• "Peuple qui se prépare à reprendre les armes / Que des traîtres lui ont volé en 45"...


    "Un élément décisif, caractéristique de la grande lutte révolutionnaire des masses — l'armement du peuple — s'était imposé comme une donnée fondamentale de la situation politique française en 1944. C'est alors la trahison irrémédiable, celle à partir de laquelle on peut dater sans risque d'erreur le succès définitif dans ce P.C.F. de la voie réactionnaire révisionniste, traître aux intérêts de la classe ouvrière et du peuple.

    Il est vrai que ce n'est pas sans mal que la direction de vieux traîtres qui domine alors un des moments les plus dramatiques de l'histoire du P.C.F. va imposer sa politique de capitulation. C'est au prix d'une répression interne farouche que les cadres issus de la résistance seront un à un balayés, mutés, isolés de leur base de masse, coupés des militants avec qui ils ont mené les luttes, voire liquidés physiquement ; ils vont peu à peu cesser toute participation active à la vie du parti, beaucoup le quitteront.

    Le sommet de l'appareil, le secrétariat du B.P., va être trusté par les apparatchiks, y compris par ceux qui n'ont jamais dirigé sur le terrain pendant toute la guerre. Le bouquet de cette abjection sera atteint au moment de la liquidation politique de Tillon et Marty. Ce dernier sera impudiquement accusé, dans les Cahiers du Communisme, de s'être opposé, pas seulement verbalement, au désarmement des milices patriotiques. De Gaulle lui­-même justifie le retour légal de Thorez en déclarant à ses proches qu'il est préférable que le P.C. ne soit pas dirigé par un héros de la résistance.

    À cela les révisionnistes ont beau jeu de répondre traditionnellement qu'il n'était pas possible de prendre le pouvoir en France à la Libération. Certes, Messieurs, le rapport des forces et en particulier la présence de l'armée américaine, rendait impossible l'occupation prolongée des palais gouvernementaux, aussi bien ce n'est pas de cela qu'il s'agit ; entre la prise du pouvoir et le désarmement du peuple à la Libération, il y a tout ce qui sépare l'aventurisme sanglant de la trahison, c'est ­à ­dire qu'il y a place pour la voie juste, la voie communiste : la lutte prolongée, la préparation de la guerre révolutionnaire du peuple.

    Les grèves insurrectionnelles de 1947­ - 1948 montrent à l'évidence qu'une telle possibilité était à l'ordre du jour de la France de la Libération. Que l'on se souvienne seulement que malgré le désarmement criminel des masses, il faudra l'armée, ses blindés, et ses parachutistes pour réduire les mineurs insurgés. Le mot d'ordre des masses en 1944 était « Épuration ! ». Thorez a répliqué par le mot d'ordre : « Retroussons nos manches, la grève c'est l'arme des trusts. »

    Il ne veut pas épurer la France, il épure le parti. Voilà, ou bien on regarde vers les masses, ou bien vers les palais gouvernementaux ; pour ceux­-là, quand on ne peut les prendre, on n'y entre pas, car le prix à payer, c'est la trahison de la révolution. Il était impossible de les prendre, eh bien que n'a-­t­-on gardé et développé l'armement du peuple quitte à ne pas s'offrir quelques mois de voitures à cocardes ?

    Désarmer le peuple, est un crime qui conduit au massacre ou à l'étouffement de la révolution. Justifier ce crime par des fariboles sur le passage pacifique au socialisme est tout juste bon à se préparer à la récidive. C'est la forme moderne du révisionnisme."

    Gaullisme et Révisionnisme - Gauche Prolétarienne - 1972


  • Commentaires

    4
    Dimanche 23 Février 2020 à 19:18

    "n'importe quoi

    justement à noel dernier, on parlait de critique saine du thorezisme. En reconnaissant les avancées sociales du CNR, que la GP ignore sciemment. En reconnaissant la part de volonté de Staline aussi dans le bail, ce que la GP ignore également

    Enfin le plus important la GP ignore la volonté de paix du peuple hexagonal et même l'épuisement des miliciens communistes qui préfèrent sécuriser des avancées sociales que tenter de prendre le pouvoir pour se faire écraser comme en Grèce et encore en Grèce ils avaient un rapport de force plus favorable

    Alors la GP evoque une troisième voie entre prise de pouvoir qu'ils reconnaissent eux memes comme impossible et la voie suivie par le PCF mais on a pas vraiment d'indication dans l'article sur la forme que pourrait donner cette "troisième voie" 

    Donc oui la GP était gauchiste éclectique populiste tu peux pas dire le contraire, yavait aucune volonté de construire le parti, rejet de Staline, bcp de subjectivisme et de fetichisation des masses

    Oui le thorezisme est une deviation droitière mais non Thorez est pas un mechant traitre desarmeur sorti de nulle part"

     

    ==> Bah j'en pense surtout que c'est l'idéologie qui commande au fusil et c'était peut-être d'ailleurs aussi le problème de la GP et c'est pour ça qu'elle n'arrive pas à le formuler correctement.

    Le principal problème du PCF c'est d'avoir capitulé idéologiquement, à l'idéologie républicaine bourgeoise de gauche.

    Ne pas le faire, c'était ça la 3e voie entre la prise de pouvoir impossible et suicidaire et la merde révisionniste qu'il est devenu.

    3
    Gérard Gala
    Mercredi 19 Février 2020 à 15:09

    Pourquoi ce retour en arrière vers des positions ultra-gauchistes alors que tu semblais aller vers une critique saine du thorézisme

      • Dimanche 23 Février 2020 à 08:38

        Ok Guillaume Suing

    2
    Pascal
    Vendredi 14 Février 2020 à 10:11

    Quand la GP disait que la trahison du P"C"F remontait à 1945 (et non 1956 d'après le PCMLF, correspondant à l'approbation - relativement tardive - du rapport Krouchtchev au XXe congrès du PCUS) elle avait donc raison. "En même temps" dans le fait de ne parler que des "boches" (les nazis, connais pas ?) on pouvait déjà voir une trahison. Que des gens qui avaient une telle approche de l'internationalisme prolétarien soient armés jusqu'aux dents pouvait avoir quelque chose d'inquiétant.

    Pour ce qui est des liquidations physiques, à part les "hitlérotrotskistes" pendant les "meurtres au maquis", à quoi le texte fait-il allusion ?

    Un camarade a un peu connu Léon Mauvais (L'affaire Marty). Manifestement, il était pour le moins gêné aux entournures !

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