• Petite revue de presse sur la situation actuelle - 28/05/2018


    La situation en Italie continue d'illustrer à la (lamentable) perfection l'étau contre-révolutionnaire préventif, garant de la dictature du Capital, dans lequel se débattent désespérément les masses populaires européennes : face à l'"alternative" pourrie, réactionnaire sur toute la ligne, des populismes M5S et leghiste ; voici maintenant le blocage, en mode coup de force institutionnel du Président de la République, des garants de la soumission à la BCE et à la Commission de Bruxelles (elle-même présidée par l'ancien Premier ministre du pays-banque qu'est le Luxembourg) : L'Italie s'enfonce dans une crise politique majeure

    "Non à quelqu'un qui professe la sortie de l'euro. Il en va du respect de l'épargne des ménages" ; a laconiquement lâché le Chef de l’État. En perspective donc, la formation d'un gouvernement d'"affaires courantes" (Carlo Cottarelli, ancien fonctionnaire du FMI...) et de nouvelles élections d'ici la fin de l'année.

    Petite revue de presse sur la situation actuelle - 28/05/2018

    Comme a pu le résumer parfaitement un camarade : "L'UE absout, à tout le moins, les politiques racistes et discriminatoires les plus effroyables (cela on s'en rend compte en effet, des eaux de Lampedusa aux neiges du Briançonnais...), mais elle ne tolère pas qu'on remette en cause la loi d'airain de son dogme économique."

    Ou encore :

    "Quoi qu'on pense de Lega et M5S et de leur alliance  – et on peut sans doute, à part soi, en penser le plus grand mal –, l'expérience italienne démontre à nouveau, s'il était encore besoin après la Grèce en 2015 et, auparavant, les référendums sur la constitution européenne en 2005, que les institutions européennes ne cessent de déjuger la souveraineté populaire. Qu'il faut décidément, dans le cadre des institutions européennes, "bien voter". Ou bien s'attendre à ce que votre vote soit désavoué par des manœuvres dilatoires. Qui peut donc, dès lors, encore croire que ce cadre soit réformable ?

    S'acharner à dire qu'il est réformable, à plaider pour le réformer sans s'interroger, au préalable, sur sa "réformabilité" (et malheureusement s'interroger sur le fait que le nom d'Europe est devenu, pour beaucoup et notamment les classes populaires, le nom d'une forme de dépossession démocratique et économique) c'est se condamner – l'expérience nous le dit une fois de plus, elle a trop été réitérée pour ne pas devenir l'index d'une constante, d'une quasi-loi – à nourrir les forces de désintégration les plus dangereuses et, par un paradoxe qui n'est qu'apparent, saper et détruire les fondements élémentaires du projet européen (la paix, la prospérité, mais aussi et peut-être d'abord la démocratie).

    Après Jean-Claude Junker donc, "il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens" ; voici en effet la déclaration du président de la République italien, Sergio Mattarella, suite à son refus de nommer Paolo Savona, un économiste réputé eurosceptique, comme ministre des finances (et non pas son refus de nommer des ministres issus des rangs, notamment, de la Lega) :

    « J’avais annoncé à M. Conte que j’accorderai une attention particulière à certains ministères. Il m’a présenté une liste que j’ai acceptée en tous points, à l’exception du choix du Ministre de l’Économie. Dans mon rôle de garant, je ne pouvais pas accepter un choix qui aurait pu conduire à la sortie de l’Italie de l’euro et provoquer les inquiétudes des investisseurs italiens et étrangers. »

    Ce jour est un jour noir de plus pour l'Europe, son avenir, et ce qu'avec Jacques Derrida on pourrait appeler son idée."

    Bon, on n'est pas obligé de partager (et nous ne les partageons pas) tous les présupposés et les conclusions sociales-démocrates de cette publication, mais voilà, le tableau de la situation y est bien décrit. Cherchant la porte de sortie à la crise qu'elles traversent (pays des "PIGS" en lourde crise économique depuis la fin des années 2000, pas totalement sous tutelle comme la Grèce mais largement "sous surveillance" de l'UE, de sa Banque centrale et du FMI, gouvernement "technocratique" - Mario Monti - chargé de "redresser la situation" par des remèdes de cheval entre 2011 et 2013), les masses populaires travailleuses se sont tournées vers des formations populistes ; avec pour résultat maintenant le "barrage" institutionnel des "Gardiens du Temple", pouvant s'appuyer en cela sur les craintes (largement fondées par ailleurs) d'un chaos économique et d'un effondrement du pouvoir d'achat et de l'épargne, sans compter celles (à juste titre également) de tous les défenseurs des droits démocratiques, des opprimé-e-s de race et de genre... Situation bloquée, l'ordre règne sous le ciel.

    Il serait presque possible en la matière (dans une certaine mesure) de reprendre notre analyse sur la Turquie, avec ses Turcs "blancs" et "noirs" qui sous-tendent le clivage kémalistes-centre-droit/Erdogan-extrême-droite : les populistes c'est l'Italie "noire", "inculte", "béotienne", le Sud (M5S) comme le Nord (Lega) profonds, marqués soit dit en passant par le plus important tissu de petites et d'auto-entreprises en Europe, hier fan club du "milliardaire parti de rien" Berlusconi ; tandis que c'est l'Italie "blanche", aisée-éduquée, "métropolitaine-mondialisée" qui vote pour le "centre-gauche" des professeurs d'économie européistes et sociaux-libéraux, lequel n'arrive en tête du vote populaire que dans quelques bastions du Centre (Toscane, Romagne), la "Vraie Italie" culturelle (le Nord étant lui la région-capitale économique, et le Sud la "colonie intérieure" etat-bourgeois-contemporain-questions-nationales-luttes-de-classe-italie...), et en dehors de cela... à Milan, Turin et Rome, les grandes métropoles "ouvertes sur le monde". Une opposition devenue le fondement de la vie politique avec le recul général du mouvement ouvrier organisé.

    En attendant, force est de constater que les coups d'État pour installer au pouvoir des Chicago Boys élus par personne (comme Cottarelli) ne sont plus fascistes... mais "antifascistes" (certes pas par souci des millions de personnes qu'un tel gouvernement pourrait opprimer, mais seulement de la "stabilité budgétaire" et de la "crédibilité du pays sur les marchés financiers"). La "petite phrase que Churchill n'a jamais prononcée" ("les fascistes de demain se diront antifascistes") semble être devenue une effarante réalité – doublement, car les populistes évincés vont évidemment hurler au... "fascisme" des européistes, donc se poser eux aussi en "antifascistes" !

    Petite revue de presse sur la situation actuelle - 28/05/2018

    Ici, les choses sont un peu différentes car non seulement le populisme de gauche qui gravite autour de Mélenchon semble (malgré des personnalités comme Kuzmanovic) beaucoup plus loin que le M5S d'une alliance avec l'extrême-droite, mais une telle victoire aux élections législatives ne pourrait que suivre celle d'un-e candidat-e populiste à la présidentielle, sans possibilité donc de blocage de ce côté-là. À voir alors ce qu'il se passerait, car il est bien évident qu'à moins que la FI et/ou le FN aient mis beaucoup d'eau dans leur vin d'ici là, les "partenaires" européens autour de l'Allemagne ne l'entendraient pas plus de cette oreille : on pourrait alors avoir une situation de chaos économique et social s'acheminant vers une guerre civile entre bourgeoisies pro-UE et souverainiste ; avec peut-être une intervention des forces armées (garantes des institutions républicaines), mais celles-ci mêmes sont très partagées entre gros fachos nationalistes et "démocrates"-chrétiens ou "gaullistes sociaux" plus européistes.

    De toute façon, qu'on le veuille ou non, l'économie commande au politique dans le système capitaliste et l'intégration européenne des économies est (sur le continent du moins) désormais totale, rendant pour ainsi dire impossible d'en sortir en claquant la porte : dans une telle situation de victoire populiste souverainiste, sauf à être la Grande-Bretagne et n'en avoir jamais vraiment fait partie, l'hypothèse la plus probable serait donc le rétropédalage et... deux pour le prix d'un, le néolibéralisme sauce bruxelloise PLUS l’État policier décomplexé, youpi (en Grèce où c'est déjà arrivé, mais avec des socedems bon teint alliés à des nationalistes de droite en position très minoritaire, on peut encore dire que ce n'est pas la catastrophe) !

    Bref... On n'y est pas encore de toute façon ; d'ici que de 34% l'année dernière Le Pen atteigne 50-51% (score lui-même garantie de grandes difficultés à gouverner derrière...) dans un scrutin-duel éliminatoire, sans possibilité de combinazione à l'italienne, il y a à notre (humble) avis de la marge (sauf, encore une fois, à avoir mis beaucoup d'eau dans son vin d'ici là).

    EN ATTENDANT, puisqu'on a parlé de Mélenchon (largement au centre de l'initiative), la "Marée populaire" appelée samedi dernier dans plus de 100 villes d'Hexagone s'est avérée être... le genre de tsunami que provoque un pet de sardine ; par exemple ici à Lyon :

    Petite revue de presse sur la situation actuelle - 28/05/2018

    Le fascisme postmoderne dont Jupiter-Macron est littéralement l'archétype, au service du "réajustement" néolibéral du corporatisme Capital-Travail, pourrait effectivement se résumer par cette phrase des Matérialistes.com il y a quelques années : "le fascisme, c'est quand il ne se passe rien" (le problème... c'est qu'ils ont appelé à voter pour lui en mode "antifasciste" à la présidentielle !). C'est un peu le constat de situation qui s'impose à l'heure actuelle.

    La défaite sur les retraites en 2010, puis contre la Loi Travail en 2016, puis contre toutes les politiques de Macron depuis un an, nous a amené inexorablement à la situation de la Grande-Bretagne après Thatcher ou de l'Allemagne après les "réformes" Hartz : un microcosme militant parfois spectaculaire, comme cela a toujours été le cas en Allemagne, et ici avec les "casseurs" et le désormais grandissant "cortège de tête" ; mais DANS LE FOND, dans les masses qui voient leurs conditions de travail et de vie se dégrader jour après jour, il ne se passe rien.

    Sinon parfois les sirènes du populisme, avec au bout du chemin le "barrage" électoral massif de la "raison" démocratique-libérale... et la continuité ; à moins que "ça ne passe" de justesse et alors, coup de force de la "raison" le temps pour le bon peuple d'y revenir lui-même tout doucement.

    Pendant ce temps-là, des gens safe se "déconstruisent". LOL ! Tout va bien...

    Et encore nous ne parlons là (par charité) que des luttes sociales ; et pas de la NULLITÉ ABSOLUE qui règne depuis le début de la décennie (au moins) sur l'ANTI-IMPÉRIALISME, face à des interventions pour garantir les intérêts des monopoles occidentaux qui se sont littéralement démultipliées ; quand cela n'a pas carrément été... un SOUTIEN pur et simple à une telle intervention sous couvert de ses troupes au sol "progressistes" et de la "lutte contre la barbarie (islamo-) fasciste" : en Syrie ! À l'exception de la large mobilisation... des quartiers populaires et des colonies intérieures contre les bombardements israéliens à Gaza en 2014 ; mais avec pour conséquence des torrents de calomnies déversés contre elle : au-cas-ou-il-serait-utile-de-le-preciser - grande-manif-contre-les-crimes-sionistes-a-paris

    La seule chose intéressante (pour y revenir) de cette journée de mobilisation de samedi aura été, à Paris, un "carré de tête" "pimenté" AFAPB-videos-1509898802471781 mobilisant les quartiers populaires autour de l'anticapitalisme mais aussi et surtout de l'anticolonialisme intérieur (antiracisme politique) et de l'anti-impérialisme, sous le flambeau de la Palestine et de la tragique et concomitante actualité là-bas : la-palestine-apres-le-massacre-du-14-mai.

    Une initiative qui aura amené une sorte de "grand remplacement" (LOL !) dans le désormais traditionnel cortège de tête ; avec d'un côté une population nouvelle et de l'autre un boycott des habituels gauchistes petits-bourgeois blancs de merde, qui nous ont pondu ce texte : pas-dantisemitisme-ni-dans-les-corteges-ni-dans-les-tetes (ici "pour archives" au cas où  : lignes-de-cretes.pdf).

    Enfin bon... "Sans nous", boycott, pour le moment (on n'a donc "pas vu" les auteur-e-s de ce misérable torche-cul, c'est logique) ; mais si la dynamique illustrée par ce "carré de tête" des quartiers populaires devait continuer à monter en puissance, ce pourrait être la prochaine fois "hors de nos luttes, hors de nos vies"... autrement dit un appel à ATTAQUER PHYSIQUEMENT ce genre de cortège.

    Car ce à quoi nous avons affaire ici, c'est bel et bien à des SA ; des néo-SA "philosémites" de la défense du monopole petit-bourgeois blanc sur le militantisme "radical", et de la nullité en matière d'anti-impérialisme (dont l'antiracisme politique n'est qu'un prolongement comme anticolonialisme intérieur) secret de l'impuissance des luttes de classe en métropole.

    Il sera facile de dire que ces gens-là "sont ultra-minoritaires", "ne sont pas là", "n'existent pas" (ben oui, logique si pour le moment leur politique est le boycott quand les "communautaristes antisémites" se ramènent) ; mais la réalité, c'est que dans une telle action ils seraient en mesure de mobiliser derrière eux 25 ou peut-être 30% d'un cortège de tête ou d'un black bloc disons "classique".

    À moins que, n'ayant effectivement pas le rapport de force, ce soient la LDJ ou tout simplement les flics qui s'en chargent ; mais nos gauchistes se chargeront alors du nerf essentiel de la guerre aujourd'hui, le "soldat opinion", autrement dit (comme déjà en 2014) de mobiliser la gauchisterie contre les réprimé-e-s en les couvrant de calomnies et les faisant passer pour l'agresseur "fasciste".

    Tout le génie de la contre-révolution préventive de notre époque, c'est que désormais la première ligne de police politique est INTERNE au milieu militant "radical". En Mai 68 il y avait 50 courants, et certains étaient de la grosse merde de notre point de vue, et réciproquement, nos ancêtres de la Gauche prolétarienne étaient des grosses merdes du leur. Mais en dehors des véritables flics infiltrés (il y en avait), PERSONNE ne jouait un véritable rôle de flics, de police politique interne au mouvement comme aujourd'hui. C'est ce qui a changé ; c'est l'évolution, la quintessence de la contre-révolution préventive...

    Puisque l'on a beaucoup parlé ici de coup de force, nous pourrons terminer en évoquant la Catalogne ; où le Régime néofranquiste de 1978 poursuit le blocage et maintient l'article 155 (mise sous tutelle de la "communauté autonome") au prétexte que la nouvelle Generalitat ne lui plaît pas et compte (encore une fois) des ministres emprisonnés ou poursuivis et en exil : nomination-gouvernement-catalan-empeche-maintient-le-155 coup-detat-juridique ; tandis que dans le même temps se déchaîne une campagne... "progressiste au service de l'ordre" catalogne-enjeux-radicalisation-reactionnaire-des-independantistes centrée sur la personnalité du nouveau Président (finalement) élu Quim Torra, pour des propos "racistes anti-espagnols" qui relèvent certes d'un aspect du nationalisme bourgeois catalan particulièrement déplorable et que nous combattons (le côté "du Nord", "européens" contre le Sud "tiers-mondiste", "arriéré", "fainéant" de la Péninsule...), mais qui n'ont rien d'exceptionnels ni de nouveaux dans ce courant politique (y compris dans sa version "de gauche" ERC) et ne sont pas forcément beaucoup plus graves que les salutations de Puigdemont... à Israël pour son 70e anniversaire, qui n'ont semblé par contre (en dehors de la gauche radicale indépendantiste) déranger personne ! Une campagne relayée jusqu'au Parlement européen par... les Macron locaux, Ciutadans ciudadanos-traduce-textos-torra-parlamento-europeo ; par ailleurs en train d'essayer d'embaucher... Manuel Valls pour la mairie de Barcelone parti-extreme-droite-ciudadanos-propose-manuel-valls-candidat-barcelone et sans doute trop heureux de faire oublier ainsi leur (pour la plupart) pas-si-lointain passé franquisto-phalangiste.

    Là encore, c'est à une "loi d'airain" du Système Europe (l'intégrité inviolable des États membres, comme gardes-chiourmes "sûrs" de la force de travail) que l'on a affaire... sauf que bon nombre à la "gauche de la gauche" ne l'ont pas compris (par contre), et persistent à voir la "balkanisation" comme une "arme de Berlin et Bruxelles".

    Voilà le panorama de ce que peut nous inspirer la situation. Défaitiste ? L'on pourrait être tentés de le dire.

    Mais NON, car la révolution, le Sens de l'Histoire inexorable vers le communisme, ne connaît pas la "défaite" : seulement des détours.

    La situation que nous avons sous les yeux, est justement une situation de laquelle il n'y a de porte de sortie que la RÉVOLUTION ; et pour cela les révolutionnaires, les luttes de classe sous toutes leurs formes particulières (libérations nationales, libération antiraciste politique des colonies intérieures) doivent entrer en RÉORGANISATION GÉNÉRALE.

    Ce qui certes, nous assumons de le penser, passe aussi par des politiques de TOLÉRANCE ZÉRO vis-à-vis de ce qui dans la "gauche radicale" forme les trois mâchoires en étau de la contre-révolution préventive 1 - 2 - 3 - 4 (dogmatisme sectaire, mouvementisme antipolitique et ultra-gauchisme plus ou moins postmodernoïde) ; et qui représente possiblement un bon tiers de ses troupes à la gauche de Mélenchon et du vieux PCF (évidemment et hélas nettement plus en incluant ceux-ci, les Verts ou encore le hamonisme, c'est-à-dire la social-démocratie proprement dite). À commencer par le genre d'auteurs de l'ignoble attaque "philosémite" contre le "carré de tête" parisien du 26 mai ; ou encore les projecteurs de fantasmes gaucho-impérialistes sur Rojava... mais la liste est encore bien plus longue.

    Petite revue de presse sur la situation actuelle - 28/05/2018


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