligne de front directe entre "Nord" et "Sud", dans une situation coloniale où une population de "Blancs occidentaux" sociaux dotée de forces productives supérieures s'est emparée du territoire d'une population indigène sociale moins "développée" - ces deux populations, à savoir les Israéliens et les Palestiniens, remplaçant les "catégories aisées" et les "revenus modestes". Donc avec une dimension "ethno"-nationale-coloniale et (on l'a dit) un niveau de violence sans comparaison : violence d'une armée et d'une police colonialistes et violence de la résistance populaire qui lui répond en conséquence, avec déjà plus de 80 ans d'héritage de lutte derrière elle. Mais nous sommes cependant bel et bien dans la même logique.

    Dans cette perspective, les éléments extrémistes religieux et ultra-sionistes qui brandissent l'argument de la "promesse divine au Peuple juif" jouent simplement un rôle d'"avant-garde" ou d'"éclaireurs" : des éléments plus "laïcs" et moins politisés (et souvent aussi plus aisés !) ne tarderont pas à suivre... et le marché capitaliste qu'ils représentent avec eux, puisque c'est de cela qu'il s'agit en réalité - les autochtones palestiniens n'étant pas un "bon marché", un marché palestinien-pierre-manif_sn635.jpgsuffisamment lucratif (houla attention ! nous avons employé les mots "marché", "capitaliste" et "lucratif" beaucoup trop près du mot "juif" et cela - vous allez voir - va nous valoir les anathèmes de quelques bandes de conneaux bien connus...).

    En réalité, les "arguments" historiques et religieux de part et d'autre donnent au conflit palestinien sa dimension passionnelle, mais pas son existence. La racine de ce qu'il se passe en Palestine (comme dans bien d'autres endroits du monde !) n'est tout simplement pas autre chose que la logique même du capitalisme : EXPANSION PERPÉTUELLE du marché/base d'accumulation comme condition de la REPRODUCTION DU CAPITAL et extension permanente du "domaine" des "gagnants" de celui-ci (ceux qui assurent, en produisant comme en consommant, un taux de profit optimal) au détriment des "perdants". Ceci dans une situation (on le répète) un peu particulière qui est une situation coloniale, c'est-à-dire "pipée dès le départ" : le déséquilibre intercontinental des forces productives au profit des arrivants-colons fait que ces derniers arrivent déjà gagnants.*

    Nous avions déjà montré comment le sionisme n'était finalement qu'un sous-produit idéologique (à destination d'une population spécifique : la minorité juive opprimée d'Europe) et une expression spécifique locale (en Palestine) de cette logique intrinsèque du capitalisme dans un article consacré à la "mise en valeur"  - dans une logique absolument identique !! - des Landes de Gascogne au 19e siècle : créer une base d'extraction de plus-value (par la production ou la consommation ou les deux) en investissant et en "capitalisant" un territoire dont la population est soit transformée en force de production et/ou de consommation, soit chassée/reléguée soit même carrément liquidée. On pourrait également établir un parallèle (mais là encore attention aux procès en "antisémitisme", donc précisons bien qu'il s'agissait d'un projet particulièrement radical et d'ailleurs jamais réalisé) avec le Generalplan Ost nazi qui prévoyait de "tisser", jusqu'aux confins de la Sibérie et du Caucase, une "toile" de "cités idéales" germano-aryennes (marché/base d'accumulation "idéale") dans les interstices desquelles la population slave (les "perdants") aurait été vouée pour moitié à constituer une masse "hilote" (de force de travail esclave) et pour l'autre à mourir de faim - les Juifs et les Rroms étant quant à eux, à de rares exceptions près, des "improductifs indésirables" à faire disparaître. Rien de tel certes (gardez donc vos procès d'intentions !) en Palestine, où les plans les plus radicaux ne prévoient pas d'exterminer mais "simplement" de faire partir (en rendant la "vie impossible" par laisrael-bulldozer-palestine-mosque.jpg brutalité des troupes d'occupation, les bombardements meurtriers etc.) le plus possible de Palestiniens en ne gardant qu'une minorité prête à courber l'échine (produire de la plus-value) sans broncher ; mais le rapprochement avec la "toile" "tissée" par les colonies (reliées entre elles et au mainland par des routes réservées, séparées des Palestiniens par des murs et rétrécissant toujours plus leur espace disponible) peut toutefois laisser songeur...

    Ceci NON PAS parce que "sionisme = nazisme" ; mais parce que sionisme comme nazisme (avec une barbarie sans comparaison dans ce dernier cas) comme colonialisme dans les Amériques, en Afrique et ailleurs, comme "Conquête de l'Ouest" par les États-Unis et même construction et "mise en valeur" des États modernes en Europe elle-même obéissent en dernière analyse à la MÊME LOGIQUE que nous venons d'exposer !
    [sur ce sujet d'"Israël-Palestine comme microcosme des rapports Nord-Sud", l'on peut voir ici une traduction résumée de l'idée-force de cet article en anglais]

    Ce qui fait - finalement - la particularité de la Palestine, c'est que son histoire très particulière (qui en fait la terre "sainte" des trois grandes religions "du Livre", regroupant ensemble plus de la moitié de l'humanité) ainsi que l'histoire particulière des parties en présence lui vaut un "éclairage" médiatique particulier ; lequel éclairage va "tomber" pile poil sur des mécanismes à l’œuvre de manière particulièrement flagrante... qui sont les mécanismes au fondement même (hier comme aujourd'hui !) du monde capitaliste dans lequel nous vivons tou-te-s !

    Voici une petite revue de presse au sujet des actuels évènements à Jérusalem/Al-Qods :
    Jérusalem occupée : qui a vendu les appartements de Silwan aux-colons ?
    Des colons s'emparent de 23 appartements à Silwan
    En photos et en détail : 26 maisons aux mains des colons à Silwan
    Jérusalem en danger pendant que le monde dort
    Colonies israéliennes : la construction de 78 logements approuvée à Jérusalem-Est
    L'adolescent de Jérusalem blessé par un soldat israélien la semaine dernière est mort de ses blessures
    58 mineurs palestiniens derrière les barreaux après un été de protestation à Jérusalem-Est
    Vifs affrontements à Jérusalem
    Affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes dans le nord de Jérusalem
    La révolte de la jeunesse à Jérusalem conduira-t-elle à un soulèvement ?
    Jérusalem brûle
    Israël fait d’Al-Aqsa une poudrière
    La judaïsation de Jérusalem

    Lire aussi : L'occupation est responsable de l'escalade à Jérusalem (FPLP)


    Au sujet de ce qui vient d'être dit, nous ne pouvons que vous inciter aussi à découvrir la géographie sociale marxiste de David Harvey



    colonie_isr_JerEst.jpg postimg03


    * Et c'est ce qui fait que, quels qu'aient été les idéaux généreux voire "socialistes" dont il a pu se parer à l'origine et le caractère ultra-opprimé des Juifs quittant l'Europe pour s'installer en "Terre promise" (toutes choses qu'aiment tant mettre en avant ses défenseurs "de gauche" voire "d'extrême-gauche"), le sionisme ne POUVAIT PAS DEVENIR AUTRE CHOSE que ce qu'il est devenu aujourd'hui. Car ce qui compte en dernière analyse, c'est ce déséquilibre des forces productives entre l'arrivant et l'autochtone (raison pour laquelle d'ailleurs, n'en déplaise à l'argumentaire des Le Pen et Zemmour et consorts, l'immigration n'est PAS une "colonisation inversée") et non le caractère opprimé de l'arrivant dans son pays d'origine.

    Pour nous, Occitans, le fait que des opprimés partis vers une terre lointaine puissent s'y transformer en oppresseurs n'a rien de surréaliste puisque la communauté afrikaner d'Afrique du Sud REGORGE de descendants de huguenots occitans chassés par les persécutions de Louis XIV : le nazi Eugène Terre'Blanche (originaire de Provence), le docteur Malan (un fondateur et idéologue de l'apartheid) ou encore le "docteur de la mort" Wouter Basson (le Mengele sud-africain...)... C'est sans états d'âme que leurs ancêtres, victimes d'une répression atroce dans leur pays natal pour avoir représenté (l'espace d'un siècle) un intolérable contre-pouvoir occitan face à l'État centralisateur parisien, se transformèrent une fois au pays des "Cafres" en colons impitoyables persuadés de leur "droit divin" (que la "Divine Providence" leur avait "offert" cette terre...).

    L'on pourrait encore citer l'Australie où la plupart des colons massacreurs d'Aborigènes étaient des sous-prolétaires anglais, irlandais ou écossais déportés là-bas pour avoir enfreint les lois de leurs exploiteurs et (dans le cas des Irlandais, Écossais ou Gallois) de leurs occupants. Et c'est sans même parler du cas (peut-être) le plus sidérant et emblématique : celui des esclaves afro-descendants libérés aux États-Unis et "renvoyés" en Afrique pour y fonder le Libéria, un protectorat colonial (de fait) pour leurs anciens maîtres et tortionnaire, dédié notamment à l'extraction du caoutchouc et où ils formeront la caste dominante de cette "république" proclamée en 1847, privant les autochtones de tout droit civique...

    Dans la plupart des colonies "françaises", l'appareil de domination était très largement constitué d'agents issus des Peuples "provincialisés" et périphérisés de "métropole" (Occitans, Corses, Bretons, Basques etc.), presque aussi méprisés (lorsqu'ils "montaient" travailler à Paris) que les immigrés maghrébins ou africains aujourd'hui mais se transformant tout naturellement en "race supérieure civilisatrice" (pour reprendre les mots de Jules Ferry, d'ailleurs lui-même lorrain, Peuple annexé et "provincialisé" à la fin du 18e siècle) lorsqu'ils abordaient les rivages d'Algérie, du Gabon ou du Tonkin.

    L'on peut citer à ce titre l'(assez marxisant) historien belge Jacques R. Pauwels, parlant de l'Empire colonial de son pays :

    "En acquérant des colonies, les pays pouvaient se débarrasser de leurs citoyens « gênants » : les classes inférieures qui, aux yeux de l’élite, étaient surpeuplées. Les gens trop pauvres, on pouvait s’en débarrasser en les envoyant dans les colonies.

    L’impérialisme était donc aussi une manière de résoudre les problèmes sociaux. Les pauvres pouvaient faire carrière dans ces colonies. De la sorte ils se muaient en patriotes, au lieu de rester des emmerdeurs. En les laissant intervenir de façon agressive dans les colonies, ils ne posaient plus le moindre problème dans la métropole.

    Il y avait par exemple pas mal de fils de fermiers sans travail, et ce du fait que l’agriculture devenait trop productive. Ces gars, on pouvait les envoyer au Congo comme missionnaires. On a expédié là-bas une vingtaine de missionnaires de chaque bled agricole flamand. On leur a collé un uniforme sur le dos et, dès lors, ils ont pu aller jouer au patron chez les Noirs."

    Tout simplement parce que le statut d'opprimé, de relégué, de périphérisé voire pratiquement... de colonisé (Irlandais) du colon dans son pays d'origine est inopérant (à de rares exceptions près) une fois arrivé dans le pays à coloniser : c'est le rapport de force découlant de la possession (ou de la capacité d'appropriation rapide) de forces productives qui détermine la constitution mentale en "race supérieure" et (par conséquent) celle de l'autochtone en "race inférieure" (tout ceci s'enrobant par la suite d'"argumentaire" tant religieux que "scientifique"). Les États "métropoles" puis les Empires capitalistes, en tant que bases d'extraction de plus-value, se sont ainsi construits et développés en cercles concentriques de périphéries autour des Centres du pouvoir bourgeois ; et tant que les masses n'ont pas compris cela, un "cercle" de périphérisation plus proche du Centre peut se montrer (en apparence) plus oppresseur vis-à-vis d'un cercle plus "lointain" que le Centre en question lui-même, qui s'abrite confortablement dans ses tours d'ivoire bien-pensantes et délègue les basses besognes.


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  • kurd2Après avoir évoqué la mort tragique d'Hervé Gourdel aux mains d'émules algériens du sinistre Daesh, et rappelé quel "phare" de la Révolution mondiale devait être - pour tout maoïste et même tout marxiste - la Guerre populaire en Inde, il nous faut maintenant parler de ce qui n'est peut-être pas encore un "phare" mais très certainement une lueur d'espoir dans la nuit d'horreur qui s'est abattue sur le Proche et le Moyen Orient : la résistance héroïque du Peuple kurde qui, notamment en Syrie mais aussi en "Turquie" et en Irak, combat aussi bien les régimes bureaucratiques-compradores à la solde de l'impérialisme (impérialisme occidental comme l’État turc ou bloc russo-chinois comme le régime Assad, peu importe !) que le nouveau monstre du clair-obscur du djihadisme ("État islamique"/Daesh, Front al-Nosra etc.), jailli des entrailles putrescentes de cet état de fait impérialiste.

    Telle est en effet la réalité des choses : l'impérialisme, la concurrence (entre puissances) en son sein et les monstres qu'il engendre (de fait, les expressions armées de concentrations capitalistes locales qui n'acceptent plus la tutelle du "Nord") parsèment la planète de conflits sanguinaires, mais dans tous ces conflits ou presque existent des forces positives auxquelles les communistes se doivent d'apporter leur soutien. Au Proche et Moyen Orient, la résistance et surtout (bien entendu) la résistance PROGRESSISTE des Kurdes (PKK, PYD) en fait partie.

    Nous l'avions déjà évoquée il y a quelque mois en traduisant un article maoïste états-unien qui y voyait l'embryon d'une Guerre populaire locale - en Syrie du moins, car en Irak les peshmergas luttent non moins héroïquement mais sous l'autorité d'un Kurdistan "autonome" (depuis 1992) totalement bourgeois et lié à l'impérialisme occidental (c'est même son "meilleur élève" dans la région).

    kurd820 Dans la région de l’État syrien appelée Rojava (ce qui signifie "ouest" en kurde : "Kurdistan occidental"), c'est en réalité depuis 2012 que les Unités de Protection du Peuple (YPG du PYD, lié au PKK du Kurdistan "turc") ont rejeté tant la botte du régime baasiste que celle de l'opposition pro-occidentale et djihadiste et ont conquis une autonomie de fait où sont mis en application les principes du "confédéralisme démocratique" (lire aussi ici et ici).

    C'est une lutte inégale et difficile car si l'impérialisme occidental s'oppose lui aussi (officiellement) tant au régime de Damas et à son allié iranien qu'aux djihadistes (et l'impérialisme russo-chinois tant aux forces pro-occidentales de l'ASL qu'aux mêmes djihadistes), il ne souhaite évidemment pas voir se consolider dans la région ce qui pourrait bien devenir une BASE ROUGE de la Révolution mondiale.

    Les combats font actuellement rage dans le secteur de Kobanê :
    http://www.actukurde.fr/<wbr>actualites/687/les-kurdes-<wbr>syriens-seuls-mais-determines-<wbr>a-vaincre-daesh.html
    http://www.actukurde.fr/<wbr>actualites/686/les-kurdes-<wbr>avancent-en-syrie-et-en-irak.<wbr>html
    http://www.actukurde.fr/<wbr>actualites/688/kurdistan-<wbr>syrien-la-resistance-de-<wbr>kobane-est-la-stalingrad-du-<wbr>moyen-orient.html
    http://www.dailymotion.com/<wbr>video/x26tg9l_vive-la-<wbr>resistance-de-kobane-au-<wbr>kurdistan_news

    Du côté "turc", la jeunesse prolétaire et paysanne kurde se rue à la rescousse de ses frères "syriens" pour combattre à leurs côtés, mais l’État turc (qui "combat" officiellement le Daesh au sein de la coalition occidentale) ne veut bien entendu pas entendre parler d'un tel sentiment populaire kurde transfrontalier et les réprime très brutalement :
    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20141008.OBS1410/kobane-les-emeutes-kurdes-ont-fait-14-morts-en-turquie.html
    http://www.leparisien.fr/international/en-turquie-les-manifestations-kurdes-pour-kobane-font-14-morts-08-10-2014-4196665.php

    En Hexagone, les communautés kurdes ont appelé à des rassemblements en solidarité avec la lutte là-bas, comme par exemple ce samedi à Marseille/Marselha.

    À Paris, les militant-e-s d'Alternative Libertaire ont prononcé une allocution que (bien que maoïstes et non libertaires) nous partageons très largement dans les grandes lignes - et que nous reproduisons donc :


    ALLOCUTION D’ALTERNATIVE LIBERTAIRE


    kurd3 Aujourd’hui, Kobanê, au Kurdistan occidental, est assiégée par les forces barbares de l’État islamique – Daech.

    Aujourd’hui, Kobanê se bat pour la liberté, pour la démocratie et pour les droits des femmes.

    Aujourd’hui, Kobanê se bat héroïquement, malgré le double jeu du gouvernement turc, malgré les atermoiements de la coalition dirigée par Washington.

    Aujourd’hui, Kobanê est devenu le symbole de la résistance du Rojava syrien, mais pas seulement.

    Si Kobanê tombe, ce n’est pas seulement tout le Rojava qui sera menacé, c’est aussi un modèle politique et social : celui du confédéralisme démocratique et de l’autonomie démocratique, édifié depuis le 19 juillet 2012.

    C’est pourquoi, sous le drapeau des Unités de protection populaire (YPG) qui défendent Kobanê, on trouve côte à côte des miliciennes et des miliciens kurdes, arabes, turcs, qu’ils soient musulmans, yézidis, chrétiens ou athées. Toutes et tous se battent côte à côte contre les fanatiques.

    C’est pourquoi la défense de Kobanê et du Rojava syrien intéresse non seulement le peuple et la diaspora kurde, mais aussi toutes et tous les partisans de l’émancipation, les féministes, les anticolonialistes et les anticapitalistes.

    Kobanê doit pouvoir compter sur les milliers de jeunes gens, révolutionnaires, syndicalistes, anticolonialistes, libertaires qui sont venus de toute la Turquie pour défendre la ville, et qui aujourd’hui sont bloqués à la frontière par l’armée turque.

    Car Kobanê et le Kurdistan n’ont pas pour seul ennemi l’État islamique.

    Ils ont d’autres ennemis, plus sournois, qui aimeraient que Daech fasse le « sale boulot » à leur place : Bachar el-Assad et Recep Tayyip Erdoğan.

    kurd1Quant aux États-Unis, après avoir longtemps hésité, ils ont bombardé les forces de Daech qui assiègent Kobanê. Cependant, il faut savoir que s’ils ne souhaitent pas la victoire de Daech, ils ne souhaitent pas non plus la victoire du modèle politique et social que représente le Rojava.

    On parle aujourd’hui d’une possible intervention terrestre contre Daech dans la région de Kobanê. Pourtant ce serait une catastrophe si demain, au nom de la lutte contre le djihadisme, l’armée turque occupait militairement le Rojava. Ce serait la fin de l’autonomie populaire, le démantèlement des milices d’autodéfense, la prison pour les révolutionnaires.

    Le peuple kurde a besoin d’armes pour défendre Kobanê et le Rojava. Il n’a pas besoin de subir l’occupation de l’armée turque ou américaine.

    Vive Kobanê libre, vive le Kurdistan libre, vive la révolution.


    ***************************************************************

    On signalera aussi qu'à Strasbourg (Elsass), des militants kurdes ont subi l'agression de nationalistes turcs.

    Les camps de la Révolution et de la Réaction mondiale se cristallisent de manière tous les jours plus claire, même lorsqu'au niveau des "relations internationales" et de la "géopolitique" le plus grand "méli-mélo" semble régner...

    kurd6

    De fait, si les conceptions de ces héroïques combattant-e-s kurdes (voir aussi ici) peuvent sembler fort éloignées des canons du marxisme voire apparaître comme "pure hérésie (pardon) révisionnisme" à d'aucun-e-s*, elles nous semblent bien - à nous - tendre vers notre conception de la société à construire : un "État" oui, au sens d'instrument politique d'une classe (en l’occurrence le prolétariat et les autres classes populaires, laborieuses) pour défendre ses intérêts et son projet politique (en l'occurrence la vraie démocratie qui est le socialisme, l'émancipation humaine totale qui est le communisme !), mais un "État" qui par sa nature de classe différente (non-bourgeoise) ne peut être que de type radicalement nouveau ; un État par et pour le Peuple consistant en une fédération des unités de base du Pouvoir populaire que nous appelons (en référence à notre histoire occitane et "française") les Communes (mais que les Kurdes et les autres peuples peuvent tout à fait appeler autrement), fondé sur la subsidiarité et la délégation du bas vers le haut et permettant au demeurant, comme expression des Peuples qui sont frères et non des bourgeoisies qui sont par nature concurrentes, d'unifier de vastes territoires en transcendant les appartenances "ethniques" et/ou religieuses et sans reposer sur la suprématie d'un groupe sur un autre - ne serait-ce pas d'ailleurs (justement) cette rupture avec la conception bourgeoise de l’État qui aurait été insuffisante chez les marxistes-léninistes du siècle dernier, tout juste (peut-être) esquissée dans la Chine de la Révolution culturelle ou l'effervescence cubaine des années 1960 ?

    De fait et en définitive, avec leur confédéralisme qui veut faire coexister démocratiquement tous les Peuples et toutes les confessions, ils et elles sont les véritables héritier-e-s de Salah ad-Dine (kurde lui-même) À UN NIVEAU SUPÉRIEUR, n'en déplaise à tous ces sionistes musulmans djihadistes qui prétendent "restaurer le Khilafah" !

    SOLIDARITÉ INTERNATIONALISTE AVEC L'HÉROÏQUE RÉSISTANCE DU PEUPLE KURDE !


    kurd5.jpgKurds.jpg


    * D'aucuns pourront notamment souligner la ressemblance de ces thèses avec la pratique des caracoles (communautés auto-gouvernées) des zapatistes (EZLN du "sous-commandant Marcos") au Chiapas, dont il n'est d'ailleurs pas improbable qu'elles s'inspirent, ou encore (à une bien moindre échelle) avec les squats de totos en Occident, telle ou telle expérience d'autogestion en entreprise (Lip etc.) ou coopérative agricole de babas cools dans les Cévennes ou ailleurs etc. ; pour les recouvrir bien évidemment de tous les épithètes qui leur servent d'arguments politiques : "petit-bourgeois", "idéaliste" etc. etc. Mais le problème de ces caracoles mexicains ou de ces entreprises autogérées, est-il vraiment là ? Est-il de ne pas être des formes d'organisation sociale et de rapports de production tendant vers le communisme ? NON, le problème n'est pas là. Les caracoles zapatistes du Chiapas sont des modèles très intéressants pour ce que nous appelons la Commune populaire. Les entreprises autogérées et les coopératives "néo-rurales" constituent des rapports de production tout à fait conformes à ce que nous appelons le socialisme. Leur problème, c'est de penser pouvoir coexister avec un État et une économie encore totalement capitalistes. Leur problème, c'est de penser que l’État et l'ordre social bourgeois se dissoudront devant eux et non qu'ils doivent être DÉTRUITS par une Guerre du Peuple. L'EZLN du "sous-commandant Marcos" assume ouvertement son refus de combattre l’État bourgeois (semi-féodal semi-colonial) mexicain pour le détruire : elle estime que les caracoles "peuvent" exister en son sein et que petit à petit, face à cette expérience sociale, l’État "évoluera", se "démocratisera" etc. etc. (et l’État, lui, s'est accommodé de cette "épine dans le pied acceptable" du moment que la situation est sous contrôle - si tel n'était pas le cas, bien évidemment, il mettrait tout en œuvre pour écraser le zapatisme). C'est également en substance (à une bien plus petite échelle on l'a dit) la conception de l'"autonomie" et des squats dans les pays occidentaux : l’État est contesté, confronté mais pas vraiment combattu au sens d'une véritable GUERRE pour le DÉTRUIRE. On s'imagine qu'il s'"effondrera" de lui-même devant le développement de l'auto-organisation populaire. Les entreprises autogérées et autres coopératives d'esprit égalitaire et collectiviste s'imaginent de la même manière pouvoir exister au sein d'un appareil productif national totalement capitaliste, espérant peut-être faire "tache d'huile" etc. etc.
    Les Kurdes, pour le moment, luttent les armes à la main contre les États turc et syrien et la proposition étatique ("califat") des djihadistes sur le Nord de l'Irak et l'Est de la Syrie : l'idée d'une "coexistence" entre leur projet de société et celui de leurs adversaires ne semble donc pas leur effleurer l'esprit. Mais attention : les zapatistes, après tout, ont eux aussi pris les armes au début (le conflit, début 1994, a fait plusieurs centaines de victimes), nonobstant leur ligne de non-destruction de l’État... Et l'on sait que depuis l'an dernier des négociations ont pu s'amorcer entre le direction (emprisonnée) du PKK et l’État turc - de fait, le dialogue a commencé à se nouer voilà plus de 10 ans, dep uis qu'en 2002 le gouvernement AKP a mis partiellement fin à l'intransigeance kémaliste sur la question. Le "confédéralisme démocratique" kurde se trouve donc à cette croisée des chemins : s'il comprend et assume la nécessaire destruction des États qui emprisonnent les Kurdes au Proche et Moyen Orient (et le rejet radical de l'impérialisme dont ils sont la création et l'instrument), il devra nécessairement assumer la Guerre populaire et le maoïsme. S'il croit au contraire (comme l'EZLN de Marcos avant lui) pouvoir "coexister" avec eux (genre "sous la protection des Nations Unies" et autres fadaises), il dégénèrera en une nouvelle forme d'ultra-démocratisme "participatif'" petit-bourgeois...

     


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  • feiglin-019.jpgAprès avoir cité les propos de l'intellectuel progressiste états-unien Norman Finkelstein, nous saisirons ici l'occasion de parler de Moshe Feiglin. Le Likoud est un parti de droite et le principe d'un parti de droite, c'est qu'il y a toujours un ou deux gars pour dire tout haut ce que beaucoup sinon la majorité, par souci de "respectabilité", pensent tout bas : Moshe Feiglin est de ceux-là. Il est loin d'être un personnage "marginal" dans le paysage politique israélien : il dirige au sein du Likoud le courant Manhigut Yehudit ("Leadership juif"), qui est un peu en quelque sorte la "Droite forte" ou la "Droite populaire" locale, et il a réuni en 2007 près d'un quart des militants sur son nom dans des primaires l'opposant à... Netanyahu. Il incarne depuis 1993 la "désobéissance civile" réactionnaire israélienne contre les Accords d'Oslo, "désobéissance" qu'il veut cependant "non violente" contrairement à d'autres (comme les cousins locaux de la LDJ), bien qu'il ait pu soutenir "moralement" des actes violents comme le massacre de 23 Palestiniens à Hébron par le colon extrémiste Baruch Goldstein (en 1994). Il aurait également exprimé en 1995 une "certaine" admiration pour... Adolf Hitler : "Hitler était un génie militaire inégalé. Le nazisme a fait passer l’Allemagne d’un bas niveau à un niveau physique et idéologique fantastique. Les jeunes loqueteux ont été transformés en une catégorie propre et ordonnée de la société et l’Allemagne a disposé d’un régime exemplaire, d’un système de justice adéquat et de l’ordre public. Hitler aimait la bonne musique. Il pouvait peindre. Les nazis n’étaient pas une bande de voyous" ; avant d'affirmer que ses propos avaient été "déformés". Ses frasques lui ont valu d'être... interdit de séjour au Royaume-Uni, pourtant soutien indéfectible d'Israël s'il en est. Il incarne de fait, au sein du Likoud, l'esprit ouvertement ultra-nationaliste et "nettoyeur ethnique", fortement mâtiné d'incantations religieuses tout en restant ouvert aux Juifs libéraux (sur le plan de la religion) et laïcs, et saupoudré de quelques conceptions "libertariennes" (il milite ainsi pour la légalisation du cannabis, au nom de la "liberté individuelle absolue").

    Il ne représente donc pas l'aspect du sionisme consistant en la "réaction" d'une minorité opprimée face à l'antisémitisme, la volonté de se "mettre à l'abri" (tant qu'à faire en "Terre promise") et même, pourquoi pas, de réaliser dans ce "refuge" un "idéal" démocratique et égalitaire - quand bien même cela aboutirait dans les faits à une réalité colonialiste donc réactionnaire ; mais bien l'aspect du sionisme qui veut ouvertement "copier" les nationalismes non-juifs (généralement antisémites) pour se "hisser à leur niveau", en être "respecté" et leur "parler d'égal à égal" - d'où les déclarations nauséabondes sur Hitler, qui se sont multipliées ces dernières années dans la droite dure israélienne comme par exemple avec l'actuel Ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman ("si j'étais allemand sous Hitler ? ma fidélité irait à l’État"). Cet aspect a toujours existé avec Jabotinsky, les Birionim d'Abba Ahiméir, le Lehi etc., mais la réalité coloniale en Palestine (et la résistance qu'elle suscite) a fini par le rendre clairement hégémonique ; alors que le premier aspect dominait évidemment à l'époque où l'antisémitisme faisait rage en Europe et où le sionisme, s'il voulait simplement exister politiquement, devait se présenter ainsi aux masses populaires juives. bombardement-GazaLogiquement, cette insulte à la conscience de Peuple juive devrait tôt ou tard provoquer de grandes ruptures jusque dans le mouvement sioniste lui-même - du moins faut-il l'espérer. Cela montre en tout cas la schizophrénie extrême de ces gens qui ne peuvent dissimuler leur sympathie pour le IIIe Reich tout en invoquant, à la première roquette qui tombe sur Israël, le souvenir de la Shoah et le risque d'une "nouvelle" !

    Dans le récent conflit-massacre contre Gaza, Feiglin clame donc encore une fois "tout haut" ce que le Likoud - devenu hégémonique dans la société israélienne - pense "tout bas", sous couvert d'"antiterrorisme". Il a rédigé et adressé une lettre ouverte au Premier ministre Netanyahu dans laquelle il préconise tout simplement (ni plus, ni moins) de terminer la Nakba (le nettoyage ethnique de la Palestine) pour Gaza et ses 1,8 millions d'habitants ; et dont voici la source sur le site même de son courant (en anglais) afin de bien montrer que rien n'est "inventé" : http://www.jewishisrael.org/deal-gaza-letter-pm-netanyahu-moshe-feiglin/

    Nous sommes obligés d'en traduire nous-mêmes quelques passages car le fait est qu'ici, on n'en trouve l'évocation que sur des sites antisémites ("Croah" de "Joe le corbeau" etc.) ou "islamistes" aux conceptions et connections parfois douteuses ; alors même que le débat fait rage sur la question des sources qui peuvent être partagées sur Internet au sujet de la Palestine... Mais la vraie question qui mériterait d'être posée ne serait-elle pas : comment se fait-il qu'il n'y ait PAS UN SEUL site non-antisémite, non-religieux, non-conspi, non-soralo-dieudonniste bref en un mot PROGRESSISTE pour relayer une telle information, dès lors que celle-ci est avérée et assumée sur le site même du mouvement de Feiglin et que la presse bourgeoise anglo-saxonne la plus sérieuse qui soit l'évoque sans aucun problème ???

    Voici quelques passages traduits :

    Gaza 357086b"Ce qu'Israël doit désormais intégrer, c'est que le temps d'Oslo est révolu : (la Palestine) est NOTRE pays et notre pays exclusivement, Gaza comprise. Il n'y a pas deux États, il n'y a pas deux Peuples. Il ne peut y avoir qu'un seul État pour un seul Peuple.

    Après avoir intégré ceci, nous devons réviser profondément et minutieusement notre stratégie : définition de l'ennemi, définition des tâches opérationnelles, définition des buts stratégiques et, bien entendu, une nécessaire et appropriée éthique de guerre.

    1. Définition de l'ennemi : l'ennemi stratégique est l'Islam extrémiste arabe sous toutes ses métastases (de l'Iran à Gaza) qui cherche à anéantir Israël entièrement. L'ennemi direct est le Hamas (pas les tunnels, pas les roquettes : LE HAMAS).

    2.  Définition des tâches : conquête de la Bande de Gaza toute entière et élimination de toutes les forces combattantes et de leurs supporters [euh... à Gaza cela veut dire la grande majorité de la population !]

    3.  Définition de l'objectif stratégique : faire de Gaza une autre Jaffa, une ville israélienne florissante avec un nombre minimal de civils hostiles.

    4.  Définition de l'éthique de guerre : “Malheur à celui qui fait le mal et malheur à son voisin” [citation biblique]

    À la lumière de ces quatre points, Israël doit conduire l'action suivante :

    A. Les Forces de Défense d'Israël doivent désigner des zones vierges à la frontière du Sinaï, au bord de la mer, dans lesquelles parquer la population civile loin des zones construites qui servent pour le lancement de roquettes et le creusement de tunnels. Dans ces zones seront établis des campements de tentes, en attendant de trouver des destinations d'émigration sérieuses.nakba camp réfugié L'électricité et l'approvisionnement en eau des zones antérieurement habitées doivent être coupés.

    B. Les zones antérieurement habitées seront bombardées avec une puissance de feu maximale. Les infrastructures civiles et militaires du Hamas, ses moyens de communication et sa logistique doivent être détruits entièrement, de fond en comble.

    C. Les Forces de Défense d'Israël doivent quadriller la Bande de Gaza en long, en large et en travers, élargir significativement les routes, prendre le contrôle des points stratégiques et détruire les poches de résistance - s'il en reste.

    D. Israël commencera à attribuer des pays d'accueil et des quotas d'immigration pour les réfugiés de Gaza. Ceux qui souhaiteront émigrer se verront offrir une aide économique généreuse et arriveront dans leurs pays d'accueil avec des capacités économiques significatives.

    E. Ceux qui insisteront pour rester, s'il est prouvé qu'il n'ont aucune affiliation avec le Hamas, devront signer publiquement une déclaration de loyauté envers Israël. Ils recevront alors une carte d'identité bleue comme celle des Arabes de Jérusalem Est.

    F.  Lorsque les combats auront pris fin, les lois israéliennes seront étendues à l'ensemble de la Bande de Gaza. Les personnes expulsées du Gush Katif (le bloc de colonies de Gaza, évacué par Sharon en 2005) seront invitées à regagner leurs villes et villages et la ville de Gaza sera reconstruite comme une ville touristique et commerciale israélienne."

    Donc voilà : il est bien question de camps de concentration (regroupement forcé dans des campements de tentes), nullement de "camps d'extermination" contrairement à ce que prétendent "Croah" et compagnie (dans leur misérable tentative de réhabiliter le fascisme européen en montrant que "les Juifs font pire") mais bien, en revanche, du massacre de plusieurs dizaines de milliers de personnes (on voit mal comment un tel plan serait réalisable autrement) et du "nettoyage nakba_image_slide_10_430.jpegethnique" total de plus d'un million d'autres... Et tout ceci est, "dit tout haut", la conception de (sans doute) une majorité du Likoud et de la bourgeoisie israélienne dans le récent conflit, bien qu'obligée de présenter internationalement les choses comme une "défense contre le terrorisme" et pensant, peut-être, arriver au même résultat de manière plus subtile - en rendant la vie des Gazaouis tellement impossible qu'ils et elles s'en iront petit à petit...

    Il n'y a là, comme nous l'avons expliqué, aucune "antithèse" de l'impérialisme, du capitalisme et du nationalisme européen-chrétien (en particulier "français") que ces "atrocités juives" "réhabiliteraient", ni sous sa forme "démocratique" ni encore moins sous sa forme fasciste (Reich hitlérien etc.) ; mais au contraire son prolongement total et de fait, tout simplement, son produit idéologique et son bras armé au Proche-Orient ; même si ménager les gouvernants arabes implique parfois de "hausser le ton" contre des pratiques trop "disproportionnées" : HONTE AUX IMPOSTEURS QUI PRÉTENDENT LE CONTRAIRE pour tenter de misérablement  "redorer le blason" du capitalisme, de l'impérialisme, du militarisme et du fascisme européen !

    Mais il n'y a là, non plus, rien qui ressemble de près ou de loin à "deux camps bourgeois également réactionnaires" qu'il s'agirait de renvoyer dos à dos : HONTE AUX IMPOSTEURS notamment "antifascistes", d'"extrême-gauche", "marxistes" ou "anarchistes" qui prétendent le contraire !

    Il y a là (car les choses ne sont pas terminées, tout au plus remises à plus tard) un plan de nettoyage ethnique ET SOCIAL, car les Gazaouis ne sont pas avant tout des non-juifs mais avant tout des PAUVRES et des INDIGÈNES non-occidentaux ; un plan qui est le produit de la crise générale du capitalisme et de sa fuite en avant criminelle contre les Peuples et un reflet en modèle réduit de la manière dont la pieuvre capitaliste-impérialiste étend ses tentacules sur la planète, de l'affrontement mondial entre l'impérialisme et les Peuples et entre révolution et contre-révolution. Et NON Gaza n'est pas et ne doit pas être le "ghetto de Varsovie" - lieu d'une résistance héroïque mais sans espoir ; comparaison visant à permettre une "solidarité" occidentale dégoulinante de paternalisme : GAZA DOIT ÊTRE STALINGRAD, GAZA DOIT ÊTRE HANOÏ, un défi à la barbarie impérialiste et peut-être un jour son tombeau !


    Enfants-jouant-a-Gaza.jpg


    PS : l'inénarrable Jacques Kupfer du Likoud de France (co-président du Likoud mondial) a lui aussi encore récidivé, après ses mémorables "Gaza doit pleurer" et "Vitrifier l'Iran"...

     


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  • Encore une nouvelle fois, les pays arabes sont en proie à des évènements montrant combien leur caractère stratégique (ressources et routes énergétiques, contrôle de la Méditerranée et des communications entre les mers) en fait un point de cristallisation des toutes les contradictions du monde impérialiste actuel.

     

    En Irak, ce sont les djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, issu du groupe Zarqaoui des années 2004-2006, voir une présentation ici), né en 2006 comme branche locale d'Al-Qaïda avant de s'en éloigner, qui ont pris le contrôle de Mossoul (deuxième ville du pays avec plus de 2 millions de personnes) et de plusieurs provinces de la vallée du Tigre, dans le Nord sunnite du pays, après s'être déjà emparés de la célèbre Falloujah en janvier :

     

    Après la prise de Mossoul par les djihadistes, l'Irak est au bord de l'implosion

    Irak : la violente offensive des jihadistes inquiète l'Occident

    L'offensive djihadiste en Irak qui redessine le Moyen-Orient

     

    Al Qaida Irak


    Bénéficiant du soutien de nombreux chefs de tribus locaux et même d'anciens officiers baasistes de l'armée de Saddam (l'Armée baasiste de la Naqhsbandiyya d'Ezzat Ibrahim al-Douri en a également été une proche alliée dans les opérations de ce printemps, avant de rompre et de commencer à l'affronter), ainsi que de désertions en masse dans l'armée gouvernementale, l'organisation (7.000 à 10.000 hommes selon les estimations) avance de manière fulgurante et se trouve pratiquement aux portes de la capitale :

     

    Irak : la ville de Tikrit tombée aux mains des jihadistes

     

    Irak : les jihadistes se rapprochent de Bagdad

     

    Irak : les djihadistes s'apprêtent à prendre Bagdad

     

    Deux ans et demi après le retrait des derniers soldats US, le gouvernement fantoche de Nouri al-Maliki (dominé par les partis chiites) en appelle désespérément au "volontariat" et à "l'armement des citoyens volontaires" pour reprendre les territoires perdus.

     

    Au-delà de la répugnance normale que peut inspirer ce groupe, son idéologie et ses agissements, c'est tout d'abord le constat d'une déroute complète pour l'ordre impérialiste et ses laquais qui s'impose. En 2003, les buts de guerre de la clique Bush-Cheney et de ses alliés étaient simples et clairs : 1°/ en finir avec le "terrorisme d'Al-Qaïda" et 2°/ contrecarrer "l'Axe du Mal" en tête de file duquel se trouvait l'Iran des mollahs. Onze ans, 4.500 soldats américains tués (+ 318 autres coalisés et plus de 3.000Petite revue de presse 11/06/2014 : Monde arabe contractors privés, sans compter les très nombreux décès hors d'Irak après évacuation, parfois des années après, non comptabilisés), 36.000 blessés et des centaines de milliers de mort-e-s irakien-ne-s plus tard, quitte à résumer un peu sommairement les choses, le Sud chiite est un protectorat iranien de fait tandis que le Nord sunnite est aux mains de djihadistes encore pires qu'Al-Qaïda (EIIL). Seul le Kurdistan autonome (tout au nord) semble d'une loyauté indéfectible, mais sert aussi de base arrière aux nationalistes kurdes qui combattent l’État turc (c'est l'une des multiples raisons de la prise de distance d'Ankara avec son alignement occidental traditionnel). C'est moins impressionnant qu'une chute de Saïgon, mais tout autant un fiasco stratégique que la guerre anticommuniste du Vietnam il y a 40 ans.

     

    On peut également considérer que, comme au Mali en 2012 (où c'est notre impérialisme BBR qui a finalement dû jouer les gendarmes), c'est une nouvelle démonstration de la faillite des États semi-/néocoloniaux dans le cadre de la crise générale terminale du capitalisme planétaire. Il est plus que probable que là aussi, le régime de Bagdad ne puisse à lui seul résoudre le problème sans une intervention impérialiste étrangère (surtout que les provinces touchées sont parmi les plus riches en pétrole !), qui devrait logiquement être états-unienne :

     

    Irak : les islamistes à 100 km de Bagdad, Washington envisage des frappes

     

    Mais qui, au pays de l'Oncle Sam, est encore prêt à aller mourir sur les bords du Tigre ?

     

    Autre État pur produit artificiel du colonialisme qu'une intervention impérialiste (se greffant cette fois sur un authentique soulèvement populaire) a fait se fragmenter complètement : la Libye. Nous avions beaucoup écrit à l'époque (2011) sur les évènements dans ce pays (1-2-3) et cela nous avait valu des torrents de fiel, d'attaques rampantes et minables à l'image de leurs auteurs, de dialogues de sourds etc. avec tout ce que le "communisme" hexagonal et international peut compter de "campistes" et d'"anti-impérialistes" borgnes voire aveugles ; nous avions même assisté (médusés) au ralliement "surprise" de nos vieux "amis" du 'p''c''mlm' à ces thèses qu'ils avaient pourtant toujours dénoncées. Nous disions clairement que OUI, faute de direction et de projet politique clairement posé et cohérent, la révolte spontanée du Peuple libyen avait été récupérée par un bloc impérialiste principalement constitué de la fRance sarkozyenne, de la Grande-Bretagne et des USA (paradoxalement "en retrait") afin de "jouer leur carte" contre leurs rivaux mieux placés et (surtout) de garder sous contrôle une situation qui semblait totalement partir en roue libre : éviter une Somalie en Méditerranée. Mais nous disions aussi que la "nouvelle Libye" post-Kadhafi ne serait jamais "pacifiée" ; qu'elle échapperait toujours au contrôle total des impérialistes occidentaux et même retournerait ses armes contre eux ; et que les rêves éveillés des clowns idéalistes à la BHL, faire-valoir de toutes les guerres impérialistes "humanitaires", trouveraient un réveil brutal.

     

    C'est effectivement ce qui s'est produit en Cyrénaïque, berceau du soulèvement contre Kadhafi devenu l'emblème du fiasco des plans occidentaux après sa chute : ambassadeur US tué en septembre 2012 dans un contexte insurrectionnel, attentats et assassinats en série de "coopérants" impérialistes comme encore un ingénieur français au mois de mars, etc. À défaut de voir une véritable Guerre populaire conduite par un Parti révolutionnaire authentique, chose qui existe encore dans trop peu d'endroits au monde, la région (déjà foyer de résistance contre la colonisation italienne dans les années 1920-30) était tout au moins devenue définitivement un bourbier pour les plans impérialistes de domination totale de l'Afrique du Nord et les rêves BHLo-néocons de "Nouveau Moyen-Orient" ; Sarkozy, lui, étant gravement grillé auprès de la bourgeoisie impérialiste BBR elle-même pour avoir piétiné la "doctrine Foccart" qui veut qu'on "ne lâche jamais sauf cas extrême un despote africain ami sous peine de perdre la confiance et la loyauté de tous les autres" : il a contribué au renversement et à l'exécution sommaire de Kadhafi après que celui-ci ait généreusement financé sa campagne présidentielle de 2007 ; et de fait l'on voit depuis lors les chefs d’États africains y compris francophones (que Kadhafi arrosait grassement de ses largesses) se tourner massivement vers Washington, Pékin, les pays du Golfe voire Moscou...

     

    1Khalifa-Haftar-on-TV-009Depuis la mi-mai c'est un haut-gradé militaire libyen, le général Haftar, passé aux États-Unis en 1986 après avoir été fait prisonnier au Tchad et y vivant depuis lors, qui a été chargé par l'impérialisme de reprendre la province rebelle en main - et de là tout le pays. Un scénario ressemblant fort à celui qui s'est joué l'été dernier en Égypte, avec le renversement des Frères musulmans (vainqueurs des élections de 2012) par le général moubarakiste Al-Sissi.

     

    Nous avons beaucoup écrit dans les colonnes de ce blog au sujet de l'islamisme (voir notamment l'article sur l'Égypte en lien ci-dessus), que nous avons défini comme une expression politique du "capitalisme d'en bas" qui se développe spontanément dans les rapports sociaux populaires des pays musulmans (pays loin d'être "primitifs" lorsqu'ils sont passés sous la domination de l'impérialisme), opposé au "capitalisme d'en haut" bureaucratique-comprador impulsé par et au service de l'impérialisme, et dont la colonne vertébrale est généralement l'armée (qui s'avère souvent être aussi une juteuse entreprise !). Contrairement, en effet, à ce capitalisme bureaucratique-comprador "d'en haut", le capitalisme "spontané" "d'en bas" ne va pas permettre au surproduit (plus-value "sur-accaparée") de "remonter" correctement jusqu'aux monopoles impérialistes - qui vont donc le combattre en conséquence, dans leur perspective de domination totale des économies du "Sud". Cette expression politique va revendiquer la "tradition" islamique (y compris dans ses aspects les plus inhumains pour un regard occidental) comme moyen d'affirmation nationale bourgeoise ; mais elle va être aussi (bien évidemment) pénétrée de modernité impérialiste occidentale à l'heure de la mondialisation ; et souvent (de plus en plus) appuyée par les capitaux suraccumulés du Golfe et de la Péninsule arabique (Qatar, Arabie, Émirats, Koweït où se trouveraient la plupart des financeurs de l'EIIL etc. : éléments privés, fractions de l'appareil d'État à l'image des services pakistanais qui appuyèrent et appuient encore les talibans, voire sommets d'États comme dans le cas du Qatar) qui cherchent des terrains pour se réinvestir et se valoriser. D'ailleurs, jusqu'à présent, la forme armée (djihadisme) de cette expression semblait surtout avoir pour vocation de nuire aux puissances impérialistes européennes, nord-américaines ou asiatiques ; mais désormais, en Irak, c'est la deuxième région productrice de pétrole (après le Sud autour de Bassorah) qui est aux mains des djihadistes... et de leurs donneurs d'ordres, quelque part dans leurs gratte-ciels de Dubaï ou Djeddah.

     

    L'islamisme se présente donc comme un curieux phénomène de "libération nationale" sans libération démocratique du Peuple. Il ne comprend pas, comme avaient pu le faire même des monarques féodaux comme ceux d’Éthiopie ou d'Afghanistan, que l'indépendance nationale à l'heure de l'impérialisme implique un minimum de mobilisation des masses populaires par des mesures d'émancipation et d'amélioration de leur vie quotidienne. S'il arrive qu'il soit bien accueilli au début pour son discours rigoriste contre la corruption et le crime, son apparente efficacité administrative voire ses œuvres sociales charitables (voir ici), dès lors que "l'infidèle" est chassé l'islamisme va immédiatement et durement frapper les masses pour leur signifier qu'elles ne sont pas là pour être libres et maîtresses de leur destin, mais pour être des bêtes de somme au service de la valorisation du Capital "sponsor" golfien, iranien, turc, pakistanais etc. (tel est l'objectif, et le seul, de la charî'a).

     

    Ceci est évidemment contraire à toute ligne de masse, chez les djihadistes en tout cas (les Frères musulmans et les mouvements pro-iraniens savent être plus pragmatiques et "rassembleurs" voire "socialisants", dans la lignée de leurs maîtres à penser Sayyid Qutb - ou encore le "père" fondateur des Frères Musulmans syriens, Moustapha Siba'i - et Ali Sharî'ati). À cela va s'ajouter un autre problème, celui de la division des masses populaires selon des clivages religieux (car comme chacun-e le sait il y a différents courants dans la religion musulmane, sans même parler de la conception plus ou moins "littéraliste" ou interprétative des textes) au lieu d'unir le plus largement possible contre l'impérialisme (les "Croisés" dans leur terminologie). On semble en fait observer, au Proche et Moyen-Orient, la formation de blocs politico-capitalistiques non pas sur la base de la proximité linguistique (ainsi que se sont constitués les États "nations" européens) mais plutôt sur la base de la communauté confessionnelle, comme cela était un peu le cas dans la géopolitique des monarchies absolues entre le 16e et le 18e siècle : bloc chiite contre bloc sunnite, le premier étant assez homogène (piloté par Téhéran) tandis que le second est plus divisé entre ses différents pôles d'impulsion (axe Turquie-Qatar derrière les Frères musulmans, Arabie saoudite derrière les salafistes et financeurs privés de la péninsule et du Golfe derrière les djihadistes).

     

    [À lire aussi sur le sujet, très intéressant pour s'y "retrouver" et arrêter de tout confondre (tragédie de l'extrême-gauche occidentale en la matière...), cet excellent dossier publié en 2017 sur Investig'Action : http://ekladata.com/Islamisme-Lalieu-Hassan.pdf

    Et aussi (avec d'autres liens encore dans les articles mêmes) :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/conception-du-monde-rebondissement-discussion-fb-sur-un-texte-du-pc-ma-a182055290

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/encore-une-fois-sur-la-question-de-l-islamisme-a145777528

    (n)PCI - La révolution démocratique anti-impérialiste dans les pays arabes et musulmans

    Et puis, trotskyste et donc avec les défauts que l'on pourra lui trouver de par cette idéologie ; mais enfin néanmoins, du bon trotskysme (comme il y a le bon et le mauvais cholestérol !) ; le fameux texte de Chris Harman (du SWP britannique) qui devrait vraiment, à notre sens, avoir toute sa place dans la conception communiste du monde de notre époque (et qui n'est, sans doute, pas pour rien honni de tous ceux - des "libertaires" aux ML voire "maoïstes" dogmatos en passant par les trotskystes de type LO - qui peinent à cacher sous un maquillage anticapitaliste leur profonde islamophobie "barbus de Saint Foooons"...) : « Chris Harman - Le prophète et le prolétariat (1994).pdf »

    Dans une veine finalement assez proche, il y a d'ailleurs le maoïste indien Ajith : resistance-islamique-la-contradiction-principale-et-la-guerre-contre-l-a136656668]

    Les différentes alliances impérialistes viennent évidemment se greffer là-dessus pour faire avancer leurs intérêts et (dans tous les cas) entretenir une division qui leur est bien confortable, ce qui ne veut pas dire que les différentes forces sont de simples "agents" et "mercenaires" de l'impérialisme et n'ont pas leur agenda propre (conception erronée de beaucoup de marxistes-léninistes) : tout le monde voit bien les contradictions entre l'impérialisme occidental et les djihadistes sunnites qui ont conduit aux guerres d'Afghanistan ou du Mali, au camp d'internement de Guantánamo etc., bien que par ailleurs ils soient objectivement "alliés" contre le "croissant chiite" Iran-Syrie-Hezbollah. Ne pas comprendre cela conduit à des lectures "complotistes" et simplistes des évènements, qui ne favorisent pas la juste compréhension du monde pour le transformer.

     

    Cette dichotomie entre "capitalisme d'en haut" et "capitalisme d'en bas" se retrouve par ailleurs sous d'autres formes dans d'autres parties du monde que l'impérialisme n'a pas non plus "cueillies" au stade de la communauté primitive, comme en Extrême-Orient ou en Amérique latine ; le "capitalisme d'en bas" s'y exprimant à travers le nationalisme bourgeois (l'islamisme est-il en définitive autre chose ?) ou encore de manière particulièrement agressive dans ce que les agences de police internationale appellent le "crime organisé", comme les cartels colombiens ou mexicains (avec lesquels l’État est en véritable guerre depuis bientôt 10 ans) ou encore les triades asiatiques, qui font effectivement du trafic de drogue et autres joyeusetés mais contrôlent aussi des pans entiers d'économie tout à fait légale (mais échappant ainsi au contrôle du capitalisme bureaucratique-comprador et de l'impérialisme). De ce fait, l'impérialisme et le "capitalisme d'en haut" impulsé par lui combattent ces forces de concert ; ce qui n'empêche pas ces dernières d'avoir un caractère profondément réactionnaire (les cartels latino-américains combattent les guérillas, les syndicats et autres mobilisations sociales tandis que les triades chinoises contribuèrent largement à massacrer les communistes pendant la Guerre populaire de Mao).

     

    salafLors de la victoire du Front islamique du Salut (FIS) en Algérie, en décembre 1991, l'intellectuel démocratique Lahouari Addi avait émis la théorie de la "régression féconde". Nous ne dirions pas les choses exactement comme cela. Nous dirions qu'en l'état actuel des choses, de par le caractère même des pays musulmans (pays extrêmement développés au Moyen Âge puis ayant "traîné" dans leur développement capitaliste, et passés alors sous la coupe de l'Europe), si un régime bureaucratique-comprador arabe tombe, il est INÉVITABLE que les islamistes arrivent au pouvoir immédiatement derrière (ils sont la force d'opposition la plus "enracinée" dans la société) et qu'il faille alors les combattre - et nous savons tou-te-s quels ennemis redoutables ils sont pour les masses populaires. Cette lutte peut être perdue et l'on se retrouve alors avec un régime comme celui de l'Iran, du Soudan (dans ces deux cas, la couche dirigeante de la bourgeoisie et des forces militaires islamistes s'est muée en nouvelle bourgeoisie bureaucratique) ou de l'Arabie saoudite, pays où la charî'a a force de loi. Ou alors, comme en Égypte et maintenant en Libye, cela peut conduire à un retour en force militaire du "capitalisme d'en haut" bureaucratique-comprador s'appuyant justement sur le mécontentement d'une partie des masses (les personnes les plus éduquées et occidentalisées) envers les islamistes ; se présentant ainsi tranquillement comme une "libération". Mais la seule alternative à cela est le maintien en place des régimes "républicains" ou monarchiques bureaucratiques-compradores et militaro-policiers ; et les "démocrates" impérialistes occidentaux ADORENT ce chantage exercé sur les masses arabes et musulmanes : "soit vous vous accommodez de vos despotes, soit ce seront les islamistes qui prendront le pouvoir".

     

    C'est véritablement là la première prison mentale à laquelle doivent s'arracher les Peuples arabes et musulmans : grâce à un marxisme "décolonisé" qui tienne compte de la réalité des Peuples qu'il prétend libérer (et qui reste encore à construire), rejeter à la fois les prétendus "modernité" et "développement" des régimes laquais de l'impérialisme et l'impasse politique réactionnaire de l'islamisme capitaliste bourgeois, et admettre une fois pour toute qu'il n'est pas possible que l'un tombe sans que l'autre ne prenne le pouvoir et devienne alors l'ennemi principal à combattre, jusqu'à ce que le développement suffisant de la Guerre du Peuple ait réussi à briser l'étau de cette pseudo-"alternative" infernale. Dans un cas comme dans l'autre, il est possible de démasquer les énormes contradictions entre le discours et les faits : les régimes "laïcs" et "modernistes" usent souvent d'une très forte rhétorique nationaliste et notamment anti-Israël mais en pratique c'est tout autre chose ; les islamistes promettent généralement la "justice sociale" mais comme on l'a vu en Iran (et comme c'était en cours en Égypte) lorsqu'ils arrivent au pouvoir ils s'"oligarchisent" comme les autres, etc. Bien entendu, en cas d'occupation impérialiste directe comme c'est le cas en Afghanistan, au Mali ou pendant 8 ans en Irak, les communistes et tous les progressistes conséquents ne peuvent considérer autre chose que cette occupation comme l'ennemi principal : c'est notamment la position de nos camarades maoïstes d'Afghanistan. Ce n'est pas que les islamistes (qui mènent en premier chef la résistance armée) soient des "amis" et qu'il faille les "soutenir", mais la priorité militaire n'est pas au combat contre eux, sauf en cas de légitime défense s'ils agressent les progressistes et/ou les masses populaires. Les progressistes et les marxistes palestiniens partagent d'ailleurs cette position vis-à-vis du Hamas ou du Djihad islamique (JIP).

     

    4431555 3 889b des-combattants-fideles-au-general-khalifa-hConcernant cette caractérisation (de classe) du "modernisme" militaro-policier comme expression du "capitalisme d'en haut" et de l'islamisme comme expression de la "bourgeoisie jaillie d'en bas", on en trouve une démonstration intéressante dans les alliances "surprenantes" pour un œil non-averti qui se font jour. Ainsi, en Égypte, la prise du pouvoir par le général Al-Sissi a été saluée par l’État israélien (dont la ligne concernant le Caire est "tout sauf les Frères musulmans", liés au Hamas) et par la grande majorité de la pensée dominante occidentale comme une "libération" contre un Morsi en train de "mettre en place un régime à l'iranienne" ; mais l'une des toutes premières mesures de la junte a aussi été de bloquer le ravitaillement de la rébellion syrienne soutenue par l'Occident, dont les Frères musulmans sont une composante importante (voir ce site pro-Bachar dans le style meyssanico-délirant qui salue Al-Sissi comme un "nouveau Nasser"...).

     

    En Libye, il se trouve que l'offensive du général Haftar piétine à l'Ouest du pays où les autorités de Tripoli le considèrent comme un putschiste, ce qui est la vérité nue mais derrière quoi (surtout) l'on peut sans doute voir la main des puissantes forces de Misrata, ville encerclée pendant plus de 6 mois par les troupes kadhafistes et devenue (avec Benghazi) l'autre "symbole héroïque de la révolution". Et voilà alors qu'intervient en appui, aux côtés de la CIA et autres forces spéciales US... l'Algérie, pays plutôt catégorisé jusque-là comme "nationaliste" et "anti-occidental" : 4-5. C'est tout simplement qu'entre le général réfugié un quart de siècle aux États-Unis, recruté par la CIA en 1990, et les généraux qui dirigent en sous-main à Alger (derrière le cadavre ambulant de Bouteflika) et prétendent maintenir comme ils peuvent le flambeau du nationalisme arabe de Nasser et consorts, il y a une profonde affinité de classe contre l'ennemi commun djihadiste qui infeste le Sahara algérien et a frappé en janvier 2013 (tout le monde s'en souvient) à In Amenas. Il n'en va pas autrement entre Al-Sissi, héritier du pro-occidental Moubarak, et le régime "anti-occidental" de Bachar el-Assad...

     

    [Et plus "fou" encore, en Irak, on évoquerait une coopération militaire entre les États-Unis et... l'Iran : http://ww.rfi.fr/moyen-orient/20140616-etats-unis-disposes-parler-iran-crise-irak/ !!!]

     

    Lire absolument cet excellent (encore une fois) article de Quartiers Libres : Leçons irakiennes 

     

    Sur État d'Exception est publié en deux parties un article aux prises de positions politiques ("islamistes") que nous ne partageons pas, mais intéressant d'un point de vue FACTUEL car démontant bien des simplifications dans la couverture médiatique occidentale des évènements [ainsi le mythe hallucinant de la "prise de Mossoul par 800 hommes" (qui deviennent automatiquement dans l'esprit collectif des monstres surhumains et terrifiants) s'effondre : l'insurrection du Nord irakien contre le régime Maliki est bien plus large que cela, elle va bien au-delà de l'EIIL qui n'en est qu'une petite partie, peut-être une sorte d'"avant-garde" (à voir...) activiste et visible sans plus, mais qui va évidemment être mise en avant pour justifier sa répression, en plus de la conduire dans le mur par son idéologie]. L'auteur insiste aussi sur la commodité pour l'impérialisme du pseudo-"clivage" entre sunnites et chiites :

     

    L'EIIL EN IRAK, PRISE D'ASSAUT OU SIMPLE PION ?

     

    Télécharger « L’EIIL en Irak _ prise d’assaut ou simple pion _ (1ère et deuxième partie).pdf »


    [Au sujet des théories complotistes sur le djihadisme :

    "Je dirais que ce que font certaines (en tout cas) forces djihadistes comme Daesh n'est pas joli joli, et certainement pas un projet de société que l'on peut défendre ; maintenant, je pense qu'il y a surtout une forme... d'amertume, en fait, à voir de telles forces capables de ce dont la gauche est incapable depuis des années, dans les pays du Sud et a fortiori en Occident : prendre possession d'un vaste territoire à la face du monde entier qui leur est hostile, et y bâtir un État "en rupture" radicale avec l'ordre existant, même si cette rupture est ultra réactionnaire.

    De cela la gauche n'est depuis longtemps plus capable, ah si pardon : en Rojava... avec l'appui aérien des bombardiers de l'OTAN.

    Du coup, "verts" de voir des ultra réacs en être capables, on préfère s'inventer que tout est voulu et manigancé, qu'ils ont "en réalité" le soutien de la CIA et du Mossad..."]


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    Ce serait donc acté : devant une attaque à l'arme chimique, dont on ne débattra pas ici de qui en est l'auteur (régime ou 'rebelles'), les deux étant tout aussi probables l'un que l'autre, nous nous acheminerions dans les prochains jours vers des 'frappes ciblées' pour 'punir' le régime social-fasciste de porte-avions-charles-de-gaulle.jpgBachar el-Assad. Une intervention impérialiste OCCIDENTALE (principalement menée par les impérialismes BBR, british et US, le 'trio libyen' en somme...), nous le précisons bien, car ce qu''oublient' de nous dire les fans de Michel Collon et Thierry Meyssan c'est que l'intervention impérialiste russe (directe ou par Iraniens interposés) aux côtés du régime est quant à elle déjà en œuvre depuis plusieurs mois...

    Nous nous retrouvons donc dans la même situation qu'il y a deux ans en Libye : d'un côté une guerre impérialiste impliquant NOTRE impérialisme (la quatrième en 2 ans et demi !), à combattre ; et de l'autre un combat POLITIQUE, IDÉOLOGIQUE contre les courants 'anti-impérialistes' qui voudraient faire d'Assad (comme de Kadhafi hier) un héros, un allié de la révolution prolétarienne mondiale. Disons-le, ou plutôt répétons-le pour la 100e fois : NON, le régime du clan Assad en place depuis 1970 n'est PAS anti-impérialiste ; il est peut-être issu d'une bourgeoisie nationale mais il s'est transformé depuis bien longtemps en oligarchie bureaucratique qui (dans le cadre de la Guerre froide) s'est liée à l'impérialisme russe. Ceci dit, il a aussi établi des liens forts avec la fraction gaulliste/'politique arabe' de la bourgeoisie impérialiste BBR (sentant sa fin proche, vers 1999-2000, Hafez el-Assad aurait dit à Jacques Chirac que 'Bachar (était) comme (son) fils maintenant'...) et n'a jamais Assad l'assassinhésité à servir l'impérialisme occidental, comme contre l'Irak en 1990-91 (en échange du 'protectorat' sur le Liban...) ou dans la sous-traitance de la torture d''islamistes' pour le compte de la CIA dans les années 2000, ou déjà au Liban en 1976, en intervenant en appui aux fascistes maronites contre les 'palestino-progressistes'. D'une manière générale, ses interventions au Liban et son 'aide' aux Palestiniens n'ont jamais visé qu'à liquider ou neutraliser toute force révolutionnaire authentique dans ces pays. Si (pour rentrer deux minutes dans l'argumentaire de ces révisionnistes) il y avait quelque chose de comparable à Fidel Castro ou Hugo Chavez en Syrie, c'était le gouvernement de Salah Jedid (1966-70) précisément renversé... par Hafez el-Assad et Mustafa Tlass ; une 'rectification' PAR LA DROITE motivée entre autres... par le refus d'accueillir la direction palestinienne de l'OLP après le 'Septembre Noir' jordanien. De même que s'il y avait quelque chose de comparable en Irak, c'était le régime de Kassem (1958-63) renversé par un coup d’État sanguinaire... impliquant le Baas de Saddam Hussein (qui prendra totalement le pouvoir 5 ans plus tard).

    Il se trouve simplement que lorsque le vent de la Tempête arabe a atteint le pays de Cham, avec le soulèvement populaire à Deraa se répandant ensuite dans tout le pays, la légitime révolte contre ce régime social-fasciste et clanico-mafieux s'est très vite trouvée prise en otage moins par les impérialismes, d'ailleurs, que par les expansionnismes régionaux : Qatar, Arabie saoudite et Turquie AKP en tête, entraînant derrière eux (non sans réserves et réticences) leurs courants alliés (pour le moment majoritaires) dans les impérialismes ouest-européens et nord-américains ; tandis qu'en réaction l'Iran s'impliquait aux côtés du régime, entraînant derrière lui la Russie (le vieux 'parrain' de la Guerre froide) et la Chine. Des courants importants des bourgeoisies impérialistes d'Europe continentale mais aussi de la bourgeoisie sioniste restent toutefois partisans du régime, ou en tout djihadistescas d'une 'sortie négociée' de la crise, craignant non sans raisons une prise de pouvoir islamiste ingérable : ces courants alimentent largement la web-presse de (prétendue) 'réinformation' sur le conflit ; on peut y trouver une figure aussi importante que la Suisse tessinoise (le Tessin est une plaque tournante considérable du Capital impérialiste européen, notamment italien et russe) Carla Del Ponte, ancienne procureure du TPI de La Haye pour les crimes en ex-Yougoslavie. 

    Comprendre cela est absolument ESSENTIEL pour la compréhension du 'dossier' syrien, où il n'y a pas un (méchant) 'Empire' totalement unifié faisant face à un (pauvre petit) 'pays souverain' qui 'dérange' : les enjeux, les contradictions entremêlées sont beaucoup plus complexes. Si par exemple les récentes attaques chimiques de la Ghouta sont bel et bien une 'manipulation' et un 'prétexte' pour intervenir militairement, ce que personne ne semble se demander c'est pourquoi un tel 'prétexte' n'a pas été 'fabriqué' plus tôt, depuis deux ans et demi que le conflit a été (soi-disant) 'totalement téléguidé' par 'l'Empire' ! L'on voit bien, ici, que les choses sont beaucoup plus compliquées. La réalité, probable, c'est que (d'un côté) les impérialistes et les oligarques arabes partisans du statu quo, des régimes bureaucratiques 'laïcs' farouchement anti-islamistes et (de l'autre) ceux de "tout changer pour que rien ne change" avec les Frères musulmans, l'AKP turc et le Qatar ont durci leurs positions de part et d'autre, les premiers l'emportant notamment en Égypte, ce qui pousse les évènements syriens à s'accélérer. 

    Nous nous retrouvons assez largement dans la position suivante du PC maoïste d'Italie :

    Il se prépare une attaque imminente contre la Syrie de la part de l'impérialisme américain, aux côtés des impérialistes anglais et français. Une intervention militaire qui bénéficie sûrement de la participation de l'Arabie saoudite et du soutien politique et logistique de la Turquie et d'Israël.

    Mais la Syrie n'est pas la Libye et n'est pas non plus, dans cette conjoncture, l’Irak. Il est impossible d'imaginer que l'Iran ne soit pas impliqué, et la position de la Russie et de la Chine ne permet pas que l'intervention puisse avoir l'appui de l'ONU. Il s'agit donc d'une agression impérialiste unilatérale qui prolonge l'intervention militaire indirecte à travers ces courants de l'opposition qui sont une pure filiale des puissances impérialistes.

    manif siriaL'attaque contre la Syrie peut entraîner des réactions en chaîne et mettre pour de bon le feu à la prairie du Moyen-Orient et du monde entier.

    Obama, comme avant lui Reagan et Bush, joue la même partition d'inventer et amplifier des 'preuves' comme feuille de vigne pour une intervention déjà décidée depuis longtemps et ayant toujours pour même objet le pétrole et le contrôle géopolitique et géostratégique de la région.

    Proletari Comunisti- PCm Italia dénonce et s'oppose vigoureusement à l'agression impérialiste de la Syrie et exprime son soutien aux masses syriennes et arabes qui s'y opposent.

    Notre action se développera de manière autonome car nous ne partageons aucun type de soutien au régime d'Assad [souligné par nous NDLR], certes pas parce qu'il a éventuellement utilisé des armes chimiques, chose probablement fausse et montée de toute pièce [nous ne serions pas aussi catégoriques NDLR], alors qu'il est certain que cela a déjà été fait par les soi-disant rebelles et comme le fit en son temps Saddam Hussein contre les Kurdes ; mais parce qu'Assad, comme Saddam et Kadhafi avant lui, ne sont pas des gouvernements anti-impérialistes mais les représentants d'un secteur du capitalisme bureaucratique et de la bourgeoisie compradore qui opprime les prolétaires et les masses du peuple [NDLR et nous ajouterions "secteur lié historiquement aux forces impérialistes non-atlantistes : Russie, nouvel impérialisme chinois, certains pays et secteurs de la bourgeoisie impérialiste européenne"].

    Ces gouvernements sont tantôt les amis, tantôt les 'ennemis' des États impérialistes qui se partagent la région. Ces gouvernements ne sont pas la solution, mais une partie du problème pour les masses syriennes et arabes.

    Nous savons que des forces 'de gauche' en Syrie, dans le monde arabe et parmi les Palestiniens ont joui de l'appui du régime Assad. Nous ne pensons pas que ceci ait été un bien par le passé, nous ne le pensons pas non plus aujourd'hui ; et nous ne serons pas impressionnés par le fait que ces forces, qui bénéficient d'un certain crédit dans la gauche occidentale, se mobiliseront contre l'agression impérialiste.

    Mais nous sommes marxistes-léninistes-maoïstes, nous voulons représenter les intérêts de la classe ouvrière dans nos pays comme dans les pays arabes, comme dans le monde entier. Nous ne sommes absolument pas équidistants entre l'agression impérialiste et le régime Assad agressé. L'impérialisme doit être combattu sous toutes ses formes, par tous les moyens. Mais le point de vue prolétarien et communiste dans ces évènements doit être clair envers toutes les parties en présence [ce que Servir le Peuple a toujours dit... et jamais rien dit d'autre !].

    Proletari Comunisti se mobilise immédiatement de manière autonome en direction des prolétaires y compris immigrés, les jeunes, dans la rue, par des manifestations, des tracts, des pancartes, des banderoles, des interventions.

    Eh oui ! Dire 'non' à une nouvelle guerre impérialiste, cela n'a rien de compliqué : c'est à la portée de n'importe quelle personne progressiste (même si beaucoup, aussi, cèdent aux arguments 'humanitaires' des interventionnistes) ; et bien sûr de tous les vieux révisionnistes brejnéviens et autres albanoïdes associés, sociaux-chauvins républicards-jacobins, 'souverainistes', gaullistes, lepénistes et autres fascistes, nationalistes 'révolutionnaires' etc. : ici la préoccupation pour les victimes 'collatérales' est clairement secondaire et c'est la sympathie pour le régime qui prédomine. Un récent sondage indique même que si 38% des sympathisants PS s'opposent (ou sont très critiques) à l'intervention, on passe à... 46% chez ceux de l'UMP et 59% chez ceux du FN, tandis que l’opposition de droite renâcle à l'Assemblée comme d'ailleurs les républicains au Congrès US [faisant finalement renoncer Obama NDLR] et les ultra-conservateurs britanniques [70 sur 303 députés !] qui ont fait défection à la sacro-sainte discipline de vote aux Communes, infligeant un camouflet à David Cameron (l'intervention en Syrie a été rejetée par une courte majorité de 285 contre 272 !) : en fait, pour ainsi dire, en dehors de la 'gauche radicale' qui s'oppose évidemment, l'opposition à l'intervention est D'AUTANT PLUS FORTE que l'on va vers la DROITE de l'échiquier politique... Pour des motivations qui n'ont, bien entendu, rien à voir avec le sort tragique du peuple syrien. Ce qui caractérise la position maoïste, comme le soulignent bien les camarades d'Italie, c'est la CLARTÉ de la conception et de l'analyse prolétarienne du monde !

    Nous reproduirons également ici la position d'une des rares (voire peut-être seule) composantes marxiste révolutionnaire de l'opposition syrienne (il n'y a pas, à notre connaissance, de force réellement maoïste dans ce pays). Nous avons tendance à la partager dans les grandes lignes :  

    symbol syrian revolutionary left currentLe régime dictatorial poursuit sa politique d’extermination de notre peuple. L’aube du 21 août 2013 a vu mourir de centaines de Syriens, dont un nombre important de femmes et d’enfants, victimes des armes d’extermination que sont les gaz toxiques et l’utilisation incontestable d’armes chimiques, dans les quartiers de la Ghouta orientale, la banlieue de Damas, et ce, dans le cadre de l’attaque militaire la plus violente du régime menée depuis ce matin sur ces zones révoltées.

    Depuis plus de deux ans, la liste des sévices et des sacrifices consentis par les masses de notre peuple ne cesse de s’allonger. Il est impossible de recenser les centaines de milliers de martyrs, de blessés, d’emprisonnés et les millions d’exilés et de réfugiés. La torture de notre peuple, qui n’en peut plus, se prolonge. Ses cris se perdent dans l’air et un silence mortel engloutit la conscience humaine.

    Le massacre et la coercition de notre peuple se poursuivent, perpétrées par la machine de mort et de destruction d’un régime qui dépasse le fascisme par sa sauvagerie. C’est une tragédie que le monde n’a pas connue depuis bien longtemps, la tragédie d’un peuple insurgé pour sa liberté et sa libération des griffes d’un régime dictatorial, sauvage de par sa répression et sauvage de par son exploitation des opprimés de notre pays, au service des intérêts d’une petite clique de bourgeois.

    Coalition.jpgNotre révolution n’a pas d’allié sincère, à l’exception des révolutions des peuples de la région et du monde et des militants qui œuvrent à se libérer des régimes obscurantistes, oppresseurs et exploiteurs.

    Cet acte criminel et odieux de la clique au pouvoir contre des civils isolés s’inscrit avec cynisme vis-à-vis de l’existence humaine et ce, au moment même où les forces contre-révolutionnaires ont commencé à organiser leur attaque contre les révolutions au niveau régional, dirigées par l’Arabie Saoudite et ses alliés. Le régime y aura trouvé une occasion pour commettre son massacre abominable. Pourtant notre peuple révolté et déterminé, éprouvé par ses blessures, continuera sa résistance contre les tyrans criminels, leur infligera une défaite et les sanctions qu’ils méritent pour leurs crimes.

    Nous enterrerons nos morts et embaumerons nos blessés. Nous n’en serons que plus déterminés et résolus dans notre lutte pour la chute du régime assassin et prédateur et la victoire de notre révolution populaire.

    Pour l’édification de la Syrie de la liberté, de la Justice, de l’égalité et de la justice sociale

    Ni Washington, ni Moscou

    Ni Riyad, ni Téhéran

    Gloire aux martyrs,

    Guérison aux blessés

    Victoire pour la révolution populaire

    Tout le pouvoir et toute la richesse au peuple

    Courant de la Gauche Révolutionnaire, Damas, 22 août 2013 

    (source)

    En 2003, nous avons évidemment été mobilisés contre l'invasion US de l'Irak bien que notre propre impérialisme BBR n'y participe pas et même (d'une manière très 'gaulliste') s'y oppose, et bien que Saddam Hussein, tyran et boucher de son peuple depuis plus de 30 ans, n'ait aucune sympathie de notre part. Mais c'était parce que cette invasion (aux conséquences désastreuses déjà annoncées par tous les experts) s'inscrivait dans le plan global de 'Nouveau Moyen-Orient' des néoconservateurs qui, avec Richard Perle et d'autres, avaient pris le contrôle de l'administration US (avec la bénédiction du véritable 'patron', le vice-président et magnat du pétrole Dick Cheney) ; plan qui était, n'ayons pas peur des mots, le plan impérialiste le plus démentiel depuis le Lebensraum d'Adolf Hitler...

    houla-massacre-syria-61Depuis, avec les revers militaires et politiques subis par la coalition impérialiste, les pays qui s'y étaient opposés (État français, Allemagne, Russie, Canada etc.) ont été confortés dans leur position et l'impérialisme US est revenu à plus de pragmatisme, 'paléoconservateur' ou liberal démocrate (ceci se concluant par l'élection d'Obama en 2008).

    Aujourd'hui, en Europe comme en Amérique du Nord et même en Israël, il reste bien sûr des courants 'idéalistes' hérauts de la 'démocratie par les bombes', comme typiquement chez nous les partis écolos, la 'gauche' Libé-BHL etc. etc. ; mais surtout, les 'pragmatiques' se sont eux-mêmes divisés face aux mouvements populaires qui secouent les pays arabes. Les uns pensent qu'il faut 'accompagner' ces mouvements crimes-des-soldats-français-en-Algérie1pour les contrôler, les 'saluer' hypocritement et ouvrir la porte à des secteurs bourgeois jusque-là exclus, 'libéraux' et (surtout) 'islamistes modérés', en louvoyant avec prudence entre les manœuvres expansionnistes régionales (Qatar, Arabie, Turquie AKP etc.) ; et par la même occasion se débarrasser des 'affreux' à la Kadhafi et Assad (de toute façon, la fusion entre oligarchie dominante et clan au pouvoir est telle, dans ces régimes, qu'il n'est pas possible de faire 'sauter le fusible' façon Ben Ali ou Moubarak et que, si la révolte même armée ne parvient pas à les faire tomber, il n'y a pas d'autre option que l'intervention directe). Les autres pensent qu'il ne faut surtout rien toucher à ce qui marchait 'très bien' : la dictature militaire et policière OUVERTE d'une fraction 'dure', implacable de la bourgeoisie bureaucratique, y compris lorsque celle-ci, liée au social-impérialisme soviétique par le passé, maintient un discours anti-occidental, mais est en réalité tout à fait prévisible et contrôlable - des 'diables de confort', en somme.

    5798980-8645356.jpgC'est cette dernière option qui l'a finalement emporté cet été en Égypte, la (vieille) rivalité Arabie-Qatar faisant basculer l'équation puisque la première a lancé ses forces (le parti salafiste Al-Nour) et ses pétro-dollars dans le soutien au coup d’État tandis que le second est en perte de vitesse, avec une abdication 'surprise' de l'émir en place depuis 1995, le 'père' de la 'géopolitique Al-Jazeera', abdication qui semble avoir été directement ordonnée par l'impérialisme (probablement après l'affaire du soutien aux islamistes maliens, l'émir perdant alors la bienveillance des secteurs impérialistes 'libéraux' et 'socialistes' BBR, qui lui avait été vitale jusque-là).

    ali04aAu sujet du coup d’État égyptien, nous écrivions tout récemment qu'il ne faudrait pas longtemps pour que des 'anti-impérialistes' brejnévoïdes attardés, branleurs kémalo-nasséro-baasophiles, nazbols et autres (pseudo)rouges-(et vrais)bruns nous chantent les vertus d'Adolf-Pharaon al-Sissi. C'est chose faite : http://allainjules.com/2013/08/28/alerte-info-syrie-le-general-abdel-fattah-al-sissi-ferme-le-canal-de-suez-et-dit-non-aux-ricains/... Voilà le Pinochet du Nil propulsé 'nouveau Nasser', 'héros anti-impérialiste' résistant à l'agression yankee contre la Syrie arabe... L'information semble totalement bidon ; mais si tel était le cas, cela montrerait tout simplement les contradictions au sein même des impérialismes occidentaux ; les courants ayant fomenté le coup d’État de Sissi étant les mêmes qui veulent à tout prix en finir avec le 'panislamisme' du Qatar et le 'néo-ottomanisme' AKP turc, quitte à laisser en place le 'diable de confort' Assad, fils d'un complice supposé des attaques de Beyrouth en 1983. La quasi-totalité des extrême-droites européennes et nord-américaines sont farouchement hostiles à l'intervention en Syrie sur ce type de raisonnement, considérant qu'Obama et Hollande 'volent au secours de leurs amis islamistes', sur ordre de 'leurs amis les émirs pétroliers du Golfe'  ; et même les droites conservatrices 'dures' sont plus que réservées sur l'opération (comme ici le Figaro, ou la mouvance anti-'mariage gay', voir aussi cette tribune de 73 jeunes UMP). Ceci dit, il est peu probable que les Saoudiens, qui ont appuyé et appuient encore la junte en Égypte, soient opposés au renversement d'Assad, allié essentiel de leur ennemi juré iranien...

    Lire aussi la déclaration de l'OCML-VP 'Partisan' : Impérialisme français, bas les pattes en Syrie (en français et en anglais) ; de l'Organisation communiste Futur Rouge : A propos de la situation en Syrie ; de Feu de Prairie et de Libertat.

     

    D'Occitània jusqu'en Syrie et en Palestine, de la Cordillère des Andes au Delta du Niger,

    GUERRE POPULAIRE jusqu'à la Libération de tous les Peuples en Esclavage !


    fe10


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  • 1egyptesoldats_0.jpegC'est donc la "grande" actualité politique internationale de l'été, sur laquelle nous faisons notre 'grand retour' de notre parenthèse-détente : en Égypte, les Pinochets du Nil menés par le général Abdel Fattah al-Sissi sont passés à l'action militaire contre les Frères musulmans qui, depuis un mois et demi, réclament le rétablissement de leur leader Mohamed Morsi, premier président élu dans des conditions "démocratiques" bourgeoises depuis 60 ans que le pays est une république... On compte plus de 600 mort-e-s de l'aveu même des militaires (plus de 2.000 selon la Confrérie...) et plusieurs milliers de blessé-e-s (les semaines ayant conduit à la chute de Moubarak avaient déjà fait dans les 800 à 1.000 victimes). L’état d’urgence, en vigueur de 1981 (assassinat de Sadate) jusqu’en mai 2012, a été de nouveau proclamé le 14 août. La "communauté internationale" s'indigne, mais ne retire pas son soutien aux putschistes, notamment la colossale aide financière US (1,3 milliards de $ en 2013, joli plat de lentilles !) versée à l’Armée égyptienne depuis les accords/capitulation face au sionisme de Camp David ; et elle persiste à appeler à une "solution politique" mettant en avant son "champion", le "libéral" comprador El Baradei. Dans la foulée, la "justice" du pays vient d'annoncer la libération de l'ancien despote Moubarak...

    egypt-protest-sisi_2606953b.jpgNous assistons donc, là, à la malheureusement prévisible "reprise en main" d'Oum al-Dunya ("la Mère du Monde", surnom de l’Égypte en raison de son antique civilisation) par la caste militaire, pilier de l’État depuis deux siècles, au service des secteurs les plus agressifs et réactionnaires de l'impérialisme occidental et du sionisme - ceux qui, précisément, ne s'expriment pas par la bouche d'Obama, Clinton, Hollande et Fabius, ceux qui n'appellent pas à une "solution" intégrant les Frères musulmans, à des "élections démocratiques", à "respecter les représentants élus du peuple" etc. etc. Et le pire, c'est que ce coup d’État du 3 juillet dernier et, à présent, le massacre sans discernement de milliers de personnes trouvent le soutien d'une grande partie de la gauche ‘socialiste’ et 'communiste', dans le pays lui-même comme dans les autres pays arabes ainsi qu’en Occident, tandis que d'autres adoptent un silence gêné : Morsi n'était-il pas en train d'imposer une "théocratie" sous le règne de la charia, ne soutenait-il pas les "pseudo-révolutionnaires syriens" qui combattent le régime "progressiste et anti-impérialiste" de Bachar el-Assad, n'était-il pas un "adepte du néolibéralisme" mettant en pièce "ce qu'il restait d'héritage de Nasser" ; les Frères musulmans n'ont-ils pas, d'ailleurs, "toujours été des marionnettes de l'impérialisme" ? Un coup d’État militaire qui serait "populaire", "progressiste" et "révolutionnaire", deux ans à peine après la chute d'un satrape absolu de l'impérialisme... qu'il est aujourd'hui question de libérer, voilà une incongruité qui ne semble pas gêner toute une "gauche anticapitaliste", "progressiste" et "révolutionnaire", des personnalités comme Samir Amin en tête...

    2013-08-02T122231Z_1661078117_GM1E9821K9001_RTRMADP_3_EGYPT.JPGIl est vrai, et il faut le dire, que Morsi et les Frères musulmans ont largement cherché le bâton pour se faire battre. Même sans en attendre beaucoup de leur nature de classe, ils auraient pu mettre en place une politique quelque peu offensive face à l'impérialisme occidental et Israël, notamment sur la question de la Palestine et (surtout) de Gaza assiégée (dont les habitant-e-s attendaient beaucoup, c'est notoire, du "changement" dans le grand pays voisin). Ils auraient pu mettre en place une politique de justice sociale qui, brisant les grands monopoles bureaucratiques (notamment... le pouvoir économique de l'armée !) et assurant un tant soit peu de redistribution du produit national (pourquoi pas sur la base du zakât, cet impôt islamique au bénéfice des pauvres), adoucisse légèrement la misère des masses. Au lieu de cela, la priorité a été d''islamiser' la société avec des législations morales rétrogrades (mais ne satisfaisant jamais, pour autant, les milieux islamistes ultras, salafistes, par ailleurs liés à l’Arabie et non au Qatar, qui ont soutenu le coup d’État) ; de se faire les serviteurs zélés de leur grand soutien et argentier l'émir du Qatar (dont l'abdication "surprise", fin juin, a annoncé leur chute), tout comme leurs "partis frères" d'Ankara, Tunis ou Gaza, notamment sur le dossier syrien où la juste révolte populaire a dérivé en sanglante guerre par procuration inter-impérialiste et inter-expansionniste, offrant à l'impérialisme et au sionisme une grande victoire tactique ; et de se "placer" dans les rouages de la machine politico-économique, tout en laissant intact le "cœur" du problème semi-colonial égyptien, l'Armée, qui les a finalement renversés et aujourd'hui les massacre. Dans le même temps, il faut bien le dire aussi, pendant que toute une "gauche" internationale dénonçait les "religieux marionnettes de l'impérialisme et du sionisme", les secteurs ultras de l'impérialisme et du sionisme en question ne faisaient rien pour faciliter la tâche du nouveau gouvernement, fondamentalement illégitime à leurs yeux. Le résultat, comme c'est souvent le cas (et tout le problème) avec ce genre de courants politiques, a été de profondément diviser les masses, au lieu de les unir et de les mobiliser largement pour tenter de dégager, un tant soit peu, le pays des griffes de l'impérialisme. Il est clair que Morsi, en à peine plus d'un an de pouvoir, a perdu une grande partie des plus de 13 millions de soutiens qui s'étaient portés sur sa candidature face au représentant de l'ancien régime (Ahmed Shafik) en 2012, et sans doute, même, beaucoup des près de 6 millions qui l'avaient choisi dès le premier tour. Et ce n'est un secret pour personne que le coup d’État est intervenu après (et s'est appuyé sur) des mois de très larges mobilisations populaires contre la politique présidentielle,3461963_6_9a03_l-instauration-de-l-etat-d-urgence-et-du_712.jpg rassemblant des millions de personnes ; auxquelles ont désormais succédé les immenses mobilisations en faveur du "président légitime" déchu : une impression de pays coupé en deux au grand soulagement de tous ceux qui, de Paris à Londres et de Washington à Tel-Aviv, redoutent avec des sueurs froides le jour où cette masse de plus de 80 millions d'hommes et de femmes se dressera d'un seul bloc face à eux.

    L'affrontement qui a inondé de sang les rues du Caire, de Port-Saïd et de dizaines d'autres villes et bourgades est l'expression de ce que nous avons défini, depuis un certain temps déjà, comme la contradiction entre un capitalisme "d'en haut", BUREAUCRATIQUE, produit et "rouage" de l'impérialisme dans les pays dominés, représenté dans les pays arabes par des régimes républicains ‘laïcs’ ou des monarchies 'modernistes' et dont la colonne vertébrale en Égypte (comme dans de nombreux autres pays) est l'Armée, à la fois force de répression et... (de fait) première entreprise du pays ; et un capitalisme "d'en bas", le capitalisme qui émerge spontanément de la vie sociale quotidienne et qui, dans les pays de tradition musulmane, trouve son expression dans ce qu'il est devenu commun d'appeler l'islamisme. Contrairement au capitalisme bureaucratique-comprador "d'en haut", ce capitalisme "spontané" "d'en bas" ne permet pas au surproduit (plus-value "sur-accaparée") de "remonter" correctement jusqu'aux monopoles impérialistes - qui le combattent donc en conséquence, dans leur perspective de domination totale des économies du "Sud". L'"islamisme" peut aussi exprimer, dans un sens, le 'cri' de résistance d'une certaine vie sociale traditionnelle, 'holiste', pas franchement folichonne à nos yeux d'occidentaux mais cohérente et que la 'modernité' impulsée par l'impérialisme (ou le social-impérialisme en son temps), au service de ses intérêts, vient pulvériser "d'en haut" avec une brutalité inouïe.

    Egypte-repression-e1324370532541.jpgRien n'est donc plus simpliste et ERRONÉ que de résumer l"'islamisme" à une simple "expression de l'aspect semi-féodal" de ces pays semi-coloniaux semi-féodaux - un aspect que l'on retrouve bien plus sûrement, par exemple, dans la caste militaire qui "tient" tous les rouages du pouvoir !

    Cette contradiction, sous des formes différentes, se retrouve dans à peu près tous les pays dominés du "tiers-monde", où un tel capitalisme bureaucratique impulsé par l'impérialisme monopolise la vie économique et (par conséquent) l’État. En Amérique latine et caraïbe, par exemple, elle s'exprime à travers les "cartels" du crime organisé avec leurs capos partis de rien, souvent nés dans des cahutes misérables, qui utilisent la drogue et autres trafics comme base d'accumulation mais règnent ensuite sur toute sorte d'activités "propres", et qui prennent le contrôle de villes et de régions entières en formant de véritables États dans l’État qui court-circuitent et ridiculisent l’État "officiel", tout en se drapant dans le costume de "Robin des Bois" (le modèle absolu restant le colombien Pablo Escobar, l'un des rares d'ailleurs à se revendiquer 'de gauche', 'contre l'oligarchie corrompue', pour la 'justice sociale' etc. etc.) : les États bureaucratiques-compradores et l'impérialisme US, qui ne peuvent tolérer cela, lancent alors leurs forces spéciales et la DEA à leurs trousses...

    Bien entendu, lorsqu'il y a péril rouge en la demeure, lorsqu'une menace révolutionnaire conséquente se lève, capitalismes "d'en haut" et "d'en bas" serrent les rangs pour y faire face. Il est notoire que les cartels sud-américains ont collaboré avec les États bureaucratiques-compradores contre les forces révolutionnaires ; comme en Colombie dans la guerre d'extermination lancée contre l'Union patriotique, "vitrine politique" des FARC (plus de 5.000 assassinats entre 1985 et 1991), puis dans la création et le financement des groupes paramilitaires AUC. Certains cartels sont même directement issus de 'rebuts' des forces militaires contre-révolutionnaires d'État, comme les Zetas mexicains.

    CommunistesDans les pays musulmans, comme l'explique bien l'article du (n)PCI ci-dessous, lorsqu'il y avait un mouvement communiste puissant, impulsant (malgré la répression féroce dont il faisait souvent l'objet) des secteurs nationalistes bourgeois et militaires qui défiaient l'impérialisme occidental et le sionisme (se transformant, généralement, en castes bureaucratiques pro-soviétiques, mais bon...), ces derniers et les castes bureaucratiques pro-occidentales appuyaient et finançaient (avec le concours des monarchies moyenâgeuses du Golfe) les forces politiques islamistes contre le "communisme apostat". Dans les années 1980 s'ajouta une autre menace, l'expansionnisme "révolutionnaire" iranien, appuyé sur les communautés chiites (de l'Irak au Liban) mais aussi quelques forces sunnites comme le Jihad palestinien : l'islamisme sunnite fut aussi mobilisé contre cela, et cette ligne de fracture affecte encore profondément la politique de cette partie du monde.

    imageMais lorsque la "menace" fut conjurée, avec la contre-révolution en Chine, la faillite du révisionnisme soviétique et des ‘nationalismes’ liés à lui (entraînant dans leur chute toutes les forces progressistes/marxistes qui s’y étaient attelées par opportunisme), et le relatif "retour dans le rang" de l'Iran après la mort de Khomeyni (jusqu'à Ahmadinejad), l'impérialisme occidental - principalement US - prétendit imposer un "nouvel ordre mondial" synonyme d’impérialisation totale, débridée et sans limites de la région comme de tout le "tiers-monde" ; ce qui fut perçu (non sans raisons) comme une trahison par leurs anciens alliés, une nouvelle croisade ; d'autant que ce furent souvent... les nationalistes bourgeois et les "communistes impies" précédemment combattus (militaires égyptiens dès la fin des années 1970, Kadhafi et Assad à partir des années 1990, Fatah palestinien, ex-apparatchiks en Asie centrale, clan Bhutto au Pakistan etc.) qui furent "recyclés" comme gardes-chiourme locaux de ce "nouvel ordre mondial". Ceci conduisit à la rupture, et de la rupture à l'affrontement ; stimulé par dessus le marché par les milliards de pétro-dollars sur-accumulés des oligarchies du Golfe, "libérées" de la menace révolutionnaire rouge et en quête de débouchés et d'affirmation sur la scène internationale : émirat du Qatar (particulièrement offensif depuis la prise de pouvoir d’Hamad bin Khalifa al-Thani en 1995), soutenant les Frères musulmans ; et oligarques divers, ‘à titre privé’, d’Arabie et des autres Égypte : l'affrontement entre capitalisme "d'en haut" (bureaucratique) et capitalisme "d'en bas" (islamiste) tourne à la guerre civileémirats (Dubaï, Koweït etc.) finançant la ‘nébuleuse djihadiste’ (les monarchies elles-mêmes restent plus soumises à l’impérialisme US et soutiennent les salafistes non-djihadistes, ‘quiétistes’).

    Dans ce contexte, les forces islamistes, hier parties prenantes de la lutte contre-révolutionnaire mondiale, furent amenées à se placer à la tête des résistances populaires contre l'impérialisation totale : un exemple très représentatif de cela fut notamment le Hamas palestinien. Dans la "rue arabe" (ou encore pakistanaise, par exemple), les bannières islamistes peintes de versets du Coran remplacèrent le drapeau rouge et les drapeaux nationalistes ; et l'islamisme devint, dans cette partie du monde abritant un milliard et demi d'êtres humains et les principales ressources énergétiques de la planète, la nouvelle "menace globale" après la "chute du communisme".

    Évidemment, si de nouveau une réelle menace révolutionnaire venait à se lever, capitalismes "d'en haut" (bureaucratique) et "d'en bas" (islamiste) se retrouveraient à nouveau main dans la main : c'est d'ailleurs déjà (un peu) à l’ordre du jour, et c'est pourquoi l'on observe tout un courant (disons) "pragmatique" de l'impérialisme mondial, d'Obama à Hollande en passant par Merkel et Sarkozy, prônant face aux "printemps arabes" une solution "inclusive" où "islamistes", castes militaires, "démocrates", "libéraux" et "gauches" opportunistes s'uniraient dans une grande mascarade "démocratique" pour maintenir intacte la surexploitation impérialiste ; tandis que de leur côté, les tenants d'une ligne impérialiste dure penchent plutôt pour faire parler la poudre, pour maintenir dans le sang la "verticalité" bureaucratique-militaire, fut-elle "anti-impérialiste" à la Kadhafi ou Assad, du moment que les masses sont maintenues sous une botte de fer (pour s'en convaincre, voir ici et ici) : c'est ce qui vient de se produire en Égypte.

    PHO88bbf152-05c4-11e3-bf3e-4c1259c003d3-805x453Entre "capitalisme d'en haut" bureaucratique-militaire et "capitalisme d'en bas" islamiste, nous pouvons évidem-ment clamer : "les masses n'ont pas à choisir !" - telle est notre position de principe.

    Mais lorsque le capitalisme BUREAUCRATIQUE, dont le marxisme-léninisme-maoïsme nous enseigne qu'il est le représentant DIRECT de l'impérialisme dans un pays dominé, profite des contradictions et des faillites des "capitalistes d'en bas" islamistes pour reprendre en main, dans un bain de sang, un pays qui avait amorcé un début de mouvement réel d'émancipation de masse, l'ennemi principal ne peut être que le capitalisme bureaucratique en question et sa colonne vertébrale militaire. C'est la position de toutes les organisations véritablement maoïstes à travers le monde, qui sont nos camarades. Et lorsque le peuple opprimé et affamé se dresse et résiste, au prix de centaines de mort-e-s, à cette oppression, quel que soit le drapeau sous lequel il se mobilise, LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP : telle est la position maoïste authentique.

    Egypte_pics_390.jpgCar si l'on analyse le problème en termes de classes, quelles sont les classes sur lesquelles s'appuie la révolution anti-impérialiste dans un pays dominé ? Le maoïsme nous enseigne que ce sont la classe ouvrière, des grands ensembles industriels mais aussi des petits ateliers (il n'y a pas de "sous"-classe ouvrière !) ; la paysannerie pauvre, généralement très importante et qui, chassée des campagnes vers les villes par les ravages de l'impérialisme, y forme une "plèbe informelle" de petits boulots façon Mohamed Bouazizi ; et les éléments petits-bourgeois (petits entrepreneurs), paysans moyens ou étudiants/intellectuels avec lesquels il est possible de passer des alliances (jamais la totalité de ces classes, et souvent pas la majorité). Et quelle est la situation en Égypte ? Elle est celle que l'on rencontre dans la plupart des pays arabes et musulmans : paysannerie pauvre et moyenne-pauvre, "plèbe informelle" des taudis, classe ouvrière "en petit" (ateliers) et petit entrepreneuriat penchent plutôt vers les Frères musulmans et l''islamisme' en général (dont les dirigeants, eux, sont des bourgeois : entrepreneurs, paysans riches, ingénieurs, professions libérales etc.) ; tandis que les milieux intellectuels, éduqués, moyens-bourgeois urbains sont, sinon partisans de l'ancien régime, du moins anti-islamistes ('démocrates', 'libéraux', 'sociaux-démocrates' ou 'sociaux-libéraux') et de là, prêts à tous les opportunismes à courte vue ; de même que la classe ouvrière et les employés "en grand" (grandes entreprises publiques ou privées, administrations etc.), "aristocratie ouvrière" dans un sens, encadrée par ce qu'il reste de 'gauche' syndicale et 'socialiste' ou 'communiste'. En somme : plus l’Égyptien(ne) est modeste et/ou (en tout cas) peu éduqué(e), peu connected to the world, bidonvillois(e) ou provincial(e), en un mot périphérique, plus il/elle penche vers l''islamisme' ; en tout cas, il/elle a d'autres priorités que de pouvoir poser nu(e) sur un blog. C'est la fameuse "rue arabe" dont parlent les médias de l'impérialisme. Plus il/elle est centrurbain(e), aisé(e) et/ou éduqué(e), occidentalisé(e), en un mot central, plus il/elle est favorable au coup d’État sanguinaire qui se déroule en ce moment ; une ‘libération’ à ses yeux... Voilà qui devrait faire réfléchir le 'camarade' Amin, grand théoricien des centres et des périphéries !

    PRC-internationaleL'unique porte de sortie du Peuple égyptien, comme de tous les peuples du "tiers-monde", face à la domination impérialiste qui l'écrase, n'est ni dans le "capitalisme d'en haut" ni dans le "capitalisme d'en bas" : elle est dans le chemin de la GUERRE POPULAIRE pour la révolution démocratique anti-impérialiste, le socialisme et le communisme. Mais pour cela, il faut d'abord FORGER UNE CONSCIENCE révolutionnaire, et celle-ci se forge précisément dans des évènements comme ceux en cours en Égypte depuis février 2011 : chute d'un tyran en place depuis près de 30 ans ; lutte contre un "gouvernement d'urgence" militaire tentant de sauver à tout prix l'ordre ancien ; déception face à des islamistes, opposants historiques à la "république" militaire, "enfin" parvenus au pouvoir ; et enfin, résistance actuelle au coup d’État et à la restauration de l'ancien régime. Elle se forge... à condition que les forces révolutionnaires, le mouvement communiste, dans le pays comme dans le monde entier, sache reconnaître où sont les forces de classe dont il s'agit de prendre la tête en priorité ; sous quel drapeau sont les masses qu'il s'agit d'amener sous le drapeau rouge ! Tel n'est pas le cas, pour le moment, de toute une "gauche" internationale absolument incapable de comprendre ce que nous venons d'exposer, se limitant à rabâcher ses vieux schémas brejnévoïdes de la Guerre froide, ses masturbations kémalo-baathistes ou son anticléricalisme "libre-penseur" faisant office de science révolutionnaire.

    Nous ne sommes pas d'accord, et nous l'avons dit maintes fois, avec la tactique suivie actuellement en Italie par les camarades du (n)PCI, de soutien au mouvement de Beppe Grillo : nous voyons mal comment un mouvement que Gramsci aurait qualifié de subversiviste, petit-bourgeois 'radical' et ambigu de type Arditi, voué à éclater entre mobilisation fasciste et antifasciste/révolutionnaire, pourrait être le 'centre' d'une mobilisation révolutionnaire de masse... Pour autant, sur les récents évènements en Égypte, leur communiqué est d'une grande justesse (avec quelques raccourcis, impliquant de lire ce qui précède...) et nous vous en présentons donc la traduction.   

    Les Frères musulmans sont un mouvement bourgeois, incapable de représenter la moindre perspective libératrice pour le Peuple d’Égypte ; mais les Pinochets du Nil, la caste militaire bras armé du capitalisme BUREAUCRATIQUE, de l’impérialisme et du sionisme, les restaurateurs de l’ordre Moubarak, sont l’ENNEMI PRINCIPAL face auquel le Peuple égyptien doit se mobiliser et ÊTRE SOUTENU SANS RÉSERVES !


    La position du (nouveau) Parti communiste italien - (n)PCI :

    https://www.nuovopci.it/voce/comunicati/com2013/com34-13/Com.CC 34 13.08.17 La rivoluzione avanza in Egitto.doc

    Égypte : la résistance héroïque des masses populaires au coup d’État renforce les masses populaires du monde entier !     

    Dans aucun pays la Communauté Internationale des groupes impérialistes européens, américains et sionistes ne réussit à donner une forme stable à sa domination !

    La lutte et la victoire des masses populaires égyptiennes renforceront la seconde vague de la révolution prolétarienne qui avance dans le monde entier !

    Le premier pays impérialiste qui rompra la chaîne de la Communauté Internationale des groupes impérialistes européens, américains et sionistes montrera la voie et ouvrira le chemin aux masses populaires du reste du monde. 

    resist iraqLes masses populaires égyptiennes livrent ces jours-ci une lutte acharnée et héroïque contre les forces armées au service de la Communauté Internationale des groupes impérialistes européens, US et sionistes. Aux masses populaires égyptiennes va et doit aller la solidarité de toutes les forces progressistes et du mouvement communiste de la planète. Leur lutte renforce la nôtre. La victoire des masses populaires égyptiennes renforcera les masses populaires dans le monde entier. Elle contribuera à la renaissance du mouvement communiste déjà en cours, car c'est seulement sous la direction du mouvement communiste et de sa conception du monde, le marxisme-léninisme-maoïsme, que les masses égyptiennes réussiront à consolider leur victoire, à surmonter leurs divisions actuelles sur lesquelles s'appuient les groupes impérialistes, et à emprunter une voie de progrès.

    Les bannières et les mots d'ordre religieux ne sont pas l'aspect principal de la lutte héroïque que mènent ces jours-ci les masses populaires égyptiennes contre les forces armées. Imbécile est celui qui évalue un mouvement principalement, voire uniquement par ses bannières et ses mots d'ordres, par la conscience  que celui-ci a de lui-même. L'aspect principal est que les masses égyptiennes ont empêché la Communauté Internationale des groupes impérialistes européens, US et sionistes de rétablir en Égypte l'ordre secoué par la révolte de janvier et février 2011, qui renversé Moubarak, et de faire de l’Égypte un terrain encore plus ouvert qu'avant à leurs opérations.

    La Communauté Internationale des groupes impérialistes européens, américains et sionistes veut faire de l’Égypte, comme des autres pays opprimés par le système impérialiste mondial, un terrain ouvert pour ses spéculations, pour ses affaires, pour ses investissements, pour ses délocalisations, pour son commerce. Dans les pays impérialistes eux-mêmes, pour faire face à la crise du capitalisme, elle cherche à dissoudre le tissu social créé lors de la première vague de la révolution prolétarienne, à faire des peuples une foule d'individus à exploiter comme travailleurs et comme clients. Dans les pays dominés, elle détruit également les bases primitives sur lesquelles vivent encore une grande part de la population et jette des millions d'hommes et de femmes dans l'émigration et la marginalité. En l'absence d'un mouvement communiste fort, ce sont les groupes et les fraternités fondées sur les relations et les conceptions du passé qui, à leur manière, se mettent à la tête de la résistance des masses populaires. Par leur nature, ces forces ne sont pas à même d'aller jusqu'au bout, car pour aller jusqu'au bout la révolution des masses populaires d’Égypte doit confluer dans la révolution dont toute l'humanité a besoin. Mais pour le moment, elles réussissent à fonctionner comme centres d'agrégation et de résistance. C'est aux communistes de prendre la place qui leur revient à la tête des luttes et de la révolution socialiste et de nouvelle démocratie : la conception communiste du monde fournit les instruments adéquats.

    00881_PPPA.jpgLorsque le mouvement communiste était fort dans le monde, dans les pays coloniaux et semi-coloniaux se développait la révolution de nouvelle démocratie : la révolution anti-féodale et anticoloniale était inspirée et dirigée par le mouvement communiste. Contre cette révolution, les groupes impérialistes mobilisèrent et soutinrent toute sorte de groupes et mouvements féodaux et cléricaux. Aujourd'hui, le mouvement communiste est encore faible, mais la crise du capitalisme se déploie avec une telle férocité contre les masses populaires que même ces groupes et mouvements féodaux et cléricaux doivent se mettre, à leur manière, à la tête de la résistance. La lutte en cours en Égypte fait partie de ce cadre général.

    Seule la renaissance du mouvement communiste créera à nouveau une grande unité populaire anti-impérialiste et progressiste. Contribuer à la renaissance du mouvement communiste est la forme la plus haute et décisive de solidarité que nous, communistes italiens, et toutes les masses populaires italiennes pouvons et devons apporter à la lutte héroïque des masses populaires égyptiennes contre les forces armées de la Communauté Internationale des groupes impérialistes européens, américains et sionistes.

     Par les massacres de ces derniers jours, les généraux égyptiens révèlent la nature criminelle, la véritable et intime nature des Obama, des Bergoglio, des Merkel, des Hollande, des Letta-Napolitano-Berlusconi et autres chefs de file du système impérialiste mondial, de leur pouvoir. La guerre d'extermination non déclarée que ceux-ci mènent contre les masses populaires, jusque dans les pays impérialistes, montre ces jours-ci en Égypte son visage sanguinaire et brutal. Le MUOS montre là sa véritable utilité. 

    La Communauté Internationale des groupes impérialistes européens, américains et sionistes est prise dans la tourmente de la crise générale du capitalisme. Elle ne réussit dans aucun pays à bâtir un ordre stable en sa faveur. Elle avance péniblement et recourt toujours plus à des méthodes ouvertement criminelles, à la Silvio Berlusconi ou Abdel Fattah Sissi, pour se maintenir au pouvoir : sa force réside principalement dans la faiblesse du mouvement communiste. La renaissance de celui-ci sera sa fin. La révolte contre la Communauté Internationale des groupes impérialistes européens, américains et sionistes grandit partout dans le monde, jusque dans les pays impérialistes et aux États-Unis eux-mêmes. Le premier pays impérialiste qui brisera ses chaînes ouvrira la route et montrera la voie aux masses populaires du monde entier.


    L'impérialisme est un tigre en papier !

     

    À lire aussi sur le sujet, très intéressant pour s'y "retrouver" et arrêter de tout confondre (tragédie de l'extrême-gauche occidentale en la matière...), cet excellent dossier publié en 2017 sur Investig'Action : Lalieu-Hassan-Islamisme.pdf

    Ainsi que (avec d'autres liens encore dans les articles mêmes) :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/conception-du-monde-rebondissement-discussion-fb-sur-un-texte-du-pc-ma-a182055290

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/encore-une-fois-sur-la-question-de-l-islamisme-a145777528

    (n)PCI - La révolution démocratique anti-impérialiste dans les pays arabes et musulmans

    [Et puis, trotskyste et donc avec les défauts que l'on pourra lui trouver de par cette idéologie ; mais enfin néanmoins, du bon trotskysme (comme il y a le bon et le mauvais cholestérol !) ; le fameux texte de Chris Harman (du SWP britannique) qui devrait vraiment, à notre sens, avoir toute sa place dans la conception communiste du monde de notre époque (et qui n'est, sans doute, pas pour rien honni de tous ceux - des "libertaires" aux ML voire "maoïstes" dogmatos en passant par les trotskystes de type LO - qui peinent à cacher sous un maquillage anticapitaliste leur profonde islamophobie "barbus de Saint Foooons"...) : « Chris Harman - Le prophète et le prolétariat (1994).pdf »

    Dans une veine finalement assez proche, il y a d'ailleurs le maoïste indien Ajith : resistance-islamique-la-contradiction-principale-et-la-guerre-contre-l-a136656668]


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  • ... et pas une de plus.

    L'article sera bref : tout le monde a suivi les résultats des 'premières élections libres' après la chute de l'autocrate Ben Ali. Avec 41% et 90 sièges (sur 217) promis, les z'islamiiiiiistes d'Ennahda ('Renaissance') seront la principale force du nouveau 'paysage' politique. Il va de soi, et cela commence déjà à s'exprimer un peu partout sur la toile, qu'à l'extrême-droite fasciste il va s'en trouver pour claironner "voilà le résultat !" ; Marine Le Pen ayant d'ailleurs été très claire là dessus : "(Ben Ali, Kadhafi, Moubarak etc.) c'était des dictateurs, certes, mais laïcs"... Mais ce n'est pas tout, comme d'habitude : il s'en trouve également à 'gauche' qui, après avoir célébré la 'Révolution du Jasmin' et même inauguré des 'rues Mohamed Bouazizi', commencent presque à regretter le sublime mouvement populaire et la chute du tyran, sur l'air de 'tout ça pour ça ?'. Et d'espérer, presque, un 'sursaut', que 'quelque chose' se produise pour conjurer l'horrible 'scénario iranien'. Quelque chose comme... quoi ? Comme le coup d’État militaire de 1992 en Algérie, début d'une décennie de massacres ? Social-impérialisme, incapable de considérer les peuples arabes et de culture musulmane comme 'majeurs', quand tu nous tiens... On rappellera que le RCD de Ben Ali, comme le PND de Moubarak, furent membres jusqu'à leur chute de... l'Internationale socialiste, sans que cela ne gène d'aucune manière les hiérarques 'roses' d'Europe.

    Et puis, bien sûr, il y a des 'communistes' qui considèrent que 'tout ça, c'est parce qu'il n'y a pas de Parti', et donc... il fallait garder Ben Ali ? On ne voit guère d'autre option. Mais, au juste, les exploité-e-s, les affamé-e-s qui se sont levé-e-s 'comme d'un seul homme' ou ‘comme d'une seule femme’ après le suicide atroce de Mohamed Bouazizi, avant de faire 'boule de neige' dans tout le pays et d'acculer le tyran à la fuite... attendaient-ils/elles leur avis éclairé, à ces 'communistes' ? Évidemment que non. Il y a eu un 'fait divers', affreux, le suicide par le feu d'un jeune homme de 26 ans, et les gens ont considéré que 'ce n'était plus possible'. Toute la colère accumulée depuis un quart de siècle (et même plus) a explosé. Bien heureux le 'Parti', quel qu'il soit, qui saurait ‘contrôler' cela. Ce sont les masses qui font l'histoire.

    Les masses se lèvent, balayant des tyrans que l'on croyait indéboulonnables (comme le tsar en Russie)... Et, ensuite, un éventuel Parti intervient pour décider de 'réforme ou révolution', de construire un avenir nouveau ou 'tout changer pour que rien ne change'. Mais c'est tout.

    Effectivement, ce résultat était totalement prévisible. Il va falloir admettre une chose une fois pour toutes. La spontanéité des masses, on le sait, n'est jamais révolutionnaire. En Occident, elle est réformiste, pour des conquêtes économiques et 'aller au bout' de la démocratie bourgeoise ; avec une tendance prononcée (en situation de crise) au social-chauvinisme. Dans les pays arabes, elle est 'islamiste', point. Disons plus exactement que, dans tous les pays dominés par l'impérialisme, elle est un mélange d'aspirations à l'indépendance nationale et à la justice sociale. En Amérique latine, c'est un puissant nationalisme contre le gringo, et une aspiration à la 'justice sociale' d'inspiration chrétienne. Elle a récemment trouvé à 's'incarner' dans le bolivarisme. Dans les pays arabes, cela a pu être le national-populisme 'moderniste', le 'kémalisme arabe' de Nasser, de Boumediene ou de Bourguiba. Mais le nassérisme, le boumedienisme et le bourguibisme n'existent plus. Les années ont passé et leur nature s'est révélée : le nassérisme a engendré Sadate puis Moubarak, le FLN algérien a donné la junte actuelle, le bourguibisme a donné Ben Ali. Alors, elle s'incarne dans cet 'islam politique' (c'est le terme là-bas) qui peut finalement se résumer très simplement : à toutes les questions de masse, toutes les aspirations à l'indépendance nationale (contre l'impérialisme) et à la justice sociale (contre la hogra), une seule réponse : "il faut revenir à l'islam" ; ou, plus exactement, il faut revenir à AVANT la domination impérialiste. N'était-on pas 'si bien' ?

    Telle est la spontanéité des masses et, lorsque le mouvement communiste est encore faible comme il l'est au Maghreb arabo-amazigh (bien qu'existant, et SLP salue ici tous les camarades du Maroc, de Tunisie etc.), il n'y a rien d'autre à attendre d'une élection bourgeoise pour une Assemblée bourgeoise.

    L'autre grande force qui émerge de ces élections du week-end dernier, c'est (pour faire court) la social-démocratie : 30 sièges pour le Congrès pour la République (CPR), 'nationaliste de gauche' de Moncef Marzouki ; 21 pour 'Ettakatol' (social-démocrate) ; 17 pour le Parti démocrate progressiste (social-libéral, très lié (dit-on) à l'impérialisme, en particulier US) ; 5 pour le Pôle démocrate moderniste du Mouvement Ettajdid, ancien... PC tunisien. Ou encore, 1 siège pour le Mouvement démocrate socialiste. Soit 74 sièges pour la social-démocratie (allant de l'équivalent de Hollande à l'équivalent de Mélenchon). Les marxistes-léninistes 'albanais' du PCOT ('frères' du PCOF) récolteraient 3 sièges, selon une estimation constante ; il y aurait également un ou deux sièges pour le Mouvement des patriotes démocrates, qui se réclame 'marxiste et panarabe'.

    À noter les scores de listes considérées comme 'néo-benalistes', 'émanations du RCD' : la Pétition populaire d'un mystérieux milliardaire basé à Londres (19 sièges), L'Initiative (5) ou encore Afek Tounes (4). C'est ce que représentent les partisans de l'ancien régime ; ceci dit, Ennahda aurait aussi, dit-on, recyclé beaucoup de 'petits RCDistes'. Les 'libéraux' du Parti libéral maghrébin et de l'Union patriotique libre ont un siège chacun.

    [Il y a, toutefois, une chose à souligner ABSOLUMENT : les "90%" de participation avancés par les médias bourgeois sont en réalité "90%" des INSCRITS. Sur les 7,5 millions de Tunisien-ne-s en âge de voter, seul-e-s un peu plus de 4 millions étaient inscrit-e-s sur les listes, soit à peine un peu plus de la moitié ! En définitive, par rapport au corps électoral de 7,5 millions, la participation est de 48% et non 90%. Tous les résultats ci-dessus sont donc à relativiser à cette aune.]

    En fait, comme pour l'Amérique latine, mais avec un phénomène de longue poussée puis d'explosion soudaine, ce que montrent les résultats de cette élection, c'est l'émergence de nouvelles couches bourgeoises longtemps écrasées sous la botte de l'appareil politico-économique RCDiste. Car, si celui-ci a écrasé la Tunisie sous une botte de fer, il l'a également considérablement développée, il a développé les forces productives, à travers notamment les 'mannes' du tourisme et de la sous-traitance.

    On peut globalement dire que :
    - la social-démocratie représente plutôt (et traduit l'influence sur les masses de) la nouvelle couche intellectuelle, 'tertiaire' et urbaine ;
    - Ennahdha, bien que sa direction soit composée de hauts diplômés, universitaires et professions libérales, représente plutôt la nouvelle couche industrieuse, 'industrielle et commerciale' : des bourgeois pas forcément très éduqués, mais 'entrepreneurs'. Et, là encore, leur influence sur les masses, de préférence dans les régions reculées et les zones déshéritées.

    Au niveau de l'électorat de masse, le clivage est peut-être (comme on l'a lu ici et là) un clivage côte/arrière-pays, mais plutôt, plus certainement, un clivage de formation scolaire, de diplôme. L'électorat nahdaoui a probablement, sous réserve d'enquête, un niveau de diplôme moins élevé et un taux d'analphabétisme supérieur, un accès plus limité à internet, à la presse etc. que l'électorat social-démocrate. La jeunesse diplômée sans emploi ni avenir, qui joue un rôle moteur et essentiel dans les processus en cours, a probablement voté social-démocrate ou PCOT. Mais l'électorat d'Ennahda, ce sont les pauvres entre les pauvres. Les communistes ne doivent jamais perdre de vue cela.

    Est-ce que ce 'triomphe' (avec 41%, c'est un peu exagéré : ils ne peuvent pas gouverner seuls) des 'islamistes' pourrait représenter, pour la Tunisie, le risque du FASCISME ?

    Et bien, si l'on considère le fascisme non comme une idéologie précise, mais comme un mode de gouvernement, c'est à dire, dans un pays comme la Tunisie, une dictature réactionnaire terroriste au service de l'impérialisme, tentant de mobiliser une partie des masses contre une autre, alors... assurément, oui. Comme en Iran. Et exactement... comme Ben Ali et son RCD, "laïc", "défenseur des femmes" et membre, comme on l'a dit, de l'Internationale socialiste.

    Cela pourrait... ou pas. Ou pas, si l'impérialisme et la classe dominante locale ont d'autres plans, comme par exemple d'enfermer les masses dans une 'réforme démocratique' de façade. Un plan qui, avec les scores de la social-démocratie, semble être une 'proposition stratégique' sérieuse d'une partie de la nouvelle bourgeoisie tunisienne aux tuteurs impérialistes.

    Dans ce cas, Ennahda, ce ne sera pas la mollarchie iranienne mais... l'AKP turc (dont ils se réclament, d'ailleurs). Il est d'ailleurs à noter que l'AKP, en Turquie, représente aussi ces nouvelles couches bourgeoises qui se sont formées dans le dernier quart du 20e siècle, dans le pays comme dans la diaspora. Une nouvelle bourgeoisie plus anatolienne (même 'migrée' à Istanbul ou en Europe), moins 'bosphorienne' et 'égéenne'. Moins européanisée, d'où l'attachement à la culture islamique mise en avant par l'AKP. D'où, aussi, l'"ouverture" apparente (en mode libéral, bourgeois) vers les minorités arabe ou kurde, laze ou alévi, l'ouverture (toute limitée) sur les questions de langue, d'affirmation culturelle. D'où, enfin, le "néo-ottomanisme", la politique étrangère tournée vers l'Orient, débouché capitaliste 'naturel' pour cette nouvelle bourgeoisie. L’État profond, lui, avec notamment le Conseil des Forces Armées, restant kémaliste fasciste kaypakkaya-kemalisme.pdf et tourné vers l'Occident - l'AKP, histoire de 'ne pas faire de vagues', lui laisse 'carte blanche' sur le dossier kurde, par exemple.

    Ennahda, ce pourrait donc être un conservatisme démocrate-bourgeois bon teint, une manière de démocratie-chrétienne musulmane, en Große Koalition avec la social-démocratie (c’est déjà en discussion, avec le CPR et Ettakatol en tout cas). Gérant tranquillou, sous couvert de "le peuple tunisien s'est exprimé", les intérêts de l'oligarchie compradore-bureaucratique-foncière et de l'impérialisme ; avec ce qu'il faut de démocratie de façade et ce qu'il faut de répression contre les ‘partageux’. Et, peut-être, une pointe de nationalisme bourgeois du 21e siècle, de ce nouveau Bandung de notre époque : le classique discours sur les 'relations Sud-Sud', le rapprochement avec les 'émergents' etc. (et, bien sûr, l’hostilité diplomatique à Israël).

    Pour les masses exploitées de Tunisie et pour les révolutionnaires, qui continuent quotidiennement la lutte, rien donc de fondamentalement changé, dans la misère et l'exploitation, par rapport à l'ère Ben Ali, sinon... peut-être une légère marge de manœuvre en plus, dont il faudra voir comment l'utiliser à bon escient. Et si c'est le fascisme, parce que le maintien des intérêts dominants l'exige, alors ce sera le fascisme EXACTEMENT COMME ça l'était sous Ben Ali, et comme ça aurait pu l'être sous une coalition "libérale/social-démocrate/ex-RCDiste" des 60% de non-Ennahda, ou encore sous une "reprise en main" militaire à l’algérienne.

    Ce que veut dire SLP, c'est que ce à quoi il faut absolument tordre le cou ; c'est cette idée que "Voilà, on a tout gagné : on a les islamistes" ; et que, finalement, il valait mieux que les masses restent bien tranquilles chez elles, l'échine courbée, et gardent Ben Ali. Idée que l'on retrouve de l'extrême-droite jusqu'aux gauchistes (dont c'est la caractéristique, de toute façon, d'être sur des positions de droite voire d'extrême-droite), en passant par la 'gauche coloniale' qui ne parvient décidément pas à considérer les peuples arabes comme des peuples majeurs.

    POUR LES COMMUNISTES, il n'y a que DEUX QUESTIONS à se poser, et pas trois :
    - à quelles BONNES QUESTIONS le vote populaire, prolétaire et paysan pauvre pour Ennahda (c'est-à-dire : pour 'revenir à l'islam') est-il une MAUVAISE RÉPONSE ;
    ET
    - quelles sont les BONNES RÉPONSES, les réponses MARXISTES, à ces questions ?

    C'est seulement en se posant ces questions, et en y répondant correctement, qu'un GRAND MOUVEMENT COMMUNISTE pourra se construire et se développer en Tunisie [Il y a, pour le moment, deux petites organisations maoïstes, peut-être en voie d'unification].

    Au temps de la Révolution bolchévique, le bolchévik tatar Mirzayet Soltan-Galiev le disait déjà clairement : ce que les masses musulmanes voient dans les 'prophéties coraniques', dans la promesse de 'royaume du Mahdi', c'est finalement leur profonde (et humaine) aspiration au communisme. Ceci est également valable pour le 'royaume du Christ' des chrétiens ou le 'retour du Messie' des juifs.

    Dans les masses exploitées, affamées et opprimées de la Terre entière, la soif de communisme est là. AUX COMMUNISTES DE JOUER !

    maghreb-manif

     


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  • SOLIDARITÉ AVEC LA RÉVOLTE DES MASSES POPULAIRES DE SYRIE

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    Le régime d’Assad se réclame du socialisme (Parti Baas). C’est un parti « socialiste » en paroles, fasciste dans les faits.

    Depuis de nombreuses semaines, à la suite des autres peuples arabes frères, la révolte contre le régime sanguinaire d’Assad, digne fils de son père qui avait déjà fait tirer à la mitrailleuse sur les manifestants, se propage parmi la jeunesse et les masses populaires.

    Les impérialistes américains et européens, les sionistes, considèrent que le régime syrien n’est pas assez docile, qu’il se veut non-aligné.

    Les mêmes impérialistes veulent remplacer les anciens dictateurs dans les pays arabes, ainsi que dans d’autres pays opprimés, et la dictature du parti unique soumis ou rebelle à leurs intérêts par des régimes multipartis.

    Ils interviennent militairement en Libye et sont prêts à le faire en Syrie, voire à mener une guerre d’agression contre le régime fasciste iranien.

    Pour  autant, les vrais communistes ne peuvent être qu’aux côtés des masses arabes en lutte et non des régimes fascistes prétendument anti-impérialistes.

    Ceux qui sous le prétexte que les impérialistes risquent d’intervenir ne soutiennent pas les masses en lutte sont de faux communistes, de faux anti-impérialistes.

    Ils tentent de freiner la révolte des masses parce qu’elles ne seraient pas prêtes pour la révolution, faute de parti, de programme. Ils ne veulent pas comprendre que ce sont les masses qui font l’histoire, qu’elles ont raison de se révolter et que nous devons être à leur côté, les aider à former leurs  organisations de lutte pour faire triompher  la démocratie nouvelle, premier étape dans la construction du socialisme.

    Ne pas agir en ce sens, c’est laisser agir les forces pro-impérialistes, c’est abandonner les masses entre les mains des massacreurs.


    PC maoïste de France

     


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  • Il faut avoir une analyse juste des régimes arabes (et du Proche/Moyen-Orient en général) pour comprendre les processus en cours. Or, ce n'est souvent pas le cas. A décharge, il faut dire que ces sociétés ont connu, depuis le mode de production asiatique de Sumer et des pharaons jusqu'aux "nationalismes" bureaucratiques d'aujourd'hui, une évolution sensiblement différente de celle de l'Europe, et que le marxisme, né en Europe, a parfois du mal à se départir de cette grille de lecture euro-centrée.

    Ainsi, c'est une analyse marxiste répandue mais erronée (mais une erreur facile et compréhensible) que de considérer les régimes "nationalistes" de Assad ou Kadhafi, comme des régimes nationalistes bourgeois. De la même manière, on considère généralement l'Iran comme un régime théocratique moyennâgeux (féodal), et c'est également erroné. Pour comprendre cela, il faut, effectivement, avoir étudié et avoir une compréhension juste de ce que sont la féodalité et la bourgeoisie arabes (et orientales en général). Regardons cela de plus près. 

    Les Kadhafa (tribu du Kadhafi) sont profondément des hommes du désert ; le clan alaouite des Assad, des hommes de la montagne qui surplombe la côte méditerranéenne. Ce sont des clans féodaux. Leurs régimes peuvent bien être peints en "république", voire en "socialisme national arabe", ce sont des émirs, des chefs de clan au sommet d'une pyramide de tribus (exactement comme les monarques du Golfe), ce qui est la féodalité arabe. À la rigueur, la base et l'aile "gauche" des organisations de type baasiste ou nassérien, est constituée par une certaine bourgeoisie nationale intellectuelle, éduquée et "ouverte sur le monde" (sur l'Occident et ses idéologies bourgeoises). Tels sont les "pères fondateurs" du nationalisme arabe "socialisant" comme Michel Aflak (bourgeois intellectuel chrétien). Mais d'une manière générale, la mise en pratique de cette idéologie a été le fait de militaires, qui sont une caste féodale (héritiers des Mamelouks en Egypte, par exemple) ; et les Assad (comme hier Saddam Hussein) représentent l'aile "droite" du baasisme, Kadhafi (à l'origine) l'aile "droite" du nassérisme...

    La bourgeoisie, elle, vit par définition dans les "bourgs", dans les villes. Dans les pays arabes, ce sont les artisans et les commerçants du souk ; en Iran, on parle de bazar. Leur idéologie est le nationalisme bourgeois ISLAMIQUE, le "calvinisme musulman" de type Frères Musulmans ou Khomeyni. N'en déplaise aux tenants (souvent trotskistes de type SWP...) d'un "islamisme révolutionnaire", le programme islamiste est très... libéral ! Il a presque des côtés "thatchériens" : les islamistes sont profondément hostiles à l'économie étatique, tandis qu'au contraire, Dieu comble de ses bienfaits ceux qui l'ont honoré, qui sont de bons musulmans honnêtes, travailleurs et pieux (et dans les piliers de la piété, on trouve la charité : voilà pour le "volet social"). On retrouve là typiquement l'éthique du protestantisme révolutionnaire des XVIe-XVIIe siècle en Europe, de la Genève de Calvin, de la guerre d'indépendance hollandaise, des révolutions anglaises et des Puritains fondant la nation américaine ; face à des régimes (sociaux-) féodaux et capitalistes bureaucratiques qui rappellent fortement les monarchies absolues européennes de l'époque, de Philippe II d'Espagne à Louis XIV en passant par les Stuarts.

    En Iran, la grande révolution populaire de 1978-79 a été confisquée par la bourgeoisie nationale du bazar, qui a la spécificité (comme les bourgeoisies arabes des souks, et à la différence des bourgeoisies nationales apparues avec l'impérialisme en Afrique, Amérique latine etc.) d'être une classe ancienne et d'avoir une véritable conscience de classe et une vision du monde propre ; et de s'organiser facilement pour ses intérêts : une classe POUR SOI, bien qu'elle s'abrite, en apparence, derrière la "petite féodalité" des mollahs. Ce sont ces bazari qui ont confisqué la révolution de 1979 et ont formé une "garde bourgeoise", les Gardiens de la Révolution, qui sont devenus (accessoirement) la première entreprise capitaliste du pays (se muant en bourgeoisie bureaucratique).

    Voilà pourquoi le régime iranien, bien que soutenant le régime social-féodal des Assad (mais pas des Kadhafi), est si solide ; à la grande stupéfaction des analystes occidentaux (y compris marxistes sincères) qui ne voient que la "tête de gondole" religieuse et n'analysent pas scientifiquement les choses. Le régime est brutal, certes, car il a confisqué une révolution populaire démocratique et les masses le savent bien. Mais, finalement, il l'est à la manière de Ben Ali en Tunisie (100 morts) ou Moubarak en Egypte (800 morts), à la différence que ceux-ci sont... tombés. Cela car le régime iranien est un régime bourgeois, soutenu y compris par la petite-bourgeoisie, et donc "ancré" dans la société (par exemple avec les bassidj, milice de prolétaires arriérés et croyant au discours "anti-impérialiste" du régime). 

    Au contraire, les régimes féodaux, comme ceux de Kadhafi et Assad, ne peuvent que mener une véritable guerre civile et ravager leurs pays, car leur assise est celle d'un clan féodal : très faible dans les masses populaires, faible et critique dans la bourgeoisie compradore (qui souhaiterait une économie plus "libérale"), et réelle auprès des clans féodaux (dont des éléments ont muté en bourgeoisie bureaucratique) seulement tant qu'ils savent conserver leur allégeance (or, s'ils apparaissent "faibles", ils la perdent !).

    Beaucoup plus urbains et développés d'un point de vue capitaliste (mais un capitalisme dominé par les monopoles impérialistes...), l'Egypte et la Tunisie sont quand à elles dominées par la "triade" classique des pays semi-coloniaux : oligarchie compradore (intermédiaires commerciaux de l'impérialisme), bourgeoisie bureaucratique (ceux qui utilisent l'appareil d'Etat et les entreprises "publiques" comme source de rente) et latifundistes, grands propriétaires terriens évoluant vers le capitalisme agricole. Ben Ali et Moubarak étaient des "commis", des laquais, des "pantins" politiques de ces classes dominantes, dont celles-ci pouvaient facilement se débarasser en maintenant leur système intact.

    Au contraire, les Kadhafi et les Assad sont EN MÊME TEMPS la première entreprise de Libye et de Syrie : ils n'ont d'autre choix que de vendre cher leur peau, jusqu'au bout. Ils disposent les uns et les autres de forces armées qui leurs sont acquises, d'armées "privées", qui peuvent (en cas de retournement de l'armée "régulière" vers les insurgés) amener la situation à une "classique" guerre civile.


    [Bon en fait (erratum-correctum a posteriori), le fait est certes que l'on ne peut pas considérer simplistement ces régimes (souvent d'assise tribale ou communautaire marquée) comme "anti-féodaux" et leurs adversaires islamistes comme "féodaux", c'est ce que nous avons voulu dire. Mais leur essence profonde de classe n'est pas non plus "féodale", pas plus que pour ces derniers : les uns comme les autres sont, tout simplement, à la base des expressions de la BOURGEOISIE NATIONALE, point. D'un côté, une bourgeoisie nationale plutôt intellectuelle ou bureaucratique (fonctionnaire, militaire) et marquée par le mode de vie occidental, encore qu'un assez fort attachement à la culture nationale islamique puisse se manifester (chez Kadhafi typiquement, ou même Saddam, ou Ben Bella et Boumediene) ; de l'autre une bourgeoisie plutôt entrepreneuriale, négociante (souk, bāzār), souvent issue de l'exode rural vers les villes, etc.

    Dans un cas comme dans l'autre, cette bourgeoisie nationale en prenant le pouvoir peut mener à bien jusqu'à un certain point des tâches nationales-démocratiques, mais à terme, faute de pouvoir (bien sûr) assumer une révolution ininterrompue vers le socialisme et le communisme, elle finit toujours par basculer (pour une partie d'entre elle) en une oligarchie bureaucratique, néo-compradore...

    Dans un cas comme dans l'autre ; PAS PLUS NI MOINS dans l'un que dans l'autre. Et dans le cas des régimes "nationalistes laïcs", "nassériens" ou baathistes, bien évidemment nous y sommes ; ce qui donne à l'ordre social en place la forme d'une "féodalité d'État", un peu dans le style de l'Ancien Régime sous nos latitudes.

    Voilà.]

     

    tunisie révolution article libye20


    Sur le sujet, lire aussi ce très intéressant texte du site Arab Maoists (juillet 2012) qui apporte de riches réflexions sur cette très vaste question, toujours non-résolue (malgré les prétentions des uns et des autres) par le mouvement communiste international.
     


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  • Dans la nuit du 1er au 2 mai, la nouvelle est donc tombée. Après 10 ans de traque (une durée incroyable alors qu’il se trouvait dans une énorme villa, à 50 km de la capitale pakistanaise), Oussama BEN LADEN a été liquidé par les forces spéciales US.

    Il va sans dire que, d’un intérêt militaire à peu près nul, cette opération va, non seulement peut-être assurer la réélection d’Obama (mal en point face à la droite ultra) à la Maison-Blanche, mais représenter une victoire psychologique considérable pour le premier impérialisme du monde… À court terme en tout cas.

    Car sur la nature d’Al-Qaïda (totalement réactionnaire, contre-productive etc.), SLP rejoint l’analyse de la plupart des groupes marxistes-léninistes et maoïstes à travers le monde. On peut notamment se référer aux analyses des camarades du (nouveau)PCI sur ce point : 12.

    Nous irons simplement un petit peu plus loin

    En réalité, contrairement aux forces « islamistes » classiques (Frères musulmans, Hamas qui en est une branche palestinienne, Hezbollah, Iran khomeyniste) qui ont toutes une dimension nationale (malgré des prétentions panislamiques et une recherche naturelle d’alliés…), le projet d’AQ n’est pas simplement national-bourgeois. Al-Qaïda ne représente pas (en tout cas pas seulement) une bourgeoisie nationale dont les Frères musulmans du souk égyptien ou le bāzār iranien khomeyniste sont les exemples parfaits ; ce "capitalisme d'en bas" qui émerge de manière informelle et spontanée des entrailles de la "société civile" (où les gens produisent et vendent, bref font du bizness, et certains deviennent riches et d'autres pas...) face au "capitalisme d'en haut", celui que l'impérialisme perçoit comme "normal" et impulse à travers une bourgeoisie bureaucratique-compradore à sa solde ; et qui contrairement à ce dernier, ne va pas permettre au surproduit (plus-value "sur-accaparée") de "remonter" correctement  jusqu'aux  monopoles  impérialistes qui le combattent donc en conséquence, dans leur perspective de domination totale des économies du "Sud".

    En réalité la pénétration massive du capitalisme (impérialiste) dans les pays arabes (principalement du Golfe) depuis les années 1950-60, sur la base de la « manne » pétrolière, a généré une telle suraccumulation de Capital (intermédiaire, comprador) qu’à un moment donné une fraction « dissidente » de celui-ci est entrée en rébellion contre l’Occident, avec son propre projet impérial opposé à ce dernier (une "rébellion" qui peut parfois aller jusqu'à influencer la politique étrangère d'États proprement dits, comme l'émirat du Qatar qui poursuit une telle politique en soutenant les différentes branches des Frères musulmans, auxquels il sert - de fait - de quartier-général). Ben Laden est le parfait exemple de cela, héritier milliardaire d’un empire familial immobilier dont les membres « normaux » mènent la vie de la jet-set arabe à travers le monde…

    Pour les financiers d’AQ, à distinguer des « têtes de gondole » comme Ben Laden ou même d'un idéologue comme Al-Zawahiri, l’ambition n’est donc pas nationale mais impériale : un "Grand Califat" allant du Sénégal à l’Indonésie, conçu comme la base d’accumulation et d’investissement dont a besoin cette gigantesque masse financière pour se reproduire et se valoriser… En synthèse et pour être exacts : la contradiction entre capitalisme "spontané" "d'en bas" et capitalisme bureaucratique-comprador "d'en haut" fournit à l'"islamisme" combattant de type Al-Qaïda sa base de recrutement ; tandis que le Capital arabe suraccumulé qui "étouffe" dans ses petits États semi-coloniaux et qui se "rebelle" (en conséquence) contre l'impérialisme occidental pour tenter d'instaurer un "Califat" comme base d'accumulation adaptée lui fournit sa logistique.

    Bien sûr, à notre époque où même un capitalisme national indépendant n’est qu’un rêve impossible de nationaliste bourgeois, un tel projet de « révolution islamique mondiale », pour faire des compradores arabes dissidents des… impérialistes, est totalement irréalisable.

    Et donc, de fait, complètement coupé des masses et contre-productif. Depuis ses débuts dans les années 1990, malgré la fortune milliardaire de ses financiers, AQ n’a recruté que quelques milliers d’individus à travers le monde et ces groupuscules de quelques dizaines ou centaines d’individus n’ont jamais servi la moindre cause de libération, même national-bourgeoise, mais seulement à justifier le renforcement de l’intervention des impérialistes (qui ont largement grossi la menace) dans les pays musulmans, pays (quasi sans exception) stratégiques pour le contrôle impérialiste du monde.

    Le dernier exemple en date est le Maroc, où vient de frapper un attentat du groupe « AQMI » en plein mouvement populaire démocratique, à pic pour justifier un soutien impérialiste BBR au régime, après la bourde d’Alliot-Marie sur le « savoir-faire français » proposé à Ben Ali...

    D’ailleurs, des infiltrations directes de ces groupes par les services secrets impérialistes ne sont sans doute pas non plus à exclure (comme pour l'assassinat de Vittorio Arrigoni).

    D’une manière générale, les groupes d’AQ sont haïs des masses populaires et des résistances nationales dans les régions où ils sévissent : Sahara (mouvement national touareg), Irak (où ils ont littéralement saboté la résistance par leur sectarisme meurtrier), Afghanistan d’où les talibans et autres insurgés national-islamiques ont fini par les expulser etc. etc.…

    Il n’est donc pas faux de dire que la mort de Ben Laden marque la fin d’une époque ; en même temps que les soulèvements populaires dans les pays arabes y compris contre des « résistants à l’Empire » (Kadhafi, Assad) ou que le naufrage idéologique de Chavez, devenu l’avocat des satrapes arabes et livrant des révolutionnaires à la Colombie fasciste… L’époque des pénibles débuts de la nouvelle vague révolutionnaire mondiale, où la conscience révolutionnaire des masses - en avance sur l’organisation - se trouvait les héros qu’elle pouvait.

    Une nouvelle ère s’ouvre, marquée par la Guerre populaire en Inde, aux Philippines et ailleurs, par la lutte de lignes pour achever la révolution populaire au Népal, et par la Tempête arabe.

    Bien sûr, Sarkozy comme tous les idéologues de l’impérialisme essayent d’en faire leur miel, en opposant ce qu’il y a de plus libéral-bourgeois et inoffensif dans ces « révolutions arabes » qui d’ailleurs n’en sont pas (il y a eu de grandes expériences et victoires des masses du Peuple, mais pas de révolution) au « terrorisme » qui pour eux, au-delà des groupuscules d'Al-Qaïda, signifie la lutte armée, autrement dit la seule vraie voie de la libération des Peuples !

    Mais la signification réelle de ces mouvements, c’est celle de la nouvelle époque, l’époque du retour à la réalité scientifique des choses : ce sont LES MASSES QUI FONT L’HISTOIRE et pas les grands libertadores, les raïs et autres « émirs des croyants » (et encore moins les Sarkozy) !


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    Le "diable de confort" de l'impérialisme
     

    À lire aussi, très intéressant pour s'y "retrouver" et arrêter de tout confondre (tragédie de l'extrême-gauche occidentale en la matière...), cet excellent dossier publié en 2017 sur le site Investig'Action : 

    http://ekladata.com/5lOBWb7wr6Au53wxq2o8UWJX6M4/Islamisme-Lalieu-Hassan.pdf

    Et aussi (avec d'autres liens encore dans les articles mêmes) :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/conception-du-monde-rebondissement-discussion-fb-sur-un-texte-du-pc-ma-a182055290

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/encore-une-fois-sur-la-question-de-l-islamisme-a145777528

    (n)PCI - La révolution démocratique anti-impérialiste dans les pays arabes et musulmans
     
    [Et puis, trotskyste et donc avec les défauts que l'on pourra lui trouver de par cette idéologie ; mais enfin néanmoins, du bon trotskysme (comme il y a le bon et le mauvais cholestérol !) ; le fameux texte de Chris Harman (du SWP britannique) qui devrait vraiment, à notre sens, avoir toute sa place dans la conception communiste du monde de notre époque (et qui n'est, sans doute, pas pour rien honni de tous ceux - des "libertaires" aux ML voire "maoïstes" dogmatos en passant par les trotskystes de type LO - qui peinent à cacher sous un maquillage anticapitaliste leur profonde islamophobie "barbus de Saint Foooons"...) : « Chris Harman - Le prophète et le prolétariat (1994).pdf » 

    Dans une veine finalement assez proche, il y a d'ailleurs le maoïste indien Ajith : resistance-islamique-la-contradiction-principale-et-la-guerre-contre-l-a136656668]

    [Au sujet des théories complotistes sur le djihadisme :

    "Je dirais que ce que font certaines (en tout cas) forces djihadistes comme Daesh n'est pas joli joli, et certainement pas un projet de société que l'on peut défendre ; maintenant, je pense qu'il y a surtout une forme... d'amertume, en fait, à voir de telles forces capables de ce dont la gauche est incapable depuis des années, dans les pays du Sud et a fortiori en Occident : prendre possession d'un vaste territoire à la face du monde entier qui leur est hostile, et y bâtir un État "en rupture" radicale avec l'ordre existant, même si cette rupture est ultra réactionnaire.

    De cela la gauche n'est depuis longtemps plus capable, ah si pardon : en Rojava... avec l'appui aérien des bombardiers de l'OTAN.

    Du coup, "verts" de voir des ultra réacs en être capables, on préfère s'inventer que tout est voulu et manigancé, qu'ils ont "en réalité" le soutien de la CIA et du Mossad..."]


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  • Depuis une dizaine de jours maintenant, le vent insurrectionnel de la Tempête arabe a atteint la République (héréditaire) arabe syrienne de la dynastie Assad. COMME EN LIBYE, il s’agit d’un pays « socialiste » et « anti-impérialiste », et il va de soi que la situation va provoquer les mêmes débats. Hugo Chavez s’est déjà lancé, volant à la rescousse de son « ami » Assad en dénonçant un « complot impérialiste ».

    Il faut savoir que la Syrie est dirigée depuis 1963 par l’aile gauche (la plus « socialisante » et moins ouvertement anticommuniste) du parti Baas, et qu’elle était dans les années 1960 à 1980 dans l’alliance soviétique. Ainsi, le vieux PC prosoviétique a toujours apporté un « soutien critique » au régime et intégré le Front national-progressiste autour du Baas ; ce qui ne l’a pas empêché de subir restrictions et tracasseries en tout genre. Il est aujourd’hui divisé en deux branches (l’une pro-perestroïka à l’époque, l’autre anti) dont l’une aurait appelé le régime au « changement ». Au fil des années, de nombreuses dissidences communistes (opposées au pouvoir baasiste) ont émergé (Parti d'action communiste etc.).

    COMME EN LIBYE, l’insurrection a pris dès le début (sans doute pour son malheur, à court terme) une dimension régionale et confessionnelle. Ce qui semble encore être une caractéristique de ces pays aux régimes prétendument « socialistes » et en réalité bureaucratiques, clanico-mafieux et tribaux/communautaires/régionalistes. Tribalisme, régionalisme et communautarisme qui sont en réalité l'expression arabe de la féodalité, avec laquelle les nationalistes bourgeois sont incapables de rompre véritablement.

    Ainsi, les premiers et plus violents affrontements ont eu lieu à Deraa, au Sud, près de la frontière jordanienne : des dizaines, voire plus de 100 morts selon les organisations des droits humains. Deraa est un bastion sunnite hostile au régime dominé par les Alaouites (une branche du chiisme), elle est également située non loin du Djebel druze. Un autre foyer de contestation est Hama, dans le Centre-Ouest, également bastion sunnite avec une certaine influence des Frères musulmans : en 1982, un soulèvement avait été atrocement réprimé, la ville avait été bombardée causant des milliers de victimes (peut-être 20.000).

    Lattaquié, où il y a eu une douzaine de morts, est par contre située dans la région historiquement alaouite (côte méditerranéenne), mais compte également des sunnites et de nombreux chrétiens. Là, les évènements ont pris une tournure étrange : de mystérieux tireurs embusqués ont ouvert le feu indistinctement, tuant plusieurs civils mais surtout une dizaine de membre des forces de sécurité. Le régime a accusé les… réfugiés palestiniens de la région, ce qui en dit long sur son panarabisme (le FPLP-Commandement Général, dissidence pro-syrienne et basée en Syrie du FPLP, a aussitôt démenti).

    De quoi, effectivement, donner cours à toutes les théories du complot (d’autant que l’ami Thierry Meyssan n’est pas loin de là – au Liban). Il faut savoir, en fait, que la Syrie (par sa position stratégique au Machrek et en Méditerranée orientale) est au cœur des contradictions inter-impérialistes : non seulement les services secrets et des « réseaux » de toutes les puissances impérialistes y opèrent (et de puissances régionales comme l’Iran, et bien sûr Israël) ; mais le régime lui-même est très divisé sur l’orientation intérieure et internationale. L’ « héritier du trône » Bachar el-Assad, qui a succédé à son père en 2000, est en réalité plus une « reine d’Angleterre » qu’autre chose, ce en quoi il n’est pas erroné de parler de monarchie. C’est peut-être, comme le dit Chavez, un brave type ; mais il n’a en fait que peu de pouvoirs : des clans rivaux sont constitués au sein des services secrets, de la police, de l’Armée de l’Air, de l’Armée de Terre etc., en lien avec les milieux capitalistes privés ou d’État, et luttent pour la plus grande influence et l’alignement géopolitique. C’est le cas d’un peu tous les pays qui, dans les années 1970-80, étaient alignés sur l’URSS, après que celle-ci se soit effondrée en 1990-91 (ainsi, c’est un peu le cas en Libye, mais en l’occurrence c’est le clan dominant, le clan Kadhafi, qui mettait « tactiquement » en concurrence les impérialismes sur son territoire). La Russie y a gardé de solides positions, mais il y a des courants pro-occidentaux et en particulier pro-français, héritage de la « politique arabe » gaulliste ; il y a également, depuis les années 1980, une alliance avec l’Iran : en effet, si le régime syrien est baasiste, il a toujours été très hostile au Baas irakien (il s’agissait de l’aile gauche et de l’aile droite du parti…) et s’est donc rapproché de l’Iran durant la guerre Iran-Irak. Cette alliance perdure aujourd’hui, en particulier dans le soutien à la résistance libanaise et palestinienne, et derrière l’Iran dirigé par le courant Khamenei-Ahmadinejad se profile maintenant la Chine…

    Les divergences sont également importantes entre partisans d’un dirigisme étatique important ou d’un certain libéralisme économique, entre nationalistes bourgeois un minimum sincères et crapules bouffant simplement à tous les râteliers, etc. etc.

    La situation (là encore) est donc COMPLEXE, ouvrant la voie à toutes les manœuvres (inter-) impérialistes. Pour autant, il faut encore le dire clairement : on ne « fabrique » pas un soulèvement impliquant des dizaines de milliers de personnes (mais on peut le récupérer…). Il ne faut certes pas systématiser aveuglément le slogan maoïste « On a raison de se révolter », mais toute révolte avec une base populaire a toujours quelques justes raisons.

    Corruption, concentration du produit du travail entre les mains d’une caste oligarchique, répression, hogra, système clanico-mafieux : que ce soit en Ukraine ou (bien évidemment) en Iran, ou déjà dans les « pays de l’Est » en 1989 (après des décennies de pourrissement révisionniste), les « révolutions colorées » téléguidées par l’impérialisme n’ébranlent ni ne renversent pas des régimes irréprochables ; lorsqu’il y a une certaine assise populaire (comme au Venezuela pendant la grande déstabilisation de 2002-2005), le régime résiste sans déployer énormément de répression.

    En Syrie comme dans tous les régimes « socialisants » (dont la Libye) qui assuraient (au moins en façade) une certaine « politique sociale » et une certaine redistribution du revenu national, la « libéralisation » économique qui sévit depuis les années 1990 a encore aggravé le mécontentement populaire… Tandis que la rhétorique nationaliste ne fait plus recette, les héros des masses étant les résistants palestiniens et libanais, plus que le régime (qui a, cependant, moins ouvertement tombé le masque qu’en Libye).

    D’un côté, il est clair pour tout communiste que ce sont les masses populaires en armes qui libéreront le Machrek arabe de l’impérialisme et du sionisme, jusqu’à faire flotter l’étendard de la révolution populaire sur le Dôme du Rocher d’Al-Qods. Donc, les régimes arabes ennemis du Peuple (qu’ils soient ouvertement laquais ou qu’ils se la jouent nationalistes) sont les « meilleurs ennemis » d’Israël et de l’impérialisme, en maintenant les masses dans l’apathie et un « nationalisme » folklorique de pacotille, et en favorisant la division et les luttes fratricides par leurs bas calculs ethno-confessionnels et chauvins*. D’ailleurs, ces régimes eux-mêmes ont BESOIN d’Israël, comme « Grand Satan », pour justifier leur existence et leur pouvoir ; tout autant qu’Israël a besoin d’eux ; et même les impérialismes (russe, chinois) qui les appuient ne sauraient, en fin de compte, se passer de la forteresse sioniste qui tient les Peuples de la région sous contrôle… D’ailleurs, la presse israélienne elle-même en fait en ce moment ses gros titres : « si Assad tombe, ne va-t-on pas y perdre au change ? » !!!

    Mais DE L’AUTRE, si des laquais purs et simples, à la Hariri (père et fils), s’installaient à Damas, il est clair que ce serait (à court terme au moins, voire à moyen terme) un revers sur le front proche-oriental de l’anti-impérialisme. Car la Syrie, quoi que l’on pense du régime, sert d’appui et de profondeur stratégique à la résistance populaire palestinienne et libanaise, qu’elle soit islamique (Hezbollah, Hamas, Djihad islamique) ou progressiste (FPLP, FDLP, PC libanais et autres organisations de gauche). Ce n’est certainement pas ce que les insurgés populaires veulent : ils sont sans doute aussi antisionistes et anti-impérialistes, sinon plus, que ce que le régime prétend être… Mais les impérialistes soutiens d’Israël (comme ceux qui sévissent en Libye) ont sans doute quelques « démocrates libéraux » à la « CNT » dans leurs poches pour assurer la « transition démocratique ». Et s’ils n’en ont pas, il reste la balkanisation, qui, dans la région, s’appelle la libanisation… C’est peut-être le genre de manœuvre qui a eu lieu à Lattaquié.

    Les deux voies sont donc ouvertes devant les masses populaires syriennes. Mais en l’absence de direction (même nationaliste petite-bourgeoise !) claire et identifiée, et avec les caractéristiques que présente d’entrée de jeu le mouvement de contestation (régionalisme, confessionnalisme), c’est la deuxième qui risque de prévaloir à court terme (à long terme, bien sûr, c’est la perspective historique de la Tempête arabe qui prévaut)… À moins que le régime, à coup de concessions (il ne semble pas avoir pris la voie kadhafiste sur ce plan), tienne le coup… tout simplement. L’état d’urgence, qui était en vigueur depuis 1963, vient d’être levé et des centaines de prisonniers politiques libérés.

    Pendant ce temps, la Tempête continue de souffler, et la répression parfois meurtrière de frapper, au Yémen, à Bahreïn, au Maroc, au Sahara occidental, et bien sûr en Palestine où de nouvelles frappes contre Gaza s’annoncent peut-être…

    En Libye, le « guide » Kadhafi s’est trouvé un nouveau soutien folklorique, ce qui risque d’en laisser certains (voire beaucoup) un peu verts ; tandis que le PC des Ouvriers de Tunisie (ML « albanais »), plus grosse organisation marxiste du pays, s’est exprimé avec une clarté absolue tant sur l’intervention impérialiste que sur celui qui avait « déploré » la chute de Ben Ali : "Nous soutenons le peuple libyen dans son soulèvement, mais nous sommes contre toute intervention étrangère qui non seulement nuira à la révolution en Libye mais aussi en Tunisie et dans tous les pays arabes".

     

    RIEN N’ARRÊTERA LE VENT DE L’HISTOIRE !

    VIVE LA TEMPÊTE ARABE AUJOURD’HUI, VICTOIRE À LA RÉVOLUTION POPULAIRE DEMAIN !

     

    * Par exemple, on l’oublie souvent, mais si la Syrie est entrée au Liban en 1976, ce n’était pas pour soutenir les Palestiniens ni les forces de gauche libanaises mais… la Phalange kataëb, l’extrême-droite maronite ! Ce qui provoqua, d’ailleurs, une première scission du PC pro-régime.

     

    http://www.scsstatic.ch/i/4615212,300http://q.liberation.fr/photo/id/264464/r/03/02/w/459/m/1301077264
    Les affrontements à Deraa


    Lire aussi : PCmF sur la Syrie

     


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  • En raison du caractère prétendument "anti-impérialiste" du régime de Kadhafi et de l'intervention impérialiste (franco-anglo-US) qui se mit rapidement en place contre lui, la révolte populaire qui éclata en Libye en février 2011 fut l'occasion de très virulents "débats" (si l'on peut appeler ainsi échanges d'insultes, d'épithètes, d'attaques ad hominem etc.) entre les tenants de la véritable conception communiste-maoïste du monde ("on a raison de se révolter", "le camp du peuple est notre camp") et les courants "anti-impérialistes" "marxistes-léninistes" campistes (fans de Michel Collon etc.).

    Qui est le "colonel" Kadhafi ?


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    Depuis près de 2 semaines, la Tempête arabe a atteint la Libye du "colonel" Kadhafi, que beaucoup de révolutionnaires (dont SLP) pensaient à l'abri derrière ses revenus pétroliers. Et là, le soulèvement populaire a tourné au bain de sang : plusieurs centaines de morts, des villes rebelles bombardés par les chars et mitraillées par hélicoptère etc. Les images, atroces, pullulent en ce moment sur le Net.

    En réalité, création artificielle du colonialisme italien (en réunissant la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan), le pays est en train de basculer dans la guerre civile. Marquée traditionnellement par les alliances et les désalliances de tribus (ensembles de familles élargies, pouvant aller jusqu'à 1 million de personnes), la Libye connaît également une forte opposition entre Est (Cyrénaïque, Benghazi coeur de la révolte) et Ouest (Tripoli). Cependant, l'Ouest tripolitain connaît aussi des révoltes, inspirées par la Tunisie géographiquement et culturellement proche...

    Il apparaît en fait clairement que Mouammar Kadhafi, malgré ses largesses en pétrodollars et ses solides réseaux d'alliances tribales, est resté au pouvoir (bien qu'officiellement sans fonction, uniquement "Guide") beaucoup trop longtemps, au moins 20 ou 25 ans de trop...

    Malgré la sympathie qu'il a pu avoir, il y a déjà longtemps, dans les masses arabes et même mondiales, il est frappé par le même mouvement que les autres vieux despotes (Ben Ali, Moubarak ou Bouteflika, qui est un homme du même appareil depuis plus de 30 ans), tandis que les "jeunes" résistent mieux (Mohamed VI, Abdallah de Jordanie, Bachar el-Assad) : rien de plus normal, dans tous les mouvements révolutionnaires il y a des régimes qui sont les "maillons faibles". La Libye en fait manifestement partie.

    http://www.rfi.fr/actufr/images/110/kadhafi_200b_03022009.jpgMouammar Kadhafi est arrivé au pouvoir à 27 ans, en 1969, par un de ces coups d’État "progressistes", une de ces "révolutions par en haut" typiques du monde arabe, de Nasser à Kassem. Dans les années 1970, c'est un jeune nassérien, un nationaliste arabe "socialisant" (mais néanmoins clairement anticommuniste). Avec tout ce que cela (dans les conditions de l'époque) impliquait (parfois) de positif et (souvent) de négatif.

    En bon "socialiste arabe", il se rapproche de l'URSS, mais aussi de la "politique arabe" de la fraction gaulliste de l'impérialisme BBR, aux commandes jusqu'en 1976. Durant cette période, il soutiendra le sanglant despotisme "révolutionnaire " d'Amin Dada en Ouganda, également.

    Déjà peu marqué par la modestie, il pense réussir là où Nasser lui-même avait échoué : il lance toute une série de tentatives d'"Unions arabes", qui seront toutes plus foireuses les unes que les autres, à mesure que les régimes voisins abandonnent leurs dehors nationalistes pour aller vers le compradorisme pur et dur...

    En 1977, l’Égypte de Sadate prend clairement le chemin du rapprochement avec Israël et le camp occidental ; Kadhafi perd son dernier et plus proche allié. Dans le même temps, la France prend (avec l'éviction de Chirac) un virage atlantiste, qui se renforcera encore sous Mitterrand.

    C'est alors que Kadhafi lance sa "révolution verte", change le drapeau du pays en uniformément vert et publie son "Livre vert" qui se veut un nouveau "Petit livre rouge". C'est dit : Mouammar Kadhafi a inventé le "socialisme arabe islamique", le socialisme "adapté à la culture arabo-musulmane"... En réalité, le "Livre vert" est une accumulation de slogans ("associés pas salariés" ; "la maison à celui qui l'habite") banalement populistes, mêlant socialisme autogestionnaire, islam "révolutionnaire" à la Shariati et nationalisme arabe. Mais il aura un certain succès dans des milieux marxistes en perte de vitesse (dans les terribles années 1980), ainsi que dans les milieux "NR" : les "nationaux-communautaires" belges s'en réclament encore.

    Cela étant, Kadhafi, tout en restant étroitement lié à la géostratégie soviétique, mène une politique de trublion qui en fera un petit "grain de sable" dans l'énorme offensive impérialiste de l'époque, conduite par Reagan, Thatcher et Mitterrand, alors que l'URSS (en Afghanistan) tombait le masque pour se révéler une puissance colonialiste comme les autres. Soutenant les organisations palestiniennes, les révolutions anti-impérialistes en Afrique comme en 1983 au Burkina Faso, l'IRA ou encore ETA, on peut dire que durant cette courte période de 1977 à 1985, Kadhafi aura objectivement et ponctuellement "servi à quelque chose". Un Chávez arabe des années 1980...

    Mais tout cela ne pouvait pas durer très longtemps, et devait atteindre tôt ou tard ses (étroites) limites de classe... D'autant que Kadhafi, contrairement à d'autres nationalistes bourgeois, ne brille pas par son réalisme et son pragmatisme. Ses prétentions hégémoniques au "génie" révolutionnaire éloignent ses amis arabes et africains. Thomas Sankara n'est pas emballé par une conversion collective du Burkina à l'islam. L'expédition "panafricaniste" au Tchad échoue devant le régime d'Hissène Habré, appuyé par la force française Manta. En 1986, Ronald Reagan fait bombarder son palais et sa fille adoptive est tuée.

    Cette époque est celle du basculement, la paranoïa s'ajoutant à la mégalomanie : Kadhafi s'habille et vit en bédouin, parle de lui à la 3e personne etc.

    Plus sérieux (et plus grave), sur le plan politique, il retrouve la bonne vieille accointance gaulliste du "socialisme arabe", alors que Jacques Chirac est de retour à Matignon (1ère cohabitation). Renouant avec les réseaux Foccart réactivés, il organise le coup d’État de Blaise Compaoré au Burkina et l'élimination de Sankara. Dans le même temps, avec ces mêmes réseaux Foccart et Houphouët-Boigny, il organise et finance les hordes de Charles Taylor et Prince Johnson, qui seront lancées en 1989 sur le Liberia (du dictateur "reaganien" Samuel Doe) puis de là sur la Sierra Leone (et en 2002 sur la Côte d'Ivoire) : la guerre impérialiste par bandes armées interposées fera 400.000 morts en Afrique de l'Ouest. Au passage, Kadhafi se venge de Reagan et Mitterrand par les attentats de Lockerbie et du DC-10 d'UTA, actions réactionnaires contre des cibles civiles.

    Dans les années 1990, ce sera la reconquête de la "respectabilité" internationale, en livrant à la justice les exécutants des attentats de 1988-89 (dont tout le monde sait très bien qu'il est le commanditaire), et en se posant en "rempart contre l'intégrisme" : en 1996, 1.200 prisonniers "islamistes" sont massacrés à la prison d'Abu Salim. Tournant le dos à la "grande unité arabe", Kadhafi se tourne vers l'Afrique dont il se rêve en "roi des rois" : il organise même son couronnement devant un aréopage de chefs traditionnels du continent (sans doute généreusement rétribués pour leur prestation scénique). Les impérialistes regardent tout cela d'un œil attendri, comme un enfant jouant dans un bac à sable avec son costume de cow-boy... Tant que le pétrole rentre et que la forteresse Europe est bien gardée !

    Car, non content d'être un pilier de la Françafrique, le "colonel" devient dans les années 2000 le "videur" de l'Europe contre les vagues d'immigrations fuyant la misère de l'exploitation impérialiste, en échange de quelques milliards d'euros par an.

    Mieux que tout : en 2008, après une cérémonie grandiose de "réconciliation", il ouvre alors, avec Berlusconi, une véritable recolonisation du pays par l'Italie, l'ancienne puissance coloniale ! Alors qu'il en restait 1500 en 1982, les Italiens sont désormais 22.000 dans le pays, au service de monopoles impérialistes comme ENI (la multinationale énergétique), qui font du pays le premier fournisseur d'hydrocarbures de la Péninsule et sa (sans doute unique) néo-colonie.

    La révolte spectaculaire qui secoue le pays n'a pas eu, pour les révolutionnaires conséquents en tout cas, beaucoup d'illusions à balayer. Loin de la "démocratie populaire directe", la Libye est un émirat pétrolier, avec ses centaines de milliers de travailleurs immigrés (surtout africains) surexploités, tout comme en Arabie Saoudite. Loin du "socialisme arabe islamique", la dictature de classe est celle d'une oligarchie bureaucratique militaro-tribale.

    Militaro-tribale, et régionaliste : la région de Benghazi, au centre de la révolte, bastion de la résistance senoussie à la colonisation italienne, est aussi la plus délaissée par la caste dominante, plutôt issue de Tripoli et Syrte ; et la moins "arrosée" par les redescentes de pétrodollars et pétro-euros.

    Peu importe qui essaye, à l'heure actuelle, de manipuler le mouvement en cours : il est clair que les Anglo-saxons et les Israéliens, entre autres, pourraient avoir intérêt au remplacement de Kadhafi par un garde-chiourme "classique", qui leur épargnerait ses rodomontades "anti-impérialistes". Mais ces manœuvre ne font que surfer sur la vague, et cette vague, c'est celle de la Tempête arabe partie de Sidi Bouzid en Tunisie il y a 2 mois ! Kadhafi avait d'ailleurs été un grand soutien du satrape de Carthage...

    "Nous sommes les petits-enfants d'Omar Mokhtar", écrivent sur les murs les insurgé-e-s de Cyrénaïque : Omar Mokhtar était le vénérable dirigeant de la résistance senoussie contre les Italiens, pendu en 1931, à 69 ans, par les troupes coloniales fascistes. Le Peuple libyen se réapproprie son histoire de lutte pour l'émancipation, contre la domination impérialiste, laissant en l'air un "socialisme arabe anti-impérialiste" tombé dans l'auto-parodie (dont Kadhafi nous a encore gratifié dans son récent discours télévisé : tirades à la 3e personne etc.) pour le décorum, et le compradorisme clanique pour la réalité...

    Les mêmes ingrédients font là encore les mêmes plats. Champions des "agences de notation" impérialistes, les pays arabes étaient en réalité des édifices d'exploitation vermoulus, balayés par la crise mondiale. Dans l'illusion d'une "émergence" soutenue et indéfinie, ils ont formé comme futurs "petits cadres" des milliers de jeunes  des classes populaires, qui n'ont plus aujourd'hui aucun avenir et, maîtrisant parfaitement les nouvelles technologies de communication, deviennent les fers de lance de l'exaspération des exploité-e-s.

    Ce n'est pas la Révolution, loin de là. En Égypte et en Tunisie, la colonne vertébrale militaro-policière de l’État est restée intacte, il n'y a pas d'Armée du Peuple (car cela ne peut exister sans un Parti au minimum révolutionnaire), il n'y a pas eu (ou très peu) d'expropriations, sinon dans les biens familiaux de l'ancien clan régnant.

    Mais c'est dans la lutte que l'Histoire avance et que les masses forgent leur conscience, leur organisation et leur combattivité, pour un jour balayer le vieux monde et faire resplendir l'Aube nouvelle !

    À bas Kadhafi, à bas tous les satrapes des 5 continents !

    À bas l'impérialisme, vive la nouvelle vague de la Révolution mondiale !!!


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    Libye 2011

    Lire aussi les analyses de René Naba :


    Libye : vers une intervention impérialiste ?


    Le bruit court depuis plusieurs jours dans la web-presse de gauche radicale anti-impérialiste. Bien sûr, il faut prendre cela avec des pincettes : les bruits de ce type sont fréquents et typiques d'un certain alarmisme complotiste anti-impérialiste. À peine sortis d'Irak et encore embourbés en Afghanistan, les impérialistes US sont-ils prêts à plonger dans un nouveau bourbier ? N'ont-ils pas compris la leçon que jamais, dans un pays arabe et en général musulman, ils ne seront accueillis en libérateurs ?

    Pour autant, les choses sont à prendre au sérieux. Et voilà qu’on voit monter au créneau toute ladite « gauche radicale anti-impérialiste » contre « l’intervention impérialiste ». Celle-là même qui célébrait, à JUSTE TITRE (mais avec beaucoup d’idéalisme...) les mouvements populaires en Tunisie et en Egypte, voit maintenant dans la révolte libyenne des agents de l’impérialisme et de la CIA, voire (honte suprême !) des barbus d’Al-Qaïda, reprenant la propagande du satrape « anti-impérialiste » mais aussi les discours de l’impérialisme qu’ils dénoncent en d’autres circonstances ! Qu’en est-il réellement ?

    Il faut bien comprendre les choses. La Libye n'est pas le premier producteur de pétrole mondial (9e seulement de l’OPEP), mais néanmoins un producteur important, avec 1,8 millions de barrils/jour dont 1,5 à l'export, et surtout un pétrole de très bonne qualité, très recherché*.

    Ce pétrole est aujourd’hui essentiellement sous contrôle italien (ENI, 270.000 barrils/jour juste avant la révolte), allemand (groupe pétrochimique Wintershall, environ 100.000), espagnol (Repsol, 35.000 bls/j) ou encore autrichien (OMV AG, 33.000), le monopole français Total exportant 55.000 barrils/jour : au final, le principal acheteur de pétrole libyen est l'Italie (32%), suivie de l'Allemagne (14%), de la Chine (10%), de la France (10%) et de l'Espagne (9%). Les États-Unis, en revanche, n'achètent que 5% de l'or noir libyen ! Quant à l'impérialisme anglais, c'est encore pire : les géants mondiaux BP et Shell n'ont encore aucune production en Libye (ils n'en sont qu'à l'exploration). 

    L’Italie est l’ancienne puissance coloniale de la Libye, qu’elle a conquise sur l’Empire ottoman en 1911 et dominée jusqu’en 1942.

    scaroni 1 300x142 Giorni della collera, gelsomini? Non cambia nulla per ENI.
    Kadhafi et ses patrons de ENI-Agip

    Mais à l’origine, lors de sa découverte dans les années 1950, le pétrole était plutôt sous contrôle anglais (BP) et US. En effet, la monarchie du roi Idris était sous un quasi protectorat de l’Angleterre, victorieuse des Italiens pendant la 2de Guerre mondiale. Mais en 1971, British Petroleum sera expulsée du pays et ses puits nationalisés. Revenue dans le pays à la fin des années 2000 pour prospecter, à l'heure actuelle elle ne... produit pas de pétrole (2e compagnie mondiale !) !

    Après le coup d’Etat de Mouammar Kadhafi, en 1969, la Libye s’est comme tous les nationalismes « socialistes » arabes rapprochée de l’URSS ; mais aussi de la fraction gaulliste (« ni Washington ni Moscou ») de la bourgeoisie impérialiste française (au pouvoir jusqu’en 1976, puis 1986-88 et 1995-2007) et de l'impérialisme italien : en effet ENI, monopole d’un pays impérialiste vaincu, a souvent joué les « anti-impérialistes » en approchant les nationalistes des pays producteurs. Ainsi le premier navire pétrolier arraisonné par les anglo-américains lors du blocus contre l’Iran de Mossadegh était un pétrolier ENI.

    Après la faillite de l’URSS, le rapprochement du régime de Kadhafi s’est encore renforcé avec les « petits impérialismes », contre « l’hyper-puissance » américaine.

    Cela dit, il a maintenu des liens étroits avec l’impérialisme bleu-blanc-rouge sous la présidence de Sarkozy, pourtant très atlantiste, ainsi qu’avec Berlusconi, peu réputé pour son anti-américanisme (bien que grand ami de Vladimir Poutine également)…

    À cela se sont ajoutés d’autres intérêts, comme l’offre de Kadhafi de protéger l’Europe contre l’immigration (en parquant les immigrants dans des camps de concentration atroces), d’autres échanges commerciaux que le pétrole etc., qui rentrent en ligne de compte.

    Au final, Kadhafi, qui a pu jouer un certain rôle sur le front anti-impérialiste mondial dans les années 1970 ou début 80, est devenu un fidèle serviteur des impérialismes européens, notamment français. Mais toujours hostile aux Anglo-saxons (Angleterre, États-Unis) et à Israël.

    Un rôle qui apparaît déjà clairement dans sa participation, avec les réseaux Foccart, à l’assassinat de Thomas Sankara en 1987 ; Sankara qu’il avait soutenu lors de sa prise de pouvoir en 1983 et aux débuts de sa politique anti-Françafrique.

    Aujourd’hui, face à l’effondrement du « système Kadhafi », la position des uns et des autres est parfaitement cohérente. Les impérialistes italiens essaient de soutenir Kadhafi du mieux qu’ils peuvent, agitant le spectre du chaos et de l’islamisme. Avec plus du quart des exportations contrôlées par le géant ENI (5e monopole énergétique mondial après Exxon, BP, Shell et Total)et 22.000 "expatriés", la Libye des années 2000 est concrétement devenue une néo-colonie italienne. Il ne faut pas être particulièrement bien réveillé, pour voir que le discours de Kadhafi (raz-de-marée migratoire, Ben Laden aux portes de l'Europe etc.) recoupe exactement celui de la diplomatie italienne, d'un Frattini ou autre. En réalité, l'Italie semble être ni plus ni moins qu'en train de se faire piquer une néo-colonie par ses rivaux impérialistes... Les camarades italiens sont face à l'écueil du social-chauvinisme, un écueil redoutable que les communistes français ont maintes fois rencontrés. Ils doivent être particulièrement fermes dans la dénonciation du satrape psychopathe et de ses maîtres impérialistes. Pour le moment, les formations amies de SLP (CARC, antifascistes du Val d'Aoste) sont particulièrement claires sur ce sujet...

    Les Anglo-saxons envisagent sérieusement une action militaire (au moins aérienne) pour soutenir l’opposition et installer un gouvernement en leur faveur… Tandis que la France joue comme à son habitude une partition hypocrite, qu’elle a apprise par cœur depuis la chute de son protégé Ben Ali : faire sauter le fusible et assurer une transition rapide et « sans bavure », en évitant le « chaos » (l’ingouvernabilité) ; et accessoirement, si possible, renforcer ses positions dans le partage du gâteau pétrolier, partage assez peu favorable jusque là (4 fois moins de barrils/jour qu'ENI).

    Le tout, en essayant de faire oublier qu’elle déroulait le tapis rouge au despote en décembre 2007, et qu’encore en novembre dernier, le désormais célèbre boys band de la diplomatie Boris Boillon l’assurait du soutien indéfectible de l’impérialisme BBR.

    Dernièrement, il y a eu la proposition de Chávez, d’une « médiation » pour une « sortie pacifique de la crise ». Si l’on peut reconnaître à Chávez la constance, de ne pas retourner sa veste comme notamment un certain gouvernement BBR, sa proposition est d’un total idéalisme, montrant l’aspect petit-bourgeois du chavisme (et non l’aspect populaire et progressiste que SLP a pu défendre contre la réaction et l’impérialisme). Le cul entre deux chaises comme jamais, Chávez est tiraillé entre d'un côté sa ligne nationaliste bourgeoise classique, d’alliance « stratégique » de tous les « moutons noirs » de l’impérialisme US, de défense des « souverainetés » contre « l’Empire », et bien sûr d'intérêts pétroliers bien compris ; et de l'autre, la nécessité de maintenir son indispensable base populaire devant un massacre réactionnaire qui rappelle aux masses vénézuéliennes le caracazo de 1989 (3000 mort-e-s), et l’impossibilité de soutenir ouvertement un personnage aussi discrédité que Kadhafi, particulièrement devant les masses arabes, dont Chávez (grand pourfendeur du fascisme sioniste) est et veut rester un héros.

    Son récent discours est sans doute le plus embrouillé, confus, incompréhensible et idéaliste de sa carrière…

    Outre Kadhafi, qui l’a acceptée, la Russie et la Chine soutiennent sa proposition de médiation. Mais c’est là une position classique de leur part, et surtout politique. États impérialistes mais où le capitalisme est fragile, violemment contesté par les masses, aux mains d’une étroite oligarchie, la Russie et la Chine craignent ce type d’événements et aiment, à travers le monde, prôner la « stabilité » et la « paix civile » sur un registre nationaliste « anti-impérialiste ». Elles savent qu’elles sont les prochaines sur la liste, après les pays arabes, en termes de faible légitimité de l’ordre social dans les masses populaires.

    Néanmoins l’une et l’autre ont aussi de solides intérêts économiques en Libye, intérêts qui, pour la Russie, remontent à l’époque soviétique.

    Voilà donc pour la petite cuisine impérialiste…

    Mais cela ne doit pas nous obnubiler !

    Cela, c’est la SUPERSTRUCTURE des évènements, ce qui vient se greffer par dessus. De même que les alliances et dés-alliances féodales de tribus, les ralliements de dignitaires kadhafistes au soulèvement, bref le repartage du pouvoir (politique et économique) entre les différentes factions de la classe dominante libyenne.

    Mais l’INFRASTRUCTURE, la BASE du mouvement, est la MÊME qu’en Tunisie, la même qu’en Égypte, la même que dans tous les pays arabes. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

    Une richesse (surtout en Libye, avec les cours du pétrole) énorme mais de plus en plus concentrée entre les mains d’une poignée d’individu, d’une toute petite oligarchie de moins d’1% de la population ; et une population, en particulier sa jeunesse, paupérisée (encore plus depuis la phase terminale de la crise, depuis 2008), soumise à la hogra (galère, humiliation, absence de droits démocratiques et d’avenirs), un chômage de près de 30% en Libye…

    Et Kadhafi et son clan, populaires dans les années 1980 pour leur « anti-impérialisme », ne font désormais plus illusion pour personne, ni en Libye, ni dans le monde arabe et musulman en général.

    La révolte du Peuple libyen est absolument INDISSOCIABLE  des évènements tunisiens et égyptiens, et n’a pas à être traitée différemment.

    C’est l’aspect ABSOLUMENT PRINCIPAL de la contradiction, principal SUR LE LONG TERME.

    Alors bien sûr, à court terme… il n’y a pas de Parti révolutionnaire. Le camp insurgé est composé de la révolte populaire, et du ralliement de transfuges du camp Kadhafi : militaires, bourgeois, bureaucrates, qui prennent la direction de la révolte.

    À COURT TERME, il n’y aura donc qu’un ravalement de façade laissant intact le système de domination et de pillage impérialiste, avec des dirigeants plus contrôlables et moins imprévisibles que Kadhafi et ses fils ; ou à la rigueur, avec un appui militaire impérialiste aux insurgés, un repartage impérialiste du gâteau libyen, en faveur des Anglo-saxons voire des Français lésés jusque-là. Il est clair que la situation, avec encore beaucoup de partisans de Kadhafi et une tendance à la guerre civile et au chaos, incite les puissances impérialistes à intervenir pour protéger leurs intérêts et si possible, au passage, en conquérir d’autres.

    Alors, on voit la « gauche radicale anti-impérialiste » monter au créneau sur l’air de la « révolution orange », « made in CIA », pour « piquer le pétrole » d’un régime « résistant à l’Empire ». Reprenant les habituels arguments débiles : les drapeaux sont des drapeaux « monarchistes » (de la monarchie senoussie de 1951-69) et sont bien flambants neufs ; « les banderoles sont en anglais » (argument social-chauvinard et puant par excellence), « il n’y a aucune preuve », « on nous cache tout on nous dit rien », voire la reprise de l’argument… piqué par Kadhafi aux impérialistes occidentaux, à savoir la main d’Al-Qaïda (psychose entretenue par ses maîtres italiens), les « barbus » qui « depuis toujours, sont une création de la CIA »… Il ne manque plus, presque, qu’une théorie délirante, du genre que les images qu’on nous montre sont en réalité tournées par Hollywood dans le désert d’Arizona…

    Pourtant, quelle différence avec la Tunisie et l’Égypte ??? Là non plus, il n’y avait pas de Parti révolutionnaire du peuple opprimé. Là aussi, la révolution populaire a été confisquée, par des bourgeois, des bureaucrates, des féodaux et des militaires « ralliés », moyennant un repartage impérialiste du gâteau et un repartage du pouvoir entre fractions des classes dominantes.

    Là aussi, les masses se sont révoltées avec le drapeau national, celui de Bourguiba… et Ben Ali, celui de Nasser, Sadate… et Moubarak. En Libye, le drapeau de la révolte est effectivement celui du roi Idris, mais aussi de la résistance à l’occupation italienne, c’est le drapeau national ; le drapeau vert est personnellement lié à Kadhafi, qui l’a inventé en 1977 : les insurgés ne vont pas brandir la création de celui qu’ils combattent !


    Libye: Kadhafi et la Ligue arabe acceptent le


    Là encore, en Tunisie et en Égypte, l’importance révolutionnaire des évènements est À LONG TERME, à court terme il n’y a eu aucune révolution, le soulèvement populaire (faute de direction révolutionnaire) a été confisqué et Washington (toujours plusieurs fers au feu) a même admirablement tiré son épingle du jeu.

    Alors, pourquoi ne pas cracher aussi sur les révoltes tunisienne et égyptienne ?

    Tout cela n’est que de l’anti-impérialisme petit-bourgeois "radical" à la petite semaine. Ou du raisonnement « géopolitique » totalement dépassé à l’heure de la 2de vague de la révolution mondiale. Les vrais révolutionnaires internationalistes ont toutes les preuves que Kadhafi, s’il a pu appartenir au front anti-impérialiste mondial il y a bien longtemps (30 ans !), est désormais un pion de la domination impérialiste, en particulier BBR sur l'Afrique, et que son maintien au pouvoir n’apporterait rien de meilleur ni au Peuple libyen, ni à l’Afrique, ni à la nation arabe, que son remplacement par une autre clique.

    Mais il n’est de pire sourd, que celui qui ne veut pas entendre…

    Alors SLP tient à affirmer clairement sa position :

    -          Kadhafi est un ennemi du Peuple et doit être puni, la liste de ses crimes et de ses trahisons est interminable ; le prolongement libyen de la Tempête arabe est l’aspect principal ; que Kadhafi soit remplacé par de nouveaux laquais de l’impérialisme sera la réalité à court terme, mais l'aspect secondaire à long terme ;

    -          Toute intervention militaire d’un impérialisme ou d’un autre, ou ingérence en s'appuyant sur une faction de la « direction » insurrectionnelle, est un moyen de confisquer la révolte du Peuple libyen et de maintenir la domination impérialiste ; elle doit être dénoncée et combattue par la solidarité internationaliste.

    En 1898, les révoltes de Cuba et des Philippines contre le colonialisme espagnol ont été confisquées par l’impérialisme US (le terme d’impérialisme est d’ailleurs né à cette occasion), au terme de la première guerre « humanitaire » de l’Histoire (toute une propagande sur les atrocités espagnoles, etc.), pour faire de ces pays des protectorats US (que les Philippines sont encore à ce jour, sans même parler de Porto Rico annexée au cours de la même intervention). Pour autant, ces révoltes étaient-elles illégitimes ? Leurs dirigeants (très démocratiques voire socialisants comme José Marti) étaient-ils des "agents de Washington" ? Qui oserait dire une chose pareille ?!!?

    Il faut savoir être dialectique et faire la part des choses !

    De même, il faut savoir faire la différence entre court terme et long terme. Ainsi, si certains préfèrent insister sur le caractère réformiste bourgeois de l’ALBA et de Chávez (qui est effectivement déterminant à long terme, abstraction faite des délires gauchistes de « social-fascisme » à leur sujet), SLP a toujours mis en avant leur caractère À COURT TERME progressiste pour les travailleurs, libérationniste national et perturbant l’ordre impérialiste mondial (Amérique latine comme pré carré US, comme l'Afrique subsaharienne est un pré carré BBR). Cela nous a beaucoup été reproché, et voilà qu’aujourd’hui, c’est au contraire la vision à long terme qui nous est reprochée.

    Mais finalement, ultragauchiste ou révisio, le problème du contradicteur est toujours le même : l’étroitesse intellectuelle au niveau dialectique !

    Être bornées intellectuellement : voilà le point commun de toutes les lignes non-révolutionnaires, de droite (anti-impérialisme uniquement anti-US, chauvinisme, géopolitisme) comme gauchiste (purisme, dogmatisme, grands principes sans considération du réel) avec en bout de course, le même mur : la défense de l’indéfendable, les prises de position réactionnaires.

    En attendant, si un (sorti d’on-ne-sait-où) obscur porte-parole de l’insurrection a appelé la « communauté internationale » à des frappes aériennes, tout en refusant catégoriquement une intervention terrestre ; les masses insurgées, elles, ont apporté leur réponse aux plans de l’impérialisme pour soit sauver ses meubles, soit se repartager le pétrole du pays :



    Mais bien sûr, comme la banderole est en anglais… ça doit sûrement être un écran de fumée de la CIA !


    * Sur ce point, il est FAUX d'affirmer que "l'impérialisme" (comme s'il formait un tout : thèse kautskyste !) cherche à faire main basse sur la Libye pour exploiter les réserves qui ne le sont pas encore. Car la crise mondiale que nous traversons depuis les années 1970, et encore plus depuis la seconde moitié des années 2000, est une crise de chute tendancielle du taux de profit, une crise de SURPRODUCTION ABSOLUE DE CAPITAL (et non de surproduction de marchandise). Cela signifie que la masse de profit n'augmente plus proportionnellement à la masse de capital ; si les capitalistes investissaient dans la production tout le capital accumulé, ils ne parviendraient plus à le valoriser de manière "saine" et "normale".

    Or le pétrole est employé ESSENTIELLEMENT comme un capital (hormis quand il sert aux déplacements de loisir), même lorsqu'il sert à développer la mobilité de la force de travail. Plus précisément, c'est un moyen de production fonctionnant comme capital (Marx, Le Capital, Livre III chap. 15), exigeant de produire une valeur ajoutée proportionnelle à son augmentation en quantité.

    Les bourgeoisies impérialistes n'ont donc AUCUN intérêt à une surproduction de pétrole, puisque nous somme déjà en surproduction générale de capital ! Les guerres impérialistes en période de crise générale, outre le repartage permanent de la planète, ont aussi pour but "inconscient" la destruction de forces productives (moyens de production et force de travail), dans une sorte de "purge" de l'économie-monde. Ainsi les guerres contre l'Irak (1991 et 2003) ont eu pour effet de faire baisser la production considérablement pendant plusieurs années : chute de près de 80% entre 1989 et les années 1990, reprise entre 1998 et 2002 puis (comme par hasard) nouvelle guerre et chute de 90% entre 2002 et 2005, avant de retrouver en 2010 le niveau de 1990.


    Libye : la direction insurrectionnelle se vend aux impérialistes


    Cela était absolument prévisible et prévu, quelle que soit la dose de mauvaise foi des contradicteurs de SLP à ce sujet...

    Si l'héroïsme des masses populaires en armes, soumises à une répression sanguinaire, a été célébré ici et le sera encore, il n'y a jamais eu d'illusions à se faire sur la direction oppositionnelle, composée d'ailleurs, plus que de vieux monarchistes et pro-occidentaux de la Guerre Froide, d'éléments ralliés du régime kadhafiste. Et les inquiétudes de dirigeants anti-impérialistes comme Chávez ou Fidel Castro sont compréhensibles, à défaut d'être matérialistes...

    Là encore, la différence entre des marxistes scientifiques comme SLP et les autres, "anti-impérialistes" révisios qui ne voient dans les masses en révolte qu'un ramassis de monarchistes, d'islamistes et d'agents de la "World Company", ou ultra-gauchistes qui célèbrent (sur le mode anarcho-spontanéiste) la "révolution libyenne" et vouent leurs contradicteurs aux gémonies "fascistes" ; cette différence tient en deux points :

    - la distinction entre COURT TERME et LONG TERME, et entre SUPERSTRUCTURE et INFRASTRUCTURE ;

    - la compréhension des contradictions entre impérialismes rivaux, dans TOUTE leur complexité post-1990 (et non une vision en "2 blocs" comme lors de la Guerre Froide).

    Ainsi, la France de Sarkozy (certes la fraction la plus atlantiste de la bourgeoisie impérialiste BBR) est devenu le premier gouvernement impérialiste à reconnaître l'opposition libyenne, la direction insurgée, comme représentante légitime de la Libye.
    L'impérialisme US ne l'a pas encore fait, toutefois il est en pointe pour envisager une intervention militaire, sur laquelle l'impérialisme français est encore réservé.
    Ce sont là deux impérialismes qu'on peut considérer comme "lésés" dans le partage du gâteau libyen, par le régime de Kadhafi. Si la Libye de Kadhafi a pu être un partenaire stratégique de l'impérialisme français en Afrique, sur le plan économique (avec 55.000 barrils/jour pour TOTAL) ce n'est pas tout à fait l'hégémonie...

    L'impérialisme anglais, pour des raisons encore peu claires, est plus mitigé, notamment par la voix de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, qui en est issue ; mais le Premier ministre Cameron, issu de la frange torie de la bourgeoisie impérialiste (plus atlantiste et plus chauvine, anti-européiste), s'est joint quant à lui à Sarkozy pour envisager rien de moins qu'une action militaire. Il faut dire que 40 ans après la "révolution" kadhafiste (renversant leur protégé, le roi Idriss  1er), les géants pétroliers de Sa Majesté, BP et Shell, n'ont tout simplement... aucune production en Libye (revenus courant des années 2000, ils en sont encore à l'exploration).

    D'une manière générale les impérialistes européens sont divisés... en fonction de leurs intérêts.


    L'Italie de Berlusconi continue de défendre bec et ongle la "stabilité" que représente Kadhafi, contre "l'invasion migratoire" et "un émirat islamique aux portes de l'Europe", ce qui est mot pour mot le discours de Kadhafi et des ses fils. En réalité, l'impérialisme italien a construit dans les années 2000 une véritable néocolonie dans son ancienne... colonie du début du siècle dernier ("Tripoli, terre enchantée", célèbre ritournelle napolitaine), et à présent, il est en train de se faire ravir celle-ci par ses rivaux les plus gourmands.

    Des émissaires de Kadhafi auraient par ailleurs été reçus en Grèce et au Portugal ; ce dernier les aurait toutefois éconduits, considérant le régime comme "fini".

    L'impérialisme allemand, malgré les affirmations de Juppé, est également moins enthousiaste que la France à reconnaître l'opposition : "Je considère (que) la situation (est) encore trop confuse pour décider comment on doit procéder", aurait dit (d'après l'AFP) le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Werner Hoyer à un journal. Il faut dire que la pétrochimie d'outre-Rhin (qui fut un soutien de poids du IIIe Reich !) a aussi de gros intérêts auprès de l'illuminé "Guide" et "Roi des rois d'Afrique" (Wintershall, 100.000 barrils/jour)...

     

    Ainsi, trois positions se dessinent là encore clairement au sein d'un "diplomatie européenne" et occidentale qui tient du pur rêve idéaliste petit-bourgeois : ceux qui veulent dégager Kadhafi à tout prix pour conquérir des positions (USA et leurs vassaux, voire France) ; ceux qui pensent que Kadhafi est "fini" et qu'il vaut mieux préparer l'avenir avec l'opposition, au cas où, sans trop non plus froisser le "Guide" (au cas où il l'emporterait...) ; et ceux qui le soutiennent bec et ongle sachant que dans tous les cas, ils vont y laisser des plumes (l'Italie en premier lieu). La bourgeoisie impérialiste BBR étant traditionnellement divisée (entre atlantistes et anti-américains), il s'y trouve sans doute aussi des tendances hostiles à un nouveau régime qui serait trop proche de Washington : les fameux "fachodistes" (syndrome de Fachoda), ennemis jurés des Anglo-saxons en Afrique.

    De leur côté, Russie et Chine sont sur leur ligne anti-américaine traditionnelle, et soutiennent donc Kadhafi, en tout cas s'opposent à tout soutien "précipité" à l'opposition.

     

    Cette absence d'unanimité se retrouve nettement sur le terrain, où de plus en plus les forces pro- et anti-Kadhafi se trouvent à égalité, sans parvenir à prendre l'avantage.

     

    Servir le Peuple le réaffirme clairement : les communistes révolutionnaires sont opposés et combattront, non seulement toute intervention militaire, mais également toute récupération impérialiste de la révolte libyenne.

     

    De la JUSTE révolte libyenne !

     

    Car SLP le réaffirme également : il n'y a pas à être "prudent" sur ce point, le soulèvement POPULAIRE (à l'origine) libyen est INDISSOCIABLE du reste de la Tempête arabe qui souffle depuis la Tunisie jusqu'au Yémen et au Bahreïn, et maintenant au Maroc.

    Ce soulèvement s'est simplement produit dans un pays avec moins d'unité nationale que la Tunisie ou que l’Égypte, avec des divisions régionales fortes et des enjeux tribaux, ainsi que l'enjeu pétrolier, toutes choses qui favorisent la tendance à la guerre civile et les récupérations impérialistes.

     

    Mais la TENDANCE DE FOND est la même, et par conséquent la TENDANCE À LONG TERME est la même !

    Demain, il y aura éviction et remplacement d'un ou plusieurs impérialismes par d'autres, et de la clique kadhafiste par une nouvelle clique... d'ailleurs composée à 90% de notables kadhafistes retournés  ; mais dans 5 ans ou 10 ans, les fruits de ce qu'il s'est passé de Benghazi à Zawiya, en terme de conscience politique et d'organisation des masses pour la révolution démocratique, seront là et bien là. Exactement comme en Tunisie et en Égypte, où la révolution a aussi été confisquée pour le moment !

     

    Donc, NON à l'intervention et l'ingérence impérialiste, A FORTIORI si l'impérialisme français ("notre" impérialisme) est de la partie ; mais aucune complaisance, ni défense de Kadhafi et de son clan compradore parasite : en Italie, les communistes conséquents sont en lutte depuis des années contre la tutelle (pétrole, lutte anti-immigration, investissements divers) néo-coloniale de l'impérialisme et de la clique Berlusconi, sur le régime "anti-impérialiste" dégénéré !

     

    VICTOIRE AU PEUPLE LIBYEN, VICTOIRE À LA RÉVOLUTION ARABE !


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    Libye : guerre impérialiste ou révolte populaire ?
    Il y a deux guerres !


    Au dernière nouvelles de ce matin, "Deux jours après le vote de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, les forces de Mouammar Kadhafi marchent samedi sur Benghazi, fief des insurgés, malgré le cessez-le-feu annoncé vendredi par le gouvernement libyen. Les prochaines heures s'annoncent cruciales. Une intervention militaire pourrait débuter à l'issue du sommet de l'Union européenne-Ligue arabe-Union africaine qui doit se tenir samedi après-midi à Paris."

    Reste encore à voir cette fameuse intervention... Car si l'ONU, l'UE ou encore la Ligue arabe sont les amphithéâtres des grandes déclarations de principe, il faut ensuite passer à l'opérationnel. Et là... ces cartels impérialistes (ou compradores, pour la Ligue arabe) sont loin d'être les "unions" qu'ils prétendent être. Pas plus que l'alliance militaire impérialiste OTAN.

    Même si la résolution anti-Kadhafi a pu être votée avec 5 "abstentions" (ce qui en langage onusien, revient à être contre, surtout que pour la Russie et la Chine cela aurait été un veto, très rare et "violent" diplomatiquement), sur 15 membres du Conseil de Sécurité ce qui n'est pas rien ; on sait bien que la "communauté internationale" n'est pas unie sur le dossier... Ou plutôt, il y a deux blocs, quasiment égaux ; l'un soutenant (surtout face aux menaces d'intervention de l'autre) le clan kadhafiste : l'Allemagne (qui siège au Conseil et s'est abstenue), l'Italie bien sûr, mais aussi une grande partie des pays européens (qui ont mal accueilli l'initiative franco-anglaise) ainsi qui la Russie et la Chine, qui ont entraîné dans l'abstention leurs partenaires des "BRIC", Brésil et Inde, nouveaux "non alignés" du 21e siècle ; l'autre, centré autour des États-Unis, de l'Angleterre et de la France sarkozyste qui, par un retournement spectaculaire (début mars, une intervention était encore "contre-productive" pour Alain Juppé), en a pris la tête, coalition qui prône un appui militaire au "conseil national de transition" de Benghazi. Un conseil dont SLP a déjà expliqué la nature : des hiérarques du régime qui, devant la révolte populaire, ont retourné leurs vestes, s'y sont rallié et mieux, s'en sont proclamés représentants...

    Il y a donc, autour du précieux pétrole libyen, deux blocs impérialistes qui se préparent à en découdre par Libyens interposés. Il n'y a aucune coïncidence à ce que, dès la reconnaissance (spectaculaire et inattendue) du CNT par Sarkozy et l'annonce franco-anglaise d'une intervention militaire, Kadhafi qu'on disait "fini" ait trouvé miraculeusement les ressources pour mener une contre-offensive éclair jusqu'au cœur de la Cyrénaïque rebelle. 

    Aujourd'hui, le massacre de Benghazi tant annoncé semble imminent : "L’aviation a bombardé ce matin les faubourgs de la ville de Benghazi", a raconté samedi matin, Emmanuel Renard, l'envoyé spécial d'Europe 1, actuellement à Tobrouk. "Les chars se sont prépositionnés tout autour de la ville, ils encerclent Benghazi", a-t-il expliqué en évoquant les informations fournies par les rebelles qui précisent riposter également. "Des voitures banalisées avec des hommes de Kadhafi seraient rentrés dans la ville et ils tireraient actuellement sur la population", poursuit notre envoyé spécial. "La Libye est un pays terrorisé, il n’y a personne dehors, très peu de circulation de voitures. Tout le monde a peur. Dans aucun endroit, la situation est sûre ce matin", conclut-il."

    On attend donc de pied ferme l'intervention "humanitaire" de "l'Empire" dont les "anti-impérialistes" pro-Kadhafi nous rebattent les oreilles depuis 15 jours : n'est-ce pas là "l'occasion rêvée" de se refaire, devant les masses populaires arabes, une image bien écornée par les guerres d'Irak et d'Afghanistan, le silence devant les massacres sionistes en Palestine, le soutien pendant des décennies à Ben Ali et tous les satrapes possibles et imaginables ? Ou va-t-on attendre que le dernier rebelle soit couché mort dans la poussière pour arriver en chevaliers blancs (beaucoup plus probable) ? Wait and see... Ce qui est certain, c'est que si la décision attend le sommet de l'UE pour agir, AUCUN consensus ne se dégagera de ce sommet puisque l'UE est répartie dans les deux camps (et même majoritairement dans le camp pro-Kadhafi), avec en tête rien de moins que... l'Allemagne.

    Et puis voilà qu'hier... l'incroyable (et pourtant, dialectiquement inévitable) s'est produit : les ultra-gauchistes ont rejoint les révisios "anti-impérialistes" délirants-complotistes dans le même mépris de la JUSTE révolte libyenne et de ceux et celles qui la soutiennent. Accusant "l'extrême-gauche qui s'est emballée pour la révolte" d'avoir (rien de moins) pavé la voie à la guerre impérialiste...

    Alors, pas besoin de grands discours. Avant d'être maoïstes, il faut déjà commencer par être léninistes, on se contentera donc de citer Lénine, lorsqu'il s'exprimait sur les multiples soulèvements populaires et luttes de libération qui éclataient dans le tumulte de la Première Guerre mondiale, notamment en Irlande (1916) : “Il y a une guerre inter-impérialiste. Avec cette guerre nous n'avons rien à faire. Mais il y a également des guerres de libération nationale menées par des nationalités opprimées. Le soulèvement irlandais est à cent pour cent justifié. Même si l'impérialisme allemand a essayé d'en profiter, même si les chefs du mouvement national ont maille à partie avec les Allemands, ceci ne change en rien la nature juste de la guerre irlandaise d'indépendance contre l'impérialisme britannique”.

    Il n'y a RIEN D'AUTRE en Libye. Le soulèvement libyen est parti comme une lutte de libération contre un clan corrompu et tyrannique qui, dissimulé derrière un pseudo "État des masses" (Jamahiriya), accaparait les richesses du pays en servant d'intermédiaire aux impérialistes pétroliers (ENI, BASF, OMV, TOTAL, REPSOL etc.) et accessoirement, de garde-frontière de l'Europe du Sud ou encore de financier des régimes et autres "rebelles" françafricains en Afrique (Déby, Compaoré, Charles Taylor, RUF sierra-léonais et probablement "Forces nouvelles" ivoiriennes). Par certains aspects, c'est aussi une lutte "nationale", la Cyrénaïque ayant toujours été marginalisée et discriminée, dans le partage du revenu national libyen, par la Tripolitaine de Kadhafi.

    Mais, sans Parti révolutionnaire, cette lutte a été accaparée par une "direction" de kadhafistes retournés qui l'ont vendue à un bloc impérialiste contre un autre.

    La contre-offensive "surprise" et spectaculaire du clan Kadhafi ne va pas chercher plus loin : voyant cela, ceux qui ont senti qu'ils allaient perdre des plumes ont lancé un discret mais puissant soutien à son effort de guerre (tout en faisant traîner les choses au niveau diplomatique) : jeudi, les chargements de pétrole d'ENI ont repris, de la zone contrôlée par Kadhafi vers l'Italie... Tandis que dans le camp insurgé, nonobstant les images de propagande impérialiste montrant les drapeaux français flottant sur la foule à Benghazi, des fissures sont inévitablement apparues en voyant le "Conseil de transition" faire ses courbettes devant Sarkozy, l'ami de Ben Ali et Moubarak, des néocons et de tous les sionards de la planète...

    Mais CELA N’ENLÈVE RIEN à la JUSTESSE de cette révolte de la jeunesse populaire, sous le drapeau d'Omar Mokhtar, le héros anti-colonialiste !

    La guerre entre impérialistes n'est pas la nôtre, ni du côté de ceux qui appuient, financent et arment Kadhafi, ni du côté de ceux qui veulent le chasser par les bombes (et des milliers de victimes dans le Peuple). Mais la LUTTE DE LIBÉRATION du PEUPLE, OUI, les communistes sont et seront toujours à ses côtés !!! Cette guerre là est la nôtre !

    Puisque beaucoup de nos "anti-impérialistes" sont pro-cubains, prenons un exemple : en 1898, il ne fallait soutenir NI le colonialisme espagnol, NI l'intervention US pour "piquer" à l'Espagne sa colonie. Mais la lutte des compagnons de José Marti était juste, 100 fois, 1000 fois juste !

    Lénine ajoutait, ensuite, qu'à ces deux guerres les communistes voulaient en ajouter une 3e : la Révolution prolétarienne mondiale. Certains ont déjà commencé, en Inde, aux Philippines, en Turquie... D'autres, généralement dans le doux petit confort des pays impérialistes, préfèrent se répandre en débats stériles et prises de position débiles. Chacun sa life...


    La position du grand Mounir Chafiq :


    (à lire aussi)  Libye : qu'en pensent les fascistes ?


    Contre les massacres de Kadhafi et l'intervention étrangère en Libye


    Un autre article publié sur le site panafricaniste révolutionnaire Pambazuka, dont nous partageons dans les grandes lignes les analyses : refus de l'intervention impérialiste mais aussi du régime semi-féodal et fasciste de Kadhafi, démystification de son "progressisme" et de son "anti-impérialisme", volonté occidentale d'"endiguer" par une intervention militaire la vague insurrectionnelle partie de Tunisie et d’Égypte, impuissance et impossibilité d'une "solution africaine" à la crise étant donné que l'Union africaine est elle-même un club de satrapes du même acabit etc. etc. - après, on peut critiquer certains points de vue idéalistes tels que "renforcer l'Union africaine sur une base populaire" (l'institution en tant que telle peut-elle être autre chose que ce qu'elle est ?) et autres appels à la "mobilisation de la société civile" (blablabla). Il est d'ailleurs étonnant de voir, chez l'auteur (un universitaire progressiste afro-américain), ces raisonnements gauche-bourgeoise côtoyer une terminologie marxiste et même presque maoïstes ("semi-féodal" etc.). La position globale relève de ce courant que l'on a pu entendre à un certain moment ; avant que les "anti-impérialistes" (y compris ceux au pouvoir comme Castro, Chávez etc.) ne prennent fait et cause pour Kadhafi et ne qualifient la révolte de "coup de la CIA" tandis que les dirigeants rebelles se liaient irrémédiablement à l'Occident pour préparer l'intervention ; et qui qui prônait une "prise en charge africaine de la crise". Sauf que l'auteur reconnaît lui-même le caractère utopique de cette option, entre incapacité militaire à l'assumer, craintes des dirigeants pour leurs propres régimes, soumission politique et diplomatique totale vis-à-vis des impérialismes occidentaux et "orientaux" (Russie-Chine) et largesses dont ils ont bénéficié durant des années de la part du régime libyen [quant à Kadhafi, dont aucune "solution pacifique" ne peut faire l'économie de la question du départ, il a fait savoir dès le début que ce n'était pas une option sur la table pour lui]. Il tente alors de résoudre cette contradiction en faisant appel à une "société civile africaine" qui serait capable de "faire pression" sur les gouvernements... Sauf que cela n'a aucun sens : les gouvernements africains sont des gangs oligarchiques mafieux (généralement issus d'une "élite" ethnique) et de simples "gérants" du pillage impérialiste de leurs pays, même si certains (comme l'Afrique du Sud, le Nigéria, le Soudan voire l'Algérie) profitent de leur poids démographique et économique pour "donner un peu plus de voix" dans le concert international sur les questions africaines ; ils sont absolument incapables de la moindre politique indépendante c'est-à-dire d'agir autrement que sur commande (comme le Tchad sur commande de la Françafrique par exemple), que ce soit pour ou contre Kadhafi ; l'auteur rêve en fait d'une Union africaine si puissante et animée d'une éthique si pure... qu'elle pourrait faire ce que même l'ONU - dirigée par les plus grandes puissances planétaires et vieille de plus de 60 ans - ne fait pas, sauf s'il en va de l'intérêt d'une des grandes puissances impérialistes en question (et cela n'a dès lors plus rien à voir avec "arrêter un massacre de civils") ! La réalité est que ces satrapies doivent être balayées par la GUERRE POPULAIRE qui, de pays en pays, donnera naissance à une Afrique libre où il ne sera pas question de "pouvoir intervenir" pour arrêter un massacre, mais tout simplement qu'un régime comme celui de Kadhafi ou un génocide comme celui du Rwanda ne pourront exister !

    Si les Libyens ne sont pas maîtres de leur propre lutte contre Kadhafi, même si ce dernier devait être chassé du pouvoir, le "kadhafisme" continuerait - mais cette fois-ci avec le soutien de l'Occident ; avertit Horace Campbell

    D'après l'article 4 de son Acte constitutif, l'Union africaine (UA) a le droit "d'intervenir dans un État membre, suivant une décision de l'Assemblée, face à des circonstances graves telles que : crimes de guerre, génocide et crimes contre l'humanité".

    Les images des missiles Tomahawk et des bombes pleuvant sur la Libye depuis les avions militaires britanniques, français et US ont rendu inévitable que désormais, beaucoup de gens s'opposent à l'intervention étrangère en Libye. Il y a peu, les mêmes personnes condamnaient les massacres de civils innocents par le régime agonisant de Kadhafi. En apparence, il semble y avoir là une contradiction de s'opposer tant à l'Occident qu'à Kadhafi, mais cette contradiction découle de la réalité qu'il n'y a aucune force populaire démocratique en Afrique capable de monter ce genre d'intervention, et de traduire la lettre de l'article 4 de l'Acte constitutif de l'UA en action. Il n'y a pas de Brigades internationales comme à l'époque de la guerre civile d'Espagne, lorsque les forces antifascistes se mobilisaient internationalement pour combattre Franco. Il n'y a pas de Forces populaires de défense tanzaniennes (TPDF) avec leur tradition de soutien aux luttes de libération, et la capacité d'intervenir pour combattre et renverser Idi Amin qui massacrait les Ougandais. Les nouvelles puissances émergentes telles que la Turquie, la Brésil, la Russie, l'Inde ou la Chine sont très promptes à faire du business en Afrique, mais silencieuses devant les tueries de masse. En bref, le monde entier restait spectateur tandis que Kadhafi qualifiait ses opposants de "cafards", "rats" ou "microbes" et leur promettait des "rivières de sang" - une menace à prendre au sérieux, au vu des forces qui se massaient aux portes de Benghazi.

    Les personnes humainement décentes qui voulaient mettre un terme aux massacres de Kadhafi ont accueilli favorablement la résolution de l'ONU imposant une zone d'exclusion aérienne, en particulier les termes du paragraphe 6 qui impose "une interdiction de vol dans tout l'espace aérien de la Jamahiriya arabe libyenne afin de protéger les vies civiles". Mais la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont très vite utilisé cette zone d'exclusion aérienne pour s'octroyer un mandat allant bien au-delà de la résolution des Nations Unies, capitalisant notamment sur le flou de la formulation "toutes les mesures nécessaires". Bien que l'UA ait rendue publique une déclaration disant que "la situation en Afrique du Nord exige une action rapide afin de trouver une solution africaine", elle a traîné des pieds et abandonné sa responsabilité d'empêcher un massacre de civils en Libye, justifiant ainsi l'intervention occidentale. Après avoir constitué un comité comprenant la Mauritanie, l'Afrique du Sud, le Mali, le Congo et l'Ouganda, l'UA s'est elle-même marginalisée au moment précis où la clarté était nécessaire pour à la fois s'opposer à l'ingérence occidentale et faire cesser le massacre de ceux que Kadhafi avait qualifié de "rats" et de "microbes". 

    De manière opportuniste, la France et la Grande-Bretagne se sont mobilisées pour prendre la direction de l'intervention, et se sont vues donner le feu vert par la résolution 1973 établissant une zone d'exclusion aérienne en Libye. Dix pays ont voté pour la résolution le 17 mars tandis que cinq (le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Allemagne et la Russie) s'abstenaient. Mais le 20 mars, il était déjà clair que le campagne de bombardements des forces impériales allait très au-delà de la lettre et de l'esprit de la résolution de l'ONU, dont le mandat était de protéger les civils. Pour cette raison, y compris des pays qui ont voté pour celle-ci s'opposent maintenant aux bombardements.

    Toutes les personnes progressistes doivent s'opposer à toute forme d'intervention militaire occidentale en Afrique dans cette période révolutionnaire. Dans cette contribution, nous voulons réitérer notre opposition à ces bombardements occidentaux. Le Libyens opposés à Kadhafi doivent garder la direction de ce combat. S'ils ne sont pas maîtres de la lutte et ne clarifient pas en quoi leur politique serait différente de celle de Kadhafi, les choses finiront en "kadhafisme sans Kadhafi" appuyé cette fois-ci par l'Occident. Nous ne pouvons que partager la déclaration de Peter Falk, comme quoi "Kadhafi a trahi depuis longtemps ce qui faisait la légitimité de son régime, créant les conditions d'une mobilisation révolutionnaire". Cette mobilisation révolutionnaire en est toujours à ses balbutiements et les forces impérialistes veulent agir rapidement pour s'assurer que la Révolution libyenne soit confisquée. Les mêmes individus qui ont armé et soutenu Kadhafi ne devraient pas être autorisées à établir une tête-de-pont militaire en Afrique en plein milieu d'une révolution.

    De la Guinée équatoriale à la Côte d'Ivoire et du Swaziland à Djibouti, se fait sentir le besoin croissant d'une force d'intervention africaine sur une base populaire. Il n'y a guère besoin de regarder au-delà de la figure du président en exercice de l'Union, Teodoro Obiang Nguema [satrape néocolonial de Guinée équatoriale NDLR], pour réaliser que la Révolution africaine partie de Tunisie et d’Égypte et secouant maintenant la Libye est une révolution contre l'ensemble des dirigeants actuels de l'UA.

    L'UNION AFRICAINE ET LA RESPONSABILITÉ DE PROTÉGER

    Au cours des 20 dernières années les expériences de violences et de politiques génocidaires, et de bien réels génocides comme au Rwanda, au Burundi et ailleurs en Afrique ont forcé l'UA à se positionner. L'Acte constitutif tel que cité plus haut donne à l'UA l'autorité pour intervenir dans des situations telles qu'actuellement en Libye ou en Côte d'Ivoire. (...) C'est l'action énergique des mouvements progressistes en Afrique qui a poussé l'Union africaine à adopter ce principe de la Responsabilité de Protéger. (...)

    C'est cet alignement des objectifs de l'Acte constitutif avec les principes fondamentaux de la Responsabilité de Protéger qui a influencé certains Africains à soutenir une intervention pour arrêter le massacre de civils dans l'Est de la Libye.

    Il est désormais clair que seul un changement révolutionnaire en Afrique peut donner réalité à l'Acte constitutif de l'UA. Durant une courte période après la chute de l'apartheid, Nelson Mandela a pu blâmer les dirigeants de l'OUA (à l'époque) pour leur principe de "non-interférence dans les affaires internes des États membres". Par la suite, après les expériences du Soudan, de la République démocratique du Congo et de la Côte d'Ivoire, il est devenu plus clair que la direction actuelle en Afrique constituait un obstacle pour combattre les crimes contre l'humanité. Lorsque la direction de l'ANC a embrassé le capitalisme le plus néolibéral et les affaires commerciales avec des dirigeants tels que Robert Mugabe ou Laurent Gbagbo, l'Afrique du Sud a perdu son autorité morale pour galvaniser les forces voulant la paix et la reconstruction en Afrique.

    De la Côte d'Ivoire à la Libye, nous pouvons voir que beaucoup de dirigeants africains "regardent ailleurs" car condamner ces crimes reviendrait à se condamner eux-mêmes, vu que la plupart d'entre eux sont impliqués dans des crimes similaires dans leurs tentatives de se maintenir éternellement au pouvoir et/ou de s'enrichir. Que les chefs d’État de l'UA puissent soutenir la désignation de Teodoro Obiang Nguema comme président de cette organisation en dit long sur combien ces leaders tels que Denis Sassou-Nguesso (Congo), Robert Mugabe (Zimbabwe), Omar el-Béchir (Soudan), Paul Biya (Cameroun), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Meles Zenawi (Éthiopie), Ali Bongo (Gabon), Mswati III (Swaziland), Yoweri Museveni (Ouganda), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti) ou Yahya Jammeh (Gambie) ne sont pas sérieux pour traduire la lettre de l'Acte constitutif dans les faits. Tous ces dirigeants règnent sur des sociétés où sont implacablement réprimées toutes aspirations populaires à mettre fin à des décennies d'oppression et de dictature.

    La majorité des actuels dirigeants de l'UA ont, par leur avidité et leur insatiable appétit du pouvoir, désastreusement entravé la capacité de l'Union de s'affirmer de manière effective, que ce soit en Côte d'Ivoire ou en Libye. En dehors des leaders comme Museveni, qui est monté au créneau tardivement et avec une rhétorique incohérente au sujet de la situation en Libye, il y a un autre groupe : celui des leaders qui ont gardé un silence assourdissant sur la question. Au milieu de ces deux catégories, il y a aussi ceux qui se montrent prudents soit parce qu'ils dirigent eux aussi des gouvernements répressifs, soit parce qu'ils ont profité des largesses de Kadhafi dans sa tentative infructueuse de devenir "roi des rois d'Afrique"... soit les deux. Cette quête de pouvoir de Kadhafi en Afrique doit d'ailleurs être dénoncée pour ce qu'elle est : une pensée politique arriérée vouée à imposer la soumission et la répression brutale des peuples africains, tout en prenant des poses "anti-impérialistes". Quand Kadhafi ralliait les Mugabe et les El-Béchir du continent en leur expliquant que les vrais révolutionnaires ne quittent jamais le pouvoir, les authentiques panafricanistes se sont dressés contre cette sombre machination.

    KADHAFI N'EST PAS ANTI-IMPÉRIALISTE.

    Beaucoup de progressistes sympathisent avec Kadhafi, parce que celui-ci se met en scène comme un leader anti-impérialiste qui soutient les combattants de la liberté etc. etc. Malheureusement, un examen attentif de la politique économique et des pratiques culturelles de Kadhafi suffit à montrer que loin d'être un anti-impérialiste, il est bien plutôt une sorte de leader semi-féodal. Kadhafi a utilisé l'argent du Peuple libyen pour mettre le harnais sur les dirigeants tribaux traditionnels et soudoyer les leaders du continent, afin qu'ils appuient ses rêves mégalomanes de "roi des rois d'Afrique". Il avait également imposé son fils comme successeur dans une tradition monarchique, afin de préserver des relations politiques semi-féodales à l'intérieur de la Libye. Au niveau international, tout en étant "anti-impérialiste" en paroles, plus de 150 milliards de dollars de fonds souverains libyens étaient distribués entre New York, Paris, Londres et Genève pour soutenir les activités spéculatives des oligarques financiers internationaux. Dans le même temps, il utilisait des milliards de dollars en faveur des fabricants d'armes occidentaux.

    Dans un précédent article au sujet de Kadhafi, j'avais également évoqué son histoire de politiques néfastes en Afrique, rappelant notamment son soutien à des éléments comme Charles Taylor, Foday Sankoh ou Idi Amin [NDLR des leaders qui outre leur despotisme sanguinaire, se caractérisaient par leur hostilité avant tout aux Anglo-Saxons et leur alignement géopolitique entre URSS - pour Amin Dada, du temps de la Guerre froide... et Françafrique !]. Immanuel Wallerstein, dans sa contribution intitulée "La Libye et la gauche mondiale", a déjà exposé clairement les raisons pour lesquelles Kadhafi ne peut être considéré comme un anti-impérialiste. Il s'adressait directement à Hugo Chávez et d'autres dirigeants et forces de gauche qui organisaient le soutien international à Kadhafi. Les révolutionnaires qui s'opposent à l'impérialisme US en Amérique latine ont besoin d'être mieux informés des conditions sociales réelles dans les sociétés africaines.

    Même alors que les bombes s'abattent sur la Libye, Kadhafi vient de montrer encore une fois ses vrais sentiments envers l'Afrique en menaçant les Européens d'"ouvrir les vannes" d'immigrants africains vers l'Europe. En d'autres termes, il joue sur le racisme et le chauvinisme des Européens vis-à-vis des Africains. Il leur remémore qu'il a signé avec eux un accord faisant de lui le cerbère anti-immigration de l'Europe en Afrique du Nord. Ce n'est pas la première fois que Kadhafi fait des remarques désobligeantes et racistes au sujet des Africains. En 2010, il réclamait quelques 6,3 milliards de dollars à l'Union européenne pour l'aider à prévenir ce qu'il a qualifié d'"émergence d'une Europe noire", en contrôlant l'immigration africaine noire vers le continent. Il parlait alors de celle-ci comme d'un "afflux d'Africains ignorants et affamés", qui doit "déterminer si l'Europe restera un continent uni et avancé ou si elle sera détruite, comme lors des invasions barbares"... D'après le Telegraph, lorsque Kadhafi a fait cette proposition, un membre de Parlement italien, Luigi de Magistris, l'a accusé de maintenir un "camp de concentration" de milliers d'Africains dans le désert. Les progressistes qui voient Kadhafi comme un "anti-impérialiste" devraient être les premiers à demander des investigations pour cela.

    Kadhafi ne peut pas prétendre être un anti-impérialiste après que lui et son fils aient dépensé l'argent du Peuple libyen pour financer l'élection de Sarkozy. La révélation de ce financement a été faite par le propre fils de Kadhafi lui-même, Saif al-Islam.

    Le même Kadhafi qui paradait comme un "anti-impérialiste" et un "panafricaniste" se refusait à éduquer son peuple sur l'essence même de la solidarité panafricaine. Son régime a été impliqué dans la répression des immigrants noirs en Libye. En l'an 2000 des travailleurs venus du Tchad, du Nigéria, du Niger, du Cameroun, du Soudan, du Burkina et du Ghana ont été la cible d'assassinats après que des officiels du régime aient accusé ces immigrants de répandre des maladies et de se livrer au crime et au traffic de drogue. Des récits de travailleurs migrants de ces pays ont révélé que les pratiques d'expulsion de Kadhafi étaient si inhumaines que les déportés étaient parqués comme du bétail dans des avions sans sièges, pour des vols de plusieurs heures vers leurs pays d'origine.

    Les personnes qui écoutent les proclamations "panafricaines" et "anti-impérialistes" de Kadhafi devraient se souvenir que c'est en réponse au racisme de son régime que le Comité des Nations Unies sur l’Élimination des Discriminations raciales a exprimé sa préoccupation vis-à-vis des pratiques libyennes envers les immigrants et les réfugiés de couleur. Ce comité a accusé en 2004 le régime de Kadhafi de violer l'article 6 de la Convention de 1969. Ces accusations affirmaient que Kadhafi n'avait tout simplement mis en place aucun mécanisme pour protéger les individus des actes racistes contre leurs droits humains. Six ans plus tard, Kadhafi persistait et signait avec ses réflexions racistes sur les immigrants africains qui "noirciraient" l'Europe...

    Kadhafi a épousé le racisme et l'esprit de division, et ne peut donc pas avoir conduit une vraie politique de solidarité africaine au cours de ses 42 ans de pouvoir. Dans un esprit de solidarité, nous sympathisons avec les Libyens qui luttent contre son régime ; et dans le même esprit nous appelons ces combattants de la liberté à enseigner à leurs partisans que la Libye est un pays africaine. Ce qui luttent en révolutionnaires pour la liberté et la démocratie ne peuvent pas en même temps s'attaquer aux Africains du sud du Sahara [on sait hélas que de telles attaques ont été nombreuses, dans un esprit de négrophobie au demeurant ancré dans les sociétés arabes traditionnelles - or la société libyenne de Kadhafi était restée très traditionnelle].

    Ce type de manipulation, par Kadhafi, des sentiments anti-impérialistes tout en réprimant les aspirations du peuple n'est pas quelque chose de nouveau. Par le passé, des dirigeants tels que Saddam Hussein en Irak ou Idi Amin Dada en Ouganda se sont présentés eux-mêmes comme des "anti-impérialistes". Aujourd'hui, les oligarques russes acoquinés avec les compagnies pétrolières occidentales se présentent aussi comme anti-impérialistes, sans le prouver par la moindre solidarité centrée sur les peuples. Mahmoud Ahmadinejad en Iran, Robert Mugabe au Zimbabwe sont d'autres exemples encore de leaders répressifs verbalement "anti-impérialistes". Mugabe est tellement nerveux devant le fait que le peuple s'organise pour le changement, que sa police a arrêté des citoyens qui regardaient des vidéos de la révolution en Égypte et les a inculpés de trahison...

    Tout comme les forces pour la paix et la justice sociale que nous sommes se sont fermement opposées à l'invasion et à l'occupation occidentale de l'Irak, nous étions également et tout aussi fermement opposés au régime de Saddam Hussein. Nous disons donc clairement aujourd'hui : nous sommes contre Kadhafi et son régime semi-féodal tout comme nous sommes opposés au bombardements occidentaux.

    La société civile africaine a besoin d'être davantage organisée dans cette époque de révolution et de contre-révolution que nous traversons. Un écrivain kényan a entendu l'appel de cette société civile à être plus active et à s'opposer aux gouvernements en place en Afrique. Onyango Oloo a appelé la société civile africaine à se lever et à exiger des actes des gouvernements : "On organise des marches à New York mais jamais en Afrique. Nous devons nous joindre aux voix mondiales contre l'action militaire. Des civils innocents sont tués et nous devons faire pression sur nos gouvernements". Cette pression sur les gouvernements doit inclure le soutien aux forces qui luttent pour la justice sociale sur tout le continent. Il n'est pas trop tard pour que les progressistes d'Afrique apprennent des leçons positives de l'intervention tanzanienne pour en finir avec Amin Dada, ou de l'appui cubain pour vaincre les armées de l'apartheid en Angola.

    Dans la même perspective, il n'est pas trop tard pour que les organisateurs du soulèvement en Libye mettent en place un front politique clair, capable de bâtir une force interne puissante pour combattre et renverser Kadhafi sans ingérence impériale.

    La résolution de l'ONU autorisant le recours à la force autorisait aussi l'emploi de "tous les moyens nécessaires" pour protéger les civils et les zones qu'ils habitent, à l'exception expresse d'une "occupation militaire étrangère". L'Occident utilise désormais la formule "tous les moyens nécessaires" pour s'arroger le droit d'établir une tête-de-pont militaire en Afrique, alors que la révolution secoue celle-ci et le Moyen Orient.

    L'AFRIQUE EST PLUS QUE DES MINERAIS ET DU PÉTROLE

    Le Brésil, l'Inde, la Chine et la Russie, qui étaient au courant que Kadhafi s'apprêtait à perpétrer un massacre à Benghazi, critiquent maintenant les bombardements de la coalition. Mais ils serait temps pour ces États membres du Conseil de Sécurité de l'ONU d'assumer un rôle plus franc et sans détours contre les dictatures en Afrique. Ces quatre pays ont développé leurs relations commerciales et minières avec l'Afrique ces 10 dernières années, mais sont généralement restés silencieux pour stopper des dirigeants tels que Laurent Gbagbo ou Kadhafi. Le Brésil, en particulier, se présente comme une puissance émergente mais ne semble voir sa puissance que comme une compétition internationale pour vendre des armes aux leaders africains. Pays comptant plus de 80 millions de personnes d'ascendance africaine et président du Conseil de Sécurité, le Brésil a donc failli à coordonner et prendre la tête d'un soutien international pour une solution africaine au massacre en Libye [sauf que ces 80 millions de personnes ne forment pas particulièrement la classe dominante du pays... il est loin le temps où ce type de raisonnement du "sang africain" pouvait pousser Cuba à intervenir positivement dans les deux Congos ou en Angola, à soutenir Amilcar Cabral en Guinée ou encore l'ANC en Afrique du Sud etc. : le Brésil de Dilma Rousseff n'est pas le Cuba révolutionnaire des années 1960 ou encore 70 !]. Pareillement la Chine, l'Inde et la Russie ont condamné les bombardements, mais se sont abstenues au Conseil de Sécurité autorisant dès lors la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis à manipuler les Nations Unies pour déclencher une nouvelle guerre. Je partage l'opinion de Peter Falk qui a écrit quelque part que "les États qui se sont abstenus ont agi de manière complètement irresponsable". Ces pays auraient pu soutenir la zone d'exclusion aérienne sans laisser aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à la France le blanc-seing d'insérer les mots "prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le respect de l'interdiction de vol".

    Nous voulons répéter que le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine doivent comprendre que les intérêts et la dignité des peuples africains doivent être placés au-dessus des potentielles réserves de minerais ou de pétrole. Il ne suffit pas rester neutres et de décrier l'intervention occidentale ; ces pays doivent aussi être capables de montrer aux populations que dans des situations telles qu'à Benghazi, il existe quelque chose comme une intervention humanitaire internationale dénuée d'arrière-pensées pour le pétrole, les minerais ou les contrats d'armement. [Là c'est franchement beaucoup demander à des pays impérialistes ou des puissances "émergentes"... La réalité est que ces pays 1°/ n'avaient sans doute pas en Libye les intérêts que l'on imagine (ce n'était pas un pays "aligné" sur la Russie et la Chine comme peut l'être l'Iran par exemple), et n'ont donc pas voulu ouvrir une crise diplomatique majeure pour un Kadhafi clairement identifié comme le premier responsable du problème (un bouffon sanguinaire que la première secousse d'instabilité condamne à la chute), 2°/ tablent certainement, en joueurs d'échecs (ou de go) à long terme, sur le chaos à-peu-près garanti après la chute du régime pour replacer leurs pions lentement mais sûrement, tandis que l'Occident sera occupé à gérer un nouveau "sanctuaire terroriste" à ses portes.]

    Enfin, il est du devoir des citoyens des USA, de France et de Grande-Bretagne de freiner leurs gouvernements qui mettent en place des mesures d'austérité chez eux tout en finançant les bombardements en Libye.

    RENFORCER L'UNION AFRICAINE

    Les Révolutions tunisienne et égyptienne ont changé la donne politique en Afrique. Il n'est pas besoin de répéter ce que nous avons déjà dit au sujet de l'hypocrisie de l'Occident qui intervient en Libye et non au Bahreïn et au Yémen, où des atrocités absolument similaires sont commises. Cette intervention occidentale en Libye serait-elle destinée à implanter des forces militaires sur le sol africain dans le but de faire avorter les Révolutions tunisienne et égyptienne ? À ce stade, les États-Unis cherchent en tout cas à utiliser cette intervention pour faire la promotion de l'AfriCom (Commandement militaire Afrique), c'est-à-dire d'une force de frappe pour le Capital privé US sur le continent. 

    Le Conseil pour la Paix et la Sécurité de l'UA a l'autorité légale pour intervenir en Libye comme en Côte d'Ivoire. Il appartient aux forces progressistes en Afrique de se mobiliser et lutter pour renverser ces dirigeants et gouvernements qui barrent la route à une Union renforcée et centrée sur les masses populaires. La Révolution égyptienne a montré la possibilité pour le peuple de transformer le processus politique africain par leur auto-mobilisation et auto-organisation. Ces formes de mobilisations populaires peuvent être appelées à renforcer l'UA pour une force d'intervention centrée sur les intérêts des peuples, particulièrement alors que l'intervention occidentale a compliqué les luttes en Libye et a ouvert de nouvelles possibilités de contre-révolution lourdes de conséquences pour le vent révolutionnaire soufflant sur l'Afrique et le Proche/Moyen-Orient.

    Comme le fait remarquer un commentateur du journal britannique The Guardian : "Le fragile consensus en faveur d'une intervention obtenu la semaine dernière, lorsque le Conseil de Sécurité de l'ONU a approuvé 'toutes les mesures nécessaires' pour protéger les civils libyens contre les forces de Mouammar Kadhafi, a volé en éclat dans le sillage des massives frappes terrestres et aériennes US, françaises et britanniques. Ces frappes ont été largement vues, au niveau international, comme disproportionnées, peu soucieuses des vies civiles et allant bien au-delà de ce qui avait été convenu pour imposer une zone d'exclusion aérienne défensive".

    Les actuels bombardements sur l'Afrique du Nord ont une nouvelle fois alerté les progressistes sur la dure loi des conséquences imprévues. Les révolutionnaires doivent se coordonner internationalement pour que la contre-révolution ne soit pas le résultat de l'actuel opportunisme des puissances impérialistes.


    Ce qui a merdé en Libye...


    ... et fait d'une révolte populaire l'armée supplétive d'une guerre inter-impérialiste.

    Ce qui s'est passé en Libye n'a pas à être considéré négativement : cela permet au contraire d'apporter de riches enseignements à tous les mouvements populaires arabes en cours et à venir.

    Ce qui a manqué en Libye est évident pour tout marxiste, et SLP l'a déjà expliqué plusieurs fois : c'est une DIRECTION RÉVOLUTIONNAIRE armée d'une véritable théorie révolutionnaire, fut-elle pas exactement MLM. En réalité, il n'y avait pas de direction du tout, même sur un programme nationaliste et/ou démocratique !

    Il y a eu au départ, inspirée par les exemples tunisien et égyptiens, une mobilisation démocratique petite-bourgeoise "facebookienne" de la jeunesse éduquée (la Libye a un assez haut niveau d'éducation de la jeunesse). Celle-ci a été rapidement rejointe par une mobilisation des masses populaires contre la hogra, ce mélange de corruption, d'arbitraire des élites et d'absence d'avenir, qui n'est pas spécifiquement liée à la misère (la Libye a le plus haut niveau de vie de la région, la Tunisie n'étant d'ailleurs pas spécialement déshéritée non plus), et contre la discrimination des régions réputées hostiles au clan dirigeant. Kadhafi ayant fait, échaudé par la chute de ses deux voisins, le pari de la répression brutale, le mouvement a rapidement fait tâche d'huile.

    Mais voilà : toujours pas de direction, sinon des "comités insurrectionnels" dans les localités où les forces du régime avaient rapidement été débordées. Et surtout, toujours pas de théorie révolutionnaire, en réalité même pas de programme clair.

    La vérité, c'est qu'on ne fait pas la révolution avec des réseaux sociaux, même si ceux-ci peuvent être un appui. Mélange de blanquisme (pour le côté "coup de force", "le pouvoir va tomber tout seul") et de proudhonisme (pour le côté "horizontaliste", "réseau" sans direction), la "révolution facebook" est un concept qui partout dans les pays arabes, à d'ores et déjà montré ses limites.

    Les insurgés se sont rapidement procurés des armes, qui circulent largement dans ce pays de tradition bédouine. Mais aucune idéologie, aucun état-major centralisé ne commandait aux fusils...

    La jeunesse populaire a alors vu venir à elle TOUT UN ENSEMBLE de dirigeants tribaux, d'officiers de l'armée et de politiciens nationaux ou locaux, sentant le vent tourner ou ayant des comptes (plus ou moins vieux) à régler avec la famille Kadhafi ; et qui en ont pris la tête. Ces gens étaient les représentants du système TRIBAL, qui en Libye, est l'armature de l'État. Autrement dit, la révolte s'est pratiquement d'entrée de jeu placée sous la direction d'une fraction de la CLASSE DOMINANTE libyenne, contre celle restée fidèle au "Guide"...

    Que pouvait-il alors se passer ? La réponse est une question : à quoi ces gens doivent-ils leur position un tantinet privilégiée ? Réponse : ils la doivent à leur position d'intermédiaires locaux des monopoles impérialistes.

    Entendons nous bien : ce ne sont pas des bourgeois nationaux. Il n'y a pratiquement pas de bourgeoisie nationale en Libye, qui en 1969, était un pays désertique peuplé de tribus d'éleveurs bédouins, aux villes et aux souk de taille réduite. La bourgeoisie nationale qu'il y a est plutôt d'idéologie national-islamique de type Frères Musulmans, tandis que les intellectuels se répartissent sur un spectre politique "à l'occidentale" allant de la monarchie parlementaire au marxisme : ces classes ont généralement participé au soulèvement, mais ne l'ont pas dirigé.
    La classe dominante en Libye est donc cette aristocratie tribale, qui est devenue la gestionnaire des ressources hydrocarbures du pays. Elle doit son opulence, basée sur la rente pétro-gazière, uniquement à son rôle d'intermédiaire. Elle ne peut exister autrement.

    Les nouveaux dirigeants proclamés de la "révolution" se sont donc cherchés des maîtres impérialistes à servir. Un pétrolier est d'abord parti de Cyrénaïque insurgée vers la Chine... Puis les USA et l'impérialisme britannique se sont imposés comme une évidence, contrôlant chacun moins de 5% de pétrole libyen. Enfin, après beaucoup d'hésitations et de propos contradictoires, la fraction la plus atlantiste de l'impérialisme BBR, représentée par Sarkozy, s'est ralliée à la "croisade" et en a même pris la tête. L'impérialisme tricolore était "moyen-plussement" placé dans le pays depuis les années 1990, après les frictions des années 1980 ; sans doute TOTAL et consorts ont-ils pensé pouvoir rafler quelques parts de gâteau supplémentaires, cela dit, quand on voit la position des fascistes, il est évident que les monopoles BBR ne sont pas unis sur le dossier.

    Sous direction réactionnaire, l'insurrection a inévitablement - par les lois de la dialectique ! - dérivé dans la réaction : vengeance minable contre de pauvres bougres de milices kadhafistes capturés, pogroms de migrant-e-s africain-e-s accusés d'être des "suppôts du régime", etc. Le drapeau senoussi de l'insurrection, choisi pour montrer le rejet du drapeau vert de l'escroquerie "socialiste" kadhafiste, est redevenu ce qu'il était à l'origine : le drapeau de la monarchie du roi Idriss, celui des aristocraties tribales évincées par les Kadhafa en 1969 et/ou malmenées depuis.

    La révolte populaire est devenue l'armée supplétive d'un guerre impérialiste franco-anglo-US pour évincer leurs concurrents impérialistes qui tenaient le pays : Italiens, Allemands, Autrichiens, Russes, ainsi que ceux vers qui s'était tourné un Kadhafi "trahi" : la Chine et les compagnies pétrolières du Brésil et d'Inde (qui ne sont pas, toutefois, encore des pays impérialistes, mais qui comptent déjà des monopoles). Sarkozy et BHL, Obama et Cameron sont les nouveaux Lawrence d'Arabie, les nouveaux Allenby et Gouraud, les nouveaux Sykes et Picot : il n'y a pas plus de "libération" et d'"humanitaire" dans cette guerre que dans la "libération" du Machrek de la domination ottomane en 1918 (domination derrière laquelle il y avait, déjà, les impérialismes allemand et autrichien !). Pour comprendre cela, il n'y a pas besoin d'être un génie : juste d'avoir un peu étudié l'Histoire...

    Voilà où l'on en est. C'est donc une grande leçon à retenir pour toutes les masses exploitées arabes en lutte : il n'y a pas de conquête du pouvoir sans direction et pas de direction sans théorie, sans même un véritable programme immédiat (qui pourrait débuter une Révolution de Février 1917 !). Car finalement, mis à part qu'il aura fallu des frappes aériennes (et leurs "dommages collatéraux") pour venir à bout de Kadhafi et de son armée privée, il ne s'est pas passé grand chose de différent qu'en Tunisie et en Égypte. En Égypte, l'impérialisme US a fait sauter le fusible Moubarak et remis le pouvoir à l'Armée... pilier de l'État depuis sa fondation par Mehmet Ali et puisant son origine dans le règne des Mamelouks (maîtres du pays du 13e au 19e siècle). En Tunisie, où pourtant les syndicats de base et des organisations politiques marxistes ont joué un certain rôle d'encadrement, Ben Ali est parti sur injonction des ambassades US et BBR, et c'est toujours la même oligarchie, les mêmes bureaucrates et les mêmes compradores qui tiennent le pays (même si là, les masses exploitées ne se laissent pas faire !).

    Et il n'y a PAS de révolution sous la direction d'une fraction, même minoritaire, de la classe dominante : en Libye sous la direction des clans dirigeants des différentes tribus ; en Égypte (née comme État mamelouk) sous la direction d'une Armée qui, dans un immense élan de générosité, aurait refusé de tirer sur le Peuple... En réalité, il ne peut y avoir de révolution arabe sans balayer ces féodalités (tribalismes, castes militaires) qui dominent encore, dans une large mesure, l'aspect capitaliste bureaucratique-compradore de ces différents pays (comme les forces féodales "encadraient" le capitalisme français naissant de l'Ancien Régime).

    Mais un pas a été accompli dans la conscience révolutionnaire des masses opprimées, un pas que tout communiste révolutionnaire marxiste doit savoir reconnaître à sa juste valeur, en comprenant bien la révolution démocratique arabe comme un processus extrêmement prolongé.

    Pour autant, il n'est toujours pas question de qualifier la base populaire de la révolte libyenne de mouvement réactionnaire. Pour certains, ce n'est rien là que d'habituel : pour eux il y a d'un côté "l'Empire" et de l'autre "ceux qui résistent" et sont victimes de "complots impérialistes" ; une vision du monde qui se trouve parfois à la tête d'États (comme au Venezuela) et qui est totalement dépassée à l'époque de la nouvelle vague révolutionnaire mondiale. Mais il y a plus grave. Il y a ceux pour qui, disons le clairement, sans Parti communiste ("marxiste révolutionnaire", "ouvrier", ML ou MLM), les prolétaires et les masses exploitées n'ont pas le droit à la révolte. C'est là une négation pure et simple des principes communistes élémentaires, énoncés par Mao Zedong : "là où il y a oppression, il y a résistance", "on a raison de se révolter" ; c'est à dire, tout simplement, la lutte de classe comme moteur de l'histoire, car par "on" Mao entend bien sûr les classes exploitées, et par "oppression" l'oppression des exploiteurs, des détenteurs des moyens de production.

    C'est tout simplement la négation de ce qu'est d'être communiste*. Soyons clairs : être marxiste c'est être scientifique. C'est considérer qu'il faut une théorie scientifique pour guider l'avant-garde du prolétariat, guidant elle-même les masses prolétaires et populaires exploitées vers la conquête du pouvoir. Mais pour être marxiste il ne suffit pas d'être scientifique : il faut déjà être COMMUNISTE. C'est un cercle plus large, qui comprend des libertaires, des utopistes, des idéalistes, parfois religieux comme Camilo Torres... Être communiste, cela pourrait se résumer à cette phrase du "Che" Guevara : "Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre coeur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde. C'est la plus belle qualité d'un révolutionnaire"
    C'est quelque chose qui vient des tripes ; dont le fasciste pseudo-"marxiste" Alain Soral a pu dire que "ce qui sort, en général, c'est de la merde", belle preuve de sa nature 100% réactionnaire...

    C'est seulement à partir de là que l'on peut commencer à être scientifique, donc marxiste. Sans cela, on N'EST PAS, on ne PEUT PAS ÊTRE un communiste.  Et tout marxisme, tout marxisme-léninisme ou maoïsme n'est alors QU'INTELLECTUALISME PHRASEUR ou DOGMATISME scolaire, livresque et généralement aigri. À bon entendeur...


    article libye20


    [* Par exemple, comment peut-on se dire communiste en écrivant que "évidemment le régime de Kadhafi est sanglant, tentant de préserver son existence face à un soulèvement (...) (mais) il est dans la nature de tout État de réprimer un soulèvement armé contre lui (!!!). Un État est par définition le monopole de la violence " ????? Oui, d'un point de vue strictement objectif, récitation de classiques, c'est vrai : l’État est l'instrument de domination d'une classe, qui détient le monopole de la violence légale. Mais où est la capacité de révolte, d'insurrection dans ces propos ? Marx, Lénine, Mao ne disaient pas cela de manière froide et détachée, "la nature de l’État est de réprimer...", mais avec la révolte aux tripes : "la nature de l’État est de réprimer, d'assurer la domination d'une classe sur les autres, c'est pourquoi il faut renverser l’État des dominants et le remplacer par l’État des exploité-e-s" ; voilà ce que disaient les grands révolutionnaires !]


    Tant qu'à nous être abondamment faits traiter, sur ce dossier, de trotskystes ; autant partager cet article... du NPA, qui reprend globalement dans les grandes lignes l'ensemble des analyses que nous faisons nôtres sur ce qu'il s'est passé :


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  • le-mavi-marmara-300L'univers médiatique bourgeois, et en particulier celui des experts (plus ou moins autoproclamés) en "géopolitique", résonne en ce moment des analyses sur le "virage" de la Turquie : ce pays serait en train de "tourner le dos à l'Occident" et à l'Europe, d'adopter une politique "néo-ottomaniste" pour se rapprocher de ses voisins arabes et iraniens, soutenir la cause palestinienne, etc.

    En effet, la Turquie a fait, depuis sa naissance en tant que telle dans les années 1920 (avec Mustafa Kemal Atatürk) [Lire : Kaypakkaya-kemalisme.pdf], le choix de tourner le dos à l'Orient, le choix d'une modernisation "laïque" et sur le modèle européen [on qualifie parfois les couches sociales aisées et occidentalisées porteuses de cette idéologie de... "Turcs blancs" (beyaz türkler), par opposition aux (terme moins employé) "culs terreux" anatoliens "Turcs noirs" - kara türkler (lire aussi ici)] ; et depuis la Seconde Guerre mondiale, le pays (membre de l'OTAN et du Conseil de l'Europe) a toujours été un avant-poste de "l'Ouest" dans la région, contre l'URSS jusqu'en 1991, contre le "nationalisme arabe" hier, contre l'islamisme et l'Iran depuis les années 1980... Le "bon élève" qui n'a toutefois jamais reçu son "bon point" : l'admission dans l'Union européenne des impérialistes.

    Cependant, en 2002, l'État turc a commis une première "entorse" à sa tradition vieille de près de 80 ans, en se dotant au gouvernement d'un parti (l'AKP) se réclamant de l'islam dans son idéologie (l'"ancêtre" de ce parti avait déjà gagné les élections en 1996, mais les militaires l'avaient chassé du pouvoir l'année suivante). Et depuis lors, "tout fout le camp" : dès 2003 le pays, place-forte de l'alliance militaire atlantique OTAN dans la région, refuse que la coalition américano-britannique envahisse l'Irak depuis son territoire, les forçant à employer les nationalistes kurdes d'Irak comme supplétifs. Puis, craignant que le Nord de l'Irak ne devienne un sanctuaire pour les combattants kurdes de Turquie, elle envisage de l'envahir militairement (signe qu'elle ne fait pas confiance aux Américains pour sa sécurité) avant de renoncer (des forces spéciales y opérant cependant, déjà de longue date, et un incident conduisant même presque au bord de l'affrontement militaire).

    Les choses se sont accélérées depuis un peu plus de deux ans, sur la question des relations Turquie-Israël. Jusque là, la Turquie était le pays majoritairement musulman le plus proche et fermement allié d'Israël. Les deux pays étaient les deux pièces maîtresses du dispositif occidental au Proche-Orient. Même les déclarations anti-israéliennes de pure forme, comme dans les pays arabes qui - en pratique - soutiennent l'entité sioniste, étaient étrangères à la politique internationale turque. Les deux États partageaient la même hostilité envers la gauche révolutionnaire (ce qui est toujours le cas), le nationalisme arabe, le nationalisme islamique, l'Iran etc...

    Mais aujourd'hui, les déclarations condamnant Israël et favorables au Peuple palestinien se multiplient. Les visas israéliens sur les passeports sont devenus l'objet de tracasseries à la douane turque, comme dans les pays arabes, ce qui n'était pas du tout le cas il y a encore quelques années. Le gouvernement turc a entamé des rapprochements avec ses voisins arabes (Syrie etc.) et iranien : il tend en fait à suivre la même "ligne" géopolitique que le Qatar, "protecteur" et "parrain" financier des Frères musulmans dans le monde arabe (Frères musulmans dont l'AKP est lui-même plus ou moins issu, en tout cas d'un courant à l'esprit proche - très important de lire ce lien pour comprendre la nature et les origines de classe de l'AKP ; en gros, un représentant de la bourgeoisie nationale provinciale/rurale, mais ayant la particularité d'être très liée à la fraction la plus conservatrice et religieuse de la grande propriété terrienne, ce qui entame donc considérablement son caractère progressiste... qu-est-ce-que-l-akp).

    02.09-flottille-gaza-turquie-930620 scalewidth 630Le dernier épisode en date étant bien sûr l'attaque israélienne de la Flottille pour Gaza, avec 9 victimes toutes turques. "Rien ne sera plus jamais comme avant !", a alors tonné le Premier ministre (AKP) Erdoğan à l'encontre d'Israël.

    Donc, la presse (papier et internet, mainstream et indépendante) commence à faire ses choux gras sur le thème : "la Turquie change de camp", l'État turc amorcerait une politique "indépendante" voire hostile à l'Europe et aux États-Unis (et à Israël).

    Certains, dans les milieux "anti-impérialistes" révisionnistes ou "nationalistes-révolutionnaires", pour s'en féliciter. D'autres pour s'en inquiéter voire, dans les milieux fascistes occidentalistes, pour envisager une action "musclée" et préventive contre la nouvelle "menace turque" : pour un peu, on en serait revenu à la veille du siège de Vienne !

    Enfin, le dernier "buzz" en date (qui remonte en fait à plusieurs années dans les milieux nationalistes turcs) est que la guérilla kurde du PKK serait un instrument de "l'axe américano-sioniste" pour contrer cette volonté turque d'une politique "indépendante"...

    Qu'en est-il réellement ? La presse bourgeoise, démocrate, réactionnaire ou fasciste, est le royaume du sensationnalisme. Des informations sont inventées de toutes pièces, des rumeurs érigées en vérités, mais aussi des évènements secondaires sont présentés comme primordiaux.

    Face à cela, la presse communiste est le domaine de l'analyse matérialiste et scientifique, de la lecture de classe du réel. La tâche des communistes est de prendre le réel pour le transformer, c'est pourquoi l'analyse du réel, de la situation concrète, doit toujours être la plus parfaite possible : c'est avec une compréhension juste de la situation, que l'on peut ensuite prendre position et agir correctement.

    Ceci est d'autant plus important que nous avons à nos côtés un grand nombre de camarades révolutionnaires turc-que-s ou kurdes, condamné-e-s à l'exil en Europe où ils/elles sont également l'objet de la répression bourgeoise, comme Avni Er actuellement en Italie. Certain-e-s ont maintenu des branches de leurs organisations telles quelles en exil, d'autres ont rejoint les organisations révolutionnaires de leur pays d'accueil. Le soutien internationaliste à ces camarades est absolument primordial, surtout lorsque l'on connaît l'importance de la Turquie et de la région pour l'impérialisme.

    L'État turc est le théâtre de ce qu'on peut appeler une "guerre populaire de basse intensité", au stade de la défensive stratégique, mais où des camarades tombent toutes les semaines ou presque (dans le plus grand black-out médiatique).

    D'autre part les États européens et notamment le nôtre, l'État français (bien que moins que nos voisins allemands, par exemple), comptent de très importantes communautés originaires de l'État turc au sein de leurs prolétariat et des classes populaires. Certaines de ces personnes sont "apolitiques" et "font tranquillement leur chemin", d'autres se rattachent encore politiquement à leur pays d'origine (de l'extrême-gauche à l'extrême-droite en passant par le kémalisme et le partis islamiques, ils/elles furent nombreux-ses dans les manifs contre le massacre de la flottille), d'autres encore sont impliquées dans la vie politique et associative hexagonale ; mais dans tous les cas, ils/elles jouent un rôle important dans la vie sociale des communes et des quartiers où ils/elles sont particulièrement implantées.

    Une analyse correcte de la situation est donc indispensable. Cependant, beaucoup de communistes (s'affirmant communistes) ont de la situation une analyse soit dogmatique et figée (se contentant d'asséner "État fasciste turc" comme une récitation de mantra, ne percevant pas les importantes contradictions au sein de la bourgeoisie), soit une analyse opportuniste voyant d'un bon oeil, par exemple, les déclarations anti-israéliennes du gouvernement turc AKP.

    Voyons donc point par point ce qu'il en est.

    La nature de l'État turc

    Il est courant de parler d'État fasciste turc. C'est une réalité, dont la compréhension est à l'origine du maoïsme turc (Ibrahim Kaypakkaya), alors que les marxistes-léninistes de ce pays avaient longtemps, auparavant, eu tendance à considérer positivement le kémalisme et le "républicanisme" de l'idéologie nationale, considérant simplement qu'ils avaient "dégénéré". Mais cela ne doit pas mener à une lecture simpliste de la situation turque.

    TURKEY SECURITY COUNCILIl y a en réalité, en Turquie, deux pouvoirs :

    • le pouvoir militaire (Conseil de Sécurité Nationale), ultra-dominant de 1960 (après le coup d'État contre le Premier ministre Menderes et son exécution) jusqu'à la fin du siècle,
    • et le pouvoir civil, longtemps totalement soumis, mais qui grandit et s'impose depuis la fin des années 1990. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la Force armée est la colonne vertébrale de l'État, quelle que soit la nature de classe de celui-ci (État féodal, bourgeois, populaire, prolétarien...) : la marge de manoeuvre du pouvoir civil reste donc très relative... On ne peut pas vraiment parler de changement de nature de l'État turc, tout au plus d'une "évolution" qu'il faut prendre en compte, si l'on veut avoir une analyse correcte de la situation actuelle.


    En réalité, les "islamistes" turcs de l'AKP, qui se qualifient eux-même de "démocrates-musulmans" comme il y a des démocrates-chrétiens, sont 100 fois plus "libéraux", "démocrates" bourgeois (ou 100 fois moins fascistes, selon de quel point de vue l'on se place) que les "laïcs", "républicains", soi-disant de "centre-gauche" kémalistes, totalement liés aux militaires, à l'oligarchie et aux nationalistes d'extrême-droite (avec lesquels ils n'ont pas hésité à gouverner entre 1999 et 2002 !).

    L'extrême-droite qui est également un acteur très important de la situation en Turquie : son idéologie est "grand-turque", "pantouraniste", c'est à dire qu'elle veut réunir dans un même "Empire touranien" tous les peuples de langue turque, des Balkans au Xinjiang chinois en passant par l'Azerbaïdjan. Elle est liée à des secteurs de la grande bourgeoisie, ainsi qu'à l'économie illégale ou semi-légale (la maffya). Elle tient parfois un discours anti-occidental, mais son anticommunisme, son anti-progressisme et sa haine des minorités en font une supplétive efficace de l'État et de l'idéologie nationale.

    100528 lula ahmadinejad erdogan ap 218La victoire de l'AKP, en 2002, est comparable à l'élection (quasi simultanée) de Lula da Silva au Brésil : il s'agit d'une offensive économique et politique des impérialistes européens (autour du "couple" franco-allemand) dans la "chasse gardée" de l'impérialisme US.

    L'AKP est totalement financé par la bourgeoisie "émergente" turque des 30 dernières années (d'origine petite-bourgeoise et paysanne) et par la petite et moyenne bourgeoisie d'origine turque qui s'est développée en Europe de l'Ouest, principalement en Europe germanique (Allemagne, Autriche, Suisse) et au Bénélux, ou en Scandinavie, et il a l'appui de secteurs conséquents de la bourgeoisie impérialiste de ces pays. Notamment des secteurs représentés politiquement par la social-démocratie, pour laquelle votent largement (lorsqu'ils le peuvent, "droit du sang" oblige) ces individus originaires de Turquie.

    De son côté, l'élite traditionnelle oligarcho-militaire ne vit que par et pour ses liens historiques avec l'impérialisme US, le bloc anglo-saxon.

    Depuis 2002, l'AKP a procédé à une légère "libéralisation", notamment sur la question nationale kurde... Une libéralisation toute 'cosmétique' : les interdictions qui pesaient sur l'usage public de la langue kurde, l'expression publique culturelle (musique etc.) ont été assouplies, mais il n'est nullement question de la moindre autonomie politique, encore moins de réformes démocratiques et sociales (dans ces régions qui sont les plus pauvres du pays). La Turquie reste le pays où la Nation kurde est la plus opprimée, devant même l'Iran théocratique !
    tikbmay

    Quant aux organisations révolutionnaires (MLKP, MKP, TKP-ML, DHKP-C...), elles sont toujours soumises à une répression terroriste, dans laquelle l'armée et la police ont carte blanche. Le gouvernement AKP n'est clairement pas l'ami du Peuple, et la répression de la gauche populaire révolutionnaire fait l'objet d'un consensus clair avec le pouvoir militaire. Sur ce point, il apparaît clairement que la nature de classe de l'État turc n'a pas du tout changé.

    Mais analyser l'AKP comme "fasciste" puisqu'à la tête (officiellement) d'un État fasciste semble être une analyse à l'emporte-pièce. Le centre névralgique de l'État fasciste turc reste le Conseil militaire de Sécurité Nationale, et l'AKP au gouvernement semble plus une "concession" sur l'idéologie officielle (laïque et occidentaliste depuis plus de 80 ans) qu'autre chose. 

    conseil sécurité nationale turcCependant, pour la vieille élite oligarcho-militaire, c'en est déjà trop. Toute remise en cause de l'idéologie nationale "républicaine"-kémaliste, sans laquelle elle n'est rien, est inacceptable.

    C'est donc une guerre larvée qui règne depuis novembre 2002 au sommet de l'État turc, entre le pouvoir civil "démocrate-musulman" ("émergentiste" et "ottomaniste") et le pouvoir militaire républicain-kémaliste ("occidentaliste"). C'est dans ce sens, et à la lumière des contradictions inter-impérialistes qui se cachent derrière, qu'il faut comprendre l'opposition du gouvernement civil turc à l'invasion US de l'Irak depuis son territoire en 2003, ou encore les menaces de coup d'État militaire contre l'AKP en 2008 (l'armée avait déjà écarté les "islamistes" du pouvoir en 1997).

    Un exemple particulièrement paroxystique de cette contradiction a peut-être été l'affaire "Ergenekon", impliquant ce que les militants progressistes et révolutionnaires de là-bas ont coutume d'appeler "l’État profond" : un réseau clandestin (démantelé entre 2007 et 2009) de militants d'extrême-droite (aux positions, comme on l'a dit, plus "nationalistes" et moins "laquais de l'impérialisme US-OTAN" en apparence) ainsi que de la "gauche" kémaliste, d'officiers de l'armée et de la gendarmerie, de magistrats, de mafieux (généralement liés à l'extrême-droite), d'universitaires et même de journalistes, ayant pour programme des assassinats politiques (de révolutionnaires, de progressistes ou de militants kurdes) et des manœuvres de "stratégie de la tension" diverses et variées, des préparatifs de coup d’État voire carrément l'assassinat d'Erdoğan lui-même.

    Cependant, les liens de l'impérialisme européen avec l'AKP ne sont pas unanimes, loin de là, et cela rejoint une autre question : celle de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.

    La question de l'UE

    L'idée d'une adhésion de la Turquie à l'Union européenne débute avec l'accord d'association de 1963, la Turquie étant déjà membre quasi fondateur de l'OTAN et du Conseil de l'Europe (et déjà, le kémalisme consistait a détacher la Turquie du Proche-Orient pour la tourner vers l'Europe). La demande d'adhésion officielle a été déposée en 1987. Mais à cette époque, la "CEE" n'était encore qu'une pure union économique, et cela a son importance.

    Cette adhésion est appuyée par des secteurs impérialistes européens (français, allemands, belges etc.) qui y voient un moyen d'intégrer le pays, sa force de travail et ses richesses dans leur sphère de domination économique – comme cela s'est produit pour l'Europe de l'Est, ou la Grèce, l'Espagne et le Portugal.

    De leur côté, des secteurs de l'impérialisme US appuient également l'adhésion, mais à la manière de l'adhésion britannique en 1973 : comme "cheval de Troie", pour tenter de dynamiter de l'intérieur la construction d'un bloc impérialiste européen.

    2013-02-12T151200Z 1 APAE91B168200 RTROPTP 2 OFRTP-FRANCE-TDepuis 2002, l'AKP s'est fait le champion du "rêve européen" turc, plus encore que ses prédécesseurs du "centre-gauche" kémaliste et de la droite "kémalo-libérale", qui comptent aussi (bien sûr) leurs partisans de l'adhésion.

    Mais cela n'est pas sans poser de problèmes. Car l'Europe, plus qu'un simple espace économique, se veut également un "havre de démocratie", démocratie "libérale" bourgeoise bien sûr, reposant sur l'exploitation et l'oppression brutale de millions de néo-colonisés (situation comparable à celle d'une cité grecque, avec sa "démocratie" prospérant sur le dos de dix fois plus d'esclaves et de hilotes - comme pouvait déjà l'entrevoir Lénine dans L'Impérialisme en 1916...).

    Or les garanties démocratiques et sociales de l'Union européenne, fruits d'un siècle de rapport de force du mouvement ouvrier et des classes populaires vis-à-vis des bourgeoisies, gêneraient l'État turc dans son rôle de "cerbère" de l'Occident, pilier de la contre-révolution et rempart stratégique dans la région. Sans compter qu'elles entraveraient, bien entendu, l'exploitation "tranquille" de la force de travail turque par les monopoles européens.

    D'autre part, la Turquie compte près de 80 millions d'habitants, ce qui lui donnerait au Parlement européen la même représentation que l'Allemagne. Bien que cet organe ait peu de pouvoir, cela pourrait être un "problème", surtout si la majorité de ces élus sont des "islamistes".

    Car un gros problème est là : malgré ses proclamations comme "démocrate-musulman", l'AKP suscite toujours la méfiance, et apparaît comme peu fiable (les évènements récents, avec les déclarations en faveur du Hamas, ne devraient pas arranger les choses). Le mouvement semble toujours idéologiquement lié aux bourgeoisies nationalistes qui se dressent contre l'impérialisme sous le drapeau de l'islam.

    Et bien sûr, la stratégie du "cheval de Troie" américain éveille aussi la méfiance légitime des impérialistes européens.

    Pour toutes ces raisons, les secteurs impérialistes (majoritaires) appuyant la droite "dure" conservatrice en Europe, ainsi que les mouvements fascistes, poussent donc (depuis 2005-2006) nettement en faveur d'un refus de la Turquie dans l'UE, camouflant ces raisons sous une prétendue "identité chrétienne de l'Europe" (la seule véritable identité de l'UE est bien sûr de classe : un "cartel" de puissances impérialistes comme la France et l'Allemagne et de pays semi-dominés comme la Grèce, la Roumanie, le Portugal etc.).

    europe turquie flyLes choses n'étaient pas aussi tranchées à droite il y a une quinzaine d'années, l'adhésion de la Turquie y comptait de nombreux partisans, tandis qu'à gauche (représentante des classes moyennes "démocrates") beaucoup étaient réticents devant les atteintes turques aux libertés bourgeoises.

    Il faut tordre ici le cou à la thèse abracadabrante selon laquelle la Turquie serait en train de "changer de camp", de l'orbite US vers un fantasmagorique "bloc France-Allemagne-Russie".

    D'abord, si un tel changement a eu lieu (vers la France et surtout l'Allemagne, certainement pas vers la Russie, grande rivale dans le Caucase et les Balkans), c'était en 2002.

    Ensuite, c'est une vision monolithique d'un État turc qui l'est de moins en moins depuis 10 ans.

    Enfin, le dernier à avoir remis sur la table, récoltant une volée de bois vert de Sarkozy et Merkel, l'entrée de la Turquie dans l'UE, c'est justement... le président américain, Barack Obama ! L'impérialisme US appuierait l'AKP, parti de la France et de l'Allemagne, alors que celles-ci lui fermeraient la porte au nez ? Ou alors, les "bourgeois industriels" Sarkozy et Merkel seraient opposés à une adhésion soutenue par leur "tuteur" US tandis que les "bourgeois impérialistes" (anti-US) Chirac et Villepin y seraient favorables ??? Cette analyse est absurde.

    Difficile d'expliquer la raison de ce clash provoqué par Obama (stratégie du "cheval de Troie" ? volonté de faire rentrer la Turquie dans le rang en lui offrant une faveur ?). Mais ce qui est sûr, c'est que ce durcissement et ce claquage de porte au nez des Européens envers l'État turc expliquent en grande partie l'attitude de l'AKP depuis 2 ou 3 ans.

    C'est au fond totalement logique : le "rêve européen" des classes soutenant l'AKP étant brisé, elles se tournent alors vers l'autre orientation stratégique historique de la Turquie, jamais vraiment morte depuis 1918 : le rêve de puissance régionale, le rêve "ottomaniste". À travers les réseaux "confessionnels" réactivés de l'AKP, on peut qualifier la politique actuelle de l'État turc de "néo-ottomane" : rapprochement avec l'Iran, opposition de plus en plus forte à Israël (jusque-là proche allié régional), éloges de la résistance islamique palestinienne...

    Bien sûr, la Turquie n'est pas un pays impérialiste, c'est à dire qu'elle dépend beaucoup plus des capitaux étrangers (impérialistes) qu'elle ne peut elle-même en exporter. Mais la région est stratégique, et convoitée, en particulier par la Russie et bien sûr la Chine : s'il faut des appuis, ils sont tout trouvés. Le rapprochement avec l'Iran peut s'analyser ainsi, tout comme le rapprochement avec l'Arménie, le plus pro-russe et pro-iranien des pays du Caucase, avec lequel la Turquie était en lourd contentieux, non seulement à cause du génocide de 1915, mais aussi de l'occupation arménienne d'une partie de l'Azerbaïdjan (pays de langue turque et proche allié).

    L'extrême-droite nationaliste, supplétive traditionnelle de l'idéologie nationale mais relativement autonome, semble avoir suivi le même chemin. Depuis l'invasion de l'Irak, elle a développé une rhétorique violemment anti-américaine et anti-israélienne, pays qui tenteraient d'asservir la Turquie en appuyant le mouvement kurde depuis le Kurdistan irakien... Toute cette idéologie est condensée dans le film ultra-nationaliste La Vallée des Loups (c'est finalement - surtout - ce "cocktail" qui plaît aux "nationalistes révolutionnaires", soraloïdes et autres petits fachos européens de tout poil ; et qui peut même se "connecter" avec certains éléments kémalistes ayant le sentiment - pour leur part - que l'Occident et Israël "protègent" Erdoğan).

    Le PKK et la question kurde

    L'idéologie nationale de l'État turc, validée par le traité de Lausanne (abrogeant le traité de Sèvres, lequel démembrait complètement l'actuelle Turquie), repose sur la négation totale des minorités nationales dans l'État. Les Arméniens, victimes de déportations et de massacres de masse (1 million de morts) en 1915-16, ont pratiquement disparu de la nouvelle entité.

    Free-KurdistanMais les Kurdes, qui représentent un cinquième de la population, sont totalement nié-e-s, leur langue comme leur culture interdites, et sont qualifiés de "Turcs des montagnes" ou d'"Anatoliens du Sud-Est". Une "turquité" d'un genre particulier puisque (se soulevant dès 1924 avec Cheikh Saïd... à l'époque sur une ligne conservatrice religieuse et anti-républicaine) ils sont soumis à la loi martiale après 1932 et qu'une loi, adoptée en 1980, autorisait même la déportation des membres de la famille d'un prisonnier politique "jusqu'au quatrième degré". La condition des Kurdes en Turquie est donc la pire des 4 États où ils vivent : même la théocratie iranienne reconnaît plus leurs droits culturels et linguistiques (une province porte même le nom de "Kordestan", seul cas des 4 pays) ; en Irak, où ils se sont alliés à l'impérialisme US, ils sont pratiquement indépendants depuis 1991 ; quant à la Syrie,  ils y sont certes (comme en Irak sous Saddam Hussein, comme les Berbères au Maghreb etc.) écrasés depuis l'indépendance (1946) par l'idéologie 'arabiste' dominante (noms de famille et de villages arabisés, organisations autonomistes interdites), néanmoins, ce pays (et son 'protectorat' libanais) a accueilli jusqu'en 1998 la direction et les bases arrières du PKK, dans un contexte de 'guerre froide' avec l’État turc (alors) farouchement pro-occidental, et 'toléré' son parti 'frère' le PYD ; puis s'est rapproché de la Turquie et les a expulsés (précipitant l'arrestation d'Öcalan) : la situation s'est nettement dégradée depuis (centaines de militant-e-s arrêté-e-s, emprisonné-e-s, torturé-e-s...), mais rien, là encore, de comparable avec la situation en Turquie.

    Ils se révoltent donc à plusieurs reprises, comme dans les années 1930, puis, à partir de 1978, ils mènent une guérilla de libération nationale sous la direction du PKK (Partiya Karkerên Kurdistan, Parti des travailleurs du Kurdistan).

    Le leader Abdullah Öcalan a été arrêté en 1999 mais, après une courte trêve, la lutte a repris dès 2004.

    Sur le Web, principalement "nationaliste-révolutionnaire" type VoxNR ou Alterinfo, ou islamiste (ayant des sympathies pour l'AKP), des affirmations circulent que le PKK serait soutenu par l'impérialisme US et le sionisme depuis le Kurdistan irakien (autonome), pour "déstabiliser" l'État turc dirigé par l'AKP.

    Disons le clairement : c'est très improbable, ce n'est pas impossible, et quoi qu'il en soit ça ne change rien.

    Très improbable, car les puissances impérialistes, occidentales (Europe et Amérique du Nord) en tout cas, ont intérêt à la stabilité de l'État turc face à des "menaces stratégiques" comme la Russie, l'Iran, la Chine...

    Des organisations combattantes kurdes des 4 États, le PKK est la seule inscrite sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis, le Canada et l'Union européenne - toutes les autres sont considérées comme des "combattants de la liberté". Cette mesure ne semble pas prête de changer : l'UE l'a reconduite en 2008, en violation d'un jugement du Tribunal de Première Instance de l'Union (sorte de pré-Cour Suprême) qui considérait les motifs insuffisants. Donc, si "quelque chose" se passait, ce serait très secrètement...

    Les nationalistes bourgeois du Kurdistan irakien, qui ont bouffé à tous les rateliers (URSS, Iran du Shah voire de Khomeyni...), sont depuis la première guerre du Golfe les plus loyaux alliés de l'impérialisme US dans ce pays. Comme très souvent (en Amérique latine par exemple), des retraités et des "mis à disposition" du Mossad et de Tsahal jouent auprès d'eux le rôle de mercenaires de l'impérialisme US, pour la formation militaire, l'encadrement etc.

    2013-02-23T205004Z 1 APAE91M1LVI00 RTROPTP 3 OFRWR-TURQUIE-Le PKK a pu profiter de cette autonomie kurde d'Irak pour installer des "bases arrières" dans le Nord du pays.

    Mais les dirigeants kurdes d'Irak, encore dernièrement, ont toujours assuré l'État turc de leur collaboration contre le PKK ; et l'Irak, dont le président est l'ancien dirigeant kurde Talabani, a formé avec les USA et l'État turc un comité anti-PKK en novembre 2008.

    Cette nouvelle "théorie du complot américano-sioniste", en renfort de l'idéologie nationaliste turque, est donc très, très improbable... Elle est d'ailleurs démentie par la presse bourgeoise de la minorité turque en Europe : link

    Elle rappelle certaines thèses, notamment du POI trotskyste en France ou de l'UCE pseudo-"maoïste" en Espagne, pour qui les luttes de libération nationale ne sont que des "instruments" du "capitalisme mondial" pour "liquider les États-nations"... Ce genre de thèse n'a rien de communiste, nous y reviendrons.

    Mais ce n'est pas impossible. Dans tous les conflits, des conjonctions d'intérêts peuvent apparaître, même là où il n'y en avait pas du tout avant ! Voire, là où il y avait opposition totale...

    Après l'arrestation d'Öcalan en 1999, le PKK a annoncé (en 2001) renoncer à la lutte armée, pour se renommer Congrès Kurde pour la Démocratie et la Liberté (Kongreya Azad” zˇ Demokrasiya Kurdistan ou KADEK). Puis, en 2003, il abandonne le marxisme-léninisme et prend le nom de Congrès du Peuple du Kurdistan (Kongra-GEL ou KGK). Bien que la lutte armée ait repris à partir de 2004, elle se mène désormais sur une ligne principalement nationaliste, l'aspect national de la lutte ayant totalement pris le dessus sur le contenu démocratique, social, populaire... (et l'autodétermination n'est plus demandée, conformément aux principes léninistes, mais seulement un accord sur l'autonomie avec l'État turc).

    Donc, rien d'impossible dans l'absolu : le PKK a perdu de sa dangerosité pour l'impérialisme, se rapprochant d'un mouvement nationaliste bourgeois comme le mouvement kurde d'Irak. Il pourrait donc très bien être instrumentalisé, même de manière indirecte, pour contrer les ambitions turques de politique régionale "néo-ottomane", autonome de l'impérialisme... Rappelons que l'UCK kosovare, au milieu des années 1990, avait elle aussi abandonné le marxisme-léninisme du mouvement national kosovar des années 1980, avant de devenir l'instrument des USA et de l'UE contre la Serbie "rebelle" !

    Ils pourraient aussi s'inscrire, malgré eux, dans une stratégie de la tension, visant à discréditer les civils de l'AKP (qui ont, on l'a dit, mené quelques "ouvertures" sur la question kurde) et à favoriser un coup de force militaire, ou simplement une déroute électorale...

    191Mais ce qu'il faut dire, en l'absence d'éléments sûrs et certains, c'est que quoi qu'il en soit, cela n'enlève rien à la justesse de la revendication kurde. Comme l'expliquait Lénine, toute lutte de libération d'une nationalité opprimée est un mouvement de nature juste : le fait que les directions de ces mouvements puissent être liées à l'impérialisme, politiquement ou "stratégiquement", ou même simplement "utilisées" d'une manière ou d'une autre, est une raison de dénoncer ces directions, mais pas le mouvement en tant que tel. Pour Lénine, "le soulèvement irlandais (était) à 100% justifié. Même si l'impérialisme allemand a essayé d'en profiter, même si les chefs du mouvement national (avaient) maille à partir avec les Allemands, ceci ne change en rien la nature juste de la guerre d'indépendance irlandaise contre l'impérialisme britannique".

    Il ajoutait même que "le mouvement national tchèque (était) un mouvement juste", ce qui est fondamental, car ce mouvement était appuyé par la Russie tsariste contre l'Empire austro-hongrois... Donc, même une lutte d'une nationalité opprimée soutenue par notre propre impérialisme reste juste par nature.

    Cela s'applique à tous ceux qui rejettent, voire insultent la résistance du Peuple hondurien contre le coup d'État impérialiste US, sous prétexte que Zelaya serait "l'homme de l'Europe contre les USA"... Comme à ceux qui, sous prétexte que le mouvement kosovar était soutenu par l'UE et Washington, justifiaient le fascisme assassin grand-serbe et la répression dans cette province de l'ex-Yougoslavie.

    Cela s'applique, donc, au Peuple kurde opprimé et nié par l'État turc, que le PKK soit soutenu en sous-main par les États-Unis et Israël OU PAS.

    Comme cela s'applique, au demeurant, à la résistance du Peuple palestinien et à tou-te-s ceux et celles qui en sont solidaires, quand bien même l'AKP d'Erdoğan et les ultra-nationalistes fascistes "Loups Gris" se seraient soudain découvert un intérêt pour cette cause...

    Contre les fascistes experts en "géostratégie", LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP : voilà ce que nous devons encore et toujours réaffirmer !

    Quelle tournure peuvent prendre les évènements ?

    Il est clair que l'option d'une action militaire contre la Turquie est absolument impossible, en tout cas, en l'état actuel d'intensité de la "4e Guerre mondiale impérialiste". Et de plus, vu le rapport de force dont dispose l'AKP (qui ne contrôle pas l'armée), tout à fait inutile... Laissons donc les "NR" à leurs fantasmes.

    TurquieLa solution la plus brutale envisageable serait celle d'un coup d'État, d'une "reprise en main" militaire. Cela s'est déjà produit un grand nombre de fois : en 1960 contre Menderes, en 1971 (Kaypakkaya et de nombreux camarades furent assassinés sous ce régime militaire), en 1980 (la guerre de libération du Kurdistan commence à ce moment-là), et en 1997 pour écarter du pouvoir l'islamiste Erbakan du Refah (ancêtre de l'AKP), suivi d'une période d'intense répression contre les Kurdes, les minorités et les révolutionnaires, sous un gouvernement alliant "kémalistes de gauche" et fascistes... Des menaces importantes dans ce sens (notamment lors de l'élection de l'AKP Abdullah Gül à la présidence de la République) ont été proférées par l'état-major militaire (dirigé par le général Ilker Basbug) en 2007-2008 et encore en 2010 (sans oublier l'affaire du réseau "Ergenekon" dont nous avons parlé plus haut).

    Dans ce cas de figure, la première victime serait le Peuple, les militants progressistes et démocratiques, et bien sûr les camarades révolutionnaires. Cette offensive fasciste devrait être implacablement combattue, sans "trotskysteries" du type "l'AKP ne valait pas mieux"...

    La "reprise en main" pourrait aussi prendre la forme d'une déroute électorale (plus ou moins truquée) de l'AKP, et d'un retour en force des partis kémalistes, fascistes et social-fascistes liés à l'Armée.

    Dans cette perspective, l'on risque de voir apparaître l'argument selon lequel la gauche révolutionnaire turque et kurde participe d'une "stratégie de la tension" pour donner un prétexte au coup de force. C'est là une conception révisionniste et totalement anticommuniste. C'est la conception des révisionnistes des années 1970 à la Marchais, Berlinguer ou Carrillo, contre les communistes révolutionnaires d'Italie, d'Espagne, de France ou d'Allemagne.

    "On a raison de se révolter", "là où il y a oppression, il y a résistance", sont des principes communistes absolus. L'AKP représente une partie de la bourgeoisie turque, opposée à une autre, et les conflits internes à la bourgeoisie ne doivent pas déterminer l'existence ou non des luttes, ils ne doivent nous intéresser que dans le mesure où ils peuvent se répercuter sur le Peuple.

    Turquie-CharsMais l'autre solution, finalement la plus probable, est celle d'un "retour dans le rang" de l'AKP. C'est d'ores et déjà la marche naturelle de l'histoire, à mesure que la petite et moyenne bourgeoisie, qui forme sa base militante, engendre une grande bourgeoisie, qui se lie à l'ancienne oligarchie et partage ses intérêts.

    La Guerre populaire des camarades révolutionnaires, la lutte de libération kurde (qui concerne un quart du territoire), ne peuvent également qu'encourager la bourgeoisie à resserrer les rangs et à mettre ses contradictions au second plan.

    D'ores et déjà, la presse web sioniste se félicite de ce que les déclarations du Premier ministre Erdoğan, après l'attaque de la Flottille pour Gaza, soient restées paroles en l'air : la coopération militaire entre les 2 pays se poursuit, notamment avec l'achat de drones pour combattre le PKK (ce qui dément encore un peu plus les rumeurs de soutien israélien à l'organisation). De toute manière, l'influence du gouvernement civil turc sur la coopération militaire ne peut être que tout à fait limitée...

    Vu le niveau de dépendance du capitalisme turc et de l'appareil étatique-militaire vis à vis de l'impérialisme occidental (ouest-européen et nord-américain), le "virage néo-ottoman" de l'AKP risque donc de n'être qu'une pure escapade, avant un rapide retour à la raison. La position de l'AKP rappelle de toute façon beaucoup plus celle des "non-alignés" de la Guerre Froide, jouant la comédie de "l'indépendance" tout en restant fermement attachés à un camp (Est ou Ouest, comme la France de De Gaulle restait ancrée à l'Ouest, l'Inde aussi face à la Chine révolutionnaire etc.), qu'un "changement de camp" comme le Chili d'Allende - passé dans le camp soviétique et cubain...

    En dernier recours, il reste le coup d'État militaire ou la "révolution colorée" : les fascistes occidentalistes se féliciteront alors de ce que "les Turcs aient rejeté l'islamisme" tandis que les "nationalistes-révolutionnaires" à la Soral se chargeront de mobiliser les masses de culture musulmane dans un soutien stérile à l'AKP déchu, et dans la haine contre les Kurdes et les révolutionnaires "complices"...

    Notre tâche sera alors de porter bien haut l'analyse communiste de la situation.

    Contre l'État fasciste turc, contre l'occupation sioniste et l'oppression impérialiste du Proche-Orient, nous devons tenir ferme et haut le drapeau de la révolution, ne pas nous laisser abuser de manière opportuniste par tel ou tel mirage (comme celui d'une Turquie devenue "anti-impérialiste") ni verser dans le dogmatisme stérile, mais avoir une analyse matérialiste et de classe rigoureuse de la situation, en nous plaçant toujours DANS LE CAMP DU PEUPLE !

    VIVE L'INTERNATIONALISME ! VIVE LA RÉVOLUTION ANTI-IMPÉRIALISTE EN TURQUIE, AU PROCHE-ORIENT ET DANS LE MONDE ENTIER !

     


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