• Gilets Jaunes : les textes des "Assemblées des assemblées"


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  • À bas le nouvel accord et la continuation de la barbarie antipopulaire !


    Il y a une semaine, le gouvernement SYRIZA-ANEL demandait au Peuple de dire "Non" aux propositions de la Troïka et aux "politiques régressives" que les soi-disantes institutions voulaient mettre en œuvre en Grèce. Aujourd'hui, après un "Non" tonitruant du Peuple, voilà qu'ils signent un accord antipopulaire encore pire que la proposition rejetée, un nouveau mémorandum qui étend et approfondit la politique barbare d'austérité, de chômage, de surtaxe et de Moyen Âge social.

    Ce n'est pas simplement une "contradiction" mais bien l'aboutissement de la politique erratique et aventuriste de SYRIZA, la fin des auto-illusions quant à la possibilité d'une soi-disante politique "populaire" et "alternative" à l'intérieur de la meute de loups de l'UE. [La "fin de l'hypothèse social-démocrate" diraient les camarades badiousiens, chose que nous-mêmes avons pensé et écrit à plusieurs reprises : la différence entre la présente crise du capitalisme et celle des années 1930 (ou même de la fin du 19e siècle) c'est qu'il n'y a pas de voie de sortie réformiste "keynésienne" ou "rooseveltienne" par les réformes et la redistribution sociale, du moins dans les pays avancés et "post-industriels" comme typiquement ceux de l'UE (c'est finalement possible là où cela ne l'était pas avant, c'est-à-dire dans des pays du "Tiers-Monde" connaissant une forte croissance "émergente" comme ceux d'Amérique latine).]

    Ceci marque la fin des impasses d'une politique qui a caché et cache encore la véritable nature barbare de l'impérialisme et le vrai rôle des alliances impérialistes telles que l'UE ou l'OTAN. Il s'agissait d'une politique qui d'un côté restait soumise au joug impérialiste occidental et de l'autre, s'imaginait pouvoir exploiter les contradictions inter-impérialistes et jouer avec en lançant des clins d’œil à l'Est [Russie, Chine etc.].

    Ce nouvel accord antipopulaire et antisocial est la preuve vivante de l'échec complet de cette politique et de l'effondrement des illusions quant à une marge de négociation avec les vautours impérialistes.

    À présent va venir une nouvelle vague d'attaques barbares contre les droits sociaux et populaires. Cet assaut sera cette fois-ci mené au nom du "consensus national" et avec le soutien de toute la bourgeoisie (ancienne et nouvelle), de toutes les forces politiques qui ont mis en œuvre ces politiques barbares depuis maintenant 5 ans.

    Cette politique de SYRIZA a également "réussi" le tour de force de légaliser et de remettre en lice toutes ces forces politiques qui ont causé la colère et la rage du Peuple et ont soulevé contre elles de longues et dures luttes tout au long des années 2010-2012.

    Le fardeau de la résistance contre cette nouvelle vague de barbarie et pour mettre à bas cet accord infâme pèse à nouveau sur les épaules des classes populaires laborieuses, des travailleurs, des chômeurs, des retraités et de la jeunesse. Ceci devra passer par le développement de nouvelles luttes convergeant vers la formation d'un large Front de Résistance en défense des droits populaires.

    Il est clair que nous devons aussi lutter contre les nouvelles illusions qui commencent déjà à être diffusées par Tsipras et le groupe dirigeant de SYRIZA. Ses commentaires sur la "stabilité financière", les "possibilités de redressement", la "restructuration de la dette" et les "financements assurés" ne sont que des mensonges similaires à ceux qui ont accompagné les deux premiers mémorandums. Même son assurance que "le Grexit appartient au passé" n'est rien d'autre qu'un vœu pieux.

    Le Peuple ne doit se laisser berner ni par les tentatives de Tsipras d’enrober la pilule de sucre avec son "paquet de croissance de 35 milliards", ni par ses "garanties" que le fardeau ne retombera pas sur les épaules des plus pauvres. Il est clair que chaque centime donné par les impérialistes sera remboursé comptant et avec intérêts.

    SYRIZA et Tsipras se présentent comme les garants de la justice sociale et de la souveraineté populaire quand dans le même temps ils signent un accord qui sert les intérêts du Capital étranger et local.

    Le Peuple ne doit pas se laisser entraîner non plus par les beaux discours et la "tenacité" de la gauche de SYRIZA, qui a également contribué à le désarmer idéologiquement et à le prendre au piège. Ces gens ont contribué à l'illusion d'une possible "gouvernance de gauche" sous le joug de l'impérialisme et la domination du Capital. Ils continuent à répandre l'illusion qu'une politique qui laisserait "simplement" le pays à l'intérieur de l'Union européenne mais en dehors de la zone euro serait quelque chose de possible sous la domination capitaliste-impérialiste.

    Ce sont les mêmes personnes qui avec leur naïveté et leur aventurisme, parfois comme membres du gouvernement, ont voulu nous faire croire que changer de protecteur impérialiste pourrait changer les choses pour le mieux.

    Le KKE(m-l) appelle le Peuple grec à se soulever contre ce nouvel assaut capitaliste.

    Nous devons prendre les rues en masse.

    Nous devons participer aux mobilisations des 14 et 15 juillet 2015 [voir ci-dessous NDLR].

    Le Peuple grec doit combattre le désenchantement, le fatalisme et la peur et organiser partout ses forces et ses résistances.

    À BAS LE NOUVEL ACCORD UE-FMI-GOUVERNEMENT ET LES TEXTES LÉGISLATIFS QUI VONT SUIVRE !

    À BAS LES ANCIENS COMME LES NOUVEAUX MÉMORANDUMS !

    NI PATIENCE NI TOLÉRANCE !

    DÉFENDONS NOS VIES ET NOS DROITS PAR LA LUTTE !

    GRÈCE HORS DE L'UE ET DE L'OTAN !

    LES PEUPLES N'ONT PAS BESOIN DE PROTECTEURS !

    Social-trahison de Tsipras en Grèce : nouvelle déclaration du KKE(m-l)

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    Oui il faut résister, mener dès à présent une lutte populaire révolutionnaire dans une perspective de longue durée et de fait la combattivité des masses est d'ores et déjà bien là, comme nous le rappelle le Secours Rouge de Belgique : 


    Grèce : Au moins 44 arrestations lors des manifestations à Athènes


    Des milliers de personnes ont manifesté aujourd’hui dans toute la Grèce alors que le parlement grec s’apprêtait à voter l’accord avec les créanciers, accord qui mènera a un troisième mémorandum. Sur la Place Syntagma, devant le parlement, la manifestation a tourné à l’émeute dans la soirée, quarante manifestants ont été arrêtés, un fourgon de la télévision a été incendié, les vitrines des magasins chics ont été brisées, les distributeurs automatiques ont été endommagés. Et bien entendu, une quantité considérable de cocktails molotov a été lancée sur la police anti-émeute qui a aspergé les manifestants de gaz lacrymogènes. Une fois la place évacuée, les manifestants se sont rassemblés au siège de la police. Il ne semble plus y avoir de manifestation à l’heure qu’il est.

    Quatre anarchistes ont été arrêtés par la sécurité et remis à la police alors qu’ils étaient rentrés dans le QG de Syriza pour y accrocher des banderoles. Pour l’anecdote, même le mouvement de jeunesse de Syriza participait à la manifestation contre l’accord... À l’heure qu’il est (minuit), le parlement grec est toujours en plein débat.

    Le site Prisoners Voice a publié la traduction en français du dernier texte de Nikos Maziotis, prisonnier de l’organisation Lutte Révolutionnaire, au sujet de la faillite de la Grèce. Il peut être consulté ici.

    (Nous reproduisons ici la déclaration de Lutte Révolutionnaire) :

    Déclaration de Nikos Maziotis à la cour d’appel au premier procès de Lutte Révolutionnaire, le 7 juillet 2015, au sujet de la faillite de la Grèce.

    Comme on le sait, la répression de l’État contre Lutte Révolutionnaire en 2010 en tant que fait historique était une contrepartie à la signature du premier mémorandum par le gouvernement de Papandreou qui amenait le pays sous l’autorité du FMI, de la BCE et de l’UE. Comme l’a dit un responsable du gouvernement à l’époque, notre arrestation empêchait une “grande attaque terroriste qui aurait achevé l’économie”, une déclaration qui prouvait la dangerosité de l’action de Lutte Révolutionnaire à un moment critique du régime.

    Le premier procès de l’organisation a eu lieu dans la période d’application du premier mémorandum, avec des développements qui incluaient des procédés de faillites contrôlées et imposaient une politique sociale de génocide et d’euthanasie envers des pans entiers de la population qui ont causé des milliers de morts jusqu’ici, ainsi que la pauvreté, la faim et la misère. Au début du premier procès, en octobre 2011, nous avions déclaré que l’affaire était conduite dans une période d’attente de la faillite formelle du pays, ce qui ne s’est pas produit puisqu’il y a eu une faillite contrôlée du régime dans le but de sauver les créanciers, ceux qui étaient alors détenteurs d’obligations grecques et pour défendre l’Eurozone du risque de transmission de la crise grecque.

    C’est une ironie de l’histoire que finalement la faillite de la Grèce soit associée au gouvernement gauchisant de Syriza, près de quatre ans plus tard, qui a annoncé un référendum en posant la question OUI ou NON aux propositions des créanciers pour le nouveau mémorandum qu’ils signeront. Avec la faillite du pays vient la faillite des illusions sociales-démocrates de gauche qui promettaient des interventions de l’État en faveur des travailleurs et des pauvres de l’UE, à l’intérieur d’un environnement mondialisé néo-libéral.

    Lors de notre plus récente attaque, le 10 avril 2014, contre l’annexe du Département de Supervision de la BCE envers la Banque de Grèce (qui hébergeait le bureau de la représentation permanente du FMI en Grèce), nous avions annoncé un an à l’avance dans notre revendication ce que le gouvernement de Syriza ferait. Nous avions diagnostiqué l’impossibilité de leur programme et de leurs déclarations et nous avions mis en évidence l'hypocrisie de leurs représentants. Certains d’entre eux parlaient alors de non-reconnaissance de la dette, d’autres de restructuration ou de décote de la dette. D’autres soutenaient l’abolition du Mémorandum. Finalement ils ont tous finis par mener à sa renégociation.

    La majorité des officiels de Syriza proclament un cap constant pour la Grèce dans l’UE et dans la zone euro, alors que la tendance gauche du parti soutient la sortie du pays de l’euro et l’adoption de la drachma à l’intérieur de l’UE. Après avoir endossé le pouvoir, le gouvernement de Syriza a suivi un trajet prévisible. En opposition totale avec leurs déclarations pré-éléctorales, ils ont reconnu la totalité de la dette et son remboursement, ils ont reconnu les accords de mémorandum, reconnu la surveillance et l’évaluation de l’économie grecque par les équipes techniques de la Troïka -les organisations multinationales du FMI, de la BCE et de l’UE- qui ont été renommées pour des raisons de communications : ce n’est plus la Troïka, mais les institutions.

    Le 20 février 2015, le gouvernement de Syriza a confirmé sa retraite totale en signant l’accord de transition du second Mémorandum que le gouvernement Samaras avait signé en novembre 2012. À côté de cela, ils ont conduit des négociations pour un nouvel accord de mémorandum avec les créanciers. Mais leurs rétractations, leurs contradictions et leurs hésitations les ont rendus douteux aux yeux des créanciers en ce qui concerne la gestion de la crise grecque, ce qui a donné lieu à la suffocation économique et à la faillite du pays. Les créanciers savaient déjà que le temps était de leur côté et qu’ils pourraient forcer le gouvernement de Syriza à accepter leurs termes avec l’arme de la strangulation économique et la menace de faillite.

    Ils savent qu’un défaut grec et la sortie de l’Eurozone n’annuleraient pas l’obligation de rembourser la dette, ce que tous les gouvernements grecs ont accepté de 2010 jusqu’à aujourd’hui.

    Le gouvernement de Syriza a échoué parce qu’alors qu’il lançait un référendum pour accepter ou refuser les propositions des créanciers en se retirant des négociations, il est retourné supplier pour la reprise des négociations en acceptant la majorité des propositions des créanciers, après l’annonce du référendum. Le référendum était un exercice de relations publiques pour le gouvernement de Syriza, dans le but de gérer leur propre faillite politique, sans prêter attention à son résultat.

    Le chemin pris par le gouvernement de Syriza prouve ce que nous avions déclaré en tant que Lutte Révolutionnaire après notre attaque contre la Banque de Grèce : “Syriza, après une longue marche de retraites politiques, de contradictions et de revirement au ‘réalisme politique’, indique la claire impossibilité d’un modèle social-démocrate à notre époque, il tend de plus en plus clairement à devenir un parti de protestation contre le modèle économique néo-libéral mais avec une retraite prédéterminée et totale sur toutes les questions de gestion de la crise. L’acceptation de toutes les structures de domination, de tous les mécanismes et alliances, l’acceptation de l’UME (Union Monétaire et Économique Européenne), de l’euro, de l’UE, la suppression de toutes les positions pour l’abolition du Mémorandum et pour l’annulation unilatérale de la dette montrent que le développement d’un parti social-libéral avec une façade social-démocrate devient -avant même qu’ils ne prennent le pouvoir et en admettant qu’ils le prennent- qu’ils sont prévus pour assurer le soutien du bloc économique de l’autorité”.

    Un peu plus d’un an plus tard nous, Lutte Révolutionnaire, confirmons la faillite politique de Syriza. La faillite politique de Syriza et la chute attendue du gouvernement tôt ou tard prouve l’impossibilité de résoudre les problèmes mis en évidence par la crise capitaliste à travers les réformes dans l’économie du marché et le parlementarisme bourgeois. Cela montre ce que Lutte Révolutionnaire a clamé pendant des années, que “la seule solution réaliste à la crise, c’est la révolution sociale”, les actions de portions de la société et de la population pour une confrontation armée avec le régime, pour le renversement du capital et de l’État en Grèce. La révolution sociale est une réelle rupture. La cause de la crise est l’existence même du capitalisme et de l’économie de marché, l’existence de classes et de divisions sociales, le cycle perpétuel de l’investissement de capitaux pour le profit et le réinvestissement de ces profits pour de plus grands profits. Un procédé dont la continuation transparente est un signe de prospérité capitaliste et dont l’arrêt signale la crise.

    En tant que Lutte Révolutionnaire, en réponse au dilemme de “l’euro ou la drachma”, nous avons défendu que l’adoption de la drachma en Grèce, dans le cadre de l’UE et avec des accords de mémorandum intacts qui interdisent le défaut de dette de la part du débiteur, ou sa conversion d’euro en devise nationale, non seulement ne réduira pas la dette, mais l’augmentera plutôt. Elle réduira également le pouvoir d’achat des employés, ce qui détériorera la qualité de vie et augmentera la pauvreté.

    Le problème de la monnaie ne résout aucun problème par lui-même. Il ne résout pas le problème de la dette, de la pauvreté, de la misère, de la faim, de la mort, de la maladie, des suicides. Aucune solution n’est trouvée dans le système capitaliste. Aucune solution n’est trouvée dans les résultats des élections du parlement bourgeois ou des référendums de l’autorité.

    En tant que Lutte Révolutionnaire nous prônons l'effondrement du capitalisme, de l’économie de marché et de l’État, en tant que solution révolutionnaire contre la continuation de la politique actuelle imposée par les élites économiques multinationales (c-à-d le fascisme des marchés), une politique dont les représentants sont la plupart des partis, le gouvernement de Syriza inclus, et contrairement à la proposition de nationalisation totale des fonctions économiques et le contrôle centralisé -une proposition qui a historiquement échoué.

    C’est une solution plus réaliste, un soulèvement armé du peuple qui refuse de payer la dette, qui ne reconnaît pas les accords de prêt et les mémorandums, qui ne reconnaît pas et n’accepte pas l’euro et les structures comme l’Union Européenne qui n’ont d’autre objectif qu’en faire l’esclave des marchés.

    C’est une solution plus réaliste, un soulèvement armé du peuple qui exproprierait la propriété des capitalistes, la propriété mobilière et immobilière, les moyens de production des multinationales, des banques ou des capitalistes locaux, de tous ceux qui ont acheté la propriété de l’État, des outils des affaires et de quoi que ce soit qui resterait dans les mains de l’État.

    C’est une solution plus réaliste, la propriété socialisée des capitaux privés et de l’État, gérés par des conseils ouvriers et des assemblées populaires. La même chose s’applique à tous les secteurs de la production sociétale comme la santé et l’éducation, où la gestion sera exercée par les travailleurs et par ceux qui y participent.

    C’est une solution plus réaliste, la mise en œuvre d’une révolution sociale de démocratie directe qui éliminerait immédiatement l’État et les professionnels du parlementarisme bourgeois responsables de la gestion des affaires sociales à la place du peuple et des travailleurs. Elle mettra à sa place un système confédéral de conseils ouvriers et d’assemblées populaires auxquelles tout le monde participera, parlera et prendra les décisions ensemble sur toutes les problématiques sociales qui les affectent sur leur lieux de travail, leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs universités, leurs quartiers, leurs villages ou leurs villes.

    Le choix de notre époque n’est pas de dire oui ou non aux propositions des créanciers, ce n’est pas entre un référendum dur ou moins dur, ce n’est pas entre l’euro ou la drachma. Le choix, c’est le capitalisme ou la révolution.

    Nikos Maziotis, membre de Lutte Révolutionnaire
    Prison de Korydallos, 7 juillet 2015.


     ***************************************************

    Nous avons déjà pu dire dès janvier que la faillite de la social-démocratie en Grèce paverait la voie au fascisme ; il faut noter à ce sujet le "coup de maître" politique des alliés (jusqu'à présent) de Syriza au gouvernement, les "Dupont-Aignan/De Villiers" d'ANEL qui ont annoncé qu'ils ne voteraient "ni l'accord ni les lois prises par la suite pour son application"... Ceci pourrait leur valoir en cas d'élections anticipées (que provoquerait immanquablement une telle chute de la courte majorité gouvernementale) un grand succès dans les urnes, grossi peut-être par de nouvelles "dissidences" de Nouvelle Démocratie (la droite historique) et avec l'Aube Dorée en embuscade, qui pourrait apporter un "soutien sans participation" ou quelque chose comme cela (ce parti pourrait également gagner considérablement en nombre de voix mais nous ne le croyons toutefois pas capable - en l'état - de prendre le pouvoir seul, n'ayant pas assez adapté son discours au 21e siècle : nous appelons à se méfier du "phénomène épouvantail" qui sera inévitablement agité par tous les ennemis du Peuple grec).

    Nous aurions donc ainsi (finalement) la "reprise en main" du pays par la droite la plus dure tant attendue par la classe dominante (en se tournant éventuellement vers la Russie comme le gouvernement ultra-réactionnaire hongrois de Viktor Orbán ou encore Chypre) ; en premier lieu l'oligarchie des armateurs et l’Église orthodoxe (premier propriétaire foncier du pays après l’État et totalement exonérée d'impôts...) que représente clairement ANEL.

    À moins que les choses ne soient "reprises en main" directement par un "coup de force (plus ou moins) constitutionnel" comme celui ayant amené le gouvernement "technique" de Mario Monti en Italie ; ou carrément... par un coup de force militaire comme en 1967 (ou une intervention plus ou moins "militaro-constitutionnelle", on est au 21e siècle) en proclamant l'état d'urgence "pour éviter le chaos" (on connaît la musique) ; afin de retirer l'obstacle des garanties "démocratiques" et parlementaires bourgeoises devant les mesures que nécessite le capitalisme pour se relancer dans le pays.

    De fait les deux options - l'une plus "nationaliste"/"souverainiste"/"tournée vers la Russie", l'autre ouvertement soumise à l'impérialisme occidental et à ses instruments UE-FMI-BCE & co - sont ouvertes.


    Lire aussi : En Grèce comme ailleurs, sauvons-nous nous-mêmes ! (OCML-VP)

    Ou encore Le coup d’état du 14 juillet 2015 de Quartiers Libres (vision plus amène de Tsipras présenté avant tout comme la victime d'un coup d’État économique-technocratique, ce qui n'est pas complètement faux non plus ; où l'on découvre aussi qu'en dépit des déclarations d'amour de Marine Le Pen pour le leader grec - et des comparaisons honteuses des Macron et compagnie - le FN n'est pas du tout opposé au remboursement de sa dette par la Grèce, bien au contraire).


    Social-trahison de Tsipras en Grèce : nouvelle déclaration du KKE(m-l)

    Velouchiotis réveille-toi, ils sont devenus fous !



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  • Il s'agit de la position du KKE(m-l) ; avec laquelle nous pouvons nous dire d'accord à 99% :


    À propos du résultat du récent référendum


    Le référendum est passé, le chantage impérialiste et les attaques contre le Peuple grec continuent !

    Les négociations deviennent une "campagne nationale" pour un nouvel accord avec l'UE, le FMI et l'impérialisme US.

    La seule réponse possible doit être la lutte de masse contre les menaces qui pèsent sur le Peuple grec.

    1. Le référendum du 5 juillet a vu un résultat écrasant de 61,3% en faveur du "NON" à travers toute la Grèce. Cette consultation était le point culminant des impasses, de l'aventurisme, de la politique erratique et des illusions dont se berce la coalition SYRIZA-ANEL. Il s'agissait d'une tentative du gouvernement d'exploiter l'aversion populaire envers les hyènes impérialistes et d'utiliser celle-ci comme une "carte" dans des négociations que n'amèneront que plus de soumission et de nouvelles terribles mesures antipopulaires. Ce résultat peut certes être vu comme un succès du gouvernement. Mais il s'agit là d'un succès temporaire, qui a déjà montré ses limites et sera vite effacé sous les assauts de l'impérialisme d'un côté, et le mécontentement populaire devant les nouveaux mémorandums à venir de l'autre.

    2. Nous ne pouvons et n'allons certes pas ignorer les aspects positifs de ce scrutin. Ce résultat montre que les partis et autres forces du système qui étaient en première ligne des attaques contre le Peuple ont été sanctionnées. Il donne aussi la mesure de la colère populaire contre les chantages impérialistes. Il montre la résistance des masses contre ces chantages de l'impérialisme comme de l'oligarchie locale.

    Mais nous ne nous laisserons pas non plus aller à l'enthousiasme factice qui verrait dans ce résultat la "fin de l'austérité", ou quelque chose qui calmerait les impérialistes et les pousserait à reconsidérer les choses. Le pillage impérialiste et la barbarie capitaliste ont leur propre logique et ceci va apparaître clairement très bientôt et de manière plus violente que jamais, car les impérialistes n'obéissent qu'à leurs propres intérêts et seulement à eux. Nous ne partageons pas non plus l'opinion de ceux qui voudraient traduire ce "NON" en un "NON" général à l'UE et à l'euro.

    Dans ce référendum le bloc du "NON" était politiquement constitué et défini comme le "nouvel" establishment politique contre l'ancien ; un nouvel establishment ayant pour but un nouvel accord ; et non comme un bloc contre les exigences impérialistes. Ce bloc compte néanmoins dans ses rangs une fraction considérable ralliée autour du refus de tout nouvel accord avec les anciens comme les nouveaux plans d'austérité de l'UE, du FMI et de la bourgeoisie locale. Jusqu'à présent cette opposition n'a pas réussi à s'exprimer dans un mouvement concret à cause des circonstances défavorables et du positionnement conciliateur de forces qui se présentent comme "de gauche", mais suivent en réalité les politiques du gouvernement.

    3. Le rejet de l'ancien personnel politique par les masses populaires a été le principal facteur de défaite pour le bloc du "OUI", un bloc qui n'a même pas réussi à se donner un leadership crédible. Pour le système politique dans son ensemble, les paramètres sont les mêmes qu'au sortir des élections de janvier dernier et sont ouverts aux "réformes" en accord avec les intérêts impérialistes. Les changements à la tête de Nouvelle Démocratie servent ces mêmes intérêts.

    4. Nous saluons le grand nombre de personnes qui se sont abstenues (170.000 de plus qu'en janvier). Une grande part de celles-ci, comme de celles qui ont choisi de glisser un bulletin blanc ou invalide dans l'urne (200.000 de plus qu'en janvier), sont des personnes qui ont ressenti et compris la nécessité de prendre part à une lutte où le Peuple lui-même puisse choisir ses OUIs et ses NONs. Ce sont celles et ceux qui ne veulent plus céder leur "NON" à l'impérialisme à un gouvernement qui ne veut ni ne peut honorer ce "NON" ; un gouvernement qui s'est déjà rué pour bâtir un "pacte de salut national" avec les forces du OUI et pour s'adapter aux demandes de l'impérialisme.

    5. La situation exige d'authentiques réponses populaires. Le KKE(m-l) s'engage à participer avec toute son énergie à l'organisation de ces réponses. Nous devons organiser les résistances et participer aux luttes pour la défense des droits populaires qui sont en grand danger. Nous devons mobiliser massivement contre la nouvelle vague d'attaques réactionnaires qui tend à prendre le masque d'une "campagne nationale" et arbore le slogan "nous faisons partie de l'Occident".

    Nous appelons les classes populaires à mettre toutes leurs forces au service de la construction du Front de Résistance.

    LA VOIE DU PEUPLE EST ET DEMEURE LA VOIE DE LA LUTTE CONTRE LA DOMINATION CAPITALISTE ET IMPÉRIALISTE !

    NON À TOUT ARRANGEMENT AVEC LES TYRANS DU PEUPLE !

    GRÈCE HORS DE L'UE ET DE L'OTAN !

    LES PEUPLES N'ONT PAS BESOIN DE PROTECTEURS !


    https://revolutionaryfrontlines.files.wordpress.com/2010/07/kkeml_eng.gif


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  • Habitués (et vous ayant habitués) à avoir un avis sur tout en toute circonstance... il nous est pourtant difficile cette fois d'en avoir un catégorique et définitif sur le référendum qui se tiendra ce dimanche en Grèce - pour ou contre les dernières mesures d'austérité proposées au pays par l'Union européenne, la Banque centrale et le FMI (la fameuse "troïka").

    Nous ne pouvons que partager dans l'absolu, comme constat de fait et de bon sens, la position du Bloc Rouge qui est aussi celle - là-bas - du KKE(m-l) (marxiste-léniniste "maoïsant") mais aussi du fameux KKE ("brejnévien orthodoxe") : en substance, "une victoire du « NON » ne changera rien à la situation (et) si le « Oui » l'emporte, SYRIZA aura finalement rejeté la responsabilité de son échec sur le dos des masses".

    IL N'EMPÊCHE qu'il est difficile de rester indifférents et insensibles devant la mobilisation de masse en faveur du "NON" (c'est-à-dire, donc, d'envoyer bouler les créanciers impérialistes européens/occidentaux et leurs "plans" synonymes de "sociocide" - de destruction de tous les droits sociaux et de retour au 19e siècle pour les classes populaires) telle qu'elle est en train de se manifester en ce moment même sur la célèbre place Syntagma devant le Parlement :

    C'est finalement un peu le même raisonnement que nous avons pu exposer au sujet des référendums d'indépendance en Écosse ou en Catalogne ; référendums voués de toute façon à la victoire du "Non" ou à la non-reconnaissance et indépendances qui ne portaient pas non plus des perspectives de changement mirobolantes : les masses cherchent une voie de sortie à la crise générale du capitalisme qui les étrangle et, faute de véritable perspective révolutionnaire crédible et organisée, s'emparent des maigres instruments que mettent entre leurs mains certaines fractions de la bourgeoisie (indépendantistes en Écosse et en Catalogne, eurosceptiques populistes "de gauche" en Grèce).

    Le "Non" au référendum est prôné suivant ce raisonnement par la coalition ANT.AR.SY.A ("Coordination de la gauche anticapitaliste pour le renversement") dont font partie les trotskystes d'EEK mais aussi les "maoïsants" d'EKKE ; ainsi que par le "pôle de gauche" de Syriza où se trouvent notamment d'autres "maoïsants", l'ancien KOE (qui s'est dissous en 2013 dans la coalition), ou encore le héros de la Résistance anti-nazie Manólis Glézos (qui avait au mois de février demandé "pardon au Peuple grec" pour "avoir contribué à ces illusions", devant les premières trahisons du gouvernement Tsipras)...

    Pour ne prendre qu'un exemple (qui soit significatif en termes de masses) : le KKE s'est, comme on l'a dit, prononcé pour l'abstention à ce référendum contre ce qu'il dénonce comme une ultime "escroquerie de Syriza" (organisation principalement issue d'une scission "eurocommuniste" dans ses propres rangs, chose qu'il n'a évidemment jamais pardonné)... Mais des études d'opinion semble corroborer qu'une assez nette majorité de son électorat voire de ses effectifs militants proprement dits pourrait bien aller voter "Non" dimanche (tout comme, nous l'avions dit alors, un tiers des très nombreux anarchistes que compte le pays pourraient bien avoir voté Tsipras en janvier... et beaucoup s'apprêteraient encore à voter - "Non" bien entendu - cette fois-ci) !

    C'est ce qui s'appelle la "dignité du réel", comme diraient les autres... Et comme le disait un autre encore (beaucoup plus sérieux celui-là), "les masses sont la lumière même du monde ; elles sont la fibre, la palpitation inépuisable de l'Histoire".

    Comme nous l'avons déjà dit et le répétons volontiers, ce ne sont pas les clowns sociaux-démocrates de Syriza et ce qu'ils peuvent dire ou faire ou avoir derrière la tête qui nous intéresse ; mais ce que peuvent et doivent faire les masses du Peuple levées comme un géant contre le Capital est ses promesses de famine, quels que soient les succès ou les échecs ou les trahisons des réformistes !

    Référendum en Grèce

    Résultat des courses le 06/07 : le "NON" ("OKI") a gagné par plus de 60% des voix (ce qui montre bien au passage l'escroquerie des instituts de sondage, qui tentaient de galvaniser le "Oui" en l'annonçant vainqueur ou au coude à coude...). C'est clairement le résultat qui ouvre le plus large champ des possibles pour les masses populaires grecques ; une victoire du "Oui" n'ayant pu déboucher quant à elle que sur une démission du gouvernement Tsipras (dont c'eut été un désaveu cinglant) et de nouvelles élections. À voir maintenant comment les choses évoluent...

    [Quant au 'p''c''mlm' (devenu 'p''c'F-'mlm' depuis quelques mois : avec un F comme "francouille" les choses sont plus claires), qui voit tout simplement dans ce résultat le "triomphe de Moscou et Pékin" (doublé d'une "vague de social-nationalisme, de réformisme radical qui ne compte pas porter atteinte à la bourgeoisie, de conspirationnisme 'anti-oligarchie' avec des relents d'antisémitisme", ce qui était déjà leur position anti-dialectique sur le référendum de 2005 ici), il ne fait rien que rééditer la bonne vieille position "l'Est est l'ennemi principal" du marxisme-léninisme prochinois dégénéré de la fin des années 1970 ("Moscou et Pékin" ayant simplement remplacé Moscou-tout-court), également connue sous le nom de "Théorie des Trois Mondes" (bien que celle-ci, pour être erronée, ne soit sensiblement pas la même chose). Une conception du monde ayant produit, rappelons-le, non moins que des BHL et des Barroso - c'est-à-dire des "démocrates" bourgeois occidentalistes/atlantistes/européistes forcenés et évidemment (on s'en doute) chauds partisans et propagandistes d'un "Oui" grec à l'UE et à ses politiques criminelles (les suicides ont ainsi par exemple augmenté de manière phénoménale), "Oui" dont ils auront souhaité et tenté (pitoyablement) d'imposer la victoire par tout le terrorisme intellectuel dont ils se sont faits les spécialistes.*

    À ce sujet il faut absolument lire ceci, par un grand monsieur du mouvement communiste international qui revenait en 1984 (à la veille de sa mort) sur plus d'une décennie de dérives du mouvement ML anti-révisionniste dans cette direction funeste de faire de l'URSS (= "Moscou et Pékin" aujourd'hui) et des forces ou des régimes liés à elle l'ennemi principal des Peuples de la planète : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/harry-haywood-contre-la-theorie-des-trois-mondes-et-les-derives-reacti-a114121826

    Le tableau des 6 dernières années se suffit pourtant à lui-même pour comprendre que "Moscou et Pékin" ont beaucoup de boulot avant de devenir l'ennemi principal du Peuple ouvrier et paysan de Grèce (allez, ce sera peut-être le cas dans 10 ou 15 ans en admettant que le pays passe totalement sous leur coupe dès à présent) !!

    Quant au risque de fascisme (avec la sinistre "Aube Dorée" en embuscade, qui appelait bien sûr à voter "Non" sur une ligne nationaliste), il n'est certes pas négligeable en cas d'échec ou de trahison de Syriza qui vient de voir sa position plébiscitée (on pourrait alors voir, par exemple, un rapprochement d'ANEL - actuel allié de Tsipras - qui représente les riches armateurs, c'est-à-dire le Grand Capital grec par excellence, avec AD et d'autres formations de droite dure). Mais il faut voir les choses de manière dialectique. Pour les masses populaires, le vote "Non" représente un immense "merde" à ce qui fait de leur vie un enfer depuis 6 ans (s'agissant de la première fois que leur avis leur est demandé, au demeurant) : merde à la misère, au chômage, à la condamnation de la jeunesse à l'émigration et des travailleurs ruinés au suicide ; merde à Merkel et Hollande, Schulz et Juncker, Draghi et Lagarde etc. etc. On ne peut pas demander à des gens qui crèvent de faim depuis des années de rester l'arme au pied (et donc de garder le statu quo) alors qu'on leur demande leur avis pour la première fois, sous prétexte qu'il y a un risque de fascisme. Il y a toujours un risque de fascisme lorsque l'on brise le statu quo de la "démocratie" bourgeoise capitaliste, c'est-à-dire de l'institutionnalisation tranquille de l'opulence pour quelques uns et de la galère pour l'immense majorité (le fascisme n'étant rien d'autre que la "réaction immunitaire" du Capital, impulsée par sa fraction la plus agressive, devant la menace que tout s'effondre). Mais il n'y a pas non plus de possibilité révolutionnaire lorsqu'on ne le brise pas !

    PS 07/07 : remise de couche encore aujourd'hui - "social-fascisme", "ombre du social-fascisme chinois et de l'impérialisme russe" etc. etc. Amusons-nous à relever avec qui nos "authentiques maoïstes" rouges-bleus (bleus comme le néoconservatisme, l'UMP pardon "Les Républicains", vous savez tout ça tout ça...) partagent cette brillante analyse : http://www.lepoint.fr/politique/macron-compare-le-fn-a-syriza-...** C'est exactement le raisonnement que nous avons exposé plus haut, avec la référence à Chávez et Mélenchon (mais bizarrement pas à des forces d'extrême-droite comme le FN ou le gouvernement de Viktor Orbán en Hongrie, tout autant - voir plus - russophiles...) et jusqu'au "PCF des années 1980" : la Russie (comme l'URSS hier) et les forces ou gouvernements liés à elle seraient "l'ennemi principal" des Peuples de la planète*** ; l'impérialisme occidental US-UE-G7 (avec ses instruments tels que le FMI, la BCE, l'OTAN sur le plan militaire etc. etc.) "n'existerait plus" ou serait devenu un "moindre mal".]


    * À ce titre, excellente réplique de Martin Coutellier et Julien Salingue sur Acrimed (au sujet du "bloc-note" de BHL paru dans le Point) : "Second mensonge, et pas des moindres, celui selon lequel Alexis Tsipras aurait pris la décision d’avoir recours à un référendum « entre deux visites à Poutine ». Une argutie rhétorique destinée à jeter le soupçon sur le Premier ministre grec, qui agirait donc sur ordre de Moscou. Le problème est que, là encore, BHL raconte n’importe quoi : la dernière visite d’Alexis Tsipras en Russie remonte au 19 juin, soit une semaine avant l’annonce de l’organisation du référendum et il n’y est, depuis, pas retourné. Certes, BHL finira par avoir raison la prochaine fois qu’Alexis Tsipras rencontrera Vladimir Poutine : la décision d’organiser le référendum aura été prise « entre deux visites à Poutine ». Mais quel rapport entre le référendum et les visites ? Aucun. Mais signalons tout de même à Bernard-Henri Lévy cet autre fait troublant : le vote en première lecture de la Loi Macron (février 2015) a eu lieu « entre deux visites d’Hollande à Poutine » (décembre 2014 et avril 2015). Voilà qui mériterait une enquête de l’inspecteur BHL…" he

    ** En réalité, contrairement à ce que prétendent ces comparaisons honteuses et pourraient laisser penser les déclarations d'amour de Marine Le Pen pour Alexis Tsipras, le Front National a une position... somme toute classique sur le remboursement de la dette grecque - la Grèce "doit rembourser" car "c'est un devoir éthique pour un État de droit", même si l'on peut envisager un rééchelonnement voire une remise partielle.

    *** Disons que si la politique occidentale d'agression directe et indirecte se poursuit contre elle (c'est-à-dire si nous ne savons pas nous y opposer avec les forces et la méthode nécessaires), la Russie pourrait se convertir pour une certaine durée en une puissance extrêmement agressive et causant d'immenses destructions - comme ce fut le cas de l'Allemagne avec Hitler en 1933, après 14 ans de politique du Traité de Versailles (on connaît hélas la suite).
    Si l'on veut conjurer un tel scénario d'apocalypse, il ne faut selon nous pas seulement focaliser sur la "menace fasciste" représentée par la Russie et ses partisans (de droite nationaliste ou de gauche "radicale" bourgeoise) dans tous les pays mais d'abord et avant tout "prendre le mal à la racine", c'est-à-dire s'attaquer à ce qui PROVOQUE l'émergence de ce monstre du clair-obscur potentiellement incontrôlable : la politique impérialiste "démocratique" de nos propres gouvernements ouest-européens et nord-américains, les vainqueurs de la Guerre froide qui se comportent comme ceux de 1918...
    Il faut s'attaquer d'abord et avant tout à nos PROPRES capitalismes impérialistes ; non pas seulement (en vérité) pour les "contester", mais bel et bien pour les ABATTRE ! Sans quoi la Russie et la Chine pourraient effectivement bien devenir la nouvelle Allemagne et le nouveau Japon des années 1930-40, n'envahissant peut-être pas directement les pays occidentaux (dissuasion nucléaire oblige) mais pouvant favoriser dans certains la prise de pouvoir de forces qui leur sont favorables (comme le Front National ici) et semant dans tous les cas des conflits ultra-meurtriers sur toute la planète. Il faut arracher à jamais l'humanité à ce cycle infernal de guerres, de mort et de destruction et cela veut dire l'arracher au règne du capitalisme, de l'impérialisme et des monopoles... dont le Centre mondial n'est pas et ne sera jamais Moscou ni Pékin, mais reste et demeure l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord !
    À ce sujet on ne peut que vous inviter à lire ceci : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/harry-haywood-contre-la-theorie-des-trois-mondes-et-les-derives-reacti-a114121826, sur les dérives d'un certain "marxisme-léninisme prochinois" dans les années 1970-80.

     


    Annexe : la position de l'OCML-VP, qui a le mérite d'énormément de clarté et de facilité à comprendre (un petit lapsus au niveau du KKE corrigé : il faut bien sûr comprendre "révolutionnaire en paroles").


    Victoire du Non au référendum en Grèce : une défaite pour les impérialistes mais l’alternative reste à construire !


    Depuis des années, les impérialismes européens, notamment français et allemand, maintiennent une pression énorme sur le Peuple grec pour le maintenir sous leur dépendance financière et politique. Le gouvernement réformiste de Tsipras a convoqué un référendum sur le plan d’austérité proposé par les institutions européennes et internationales, espérant sortir renforcé de son rejet par le Peuple grec.

    Que ce soient Merkel, Hollande, Sapin, les dirigeants politiques européens ne font preuve d’aucune pitié devant les difficultés quotidiennes du Peuple et des travailleurs grecs. La Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE), ou le Fond monétaire international (FMI), ne sont que les conseils d’administration des puissances impérialistes pour gérer et maintenir leur domination commune sur les pays comme la Grèce. Dirigeants politiques européens et bureaucrates des institutions supra-nationales comme la BCE ou le FMI sont justes les représentants du Capital et de la bourgeoisie impérialiste.

    Pour eux, hors de question de laisser s’échapper la Grèce. Ils veulent maintenir à tout prix leur domination politique, financière, et économique sur le pays. Leur Union européenne est un instrument des puissances comme la France et l’Allemagne pour dominer les pays d’Europe centrale et du Sud. Une sortie de la Grèce de l’euro, voire de l’Union européenne, serait pour eux une remise en cause de leur mainmise. Voilà pourquoi ils veulent l’éviter : la faillite de la Grèce menace l’impérialisme financièrement, mais surtout politiquement.

    En France, les médias et intellectuels bourgeois défendent le programme impérialiste. Ils agitent la concurrence entre pays dominés et entre travailleurs d’Europe, pour nous rallier à la politique impérialiste agressive contre le Peuple grec. Ils propagent les préjugés chauvins à son encontre, manière de rejeter la faute sur la victime. Mais le programme d’austérité que l’on veut imposer aux Grecs aujourd’hui, ils voudront nous l’imposer demain.

    Au moment de la victoire électorale de Tsipras et de son parti Syriza, nous déclarions : "Syriza affirme qu’il est dans l’intérêt des impérialistes de céder aux revendications minimales du Peuple grec, pour sauver l’Union européenne et sa monnaie. Syriza s’engage donc à protéger les intérêts fondamentaux du Capital impérialiste en échange de concessions en faveur du peuple".

    Nous pouvons constater que cette tactique réformiste a échoué. Le Capital ne veut rien lâcher. Pour ses représentants, il n’est pas question de céder aux revendications justes du peuple et des prolétaires de Grèce. Peu à peu, le gouvernement Tsipras a sacrifié ses promesses électorales à son objectif d’une conciliation à tout prix avec l’impérialisme. Il a notamment accepté de poursuivre les privatisations : c’est à dire qu’il a accepté de renforcer l’emprise du Capital impérialiste sur l’économie de la Grèce, cette même emprise qui l’a menée à la faillite ! À force de vouloir absolument trouver un terrain d’entente avec les ennemis irréductibles du peuple, d’avoir préféré les négociations entre experts à Bruxelles à la lutte des masses grecques, le gouvernement Tsipras s’est retrouvé en position de faiblesse. En Grèce comme en France, les illusions réformistes sont mises à bas par la réalité !

    Avec le référendum le gouvernement grec joue une de ses dernières cartes. La victoire du NON est une défaite pour les impérialistes, mais ce n’est pas nécessairement une victoire pour le peuple, qui ne devrait pas voir ses conditions de survie s’améliorer de ce fait. Tsipras espère se servir de ce résultat pour obtenir un peu plus dans les négociations avec les institutions internationales.

    Même si le référendum a été le temps d’une mobilisation de masse, le Peuple grec ne pourra en rester aux outils de la démocratie bourgeoise. Souvenons-nous du référendum sur le Traité constitutionnel européen en 2005 ; rien n’est garanti pour le Peuple grec s’il ne renforce pas son organisation, sa vigilance et sa mobilisation à long terme pour combattre les plans d’austérité, qu’ils viennent de l’étranger ou qu’ils soient concoctés par le gouvernement grec. Tant que la Grèce restera prisonnière des institutions impérialistes et que son gouvernement cherchera la conciliation, les plans d’austérité ne peuvent que se succéder, la situation du peuple ne peut que s’aggraver.

    Dans tous les cas, nous soutenons le Peuple grec et non pas son gouvernement réformiste, qui ne propose finalement qu’une austérité à "visage humain".

    Certaines organisations révolutionnaires de Grèce ont appelé à voter "Non", d’autres à l’abstention. Pour nous, c’est une appréciation tactique qui revient aux révolutionnaires grecs.

    Nous soutenons les organisations révolutionnaires marxiste-léninistes et maoïstes de Grèce dans leur travail de construction d’une unité populaire face à l’impérialisme, vers le renversement du gouvernement bourgeois et le pouvoir populaire. Le KKE, Parti "communiste" de Grèce, n’en fait pas partie  ; il ne s’agit que d’un parti révisionniste, qui se prétend réformiste révolutionnaire en parole mais est complètement réformiste en acte.

    Ici, en France, nous avons le devoir de faire preuve d’une solidarité internationale conséquente avec le Peuple grec, d’autant plus que notre gouvernement impérialiste est en première ligne. Mélenchon et tous les réformistes radicaux prétendent nous proposer la voie de Syriza et de Tsipras : c’est une impasse  ! Ils nous chantent sur tous les tons la démocratie du référendum, mais restent silencieux sur la domination impérialiste et l’exploitation capitaliste qui vont se poursuivre dans tous les cas…

    L’OCML-VP appelle à participer aux initiatives de solidarité avec le Peuple grec, sur une ligne anti-impérialiste et anticapitaliste claire, et pour combattre les illusions réformistes et leurs représentants ici comme là-bas.

    Annulation de la dette  !

    En Grèce comme ailleurs c’est eux ou c’est nous  !

    À bas l’impérialisme, à bas l’Union Européenne  !

    Vive la solidarité internationale des Peuples et des prolétaires !


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    Lire aussi  À problème réel, une solution concrète : l’exemple de la Grèce (Quartiers Libres)

     


    8 commentaires

  • En tant que communistes prônant la Libération révolutionnaire du Peuple occitan (LRP), nous avons consacré un grand nombre de pages de ce site à l'affirmation de la réalité historique et présente de ce que l'on appelle communément le "Midi", Peuple conquis et nié (aux côtés des Bretons, des Corses, des Basques et d'autres encore) par l’État français et même pour être exact conquête fondatrice de cet État qui est l'ennemi que nous combattons en tant que construction historique, appareil politico-militaire et idéologique et (État au sens de territoire) base d'accumulation première de la classe dominante, la bourgeoisie capitaliste BBR. Tout ceci fera prochainement l'objet d'un bon petit article très clair et synthétique, qui est actuellement en attente de traduction vers le castillan car il doit également être partagé sur la Red de Blogs Comunistas (RBC) à destination du public castillanophone.

    Nous nous sommes également penchés à plusieurs reprises sur l'autre Sud que représente dans l’État espagnol la Nation andalouse - elle aussi annexion première et fondatrice de cet État oppresseur au service d'un cartel bourgeois chapeauté par l'appareil militaire de l'oligarchie castillane.

    Nous allons à présent parler d'un troisième Sud que nous avons déjà pu aborder à l'occasion, mais enfin jamais in extenso : il s'agit bien sûr, vous l'aurez compris, du fameux Mezzogiorno italien (qui consiste essentiellement en l'ancien Royaume de Naples auquel on peut ajouter la Sardaigne, déjà rattachée au Piémont depuis le 18e siècle), dont la conquête beaucoup plus récente historiquement (années 1860) n'en est pas moins fondatrice et fondamentale pour l'existence même de cet État. Une question méridionale que le mouvement communiste italien, à commencer par l'immense Gramsci (qui prônait "à titre personnel" une "République fédérale des ouvriers et des paysans"), a l'insigne mérite d'avoir abordé frontalement dès ses tout débuts ; même si par la suite la compréhension du problème s'est sensiblement émoussée au profit d'un "unitarisme de gauche" centré sur la figure de Garibaldi (dont une Brigade internationale en "Espagne" et plusieurs unités de la Résistance antifasciste recevront le nom), de manière comparable au jacobinisme hexagonal avec son Robespierre et ses Montagnards - un Garibaldi présenté comme un révolutionnaire romantique qui, "s'il avait triomphé", aurait "vraiment" libéré le Sud de la misère et de l'exploitation ; et non comme un idiot utile de gauche faisant ce que l'Histoire à ce moment-là, en les personnes de la bourgeoisie piémontaise/padane (avec son chef de file Cavour) et de la Maison de Savoie, attendait de lui et qui consistait justement en la création d'un État dont la base d'accumulation fondamentale serait la conquête et la domination de type colonial du Royaume de Naples (il est tout de même surprenant qu'une gauche ayant l'antifascisme au cœur de son identité politique n'ait pas plus questionné une figure historique dont se revendiquait en même temps Mussolini...).

    Le "billet d'humeur" qui va suivre (traduit par nous du toscan/"italien"), rédigé par un jeune écrivain d'origine campano-sicilienne à l'occasion des 110 ans de la mort en prison de Carmine Crocco (l'un de ces fameux "brigands" qui menèrent pendant de longues années la guérilla contre les troupes d'invasion du Nord*), est d'ailleurs intéressant avant tout en ce qu'il aborde frontalement ce refoulement de la conquête des années 1860 et de la domination de type colonial qui a suivi ("péché originel" de l’État transalpin selon les mots de l'auteur) dans le discours politique public et privé, la conscience collective et la société civile de la Botte - un constat qui ne peut pas ne pas faire penser à ce que nous entendons et lisons, vivons et affrontons au quotidien depuis des années (notre "chemin de croix" politique en quelque sorte...) lorsque nous parlons d'Occitanie ou de Bretagne ou de quelque autre Peuple constitutif et nié de l’État français ; et qui devrait donc résonner tout particulièrement à nos oreilles (enfin, nos yeux) en substituant simplement "Mezzogiorno" et "Méridionaux" par nos Peuples en question (bien sûr ici ce type d'évènements est généralement plus ancien, encore que la "pacification" ait par la suite duré jusqu'assez récemment, mais l'"excuse" va bien un moment pas plus)... 

    La conscience de cette question méridionale connaît cependant un assez net regain là-bas depuis quelques années, sur une ligne que l'on peut généralement qualifier de progressiste (de "gauche"), avec des démarches politiques comme celle du site Briganti ou politico-culturelles comme celle du groupe napolitain 99 Posse ou d'intellectuels comme Pino Aprile ou l'auteur de ce texte, Marco Incardona - tandis qu'en face, prises à la gorge par la crise générale du capitalisme, la bourgeoisie du Nord et les masses moyennisées aliénées par elle durcissent leurs positions à travers la tristement célèbre Lega qui, sous couvert de la revendication (risible pour ne pas dire honteuse...) d'une "Padanie" (Piémont, Lombardie, Vénétie etc.) qui serait "dominée" par Rome et le Sud, recherche en réalité un "fédéralisme fiscal" qui ferait du Meridione un "Tiers-Monde intérieur" au service d'une bourgeoisie "padane" "libérée" de ses (maigres) obligations de redistribution sociale et de développement vis-à-vis du Sud, concédées aux masses après la Victoire antifasciste de 1945 et sous la pression des luttes sociales ultérieures...

    [Nous tenons à préciser et souligner ici que le Nord compte aussi ses territoires et populations périphérisées, en particulier dans les campagnes et surtout les montagnes (comme les vallées occitanes des Alpes cottiennes) ; territoires et populations dont la Ligue du Nord n'a historiquement rien à voir avec les affirmations d'identité populaire ; qui ont subi eux aussi de plein fouet l'aspect de guerre contre le Peuple ouvrier et paysan qu'a représenté l'Italie bourgeoise unifiée ; et dont sont issus de grands héros révolutionnaires comme Prospero Gallinari, qui luttèrent aux côtés de Méridionaux de l'exil comme le Sicilien de Toscane et "voix" de Lotta Continua Pino Masi : l'ennemi des masses populaires du Sud n'est pas les masses populaires du Nord mais la bourgeoisie vert-blanc-rouge qui (comme en Hexagone) consiste en une pyramide dont le sommet est la bourgeoisie du triangle Turin-Gênes-Milan**, et face à laquelle les Peuples d'Italie sont les doigts d'un poing uni.]


    https://imiagolatoridiviasangalloafirenze.wordpress.com/2015/06/18/marco-incardona-carmine-crocco-e-la-fine-del-folklore/

    CARMINE CROCCO ET LA FIN DU FOLKLORE

    (ARTICLE DE MARCO INCARDONA)

    Carmine Crocco
    Carmine Crocco


    Carmine Crocco, non, ton temps n'est pas encore venu ; mais aussi longtemps que je vivrai je ne cesserai de crier Palestine libre, Sud libre ! (Marco Incardona)

    Briganti
    Cadavre de "brigand" exhibé par un bersaglier piémontais


    Le pays dans lequel nous vivons est véritablement un pays bizarre et difficilement compréhensible ; tant il semble obstiné à s'accrocher à des catégories historiques, des faits historiques pour se comprendre lui-même et comprendre ses contradictions, et tant il semble capable dans le même temps des plus grandes opérations de refoulement idéologique jamais vues dans l'histoire.

    Il suffit de marcher dans les rues, de naviguer sur internet, de lire les journaux, de discuter de politique au bar, et des mots comme fascisme, communistes, Résistance, Brigades rouges et terroristes envahiront la discussion comme autant de mots clés pour comprendre la réalité, pour pouvoir se ranger dans un camp, pour pouvoir interpréter quelque affirmation publique ou privée que ce soit.

    Briganti
    Brigands tués par l'Armée royale italienne d'occupation


    Et, à dire vrai, je n'ai rien contre une telle volonté de garder vivante notre histoire passée comme grille d'interprétation de notre situation actuelle. Mais alors, si nous voulons vraiment aller au bout de cette voie, il est grand temps de dire les choses comme elles sont.

    Ce pays, l'Italie, est un pays qui a été unifié à travers la colonisation d'une partie par l'autre, à travers la conquête impitoyable - et favorisée par le contexte international d'alors - du Sud par le Nord.

    Les Italiens sont prompts à mettre absolument tout en discussion, à discuter de comment est né le fascisme, de comment est née la Mafia, de comment est né le terrorisme, de comment est née la République, de comment est née la Loge P2, de comment est née l'opération Mains Propres, etc. etc.

    Carlo Aianello
    Carlo Alianello***


    Mais aucun ne semble prêt à discuter véritablement de l'authentique, immense et tragique péché originel de l'Italie, celui de sa propre naissance. Ils pourront et nous pourrons pourtant nous raconter toutes les histoires que nous voulons, tout dérive de ce seul et unique moment fondateur.

    Je connais bien les arguments des “négationnistes” de la conquête du Sud par le Piémont.

    À ces derniers je ne m'abaisserai pas à répondre, et la raison en est très simple à expliquer. Pour justifier l'absolue justesse de l'unification, ces “patriotes” sont implicitement contraints à jouer la surenchère contre les arguments des tenants de la thèse de la colonisation, dont je suis. Les Méridionaux seraient porteurs d'une arriération anthropologique, peut-être historique et économique, mais avant tout anthropologique en réalité.

    À moi, il me suffit d'apporter un seul et très simple fait. Si 150 ans après l'unification les rapports entre le Nord et le Sud étaient ceux d'un État unitaire, d'un État qui cherche réellement à uniformiser le niveau de vie et l'économie de tous ses citoyens, alors même si conquête il y avait bel et bien eu l'unification cesserait d'avoir une signification aujourd'hui, elle cesserait de faire scandale et rentrerait sans trop de bruit dans le champ d'étude des historiens de la période.

    Mais il n'en est pas ainsi et nous le savons tous. Depuis 150 ans, le Midi colonisé et conquis manifeste tous les symptômes d'une société et d'un territoire colonisé et ceci de manière croissante et non décroissante, comme ce devrait être le cas dans un pays ayant vraiment à cœur sa propre unité territoriale.

    Chers Italiens cessons d'être hypocrites, nous savons tous que ceci est un fait. Tous les chiffres, les faits concrets, les statistiques et les anecdotes ne peuvent être compris et admis que si et seulement si nous nous montrons suffisamment matures pour admettre à nous-mêmes cette blessure interne contre une partie de notre territoire.

    Les ouvriers qui s'en prennent aux immigrants sont certainement la plus belle œuvre des classes dominantes, qui divisent et règnent ainsi impunies. Mais les Méridionaux qui critiquent le Sud, les Méridionaux qui exploitent d'autres Méridionaux, les Méridionaux qui jouent au folklore ne sont rien d'autre que le fruit vénéneux de ce même artifice.

    Pour cette raison, c'est avant tout vers les Méridionaux que je me tourne. L'heure est venue de regarder en face ce que nous sommes : des conquis, des dominés, des exploités, des violés au cœur même de notre identité. L'heure est venue d'arrêter avec le victimisme, la fatalité, le folklore et l'acceptation servile d'une histoire qui n'est pas la nôtre. L'heure est venue de regarder vers l'avenir, et de le faire avec la conscience que résoudre les problèmes de notre immense diaspora sera une tâche immense de tous les points de vue.

    Ils nous ont enlevé et nous nous sommes laissés enlever absolument tout, y compris la dignité de célébrer nos propres héros.

    Le 18 juin 1905 mourrait en prison le célèbre “brigand” Carmine Crocco.

    Brigand ? Terroriste ? Patriote ?

    Choisissez vous-mêmes, car si cette date ne signifie encore rien aujourd'hui, la faute n'en incombe qu'à nous Méridionaux colonisés et incapables de réfléchir en profondeur sur notre passé.

    Qu'a été réellement ce “brigandage” ? Pourquoi dans toutes les Cours européennes de l'époque, la conduite de l'Armée royale contre ces “brigands” méridionaux était-elle vue comme ce qu'elle a effectivement été, à savoir une guerre de conquête de la part des Piémontais ?

    Ninco Nanco
    Ninco Nanco (compagnon de Crocco tué en 1864)


    Il appartient à nous Méridionaux d'aujourd'hui, dans la diaspora ou dans la colonie, de donner voix à ces personnages dont la voix a été sciemment humiliée, réduite au silence, dépossédée. Donner voix aux millions de paysans partis en exil aux quatre coins du monde, voix aux morts, aux humiliés, à nos frères dispersés, à notre histoire mutilée.

    Carmine Crocco et tous ceux comme lui ne doivent pas seulement être souvenus et célébrés, mais doivent vivre dans nos cœurs et tracer la voie à suivre ensemble.

    Je ne vois pas d'autre manière d'honorer la mémoire de ce grand homme, mort prisonnier comme nous nous sommes des prisonniers mentaux. Un homme auquel, dans la mémoire également, est attribuée une tâche trop grande, celle d'incarner la lutte manquée d'un Peuple entier.

    Brigantessa
    Femme brigand


    Carlo Alianello*** écrit dans le roman “L'Héritage de l'Abbesse”:

    Pactes et trahisons mis à part, Crocco était bien trop intelligent pour ne pas comprendre que pour lui, la prise de Potenza serait une défaite personnelle. Lorsqu'un gouvernement bourbonien serait restauré en terre de Basilicate et assumerait le pouvoir sur les autorités constituées, lorsque l'Autriche et l'Espagne - et peut-être même la France - auraient ainsi trouvé une raison valable pour intervenir, comme cela semblait alors probable non seulement aux partisans des Bourbons mais aussi aux ministres du Royaume d'Italie, lorsqu'en somme se trouveraient aux commandes des gouverneurs, des généraux, des messieurs, que serait-il resté de Crocco ? La Basilicate bourbonienne aurait voulu dire la guerre avec des officiers et des soldats, des chevaux et des canons, en somme la guerre de sécession que les trois quarts des Napolitains espéraient.”

    Cette guerre n'eut jamais lieu et le prix nous le payons encore aujourd'hui et nous le payerons toujours plus à l'avenir, vous pouvez en être certains.

    Michelina De Cesare
    Michelina De Cesare (femme brigand tuée en 1868)


    Si seulement les Méridionaux cessaient de faire du folklore comme des chiens savants et regardaient la réalité en face... Carmine Crocco, non, ton temps n'est pas encore venu ; mais aussi longtemps que je vivrai je ne cesserai de crier Palestine libre, Sud libre !


    MARCO INCARDONA

     


    * Carmine Crocco (1830-1905) - et nous qui le mettons en avant par la même occasion - sera sans doute dépeint par tous les petits donneurs de leçons de l'aile gauche de la pensée dominante bourgeoise comme un de ces abominables "chouans" ennemis de la marche inexorable de l'Histoire et du Progrès - une Histoire et un Progrès conçus comme des processus linéaires et non dialectiques et contradictoires ; au même titre que les Chouans et Vendéens (et autres Barbets nissards ou paysans de 1798 en Belgique et au Luxembourg) face à la Révolution bourgeoise française, les carlistes basques opposés à la modernisation libérale-centraliste espagnole ou les jacobites écossais et irlandais combattant la révolution bourgeoise orangiste d'Angleterre. Un "marxisme" primaire pour ne pas dire primitif, digne des tout jeunes Marx et Engels de 1848-49 qui pouvaient encore applaudir à la défaite de l'émir Abd el-Kader en Algérie ou à la conquête de la moitié du "Mexique paresseux" par les États-Unis (avant de mûrir et d'affiner considérablement leur vision des choses) ; incapable de voir la réalité complexe d'un processus capitaliste bourgeois qui, donnant naissance aux "États-nations" et aux sociétés capitalistes que nous connaissons aujourd'hui, a en tant que processus capitaliste bourgeois (nous insistons) signifié la guerre non seulement contre les forces féodales de l'aristocratie et du cléricalisme (encore qu'en Italie cette guerre ait été profondément inachevée, lire ici) mais aussi et surtout contre les masses populaires qu'il s'agissait de mettre totalement et définitivement dans les chaînes du Capital et de l'extraction de la plus-value. C'est d'abord et avant tout contre cela (et non par "amour" de l'exploitation seigneuriale féodale et de l'obscurantisme religieux, de la corvée et de la dîme...) que se dressaient des hommes et des femmes comme les Chouans, les carlistes ou les "brigands" de Crocco, lequel illustrait à lui seul par son parcours toute la complexité de l'étape historique, où toute une paysannerie méridionale avait pu accueillir très favorablement et même rejoindre (comme il l'avait fait) les "Chemises rouges" de Garibaldi avant de déchanter et de se tourner vers les Bourbons déchus qui manœuvraient pour reconquérir leur royaume annexé. La "guerre contre le brigandage" se prolongera pendant plus de deux décennies et coûtera à l'Armée piémontaise/unitaire plus de vies (près de 8.000) que toutes les guerres de l'Unité réunies et aux masses populaires du Sud conquis et occupé plusieurs dizaines de milliers d'autres - peut-être même 100.000 ; faisant de ce qui était en fin de compte un État relativement prospère et moderne (Naples était dotée de la première ligne de chemin de fer et du premier éclairage public de la future Italie) le "Tiers-Monde de l'Europe" que nous connaissons aujourd'hui, livré aux organisations criminelles et à la prévarication, à la pauvreté et à l'émigration de masse, aux montagnes d'ordures qui s’amoncèlent dans les rues de l'ancienne capitale etc. etc.

    ** La Lega (Ligue du Nord, mais qui a récemment abandonné la référence nordiste pour s'étendre péninsulairement) représente les couches basses et moyennes de la "pyramide" situées géographiquement dans la Plaine du Pô et aux pieds des Alpes, ainsi que dans une certaine mesure en Toscane ou dans les Marches ; moins les couches supérieures ; mais cette petite et moyenne bourgeoisie du Nord est numériquement nombreuse (très important "tissu" de PME) et particulièrement frappée et rendue agressive par la crise. Berlusconi, bien que milanais pur jus, est d'abord et avant tout l'homme de paille d'un secteur capitaliste qui consiste ni plus ni moins qu'en les organisations criminelles (Mafia, Camorra, 'Ndrangheta etc.) : c'est donc au Sud qu'il "cartonne" historiquement, au Nord son "centre-droite" ne gagnerait pas sans l'appoint de la Ligue. Il représente aussi une certaine bourgeoisie "bling bling" qui a émergé dans le cadre du "miracle économique" (années 1950-70) et des "années fric" néolibérales 1980-90 ; bourgeoisie parvenue assez présente à Milan et globalement au Nord. Le Grand Capital "historique", traditionnel et "installé" - monopoles du Nord et du Centre, grands notables du Sud - reste généralement sur la ligne de la démocratie-chrétienne ou du libéralisme cavourien... c'est-à-dire aujourd'hui du "Parti démocrate" (PD), où ces forces ont été rejointes par les derniers rebuts du P'c'I révisionniste au stade ultime de toutes les trahisons : attachement à l'héritage unitaire, politique redistributive inspirée par la doctrine sociale de l’Église et "développementisme" pour le Mezzogiorno. C'est le courant politique de Matteo Renzi.

    *** Carlo Alianello est un célèbre intellectuel et écrivain originaire de Lucanie/Basilicate (terre de Crocco), connu pour son affirmation du Mezzogiorno comme conquête coloniale du Nord et son "révisionnisme" vis-à-vis de l'historiographie officielle de l'Unité italienne.


    Annexe : afin d'illustrer le schéma de pensée sud-italien que nous avons vu ci-dessus et le "révisionnisme historique" c'est-à-dire le refus de l'historiographie officielle apologétique de l'Unité italienne, voici sans porter de jugement de valeur (il y a évidemment des points de vue, tels qu'exposés ici du moins, que nous ne partageons pas) une petite présentation d'un penseur "phare" de ce courant.


    Nicola Zitara : le marxiste qui inventa le révisionnisme historique


    Nicola Zitara est le marxiste qui a donné naissance au révisionnisme historique au sujet de l'Unité italienne.

    Nous devons beaucoup à Nicola Zitara, économiste et historien méridionaliste calabrais qui vécut entre Siderno et la Côte amalfitaine entre journalisme méridionaliste et engagement marxiste et néo-bourbonien. Et pourtant, ceux qui se souviennent de lui aujourd'hui ne sont pas les travailleurs du Sud italien mais seulement les spécialistes, et encore pas tous... Sa vie se déroula entre le 16 juillet 1927 et le 1er octobre 2010 à travers une activité entrepreneuriale, académique, journalistique et politique* ayant produit une personnalité complexe, rigoureuse et à contre-courant. Alors que l'Italie était nourrie "au pain et au Risorgimento" et que le Mezzogiorno était éduqué à fuir tout type de pensée critique qui, perçant le mur de la version officielle, ouvrirait la voie au révisionnisme historique, Zitara initia parmi les premiers la redécouverte des racines culturelles méridionales.

    Il y a 110 ans mourrait le "brigand" Carmine Crocco : un texte LUMINEUX d'affirmation du Mezzogiorno, dominé et pillé depuis un siècle et demi par le Capital vert-blanc-rouge !Parmi ses œuvres majeures nous pouvons retenir "L'Unité italienne : naissance d'une colonie", "L'invention du Mezzogiorno - une histoire financière" ou encore "Le prolétariat extérieur", travaux qui face aux nouveaux défis de la construction européenne renouvelèrent la tradition des études méridionalistes en une pensée des Sud, ou du "Midi européen". Si l'on laisse de côté son espérance déclarée et délirante en une concrète sécession du Meridione vis-à-vis du reste de l'Italie, l'importance de son œuvre réside et demeure dans le critère critique marxiste appliqué à la recherche historique, économique et sociale ; recherche aux prétentions quasi-encyclopédiques en faveur d'un révisionnisme italien.

    L'Unité italienne revisitée

    La catégorie spéculative de Nicola Zitara est celle de l'Unité italienne, qui dans sa signification juridique et économique comme idéologique, culturelle et politique, a littéralement fait les Italiens sur la base de l'éradication de l'identité méridionale et de la phagocytose des lambeaux de cette dernière par l'invention de l'épopée risorgimentale. Grâce aux travaux de Zitara a commencé à apparaître dans l'espace public ce qui est devenu par la suite la lecture néo-bourbonienne de l'histoire d'Italie.

    Selon Zitara, le processus unitaire devait être revu comme une pure opération militaire et coloniale d'une monarchie contre une autre, d'un royaume souverain face à un second. L'unification par en haut, à travers l'instrument militaire, économique et juridique, et donc l'appropriation souveraine d'une multiplicité d’États, se faisant sans le Peuple ni la moindre subjectivité politique préliminaire, a condamné historiquement l'Italie à la fragmentation et le Sud au sous-développement, à la subordination culturelle et à la schizophrénie politique que nous connaissons encore aujourd'hui.

    Par la dévastation et le saccage d'un royaume souverain et indépendant (le Royaume de Naples ou des "Deux-Siciles"), les Savoie, appuyés sur un entrelacement d'intérêts qui les liait en particulier à la Grande-Bretagne et à la France, livrèrent une guerre non-déclarée et criminelle contre un Peuple uni et indépendant depuis plus de 1000 ans. Le Royaume des Deux-Siciles n'était pas une réalité idiote, obscurantiste et anachronique mais la troisième réalité politique, économique et scientifique de la planète ; une nation caractérisée par un absolutisme éclairé, ouvert à un processus de sécularisation et de modernisation graduelle, proto-socialiste et non-libéral. [NDLR - là c'est clairement très exagéré : le Royaume de Naples n'était pas si "idéal" que cela et des révoltes populaires y étaient brutalement réprimées comme à Messine (Sicile) bombardée par la Flotte en 1848, valant au souverain Ferdinand II le surnom de "Roi-bombe" (Re bomba) ; mais il est vrai que la peinture d'une autocratie complètement arriérée et obscurantiste est elle aussi à des années-lumières de la réalité (on reconnaît bien là le discours "Lumières/civilisation vs obscurantisme/barbarie", "on a mis fin au Moyen Âge" par lequel tout État moderne - et tout Empire colonial - justifie son existence alors même qu'il a parfois annexé des sociétés relativement avancées), et que l'arriération relative par rapport à la Plaine du Pô était bien moindre en 1860 que quelques décennies plus tard... et encore aujourd'hui - c'est précisément cette richesse qui a attiré le prédateur nordiste et ses soutiens étrangers (français et anglais), Gramsci pouvant encore écrire dans les années 1920 que la Sicile était en richesse absolue la région la plus prospère de l’État.]

    Zitara à travers ses études contredit l'historiographie officielle, qu'il juge asservie à la propagande politique et culturelle des classes dominantes de l'Italie septentrionale.

    Antagonisme entre travailleurs du Nord et travailleurs du Sud

    Parmi les passages scientifiques les plus significatifs, mais aussi les plus contestés par l'historiographie officielle de son œuvre, l'on peut retenir l'hypothèse amplement démontrée par toutes les sources que les conditions de subordination économique, politique et scientifique dans lesquelles plongeait le Sud étaient la conséquence directe de l'unification juridique et économique de la péninsule par la force des armes et de la diplomatie du 19e siècle ; le capitalisme du Nord était un capitalisme de type mercantiliste (c'est-à-dire se nourrissant de la paupérisation des régions méridionales et de la division entre travailleurs du Nord et du Sud) qui a caractérisé un processus bien plus de fragmentation que d'unité nationale.

    Zitara mariait éclectiquement marxisme et révisionnisme, sur la base d'intuitions déjà gramsciennes avant lui (Carnets de Prison), et développera la thèse selon laquelle le Nord était une "pieuvre qui s'enrichissait aux dépens du Sud, sa croissance économique et industrielle étant en rapport direct avec l'appauvrissement de l'économie et de l'agriculture méridionale". Selon lui les retards méridionaux étaient déterminés par une fracture entre le prolétariat septentrional et celui du Sud ; laquelle fracture, en opposition à la thèse de Gramsci (qui y voyait le fruit du désintérêt de l'industrie du Nord pour celle du Sud), était due à des causes intrinsèques à la logique même des rapports de classe et de production au plan régional.

    Il était absolument convaincu que la question méridionale ne pouvait être résolue ni par les instruments institutionnels démocratiques bourgeois ni par ceux d'une lutte des travailleurs, du fait que par exemple (selon ses mots) "les intérêts du prolétariat septentrional sont inconciliables avec ceux du prolétariat méridional". Le marxisme gramscien, écrasé sous le poids de l'universalisme abstrait, était incapable de comprendre cette affirmation. [NDLR là aussi, autre point sur lequel nous apporterions un bémol : ce qui est décrit ici est la manière la plus classique qui soit dont les travailleurs de la région dominante d'un État ou encore de la métropole d'un Empire bénéficient des retombées, de la redistribution de miettes des surprofits réalisés par la classe dominante à travers la surexploitation** des territoires et des populations dominées. Il n'en reste pas moins, comme nous l'avons déjà dit plus haut, que le Nord compte également ses périphéries - en particulier dans les campagnes et les montagnes et notamment dans des territoires comme l’Émilie-Romagne ou la Vénétie, le Trentin ou le Frioul qui sont aussi rappelons-le des annexions ; des périphéries plus proches du Centre mais non moins inscrites dans le même système de domination concentrique (qui correspond à la base d'accumulation/reproduction du Capital) ; et que ces masses notamment paysannes soumises à la grande propriété (il suffit de visionner l'immense Novecento de Bertolucci), aujourd'hui largement "ouvriérisées" bien entendu, ont elles aussi leur glorieuse histoire de lutte révolutionnaire que ce soit lors du Biennio Rosso ou dans la Résistance antifasciste*** ou encore durant la "Guerre populaire de basse intensité" des années 1970, et ont un intérêt commun fondamental avec les prolétaires du Sud qui est le renversement de l’État bourgeois italien création et instrument de classe du Capital. C'est pour cela que nous refusons par principe, dans le cas italien comme en général, la logique "le prolétariat A est l'ennemi du prolétariat B" : non, le prolétariat A plus proche du Centre peut être "favorisé" et donc aliéné, moins conscient du système de domination voire serviteur plus ou moins conscient de celui-ci, mais il n'est pas "l'ennemi" au sens où la bourgeoisie peut être l'ennemie des classes populaires laborieuses.]

    Reparcourant l'histoire du Mezzogiorno et compilant l'immensité des données empiriques possibles, Zitara arriva jusqu'à conclure que "lorsque les victoires politiques et syndicales se traduisent en lois générales, le prolétariat du Sud n'en bénéficie pas car ces lois envisagent une situation étrangère au cadre méridional".

    Le prolétariat du Nord est porté à conduire sa propre lutte contre le Capital à partir d'un présupposé d'antagonisme avec les travailleurs méridionaux. La révolte de Reggio Calabria a été un symptôme historiquement déterminé de cet antagonisme et de l'impuissance économique et politique de ces derniers. [NDLR - explosion insurrectionnelle, en 1970, dans cette ville la plus peuplée de Calabre lorsqu'une autre ville nettement plus petite (Catanzaro) fut choisie à sa place comme capitale régionale (simple détonateur, vous l'aurez compris, de toute une accumulation de frustrations) ; mouvement dans lequel les néofascistes du MSI jouèrent un rôle important étant donné que la gauche institutionnelle le traita avec un souverain mépris ; les communistes révolutionnaires de l'époque ayant parfois eu une approche plus ouverte (c'est-à-dire tout simplement dialectique, marxiste), Reggio étant ainsi citée dans L'Ora del Fucile de Pino Masi.]

    Il y a 110 ans mourrait le "brigand" Carmine Crocco : un texte LUMINEUX d'affirmation du Mezzogiorno, dominé et pillé depuis un siècle et demi par le Capital vert-blanc-rouge !Dans une référence claire aux Carnets de Prison de Gramsci, Zitara recueille en 1972 en un seul volume ses articles journalistiques écrits au fil des années dans les Carnets calabrais. L’ouvrage sera publié par Jaca Book sous le titre "Le prolétariat extérieur". Dans celui-ci, Zitara relit avec un regard marxiste l'histoire d'Italie et la question méridionale en tant que réalité symptomatique, pour pouvoir relire en termes généraux la subordination du Mezzogiorno au Nord.

    En conclusion, Nicola Zitara était un marxiste gramscien du courant révisionniste historique qui a repensé le marxisme en l'insérant dans les contingences historiques méridionales. Il en résulte une richesse scientifique extraordinaire qui abstraction faite de quelques positions ingénues ou discutables, demeure un patrimoine inestimable et injustement négligé pour élaborer une théorie politique méridionale forte.


    * D'après sa page Wikipédia en italien, sa famille possédait une petite entreprise de transport de marchandise par bateau à voile, dans laquelle il aida son père puis qu'il reprit brièvement avant que la conjoncture économique propre au Sud ne l'amène à faire faillite ; il se consacrera alors au journalisme. Diplômé de droit à Palerme, il avait également enseigné quelques années le droit et l'économie à Crémone (Nord). Sur le plan politique, socialiste, il participe en 1964 à la scission qui donne naissance au PSIUP (Parti socialiste italien d'unité prolétarienne) mais prend ses distances avec la direction au bout de quelques années pour ne plus s'engager dès lors dans aucune organisation, voyant la politique "systémique" comme un "mal pour toute la Nation méridionale". Il dirigera néanmoins le comité de rédaction de... Lotta Continua pendant quelques mois en 1971 (il participera aussi la même année à la fondation d'un "Mouvement méridional" qui existe toujours mais reste d'audience confidentielle). C'est donc un parcours politique totalement dans le champ progressiste, "à gauche". Sa vision de société était grosso modo celle d'un socialisme autogestionnaire.

    ** L'on peut parler de SUREXPLOITATION lorsque l'on est à la limite permanente de ne même plus permettre la reproduction des conditions d'existence de la force de travail (c'est-à-dire du travailleur...). Une manière de fonctionner qui ne PEUT PAS être la manière générale du capitalisme, car si celui-ci produit c'est pour VENDRE (comment, sinon, dégager des profits et reproduire le Capital ?) et il a donc besoin d'acheteurs, qui ne peuvent pas être simplement 5 ou même 10% de bourgeois et autres personnes aisées. Il lui faut donc des personnes "simplement exploitées", c'est-à-dire à qui leurs revenus laissent une "margeounette" pour consommer. Mais pour que ces personnes puissent exister et exister en quantité conséquente, il est NÉCESSAIRE que d'autres, sur le territoire qu'une bourgeoisie donnée contrôle, soient dans ces conditions de surexploitation (ce qui signifie, en substance, définir et assigner à cette position des "ultra-pauvres" pour que puissent exister des "moins pauvres", que l'on pourra en sus aliéner en leur disant qu'ils ne sont "pas les plus à plaindre").

    *** Résistance antifasciste qui contrairement à une idée reçue et - hélas - répandue a également existé au Sud ; "moins" uniquement dans la mesure où la présence militaire nazie fut beaucoup plus brève (Sicile totalement libérée mi-août 1943 ; Mezzogiorno au sud du célèbre Monte Cassino à la fin de la même année et en totalité au printemps 1944). La population de Naples a ainsi libéré elle-même la ville des troupes allemandes et des fascistes résiduels avant l'arrivée des Alliés (fin septembre 1943) ; tout comme Matera en Basilicate huit jours auparavant (au prix d'une sanglante répression).

     


    2 commentaires

  • http://www.politis.fr/Lyon-Turin-Erri-De-Luca-devant-la,29886.html

    Erri De Luca a été un militant communiste révolutionnaire actif dans les années 1970 (Lotta Continua) et il est resté depuis un soutien déclaré des mouvements progressistes, notamment le mouvement No TAV.

    Le voilà désormais passible de 5 ans d'emprisonnement pour avoir déclaré qu'il fallait "saboter" la construction de la 100 % capitaliste, semi-mafieuse (lire l'article de Politis), écocide et anti-populaire ligne Lyon-Turin.

    Bien que les poursuites aient été engagées bien avant l'atmosphère de Patriot Act dans laquelle les attentats de Paris au début du mois ont plongé l'Europe (les propos ont été tenus en septembre 2013), voilà un affaire bien révélatrice de la fascisation rampante des États bourgeois qui caractérise notre époque, frappant de plus en plus durement le mouvement ouvrier organisé et la contestation progressiste. Les manifestant-e-s solidaires présentes n'ont d'ailleurs pas manqué de détourner le désormais mondialement célèbre "Je suis Charlie" en "Je suis Erri" :

    Flash info (encore en Italie) : l'écrivain militant Erri De Luca devant la "justice" pour "incitation au sabotage"

    Nous avons ainsi pu parler en l'espace de quelques jours du procès politique qui s'ouvre en Sardaigne contre la gauche indépendantiste, avec également un militant sarde suspendu de son emploi sans rémunération ni droit au chômage ni même à chercher du travail autre part (!), ou encore de la procédure de licenciement contre un syndicaliste SUD de Bombardier pour soi-disante "apologie" des actes terroristes contre Charlie Hebdo.

    Encore plus délirant et participant (clairement) de la stratégie de "choc et effroi" de l’État francouille contre les colonies intérieures qui s'affirment de plus en plus, la chasse à l'"apologie du terrorisme" et/ou au "Je ne suis pas Charlie" frappe maintenant jusqu'à... l'école primaire : vous en avez sans doute déjà entendu parler, à Nice c'est un enfant de 8 ans qui a été entendu par la police tandis que dans l'Aisne (Picardie) un autre de 9 ans a subi le même sort sur dénonciation... d'un autre élève du même âge, mais cette fois les parents ont porté plainte pour diffamation.

    Bon, "rassurez"-vous, les profs "gauchistes" qui ont préféré débat, réflexion et esprit critique à la "minute de silence" et à l'unanimité "anti-terroriste" sont aussi touchés par l'esprit de délation ambiante : http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/30/apologie-du-terrorisme-un-professeur-de-philosophie-suspendu-a-poitiers_4567082_3224.html (la question que nous avons pu nous poser a donc trouvé sa réponse : oui, il est aussi interdit d'essayer de comprendre...).

    Ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines...


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  • Suite à l'attaque par des fascistes de Casapound d'un Centre social (= squat autogéré) antifasciste et révolutionnaire. Un camarade antifasciste, Emilio, est toujours dans le coma...

    https://rebellyon.info/Agression-fasciste-au-CSA-DORDONI-de.html

    ITALIE – Agression fasciste à Cremona, un camarade placé dans un coma artificiel

    Italie : Affrontements à la manifestation antifa de Crémone (Secours Rouge)

    Plus de deux mille manifestants antifascistes ont défilé dans le centre de Crémone à l’appel des groupes des antagonistes et des centres sociaux dans toute l’Italie. Les manifestants venaient marquer leur solidarité avec Emilio Visigalli, un militant du centre social Dordoni d’une cinquantaine d’années qui avait été a été blessé par des fascistes membres du Casapound dimanche dernier. Emilio Visigalli est toujours dans le coma dans un état critique à l’hôpital de Crémone.

    Des incidents ont éclatés aux alentours de 17h15, lorsque la tête de la manifestation a été prise par un black bloc qui a jeté de nombreux projectiles sur la police (bombes fumigènes, bouteilles et pierres) tout près du siège local de Casapound. La police a tiré des gaz lacrymogènes. Peu après 18h, les affrontements ont repris près de la gare. Dans la soirée, le black bloc a pris d’assaut un commissariat. Il y aurait cinq blessés parmi les manifestants et quatre chez les policiers.

    Mobilisation antifasciste et guérilla du Peuple à Crémone (Italie du Nord)

    Mobilisation antifasciste à Crémone (Italie du Nord)


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  • La coalition de gauche radicale Syriza a remporté les élections législatives en Grèce, avec plus de  8,5 points d'avance (36,4 contre 27,8%) sur la droite libérale-conservatrice Nouvelle Démocratie :
    http://en.wikipedia.org/wiki/Greek_legislative_election,_2015#Results
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/01/25/grece-victoire-historique-du-parti-de-gauche-radicale-syriza_4563125_3214.html
    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150126.OBS0745/grece-victoire-historique-pour-syriza-desormais-en-position-de-force.html
    http://www.lesechos.fr/monde/europe/0204107469517-grece-le-parti-anti-austerite-syriza-remporte-une-victoire-historique-1086643.php
    http://lci.tf1.fr/monde/europe/en-direct-suivez-les-elections-legislatives-en-grece-8553229.html
    http://www.liberation.fr/monde/2015/01/25/direct-la-grece-a-l-heure-du-choix_1188392
    http://www.liberation.fr/monde/2015/01/26/direct-grece-l-ue-va-devoir-composer-avec-syriza_1188826

    Syriza prend le pouvoir en Grèce

    Le seul suspense qui plane encore porte sur l'obtention ou non de la majorité absolue des sièges au Parlement (il en faut 151), ce qui pourrait obliger le vainqueur à passer une alliance - probablement avec une petite formation de centre-gauche (To Potami, 6% et 17 élus a priori), quoi que certains expliquent que "l'état de grâce" est tel que Syriza pourrait vraisemblablement gouverner seule même avec une majorité relative (après tout, la droite jusqu'ici au pouvoir n'avait que 129 député-e-s).*

    NE SOYONS PAS STUPIDES.

    Il ne faut certes pas se faire des chansons et se les chanter : il n'y a là, bien que des éléments se réclamant du maoïsme (le KOE) participent à la coalition, rien de plus ni de moins qu'un bon vieux social-réformisme "radical" de type mélenchono-chaviste, keynésien et redistributif qui a (en outre) d'ores et déjà bien "lissé" son discours - condition de sa victoire. Nous allons voir très rapidement si le jeune leader de Syriza et nouveau Premier ministre, Alexis Tsipras, n'a pas surestimé les ennemis qu'il s'est juré de combattre (UE et sa BCE, Allemagne de Merkel, FMI etc.) et s'il ne ne va pas rapidement battre en retraite sur des positions classiquement social-libérales, faisant de fait de sa formation un nouveau PASOK (ou un PS hexagonal d'après 1983...) au détriment de celles et ceux qui auront sincèrement voté pour le "changement"... Les mauvaises langues (oui oui, il y a vraiment des gens dont c'est pour ainsi dire le "métier") ne manqueront pas non plus de rappeler que Marine Le Pen, certainement "soufflée à l'oreille" par l'ancien chevènementiste Philippot, a elle aussi "salué" la victoire de la coalition de gauche - mais enfin, nous nous sommes déjà exprimés sur la valeur de tels "arguments".

    Pour autant, au vu de ce que la Grèce a traversé ces dernières années, il n'est évidemment pas possible d'expliquer sans rire (et faire rire) que ce résultat serait "de la merde", une "défaite pour le Peuple et la révolution" ou on-ne-sait quoi d'autre encore. Si l'on regarde vers des antécédents comme l'Argentine ou l’Équateur, où des pouvoirs "de gauche" (pas spécialement radicaux) se sont là aussi imposés après de très dures crises économiques et sociales (au début des années 2000), il est à peu près certain que la condition des travailleur-euse-s grec-que-s va assez sensiblement s'améliorer dans les années à venir - sans que l'exploitation capitaliste ne cesse ni (donc) que les luttes de classe ne doivent cesser pour autant, bien entendu ! Dès lors, du point de vue qui est le nôtre - celui du CAMP DU PEUPLE - il n'est pas possible d'accueillir une telle nouvelle avec des grommellements de vieil aigri.

    De fait, un peu partout dans le monde, de manière désordonnée et (souvent hélas) non-révolutionnaire, les Peuples poussent et tentent comme ils le peuvent de porter des coups d'arrêt à la politique du Capital consistant à leur faire payer le prix de la crise générale de son système - la fameuse "austérité". La victoire électorale de Syriza fait partie de ces "coups de pieds dans la fourmilière", de ces "claques", de ces "bras d'honneur" à un capitalisme libéral-vite-fait-social présenté comme l'"horizon indépassable de l'Histoire" dont on ne peut que souhaiter la multiplication et non les dénoncer comme "bourgeois" sans autre forme de procès, de manière dogmato-sectaire (voir ici "Les communistes et la gauche bourgeoise" ou encore notre position sur les gauches latino-américaines - ici également - puisque la situation est comme on l'a vu assez comparable).

    Bien sûr, ces "poussées" populaires peuvent également atterrir dans les bras du fascisme mais ce n'est pas systématiquement le cas et là est l'autre bonne nouvelle du scrutin d'hier en Grèce : la dynamique populiste et fasciste qui avait surgi avec fracas aux dernières élections semble avoir été enrayée. Les ultra-fascistes de l'Aube Dorée, avec 6,3%, ne progressent pas et reculent même légèrement de 37.000 voix (ils restent la troisième force politique du pays vu que la vieille social-démocratie, le PASOK, est rayée de la carte politique avec... 4,7% alors qu'elle gouvernait le pays lors de l'éclatement de la crise en 2009 et s'était alternée à peu près à parité au pouvoir avec la droite depuis la fin de la junte militaire en 1974) ; tandis que les "Grecs indépendants" (ANEL, scission ultra-conservatrice et nationaliste de Nouvelle Démocratie) s'effondrent avec 4,75% contre 7,5% en juin 2012 et même 10,6% en mai de la même année (élections annulées faute de pouvoir dégager un vainqueur clair)... L'ancien parti d'extrême-droite, le LAOS ("Alerte populaire orthodoxe"), avait déjà quant à lui été rayé de la carte à ces mêmes élections de 2012 pour avoir soutenu précédemment le gouvernement d'austérité de Papadimos ("grande coalition" ND-PASOK) ; il termine à présent sa descente aux enfers avec 1% des suffrages. Dans tous les cas (répétons-le encore une fois) nous ne sommes pas stupides et les personnes progressistes non plus, et nulle personne progressiste ne saurait mettre sur le même plan cette victoire de Syriza en Grèce (même avec l'"appoint" d'équivalents de Dupont-Aignan) et ce que serait une victoire du Front National ici ou de l'UKIP en Grande-Bretagne (qui pourrait bien s'entendre un jour avec les conservateurs si le maire de Londres Boris Johnson en prenait la tête, dixit Nigel Farage), sans même parler de toutes les "droites populistes" qui ont déjà participé à des gouvernements en Italie ou en Europe du Nord ou de l'Est, souvent avec la droite la plus ultra-libérale qui soit et avec les résultats que l'on connaît. Ce qu'il s'est passé en Grèce, c'est que des hommes et des femmes du Peuple travailleur ont dit "non" aux politiques d'"austérité" et l'ont dit en votant à 36% (2,25 millions de voix) pour une gauche réformiste se voulant "radicale" et non (même à 25% "seulement" comme ici ou outre-Manche aux dernières européennes...) pour des fascistes et autres populistes de droite : telle est la première et principale chose à retenir de ces élections, avant toute autre analyse.

    Autre signe de cette "poussée" à un niveau qualitativement encore supérieur, les scores de la gauche révolutionnaire anticapitaliste avec la coalition ANT.AR.SY.A (principalement trotskyste mais incluant là aussi des marxistes-léninistes "maoïsants") qui recueille près de 40.000 voix, doublant son score de 2012 ou encore le KKE-ML (marxiste-léniniste "maoïsant", 8.000 voix), l'OKDE et l'EEK (trotskystes, 2.200 et 2.400 voix respectivement) etc. etc. : pas d'élus mais honorables tout de même et en progression, traduisant la dynamique globale de prise de conscience populaire. En revanche le PC historique (KKE) connu pour son social-chauvinisme, son légalisme au point que les anarchistes surnomment sa jeunesse (KNE) "KNAT" par contraction avec les MAT (la police anti-émeute...) et son grand sectarisme (refus de toute alliance avec qui que ce soit) s'effondre à 5,5% - ses résultats "normaux" depuis 1974 se situaient entre 7 et 11%. Le puissant (et connu) mouvement anarcho-communiste que compte le pays ne se présentait bien évidemment pas aux élections (selon certaines sources "off" toutefois... un anar sur trois pourrait avoir voté pour la formation de Tsipras !), mais il reste actif et fera entendre sa voix dans le nouveau contexte politique.

    Car quoi qu'il arrive, la victoire de Syriza comme hier des "gauches" en Amérique latine doit être prise pour ce qu'elle est, à savoir l'expression dans les urnes d'un REFUS - sur une ligne et des valeurs progressistes - de la GUERRE que livre le Capital aux classes populaires pour le maintien de son taux de profit. Partant de là, c'est entre les mains des travailleur-euse-s militant-e-s organisé-e-s de Grèce que résident les développements ultérieurs de la situation dans ce pays : "restructuration" réformiste du capitalisme façon New Deal ou ouverture de véritables perspectives pour les classes populaires du pays et (de là) pour celles de l'Europe toute entière.

    Comme toute victoire de ce qu'il faut bien appeler par son nom : la SOCIAL-DÉMOCRATIE, l'actuelle victoire de Syriza en Grèce ouvre un nouveau paradigme politique (favorable) pour les travailleur-euse-s et leurs luttes... Reste à savoir (et voir) ce que les organisations révolutionnaires du prolétariat comptent en faire et en feront ; pour que de leurs luttes et de leur décantation idéologique émerge peut-être (enfin) LE Parti révolutionnaire qui n'apportera pas seulement des "conquêtes sociales" aux masses mais ouvrira la porte de sortie du capitalisme, et la marche socialiste vers le communisme... Ce qui compte ce n'est pas ce que Tsipras et ses amis (surtout s'il s'agit de la droite souverainiste !) écriront sur cette page d'histoire qui s'ouvre, mais ce que le Peuple travailleur de Grèce saura y écrire. Ce qui compte ce n'est pas le bilan de Syriza dans disons 3 ans (on peut d'ores et déjà prédire qu'il sera décevant, car la social-démocratie contrairement à la droite promet monts et merveilles et donc déçoit !), mais pour ainsi dire l'après - dans quel état la conscience, l'organisation et la combattivité des classes populaires grecques en ressortiront.

    La clé de tous les "retours au réalisme", de toutes les institutionnalisations comme celle qu'a pu connaître notre Hexagone après le "tout devient possible ici et maintenant" de 1981 (ou qu'ont pu connaître ces dernières années les pays "bolivariens" d'Amérique du Sud : 1 - 2) sans oublier l'explosion du fascisme et autres populismes de droite historiquement consécutive à toutes les trahisons de la "gauche" (même les "experts" les plus bourgeois s'accordent à annoncer une telle explosion si Syriza échoue), réside en dernière analyse là-dedans : ce n'est pas la "gauche" bourgeoise qui changera la face d'un pays, d'un continent et encore moins du monde, mais ce que les prolétaires révolutionnaires organisés sauront faire du champ des possibles que sa victoire aura ouvert !

    "Il serait absolument erroné de penser que la lutte pour la révolution socialiste signifie que nous devrions abandonner la lutte pour des réformes. En aucun cas ! Nous ne pouvons savoir à quelle échéance la révolution sera victorieuse, quand est-ce que les conditions objectives lui permettront de triompher. En attendant, nous devons donc appuyer toute amélioration concrète de la situation économique et politique des masses. La différence entre nous et les réformistes n'est pas que nous rejetons les réformes tandis qu'eux les soutiennent. Nullement cela. La différence est que les réformistes se limitent aux réformes et, de là, se font les 'infirmiers' du capitalisme. Nous, nous disons aux prolétaires : votez pour des réformes si nécessaire, mais ne réduisez pas à cela toute votre activité ; maintenez toujours au premier plan la diffusion systématique de l'idée de révolution socialiste immédiate, tenez-vous prêts pour elle et faites les changements qu'elle requiert dans toutes les activités de votre Parti" - Lénine, "Thèses sur l'attitude du Parti social-démocrate suisse face à la guerre".

    ***********************************

    MàJ 14h00 : au final ils n'obtiennent que 149 sièges, il leur en manque donc deux et des pourparlers sont par conséquent en cours pour obtenir l'indispensable "vote de confiance" en faveur de Tsipras. Pourparlers avec le centre-gauche Potami donc (problème : ils sont très européistes !) mais aussi... avec la droite souverainiste (l'équivalent de De Villiers ou Dupont-Aignan quoi). On notera quand même en passant la "probité" de la presse grande-bourgeoise (en l'occurrence le Monde) qui présente comme quasi-acté ce qui n'est encore qu'en négociation, et la promesse d'un vote d'investiture contre - bien sûr - strapontins (pas illogique vu que toutes les formations proches d'ANEL en Europe ont salué le résultat grec, "désaveu pour Bruxelles" à leurs yeux) comme un véritable "pacte idéologique" entre les biens connus (dans son discours) "extrêmes-qui-se-rejoiiiignent"... Et puis bien sûr (sur tous les réseaux sociaux et autres forums de discussion) le festival de petites "piques" fielleuses à ce sujet de la part de tous les "gauchistes" à la petite semaine, incapables du moindre raisonnement dialectique - comme si ce qui comptait c'était avec qui Syriza fait alliance pour les deux voix de députés qui lui manquent ; comme si ce qui comptait en fait... c'était Syriza et non les classes populaires et leur mouvement réel, toutes les luttes et les aspirations dont ce résultat électoral n'est qu'une (pas la seule !) expression et dont les péripéties comme l'actuel (puisque c'est maintenant confirmé...) "pacte contre-nature"/"trahison" avec ANEL ne sont que les douleurs de l'accouchement comme force historique (et franchement loin d'être les pires !)... Et après, avec des raisonnements comme ceux-là, ça vient se dire "anti-électoraliste" et anti-"crétinisme-parlementaire-tout-vilain-pabô" !

    MàJ 28/01 : aux dernières nouvelles le leader d'ANEL obtient le portefeuille de la Défense. L'on peut considérer que, la Grèce n'étant pas une puissance impériale avec beaucoup de soldats en opérations extérieures, cela ne modifiera guère le cours des choses à ce niveau-là (voire lui donnera une coloration encore plus anti-interventionniste, ANEL relevant de cette droite-là). Cela peut aussi être interprété comme une volonté de "rassurer" une Armée qui, pour ne pas être beaucoup projetée à l'étranger, n'en est pas moins une institution centrale de l’État (la Grèce est l’État européen consacrant la plus grosse part de son budget à sa défense) et que l'on imagine plutôt droitière : "calmez-vous, on ne touchera à rien de votre côté". Mais cela peut aussi avoir comme un parfum d'Allende confiant l'Armée chilienne à un certain Augusto Pinochet : n'oublions pas que, si les intérêts de l'oligarchie grecque sont trop bousculés, l'option d'un coup de force militaire n'est pas totalement à exclure. Autre exigence de la droite souverainiste et conservatrice pour son soutien à Syriza : ne pas toucher à l’Église orthodoxe, ce qui est pour le coup beaucoup plus ennuyeux car cette institution "brasse" un patrimoine considérable (notamment foncier)... et totalement exonéré d'impôt ; en finir avec ces privilèges étant l'une des promesses de campagne de Syriza. En substance, l'alliance avec les sociaux-libéraux de Potami ou les résidus du PASOK a été écartée en vertu du caractère "prioritaire" de la lutte contre les "diktats de Bruxelles et de Berlin" mais le principal aspect semi-féodal du pays, CLÉ de sa domination par les puissances impérialistes étrangères, devrait être laissé intact. Bref, comme nous l'avons expliqué tout au long de cet article, foin de "tout va changer" par la seule grâce de ce résultat électoral : le COMBAT ne fait que commencer (dans un nouveau contexte possiblement plus favorable que le précédent) !

    Ici une intéressante petite analyse (en anglais) sur la question : http://left-flank.org/2015/01/27/thoughts-deal-syriza-anel ; traduite en français (pas par nous) ici.

    Syriza prend le pouvoir en Grèce
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  • Notre sympathie pour la cause et la lutte andalouse (et réciproquement) n'étant plus guère à démontrer, voici la traduction d'un article "andalousiste" révolutionnaire publié sur le site "Marbella toma la plaza" ("Marbella prend la rue") à l'occasion du 4 Décembre, qui est là-bas (depuis la mort d'un jeune manifestant en 1977) la grande journée d'affirmation militante en tant que Peuple nié par l'État moderne "espagnol".

    http://www.marbellatomalaplaza.net/2014/12/03/4-de-diciembre-dia-nacional-de-andalucia-por-la-emancipacion-de-la-clase-obrera-y-de-los-pueblos/

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    1. Le 4 Décembre dans la lutte des classes : nationalisme et internationalisme

    Historiquement, ce fut le 4 décembre 1868 que naquit le fédéralisme républicain andalou lorsque le peuple de Cadix se souleva contre le gouvernement de Madrid pour exiger plus d'auto-gouvernement. Par ailleurs, le 4 décembre 1977, deux millions d'Andalou-se-s descendirent dans la rue pour réclamer leurs droits en tant que travailleurs/euses et en tant que Peuple à une dictature agonisante - qui n'en finissait pas de mourir en continuant à tuer toujours plus. Les aspirations nationales et internationales s'unirent dans un même acte de révolte, dans un des plus puissants processus révolutionnaires de notre histoire récente. La lutte pour sa terre et pour sa classe fut ce qui conduisit Manuel José García Caparrós à descendre dans la rue ce jour-là ; et ce pour quoi il fut assassiné par les forces répressives de la droite oligarchique fasciste "espagnole".

    Dans la lutte des classes, nationalisme [NDLR : nous dirions quant à nous "affirmation en tant que Peuple face à l’État-(pseudo-)"nation" négateur] et internationalisme sont les deux faces d'une même pièce. Les nations sont des catégories historiques dynamiques et ouvertes [NDLR : lire ici] ; des ensembles articulés de rapports socio-économiques ; des cadres différenciés dans lesquels se déroulent les conflits sociaux entre classes. Ne pas comprendre la question national dans le processus révolutionnaire signifie échouer au moment d'en finir avec le capitalisme. La question nationale est une question dialectique dans laquelle des forces contradictoires sont en lutte, mais peuvent et doivent se conjuguer pour atteindre un objectif concret : la fin du capitalisme.

    D'un côté, la classe ouvrière est internationale : un ouvrier basque, andalou, nord-américain, japonais ou angolais occupe exactement la même place dans la chaîne de production, celle de générateur de plus-value pour que la bourgeoisie la lui vole. Mais de l'autre, chaque travailleur et travailleuse fait partie d'un Peuple et d'une nationalité concrète, avec son histoire, sa langue, sa culture, ses traditions - en résumé, son identité. L'idée consiste à conjuguer internationalisme et nationalisme pour, d'une part, défendre notre héritage culturel comme nation et de l'autre, défendre à la classe laborieuse dans son ensemble contre la bourgeoisie. Nous ne pouvons pas permettre que la question nationale divise la classe laborieuse dans sa lutte contre le capitalisme, mais nous ne pouvons pas non plus permettre que l'on fasse taire la voix des Peuples en lutte pour leur identité nationale. 

    Avant toute chose, il faut préciser que lorsque nous parlons de nationalisme nous ne parlons pas de nationalisme bourgeois, du nationalisme du PNV ou de la CiU, partis de droite représentant la bourgeoisie basque ou catalane et utilisant les honnêtes sentiments populaires au service de leurs buts économiques d'exploitation des classes laborieuses de leurs nationalités respectives. Lorsque nous parlons de nationalisme nous parlons de souverainisme, c'est-à-dire du droit qu'ont les Peuples de décider de leur propre destin. Pour cela nous devons défendre sans l'ombre d'une hésitation le droit à l'autodétermination des Peuples du monde entier, pour que chaque nation puisse décider librement de son degré d'autonomie.

    Nous devons, cependant, également souligner que l'indépendance des nations opprimées dans le cadre du capitalisme ne résoudra pas les problèmes de la classe laborieuse de ces nations. Le souverainisme et l'anticapitalisme doivent aller de pair. Dans le cas contraire cela reviendrait à changer un maître pour un autre, à échanger la bourgeoisie étrangère contre la bourgeoisie nationale. Et notre lutte est une lutte contre la bourgeoisie, quelle que soit sa nationalité. Pour vaincre nous devons obtenir l'unité des classes travailleuses, quelle que soit leur nationalité. Nous ne devons pas rentrer dans le jeu des bourgeoisies qui, qu'elles soient espagnole ou périphériques, agitent hypocritement des drapeaux pour diviser la classe laborieuse et ainsi mieux nous exploiter, et n'hésitent pas ensuite à pactiser entre elles pour des questions économiques et sociales.

    En résumé, la libération d'une nation opprimée passe par l'émancipation de classe. Nous ne serons pas véritablement libres en tant que Peuple si nous n'en finissons pas avec le système qui nous opprime en tant que classe sociale.

    D'un autre côté, la Révolution est quelque chose de très contagieux. Lorsqu'elle triomphe dans une nation, elle tend à se propager aux autres pays. C'est pour cela qu'il faut tisser des liens avec la classe ouvrière des autres Peuples et nations pour que la révolution s'étende le plus rapidement et efficacement possible, pour construire un cadre économique solidaire entre les Peuples afin de compenser les déficiences économiques de chaque nationalité (que ce soit au niveau technico-industriel ou au niveau des matières premières et de l'alimentation) et pour éviter que la révolution ne reste isolée ou n'échoue à cause de ses contradictions internes.

    [Note SLP : Il faut s'arrêter ici pour relever combien, de notre côté des Pyrénées, de tels propos seraient la porte ouverte à toutes les contre-"argumentations" et les attaques "marxistes" ou "anarchistes" qui les ramèneraient pratiquement à du "fascisme identitaire" (suivant le concept de "moins je suis intelligent plus je m'en donne l'air") : il faut dire que dans l’État espagnol on peut se permettre de s'exprimer plus "librement", c'est-à-dire de manière moins rigoureuse sur ces questions de nationalités/peuples car leur rejet sous un masque "de gauche" est extrêmement marginal (même les fascistes d'ailleurs ne nient pas vraiment l'existence des Peuples mais affirment la primauté de la "famille Espagne"). En réalité, le "nationalisme"/"souverainisme populaire" (= affirmation de Peuple) ne se "conjugue" pas avec la lutte des classes (et sa dimension internationaliste) : il EST la lutte de classe du Peuple travailleur sur un territoire déterminé, face à un État produit et instrument du capitalisme et (dans le cas bien sûr des grands États comme la France, l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Italie etc.) de la nécessité pour celui-ci d'établir et d'étendre en permanence sa base d'accumulation - en l'occurrence sa base d'accumulation première, pour ce qui est des États modernes construits entre le Moyen Âge et le 19e siècle. Si l'on laisse de côté les bourgeoisies nationales (des nationalités réelles) qui lorsqu'elles s'en sentent la capacité (comme au Pays Basque "espagnol" ou en Catalogne) peuvent militer pour avoir leur propre État capitaliste, nous avons donc d'un côté des PEUPLES TRAVAILLEURS qui sont des ensembles humains unis par les mêmes caractéristiques culturelles (fruits d'un continuum historico-social) et la même position sociale (personnes dont les revenus proviennent exclusivement de l'emploi de leur propre force de travail et non de celle des autres), et de l'autre des ÉTATS qui sont les quartiers-généraux de la bourgeoisie (personnes vivant principalement du produit de la force de travail d'autrui) mais aussi (c'est important !) les râteliers d'un grand nombre de petits bourgeois, y compris (s'affirmant) "de gauche" voire "d'extrême-gauche", qui leur doivent leur position sociale et s'acharnent donc à les défendre comme des "nations" "cadres de la lutte des classes" ou encore à prôner leur "dépassement" vers un "universel" abstrait, contre ceux qu'ils accusent (dans tous les cas) de vouloir "faire tourner la roue de l'histoire à l'envers", "revenir aux duchés du Moyen Âge" etc. etc. La question de l'identité culturelle "nationale" niée par les États du Capital est le reflet superstructurel de la transformation de la communauté des producteurs (lors de l'accumulation première capitaliste et par la suite, sous la "révolution industrielle" et jusqu'à l'époque des monopoles) en une "juxtaposition de solitudes" vendeuses de force de travail, génératrices de plus-value et consommatrices de marchandises (car lorsque la valeur produite est "enfermée" sous forme de marchandise, il faut bien fourguer celle-ci pour "réaliser" la plus-value !) ; bref de la construction de ce que le géant communiste italien Renato Curcio a appelé la Cité des Spectres. Même les masses travailleuses de la nationalité "centrale" (celle dont la classe dominante a construit l’État en annexant d'autres nationalités) ont au demeurant subi une telle négation de leur culture populaire, reflet culturel de leurs solidarités "ancestrales", même si la construction de l’État (comme "bassin" économique capitaliste) en Centres et Périphéries les "privilégie" en son sein. La lutte des classes consiste donc à abattre l’État produit et instrument du Capital (sauf à considérer celui-ci comme une entité "neutre", ce qui relève du pire opportunisme) par l'affirmation unie des Peuples exploités et niés qu'il renferme ; et cette affirmation consiste entre autres choses à se réapproprier et réaffirmer la culture populaire nationale (en effet !) qui a été écrasée dans le cadre de la transformation du Peuple en juxtaposition de producteurs (par leur travail comme par leur consommation) de plus-value. L'unité indispensable des Peuples d'un même État (sans même parler d'au-delà !) n'implique pas que les Peuples s'auto-nient au profit de la fausse "nationalité" étatique ou d'un "prolétariat qui-n'a-pas-de-patrie" abstrait, autrement dit qu'ils tombent dans les pièges idéologiques de l’État-appareil-du-Capital lui-même.]


    2. L'Andalousie et l’État espagnol

    La classe laborieuse ne vit pas dans des réalités aseptisées, mais dans des réalités socio-économiques très concrètes. Le Peuple andalou, qui est l'une des nations les plus anciennes de l'histoire, a toujours été relié d'une manière ou d'une autre avec les autres populations de la péninsule ibérique et de la Méditerranée, tissant des milliers de liens économiques, sociaux et politiques. Certains de ces liens furent volontaires, mais la grande majorité furent hélas imposés par la force depuis l'extérieur. Le Peuple andalou a toujours été marqué par la richesse naturelle de son territoire (agriculture et matières premières), pour le meilleur et pour le pire. L'organisation de la terre cultivable en grandes propriétés (latifundias) a toujours lourdement pesé sur la vie économique de notre Peuple tout au long de son histoire, rendant impossible le développement industriel de notre terre. L'oligarchie andalouse, exploiteuse historique de la terre, a toujours participé au système de pouvoir espagnol, extrayant les ressources de l'Andalousie pour son négoce avec l'extérieur [NDLR : nous avons vu que suite à la conquête commencée en 1212 (Navas de Tolosa) et achevée en 1492 sous les murs de Grenade, cette grande propriété foncière est principalement issue de nobles castillans implantés aux dépens de l'élite "maure" antérieure, de manière totalement coloniale - ainsi la duchesse d'Albe récemment décédée, issue d'une très vieille famille aristocratique castillane qui s'est notamment "illustrée" dans la répression de la lutte nationale bourgeoise en Belgique et aux Pays-Bas, possédait plusieurs milliers d'hectares en Andalousie. Un procédé finalement assez comparable a celui de l'expropriation des petits seigneurs occitans - faidits - par les chevaliers francs de Simon de Montfort au 13e siècle ; d'ailleurs les petits nobles "maures" dépossédés prendront la tête de plusieurs révoltes jusqu'à leur ordre d'expulsion définitive en 1609. La bourgeoisie andalouse qui a, pour sa part, longtemps et durement mené la lutte pour une république bourgeoise de vision assez démocratique (... et remplit aujourd'hui les rangs du PSOE, dont l'Andalousie est un bastion) est quant à elle issue de la classe marchande "maure" ou juive convertie (de force) au catholicisme et "passée à travers" des persécutions]. C'est de cette manière que l'une des terres les plus riches d'Europe s'est vue plongée dans la misère. Ceci n'est pas "la faute à pas de chance" ou dû à l'"indolence" des Andalou-se-s. La situation de misère actuelle est bel et bien le fruit de l'exploitation capitaliste sous les auspices du gouvernement étatique central associé à l'oligarchie andalouse, qui ne permet pas au Peuple travailleur andalou de relever la tête.

    Le 4 Décembre, jour d'affirmation révolutionnaire du Peuple andalou

    L'Andalousie est à l'heure actuelle intégrée à l’État espagnol, un État constitué de différentes nationalités périphériques unies au pouvoir central par le "droit" de conquête. La faible bourgeoisie espagnole n'a jamais pu étouffer l'identité des différentes nations périphériques et s'est trouvée incapable de construire un État national unifié par les voies économiques, obligée dès lors d'employer la force pour maintenir son unité étatique "espagnole" (la dernière fois lors de la guerre civile) [cela aussi nous l'avons analysé à plusieurs reprises : "au terme de ce "Siècle d'Or" que l'on peut considérer révolu au milieu du 17e siècle, la Castille qui a achevé la "Reconquista", unifié politiquement la péninsule et "découvert" les Amériques n'a pas su mettre à profit cet imperium mundi pour s'ériger en PUISSANCE ÉCONOMIQUE, en véritable CENTRE DIRIGEANT de la production capitaliste ibérique" ; "l’État "espagnol" castillan (...) n'a pas su ensuite fortifier ÉCONOMIQUEMENT sa position dominante (ce que l'Empire colonial permettait pourtant largement, mais il a dilapidé ce "capital" !), ne pouvant plus dès lors s'imposer que par la force ainsi que par le soutien d'une puissance "tutélaire" (la France du règne de Louis XIV jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, puis les États-Unis dans le cadre de la Guerre froide et désormais la "Banane bleue" européenne)"].

    En étudiant l'histoire de l'Espagne il apparaît de manière évidente que ce pays, comme État unifié et projet volontaire des habitants de la péninsule ibérique, n'a jamais existé en tant que tel. Sous la domination romaine, les différents Peuples péninsulaires furent unis dans une province romaine appelée "terre des lapins" : Hispania. L'unité passa ensuite par la domination wisigothe [c'est d'ailleurs de l'aristocratie wisigothe convertie au catholicisme après un coup d’État puis réfugiée au Nord de la péninsule (sur la côte atlantique) devant la conquête arabo-berbère (accueillie comme une libération par de larges secteurs de la population) qu'est issue la classe dominante castillane] puis par la conquête et l'unification promues par les Royaumes de Castille et d'Aragon, la domination de la maison autrichienne des Habsbourg (Charles V - Quint - du Saint-Empire) et enfin celle de la dynastie française des Bourbons (Philippe d'Anjou). Pas même au 19e siècle, avec l'émergence des grands États "nationaux" européens, la bourgeoisie "espagnole" n'a réussi à obtenir l'unité réelle de son État. Cependant, la droite espagnoliste alliée à l’Église catholique a pu pendant 40 ans de dictature franquiste tenter d'imposer par la force l'idée d'unité de l'Espagne aux différents Peuples. Ce discours mensonger et lancinant s'est poursuivi durant et après la Transition [1975-82], sous les différents gouvernements PP et PSOE qui ont fait des concessions à la droite nationaliste (PNV et CiU) mais ont persisté à nier le droit à l'autodétermination des Peuples de l’État espagnol.

    L’État espagnol est une prison de nations opprimées, et l'Andalousie est l'une des plus opprimées de toutes par le pouvoir central depuis des siècles. La fin du capitalisme dans l’État espagnol passera obligatoirement par la Libération nationale des Peuples opprimés qui le composent.


    3. Manuel José García Caparrós : ton souvenir est notre force pour continuer la lutte

    caparrosarbonaida

    Mon frère était un jeune homme joyeux, s'il entrait 24 fois à la maison il embrassait 24 fois mon père et autant pour ma mère (…)”

    Manuel José était un jeune homme de 19 ans comme n'importe quel autre, mais il était aussi un révolutionnaire comme il y en avait peu. Ouvrier dans une fabrique de bière de Malaga et militant du PCE et des CCOO [le syndicat du PCE], il y avait en lui cette force irrépressible de la classe ouvrière qui permet la transformation de la société. L'Andalousie était sa terre et sa classe était la classe des travailleurs. Comme des centaines de milliers d'autres malaguènes, il participa le 4 décembre 1977 à une grande manifestation pour revendiquer le droit des travailleurs/euses à se libérer du joug capitaliste et le droit du Peuple andalou à décider de ses relations avec l’État espagnol. L'Andalousie exigeait sa liberté après des siècles sous la botte des propriétaires fonciers. Les travailleurs/euses andalou-se-s voulaient la révolution, en finir radicalement avec l'oppression qu'ils/elles subissaient, gagner la liberté que leur avait refusée la dictature fasciste de Franco, laquelle avait survécu à la mort du dictateur.

    La dictature faisait peau neuve pour que les fascistes de toujours puissent de maintenir au pouvoir. L'oligarchie entrepreneuriale-bancaire-agraire, celle des 100 familles, continuait à dominer sous l'aile protectrice de l’État et ne pouvait accepter une explosion révolutionnaire de la classe ouvrière et des Peuples opprimés. La machine de répression fasciste était en pleine forme et ce 4 décembre-là son bras exécutant assassina un travailleur de 19 ans qui exigeait la dignité pour sa classe et pour sa terre. Ce jour-là la droite tua un homme, mais jamais le révolutionnaire.

    Juanjo Muñoz

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    Pour les castillanophones, un document de 25 pages à lire absolument : ANDALUCÍA, UN PAÍS CON HISTORIA

    bandera-andalucia


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    210284 0 1En tant que communistes révolutionnaires de libération occitane, opérant géographiquement au sein de l’État français, nous gardons toujours un regard attentif sur les Peuples voisins (et culturellement frères) de l’État espagnol et de l’État italien (dans lesquels se trouvent d'ailleurs quelques vallées de langue et de culture d'òc). C'est ainsi que nous nous sommes fréquemment exprimés (ou avons retranscrit des opinions communistes locales) sur le mouvement en faveur de l'indépendance de la Catalogne, les événements en cours au Pays Basque (1 et 2) etc. etc.

    Nous avons aussi (au début surtout) beaucoup traduit de textes du (nouveau) Parti communiste italien ainsi que leur très intéressant Manifeste Programme ; et nous avons déjà eu l'occasion de nous exprimer sur leur "soutien" (c'est plus compliqué que cela...) au Mouvement 5 Étoiles (M5S) de Beppe Grillo, pour exprimer notre désaccord avec leur ligne sur ce point (ce n'est pas non plus le seul). Dernièrement (ici en italien) le (n)PCI s'est fendu d'un nouvel article dans lequel il décrit le M5S [qui après des résultats plutôt décevants aux européennes (perte de 3 millions de voix par rapport aux législatives de février 2013) a finalement joint ses élus... à ceux du souverainiste fascisant anglais Nigel Farage* (arrivé en tête au Royaume-Uni comme le FN ici)] comme "à la croisée des chemins", et se désole du fait qu'il ne semble pas souhaiter prendre la tête d'un Gouvernement de Bloc Populaire.  

    Du fait de cette proximité que nous avons assumé et assumons encore avec de nombreuses conceptions du (n)PCI, il est donc nécessaire de clarifier encore une fois notre position sur le M5S et l'attitude du (n)PCI à son égard.

    En définitive, si l'on va au fond du fond, on peut présenter les choses de cette manière : dans toutes les grandes bourgeoisies européennes (que ce soit dans les États monopolistes-impérialistes ou dans les États, à divers degrés, "vassalisés" et dominés par le Capital des premiers) il y a une fraction majoritaire qui estime que la solution à la crise générale du capitalisme est dans ce que l'on appelle la construction européenne, dans laquelle il faut "aller de l'avant" (ce qui est généralement lié à "libéraliser" l'économie au sens friedmanien) ; et une fraction minoritaire (quoique quasi-majoritaire dans certains États comme le Royaume-Uni) qui considère que la solution est au contraire de revenir aux souverainetés, aux frontières, au protectionnisme, à l'"État-stratège" supervisant l'économie etc. etc**. En France, le Front National est la principale expression politique de cette fraction. Aux Pays-Bas il y a Geert Wilders, au Danemark le Parti populaire danois, en Autriche le FPÖ. Au Royaume-Uni, c'est l'UKIP de Nigel Farage car le Parti conservateur est partagé entre les deux fractions et mène donc une politique hésitante et peu lisible sur le sujet. En Allemagne, pays de l'européisme par excellence, a surgi aux dernières élections le mouvement "Alternative pour l'Allemagne". Dans tous ces cas que nous venons de citer, quant aux rapports entre l’État (expression politique du Grand Capital) et les masses populaires ("questions démocratiques") c'est une vision autoritariste, répressive, à la droite de la droite qui prédomine, tandis que sur le plan "économique et social" ces formations prônent "l'économie de marché" comme horizon indépassable mais avec "du social", dont la sortie de l'UE et l'expulsion des immigrés seraient justement la garantie.

    Et en Italie, c'est donc désormais et pour une durée indéterminée le M5S qui joue ce rôle. Auparavant, les formations néo-fascistes n'avaient pas pu l'assumer car l'assumer implique justement de "faire sa mue", de se dépouiller des références trop voyantes aux régimes fascistes du siècle dernier. La Ligue du Nord l'a un peu assumé mais, par ses fondements politiques mêmes, elle n'était pas capable de s'étendre plus au sud que la Toscane. Le MSI, en "faisant sa mue" avec Gianfranco Fini et en devenant l'Alliance Nationale, s'était rallié à l'idée européiste. Et puis, avec l'Allemagne, l'Italie était aussi l'autre grand État monopoliste du continent qui trouvait particulièrement son intérêt dans la construction européenne, laissant peu de place au "créneau" politique du souverainisme... Jusqu'à ce que la crise la rattrape et la jette dans le "club" infâmant des "PIIGS" (dont elle est le deuxième I avec l'Irlande).

    Beppe_Grillo-e-il-movimento-5-stelle.jpgDonc, après avoir commencé comme un mouvement "citoyenniste" et "indigné" fourre-tout un peu dans la continuité des No Berlusconi Day etc., tendant la main aussi bien aux No TAV qu'à Casapound, le M5S a finalement trouvé son "créneau" politique dans ce rôle ; bien qu'il se différencie légèrement des "droites populistes" vues précédemment quant à la gestion ultra-réactionnaire de la société (Grillo a cependant tenu des propos clairement réactionnaires sur les immigrés, l'homosexualité etc. et ce n'est pas le fait d'être "écolo" ou de prôner la démocratie directe qui contrebalance cela). Point à la ligne. Il ne jouera plus jamais un autre rôle. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il siège sur les même bancs que l'UKIP au Parlement de Strasbourg. Il exprime, avec le côté "baroque" et théâtral qui relève de la formation psychique nationale transalpine, une pure contradiction au sein de la bourgeoisie. Il n'est d'aucune utilité aux masses populaires, pour lesquelles la seule chose utile est désormais de s'en rendre compte (3 millions de personnes l'ont déjà fait) ; et à mesure qu'il assumera ce rôle de manière croissante, ses conceptions (problème = "l'Europe", "l'ultra-libéralisme", "les 1%" et non le capitalisme en soi) vont de plus en plus s'aligner sur celle du FN ou du UKIP. Le fait qu'il ait émergé de manière un peu particulière, comme un mouvement pratiquement classable à gauche (ce qui était également, en 1919, le cas du mouvement fasciste de Mussolini !), ne se résoudra pas autrement que par l'éloignement de lui de la plupart des personnes progressistes (comme beaucoup se détournèrent, en 1920-21, du fascisme mussolinien) pour former les nouveaux Arditi del Popolo (des Grillini del Popolo en quelque sorte, du nom des partisans du M5S). Le fait qu'il n'ait pas, contrairement au Parti fasciste de Mussolini, les caractéristiques d'un véritable parti de mobilisation réactionnaire de masse pourra se résoudre en rejoignant ou en se rattachant à un parti ayant ces caractéristiques (la politique bourgeoise italienne a la culture de la coalition).

    Dans l’État espagnol a surgi le mouvement Podemos, plus ou moins issu des Indignad@s, qui affiche quand à lui sans ambiguïté des références de gauche car là-bas c'est surtout la petite et moyenne bourgeoisie qui compose la bourgeoisie anti-UE (la construction européenne n'ayant pas vraiment d'opposants dans la grande bourgeoisie) ; et lorsque la petite bourgeoisie s'organise par et pour elle-même elle le fait avec des références de gauche, allant parfois jusqu'à revendiquer la république (par un référendum, pas par un "match retour" armé contre les monarchistes, il ne faut pas exagérer !). Cela lui permet aussi de jouer un autre rôle (fondamental outre-Pyrénées) qui est celui de la "gauche radicale" caution du régime, conjointement au P'c'E/Gauche Unie et en espérant un jour prendre sa place. C'est encore autre chose. 

    Ceci étant clarifié, cela ne signifie pas une "rupture" et des relations antagoniques de notre part avec le (n)PCI, que nous continuons à considérer comme ayant réalisé un grand apport (si ce n'est pas quasiment le seul) à la pensée communiste ouest-européenne des années post-1989, et dont nous continuons à partager certaines positions comme celle sur le mouvement des Forconi, contre d'autres camarades (le PC maoïste d'Italie, que nous considérons également comme des camarades) dont la position sectaire et anti-matérialiste (voir les choses comme des réalités "figées", sans origines ni possibles devenirs) rappelait hélas celle de beaucoup ici sur le mouvement breton des "Bonnets rouges".

    Nous continuons à défendre (et à partager !) leur vision subtile de la complexité des choses contre ceux pour qui "garder le temple" de leurs vérités "irréfutables" fait office de "pensée" politique... ou de Lexomil contre leurs névroses de petits bourgeois occidentaux (c'est selon), et face à la réalité du monde les conduit toujours inévitablement dans la réaction - inutile de nommer une fois de plus l'exemple le plus emblématique, désormais dans le soutien quasi-ouvert à la politique réactionnaire "néo-clemenciste" de Manuel Valls et aux provocations de la LDJ.

    Et nous sommes convaincus que si demain, ce qu'il reste du M5S se met à agir activement en nouvelles Chemises Noires, le (n)PCI saura réaliser son erreur et la rectifier en se tournant notamment vers les très nombreuses personnes qui, ayant un temps soutenu Grillo, n'accepteront jamais une telle chose.

    Comme disait Lénine au sujet de Rosa Luxemburg : "les aigles peuvent parfois voler aussi bas que les poules, mais les poules ne s'élèveront jamais à la hauteur des aigles" !

     

    * Ce choix a cependant suscité de vives tensions au sein du mouvement, dont beaucoup de membres de culture politique progressiste auraient plutôt vu un rapprochement logique avec les Verts-ALE (le M5S est très militant sur les questions environnementales, l'opposition au TAV etc.), ou pourquoi pas avec les indignad@s de Podemos... rien n'assurant cependant que les frasques populistes réactionnaires (xénophobie, homophobie, discussions avec Casapound) de Grillo l'auraient permis !

    ** Telle est de plus en plus notre conviction. Le camp de la bourgeoisie se partage en définitive en trois conceptions du monde : une "gauche" qui est l'héritière de la social-démocratie et du radical-socialisme le plus avancé ; un centre où ce côtoient les héritiers du radicalisme, de la démocratie-chrétienne et du libéralisme tocquevillien (ou encore du "gaullisme social") et une droite réactionnaire. Le centre est unanimement europhile voire fédéraliste, son clivage est simplement entre tradition radicale "laïque" et tradition démocrate-chrétienne. La "gauche" et la droite, elles, sont partagées entre européistes plus ou moins radicaux et eurosceptiques. Le seul vrai clivage entre l'aile droite (de plus en plus majoritaire) de l'UMP et le FN, il est là. Il n'y en a pas d'autre. La haine, par exemple, du prolétaire d'origine extra-européenne est la même ; simplement le FN pointe du doigt qu'avec l'Europe on ne peut pas correctement contrôler les frontières et donc l'immigration, et que l'UMP n'est donc pas sincère. Et le seul vrai clivage entre Mélenchon et Hollande est là aussi, le premier arguant (non sans raison) qu'avec l'Europe on ne peut pas lutter correctement contre les inégalités... sauf que tout cela n'est plus du tout crédible. La droite a pris un ascendant idéologique total sur la société, au point que les personnes aspirant à "plus de social" se tournent vers le FN et non vers Mélenchon. Si elle veut gouverner lorsqu'elle arrive au pouvoir, la "gauche" doit mener une politique centriste guère différente de celle que mènerait un Juppé ou un Borloo. C'est la conséquence de l'hégémonie intellectuelle "UMPFN", mais tout le paradoxe est que l'on va encore le lui reprocher et les masses populaires vont encore plus se tourner vers la droite ou le FN...

     


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  • État espagnol : manifestations monstres contre la monarchie après l'abdication "surprise" de Juan Carlos État espagnol : manifestations monstres contre la monarchie après l'abdication "surprise" de Juan Carlos 175827-944-651 538ddae0d4d5a 620x0bandera republica estrella rojarepublicayaBARCELONAcatalunyapaisescatalansnotenimreino altra transiciocatalunya2BILBAOgaliza

    NB : toutes ces photos sont là pour ILLUSTRER les évènements et l'état d'esprit populaire qui les porte, pas pour mettre en avant telle ou tel force ou slogan. Inutile donc d'y aller de son petit commentaire comme quoi (ici) "c'est les révisionnistes du PCE ou du PCPE" ou (là) "c'est les liquidateurs de Bildu". Ce que montrent les photos fait simplement partie de la RÉALITÉ outre-Pyrénées, dont nous voulons informer nos lecteurs. C'en est le seul tort ou la seule qualité, au choix.

    Il est bien évident que le slogan de "3e République" peut recouvrir des conceptions très différentes, dont certaines n'impliquent pas de véritable rupture avec l'ordre établi actuel, ni sur le plan de l'oppression de classe ni sur celui de l'oppression des Peuples. Il est évident qu'une république peut être BOURGEOISE et même un régime pire encore que certaines monarchies : nous sommes bien placés pour le savoir dans notre État français, où la 3e République a justement signifié la fin totale de l'identification entre république et émancipation sociale. Et il est évident que l'appel à un référendum plutôt que de construire PAR EN BAS le Pouvoir populaire relève de la farce légaliste petite-bourgeoise, typique des forces (Izquierda Unida, "Podemos", PCPE) qui portent cette revendication. Pour autant, cet élan populaire en réaction au passage de témoin dynastique montre bien que les lignes bougent dans la péninsule ; et même si nous partageons l'analyse de nos camarades là-bas sur le caractère petit-bourgeois de ces forces, il est tout de même significatif que ce soit à des listes de "gauche radicale" ("Gauche plurielle" IU, Podemos) ou d'affirmation progressiste des Peuples ("Les Peuples décident", "La Gauche pour le droit de décider", "Printemps européen" etc.) que plus de 4 millions d'"Espagnols" sur 15,9 millions de votants (soit près de 26%) ont apporté leurs voix, et non à des partis populistes d'extrême-droite comme en fRance ou en Grande-Bretagne.

    Les forces que l'on voit sur les photos sont essentiellement des forces qui ont accepté et appuyé la "Transition" (1975-82), le Pacte constitutionnel de 1978 et le régime qui en est issu (PCE/IU), ou qui ont prétendu et/ou prétendent le "combattre de l'intérieur" ce qui revient au même (PCPE, Bildu et autres gauches indépendantistes). Mais aujourd'hui la volonté populaire est plus forte et elles sont bien obligées de surfer dessus si elles veulent continuer à exister politiquement.

    Avec ces évènements, l'État espagnol apparaît encore une fois comme le MAILLON FAIBLE du système capitaliste-impérialiste européen, à la fois Périphérie en soi du continent, en crise profonde, et construction politique multinationale emprisonnant une dizaine de Peuples... qui retrouvent de plus en plus conscience d'eux-mêmes et soif de libération, au-delà des vieux et connus cas basque et catalan.

    Voici ce qu'en dit le site Dazibao Rojo du PC maoïste de Galice :

    111031145244 sp galeria calaveras 01Le discrédit et l'opposition à l'Union impérialiste européenne apparaît clairement dans le taux très élevé d'abstention, entre 50% et 75% dans les différents États qui la composent. Il est cependant clair que la réalité politique n'est pas la même dans tous les États membres. Dans l’État espagnol le régime actuel, héritier direct du franquisme, est en pleine décomposition au milieu de la corruption généralisée, du vol, de la fraude et d'une politique économique profondément anti-ouvrière et antipopulaire.

    Par un simple jeu de chaises musicales, la grande bourgeoisie financière prétend prolonger son hégémonie, ses privilèges pour pouvoir satisfaire son insatiable avidité et son pillage dynastique de classe.

    Cette manœuvre repose sur deux éléments : l'électoralisme pseudo-démocratique qui refuse la révolution, le vieux discours de la fausse gauche révisionniste, et un nécessaire et inévitable renouvellement générationnel qui apporte de nouveaux visages à la farce "démocratique" bourgeoise. Ce sont là les piliers du système afin de "tout changer sans que rien ne change", pour paraphraser Lampedusa.

    La réalité du nouveau scénario en préparation passe par le fait que la classe ouvrière et les autres classes travailleuses acceptent ce nouveau pacte social, délaissant le chemin de la mobilisation révolutionnaire pour leurs droits, pour la prise du Pouvoir. Et qui mieux que les vieux révisionnistes d'Izquierda Unida [= Front de Gauche + écolos locaux NDLR] associés aux nouveaux révisionnistes de Podemos et leurs petits gars bien préparés peut assumer une fois de plus le rôle d'idiots utiles de la bourgeoisie ?

    C'est pour cela que les monarchistes d'IU et autres privilégiés du régime bourbonique agitent la tant trahie bannière tricolore, mais prudemment, demandant un référendum plutôt que de poser la question du renversement révolutionnaire du régime.

    Il est clair que les 6 millions de chômeurs, les familles expulsées de leur logement ou plongées dans l'exclusion inquiètent Bruxelles, comme inquiète le fait que la mafia du PP commence à s'entretuer. Vont-ils accélérer les changements ?

    Conformément à sa tradition historique, l'Occitanie a vocation à être intimement liée à lutte révolutionnaire dans la péninsule ibérique, l'une servant "naturellement" de base arrière à l'autre. Pour comprendre le "système Espagne" afin de pouvoir le combattre et l'abattre :

    QUESTIONS NATIONALES ET LUTTES DE CLASSE : L’ÉTAT ESPAGNOL

    QUESTIONS NATIONALES ET LUTTES DE CLASSE : L’ÉTAT ESPAGNOL (suite)

    franquisme republica rojafelipe burn mothafuckaburn

    Jusqu'à quand la Sainte Clique
    Nous croira-t-elle un vil bétail ?
    À quand enfin la République
    De la Justice et du Travail ?

     


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  • Ici en castillan : http://es.wikipedia.org/wiki/Elecciones al Parlamento Europeo de 2014 (España)

    Il faut noter que là-bas l’État forme une circonscription unique, ce qui 1°/ oblige à des études détaillées et "informelles" pour avoir réellement les résultats par Peuple (voir ici les résultats par "communauté autonome") et 2°/ oblige les formations d'affirmation des Peuples à constituer des coalitions ibériques pour accroître leurs chances d'avoir des élus.

    bjv7cnfiiaavope largeEn Catalogne, la coalition social-démocrate catalaniste emmenée par ERC dépasse celle conduite par la CiU (centre-droite) d'Artur Mas (23,67% et 590.000 voix contre 21,85% et 545.000). Cette dernière reste toutefois au-dessus au niveau de l’État, où elle était associée à d'autres forces dont rien de moins que le PNV basque (+ des nationalistes de centre-droite galiciens et canariens) tandis que la coalition d'ERC était purement catalane : 850.000 voix contre 630.000 et 3 députés contre 2. La coalition plus à gauche envisagée un temps par la Candidature d'Unité Populaire catalane (CUP) et la gauche radicale galicienne Nós-UP a finalement été abandonnée. On continue donc à observer un glissement de l'affirmation nationale catalane "vers la gauche"... mais bon, quelle gauche lorsque l'on sait que des dirigeants d'ERC ont pu notamment accuser les masses populaires andalouses des problèmes économiques et sociaux de la Catalogne, alors qu'eux-mêmes ont dirigé la Generalitat avec les sociaux-traîtres du PSC (PSOE local) de 2003 à 2010 : où est l'internationalisme, l'amitié et la solidarité entre les peuples, ces notions élémentaires depuis que le mot "gauche" se confond peu ou prou avec "mouvement ouvrier" (fut-il réformiste) ? Et où est, tout simplement, l'honnêteté intellectuelle et politique vis-à-vis du Peuple travailleur ?

    L'autre "grande" coalition des Peuples constitutifs de l’État espagnol était "Los Pueblos deciden" ("Les Peuples décident"), essentiellement constituée autour d'EH Bildu et donc sur sa ligne néo-réformiste de conciliation avec Madrid et Bruxelles. Associant à la gauche abertzale basque des formations indépendantistes de gauche galicienne (BNG), aragonaise (Puyalón de Cuchas), asturienne et canariennes, elle remporte 324.000 suffrages au niveau étatique et obtient un élu. Contrairement à la Catalogne, en "communauté autonome" basque la coalition du PNV avec la CiU dépasse assez largement celle de Bildu avec 27,5% (208.000 voix) contre 23,4% (177.000) ; elle reste cependant légèrement derrière au niveau de tout l'Hegoalde (213.000 voix contre 220.000) en raison de son score insignifiant en Navarre (5.000 voix alors qu'EH Bildu en rafle plus de 43.000) [avec les quelques 7.000 voix de la liste Tellechea en Iparralde, où la gauche abertzale ne se présentait pas (ses partisans se tournant peut-être vers les listes EELV de Bové ou NPA de Poutou), puño con banderasles deux forces sont finalement à égalité sur les 7 provinces]. L'essentiel des suffrages restants est obtenu en Galice (près de 80.000 soit 7,9%), en Catalogne (7.400 soit 0,3%, bien qu'aucune organisation catalane ne participait à la coalition) et aux Canaries (3.400 voix soit 0,6%).

    Classable au centre-gauche (Alliance libre européenne), une troisième petite coalition "Primavera europea" regroupant des Valenciens, des Aragonais (Chunta aragonesista), des Castillans, des "socialistes indépendants" d'Estrémadure, des autonomistes de Ceuta (enclave "espagnole" sur la côte nord du Maroc) ainsi que des membres du parti "écosocialiste" EQUO de toutes les "communautés autonomes" a obtenu un peu moins de 300.000 voix (1,9%) et un élu également : en détail 4,5% en Aragon (20.000 voix), 9% à Ceuta (1.400 voix) et 8% en Communauté valencienne (138.000 suffrages), mais seulement 2.286 voix en Estrémadure (0,58%) soit finalement moins qu'à Madrid (2%, 44.000 suffrages). Là, pour le coup, c'est un plutôt bon score pour des forces aussi peu connues. La ligne (et donc notre point de vue dessus) est globalement la même que celle de "Régions et Peuples solidaires", qui aurait fait partie du même groupe ALE si elle avait eu des députés à Strasbourg.

    Assez loin derrière (moins de 50.000 voix, 0,3%) et sans élu, on trouve aussi le Parti andalousiste, sur une ligne autonomiste social-démocrate. Comme on peut le voir, les résultats des listes d'affirmation (progressiste) des Peuples niés sont sans comparaison avec notre côté des Pyrénées, pour des raisons que nous avons longuement étudiées. Pour autant, ils ne sont pas mirobolants. Et c'est parfaitement logique : la question des Peuples emprisonnés dans les grands États européens, produits du capitalisme, est une question révolutionnaire ; et qu'espère-t-on d'aborder une question révolutionnaire avec une ligne petite-bourgeoise ? Comment peut-on prôner la libération des Peuples et voir dans l'UE une "solution démocratique" à cette question, alors que derrière son Parlement fantoche celle-ci n'est qu'un outil antidémocratique de plus ("mandat d'arrêt européen" et autres innombrables exemples) de ces mêmes États que l'on combat ? Comment peut-on, comme l'ERC d'Oriol Junqueras, revendiquer l'indépendance de la Catalogne et en même temps cautionner une Union européenne qui a clairement choisi son camp, celui de l'"Espagne unie, grande et libre", en déclarant explicitement qu'une Catalogne indépendante serait exclue de l'Union ? Toutes ces contradictions, intrinsèques à la nature de classe de ceux qui les portent, n'ont évidemment pas pour effet de mobiliser largement les masses populaires.

    e-lutte-des-mineursAu niveau "pan-ibérique", le Parti populaire (héritier direct du franquisme) et le Parti "socialiste" (PSOE) qui se sont alternés au pouvoir depuis 1975 (et surtout depuis le début de la crise fin 2008) s'effondrent l'un comme l'autre : avec respectivement 26% et 23%, ils perdent autour de 40% de leur électorat par rapport à 2009. La différence avec notre Hexagone, c'est que ce discrédit et ce rejet des partis "de régime" s'exprime majoritairement de manière progressiste (bien qu'encore loin d'être révolutionnaire) : c'est principalement sur des listes à la gauche du PSOE que se porte le mécontentement des masses. Avec 10%  et 1,5 million de voix, la "Gauche plurielle" équivalente de notre Front de Gauche (en moins jacobine vis-à-vis des Peuples...) multiplie par 1,6 ses suffrages et par deux ses élus au Parlement européen (6). Et, apparue à l'occasion de ce scrutin, la liste "Podemos" issue du mouvement des Indignad@s fait une entrée spectaculaire avec 1,25 million de voix (8%) et 5 élus – il faut préciser ici que dans son pays natal, ce Mouvement des Indigné-e-s (pour petit-bourgeois réformiste "radical" qu'il soit) reste un mouvement clairement PROGRESSISTE, bien loin de sa pâle et misérable copie hexagonale lancée par quelques bobos "décroissants" ou "évolutionnaires" (terme authentiquement entendu !) des centre-villes et immédiatement désintégrée face à l'offensive-infiltration de toute une faune de soraliens, conspirationnistes, chasseurs d'illuminatis, larouchistes (très actifs dans les rassemblements), anti-"finaaaance" et futurs fondateurs du "Cercle des Volontaires" fasciste (lié au "Comité Valmy" et à l'UPR d'Asselineau).

    Eh oui ! C'est ainsi : l'"Espagne" est une terre de luttes, où vit encore profondément dans le cœur des masses le souvenir des grands combats révolutionnaires des années 1930 et de la résistance à la dictature fasciste qui s'ensuivit (1939-... quand s'est-elle terminée au juste ?). La "France", elle, est encore très largement l'Hexagone de Renaud, une communauté sociale vautrée et cadenassée mentalement dans son idéologie "françaiiiiise" (monsieur !) dominante, son confort et ses certitudes petites-bourgeoises, incapable de comprendre que lesdites certitudes et "valeurs" sont de la merde en soi et donc, par conséquent, à la recherche de fantasmagoriques "coupables" à tous ses maux : immigrés/arabes/musulmans, "banquiers" ou "finance internationale", "sionistes", "Nouvel Ordre Mondial" dirigé par les Illuminatis via Washington et Bruxelles, sectes pédophiles se réunissant secrètement dans les hôtels particuliers de l'avenue Foch (sans doute pour y préparer une nouvelle version de la "théorie du genre"), etc. etc. ; mais surtout pas, jamais, la "Fraaaaance" et sa "Républiiiiique" ! Bien souvent d'ailleurs, la "gauche de la gauche" ne fait que remâcher cette même logique (les "coupables" sont "étrangers" à la "communauté citoyenne") dans une version plus conforme aux canons "progressistes" et "républicains" ; tandis que la culture politique ultra-personnaliste (héritage du bonapartisme et du gaullisme) fait que Lutte Ouvrière est incapable d'exister sans Arlette Laguiller, le NPA sans Olivier Besancenot et demain, sans le moindre doute, le Front de Gauche sans Jean-Luc Mélenchon.

    Une situation que résume bien cette image humoristique :


    larévoltegronde


    Les néo-franquistes du PP, donc, s'effondrent largement bien que restant en tête ; mais il faut tout de même souligner la poussée de deux forces qui, tout en se prétendant "centristes", "démocrates humanistes" et "libérales" blabliblablou, se caractérisent par un espagnolisme fanatique : Union, Progrès et Démocratie (UPyD, un million de voix soit 6,5%, 4 sièges soit 3 de gagnés par rapport à 2009), et les Ciutadans ("Citoyens") catalans, sur une ligne assez proche, qui font leur apparition avec 3,16% (495.000 voix) et 2 sièges (6,3% et 157.000 voix en Catalogne, leur fief d'origine).

    Comme nous l'avions déjà noté au sujet des élections catalanes et basques de fin 2012, cela montre une crispation des positions espagnolistes face aux forces centrifuges qu'engendre nécessairement la mise à mal du "système Espagne" par la crise, après les années de folle croissance 1995-2009...

    En attendant, à Barcelone (Catalunya) le quartier de la gare de Sants est en état insurrectionnel contre l'expulsion-destruction du centre social autogéré Can Vies :

    Expulsion du Can Vies : émeute à Barcelone – 27 mai 2014 – avec vidéos

    Las protestas por el cierre del centro social Can Vies se expanden por toda Barcelona y amenazan con provocar una Primavera Catalana


    Résultats des européennes dans l’État espagnol


    Il faut reconnaître que ça a tout de même une autre gueule qu'une "courageuse" quenelle devant le panneau d'agglomération de Villejuif... "FRANCE" DE BOLOSSES !


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  • (ou en tout cas qui feraient semblant...)

    ... ce que nous voulons c'est ça (cliquer sur l'image) transposé en Hexagone :


    bjv7cnfiiaavope large


    Pas un "régionalisme" pégué au cul de la social-démocratie, de l'écolo-social-libéralisme ou de la droite modérée ; pas un délire "national-régionaliste" francouille à la Maurras ; pas une "Europe aux 100 drapeaux" ethno-identitaire (au service de bourgeoisies "nationales" dont au demeurant pas 1% ne souhaitent cette option).

    Évidemment nous prêter de telles intentions et fonds de pensée est bien pratique pour remplacer les arguments lorsque l'on en a pas ; vu que les thèses jacobino-républicardes ("gaucho" ou pas) ou "citoyennes du monde" nihilistes nationales (qui finalement reviennent au même) ont été pulvérisées dans les grandes largeurs sur des pages et des pages d'analyses de ce site et d'autres.

    L’État français et l’État espagnol sont TOTALEMENT SIMILAIRES en essence (mis à part la faiblesse économique du Centre politique castillan chez ce dernier) ; il n'y a aucune raison que la réponse révolutionnaire au problème capitaliste qu'ils représentent soit différente. La seule chose qu'il y a, c'est une HISTOIRE des 150 dernières années qui fait que la CONSCIENCE de cela est plus avancée dans l’État espagnol.

     


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  • forconi-bandiera-sicilia.jpgAprès un premier épisode au premier semestre 2012, l'État italien est à nouveau secoué par le mouvement des Forconi, que l'on peut traduire par "ceux qui brandissent des fourches", instrument symbole historique de révolte rurale. Désormais d'amplitude "nationale" (toute la Botte), le mouvement a cependant ses origines et reste principalement basé dans l'extrême-sud de la Péninsule, notamment en Sicile (lire ici et ici). D'abord paysan (depuis les exploitants relativement aisés jusqu'aux journaliers agricoles), il a ensuite été rejoint par des petits entrepreneurs, des transporteurs routiers (particulièrement affectés par les prix de l'essence, jusqu'à 1,75 € le litre !), des ouvriers et des employés, des chômeurs et des précaires, des éléments d'extrême-droite (Forza Nuova, Casapound, Ligue du Nord et son appendice sicilien du "Mouvement pour l'Autonomie", etc.), des partisans de Berlusconi (accablé par les condamnations et privé de son immunité parlementaire) ou de Beppe Grillo (en chute libre depuis son triomphe électoral aux législatives de février)... et des militants des centri sociali (immeubles occupés, d'extrême-gauche) ; dénonçant autant le "matraquage fiscal", les prix du carburant et des péages autoroutiers que les politiques gouvernementales d'austérité menées depuis maintenant plus de deux ans (gouvernement "technique" de Mario Monti, novembre 2011-avril 2013).

    Une grande ressemblance donc, vous l'aurez noté, avec le mouvement des "Bonnets rouges" qui secoue la Bretagne depuis octobre dernier. Une différence tient peut-être au fait que le mouvement des Forconi est parti de la paysannerie et du petit patronat, alors que le mouvement breton, avant d'arborer le fameux bonnet, était d'abord ouvrier (salariés de diverses entreprises menacés de plans sociaux), avant que ne se greffent dessus les agriculteurs, transporteurs et petits patrons anti-écotaxe. Nous ne savons pas vraiment, et n'en dirons donc pas plus : sans enquête, pas de droit à la parole.

    movimento_forconi_bandiera_N.jpgCe qui est certain, en revanche, c'est que la similitude entre les deux mouvements tient à leur nature de vent de la Périphérie soufflant contre le Centre ; d'insurrection non pas contre une mesure gouvernementale ou une crapulerie patronale en particulier, mais contre l'ensemble des problématiques d'exclusion, de relégation et de marginalisation frappant un (ou plusieurs) territoire(s), face aux "métropoles mondialisées" que sont les grands Centres de l'activité et du pouvoir capitaliste (Rome, Milan-Turin, "l'Europe" de la "banane bleue" etc.). Géographiquement, la Sicile est située à quelques 700 km de la capitale Rome et 1000 km de Florence ou de Pise, où commencent économiquement les "choses sérieuses", à 1250 km de Milan (la capitale économique), 1350 km de la frontière "française" (Menton) et plus de 1400 km du col du Simplon, porte de la Suisse et de la "métropole européenne" : situation ultra-périphérique, donc. Mais à côté de cela, il y a l'Histoire. Celle d'une terre qui a connu ses périodes de grande prospérité, lorsqu'elle faisait justement partie du Centre de l'Euro-Méditerranée d'alors : sous l'Empire romain dont elle était un des greniers ; puis sous les Empires byzantin et arabo-musulman qui se la disputèrent du VIe au XIe siècle. Mais ensuite, alors que le Centre du capitalisme naissant se déplaçait vers le Nord (de la péninsule et de l'Europe), ce fut la Contre-Réforme, qui sous domination "espagnole" étouffa dans l'œuf la bourgeoisie embryonnaire et maintint le Royaume de Naples (ou des "Deux-Siciles") dans une féodalité archaïque. La situation commença un peu à évoluer au XIXe siècle, dans les grandes villes comme Naples ou Palerme ; Naples fut ainsi la première ville de la future Italie à se doter d'un chemin de fer ou encore d'un éclairage public. Mais c'est alors que vint l'Unité, la construction de l'État italien contemporain par et pour la bourgeoisie capitaliste du Nord, du triangle Turin-Milan-Gênes ; laquelle brisa impitoyablement tout Centre méridional pouvant lui faire de l'ombre. Naples fut ravalée au rang de métropole du "tiers-monde", où s'accumulent aujourd'hui les monceaux d'ordure ; Palerme, Tarente ou encore Messine connurent un destin peu ou prou similaire. Après avoir, dans un premier temps, accueilli avec enthousiasme les Chemises rouges de Garibaldi et leurs idéaux républicains démocratiques, les masses populaires du Mezzogiorno entrèrent en résistance : la "Guerre des Brigands" durera jusqu’aux années 1880 et coûtera de part et d'autres plus alcuni briganti ucciside vies que toutes les guerres de l'Unité réunies (1859-60, 1866 et 1870) - environ 8.000 du côté des forces unitaires et plusieurs dizaines de milliers (peut-être 100.000...) côté "brigands". Les "brigands" survivants finiront par intégrer l'appareil de domination des masses dans un système de type colonial, donnant naissance à ce que le monde entier connaît aujourd'hui sous le nom de Mafia (en Sicile, N'drangheta en Calabre, Camorra en Campanie ou Sacra Corona Unita dans les Pouilles). D'immenses masses de migrants s'en allèrent chercher une vie meilleure au Nord (Turin, Milan etc.), en Europe (France, Suisse, Belgique, Allemagne etc.) ou aux États-Unis. Ainsi naquit ce que Gramsci et ses camarades, dans les années 1920, analyseront brillamment sous le nom de QUESTION MÉRIDIONALE (proposant en réponse une "République fédérale des ouvriers et des paysans"), question absolument fondamentale pour quiconque prétend mener la lutte révolutionnaire de classe en Italie. Mais il faut également avoir à l'esprit qu'une certaine périphérisation frappe aussi les régions du Nord-Est (ancienne République de Venise), de l'arc alpin ou de l'Apennin, et d'une manière générale toutes les zones rurales du Nord et du Centre où le mouvement connaît à présent un franc succès ; et où il est parfois pris en main par la Ligue du Nord, ce grand parti d'extrême-droite né à l'origine (ne l'oublions pas) comme mouvement de défense des petits et moyens entrepreneurs de ces territoires contre la fiscalité de "Rome-la-voleuse".

    De grandes similitudes, donc, avec la question bretonne et les Bonnets rouges auxquels elle a donné naissance ; et de grandes similitudes, aussi, dans les débats furieux que ces Forconi suscitent dans le mouvement communiste et plus largement révolutionnaire en Italie.   

    Le Parti communiste maoïste rejette ainsi violemment le mouvement et dénonce le (n)PCI qui (le contraire eût été étonnant) l'appuie. Il s'est fendu sur le site Maoist Road de ce communiqué lapidaire : "carc nPCI support reationary and fascist mouvement named FORCONI - no relations is possible with this degenerate group"… Une position d'autant plus surprenante qu'elle est totalement dénuée d'argumentaire, sinon que "les Forconi sont des fachos", "ce n'est pas la classe ouvrière" et "quiconque les appuie non seulement n'est pas communiste, mais pas même de gauche". C'est là une position décevante, sectaire, "centraliste" (au sens de personnes appartenant intellectuellement aux Centres du capitalisme, ce qui ne nous semblait pourtant pas le cas du PCmI), une profonde incompréhension de la situation et de sa place dans la lutte des classes que les communistes doivent transformer en Guerre populaire. D'autant moins compréhensible que le PCmF, lui (avec l’OC-FR), a pris une position profondément correcte sur les Bonnets rouges bretons. Elle a également étonné les camarades gallois de Democracy & Class Struggle, signataires habituels (comme nous) des Déclarations du 1er Mai avec le PCmI, qui ont pris la position suivante

    movimento-dei-forconi_sicilia-jpg-crop_display.jpgLa position du (n)PCI, au contraire, nous semble beaucoup plus conforme à ce que nous penserions spontanément de ces "porte-fourches" siciliens ou vénétiens. Nous traduirons ici quelques passages d'une particulière justesse publiés dans Resistenza, l'organe de presse du Parti des CARC, mettant parfaitement les points sur les i : "L’analyse de classe est souvent entendue, chez cette gauche qui n’a pas surmonté sa dépendance vis-à-vis des conceptions et de l’œuvre néfaste des réformistes et de la gauche bourgeoise, comme un simpliste “Ils sont des nôtres ? NON ! Alors ils sont fascistes !” : mais cela, camarades, ce n’est pas même le début d’une analyse. Toute aussi réductrice (et néfaste, aujourd’hui comme hier) est “l’analyse de classe” de ceux qui demandent “Ce sont des ouvriers, des travailleurs salariés ? NON ! Alors ils sont de droite”. Analyse de classe veut dire identifier l’affrontement d’intérêts déterminé dans le cadre de la crise en cours comme point de départ pour faire coïncider le plus possible la coalition et l’opposition dans la lutte politique avec la coalition et l’opposition dans le champ économique : pour conduire les masses populaires à assumer des comportements politiques cohérents avec leurs intérêts", ou encore "Il s’agit donc (dans la majorité des cas) de secteurs des classes populaires non-prolétaires, soumises par la crise à un processus de prolétarisation, devenues (à partir du gouvernement Monti) la cible directe de l’œuvre de rapine et de spoliation menée par le gouvernement pour le compte du Grand Capital italien et international, et que dans une mesure croissante ne parviennent plus à vivre comme auparavant. Il s’agit de secteurs qui par nature suivront l’orientation de la classe, entre les deux principales (classe ouvrière et bourgeoisie monopoliste), qui plus que l’autre saura se mettre à leur tête, les orienter, les diriger. Si nous prenons volontairement, par la force des choses, un exemple approximatif, l’affirmation selon laquelle la “petite bourgeoisie” a été le principal vivier d’Hitler en Allemagne et de Mussolini en Italie est vraie dans la mesure où le mouvement communiste n’a pas su orienter et mobiliser cette classe. Le parallèle avec l’actualité, pour qui veut en voir un, est justement dans le fait qu’estampiller préventivement comme “mobilisation fasciste”, “putschiste”, “réactionnaire” une mobilisation qui dans les faits est contradictoire, revient à la livrer par avance entre les mains des plus audacieux tribuns populistes ou chefs mafieux de la bourgeoisie". CQFD, rien à ajouter.

    Ceci n’enlève rien aux critiques que nous avons pu émettre vis-à-vis du (n)PCI (celui-ci nous a d’ailleurs répondu, mais seulement à moitié convaincus) : par exemple, pour dire les choses en toute clarté, l’idée que les "organisations ouvrières" (les secteurs radicaux-combattifs des organisations syndicales) puissent constituer un "gouvernement populaire d’urgence" et "le faire avaler aux hautes sphères de la République pontificale" relève selon nous du monde des Bisounours ; quelque chose qui ne s’est absolument JAMAIS vu dans l’Histoire et encore moins dans celle d’un grand État impérialiste. Et nous restons plus que dubitatif quant aux perspectives offertes à la révolution prolétarienne par un vote massif pour le Mouvement 5 Étoiles (M5S) de Beppe Grillo…

    movimento_dei_forconi.jpgEn réalité, c'est toute l'erreur du (n)PCI lorsqu'il soutient le M5S de Beppe Grillo qui apparaît là clairement. Le mouvement dit des Forconi, principalement basé en Sicile (pays et peuple conquis et périphérisés par l’État "unitaire" italien du Capital en 1860) et parent local des Bonnets rouges (soulevant dans la "gauche radicale" et le mouvement communiste italien les mêmes controverses), est un mouvement exprimant, réagissant, S'INSURGEANT contre les problématiques de cette périphéricité et de cette relégation socio-territoriale, avec ses BONNES QUESTIONS et ses BONNES OU MAUVAISES RÉPONSES, son "bon sens" populaire ("soif instinctive" de démocratie et de justice sociale réelles, en un mot de COMMUNISME) et son "sens commun" (idées et conceptions aliénées par l'idéologie dominante, du type "il faut bien qu'il y ait des patrons pour qu'il y ait des salariés, des entreprises pour qu'il y ait de l'emploi" etc.). Le M5S lui, s'il se prétend un "non-parti" (sans rire !), EST UN PARTI POLITIQUE, avec un programme, un ensemble de conceptions et de propositions qui non seulement sont "non-socialistes", mais carrément ANTI-socialistes, réactionnaires : c'est un pur instrument de "sens commun", de la "société civile" capitaliste, une MAUVAISE RÉPONSE (réactionnaire) en soi !

    Quand Beppe Grillo parle de "supprimer les syndicats", autrement dit oppose les salariés non-syndiqués (souvent des petites entreprises rurales, comme il y en a beaucoup dans les Forconiaux salariés syndiqués (des gros centres urbains-industriels, des grandes entreprises ou services publics) ; quand il dit (en substance) que "l'Italie est pleine" niveau immigration, autrement dit oppose les "Italiens de souche" aux travailleurs immigrés ; que fait-il sinon DIVISER LE PEUPLE, sinon dresser une partie des masses populaires contre une autre, manœuvre de la Réaction capitaliste que le (n)PCI dénonce fort justement depuis des années ? Beppe Grillo et sa clique de "têtes pensantes" "anarcho-poujadistes" font partie du problème, ils ne peuvent en aucun cas faire partie de la solution !

    Là se situe la ligne de démarcation entre "soutenir" les Forconi comme nous avons "soutenu" les Bonnets rouges, ou encore s'adresser aux gens qui croient sincèrement "renverser la table" en soutenant Grillo (ou, ici, des conneries du genre Dieudonné-Soral ou même Marine Le Pen !), autrement dit être aux côtés du Peuple qui lutte contre la crise avec toutes ses contradictions ; et appeler à voter pour le M5S, autrement dit pour un contrefeu explicite (conscient ou non n'est pas la question !) allumé par le Pouvoir capitaliste.

    Dans le premier cas, l'alternative peut se résumer aussi simplement qu'en ces termes : 
    - si les communistes et autres révolutionnaires conséquents FONT LEUR JOB, il y aura
    des Forconi del Popolo comme des "Bonnets rouges du Peuple" et même des Grillini del Popolo, comme il y eut voilà 92 ans des Arditi del Popolo ; peut-être 50% voire plus de ces mouvements passant dans le camp de la révolution prolétarienne et luttant contre la mobilisation réactionnaire de masse impulsée par l'aile du Grand Capital rendue ultra-agressive par la crise ;

    - si les "communistes" et autres "révolutionnaires" restent sur l'Olympe des idées "plus-rouge-que-moi-tu-meurs", il y aura 100% de nouvelles Chemises Noires car les mobilisateurs fascistes, eux, auront fait leur boulot.

    C'est aussi simple que cela. Mais de là à appeler à VOTER pour un mouvement qui est déjà EN SOI une mauvaise réponse réactionnaire aux plus justes colères du peuple qui soient, il y a un pas à ne surtout pas franchir.

    scontri-torino.jpgCet "angélisme" du (n)PCI , de vouloir faire la révolution à partir de la sphère superstructurelle des institutions élues, a fortiori en appelant à voter pour des forces populistes dont l’objet même est d'amener les masses en révolte vers des impasses politiques, le PCmI a raison de le critiquer. Là est la GRANDE LIMITE des PC occidentaux du siècle dernier, la principale de ces limites que le (n)PCI appelle justement à identifier et dépasser : avoir voulu PRENDRE l'État bourgeois en alliant "luttes" et participation électorale, et non le DÉTRUIRE, le nier par la construction du Pouvoir populaire jusqu'à ce que le Pouvoir bourgeois ne soit plus qu'un nom, que l'on balaye d'une pichenette. Nous sommes bien placés pour le savoir, dans notre Hexagone où le "communisme municipal" et les diverses "unions de la gauche" depuis 1936 jusqu’en 1981 ont été les puissants moteurs de la liquidation de toute identité révolutionnaire (déjà fragile au départ) du Parti communiste. Alors, qu’espérer de collectivités locales qui seraient simplement "de gauche" (social-démocrates) comme celle de De Magistris à Naples ou de Pisapia à Milan, sans même parler de forces qui ne le sont même pas ! Si nous étions le (n)PCI, face au mouvement des Bonnets rouges, nous nous adresserions sans doute à Christian Troadec en ces termes: "Chris, si tu assumes la mobilisation que tu as déclenchée, si tu veux rester sur le piédestal où t’ont placé les travailleurs bretons, tu dois immédiatement envoyer la préfecture à la merde et faire de ta communauté de communes du Poher une Administration populaire d’urgence qui prenne les mesures les plus urgentes pour faire face aux effets les plus dévastateurs de la crise"… Mais nous ne nous fatiguerons pas à cela, car nous ne croyons pas à ce genre de contes de fées. N'est pas Juan Manuel Sánchez Gordillo qui veut ! Christian Troadec est avant tout un ‘élu de la République’, pétri de ‘sens républicain’ et JAMAIS il ne se lancera dans une telle aventure, dans une telle déclaration d’indépendance d’un petit morceau de cette Bretagne que pourtant il chérit tant. Là est la caractéristique déterminante du personnage, et non le fait qu’il soit un "bourgeois" pour avoir fondé le lucratif Festival des Vieilles Charrues (145€ les quatre jours, mais enfin il y a "de l’affiche") et racheté la brasserie de bière Coreff (ce qui n’est certes pas très straightedge, mais visait avant tout dans l’esprit à maintenir de l’emploi et donc de la vie sociale autour de Carhaix). Pour qu’une personne socialement ‘entre deux eaux’ comme lui ‘choisisse son Forconi-piazzale-Loreto.jpgcamp’… et bascule dans le bon, il faut au prolétariat et aux classes populaires un tout autre rapport de force que celui que même un (n)PCI/P-CARC breton (du même ordre de grandeur) pourrait instaurer. Ne prenons pas nos rêves pour des réalités. Le même raisonnement est exactement applicable à un De Magistris napolitain ou un Giuliano Pisapia milanais (tout ex-avocat d’Abdullah Öçalan qu’il soit), comme à des élus M5S tout contents de vivre ce qu’il n’auraient jamais imaginé même dans leurs rêves les plus fous : s’asseoir un jour sous les lambris dorés du Parlement de la République !

    Pour autant, il serait profondément erroné (et condamnatoire à l’impuissance) de rejeter en bloc un mouvement contradictoire comme celui des Forconi ou des Bonnets rouges ; ou même celui qu’entraîne dans son sillage Beppe Grillo ; ce serait même, comme le dit si justement Resistenza, l’offrir sur un plateau d’argent à l’extrême-droite fasciste.

    En dernière analyse, il semble bien que depuis que la révolution industrielle puis l’entrée dans l’âge des monopoles ont donné naissance à ce que Gramsci appelle la société civile, tout mouvement populaire réel et DE MASSE (non ‘sectoriel’) est voué à se scinder, comme ces cellules que l’on observe en classe de bio au lycée, entre une mobilisation potentiellement révolutionnaire et une mobilisation réactionnaire entrant au service de la pire réaction, du fascisme. C’est précisément cette division en deux (un se divise en deux, principe de base du maoïsme !) de toute résistance spontanée des masses à l'oppression capitaliste que nie, par exemple, le ‘p’‘c’‘mlm’ lorsqu’il se répand contre le "syndicalisme révolutionnaire à la Sorel", "matrice du fascisme à la française comme nous l’enseigne Zeev Sternhell" (ce ‘grand’ universitaire démocrate-bourgeois israélien…), le "populisme/poujadisme", les mouvements "petits-bourgeois", l’"anticapitalisme romantique suintant l’antisémitisme", le "régionalisme identitaire" et autre "post-modernisme" (pour les mouvements ‘sociétaux’) : en d’autres mots, la négation même de la dialectique !

    movimento_forconi-405x270.jpg


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  • youfeed-e-morto-prospero-gallinari-brigatista-del-rapimento.jpgUne semaine après sa disparition, les camarades du (nouveau) Parti communiste italien, qui ont eux-mêmes fort à faire avec la répression de l’État calotin, fascistoïde et mafieux dénommé 'République italienne', saluent la mémoire du camarade Prospero GALLINARI, ancien combattant et cadre des Brigades Rouges (BR), qui nous a quitté le 14 janvier dernier, sans doute victime des séquelles de ses graves blessures, reçues lors de son arrestation en 1979, et des dures conditions éprouvées 15 années durant dans les cachots de la Réaction. Au cours de sa vie de combattant révolutionnaire, puis de prisonnier politique, et jusqu'à son 'dernier rivage' du 14 janvier, ce fils de paysans des alentours de Reggio Emilia (plaine du Pô) n'a jamais abaissé le drapeau rouge de la lutte prolétarienne pour le communisme.

    Au total, le bilan de la période, appelée par la bourgeoisie 'années de plomb', et que l'on fait traditionnellement courir de fin 1969 (attentat de piazza Fontana) jusqu'au début, voire à la fin des années 1980, varie entre 380 et 415 mort-e-s selon les sources : pour la grande majorité, dans des attentats et des violences néofascistes, ou sous les balles ou les coups de la répression d'État ; mais il est courant (sur Wikipédia par exemple) d'attribuer l'intégralité de ces victimes... aux BR. Il y aurait eu, également, environ 2.000 blessé-e-s sérieux-ses (là encore, 80% des violences étaient policières ou néofascistes). Enfin, l'on estime qu'en 1980, quelques 4.000 personnes croupissaient pour des raisons politiques dans les geôles du régime démocrate-chrétien (qui dirigea le pays sans interruption de 1947 à 1992) : pour l'essentiel, des communistes combattant-e-s, des prolétaires en lutte ou des 'autonomes' du mouvement de 1977 ; et une petite minorité d'activistes d'extrême-droite (cherchez l'erreur...).    

    C’est un fait connu de tous et toutes, qui nous suivent depuis un petit moment déjà, que la ‘Guerre populaire de basse intensité’ menée par les organisations communistes combattantes italiennes, dans les années 1970-80, est un patrimoine politique et historique identitaire pour Servir le Peuple - là où d'autres, personnes ou groupes, se l'approprient de manière purement opportuniste, pour 'faire plus rouges que rouge'. C'est pourquoi nous nous joignons, avec toute notre ferveur révolutionnaire, à cet hommage.

    "Il y a des hommes qui luttent un jour et qui sont bons. Il y en a d’autres qui luttent un an et qui sont meilleurs. Il y en a qui luttent pendant des années et qui sont excellents. Mais il y en a qui luttent toute leur vie ; et ceux-là sont indispensables." Bertolt Brecht

    ONORE PROLETARIO, ONORE PARTIGIANO AL COMPAGNO GALLINARI !                                                                                                                                                                                                              

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    [SOURCE] 

    210284_0_1.jpgLundi 14 janvier est mort Prospero Gallinari.

    Prospero Gallinari et les autres camarades des Brigades Rouges ont réalisé dans notre pays une œuvre pionnière et généreuse pour la renaissance du mouvement communiste, même s'ils n'ont pas réussi à trouver la voie de la renaissance. La bourgeoisie et le clergé italiens sont convaincus d'avoir réussi à écraser les Brigades Rouges grâce à la féroce répression qu'ils ont déchaînée contre elles, tout comme, au niveau international, ils sont convaincus d'avoir brisé la première vague de la révolution prolétarienne grâce à leur force. Mais en réalité, les Brigades Rouges, tout comme les promoteurs de la première vague de la révolution prolétarienne, ont été vaincus par leurs propres limites dans la compréhension des conditions, des formes et des résultats de la lutte de classe, qu'ils n'ont pas réussi à surmonter. Le nouveau Parti communiste a tiré les enseignements de leur expérience.  

     

    [Extrait du Manifeste Programme du (nouveau)PCI, traduit en français par SLP ici, chap. 2, sous-chapitre 2.1.3 Les premières tentatives de reconstruire le Parti communiste]

     

    Autonomi3À la fin des années 1960 et au début des années 1970, en Italie comme dans d’autres pays, il y eut une grande période de luttes (1968 et l'Automne chaud). La lutte pour arracher à la bourgeoisie de nouvelles conquêtes de civilisation et de bien-être atteignit son sommet et toucha à ses limites : pour aller au-delà, elle devait se transformer en lutte pour la conquête du pouvoir et l'instauration du socialisme. La lutte contre le révisionnisme moderne atteignit un grand développement, sur le plan politique, dans les années 1970, lorsque des luttes revendicatives de la classe ouvrière et des masses populaires naquît un mouvement diffus de lutte armée, incarné par les Brigades Rouges. Il recueillait et donnait une expression politique à la nécessité de conquérir le pouvoir et de transformer la société, nécessité que les mêmes luttes revendicatives alimentaient dans la classe ouvrière et dans les masses populaires. De là le soutien, l'adhésion et la faveur des masses populaires vis-à-vis des Brigades Rouges, dont témoignent leur enracinement dans des usines importantes (FIAT, Alfa Romeo, Siemens, Pirelli, Petrolchimico, etc.), mais plus encore, les mesures que la bourgeoisie dût adopter pour en contrer l'influence et les isoler des masses, et la persistance de leur influence même après leur défaite.

    Par leur initiative pratique, les Brigades Rouges rompirent avec la conception de la forme de la révolution socialiste qui avait prédominé dans les Partis communistes des pays impérialistes, au cours de la longue situation révolutionnaire 1900-1945. Contrairement au Parti communiste d'Italie (Nouvelle Unité), les Brigades Rouges commencèrent à faire le bilan des erreurs et des limites qui avaient empêché les Partis communistes des pays impérialistes de mener à une conclusion victorieuse la situation révolutionnaire engendrée par la première crise générale du capitalisme. De là la richesse des enseignements qui peuvent être tirés de leur activité, en particulier à propos des lois Anni di piombo2de l'accumulation des forces révolutionnaires (qui est la tâche principale de la première phase de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée) et du passage de la première à la seconde phase de celle-ci (construction des Forces Armées révolutionnaires).

    Elles ne réussirent toutefois pas à se libérer de l'influence de la culture bourgeoise de gauche, en particulier dans la version donnée par l'École de Francfort, que le révisionnisme moderne avait rendu culture courante et presque incontestée. Ce fait eut deux importantes conséquences :

    1. Les Brigades Rouges ne réussirent pas à corriger les erreurs d'analyse de l'époque, qui avaient dans cette culture leur fondement. Quant aux rapports entre les masses populaires et la bourgeoisie impérialiste, ils confondirent la phase culminante de la lutte des masses pour arracher des conquêtes dans le cadre de la société bourgeoise avec le début de la révolution. Quant aux rapports entre les groupes et les États impérialistes, ils confondirent l'atténuation des contradictions liée à la période 1945-1975, de reprise et de développement du capitalisme, avec la disparition définitive de l'antagonisme. Ils ignorèrent l’alternance des crises générales du capitalisme avec des périodes de reprise de l'accumulation du capital : les années 1970 étaient justement la période de passage entre la période de reprise et de développement qui avait suivi la Seconde Guerre mondiale, et la nouvelle crise générale par surproduction absolue de capital.

    2. Les Brigades Rouges ne réussirent pas à s'approprier consciemment la méthode de la ligne de masse pour rester à l'avant-garde du mouvement des masses, y compris dans la nouvelle phase produite par le début, au milieu des années 1970, de la nouvelle crise générale. Ils ne firent pas un bilan juste du mouvement communiste : ils combinèrent des illusions envers les révisionnistes modernes, dans les pays socialistes et dans les Partis communistes dirigés par eux, avec l'abandon de l'expérience historique du mouvement communiste à cause des succès que les révisionnistes modernes avaient réussi à remporter dans celui-ci.

    prosperogallinariSuite à ces erreurs, le lien des Brigades Rouges avec les masses cessa de croître et commença au contraire à s’affaiblir, les Brigades Rouges se mirent à fulminer contre "l'arriération" des masses et sombrèrent dans le militarisme (théorie de la 'suppléance'). De cette manière, ils favorisèrent l’attaque de la bourgeoisie qui était centrée sur l’exploitation de leurs erreurs et de leurs limites pour les isoler de masses.

    C’est à cause de ces pas en avant non accomplis, de cette autocritique non menée à son terme, que leur lien avec les masses populaires, plutôt que de se développer, s'affaiblit ; et les Brigades Rouges furent écrasées par l'offensive de la bourgeoisie, à laquelle les révisionnistes modernes participèrent comme à une entreprise vitale pour eux.

    La lutte menée par les Brigades Rouges montra, pour la troisième fois dans l'histoire du mouvement communiste de notre pays, après la période du Biennio Rosso et la Résistance, comment, dans un pays impérialiste, peuvent se présenter les conditions pour le passage de la première à la seconde phase de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée. Elle montra aussi, d'autre part, que la possibilité d'exploiter avec succès les conditions favorables dépend étroitement de la qualité de l'accumulation des forces révolutionnaires qui a précédé leur apparition.

    politicaerivoluzione 500Le PCd'I et les BR constituent les deux principales tentatives infructueuses de reconstruction du Parti communiste. Les deux cherchèrent à répondre à cette nécessité pour la classe ouvrière et les masses populaires de notre pays. Mais ni l'un ni l'autre n’atteignirent leur objectif. Pour recueillir ce qu’ils ont produit de positif et tirer les enseignements de leur expérience, il est indispensable de comprendre les motifs de l'échec.

    L'histoire du mouvement communiste est riche en succès et en défaites. Les uns et les autres nous montrent que la contradiction entre théorie et pratique se manifeste dans les contradictions entre théorie révolutionnaire et construction de l'organisation révolutionnaire, entre le Parti révolutionnaire et le mouvement des masses, et dans d’autres encore. Quel est le juste rapport entre les deux termes de chacune de ces contradictions ? L'histoire du mouvement communiste nous enseigne :

    1. l'unité des deux termes : l’un ne peut se développer au-delà de certaines limites, que si l'autre se développe aussi dans une mesure adéquate ;

    2. que dans la lutte de la classe ouvrière pour le pouvoir, en général, sauf exceptions, la priorité revient au premier terme, bien que dans l'absolu, c'est-à-dire en considérant les choses dans un horizon plus vaste, la priorité revient au second.

    En effet, en termes généraux, la théorie du mouvement communiste est le reflet dans nos esprits, la synthèse, de l'expérience pratique de la lutte de la classe ouvrière et des masses populaires. Marx et Engels ont produit une théorie révolutionnaire en synthétisant l'expérience de la lutte des ouvriers. C’est grâce à cette théorie que le mouvement communiste a créé les Internationales et les Partis socialistes d'abord, les Partis communistes ensuite. Lénine a résumé la lutte qu’il mena dans les premières années du siècle dernier, en disant : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ». Mao Zedong a fait en 1940 le bilan de la révolution chinoise en disant : « Depuis presque vingt ans, nous avons fait la révolution sans avoir une conception claire et juste de la révolution, nous agissions à l'aveuglette : de là la cause des défaites que nous avons subi ».

    autonomia operaiaDe même, en termes généraux, le Parti révolutionnaire est produit par la rébellion des masses opprimées. Mais dans les conditions auxquelles est arrivé le mouvement communiste, le mouvement des masses opprimées ne réussit à se développer au-delà d'un niveau élémentaire, revendicatif, que grâce à l'activité du Parti communiste. Les communistes n’ont pas réussi à construire un Parti communiste à la hauteur de son rôle et de la tâche de promouvoir et diriger la guerre populaire révolutionnaire de longue durée, et ceci a empêché l'instauration du socialisme dans les pays impérialistes. Ce n'est pas "l'intégration de la classe ouvrière dans le système capitaliste", ce n'est pas "l'incorporation des rapports de production capitalistes dans les forces productives" (donc la disparition de la contradiction entre les rapports de production et les forces productives), comme le soutient l'École de Francfort, qui a empêché la révolution socialiste dans les pays impérialistes. Le chaînon manquant est un Parti communiste adapté à sa tâche historique et à son rôle, et ce qui est principal pour rendre le Parti communiste adapté à sa tâche historique et à son rôle, c'est la conception du monde sur laquelle il se fonde et par laquelle il oriente son activité. Donc, la solution est dans la lutte entre deux lignes dans la construction du Parti communiste.

    NapLa bourgeoisie cherche de toutes ses forces à empêcher une telle construction du Parti. C’est un aspect essentiel de la contre-révolution préventive. Par la répression lorsqu’elle ne peut pas faire autrement, mais normalement, à travers son influence parmi les communistes. Dans tout Parti communiste et dans chacune de ses organisations, face à chaque pas en avant et à chaque décision importante, il y a une gauche et une droite. La gauche reflète la position de la classe ouvrière qui lutte pour le pouvoir ; la droite reflète la position de la bourgeoisie. La droite personnifie l'influence de la bourgeoisie dans le mouvement communiste et la véhicule. La bourgeoisie est au pouvoir depuis des siècles et a beaucoup hérité des précédentes classes exploiteuses. La classe ouvrière lutte pour le pouvoir depuis seulement 160 ans et ne l'a exercé que durant de brèves périodes et dans quelques pays où le capitalisme était relativement peu développé. Donc, la bourgeoisie a encore aujourd'hui une expérience du pouvoir incomparablement plus vaste que celle de la classe ouvrière. Dans le champ superstructurel, la bourgeoisie a un système complet de conceptions, lignes et méthodes. Sa conception du monde s'est consolidée en habitudes et préjugés. Elle a acquis la force, l'évidence et l'objectivité du lieu commun. Il s’ensuit que dans les Partis communistes, la droite a la vie plus facile que la gauche. La droite s'appuie sur ce qui existe déjà, est évident, est habitude, ce que "l'on a toujours fait ainsi", ce que "tout le monde pense". La gauche doit élaborer, découvrir, se projeter dans le nouveau, risquer de commettre des erreurs, corriger le tir jusqu'à trouver la voie vers la victoire. À la droite, il ne faut pas une théorie révolutionnaire ; la gauche ne peut pas progresser sans, et doit la synthétiser. La droite peut se renforcer des erreurs de la gauche et de la confusion de la contradiction entre théorie révolutionnaire et influence de la bourgeoisie avec la contradiction entre théorie juste et théorie erronée, entre nouveau et ancien. La droite entrave la création gallinari_prospero_cella.jpgd'une théorie révolutionnaire, la gauche la promeut et sans théorie révolutionnaire elle ne peut pas diriger. Les erreurs du Parti dans la compréhension de la situation profitent à la droite, et sont délétères à la gauche.

    La gauche du PCI n'a pas réussi à développer une théorie de la révolution socialiste dans notre pays au cours de la première crise générale du capitalisme, bien que le Parti se fût proposé de guider la révolution socialiste. Pour cette raison, la droite a réussi à prévaloir dans le Parti. Mao nous a enseigné que si le Parti n'applique pas une ligne juste, il en applique une erronée ; que s’il n'applique pas consciemment une politique, il en applique une à l'aveuglette. Il est très difficile que le Parti communiste réussisse à remporter la victoire avec une ligne appliquée à l'aveuglette ; il est plus probable qu’une ligne appliquée à l'aveuglette favorise ce qui existe déjà, la direction de la bourgeoisie, plutôt que ce qui doit émerger : la direction de la classe ouvrière.

    Le Parti communiste d'Italie (Nouvelle Unité) et les Brigades Rouges ne comprirent pas que pour avancer, il fallait un bilan de l'expérience de la première vague de la révolution prolétarienne et de la construction du socialisme, qui était synthétisé à son plus haut niveau dans le maoïsme ; ils ne comprirent pas que le révisionnisme moderne ne consistait pas seulement en un reniement de la révolution comme moyen pour instaurer le socialisme, mais exploitait les limites de la conception du monde et de la méthode de direction et de travail des communistes : il fallait dépasser ces limites pour vaincre le révisionnisme moderne ; ils ne comprirent pas, enfin, que le capitalisme, dans notre pays aussi, était au sommet d'une période de développement et que la seconde crise générale du capitalisme s'annonçait à peine. Pour ces raisons, leurs tentatives de reconstruire le Parti communiste furent défaites.

     


     

    Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d'une société nouvelle. Le souvenir de ses martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière. Ses exterminateurs, l'histoire les a déjà cloués à un pilori éternel, dont toutes les prières de leurs prêtres ne parviendront pas à les libérer. K. Marx, La guerre civile en France (1871)

     

    Aux révolutionnaires emprisonnés

    [Appel du n°1 de La Voce - mars 1999]

     

     La Commission préparatoire au Congrès de fondation du (nouveau) Parti communiste italien, en débutant ses travaux, adresse un salut chaleureux aux révolutionnaires emprisonnés, exilés et en cavale des Brigades Rouges et des autres Organisations Communistes Combattantes qui, dans les années 1970, ont empoigné l'étendard de la lutte pour le communisme.

    savastaVous avez été l’expression la plus haute et êtes aujourd'hui les témoins vivants de la lutte vaste, généreuse et acharnée menée à cette époque par la classe ouvrière, le prolétariat et les masses populaires. L’importance que revêt cette lutte pour la cause du communisme, est à la hauteur de l’ecration sous laquelle la classe des oppresseurs et des exploiteurs cherche à en enterrer jusqu'au souvenir. La défaite, le dénigrement et les trahisons n'effaceront jamais la contribution que cette lutte a apporté à la cause du communisme, car les communistes sauront mettre à profit ses enseignements. La lutte pour le communisme menée en Italie dans les années 1970 a été la répétition générale de la future révolution socialiste. Elle a rendu le nom des Brigades Rouges célèbre dans le monde entier, et fait en sorte que celles-ci soient encore invoquées aujourd'hui par les prolétaires indignés des vexations que la bourgeoisie impérialiste inflige aux masses populaires. Les BR vivent encore aujourd'hui dans les mémoires, et inspirent des sentiments et des élans positifs, en particulier parmi les jeunes. Ceux qui se sont érigés comme vos vainqueurs ont montré leur véritable nature en éliminant les conquêtes de bien-être et de civilisation arrachées par les masses populaires, et en poussant celles-ci, autant qu'ils le peuvent, vers un avenir synonyme pour elles d'exclusion, de misèred'abrutissement, de barbarie et de souffrance. Les noms de vos vainqueurs, de Moro à Andreotti, du Pape à Berlinguer, sont d'ores et déjà couverts d'opprobre et seront pour toujours maudits par les travailleurs, que leur victoire a maintenu dans une condition qui chaque jour devient plus dure. Leur victoire est la mère de toutes les barbaries auxquelles les masses populaires doivent aujourd'hui faire face.

      La lutte pour le communisme reprendra, corrigeant les erreurs et surmontant les limites qui l’ont hier conduite à la défaite, parce que la classe ouvrière, le prolétariat et les masses populaires n'ont pas d'autre porte de sortie positive, à la crise générale du capitalisme, que l'instauration du socialisme. Le prolétariat ne s'est pas repenti ! 
     
    250px-Br processo Au nom du (nouveau) Parti communiste italien, nous demandons à chacun de vous de contribuer par votre propre expérience et votre propre témoignage à la reconstruction du Parti communiste. Chacun de vous est dépositaire d'un patrimoine de confiance et d'espérance accumulé par tous ceux qui dans les années 1970 ont combattu. C'est ce patrimoine que la bourgeoisie impérialiste fait tout pour détruire ou mettre à son service, en cherchant à vous contraindre à la reddition. Ce patrimoine est précieux pour la cause du communisme : mettez-le à profit !   

     Dans le même temps, au nom du (nouveau) Parti communiste italien, nous faisons appel à toutes les FSRS (Forces subjectives de la Révolution socialiste) pour que soient poursuivies et intensifiées toutes les initiatives, comme celles prises dans le passé par l’ASP, permettant de promouvoir la solidari des masses populaires à votre égard : la solidarité des masses populaires est la force principale dont vous disposez contre les pressions de la bourgeoisie impérialiste.

     Les camarades tombés en combattant pour la cause du communisme resteront toujours dans le cœur et dans la mémoire des membres du (nouveau) Parti communiste italien ; les organisations du (n)PCI porteront leurs noms aux côtés de ceux des dirigeants et des combattants qui se sont distingués au cour des 150 années d'histoire du mouvement communiste.

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    Intéressant à parcourir également, ce document publié à l'origine par l'AA Bordeaux, sur la 'grande' organisation révolutionnaire de la première moitié des années 1970 (les BR étaient alors embryonnaires) : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970)

    Certes, Lotta Continua acheva sa course dans l'illusion électoraliste (avec Democrazia Proletaria), mais ce document du tout début des 'années de plomb' jette néanmoins brillamment les bases (avec, certes, beaucoup de 'spontanéisme') d'une stratégie de Guerre populaire en pays impérialiste ou industriel-avancé. Après l'auto-dissolution de l'organisation (1976), beaucoup de militant-e-s s'orienteront à leur tour vers la lutte armée, dans l'autre 'grande' OCC de la seconde moitié de la décennie : Prima Linea (1976-81).

    Et pour finir en musique, deux airs emblématiques de l'époque :

       Paroles

      Paroles
     

     


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  • 1. Ces derniers jours, la résistance populaire en Grèce a encore atteint des sommets, encore franchi un cran dans l'affrontement avec le Capital et son État. Un État désormais incarné par un gouvernement "technique" ouvertement fantoche, marionnette de l'UE et sa BCE, créature de l'axe impérialiste franco-allemand.

    La Grèce est en effet, et cela apparaît ici clairement, un pays capitaliste dépendant, "avancé mais dominé", comme peuvent l'être l'Argentine ou la Corée du Sud : le mode de production capitaliste y est très clairement dominant (bien que des forces féodales y soient encore importantes, comme l’Église orthodoxe, plus grand propriétaire foncier du pays et jusqu'à récemment exemptée de taxes et d'impôts...), mais les capitaux étrangers (principalement des "grands" pays d'Europe : France, Allemagne, Italie...) y sont archi-dominants dans ladite production. Jusqu’aux années 1970, la Grèce était un pays ultra-arriéré, sous protectorat US de fait (anglais jusqu'en 1940), pour le contrôle géostratégique de la Méditerranée orientale ; ce qui se traduisit notamment par la terrible dictature des Colonels (1967-74). Mais après la chute de celle-ci (suite à des contradictions nationalistes avec l’État turc, autre allié régional de premier plan de l'impérialisme US), une "démocratie" bourgeoise aux mains de quelques "dynasties" politiques (les Papandréou, Karamanlis...) fut instaurée et la Grèce fut progressivement intégrée à l'UE (1981), comme "champ d'investissement" et débouché commercial pour les impérialistes français, allemands, anglais, italiens, d'Europe du Nord etc. (les nord-américains gardant de solides positions). Comme le furent à la même époque l’Espagne et le Portugal, et quelques années plus tard, les pays d'Europe de l'Est "libérés" du "socialisme réel" révisionniste.

    La bourgeoisie locale revêt un caractère oligarchique (voire bureaucratique-féodal, comme on l'a vu avec l’Église) caractéristique d'un pays non-impérialiste. Néanmoins, celle-ci, "les yeux plus gros que le ventre", a voulu "singer" les "grands frères" ouest-européens et "moyenniser" les masses populaires (par l'emploi public, l'aide sociale), pour en faire un grand marché intérieur (ce sur quoi ne crachaient pas non plus, sur le moment, les monopoles étrangers). Mais cela était complètement artificiel, et ne pouvait PAS tenir au regard de la base d'accumulation et des ressources de la bourgeoisie grecque. L’État se révéla finalement, à la fin des années 2000, surendetté à quelques 120% du PIB national ; et voilà l'effondrement où nous sommes, avec des masses populaires ravalées (bientôt) au niveau de vie du Proche-Orient ou de l'Afrique du Nord, voire pire. Un crash économique et social qui rappelle, furieusement, celui de l'Argentine en 2001-2002 (ou encore, à la fin des années 90, celui des "dragons" est-asiatiques).

    Une anecdote terrible : des paysans, venus en solidarité distribuer (à prix coûtant voire gratuitement) leurs produits aux masses des villes en lutte, ont vu se ruer sur leurs stands des milliers de personnes qui commencent à ne plus manger à leur faim !

    Les services vitaux (eau, électricité) sont coupés à des millions de personnes, des millions encore sont en impayés de loyers et menacées d'expulsion, ou se privent de soins médicaux. Des travailleurs jetés à la rue, des petits entrepreneurs ruinés se suicident par le feu, comme dans les pays arabes. La prostitution, dans une société très patriarcale où les femmes dépendent souvent des hommes économiquement, est en explosion.

    Comment s'étonner, alors, du déchaînement de rage prolétaire et populaire qui a explosé à travers tout le pays le week-end dernier ? Malheureusement, comme bien des fois auparavant, l'explosion risque de retomber comme un soufflé. Car il n'y a pas, dans ce pays, d'avant-garde organisée du mouvement qui soit susceptible de structurer, orienter et surtout MAINTENIR la lutte de masse dans la durée, de manière prolongée, jusqu'au renversement de la classe dominante. On remerciera, au passage, une certaine misérable petite "avant-garde autoproclamée" de nous faire remarquer cette absence, dont les communistes conséquents sont bien conscients depuis le début de la "crise grecque" ; et, surtout, de ne rien proposer comme perspective (comme d'habitude : toujours que critiquer).

    Il faut être bien clairs sur une chose : les masses populaires grecques, dans leurs souffrances comme dans leur insurrection et leur refus de la fatalité, sont HÉROÏQUES et ne méritent que notre respect, et rien d'autre. Ce n'est pas du côté de Servir le Peuple que l'on déversera sur elles des tombereaux de mépris et d'aigres vomissures, comme le font (fidèles à eux-mêmes) les "jefaturas" aussi éclairées qu'autoproclamées de Voie Lactée : "aucune culture communiste" (dans le pays de la plus héroïque guerre antifasciste d'Europe, 1940-49 !), "chauvinisme" (alors que la Grèce, on l'a dit, est un pays dépendant : il est donc normal que des sentiments nationaux se greffent sur la question sociale ; et ces sentiments peuvent même être utilisés tactiquement, maintenant qu'il y a un gouvernement ouvertement fantoche de Paris et Berlin !), etc. etc. La meilleure, c'est quand même lorsqu'ils disent que "dans un émeute du 1er Mai à Berlin, on arrive au même résultat (que dans la nuit d'émeute de dimanche dernier), avec seulement quelques milliers de personnes" ; autrement dit, les mobilisé-e-s de Grèce seraient des "couilles molles" : voilà une analyse qui sent bon le "concours de bites" et guère l'"anti-virilisme" pourtant sans cesse proclamé. Et, de surcroît, c'est complètement faux : il n'y pas "quelques milliers" de manifestant-e-s à Berlin le 1er Mai, mais des centaines de milliers (des partis, syndicats etc.) ; ce qu'il y a, ce sont quelques milliers de black et red blocks ; et c'était exactement la même chose en Grèce le week-end dernier : des centaines de milliers de manifestant-e-s, mais seulement quelques milliers allant "au fight" à Athènes et quelques centaines dans les autres villes, l'immense majorité restant dominée par le légalisme de type KKE ou SYRIZA - et c'est bien là TOUT LE PROBLÈME. Mais, pour nos avant-gardes autoproclamées, le problème serait que... les manifestant-e-s ne se sont pas fait-e-s tirer dessus comme des lapins (ce qui démontrerait que "l’État maîtrise le processus") ! Fidèles à eux-mêmes, on vous dit...

    2. Le problème en Grèce, donc, est là. Ce n'est pas, comme diraient les trotskystes, un simple "problème de directions" bureaucratiques et réformistes, qu'il suffirait de mettre face à des revendications "débordant automatiquement le cadre du capitalisme" (ce que les trotskystes s'échinent à faire depuis 70 ans). Les directions traîtres, bureaucratiques, néo-bourgeoises (la bureaucratie syndicale est effectivement un gros problème en Grèce, peut-être l’équivalent de l'Argentine...) s'appuient évidemment sur une culture politique qu'elles ont injecté dans les masses, et qui leur donne une base populaire.

    Quelles sont, en Grèce, les organisations se réclamant du communisme ?

    - Il y a d'abord le "célèbre" KKE, avec sa jeunesse (KNE) et son syndicat "de lutte", le PAME. Le bloc KKE/KNE/PAME est réellement massif, il compte plusieurs centaines de milliers de militant-e-s (et pèse entre 8 et 10% aux élections). Par rapport à beaucoup de P"c" européens issus du défunt Komintern (sans même parler de ceux devenus explicitement soc'dem', comme l'ancien PCI), son discours apparaît à beaucoup d'égards "radical". Certes, la banderole "Peoples of Europe, rise up !" hissée sur le Parthénon est devenue célèbre... Mais c'est un Parti qui joue le rôle, pour faire court, du couple PCF/CGT de l'époque Marchais, au temps de "Raymond (Marcellin) la Matraque" : c'est un défenseur des institutions et de l’État bourgeois, sous un discours "souverainiste" (social-chauvin) selon lequel tous les problèmes viennent de Bruxelles. Depuis 1973 (déjà, à l'époque des Colonels !), lors de la célèbre insurrection de l’École polytechnique d'Athènes, il est connu pour son rôle de défenseur politique, et parfois PHYSIQUE du Pouvoir : tout antagonisme de classe assumé est pour lui de la "provocation fasciste" ! Ses jeunesses KNE sont surnommées "KNAT" par les anarchistes, par contraction-jeu-de-mot avec les MAT qui sont les unités de police anti-émeute ; et son mot d'ordre actuel est que la révolution grecque se fera "sans casser une seule vitrine" : autant dire que ça va aller loin... Malheureusement, la grande majorité de la classe ouvrière et du petit emploi public sont sous sa coupe.

    - Il y a la coalition dite "SYRIZA" (Coalition de la Gauche radicale), constituée autour des soc-dem's de Synapsismos (SYN), issus de l'eurocommunisme des années 1980. Ses résultats électoraux tournent autour de 5%. On y trouve divers groupes "alternatifs", "écologistes de gauche", trotskystes "modérés", mais aussi, dans une participation "critique", une organisation se réclamant de Mao Zedong : le KOE. C'est une organisation assez importante, qui compterait un gros millier de militant-e-s (soit, rapporté à la population grecque, l'équivalent de Lutte Ouvrière ici). Malheureusement, dans sa pratique, elle est un peu l'équivalent de la LCR des années 1990-2000... Sa position vis-à-vis du mouvement "indigné" de Syntagma (assez radical, par rapport à la moyenne "indignée" en Europe) était suiviste, droitière : ne surtout pas venir "perturber" le mouvement avec des mots d'ordre marxistes révolutionnaires, "dogmatiques" selon eux, etc. Au final les déclarations de l'"Assemblée de Syntagma" étaient plus radicales, plus révolutionnaires que les positions de l'organisation elle-même !

    - Une dernière coalition a vu le jour en 2009 : ANT.AR.SY.A, acronyme de "Front de la Gauche anticapitaliste", en grec "Coordination de la Gauche anticapitaliste pour le Renversement" (le mot grec "antarsya" signifie "soulèvement", "révolte", "mutinerie"). Elle est en grande partie issue de l'ancien "Front de la Gauche radicale" (MERA). Là aussi, la coalition regroupe essentiellement des formations trotskystes (OKDE-Spartakos, SEK "frère" de SWP), de "gauche anticapitaliste", des Jeunesses issues du KKE (sorties lorsque celui-ci, à la fin des années 1980, alla jusqu'à faire alliance avec la droite réactionnaire de Karamanlis !) ; mais aussi une organisation "pensée Mao Zedong", l'EKKE (Mouvement Communiste Révolutionnaire de Grèce). Nous n'avons pas plus d'informations sur celle-ci, hormis cette courte présentation en anglais. La coalition a fait une (petite) percée aux élections locales de 2010, avec 1,8%.

    Globalement, l'idée qui sous-tend les deux "coalitions" ci-dessus, avec des alliances qui peuvent paraître, ici, tellement contre-nature (des "maos" avec des trotskystes et des "anticapitalistes" divers), c'est l'idée qu'avant d'envisager tout processus révolutionnaire, il faut reconstituer en Grèce une "vraie gauche", "populaire, radicale, anticapitaliste", "en rupture" avec le système politique dominé par deux partis-familles (PASOK-Papandréou et ND-Karamanlis) et le KKE dénoncé comme leur "caution de gauche". Ceci reflète bien l'ampleur du traumatisme des communistes grecs, le vide béant laissé par la trahison du KKE dans les années 1950 (la direction révolutionnaire, réfugiée en URSS, fut liquidée sur ordre de Moscou), trahison qui laissa les masses désarmées face aux sanglants Colonels, et à la république oligarchique qui leur succéda...

    Mais c'est prendre les choses totalement à l'envers : c'est en construisant, en développant, en perfectionnant le Parti que l'on agrège, développe et renforce autour de lui le Front populaire anticapitaliste ; et non l'inverse (le renforcement du Front qui développe le Parti).

    En dehors de ces coalitions se trouve également un KKE(ml), issu de la rupture antirévisionniste "historique" (années 60), qui se réclame lui aussi de Mao Zedong. Il fait cavalier seul depuis le début des années 2000. Il se présente également aux élections, avec des résultats extrêmement faibles (de l'ordre de quelques milliers de voix). Il est peu probable, quoi qu'il en soit, qu'il ait réussi à surmonter les limites qui ont conduit le marxisme-léninisme, en Grèce comme ailleurs, à la faillite révisionniste (la première des années 1950-60 (khrouchtchévisme) ; comme la deuxième, de la plupart des "antirévisionnistes" des années 1960, à partir des années 1980).

    Il y a encore cette découverte "marrante" (et récente) : l'OAKKE. Fondée au milieu des années 1980, issue d'un certain "atlanto-trois-mondisme" de ces années-là, elle est tout simplement l'équivalent (en peut-être plus "franc du collier") de ce qu'était ici le 'p''c''mlm' en 2008-2010 : l'ennemi principal pour l'humanité d'aujourd'hui est l'impérialisme russe (!), héritier du social-impérialisme soviétique, équivalent au 21e siècle du IIIe Reich nazi ; et ceux qui dénoncent et combattent les impérialistes ouest-européens, nord-américains ou encore les crimes colonialistes du sionisme sont ses alliés objectifs (voir un florilège de leurs délires ici). CQFD...

    Et puis, enfin, il y a le "BLOC" ANARCHISTE. Si l'on peut parler d'un "bloc"... Car, si le mouvement anarcho-communiste et libertaire est d'une ampleur inégalée en Europe, il est divisé, groupusculo-sectaire, les groupes n'ayant aucune coordination (autre que très formelle), voire étant parfois rivaux entre eux. Ceci se surajoute à la limite historique (et éternelle) de l'anarchisme : penser que l'on peut "nier", "dissoudre" l’État, refuser son renversement et son remplacement par un État révolutionnaire du prolétariat, bref, le non-dépassement total des limites de la Commune de Paris, du mouvement révolutionnaire du 19e siècle... l'incompréhension que "HORMIS LE POUVOIR, TOUT EST ILLUSION" !

    Les "black-blocks" hellènes sont une véritable armée qui pourrait, sur une lutte prolongée de plusieurs années, balayer le vieil État pourri et ses maîtres impérialistes de Paris, Berlin et Bruxelles... Mais ils ne prendront jamais le pouvoir (pour instaurer le communisme dont ils se réclament), puisqu'ils... ne le veulent pas !

    Parallèlement, existent quelques groupes menant la lutte armée, correspondant à la définition (et à toutes les limites) des "minorités agissantes" et de la "théorie de la suppléance" : Lutte Révolutionnaire est actuellement le plus connu ; l'historique "17-Novembre" a été démantelé en 2002.

    3. On voit donc toute l'ampleur du problème en Grèce... Le pays s'enfonce inexorablement dans une "re-tiers-mondisation" ; tandis qu'au vu du panorama ci-dessus, la décantation permettant l'émergence d'un Parti révolutionnaire du prolétariat (et, de là, d'un Front anticapitaliste autour de lui) pourrait prendre des années, voire une décennie... Car il ne suffit pas de "balayer les directions pourries" comme le pensent les trotskystes : il faut d'abord qu'une avant-garde émerge, se fasse reconnaître par la frange avancée du prolétariat, puis, seulement, commence à arracher les larges masses à l'emprise néfaste des réformistes, des révisionnistes, des partis bourgeois (pour lesquels il y a bien des millions de gens qui votent !) sans parler des fascistes, qui commencent à monter en puissance. Et les conceptions d'aucune organisation marxiste-léniniste, "pensée Mao" ou maoïste ne semblent pour le moment à la hauteur...

    Il faut dire aussi, sans doute, que le mouvement révolutionnaire en Grèce souffre d'une terrible tare : si le pays, en effet, fut avant-guerre surtout un protectorat britannique (et US ensuite), l'influence intellectuelle y est largement FRANÇAISE : autrement dit, amour du dogme et de la phrase intellectuelle, certitude de "détenir LA Vérité" et tendance au génie autoproclamé, faible propension à l'autocritique etc. etc. Ceci côtoyant une forte culture syndicalo-réformiste et légaliste (ce qui tombe bien : comme la bourgeoisie argentine, la bourgeoisie grecque a besoin d'un fort encadrement bureaucratique-syndical des masses laborieuses), à laquelle "réagit" un anarchisme décomposé ; tandis que le trotskysme (mécaniste cartésien) pense qu'il suffit de mettre les "directions" face à des revendications "débordant automatiquement le cadre du capitalisme" pour les "démasquer" et lancer les masses "à l'assaut du Palais d'Hiver", "comme en 17" !

    POUR AUTANT, non seulement CE SONT LES MASSES QUI FONT L'HISTOIRE et elles méritent notre respect (et non notre "regret" qu'elles ne se soient pas faites trouer la peau, parce qu'une "vraie révolution", vous comprenez, "faut que ça saigne" !) ; mais c'est de leur MOUVEMENT RÉEL, celui de la lutte de classe, que naît et émerge l'avant-garde la plus consciente et organisée, le PARTI. Et pas "d'en haut", des sphères "éclairées" de quelques petits-bourgeois intellectuels déclassés, cherchant dans la révolution l'importance existentielle que leur (très haute) estime d'eux-mêmes, bien au-dessus de la réalité, ne rencontre pas dans la société actuelle ; puants d'arrogance et de prétention ; "Parti" autoproclamé de la "Science" et de "l'Intelligence"... qui croit que Michel Aflaq, chrétien syrien et fondateur du Baas laïc, est (tenez-vous bien) un fondamentaliste musulman !

    Les communistes, non seulement se tiennent fermement et indéfectiblement aux côtés des masses dans leurs souffrances et leurs luttes, où que ce soit sur la Terre (cosmopolitisme pour nos "lumières éclairées") ; mais ont une FOI ABSOLUE dans celles-ci et dans leur capacité à trouver la voie et les instruments (dont l'avant-garde) de leur émancipation. "Les masses sont la lumière même du monde... elles sont la fibre, la palpitation inépuisable de l'histoire ; quand elles parlent tout tremble, l'ordre chancelle, les cimes les plus hautes s'abaissent, les étoiles prennent une autre direction, parce que les masses font et peuvent tout", disait le grand dirigeant communiste Gonzalo, dont ces imposteurs aiment à vernir leur mascarade de "MLM". Avant de préciser "le Parti les dirige" ; et c'est tout ce que nos "génies" entendent et qui les intéresse : "diriger" les masses et la révolution parce qu'ils n'ont pas réussi (eh oui, la vie est dure !) à trouver leur place "brillante" dans le capitalisme... Mais voilà, le Parti est l'émanation des masses et de leurs luttes réelles ; les masses le reconnaissent et lui donnent en quelque sorte "mandat" de les organiser et de les diriger ; alors que, gageons que tout ce qu'elles donneront à nos "avant-gardes autoproclamées" (ceux-là comme d'autres de leur acabit), c'est une bonne volée de caillasse ou pourquoi pas de plomb !

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    Sur le site de La Cause du Peuple, une chronologie des évènements de dimanche dernier : Grèce : Résumé chronologique des événements du 12 février

     


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  • Lorsque les émeutes prolétaires ont embrasé le royaume d’Élisabeth II, la rédaction de SLP était en vacances. Eh oui, comme cela arrive, et c'est pleinement mérité, aux gens qui travaillent (mais il est vrai que lorsqu'on vit de ses rentes, on peut aisément s'en passer...).

    C'est donc un retour a posteriori que constitue cet article. Cela dit, il n'y a pas grand chose à épiloguer sur ce qui s'est passé. C'est exactement le même scénario que dans l'entité BBR en octobre-novembre 2005 : la mort, abattu par la police, d'un jeune des quartiers populaires (fut-il un "voyou", ce n'est pas la question principale !), est l'étincelle qui met le feu à la plaine. Toute la colère et la frustration accumulée par la jeunesse des quartiers, devant l'exploitation capitaliste, le chômage, les boulots de misère, le racisme et le flicage quotidiens, explose. Sauf que, surprise, l'explosion ne se limite pas à un quartier, mais gagne le pays entier. Il faut dire que l'Angleterre, citée en modèle de capitalisme triomphant au début des années 2000, est plongée depuis fin 2008 dans l'une des plus terribles déclinaisons de la crise capitaliste mondiale. Le chômage a explosé et, en l'absence de toute aide sociale ou presque, la misère encore plus, dans un pays où la vie est extrêmement chère (surtout à Londres).

    Le monde, depuis quelques années, s'embrase ; même non (ou mal) organisée et formalisée, la nouvelle vague de la révolution mondiale avance tandis que le capitalisme s'enfonce inexorablement dans la crise ; et cette fois-ci, l'incendie a gagné le cœur d'une grande métropole impérialiste : l'Empire britannique.

    Spontanée, inorganisée, cette révolte a été aussi spectaculaire... qu'un feu de paille : impressionnant, mais s'éteignant aussi vite qu'il a pris. Les masses prolétaires, en particulier des minorités "ethniques", on toutefois montré là leur SOIF de révolution, leur SOIF de socialisme, leur soif d'en finir avec leurs misères et ce système pourri. Elles ont montré, même sans le dire voire en le niant, qu'elles ont soif d'une AVANT-GARDE qui les conduira à la réalisation de ce but, à ce qu'enfin, LA VIE SOIT A NOUS. Cette avant-garde, dans la conception communiste du monde, c'est le Parti révolutionnaire communiste.

    La tâche des communistes conscients et organisés est de le construire. Mais ce Parti doit être construit dans la LIGNE DE MASSE (voir "Le Maoïsme"). C'est à dire sans populisme, sans mouvementisme, sans queuisme (attitude qui consiste à se mettre à la queue, à la remorque du mouvement réel des masses, comme le KOE en Grèce face au mouvement de masse de ce printemps : "surtout pas de slogans révolutionnaires" etc. etc. … absolument n'importe quoi !). Mais également sans élitisme, sans aristocratisme, sans pédantisme intellectuel, sans "j'ai tout compris, vous rien".

    Ainsi, après avoir copieusement vomi sur les mouvements de révolte arabes, clamant que "sans le Parti, il n'y a rien !", l'ultra-gauchiste illuminé de "Contre-informations" (avec sa poignée de hare krishnas) poursuit bien entendu sur sa lancée au sujet de la révolte d'Angleterre. Soulignant lourdement les seuls aspects négatifs (et absolument secondaires) : attaques contre des particuliers du Peuple ou des petits commerces, "virilisme", "culture de gang", "de voyou" etc. etc. On croirait (mais ce n'est pas la première fois) lire Le Figaro...

    L'aspect principal de ces évènements n'est bien évidemment pas là. L'aspect principal, c'est le développement de l'ANTAGONISME, le développement de la conscience de rupture prolétaire et populaire, qui est la base, le socle indispensable sans lequel tout "Parti" autoproclamé n'est que du vent : l'étape zéro de la Guerre du Peuple.

    L'aspect principal, c'est que les masses prolétaires assimilent qu'on a raison de se révolter contre les réactionnaires ; que là où il y a oppression, il y a (il doit y avoir !) résistance ! L'aspect principal, ça a bien sûr été l'affrontement avec l’État, à travers son bras armé, la police. L'aspect principal, ça a été les AUTORÉDUCTIONS de grands magasins et supermarchés, dans un pays où la vie est extrêmement chère et où le pouvoir d'achat, avec la crise, s'effondre : ce que le capitalisme ne nous autorise pas à avoir, et bien, prenons-le ! Il n'y a pas de leçons de morale à donner, "c'est consumériste" gnagnagni gnagnagna. Nous vivons, que nous le voulions ou non, dans des sociétés capitalistes occidentales où l'on nous abreuve de "besoins" induits (par la pub, les magazines etc.) à longueur de journée. Que les prolétaires brisent les barrières pour vivre leurs envies, est en soi révolutionnaire.

    Bien sûr, des petits commerces ont aussi été attaqués, et l’État bourgeois britannique a réussi un joli coup en dressant la communauté Indo-Pakistanaise contre les émeutiers en majorité Afro-Caribéens (même si de toutes origines, y compris Anglais pure souche !). C'est là son boulot de contre-révolution préventive bourgeoise. Ce qui est encore plus grave (pour des "communistes"), c'est de s'en réjouir, de le souligner de manière narquoise, pour "bien montrer" que ce mouvement spontané "n'allait nulle part", sans rappeler le rôle fondamental de la division ethnique des masses prolétaires/populaires dans la contre-révolution préventive en Angleterre.

    Donc voilà. Profitons de l'occasion pour ouvrir une parenthèse et émettre une thèse fondamentale, qui guide toute la démarche de Servir le Peuple : "Feu sur les avant-gardes autoproclamées !". Dire que "sans le Parti il n'y a rien", sinon de la merde, que les masses n'ont même pas le droit à la révolte, c'est vraiment de la merde, ce n'est pas la conception communiste du monde. C'est la conception de personnes qui, ayant assimilé le matérialisme dialectique, ayant compris que la révolution est inévitable, se demandent comment, dans le processus révolutionnaire, elles vont réussir à rester sur le dessus du panier. Être les "cadres" de la future société ; et se sentir importants, s'exciter sur leur piédestal d'ici-là... Le mouvement communiste, marxistes et libertaires confondus, regorge de ces personnes. La Gauche Prolétarienne en est morte… Au contraire, le révolutionnaire communiste n'est guidé que par un seul leitmotiv : SERVIR LE PEUPLE, SERVIR LE PEUPLE et SERVIR LE PEUPLE (le prolétariat et les classes populaires voisines). A vrai dire, le Parti ne devrait même pas se concevoir comme un "guide éclairé" pour les masses, mais simplement comme leur fraction la plus avancée, consciente et organisée, qui agit comme une aide, un point de repère et de ralliement, un FIDÈLE SERVITEUR. Car les vrais communistes, ce sont les masses prolétaires et populaires avancées. Fin de la parenthèse.

    De leur côté, les révisio-réformistes (comme la Youth Communist League anglaise) nous servent le même discours qu'au moment des émeutes de 2005 : "oui, c'est la société capitaliste qui est pourrie, le chômage, l'exclusion, la pauvreté", mais "la violence c'est pas bien", "nous la condamnons fermement". Ici, ce n'est pas seulement la révolte non-organisée par leurs lumières éclairées qui est rejetée, mais bien l'ANTAGONISME lui-même. Les révisio-réformistes se positionnent clairement à l'extrême-"gauche" de l'ordre bourgeois, "critiques radicaux", mais en rien porteurs d'une société nouvelle...

    Les masses prolétaires/populaires qui s'expriment ainsi (caillassage de flics et pillage d'enseignes capitalistes hors-de-prix) expriment au contraire leur soif d'une société nouvelle où chacun-e aura droit à une vie digne : le socialisme. Elles expriment leur aspiration à l'organisation, armée de la juste conception du monde et de la juste stratégie révolutionnaire, qui les aidera à atteindre ce but. Cette organisation ne pourra être formée de personnes qui prétendront expliquer aux masses qu'elles n'ont rien compris à rien. Mais au contraire de personnes décidées à servir l'émancipation du prolétariat et, par là, de l'humanité entière.

    D'autre part, parmi ce prolétariat d'Angleterre en révolte, comme en Hexagone en 2005, se trouvent de manière importante (même si non-exclusive) des personnes des minorités issues de l'immigration de travail. Il y a là une oppression spécifique (raciste) en plus de l'oppression capitaliste, et une indispensable AUTO-ORGANISATION face à cette oppression spécifique. Aller vers un BLACK PANTHERS PARTY dans les conditions spécifiques de la Grande-Bretagne et de l'Hexagone BBR, voilà une autre nécessité historique...


    Pour voir plus loin, l'article des camarades de Feu de Prairie : Comme à Londres !

    Et ce document très intéressant (en deux parties) traduit par les camarades de Libération Irlande :

    WSM : Londres brûle – causes et conséquences des émeutes, une perspective anarchiste (première partie)

    WSM : Londres brûle – causes et conséquences des émeutes, une perspective anarchiste (deuxième partie)

     

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    Suivant la ligne de conduite "ne s'interdire aucune source, du moment qu'elle dit des choses intéressantes", SLP publie ici cet article, vraisemblablement trotskysant (en tout cas repris par la LCR belge et le NPA) mais qui dit des choses très justes. Il contient quelques erreurs (de type "gauche antilibérale") qui sont soulignées en italique par SLP et font l'objet d'un renvoi (*) en bas de page.  


    Grande-Bretagne : la révolte logique


    mercredi 17 août 2011

    « Nous massacrerons les révoltes logiques » (Arthur Rimbaud)

    1. L’imagination, disait Spinoza, fonctionne comme un ensemble de conclusions séparées de leurs prémisses. C’est par un imaginaire exquis, autrement dit idéologique, que les médias ont présenté les peu surprenantes révoltes qui se sont déroulées ces derniers jours en Angleterre.

    Si l'on se forçait à regarder les événements au travers des chaînes de télévision, la question idiote la plus entendue était : « quel est l’état d’esprit maintenant à Londres ? ». La réponse logique était : « crainte et inquiétude » mais, en aucun cas, les journalistes ne posaient la question de savoir ce qui se passait et pourquoi. Avec cette logique implacable, que partage la géométrie avec l’imagination et le délire idéologique, on associait les images des jeunes pilleurs à capuches, noirs et blancs, avec la vieille peur des « classes dangereuses », cette hydre aux multiples têtes magistralement décrite dans le livre de Peter Linebaugh et Marcus Rediker. (1)

    Les pauvres étaient ainsi le côté obscur et nécessaire d’une société qui se présentait comme libre et prospère. Ce côté obscur a commencé à bouger sous les pieds des bien-pensants et à perturber leur équilibre. Ce qui se passait ne pouvait s’expliquer que par le « manque d’intégration » des différentes communautés de « couleur », dans une sorte de réappropriation de la figure du terrible « Caliban » shakespearien (2). Mais ce nouveau Caliban, dans les nombreux individus qui l’incarnaient, était souvent de « couleur blanche » et avait participé aux révoltes étudiantes massives contre le saccage de l’enseignement public provoqué par le gouvernement de Cameron.

    Pour ce dernier, tout comme pour les différentes forces de la droite britannique ou internationale, il s’agit d’une affaire « criminelle », de la délinquance qu’il faut combattre avec les moyens les plus rigoureux, en remplissant encore plus ces authentiques dispositifs du nouvel apartheid que sont les prisons. En réalité, la vague de pillages et d’affrontements avec la police de ces derniers jours n’est rien d’autre que l’envers de la violence structurelle que produit à la fois la pauvreté et la « dangerosité » des pauvres.

    2. Le Royaume-Uni, avec le Chili de Pinochet et les États-Unis de Ronald Reagan, fut l’un des premiers pays où s’appliqua la contre-révolution néolibérale*. Elle fut imposée, comme on le sait, par le déploiement de formes plus ou moins intenses de violence d’État contre les travailleurs et leurs droits. L’exemple le plus spectaculaire et sanguinaire fut, sans aucun doute, celui du Chili du dictateur Augusto Pinochet Ugarte, dont le bilan s’est soldé par des milliers de personnes assassinées par l’armée et la police et des centaines de milliers d’exilés. Le meilleur symbole de la fraternité entre les différents processus néolibéraux fut « l’émouvante » rencontre entre Margaret Thatcher et Augusto Pinochet dans le Surrey, autour d’une tasse de thé qui scella définitivement leur amitié à un moment difficile pour le vieux général.

    Les autres contre-révolutions néolibérales ne furent pas pour autant plus « douces » ; il suffit de rappeler les opérations paramilitaires de la police britannique dans le conflit des mineurs (en 1984, Ndt) ou les interventions brutales des différents États du centre et de la périphérie impérialiste contre les droits des syndicats et des travailleurs en général.

    Les épisodes initiaux de violence qui ont fondé l’ordre actuel formaient partie d’une stratégie cohérente de limitation – quand il ne s’agissait pas de pure liquidation – de la démocratie dans des pays capitalistes où les conquêtes sociales du mouvement ouvrier – unies à la nouvelle force incarnée par les pays du « tiers monde » - mettaient en péril le taux de profit du capital. Cette stratégie est décrite dans le célèbre texte de la Commission Trilatérale (3) éloquemment intitulé « La crise de la démocratie », où Samuel Huntington – le même du « choc des civilisations » – soutenait que « Le fonctionnement efficace d’un système politique démocratique requiert un degré déterminé d’apathie et de non participation de la part de certains individus et groupes ». Nous savons de quelle manière on obtint cette « apathie » et cette « non participation » au Chili et dans le reste de l’Amérique latine. Aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans les autres pays du centre capitaliste, les méthodes furent sans doute plus subtiles, mais le résultat fut le même.

    3. Depuis les années 1970, l’histoire du néolibéralisme n’est autre que celle de l’exclusion systématique des classes populaires de toute décision politique effective. C’est, en conséquence, l’histoire de la « crise de la gauche », affaiblie par son incapacité de médiation effective en faveur des intérêts des travailleurs dans le nouveau cadre social et économique post-fordiste**.

    Cette exclusion a pris les deux formes décrites et préconisées par Huntington: l’apathie et la marginalisation. L’apathie a surtout touché les « classes moyennes », qui ont cessé de s’identifier avec les conquêtes sociales de l’après-guerre et – comme les y incitaient les idéologues néolibéraux – ont placé le cœur de la « démocratie » dans le marché. Pour les autres groupes, on appliqua des mesures d’exclusion. Ces dernières ont touché de manière privilégiée les enfants des ouvriers, dont les perspectives professionnelles se sont faites sans cesse plus précaires, ainsi que les immigrés, dont les possibilités « d’ascension sociale » par le travail dans leur société d’accueil furent liquidées par la suppression des mesures de protection sociale et d’insertion.

    La combinaison de ces politiques permit d’atteindre l’objectif de réduire de manière effective la valeur de la force du travail, en augmentant l’offre de marchandises à des prix de plus en plus réduits, et divisa les classes ouvrières entre les « apathiques » et les « marginalisés ». Les apathiques furent représentés par une gauche « social-démocrate » et « euro-communiste », ainsi que par des syndicats intégrés au nouveau régime. Les marginalisés furent l’objet de mesures d’exclusion et de contrôle sans cesse plus rigoureuses.

    Dans la société britannique, mais aussi dans d’autres pays tels que la France, les marginalisés s’assimilent dans une grande mesure aux immigrés. Ces personnes, provenant des anciennes colonies, sont l’objet, depuis le blocage des possibilités « d’ascension sociale » dans les années 1970, d’une authentique politique de marginalisation coloniale à l’intérieur des métropoles impérialistes elles-mêmes : concentration dans des ghettos urbains ou des cités-dortoirs, contrôle policier permanent, humiliations racistes permanentes de la part de l’État, etc.

    La division entre travailleurs organisés, représentés, avec des contrats stables et les - sans cesse plus nombreux - travailleurs précaires s’est ainsi articulée avec une « frontière ethnique » dont la gestion repose sur la riche expérience de contrôle et de répression des « indigènes » acquise en outre-mer par les vieilles puissances coloniales européennes. Africains, Arabes, Indiens, Antillais et autres groupes d’immigrés des colonies obtenaient ainsi dans la métropole un traitement similaire à celui de leurs pères dans les pays colonisés. L’espace colonial a été transféré avec eux dans les métropoles et englobe aujourd’hui une couche croissante de précaires « blancs ». Comme l’affirmait à la BBC un historien britannique populaire et un peu réactionnaire ; « les blancs sont devenus noirs ».

    4. La « paix » néolibérale est parvenue, malgré tout, à se maintenir grâce à la substitution partielle de l’État-providence géré par les dépenses publiques par une forme supplétive d’État-providence alimenté par la rente financière et le crédit facile. Le secteur « apathique » de la classe ouvrière, tout comme l’ensemble de la « classe moyenne », fut initialement le principal bénéficiaire de ces mesures, bien que, dans une certaine mesure, au travers des « crédits poubelle », elles finirent par s’étendre aux secteurs les plus insolvables de la population. Or, nous assistons aujourd’hui à la faillite du système financier provoqué par cette substitution de la dépense publique par le crédit.

    Aujourd’hui, ni les marginalisés ni les apathiques ne peuvent plus compter sur la rente financière et encore moins avec les dépenses publiques pour obtenir des conditions de vie décentes. Du point de vue de la gestion des équilibres et du consensus social, le capitalisme est entré dans une voie sans issue. Tant en Angleterre que dans le reste de l’Europe et du monde, le capitalisme ne peut plus offrir aux classes populaires un système de protection sociale et de bien-être ; il ne peut que leur imposer par la violence un travail précaire dans des conditions de vie de plus en plus dégradées.

    Les ripostes pacifiques du Mouvement du 15-M (dans l’État espagnol) et moins pacifiques en Grèce, ou celles des jeunes de Tottenham face au pillage capitaliste participent d’un même processus mais dans des conjonctures politiques distinctes. Il y a quelques années, un groupe de jeunes français « anti-système » avait prophétiquement intitulé un pamphlet « L’insurrection qui vient ». Aujourd’hui, l’insurrection est arrivée et elle est parmi nous.

    John Brown. Publié sur : http://iohannesmaurus.blogspot.com/. Traduction française pour le site www.lcr-lagauche.be

    Notes du traducteur :

    (1) http://www.contretemps.eu/lectures/lhydre-mille-tetes

    (2) Caliban est un personnage de fiction de la pièce de théâtre La Tempête de William Shakespeare. Il s'agit d'un personnage monstrueux et vil, esclave du mage Prospero et fils de la sorcière Sycorax. Son nom serait une anagramme de « canibal » (Source : Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Caliban_%28Shakespeare%29 )

    (3) La Commission Trilatérale (parfois abrégée en Trilatérale) est une organisation privée qui fut créée en 1973 à l'initiative des principaux dirigeants du groupe Bilderberg et du Council on Foreign Relations, parmi lesquels David Rockefeller, Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski. Regroupant 300 à 400 personnalités parmi les plus distinguées et influentes – hommes d’affaires, politiciens, décideurs, « intellectuels » – de l’Europe occidentale, de l’Amérique du Nord et de l'Asie Pacifique (États dont la plupart sont également membres de l'OCDE), son but est de promouvoir et construire une coopération politique et économique entre ces trois zones clés du monde, pôles de la Triade (Source : Wikipédia)

     

    (*) : Le terme de "néolibéralisme" est couramment employé et admis dans la gauche révolutionnaire internationale. Néanmoins, il est erroné. Car il n'y a dans ce phénomène rien de nouveau, mais simplement un retour à la réalité de ce que Lénine décrivait en 1916 : l'impérialisme, l'époque des monopoles ("multinationales"), la réaction sur toute la ligne : un impérialisme libéré, depuis les années 1970-80, par le recul mondial du mouvement révolutionnaire, et la disparition d'un camp socialiste (URSS, Chine populaire) qui agissait en centre d'agrégation mondial de toutes les luttes ouvrières, populaires-démocratiques et de libération nationale. L'autre facteur, simultané (années 1970-80) étant la fin du cycle d'accumulation capitaliste 1945-75, et le retour de la chute tendancielle du taux de profit, impliquant la fin des "modèles sociaux", le renforcement brutal de l'exploitation des travailleurs/euses, le développement des guerres impérialistes pour le repartage du monde : le retour, finalement, à la situation d'avant 1914, "avec la fibre optique" en plus...

    (**) : La "gauche" bourgeoise et ses affidés petit-bourgeois et syndicalo-réformistes (aristocrates ouvriers) n'ont jamais été des "médiateurs" entre le prolétariat et la bourgeoisie capitaliste, mais le cache-sexe et le rempart de celle-ci. Cela n'a pu cependant fonctionner, dans les années 1950-60-70, que grâce au taux de profit élevé et aux surprofits de l'économie capitaliste. Ceci a aujourd'hui disparu, laissant "les réformistes sans réformes" (c'est l'autre aspect de l'époque "néolibérale", avec la défaite du camp révolutionnaire)...

     

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