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Naissance d'un Front révolutionnaire uni en Turquie/Kurdistan
Par Servir dans Proche & Moyen-Orient (avec Palestine bien entendu), Anatolie, Maghreb le 14 Mars 2016 à 10:20
Dix organisations révolutionnaires du Kurdistan et de Turquie - le TKP/ML, le PKK, le THKP-C/MLSPB, le MKP, le TKEP-Leninist, le TIKP, le DKP, le Devrîmcî Karargah et le MLKP - viennent d'annoncer la création d'un MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE UNI DES PEUPLES (HBDH en turc) pour lutter contre le régime fasciste de l'AKP et de l’État turc, en train de "renouveler les coups d’État fascistes du 12 mars (1971) et du 12 septembre (1980)" (qui avaient l'un et l'autre plongé le pays dans plusieurs années de répression meurtrière tous azimuts, Ibrahim Kaypakkaya mourant notamment suite au premier ; l'on pourrait encore ajouter celui de 1997, évinçant du pouvoir... l'ancêtre de l'AKP - le Refah Partisi - et ouvrant une autre période ultra-répressive jusqu'en 2002, sous la conduite... de la "gauche" kémaliste de Bülent Ecevit).
http://democracyandclasstruggle.blogspot.fr/2016/03/kurdish-and-turkish-organisations.html
http://www.secoursrouge.org/Turquie-Kurdistan-Etablissement-d-une-force-revolutionnaire-unitaire
Et puis enfin la Déclaration de fondation du Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (Nouvelle Turquie - avec traduction du communiqué)
Les organisations ainsi réunies ont tenu à souligner que leur objectif ultime était "la démocratie et un avenir émancipé pour les peuples", dans une lutte sans merci contre "l'impérialisme, le capitalisme, le chauvinisme, le racisme et le fascisme".Comme nous avons déjà pu l'expliquer dans plusieurs articles, alors que l'arrivée au pouvoir de l'AKP (2002-2003) avait pu sembler amorcer une certaine "libéralisation" de façade et moins d'alignement inconditionnel sur le bloc impérialiste occidentalo-israélien (refus de servir de base pour l'invasion de l'Irak en 2003, un incident portant même presque au bord de l'affrontement militaire, gros soutien ouvert au "parti frère" Hamas en Palestine, etc.), non sans confrontation latente et permanente avec le pouvoir militaire (Conseil de Sécurité Nationale) fidèle à la doxa kémaliste-occidentaliste, depuis quelques années le pouvoir d'Erdoğan, à la tête de l'une des grandes économies "émergentes" de la planète, apparaît en réalité avoir RESTRUCTURÉ idéologiquement l’État fasciste dans un sens intégrant mieux (contrairement à l'idéologie kémaliste antérieure... et finalement un peu comme l'ultra-nationalisme d'extrême-droite "pantouranien" du MHP, qui multiplie d'ailleurs ces derniers temps les "déclarations d'amour" envers le parti au pouvoir) la réalité musulmane sunnite de la majorité de la population, en particulier de l'Anatolie "profonde" d'où est issue une grande partie de la population d'Istanbul et (surtout) toute une nouvelle bourgeoisie que l'AKP représente justement dans la capitale économique depuis 1994 (année où Erdoğan en est devenu maire) ; en cherchant par ailleurs à assumer un rôle "néo-ottoman" de grande puissance régionale aux dépens (bien sûr) des Peuples. Il est possible, en un sens, de parler de "nouveau jeune-turquisme" http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/il-y-a-100-ans-l-etat-fasciste-turc-naissait-dans-le-sang-du-genocide - les "Jeunes Turcs" ou "Comité Union et Progrès", faction réactionnaire "moderniste" et nationaliste de la bourgeoisie qui avait pris le pouvoir dans l'Empire ottoman en 1908 et conduit "entre autres" au génocide des Arméniens ainsi qu'à d'autres massacres de minorités, avant que l’État turc ne prenne sa forme définitive actuelle au terme de la Première Guerre mondiale et de la "guerre d'indépendance" conduite par Mustafa Kemal Atatürk.
[Lire aussi ici : Qu'est-ce que l'AKP ?]
Son implication dans le conflit syrien depuis 2011, en faveur des opposants au régime d'Assad (alors que le gouvernement AKP passait jusque-là pour plutôt proche de celui-ci et de l'Iran, des "anti-impérialistes" de la région et des "BRICS" au niveau international - le Qatar a connu le même virage), a conduit à un aiguisement et même une explosion des contradictions (avec notamment l'apparition d'un État kurde indépendant de fait et lié au PKK dans le Nord de la Syrie), et de là à tomber le masque ouvertement fasciste. Depuis plus d'un an maintenant, une violente répression ensanglante le "Sud anatolien" kurde où se multiplient les crimes contre l'humanité tandis que le double jeu d'Ankara vis-à-vis des forces les plus réactionnaires de la rébellion syrienne, et notamment de Daesh n'est plus un secret pour personne.
Les élections de juin dernier ayant été perdues par Erdoğan et son parti, celui-ci en a ni une ni deux... convoqué de nouvelles (en novembre) qui se sont cette fois traduites par une nette "victoire" de l'AKP, alors que le Kurdistan bastion du parti d'opposition progressiste HDP était plongé dans l'état de guerre et la répression-massacre (empêchant bien sûr toute tenue d'un scrutin "démocratique" digne de ce nom). Le "nouveau 12 mars et 12 septembre" dont parlent les camarades a donc bel et bien eu lieu l'an dernier.
Mais comme disent les maoïstes "là où il y a oppression il y a résistance" ; et tant la fuite en avant fasciste de l’État turc que le chaos réactionnaire dans lequel les manœuvres impérialistes et inter-hégémonistes régionales ont plongé la Syrie après la légitime révolte de 2011 (avec notamment le projet de "Califat" djihadiste visant à offrir un terrain d'investissement et une base d'accumulation aux pétro-dollars sur-accumulés du Golfe) sont en train de transformer la région en foyer d'une situation révolutionnaire en développement très rapide qui pourrait voir ce "Croissant fertile" bien connu des collégiens (les plus anciennes trace de civilisation urbaine y ont été découvertes) entrer à nouveau dans les livres d'histoire... comme phare rouge de la révolution mondiale pour le communisme !
Il est de notre devoir de communistes de suivre de très près la situation là-bas, de la faire connaître et de lui apporter tout notre soutien internationaliste.
PS : aussitôt constitué, le HBDH a "fêté" sa naissance par des affrontements armés avec la police dans le quartier stambouliote de Gezi.
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Commentaires
2PascalVendredi 18 Mars 2016 à 10:10L'attentat aveugle d'Ankara parait plus que louche. Si ce n'est qu'il peut peut être décourager le tourisme, difficile de soutenir que le crime profite aux Kurdes. L'aviation turque n'a pas tardé, c'est le moins qu'on puisse dire, à en prendre prétexte pour bombarder les zones kurdes du Nord Irak.
Les services secrets turcs n'en sont pas à leur coup d'essai (ils peuvent parfois agir sans l'accord du gouvernement).
L'attentat contre des bus utilisés par l'aviation turque était beaucoup plus ciblé. Certains y avaient vu des représailles pour l'avion russe abattu et son pilote assassiné par les loups gris.
1PascalMercredi 16 Mars 2016 à 10:40Vous devez connaître ce site qui semble pas mal (Kurdistan au féminin) :
https://fr-fr.facebook.com/Kurdistan-au-f%C3%A9minin-931845406882168/
Elles croient que le massacre d'Halabja était réellement le fait de l'armée irakienne et non de l'Iran qui aurait seul disposé de ce gaz (?).
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http://www.nouvelleturquie.com/fr/kurdistan/quest-ce-que-le-tak-et-qui-sont-ses-membres/