• Les maoïstes du nouveau Parti fondé il y a quelques mois sous la direction de Biplab seraient-ils à nouveau sur le sentier de la Guerre populaire ? Concernant ce pays, nous resterons désormais extrêmement prudents mais voilà, en tout cas, une réponse certaine est "suffisamment pour inquiéter la presse bourgeoisie locale et du 'tuteur' indien"...

    Voici ce qu'elle nous en dit :


    Rumeurs de résurgence du mouvement clandestin ; agitation dans les groupes maoïstes dissidents au Népal (Indian Express)


    Les suppositions vont bon train quant au fait que les maoïstes n'auraient pas "déposé" la totalité de leur armement lorsqu'ils ont rallié le processus de paix, et qu'une part substantielle de celui-ci aurait été "dissimulée" sous la supervision de Biplab.

    Nouvelles du Népal - janvier 2016

    Dans un mouvement qui pourrait placer l'actuel régime politique devant une nouvelle menace, une scission du Parti maoïste népalais a annoncé la reconstitution des "gouvernements populaires", accompagnée du message que "l'insurrection armée" pourrait bientôt être à l'ordre du jour.

    Le groupe maoïste conduit par Netra Bikram Chand ‘Biplab’, un féroce commandant [sic... il dirigeait simplement l'organisation de jeunesse NDLR] des 10 années d'insurrection ayant pris fin en 2006 lorsque les maoïstes décidèrent de rallier un processus de paix, a décidé au terme d'un meeting secret  - tenu il y a environ trois semaines dans la capitale - de former des "conseils populaires", équivalents des "gouvernements populaires" alors dissous.

    Un important dirigeant du groupe a indiqué à ENS que des "responsables" de ces conseils au niveau provincial et de district avaient été investis et formés, et que le cours ultérieur des actions à mener serait décidé sous peu. La nouvelle vient après une série de plaintes déposées "non-officiellement" auprès de la police par des individus se disant menacés de "lourdes conséquences" s'ils ne se plient pas aux demandes de "donations" émanant du groupe, indiquant que la campagne d’extorsion de l'ère maoïste serait également de retour.

    Le Parti communiste unifié du Népal - maoïste (UCPN-M), qui s'est engagé dans le processus de paix en 2006, a depuis lors éclaté en pas moins de 5 groupes ; mais c'est celui de Biplab qui a ranimé récemment l'entraînement à la guérilla, et vient à présent d'annoncer la formation de ces conseils.

    Baburam Bhattarai, dirigeant en second de l'UCPN-M durant toutes ces années et ancien Premier ministre, a lui aussi quitté le Parti et s'appliquerait actuellement à construire une "troisième force" à l'idéologie non-communiste.

    Les suppositions vont bon train quant au fait que les maoïstes n'auraient pas "déposé" la totalité de leur armement lorsqu'ils ont rallié le processus de paix, et qu'une part substantielle de celui-ci aurait été "dissimulée" sous la supervision de Biplab.

    Nouvelles du Népal - janvier 2016

    Le CPN-M proclame une province autonome (Himalayan Times)


    Le Parti communiste maoïste (CPN-M) dirigé par Netra Bikram Chand a proclamé aujourd'hui l'autonomie de l’État d'Abadh, comprenant les trois districts de la zone de Lumbini, afin d'y mettre en place un gouvernement parallèle.

    Au cours d'une assemblée réunie à Butwal (district de Rupandehi), les maoïstes de Chand ont déclaré ce district ainsi que ceux de Nawalparasi et Kapilvastu comme faisant partie de l’État autonome d'Abadh.

    Lors de cette cérémonie, le membre du Bureau politique et chef du Conseil populaire révolutionnaire népalais Santosh Budhamagar a relié celui-ci aux provinces indépendantes créées durant la décennie d'insurrection maoïste de 1996-2006, affirmant qu'il jouerait le même rôle de pivot.

    Il a également indiqué que le Parti rendrait très prochainement publics les principes et les règles du Conseil populaire et de l’État autonome.

    Le membre éminent du CPN et responsable du sous-bureau de Lumbini, Chandra Bahadur Chand, a exhorté les militant-e-s à se tenir prêt-e-s pour porter le Parti à un niveau supérieur.

    D'autres intervenants ont affirmé se préparer à mettre sur pied l'appareil du Parti au niveau des districts et des villages pour y développer l'agitation révolutionnaire.

    Une représentation populaire issue des trois districts a désigné une assemblée représentative de 51 membres. Cette assemblée est présidée par Basanti GC.

    De la même manière cette assemblée a investi un Conseil populaire provincial d'Abadh, dont Nathuram Tharu et Chaitraram Musihar sont respectivement président et vice-président.

    Précédemment les maoïstes avaient également proclamé les États autonomes de Magrat, Tamsaling ou encore Tharu, parmi d'autres. 

    Lors de la conférence de presse organisée après la déclaration, Santosh Budhamagar a expliqué que le Parti maoïste avait adopté la tactique de l'agitation ouverte.

    Il a averti que le Parti riposterait s'il devait être réprimé par le gouvernement : "Notre Parti a été obligé de remettre en place les anciennes structures, vu que le gouvernement était incapable de résoudre les problématiques de base de la population après le blocus indien des passages frontaliers népalais".

    Aux allégations selon lesquelles sont Parti lutterait pour restaurer la défunte monarchie, Budhamagar a simplement répondu que c'était son Parti qui avait combattu durant 10 ans pour abolir celle-ci.

    Il a également averti que les jeunes du Parti pourraient porter des armes en permanence si le besoin s'en faisait sentir.


    Là c'est clairement TRÈS INTÉRESSANT lorsque l'on connaît l'importance subversive que nous accordons à la reconnaissance de la plurinationalité (le cas échéant) des États tant impérialistes/"avancés" qu'"arriérés"/semi-coloniaux... Pour information le Népal compte 5 régions, 14 provinces administratives et 75 districts habités par quelques 60 groupes ethniques, parlant plus de 120 langues en plus du nepali qui est la langue véhiculaire [en gros c'est un peu la situation de l'Hexagone il y a une centaine d'années, où tout le monde parlait sa langue populaire locale ET (plus ou moins bien) le français comme "lingua franca" dans ses échanges avec l'administration ou les personnes d'ailleurs ; disons que le Népal n'a pas encore connu de politique "agressive" d'imposition d'une langue "nationale" comme ici avec la 3e République...] ; et ceci a fondamentalement été au cœur du pouvoir de la monarchie autocratique, puisque celle-ci prétendait être la seule à pouvoir garantir l'unité du pays.

    Nouvelles du Népal - janvier 2016


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  • Après Staline (voir aussi ici) et le "génocide cambodgien" des Khmers Rouges, sujets que nous avons déjà abordés, la Corée du Nord ("République populaire démocratique de Corée") de la dynastie Kim arrive sans aucun doute en troisième position des "arguments" se voulant "massue" que peuvent nous opposer les anticommunistes - y compris d'"extrême-gauche".

    Pour clore ce "débat", alors que le régime fête en ce moment son 70e anniversaire (il est né de la défaite du Japon et de l'occupation par les Soviétiques du nord de la péninsule en août-septembre 1945), nous nous contenterons de partager ci-après ce bon petit article des camarades du PCR Canada qui résume assez correctement notre position (la position maoïste) sur ce régime (que d'aucuns qualifieront, comme les Khmers Rouges et comme tout régime "rouge" en Asie, de... maoïste).

    Le texte commence, pour être précis, par une petite présentation du contexte géopolitique et historique de la péninsule coréenne ; car rien ne sert de disserter (ou plutôt de déblatérer) si l'on n'a pas préalablement situé les choses dans leur contexte. Il se penche (seulement) ensuite sur une analyse marxiste du régime nord-coréen et de son idéologie.


    http://www.pcr-rcp.ca/fr/4049


    Le dirigeant actuel Kim Jong-un. L'histoire nous dira s'il accèdera lui aussi au rang d'"éternel".


    Petite histoire de l’impérialisme américain en Corée

    La presse bourgeoise, cette meneuse de claque toujours prête à nous faire jouer les majorettes pour encourager les meurtres en séries de la prochaine intervention impérialiste, nous ramène à intervalles réguliers une nouvelle campagne d’agitation guerrière contre la Corée du Nord. On nous la dessine avec forces images et en boucle comme un pays dont le peuple (qu’il faudrait libérer) est asservi et affamé par un dirigeant imprévisible et paranoïaque (qu’il faudrait enchaîner) prêt à déclencher la première guerre atomique mondiale. Cela justifierait que l’on aille mourir et tuer à l’autre bout de la terre.

    Après l’Irak ou l’Afghanistan ce sera, selon l’humeur du moment, la Syrie, la Corée du Nord ou l’Iran. On prend bien soin, toutefois, de taire les interventions militaires antérieures de l’impérialisme US, qui sont pourtant pour beaucoup dans l’hostilité manifestée par le régime nord-coréen et la population de ce pays envers lui. Voyons si menace il y a et d’où elle provient véritablement à travers un court historique de l’impérialisme américain en Corée.

    Occupation japonaise et résistance (1910-1945)

    À la fin du XIXe siècle, la Corée est, comme beaucoup d’autres régions du monde à la même époque, la proie des impérialismes japonais, allemand, américain, français et britannique, qui la dépècent chacun à leur tour. Le Japon aura finalement le dessus sur ses rivaux et en 1910 la Corée sera annexée à l’Empire nippon.

    Sous l’occupation, la paysannerie expropriée en grand nombre et les travailleuses et travailleurs subissent une exploitation redoublée alors qu’elles et ils voient leur portion alimentaire de riz diminuer presque de moitié. La population subit les exactions continuelles des colons japonais qui sévissent dans une impunité presque complète instituée par le droit d’extraterritorialité1. La situation ira en s’aggravant jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale quand des millions de Coréens et Coréennes seront réduites en esclavage et que plusieurs mourront exilées dans les mines du Japon ou séquestrées dans des maisons closes réservées à l’usage des soldats japonais.

    C’est dans ce contexte qu’ira en se développant un puissant mouvement de résistance à l’occupation, lequel connaîtra un de ses points culminants dans le mouvement du 1er Mars 1919 qui réunira plus de 2 000 000 de personnes sur trois mois, dans 1 500 manifestations. Sept mille manifestantes et manifestants trouveront la mort aux mains des policiers, dont plusieurs sous la torture. Cinquante mille seront mis sous les verrous en vertu des lois de préservation de la paix2 et des milliers d’autres fuiront la répression vers la Mandchourie voisine, elle-même pourtant bientôt occupée par l’armée japonaise.

    L’exploitation sans frein des masses paysannes et travailleuses conduit ainsi le mouvement nationaliste, d’abord limité à l’ancienne noblesse déchue, à s’étendre et se radicaliser, reprenant chaque jour davantage les analyses communistes et son programme, propagés par la victoire d’Octobre et nourris par les luttes révolutionnaires de la Chine voisine.

    L’occupation américaine de la Corée du Sud

    • La « Libération »

    En août 1945, suite à la reddition du Japon aux forces alliées, les Soviétiques, à la demande des Américains, cessent leurs avancées dans les zones d’occupation japonaise. Le 8 septembre, les forces américaines débarquent sur la péninsule coréenne et mettent en place un gouvernement militaire au sud des positions soviétiques cantonnées au nord du 38e parallèle. Mais les Américains, bien qu’étant un des principaux artisans de la défaite de l’Allemagne et du Japon, reconnaissent en eux les alliés naturels d’une politique de containment de la progression communiste.

    Ainsi, le 9 septembre 1945, John Hodge, chef du gouvernement militaire américain en Corée, annonce le rétablissement des anciennes autorités coloniales. Ce n’est que face à l’indignation généralisée provoquée par cette décision qu’Hodge doit rapidement se rétracter, mais ce n’est que pour nommer des conseillers japonais qui assisteront les Américains aux postes de direction. L’ancienne police coloniale est ensuite remise sur pied recrutant une part importante de ses nouveaux effectifs parmi les ligues de jeunesse fascistes encore actives. Et enfin, en décembre 1948 sont rétablies les lois sur la préservation de la paix, rebaptisées pour l’occasion « Loi sur la sécurité nationale ». Véritablement, la libération prenait des airs de nouvelle occupation.

    • Des élections bidon

    Afin de garantir malgré tout une légitimité démocratique au régime, les Américains proposent à l’ONU en novembre 1947 de superviser la tenue d’élections en Corée. Pourtant dès leur arrivée, les membres de la commission onusienne manifestent leurs inquiétudes. Ainsi, les délégués australiens de mettre en garde que les élections « semblent être sous le contrôle d’un seul parti », le Parti démocratique de Corée.

    Sur la question de la Corée du Nord - un article du PCR CanadaMalgré l’opposition de la France, du Canada et de l’Australie à la tenue immédiate d’élections en Corée, les États-Unis parviennent à obtenir l’appui des autres délégués3. Des élections auront donc lieu en dépit des circonstances… Le gouvernement militaire américain avait en effet planifié cette transition « démocratique » dès 1945 alors qu’il supervisait la formation du Parti démocratique de Corée (le Han-guk Minjudang), lequel regroupait de grands industriels et propriétaires fonciers coréens, tous étroitement liés et favorables aux intérêts japonais sous l’occupation. Les Américains établissent ainsi en 1946 un gouvernement intérimaire à la tête duquel est placé le Han-guk Minjudang et c’est ce même parti qui, en 1947, est chargé d’encadrer les élections4.

    L’opposition au processus électoral est alors générale, au nord comme au sud, à droite comme à gauche, les principales formations politiques refusant d’y participer, à l’exception du Han-guk Minjudang et du NARRKI de Singman Rhee5. Le faible taux de participation risquant de retirer toute légitimité au futur gouvernement, la remise des coupons de rationnement, dont près de 50% de la population dépend alors pour sa survie6, s’effectue aux urnes. Le 10 mai 1948, Singman Rhee est élu président de la république avec un taux de participation de 95%. Il continuera avec l’appui des Américains les politiques de répression systématique de l’opposition déjà initiées par ces derniers.

    • L’opposition réprimée

    À la veille du débarquement américain en Corée, le 7 septembre 1945, le gouvernement de la République populaire de Corée était instauré à l’initiative d’une multitude d’organisations ayant pris part à la résistance. Anarchistes, sociaux-démocrates et communistes participent à la formation du gouvernement et mettent sur pied dans toute la Corée des comités populaires qui rapidement se dénombrent par centaines. Dans les usines, les campagnes, les villes et les villages, les travailleurs et travailleuses, paysans et paysannes décident collectivement dans ces comités de l’organisation de leurs milieux et de leur travail.

    Le gouvernement annonce dans son programme, entre autres choses, vouloir redistribuer la terre aux paysans pauvres, nationaliser les grandes industries, imposer un salaire minimum et la journée de huit heures, défendre et promouvoir l’égalité des hommes et des femmes et assurer la liberté de presse et d’expression. L’accusant d’être une marionnette de l’Union soviétique, les Américains le déclarent illégal. L’Inmin Gonghwaguk devra poursuivre ses activités dans la clandestinité, réorganisé dans le Parti du travail de Corée du Sud (Namrodang) qui compte alors plus de 360 000 membres. La répression, toutefois, ne s’arrêtera pas là.

    L’île Jeju peuplée d’environ 250 000 habitants et située à 100 km des côtes coréennes est à cette époque un véritable bastion du Namrodang. En avril 1948 s’y tiennent d’importantes manifestations s’opposant à la tenue des élections. Une série d’évènements, dont le refus de deux régiments de réprimer les manifestants et auxquels ils finiront par se joindre, vont voir une opération, d’abord strictement policière, se transformer en un véritable conflit armé qui durera près d’un an. Au terme du conflit à Jeju, environ une personne sur trois est considérée comme morte ou disparue et l’île n’est plus qu’un caillou enseveli sous les amas et les décombres de ce qui tenait lieu de maisons et villages. Le 19 mai 1949, l’ambassadeur américain en Corée avisera Washington : « Tous les rebelles de l’île Jeju ont été soit capturés, tués ou convertis. »

    En 1949, Syngman Rhee, alors président, met en place un programme de rééducation politique adressé aux « contrevenants de la pensée ». Communistes, socialistes ou simplement critiques du régime sont embrigadées de force dans ce programme. Appelée la ligue Bodo7, elle comprendra rapidement jusqu’à 300 000 membres, lesquels sont fichés, suivis et constamment surveillés par la police. En 1950, peu de temps après le déclenchement de la guerre de Corée, Syngman Rhee ordonne l’exécution des membres de la ligue. On estime qu’entre 100 000 et 200 000 personnes, parfois même des enfants, seront sommairement exécutées par l’armée et la police coréenne. Les Américains auront l’audace de filmer les charniers pour en faire un film de propagande dans lequel ils accusent les communistes des massacres8.

    • La guerre de Corée

    En 1950, Kim Il-sung, dirigeant de la Corée du Nord, entreprend de réunifier la Corée en comptant sur l’appui des masses populaires sud-coréennes. Au front, les soldats sud-coréens rejoindront en masse l’Armée populaire de Corée (Inmin Gun) et derrière les lignes ennemies, de très nombreuses grèves d’appui viendront paralyser l’économie sud-coréenne. C’est dans ces conditions qu’en juin 1950, l’Inmin Gun franchit la frontière du 38e parallèle et en un peu moins de trois mois, refoule les armées sud-coréenne et américaine jusqu’aux côtes de l’extrémité sud de la péninsule.

    Sur la question de la Corée du Nord - un article du PCR CanadaLes États-Unis feront alors appel à l’ONU, laquelle mobilisera une force de 230 000 hommes, dont 26 000 Canadiens, afin de défendre la « République de Corée ». Cette guerre qui pouvait jusqu’alors encore apparaître comme une guerre civile par puissances interposées (États-Unis/URSS) devient une véritable guerre d’agression, alors qu’une vingtaine de nations étrangères envahissent la Corée.

    Dès le mois d’octobre 1950, les forces onusiennes ont repris Séoul et parviennent rapidement à la frontière extrême nord de la Corée. La Chine s’engage alors dans le conflit avec 270 000 hommes afin de soutenir l’Inmin Gun et repousse l’offensive onusienne au sud du 38e parallèle. S’en suivra une longue guerre de tranchées jusqu’à l’armistice du 27 juillet 1953 qui fixera les frontières des deux Corées sur l’ancienne ligne de démarcation.

    L’hécatombe atomique aura été évitée à de multiples reprises alors qu’au dernier instant, les Américains écartaient son usage, mais l’offensive onusienne n’en fut pas moins un carnage, avec ses trois millions de morts civils, un largage de bombes plus important que contre le Japon durant la Deuxième Guerre et plus de napalm déversé sur la Corée que durant toute la guerre du Vietnam. Six cent mille soldats y perdront la vie, chinois et coréens pour la plupart. Des généraux américains rapporteront plus tard que plus une ville, un village, un bâtiment ne s’élevaient plus haut que le ras du sol au nord du 38e parallèle ; il est alors estimé qu’en Corée du Nord, suite à la contamination des sols par les bombardements, 75% des terres autrefois cultivables ne le sont plus désormais.

    • 40 ans de régimes militaires

    De 1948 à 1987, les États-Unis vont appuyer politiquement, économiquement et militairement les différents régimes autoritaires qui se succéderont en Corée du Sud, les Américains possédant notamment plus de 80 bases et installations militaires en Corée du Sud, y maintenant plus de 30 000 soldats en garnison tout en disposant depuis 1948 du commandement militaire de l’armée sud-coréenne. La Korean Central Intelligence Agency, véritable police politique créée en 1961, se livrera à l’extorsion, à la torture et à l’assassinat de milliers d’opposants politiques. Les manifestations sont durement et systématiquement réprimées.

    En mai 1980, suite à d’importantes manifestations à Gwanju, l’administration du président Carter enjoint le gouvernement sud-coréen de reprendre le contrôle de la situation, par la force si nécessaire ; c’est entre 1 000 et 2 000 manifestantes qui seront alors abattues. Ce n’est qu’à partir de 1988 que le régime connaîtra certaines ouvertures démocratiques, mais la Loi sur la sécurité nationale est toujours en place et un rapport d’Amnesty International pour la seule année 1998, rapporte près de 400 arrestations pour délits d’opinion, dont un étudiant condamné à huit mois de prison pour avoir publié un article du trotskiste Chris Harman sur le Web.

    En 2002, un Sud-coréen est condamné à deux ans d’emprisonnement pour avoir accusé le gouvernement américain d’avoir été le principal instigateur de la partition de la Corée. Dans la portion qu’il occupait de la Corée, les Américains ont pourtant fortement contribué, par leur répression du mouvement populaire et leur appui aux forces les plus réactionnaires du pays, à la constitution de deux régimes adverses au Nord et au Sud. L’état de guerre latent qui en a découlé a ensuite servi, de part et d’autre de la frontière, d’alibi à l’étouffement des luttes légitimes des classes populaires par des politiques sécuritaires féroces. Aujourd’hui encore, les Américains et leurs alliés constituent l’obstacle principal aux efforts de réunification de la Corée, largement désirée par les Coréens et Coréennes.

    Kim Tremblay

     

    • 1. Le droit d’extraterritorialité accorde aux citoyens d’un autre pays une immunité légale et juridique complète. Son adoption était le plus souvent imposée à un État par les puissances coloniales à l’avantage de leurs ressortissants. Bien que ces derniers demeuraient soumis aux lois et à la justice de leur propre pays, celle-ci se montrait souvent tolérante sinon clémente relativement aux crimes commis dans les colonies.
    • 2. Les lois de préservation de la paix de l’Empire japonais, en vigueur de 1894 à 1945, restreignent considérablement les libertés d’assemblée, de parole et de presse. Dès 1900, les syndicats ouvriers sont ciblés et tout comme les grèves, ils sont interdits. Puis à partir de 1928, c’est au tour des organisations de gauche d’être visées, alors que quiconque conteste le droit de propriété privée devient passible de la peine de mort.
    • 3. La Chine de Chiang Kaï-chek, le Salvador, l’Inde et les Philippines appuyèrent la résolution. La Syrie quant à elle s’abstint.
    • 4. Le Han-guk Minjudang occupera en effet 12 des 15 sièges du Comité national électoral.
    • 5. Anti-communiste fervent, Singmann Rhee est sans doute la seule figure du nationalisme coréen ayant obtenu l’appui des Américains. Son parti, la National Alliance for the Rapid Realization of Korean Independence, éclatera pourtant en deux formations, l’une appuyant le processus électoral, l’autre le boycottant.
    • 6. Durant l’occupation japonaise, la production de riz avait été entièrement centralisée. À leur arrivée, les Américains avait cru bon de remplacer ce mode de fonctionnement par le libre marché. Mais les structures de ce marché n’étant pas en place, une désorganisation complète de la production s’en suivi, le sud de la Corée pourtant considéré comme le bol de riz de la péninsule était au bord de la famine. Évitant de peu une crise humanitaire, les Américains remettent en place à toute vitesse un système centralisé de rationnement.
    • 7. Bodo signifie ici « accompagnement et orientation ».
    • 8. The Massachusetts School of Law. (2011, 26 nov.). The Korean War: A History Part 2 – Bruce Cumings [vidéo en ligne]. Repérée à http://mslawmedia.org/2011/12/cumings-korean-war-part-2/

    Un régime socialiste ?

    Des organisations nostalgiques de l’existence d’un « camp socialiste » sous la direction de l’URSS social-impérialiste se raccrochent à la Corée du Nord comme l’un des derniers « États socialistes » encore existants. Le fait qu’il s’agisse d’un pays socialiste expliquerait pourquoi l’Administration Bush l’a placé sur sa liste des pays formant « l’Axe du mal » à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Pourtant, ni l’Iran des islamistes ni l’Irak de Saddam Hussein ne possédaient cette caractéristique, et ils se sont retrouvés sur cette liste en même temps que la RPDC.

    Pour les maoïstes, le régime mis en place sur le territoire que l’on connaît actuellement comme la Corée du Nord n’a jamais été socialiste. Il est issu d’une lutte de libération nationale certes légitime qui, comme bien d’autres mouvements qui se sont déroulés à la même époque, a triomphé dans le contexte de la Guerre froide, alors qu’il existait de fait un camp socialiste qui faisait contrepoids aux vieilles puissances colonialistes et impérialistes.

    Fondé en 1945, le Parti du travail de Corée s’est ainsi affiché comme marxiste-léniniste. Après la mort de Staline et l’arrivée au pouvoir de Khrouchtchev en URSS, la Corée du Nord a fait partie de ces régimes, comme la Roumanie et le Vietnam du Nord, qui ont adopté une position mitoyenne à l’occasion du grand débat entre les partis soviétique et chinois, qui a fracturé le mouvement communiste international. Le Parti du travail de Corée s’est alors assuré de maintenir des rapports officiels et cordiaux avec tous les protagonistes.

    Le « juche » : une idéologie antimarxiste

    Sur la question de la Corée du Nord - un article du PCR CanadaCette volonté de maintenir son indépendance n’a cessé de caractériser l’idéologie promue par le régime nord-coréen. Le premier ministre, secrétaire du Parti et fondateur de la Corée du Nord, Kim Il-sung, s’est attribué la paternité de l’idéologie dite du juche (un terme souvent traduit par « esprit d’indépendance » ou « autosuffisance »), devenue officiellement l’idéologie dominante dans la constitution du pays en 1972 en remplacement du marxisme-léninisme.

    En quelques mots, le juche se présente comme « une série d’idées philosophiques nouvelles qui mettent l’accent sur l’homme » et qui visent à « résoudre tous les problèmes par ses propres forces ».

    Au départ, le juche se voulait une « application créative du marxisme-léninisme », en continuité avec lui. Éventuellement toutefois (en 1998, plus précisément), toute référence au marxisme-léninisme a été retirée de la Constitution nord-coréenne ; en 2009, c’est la notion même de « communisme » qui en est disparue, remplacée trois ans plus tard par le kimilsunisme-kimjongilisme, en référence au père et à son fils qui ont régné successivement sur le pays jusqu’à la mort du deuxième en décembre 2011.

    Dans les mots de Kim Il-sung, le juche se résume à « organiser et mobiliser le peuple tout entier dans l’édification d’un État souverain et indépendant… sans se laisser influencer par les théories établies ou les expériences étrangères » 1. Quant à l’objectif du communisme – qui était encore officiellement à l’ordre du jour à son époque – on allait y arriver essentiellement en « développant les forces productives » et en « révolutionnarisant et modelant sur la classe ouvrière tous les membres de la société pour en faire des hommes de type communiste ».

    Tout comme le révisionnisme de Khrouchtchev en URSS, le juche prétend à la fin des contradictions antagoniques entre les classes, et donc à la fin de la lutte de classes comme moteur de l’histoire. Le « peuple tout entier » partagerait un seul et même intérêt, plus fondamental que tout le reste : celui de « la patrie ».

    Officiellement, le Parti du travail de Corée reconnaît l’existence de trois classes dans la société nord-coréenne, dont l’unité est d’ailleurs symbolisée par son logo : la classe ouvrière, la paysannerie et la samuwon – la classe des intellectuels et des professionnels. Dans ce schéma, il n’y a ni bourgeoisie ni classes antagoniques : l’ennemi ne peut être qu’extérieur à la Corée du Nord, sinon de connivence avec l’étranger.

    Le juche est aux antipodes de la conception marxiste-léniniste-maoïste des classes et de la lutte de classes sous le socialisme, consacrée à l’occasion de la révolution culturelle en Chine. Celle-ci visait à révolutionnariser la société et à aller de l’avant vers le communisme par la mobilisation collective des masses dans une pratique de lutte de classes.

    La « révolution idéologique » envisagée par le juche est tout autre : toujours selon Kim Il-sung, « apprendre aux membres du Parti et aux autres travailleurs à aimer le travail est un des objectifs importants » de cette révolution. On est bien loin, ici, de ce qui pourrait ressembler à la dictature du prolétariat et à l’exercice concret du pouvoir par les masses travailleuses, fondement du socialisme… et l’on se rapproche, sans que ce soit nécessairement conscient, des conceptions véhiculées par Enver Hodja et le Parti du travail d’Albanie dans les années 1970, alors qu’ils cherchaient à faire contrepoids à la révolution culturelle chinoise (voire à éviter une révolution culturelle en Albanie).

    D’un Kim à l’autre

    Après la mort de Kim Il-sung en 1994, c’est son fils, Kim Jong-il, qui lui a succédé. À partir de là, le régime nord-coréen a abandonné toute prétention à une continuité, ou à tout le moins un certain rattachement au marxisme-léninisme.

    Dans une entrevue publiée en 1996 2, Kim Jong-il insiste pour que l’on comprenne bien que « la philosophie du Juche est une doctrine originale développée et systématisée par ses propres principes… qui diffère fondamentalement de la philosophie précédente ». Fait intéressant, il s’en prend à certains chercheurs en sciences sociales qui tentaient encore – laborieusement, au demeurant – de présenter le juche comme un développement du matérialisme dialectique marxiste.

    Selon lui, la dialectique marxiste est limitée et imparfaite, car elle néglige les attributs essentiels de l’être humain – « l’être supérieur et le plus puissant au monde », qui est « maître de tout et décide de tout ». Par conséquent, il y aurait « une loi universelle propre au mouvement social », indépendante de « la loi universelle du développement du monde matériel ».

    Ainsi, « l’histoire du développement de la société équivaut à l’histoire du développement du sens de la liberté, de la créativité et de la conscience de l’homme ». Bref, c’est la conscience et les idées qui mènent le monde… et ces idées, si importantes, ne sont autres que celles du parti : « Il convient d’accepter les idées du Parti comme des vérités indiscutables, de les défendre jalousement et d’en faire sa foi révolutionnaire pour comprendre exactement la philosophie du Juche. » Encore là, on est assez loin de la révolution culturelle et des appels de Mao à « oser aller à contre-courant » et à faire « feu sur le quartier général » !

    Sur la question de la Corée du Nord - un article du PCR CanadaQuant au successeur de Kim Jong-il, Kim Jong-un (entré en poste après la mort de son père en décembre 2011), les premiers textes qui lui sont attribués vont dans le même sens, savoir la valorisation de l’unité nationale et patriotique, qui trouve son aboutissement dans la « fusion » entre le Peuple et le Parti.

    Dans un texte visant à appuyer la proposition de nommer son père au poste de « secrétaire général éternel » du Parti du travail de Corée 3, le jeune Kim présente le Parti comme une mère qui doit voir au bien-être de ses enfants : « Tout comme une mère n’abandonne pas son enfant même s’il est taré ou cause des ennuis, mais au contraire veille sur lui et s’en occupe particulièrement, les organisations du Parti doivent amener tout le monde à se sentir dans le giron du Parti », le but étant de « faire de notre société une grande famille harmonieuse et étroitement unie ».

    Dans le même sens, voici le rôle que Kim Jong-un attribue aux femmes nord-coréennes : « Nos femmes constituent une grande force qui fait avancer l’une des deux roues de la charrette de la révolution. Les organisations du Parti doivent diriger judicieusement celles de l’Union démocratique des femmes pour que celles-ci remplissent leur devoir aussi bien pour la richesse, la puissance et la prospérité de la patrie que pour la bonne entente et le bonheur de la société et de leur famille, et continuent à s’épanouir comme les fleurs de l’époque. »

    Nous pourrions continuer longtemps à citer le président éternel (Kim Il-sung), le secrétaire général éternel (Kim Jong-il) ou celui désormais destiné au titre posthume de « commandant suprême éternel » (Kim Jong-un), mais il nous apparaît assez clairement que le Parti du travail de Corée n’a rien à voir avec le communisme authentique et qu’il n’est qu’un reliquat du révisionnisme moderne et de ces partis sclérosés qui se sont avérés des caricatures d’un projet par ailleurs voué à l’émancipation des exploitées et opprimées.

    Socialisme ou capitalisme d’État ?

    Il n’est pas surprenant que des organisations nostalgiques de l’URSS des Brejnev, Andropov, Tchernenko et autres bureaucrates ayant disparu à tour de rôle après avoir été victimes d’un « refroidissement » embrassent la Corée du Nord comme le nouveau phare du socialisme. Après tout, ces organisations faisaient déjà l’apologie du capitalisme d’État qui régnait en URSS avant l’arrivée en poste de Mikhaïl Gorbatchev et le passage au capitalisme privé qui s’en est suivi.

    Pour les maoïstes, le socialisme ne saurait être autre chose que la dictature du prolétariat, c’est-à-dire l’exercice réel du pouvoir par le biais de conseils (soviets) et d’autres organes similaires contrôlés de bas en haut par les masses prolétariennes et travailleuses.

    Le socialisme, c’est d’abord et avant tout une société de transition – une période plus ou moins longue pendant laquelle le prolétariat doit mener une lutte consciente et collective pour détruire les vestiges du capitalisme et préparer les conditions du passage au communisme et à une société sans classes.

    Ceux et celles pour qui le socialisme se définit essentiellement par la nature juridique du mode de propriété dominant – par le passage de la propriété privée à la propriété collective (étatique) des moyens de production – peuvent certes voir la République populaire démocratique de Corée comme un pays « socialiste » (quoique les réformes économiques mises en place depuis une dizaine d’années ont sérieusement commencé à mettre à mal le modèle étatique). Cela ne rend toutefois pas service au prolétariat mondial, qui a besoin de la plus grande clarté sur ces questions, ni même à la lutte légitime du peuple coréen contre l’impérialisme US, qui n’a jamais abandonné son objectif de contrôler la péninsule coréenne.

    Il est possible et nécessaire de s’opposer aux provocations états-uniennes contre la Corée du Nord et d’appuyer le droit de la RPDC de se défendre par tous les moyens à sa disposition contre les manœuvres hostiles de telle ou telle puissance impérialiste, sans pour autant devoir mentir sur la réalité du régime qui y sévit. Rejeter les mensonges des médias bourgeois sur le régime nord-coréen n’exige pas que l’on mente sur son caractère « socialiste ».

    La bourgeoisie bureaucratique formée autour de l’armée et de l’appareil d’État constitue la classe dominante en Corée du Nord. Elle opprime et tire profit collectivement de l’exploitation des masses prolétariennes et paysannes, qu’elle maintient sous une chape de plomb, sans même leur accorder quelque possibilité d’organisation autonome. Seule la lutte révolutionnaire du prolétariat de toute la péninsule permettra la mise en place d’une Corée libre et débarrassée de quelque forme de domination impérialiste que ce soit – qu’elle soit états-unienne, russe ou chinoise.

    Serge Gélinas

     

    • 1. Les citations de Kim Il-sung proviennent d’un rapport présenté le 9 octobre 1975 à l’occasion du 30e anniversaire de la fondation du Parti du travail de Corée. En ligne : http://juche.v.wol.ne.jp/pdf/fkimilsung200803.pdf
    • 2. « La philosophie du Juche est une philosophie révolutionnaire originale », interview accordée le 26 juillet 1996 à Kunroja, revue théorique du comité central du Parti du travail de Corée. En ligne : http://juche.v.wol.ne.jp/pdf/fkimjongil0501.pdf
    • 3. Kim Jong-un, « Menons à un brillant achèvement l’œuvre révolutionnaire Juche en honorant le grand camarade Kim Jong-il comme secrétaire général éternel de notre parti », entretien avec les responsables du comité central du Parti du travail de Corée, le 6 avril 2012. En ligne : http://myreader.toile-libre.org/uploads/My_5173b0ca92880.pdf. Kim Jong-un y explique notamment que « l’expression “honorer à jamais le Général Kim Jong-il comme Secrétaire général du Parti du travail de Corée” n’est nullement symbolique » et qu’il s’agit réellement « de le maintenir pour toujours au poste de Secrétaire général du Parti ».


    Sur la question de la Corée du Nord - un article du PCR Canada


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    Répondons par la contre-information, la dénonciation, la solidarité internationale et internationaliste !!

    Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le PeupleL’État indien, dirigé par le régime fasciste de Narendra Modi [dirigeant de la droite fascisante nationaliste hindoue BJP-RSS, qui a pris le pouvoir il y a un an] au service de ses maîtres locaux et impérialistes, est en train de développer une nouvelle étape de féroce répression dans tous les domaines dans le but d'écraser le Peuple, de stopper la Guerre populaire et d'attaquer les maoïstes qui la mènent. Afin d'accélérer les plans de livraison des ressources naturelles du pays aux grandes entreprises nationales et étrangères, le régime indien est en train de restructurer l'ensemble de son appareil répressif : armée, force aérienne, police, groupes paramilitaires. Ils ne s'attaquent pas seulement à la "menace naxalite", mais à tous les mouvements s'opposant à leurs politiques et résistant à l'"Opération Green Hunt". Ils s'attaquent aussi aux intellectuels démocratiques, aux militants des droits humains et à toute voix dissidente qui s'élève, pour faire le vide autour des mouvements populaires et de la Guerre populaire conduite par les maoïstes. Ils attaquent les populations adivasis ["aborigènes", populations "tribales" vivant de manière communautaire traditionnelle dans la forêt] qui vivent sur les terres riches en ressources naturelles, là où la Guerre populaire est la plus forte, afin d'éliminer le Nouveau Pouvoir populaire qui germe là. Au cours des dernières semaines notamment, le régime a largement médiatisé les arrestations illégales d'intellectuels révolutionnaires et d'activistes sociaux reconnus, déjà précédemment criminalisés et forcés à la clandestinité, présentés comme des terroristes pour le seul crime d'appartenir au Parti communiste d'Inde (maoïste).

    Les camarades Murali Kannampally et Ismaïl Hamza ont été arrêtés à l'hôpital de Talegaon Dabhade où le premier suivait un traitement médical, tandis que le camarade Roopesh, son épouse Shyna et d'autres ont été arrêtés à Coïmbatore. Il est de notoriété qu'au moins deux d'entre eux ont été privés de l'assistance juridique et des soins médicaux qu'ils nécessitent, tandis que d'autres prisonniers ont révélé que lors de leurs interrogatoires la police les a menacés de les amener dans les bois et de les exécuter dans de faux affrontements armés, ou encore d'arrêter et détenir les membres de leurs familles. Sous n'importe quel prétexte, leur détention illégale est prolongée et l'on peut craindre qu'ils ne subissent des Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le Peupletortures, comme cela s'est déjà produit par le passé. Face à ces arrestations, une large mobilisation s'est développée ces derniers jours dans le pays pour la libération des prisonniers et la défense de leurs conditions de vie et de détention.

    La persécution des intellectuels et des démocrates à l'Université ne s'est jamais arrêtée. G.N. Saïbaba, professeur à l'Université de Delhi et frappé par une invalidité de 90%, est emprisonné depuis un an tandis que le procès n'a toujours pas débuté et que le tribunal a systématiquement rejeté ses demandes de liberté sous caution, en dépit du fait qu'il ne représente aucun danger et n'a aucune chance de s'échapper. Pendant ce temps, la chasse aux sorcières continue contre les étudiants et les intellectuels taxés de "liens avec les maoïstes", menacés, harcelés, arrêtés et détenus pendant des années dans l'attente d'un procès qui, lorsqu'il se tient enfin, finit généralement par les acquitter. En Inde et tout autour du monde, les initiatives de solidarité demandent leur libération immédiate et l'abrogation des lois draconiennes héritées de l'époque coloniale, qui sont utilisées pour les persécuter. Les mêmes lois ont été utilisées pour condamner à perpétuité pour "sédition" Raja Sarkhel et Prasun Chatterjee, membres du Front révolutionnaire démocratique, une organisation non-officiellement interdite, aux côtés de Chatradhar Mahato et trois autres militants populaires très connus.

    Le régime de Modi renforce sur une large échelle la répression et les déplacements forcés, souvent accompagnés de massacres, contre les Adivasis et les populations qui refusent d'être expulsées de leurs terres pour faire place à de "grands projets" qui dévasteront celles-ci à tout jamais. Le Parti maoïste a révélé que l’État indien est en train de préparer un "Salwa Judum 2", réplique du premier Salwa Judum lancé il y a quelques années. Salwa Judum est le nom donné à ces infâmes gangs paramilitaires de fondamentalistes hindous qui se sont vus accorder les mains libres et la plus totale impunité pour commettre les pires atrocités, incendies et destructions, massacres et viols au nom du "développement" dans d'innombrables villages. Il s'agit là d'une nouvelle escalade dans la guerre contre le Peuple - l'Opération Green Hunt - qui dure depuis 2009 et que les masses populaires en lutte et tous les secteurs démocratiques de la société indienne combattent dans les domaines, comme cela a été le cas pour le premier Salwa Judum dont les gangs ont été affrontés et défaits par les masses et la Guerre populaire, dirigée par le PC d'Inde (maoïste).

    Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le Peuple

    Les initiatives de résistance pour arrêter la guerre contre le Peuple se multiplient à travers l'Inde, tandis que le mouvement populaire pour abattre la classe dominante grandit. La répression n'arrêtera pas la révolte, mais au contraire la nourrit. Les camarades arrêtés sont bien connus et aimés du Peuple, qui exprime sa solidarité et intensifie la lutte. Mais nous devons aussi absolument intensifier la solidarité internationaliste, qui s'est manifestée ces dernières années de diverses manières, pour stopper les mains génocidaires de Modi et soutenir la lutte des masses d'Inde. Le Comité international de soutien à la Guerre populaire en Inde appelle l'ensemble du mouvement à se mobiliser dans une campagne prolongée de contre-information et de dénonciation du régime indien et de l'impérialisme qui le soutient.

    Stoppons Green Hunt !

    Défendons les camarades arrêtés et les prisonniers politiques !

    Soutenons les masses en lutte !

    Nous appelons à un mois d'actions et d'initiatives devant les ambassades, les consulats et les centres d'intérêts économiques indiens, de réunions publiques pour informer et développer la solidarité populaire, pour rendre honneur aux martyrs de la révolution et présenter des ouvrages et des publications du PC d'Inde (maoïste) et d'intellectuels pour apprendre de la situation en Inde et des avancées de la lutte révolutionnaire du Peuple.

    Comité international de soutien à la Guerre populaire en Inde

    20.05.2015

    Contacts :

    csgpindia@gmail.com

    icspwindia@wordpress.com

    Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le Peuple
    Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le Peuple


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  • ... les troupes de l'Armée populaire vietnamienne et du Front national de libération (FNL, Việt Cộng pour ses ennemis) faisaient leur entrée dans la capitale de la fantoche "République du Viêt Nam", marionnette de l'impérialisme pour écraser son propre peuple depuis près de deux décennies.

    Un certain 30 avril 1975 à Saïgon...
    La ville sera bientôt rebaptisée en l'honneur du glorieux dirigeant de la lutte de libération : Hồ Chí Minh qui, mort en 1969, n'aura hélas pas pu voir cette grande victoire de son vivant.

    Les traîtres collabos et les derniers "conseillers" impérialistes US présents (le gros des troupes ayant été retiré en 1973) s'entassent dans les hélicoptères pour déguerpir en quatrième vitesse :

    Un certain 30 avril 1975 à Saïgon...

    Depuis le départ des occupants japonais et la proclamation de l'indépendance 30 ans auparavant (septembre 1945), la lutte héroïque du Peuple vietnamien pour s'arracher aux griffes de l'impérialisme lui aura coûté entre 1 et 3 millions de martyrs (les bombes non-explosées et le sinistre agent orange tuent et handicapent encore aujourd'hui...) et valu plus de bombardements que toute l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale...

    À partir du début des années 1960, cette authentique Guerre du Peuple deviendra aussi un phare pour toute une multitude de mouvements révolutionnaires qui, sur les cinq continents, feront vaciller l'ordre capitaliste-impérialiste mondial :

    Par un beau 30 avril 1975 à Saïgon...Par un beau 30 avril 1975 à Saïgon...

    Malheureusement, la victoire finale avec la prise de Saïgon verra aussi - pour ainsi dire immédiatement - l'alignement total du pays réunifié sur l'URSS et (sur fond également de contre-révolution en Chine, qui avait été le principal soutien de la lutte jusque-là) le début de la liquidation révisionniste de la Révolution vietnamienne, culminant dans la "perestroïka" du Đổi mới (1986) : le première vague révolutionnaire mondiale, partie de Russie en 1917, était hélas entrée dans sa phase de reflux irréversible et généralisé.

    Bien que toujours dirigé par un soi-disant Parti "communiste", le Vietnam est aujourd'hui un pays tout aussi capitaliste que son grand voisin chinois (avec qui le triomphe des tendances chauvines - reines des valeurs bourgeoises - de part et d'autre entretient une solide inimitié), et un vaste atelier de sous-traitance internationale. Mais le Peuple vietnamien, fort de la mémoire et de l'expérience de ce glorieux passé, a assurément tout son rôle à jouer dans la nouvelle vague révolutionnaire qui se lève aujourd'hui partout dans le monde !

    Autres articles de SLP sur le Vietnam :

    Il y a 60 ans, Điện Biên Phủ

    Honneur internationaliste à Võ Nguyên Giáp

    Par un beau 30 avril 1975 à Saïgon...


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  • Les camarades du Bloc Rouge, membres du Comité international de soutien à la Guerre populaire en Inde, ont participé aux trois journées internationales de solidarité des 29-30-31 janvier.

    Voici leur compte-rendu et la déclaration finale du Comité :

    Soutien à la Guerre Populaire en Inde

    Internationalisme : solidarité maoïste avec les Guerres populaires aux Philippines et en Inde

    NON A LA GUERRE contre le peuple en Inde – Délégation Internationale

    Internationalisme : solidarité maoïste avec les Guerres populaires aux Philippines et en Inde

    Il peut aussi valoir la peine de relire le texte qu'avait communiqué le Parti communiste d'Inde (maoïste) pour le 10e anniversaire de son héroïque Guerre populaire :

    Un appel au Peuple de l’Inde : Détruire les chaînes de l’impérialisme et du féodalisme, détruire ce système pourri ! Construisez votre futur et celui du pays avec vos propres mains !

    Nous rappelons aussi (encore une fois) que les opérations et autres évènements sur le terrain peuvent être suivis sur le site du Secours Rouge : http://www.secoursrouge.org/inde-nepal


    Internationalisme : solidarité maoïste avec les Guerres populaires aux Philippines et en IndeInternationalisme : solidarité maoïste avec les Guerres populaires aux Philippines et en Inde


    Quelques jours plus tôt, le 17 janvier, se tenait aussi à Paris une conférence de solidarité avec la Guerre populaire aux Philippines, à l'occasion du 46e anniversaire de la Nouvelle Armée du Peuple (NPA) :

    Compte Rendu du meeting pour le 46ème anniversaire de la New People's Army des Philippines

    La Guerre populaire aux Philippines peut aussi être suivie quasi-quotidiennement sur le site du Secours Rouge : http://www.secoursrouge.org/Philippines

    Internationalisme : solidarité maoïste avec les Guerres populaires aux Philippines et en Inde

    Internationalisme : solidarité maoïste avec les Guerres populaires aux Philippines et en IndeInternationalisme : solidarité maoïste avec les Guerres populaires aux Philippines et en Inde

     


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  • Ici sur Democracy & Class Struggle : http://democracyandclasstruggle.blogspot.fr/2014/11/nepal-cpn-maoist-general-secretary.html

    Comme nous l'avions pressenti dès la naissance du nouveau PC maoïste népalais en 2012 et comme nous l'enseigne - en réalité - tout simplement le maoïsme (un se divise en deux), en dépit des délires de certains qui s'en réclament (comme quoi tout serait "mort et enterré" depuis 2006 dans ce pays), une nouvelle scission vient de se produire dans le mouvement maoïste de la jeune république himalayenne.

    Nous attendons bien évidemment d'en savoir plus dans les prochaines semaines. Ce que nous savons pour le moment, c'est que la scission est emmenée par Netra Bikram Chand "Biplab" que nous avons toujours vu comme l'un des éléments les plus à gauche du maoïsme népalais, ayant produit de très intéressantes analyses sur la dérive révisionniste et capitulationniste du Parti d'origine (U'c'PN-'m') dirigé par Prachanda et Bhattarai. Nous ignorons en revanche si Indra Mohan Sigdel "Basanta", qui a également produit des analyses extrêmement brillantes (ici et ici), est lui aussi "de la partie"*. A contrario, la direction de l'"ex-nouveau Parti" représentée principalement par Mohan Baidya "Kiran" semblait être essentiellement sur une ligne de réconciliation par tous les moyens avec l'U'c'PN-'m' de Prachanda (entre temps balayé, et c'est bien compréhensible, aux dernières élections il y a un an), de "retour aux principes des Accords de 2006" qui auraient simplement été "trahis" (et non été une manœuvre liquidatrice et institutionnaliste en eux-mêmes, dans l'esprit "calife à la place du calife" qui s'était emparé de Prachanda) et de développement des liens avec l'ultra-capitaliste nouvel impérialisme chinois, dans une logique de "contrebalancer" la tutelle historique de l'Inde.

    Affaire à suivre...


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    * Cela ne semble hélas pas être le cas et Basanta a même (finalement) durement critiqué la scission de Biplab, qu'il qualifie de "carriérisme" et d'"esprit de faction". Entre l'une des plus brillantes intelligences du mouvement maoïste népalais, qu'est le premier (mais malheureusement, semble-t-il, englué dans la "frilosité" caractéristique de la "vieille garde"), et la fouge juvénile du second (au prix peut-être, en effet, d'un certain "aventurisme" et manque d'"esprit collectif"), c'est donc une non-jonction qui aura sans doute - selon nous - des conséquences regrettables, retardant l'essor du nécessaire nouveau cycle révolutionnaire que doit connaître le Népal, alors que le sympathie pour les maoïstes est en très net recul dans les masses populaires. Des arguments développés par Biplab (qui n'est pas non plus une "buse" intellectuelle et a produit des documents très intéressants) dans sa lettre de rupture avec le Parti formé par Kiran en 2012, nous n'avons de connaissance que ce qu'en dit Basanta dans sa critique. La plupart des points que mentionne ce dernier (pour les critiquer) nous semblent plutôt justes (malgré des formulations se voulant "novatrices" et parfois maladroites) et nous feraient plutôt donner raison au "fractionniste", tandis que Basanta se pose en gardien intransigeant des "principes fondamentaux" du marxisme-léninisme-maoïsme... que le Parti dans lequel il a décidé de rester n'applique pas, ou dévoie dans sa pratique concrète. Un point peut en effet sembler fortement critiquable : Biplab reprocherait à Prachanda d'avoir "échoué dans sa recherche d'un partage du pouvoir", ce qui signifierait que Biplab veut relancer une lutte révolutionnaire "musclée" dans le seul but de parvenir à un tel "partage du pouvoir" et non à une révolution de nouvelle démocratie (dont Basanta se fait le défenseur). Mais il est impossible de savoir si c'est réellement ce qu'a dit Biplab, ou si c'est ce que Basanta déduit (avec plus ou moins de malhonnêteté intellectuelle) de sa critique adressée à Prachanda.

    MàJ : des rares nouvelles que nous ayons eues ultérieurement du Parti mené par Biplab, nous pouvons citer fin décembre 2014 des rassemblements dans lesquels semblent ressortir les mêmes vieilles chimères de "mener le processus constituant à son terme" que lors de la scission kiraniste de 2012, en dénonçant la représentativité de l'Assemblée constituante et en appelant à un "consensus politique national" incluant les forces en dehors de celle-ci (toutes choses qui ne nous semblent pas franchement aller dans le bon sens...) ; puis au début de 2015 des tentatives de prélèvement d'impôt révolutionnaire sur diverses personnalités ou entreprises, l'agression d'un haut fonctionnaire au mois d'août et enfin, fin septembre, des menaces contre les véhicules en provenance d'Inde ayant conduit à une fermeture temporaire de la frontière (l'Inde utilisant encore et toujours les revendications des Madheshis pour conserver son hégémonie historique sur le Népal).

     


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  • Sur le site du PCmF

     

    Levons haut le drapeau de l'internationalisme prolétarien ! 

    LAL SALAM pour le succès de la “Conférence internationale de soutien à la Guerre Populaire en Inde” ! 

    Chers Camarades,

    Au nom de notre Parti, le PCI (Maoïste), de l'Armée de Guérilla de Libération Populaire (PLGA), des Comités Populaires Révolutionnaires, des Organisations Révolutionnaires de Masse et du Peuple révolutionnaire en Inde, nous envoyons nos chaleureuses salutations révolutionnaires et un sincère Lal Salam à tous les partis, organisations et individus, d'Inde ou d'ailleurs, qui ont fait de grands efforts pour développer le soutien et la solidarité avec la Révolution de Démocratie Nouvelle (NRD) en Inde et ailleurs, qui ont tenu la “Conférence internationale de soutien à la Guerre Populaire en Inde” et en ont fait un succès. 

    503Vos messages et vos discours, faits dans le véritable esprit internationaliste, ont donné le soutien moral nécessaire aux peuples opprimés et aux camarades qui se battent sur le front de la révolution socialiste mondiale, c’est à dire en Inde, dans un combat acharné avec les ennemis de classe. Comme chacun d'entre vous le sait, ici les conditions difficiles et répressives augmentent de jour en jour, c'est pourquoi nous n'avons pas reçu à temps tous vos messages et qu'aussi les messages qui sont arrivés ne nous sont parvenus que tardivement. Nous sommes vraiment désolés de répondre aussi tard à vos bons efforts. 

    Il est particulièrement encourageant pour nous d'entendre que des jeunes, des étudiants, des femmes et des activistes du secteur culturel aient pris part activement à la conférence d'Hambourg. Les rapports sur les campagnes de différents endroits du monde nous ont chaudement enthousiasmé et le plus important est que toute cette solidarité nous a rendus plus humbles et emplis du sentiment de notre responsabilité envers le prolétariat mondial et de notre rôle dans le la révolution socialiste mondiale. Nous aurions aimé prendre part à cette campagne et y jouer un rôle, mais à cause de l'attaque sans précédent de l'ennemi nous n'avons pas pu.

    84327d55321649e3ab2c1d083a28f3f9_M.jpgVous avez joint vos mains aux nôtres lors des heures de tristesse, comme lorsque nous avons subi de lourdes pertes à notre tête, les martyres des Camarades Shyam, Mahesh et Murali en 1999 ou les martyres des Camarades Azad et Kishenji récemment. Ils étaient tous de grands dirigeants de notre révolution et ont été brutalement assassinés par la classe dominante indienne avec le soutien des impérialistes. Votre déclaration « la lutte des maoïstes en Inde est notre lutte, leur défaite est notre défaite » a rempli nos cœurs avec la confiance et l'esprit internationaliste que nous devons réellement surmonter la douleur et  continuer d'avancer avec un courage intrépide.

    Vous avez dit avec exactitude que la manière d'honorer les martyrs de la révolution en Inde et dans le monde est de redoubler le soutien à la guerre populaire en Inde dans le cadre de la lutte croissante contre l'impérialisme dans le monde et pour l'internationalisme prolétarien, et nous croyons que la Conférence de Hambourg a montré être un autre pas en avant dans cette lutte, c'est-à-dire poursuivre l'engagement que vous avez pris. 

    Vous tous avez systématiquement condamné le gouvernement indien et protesté avec une sincère indignation contre sa guerre contre le peuple exigeant son arrêt immédiat. Les gens faisant partie du mouvement révolutionnaire se souviennent avec enthousiasme de la solidarité internationale exprimée par les différents partis, organisations et individus au prolétariat et peuples des différends pays car c'est exactement le genre de soutien que chaque mouvement populaire réel se doit de développer. 

    Vous avez commencé des campagnes partout dans le monde pour soutenir la guerre populaire en Inde, en particulier dans le ventre de la bête impérialiste, dans les pays où la plupart d'entre vous sont actifs, et nous et le peuple qui se bat dans l’œil du cyclone de la révolution mondiale en reconnaissons très fortement la signification. 

    Nous apprécions extrêmement ce type de soutien et de solidarité et nous affirmons fermement que nous apporterons le même soutien aux autres Partis et organisations de masse qui combattent dans toutes les parties du monde. Ce type de solidarité donne une grande confiance aux combattants, leur assurant qu'ils ne sont pas seuls dans leur lutte. Cela montre une fois de plus très clairement qui sont nos ennemis communs auxquels nous sommes confrontés, l'impérialisme, ses marionnettes / laquais et toutes sortes de réactionnaires à travers le monde. Cela favorise l'esprit combatif du peuple, l’exhorte et l’aide à porter le mouvement constamment vers l'avant. Notre Parti, la PLGA, les Comités Populaires Révolutionnaires, les organisations de masse révolutionnaires, le peuple révolutionnaire et toutes les forces progressistes et démocratiques de notre pays veulent exactement ce genre d'unité et de solidarité au niveau interne et international. Cela est extrêmement important pour défendre et développer la guerre populaire. 

    GPP IndeChaque Parti et organisation qui a exprimé sa solidarité avec la Guerre populaire en cours en Inde a reconnu cette tâche comme principale, non seulement dans le contexte de la révolution dans chacun des pays concernés, mais aussi dans le contexte d'être en solidarité avec les autres révolutions. Le principe que pour faire avancer la révolution dans nos pays respectifs la meilleure façon est d'être en solidarité avec les révolutions des autres pays a été vivement exprimé lors de cette conférence et nous sommes complètement en accord avec cela. Nous, les maoïstes d'Inde, travaillons dans le même esprit et cela a toujours été la marque de notre pratique depuis les jours du soulèvement paysan armé de Naxalbari dirigé par les véritables révolutionnaires.

    Notre Parti, qui porte l'héritage de Naxalbari, a toujours vu la Révolution de Démocratie Nouvelle que nous réalisons en Inde comme partie intégrante de la révolution socialiste mondiale, notre Parti , à savoir le Parti communiste, comme un détachement de l'avant-garde prolétarienne mondiale, la PLGA comme un détachement de l'armée prolétarienne mondiale et les comités populaires révolutionnaires établis ici comme partie intégrante de la dictature mondiale du prolétariat ou de l'Etat socialiste mondial. Les victimes innombrables et inestimables que le peuple et les camarades ont données pour notre révolution, sont également partie intégrante des innombrables martyrs bien-aimés de la révolution socialiste mondiale dans chaque pays. Avec cette compréhension, les différents véritables courants révolutionnaires en Inde, depuis Naxalbari, ont réalisé des campagnes de solidarité pour soutenir les révolutions et les mouvements populaires dans les autres pays, notamment les campagnes de solidarité bien connus avec les révolutions au Vietnam, au Laos et au Cambodge et les luttes de libération nationale en Palestine, avec les Tamouls au Sri Lanka etc. ainsi que les guerres de résistance des peuples irakien et afghan. La dernière en date est notre campagne de solidarité pour soutenir la Révolution de Démocratie Nouvelle aux Philippines, celle que notre Parti a appelée pour le 22-28 avril 2013. 

    IndianMaoistsNotre Parti estime que ce genre de campagnes de solidarité existent et ne peuvent devenir plus fortes qu’au travers des avancés des mouvements révolutionnaires qui, réciproquement, gagnent en force morale et matérielle de ces campagnes de solidarité. Dans la situation mondiale actuelle, tous les révolutionnaires doivent vivement comprendre cette interaction et nous pensons que la Conférence d'Hambourg a pu faire le bon pas dans cette direction car cela y a été compris.

    Le lancement dans tout le pays de l'offensive sur plusieurs fronts du nom d'opération Green Hunt, qui devrait être définie plus correctement comme une guerre contre le peuple, et les innombrables atrocités barbares commises comme partie intégrante de celle-ci par les forces armées mercenaires et réactionnaires de l'Etat, ont mis en rage un grand nombre de personnes, aux idées différentes, autant en Inde qu'à travers le monde, et a conduit à d'énormes manifestations et campagnes qui ont exigé son arrêt immédiat. Des efforts incessants au niveau national et international ont été faits par les forces progressistes, révolutionnaires et démocratiques en soutien au peuple qui se bat en Inde et pour faire pression sur l'Etat indien afin d'arrêter l'attaque. Les forces révolutionnaires communistes à travers le monde ont également pris la juste initiative de mettre en place un mouvement international de solidarité avec la guerre populaire en Inde. La campagne pour mettre fin à l'Opération Green Hunt et le mouvement de solidarité en faveur de la guerre populaire en Inde se complètent mutuellement, et les programmes anti-opération Green Hunt doivent faire partie intégrante du mouvement de solidarité avec la révolution en Inde parce que vaincre cette campagne nationale sur plusieurs fronts lancée par l'ennemi est une tâche immédiate à laquelle nous devons faire face. Notre Parti croit que pour les forces communistes qui soutiennent la guerre populaire en Inde, la nécessité actuelle est de s'efforcer à mobiliser le plus largement possible les forces anti-impérialistes, démocratiques et révolutionnaires pour renforcer la campagne pour mettre fin à l'Opération Green Hunt, en visant à construire un front anti-impérialiste mondial, ce qui est déjà en cours. Et le renforcement de l'unité des forces communistes à travers le monde pourrait également apporter plus de soutien à la révolution indienne.

    1127L'impérialisme traverse sa pire crise à ce jour et, d'autre part, les luttes de la classe ouvrière et des autres classes et segments opprimés de la population, les luttes de libération nationale et les guerres populaires dans les pays semi-féodaux et semi-coloniaux grandissent. La Révolution de Démocratie Nouvelle dans les pays semi-féodaux et semi-coloniaux ou néo-coloniaux et les révolutions socialistes dans les pays capitalistes-impérialistes, qui forment les deux courants de la révolution socialiste mondiale, avancent à des niveaux inégaux et le marxisme-léninisme-maoïsme est de plus en plus compris par le peuple comme leur idéologie directrice. Le peuple est de plus en plus conscient que les impérialistes, leurs dirigeants laquais/marionnettes dans les pays opprimés et les réactionnaires de toutes sortes sont des ennemis communs de tous les peuples et nations opprimés dans le monde et rejoignent de plus en plus les rangs combattants. Toutes les contradictions de base dans le monde et dans tous les pays augmentent et s'intensifient de jour en jour. Pour être exact, la situation mondiale est excellente pour la révolution mondiale. Ainsi, la tâche urgente des communistes partout dans le monde est de tirer profit au mieux de ces excellentes conditions objectives pour mobiliser politiquement et consolider les masses opprimées et renforcer les forces subjectives car seul un fort Parti prolétarien et des masses consolidées peuvent réussir à faire la révolution.

    La crise financière actuelle dans le système capitaliste mondial s'enfonce de plus en plus. Elle a intensifié les contradictions internes au système capitaliste dans son ensemble et donne naissance à d'énormes mouvements de masse, de révoltes et de révolutions. L'impérialisme est déjà sur le lit de mort, comme notre grand enseignant marxiste Lénine l'avait analysé et la crise actuelle a confirmé ce fait de manière impressionnante. Dans un monde capitaliste inégal, la crise se reflète aussi inégalement dans les différents pays. Donc, nous, communistes, devons appliquer la théorie universelle, le marxisme-léninisme-maoïsme dans la pratique concrète dans nos pays respectifs, et nos préparations ou pratiques doivent être cohérentes pour mener notre révolution avec succès. Comme vous l'avez dit à juste titre, dans les pays capitalistes, les mouvements de travailleurs, d'étudiants, de jeunes, des femmes etc. doivent être développés et le soutien aux guerres populaires dans d'autres pays est également une tâche internationale inséparable pour chaque Parti prolétarien.

    En réponse à la grande confiance en nous accordée par tous les Partis et organisations fraternels qui ont pris l'initiative d'organiser cette conférence et d'en faire un succès, nous nous engageons une fois de plus à ce que la révolution en Inde continue à se renforcer et à poursuivre les rêves des martyrs d'une révolution socialiste mondiale, malgré les lourdes pertes de dirigeants aguerris et la perte de certaines zones.

    La Conférence Internationale a porté un dur coup à l'impérialisme et aux classes dirigeantes en Inde et, au même moment, elle a rempli d'espoir le grand océan du prolétariat et des masses laborieuses opprimées au sujet de la Révolution de Démocratie Nouvelle en Inde et de la Révolution socialiste mondiale. 

    Dans ce contexte, nous faisons de nouveau le serment devant vous tous que nous allons poursuivre les nobles objectifs de tous les grands martyrs de la révolution prolétarienne mondiale et annoncer que jamais la répression fasciste ne pourra dompter l'esprit combatif de notre Parti et du peuple révolutionnaire en Inde qui avancent péniblement sur un long et tortueux chemin. Nous marcherons de l'avant avec une détermination renouvelée bravant toutes sortes d'obstacles et faisant des sacrifices jusqu'à la victoire finale. Ceci est notre promesse au prolétariat international, à tous les amis et sympathisants de la révolution indienne. 


    Longue vie à l'internationalisme prolétarien !
    Longue vie à l'unité du prolétariat international, des forces révolutionnaires et démocratiques et des nations et peuples opprimés du monde entier !


    Salutations révolutionnaires
    Ganapathy, Secrétaire, PCI (Maoïste)

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  •  

    Le général communiste vietnamien Võ Nguyên Giáp s’est éteint vendredi dernier 4 octobre, à Hanoï, à l’âge vénérable de 102 ans.

    Il était, de fait, l’une des dernières grandes figures vivantes de l’héroïque Première Vague de la Révolution prolétarienne et anti-impérialiste mondiale, partie de Russie en 1917 et ayant arraché, au milieu du siècle, un tiers de l’humanité  aux griffes du Grand Capital monopoliste avant hélas de pourrir dans le révisionnisme, le capitalisme ‘socialiste’ d’État et le nomenklaturisme néo-bourgeois pour décliner très rapidement après la contre-révolution en Chine (1976-79) et s’achever au début des années 1990 (faillite du bloc révisionniste de l'Est puis de l’URSS elle-même, ‘processus de paix’ en Amérique centrale, Irlande ou Palestine, ‘transition/réconciliation’ en Afrique du Sud, défaite au Pérou, grands reculs aux Philippines etc.), au milieu des proclamations capitalistes triomphantes sur la ‘Fin de l’Histoire’.

    Stratège autodidacte n’ayant suivi les cours d’aucune académie militaire ; militant contre le colonialisme bleu-blanc-rouge (alors maître du Vietnam) depuis l’âge de 14 ans ; il a affronté et terrassé au cours de sa vie trois des plus grandes puissances militaires impérialistes du sombre 20e siècle : l’impérialisme japonais d’abord, maître de l’Asie du Sud-Est de 1941 à 1945 ; l’impérialisme FRANÇAIS ensuite, qui voulait réaffirmer son autorité sur sa colonie alors que les communistes de Hồ Chí Minh et les patriotes avaient proclamé l’indépendance le 2 septembre 1945, menant contre celle-ci une sanglante guerre de près de 10 ans (jusqu’en 1954) qui fera des centaines de milliers de victimes ; et enfin l’impérialisme US avec son allié le régime fasciste fantoche de Saïgon, qui déversera sur le pays 5 fois plus de bombes (13 millions de tonnes !), sans même parler du napalm et des armes chimiques comme l’agent orange, que sur toute l’Europe durant la Seconde Guerre mondiale…

    Au terme de ces 30 ans de lutte infatigable qui virent le pays devenir un phare pour l’humanité insurgée contre l’exploitation, et au prix de millions de martyr-e-s, le Vietnam obtiendra enfin son indépendance complète en avril 1975.

    Malheureusement, très vite après cette glorieuse victoire, dans un contexte de reflux général de la vague révolutionnaire mondiale et alors que Hồ Chí Minh est mort depuis 1969, commencera le pourrissement révisionniste et pro-capitaliste de la jeune République démocratique : dès 1979 avec l’occupation et la transformation en protectorat du Cambodge (après l'avoir, certes, délivré du sanglant délire racialo-nihiliste des Khmers ‘rouges’) ainsi que la vassalisation du Laos dès 1975, hégémonisme régional indigne d’une Nation ayant lutté si longtemps contre l’impérialisme ; l'adhésion au Comecon (le ‘cartel de sous-traitance’ soviétique) dès juin 1978 ; puis à partir de 1986 avec le Đổi mới, la perestroïka locale.

    Giáp, dit-on, critiquera sévèrement ces évolutions ; et même si le vainqueur de Điện Biên Phủ était (on s’en doute) ‘intouchable’, il sera peu à peu écarté de toute responsabilité durant cette période : ‘démission’ du Ministère de la Défense en 1980 (probablement pour avoir critiqué l'occupation militaire du Cambodge) ; exclusion du Bureau politique du Parti en 1982 ; ‘démission’, enfin, du poste (symbolique) de vice-premier ministre et du Comité central en 1991... Depuis lors, il vivait en retrait de la vie politique dans sa demeure de Hanoï, apparaissant seulement dans un rôle officiel lors des célébrations de la Guerre de Libération ; ce qui ne l’empêchait pas de prendre régulièrement la parole pour dénoncer le ‘socialisme de marché’ ‘à la chinoise’ qui s’était emparé du pays, faisant par exemple de Saïgon (rebaptisée Hồ-Chí-Minh Ville) un lamentable petit Hong-Kong. Il qualifiait ainsi en 2006 le Parti ‘communiste’ de ‘‘bouclier pour responsables corrompus’’ ; et signait en 2009 une lettre ouverte contre un projet de mine de bauxite dans les hauts plateaux du centre du pays (source).

    Võ Nguyên Giáp était certes, sans doute, très éloigné d’une sommité du marxisme-léninisme-maoïsme (qui peut, de toute façon, prétendre l’être ?) ; mais il était incontestablement un marxiste-léniniste conséquent, de conviction, resté fidèle sans se vautrer (malgré les honneurs permanents qui lui étaient évidemment rendus) dans les ors de la néo-bourgeoisie ; et un combattant anti-impérialiste héroïque auquel on ne doit pas seulement rendre hommage, mais dont on doit également S’INSPIRER.

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    Permettons-nous aussi un crachat, cette fois, sur les sinistres fascistes qui se permettent de lui ‘rendre hommage’ comme ils l’ont déjà fait pour tant de combattants anti-impérialistes du ‘Tiers-Monde’ (Ernesto Che Guevara, Thomas Sankara, etc., Fidel Castro sera certainement le prochain), dans une de leurs minables et bien connues tentatives de mettre sur le même plan, pour semer la confusion, le patriotisme RÉVOLUTIONNAIRE des Peuples opprimés par l’impérialisme (qui est la CONSCIENCE DE CLASSE de ces ouvriers, paysans et autres travailleurs exploités) et le ‘patriotisme’ IMPÉRIALISTE, chauvin, militariste, conquérant et exterminateur du Capital monopoliste et de ses serviteurs aliénés et contents de l’être… Et un autre encore, sur les rêves-pris-pour-réalités de l’ignoble (et heureusement défunt) Bigeard, qui prenait le bon vieux sens de la diplomatie (et de l’ironie !) asiatique pour des ‘honneurs’ et de l’‘amitié’ envers le tortionnaire et l’assassin génocidaire qu’il était.

    Ceci vaut, au demeurant, pour tous les vieux révisionnistes qui ne vont pas manquer de saluer sa mémoire en croyant, sans doute, que leur syndicalisme pantouflard de ‘journées d’action’ et leurs pantalonnades électoralistes ont quelque chose à voir avec la GUERRE POPULAIRE livrée 30 années durant par Giáp et des millions d’héroïques vietnamien-ne-s !

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    Que le Mouvement communiste international se réapproprie fièrement sa mémoire, pour préparer les Victoires de demain !!!

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    À lire, l'un des ouvrages de référence de Võ Nguyên Giáp : Guerre du Peuple, Armée du Peuple (article de 1961, sur le site Guérilla, et d'autres encore sur le même site).

     

     


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  • Ce ne sont ni plus ni moins que le ‘patron’ régional du Parti du Congrès (au pouvoir à Delhi), avec plusieurs autres cadres de haut rang, et le dirigeant fondateur de la sanglante milice contre-révolutionnaire Salwa Judum qui ont été touchés, dans une attaque digne de l’opération Ogro du mouvement révolutionnaire basque contre Carrero Blanco (27 ennemis du peuple tués au total)… Le Premier ministre Manmohan Singh et la présidente du Congrès, Sonia Gandhi, se sont précipités sur les lieux, abasourdis. Une belle réponse des maoïstes d’Inde à la réaction locale et internationale, mais aussi aux bouffons gauchistes qui annonçaient leur Guerre populaire morte et enterrée ; alors qu’elle ne faisait face, depuis deux ans, qu’à un repli tactique après des pertes douloureuses, comme celle des camarades Azad et Kishenji. Des pertes aujourd’hui largement vengées !

    Article bourgeois du Monde :

    New Delhi, correspondant régional. Sonia Gandhi s'est dit "dévastée". La présidente du Parti du Congrès, la formation au pouvoir à New Delhi, avait le visage défait quand elle s'est rendue, dimanche 26 mai, à Raipur, capitale du l'Etat du Chhattisgarh, au chevet des survivants d'une des attaques les plus sanglantes jamais perpétrées par la guérilla maoïste en Inde.

    Sonia Gandhi aux obsèques des 27 ennemis du peuple liquidés, pour la plupart cadres dirigeants de son parti.

    Vingt-sept personnes ont été tuées, samedi, dans le district de Bastar, l'un des plus violents du Chhattisgarh, lorsqu'un convoi de dirigeants et de cadres locaux du Parti du Congrès est tombé dans une embuscade tendue par plusieurs dizaines de rebelles d'extrême gauche. La caravane de véhicules revenait d'une réunion électorale.

    L'état-major du Parti du Congrès dans le Chhattisgarh a été en partie décapité.

    Parmi les victimes figurent Nand Kumar Patel, le patron politique du Congrès dans cet Etat du centre de l'Inde, l'un des plus affectés par le mouvement armé des naxalites (maoïstes).

    L'autre personnalité tuée dans le guet-apens est Mahendra Karma, le fondateur d'une milice tribale anti-naxalite controversé, Salwa Judum. Intégrée dans la lutte contre-insurrectionnelle menée par les autorités – centrales et locales – Salwa Judum s'est rendue coupable de nombreuses violations des droits de l'homme, au point que la Cour suprême a ordonné, en juillet 2011, de sa dissolution.

    [La suite est l'habituel blabla journalistique 'gauche bourgeoise', tentant d'adopter un ton 'neutre']

    LA MARGINALISATION SOCIALE ET ÉCONOMIQUE, UN TERREAU FERTILE 

    Le précédent coup de main sanglant des naxalites remonte au 6 avril 2010 quand un groupe de 300 rebelles avait tué 75 soldats de la Central Reserve Police Force (CRPF), une force paramilitaire, dans le district de Dantewada, un autre point chaud du Chhattisgarh. A la fin des années 2000, l'insurrection des naxalites était devenue si meurtrière que le premier ministre Manmohan Singh lui-même l'avait qualifiée de "plus grande menace pour la sécurité intérieure du pays".

    Afin de contrer ce "péril rouge", le gouvernement de New Delhi a tenté de combiner une politique répressive et des efforts de développement visant à désenclaver les zones de peuplement tribal dont la marginalisation sociale et économique a fourni un terreau fertile aux groupes d'extrême gauche.

    Cette stratégie mixte a semblé produire quelques résultats si l'on en juge par la baisse de la violence enregistrée dans les Etats les plus touchés : Chhattisgarh, Jarkhand, Bengale-Occidental, Orissa... Selon le centre d'études sur le terrorisme South Asia Terrorism Portal (SATP), le nombre de tués liés à des affrontements entre forces de sécurité et extrême gauche armée en Inde a décliné de 1 180 en 2010, à 602 en 2011, puis 367 en 2012.

    Le début de l'année 2013 a toutefois marqué une recrudescence avec plus de 200 victimes en cinq mois seulement. Si l'on en croit les données de SATP, les naxalites demeurent actifs dans 173 districts sur les 640 que compte l'Inde – soit plus du quart –, la plupart étant répartis le long du fameux "corridor rouge" traversant les régions forestières de peuplement tribal d'Inde du Centre et du Nord.

    SATP estime que les effectifs insurgés se montent à 8 600 combattants, lesquels peuvent compter sur un vivier de soutiens potentiels de 38 000 hommes.

    Le naxalisme tire son nom du village de Naxalbari (Bengale-Occidental), où avait éclaté une révolte paysanne en 1967, attisée par des militants d'extrême gauche en rupture avec les partis communistes officiels tentés par le jeu parlementaire. Dirigé par Charu Mazumdar – tué en 1972 –, le Parti communiste indien marxiste-léniniste (PCI-ML) s'est créé dans la foulée des événements de Naxalbari en se réclamant ouvertement des préceptes révolutionnaires de Mao.

    COMBATTRE "L'ORDRE SEMI-FÉODAL" PAR "UNE GUERRE POPULAIRE PROLONGÉE" 

    Le mouvement n'a toutefois pas tardé pas à se scinder en une multitude de groupes rivaux, qu'opposaient parfois des affrontements meurtriers. L'année 2004 consacre d'une certaine manière la renaissance du naxalisme indien à la suite de la fusion de deux tendances, le groupe Guerre du peuple (PWG) et le centre communiste maoïste (MCC), au sein d'un parti réunifié : le Parti communiste indien maoïste (CPI-Maoist).

    L'idéologie professée par le CPI-Maoist puise fidèlement dans les classiques de la littérature révolutionnaire. Elle affirme combattre "l'ordre semi-féodal et semi-colonial" au moyen d'une "guerre populaire prolongée" permettant d'instaurer in fine la "démocratie du peuple". La tactique consiste à "libérer" des zones rurales afin d'"encercler" les villes par les campagnes.

    Cette rhétorique n'est pas sans rencontrer d'écho au sein des parias de la société indienne, en particulier les communautés tribales de plus en plus dépossédées par des projets de développement industriel. Les forêts des Etats de Jarkhand, Chhattisgarh ou de l'Orissa recèlent en effet des gisements de minerai – fer, bauxite, etc. – attisant les convoitises de grosses sociétés minières.

    S'il a échoué à percer dans les grandes villes, le mouvement maoïste indien continue de planter ses racines dans ces zones tribales aliénées qui n'ont jusqu'à présent guère vu la couleur de la "Shining India" (l'Inde brillante).

    Énorme ATTAQUE AU CŒUR DE L’ÉTAT par les maoïstes en Inde !Le cratère laissé par l'explosion

    En anglais, le communiqué de presse du PC d'Inde maoïste au sujet de l'action : http://democracyandclasstruggle.blogspot.co.uk/2013/05/press-statement-of-communist-party-of.html


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  • Au Comité Central,

    Parti Communiste du Népal - Maoïste.

    Camarades,

    Nous, Parti prolétarien du Purba Banglar / PBSP-Bangladesh, avons pris connaissance par votre Communiqué de Presse du 19 juin 2012 que vous avez rompu les relations avec les révisionnistes-opportunistes du PCNU et formé un nouveau Parti. Nous pensons qu'il s'agit d'un important et positif pas en avant pour raviver, redécouvrir et rétablir la ligne et l'héritage révolutionnaire des révolutionnaires du Népal.

    Le révisionnisme de la direction Prachanda-Bhattarai a causé un grand dommage à la cause révolutionnaire du Népal et du monde entier. Nous espérons que vous et votre Parti ferez tous les efforts pour rompre complètement avec le révisionnisme et rétablir la Révolution népalaise. Nous espérons que vous ferez tout ce qui est possible pour formuler une ligne politico-idéologique, une stratégie et un plan de travail corrects ; et que vous irez de l'avant dans la mise en œuvre de ces décisions. Et nous espérons, également, que vous formulerez et suivrez une ligne internationale correcte.

    Nous souhaitons votre succès à cet égard.

    Nous espérons plus de documents et d'autres informations régulièrement. Nous vous tiendrons absolument informés de nos commentaires et évaluations de vos décisions et de vos documents.

    Salutations communistes,

    Comité Central,

    PBSP (Bangladesh).

    9 juillet 2012.

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    nepal

    Unité des masses d'Asie du Sud contre l'impérialisme !

     


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  • basanta1-e1266650722953J'ai rédigé un article il y a environ 6 ans. Il avait pour titre "Les dimensions internationales de la Voie Prachanda". Cet article, publié dans la 10e édition de The Worker, organe du Parti en anglais, avait soulevé un débat dans le mouvement communiste international.

    Que la Voie Prachanda soit réellement un développement créatif du Marxisme-Léninisme-Maoïsme, ou une déviation de celui-ci, était la question en débat à cette époque. Étant donné le développement de la Guerre populaire par bonds, l'un après l'autre, ce n'était certes pas une tâche facile de prendre position contre celle-ci. Cependant, la plupart des Partis révolutionnaires ne l'assimilèrent pas, et furent plutôt d'avis qu'il s'agissait d'une déviation idéologique de la part du PCN (maoïste).

    La vague de la Voie Prachanda, censée être la synthèse de l'expérience de 5 ans de Guerre populaire rugissante, s'était étendue sur le monde entier. Cela n'avait rien d'anormal non plus. Le Parti avait défini la Voie Prachanda comme une série d'idées particulières générées par la Révolution népalaise. J'avais préparé cet article [sur la Voie Prachanda] tel que notre Parti, le Parti communiste du Népal (maoïste), la comprenait à cette époque. Sans surprise, Prachanda était très content de l'article.

    Après 6 ans aujourd'hui, j'écris à nouveau un bref article centré sur Prachanda. Il s'intitule "Les dimensions internationales du néo-révisionnisme de Prachanda". Certains lecteurs pourront penser que Basanta a raison, parce que Prachanda a pris un virage à 180° par rapport à ses anciennes positions MLM. D'autres diront que considérer Prachanda, qui voit le marxisme comme une science vivante et l'applique comme tel dans la pratique, comme un révisionniste, ne peut résulter que d'une pensée mécanique et dogmatique de la part de Basanta et ses amis. Le débat va évidemment surgir dans les jours à venir. Les révolutionnaires penseront que Basanta a raison ; mais les révisionnistes et les liquidationnistes penseront le contraire. Naturellement, Prachanda ne sera pas content de l'article cette fois-ci.

    Tout le monde est bien conscient qu'une intensive et extensive lutte entre deux lignes s'est déroulée, entre marxisme et révisionnisme de droite, au sein du Parti communiste unifié du Népal (maoïste), principalement au cours de 4 dernières années. Mais, dans les récents jours, le processus a connu un tournant et les révolutionnaires, se dissociant du Parti dirigé par Prachanda, ont fondé un nouveau Parti.

     En tant que membre de ce nouveau Parti, le Parti communiste du Népal - Maoïste, me voilà donc avec cet article. Nous n'avons pas encore synthétisé l'entière expérience acquise durant la période tumultueuse de la Guerre populaire et la période qui a suivi. Le Congrès du Parti, qui vient, le fera. Pour le moment, nous avons seulement pris une position préliminaire considérant que la Guerre populaire a définitivement amassé de nouvelles expériences, mais qu'il n'était pas correct à cette époque de les synthétiser sous la forme de la Voie Prachanda. La Convention nationale organisée le 15 juin 2012 a résumé également les forces et les faiblesses des révolutionnaires. Elle a conclu qu'il y avait trois sortes d'erreurs idéologiques : le fidéisme (foi aveugle dans la direction du Parti), le libéralisme et la métaphysique.

    Ces faiblesses se sont manifestées principalement sur la question de la synthèse idéologique, c'est-à-dire de la Voie Prachanda, et de la centralisation de la direction. D'autre part, la Convention a conclu unanimement que le terme approprié pour caractériser la dégénérescence idéologique et politique de Prachanda est néo-révisionnisme.

    Le néo-révisionnisme de Prachanda s'est manifesté sous des formes différentes de celles qu'a pris le révisionnisme par le passé, qui utilisait l'attaque contre les principes de base du marxisme de manière directe et franche. Comme, par exemple, Proudhon et Lassalle s'opposaient au socialisme scientifique avec l'argument que le processus de réformes continues et une stricte discipline dans la société bourgeoise pouvaient paver la voie du capitalisme vers le communisme. Bernstein concluait que les principes élémentaires du marxisme tels que la lutte des classes et la théorie de la plus-value étaient obsolètes. Khrouchtchev prenait position contre le rôle de la violence dans la révolution et la dictature du prolétariat sous la société socialiste. Liu Shaoqi et Deng Xiaoping rejetaient la théorie de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, mise en avant par Mao. 

    Ils mettaient l'accent unilatéralement sur le développement des forces productives, opposé au principe maoïste de "faire la révolution, promouvoir la production". Dans notre contexte, Prachanda ne s'est pas dressé ouvertement contre les concepts basiques du marxisme, comme ont pu le faire les dirigeants précités par le passé. Il a agi au nom d'un développement créatif du MLM.

    Quand la situation se développe à un niveau supérieur, les anciennes logiques ne sont plus suffisantes pour les partis politiques afin de soutenir leur nouvelle position. Cela est vrai non seulement pour les marxistes mais aussi pour les révisionnistes et d'autres partis de même. Mao disait que les révisionnistes sont les réactionnaires qui trompent le peuple sous le déguisement du marxisme. Donc, dans une nouvelle situation les révisionnistes doivent trouver de nouvelles logiques pour tromper les révolutionnaires. Prachanda comprend cela très bien. Ainsi, il a semé sans discontinuer les graines du révisionnisme sous le masque de l'application créative et du développement du MLM. Il ne s'est pas opposé directement à la dictature du prolétariat comme Khrouchtchev l'a fait. Mais, le développement du marxisme dont il se réclamait est en fait un développement du révisionnisme. De cette manière, le révisionnisme a remplacé le marxisme dans le Parti qu'il dirigeait. Le révisionnisme classique et moderne s'opposait ouvertement aux principes de base du marxisme, incluant le matérialisme dialectique et historique, la théorie de la lutte des classes, le rôle de la violence dans la révolution et la dictature du prolétariat, etc. etc. Le néo-révisionnisme fait la même chose en essence, mais sous le prétexte de s'opposer au dogmatisme, d'application créative du marxisme et d'originalité de la révolution. Liquider l'essence du marxisme au nom de son développement et de son application créative a été la principale caractéristique du néo-révisionnisme. De cette manière, les caractéristiques du néo-révisionnisme de Prachanda peuvent être énumérées comme suit.

    Prachanda a lentement attaqué sur l'universalité des contributions de Mao. Dans la foulée de l'unification du Parti avec l'Unity Center - Masal, le PCUN (Maoïste) a adopté le Marxisme-Léninisme-Maoïsme/ pensée Mao Zedong comme son principe guide. Arguant qu'il n'y a aucune différence à employer les deux terminologies, maoïsme ou pensée Mao Zedong, du moment qu'elles signifient l'une et l'autre l'universalité des apports de Mao. C'est en réalité une manoeuvre habile pour brouiller la différence entre maoïsme et pensée Mao, qui porte autant sur l'universalité que sur la particularité des apports de Mao. En agissant ainsi, il a affaibli le maoïsme dans le Parti, et le mouvement révolutionnaire également.

    Mao a dit que la lutte pour la production, la lutte de classe et l'expérimentation scientifique sont les trois sources de la connaissance. De plus, il a soutenu que le marxisme se développe suivant une spirale de la pratique à la théorie et de la théorie à la pratique. A l'inverse, Prachanda affirme que le marxisme est devenu un sujet de connaissance commune pour lui. Il l'a dit dans une réunion du Comité central il y a environ 5 ans. En disant cela, il a rejeté la théorie maoïste de la connaissance et bien sûr le maoïsme lui-même.

    Le marxisme considère qu'une chose est l'unité et la lutte de contraires, et que la lutte entre ces contraires permet à une chose de se transformer en une autre. Pourtant, Prachanda a mis en avant un concept conciliateur de "Fusion" de deux contraires qui va à l'encontre du principe marxiste. Ce n'est rien d'autre qu'une forme d'expression différente de "deux se combinent en un", et non "un se divise en deux". Au cours de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, Mao a durement critiqué "deux se combinent en un" comme une philosophie réactionnaire, servant les intérêts bourgeois. Mao dit que "un se divise en deux" est la loi de la dialectique.

    Prachanda dit que la situation mondiale a connu des changements considérables et que ces changements nécessitent le développement du MLM. Ceci est absolument correct. Mais étrangement, sous le prétexte de développement du marxisme, il a lancé des attaques contre les principes élémentaires du marxisme lui-même et ainsi, a développé le révisionnisme. D'un côté, il présente la République démocratique fédérale comme un synonyme de République de Nouvelle Démocratie, et de l'autre, il dit que pour empêcher la contre-révolution au 21e siècle il est nécessaire de développer la démocratie. Arrivé là, il était absolument clair que ces logiques étaient mises en avant pour paver la voie à l'assimilation du parlementarisme bourgeois par le Parti, et en conséquence renverser la révolution au nom de prévenir la contre-révolution. En réalité, le développement de la démocratie au 21e siècle a été un instrument pour remplacer la dictature démocratique ou prolétarienne par la dictature de la bourgeoisie.

    Prachanda a mis en avant un concept de non-nature de classe du Pouvoir d’État et la possibilité d'un développement pacifique de la révolution au Népal, au meeting élargi de Balaju en 2007. Il a tenté de justifier ses arguments par le fait que l'Armée népalaise et l'APL étaient maintenues inactives dans leurs cantonnements respectifs. Prachanda a cessé de dire cela après que les délégués à cette convention s'y soient fermement opposés.

    En fait, ce n'était autre qu'une forme raffinée de "l’État du peuple entier" et de la "transition pacifique" proposées par Khrouchtchev. Insurrection et révolution dans les décisions et exercice parlementaire en implémentation, c'est à dire révolution en paroles et réforme en pratique, ont été ses caractéristiques.

    Dans tous les meetings de Chunwang à Palungtar en passant par Kharipati, a été soulevée la question de l'insurrection populaire et de la nécessité de construire quatre bases pour accomplir celle-ci. Cependant, mis à part pour tromper les révolutionnaires, il n'a jamais mis l'accent sur la construction de ces quatre bases pour préparer l'insurrection. Sa spécialité a été de ne pas mener sérieusement les préparatifs lorsqu'il était temps, et de plaider pour des réformes au final, sous le prétexte que les préparations nécessaires n'étaient pas complètes.

    Les communistes révolutionnaires suivent les principes de l'internationalisme prolétarien. A l'époque de la préparation, du lancement et de la poursuite de la grande Guerre populaire au Népal, Prachanda déployait beaucoup d'emphase sur les tâches internationales du Parti. Mais à présent, l'internationalisme prolétarien est devenu un gros os en travers de sa gorge. Il parle parfois du MRI et du PC d'Inde (CPI) maoïste pour tromper les révolutionnaires au sein de son Parti. Dans le document déposé avant le dernier meeting élargi, organisé par le groupe néo-révisionniste dirigé par Prachanda, il a écrit une phrase disant "Pour le développement du mouvement communiste international (...) il est nécessaire de continuer à maintenir des relations avec les Partis et les groupes révolutionnaires dans et en dehors du MRI, de manière planifiée".

    Mais, tout au contraire, il a travaillé dur pour satisfaire l'impérialisme et l'expansionnisme [indien] en critiquement durement le MRI et le CPI (maoïste). Non seulement cela, mais il a adressé une lettre de condoléances, conjointement avec un représentant du Comité central, pour plaire à ses maîtres en Inde lorsque Jyoti Basu, un leader du CPI (marxiste) révisionniste et ex-ministre en chef du Bengale occidental, est mort. De l'autre côté, Prachanda n'a pas osé émettre même une déclaration lorsque les classes dominantes indiennes ont tué le camarade Azad, ou le porte-parole et camarade Kishenji, membre du Politburo du CPI(maoist). Ainsi, non pas les camarades Azad et Kishenji, mais Jyoti Basu et Manmohan Singh [premier ministre indien] sont devenus les camarades internationaux fraternels de Prachanda.

    Le groupe Prachanda-Baburam [Bhattarai] apparaît désormais sous une forme légèrement différente, dans le contexte de maintenir la ligne et l'organisation. Les révisionnistes par le passé commençaient, en général, par construire premièrement une ligne réformiste, et ensuite transformer la totalité du Parti pour l'ajuster à celle-ci. Mais la spécialité de ce groupe est de continuer à dire que l'insurrection populaire est la voie de la révolution pour tromper les masses, et créer une telle situation dans le Parti qu'il ne peut y avoir d'insurrection du tout. Une des manières dont ils s'y sont pris pour servir cet objectif, a été de faire du Parti une foule de bénis oui-oui, d'anarchistes et de mauvais éléments ne pouvant conduire la révolution...

    Lgtang2-28Prachanda a dévié de la théorie basique de la révolution de nouvelle démocratie. Il a défini la révolution de nouvelle démocratie comme s'accomplissant en deux étapes - d'abord contre le féodalisme et ensuite contre l'impérialisme. En réalité, ceci ne correspond pas aux caractéristiques de l'époque de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne. 

    Au cours de la révolution de nouvelle démocratie, il y a parfois une menace majeure pour la démocratie, et parfois pour la souveraineté nationale, et la forme de la lutte est organisée pour répondre à la menace considérée. Mais cela ne signifie pas qu'il y ait deux étapes de la révolution ; l'une contre le féodalisme et l'autre contre l'impérialisme. Le féodalisme et l'impérialisme sont inséparablement interconnectés l'un à l'autre et le pouvoir d’État dans un tel pays représente simultanément les intérêts des deux. C'est la caractéristique de l'époque de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne. Donc, détruire le pouvoir étatique réactionnaire qui représente les intérêts à la fois du féodalisme et de l'impérialisme et construire un nouveau pouvoir à sa place est la première étape vers la révolution de nouvelle démocratie dans un pays semi-féodal et semi-colonial. Prachanda et sa clique se sont considérablement éloignés de cette réalité. 

    Dans un certain contexte, il a dit que la fin de la monarchie est une sorte d'accomplissement de la révolution de nouvelle démocratie au Népal. Ceci est complètement faux. Dans une interview, il dit : "À présent, nous arrivons à la conclusion que la tâche restante de la nouvelle démocratie (dont une partie a été accomplie) et la stratégie de la révolution socialiste ont convergé en une seule. La tâche restante de la nouvelle démocratie et la tâche d'accomplir la révolution socialiste à travers l'insurrection populaire et l'insurrection armée ont convergé en une seule stratégie, plutôt que d'accomplir la révolution de nouvelle démocratie à une étape et la révolution socialiste dans une autre". 

    La citation qui précède signifie que la révolution de nouvelle démocratie a été accomplie au Népal. Ceci n'est pas en accord avec ce que le MLM dit de la révolution de nouvelle démocratie, qui est accomplie lorsqu'il a été mis fin à la féodalité et à l'impérialisme. La monarchie a été abolie au Népal mais ceci n'a apporté aucun changement fondamental au féodalisme et au mode de production féodal. Les agents de l'expansionnisme indien dominent le pouvoir d’État. L'indépendance nationale est en grave danger. Le pays va vers la sikkimisation. Alors, dans une telle situation, comment la révolution de nouvelle démocratie peut-elle avoir été accomplie au Népal ? La révolution de nouvelle démocratie signifie-t-elle seulement la république, le fédéralisme et le sécularisme ? Est-ce qu'un pouvoir populaire anti-féodal et anti-impérialiste a été établi au Népal ? Certainement pas. Sa position, selon laquelle la révolution de nouvelle démocratie a été accomplie pour l'essentiel et que la révolution socialiste est la prochaine tâche entre nos mains, n'est autre qu'une escroquerie néo-révisionniste mise en avant pour confondre le peuple et resté incrusté dans la république démocratique bourgeoise avec la bénédiction de l'impérialisme et de l'expansionnisme indien. C'est en fait un exemple détestable de trahison envers le peuple népalais et la nation de la part de Prachanda. 

    Mao a dit que le Parti, l'Armée et le Front uni étaient les "trois épées magiques" de la révolution. Il disait : "Un Parti bien discipliné, armé de la théorie marxiste-léniniste, utilisant la méthode de l'auto-critique et lié aux masses du peuple, une Armée sous la direction d'un tel Parti, et un Front uni de toutes les classes et groupes révolutionnaires sous la direction d'un tel Parti ; telles sont les trois principales épées avec lesquelles nous avons défait l'ennemi". Mao a mis ici en évidence le nœud du problème en identifiant l'urgence du Parti, de l'Armée et du Front uni pour mener la révolution à la victoire.  

    Est-ce que le PCUN(M) ressemble au Parti auquel Mao fait référence dans cette citation ? Non, pas du tout.

    La manière dont Prachanda a travaillé idéologiquement et politiquement pour relâcher la force de la révolution dans le Parti a été mentionnée précédemment. De surcroît, il a ouvert la porte à l'embourgeoisement du Parti en recueillant une foule de bureaucrates dans les plus hauts comités et d'anarchistes et de bénis oui-oui dans les plus bas. Les comités du Parti sont devenus si corpulents et lourds qu'ils n'étaient un environnement encourageant ni pour la discussion, la critique et l'auto-critique, ni pour la pratique collective. Cela a créé une situation telle que le système de décision collective et responsabilité individuelle a été remplacé par un système de décision individuelle et responsabilité collective. Maintenant, plus personne ne peut être dupe du fait qu'il s'agissait d'un plan pour graduellement désorienter les cadres de la ligne et de la conduite communiste et ainsi transformer le Parti communiste en un Parti bourgeois. C'est le caractère néo-révisionniste de Prachanda qui a affaibli la force idéologique et embourgeoisé le Parti au moyen de mauvaises méthodes d'organisation. Prachanda, de cette manière, a liquidé le caractère révolutionnaire du Parti dans tous les aspects de l'idéologie, de la politique et de l'organisation.

    Prachanda a conduit l'Armée populaire de libération du Népal, qui avait été construite sur le concept "le peuple n'a rien sans l'Armée du peuple", à capituler devant l'Armée népalaise. Il dit que c'est une intégration. L'APL qui avait été organisée pour accomplir la révolution de nouvelle démocratie au Népal, exercer la dictature démocratique sur les ennemis de classe après celle-ci et prévenir la contre-révolution tout au long de la construction du socialisme, a été dissoute au nom de l'intégration. C'est un pas en arrière, contre-révolutionnaire, pour plaire à l'impérialisme et à l'expansionnisme et cordialement ouvrir la voie de la réconciliation avec leurs agents. Prachanda a dit que c'était un pas courageux pour bâtir la paix au Népal. Quel est cet argument ridicule ? Mentir aussi a ses limites. Il est difficile de trouver de tels exemples de capitulation de classe et nationale, et de trahison éhontée dans l'histoire du mouvement communiste international.

    Une autre arme importante pour la révolution est le Front uni formé sous la direction du Parti révolutionnaire. Quel type de forces doit être impliqué dans ce Front uni est décidé par la contradiction principale dans la société du moment ; et il est construit sous la direction du Parti du prolétariat en incorporant toutes les forces en contradiction avec l'ennemi principal. Le Parti dirigé par Prachanda a analysé que la contradiction entre la bourgeoisie bureaucratique et compradore, les féodaux et leur maître expansionniste indien d'un côté, et le peuple népalais tout entier de l'autre était la contradiction principale dans la société népalaise. Mais il n'a pris aucune initiative pour construire un Front uni de toutes les forces patriotiques, républicaines, progressistes, de gauche et révolutionnaires, sous la direction du Parti du prolétariat, contre l'alliance réactionnaire précitée. Au contraire, il s'est mis à genoux devant les réactionnaires et leur a livré les réalisations de la révolution qui restaient. Comment cet acte peut-il être qualifié autrement que de soumission nue à la réaction domestique et étrangère ?

    Au début du 21e siècle, le prolétariat mondial a eu une haute considération pour Prachanda comme son émancipateur et les voyous impérialistes l'ont dénoncé comme leur fossoyeur. C'était un motif de gloire et de fierté pour le prolétariat mondial. A présent il est dans une course folle pour devenir exactement le contraire. C'est un motif de douleur pour le peuple opprimé du Népal et le monde tout autant. Néanmoins, ce ne sont pas les sentiments mais la ligne idéologique et politique et l'avant-garde du prolétariat qui guident les masses laborieuses vers la révolution.

    Donc, le plus tôt le néo-révisionnisme de Prachanda sera démasqué et défait, le plus vite le prolétariat mondial pourra ré-établir le MLM dans le MCI et libérer les peuples opprimés du joug de l'impérialisme. Les révolutionnaires n'ont pas d'autre alternative. Affaiblir la lutte idéologique et politique contre le néo-révisionnisme revient à le nourrir. Donc, la nécessité urgente aujourd'hui est d'intensifier la lutte idéologique et politique contre toutes les formes de révisionnisme et le néo-révisionnisme de Prachanda en particulier. C'est la tâche suprême des révolutionnaires au Népal comme dans le monde. Que chacun de nous s'y emploie.

    10 Août 2012

    En aparté, et suivant la considération que la lutte de lignes n'est pas terminée au Népal, et que le nouveau PCN-Maoïste va et doit être le théâtre de nouveaux affrontements idéologiques entre ligne révolutionnaire et lignes bourgeoises et petites-bourgeoises, SLP serait d'avis qu'un tandem entre Basanta (le théoricien) et Biplab (le débatteur et homme d'action) pourrait être "l'attelage" parfait pour emmener la ligne révolutionnaire vers la victoire...

    À noter que le texte est toutefois assez évasif sur la problématique néo-bourgeoise (les aspirations concréto-concrètes, derrière le verbiage révisionniste, à se faire une place dans la classe dominante du pays ; ce qui peut potentiellement être le but de Prachanda depuis la fondation du Parti en 1994 !) ; et celle de la jefatura, modèle de direction imposé au Pérou par Gonzalo, avec un leader incontesté dont la "pensée" revêt un caractère de "parole d'évangile"... On relèvera d'ailleurs, au niveau international, que les tenants de la ligne gaucho-sectaire ignorent superbement de tels textes (comme précédemment celui de Biplab), qui sont pourtant des autocritiques fondamentales de la part des maoïstes révolutionnaires népalais, tout simplement parce que l'analyse développée pointe du doigt le problème fondamental : la jefatura, l'autorité idéologique incontestée de Prachanda sur le Parti, qui lui a permis d'étaler sa merde révisionniste (au service de ses plans de carrière néo-bourgeois) sans que ne s'élève de contestation, excepté de "figures" importantes comme Kiran (qui était le dirigeant n°1 de "l'ancêtre" du PCN(m)). Jefatura que les dogmato-gauchistes défendent bien sûr bec et ongles (ils ne conçoivent pas la révolution s'ils n'en sont pas les "guides éclairés") ; alors qu'elle est la cause du revers catastrophique du Pérou (décapitation ultra-facile du Parti ; facilité à faire passer dans les masses révolutionnaires l'imposture des "lettres de paix", "incontestables" car émanant - soi-disant - de Gonzalo, etc.).

    maoist-nepal-revolution-pla-militia-guerrilla-freedom-liber


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  • Les délires ultra-gauchistes sont pulvérisés... 

    9 mois à peine après la trahison totale et définitive de la ligne "accordiste" et républicaine bourgeoise Prachanda-Bhattarai, un soleil rouge semble se lever à nouveau sur le pays himalayen. Alors que la "vieille garde" de "centre-gauche" (Kiran, Gaurav) avance encore ses échafaudages "consensualistes" et interclassistes ("Table ronde de tous les partis, avec les travailleurs et les paysans, les dalits et les minorités, les femmes et tous les opprimés" etc.), défendant "l'esprit de 2006 trahi par Prachanda et Bhattarai" ; le texte suivant, publié dans Red Front (nouvel organe de la ligne révolutionnaire en réorganisation dans le PCNU-M), parle clairement de balayer la ligne révisionniste pourrie et de mener la Révolution népalaise à son objectif premier, abandonné en 2006 : le Pouvoir populaire. 

    Netra Bikram Chand 'Biplab' émergerait-il comme le MAO ZEDONG DE L'HIMALAYA ? Il dégage, en tout cas, la jeunesse, la fraîcheur, la vision claire et précise, la détermination et l'optimisme révolutionnaire du jeune "Timonier" lorsque celui-ci, autour de 1930, reprît en main le Parti communiste chinois à la dérive, après la terrible déroute de 1927 et la faillite de la stratégie recommandée par l'IC...

    QUE L'ESPOIR UNE NOUVELLE FOIS SE LÈVE ! VIVE LA GUERRE POPULAIRE JUSQU'AU COMMUNISME !


    Source 

    Le Défi pour la Révolution au Népal - Netra Bikram Chand 'Biplab'


    imager.php La direction de Baburam Bhatterai et Prachanda, dans la Révolution népalaise, s’est à présent désintégrée. Elle a montré l’émergence, à nouveau, de politiques droitistes et réactionnaires dans l’histoire du Népal. 

    La situation est devenue difficile, car leur direction a abandonné l’objectif d’une République populaire fédérale.

    Mais, parce que la ligne prolétarienne dans le Parti est forte, le Parti n’a pas été endommagé et, même si nous faisons face à des problèmes temporaires, notre Révolution est sauve.

    La principale tâche des révolutionnaires à présent est de relancer le mouvement en avant vers la victoire. 

    Il nous faut évaluer la manière dont Prachanda et Bhatterai ont dilué et corrompu notre ligne politique, et avancer une solution claire basée sur les points suivants :

    1. Le Programme d’Assemblée Constituante 

    L’objectif de la Guerre populaire était une République populaire. Après 6 ans de Guerre populaire (GP), le Parti tint son Second Congrès et Prachanda déclara que l’appel à une Assemblée constituante (AC) était une tactique tournée vers l’objectif stratégique d’une République [populaire]. Dans cette même réunion, le débat s’engagea sur comment le premier pouvait s’accorder avec le second. Prachanda développa que l’établissement d’une AC validerait la GP.

    Mais à présent, l’AC n’est pas un instrument pour mettre en œuvre notre programme, mais bien au contraire une arme contre celui-ci. Ceci prouve que la ligne capitulationniste de Prachanda et Bhatterai a été cultivée sous couvert de l’appel à la Constituante, et que la GP a été utilisée comme un mécanisme pour entrer dans les institutions parlementaires de manière opportuniste et réformiste. 

    Il y a eu deux faits marquants dans ce Second Congrès du Parti : premièrement Bhatterai a accepté la ‘Voie Prachanda’ ; et deuxièmement la rencontre de Prachanda et Bhatterai, avec Delhi en arrière-plan, a conduit à l’appel à l’AC. 

    Tous les dirigeants et les cadres savaient que Bhatterai était opposé à une direction centralisée, lors du 4e Plénum du Parti en 1998, disant que cela conduirait à l’autocratie et à la contre-révolution. 

    Les proches de Prachanda disaient que cela allait contre le principe communiste de centralisme démocratique, et que c’était du déviationnisme de droite. Notre Second Congrès mit fin au débat, la direction centralisée s’inscrivant dans l’idéologie du Parti avec la Voie Prachanda, qui devint, après trois mois de discussions, l’idéologie et la ligne du Parti. 

    Il est ironique que Bhatterai acceptât ceci, et devint son principal porte-parole. Nos Partis communistes frères, dans le monde, n’étaient pas d’accord avec cela [la Voie Prachanda]. Si nous analysons ces évènements en profondeur, nous réalisons en fait que Prachanda a persuadé Bhatterai d’accepter la ‘Voie Prachanda’, en échange de sa propre acceptation de la voie parlementaire… 

    Un autre point intéressant est que la revendication d’une AC, d’une table ronde et d’un gouvernement d’union soit apparue si soudainement au Second Congrès. Si nous demandions pourquoi il en avait été ainsi, Prachanda répondait intelligemment que c’était pour donner une légitimité à la GP. 

    Nous savons à présent que l’appel à une Assemblée constituante avait fait l’objet d’un accord entre Bhatterai et le gouvernement indien, six mois avant le Congrès. 

    2. Étape et sous-étape dans la Révolution 

    Lorsque le Parti s’accorda sur l’AC, Bhatterai proposa une théorie des ‘étapes et sous-étapes’, à laquelle des camarades s’opposèrent initialement, mais qui peu à peu prit racine. Prachanda ne la critiqua jamais officiellement, mais dit à plusieurs occasions dans des réunions du Parti qu’elle était ‘bourgeoise et droitiste’. Bhatterai lui-même n’employa jamais le terme de ‘démocratie bourgeoise’ jusqu’à la prise de pouvoir directe du roi Gyanendra, et la dissolution du Parlement en 2004. Mais il est maintenant prouvé que les ‘étapes’ de la révolution proposées par Bhatterai visaient à fusionner la GP avec la démocratie bourgeoise. 

    3. Développement institutionnel de la Démocratie Républicaine 

    Le Plénum de Chunwang, en 2005, déclara la tactique de démocratie républicaine en faisant alliance avec les partis réactionnaires. Cette tactique était entendue comme un mouvement temporaire pour paver la voie à une République populaire. Prachanda déclara clairement dans un document du Parti, que le Parti transformerait cette étape en RP, que les partis du statu quo essaieraient d’établir un capitalisme bourgeois et qu’à ce moment-là, la Révolution montrerait sa détermination. Tout le Parti était d’accord avec cela mais, après le soulèvement populaire (Andolan) de 2006 et la chute de Gyanendra, Bhatterai commença à utiliser le terme de ‘démocratie républicaine’. Nos cadres du Parti n’avaient jamais discuté en détail les implications du développement institutionnel de ce projet. Ce terme impliquait clairement qu’il s’agissait d’un État en faveur du peuple, mais pas du but stratégique du Parti. Cela n’était pas propice pour un pays semi-féodal, néocolonial comme le Népal, où les structures sociales sont restées les mêmes.

    Il a toujours été admis, dans le Parti, que la démocratie républicaine était une tactique transitoire vers une République populaire et rien d’autre. Notre stratégie restait tournée vers cette dernière. Mais le concept de développement institutionnel de Bhatterai a eu pour effet de geler cette transition, et de renforcer la démocratie capitaliste bourgeoise. Cela ne peut pas être l’objectif ultime d’un Parti communiste, et il est capitulationniste d’abandonner la révolution pour changer les structures économiques et sociales et les caractéristiques capitalistes générales de l’État. 

    4. Paix et Constitution 

    À présent Prachanda et Bhatterai sont focalisés sur la paix et la Constitution, comme si tout le reste était illusion. 

    Ils veulent une Constitution bourgeoise et critiquent ceux qui veulent un règlement révolutionnaire pour la paix et la constitution. Le fait est que nous ne voulons pas une Constitution de caractère bourgeois, mais au contraire une Constitution qui garantisse les droits des paysans, des travailleurs, des janjatis, des dalits, des femmes et de l’Armée populaire. Rien de cela n’est mentionné dans les propositions qu’ils ont avancées. 

    Oui, nous avons besoin de paix et d’une Constitution, mais qui soient clairement définies. Ce que nous avons aujourd’hui pose la question de ‘comment pouvons nous apporter une véritable paix ?’ à ce pays, et ‘pourquoi avons-nous combattu dans la Guerre populaire’ ? Ce sont les questions sur lesquelles nous devons nous concentrer. Nous avions un type de paix et de constitution avant la GP mais, dans notre analyse, celui-ci n’était pas en faveur du peuple – bien au contraire. C’était un système qui ne reflétait pas les intérêts du peuple, mais seulement ceux des classes bourgeoise et féodale retranchées. Par conséquent, la grande Guerre populaire fut lancée et une paix et une Constitution en faveur du peuple furent mises en avant. Mais maintenant, ils essayent de reconstruire le système comme il était avant, et c’est inacceptable. Un système élaboré pour fonctionner en faveur de ceux qui étaient la classe dominante auparavant. Cela crée la nécessité de lutter pour un règlement favorable au peuple. 

    5. Démocratie républicaine 

    La ligne politique de Prachanda et Bhatterai les a enfermés dans les limites de la démocratie républicaine bourgeoise. Les raisons qu’ils donnent à cela sont les difficultés pour les révolutionnaires, étant donné le rapport de force national et international. Ce n’est pas vrai ; et le fait est que cela les a conduits à une position droitiste et opportuniste. 

    Ce sont les mêmes personnes qui déclaraient que le précédent système démocratique bourgeois était réactionnaire, et qui dirigeaient la GP pour y mettre fin. Il est clair que les démocrates bourgeois favorisent le capitalisme et nous ferions erreur si nous croyions que ce système bénéficie à notre peuple. Ce sont ces mêmes personnes qui disaient que nous devions accomplir notre révolution et instaurer une République populaire, qui disent aujourd'hui que c’est une aspiration ‘ultra-gauchiste’ et ‘dogmatique’ allant à l’encontre d’une paix durable. Maintenant, leurs activités de collecte des noms des leaders révolutionnaires dans les districts et les villages montrent qu’ils ne sont pas seulement droitistes et capitulationnistes, mais fascistes. Nous savons que l'aboutissement final d’une démocratie capitaliste à l’époque impérialiste est le fascisme, et il apparaît que Prachanda et Bhatterai, en défendant et en mettant en œuvre ce système, travaillent à un tel dénouement. 

    En résumé 

    Le Parti maoïste qui a initié la Guerre populaire, qui a organisé et administré les zones libérées et l’Armée populaire, était devenu le centre de la révolution internationale mais Prachanda et Bhatterai ont vendu ceci à Delhi, au Nepali Congress, à l’UML et aux forces de la réaction en annonçant la fin de la GP, le démantèlement des institutions de Double Pouvoir comme les Tribunaux populaires, les communes et l’APL. Sous leur direction, la Révolution népalaise s’effondre. Comment cela a-t-il pu arriver ? Pour répondre à cette question, nous devons revenir au point, durant la GP, où ils ont introduit l’AC et les ‘tables rondes’ comme deux étapes de la lutte, plan dont l'aboutissement logique était l’établissement d’une démocratie républicaine bourgeoise. Pour faire court, nous pouvons dire que leur agenda fut consolidé lorsque Prachanda a assimilé l’idéologie et la ligne de Bhatterai. 

    Responsabilités révolutionnaires 

    Leur trahison de la Révolution népalaise a ouvert une crise mais n’est pas fatale pour la révolution, nous pouvons et devons relever le défi. Nous avons par conséquent des devoirs et devons sans délai assumer nos responsabilités en nous concentrant sur les quatre points suivants : 

    1) Protéger notre idéologie révolutionnaire 

    Ils attaquent à présent le marxisme-léninisme-maoïsme, en l’utilisant pour affirmer que les conditions objectives spécifiques du Népal obligent la révolution à acquérir des caractéristiques capitalistes bourgeoises, et qu’elle ne peut pas être un modèle pour la révolution mondiale. Les communistes, en bref, doivent accepter une démocratie multipartiste dans un État bourgeois capitaliste. Pour cela, toutes nos structures de double pouvoir ont été démantelées, dissoutes et perturbées. Nous devons nous lever contre la dilution de notre pratique révolutionnaire. Nous devons contre-attaquer cette idéologie qui bloque la Révolution en établissant la démocratie bourgeoise et en renforçant le capitalisme. Il ne fait aucun doute qu’à présent la social-démocratie reflète la crise du capitalisme. 

    2) Formation de Centres révolutionnaires 

    Démanteler la direction de Prachanda et Bhatterai va laisser un vide que les révolutionnaires doivent combler. Ils sont déjà des révisionnistes de droite, quelle que soit la rhétorique ‘révolutionnaire’ qu’ils utilisent, et ceci est devenu un problème majeur devant notre Révolution.

    La Lutte entre Deux Lignes dans le Parti a jeté les fondations d’une direction révolutionnaire, mais formellement Prachanda est toujours le leader du Parti, ce qui leur rend plus facile [à la droite] de mettre en œuvre leur programme révisionniste de droite, et rend plus difficile de mettre en œuvre un programme révolutionnaire. Si nous voulons résoudre ce problème, nous devons poser la question d’une direction révolutionnaire.

    Nous savons fort bien que la direction doit correspondre à notre idéologie, sans quoi nous ne pourrons pas accomplir la révolution. Si nous avons l’idéologie et la stratégie appropriée sans la direction qui va avec, rien n’avancera.

    Il est communément admis, dans le Parti, que jusqu’à présent la situation a été favorable pour une révolution au Népal, particulièrement parce qu'il y a un désir brûlant de changement fondamental parmi les plus marginalisés. Mais Prachanda et Bhatterai ne se sont pas montrés préparés à représenter et organiser une telle éventualité.

    Ils ne sont pas prêts à prendre le ‘risque’ d’une révolution. Donc, en pratique, il n’est pas si difficile pour nous de rompre avec cette attitude timorée et d'aller de l’avant avec audace. 

    3) État populaire alternatif 

    Seul un État populaire peut apporter une alternative pour les droits et la libération du peuple. Le capitalisme parlementaire ne peut remplir ces tâches, mais à présent, Prachanda et Bhatterai sont les porte-paroles de cette politique. Ils disent qu’il n’y a pas d’autre voie que la démocratie bourgeoise, et montrent bien combien leur pensée est devenue droitiste et capitulationniste. Ceci engendre des difficultés pour le peuple et nous devons protester contre cela.

    Les structures de double pouvoir établies pour servir le peuple pendant la GP ont été intelligemment, graduellement et injustement détruites par Prachanda. Au service de ce but, Prachanda a rhétoriquement brandi le slogan de la révolution urbaine et beaucoup de sincères révolutionnaires l’ont cru, alors que l’agenda réel était de mener le Parti vers le parlementarisme bourgeois.

    En fait, en dernière analyse, ceci est devenu contre-productif pour Prachanda.

    Il y a maintenant de nouvelles opportunités pour réunifier le mouvement et la démocratie populaire. Dans la comédie de l’AC, l’attitude de renforcer la démocratie parlementaire est devenue prévalente. Les droits du peuple devaient être éradiqués et l’on devait s’agenouiller devant les puissances internationales de l’impérialisme, ce qui a inspiré une puissante résistance populaire contre cette tendance. 

    4) Lutte révolutionnaire 

    Sans lutte, l’ancien ne peut mourir et le nouveau naître ; et tant que le système parlementaire est là nous devons diriger nos efforts contre lui. Après les élections pour la Constituante, nous n’avons pas essayé de réorganiser notre révolution. Les slogans les plus extrêmes de Prachanda n’étaient faits que pour leurrer les révolutionnaires.

    Il y a des problèmes pour les fermiers et les paysans avec la restitution, par Prachanda, des terres expropriées aux zamindars (seigneurs féodaux). Il y a des problèmes pour les travailleurs, mais Prachanda et Bhatterai envisagent de leur retirer le droit de faire grève. Lorsque nous parlons de nos problèmes de souveraineté nationale, ils signent toujours plus de traités inégaux.

    Ils ne prennent aucune responsabilité vis-à-vis des problèmes quotidiens affrontés par les gens ordinaires. Et ils critiquent les révolutionnaires comme ‘ultra-gauchistes’ pour soulever ces questions. Ces exemples prouvent qu’ils se préparent à interdire toute lutte future mais la ligne révolutionnaire est forte dans le pays et le peuple la soutient. Il n’y a pas d’autre alternative pour nous que de réorganiser les forces révolutionnaires dans les jours et les mois qui viennent. 

    Conclusion 

    L’axe Prachanda-Bhatterai est d’ores et déjà discrédité au sein de la Révolution népalaise. C’est la réalité, car ils ont prouvé tout au long des six dernières années être des agents de la démocratie parlementaire bourgeoise. Ceci s’est exprimé dans le démembrement des structures populaires de double pouvoir, comme dans leur corruption financière personnelle. C’est une preuve de plus que l’agenda de Bhatterai, de sous-étape révolutionnaire, et l’adoption par Prachanda de ce stratagème, a conduit à leur abandon du communisme révolutionnaire pour la démocratie capitaliste bourgeoise. 

    L’alignement droitier dans le Parti doit être la cible des révolutionnaires, et ceci en accord avec les principes du MLM. Il doit être transformé et réintégré dans les forces révolutionnaires, ou éliminé. Après avoir identifié la tendance droitiste/réformiste dans le Parti, il n’en restera plus pour longtemps. 

    Il y a une alternative logique au système capitaliste parlementaire et c’est la République populaire qui abordera et résoudra les problèmes du peuple. Ceci sera accompli par les communistes et les démocrates patriotes, se donnant une direction en faveur d’une paix permanente et du développement et de la prospérité du pays. 

    Il n’y a pas d’autre voie et c’est une nécessité pour le centre révolutionnaire d’établir une République populaire. Nous devons accepter cette vérité et mettre en œuvre cette stratégie. C’est la responsabilité première des révolutionnaires et de ceux qui veulent mener la Révolution népalaise vers de nouveaux sommets.

    Lgtang2-28

    Il faudrait être fou, ou aveugle, pour ne pas voir la RUPTURE et le SAUT QUALITATIF que constitue cet article. Jusqu'à présent (et depuis 2008-2009 à vrai dire), la "gauche" du Parti (Kiran, Gaurav, Badal etc.), c'était la défense de "l'esprit de 2006", de "l'esprit de Chunwang", de l'objectif quasi-stratégique de "Paix et Constitution", objectif que Prachanda et Bhattarai auraient "trahi". SLP, parmi d'autres, avait bien sûr appuyé ces prises de position, car il était positif que des responsables importants se dressent contre la liquidation totale et définitive du Parti, plutôt qu'il n'y ait rien. Mais pour la première fois, ici, l'article de Biplab ose dire que "l'on nous a fait avaler des couleuvres", depuis le 2d Congrès du Parti (2002) en passant par Chunwang (2005), avec la prétendue "tactique" d'Assemblée constituante, d'alliance et d'"étape" républicaine avec les partis bourgeois, etc. C'est toute cette prétendue "tactique" suivie depuis 10 ans, ainsi que la "synthèse idéologique" de la "Voie Prachanda", qui est clairement rejetée.

    Mieux : Biplab met ici nettement en évidence la logique NÉO-BOURGEOISE qui sous-tend tout ce cirque... C'est ce qui rendait les "critiques" de 2006 incompréhensibles : "Prachanda a dit ceci", "Prachanda a dit cela", "il rejette Staline" (houlala ! graaaaaave !!!), etc. ; mais à aucun moment, n'était posée la question de la base matérielle de cette pensée liquidatrice. Ceci est, au contraire, parfaitement exposé ici : sous couvert d'une "tactique", que tout cela aurait très bien pu être, et qui a servi à la faire "avaler" aux militants, une petite clique avait pour objectif stratégique l'instauration d'une République parlementaire bourgeoise, où elle pourrait se vautrer dans les ors du pouvoir. Une petite clique qui n'a, en définitive, mené la Guerre populaire que pour négocier sa place dans l'oligarchie. Bien évidemment, des milliers de paysans, de prolétaires et de cadres sincères du Parti l'ont menée pour une toute autre chose : la liberté, le pain, la dignité pour tou-te-s, la justice, l'émancipation humaine ; bref, la République populaire, qui mènerait le peuple du Népal de l'ordre semi-colonial semi-féodal vers le communisme. C'est entre leurs mains que repose désormais l'avenir de la Révolution, la poursuite du long chemin d'émancipation des masses népalaises. 

    À présent que la rupture idéologique avec l'escroquerie "accordiste" est consommée sur le papier, il reste à définir une stratégie adaptée pour la reprise de la lutte. Car dans le même temps, le ciel s'assombrit terriblement ! Prachanda et Bhattarai étaient la "carte" de l'oligarchie tant qu'ils "tenaient" le mouvement de masse (ces 40% de la population qui ont voté maoïste en 2008) et le Parti. Si une direction révolutionnaire émerge et qu'ils ne peuvent l'empêcher, alors leur heure a sonné... et vient celle, peut-être, d'une "solution chilienne" (Pinochet 1973) ! Les tenants de la ligne révolutionnaire au Népal doivent absolument éviter les erreurs fatales comme celle d'une stratégie exclusivement insurrectionnelle urbaine, qui ne les mènerait qu'au même massacre que les communistes chinois en 1927. Ils doivent, d'ores et déjà, se préparer à la Longue Marche et au Yenan, au repli tactique du flambeau révolutionnaire vers la sécurité des zones montagneuses... Au niveau de la pensée, avec l'article de Biplab, la Guerre populaire vient de renaître (qu'importe si lui-même revenait sur ses propos, ou ne les assumait pas : son article est le marqueur d'une réalité, d'un sentiment présent dans les masses avancées du pays). Mais cela, la classe dominante ne va pas tarder à le comprendre, et il faut à tout prix éviter qu'elle n'écrase le bourgeon à la naissance !


    [NDLR : moins de deux semaines après cet article était officialisée la scission de l'aile gauche de l'U'c'PN-'m' (Kiran, Gaurav, Badal, Basanta et bien sûr Biplab) et la formation d'un nouveau Parti communiste maoïste du Népal. Voici ci-dessous un article qui lui est consacré.]

    Publié le 16/08 dans Correo Vermello - Source

    Selon des informations de la presse népalaise, le PCN-maoïste présidé par le camarade Kiran a effectué un bilan de son développement et de son influence, affirmant que plus de 65% des cadres et des militants ayant participé à la Guerre populaire ont intégré le nouveau Parti.

    Ce bilan a été réalisé par le Bureau politique dans une réunion mercredi dernier. Au cours de la même réunion, il a été estimé que le développement de l'organisation est dû au fait qu'elle se trouve toujours plus enracinée dans les masses populaires et leurs véritables problèmes. De la même manière, la réunion a conclu qu'il y avait deux raisons principales à l'attraction toujours plus grande pour le nouveau Parti. La première est que la position des leaders au niveau étatique et de district a été relativement claire, révolutionnaire et qu'ils ont contribué beaucoup à la Guerre populaire.

    La seconde est que le Parti continue à porter de l'avant la ligne de Guerre populaire que le PCNU(M) de Prachanda a abandonnée, dans le Parti comme à l'Assemblée constituante. Le nouveau Parti maoïste PCN-m a développé les thèmes de la souveraineté nationale, du fédéralisme, la question de l'éducation inclusive et du système électoral proportionnel. Quasiment tous les responsables des organisations de masses sœurs se sont unis au nouveau Parti. De même, la réunion est venue à la conclusion que les comités de Tharuwan, Newa et Magar étaient les plus forts entre les 13 commissions organisées au niveau étatique.

    Il est certain, cependant, que le grand nombre de questions en suspens (la stratégie à suivre et les tâches immédiates, le rapport à la Chine dans la défense de la souveraineté nationale (la stratégie à suivre et les tâches immédiates, le rapport à la Chine dans la défense de la souveraineté nationale - la "jouer" tactiquement contre l'Inde ou en faire une véritable alliée "progressiste", l'évaluation des Accords de 2006 - mauvais en eux-mêmes, position de Biplab, ou simplement "trahis"... - etc. etc.) appelle de nouvelles et intenses luttes de lignes... et c'est bien normal : tel est, depuis toujours, le processus dialectique de l'émancipation révolutionnaire humaine ; un se divisant perpétuellement en deux !


    LA RÉVOLUTION NÉPALAISE VIVRA ET VAINCRA !

     

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  • Par Indra Mohan Sigdel ‘Basanta’ (sur The Next Front)

    http://thenextfront.com/wp-content/uploads/2011/10/BASANTA1-150x150.jpgLe mouvement communiste international a traversé jusqu'à aujourd'hui 162 années depuis que le Manifeste Communiste a été publié en 1848. Un bilan détaillé de ces 162 ans d'histoire des Partis communistes à travers le monde suffirait à remplir quelques gros volumes... Il est très difficile de condenser un aussi vaste sujet en un article de deux ou trois pages. Nous nous centrerons donc principalement sur des questions comme : que signifie une lutte entre deux lignes dans un Parti communiste, où est comment a été son expression centrale dans l'histoire du mouvement communiste, pour une brève discussion dans cet article. Et, un effort sera fait pour dévoiler le contenu de l'actuelle lutte entre deux lignes dans notre Parti et expliquer en quoi elle n'est pas différente dans son contenu de toutes les luttes entre deux lignes menées dans le mouvement communiste international jusqu'à aujourd'hui.

    Une lutte entre deux lignes est une lutte politique et idéologique, qui se déroule entre une ligne marxiste et une ligne non-marxiste, c'est à dire bourgeoise, dans un Parti communiste. En d'autres mots, la lutte entre deux lignes est par essence une lutte entre deux voies, dans laquelle les uns s'efforcent de maintenir fermement le marxisme comme visant à aller vers l'établissement du communisme, et les autres définissent le marxisme comme accepter le besoin de réforme partielle dans le statu quo. La lutte de classe existe tant que les classes existent dans une société et elle se reflète dans la lutte idéologique au sein du Parti communiste. C'est la vie d'un Parti communiste. La base philosophique d'un Parti communiste est le marxisme. Et, comme le marxisme est une science en développement, le marxisme actuel est le marxisme-léninisme-maoïsme.

    Il y a un grand nombre de Partis communistes dans chaque pays, et chacun proclame d'être authentiquement marxiste. Dans notre pays aussi, un très grand nombre de Partis existent à ce jour. Il s'agit d'être bien clair sur le fait que tel ou tel soit marxiste ou pas, et sur quel sont ses critères pour être marxiste, nonobstant le fait de proclamer l'être. Le marxisme est une compréhension globale, et il a trois composantes. La première est la philosophie : c'est le matérialisme dialectique et historique. La seconde est le socialisme scientifique et la troisième est l'économie politique. La philosophie marxiste apporte une direction idéologique à la révolution prolétarienne. Le socialisme scientifique est le système politique de transition qui guide le processus entier de transformation du capitalisme en communisme. Enfin, l'économie politique marxiste commande d'établir un mode de production socialisé à la place du capitalisme, afin de faire de chaque travailleur le propriétaire de son travail. Ce sont les questions fondamentales du marxisme. Dévier d'un seul de ces aspects, c'est prendre la voie du réformisme. Pour un réformiste, il est facile d'attaquer sur la méthodologie, mais il n'est pas autant facile d'attaquer sur les principes. Cela ne veut pas dire que les représentants bourgeois n'attaquent pas la philosophie marxiste. Actuellement, les révisionnistes attaquent principalement sur la lutte violente, qui joue un rôle essentiel pour établir un système socialiste, et la dictature du prolétariat, qui est nécessaire pour le défendre et le développer.

    Lénine, dans l'Etat et la Révolution, écrit : "Il est souvent dit et écrit que le point principal dans la théorie de Marx est la lutte des classes. Mais c'est faux. Et cette fausse notion aboutit très souvent à une altération opportuniste du marxisme et à sa falsification dans un esprit acceptable pour la bourgeoisie. Quant à la théorie de la lutte des classes, elle n'a pas été créée par Marx, mais par la bourgeoisie avant Marx et, en général, elle est acceptable pour la bourgeoisie. Ceux qui reconnaissent seulement la lutte des classes ne sont pas encore des marxistes ; ils peuvent toujours se trouver dans les limites de la pensée  et  de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la théorie  de la lutte des classes signifie tronquer le marxisme, le déformant, le réduisant à quelque chose acceptable pour la bourgeoisie. Seul est marxiste celui-qui prolonge l'identification de la lutte des classes à l'identification de la dictature du prolétariat. C'est ce qui constitue la distinction la plus profonde entre le marxiste et l'ordinaire petit (aussi bien que grand) bourgeois. C'est la pierre de touche sur laquelle la compréhension réelle et l'identification de marxisme doit être évaluée".

     

    La lutte entre deux lignes dans le mouvement communiste international s'est manifestée sous de différentes formes, mais en dernière analyse, elle est centrée sur la question de soit avancer sur la voie de la révolution ininterrompue sous la dictature du prolétariat, soit suivre le chemin de la réconciliation de classe.

    En dehors de l'attaque révisionniste contre la dictature du prolétariat, nous avons également des attaques vigoureuses contre deux autres composants du marxisme. Sur l'unité et la lutte des contraires, le marxisme enseigne que la lutte est absolue et l'unité relative. Les révisionnistes ont attaqué sur cette notion. Au temps de la Révolution culturelle, un intellectuel chinois, Yang Hsien Chen, a mis en avant une conception éclectique de "deux se combinent en un" en opposition à la conception dialectique de "un se divise en deux". Ceci se pose contre la conception matérialiste dialectique que l'unité entre deux contraires est relative et la lutte entre eux est absolue. Le Parti communiste de Chine dirigé par Mao s'opposa fermement à cela. Il affirma que c'était la voie vers la collaboration de classe en lieu et place de la lutte des classes et de la dictature du prolétariat. En réalité, le principe selon lequel la l'unité entre deux contraires est absolue et la lutte est relative était la racine idéologique derrière la contre-révolution en Chine.

     

    Lorsque nous regardons en arrière, nous voyons que cette lutte a eu lieu dans le mouvement communiste népalais aussi. Au Congrès d'Unité de 1992, Ruplal Viswakarma a défendu la thèse que l'unité est absolue et la lutte est relative. Là où cette conception l'a amené aujourd'hui, est clair pour tout le monde. Héritage de cela, la conception de notre leadership selon laquelle la libération du Népal et du peuple népalais réside dans la fusion du matérialisme et de l'idéalisme l'a maintenant conduit à désarmer l'Armée populaire en remettant les clés des containers d'armes à la Réaction. En plus de cela, le Premier ministre maoïste (Bhattarai NDLR) a maintenant ordonné à la police de restituer les terres aux grands propriétaires, en les reprenant aux sans-terres et aux paysans pauvres qui les ont occupées, avec l'aide de l'Armée populaire, quand la Guerre populaire avançait. Ce ne serait pas une surprise si notre leadership, qui déclare aujourd'hui "martyrs" ces gens qui sont tombés des deux côtés pendant la Guerre, déclare demain "criminels" ces camarades révolutionnaires et disciplinés à qui il ordonnait de mener des actions contre l'ennemi de classe hier... Une idée selon laquelle nous devons travailler amicalement avec la classe dominante indienne pour défendre la souveraineté nationale du Népal est en train de devenir dominante dans notre Parti. C'est de la capitulation nationale. Et tout cela est une expression de la collaboration de classe et sa base idéologique est l'éclectisme. La lutte entre deux lignes, qui se déroule dans notre Parti, est à son paroxysme aujourd'hui.

    L'usage de la force joue un rôle essentiel dans le transfert du pouvoir étatique d'une classe à une autre. C'est le premier point que Marx nous a enseigné sur comment prendre le pouvoir. Le second point est qu'un système de transition, qui existe pour une longue période entre capitalisme et communisme, est le socialisme et il s'exprime sous la forme de la dictature du prolétariat. Mais les révisionnistes à travers le monde ont toujours attaqué l'essence même du marxisme. Leur cible, de Kautsky à Bernstein et de Khrouchtchev à Deng Xiaoping, a été d'attaquer la théorie de la violence révolutionnaire et de la dictature du prolétariat, et les révisionnistes aujourd'hui font la même chose. Khrouchtchev a attaqué l'usage de la force au nom de la transition pacifique et la dictature du prolétariat au nom de l'Etat "du peuple entier". Durant le grand débat des années 70, Mao n'a pas seulement lutté idéologiquement contre le révisionnisme khrouchtcheviste, mais a aussi déclaré que la lutte des classes existe tout au long de la période du socialisme. Ceci est connu comme la théorie de la révolution ininterrompue.

    Tout comme les révisionnistes d'autres pays, les révisionnistes du Népal se sont aussi opposés au rôle essentiel de la violence pour faire la révolution, et à la dictature du prolétariat. Dans l'histoire du mouvement communiste au Népal, le révisionnisme a formellement son origine dans l'appel de Manmohan au Roi en 1957, dans lequel il dit qu'il propagera le socialisme pacifiquement. La lutte de classe révolutionnaire qui a commencé sous la forme de la Rébellion de Jhapa en 1972 a maintenant amené à une démocratie multipartite, après que le premier PCN (ML) ait adopté formellement le révisionnisme khrouchtchéviste, la ligne de transitions pacifique comme leur ligne. Le peuple népalais a été  témoin que la grande Guerre populaire, initiée en février 1996, a amené de grands changements dans la société népalaise. Mais le peuple népalais n'a pas aujourd'hui le pouvoir populaire que 10 ans de Guerre populaire avaient établi. Les gouvernements populaires locaux ont été dissous. Les armes qui avaient été acquises par le sacrifice de dizaines de milliers de vaillant-e-s fils et filles du peuple népalais ont été rangés dans des containers et leur clés ont maintenant été remises entre les mains des réactionnaires. L'Armée populaire construite soi-disant pour prévenir la contre-révolution et amener le peuple népalais au communisme est maintenant au seuil de la liquidation, au nom de l'"intégration" et de la "réhabilitation". Cela a amené le peuple népalais dans la situation dont Mao disait : "sans l'Armée le peuple n'a rien". Ce n'est pas qu'une question technique liée aux clés des containers, mais une question théorique. Cela montre comment le rôle de l'Armée populaire, mandataire du prolétariat pour prendre le pouvoir et poursuivre la révolution sous sa dictature, est nié. C'est du capitulationnisme de classe ouvert...

     

    La lutte entre deux lignes au sein du Parti Communiste Unifié du Népal (maoïste) est maintenant centrée sur la question de maintenir l'Armée populaire avec ses armes et de l'intégrer pour former une armée nationale, ou de la reconvertir en gardes forestiers en la désarmant ; lutter pour établir la Nouvelle démocratie et le socialisme à travers la République populaire fédérale et lutter pour l'indépendance nationale ou s'agenouiller devant l'expansionnisme indien. Notre direction a capitulé devant l'ennemi en désarmant l'Armée populaire, et a violé le document de la réunion du Comité central à Paris Height (2009). Dans ce document il est dit : "l'intégration de l'Armée et l'agenda de réhabilitation doivent être menés simultanément. Nous devons rester d'une totale vigilance contre les menées réactionnaires pour affaiblir et désarmer notre Parti, en intégrant et réhabilitant l'Armée populaire avant que la Constitution ne soit écrite". Sous cet éclairage, bien que différent dans la forme, le contenu de la lutte entre deux lignes qui se déroule dans notre Parti en ce moment n'est pas différent de celui de la lutte entre marxisme et révisionnisme qui a eu lieu dans la mouvement communiste international par le passé.

    Le programme économique des révolutionnaires communistes est de mettre fin à la propriété privée des moyens de production, et établir à sa place des rapports de productions socialisés. Cela résout la contradiction entre Capital et Travail qui existe dans la société capitaliste. Cependant, les agents bourgeois, qui pénètrent dans un Parti communiste, attaquent le mode de production socialiste et insistent sur le développement des forces productives. Le 8e Congrès du Parti communiste de Chine avait mis l'accent sur la nécessité de développer les forces productives, en disant que la contradiction entre les nécessités matérielles croissantes des masses populaires et le retard des forces productives était la contradiction principale en Chine. Les mots de Deng Xiaoping, "peu importe qu'un chat soit noir ou blanc pourvu qu'il attrape des souris", dévoilent que l'objectif était le développement du capitalisme. Au temps de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, les révolutionnaires de Chine ont au contraire adopté pour politique de donner la priorité aux rapports de production socialisés, se basant sur le slogan : "Faire la révolution, promouvoir la production".

    Sous la direction du prolétariat, le peuple népalais a participé à de grands mouvements de masse et à la grande Guerre populaire de 10 ans entre 1996 et 2006, en donnant un exemple éclatant de sacrifice. Dans ce processus, la monarchie féodale centralisée, qui a dirigé le Népal durant 240 ans, a pris fin. Certains leaders de notre Parti, qui considèrent cela comme l'accomplissement de la révolution politique, ont parlé d'aller à partir de là vers la transformation économique [NDLR : très proche de l'analyse de SLP]. Ceci est totalement erroné. Même si la monarchie a été abolie, le Népal est toujours un pays semi-féodal et semi-colonial. La "révolution" économique, que l'on dit pouvoir mener sur ce type de base socio-économique, ne saurait être que la croissance du capitalisme comprador et bureaucratique, pas du capitalisme national. Ce genre de développement économique ne peut rien faire d'autre qu'engraisser une poignée de bourgeois compradores et appauvrir le pays et le peuple tout entier. Par conséquent, la lutte entre deux lignes en cours dans notre Parti est centrée sur la lutte pour établir une République populaire fédérale afin de paver la voie au développement du capital national et ainsi créer bâtir les fondations de l'économie socialiste, ou, au contraire, introduire dans le jeu le capital financier des pays impérialistes, dans le statu quo, et ce faisant engraisser la bourgeoisie compradore.

    L'analyse qui précède clarifie que la lutte entre deux lignes se poursuit continuellement dans un Parti communiste, sur les contenus de la philosophie marxiste, du socialisme scientifique et de l'économie politique. Ceci vaut également pour notre Parti. Dans l'objectif de renforcer la base économique socialiste, le pouvoir prolétarien poursuit la révolution sous la dictature du prolétariat, sur la base du marxisme, et ce processus pave la voie vers le communisme. Les révisionnistes attaquent parfois le contenu de la philosophie marxiste, parfois sur la dictature du prolétariat et parfois sur l'essence de l'économie socialiste. La lutte entre deux lignes en cours dans notre Parti n'est pas éloignée de cela. Afin de vaincre le révisionnisme de droite et unir le Parti sur la base idéologique du marxisme-léninisme-maoïsme, un révolutionnaire maoïste doit défendre le matérialisme historique et dialectique, la révolution ininterrompue sous la dictature du prolétariat et l'économie socialiste. C'est la tâche historique de tout révolutionnaire au Népal d'accomplir la révolution de nouvelle démocratie et paver la voie vers le socialisme.

    25 septembre 2011

     

    Citation : "prétendre refaire l'histoire en inventant une lutte de lignes au Népal n'a pas de sens".

     

    CQFD... No comment.

     

    On pourrait répéter pour la 101e fois que le "centrisme" N'EXISTE PAS, que le "centrisme" ne pourrait être que "libéralisme", "compréhension" et conciliation envers les thèses et les agissements du bloc Prachanda-Bhattarai et que cela n'existe nulle part ; que l'affirmation de l'existence d'une lutte de lignes et d'une ligne "rouge", révolutionnaire (même "limitée" dans ses conceptions), comme on en a la preuve sous les yeux, n'est en rien du centrisme... mais le problème, c'est que cela ne peut pas être dit plus clairement que ça l'a déjà été. Le problème, c'est que les ultra-gauchistes ne veulent rien entendre, car leur but (éternel, historique) n'est pas de sauver la révolution au Népal, mais de la SABOTER et de saboter (d'ailleurs) toute la nouvelle vague révolutionnaire mondiale. D’ailleurs, ces gens ignorent leur propre (prétendue) idéologie : Mao a toujours dit qu’il fallait gagner le centre, les forces intermédiaires, pour isoler la droite ; et non qu’il fallait "écraser le centre"… 

     

    Il n'est donc plus la peine de discuter. Tout ce qu'il y a à faire, c'est de distinguer éventuellement les gauchistes sincères (comme peut-être l'UOC-mlm) du reste, et de dénoncer les autres pour ce qu'ils sont (des néo-bourgeois en puissance, préférant la posture "intransigeante" à la posture conciliatrice et "vibrant" dans leur radicalisme affiché), afin que les masses s'en souviennent et ne tombent pas dans le panneau de leur ultra-radicalisme de façade. Pour cela, il y a les colonnes de Servir le Peuple...

     


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  • Les articles suivants ont été rédigés dans la foulée des évènements survenus entre août et septembre 2011 au Népal.

    Comme vous le savez certainement, ce pays a connu entre 1996 et 2006 une grande et héroïque Guerre populaire (qui était même pour ainsi dire la seule au monde - Guerre populaire signifiant dirigée par des maoïstes, exit donc les FARC de Colombie etc. – à ses débuts ; avant que cela ne "reparte" aux Philippines, puis en Inde etc.). Mais en 2006, alors que l’Armée populaire maoïste contrôlait de fait 80% du pays et encerclait la capitale Katmandou, un soulèvement populaire éclatait à l’intérieur de celle-ci et mettait fin à la monarchie autocratique locale vieille de plus de trois siècles (dès lors retranchée sans pouvoir dans son palais en attendant son abolition officielle deux ans plus tard).

    Le Parti communiste du Népal (maoïste) [CPN(m)] s’est alors engagé avec les partis bourgeois (Nepali Congress) et révisionnistes (UML) dans la voie d’"accords de paix", d’une cessation des combats et d’un processus de "transition" vers une république parlementaire qui a immédiatement soulevé une immense controverse dans le mouvement communiste international, les uns y voyant une "trêve tactique" parfaitement défendable, d’autres le début d’un cours "inquiétant" des choses (critiques en ce sens émergeant très tôt des maoïstes indiens, notamment), d’autres encore une "trahison absolue" venant supposément "prouver" que toute manœuvre tactique d’un Parti révolutionnaire signifie sa liquidation. Les années suivantes donnèrent lieu à des évènements – à vrai dire – historiquement surréalistes, avec le leader maoïste de la Guerre populaire Prachanda accédant au poste de Premier ministre (2008) dans un régime parlementaire le plus bourgeois qui soit avant d’en être éjecté un an plus par un coup de force du Président de la (toute nouvelle) République, appelant dès lors à (et affirmant mener les préparatifs d’) un "grand soulèvement populaire" devant porter le "coup final" à l’ancien régime et porter définitivement les forces révolutionnaires au pouvoir… mais sans cesse reporté, etc. etc.

    Finalement donc, fin août 2011, survint l’épilogue de ces 5 années d’étrange "flottement" avec la nomination à la tête du gouvernement du "droitiste sans fard" de toujours du CPN(m), Baburam Bhattarai… et l’annonce de toute une série de mesures signant la liquidation ouverte de la lutte révolutionnaire : remise des clés des containers où le Parti avait consigné ses armes en 2006 sous la supervision de l’ONU (mais en gardant, donc, les clés), fusion-liquidation de l’Armée populaire (jusque-là cantonnée sans armes) dans l’armée réactionnaire "nationale", finalisation de la restitution aux grands propriétaires fonciers des terres confisquées et occupées durant la Guerre populaire (c’était déjà une clause de 2006, dont l’application avait pu "traîner en longueur" ici et là), rapprochement ouvert avec l’État indien qui exerce depuis les années 1950 (pour le compte de l’impérialisme) un protectorat de fait sur le petit royaume himalayen, etc. etc. ; Prachanda dans tout cela (que nous avions pu prendre de manière erronée pour un "centriste" et un "hésitant" au cours des années précédentes) tombant alors le masque et révélant ouvertement sa nature d’opportuniste, de nouvel oligarque et de traître (réunions secrètes avec les services de renseignement indiens etc.).

    La polémique qui s’était quelque peu "endormie" depuis 2006-2007 se ralluma alors avec vigueur, une petite clique internationale autour de pseudo-"maoïstes" bien connus (ultra-gauchistes et dogmato-sectaires alors, devenus ouvertement réactionnaires depuis) bondissant sur la situation pour claironner et éructer "avoir eu raison depuis le début" et utiliser cette "victoire" de leurs analyses comme l’"excipient" idéal pour faire passer toute la "pilule" de leur conception pourrie du monde, de la lutte révolutionnaire et du socialisme/communisme (caractère pourri démontré, répétons-le encore une fois, par leur point de chute ultra-réactionnaire final quelques années plus tard) ; attitude que nous avons fini par qualifier de trotskysme de notre époque pour son caractère délibérément destructif ; ceci alors que d’autres avaient passé toutes ces années en "prise directe" avec la situation d'un maoïsme népalais "homme malade" du MCI (comme chancelant au seuil de ce qui pouvait être la "première révolution communiste du 21e siècle"), informant les masses populaires du monde des avancées et des reculs, des dérives, des luttes de lignes internes et des "portes de sortie" possibles pour les authentiques révolutionnaires de là-bas.

    Tout cela nous a amenés à sortir de notre silence et de la relative attitude – disons-le – de "spectateurs" observée jusque-là, nous contentant de relayer les "dépêches" de divers sites francophones ou anglophones sans réelle analyse, pour nous plonger dans la réflexion et la controverse et apporter notre "petite pierre" à l’édifice de la CONCEPTION COMMUNISTE DU MONDE. Nous n’avons pas peur de dire que des "lignes directrices" très importantes dans notre manière de voir les choses ont vu le jour à cette époque.

    Les articles ci-dessous sont dans l’ordre déchronologique (du dernier – dans le temps – au premier).


    "Red Star" : sur la lutte contre le révisionnisme au Népal


    Sur le site Revolution in South Asia a été publié cet article, ainsi que d'autres, du blog RedStarNepal.com. The Red Star est historiquement l'organe de presse du PC du Népal maoïste [devenu PCNU(m)] mais, jusqu'à présent, il n'avait pas de site internet. Et, bien qu'ouvrant ses colonnes à toutes les lignes (ou "tendances", selon certains) dans un esprit de libéralisme, il semblait plutôt aux mains de la ligne de Prachanda (longtemps "centre louvoyant" du Parti - un coup de barre à droite, un coup de barre à gauche - mais en réalité droite masquée, vraisemblablement la ligne qualifiée de "révisionniste" par le présent article). Mais voilà qu'est né (manifestement fin juin, les plus vieux articles sont du 22/06) ce site intitulé "Red Star", qui semble plutôt refléter la ligne de la "gauche" du Parti, des cadres fortement opposés au cours actuel du tandem Prachanda-Bhattarai. Il ne s'agit pas d'en tirer des conclusions hâtives, mais simplement de constater le fait...

    SLP précise que cet article comporte des phrases incompréhensibles, traduites telles quelles, tant pis...


    Combattre le révisionnisme dans le PCNU-Maoïste 


    Katmandou, 25 septembre.

    Dans la lutte interne au PCNU-Maoïste au Népal, des idées toujours nouvelles et le modèle de la lutte entre deux lignes ont été développés dans le cours de la lutte. De nombreux analystes politiques et autres ont dit que le Parti se divisait et que l'intérêt des réactionnaires serait satisfait.

    Cependant, le combat a développé ses procédures historiquement avancées pour la lutte interne (?). Le Parti a déjà développé quelques idées en créant un authentique forum de discussion et des rassemblements et interactions séparées par les différentes factions idéologiques. C'est le dernier développement, car le révisionnisme et le réformisme ont pris corps au cours de l'exercice du Pouvoir populaire aux niveaux locaux et régionaux de la nation. Nous sommes dans la situation où nous devons évaluer l'histoire du Pouvoir populaire, son exercice, et l'émergence du révisionnisme et du réformisme dans le monde. L'exercice concret a été mis en application au Népal. Le Parti, le PCNU-M, a été divisé en trois factions idéologiques : révolutionnaire, révisionniste (probablement Prachanda NDLR) et réformiste (probablement Bhattarai).

    À présent tout le Parti est dans une intense lutte interne. Il n'est toujours pas décidé qui va gagner. Néanmoins, la ligne révolutionnaire est offensive et combat avec l'aide du peuple, de ses soutiens, de toutes les bonnes volontés et d'une solide équipe à travers tout le pays.


    NDLR : Ce communiqué est une des dernières nouvelles que nous ayons du Népal (il y a 4 jours) ; et elle a l'avantage d'être interne au Parti. Certes, on est très loin des "canons" du maoïsme. On voit là toutes les limites de la gauche révolutionnaire dans le PCNU-M, qui permettent justement à la droite de s'imposer ; et les effets ravageurs de l'esprit de libéralisme entre les lignes qui a dominé le Parti pendant les 5 années de "lutte révolutionnaire légale", "par le Parlement, la rue et le gouvernement" (Sadan, Sadak, Sarkar). Pour autant, que la révolution au Népal ne soit pas liquidée (ou qu'il y ait au moins une résistance à cela, jetant les bases d'un nouveau cycle) regarde non seulement les masses populaires du Népal, mais les révolutionnaires et les masses populaires de toute l'Asie du Sud, de toutes les nations opprimées et, finalement, du monde entier. Il faut donc appuyer de tout notre soutien internationaliste les forces qui s'opposent à la liquidation, car, avec toutes leurs limites, elles sont le germe du renouveau.

    C'est l'occasion pour SLP de présenter son analyse de la situation à la lumière d'un profond réexamen. Ou plutôt d'un "examen" tout court car, à vrai dire, la question du Népal n'avait pas fait l'objet d'une analyse propre à Servir le Peuple. C'est là une entorse au principe directeur de ce média révolutionnaire : "penser avec sa tête", quitte à être totalement hétérodoxe, ne pas s'aligner "bêtement" sur une position internationale. Or, jusqu'à présent, il y a surtout eu de l'information, grâce au grand travail internationaliste de collecte d'info d'un site comme Revolution in South Asia, de collecte et de traduction par les camarades de Nouveau Népal ; assortie de quelques réflexions "à chaud", mais jamais de véritable analyse.

    Il est évident que SLP ne pouvait pas s'aligner sur la ligne gaucho-dogmatique : celle-ci revient à nier l'idée même de tactique ; l'idée même de négociations et d'accords tactiques avec une partie de l'ennemi contre une autre (ennemi principal du moment) ; l'idée que les marxistes doivent "penser avec leur tête" selon la situation concrète, que tout n'a pas été dit et écrit entre le Manifeste de Marx et Engels et l'arrestation de Gonzalo ; l'idée que la Guerre populaire ne se réduit pas à une guérilla armée (ce que récusait déjà Mao) ; l'idée (dans la situation concrète) que dans un contexte où se préparait (puis se déroulait) un grand mouvement populaire contre la dictature royale, donner l'assaut militaire sur Katmandou aurait été une idiotie qui aurait coupé les maoïstes d'une grande partie des masses... Toutes choses étrangères aux conceptions de SLP, pour qui la révolution est quelque chose de plus sérieux et compliqué qu'un wargame en chambre [Nota : cette ligne a désormais le mérite d'être assumée clairement ici : "Cela, c'est clairement la « gauche » dans le mouvement maoïste international. Elle se caractérise par un refus de toute souplesse idéologique, tactique ou stratégique dans le marxisme-léninisme-maoïsme"].

    L'idée (partagée aussi par des gens "bien") que lorsque l'on a atteint un rapport de force donné (on pouvait parler d'équilibre stratégique avancé au Népal début 2006), "temporiser" signifie "toujours" reculer est profondément erronée - pour être exact, profondément mécaniste : c'est faire l'impasse sur la part de VOLONTÉ de la direction du Parti (autrement dit et en dernière analyse, sur la ligne dirigeante de celui-ci) de non seulement "temporiser", mais de ne JAMAIS repasser d'aucune manière à l'offensive au sens révolutionnaire du terme. Lorsque les communistes d'Hô Chi Minh ont accepté la partition du Vietnam en 1954, que le Nord devienne communiste mais que le Sud reste sous la coupe de l'impérialisme (ainsi que le Laos et le Cambodge), ils ont bien temporisé non ? [Mais voilà (et c'est ce qui est déterminant) : l'intention de libérer tout le Vietnam et toute l'ancienne "Indochine" n'a jamais cessé d'être claire et totale... La demi-décennie suivante a été consacrée aux préparatifs (et au renforcement du Nord comme "base rouge"), puis la guérilla a été peu à peu activée dans le Sud (et encouragée au Laos et au Cambodge). On connaît la suite, jusqu'à la glorieuse prise de Saïgon en 1975 - 21 ans après les Accords de Genève qui avaient entériné la partition. C'est donc cette volonté (ou pas) de la direction maoïste de repasser un jour ou l'autre à l'offensive qui devait être questionnée au Népal ; et non le fait de "temporiser" et de s'asseoir à une table de négociations.]

    Mais ce n'était pas une raison pour se contenter de diffuser "bêtement" de l'information assortie de quelques commentaires, sans étude approfondie. Surtout à mesure que grandissaient les interrogations, devant les "tergiversations" du leadership maoïste ; comme par exemple lorsque le Président (Nepali Congress) de la République a fait son coup de force contre Prachanda, refusant (anticonstitutionnellement) le limogeage d'un général réactionnaire : les partis bourgeois étaient alors clairement démasqués, c'était le moment de repasser à l'offensive, et de terminer la révolution. Donc, libre à chacun-e de voir là une autocritique, mais ce n'est pas suffisant : une autocritique n'a de sens que si on la rectifie en pratique.

    Que ressort-il de ce réexamen ? Et bien, il en ressort qu'il faut revenir au principe fondamental maoïste : "la politique au poste de commandement", "c'est l'idéologie qui commande au fusil". Cela rejoint d'ailleurs la critique ci-dessus des gaucho-dogmatiques, qui donnent souvent l'impression d'une sacralisation du fusil. Enfin, pas de tout ce qui porte un fusil (ils analysent les FARC ou encore l'EZLN comme réformisme armé, à raison), mais disons "du fusil maoïste" : maoïste + fusil = révolutionnaire. Plus de fusil = révisionnisme. C'est franchement simpliste.

    Tout cela pour dire, qu'il faut se poser la question de quelle idéologie, quelle vision politique et quels objectifs ont "empoigné le fusil" au Népal en 1996.

    Là, on s'aperçoit que le PCN(m) est né en 1994 d'une fusion de plusieurs Partis marxistes, qui constituaient grosso modo le United National People's Movement ; "3e pôle" (le plus à gauche) du mouvement populaire ayant arraché un Parlement à la monarchie absolutiste, en 1990. Dans le cadre de ce mouvement populaire, et dans les années qui ont suivi, le futur PCN(m) (essentiellement PCN Mashal) a donc mené une lutte d'agitation de masse "classique" et légale. Comme le soulignait Prachanda en 2006, il a eu des représentants au Parlement, fait l'expérience du parlementarisme et du travail (contre la monarchie) avec les partis bourgeois. C'est là une différence fondamentale avec le mouvement ML, puis MLM d'Inde, qui s'est toujours construit dans la guérilla et l'action clandestine, dans l'hostilité de tous les autres partis dont celui-là même dont il est... issu, le PCI "marxiste" (révisionniste ultra).

    En 1994, le PCN(m) voit le jour. Il fait le constat que "tout a changé pour que rien ne change", et prépare la Guerre populaire qui sera déclenchée le 13 février 1996. Oui, mais dans quel objectif ?

    C'est là que l'on peut légitimement se demander si la Guerre populaire a bien été lancée pour une nouvelle démocratie (démocratie par et pour le Peuple, rejet de la tutelle indienne, mais impliquant dans l'infrastructure la liquidation de la féodalité et - au moins - du grand capitalisme lié à l'impérialisme)... ou bien, si elle a été lancée pour l'abolition de la monarchie (République) et la convocation d'une Constituante (pour une nouvelle Constitution "populaire"), éventuellement agrémentée d'un certain nationalisme face à l'Inde, d'un certain fédéralisme par rapport à la grande diversité ethnique du pays, et d'une "réforme agraire scientifique" dont le contenu resterait à déterminer.

    Cela renvoie au récent article théorique Sur le processus révolutionnaire :

    - La Guerre populaire a-t-elle été déclenchée pour changer la forme de gouvernement, la superstructure juridique et un certain nombre de relations sociales archaïques (vis-à-vis des femmes, des basses castes, des minorités ethniques), c'est à dire en définitive une réforme radicale ?

    OU

    - A-t-elle été déclenchée pour le changement de mode de production (en tout cas liquidation de la féodalité et du grand capitalisme interface de l'impérialisme, de la mainmise indienne etc.) : révolution de nouvelle démocratie ?

    Ou encore, la question peut se poser de la manière suivante :

    - la voie bolchévique, c'est à dire maoïste : UNE SEULE Guerre populaire accomplissant les tâches démocratiques puis, sans interruption, jetant les bases de la transition socialiste vers le communisme ;

    OU

    - le voie menchévique : une Guerre populaire pour l'abolition des rapports sociaux les plus archaïques, une démocratie bourgeoise "moderne", des "droits démocratiques pour tou-te-s", et ensuite on verra... ? [Sauf que la classe dominante reste en place, qu'elle n'aura de cesse de reconstruire sa position ébranlée, et de reprendre les concessions accordées !]

    Pour Servir le Peuple, le "revisionnage de tout le film" depuis le début amène à la conclusion que, de manière principale, c'est l'option "République et Constituante" qui a empoigné le fusil au Népal en 1996. SLP ne va pas se faire des amis, mais ce n'est pas nouveau. Le PCN(m) n'a pas pu muter en Parti révisionniste entre 2000 et 2005 : à cette époque, la Guerre populaire avançait triomphante, remportait victoire sur victoire (militaire), contrôlant au bout du compte 80% du pays. Ce n'est pas sur ce terreau que fleurit habituellement le révisionnisme (qui fleurit plutôt sur l'"impossibilité immédiate" de la révolution). C'est donc aux origines qu'il faut revenir : dès le début, la Guerre populaire au Népal a été menée pour l'instauration d'une République (abolition de la monarchie) et la convocation d'une Assemblée constituante pour une "Constitution du Peuple", tout ceci étant conçu comme une "étape indispensable".

    Et ça l'était : comme on l'a déjà dit, la monarchie des Rana était la clé de voûte du système de domination au Népal, rien ne pouvait se faire sans son abolition. Bien sûr, il était possible de mener cette tâche et les suivantes de manière ininterrompue, dans UNE SEULE et même guerre ; mais ce n'est (majoritairement) pas cette conception qui a déclenché la Guerre populaire en 1996 : c'était donc "difficile". La Guerre populaire de 1996-2006 ne pouvait donc être qu'une première Guerre populaire, appelant inévitablement une deuxième.

    C'est désormais celle-ci qui est à l'ordre du jour. Quand ? Avec qui ? L'avenir le dira ; la divination n'est pas dans les dons de SLP.

    Pour faciliter la compréhension des lecteurs/lectrices, un petit tour d'horizon de "qui est qui" dans le PCNU-M :

    - "Biplab" semble représenter ce qu'il y a de plus à "gauche" (de connu, en tout cas). Il critique la "révolution dans la superstructure" (changement de la forme de gouvernement) qu'ont voulu faire Prachanda et Bhattarai. Il évoque clairement la scission : "même si nous n'y allons pas ensemble (avec les réformistes NDLR), la révolution populaire ira jusqu'au bout".

    - Mohan Baidya "Kiran" est un représentant de la gauche, sans doute le plus "important" (il a dirigé le Mashal, prédécesseur du PCN(m), à ses débuts). Mais il semble très "buros", ses méthodes de lutte de lignes sont très bureaucratiques, procédurières : "notes de désaccord", appels à "clarifier" ou "rectifier". Il se caractérise également par un discours très souverainiste vis-à-vis de l'Inde, contre la "sikkimisation" du Népal (annexion pure et simple, comme le royaume du Sikkim en 1975 : il est peu probable que l'Inde aille jusque-là, mais il est clair qu'elle épaule totalement la Réaction locale).

    - CP Gajurel "Gaurav" semble plutôt de "centre-gauche". Il attend de l'actuel gouvernement Bhattarai qu'il "mène le processus de paix et la rédaction de la Constitution à son terme". Mais, dans le même temps, il dénonce la "perte de lien" du Parti avec les masses, et veut relancer le Pouvoir populaire à travers un "Conseil National Populaire Unifié", une sorte de "contre-pouvoir", mais la stratégie est globalement peu lisible. De ses interviews ressort une certaine surprise face aux évènements actuels, qu'il a néanmoins dénoncés vigoureusement.

    - Autre dirigeant important, "Badal" : d'après ce commentaire sur Southasiarev, il envisagerait clairement un "nouveau Parti, une nouvelle Armée populaire et un gouvernement parallèle"...

    Prachanda et Bhattarai, on ne les présente plus. Qu'a-t-il bien pu se passer avec eux ? Et bien, c'est ce que SLP répète inlassablement : outil indispensable à la révolution, le Parti est aussi porteur par nature d'individus qui ne "font la révolution" que pour accéder au "rôle dirigeant" qu'ils estiment leur revenir... Certains vont jusqu'à la révolution (renversement de la classe dominante), mais d'autres (beaucoup), voyant la classe dominante prête à les accueillir en son sein, s'engouffrent dans l'opportunité (on les appelle donc : les opportunistes). Comme on l'a dit, Prachanda et Bhattarai n'ont sans doute déclenché la Guerre populaire en 1996 que pour des objectifs "républicains" et, en 2005, avec la rupture entre le roi et les partis bourgeois, cette "opportunité" s'est ouverte. Ensuite, ils ont mangé au râtelier de la classe dominante, et acquis la conscience de classe qui va avec (c'est la situation matérielle qui détermine la pensée, doit-on le rappeler ?), sachant qu'à la base, ce sont déjà des bourgeois (Bhattarai est un universitaire renommé). Quand aux gauchistes (qui, historiquement, sont "la réponse du berger à la bergère" opportuniste, qu'ils renforcent objectivement), ils ne sont pas faits d'un bois bien différent… Moins brillants peut-être selon les critères dominants : les opportunistes, finalement, réussissent là où ils échouent. C'est la raison pour laquelle, "pris de rage" comme disait Lénine, ils adoptent une posture "ultra-radicale", s'étranglent, éructent... mais c'est au fond la même culture politique et de classe. Face aux opportunistes, les gauchistes se voient tout simplement dans un miroir déformant.


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    Questions-réponses sur la situation au Népal


    Pour aborder un sujet aussi complexe, et important pour le mouvement communiste international, peut-être ne vaut-il rien de mieux qu'un système de questions-réponses...

    Voici donc :


    1. Quels sont les défis à l'ordre du jour pour les maoïstes népalais ? Quels sont les limites, les obstacles ? 

    Les défis ? LE défi, plutôt, est désormais énorme et inévitable. Le PCI(ML) Naxalbari (communiqué traduit récemment ici) parle de "lever le drapeau de la rébellion ouverte contre le quartier-général révisionniste". On ne saurait mieux résumer. Que les révolutionnaires, dans le Parti, soient une majorité ou 10%, la question n'est pas là. La question, au regard des faits et au regard de l'histoire du MCI, est qu'ils ne peuvent plus cohabiter avec Bhattarai, Prachanda et leurs partisans. Il n'est plus possible de mener une lutte de lignes "franche et ouverte", "en toute camaraderie", comme cela s'est fait ces dernières années (mais depuis près d'un an, le ton commençait à monter...). À la rigueur, une dernière lutte interne, de manière très antagonique, peut permettre de "compter ses forces". Mais c'est tout.

    Le PCI(ML) Naxalbari dit que "la première chose qu'ont fait les révisionnistes, c'est de transformer le Parti en forum de discussion inopérant", et c'est malheureusement vrai. Mais aujourd'hui, les révisionnistes en question ne respectent même plus ces règles. Leurs agissements se passent des décisions du Parti. 

    Mais on vient là à LA limite : les moyens, quantitatifs et SURTOUT qualitatifs de lancer ce qu'il faut bien appeler une nouvelle révolution... Ne nous berçons pas d'illusions dans l'immédiat. Comme on vient de le dire, les révisionnistes ont "englué le Parti dans le miel" d'un débat "soft", d'un grand "libéralisme" entre les lignes (globalement trois : la gauche Kiran-Gaurav-Biplab, le centre Prachanda et la droite Bhattarai). Il y a vraiment de quoi questionner la "profondeur" du maoïsme dans le Parti népalais. On a toujours eu l'impression, ces dernières années, d'un débat extrêmement mou, extrêmement interne aussi (laissant à l'écart une grande partie des militant-e-s, et a fortiori le mouvement organisé ouvrier, paysan etc.), avec une recherche permanente du consensus. Alors que les occasions de repasser à l'offensive ont été nombreuses, aussi bien quand Prachanda s'est retrouvé Premier ministre que (surtout !) quand il a démissionné après un coup de force du Président ; ce fonctionnement a toujours laissé la situation "au milieu du gué", à coup de "ne pas se précipiter", "voyons quelles proposition les partis bourgeois peuvent encore accepter", "ils vont bien finir par tomber le masque et nous déclencherons la révolte populaire" etc. Dans la conception maoïste du Parti, quand l'enjeu n'est ni plus ni moins que révolution... ou pas révolution, la lutte de lignes est autrement plus antagonique, il ne peut pas y avoir de consensus, seulement un gagnant et un perdant !

    Tout cela, et je pense que le PCI(ML) le résume assez bien, a amolli la gauche révolutionnaire dans le Parti, "décapité sa force idéologique". C'est assez net, dans les interviews, chez les "vieux" (Kiran, Gaurav) ; les jeunes comme Biplab semblent plus déterminés. Ce dernier, avec un sens très "mao népalais" de la périphrase, va jusqu'à dire que "même si nous ne pouvons pas continuer ensemble, la révolution populaire ira jusqu'au bout" : il est le seul, à ce jour, à sous-entendre la scission. Reste à savoir ce que représente, pour lui, le "bout" de la révolution populaire...

    On a vraiment l'impression d'une grande peur de la rupture (sauf ci-dessus chez Biplab). Il faudrait, c'est très important, savoir combien de militant-e-s et sympathisant-e-s chaque ligne a derrière elle. On peut craindre que s'il y en a trop peu, Kiran et Gaurav n'osent pas la scission minoritaire...

    On voit là un principe essentiel du marxisme-léninisme-maoïsme : ce sont les faiblesses, les limites (dans la conception et dans la pratique) de la GAUCHE révolutionnaire qui permettent le triomphe du révisionnisme, pas la force du révisionnisme lui-même.


    2. Peut-on dire que "nous n'avons rien vu venir" ?

    Non. Pas du tout. Dès 2006, dès 2005 même, quand a germé l'idée d'accord avec les partis bourgeois alors que le roi avait instauré sa dictature personnelle (avec l'Armée royale), l'inquiétude s'est exprimée, l'alerte a été donnée. La "fracture" dans le "MMI" ("mouvement maoïste international") a en réalité porté sur la question d'une critique constructive... ou pas. Pour SLP, mais aussi pour beaucoup d'organisations (SLP n'est pas une organisation), il a été considéré que rejeter immédiatement le PCN(m) tout entier, "de la base au sommet", de "l'extrême-droite" type Bhattarai à l'extrême-gauche type Biplab, dans le 9e cercle de l'Enfer révisionniste ne servirait en rien 1°/ ni les véritables maoïstes révolutionnaires de ce pays, dans le PCN(m) ou en dehors, dans leur résistance à la dérive réformiste, 2°/ ni les masses exploitées du Népal dans leur long chemin d'émancipation, 3°/ ni le Mouvement Communiste International. Bien sûr cela a été qualifié de "centrisme", d'"opportunisme", de "prachandisme" voire de "trotskisme" par les "non-constructifs"... Dont on aimerait bien aujourd'hui, tout à leur "triomphe" d'avoir eu raison, qu'ils nous expliquent en quoi leur attitude a été plus utile, et à la révolution au Népal et au MCI.

    Il faut préciser aussi que, le PCN(m) étant alors membre du MRI et du CCOMPSA, beaucoup de critiques, de demandes d'explications, de rappels "à la raison" se sont faits "en interne" à ces coordinations internationales, et les documents n'ont été rendus publics que beaucoup plus tard. On peut se risquer à dire que la critique violente et ouverte, publique dès le départ, a plutôt été le fait de groupes se sentant "à l'écart" du MRI. D'ailleurs, il a été un temps reproché au RCP-USA (qui "domine" le MRI) d'avoir influencé le PCN(m), avec ses thèses (qui sont effectivement) révisionnistes. Mais ensuite, le RCP-USA a rendu publique une très dure (et précoce) critique du PCN(m)…

    Pour ce qui est d'une juste appréciation de la situation, en temps réel, par les communistes étrangers, il y a plusieurs obstacles majeurs :

    - L'information : elle arrive au compte-goutte. Ce problème m'a été plusieurs fois mentionné, notamment par le Comité de Solidarité Franco-Népalais.

    - De plus, elle provient souvent de la presse BOURGEOISE locale (Himalayan Times, Republica, Nepal Telegraph), qui décrit surtout... ce qu'elle veut bien voir. Le Red Star, l'organe du Parti lui-même, semble quant à lui rapidement tombé aux mains de la droite (avec des publicités pour des voitures japonaises etc.), ce qui est effectivement un sérieux problème quand on connaît l'importance de l'organe de presse dans la conception léniniste. Ceci dit, récemment, des organes de la "gauche révolutionnaire" ont vu le jour sur internet, comme The Next Front.

    - Au niveau des communiqués, des interviews de différents dirigeants... Il faut comprendre une chose : les Népalais, culturellement, sont pudiques et réservés. Leurs déclarations sont donc des sommets de périphrase, d'implicite... il faut vraiment lire entre les lignes. C'est très frappant, quand on étudie en comparaison les déclarations de maoïstes sud-américains, où tout le bestiaire ("rats", "chiens" etc.) y passe pour désigner l'adversaire "déviationniste". Tout cela pour dire qu'il est difficile de savoir où en est l'intensité des affrontements au sein du Parti, les "plans d'action" des uns et des autres.

    - Et puis, on y revient, il y a un certain "culte" de l'interne. Tout a tendance à se régler en interne, dans des réunions entre cadres, et bien sûr nous n'avons les informations qu'une fois que les décisions sont prises, et même déjà en application. Toujours le même problème du manque de mobilisation des masses, au moins des masses "militantes" (communistes, sympathisantes, syndicalistes ouvrières, paysannes et étudiantes), dans la lutte de lignes. Ce n'est pas (que) de l'avenir du Parti qu'il est question, mais du Peuple népalais : il ne peut pas rester éternellement spectateur ! C'est un grand enseignement du maoïsme qui n'est pas appliqué là... Là encore, on peut se poser des questions.


    3. La dérive bourgeoise au Népal est aujourd'hui manifeste, mais, à quand peut-on en faire remonter les racines ?

    C'est une très, très vaste question... Si l'on compare, par exemple, avec l'Inde : les marxistes-léninistes, puis maoïstes indiens se sont toujours construits dans la lutte et la clandestinité. Au cœur de la jungle ou au fin fond des grandes villes, traqués comme du gibier, ils n'ont jamais eu accès à "l'espace démocratique" bourgeois de la "plus grande démocratie du monde"... Quand bien même la plupart des leaders sont des intellectuels de la classe moyenne. Le PC maoïste du Népal, lui, s'est formé en 1994 de la réunion de plusieurs petits partis... parlementaires. Ils avaient participé au jeu parlementaire arraché à la monarchie, par un mouvement populaire, en 1990 (ils avaient bien sûr participé à ce mouvement populaire). Le Parti s'est formé, pour lancer la Guerre populaire deux ans plus tard, sur le constat que la monarchie parlementaire était un vaste foutage de gueule, que "tout avait changé pour que rien ne change" ; constat juste, évidemment. Mais c'est une différence de culture politique énorme.

    Ensuite, quels étaient les buts de la Guerre populaire ? Je me souviens d’une chose avec certitude. C'était fin 2002 ou début 2003, peu avant le début de la guerre en Irak, et à cette époque, j'ai lu quelque part (peut-être dans "Partisan", ou pas, je ne sais plus) qu'il y avait au Népal une guérilla maoïste, et qu'ils luttaient pour l'abolition de la monarchie et la convocation d'une Assemblée constituante. Je suis absolument certain de l'époque. C'était, donc, bien avant Chunwang (novembre 2005), bien avant l'alliance de 2006 avec les "Sept partis" bourgeois, bien avant que (partant de là) tout le monde se mette à hurler à la "trahison" des maos népalais. On peut donc légitimement se demander si, pour au moins une partie du PCN(m) (en tout cas du leadership), la guerre n'a pas été menée, de A à Z, uniquement pour l'instauration d'une République. Prachanda aurait alors parlé de "tactique" parce qu'il pensait à ce moment-là que les "Sept partis" trahiraient l'accord, qu'ils n’accepteraient pas l'abolition de la monarchie et la convocation d'une Constituante, et qu’alors la guerre reprendrait (les maoïstes conservaient les clés des containers d'armes). Mais si l'on arrivait à une République et à un accord sur une Constitution démocratique et fédéraliste, alors... C'est, franchement, quelque chose de très possible. Bien sûr, il y avait sûrement aussi (et il y a sûrement toujours) des éléments menant la Guerre populaire... pour les objectifs d'une Guerre populaire, à savoir la Démocratie Nouvelle.

    Mais voilà. Le ver était dans le fruit. Pourquoi, alors, n’avoir rien dit à l'époque ? Il faut être cohérent et aller au bout de sa logique… Les organisations qui ont commencé, dès le début 2006 voire la fin 2005, à hurler au "révisionnisme", aux "nouveaux Thorez" etc. avaient jusque-là célébré, chanté les louanges de la Guerre populaire au Népal avec une grandiloquence...


    4. Mais alors, on nous l'a faite à l'envers depuis le début ? Nous avons soutenu 10 ans, 15 ans parfois, une mascarade ? Il n'y a rien eu de positif au Népal ?

    Il ne faut pas raisonner comme cela. L'histoire avance en spirale. BIEN SÛR, il faut être absolument clairs là-dessus : il était 100% possible de faire la révolution de démocratie nouvelle, entre 2006 et maintenant. Il était 100% possible, conservant en main les clés des stocks d’armes, d’instituer une situation de DOUBLE POUVOIR (bourgeois réactionnaire, à la rigueur ‘réformiste’, et populaire révolutionnaire) et à la première occasion, par exemple lors du ‘coup de force’ présidentiel contre Prachanda en 2009, de démasquer la classe dominante et la dégager… Malheureusement, les conceptions révolutionnaires à même de faire cela, par leurs faiblesses et leurs erreurs, ont laissé prévaloir les conceptions réformistes, de conciliation avec l’oligarchie. Mais concentrons-nous maintenant sur ce qui est, et non sur ce qui aurait pu être.

    Il faut déjà bien avoir en tête la situation politique, économique et sociale au Népal avant la Guerre populaire. Plaçons-nous en 1989. Politiquement, une monarchie absolue. Comme ici sous l'Ancien régime. Les villes, en peut-être moins surpeuplées : comme en Inde. Tout le monde a vu des reportages là-dessus. Une grande misère côtoyant une grande opulence des nobles, des castes supérieures, des grands bourgeois, le tout dans des rapports sociaux féodaux, où certains "ne se donnent la peine que de naître". Dans les campagnes... le Moyen-Âge. L’État, les infrastructures de base, n'y arrivaient généralement pas. La seule autorité était celle du grand propriétaire local, exerçant une "crainte révérencielle" sur les paysans misérables.

    Dès les années 70, mais surtout à la fin des années 80, il y a eu un grand mouvement "démocratique bourgeois" (seulement dans les villes), pour arracher à la monarchie un Parlement et, au moins, une vie politique... du 20e siècle. Ce qui a été obtenu en 1990. Fin d'un premier cycle. Mais ensuite, le changement politique a été très cosmétique, rien ou presque n'a changé dans les rapports sociaux, et évidemment rien au niveau socio-économique. Donc, constitution du PCN(m), Guerre populaire (1996-2006), nouveau mouvement démocratique (2006), chute de la monarchie, et voilà la République parlementaire bourgeoise que nous avons à présent.

    Tout cela, va-t-on dire, c'est dans la superstructure, ce sont des changements de forme de gouvernement ! En effet. Sur le plan socio-économique, pas grand chose n'a changé, le Népal est toujours dans les 9 "pays moins avancés" (selon les critères de l'ONU) d'Asie. Comme le dit Biplab, "on ne fait pas la révolution à partir de la superstructure", on ne change pas la nature de classe de l’État en changeant simplement la forme des institutions.

    Mais un grand principe du maoïsme, c'est aussi "la politique au poste de commandement". C'est compliqué à comprendre, mais il faut faire l'effort. À un moment donné, pour faire court, un certain système politique est la "clé de voûte" de l'ordre social existant. Il faut le faire sauter. Par exemple, qui imaginerait la Révolution russe sans, d’abord, la chute du Tsar ? Il y a d'abord eu la chute du Tsar, ENSUITE le pouvoir des soviets et la Révolution d'Octobre, et ENSUITE l'instauration d'une économie socialiste. Bien sûr, tout cela est allé très vite, ce qui n'est pas le cas au Népal.

    Inversement, dans le socialisme, transition du capitalisme au communisme, la clé de voûte, c’est le Parti (d’où la citation de Mao : "la politique au poste de commandement"). Si le Parti cesse d’être communiste, de vouloir le communisme, le capitalisme sera rétabli : la bourgeoisie, la contre-révolution mondiale, sait où elle doit taper…

    Au Népal, la clé de voûte, c'était la monarchie. La même classe dominante est toujours au pouvoir, elle tient l'économie, les moyens de production. Sa représentation est essentiellement le Nepali Congress (ensuite, elle s'appuie sur les réformistes de l'UML et bien sûr... du PC maoïste, désormais "unifié" après absorption d'un petit parti révisionniste). Mais elle est ébranlée. Elle a perdu sa clé de voûte. De 1990 à 2005, les partis bourgeois comme le NC et l'UML ont participé au parlementarisme, ont eu des Premiers ministres, sans jamais remettre en cause la monarchie. Même quand le roi (Gyanendra) a instauré sa dictature personnelle, même au plus fort du "Mouvement populaire II" au printemps 2006, même dans les accords qui ont suivi (sous l'égide indienne) il n'a pas été question d'abolir la monarchie. Le mot d'ordre de "République" a germé courant 2006, pour déboucher sur l'Accord de novembre avec les maoïstes. Tout cela, c'est la pression de la Guerre populaire, et de comment sauver sa peau, comment être du "bon côté de la barricade" (la barricade étant alors entre les maoïstes et la dictature monarchique). Les partis bourgeois (et la classe dominante qu'ils représentent) ont sauvé leur peau. Mais affaiblis.

    Même sur le plan socio-économique, n'exagérons pas le "rien". Il y a eu des terres confisquées pendant la Guerre populaire et distribuées aux paysans (il est maintenant question de leur reprendre : comme cela va-t-il se passer ?). Dans les villes, c'est toujours le capitalisme bureaucratique et la sous-traitance de l'Inde (elle-même sous-traitante du monde), mais il y a eu, pendant la Guerre populaire et dans tout le processus jusqu'à maintenant, de grandes grèves générales politiques, de grandes mobilisations etc. Les maoïstes avaient réussi à infiltrer les villes, les syndicats... Et depuis 2006, ils ont eu quartier libre bien sûr.

    Donc voilà : il est totalement ABSURDE de dire que "tout a été liquidé", qu'on en serait revenu à la situation de 1990-94. Quantitativement et qualitativement, la lutte de classe, la lutte pour l'émancipation des classes exploitées, est à un niveau bien supérieur. Fin d'un deuxième cycle.

    Et début d'un troisième ! Celui-ci pourra être extrêmement prolongé, peut-être des décennies... Pour commencer, il faut un nouveau Parti révolutionnaire, car maintenant, à l’ordre du jour, c'est la Révolution de Nouvelle Démocratie ou rien. Cela renvoie à la première question.

    Ensuite, l'histoire peut aussi s'accélérer, notamment en cas de grands succès de la Guerre populaire en Inde. La tutelle indienne est l'autre "clé de voûte" de l'ordre social au Népal. C'était d'ailleurs un autre grand "objectif" de la Guerre populaire : l'indépendance nationale "véritable" ; et celui qui a d'ailleurs été le plus trahi, quand on voit l'attitude du gouvernement Bhattarai en ce moment. Bhattarai est un ami déclaré du gouvernement de New Delhi.

    Dans ce cas, les choses pourraient aller beaucoup plus vite que prévu, on pourrait voir les forces révolutionnaires du Népal se reconstituer sur le modèle de leurs voisins indiens, tandis que les difficultés du gouvernement indien rendraient intenable la position de la classe dominante et des partis bourgeois népalais, qui n'ont désormais plus que cette "clé de voûte" là... Politique-fiction.

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    En manière de conclusion sur la situation au Népal et ses répercussions dans le Mouvement communiste international


    Il ne s'agira pas, ici, de revenir sur les évènements en cours au Népal (d'où ne parvient, à l'heure actuelle, que peu d'information), mais plutôt de s'intéresser aux implications de ces évènements, et de tout le "parcours" du mouvement maoïste népalais depuis 2006, pour les masses exploitées du Népal et aussi pour le Mouvement Communiste International. Car le "cycle" qui se referme est riche d'enseignements, rappelle (aussi) quelques fondamentaux, et DOIT POSER des distinguos et des lignes de démarcations claires. En particulier, tout un courant gaucho-dogmatique international, se réclamant du maoïsme, a dès le début (2005-2006) considéré la situation "pliée" au Népal, et absolument plus digne d'intérêt… tant mieux pour nous, quelque part. Mais voilà qu'il revient à présent à la charge, au lieu de savourer silencieusement sa "victoire" comme les gauchistes savent si bien le faire, quand leurs "prophéties" de "révolution trahie" se réalisent…


    1. Sur l'assimilation ignominieuse des (vrais) maoïstes au trotskysme (par les pseudo-maoïstes gaucho-dogmatiques)

    Depuis la fin de la Guerre populaire népalaise (2006), sur une "capitulation" pour certains, le débat sur la situation a fait rage dans le mouvement maoïste international. Un certain nombre d'organisations rejetant clairement et sans appel le PC maoïste du Népal dans les "poubelles" du révisionnisme et de l'histoire ; d'autres considérant que s'y jouait obligatoirement une lutte de ligne, qu'il y aurait toujours des éléments pour s'opposer (le cas échéant, ça l'est aujourd'hui) à la capitulation, et que le DEVOIR des maoïstes dans le monde était de soutenir les révolutionnaires au Népal, d'avoir toujours un œil attentif sur les processus réels, de ne pas déclarer "mort-née et enterrée" du jour au lendemain la première (potentielle) révolution du 21e siècle. Se voyant, par là, qualifiés de "centristes" dans le meilleur des cas, ou carrément d'"opportunistes"... Le débat a pu présenter des arguments sérieux, pointant parfois à juste titre les illusions des "centristes", illusions qui se révèlent clairement aujourd'hui ; mais il a pu aussi prendre une tournure absolument lamentable, à l'image du sectarisme qui anime certaines "avant-gardes autoproclamées". C'est encore une fois le cas dans un document publié par des tenants de la ligne gaucho-dogmatique, qui aligne les inexactitudes, les contre-vérités, et finalement une vision totalement métaphysique des lignes dans un Parti et de leur lutte... 

    Cela commence (mais on ne fera pas ici un mémoire de "trotskologie") sur une  confusion entre le "droit de tendance" trotskiste et l'"entrisme" dont la théorie est contenue dans le "Programme de transition". C'est inexact et cela renvoie au problème de "connaître l'ennemi". Ce sont deux choses différentes. Le droit de tendance peut être invoqué à l'appui de l'entrisme, certes, mais ce dernier repose principalement sur un (premier) constat d'échec du trotskysme : les PC étant (à l'époque du "Programme") devenus "staliniens", il n'était plus possible (pour les trotskistes) d'y opérer ; il fallait donc "repartir à zéro" et revenir dans les organisations de la social-démocratie (où le droit de tendance est absolu), "comme le POSDR", pour en constituer la "tendance marxiste révolutionnaire" et, à partir de là, reconstituer un nouveau "parti bolchévik". Ce qui est une négation de la nature de la social-démocratie sous l'impérialisme, donc du léninisme. L'enseignement de Lénine est justement qu'à l'époque impérialiste, il n'est pas possible à des communistes révolutionnaires d'opérer au sein d'un parti réformiste : c'est la raison pour laquelle, à partir de 1912, les bolchéviks et les menchéviks forment deux organisations totalement distinctes. Mais bref.

    Le "droit de tendance", lui, n'est pas vraiment une invention trotskiste, mais plutôt un emprunt au "marxisme antiautoritaire" (c’est à dire anti-léniniste) petit-bourgeois, ainsi qu'au conseillisme (qui nie la nécessité du Parti : "tout par les conseils de travailleurs"). Il part du principe que la conception léniniste du Parti (qui a ses limites et que l'on peut repenser, ne soyons pas aveugles) est "autoritaire", "centraliste", "bureaucratique" ; que tout le monde "ne peut pas penser la même chose" et "doit pouvoir s'exprimer". Les trotskistes l'ont adopté pour contester le centralisme du PCbUS, qui les mettait à chaque Congrès en écrasante minorité (de l'ordre de 5% des délégués).

    Le problème du "droit de tendance", c'est essentiellement que :

    1°/ c’est une conception idéaliste, selon laquelle les tendances existent "comme ça", "parce qu'elles le veulent bien", parce que c'est "la liberté d'opinion" (mais bien sûr, on ne peut pas tolérer des réactionnaires dans l'organisation révolutionnaire : donc, où fixer la "limite" ?). Pour les maoïstes, au contraire, les lignes ne sont pas l'expression de la fantaisie des un-e-s et des autres : elles sont le reflet, dans le Parti, des conceptions de classe et de la lutte des classes existant dans la société. Gramsci expliquait déjà, dans les années 20-30, que les classes ne sont pas séparées idéologiquement par des murailles imperméables : les conceptions bourgeoises (qui pourra le nier ?) influencent le prolétariat, mais parfois même les bourgeois "s'ouvrent" (pour sauver leur position) à des conceptions prolétariennes, accordent des "concessions", adoptent une posture "humaniste et sociale" (sans pouvoir toutefois, en tant que classe, aller au-delà : aucune classe ne se "liquide" elle-même).

    2°/ (conséquence de ce qui précède), les "tendances" se VALENT et ont "le droit" d'exister, aucune n'a raison ni tort a priori, elles coexistent pacifiquement et de leur "débat démocratique" naît la position juste à adopter sur le moment. Les trotskystes n'ont souvent que le mot d'"unité" à la bouche (et cela influence, aujourd'hui, des "staliniens"), mais généralement, cela débouche sur une pratique et des résultats réformistes : une partie des trotskystes s'en contente alors (car "les conditions n'étaient pas réunies" pour la fameuse "grève générale révolutionnaire"), l'autre hurle à la "trahison réformiste" et fait scission...

    Pour les maoïstes, au contraire, les lignes existent objectivement (pas par "liberté d'opinion"), et elles reflètent la lutte des classes et des conceptions dans la société, la lutte entre l'ancien et le nouveau, car le Parti est DANS la société, pas dans le ciel des idées. La "droite" (opportuniste, conciliatrice de classes) représente l'influence des conceptions bourgeoises dans le Parti ; la "gauche" représente les conceptions révolutionnaires du prolétariat ; le "centre" représente ceux/celles qui "s'arrêtent à mi-chemin" (souvent par sacralisation de "l'unité des communistes"). La gauche représente le nouveau et la droite l’ancien. À cela s’ajoute la contradiction entre idées justes et idées fausses dans la recherche de la "vérité", de la conception juste du monde. Et la lutte entre les lignes est le moteur de la vie du Parti*. La ligne qui prévaudra décidera si celui-ci va vers la révolution, le socialisme et le communisme ; ou vers le révisionnisme et le réformisme bourgeois (comme "aile gauche" de celui-ci), ou la restauration capitaliste (dans les pays déjà engagés sur la voie du socialisme).

    C'est une différence fondamentale, mais c'est la seule ; il n'y a pas besoin de partir dans un salmigondis métaphysique imbitable comme quoi la "ligne rouge" représente "la vie" et "l'insurrection de la matière", la ligne "noire" représente "la mort" etc. Mais, à vrai dire, même dire cela est inexact. Il n'y a pas de "différence" entre "ligne" et "tendance" : ce sont deux compréhensions de la même chose, mais l'une est petite-bourgeoise, idéaliste et donc erronée. En réalité, les "tendances" N'EXISTENT PAS. Il n'y a que des lignes, qui sont la compréhension JUSTE de cette réalité qu'est l'existence d'opinions différentes dans le Parti révolutionnaire. Ces positions différentes sont des lignes, l'une est juste et les autres fausses, et c'est la ligne juste qui doit l'emporter. Ce qui, parfois, n'est pas le cas, mais nous y reviendrons. Quant au "fractionnisme", il n’est tout simplement que le "retour en force" de la réalité : que les "tendances" sont des lignes, qu’elles sont des positions de classe, des idées justes et des idées fausses, et qu’elles ne sont pas conciliables. La prise de conscience est aussi brutale que cela a été nié, et s’exprime sous forme de "fractions". Un Parti qui a, au contraire, correctement compris le caractère moteur de la lutte de lignes, peut par contre y faire face jusqu’à un certain niveau d’antagonisme.

    En fait, il existe une seule assimilation des "lignes" et des "tendances", de la conception trotskiste (ou "marxiste antiautoritaire") et maoïste du même phénomène : c'est celle des "dogmato-révisionnistes" (type "albanais"), pour qui le Parti doit être "monolithique", imperméable à la lutte entre conceptions de classe dans la société ; le "mal" ne peut venir que de l'extérieur (qui infiltre ses "agents" dans le Parti) ; et toute remise en cause de cela est une "hérésie" absolue. Par ailleurs, le "droit de tendance" trotskiste n'a pas de réelle existence en pratique : il n'y a pas plus monolithique et sectaire qu'une organisation trotskiste "orthodoxe".

    Finalement, l'impression qui se dégage de cette critique gauchiste, c'est que l'histoire en mouvement est un fleuve dans lequel les individus humains se laissent complètement balloter. Les un-e-s représentent le nouveau, les autres l'ancien (et sont condamnés à disparaître, à être liquidés). Il n'y a pas de choix, pas d'évolution possible, pas de dialectique de la "matière humaine". Les maoïstes du Népal, qui auraient eu le tort de "ne pas subir une véritable guerre d'extermination" (ignoble !), sont 100% révisionnistes, il n'y a parmi eux que des "tendances" (pas de lignes) ; ils appartiennent définitivement à l'"ancien". Au milieu de tout cela surnage une poignée d'élus, le "Parti de la Science", qui pourrait, si l'on comprend bien, choisir le sens du courant qui le porte. "Objectivisme" total : l'objectivité de l'existence des lignes est portée à une extrémité gauchiste, où les individus qui composent le Parti n'ont aucun choix, aucun libre-arbitre (dans les limites de "l’empreinte de classe" bien sûr**) pour faire partie de la révolution ou de sa trahison...

    La Guerre populaire, autrement dit la révolution prolétarienne (socialiste ou de démocratie nouvelle selon les pays), est définie comme une "insurrection de la matière" : pas faux, mais simplificateur, "matérialiste métaphysique" et déterministe au possible. La révolution prolétarienne est une insurrection du NIVEAU DES FORCES PRODUCTIVES et de la "CONSCIENCE DE MASSE" générée, contre le mode de production et les relations sociales (juridiques, morales etc.) qu'il induit. À mesure que le temps s'écoule, le niveau des forces productives est en contradiction de plus en plus aiguë et insoutenable avec le mode de production, mais, en définitive, c'est la "conscience collective" générée et sa "pointe avancée", l'idéologie révolutionnaire, qui sont déterminantes. Il y a des "situations objectives" plus favorables que d'autres à la révolution mais, depuis le début du 20e siècle, ce sont les conditions SUBJECTIVES de la révolution prolétarienne qui sont déterminantes (et font souvent défaut). La "matière" ne "s'insurge" pas toute seule. Ce sont les idées, la pensée humaine qu'elle engendre qui font la révolution (et aussi la contre-révolution, idée engendrée par la propriété capitaliste qui fait aussi partie de la matière !). Cette notion d'"insurrection de la matière" dégage un déterminisme "matérialiste" total, qu'on retrouve dans l'idée que "le capitalisme ne pense pas" (c'est bien connu, le capitalisme ce n'est pas des gens, les bourgeois, qui réfléchissent "à l'occasion" sur les moyens de conserver leur position de classe !).

    Mais, parallèlement, surgit parfois au détour du raisonnement un subjectivisme total : ainsi, l'esprit maléfique des trotskystes pourrait donner une réalité aux "tendances", lesquelles N'EXISTENT PAS sinon dans leur compréhension extrêmement petite-bourgeoise du Parti.


    2. DONC, dire qu'il n'existe pas de lignes dans le PC maoïste du Népal est anti-scientifique.

    Ce qui est vrai, en revanche, c'est que la ligne "rouge", la ligne révolutionnaire dans un Parti, peut être défaite. Et, dans la défaite, elle peut aussi dégénérer, se "droitiser" (c'est souvent le cas). Les causes de la défaite de la ligne rouge, qui a été très fréquente au 20e siècle (dans les PC français, italien, soviétique, à vrai dire tous les PC de la première vague révolutionnaire mondiale !), sont à rechercher D'ABORD à l'intérieur de la "ligne rouge" elle-même : c'est la thèse fondamentale du primat des causes internes. Ce n'est pas que "les autres" (révisionnistes, bourgeoisie, impérialisme mondial) ont été "plus forts", mais que les révolutionnaires eux-mêmes étaient limités dans leur conception du monde, du Parti, dans leur stratégie et leurs méthodes pour lutter contre le révisionnisme (= les conceptions bourgeoises au sein du Parti). Stratégie erronée ou (carrément) absente, insuffisance ou absence de mobilisation de masse derrière la ligne révolutionnaire... etc.

    Ce qu'il est (donc) possible de dire, c'est qu'en l'état actuel (2011) des choses, pour les raisons qui précèdent, les révolutionnaires maoïstes (les vrais) du PC népalais ont subi une lourde défaite. Une défaite dont ils ne se relèveront pas avec des "marches aux flambeaux" et autres mobilisations pacifiques, car aujourd'hui, avec le gouvernement Bhattarai et ceux qui, dans le Parti, l'appuient (y compris Prachanda lui-même), ce n'est plus la voie pacifique qui s'impose. Il se peut que les révolutionnaires sincères (Kiran, Gaurav, Biplab etc.) ne le comprennent pas, ou s'y refusent, car il est toujours terrible d'affronter de manière antagonique des gens aux côtés desquels on a lutté pendant des années, parfois toute une vie. Dans ce cas, la révolution démocratique au Népal est MORTE... dans l'immédiat. Car (et c'est là un autre principe maoïste absolu) "ce n'est qu'un détour" !


    3. Quelle est l'analyse correcte sur la situation au Népal ? 

    Nous y arrivons donc. Précision importante : ce qui va suivre n'est pas la position des organisations de la dite "Déclaration du 1er Mai 2011", au rang desquelles le PC maoïste de France, accusées par les ultragauchistes de "soutenir avec des critiques" la ligne et les agissements de Prachanda, ce qui est une autre contre-vérité absolue***. Cette position est celle de SLP et uniquement SLP.

    Pour SLP, donc, il n'y a pas "rien eu" au Népal ces 15 dernières années, et l'on est nullement "revenu à zéro".

    En 2006, les maoïstes du Népal contrôlaient 80% du pays et encerclaient la vallée de Katmandou (la capitale), qu’ils pouvaient d’ailleurs couper complètement du reste du pays (blocage des routes). La prise militaire de la ville (par les maoïstes) était-elle alors possible ? C’est un vaste débat… Elle n'était sans doute pas impossible du fait de l'Armée royale (le moral à terre, parfois plus payée depuis des mois). En revanche, se déroulait dans la capitale un grand mouvement populaire démocratique (bien qu'à direction (100%) bourgeoise) contre la dictature personnelle du roi appuyée sur l’Armée. Dans ce contexte, l’assaut révolutionnaire sur Katmandou aurait-il été judicieux ? Question à jamais sans réponse. La question n’a pas beaucoup eu le temps de se poser, et le fait est que le mouvement populaire a devancé la prise de Katmandou par les maoïstes, conduisant l’autocrate Gyanendra à se retirer dans son palais. Plusieurs mois avant d’être paraphé en bas d’une feuille, l’accord "tactique" des maoïstes avec les partis bourgeois était scellé de facto.

    Globalement, Servir le Peuple tend vers la position des maoïstes du sous-continent indien, membres du CCOMPSA (conférence sous-continentale des organisations maoïstes) comme le PCI(ML) "Naxalbari" : dans la situation objective de 2006, négocier et "composer" avec les partis bourgeois pro-républicains (certains de la dernière heure, mais bon…) n'était pas en soi une marque de révisionnisme le plus infâme, putrescent et tous les épithètes qu'on voudra. Les communistes chinois, dans leur Guerre populaire, ont plus d'une fois "composé" avec les nationalistes du Kuomintang, qui les ont pourtant massacrés en 1927. Pour autant, un certain nombre de positionnements, de la part de la direction népalaise, étaient déjà clairement source de préoccupation ; des "niches à déviation de droite" comme dit le PCI "Naxalbari". C'est bien sûr sur ces niches que sont tombés à bras raccourcis les gaucho-dogmatiques, pour décréter le PCN(m) entièrement et définitivement révisionniste, l'isolant internationalement, ce qui renforce TOUJOURS la droite.

    Ce qui est certain, en revanche, c'est que la "tactique" qui a alors été suivie a été pensée et menée de manière complètement droitière, en partie "grâce" au fait que les principaux chefs de file de la gauche révolutionnaire (Kiran et Gaurav) étaient absents, emprisonnés en Inde. Ont alors prévalu les éternels arguments (car la nouveauté, dans ce qui s'est passé, il faut vraiment la chercher…) : les "conditions pas réunies", l'ennemi "trop puissant", la "conjoncture mondiale défavorable". Autant de faits qu'il ne s'agit pas de nier (quand ils sont réels...), mais qui servent TOUJOURS de prétexte aux éléments (du Parti) les plus imprégnés de conceptions bourgeoises, pour renoncer à l'objectif révolutionnaire et pour se vautrer dans le réformisme (y compris en prétendant que "c'est temporaire").

    Qu'aurait-il fallu faire ? Difficile de prétendre le savoir à des milliers de kilomètres de distance, mais on peut s'inspirer de l'expérience historique du MCI. On peut penser que, dans les conditions spécifiques du Népal, la situation ressemblait un peu à la Russie en 1917 ; qu'il aurait alors fallu 1°/ garder un "minimum vital" d'armes (autrement dit ne pas céder, même si c'était en "loucedé", à l'exigence qui était MANIFESTEMENT celle de la bourgeoisie la plus réactionnaire du pays, type Nepali Congress), 2°/ (surtout) développer et consolider le DOUBLE POUVOIR, le pouvoir rouge des conseils révolutionnaires ouvriers et paysans, contre le pouvoir "démocratique" bourgeois, ce qui a été la condition de la Révolution d'Octobre (qui n'a nullement été un "coup d’État" d'une poignée de bolchéviks !). Comme l'ont montré les élections de 2008 (auxquelles il n'aurait peut-être pas fallu participer, mais le fait est que...), les maoïstes avaient l'appui de 40% de la population, ce qui est absolument considérable, bien au-delà du nécessaire pour une dualité totale du pouvoir dans un pays...

    Avec des armes et un Pouvoir populaire de Nouvelle Démocratie consolidé, il aurait ensuite été possible de repasser à l'offensive, dès que les partis bourgeois auraient révélé leur intention de n'offrir ni la "véritable démocratie", ni la terre ni (donc) le pain aux masses populaires. Mais ce n'est pas ce qui a été fait... Bien au contraire : le "compromis" de 2006 avec les partis bourgeois républicains ("subitement" devenus républicains pour certains) a impliqué la remise et le stockage des armes sous supervision de l'ONU, et la dissolution des organes de Pouvoir populaire établis jusque là. On ne va pas refaire l'histoire...

    La réalité actuelle au Népal est, donc, que la forme du gouvernement a changé (on est passé d'une monarchie très autoritaire à une République bourgeoise) mais que la nature de classe de l’État est restée la même : c'est toujours l’État de la classe dominante, de la bourgeoisie compradore, des propriétaires terriens féodaux, des bureaucrates...

    Mais voilà ! À force de focaliser sur la distinction (correcte) entre "forme du gouvernement" et "nature de classe de l’État", les gauchistes finissent par perdre de vue la force dynamique EXTRAORDINAIRE que possède, pour les masses, la chute d'une "forme de gouvernement" qu'on pensait ancestrale et indéboulonnable.

    La chute du Tsar, en Russie, a été la chute d'une "forme de gouvernement" : sans la révolution bolchévique, il n'y aurait pas eu de changement dans la nature de classe de l’État. Et pourtant, soyons très clairs : sans Février, pas de Révolution d'Octobre. Février 1917 a été deux choses : 1°/ la chute du Tsar comme clé de voûte de la classe dominante ; celle-ci aurait pu y survivre, mais SANS la chute de cette clé de voûte, elle n'aurait jamais pu être renversée ; 2°/ une "force matérielle subjective" immense : la prise de conscience, par les masses, qu'elles "font et peuvent tout". On peut dire exactement la même chose de la chute d'un Ben Ali ou d'un Moubarak, même si, en l'absence d'un Parti révolutionnaire, il n'y aura pas de véritable révolution (renversement de la classe dominante) d'ici 6 mois ou 1 an dans ces pays… On peut même étendre le raisonnement à une période historique beaucoup plus longue : en Chine, sans 1911 (révolution "républicaine" bourgeoise contre l'Empire millénaire), pas de 1949.

    Donc, au Népal, il n'y a pas "rien" eu, même si le verre peut paraître "aux 3/4 vide". La monarchie pluriséculaire a été renversée, par le Peuple et seulement par lui, pas par les partis bourgeois qui, à l'origine, n'avaient même pas pour mot d'ordre la République. Elle était la clé de voûte de la classe dominante, et celle-ci est profondément ébranlée : pour être extrêmement clair, ce sont les révisio-réformistes à la Bhattarai et les fadaises "néo-marxistes" à la Prachanda qui lui sauvent la mise. Les masses populaires, à travers une héroïque Guerre populaire, ont pris conscience d'elles-mêmes et de leur rôle historique. Aux élections de 2008, 40% d'entre elles se sont reconnues dans le maoïsme qui, comme toute idéologie révolutionnaire, était bien sûr déclaré "mort et enterré" au début des années 1990. Les terres expropriées au cours de la Guerre populaire n'ont pas été remises aux anciens propriétaires : c'est aujourd'hui qu'il en est question, mais depuis 5 voire 10 ans les paysans pauvres les occupent et les travaillent, et ce ne sera pas "un plan sans accroc". Qui pourrait prétendre qu'il n'y a "rien eu", qu'on est "revenu à zéro" ?

    Non, dans la longue (et sinueuse) marche des masses prolétaires et paysannes népalaises vers leur émancipation, tout ce qui précède a été une étape de franchie. Pour être exact (car l'histoire avance en spirale, non pas en ligne droite), un CYCLE s'achève. Appelons-le le "cycle prachandiste" (1994-2011). Le précédent cycle fut le "cycle démocratique bourgeois" qui, culminant dans le Mouvement populaire de 1990, amena la monarchie à accepter une forme parlementaire et un "jeu politique" bourgeois. Aujourd'hui, ce "cycle prachandiste" est terminé. La lutte d'émancipation du Peuple népalais est à un point beaucoup plus bas que celui atteint (disons) en 2005, quand la Guerre populaire népalaise battait son plein et faisait vibrer les communistes révolutionnaires du monde entier. Mais est-elle au même niveau qu'en 1994, quand s'est constitué le PC maoïste ? Absolument pas : elle est beaucoup plus HAUT.

    À présent, sur cette base, un nouveau cycle commence. Le nouvel ennemi se nomme République parlementaire bourgeoise ; et non seulement Bhattarai (droitiste de toujours, même au plus fort de la Guerre populaire), mais Prachanda lui-même en font partie. Exactement comme hier, pendant la Guerre populaire, l'ennemi était la monarchie parlementaire dont faisaient partie le Nepali Congress et l'UML... qui avaient, pourtant, lutté avec le Peuple contre l'absolutisme jusqu'en 1990 ! Bien entendu, ce nouveau cycle devra avoir une avant-garde. Il est désormais clair qu’elle ne pourra naître que d’une rupture nette (organisationnelle) avec la ligne de Bhattarai et Prachanda (avec l’apport, éventuellement, de forces d’ores et déjà extérieures au Parti).

    Et tout ce qui précède est valable pour le Mouvement communiste international dans son ensemble, dont les maoïstes népalais ne sont qu'une petite partie, mais qui agit sur le reste comme le reste agit sur elle. Pour le MCI, il y a un "avant" et un "après" ce qui s'est déroulé au Népal depuis le milieu des années 90, et l'on ne se trouve nullement au même point qu'à cette époque. Au niveau du sous-continent indien, c'est même une évidence que seul un imbécile pourrait nier ; et le développement des forces révolutionnaires dans le sous-continent ne pourra pas ne pas renforcer les forces révolutionnaires au Népal (dialectiquement).


    4. Conclusions 

    Si l'on résume les enseignements AUTANT de l'expérience concrète au Népal que de la polémique qui secoue, à son sujet, le MCI depuis 5 ans : 

    1°/ L'idée qu'il n'y a pas de lignes dans un Parti communiste est anti-scientifique. Dans tout Parti communiste il y a des lignes, reflets des différentes conceptions de classe dans la société. Dans le camp du prolétariat organisé s’affrontent des positions plus ou moins influencées par la bourgeoisie ("pas du tout" est-il possible ?), ou prolétariennes. La lutte entre lignes est un processus extrêmement prolongé, qui ne cesse à vrai dire jamais entre la constitution du Parti et, soit la fin de sa nécessité (fin de la transition socialiste, communisme), soit sa transformation totale en Parti bourgeois, ce qui peut prendre des dizaines d’années. En revanche, à un moment donné, il est certain que tout ce qu’il reste à faire aux révolutionnaires est de réunir le maximum de militant-e-s derrière eux et… partir (former une nouvelle organisation). C’est très certainement le cas au Népal : les prochains mois et les prochaines années le démontreront. 

    2°/ La révolution échoue parce que la ligne révolutionnaire est vaincue et supplantée par les opportunistes, les révisionnistes qui sont en définitive des réformistes. L'accouchement du nouveau est par nature difficile (ce dont ne semblent pas du tout avoir conscience certain-e-s communistes ou proclamé-e-s tel-le-s). La ligne révolutionnaire de gauche est vaincue principalement par ses faiblesses internes, et non par des facteurs externes, par la "force" de l'ennemi et de l'ancien. Elle est vaincue par les limites de ses conceptions, et de sa stratégie pour les faire prévaloir et mobiliser les masses sur cette base. Peut être considéré comme facteur interne, le soutien des révolutionnaires communistes à travers le monde : le mouvement communiste international forme un tout, les maoïstes népalais (par exemple) n'en sont qu'une petite 'section locale'. Toute lutte de ligne dans un pays (on l'a bien vu !) s'étend au niveau international : la ligne de gauche a (normalement…) l'appui de la gauche révolutionnaire mondiale, les opportunistes ont l'appui des opportunistes partout dans le monde. Ce soutien peut jouer un rôle très important. La négation de l'existence d'une "ligne rouge" dans le PC maoïste népalais, interdisant (par définition) de soutenir celle-ci, peut être considérée comme une grande limite, erreur et faiblesse de la gauche révolutionnaire du MCI sur les évènements du Népal. 

    3°/ Quoi qu'il en soit, "ce n'est qu'un détour". Les conditions étaient réunies au Népal pour mener à terme la révolution de Nouvelle démocratie (démocratique ininterrompue vers le socialisme et le communisme). Elle n'a pas eu lieu uniquement car, dans le Parti, les erreurs et les faiblesses de la ligne révolutionnaire ont laissé prévaloir les conceptions réformistes de Bhattarai et Prachanda (dans ce dernier cas, sous un masque "tactique"). Mais la roue de l'histoire a tourné. En aucun cas, les masses exploitées du Népal, dans leur perspective d'émancipation, n'en sont revenues au même niveau qu'avant la Guerre populaire. Il n'est nullement question ici de "réformes" qui auraient "amélioré leur condition" (il n'y en a eu pratiquement aucune, l'activité politique s'est concentrée sur la "Constitution", les terres confisquées et données aux paysans l'ont été par la Guerre populaire) ; mais de conscience et d'expérience (de lutte) révolutionnaire, de conscience d'elles-mêmes et de leurs possibilités. Tout ceci est à un niveau bien supérieur à Katmandou même, et sans comparaison dans les campagnes (que le mouvement antimonarchique de 1990, essentiellement urbain, n'avait pas concernées).
    Le Népal a changé. Il faut pourfendre le pessimisme gauchiste (fruit du purisme, du "tout ou rien"), qui veut que quand le verre n'est pas à 100% plein, il est à 100% vide... Il est important de souligner ici que le pessimisme est vraiment le principal fléau qui ronge le mouvement communiste international, depuis au moins les années 80. Il est la source du réformisme, de la conviction qu'il n'est pas possible de faire la révolution, mais seulement d'arracher des "concessions", voire de "sauver ce qui peut l'être" (comme le "modèle social" français de 1945). Mais il est aussi la source du gauchisme, qui est finalement l'incapacité à concevoir le caractère prolongé de la lutte, les détours, les échecs (comme au Népal) et les impossibilités immédiates (aucune organisation communiste arabe ne peut, par exemple, accomplir la révolution démocratique dans son pays en l'état actuel de ses forces, pour autant il n’y a pas "rien" !) ; bref, tous les évènements qui ne procurent pas, au petit-bourgeois "radical", l'"excitation" d'une Guerre populaire impeccable et toute tracée... Dès qu'un évènement ne correspond pas à la "pureté" d'une Guerre populaire avançant inexorable et invincible vers le Pouvoir, alors "tout est fini", "les carottes sont cuites". Il faudrait expliquer, au demeurant, en quoi la situation au Pérou serait un "détour", et pas la situation au Népal ; alors que le mouvement maoïste du Pérou a été beaucoup plus profondément laminé (dans les années 1990 et jusqu’à tout récemment) que celui du Népal depuis 2006, par la ligne opportuniste de droite (LOD) mais aussi par des erreurs de gauche
    Il en va STRICTEMENT de même pour le mouvement communiste international : en aucun cas, il ne se retrouve revenu au même point qu'en 1994. Ne serait-ce que par les enseignements de cette expérience... Mais aussi parce que le "front de la Fin de l'Histoire" a été brisé ; qu'un Parti communiste, maoïste, s'est approché du pouvoir comme jamais depuis des décennies (avant de faillir par le renoncement de sa direction, comme, pourrait-on presque dire, "prise de vertige" devant cette perspective et les nouveaux défis qu'elle aurait ouvert...). 

    4°/ Il est juste et nécessaire de dénoncer la stratégie de Prachanda (car c'en est bien une, et nullement une tactique), au regard de sa FAILLITE DANS LA PRATIQUE. Une base fondamentale du marxisme est que toute théorie, conception, stratégie (et tactique) se vérifie dans la pratique. En l'occurrence, de toute manière, il n'y a rien eu d'autre au Népal que la mutation d'une prétendue "tactique" (de "Front démocratique" contre la dictature militaro-royale), en l'éternelle stratégie de la "voie parlementaire vers la révolution". Rien que de bien "classique", donc.

    Mais il faut ABSOLUMENT refuser, car CATASTROPHIQUE pour l'avenir du MCI, que cette juste dénonciation se transforme :

    - en refus de toute tactique ;

    - en refus de toute application créative du marxisme révolutionnaire de notre époque (le marxisme-léninisme-maoïsme) à la situation concrète dans un pays et à un moment donné.

    Le marxisme est une science jeune (160 ans) et ne peut prétendre faire face, sans "penser avec sa tête", à toutes les situations possibles et imaginables : il ne sera probablement une science complète qu'à la veille du communisme. "Le MLM est scientifique, il ne souffre ni le doute ni la critique" est une position inacceptable pour un marxiste. MAIS, bien entendu, toute tactique adoptée, toute stratégie "adaptée" à la situation concrète, ne se valide que dans la pratique. En prétendant donner à sa "nouvelle voie révolutionnaire" une valeur... universelle (rien que ça !), sans la moindre vérification dans la pratique (bien au contraire), Prachanda n'a pas agi en marxiste (et donc, sa théorie pouvait difficilement l'être).

    Pour autant, si l’on prend la Guerre populaire en Chine (1927-49), ou encore au Vietnam (1945-75), elle a connu une multitude de détours, tactiques et "pauses" qui en feraient sûrement hurler beaucoup au "révisionnisme" aujourd’hui. À noter, aussi, que si l'on défend (et SLP la défend) la tactique des Fronts populaires imposée par l'IC dans les années 1930 (même si l'on peut critiquer, dans beaucoup de pays, une tendance droitière de soumission à la "gauche bourgeoise") ; il faut aller au bout du raisonnement et expliquer en quoi proposer un "Front démocratique" aux partis bourgeois contre une dictature autocratique et militaire serait révisionniste.

    Le problème au Népal n'est pas là ! Le problème, c'est le resurgissement du "vieux spectre" de la "voie démocratique", du passage pacifique et "ininterrompu" d'une réforme démocratique bourgeoise de l’État à une révolution socialiste ou de nouvelle démocratie ; l'idée que l'on peut passer "tranquillement" d’un changement de  forme de gouvernement à un changement de nature de classe de l’État (ce que Biplab appelle "croire qu'on peut faire la révolution à partir de la superstructure").
    5°/ Le débat avec les attaques gauchistes sur la situation au Népal est, à présent, définitivement clos. Laissons-les "savourer" leur "victoire" qui, au final, en est réellement une : car le gauchisme n'a jamais eu d'autre fonction que de nourrir dialectiquement la droite réformiste-opportuniste pour, ensuite, "triompher" lorsque celle-ci triomphe, "comme cela était prévu depuis le départ".

    À l'exact opposé, de leur côté, des dizaines de maoïstes de tous les pays sont allés au Népal, ont "mis les mains dans le cambouis" au cœur du processus réel, avec les tous petits moyens du mouvement communiste international actuel, pour témoigner de leur solidarité internationaliste aux révolutionnaires de ce pays et (juste ça, mais déjà ça) les faire connaître et faire connaître leur lutte, y compris leur lutte de lignes, aux communistes du monde entier. Risquant parfois leur peau, car la situation depuis 2006 a souvent été très tendue...

    À présent, le danger principal sur la question du Népal, dans le MCI, va venir surtout de la DROITE, sous deux formes :

    -> ceux/celles qui soutiendront le gouvernement Bhattarai comme "communiste", comme un "modèle" à l'appui de leur réformisme, de leur "socialisme du 21e siècle" petit-bourgeois ;

    -> ceux/celles qui vont profiter de l'occasion pour déchaîner leurs attaques contre le maoïsme, comme quoi celui-ci serait finalement "incapable" d'apporter autre chose aux Peuples que la démocratie bourgeoise et/ou le "capitalisme à la chinoise", serait finalement antimarxiste, etc.

    Le mouvement communiste a suffisamment d'histoire derrière lui, pour en être certains à 100%. Et puis, allait-on oublier, il y aura bien sûr toutes les attaques anarchistes et semi-anarchistes comme quoi "de toute façon, les marxistes, les léninistes, ne veulent que le pouvoir" et le Népal en serait "encore une fois la preuve". Certes, effectivement, il y a aujourd'hui dans le Parti népalais des éléments, à commencer par Bhattarai et Prachanda, qui n'agissent plus que pour le pouvoir, pour un poste de ministre ou de Premier ministre dans une République bourgeoise d'exploitation. Mais c'est là une des contradictions les plus profondes de la révolution prolétarienne : sans avant-garde organisée, sans PARTI, pas de révolution ; mais en même temps, le Parti, par sa nature même, est un "nid" et un instrument pour des individus qui ne "feraient la révolution" que pour obtenir des postes de pouvoir et des privilèges... C'est d'ailleurs ce qui unit "culturellement", en définitive, opportunistes de droite et dogmato-gauchistes : le fait qu'ils puissent, par exemple, se retrouver pour défendre Kadhafi ou Assad contre leurs peuples, est révélateur d'une "psychologie" parfaitement partagée. C'est pourquoi un enseignement fondamental du maoïsme est, justement, que la transition d'une société réactionnaire (capitaliste, semi-féodale etc.…) vers le communisme n'est pas l'affaire d'UNE révolution (prise de pouvoir par un PC) puis d'un simple "développement socialiste des forces productives" ; mais bien de plusieurs révolutions représentant chacune un saut qualitatif ; en définitive, une SUCCESSION DE CYCLES.

    Les maoïstes qui ont soutenu la révolution et les révolutionnaires népalais doivent maintenant, pour leur part, tirer les leçons de l'expérience, apprendre de leurs erreurs et illusions car, soyons clairs, il y en a évidemment eu. Ils n'ont clairement pas été à la hauteur de la tâche, immense, de sauver (aider les maoïstes locaux à sauver) la révolution ; mais ils ont fait ce qu'il y avait à faire. Ou alors, que les gaucho-dogmatiques démontrent que leur ligne de conduite a été plus utile aux masses du Népal et au MCI...

    Quant aux "principaux" intéressés, ceux dont la "voie originale" n'aura finalement été qu'un "socialisme du 21e siècle" antimarxiste et un "chavisme himalayen" : et bien, ils auront apporté leur "petite pierre" à l'émancipation locale et mondiale des masses dans le sens exposé en 3° ; mais ils ont à présent choisi leur camp et ce n'est pas le nôtre, celui de la révolution mondiale. Exactement comme leurs pareils latino-américains : on observe réellement là une tendance mondiale, la tendance à l'effondrement de tous les "substituts" à la voie révolutionnaire communiste, qui s'étaient imposés face à la faiblesse mondiale du mouvement communiste. Un effondrement qui ouvre d'immenses perspectives, annonçant un nouvel élan pour les masses exploitées du Monde, vers leur émancipation.


    Le combat continue, le communisme est inéluctable.

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    [* À ce sujet, lire absolument le très bon exposé du Nouveau PCI : La Huitième ligne de démarcation (chap. 5 La lutte entre deux lignes dans le Parti). Extrait : "Nous communistes nous sommes favorable à la liberté de critique. Tandis que nous sommes opposés à ce que dans le Parti des conceptions et des lignes contradictoires cohabitent et coexistent pacifiquement, sans s’affronter. Donc pas de coexistence de conceptions et de lignes contradictoires, pas d’indifférence aux conceptions : si “chacun pense ce qu’il veut”, il fera aussi ce qu’il veut et il n’y aura aucune discipline organisationnelle. Au contraire, lutte ouverte entre conceptions divergentes pour arriver à l'unité sur les positions révolutionnaires les plus avancées et les plus justes. Le Parti doit promouvoir la confrontation, le débat et la vérification. Une direction qui étouffe les contradictions, qui les craint, qui ne favorise pas le débat et la vérification n'est pas une bonne direction. Mais les contradictions d'idées ne sont pas seulement un moyen pour rechercher la vérité. Elles sont aussi l’expression d'intérêts contradictoires. Les divergences de conceptions et de lignes dans le Parti ne sont pas seulement le résultat de la progression des connaissances (contradiction entre vérité et faux) et du développement de nouvelles situations (contradiction entre nouveau et ancien, entre avancé et arriéré). Elles sont aussi le résultat de la lutte entre la classe ouvrière qui avance vers le socialisme et la bourgeoisie qui cherche à perpétuer le plus longtemps possible son vieux monde. Elles sont le reflet des intérêts antagonistes des deux classes en lutte pour le pouvoir. Les idées sont une arme dans la lutte. Une fois devenues patrimoine des masses, les idées deviennent une forces matérielle qui transforme le monde. Une orientation erronée emmène le Parti communiste à sa défaite. Une orientation juste le mène à la victoire." Et puis, on peut aussi se référer à ce document... de nos "chers" détracteurs eux-mêmes !]

    [** "Dans la société de classes, chaque homme occupe une position de classe déterminée et il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe" (Mao Zedong, De la pratique, Œuvres choisies) : c’est vrai, mais cela ne doit pas déboucher sur un déterminisme de classe. La ‘science’ c’est bien, la réalité c’est mieux. La réalité, c’est que dans la société il y a d’un côté le prolétariat révolutionnaire, conscient et organisé, avec ses ‘intellectuels organiques’ (Gramsci) qui est le ‘pôle’ du nouveau ; et de l’autre la grande bourgeoisie capitaliste avec ses intellectuels-laquais, de commande, qui est le ‘pôle’ de l’ancien. Et entre ces deux ‘pôles’, les conceptions progressistes/révolutionnaires et réactionnaires s’affrontent dans les masses populaires (90% de la population) y compris l’immense majorité du prolétariat ! Elles s’affrontent jusqu’au sein même de chaque individu, traversé de conceptions contradictoires. La ‘victoire’ du nouveau sur l’ancien chez un individu dépendra évidemment de sa position de classe (en définitive : "qu’ai-je à perdre... ou à gagner (!) à la révolution ?"), mais aussi de la force relative de chaque ‘pôle’ de conceptions (hégémonie intellectuelle, toujours Gramsci) et de multiples facteurs du parcours, du vécu personnel du chaque individu… Et surtout, cette victoire n’est jamais irréversible ! C’est ce qu’il faut comprendre par ‘libre-arbitre’ (car à un moment donné, sans la volonté de l’individu ‘paramétrée’ par tous ces facteurs, rien ne peut se faire…). L'on pourrait même aller plus loin, jusqu'à dire que le nouveau et l'ancien ressortent d'encore plus objectif que cela, qu'ils ne 'naissent' d'aucun cerveau humain ni 'cerveau collectif' de groupe ou de classe : ils naissent à travers des cerveaux humains, (d'un côté) du caractère social de la production, avec tous les rapports sociaux que celui-ci sous-tend, et (de l'autre) de la propriété privée de moyens de production et de l'appropriation privée (inégalitaire) du produit (avec là encore tous les rapports sociaux sous-tendus). Entre ces deux 'pôles', il y a des facteurs déterminants comme, bien sûr, la position dans les rapports de production (si ces rapports deviennent égalitaire, qu'ai-je à y perdre, qu'ai-je à y gagner ?) et dans les autres rapports sociaux (homme ou femme ou homosexuel-le dans une société patriarcale, 'blanc' ou 'de couleur' dans une société 'racialisée') ; mais personne n'est 'prédéterminé', 'prédestiné' diraient les calvinistes, ni à sa naissance ni à aucun instant de son existence, de finir sa vie dans l'un ou l'autre camp. Un communiste comme Doriot n'a-t-il pas fini en pro-nazi ultra ? Le vaincu de Stalingrad, von Paulus, ne termina-t-il pas... au service de la RDA socialiste ? À chaque instant, des milliers de facteurs, 'impulsés' par l'activité contradictoire des deux 'pôles', 'bombardent' l'individu et déterminent son comportement à l'instant d'après !]

    [*** Dès la réunion de Chunwang (2005), prélude aux Accords de 2006, toutes les organisations (alors existantes) de la dite "Déclaration du 1er Mai 2011" ont exprimé leurs critiques, leurs inquiétudes et leur perplexité envers la ligne (du PCN-m) d'alliance antimonarchique avec les partis "démocratiques" bourgeois. Elles ont toutefois préféré appuyer les forces réellement révolutionnaires du Népal, à l'intérieur du PC maoïste voire à l'extérieur, plutôt que de "trasher" le Parti dans son ensemble. Les "centristes" et "opportunistes" (pour les gaucho-dogmatiques) doivent sortir de la position d’accusés : c’est à ceux/celles qui ont adopté la ligne gauchiste de démontrer qu'elle a mieux servi le Peuple népalais, le mouvement révolutionnaire de ce pays et le Mouvement Communiste international ! Un simple constat de fait, qui s'impose, est que la liquidation a été longue et chaotique (5 ans), alors qu'elle aurait été possible dès le début (avançant de 5 ans le "triomphe" des ultragauchistes).]

     


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  • NDLR : Pour de multiples raisons, le PC d’Inde (ML) "Naxalbari" n’a pas intégré le PC d’Inde (maoïste) lors de sa constitution. Il soutient néanmoins la Guerre populaire conduite en Inde par ce dernier. Il est signataire, avec 9 autres organisations (dont le PC d’Inde maoïste), d’une Déclaration internationale pour le 1er Mai 2011.


    Sur la situation actuelle au Népal et le défi posé aux maoïstes

    Source

    La participation au processus d’Assemblée Constituante et au gouvernement au Népal a été utilisée par la direction du PCUN (maoïste) pour liquider la nature révolutionnaire du Parti et l’entraîner dans le marécage du parlementarisme. Depuis un certain temps maintenant, cela est la manifestation politique concrète du révisionnisme, de la sortie du chemin de la Révolution de Nouvelle Démocratie de la part du Parti. Les choses ont maintenant pris une nouvelle dimension avec la récente nomination du Dr. Baburam Bhattarrai au poste de Premier ministre du Népal, à travers un accord avec les partis madheshi, agents reconnus des expansionnistes indiens. Suivant un scénario déjà écrit par les réactionnaires et approuvé par la direction du PCUN (maoïste), le nouveau gouvernement a promptement remis les clefs des stocks d’armes de l'Armée Populaire de Libération (PLA). Sévèrement vidée de ses qualités de combat par les politiques suivies par la direction du PCUN (maoïste), elle se prépare maintenant à être éliminée formellement, pour en finir avec le dernier (et l'un des plus importants) accomplissement des 10 années de Guerre Populaire. Ainsi le peuple ne pourra plus compter sur rien et sera livré à nouveau sans ressource aux loups réactionnaires.

    10 années de guerre héroïque des masses et leurs immenses sacrifices ont donné au petit PCN (maoïste) une renommée et une reconnaissance internationales. Hier armure brillante et naissante dans l'histoire glorieuse du mouvement communiste international, ce Parti est désormais réduit à être ‘juste un autre petit parti politique’, négociant sans scrupule pour un petit espace sur le banc des classes dirigeantes. Aujourd'hui, les chefs mêmes de cette organisation exploitent les sacrifices et les peines des masses révolutionnaires pour quelques postes ministériels et la reconnaissance des expansionnistes indiens, au service des impérialistes. Chaque mesure prise par eux est censée prouver à leurs aakkas (maîtres) qu’ils sont véritablement décidés à abandonner la voie de la révolution.

    Quand les communistes changent de couleur et se décomposent, la puanteur est de loin la pire qui soit. Le slogan de ‘servir les masses’ est converti en ‘servir les maîtres impérialistes-expansionnistes’. Tandis que la nature de classe du Parti change, il acquiert le ‘statut de plus favorisé’ de la part des classes dirigeantes. Le voile de la moralité bourgeoise minimale est également levé. La dégénérescence sans scrupule, la soif de biens de consommation et de luxe remplacent la vie communiste simple, l'amour-propre révolutionnaire et la modestie. Les révisionnistes sont les graines des réactionnaires et des serviteurs des impérialistes dans les rangs révolutionnaires. En un rien de temps ils infectent l'organisation entière, décapitent sa force idéologique et la dépouillent de tout son éclat révolutionnaire. La première chose qu'ils font pour liquider une organisation révolutionnaire est d’apporter le libéralisme au lieu de positions idéologiques fermes et claires. Ils détestent les principes léninistes du Parti et convertissent l'organisation en forum de discussion ouvert et inopérant. La conspiration et les manipulations deviennent la marque de fabrique du fonctionnement. Tout cela peut maintenant être observé au sein du PCUN (maoïste).

    Les maoïstes avaient gagné l'avantage stratégique au cours des 10 années de Guerre Populaire, qui avait libéré de vastes régions du pays et établi le Pouvoir populaire. L’avancée de la révolution a intensifié la crise au sein des classes dominantes et poussé leurs mentors impérialistes et expansionnistes dans l’ornière. Ceci posa le contexte pour les Accords de Paix de 2006 et le soulèvement de masse qui ont par la suite mené à la fin de la monarchie détestée de Gyanendra. Le Parti maoïste a été propulsé dans une position unique de leadership national, gagnant un large soutien pour mettre la révolution à l’ordre du jour. Mais au lieu d'utiliser ces facteurs favorables et d'appliquer la tactique appropriée à l'accomplissement de ces aspirations populaires, la direction a dévié des tâches stratégiques de la révolution. Les racines idéologiques et politiques de cette déviation, y compris les différentes tendances contenues autour de la ‘tactique de paix’, sont déjà une question de lutte idéologique dans le mouvement maoïste népalais et international. Les vues de notre Parti sur cette question, y compris la correspondance avec la direction du PCUN (maoïste), peuvent être consultées dans le ‘Naxalbari’ n°3 (http://www.thenaxalbari.blogspot.com).

    Cette lutte idéologique doit certainement être approfondie, le plus important étant qu'elle le soit par les maoïstes népalais eux-mêmes. Mais la tâche immédiate des maoïstes et des masses révolutionnaires au Népal est de lever le drapeau de la rébellion ouverte contre le quartier-général révisionniste et de lancer ainsi la reconstruction du Parti sur des bases pleinement marxiste-léniniste-maoïstes, fermement unis aux masses. Ils doivent s’arracher du marais révisionniste de l'Assemblée Constituante politicienne et reprendre le chemin de la révolution. L'héritage révolutionnaire des maoïstes au Népal, profondément enrichi par la Guerre Populaire héroïque qu’ils ont mené et les sacrifices glorieux faits par des milliers de fils et filles vaillants du Népal, avec la solidarité illimitée des peuples partout dans le monde pour la révolution népalaise, fournissent le socle de base pour relever ce défi. Comme appelé dans la résolution politique du CCOMPOSA, « les Peuples du monde entier regardent vers les maoïstes du Népal pour briser toute conspiration locale et externe et pour avancer avec détermination vers l'accomplissement de la Révolution de nouvelle démocratie ».

    Porte-parole, Krantipriya,

    6 septembre 2011

    Lgtang2-28

    NDLR : les camarades du PCmF, à qui la traduction a été envoyée, y ont apporté des corrections. C'est désormais leur version qui est ci-dessus. Un grand merci à eux !

     


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  • nepal_f_0402_-_maoist_rebel.jpg

    Le Parti Communiste du Népal (Maoïste) a mené une guerre populaire durant 10 ans, de 1996 à 2006, étendant la zone d’influence du Parti sur 80% du territoire.

    En 2006, suite à une alliance avec les 7 partis d’opposition, le Parti est entré dans la légalité, a cessé la lutte armée, a accepté le confinement de ses armes sous le contrôle de l’ONU. Le parti a remporté les élections avec 40% des suffrages exprimés. Prachanda a alors accédé au poste de premier ministre à la tête d’un gouvernement comprenant des membres des partis bourgeois, y compris les féodaux et les pro-impérialistes et le parti révisionniste (UML), un gouvernement d’Union nationale.

    Dans ces conditions, il était quasiment impossible de mettre sur pied une véritable démocratie pour le peuple, de procéder à une réforme agraire. Malgré cela le Parti avait et a peut-être encore une possibilité de mobilisation importante.

    Une nouvelle Constitution devait être mise sur pied, mais de reculade en reculade des partis alliés au PCN(M), devenu entretemps le Parti Communiste Unifié du Népal (Maoïste), la Constitution n’a toujours pas été promulguée. Prachanda, dans l’impasse, a dû démissionner après que le Président de la République ait maintenu à la tête de l’armée le général Katawal. Des membres du Parti continuent à siéger au parlement.

    Au sein du Parti, la thèse mise en avant est que la Révolution au Népal comporte plusieurs phases : la guerre populaire, la lutte parlementaire et l’arrêt de la guerre populaire, la préparation des masses pour l’insurrection.

    Il y a une différence qui s’est révélée dans la pratique. Ce qui était présentée comme une tactique pour réaliser les conditions de l’Insurrection est devenue une stratégie pour l’instauration de la Démocratie Nouvelle dans les conditions du XXIème siècle suivant « la voie Prachanda », et ceci présenté comme généralisable pour tous les pays et conseillé à tous les partis, sans la moindre preuve de la validité de cette théorie, bien au contraire.

    De reculade en reculade, différentes tendances et orientations sont apparues au sein du PCUN(M). Une des lignes est pour l’instauration d’une république démocratique parlementaire de type bourgeois ; une autre, centriste, défend la stratégie de mobilisation des masses tout en la coordonnant avec la lutte parlementaire mais aussi par la direction de l’appareil d’Etat. Celle-ci a fait faillite à ce que nous pouvons observer. Une autre affirme vouloir faire avancer la révolution en donnant priorité à la mobilisation des masses et en voulant transformer le parti de l’intérieur. Cela parait extrêmement difficile à l’heure actuelle.

    Dans l’esprit de maintenir l’unité du Parti se côtoient des positions droitières, centristes et révolutionnaires. Pour maintenir l’Unité à tout prix et poursuivre la ligne qui a conduit à la situation de blocage, de paralysie actuelle, et pour reconquérir le poste de premier ministre, une réunion du Comité Central a suggéré de choisir comme candidat pour le poste de premier ministre un représentant de la tendance prônant la démocratie de type bourgeoise.

    Le problème qui se pose avec insistance est que la nomination d’un premier ministre du PCNU(M) va aller de pair avec la dissolution de l’Armée Populaire, la remise des armes et l’intégration d’une partie dans l’Armée nationale et sous la direction du haut-commandement issu de l’ancienne Armée royale. Autrement dit, c’est la liquidation de l’APL, le désarmement complet.

    Dans ces conditions, il y a deux options :

    1. La reddition complète, l’abandon total de la perspective de l’insurrection. Cela fait cinq ans que le Parti est engagé dans ces transactions, sans une avancée significative pour résoudre la question du « pouvoir ». Que pensent les masses de tout cela ? Elles sont dans l’expectative pour le mieux, dans la désillusion pour le pire.

    2. La reprise du combat révolutionnaire, qui suppose une mobilisation des masses. « Un se divise en deux » et non « Deux sont unis en un ». Il faut choisir. La ligne droitière doit être dénoncée devant les masses, la seule façon c’est en revenir aux masses, car se sont les masses qui font l’histoire, et en même temps qui la subissent quand leurs dirigeants adoptent des positions erronées, vacillantes ou liquidatrices, révisionnistes.

    Le meilleur soutien que doivent apporter les maoïstes dans le monde, c’est de se tenir fermement pour la 2ème option, c’est de le dire clairement aux camarades qui veulent vraiment mener la révolution à son terme et affirmer nos positions. La solution qui sera adoptée et surtout mise en œuvre au Népal concerne le mouvement communiste dans son ensemble et pas seulement les communistes népalais. Critiquer les positions erronées, les tactiques inadéquates adoptées, dévoiler les liquidateurs et les révisionnistes, etc., c’est le meilleur soutien que nous pouvons apporter aux positions relativement correctes, aux camarades qui veulent poursuivre la lutte pour la révolution au Népal. Il y a des maoïstes au Népal qui luttent pour la révolution et nous devons les soutenir face aux liquidateurs !

    Note et précisions : Ce texte a été écrit quelques jours avant l’élection de Bhattarai au poste de premier ministre. La situation s’est depuis clarifiée et les liquidateurs ont dévoilé au grand jour leur vraie nature de classe.  Si Bhattarai est arrivé premier ministre, c’est grâce à un accord passé entre Bhattarai et Prachanda d’un côté et les partis Madhesis de l’autre. Il est de notoriété publique que les partis Madhesis sont les représentants des intérêts de l’Inde au Népal. Mais ce qui est le plus troublant est le contenu de cet accord. Un des points mentionne la création d’une « république démocratique inclusive ». C’est le contraire de la ligne du Parti de la « république populaire fédérale ». L’accord prévoit également la création d’une unité séparée dans l’Armée Népalaise pour 10 000 Madhesis au moment même où l’APL est désarmée et que les plans pour l’intégration sont de les placer sous commandement de l’Armée Népalaise. Mais encore, peu après avoir liquidé l’APL en rendant les armes, le gouvernement dirigé par Bhattarai a ordonné aux administrations régionales de procéder à la remise de toutes les propriétés saisies par les maoïstes durant la Guerre Populaire. Que va-t-il rester aux masses ? Mais les liquidateurs font face et Hari Gyawali, responsable maoïste de la région Kochila a affirmé : « Nous avons obtenu ces terres en échange du sang. Nous ne pouvons rendre les terres tant qu’une réforme agraire révolutionnaire n’est pas mise en place. » « Le gouvernement fera face à la confrontation s’il utilise des moyens coercitifs. » « Les squatteurs, les Kamaiyas [ex-serfs] et les familles des martyrs utilisent ces terres. Nous ne rendrons pas  les terres aux propriétaires tant qu’une réforme agraire révolutionnaire n’est pas mise en place. » De même la gauche du Parti organise ses propres meetings de formation à travers tout le pays. La situation pourrait virer à l’affrontement ouvert. En tout cas, le Comité Central doit se réunir le 30 septembre. D’ici là, regardons de près la situation au Népal, elle risque d’évoluer rapidement.

    PC maoïste de France 


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  • Article publié par le CSRI et Feu de Prairie :

    Inde : les maoïstes progressent, construisent des hôpitaux

    Publié sur South Asia Rev

    Cet article est tiré du journal indien The Hindustan Times. Une fois n’est pas coutume, les maoïstes y sont plutôt félicités pour leur action en faveur du peuple. Mais il faut noter que, contrairement à ce qu’affirme l’article, il ne s’agit pas d’un « changement de visage » mais bien la stratégie à long terme des maoïstes d’Inde.

    La main invisible maoïste de retour au Bengale

    par Snigdhendu Bhattacharya

    10 septembre 2011- Du symbole de la terreur et de la subjugation, les maoïstes visent désormais un changement de perception. Ou bien c’est ce qu’il semble, du moins dans leurs bastions dans la région de Jangalmahal au Bengale.
    Dans les régions dominées par les maoïste du Midnapore Occidental, à environ 130-150 km de Calcutta, et que l’Hindustan Times a visité récemment, les rebelles ont non seulement récupéré le terrain perdu, mais gèrent également des centres de santé et des écoles, construisent des digues et entretiennent les routes et les étangs.
    Alors que le gouvernement de Mamata Banerjee tente d’amorcer le dialogue, les rebelles se concentrent sur le développement.

    Trois organisations – Santrash Durnity O Samrajyobadi Agrason Birodhi Ganatantrik Mancha (SDSABGM), Nari Izzat Bachao Comittee (NIBC) et Chhatra Samaj (SC) – sont à la pointe du travail de développement que les maoïstes ont entrepris dans ces régions.

    Le gouvernement reconnaît tacitement le développement. « Ils (les rebelles) ne nous ont pas encore empêchés de réaliser des projets de développement. Mais, dans certains domaines, nous avons trouvé que les gens refusent de travailler sur nos projets alors qu’ils ont travaillé sur les soi-disant initiatives populaires », a déclaré Sukumar Hansda, ministre du développement de la région ouest.

    « En l’absence complète d’administration civile, nous sommes forcés de prendre nos affaires en main, » affirme le président du NIBC Jyotsna Mahato à l’Hindustan Times dans la région d’Aguimoni dépendant du poste de police de Jhargram.

    Le SDSABGM et le NIBC gèrent pas moins de 20 centres de santé à Lalgarh, Jhargram, Gopiballavpur, Nayagram, Salboni, Belpahari et Binpur, tous des bastions maoïstes.

    Des médecins chirurgiens visitent les centres de santé parallèles au moins une fois par semaine.

    La redevance est seulement de 5Rps. Et pour ceux qui ne peuvent même pas se permettre ce prix, les soins sont gratuits.

    Le Samaj Chhatra gèrent environ 25 centres éducatifs pour jeunes enfants, dans lesquels les jeunes locaux éduqués enseignent gratuitement.

    Il y a un an, une «initiative populaire» a vu un remblai – Veri-Bandh – se construire sur la rivière Kansabati à Bandorboni. Les ouvriers volontaires des villages voisins ont construit le tronçon de 1,5 km en seulement 23 jours.

    « Le plus l’administration essaie de bloquer ces initiatives, le plus il sera facile d’exposer son véritable caractère devant le public», a déclaré un local du village de Kurashole de la région du poste de police Jhargram, nous quittant sur un Lal Salaam (la façon dont les rebelles saluent [salut rouge]).

    Seul le temps dira si les nouvelles installations sont juste un autre changement de visage pour les rebelles afin d’éviter d’être repérés ou si c’est le signal d’une transformation réelle.

    Telle est la Guerre populaire, telle est l'action révolutionnaire communiste : SERVIR LE PEUPLE, et dans la moindre parcelle de territoire arrachée à l'ancien, commencer à construire le NOUVEAU.


    VIVE LA GUERRE POPULAIRE !

     

    GPP Inde


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  • Voici le dernier rebondissement en date de l'affaire qui oppose, depuis déjà quelques années, la Chine à un trio USA-UE-Mexique devant l'OMC, au sujet des mesures "anti-concurrentielles" de Pékin sur les matières premières :


    Le Monde

    Matières premières : Pékin va faire appel de sa condamnation par l'OMC


    La Chine a annoncé, mercredi 24 août, qu'elle allait faire appel de sa condamnation par l'OMC en raison de ses restrictions sur les exportations de matières premières, jugées discriminatoires par l'Union européenne, les États-Unis et le Mexique.

    "Nous considérons que nos politiques ne violent pas les règlements de l'OMC", a déclaré Shen Danyang, porte-parole du ministère chinois du commerce.

    TAXES SUR LES EXPORTATIONS ET QUOTAS D'IMPORTATION

    L'OMC, saisie d'un recours datant de 2009 de l'UE, des États-Unis et du Mexique, avait, le 5 juillet dernier, jugé illégales des restrictions qu'impose la Chine sur les exportations de neuf matières premières cruciales pour l'industrie européenne (bauxite, zinc, coke, magnésium notamment).

    En cause : des taxes imposées sur les exportations, des quotas d'importation et un régime de prix minimum. Européens et Américains estiment que cela contribue à faire grimper les prix des produits finis qui ont besoin de ces matières premières.

    Celles-ci sont utilisées pour des équipements médicaux, des CD, du matériel électronique, le secteur automobile, des réfrigérateurs, la métallurgie non ferreuse, des batteries de voitures ou encore des cannettes de boisson.

    AUGMENTATION DES PRIX MONDIAUX

    Selon les plaignants, les restrictions pratiquées par Pékin, quotas, droits à l'exportation ou prix minimum à l'exportation, ont permis aux entreprises chinoises de bénéficier de meilleurs tarifs que leurs concurrentes étrangères. Elles ont ainsi créé "une distorsion à la concurrence", augmentant "les prix mondiaux", selon Bruxelles, tandis que le représentant américain au commerce extérieur, Ron Kirk, accusait Pékin de pratiquer la "préférence nationale".

    L'Union européenne s'était félicitée début juillet de cette condamnation, y voyant un "signal fort" adressé à Pékin. "Il s'agit d'un verdict clair en faveur d'un commerce ouvert et d'un accès équitable aux matières premières", avait déclaré le commissaire européen au commerce, Karel De Gucht.

     CONTENTIEUX SUR LES TERRES RARES

    Un autre contentieux couve sur les terres rares, un groupe de 17 éléments minéraux nécessaires à la fabrication de très nombreux produits de haute technologie, des iPod aux éoliennes en passant par les piles pour véhicules électriques. La Chine assure environ 95 % de la production mondiale de terres rares, mais elle ne possède qu'environ 36 % des réserves connues de ces substances.

    Le commissaire avait adressé une mise en garde à Pékin au sujet de ce dossier voisin : "A la lumière de ce résultat, la Chine devrait garantir un accès libre et équitable aux fournitures de terres rares."
    Pékin avait décidé en décembre de réduire de 35 % pour le premier semestre 2011 les quotas d'exportation de terres rares, par rapport à la même période de l'an dernier, déclenchant les protestations du Japon, des États-Unis et de l'Allemagne, notamment.

     

    Cette guerre juridique, conduite par les deux principaux pôles impérialistes de la planète (USA et UE) flanqués (pour faire bonne mesure) d’un "émergent" (Mexique), est une parfaite illustration des contradictions inter-impérialistes de notre époque : en l’occurrence, la lutte sans merci pour barrer la route au projet impérialiste chinois.

    Voilà qui relance le déjà vieux (et pas si inutile qu'il n'y paraît) débat sur la nature impérialiste ou pas de la Chine...

    On voit aujourd’hui toute une partie du mouvement dit communiste, chez les révisionnistes (pour soutenir le régime...) mais aussi, surprise, chez les ultragauchistes, employer un argumentaire d'"économie politique" prétendument imparable : la Chine actuelle, disent-ils, ne peut pas être impérialiste, puisque "après la restauration du capitalisme, elle n'est pas passée par le stade de la libre-concurrence !". Cet argument ne tient pourtant pas la route une seconde.

    Prenons les choses dans l'ordre. Lénine a été clair, au début du siècle dernier : du temps de la libre-concurrence, le mouvement ouvrier pouvait exister, mener des luttes et éventuellement remporter des victoires ; mais seul le passage à l'époque des monopoles, de l'impérialisme, met réellement la révolution socialiste à l'ordre du jour. Pour mener à bien la révolution socialiste, émancipation de l'humanité entière par le prolétariat, l'humanité doit en quelque sorte "passer" par le stade des monopoles, car ceux-ci préfigurent, à leur manière, le socialisme par le caractère social étendu de la production, la transformation de la planète en "village global" etc.

    Prenons maintenant les choses dans l'autre sens. Nous avons le socialisme. La gauche révolutionnaire est mise en échec, et la droite révisionniste, partisane de la restauration capitaliste, prend la direction du Parti. Nous allons donc faire "machine arrière" d'un certain stade de construction socialiste, vers le capitalisme. Le "premier rivage" capitaliste que nous allons atteindre, est-il celui de la libre-concurrence ? Bien sûr que non ! Cela va être le stade des monopoles. D'abord (comme en URSS sous Brejnev) sous la forme d'un "capitalisme monopoliste d'Etat", où l'Etat prétendu "du Peuple entier" reste le propriétaire "officiel" des moyens de production. Puis, lorsque la situation économique l'impose, la "propriété d’État" est mise "à la découpe" et forme de gigantesques consortiums aux mains d'une caste d'oligarques (Russie de Eltsine).

    La Chine en est encore, à ce jour, au stade du "capitalisme monopoliste d’État". Mais voilà : les choses ne se sont pas faites exactement comme en URSS.

    Le socialisme chinois des années 1970 était bien plus faible, moins développé que le socialisme soviétique des années 1950 : essentiellement paysan, peu industrialisé sauf dans de grands centres comme Wuhan, etc. Pour accumuler du Capital (des sous, mais aussi des moyens de production, du savoir-faire etc.), les dirigeants révisionnistes autour de Deng Xiaoping ont donc eu l'idée d'"ouvrir" le pays aux investissements étrangers, notamment dans le domaine de la sous-traitance, de la "production première" (à bas coût) de biens de consommation : ils ont fait, en effet, de la Chine des années 1980-90 "l'atelier du monde" (depuis, cette qualité d'atelier mondial s'est quelque peu déplacée vers l'Inde, l'Indonésie, l'Amérique latine etc.). Ils ont aussi mis en place un capitalisme "semi-étatique" : 50% à l’État chinois et 50% à des investisseurs étrangers. MAIS, pour autant, ils n'ont jamais bradé le pays aux impérialistes occidentaux (ou japonais) : la classe capitaliste dirigeante du Parti a toujours "gardé la main" sur les matières premières (d'où le contentieux devant l'OMC !), les ressources énergétiques, l'industrie lourde etc. : jamais les "investisseurs" impérialistes n'ont eu accès à ces "secteurs clés" (souvent relégués dans l'arrière-pays, alors que "l'ouverture" était confinée dans des "zones économiques spéciales" sur la côte). L'"ouverture" ne devait donc, bel et bien, être qu'une tactique pour accumuler du Capital, l'objectif (reconnu publiquement plus tard, dans les années 2000) étant de faire de la Chine la "première puissance mondiale" à l'horizon 2050...

    Cette politique économique d'"atelier du monde" a bien sûr engendré une classe d'intermédiaires, de "compradores rouges". Qui, poussés par l'appât du gain, ont pu se mettre à souhaiter "plus d'ouverture", une compradorisation totale, c'est à dire, finalement, ramener la Chine à l'état de semi-colonie qu'elle était avant 1949. C'est cette classe qui, s'appuyant sur les JUSTES revendications démocratiques et sociales du Peuple, a conduit en 1989 la contestation de Tienanmen. Mais la direction de Deng Xiaoping et Li Peng écrasa cette contestation dans le sang (4.000 mort-e-s), assurant le triomphe de la "voie social-impérialiste" contre la "voie compradore".

    Pour étayer cette démonstration, prenons maintenant un contre-exemple : l'Inde. L'Inde est décrite elle aussi comme une puissance montante, "émergente". C'est une puissance économique, qui a déjà constitué quelques monopoles (Tata, Mittal etc.), et une puissance démographique (1 milliard d'habitant-e-s) et militaire qui exerce une certaine domination sur ses petits voisins (Népal, Bhoutan, Sri Lanka...). Mais l'Inde reste un pays dominé par l'impérialisme, car dominé par la semi-féodalité. C'est d'abord un pays très décentralisé, où le pouvoir fédéral de New Delhi n'a finalement que peu de prérogatives face aux pouvoirs locaux (une trentaine d’États fédérés, environ 800 districts). Les grands propriétaires terriens, souvent héritiers des radjahs et maharadjahs de l'époque coloniale, sont seuls maîtres sur leurs terres ; et malgré l'existence de grandes compagnies indiennes, les matières premières et les ressources énergétiques sont souvent contrôlées par des multinationales occidentales, de même que l'industrie lourde (sidérurgie, métallurgie, mécanique etc.). Une Inde impérialiste n'est donc pas à l'ordre du jour : tout juste peut-elle être un "gendarme régional" de l'Occident en Asie du Sud et dans l'Océan indien... et un contrepoids face à la Chine. Le même constat peut s'appliquer au Brésil, au Mexique... Au contraire, en Chine, la féodalité a été éradiquée par la Révolution. De même qu'en Russie, et c'est pourquoi, passé 1945, les seuls pays à avoir pu devenir impérialistes sont des pays passés par le socialisme (Russie et Chine), sauf à considérer le cas de l'Etat espagnol (politique très volontariste de développement capitaliste sous Franco, mais pays impérialiste ? En s'appuyant sur les économies catalane et basque, peut-être...).

    En réalité, il faut le dire clairement, les théories visant à affirmer que la Chine actuelle n'est ni impérialiste, ni sur la voie (consciente et méthodique) de l'être, sont des théories d'avant-gardes autoproclamées qui n'ont que deux buts :

    -> soit considérer la Chine comme "toujours un peu socialiste", ou au moins "progressiste et anti-impérialiste", "camp de la paix" (PTB), "en NEP indéterminée" (Éditions prolétariennes) ; ceci afin de justifier une éventuelle alliance social-impérialiste de la France (une France "socialiste" de profs phraseurs et autres parasites) avec elle ;

    -> soit la ramener à un pays totalement compradore et quantité négligeable, afin de brouiller les cartes de la "géopolitique" mondiale et d'affirmer que s'affrontent en réalité deux blocs impérialistes sur la planète : USA (avec l'Angleterre, le Japon, Israël etc.) et "France-Allemagne-Russie", pour justifier ainsi un appui objectif au premier bloc (cette ligne a toutefois un peu évolué, notamment sur le dossier libyen).

    Pour SLP, tout cela n'est que fumisterie et merde en barre ; LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP ; et les Peuples ont selon les régions du monde un ennemi principal :

    - sur le continent africain, même si les impérialistes anglo-saxons, chinois ou encore russes sont présents, c'est clairement la Françafrique, l'impérialisme BBR : il faut dénoncer et combattre l'agression impérialiste en Côte d'Ivoire ; il faut dénoncer la manœuvre impérialiste en Libye, tout en rappelant le rôle de fidèle serviteur de la Françafrique (en plus de bourreau de son Peuple) qu'a longtemps joué Kadhafi avant de tomber en disgrâce ;

    - sur le continent américain, c'est clairement l'impérialisme U$ et il faut condamner sans appel toutes ses actions criminelles, comme le coup d’État au Honduras ;

    - dans "l'étranger proche" eurasien (ex-URSS) et la Fédération de Russie, c'est l'impérialisme russe ; [(Rectificatif) Et encore : lorsqu'un pays frontalier de la Russie passe clairement sous la coupe des puissances occidentales qui réhabilitent et s'appuient sur les forces les plus réactionnaires, parfois ouvertement nostalgiques du Reich nazi, comme cela s'est produit en Ukraine en 2014... mais aussi (à vrai dire) dans tous les "pays de l'Est", en Yougoslavie ou dans les Pays baltes entre 1989 et 1992, il devient difficile de dire que l'impérialisme russe y est l'ennemi principal. En réalité, il est pratiquement possible de dire qu'en dehors de leurs frontières (Fédération de Russie et République "populaire" de Chine), les monopoles russes et chinois et leurs forces armées (ou celles des régimes qu'ils soutiennent) sont en quelque sorte l'ennemi principal "au cas par cas", de manière limitée dans l'espace et dans le temps (comme déjà du temps de la Guerre froide d'ailleurs : invasion et occupation soviétique de l'Afghanistan par exemple), alors que sauf cas exceptionnel (par exemple le "soutien" - au demeurant contradictoire et tout relatif - aux Kurdes de Rojava contre l'"État islamique") lorsque l'Occident met son nez quelque part il y est quasi-automatiquement l'ennemi principal, fomentant systématiquement la réaction la plus noire.
    UN JOUR PEUT-ÊTRE le bloc actuellement constitué ("Coopération de Shanghai") autour de la Russie et de la Chine (entre lesquelles les contradictions ne sont pas non plus inexistantes, en Extrême-Orient russe notamment !) pourrait se convertir, comme le bloc Allemagne-Italie-Japon des années 1930, en menace principale au niveau planétaire... mais ce jour n'est pas encore arrivé et ce serait alors pour une période limitée dans le temps (une dizaine d'années pour le bloc précédemment évoqué entre 1935 et 1945... ceci n'ayant par ailleurs été le point de vue populaire partout que très tardivement : jusqu'en 1942 voire 43 voire 44 énormément de Peuples ont pu considérer que leur ennemi principal restait leur oppresseur impérialiste "historique" - français, anglais ou US - et que la menace germano-italo-japonaise leur était plutôt étrangère... lorsqu'elle ne pouvait pas carrément représenter une alliée potentielle ; les Japonais notamment ayant souvent été accueillis - sauf en Chine - comme des libérateurs par les Peuples d'Asie soumis au colonialisme européen - autant de choses qui ne font pas partie de la "mythologie mondiale post-1945", mais c'est ainsi...). Tendanciellement, les impérialistes "historiques" qui dominent la planète depuis le 19e siècle (France, Royaume-Uni, USA) et le bloc occidental constitué autour d'eux restent les "maîtres du jeu" sur la planète et le "Ventre de la Bête" à terrasser.]

    - au Machrek arabe, c'est le "gendarme régional" israélien ;

    - en Asie du Sud, c'est le "gendarme régional" indien ;

    - le social-impérialisme chinois est clairement l'ennemi principal des peuples de l’État chinois ; la Corée du Nord ("socialiste" pour certain-e-s) est son atelier ; la Birmanie fasciste est son "corridor stratégique" vers l'Océan indien (il a aussi une forte alliance avec le Pakistan dans la même logique) ; il appuie également des régimes parmi les plus infâmes de la planète : Iran (les mollahs), Soudan (El Béchir), et dernièrement Kadhafi. Dans le Parti maoïste népalais, certains éléments recherchent son appui : cela peut s'argumenter tactiquement (face à l'Inde), mais si la tactique devenait une stratégie, ce serait une catastrophe.

    Voici un article publié sur le site Regroupement Communiste. Il comporte des erreurs et des confusions (par exemple, la classe chinoise sous-traitante et les intermédiaires des monopoles occidentaux ne peuvent JUSTEMENT PAS être monopolistes !), mais il présente une analyse assez intéressante de ce qu’est la Chine aujourd’hui :


    LA CHINE IMPÉRIALISTE


    Lijiang Mao 2

    Un récent article de Robert BIBEAU, illustre les contradictions interimpérialistes qui se cachent derrière les bouleversements politiques et les conflits qui secouent le monde. La chine tient une place importante dans cette  nouvelle redistribution des cartes, quel est son rôle, quelle est sa nature ? JMN

     

    LA CHINE IMPÉRIALISTE 

     29.06.2011                

     


     

     

    LA CHINE IMPÉRIALISTE :

    • Le vent d'Est
    • Le "Printemps Arabe"
    • Chine "communiste" ?
    • La classe capitaliste monopoliste chinoise
    • La Chine impérialiste


    LE VENT D’EST

    Le vent d’Est, dominant, rugit depuis quelque temps, depuis l’amorce de la dernière grande crise économique mondiale (2008). Crise financière et monétaire dont l’Occident ne parvient pas à s’extraire alors que le géant comptant un milliard trois cents millions d’habitants est parvenu à s’en extirper rapidement.

    Tous les indicateurs économiques le confirment : la Chine, moins touchée par le cataclysme de 2008, est déjà à marche forcée vers le sommet des palmarès économiques et industriels internationaux.

    Les Américains laissent entendre que le PIB (Produit intérieur brut) chinois ne les rejoindra pas avant 2030; pendant ce temps les Chinois laissent braire, restent cois, et  cumulent aisément les records de production, de construction et de capitalisation. Il n’y a que trois records mondiaux que les Américains conservent jalousement; premièrement, ce sont les paumés les plus endettés de la planète; deuxièmement, ils cumulent les plus lourdes dépenses d’armement (50 % des dépenses militaires mondiales ce qui grève  davantage leur dette); troisièmement, ce sont les plus gros consommateurs – gaspilleurs – à crédit des deux hémisphères.  

    Mis à part les « bobos », qui d’autre pourrait sérieusement penser que l’empereur de l’embonpoint-armé dirige effectivement l’assemblée des chefs d’États du G7 aussi insolvables que lui ?  Pendant que Barak Obama parade, entouré de ses alliés endettés, l’impérialisme chinois poursuit son ascension fulgurante et tente de repartager les marchés, les sphères de matières premières et d’hydrocarbures et de redéfinir la division internationale du travail, de l’extraction de la plus-value et de la répartition de l’usufruit à l’avantage de la classe des capitalistes monopolistes d’État chinois et de ses comparses (Alliance de Shanghai).

    Ce conflit mondial titanesque, qui a connu de nouvelles escarmouches en 2008, est un combat entre le camp, en déclin mais toujours dominant, du Bloc transatlantique (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Belgique, Canada, etc.) et le camp des aspirants regroupé autour de l’Alliance de Shanghai (Chine, Russie, Iran, Kazakhstan, Ouzbékistan, Syrie, etc.) prétendant au trône de leader de l’impérialisme mondial.

    Le social impérialisme chinois n’est pas un avatar totalement étranger à l’impérialisme mondialisé; il représente plutôt la section du capital financier internationalisé la plus prospère, son opposition à l’impérialisme états-unien porte sur le repartage des supers profits tirés de la spoliation des pays néo-coloniaux ainsi que sur le repartage de la plus-value extorquée aux prolétariats des pays industrialisés.

    LE « PRINTEMPS ARABE »

    Le « Printemps arabe » – qui ne s’est toujours pas transformé en révolution arabe – le maillon faible de la chaîne impérialiste (1) découle de cette titanesque confrontation inter-impérialiste. Que voulez-vous, les peuples arabes chôment assis sur les plus grandes réserves mondiales d’hydrocarbures et pour cela ils sont l’objet de toutes les convoitises, mais leurs marchés domestiques ne présentent pas un grand intérêt étant donné deux faits rédhibitoires : premièrement, les faibles prébendes que l’impérialisme international abandonne sur place (royautés et redevances); deuxièmement, l’accaparement  exclusivement monarchique et comprador de ces aumônes tombées de l’escarcelle des milliardaires occidentaux. Ces aumônes étant réinvesties sur les bourses d’Occident par les sultans et les présidents de pacotille, il est inutile de mettre en place un appareillage sophistiqué pour récupérer ces capitaux, car ils réintègrent d’eux-mêmes les flux de circulation monétaire impérialistes.

    Les peuples arabes, écartés du repartage de ces miettes et abandonnés aux oubliettes, se sont récemment révoltés; mais sitôt lancés, les mouvements anarchiques des insurgés ont été récupérés par les services secrets occidentaux, sionistes et arabes, qui les ont réorientés en direction d’élections « démocratiques » bourgeoises que tous les « bobos occidentaux » (chercheurs universitaires et alter mondialistes) saluent comme de grandes avancées arabes depuis la trahison de la place Tahrir au Caire (2).

    Aujourd’hui, les révoltés du Caire, de Tunis, de Benghazi, de Bahreïn, du Yémen, de Syrie et d’ailleurs tentent de donner un second souffle à leurs révoltes avec tout ce que cela pose comme problèmes quand les rangs des insurgés sont infiltrés d’autant d’agents policiers. Bref, fort probablement que les peuples arabes pourront bientôt choisir leur dictateur à même une liste de 30 prestidigitateurs adoubés par les mêmes coteries qui dirigent toujours leurs pays. Voilà le résultat de ces révoltes trahies.

    CHINE « COMMUNISTE » ?

    Chengdu-2.jpg

    La Chine est-elle une puissance impérialiste ascendante ou un pays « socialiste » dans lequel prospèrent 805 000 nouveaux millionnaires « communistes », comprenant plusieurs milliardaires « socialistes » propriétaires de grandes entreprises de production industrielles, ainsi que des spéculateurs financiers « prolétariens » inscrits aux bourses de Shanghai et de Hong-Kong et 70 députés « révolutionnaires » de l’assemblée « populaire » chinoise qui ensemble cumulent 80 milliards de devises américaines (3) ?

    La Chine est un pays où survivent également des centaines de millions de prolétaires ne possédant en propre que leur force de travail à vendre sur le souk de l’emploi, le marché de l’esclavage salarié, fluctuant alternativement entre des phases de chômage aigu et des phases de plein emploi, comme dans tous les autres pays capitalistes (4).

    LA CLASSE CAPITALISTE MONOPOLISTE CHINOISE

    La classe capitaliste monopoliste chinoise est divisée en trois segments, chaque segment correspondant à un mode différent d’accumulation du capital. Un premier groupe est formé d’apparatchiks – bureaucrates de l’appareil monopoliste d’État –. Ils gèrent les grands conglomérats industriels nationalisés (industrie lourde, armements, aérospatiale et haute technologie), ainsi que les grandes entreprises chinoises de transport, des services et des communications. Cette section constitue le cœur de la nouvelle classe capitaliste monopoliste d’État chinoise. Leur richesse provient de leurs salaires très élevés et des immenses avantages qu’ils s’octroient à partir des revenus des entreprises et des services qu’ils administrent. Ils réinvestissent leur pécule et consolident ainsi leur position capitalistique (5).

    Une deuxième section est constituée des entrepreneurs propriétaires privés de manufactures et d’entreprises de toutes sortes qui produisent en partie pour le marché de consommation national et en partie pour remplir les contrats de sous-traitance offerts par les entreprises étrangères qui ont délocalisées leurs usines en Chine (accessoires et pièces automobiles, textiles et vêtements, produits synthétiques et plastiques, métallurgie primaire, etc.). Ils sous-traitent également pour les grandes entreprises chinoises monopolistes d’État. Ces capitalistes sont souvent basés à Hong Kong, à Macao, à Taïwan, ainsi que dans les zones spéciales d’industrialisation le long de la côte Est de la Chine. Ce segment constitue lui aussi une base importante de la classe capitaliste monopoliste chinoise; son capital financier est intimement lié au capital financier des autres puissances impérialistes et aux intérêts des grandes entreprises étrangères donneurs d’ouvrage.

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    Une troisième et dernière section de la classe capitaliste chinoise est formée des intermédiaires et des gérants « communistes » des entreprises impérialistes étrangères installées en Chine pour y exploiter la main d’œuvre locale sous payée. Se greffent à cette section des gestionnaires « socialistes » de portefeuilles de placements, des spéculateurs « prolétariens », des banquiers « révolutionnaires » et d’autres requins de la finance ainsi que des revendeurs « maoïstes » qui écoulent leurs produits essentiellement sur les marchés étrangers. Ceux-là forment la section compradore de la classe capitaliste monopoliste chinoise dont les capitaux s’amalgament inextricablement au capital financier international.

    La nature compradore de cette partie de la classe dirigeante chinoise ne fait aucun doute. La Chine sous-traite, dans des conditions épouvantables pour son propre prolétariat, la fabrication de la pacotille et des vêtements dont l’Occident a besoin et qu’elle paie en dollars dévalués transformables en bonds du trésor américain en faillite. Une grande partie de la production manufacturière occidentale ayant été délocalisée en République Populaire de Chine – et dans une moindre mesure en Inde – la Chine présente  sous certains aspects l’image d’un impérialisme de sous-traitance avec parmi ces compradores une mentalité de rentiers qui retirent leurs bénéfices de l'exploitation de leur propre peuple travailleur.

    Cette forme d’exploitation est semblable à celle que l’on rencontre dans plusieurs pays néo-coloniaux – arabes notamment – et rien ne distingue ce segment comprador chinois de la classe dirigeante d’Indonésie, d’Égypte, d’Algérie, de Libye, de l’Inde ou du Congo.

    Cette composition complexe – en trois segments – de la classe capitaliste monopoliste  chinoise et les luttes internes qu’elle engendre au sein du Parti bourgeois hégémonique explique les hésitations, les fluctuations et les retournements inattendus de la politique étrangère chinoise (elle n’a pas imposée son veto à la résolution à l’ONU préparant  l’agression contre la Libye, puis la Chine a regretté de ne pas l’avoir fait). Les contradictions entre les impérialistes mondiaux sont très féroces en ces temps de crise économique sévère et les chemins pour parvenir au sommet (repartage des zones d'influences, des marchés et des ressources) sont et seront parsemés de nombreux conflits régionaux – Iran, Soudan, Syrie, Libye, autres pays arabes, Congo, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Sénégal, autres pays africains, Palestine-Israël, Afghanistan, etc. – (6) avant de se transformer en conflit ouvert mettant directement aux prises les deux camps dans un nouvel affrontement mondial cataclysmique.

    LA CHINE IMPÉRIALISTE

    Shuanglang-39.jpg

    La section bureaucratique monopoliste d’État d’abord, la section spécialisée dans la sous-traitance et le segment comprador ensuite, s’appuient tous sur le contrôle exclusif de l’appareil monopolistique d’État (législatif, juridique, fiscaliste et répressif) pour assurer leur expansion impérialiste sur les divers marchés mondiaux afin de réaliser le profit maximum pour leurs investissements. Par ses origines bureaucratiques, la première section contrôle le Parti « communiste » hégémonique et l'État « socialiste » chinois. Ces trois segments sont devenus la nouvelle bourgeoisie dans un système de production déjà largement monopolisé, protégé de la concurrence étrangère et dont la pérennité est garantie par cet appareil d'État sous son contrôle exclusif. Les trois segments participent directement à l'exploitation du peuple chinois, à extraire la plus-value – dans les grandes usines en conglomérats et dans les grandes entreprises de transports et de communication – du travail de la classe ouvrière et à la mise aux enchères du travail salarié chinois pour le bénéfice de leurs alliés et concurrents impérialistes internationaux.

    Par ailleurs, le capitalisme chinois est exportateur de capitaux et entrepreneur de gros oeuvres dans les pays néo-coloniaux mais aussi dans certains pays riches comme le Canada (mines du Nunavut, forêt de Colombie-Britannique, hydrocarbures de l’Alberta et Plan Nord du Québec). En ce sens, l'économie chinoise, déjà fortement en expansion (2e économie mondiale en terme de valeur de la production) contient en germe la double nature contradictoire de l’impérialisme contemporain. La classe dirigeante chinoise se comporte exactement comme n'importe quelle classe exploiteuse d'une grande économie occidentale sans pour autant contrôler le moindre levier économique  international embûche que l’impérialisme américain pose devant l’expansionnisme chinois. À titre d’exemple, la Chine n’est pas cooptée au G8 ni à l’OCDE, elle n’a pas droit de veto au FMI malgré qu’elle le finance fortement (7); la Chine est traitée comme quantité négligeable à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) malgré qu’elle soit le premier pays exportateur et le deuxième importateur mondial, de même à la Banque mondiale malgré que ses réserves de devises étrangères soient, et de loin, les plus importantes au monde (2,45 mille milliards de dollars US) et qu’à elle seule elle prête davantage aux pays en développement que la Banque mondiale (8).

    La dépendance de la Chine à l'égard du marché et du dollar américains place ce pays à la merci des restrictions que les États-Unis pratiquent à son égard (interdiction d’achat de certaines entreprises, blocage de certains marchés technologiques – aérospatiale, micro processeur, armement sophistiqué telle la technologie des drones –. À titre d’exemple de cette dépendance chinoise vis-à-vis du marché nord américain, la société WalMart, la plus grande entreprise au monde (1,9 millions de salariés) spécialisée dans la grande distribution (404 milliards de chiffre d’affaires annuel – 2009), importe 70 % de ses produits de Chine populaire. La faillite de WalMart créerait de graves problèmes aux entrepreneurs chinois (9). La Chine peut donc concurrencer les États Unis mais elle ne peut pas mettre ce pays en faillite…pour le moment.

    Le capitalisme monopoliste d'État en Chine est caractérisé par la dictature d’une bureaucratie parasitaire ancienne, restreinte en nombre et fortement capitalisé (0.03 % des riches chinois cumulent 60 % du PIB national) qui connaît une expansion extérieure limitée par ces contraintes que nous venons d’énoncer et dont il est difficile de mesurer jusqu'à quel point et jusqu'à quand les impérialistes du Bloc transatlantique parviendront à l’entraver (10).

    En résumé, la Chine présente une économie capitaliste monopolistique d’État en phase de maturité, basée d’une part sur l'exploitation de la classe ouvrière – qui constitue le moteur de la contradiction principale (entre le travail et le capital) – et d’autre part sur la conquête des marchés extérieures, mais aussi caractérisée par une intégration inachevée au système impérialiste mondial, intégration qui est cependant en voie de parachèvement.

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    Si un jour elle le fut, la Chine n’est déjà plus un pays socialiste mais constitue réellement la puissance impérialiste montante à l’échelle internationale. La Chine ne constitue pas pour autant le plus grand danger pour les peuples du monde ni l’une des trois composantes d’un univers impérialiste tri polaire (théorie fumeuse des Trois mondes). La Chine est un pays impérialiste que l’immense prolétariat chinois devra renverser (abattre) tout comme le prolétariat de chacun des pays impérialistes a pour mission de détruire la structure étatique et sociale qui les opprime et les exploite.

    Avec l’expansion rapide de l’impérialisme chinois, le prolétariat chinois est devenu le contingent le plus important – entre 240 et 300 millions d’individus – et le fer de lance du prolétariat mondial. Sur lui repose la responsabilité de tracer la voie vers l’émancipation de toute la classe et de ses alliés (11).


    (1) Le maillon faible. Les révoltes arabes.  http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5043

    (2) http://www.legrandsoir.info/La-revolution-avortee.html   et  http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-revolution-democratique-88459 

    (3) http://www.ledevoir.com/international/asie/323664/le-sans-gene-des-nouveaux-riches-chinois  La répartition de la richesse dans le monde. Rapport Global Wealth Databook (en anglais) du Crédit Suisse. 
    (4) http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/etats-unis-chine-la-grande-87177 et  http://www.centpapiers.com/comprendre-la-crise-economique-et-financiere-2/56027  

    (5) http://french.peopledaily.com.cn/Economie/7110542.html  Hausse de 42 % du chiffre d’affaires des entreprises centrales chinoises.
    (6) Multiples conflits dans le monde http://www.mondialisation.ca/

    (7) La Chine a prêté 50 milliards de dollars au FMI afin qu’il prête au pays en développement.  Courriel Internet 10.06.2011.

    (8) http://french.peopledaily.com.cn/Economie/7113960.html
    (9) http://fr.wikipedia.org/wiki/Walmart

    (10) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/comprendre-la-crise-economique-et-86958

    (11) http://www.melchior.fr/Nombre-de-travailleurs-dans-l.6557.0.html, soit 740 millions de salariés en Chine dont 180 millions dans l’industrie et le bâtiment et 240 millions dans les services. http://www.questionchine.net/article.php3?id_article=1802   


    Salutations cordiales.


    http://www.robertbibeau.ca/palestine.html

    http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito29062011.html

     


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  • Nous relayons régulièrement, sur ce blog, les nouvelles de la Guerre populaire révolutionnaire aux Philippines, menée par les héroïques camarades de la Nouvelle Armée du Peuple (NPA).

    Issue de la lutte de ligne anti-révisionniste dans les années 1960, suivant les enseignements de Mao Zedong, la New People's Army du nouveau Parti Communiste des Philippines mène la plus ancienne guerre populaire révolutionnaire en cours à l'heure actuelle. Une des rares véritables Guerres populaires maoïstes, également, avec celle des camarades maoïstes indiens, celle renaissante au Pérou (mais toujours marquée par la terrible défaite et la désorientation des années 1990), et peut-être celle qui va renaître au Népal, si le gouvernement bourgeois (laquais du pouvoir indien) déchaîne sa répression contre le mouvement populaire. [L'Armée populaire révolutionnaire du Mexique (EPR) se réclame également du marxisme-léninisme et en partie de Mao Zedong, et mène quelques actions de guérilla, tandis que les FARC de Colombie sont sur la défensive, payant leurs erreurs idéologiques et tactiques - cette organisation ne s'est jamais revendiquée du maoïsme, refusant la Guerre populaire et la ligne de masse.]

    Il nous a semblé important de rattacher cette Guerre populaire héroïque à l'histoire de l'archipel philippin. Une histoire toute entière tournée vers la conquête de l'indépendance réelle et totale, confisquée depuis 110 ans par l'impérialisme US et, aujourd'hui, première et indispensable étape de la révolution nationale-démocratique et de la révolution socialiste.
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    Situé entre le Pacifique et la mer de Chine, l'archipel des Philippines compte plus de 7.000 îles. Les deux plus grandes sont Luçon, au Nord, et Mindanao au Sud. Entre les deux s'étend l'archipel des Visayas (Cebu, Leyte), auxquelles s'ajoutent au sud de Mindanao les îles Sulu, et à l'ouest Palawan. Le pays compte environ 100 millions d'habitants.

    Découvert au 16e siècle par Magellan, l'archipel fait d'abord partie de l'empire colonial espagnol. Présentant peu de richesses économiques (hormis les épices), il était administré depuis la lointaine Nouvelle-Espagne (Mexique).

    Cet éloignement a favorisé le pouvoir de l'Eglise catholique, des missionnaires, ce qui fait encore aujourd'hui des Philippines un pays ultra-majoritairement catholique, le seul en Asie.

    L'administration espagnole réduite au strict nécessaire, le pays était divisé en grands domaines féodaux aux mains des ordres religieux.

    Dans les années 1890, en même temps qu'à Cuba et 3/4 de siècle après l'Amérique latine, va émerger un mouvement pour l'indépendance contre la Couronne d'Espagne.

    Comme à Cuba, et plus nettement encore qu'en Amérique latine sept décennies plus tôt, ce mouvement est un mouvement bourgeois, dirigé par la frange la plus libérale voire démocratique (liée à la franc-maçonnerie*) de la bourgeoisie créole (blancs nés sur place) et métisse, qui dénonce la tyrannie de l'administration coloniale (de type militaire) et la toute-puissance de l'Église. Elle va s'appuyer, pour son combat, sur les masses du peuple réduites à l'état de serfs.

    La guerre d'indépendance ou "révolution philippine" va commencer en 1895, en même temps que la deuxième guerre d'indépendance de Cuba. Elle est menée par le mouvement Katipunan d'Andrès Bonifacio et Emilio Aguinaldo.

    Mais, pour son plus grand malheur, le mouvement de libération philippin va rencontrer les intérêts d'un jeune impérialisme naissant : l'impérialisme US.

    Prenant prétexte, déjà, de la "libération des peuples" et de la "démocratie" (grosse campagne de presse sur les atrocités espagnoles), et de l'explosion d'un navire américain à La Havanne, va éclater la guerre hispano-américaine.

    En quelques semaines, la flotte et l'armée coloniale de la vieille Espagne arriérée vont être balayées par les forces des États-Unis, qui ont achevé leur conquête de l'Ouest et, avec leurs 75 millions d'habitants, se posent déjà en puissance mondiale, derrière l'Angleterre, la France et l'Allemagne.

    L'Espagne cède aux États-Unis les Philippines (pour 20 millions de dollars), Cuba, Porto Rico et quelques îles du Pacifique comme Guam.

    Si Cuba, après quelques années d'occupation, se voit accorder en 1902 une indépendance de pure forme (amendement Platt), Porto Rico et les Philippines passent sous administration directe des États-Unis.

    C'est en réalité une nouvelle domination qui commence, pire encore que la précédente : la domination impérialiste moderne US, succédant au vieux colonialisme espagnol.

    Forcée d'abandonner ses domaines, l'Eglise les vend à une poignée des riches propriétaires créoles et métis : les ilustrados. Avec la frange la plus conservatrice de la bourgeoisie créole, jalouse de ses privilèges, ils vont former la classe compradore, socle de la domination US. Ils le sont, pour la plupart, toujours aujourd'hui.

    800px-Battle of PaceoLa bourgeoisie nationaliste libérale, s'estimant trahie, ne va pas l'entendre de cette oreille. Dès le début 1899, Aguinaldo proclame la Première République philippine qui va  déclarer la guerre aux États-Unis. Les masses populaires, qui ont lutté pour leur libération de l'Espagne, forment là encore le gros des troupes et commencent une guerre de guérilla.

    La "pacification" américaine sera terrible : 10.000 à 20.000 combattants et au moins 200.000 civils philippins seront tués (certaines estimations vont jusqu'à 1 million, avec la faim et les épidémies). Avec la "pacification" allemande de la Namibie, la guerre des Philippines constitue sans aucun doute l'un des tous premiers crimes de masse du sombre 20e siècle.

    Les atrocités US sont innombrables. En novembre 1901, le correspondant à Manille du Philadelphia Ledger rapporte : "la présente guerre n'est pas sans effusion de sang, un engagement d'opéra bouffe ; nos hommes ont été implacables, ils ont tué pour exterminer des hommes, des femmes, des enfants, des prisonniers et des captifs, des insurgés actifs et des gens soupçonné y compris des enfants de dix ans, l'idée prévalant que les Philippins comme tels n'étaient guère meilleurs qu'un chien....".

    Massacres de prisonniers et de civils, tortures, incendies de villages, et même les premiers camps de concentrations qui voient le jour sur l'île de Marinduque : le siècle de l'impérialisme commençait à l'image qui sera la sienne.

    D'ailleurs, c'est à cette occasion que le terme d'impérialisme lui-même fait son apparition : autour d'intellectuels démocratiques comme Mark Twain, se crée la Ligue Anti-impérialiste pour dénoncer la politique d'annexion américaine. Mais c'est encore, à ce stade, une notion idéaliste : il faudra attendre Lénine pour lui donner un contenu scientifique.
     
    PhillipinesLa population philippine était de 9 millions en 1898, dix ans plus tard elle était tombée à 8 millions.

    Défaite après défaite, les chefs de l'insurrection (dont Aguinaldo) se rendent les uns après les autres à partir de 1901. La guerre américano-philippine prend officiellement fin avec l'Acte Organique de juillet 1902.

    Il est à noter que, parallèlement, éclate une rébellion des populations musulmanes du Sud ("Moros"), l'ancien sultanat de Sulu, qui se poursuivra jusqu'en 1913. C'est important, car depuis 1972 ces populations sont à nouveau en lutte contre le pouvoir central, avec le Front de Libération Nationale Moro puis, après sa trahison, avec le Front Islamique de Libération et Abu Sayyaf.

    Vis-à-vis de ce mouvement, la guérilla maoïste a su faire preuve de marxisme-léninisme élémentaire, en soutenant le droit à la lutte et à l'autodétermination des Moros, qui formaient une nation avant même que l'arrivée des Espagnols n'en crée une dans le reste des Philippines... Les deux guérillas entretiennent de bonnes relations, et se rendent parfois des services.

    Les décennies s'écoulent, donc, sous l'administration américaine et la loi des grands propriétaires. Des institutions (parlement, gouvernement) s'organisent et en 1935 est accordée une autonomie sous forme de commonwealth (président Quezon), qui doit conduire à l'indépendance en 10 ans.

    Entre temps, en 1930, a vu le jour le premier Parti Communiste des Philippines, appelé aujourd'hui PKP-1930 ou simplement PKP (Partido Komunista ng Pilipinas) pour le distinguer de l'actuel (CPP).

    En décembre 1941, au lendemain de Pearl Harbor, les Japonais lancent l'invasion de l'archipel. Celle-ci s'achève en mai 1942, les troupes commandées par Wainwright et MacArthur évacuent ou sont faites prisonnières.

    Avec des nationalistes bourgeois comme José P. Laurel, les Japonais mettent en place un gouvernement collaborationniste intégré à leur "sphère de co-prospérité" impérialiste.

    Indépendamment de la guérilla orchestrée par des militaires américains restés dans les îles, le Parti communiste mène sa propre guérilla de résistance à l'occupant : les Hukbalahap ou "Huks" (Hukbo ng Bayan Laban sa Hapon, Armée populaire antijaponaise).

    Comme lors de l'annexion américaine, les Japonais et leurs collaborateurs multiplient les atrocités contre la population et les prisonniers (américains et philippins).

    Finalement, fidèle à la parole de MacArthur ("I'll be back"), l'impérialisme américain reprend le contrôle des Philippines entre octobre 1944 et mars 1945. Avant de quitter Manille, l'armée japonaise massacre 100.000 civils [NDLR - selon d'autres sources, ce bilan serait en réalité surtout le fait de l'offensive américaine (bombardements-massacres du même type que sur l'Allemagne ou le Japon) et le nombre de victimes pourrait être bien plus élevé encore, de l'ordre de 200.000 ou plus : http://www.rappler.com/newsbreak/iq/82850-americans-destroyed-manila-1945]. 


    Victimes du massacre japonais de Manille

    L'"indépendance" est finalement accordée à l'archipel en 1946 sous la présidence de Manuel Roxas. Mais les Huks ne baissent pas les armes et, devenus Armée populaire de libération (Hukbo ng Magapalaya ng Bayan), poursuivent le combat contre le nouveau pouvoir fantoche et ses maîtres impérialistes US.

    La "guerre des Huks", sous la conduite du Parti communiste dirigé par José Lava, se poursuit jusqu'en 1954 dans le centre de l'île de Luzon. Elle revêt une importance capitale pour les Américains, après que les communistes aient pris le pouvoir en Chine, en Corée du Nord et bientôt au Vietnam. Les Philippines deviennent leur place forte en Extrême-Orient, d'où ils lanceront leurs opérations de Corée (1950-53) et du Vietnam (1961-75).

    Malgré une lutte héroïque appuyée sur les masses paysannes misérables, le soutien militaire américain aux gouvernements de Roxas, puis Quirino et Magsaysay permet de réduire et d'isoler la guérilla Huk. Le bilan n'est pas connu précisément, mais se chiffre sans doute en dizaines de milliers de combattants et de civils.

    Les raisons de la défaite des Huks sont multiples. La direction du PC actuel parle d'erreurs militaristes, d'isolement de la guérilla dans des zones reculées et peu peuplées, donc de coupure avec les masses (un peu l'erreur des FARC aujourd'hui en Colombie). Peut-être n'ont-ils pas assez "compté sur leurs propres forces" comme l'enseigne Mao, comptant sur un "salut" venu d'ailleurs, d'une "rupture du front" en Corée ou en Indochine, d'un soulèvement urbain...

    En tout cas, après cette défaite, le PC sombre dans le révisionnisme, qui depuis Moscou triomphe partout dans le monde, choisissant la lutte légale et parlementaire.

    Combattants "Huks"

    À partir de la rupture sino-soviétique, la lutte de lignes va se développer dans le Parti contre les tenants du révisionnisme. Elle va aboutir finalement, fin 1968, à la création d'un nouveau Parti Communiste des Philippines sur les bases théoriques de Mao Zedong et de l'expérience révolutionnaire chinoise : le marxisme-léninisme-maoïsme.
     
    Avec la Nouvelle Armée du Peuple (NPA) formée en mars 1969, et au sein du Front National Démocratique (NDF), il va relancer la guerre révolutionnaire du peuple pour la révolution national-démocratique, ininterrompue vers le socialisme, avec comme première étape l'indépendance totale de l'archipel, confisquée en 1898.


    La Guerre populaire du PC des Philippines et de la NPA est donc le produit direct de la Grande Révolution Culturelle chinoise, ainsi que de l'héroïque guerre du peuple vietnamien, et de toute l'expérience synthétisée de la première vague révolutionnaire mondiale. Elle est également l'héritière des luttes qui l'ont précédée, avec leurs échecs qui sont autant de victoires relatives, par leurs enseignements. Elle applique la ligne de masse, "servir le peuple", "être dans le peuple comme un poisson dans l'eau", et la stratégie de la guerre révolutionnaire prolongée : la victoire est au bout du fusil.

    Elle affrontera la dictature fasciste compradore de Ferdinand Marcos, véritable proconsul US (1965-1986). Un soulèvement populaire le renverse en 1986, mais ses successeurs (Cory Aquino et Fidel Ramos) vaudront à peine mieux. Avec Joseph Estrada et l'actuelle présidente Gloria Macapagal-Arroyo, la terreur réactionnaire et la corruption règnent à nouveau en maîtres.

    La NPA aura le soutien de la Chine populaire à ses débuts, mais dès 1975 la diplomatie chinoise tombée aux mains de Deng Xiaoping entame un rapprochement avec le régime, qui se confirmera dans les années suivantes. Quant à l'URSS, elle ne l'a évidemment jamais soutenue, affirmant encore en 1986 "se satisfaire d'une réélection de Marcos".

    Dans les années 1960, avec la mainmise économique et la présence militaire (riche source de devises) américaines, les Philippines étaient le pays le plus avancé d'Asie après le Japon (avec les pires inégalités bien sûr). Mais aujourd'hui, leur caractère féodal et leurs gouvernements corrompus en ont fait le plus sous-développé d'Extrême-Orient.

    Comme la plupart des pays des Trois Continents (Afrique, Asie, Amérique latine), les Philippines ont tendance à devenir une usine et une ferme industrielle du monde, avec une main d'oeuvre au coût dérisoire, de l'ordre de quelques dollars par jour...


    Bidonville à Manille


    La lutte se poursuit et progresse, conjointement à celle des musulmans du Sud pour l'autodétermination, qui a repris en 1972, pour la libération totale des Philippines. Déterminée et inébranlable comme depuis 110 ans.

    Depuis 2001, prétextant des liens entre ces mouvements et Al-Qaida, l'impérialisme US a renforcé sa présence militaire aux Philippines au nom de la "guerre contre le terrorisme". Il est avéré que des troupes US participent activement à la guerre contre-révolutionnaire et aux exactions fascistes contre la population.
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    Bien entendu, la NPA est classée sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis et l'Union Européenne, les plus grands terroristes internationaux des 60 dernières années.

    Depuis leur création, le PC des Philippines et le Front National Démocratique sont dirigés par le Pr. José Maria Sison. Après avoir passé 9 ans dans les prisons fascistes de Marcos, il a été libéré à la chute de celui-ci et s'est exilé aux Pays-Bas, où il a demandé l'asile politique. La procédure, on peut s'en douter, traîne en longueur.

    jose maria sisonEn 2002, il est placé par le gouvernement néerlandais sur la liste des individus liés au terrorisme, ses comptes bancaires bloqués, privé de tous revenus et aide sociale, et il manque d'être expulsé en 2004. Mais c'est impossible d'après la législation européenne, les Philippines appliquant la peine de mort.

    En 2007, il est arrêté et incarcéré aux Pays-Bas, accusé d'avoir commandité trois assassinats politiques. Face à la mobilisation internationale en sa faveur, il est libéré le mois suivant. Les poursuites restent maintenues.

    Néanmoins, le 30 septembre dernier, le Tribunal de Première Instance de l'Union Européenne a ordonné son retrait de la liste des terroristes, le déblocage de ses comptes et le rétablissement de tous ses droits.


    LONGUE VIE A LA GUERRE DU PEUPLE PHILIPPIN !

    POUR LA LIBÉRATION TOTALE ET LA RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE, ININTERROMPUE VERS LE SOCIALISME !!!

     

     

    [* D’où le triangle caractéristique sur le drapeau des Philippines, comme sur celui de Cuba ou de Puerto Rico, qui luttèrent pour leur indépendance (également confisquée par l’impérialisme US) à la même époque. Celui-ci est d’ailleurs repris sur le drapeau du Front national démocratique (NDF) dirigé par le CPP.]
     


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