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Par Servir le 24 Octobre 2019 à 10:09
Face à ce genre de manoeuvres impérialistes fascistes, rappelons encore une fois la position MLM correcte affirmée en début d'année au sujet du Venezuela (en assez nette rupture, de fait, avec la ligne quelque peu gauchiste qui avait pu dominer le mouvement dans les années 2000) :
N'oublions cependant pas les critiques du gouvernement du MAS qui, dans le pays, peuvent émaner y compris d'un dirigeant historique de la résistance indigène :
http://cronicasdelestallido.net/bolivie-felipe-quispe-le-dernier-mallku/
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Par Servir le 21 Octobre 2019 à 16:49
Un article d'un militant brésilien, Daniel Moreno, au sujet des grands soulèvements actuels en Amérique latine (à présent au Chili : chili-sept-morts-dans-les-emeutes-le-pays-est-en-guerre-dit-le-president) et de leurs perspectives ; y compris (hélas) la "possibilité du fascisme" (comme dirait Palheta), qui en l'occurrence et malheureusement a déjà triomphé dans son pays... :
Notes sur les récentes mobilisations en Équateurhttps://anovademocracia.com.br/noticias/12140-notas-sobre-as-manifestacoes-no-equador
La récente séquence de soulèvements de masse spontanés en Amérique latine ne signifie pas pour autant, en dépit de son incontestable radicalité, le configuration d'un processus révolutionnaire conscient et complet à lui seul. Sans l'élément subjectif, conscient, sans une organisation révolutionnaire du prolétariat, cette séquence risque plutôt de ne conduire qu'à une nouvelle réactionnarisation de l’État, tant par le réformisme que par la mise en place de gouvernements avec des éléments d'extrême-droite.
L'exemple le plus emblématique, peut-être pour être le premier du type "post-dictatures", a été le Caracazo au Venezuela en 1989, qui n'a de fait été que le plus grand et médiatisé d'une multitude de soulèvements violents contre les mesures économiques de Carlos Andrés Pérez.
Mais le résultat historique de ce processus aura été, faute d'une avant-garde communiste, l'accumulation d'une direction dans les secteurs "radicaux" de l'Armée et de la société civile qui ont fini par se cristalliser dans le chavisme, et sa gestion réformiste du capitalisme bureaucratique une fois au pouvoir.
En 2000, en Bolivie, une série de révoltes violentes contre la privatisation de l'approvisionnement en eau obligèrent elles aussi l’État à déclarer la loi martiale. Tous les partis traditionnels du pays moururent aux yeux du peuple, et un nouveau conglomérat de forces indépendantes, avec Evo Morales à sa tête, formèrent le Mouvement vers le Socialisme (MAS) qui allait lui aussi canaliser la colère du peuple et la domestiquer dans les urnes.
En 2001, en Argentine, un des exemples les plus emblématiques : violente insurrection populaire avec pour mot d'ordre "qu'ils s'en aillent tous !", l'Argentinazo. Ce mouvement conduisit à rien moins que deux démissions présidentielles successives en une quinzaine de jours, une séquence incroyable de crise généralisée de l'Etat qui se dessinait depuis 1998, et un état de siège. Le résultat en fut le resurgissement de la vieille aile gauche du péronisme, qui gouvernera avec le couple Kirchner pendant suffisamment de temps pour "stabiliser" les révoltes qui secouaient le pays.
Nous connaissons tous les résultats à long terme de tous ces gouvernements que nous venons de citer. [NdT : des progrès ont certes sans doute été accomplis pour la vie quotidienne des masses, en tout cas, généralement fortement ressentis au bout des premières années ; mais ensuite, cela restait du réformisme, la crise a généralement tous fini par les rattraper etc.]
En ce sens, le mouvement de 2013 au Brésil revêt un caractère intéressant : il était dirigé cette fois contre une gouvernance réformiste [celle du PT de Dilma Rousseff, qui avait succédé au célèbre Lula], qui n'a plus dès lors réussi à se réorganiser dans l’État pour pacifier le pays, la crise économique ne lui permettant de surcroît plus d'acheter la conciliation de classes.
Le résultat en a été une accélération formidable de la réactionnarisation générale de l’État [avec la destitution de Dilma Rousseff en 2016 par son propre vice-président... de droite - car le PT avait toujours gouverné en compromis avec la droite réputée "modérée" ; l'emprisonnement de Lula pour qu'il ne puisse concourir à la présidentielle et finalement l'élection de Bolsonaro en octobre 2018 ; le tout dans une ambiance de "coup d’État rampant" où la "corporation" militaire et des forces de sécurité revendique le "redressement" du pays...] ; déjà en marche depuis plusieurs années sous les gouvernements réformistes PT ; et le résultat nous le voyons aujourd'hui [Bolsonaro].
Une espèce de réactionnarisation continue que nous n'avions pas vue, dans l'ère "post-dictature", en dehors du Mexique qui [sous le long règne de 80 ans des "révolutionnaires" bourgeois victorieux des années 1910, assassins de Zapata et Villa, sortes de kémalistes locaux se voulant au départ "de gauche"] avait connu un État en réactionnarisation constante, et où la "rupture démocratique" ne s'était pas produite de manière "classiquement" latino-américaine [en effet, à contre-courant des victoires de gauche réformiste au Venezuela, au Brésil etc. : victoire en l'an 2000 d'un parti de droite conservatrice, le PAN] ; et d'Haïti, que vit sous le contrôle directe des troupes de l'impérialisme (à travers l'ONU) depuis que le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide a été renversé en 1991.
Tout ceci nous amène aux conclusions suivantes :
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Le mouvement spontané des masses populaires possède une limite, et dans les années 1990-2000, l'impérialisme a principalement eu recours au réformisme pour pacifier l'Amérique latine en lutte acharnée ; avec ce que l'on a appelé le Pink Tide ["vague rose" de gouvernement réformistes plus ou moins "radicaux" qui ont concerné presque tous les pays à quelques exceptions près : Venezuela, Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Chili, Pérou, Équateur, Bolivie, Nicaragua, Salvador etc.].
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Il existe deux grandes possibilités pour une résolution contre-révolutionnaire des soulèvements actuels, et il ne nous est guère possible de prévoir l'avenir... La première, celle de la pacification par des gouvernements réformistes, montre en effet des signaux de décadence historique ; ce qui semble tendre toujours plus vers l'hypothèse d'un réformisme lui-même balayé par la réactionnarisation générale de l’État, le "modèle" mexicain ou haïtien.
La vigilance doit toujours être constante face au réformisme, étant donné que celui-ci a maintes fois démontré être la première arme de désarticulation des luttes spontanées en Amérique latine au 21e siècle ; mais attention, le fascisme reste toujours à l'affût et c'est à lui que la Réaction a recours lorsque la crise économique, politique, idéologique et sociale atteint des niveau extrêmes, dans l'objectif de mener à bien les tâches de la contre-révolution en écrasant dans le sang les éléments hostiles à l'ordre ancien, et en corporativisant les masses populaires.
L’Équateur se trouve maintenant dans une situation similaire à celles citées précédemment : l'avant-garde du prolétariat n'est pas en condition d'imprimer immédiatement sa direction à ce grand mouvement spontané (ce qui est une évidence : ceci ne peut s'obtenir que pas à pas...), pour autant qu'il puisse même y avoir des éléments transfuges de l'Armée en confrontation directe avec la police, une instauration de l'état de siège etc.
La question que les communistes et les progressistes équatoriens doivent en fait se poser (comme en réalité tous les communistes confrontés à une telle situation de soulèvement spontané des masses), est la même que soulevait Mao dans son "Rapport sur l'enquête menée au Hunan à propos du mouvement paysan" :
"Tous les partis révolutionnaires et tous les camarades seront mis à l'épreuve par les paysans, étant acceptés ou rejetés selon les choix qu'ils auront fait. Il n'y a que trois possibilités : nous mettre à la tête des paysans et les diriger ? Rester derrière eux en nous contentant de gesticuler et de les critiquer ? Ou nous dresser devant eux pour les combattre ? Tout Chinois est libre de choisir une de ces trois voies, mais les événements obligeront chacun à faire rapidement ce choix."
La grande question en ce moment n'est pas de savoir si le soulèvement se transformera en révolution, mais si seront ou non semées les graines de celle-ci ; comme la Révolution démocratique russe de 1905 initia le processus qui devait conduire à la Révolution bolchévique d'Octobre 1917.
C'est en cela, que toute l'attention doit être portée au combat contre l'opportunisme que ne manquera pas de pointer son nez devant le développement de la situation et de ses contradictions. Le processus, tel qu'il est, ne se maintiendra pas durant un temps indéfini ; la lutte, par conséquent, consiste principalement à consolider et enraciner profondément ses forces dans les masses, pour le moment sans direction cohérente et consciente.
Rafael Correa, l'ex-président gérant réformiste du Pink Tide, s'est d'ores et déjà présenté comme ssue possible à la crise, bien que d'un point de vue économique, un gouvernement dirigé par lui soit probablement aujourd'hui la solution qui convient le moins à l'impérialisme, au regard des mesures néolibérale qu'il est nécessaire d'imposer de manière brutale. Nous n'en oublions pas moins d'où il vient : comme dans les évènements que nous avons vus précédemment, en 2005, un gigantesque soulèvement en Équateur avait poussé vers la sortie le président d'alors, le militaire Lucio Gutiérrez. Cette période de turbulences qui avait débuté en l'an 2000 avec un soulèvement général contre la dollarisation de l'économie et la fonte comme neige au soleil des économies de la population ; soulèvement au cours duquel le même Gutiérrez avait renversé le président néolibéral, valet de Washington, Jamil Mahuad (et même, de fait, déjà en 1997 lorsque Abdalá Bucaram avait été destitué suite à des mobilisations populaires similaires) ; a précisément pris fin avec l'élection de Correa et la décennie de stabilité qu'il a alors assurée au pays.
Le rejet parfois agressif dont peut faire l'objet la suggestion d'un retour à la présidence de Correa (de la part de ses ennemis politiques de droite et des traîtres morénistes bien sûr, mais aussi d'une partie des masses populaires, notamment les puissantes organisations indigènes), nous dit en réalité deux choses : premièrement, que le réformisme n'a pas résolu les problèmes qu'il avait promis de résoudre et, de ce fait, son imposture apparaît plus évidente qu'auparavant aux masses ; mais deuxièmement... que si le réformisme est hors-jeu, la possibilité objective d'une réactionnarisation plus profonde encore de l’État aux mains d'une extrême-droite est sérieusement à l'ordre du jour.
Ce qui, en contrepartie, signifie aussi la germination d'une situation révolutionnaire toujours plus aiguë, à laquelle les communistes de ce pays doivent rester extrêmement attentifs pour être prêts à la saisir au vol...
D.M.
Article d'autant plus intéressant, qu'il semble s'inscrire dans une tendance générale (après les prises de position face à la crise politique au Venezuela, ou encore face au gouvernement Moreno en Équateur) à la prise de conscience de la menace majeure représentée par l'extrême-droite au programme économique néolibéral, le "nouveau Plan Condor" ; fascisme que non, contrairement à ce qui a pu parfois être affirmé, n'est pas le réformisme que ce soit à la Chavez ou à la Lula (qui est aussi un problème, mais un autre, peut-être condamné à l'échec, peut-être son "fourrier", mais pas "la même chose"...) ; ceci après rappelons-le une grosse décennie d'intoxication intellectuelle massive du mouvement communiste maoïste, particulièrement sur ce continent puisque sa principale langue d'expression était le castillan, par la ligne liquidatrice ultra-gauchiste des "réfugiés" en Suède et agents de l'impérialisme du "Mouvement Populaire Pérou - Sol Rojo" histoires-avec-le-mouvement-populaire-perou.
Durant les années de gouvernance du PT (Lula puis Dilma), les camarades maoïstes brésiliens ont "fait leur travail" (ne l'avons-nous pas fait nous aussi ici, face à la présidence Hollande dont Macron lui-même est d'ailleurs issu ?) ; qui pour des communistes consiste à éviter à la plus grande quantité de personnes du peuple possible, de rester engluées dans les illusions du réformisme et son impuissance face à la tendance inexorable du capitalisme au fascisme. Mais à présent la situation a changé, le réformisme a eu ses succès mais aussi et surtout ses échecs ; il a fait son temps et n'est plus susceptible de canaliser la nouvelle vague de révoltes populaires qui se lève : l'offensive générale fasciste est là ; en Amérique latine sous la forme d'une droite "dure" néolibérale à la solde de Washington ; et il n'est plus possible de se tromper d'ennemi principal, ce qui reviendrait selon les mots de Dimitrov à "désorienter les masses populaires dans la lutte contre leurs pires ennemis".
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Par Servir le 9 Octobre 2019 à 14:49
https://victoriaoprimidos.wordpress.com/2019/10/08/el-pueblo-de-ecuador-se-levanta-contra-el-gobierno-de-moreno/
L’Équateur traverse en ce moment une situation pré-révolutionnaire. Les masses se soulèvent contre le gouvernement et on entend des cris de guerre populaire. Les dernières nouvelles sont que le gouvernement s'est transféré de la capitale andine Quito à la ville côtière (plus conservatrice) de Guayaquil, par crainte du peuple en marche et de ses manifestations insurrectionnelles.Voici la traduction d'un article en anglais, sur la situation, publié sur le site allemand Dem Volke Dienen :
Insurrection des masses en Équateur – l'état d'urgence déclaré
Mercredi et jeudi dernier, le président équatorien Moreno avait prévu de visiter l'Allemagne et de rencontrer la chancelière Merkel. Sa visite, cependant, a vite disparu de l'agenda lorsque l'agitation a commencé à secouer l’Équateur la semaine passée, après que l'application des diktats du FMI se soit traduite par des mesures d'un grand impact sur la vie quotidienne de la population. Depuis lors, des centaines de manifestants et de policiers ont été blessés dans des affrontements continus entre les forces de l'ordre d'un côté, et les plus larges et profondes masses populaires des villes de l'autre. Le pays se trouve à présent placé sous l'état d'urgence, avec une grève générale nationale annoncée pour mercredi prochain.
En février, le gouvernement de Moreno avait signé un accord avec le Fonds Monétaire International, pour un prêt et donc une augmentation de la dette du pays de quelques 4,2 milliards de dollars. En échange, le FMI a exigé la mise en place de tout un vaste ensemble de mesures qui devaient impacter les masses populaires équatoriennes, en particulier les plus profondes et larges, lorsqu'elles sont entrées quasi simultanément en vigueur la semaine dernière. Suite, notamment, à la suppression totale des tarifs subventionnés pour les carburants, le prix du gallon (3,8 litres) de diesel a fait plus que doubler du jour au lendemain, passant d'1 à 2,30 US$, tandis que l'essence ordinaire augmentait de 0,60 US$. Et comme si ceci n'était pas suffisant pour aggraver catastrophiquement la situation des masses, en augmentant non seulement le prix du transport mais aussi, en conséquence, celui de toutes les produits de nécessité quotidienne, d'autres mesures viennent encore s'ajouter telles que la dérégulation de la sécurité sur les lieux de travail ou la réduction des congés payés pour les employés publics.
Suite à la mise en place de ces mesures, les syndicats de transporteurs, les étudiants mais aussi de larges secteurs des communautés indigènes sont passés à l'action, affrontant le vieil État réactionnaire bureaucratique-comprador et propriétaire-terrien au service de l'impérialisme, et ont lancé divers appels à la grève. Depuis lors, le mouvement de protestation grandit rapidement. Le Capitole du Quito, siège du gouvernement a été attaqué avec des jets de cocktails Molotov par les manifestants, qui ont également élevé des barricades, brûlé des pneus et affronté la police et les militaires déployés pour les réprimer.
Pour tenter de contenir le soulèvement du Peuple équatorien contre l'imposition des diktats du FMI au service de l'impérialisme, Moreno a finalement décidé jeudi de lâcher la bride aux forces de répression en déclarant l'état d'urgence pour 60 jours. Plus de 24 000 militaires sont donc désormais déployés pour renforcer les rangs de la police dans son combat contre les masses en révolte, ce qui a conduit à des centaines d'arrestations ou de blessés graves.
Une vidéo réalisée par un camarade du FDLP montre comment les militants maoïstes sont en première ligne dans les manifestations et les affrontements, et d'autres scènes encore de la lutte héroïque du Peuple équatorien, comme ces paysans pauvres désarmant des militaires ou les masses appelant à la Guerre du Peuple au milieu des heurts avec la police et l'armée.
Plus d'informations sur la situation en Équateur, sur le blog du Frente de Defensa de Luchas del Pueblo (FDLP) :
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Par Servir le 22 Juillet 2015 à 11:25
Servir le Peuple a depuis toujours assumé (parmi les maoïstes) une position "hétérodoxe" au sujet de Cuba, considérant que nous ne sommes plus au temps de la "petite Guerre froide" sino-soviétique (celle qui considérait l'URSS comme la plus nocive et dangereuse des deux superpuissances mondiales, vision profondément erronée au regard de son effondrement quelques années plus tard, et a notamment pu conduire la Chine populaire à soutenir Mobutu, l'UNITA angolaise, le général Eanes au Portugal etc. etc.) ; une position tranchant conséquemment avec celle de la plus grande partie du mouvement à travers le monde.Nous reconnaissons que l'expérience révolutionnaire cubaine a commis de grandes erreurs et ne peut pas à l'heure actuelle (pas plus qu'elle ne pouvait réellement dans les années 1980, par exemple) nous servir de modèle absolu ; mais nous avons aussi écrit (et assumons) qu'elle est à nos yeux "la moins ratée des expériences révolutionnaires où les communistes (ceux de 1956, très faibles théoriquement et peu nombreux, plus les éléments dans la Sierra Maestra, à commencer par le Che) et le mouvement ouvrier et paysan organisé se sont placés sous la direction de la bourgeoisie nationale progressiste (qu'incarnait le Mouvement du 26 Juillet) ; les exemples négatifs étant légion (Algérie, Syrie, Congo-Brazzaville ou Zimbabwe, amenant le règne de cliques antipopulaires ; Indonésie amenant au massacre de 1965-66, Chili de l'Unité populaire, etc.)". Nous ne partageons pas les tirades de certains éléments, issus notamment de la décomposition du maoïsme péruvien (lui-même historiquement très hostile à Cuba en raison de son soutien à la junte militaire "progressiste" de Velasco Alvarado dans les années 1970), pour qui la problématique se résume à "les frères Castro sont des chiens fascistes"...
L'histoire récente à suffisamment montré qu'aborder le problème d'une expérience révolutionnaire ayant dévié de ses buts communistes (étant tombée dans le révisionnisme) nécessite une grande prudence et une grande profondeur d'analyse ; et certainement pas d'appeler au type de révolution que l'on mènerait contre un régime fasciste - à ce jour, à vrai dire, il n'existe pas d'exemple de révolution anti-révisionniste réussie ; tous les soulèvements populaires dans ce paradigme-là n'ayant conduit qu'à la restauration du capitalisme "pur et dur" à l'occidentale (et généralement sous domination occidentale) avec son lot d'immenses souffrances pour des masses populaires "regrettant", dès lors, le "paradis perdu" révisionniste. Il n'y a donc pas de place pour les raisonnements "grosse gueule" et l'imbécilité*.
Ce processus de dégénérescence des révolutions et de restauration progressive d'une société inégalitaire (au lieu d'avancer vers le communisme, c'est-à-dire la disparition de tout inégalité et hiérarchie sociale), nous l'avons en vérité déjà analysé et ce n'est pas (en réalité) une question de prendre untel ou untel et de lister ceci ou cela qu'il a pu dire (ou ne pas dire) d'"erroné", "opportuniste" etc. etc. (chercher à "piéger le révisionnisme au détour d'une formule" disait Lénine) ; tout ceci n'étant que la traduction dans la pensée du problème.
Le vrai fond du problème c'est que :
1°/ La révolution ne peut se faire sans Parti révolutionnaire, sans avant-garde (n'en déplaise à ceux/celles qui s'imaginent que leur organisation anarchiste ou leur syndicat révolutionnaire ou leur squat autonome/autogéré, autrement dit leur groupe de personnes ayant compris avant les autres qu'il faut faire la révolution, n'en est pas une) ;
2°/ Ce Parti révolutionnaire d'avant-garde, tout en étant indispensable, ne peut pas être "pur" et "parfait" (bien qu'il s'efforce au quotidien d'être le "meilleur" possible). Les individus qui le composent "viennent" du capitalisme, sont nés et ont toujours vécu dans une société capitaliste, et en portent les stigmates dans leur conception du monde. Il est d'autre part impossible d'éviter que le Parti, se constituant au sein de la société capitaliste (pour justement renverser celle-ci), ne compte pas en son sein des opportunistes c'est-à-dire des personnes pour qui la révolution n'a pas pour but de SERVIR LE PEUPLE, d'émanciper les exploités et les opprimés, mais simplement de remplacer les anciens dominants par... eux-mêmes, se faisant nouveaux "patrons". Pour bien montrer que ce n'est pas une question de dire ceci ou cela, le discours de ces personnes peut être "modérantiste", "possibiliste", "conciliateur avec le capitalisme" etc. etc. mais aussi (très souvent !) ultra-radical, "plus révolutionnaire que moi tu meurs", allant jusqu'au traitement des contradictions au sein du peuple comme des contradictions avec les ennemis du peuple (autrement dit fusiller tout le monde pour un oui ou pour un non), jusqu'à se révéler finalement pour ce qu'elles sont : des néo-bourgeois, de nouveaux maîtres. Puisque ce que veulent ces personnes n'est pas l'abolition de la société de classes mais le remplacement d'une classe dominante par une autre (eux-mêmes), l'on peut oser un parallèle avec la Révolution bourgeoise "française" (qui consistait précisément en cela) et l'on se rend alors compte qu'effectivement, de part et d'autre de l'idéaliste égalitaire rousseauiste (et idiot utile) Robespierre, ces révolutionnaires bourgeois qui voulaient prendre la place de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie aristocratisée d'Ancien Régime et qui allaient devenir les thermidoriens une fois la tâche accomplie (menace contre-révolutionnaire conjurée, bourgeoisies de province matées et rébellions paysannes écrasées) pouvaient certes tenir pour certains (Danton) un discours "modéré", mais aussi pour d'autres (très souvent) un discours ultra, "guillotineur à outrance", "impitoyable avec les ennemis de la Liberté" etc. etc. avant de devenir les plus grands réactionnaires (thermidoriens et bien souvent bonapartistes) qui soient - les Fréron, Tallien, Fouché, Barère, Dumont etc. etc. Un phénomène revu à l'identique en URSS après la mort de Staline !
3°/ En reflet et parallèlement à cela, la révolution elle-même ne fait pas régner l'égalité absolue et le communisme du jour au lendemain : elle n'est que le point de départ d'un long processus, d'une longue transition vers le communisme (négation du capitalisme par le communisme) que les marxistes appellent socialisme. Et la veille de ce point de départ régnaient le capitalisme et la société de classes, et cela depuis des siècles : c'est dire si toute division du travail et hiérarchie que ceci suppose, toute idée/conception réactionnaire issue du capitalisme voire de la féodalité, tout rapport social inégalitaire ne "disparaît" pas ainsi comme par enchantement (il s'agit, précisément, de lutter pour les faire disparaître !) et "marque" la société pendant encore des dizaines et des dizaines d'années ;
4°/ Le processus révolutionnaire socialiste est par nature et du fait de ce qui vient d'être dit confronté à des difficultés colossales ; non seulement parce que tout le monde (anciennes classes dominantes du pays en question et classes dominantes étrangères toujours au pouvoir) "veut sa peau" mais aussi parce que le marxisme est une science vivante et évolutive, "parfaite" ni dès Marx et Engels ni après Lénine ni même après Mao mais au contraire en perfectionnement permanent, et qui se heurte donc à des limites dans sa compréhension et son traitement des problèmes qui se présentent à lui.
=> Ces deux derniers points (3 et 4) sont ce qui permet précisément et matériellement à ce que nous avons vu en 2 (inévitable au regard du point 1) de prospérer - et le fait que cela prospère, "stoppe" la marche vers le communisme et amorce un "demi-tour" vers le capitalisme est ce que nous appelons le révisionnisme, phénomène objectif et non corpus doctrinal clairement défini, qu'il est donc illusoire de traquer à travers tels ou telles propos, idées, positions etc. Ce phénomène de transformation en nouvelle classe dominante/exploiteuse peut même affecter des personnes qui étaient des révolutionnaires sincères et peu criticables au point de départ, ce qui peut être affirmé sans guère de doute au sujet des frères Castro - mais aussi de bon nombre de dirigeants soviétiques, chinois, vietnamiens etc., tous pays où le capitalisme à été totalement restauré à ce jour [on pourrait encore citer le cas de la trahison de la Guerre populaire au Népal (lire aussi ici)].
Quant à la solution... elle est précisément celle que si nous l'avions clés-en-main cela se saurait, car nous serions alors très proches (presque un siècle après la Révolution bolchévique d'Octobre 1917) d'un monde communiste. La lutte livrée en Chine contre la "voie capitaliste" dans les années 1960 et début 1970, donnant mondialement naissance à l'étape maoïste de la pensée marxiste, a sans aucun doute ouvert la plus importante piste de réflexion à ce sujet (c'est pourquoi nous nous définissons maoïstes !) ; mais elle n'a pas pu elle-même contrer le processus dans ce pays (où le capitalisme a été totalement restauré, et dans sa pire forme qui soit). La solution à ce problème reste donc encore à penser, élaborer et formuler à l'instant où nous écrivons.
Ce qui est certain en tout cas c'est que le processus entamé avec la terrible crise traversée par Cuba suite à la chute de l'URSS, à laquelle elle avait dramatiquement lié son économie, est désormais entré dans une nouvelle étape : le gouvernement cubain et l'impérialisme US viennent d'annoncer leur intention d'"enterrer la hache de guerre" et de "s'ouvrir" l'un à l'autre - les implications de cela pour un pays de 11 millions d'habitant-e-s face à la première puissance mondiale, située à 150 km de ses côtes et dont elle fut jadis le protectorat et le grand bordel à touristes, ne peuvent que faire frémir.
C'est donc une "heure de vérité" qui est arrivée pour le Peuple cubain et les (encore nombreux, la preuve ci-dessous) révolutionnaires en son sein : il n'est désormais plus possible de se contenter de dire "nous n'avons pas cédé à la vague néolibérale mondiale" ; il va désormais falloir, face aux terribles épreuves qui s'annoncent, repenser la lutte pour le communisme sur la base de ce que Cuba a été et (malgré tout) continue d'être pour des millions d'hommes et de femmes - le "premier territoire libre" et le phare révolutionnaire des Amériques.
C'est ici qu'intervient l'excellent site latino-américain Pueblos en Camino ("Peuples en Marche") pour nous offrir une contribution d'une valeur inestimable... puisqu'il s'agit du témoignage et des réflexions d'un jeune révolutionnaire communiste de l'intérieur même de l'île aux barbudos. Puisse celle-ci représenter un début de piste pour cette indispensable réflexion que doit impérativement affronter le mouvement communiste international : comment reprendre le chemin du communisme à partir d'une expérience révolutionnaire parvenue à son stade ultime de dégénérescence terminale !
Critique, autocritique, débat franc et ouvert, confrontation de lignes : c'est ainsi que l'on avance dans la compréhension communiste du monde !
Cuba face aux défis du Capital et nos luttes en tant que Peuples
Luis Emilio Aybar est un jeune cubain qui croit au socialisme et en un projet révolutionnaire. C'est à partir de ces convictions, d'un engagement sans faille et d'une profonde connaissance de son Peuple et de son pays dans le contexte actuel, qu'il analyse dans cet article que nous partageons l'impact et les perspectives pour le socialisme cubain du rétablissement des relations entre Cuba et les États-Unis, après l'annonce faite par Obama le 17 décembre.Luis Emilio affronte et confronte des réalités connues mais habituellement non reconnues, au point que de tant les nier quiconque les signale se voit désigner comme un ennemi de la révolution ou comme un agent de l'impérialisme. Fréquemment, comme nous le savons hélas, ces ostracismes viennent de l'extérieur et sont le fait de personnes qui depuis le confort de la théorie et de leurs désirs voudraient qu'à Cuba se passe ce qui n'est pas en train de se passer. Mais cette fois-ci il y a quelque chose de plus, une caractéristique fondamentale et une essence évidente dans le texte et dans son auteur : il ne s'agit pas d'un libéral ni d'un agent de l'impérialisme, d'un petit bourgeois aspirant à la consommation et encore moins d'un aigri qui cherche à se sauver, usé par la déception et l'effort quotidien. Il s'agit de quelqu'un qui aime son Peuple, son pays et ce qui y a été conquis sur le plan de la culture, de l'éthique, d'une solidarité et d'une dignité sans pareilles.
Luis Emilio s'exprime depuis là-bas et du haut d'une formation évidente, sérieuse et disciplinée qui lui permet de savoir ce qu'est le capitalisme et de le rejeter ouvertement sans besoin de longues analyses, simplement parce qu'il sait que fondamentalement, le capitalisme est un système criminel exploite et méprise en même temps qu'il se masque et ment. Il sait que Cuba est menacée par le projet capitaliste qu'incarne Obama, et par la subtile stratégie d'occupation que sa démarche initie. Tout comme il sait que ce socialisme conformiste, rigide, excluant, autoritariste, hiérarchique, isolé, qui a faim et qui se méfie de son propre Peuple est la pire menace qui puisse peser sur la voie du socialisme, en même temps que la meilleure opportunité offerte au capitalisme pour s'imposer [NDLR c'est effectivement un principe dialectique : les choses périssent d'abord et avant tout de leurs propres défauts et limites internes].
C'est là un texte éloquent, direct et franc, qui nous remplit de joie au milieu de l'inquiétude pour ce qui peut arriver à Cuba. Joie parce que nous savons qu'il y a là-bas, au milieu de toutes les difficultés, des personnes qui malgré tout partagent un projet anticapitaliste et aiment leur Peuple, qui sont disposées à s'inscrire dans l'internationalisme des luttes populaires et possèdent un bagage de formation, de connaissances et de dignité qui pour tout dire nous manque.
Aujourd'hui, face à ces paroles, nous ne pouvons pas seulement nous contenter d'attendre de voir ce qui arrive, ou d'espérer que le Peuple cubain sache se défendre, mais nous devons faire que ces voix soient entendues et assumer la responsabilité et la décision de soutenir la résistance et les transformations nécessaires, au-delà des erreurs et des risques des réformes en cours, pour nous joindre à la construction par en bas et depuis la gauche, rénovée, fraîche, consciente et critique de la Cuba populaire et socialiste, libre et nôtre dont nous avons besoin. Pour que le socialisme cubain jaillisse de sa propre expérience et de son propre Peuple, tous et toutes nous sommes Cuba.
- Pueblos en Camino
17 décembre, les défis pour Cuba
Au cours des jours qui ont immédiatement suivi la nouvelle, je n'ai seulement trouvé qu'un seul article qui introduise dans les journaux nationaux une approche nuancée de la problématique : "Il faut une certaine hauteur de vue pour se rendre compte que les temps à venir pour la Révolution cubaine s'annoncent beaucoup plus complexes et subtils qu'ils ne l'ont été. La voie confortable de la coexistence peut nous submerger et nous désarticuler, s'emparer de nos lacunes dans tous les domaines, profiter de nos erreurs et de nos atavismes" ("Sans baisser la tête", José Alejandro Rodríguez, Juventud Rebelde, 18 décembre 2014).Nous vivions au milieu de soubresauts où il était difficile de distinguer clairement la portée et la signification des évènements. J'ai pu entendre personnellement des phrases telles que "Maintenant ça y est, par ici les investissements, tous à manger au McDo !!", "Le blocus c'est terminé", ou celle-ci un peu plus inquiétante : "J'ai beaucoup aimé le discours d'Obama, très sensé et respectueux". Les dessins humoristiques montraient Obama en train de boire de la Bucanero [bière cubaine], tandis que les médias nationaux peignaient un tableau de victoire totale pour la révolution.
Au cours des semaines suivantes émergèrent des analyses déjà plus équilibrées, mais en réalité aucune n'a véritablement surmonté cette attitude de confiance absolue en la victoire qui caractérise le discours officiel, attitude reposant sur un diagnostic incroyablement complaisant des forces et des faiblesses du pays.
Le présent article s'efforcera de fournir une analyse critique du socialisme cubain et des réformes en cours qui servira de cadre pour comprendre les défis du probable changement dans les relations avec les États-Unis. Il se distanciera d'une vision pragmatique toujours plus répandue selon laquelle la normalisation ferait partie du processus naturel d'adaptation de Cuba au monde qui l'entoure ; et il défendra la nécessité d'un projet socialiste rénové comme orientation stratégique dans le nouveau scénario.
Le discours d'Obama
Obama a fait preuve de beaucoup de sagacité et d'une grande cohérence dans l'exposé tactique de sa décision, laissant peu de vides dans son argumentation :
Il a démontré l'inefficacité de la politique antérieure sans aller jusqu'à questionner sa légitimité : "Bien que cette politique ait été basée sur les meilleures intentions, aucune autre nation ne nous a appuyé dans la mise en place de ces sanctions qui ont par conséquent eu peu d'impact, sinon d'offrir au gouvernement cubain une justification pour imposer des restrictions à son peuple".
Il a argumenté avec efficacité la nouvelle politique de "puissance intelligente" vis-à-vis de Cuba : le contact "de peuple à peuple" et le citoyen américain comme "meilleur ambassadeur potentiel de nos valeurs", le soutien au "secteur privé émergent", l'intégration des deux économies et le rôle "démocratisant" de la "libre circulation de l'information".
Il a reconnu des éléments positifs dans le gouvernement cubain : l'envoi de médecins pour combattre l'épidémie d'Ebola, la libération de deux agents états-uniens, la décision de développer l'accès à internet, l'engagement auprès des institutions internationales.
Il s'est distancié d'une possible complicité idéologique avec l'adversaire : "J'ai dit clairement à Raúl Castro ma conviction que la société cubaine se trouve entravée par les restrictions imposées à ses citoyens" - et il a dressé l'inventaire de points de désaccord avec sa gestion gouvernementale.
Il a fait la promotion d'une image de confiance et de bonnes intentions vis-à-vis du Peuple cubain : "Je vais être honnête avec vous aujourd'hui", "aujourd'hui les États-Unis veulent se convertir en associés pour que la vie des simples citoyens cubains soit un peu plus facile, libre et prospère". Il s'est démarqué de toute possible soif de domination, privilégiant un discours d'aide à l'émancipation : "nous pouvons aider le Peuple cubain à s'aider lui-même". L'utilisation de codes propres à la culture nationale cubaine est venue compléter une atmosphère générale de "dialogue complice" : la référence à Carlos J. Finlay, la citation de José Martí, la phrase populaire "c'est pas facile"...
Enfin, il a fondé à chaque instant son discours sur des principes et des intérêts universels : "Un avenir de paix, de sécurité et de développement démocratique est possible si nous travaillons ensemble non pas pour nous maintenir au pouvoir, non pas pour protéger les intérêts acquis, mais pour réaliser les rêves de nos citoyens".
Obama a fait preuve de tout le bon sens requis par les objectifs tactiques de son discours et de tout le respect qui doit aller avec le nouveau modèle de soft power. Si une quelconque valeur peut lui être reconnue, elle a moins à voir avec une supposée bonté contenue qui aurait fini par voir le jour qu'avec l'audace d'un pas en avant polémique mais bénéficiaire pour les intérêts américains, y compris pour son propre avenir de politicien professionnel. Il faut bien faire la différence, comme le fait Rafael Hernández, entre le Président Obama comme pièce d'un mécanisme de pouvoir complexe et multidimensionnel, et la personne Barack.
L'instrumentalisation politique présente comme du charisme, une vocation humaniste et de la fiabilité ce qui est en réalité l'intérêt particulier d'un groupe de pouvoir. Il doit y avoir un sacré nombre de personnes à Cuba qui ont vibré ce jour-là au ton proche et sensé du discours. Pour la première fois depuis bien longtemps, nous avons pu voir un président des États-Unis parler en direct. Pour la première fois, pour autant que je m'en souvienne, le discours complet d'un président des États-Unis a été publié dans le journal Granma.
La bonne nouvelle arrive cependant chargée de tout le poids du désarmement idéologique qu'implique le fait de n'avoir - justement - jamais fait cela auparavant. Tout l'effort de pédagogie anti-impérialiste qui a formé la majorité des Cubains et des Cubaines a toujours eu un point faible : nous avoir arrachés au contact avec les "influences négatives" de l'étranger, telles que définies par quelqu'un au pouvoir, et en particulier à celles pouvant mettre en danger nos propres idées. L'on ne diffuse jamais qu'un seul type de nouvelles, l'on réfute les idées contraires de manière manichéenne, et l'on cache les contradictions des gouvernements amis. Nous savons bien que ce n'est guère différent dans le reste du monde, mais il se suppose que la Révolution cubaine cherchait précisément à construire un modèle de société alternatif.
Le problème a toujours été, intrinsèquement lié à la logique même du pouvoir, le manque de confiance en la capacité du Peuple cubain à tirer ses propres conclusions. Bien sûr, cette capacité doit être formée et il est plus facile de défendre une idée progressiste en enlevant les pierres du chemin que d'éduquer au discernement entre différentes opinions. Mais malheureusement, année après année, les principes les plus fermes sont allés en se dissipant devant les récits miraculeux des émigrés à l'extérieur, la vie confortable et sans pauvreté montrée par les films nord-américains, montrant par là que la méthode choisie pour former des révolutionnaires n'était pas forcément la plus efficace. Le citoyen de la rue sait fort bien, par ailleurs, que tant parler des "malheurs du monde" sert aussi à justifier les erreurs ici ; et il a petit à petit relégué le discours anti-impérialiste au fond du cagibi de ce que l'on appelle communément la "langue de bois politique".
Le résultat global de cela est qu'une grande partie de la population se trouve en réalité peu préparée à affronter la machine idéologique capitaliste et sa sophistiquée "illusion de vérité", ce qui se voit par exemple avec la consommation acritique par des canaux informels d'émissions telles que "Caso Cerrado" ou le "Noticiero Univisión" [émissions de la télévision impérialiste US en castillan - les chaînes Telemundo et Univisión].
Le discours public de la révolution, tant sur les aspects internes qu'externes, a laissé beaucoup trop de vides au fil des ans. Dans tous ces domaines, nous avons laissé un boulevard à l'ennemi : certains n'ont-ils pas vibré à lire que "le blocus a offert au gouvernement cubain un prétexte pour imposer des restrictions à son peuple" ? Obama cherchera à asseoir son leadership sur la population à partir de courants d'opinion déterminés qui ont déjà leur propre histoire au sein de la société cubaine.
Nous espérons que continue la saine pratique de publier ces arguments, mais aussi - de manière tout aussi massive - la publication de ceux d'autres secteurs socialistes ayant une vision différente des problèmes du pays et de la manière de donner de "ré-oxygéner" l'hégémonie anti-impérialiste.
Les idées révolutionnaires ne peuvent pas s'imposer dans le monde en isolant les gens de la "source du mal", mais au contraire par une accumulation de sens critique dans la citoyenneté, au contact d'idées différentes et contraires.
Les avantages comparatifs
Un exercice plus intéressant que d'identifier le possible gagnant du 17 décembre, est d'évaluer qui pourrait tirer le meilleur parti du nouveau scénario dans les prochains temps. En accord avec l'objectif déclaré de cet article, nous nous concentrerons sur le cas cubain.
Nous avons considéré jusqu'ici notre côté du conflit comme homogène, utilisant des notions englobantes telles que "Cuba", "la Révolution" etc. etc., mais il est maintenant nécessaire d'établir quelques distinctions.
Une analyse politologique traditionnelle examinerait le rapport de force entre les deux gouvernements, et userait de termes plus tangibles et moins idéologiques. Je préfère pour ma part parler du point de vue de la citoyenneté et traiter de la confrontation entre deux projets, le projet impérialiste des États-Unis sur Cuba et le projet socialiste de la Révolution cubaine. Ce parti pris fait face à deux grands obstacles :
a) L'identification du gouvernement et de l’État cubain avec la Révolution, fortement favorisée par le groupe social au pouvoir et assumée de manière passive ou même active par une grande partie de la population. Une telle identification amène à comprendre la politique de l’État comme l'incarnation du projet socialiste. Nous nous distancierons ici de ce point de vue et parlerons plutôt de révolution dans une double signification : celle de tissu social tourné vers des objectifs historiques déterminés ; et comme accumulation historique de valeurs et pratiques sociales. Un gouvernement s'identifie à une révolution dans la seule mesure où ses politiques permettent de réaliser le premier, et de reproduire et amplifier la seconde. Il faut également souligner ici que les groupes à l'intérieur d'une révolution ne sont pas homogènes, et ne comprennent pas tous de la même manière les contenus et les moyens de réalisation de ces buts.
b) Les problèmes dans la définition même du projet. Le seul projet mis en avant durant de nombreuses années a été la conservation des acquis révolutionnaires, combinée avec la stratégie de survie face aux difficultés économiques du pays. Les réformes des années 1990 ont apporté quelques nouveaux contenus et en ont récupéré d'autres, mais ont laissé sur pied beaucoup trop d'éléments du passé. Il en a été de même lors de la "Bataille des Idées" (2002-2007). Au-delà de la marge de discussion et de redéfinition qui a pu être possible durant la période critique de 1990-96, le projet restait sous-entendu ou se réduisait à ce que proposait Fidel. Les récentes réformes ont répondu à la nécessité de survie par une politique plus inclusive, qui promet des changements structurels de fond, mais elles ont reproduit le même vieux problème : la visualisation, à travers le contrôle de l'espace public, d'une unique proposition pour le pays. Ceci revient encore à laisser peu de possibilités d'influence à ceux qui questionnent le fondement stratégique des changements.
Une voie intéressante pour gagner en clarté pourrait être celle que propose Juan Valdés Paz. Pour l'auteur, la Révolution cubaine est un projet inachevé qui n'a pas pleinement atteint ses objectifs. Il définit ces objectifs suivant un certain nombre de lignes directrices telles que l'indépendance totale du pays, le développement économique, la justice sociale, la démocratie populaire et une dernière plus englobante encore : parvenir à un changement culturel qui en fasse définitivement une alternative au capitalisme.
Ces buts sont réellement identifiables dans les différents discours conformant le tissu politique révolutionnaire, bien que chacun ne soit pas compris de la même façon, ni la manière dont ils s'articulent entre eux. Ils offrent une plateforme minimale pour parler du projet socialiste cubain. La question devient alors à quel point la nouvelle stratégie nord-américaine peut menacer la réalisation de ces objectifs, et a contrario de quelles conditions disposons-nous pour permettre que le nouveau scénario opère en leur faveur.
Le centre du questionnement s'élargit alors du terrain du pouvoir politique à celui de l'hégémonie, et nous évitons d'en rester au simple problème de "renverser les Castro" alors que la nouvelle stratégie semble avoir un point de vue plus complexe : dépouiller lentement la Révolution des caractères anti-systémiques qu'elle peut conserver, comme base pour pouvoir influer sur la conduite du pays.
Les États-Unis n'ont pas beaucoup d'espoirs s'ils concentrent leurs efforts sur un changement de l'équipe au pouvoir (leur objectif prédominant jusqu'à présent), étant donné que n'existent pas à Cuba les conditions d'une transition abrupte comme celle qu'ont connue les pays d'Europe de l'Est. En revanche, une plus grande intégration entre les deux sociétés - fondamentalement entre les deux économies - peut stimuler le processus de transformation progressive des valeurs et des pratiques sociales auquel nous sommes en train d'assister jusqu'à arriver au jour où nous serons devenus un autre pays, même si celui-ci reste qualifié de "socialiste".
Le Vietnam et la Chine, par exemple, ont vu changer lentement leur mentalité et sont aujourd'hui des pays totalement intégrés au système capitaliste mondial. Les États-Unis n'ont pas réussi dans leur cas à percer la cuirasse des pouvoirs établis, mais rien ne garantit qu'ils n'y parviennent pas à Cuba et dans tous les cas ils préfèreront toujours un pays incommode mais conforme au reste du monde, où les capitaux nord-américains peuvent entrer et sortir librement, qu'un pays dominé par des fondements culturels et politiques incompatibles avec les leurs.
Obama semble le tenir pour clair lorsqu'il dit que : "[...] ceci nous offre une opportunité d'obtenir un résultat différent, pour que Cuba s'ouvre dès à présent au monde d'une manière jamais vue auparavant. [...] Et avec le temps, ceci corrodera cette société tant fermée et alors, je pense, offrira les meilleurs possibilités de mener vers plus de liberté et une plus grande autodétermination pour le Peuple cubain. [...] Bien sûr, comme ceci va changer la société, le pays, sa culture spécifique, cela pourrait arriver rapidement ou plus lentement que je ne le souhaiterais, mais cela va arriver et je pense que ce changement de politique de notre part va favoriser cela. [...] Ce qui est certain c'est que nous allons être dans de meilleures conditions pour réellement exercer une influence, et utiliser alors la carotte aussi bien que le bâton".
Est-il possible de dire qu'il n'existe pas de tendances propices dans notre société du point de vue de ces objectifs ? La pauvreté, d'année en année, a eu pour conséquence que la vie de beaucoup de personnes se réduise à l'immédiatisme de la survie matérielle, lequel tend naturellement à se convertir en ambition consumériste. La manière simpliste et auto-justificative dont ont été présentés les "malheurs du monde", combinée avec les témoignages des émigrés et l'influence des médias, a produit une image édulcorée du monde capitaliste et y compris des États-Unis comme espace idéal pour satisfaire ces nécessités. Qu'un patron, propriétaire de l'entreprise, te paye un salaire et se garde la majeure partie de ton travail est vu de manière incroyablement naturelle.
L'organisation hiérarchique du socialisme national a contribué en ce sens, vu qu'en considérant notre espace micro il n'y a pas beaucoup de différences entre le gérant d'une entreprise d’État et le patron privé - ce dernier gagnant même plus, désormais. Les gens ont devant eux deux options : le socialisme bureaucratique inefficace, pauvre et autoritaire dans lequel nous vivons ; ou le capitalisme séducteur et d'abondance qui est entré dans nos têtes et dans lequel, si les autres peuvent rester ou devenir pauvres, j'ai au moins une chance de prospérer.
Pour autant, ce qui a désintégré le tissu social révolutionnaire à Cuba n'est pas la crise économique à elle seule, mais aussi l'articulation entre le crise et l'incapacité à refonder un paradigme émancipateur. Nous en sommes arrivés à un point où le laisser-aller se combine avec l'inertie d'avoir appris à attendre que d'autres décident, et tout ceci laisse le Peuple cubain relativement sans défenses face à l'avenir.
Heureusement, ceci n'est qu'une partie de la vérité. Comme l'a souligné Rafael Hernández, nous pouvons ne pas être préparés mais être quand même capables. Il y a à Cuba une grande réserve de dignité, de bon sens, d'anti-impérialisme, de solidarité et de sens du droit qui a jusqu'ici empêché la déconfiture totale et qui peut être activée pour se défendre ou pour avancer. Certains veulent s'enrichir, d'autres seulement arriver à la fin du mois avec le fruit de leurs efforts, et ils ne sont pas peu nombreux ceux qui sont conscients qu'il y a toujours quelque chose de risqué dans la relation avec les États-Unis. Il y a des gens qui ne seraient certainement pas ravis si on leur enlevait la polyclinique du secteur, ou si on leur fermait leur centrale sucrière ou leur école ; et de nombreux espaces sociaux sont dominés par des liens inclusifs d'appui mutuel [les expériences de résistance de ce type sont éphémères et peu diffusées, mais certaines ont pu contribuer à freiner certaines décisions, comme la fermeture de certaines centrales sucrières ou d'une école primaire dans le quartier de Marianao]. La majorité des Cubain-e-s a incroyablement intériorisé ses droits, y compris le droit d'être écouté.
En termes de forces agissantes, il y a dans le gouvernement un secteur "inconditionnel" qui a le problème de très peu se remettre en question, mais qui se différencie de l'opportunisme diffus de ses collègues et qui possède des convictions proches d'un projet socialiste. Il y a aussi, à l'intérieur comme au dehors des institutions, un secteur critique qui tente de contourner les formules traditionnelles (capitalisme typique/socialisme étatiste/socialisme nominal) et de promouvoir des alternatives. Il y a, enfin, un Pouvoir établi arbitraire et incohérent qui ne cherche que sa propre reproduction, mais qui maintient des lignes de continuité avec la tradition anticapitaliste et anti-impérialiste de la politique nationale. Ceci nous donne l'opportunité de mener la lutte pour l'orientation du processus depuis l'intérieur et non seulement à travers l'opposition.
L'inventaire pourrait encore continuer ; l'important est de parvenir à libérer les forces formées par la révolution elle-même et de les utiliser pour créer, ce qui est la meilleure façon de défendre.
Dans quelle mesure les réformes actuelles peuvent-elles contribuer dans cette direction ; aider à préserver les acquis accumulés et réaliser les objectifs historiques ? Quelles capacités seront déployées pour mettre à profit l'ouverture aux États-Unis et toutes les ouvertures en fonction de ces objectifs ?
La ci-nommée Actualisation du modèle économique a amené quelques bonnes nouvelles : élimination de règles obsolètes ou absurdes, rationalisation de la gestion gouvernementale, atténuation de la censure politique, réduction de la concentration excessive du pouvoir étatique et remplacement du court-termisme par une stratégie de développement à court, moyen et long terme. Ce sont là des aspects avec lesquels il est difficile de ne pas être en accord, s'ils sont considérés séparément. En revanche la discussion émerge devant la conception globale de la réforme, c'est-à-dire le diagnostic des problèmes du pays et leurs solutions.
Son "ordre du jour" peut être résumé de la manière suivante :
Le problème fondamental, l'épreuve pour le socialisme à Cuba est l'économie. L'économie consiste essentiellement en la production d'articles de consommation, et si l'on ne dispose pas de ceux-ci l'on ne peut pas satisfaire les objectifs sociaux de la Révolution. Le mauvais fonctionnement de notre économie est lié à l'excès de centralisation et de concentration étatique, au manque de stimulant économique pour le travailleur et à l'arriération technologique et managériale de l'entreprise cubaine.
Nous devons diversifier les formes de gestion, décentraliser l'entreprise d'Etat et accroître l'investissement étranger. Le caractère socialiste de ce processus est garanti par le fait que l’État maintiendra le contrôle des moyens fondamentaux de production, fera primer le plan et non le marché, subordonnera l'investissement étranger aux objectifs de développement propres et ne laissera personne sur le bord de la route, sans protection.
L'objectif assumé clairement par cette nouvelle politique est le développement économique. Le reste est conçu comme des conquêtes à préserver, liant très directement le développement avec la possibilité de maintenir la justice sociale et l'indépendance. Le système de Pouvoir populaire n'est pas remis en question en tant que tel, mais l'on cherche à le perfectionner et à en décentraliser la gestion pour améliorer sa réponse aux besoins locaux. La conquête vue comme la plus menacée est le changement culturel, et pour cela on en appelle au rôle formateur de l'école, aux moyens de communication et aux institutions de la culture.
Pour autant, une première limite est de ne pas visualiser le problème dans son intégralité, en considérant les énormes lacunes qui existent dans chacune de ces sphères et qui expliquent en grande partie le problème économique. Comme le fait remarquer Jorge Luis Acanda, il a beaucoup été fait appel aux stimulants économiques et moraux pour les travailleurs mais peu aux stimulants politiques : la possibilité qu'ils puissent avoir un rôle dans la manière dont se gère et se distribue leur travail. Énormément d'expériences coopératives et autogestionnaires, où les travailleurs définissent en assemblée les lignes directrices de l'entreprise et contrôlent sa gestion administrative, ont démontré à travers l'histoire le grand potentiel productif de ce modèle qui pourrait s'incorporer à la gestion étatique elle-même.
L'on pourra dire que le socialisme cubain est conçu ainsi... Mais ont également été conçues et pratiquées beaucoup de choses qui opèrent dans le sens contraire. Je me souviens que durant la discussion des orientations générales à l'Assemblée, quelqu'un a demandé pourquoi n'était-il pas fait référence à la participation des travailleurs et Marion Murillo répondit que cela serait vu au fil de la mise en œuvre. Ou encore à un autre moment où fut demandé si contractualiser la force de travail ne signifiait pas l'exploitation, et la Ministre de la Justice répondit que non car ces travailleurs étaient "protégés", avaient "droit à la retraite", "à un salaire minimum" et à "tous les bénéfices de l’État". Ces deux anecdotes reflètent deux des grands problèmes de notre socialisme : le renforcement du Pouvoir populaire comme discours et non comme pratique, et le socialisme réduit à la redistribution.
Vu que les stimulants moraux et les appels à la conscience révolutionnaire ne fonctionnent plus (il est difficile de sentir que quelque chose est à toi simplement parce que l'on te dit que c'est à toi...), restent alors les stimulants économiques et les mécanismes dynamisants propres au capitalisme. Ceci se heurte à présent à un problème, et ce problème est que l'on rentre dans les règles du jeu du système que l'on prétend détruire. Le gouvernement états-unien voit très clairement cela ; mais ici on pense que l'on pourra atténuer les effets de l'inégalité grâce à un État fort et que par l'action culturelle depuis l'extérieur de l'économie il sera possible d'éviter le triomphe de la superficialité, de la compétition, du consumérisme et de l'individualisme.
C'est ce raisonnement précis que je considère erroné. L'économie ne se réduit pas à produire des choses ; elle implique aussi des êtres humains et la manière dont ils s'organisent influe sur leur conduite, leurs valeurs, leurs perceptions [là ce sont des propos pratiquement maoïstes NDLR]. On ne peut pas affronter un système avec des moyens qui relèvent de sa propre nature. Il faut porter un regard d'ensemble sur l'espace productif et viser l'égalité, la démocratie et le changement culturel depuis celui-ci même ; sans quoi il faudra corriger chaque jour ce qui se dérègle lorsque les personnes vendent leur force de travail avec pour seule motivation de toucher leur argent à la fin du mois et de consommer, ou lorsqu'elles se déconnectent des problèmes collectifs dans le dédale bureaucratique d'une entreprise d’État.
Il est clair que nous avons un pays en crise, avec des symptômes évidents de désintégration sociale et peu habitué à la participation démocratique. Personne d'un minimum sensé n'irait nier aujourd'hui la nécessité de l'investissement étranger, de la diversification des acteurs économiques et du rétablissement de relations diplomatiques avec les États-Unis. La fragilité de la situation nous oblige à être terriblement pragmatiques et efficaces. Toute la question est comment l'être et relancer dans le même temps un projet anticapitaliste et anti-impérialiste pour Cuba qui ait quelque chose à offrir au monde. Il s'agit d'utiliser les formules traditionnelles dans les domaines où cela est incontournable et stimuler d'autres types d'expériences là où il y en a les conditions (lesquelles peuvent aussi être productives, à un moindre coût social) ; y compris en utilisant le premier cas pour financer le second, dans le cadre d'une même stratégie.
Fernando Martínez Heredia affirme la nécessité de développer une alliance entre "un pouvoir politique qui maintienne ses forces" et "un projet socialiste participatif qui le transforme progressivement en pouvoir populaire" - auquel il soit bien sûr disposé à se soumettre. Ce seraient là les formes embryonnaires d'un nouveau modèle qui se diffuserait au reste de la société, dans le style des soviets russes ou des cordons industriels et des commandos communaux de l'époque d'Allende au Chili. Il faudrait aussi développer une pédagogie continue non seulement à partir de l’État, mais fondamentalement à partir des organisations et des mouvements de la société civile socialiste qui organisent et orientent ce processus.
C'est ce qu'attendent de nous les révolutionnaires du monde entier, qui ont toujours vu un phare d'inspiration dans la Révolution cubaine. Mais où, dans la nouvelle politique, peut-on voir une telle logique ? La perte des référents révolutionnaires apparaît clairement, par exemple, dans la fonction résiduelle-économiciste et non politico-culturelle qui a été attribuée au secteur coopératif. Le triste tableau de notre avenir semble de plus en plus être une entreprise étatique modernisée dans le style capitaliste, des transnationales entrant et sortant dans un certain ordre, des petites et moyennes entreprises privées dynamisant le reste de l'économie et un État assurant le bien-être général.
Ce dernier objectif étant le plus difficile à atteindre, puisque l'on rechercherait la justice sociale en faisant appel à des mécanismes qui reposent sur son contraire. Supposons néanmoins que l’État parvienne à atténuer les pires effets de la modernisation : les miettes qu'est susceptible de concéder le capitalisme ne sont pas négligeables et 200 dollars valent toujours mieux que 20, quand bien même les transnationales partent avec 600. Mais cela ne change rien : même si nous ne sommes pas ceux qu'ils exploitent directement, il y aura toujours quelqu'un pour souffrir à notre place au Guatemala, en Éthiopie ou au Cambodge. Sortons dans la rue maintenant et montrons les photos de ces pays, histoire de voir combien apprécieraient que leur bien-être repose sur une telle misère. [NDLR là c'est peut-être un peu idéaliste : nous pouvons assurer l'auteur que dans nos pays impérialistes occidentaux 80% des gens n'en ont strictement rien à foutre ou en tout cas, si la vue des petits-enfants-qui-meurent-de-faim leur arrache quelques larmes, ils ne s'en sentent nullement responsables - la faute étant exclusivement à ces "guerres tribales" et à ces "dictateurs" auxquels "ces Noirs" semblent irrémédiablement condamnés...]
Telles sont les règles du jeu, qui ne se changent pas en les utilisant mais en construisant des alternatives. Le problème étant encore et toujours les grands obstacles qui existent pour diffuser publiquement d'autres manières de concevoir les solutions, qui restent jusqu'à présent cantonnées dans les cercles intellectuels ou dans des espaces de débat où n'accèdent qu'un secteur minoritaire de la population.
On pense que l'on ne peut pas confronter trop de propositions différentes ni discuter outre mesure car cela fissure l'unité, mais c'est justement cette pratique [du débat politique au sein du Parti et de la Révolution cubaine NDLR] qui a déconnecté une grande partie de la population du projet socialiste. Il existe néanmoins un "capital" accumulé de responsabilité et de bon sens dans beaucoup de personnes individuellement et dans des organisations non gouvernementales et de masse, qui permettrait par exemple de commencer le prochain Congrès du Parti par une phase initiale de discussion de propositions générales émanant de chacune de ces personnes et organisations, ou d'assumer une réforme de la Constitution à travers un processus réellement démocratique et populaire qui prenne le meilleurs des expériences développées au Venezuela, en Bolivie ou en Équateur. [NDLR - En ce qui nous concerne, nous avons exposé notre appréciation de ces expériences ici, ici ou encore ici. Ces "processus" sont (en dernière analyse) un produit de notre époque, comportant une part de résistances populaires au "néolibéralisme" (le capitalisme impérialiste pur et dur et triomphant du fait de l'effondrement de tout contre-modèle) mais aussi une part de nouvelles couches bourgeoises ayant émergé - justement et ironiquement ! - dans le cadre de ce "néolibéralisme" (années 1970 à 1990) ; ces deux aspects étant en définitive au cœur de toutes leurs contradictions. Les masses populaires ont connu une réelle amélioration de leurs conditions de vie, ne serait-ce que par l'instauration même partielle d'un État de droit (le problème auparavant étant plus l'absence d'un tel État de droit que des régimes tyranniques et ultra-répressifs, ceux-ci ayant disparu dans les années 1980) ; mais tout ceci demeure néanmoins totalement dans le cadre du capitalisme et du réformisme bourgeois. De nos yeux vus, l’Équateur n'a ainsi rien d'un pays socialiste ou en révolution démocratique radicale préalable au socialisme (il ne s'en réclame d'ailleurs que très peu) - tout en étant paradoxalement, d'un point de vue "réformiste tranquille", celui de ces pays qui fonctionne le mieux. POUR AUTANT, dans leur aspect populaire, ces expériences sont aussi des tentatives de réponses à de vraies et bonnes questions ; et notamment (effectivement) la question d'un processus révolutionnaire qui soit mené de manière plus "participative", plus grassroot comme diraient les anglophones, dans un rapport plus dialectique et dynamique entre les "révolutionnaires professionnels" (ce que ne sont pas les dirigeants, mais admettons) et les masses du Peuple travailleur, dans un esprit plus "par en bas"/horizontaliste et moins "par en haut"/verticaliste, évitant les dérives ultra-avant-gardistes qui sont aussi un facteur (si ce n'est le principal) de confiscation des révolutions par une nouvelle bourgeoisie. Les pays "bolivariens" (ALBA) ont vu dans l'ensemble, en plus d'une large part des anciennes élites qui sont restées en place, de nouvelles couches dominantes s'imposer à la faveur des "processus révolutionnaires" ("boli-bourgeoisie" au Venezuela) ; mais c'est parce que les forces politiques dirigeantes de ces "processus" n'étaient de toute façon pas communistes, visant le communisme. Néanmoins, dans la vague de luttes populaires qui ont porté ces expériences au pouvoir, se trouvent des conceptions de la révolution qui interrogent légitimement celles du marxisme-léninisme "classique" au regard des erreurs et des dérives du siècle passé.]
Nous avons besoin d'un processus de réflexion nationale pour identifier les chemins créatifs par lesquels nous affronterons l'ouverture au monde et le point le plus sérieux au sein de celle-ci : la relation avec les États-Unis. Nous obliger à faire confiance encore une fois en la sagesse des leaders ne peut mener qu'à de nouvelles déceptions ; tout comme est inconcevable une Révolution qui n'a pas confiance en ses propres forces.
Luis Emilio Aybar
* Une question cruciale - en réalité - étant que dans toute une série de pays (comme Cuba ou les pays de l'ALBA mais aussi la Syrie, la Russie, l'Iran, la Chine etc. ; pays où le capitalisme bureaucratique d’État révisionniste ou nationaliste bourgeois n'a pas été totalement liquidé ou - comme en Russie ou en Biélorussie - a été partiellement réintroduit), si le "néolibéralisme" (capitalisme impérialiste des monopoles tel qu'il est mondialement depuis les années 1980) règne déjà largement, parfois (pas toujours) associé à une terreur policière antipopulaire, il y a aussi une "alternative" aux régimes en place qui est celle de son TRIOMPHE TOTAL, éventuellement après une phase de chaos guerrier façon Somalie ou Yougoslavie (c'est déjà le cas en Syrie, Libye, Irak), ou du moins après les affres ("génocide social" comme ont pu dire certains) traversées par les pays d'Europe de l'Est et d'ex-URSS après 1989... Et cette option ne peut pas être celle des opposants authentiquement progressistes, révolutionnaires, anticapitalistes à ces régimes. Si l'on prend l'exemple de la Chine, dont même le PTB ou les Éditions Prolétariennes ne peuvent plus guère aujourd'hui nier le caractère 100% capitaliste : il y a une classe ouvrière chinoise qui est exploitée par le Capital chinois (issu de la contre-révolution à l'intérieur du PC) et une paysannerie qui est exploitée selon les mécanismes classiques d'exploitation de la paysannerie (banques, endettement hypothécaire etc.) ; exploitation qui tend plus ou moins à la surexploitation dans les régions reculées, a fortiori dans les régions ethniquement allogènes (Tibet, Xinjiang, Mongolie-Intérieure etc.), et chez les travailleurs migrants venus de ces régions dans les grandes villes. Mais si par-dessus cela venait se rajouter une domination et une surexploitation impérialiste occidentale... où irait-on ? En quoi la condition des masses s'améliorerait-elle ? Il est bien évident que ce n'est pas une option que des marxistes peuvent porter. Or c'est une option bien réelle en cas de triomphe d'un mouvement de type Printemps de Pékin (1989), ou comme celui de l'année dernière à Hong Kong (sans que cela ne justifie, précisons-le bien, la répression-massacre d’État). Il faut bien avoir cela en tête. Mais si l'on a bien cela en tête... il y aura automatiquement toute une foultitude de petits gauchistes-donneurs-de-leçons pour dire que l'on ne veut "pas vraiment en finir avec ces régimes illégitimes ("capitalistes", "bourgeois", "réactionnaires", "fascistes" et tout ce que l'on voudra) et les remplacer par un pouvoir ouvrier, mais simplement promouvoir l'illusion qu'il est possible de les réformer de l'intérieur" (voir par exemple ici la critique d'un groupe d'opposition marxiste au régime de Poutine, le Mouvement socialiste de Russie, par les ultra-trotskystes du World Socialist Web Site).Il pourra même nous être reproché d'avoir fait fi de cette nécessaire prudence dans notre approche des soulèvements en Libye ou en Syrie ; encore que (en toute modestie...) nous ne pensons pas avoir eu une influence décisive sur les évènements, et n'avons surtout fait que dire trois choses :
1°/ Qu'il fallait mener une LUTTE IDÉOLOGIQUE sans merci contre la présentation de ces régimes, par certains courants "vieux ML orthodoxes" ("tankies" diraient nos camarades états-uniens), comme "progressistes" et "anti-impérialistes" ; ce que toute leur histoire récente comme ancienne dément très largement, même si (définition que nous utilisons habituellement pour "anti-impérialiste") il pouvait y avoir un certain "arrachement de produit" (pétrolier surtout) aux griffes de l'impérialisme pour le mettre au service de l'intérêt national (mais ceci est en fait le cas de tous les pays arabes depuis les années 1970, et en termes de classes, au service de quel intérêt "national" ? d'abord celui d'une petite caste dominante, c'est bien évident !). Si le "progressisme" et l'"anti-impérialisme" de Cuba ou des pays de l'ALBA peut sérieusement être mis en discussion, ce n'était clairement pas le cas de ces régimes et de toute manière, la lutte idéologique contre cette qualification était en réalité moins importante pour là-bas que pour ici (pour la confusion qu'elle sème dans le mouvement communiste et les masses populaires sensibles à nos idées).
2°/ Que (en relation avec ce qui précède) les soulèvements initiaux dans ces pays avaient un caractère populaire, endogène, spontané et légitime ; et ne pouvaient être réduits au résultat de "manœuvres" de puissances (régionales ou mondiales) hostiles à ces régimes, quelles qu'aient été la réalité et l'importance de celles-ci.
3°/ Que si les puissances occidentales (à l'origine de ces supposées "manœuvres") escomptaient gagner le contrôle TOTAL de ces pays, elles ne tarderaient pas à cuisamment déchanter : ce qu'elles y obtiendraient en premier lieu et pour une assez longue période, faute de véritable perspective révolutionnaire (Parti marxiste)... mais aussi de forces "libérales" pro-occidentales crédibles et audibles, serait un CHAOS qui leur coûterait finalement plus cher (à gérer) que tout ce qu'elles pouvaient espérer y gagner - et ceci s'est totalement vérifié. En tant que communistes, nous sommes bien entendu horrifiés par la tragédie des populations travailleuses locales (mais qui, d'entre nous, pouvait prétendre 1°/ empêcher les masses populaires de se soulever en leur disant "attention vous n'avez pas de Parti communiste ça va mal finir" et 2°/ empêcher les choses de tourner comme elles l'ont fait ?) ; mais nous ne pouvons également que voir positivement "nos" propres bourgeoisies impérialistes "prises à leur propre piège" et ainsi fragilisées. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, dans TOUS les pays impérialistes occidentaux, les courants les plus droitiers de la bourgeoisie et les courants ouvertement fascistes se sont montrés plutôt en faveur d'un maintien de ces régimes en place, quels que soient les contentieux historiques qu'il pouvait y avoir avec eux [tout sauf négligeables entre l'impérialisme français et la Syrie (guerre du Liban, attentats du Drakkar de Beyrouth ou de Paris en 1985-96) ou la Libye (guerre du Tchad, attentat du DC-10 d'UTA en 1989)], et résolument hostiles à l'"aventurisme" des courants libéraux ou sociaux-libéraux appelant à leur renversement.
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Par Servir le 2 Juillet 2015 à 14:36
Source : http://raoni.com/actualites-953.php
ALERTE ROUGE : le peuple Guarani-Kaiowá à nouveau victime de terrorisme génocidairePeuple Guarani-Kaiowa, Brésil - un village de la communauté Tekohá Kurusu Ambá a été saccagé et incendié le 24 juin 2015, plusieurs enfants ayant péri dans les flammes.
C'est avec effroi que nous publions le dernier communiqué de l'assemblée Aty Guasu du peuple Guarani-Kaiowá, soumis à la barbarie régulière des dirigeants des exploitations liées à l'agro-industrie, dans l'Etat du Mato Grosso du Sud, au Brésil. Malgré diverses alertes internationales lancées au cours des dernières années, cette barbarie ne connaît toujours aucune limite. Elle vient de franchir un nouveau cap, qui motive aujourd'hui le lancement d'une alerte rouge.
La représentante indigène Valdelice Veron, qui doit se déplacer pour la première fois en France prochainement et dont la tête est mise à prix par des propriétaires de champs de canne à sucre, nous a décrit au téléphone une situation apocalyptique.
Tout a commencé le 22 juin par une simple partie de chasse initiée par une communauté Guarani-Kaiowá afin de pouvoir nourrir les membres du "village" (désormais un campement de fortune digne des pires camps de réfugiés du globe). Cette communauté, hommes, femmes et enfants, s'est réinstallée depuis peu sur sa terre traditionnelle, accaparée par la fazenda (ferme) Madama. Les indigènes sont tombés dans un piège et la partie de chasse s'est changée en film d'horreur : le village a été brûlé, au moins un enfant serait mort carbonisé et plusieurs autres manquent à l'appel. Le peuple Guarani-Kaiowá a décidé après une assemblée extraordinaire de riposter si les enfants ou leurs corps ne leur sont pas rendus immédiatement. Face aux fermiers armés et à leurs hommes de mains ils risquent de se faire massacrer. Valdelice Veron nous a appris que la police fédérale, complices des fermiers, avait bloqué la route principale pour que les Guarani-Kaiowá ne puissent aller chercher du renfort, allant jusqu'à se lancer dans une bataille rangée avec le force nationale venue à la rescousse des Guarani-Kaiowá.
Au regard de cette situation critique, qui aggrave la crise humanitaire permanente endurée par le peuple Guarani-Kaiowá, nous appelons chacun de vous, par devoir d'humanité, à lire et à diffuser le communiqué de l'assemblée extraordinaire Aty Guasu du peuple Guarani-Kaiowá. Il s'agit d'un état d'urgence absolue. Merci pour votre soutien.
- Planète Amazone -
Avis de deuil de l'assemblée Aty Guasu du peuple Guarani Kaiowá
"C’est avec une profonde tristesse et des regrets que nous informons, une fois de plus, les sociétés nationales et internationales des meurtres de trois enfants Guarani-Kaiowá par des grands propriétaires fonciers. Dans le Mato Grosso do Sul, un nouveau-né et trois enfants ont été brûlés et leurs cadavres cachés par ces propriétaires fonciers. Nous, Guarani et Kaiowá, nous les pleurons et sommes en deuil. Le 24 Juin 2015, les propriétaires fonciers ont mis le feu à un bébé et à trois enfants indiens. Ils ont déjà assassiné des dizaines d’indiens Guarani et Kaiowá. Depuis 2000, les propriétaires fonciers assassinent et cachent les cadavres des indigènes.Le 5 Décembre 2007, une femme pieuse de 70 ans, Xurite Lopes, grand-mère de la petite qui a été brûlée, fut assassinée à bout portant au Tekoha Kurusu Amba par les propriétaires fonciers de la fazenda Madama. Ces mêmes propriétaires qui avaient déjà, en 2007, assassiné la grand-mère s’en prennent cette fois-ci, en juin 2015, aux petites-filles de Xurite Lopes. Les tueurs ne sont jamais jugés par les tribunaux au Brésil.
Il faut que la société comprenne que ces trente dernières années, il est devenu banal que les propriétaires fonciers se réunissent avec des hommes politiques, des policiers locaux et des tueurs à gage avant d’attaquer et d’assassiner des indigènes. Ils planifient ensemble le massacre et les attaques génocidaires. Ils agissent tous ensemble : les tueurs, les propriétaires fonciers, des hommes politiques, certains agents de la police de l’Etat [du Mato Grosso do Sul] et des journalistes à la solde des propriétaires. Ainsi, tout est organisé pour perpétrer des attaques terroristes contre les Indiens.
Puisque ces groupes organisés d'extermination des peuples indigènes n'ont jamais été puni par la justice brésilienne, puisqu’ils se considèrent exempts de châtiment par la justice au Brésil, ils se sont permis, le 24 Juin, de filmer et de montrer publiquement les agissements dans les médias et à la Télévision Globo locale à la solde des propriétaires. Voir ici: http://g1.globo.com/.../indigenas-e-fazendeiros-entr.../4277193/. Ils ont montré comment ces propriétaires assassins ont agi et agissent pour attaquer et tuer des indiens Guarani et Kaiowá.
Les propriétaires fonciers et leurs tueurs utilisent des tactiques militaires de l’armée. Ils montrent dans les médias comment un groupe de policiers reste immobile pendant que les tueurs attaquent les indiens et brûlent des enfants vivants devant la caméra des journalistes de la TV Globo qui continuent à filmer. On pourrait croire qu’il s’agit d’un film fictif de farwest, mais tout ceci est bien réel : ils étaient en train d’attaquer, de massacrer des d’enfants, des femmes et des personnes âgées Guarani et Kaiowa. Ces propriétaires fonciers et leurs tueurs violents ont toujours agi ainsi, ils continuent à agir ainsi. Aujourd'hui, les propriétaires fonciers eux-mêmes montrent à toute la société comment ils attaquaient, et comment ils attaquent encore les indigènes du Mato Grosso do Sul. Une partie des actions de ces propriétaires fonciers, de leurs attaques terroristes, a été filmée et montrée à la TV GLOBO MS, où l’on voit les actions et les tactiques pour attaquer les indiens.
Depuis 2000, ces propriétaires attaquent toujours de la même manière qu’hier, 24/06/2014. Ils viennent en camionnettes et écrasent les indiens. Lourdement armés, ils tirent sur les Indiens, brûlent tout et assassinent sans pitié. C’est dans cette situation que résistent et survivent dans le Mato Grosso do Sul les indiens Guarani, Kaiowá et Terena. C’est que la justice du Brésil et le gouvernement fédéral ne punissent pas, n’enquêtent pas contre ces groupes de terroristes et de criminels, qui agissent toujours avec des actions génocidaires et violentes contre les vies des indiens dans le Mato Grosso do Sul.
De même, le 29 Octobre 2009, au Tekoha Ypo’i, 60 enfants, 20 personnes âgées, 40 adultes ont été blessés par balles et massacrés par les propriétaires fonciers. Les deux enseignants, Genivaldo Vera et Rolindo Vera ont été tués et leurs cadavres cachés par les propriétaires. De façon similaire, avec les mêmes techniques, le cacique Nisio Gomes fut assassiné, le 18 Novembre 2011, par les mêmes propriétaires et son cadavre caché. Hier, 24/06/2015, les propriétaires et leurs tueurs à gage jamais condamnés par la justice brésilienne, ont filmé leurs actions criminelles et les ont exposées dans les médias. Alors même que le journaliste de la GLOBO filmait, protégé par des policiers de l’Etat [du Mato Grosso do Sul] des enfants indigènes étaient en train d’être brûlés par les propriétaires. Aussi, ces mêmes propriétaires et leurs groupes ont tué les Guarani-Kaiowá Samuel Martins, Marco Veron, Dorival Benites, Dorvalino Rocha, Rolindo Vera, Genivaldo Vera, Xurite Lopes, Nisio Gome ... trois enfants suivent désormais cette liste.
Aty Guasu demande avec insistance une vraie justice. Aty Guasu continue sa lutte contre le génocide financé par les propriétaires et les politiciens anti-indigènes.
Nous avons joint quelques photos pour que chacun puisse voir, revoir et comprendre les actions des propriétaires fonciers contre les peuples indigènes dans le Mato Grosso do Sul.
Tekoha Guasu Guarani et Kaiowá
Le 24 Juin 2015
Les grands chefs du peuple Guarani et Kaiowa.
Rezadeira Xurite Lopes, 73 ans, morte près de la fazenda Kurussu Amba - photo CEAI/OABMSPatience : la GUERRE POPULAIRE qui se lève inexorable des entrailles de la Forêt émeraude verra bientôt le jugement et le châtiment de ces criminels devant le Tribunal du Peuple ; et les têtes de ces salopards plantées au bout de longues piques feront réfléchir les porcs de leur espèce tout autour de la planète !
PS : des luttes similaires (contre des projets miniers cette fois) sont aussi en cours en Amazonie péruvienne, confrontée à la même barbarie répressive. Une soirée d'information et de soutien est organisée à Saint-Denis demain soir... allez y faire un tour si vous êtes (même de passage) en "vraie France" !
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Par Servir le 16 Mars 2015 à 11:31
Le 24 mars 1976 avait lieu en Argentine un coup d’État militaire qui devait ouvrir 7 années d'une véritable nuit noire fasciste : 30.000 "disparus" (desaparecidos), 15.000 fusillés, 9.000 prisonniers politiques et 1,5 million d'exilés pour 30 millions d'habitants.Pour être (de loin) la plus sanglante de l'histoire du pays, cette junte militaire n'était pour autant pas la première : il s'agissait en fait du quatrième coup d’État dans le pays en un peu plus de 20 ans (1955, 1962, 1966 et enfin 1976) ; dans un contexte de lutte contre la poussé révolutionnaire du Peuple mais aussi de "guerre des deux droites" entre une droite péroniste plus nationaliste (dans la lignée de Rosas) et "sociale" et une autre (représentée par le "parti militaire") plus ouvertement liée à l'impérialisme - les illusions réformistes, "progressistes" et "anti-impérialistes" au sujet du péronisme seront pendant près d'un demi-siècle un facteur essentiel de la politique argentine, donnant naissance à de véritables mouvements de masse et même des luttes armées alors que Perón et la droite péroniste n'ont pourtant jamais hésité, tant au pouvoir... que "dans l'opposition" sous les juntes, à réprimer dans le sang la gauche radicale.
L'une de ces dictatures au service de l'oligarchie compradore et de l'impérialisme (1966-73), qui s'était revêtue du nom (sans rire !) de "Révolution argentine", avait déjà donné lieu à une répression brutale des mouvements sociaux et révolutionnaires ; tout comme d'ailleurs (après la mort du général "justicialiste" revenu brièvement au pouvoir en 1973-74) le régime de sa veuve Isabel et de son ministre des Affaires sociales et "secrétaire particulier"/éminence grise José López Rega (1974-76).
Or, et c'est ce qu'il est absolument capital de savoir, ce qui guidera durant toutes ces années (dès 1959-60 !) la répression du Peuple et des révolutionnaires en Argentine (comme d'ailleurs dans toute l'Amérique latine) sera la théorie de la "guerre anti-subversive" développée dès les années 1950 par des militaires de l'impérialisme français comme Charles Lacheroy ou Roger Trinquier (pour la théorie) et Marcel Bigeard ou encore Paul Aussaresses (pour la "pratique") ; des "méthodes" qui s'illustreront notamment, de manière tristement célèbre, dans la guerre d'extermination contre la révolution algérienne (1954-62) et que leurs sinistres exécutants seront ensuite chargés par le gouvernement bleu-blanc-rouge d'aller enseigner outre-Atlantique... De fait, et de l'aveu même de ceux qui en furent chargés, toutes les grandes répressions contre la gauche révolutionnaire sous les régimes militaires sud-américains (ainsi que la guerre d'extermination impérialiste US contre les communistes au Vietnam !) auront été strictement calquées sur la fameuse "bataille d'Alger".
Voici le documentaire :
À lire aussi, la Déclaration "Aux Peuples d'Amérique latine" de la Junte de Coordination Révolutionnaire (Tupamaros-MIR-ELN-ERP) lancée en novembre 1974 par cette coordination d'organisations marxistes révolutionnaires en réponse au sinistre "Plan Condor", mis en place la même année par les juntes fascistes des même pays.
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Par Servir le 5 Février 2015 à 13:20
Gustavo Salgado Delgado, dirigeant du Front populaire révolutionnaire (FPR, organisation de masse du Parti communiste marxiste-léniniste), avait disparu le 3 février au retour d'un meeting avec des journaliers agricoles de la Montaña de Guerrero. Son corps a été retrouvé hier, décapité et portant des signes évidents de torture, à Ciudad Ayala dans le Morelos - l’État d'Emiliano Zapata...
http://www.excelsior.com.mx/nacional/2015/02/04/1006574
Défenseur actif et connu des paysans pauvres de la région, en lutte notamment contre une multitude de micro-cartels qui spolient leurs terres, il a été victime - comme les étudiants d'Ayotzinapa il y a quelques mois - d'un de ces groupes paramilitaro-mafieux reliés aux plus hautes sphères du pouvoir politique local, peut-être même au gouverneur de l’État comme le soutient son organisation dans un communiqué.
Des "contacts" sur place nous ont confirmé que cet assassinat odieux est indubitablement lié à l'engagement de Gustavo Salgado Delgado aux côtés des paysans en lutte pour la terre, contre ces micro-cartels spoliateurs. Mais en attendant, pour les enquêteurs (quatre hommes viendraient d'être arrêtés - MàJ 07/02), ce ne "serait pas un assassinat politique" puisque "lié à un conflit sur la répartition de terrains" entre paysans du FPR et "le groupe (mafieux) des Victorinos auquel appartiennent les interpellés"... CQFPE (ce qu'il ne faut pas entendre).
Comme le Brésil, le Mexique fait clairement partie de ces pays semi-coloniaux semi-féodaux "émergents" où la Guerre du Peuple serait tout sauf "volée" par l'oligarchie compradore, propriétaire terrienne et politico-mafieuse, histoire de faire un bon coup de ménage... Elle pourrait d'ailleurs moins tarder qu'on ne le pense.
"Ils voudraient voir tous les communistes morts, mais pour chaque communiste qui tombe ce sont mille voix qui se lèvent"
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Par Servir le 3 Décembre 2014 à 13:48
Publié sur Facebook par l'excellent Alèssi Dell'Umbria :"Il y a 40 ans jour pour jour, le 2 décembre 1974, le grand Lucio Cabañas mourrait sous les balles des militaires au terme d'un affrontement dans la Sierra de Atoyac, dans l'État de Guerrero. Bien avant de fonder le Parti des Pauvres et sa Brigade de Justice, Cabañas avait fréquenté cette même école d'Ayotzinapa dont 43 élèves ont été enlevés voici deux mois par les flics narcos et qui sont toujours portés disparus. En ce 2 décembre, alors que tout le Mexique est traversé par des manifestations, alors que de nombreuses communautés du Guerrero viennent de décider de s'organiser en Conseils autonomes, alors que le seul appui qu'ont reçu les parents des 43 disparus est venu des polices communautaires indigènes du Sud du Guerrero, on ne peut pas oublier que la genèse de toute cette barbarie narco-politique se trouve quarante ans auparavant, dans la guerre contre-insurrectionnelle menée dans ce même État contre les guérillas paysannes. On ne peut plus ignorer qu'il n'y a pas d'un côté des narcotrafiquants et de l'autres un État vertueux : l'alliance des narcos, de la classe politique et des autorités militaires s'est nouée il y a 40 ans et est devenue le mode normal de gouvernance dans tout le Mexique en général, et dans le Guerrero en particulier. ¡ Lucio Cabañas vive, la lucha sigue ! ¡ Nos faltan 43 !"
Petite traduction libre de l'article Wikipédia en anglais : Lucio Cabañas Barrientos (né le 12 décembre 1938, mort le 2 décembre 1974) était un instituteur rural mexicain devenu guérillero révolutionnaire, bien que non-marxiste : son modèle absolu était Emiliano Zapata et il n'abandonna jamais sa foi chrétienne, comme le montre le documentaire que Gerardo Tort lui a consacré. Né dans la localité d'El Porvenir à Atoyac de Álvarez, il commence à militer alors qu'il est encore étudiant à l’École normale rurale de l'État de Guerrero (école de formation des instituteurs ruraux, à Ayotzinapa donc). Il est élu en 1962 secrétaire général de la Fédération des étudiants paysans socialistes.Devenu instituteur, il se heurte à un directeur d'école qui veut imposer le port de l'uniforme aux élèves, aux frais des familles bien sûr, ce à quoi il rétorque que la plupart des parents d'élèves n'ont même pas de quoi nourrir leurs enfants : le directeur est remplacé mais nombre de ses partisans restent. Lorsque le 18 mai 1967 un mouvement de grève se termine par une fusillade et de nombreux morts, il prend le maquis dans la montagne et s'y joint au groupe de Genaro Vázquez Rojas (l'Association civique nationale révolutionnaire - ACNR - qui mène déjà des actions de guérilla depuis plusieurs années) jusqu'à la mort de ce dernier, tué par l'armée en février 1972.
Cabañas prend alors la tête de son propre groupe, le Parti des Pauvres (PDLP) dont la branche armée est la Brigade paysanne de Justice (Brigada Campesina de Ajusticiamiento, "pour se rendre justice" serait la traduction exacte). L'organisation compte environ 300 membres opérant principalement dans la Sierra de Atoyac, où le gouvernement bourgeois dépêche plus de 16.000 militaires (!) pour leur donner la chasse (une cinquantaine seront tués). En décembre 1974 le PDLP capture la pourriture d'oligarque Rubén Figueroa, sénateur PRI (le parti de pseudo-"gauche" qui a gouverné le Mexique sans interruption de 1929 à 2000 et de nouveau depuis 2012) et futur gouverneur du Guerrero. C'est lors d'une tentative de libération de ce dernier par l'armée que Lucio Cabañas trouve la mort ; bien que certains nieront celle-ci ou diront qu'il a d'abord été capturé puis exécuté extrajudiciairement.
Quoi qu'il en soit, sa figure historique est devenue un emblème et un signe de ralliement pour toute la gauche populaire militante du Guerrero et de tout le Mexique, comme par exemple lors de la "Commune de Oaxaca" (2006) où son portrait côtoyait ceux du Che ou de Lénine.
Sa dernière compagne Isabel Ayala Nava, qui avait poursuivi dans le militantisme social depuis les années 1970, a elle aussi péri assassinée dans des circonstances non-élucidées en juillet 2011 - il semblerait qu'elle exigeait une enquête sur l'assassinat d'un de ses frères.
Le Parti des Pauvres prendra quant à lui un tournant nettement plus marxiste en fusionnant avec le Procup (Parti révolutionnaire ouvrier clandestin - Union du Peuple) en 1982. Le Procup-PDLP, dont on peut lire un très bon document ici, est à l'origine des deux principales guérillas opérant actuellement dans la Mixteca (États de Guerrero et Oaxaca) : l'EPR/PDPR (Armée populaire révolutionnaire/Parti démocratique populaire révolutionnaire) et l'ERPI (Armée révolutionnaire du Peuple insurgé, scission de la première sur une vision plus "horizontaliste"/"basiste" de la lutte révolutionnaire et de la société à construire, ce qui en ferait finalement nos "préférés" : ils ont entendu et répondu aux bonnes questions soulevées par le zapatisme sans pour autant jeter le marxisme aux orties - l'ERPI a par ailleurs annoncé la création d'une "brigade punitive" contre les personnes et les intérêts du cartel des Guerreros Unidos, en réponse au massacre d'Iguala).
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Par Servir le 12 Novembre 2014 à 14:12
Le pays est toujours en proie à la colère du Peuple, un mois et demi après l'enlèvement et l'assassinat atroce de 43 étudiants de classe populaire paysanne dans l’État de Guerrero (région d'Acapulco également appelée Mixteca).Presse bourgeoise :
Mexique : la colère ne s'apaise pas après le massacre de 43 étudiants
Disparus au Mexique : le siège régional du parti au pouvoir incendié
Mexique : manifestations violentes après l'annonce du massacre d'étudiants
Disparus au Mexique : des manifestants bloquent l'accès à l'aéroport d'Acapulco
Étudiants disparus au Mexique: le siège régional du parti au pouvoir incendié
Pourquoi le Mexique s'enflamme-t-il ?Presse petite-bourgeoise progressiste (Slate.fr) :
Affaire des «43 d’Ayotzinapa»: comment le Mexique s'est rêvé en nouveau Brésil pour se réveiller en nouveau NigériaSite d'Alain Bertho :
- Etudiants disparus : incendie du siège du PRI à Chilpancingo – 11 novembre 2014
- Etudiants disparus Acapulco – 10 novembre 2014
- Etudiants disparus Mexico et Chilpancingo – 8 novembre 2014
Au dernières nouvelles, les insurgés auraient carrément incendié le Parlement de l'État !
Par ailleurs, un peu partout dans le monde la magnifique solidarité internationale révolutionnaire s'est levée :
À bas le vieil État mexicain semi-colonial, capitaliste bureaucratique, comprador, terrateniente et mafieux ! À bas ses maîtres impérialistes européens et nord-américains ! Guerre populaire jusqu'au communisme !
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Par Servir le 17 Octobre 2014 à 12:51
...dans l’État de Guerrero, suite à l'atroce enlèvement de 43 militant-e-s étudiant-e-s par des escadrons de la mort mafieux (28 corps atrocement assassinés ont déjà été retrouvés dans une fosse), la Justice du Peuple est en partie passée même si l'on a pas encore vu (hélas !) de dirigeants se balancer la tête en bas suspendus à une station-service.
À Chilpancingo, capitale de l'État, des centaines d'étudiants et de pères de familles viennent d'incendier le palais du gouverneur et la mairie. C'était la moindre des choses après le massacre de masse commis par les forces de "l'ordre" et leurs alliés des Cartels à Iguala, après tant de violences commises contre les pauvres et les indigènes du Guerrero.
¡ Lucio Cabañas vive, la lucha sigue ! ¡ Victoria al Pueblo !!!
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Par Servir le 6 Octobre 2014 à 12:31
Au Mexique, dans l’État de Guerrero (Sud), une action politique d'étudiants des Écoles normales rurales* s'est soldée par une terrible et barbare répression dans la ville d'Iguala. Des policiers municipaux ont d'abord ouvert le feu sur un bus dont s'étaient emparés les militant-e-s, tuant plusieurs d'entre eux/elles. Ensuite de quoi, quelques 43 étudiant-e-s ont purement et simplement disparu... avant de réapparaître, pour plusieurs dizaines, sauvagement assassiné-e-s et enfouis dans des fosses communes. Comme une grande partie du Mexique, l’État de Guerrero est à la fois aux mains de gouvernants corrompus et un fief du crime organisé, les terribles cartels qui sèment la terreur dans tout le pays depuis de nombreuses années. Il avait déjà été le théâtre d'une violente répression anti-étudiante en 1960 ; il est également connu pour être l'un des théâtres d'opération de l'Armée populaire révolutionnaire (EPR) ainsi que de l'Armée révolutionnaire du Peuple insurgé (ERPI, scission de la première sur une vision - dit-on - plus "horizontaliste"/"basiste" de l'organisation et de la société à construire, ce qui en ferait finalement nos "préférés" : ils ont entendu et répondu aux bonnes questions soulevées par le zapatisme sans pour autant jeter le marxisme aux orties - l'ERPI a par ailleurs annoncé la création d'une "brigade punitive" contre les personnes et les intérêts du cartel des Guerreros Unidos, en réponse au massacre d'Iguala).
La disparition de 43 étudiants provoque la colère des Mexicains
Les recherches se poursuivaient, vendredi 3 octobre, dans l'Etat de Guerrero, dans l'ouest du Mexique, une semaine après la disparition de quarante-trois étudiants dans la ville d'Iguala, à la suite de violents affrontements avec la police, qui ont fait six morts. La veille, dix mille personnes manifestaient dans la région pour dénoncer les dérives sécuritaires et mafieuses des autorités, alors que le pays célébrait le 46e anniversaire d'un massacre d'étudiants à Mexico.« Nous les voulons vivants ! », scandaient les manifestants dans les rues de Chilpancingo, capitale du Guerrero, en solidarité avec les parents des jeunes disparus vendredi 26 septembre. Ce jour-là, les étudiants d'une Ecole normale manifestaient à Iguala contre la réforme de l'enseignement. Les bus de transport public qu'ils avaient confisqués dans la soirée ont été pris pour cible par des policiers municipaux. Bilan : trois morts et vingt-cinq blessés. Les agents ont aussi attaqué un bus transportant les joueurs d'une équipe de football locale et un taxi, faisant trois victimes supplémentaires. Des témoins assurent avoir vu des dizaines de manifestants se faire emmener par la police municipale.
Depuis, vingt-deux policiers ont été arrêtés, et quatorze des cinquante-sept portés disparus sont réapparus. Les autres restent introuvables. Jeudi, les manifestants ont bloqué l'autoroute qui mène à la station balnéaire d'Acapulco, sur la côte pacifique. La circulation a été rétablie après l'annonce d'une rencontre, vendredi 3 octobre, avec le ministre de l'intérieur, Miguel Angel Osorio Chong.
LES POLICIERS SUSPECTÉS D'ÊTRE LIÉS AU CRIME ORGANISÉ
« Tout est mis en œuvre pour trouver les disparus », assure le gouverneur du Guerrero, Angel Aguirre, qui offre un million de pesos (59 000 euros) pour toute information permettant de les retrouver. Menées par la police et par l'armée, les recherches mobilisent aussi plus de dix-huit cents fonctionnaires locaux. Mais des soupçons sur les liens entre les policiers impliqués dans ces disparitions et le crime organisé font planer un climat d'angoisse au sein de la population. Des inquiétudes attisées par la fuite, mercredi 1er octobre, du maire d'Iguala, Jose Luis Albarca, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt.
« La population est en colère face aux nombreuses violations des droits humains par les autorités, qui ravivent les vieux démons d'un passé autoritaire, marqué par le massacre de Tlatelolco », explique Sergio Barcena, politologue à l'Institut technologique de Monterrey. Le 2 octobre 1968, à Mexico, des militaires ouvraient le feu sur des milliers d'étudiants qui protestaient contre le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui a gouverné le pays sans partage soixante et onze durant, jusqu'en 2000. Quarante-six ans plus tard, l'omerta règne toujours sur les circonstances d'une répression qui aurait fait cent cinquante à trois cents morts, selon des enquêtes indépendantes.
« Aujourd'hui, l'Etat central n'est plus aussi autoritaire, souligne M. Barcena. Mais les gouvernements locaux gardent une culture de répression et de corruption, accentuée par l'infiltration des institutions locales par les cartels de la drogue. » D'autant qu'une autre affaire provoque la colère des Mexicains. Le 1er octobre, trois militaires ont été accusés d'avoir assassiné de sang froid vingt-deux délinquants présumés, le 30 juin à Tlalaya, dans l'Etat de Mexico. Cinq autres soldats ont été arrêtés, après un témoignage contredisant l'affirmation précédente de l'armée selon laquelle les victimes avaient trouvé la mort dans un affrontement avec des soldats.
HAUSSE DES DISPARITIONS
Le 29 septembre, la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) a exprimé sa préoccupation face à « de possibles exécutions extrajudiciaires » à Tlatlaya et à Iguala. Sans compter les dénonciations des organisations non gouvernementales Human Right Watch (HRW) et Amnesty International (AI), de la hausse ces dernières années des actes de torture et des disparitions forcées.
Ces abus relancent la polémique sur le recours à l'armée, accusée de mettre le feu aux poudres, dans la lutte contre le narcotrafic. Le président Enrique Peña Nieto, dont l'élection en juillet 2012 a marqué le retour du PRI au pouvoir, ne parvient pas à mettre fin aux assassinats liés à la guerre des cartels de la drogue, entre eux et contre le gouvernement, qui s'élèvent à six mille depuis janvier, selon le quotidien Milenio, soit plus de quatre-vingt mille morts depuis sept ans et demi. « La protection des droits humains doit être une pratique systématique dans l'exercice de l'autorité », a promis, le 1er octobre, M. Peña Nieto. Le temps presse pour retrouver les disparus d'Iguala. Sinon la politique sécuritaire du gouvernement risque d'être décrédibilisée.
Finalement donc, comme nous l'avons dit, les disparu-e-s ont été retrouvé-e-s... sauvagement assassiné-e-s :
Mexique : deux criminels avouent avoir tué 17 étudiants
Quarante-trois étudiants avaient disparu fin septembre à Iguala. Des fosses contenant 28 corps ont été découvertes samedi ; des analyses ADN viendront dire si certains des étudiants disparus en font partie.Le doute sur le sort des 43 étudiants mexicains disparus le 29 septembre à Iguala s’est dramatiquement réduit dimanche soir : deux membres présumés d’un gang criminel ont avoué avoir tué 17 d’entre eux, a annoncé un procureur régional. Iñaky Blanco, procureur de l’Etat du Guerrero, a également annoncé lors d’une conférence de presse que 28 corps avaient été retrouvés jusqu’à présent près de la ville d’Iguala. Mais il faudra au moins deux semaines pour établir avec certitude qu’il y a parmi ces cadavres certains des étudiants disparus, a-t-il dit.
Les 43 jeunes portés disparus depuis 10 jours sont des élèves de l’école normale d’Atzoyinapa, proche de Chilpancingo, capitale de l’Etat de Guerrero, connue pour être un foyer de contestation. Ces étudiants étaient venus le 26 septembre avec des dizaines d’autres du même établissement à Iguala, à 100 km environ de leur école pour, selon leurs dires, récolter des fonds et manifester. Ils s’étaient ensuite emparé de trois autobus des transports publics locaux pour rentrer chez eux.
Des policiers municipaux et des hommes armés non identifiés avaient tiré sur ces autobus, faisant trois morts, et d’autres fusillades dans la soirée avaient fait trois autres morts. Puis on est resté sans nouvelles de 43 étudiants. Des témoins ont assuré avoir vu des dizaines d’étudiants être emmenés peu après dans des voitures de police vers une destination inconnue.
Le directeur de la sécurité publique et le maire en fuite
Le procureur Blanco a annoncé que deux présumés criminels du groupe Guerreros Unidos - sur la trentaine de personnes arrêtées dans cette affaire - «ont indiqué avoir participé directement au meurtre d’étudiants». Les tueurs ont fait descendre les étudiants d’un autobus, «se sont emparé de 17 d’entre eux pour les transférer vers les hauteurs d’une colline de Pueblo Viejo (commune d’Iguala) où ils ont des fosses clandestines et où ils disent les avoir abattus», a déclaré le procureur.
Les deux détenus ont assuré que l’ordre de venir sur les lieux où se trouvaient les étudiants avait été donné par le directeur de la sécurité publique d’Iguala. L’ordre de les capturer et de les assassiner aurait été donné par un des dirigeants des Guerreros Unidos, surnommé «El Chucky». Tant le directeur de la sécurité publique que le maire d’Iguala, Jose Luis Albarca, ont pris la fuite après les fusillades. Ils sont actuellement recherchés par la justice.
Dans ces fosses découvertes samedi, les autorités ont exhumé jusqu’à présent «28 corps au total, certains complets, d’autres fragmentés et présentant des signes de calcination», a aussi dit le procureur. «Dans les fosses localisées à Pueblo Viejo, a été mise en place une couche de branches et des troncs sur lesquels ont été placés les corps des victimes, qu’il ont arrosé d’une substance inflammable, du diesel, de l’essence ou du pétrole», a-t-il détaillé.
Un des pires massacres au Mexique
Iñaky Blanco a demandé que l’on attende les résultats des tests génétiques pour confirmer qu’il y a parmi eux certains des étudiants disparus. Des spécialistes argentins, dirigés par l’anthropologue et légiste Mercedes Loreti, vont participer aux travaux d’identification des cadavres. Des représentants des étudiants de l’école normale ont accepté de participer aux travaux.
Dans la journée de dimanche un avocat des familles, Vidulfo Rosales, avait indiqué que 35 parents des victimes avaient déjà fourni des échantillons d’ADN. Mais ce travail risque de durer : «Les spécialistes en la matière considèrent que le processus pour déterminer l’identité des restes va osciller entre 15 jours et deux mois», a souligné le procureur.
Tandis que les familles attendaient des nouvelles dans l’angoisse, des centaines de collègues des élèves-enseignants ont bloqué l’autoroute menant de Chilpancingo à Acapulco, exprimant leur colère à l’intention des autorités. Le gouverneur de Guerrero, Angel Aguirre, a lancé un appel au calme et à «éviter la violence».
S’il se confirmait que les corps trouvés sont ceux des étudiants disparus, il s’agirait de l’un des pires massacres au Mexique depuis le début de la guerre lancée en 2006 contre les narcotrafiquants et qui a fait plus de 80 000 morts.
Lire aussi :MEXIQUE. Une fosse commune à l'endroit où 43 étudiants ont disparu
Ou encore l'article (en castillan) d'une organisation marxiste-léniniste du Panama :
http://nuevademocraciapanama.<wbr>blogspot.fr/2014/10/mexico-<wbr>matanza-de-57-estudiantes.html
En français, l'article du site "zapatiste" Basta! offre une bonne présentation militante des faits :
Mexique - "Y el señor andaba bailando" : la nuit d'Iguala
par Fausto Giudice, 7/10/2014Un maire mafieux, complice d'un gouverneur d'État mafieux, couvert par un Président mafieux, donne l'ordre à ses hommes de tuer puis va danser, pendant que les tueurs agissent dans la nuit, tuant, blessant, kidnappant des jeunes étudiants en lutte, mais aussi des passants, des footballeurs, des passagers de taxi, bref tout ce se trouve sur le parcours de leurs projectiles. Bilan provisoire de l'horreur qui vient d'ensanglanter la ville d'Iguala de la Independencia : 49 morts, 17 blessés, 22 policiers municipaux détenus, un maire en fuite, recherché par Interpol, et un pays tétanisé par ce nouvel épisode la chronique noire d'une plongée dans l'abîme. Retour sur les événements de la nuit d'Iguala.
D'abord un peu d'histoire et de géographie.
Les scènes se passent dans l'État du Guerrero, dans le sud du Mexique, nommé d'après Vicente Guerrero, le 2ème président éphémère (8 mois) du Mexique indépendant au destin tragique : venu au pouvoir par un coup d'État, il fut destitué par un autre coup d'État et capturé puis fusillé par un acte de traîtrise (une invitation à déjeuner) préfigurant un acte similaire qui provoquera la mort, presque un siècle plus tard, d'Emiliano Zapata. Le Guerrero, connu à l'étranger pour son haut lieu de cauchemar climatisé touristique d'Acapulco – une Babylone du Pacifique – est à l'image du reste du Mexique : livré à la prédation sauvage de la part d'un conglomérat de groupes criminels – narco-gangs, partis politiques, policiers pourris, bureaucrates corrompus, entrepreneurs mafieux, élus par achat de votes - collaborant tous entre eux. Ce pauvre Mexique, "si loin de Dieu et si proche des USA", est aujourd'hui réduit à l'état d'une Colombie où les frontières entre "politique" et "parapolitique" (terme colombien désignant les représentants parlementaires des groupes paramilitaires auxquels l'armée et la police sous-traitent le "sale travail") se sont effacées, et connaît une très forte conflictualité sociale. Les conflits qu'il vit portent sur des thèmes universels : la terre, l'eau, l'éducation, la santé, bref la défense des communs contre la prédation qui, au nom du marché, détruit le cadre de vie et les conditions mêmes de survie de la population. Une des batailles les plus spectaculaires qui se livre depuis des années concerne l'éducation. Dans ce domaine comme dans d'autres (la structure agraire) les régimes qui se sont succédé au Mexique depuis 20 ans ont tous poursuivi le plan visant à démanteler les acquis de la Révolution mexicaine de 1910, autrement dit l'éducation libre et gratuite pour tous.
Une des structures les plus importantes issues de la Révolution sont les écoles normales rurales, qui forment les instituteurs ruraux, généralement eux-mêmes issus de milieux paysans et indiens (les Mexicains disent "indigènes"). Vivant en internat, les normaliens alternent formation théorique et pratique, passant la quatrième année de leur cursus comme instituteurs-stagiaires dans une école primaire rurale. Le gouvernement d'Enrique Peña Nieto veut tout simplement les liquider comme "résidu anachronique", arguant que désormais on n'en a plus besoin. Cela entraînerait tout bonnement la disparition de l'école de base dans toutes les zones rurales abandonnées par l'État. Les normaliens font donc de la résistance depuis plusieurs années, payant un lourd tribut : 2200 d'entre eux ont été arrêtés depuis 2000.
Les luttes des normaliens sont des luttes de survie, donc violentes. Les lieux et objets emblématiques de ces luttes sont les autobus, les péages d'autoroutes et les boîtes en fer blanc. Explications : les normaliens ont en permanence la fringale et le ventre vide, vu que le gouvernement leur coupe les vivres. Ils sont obligés de financer eux-mêmes leurs déplacements entre les écoles où ils sont internés, leur lieu d'origine et les localités où ils font leurs stages. Ils récupèrent donc des autobus privés ou publics, occupent – "libèrent" - des péages d'autoroutes, dont ils demandent aux préposés de dégager et démontent les caméras de surveillance et organisent des "coperachas", des collectes d'argent, parfois un peu trop insistantes, ce qui déclenche parfois des bagarres généralisées, par exemple avec les chauffeurs de taxis collectifs, de bus ou de camions qui s'insurgent contre ce "racket". Les malheureux chauffeurs ont des circonstances atténuantes : ils sont déjà soumis aux exigences de "mordida" (orig. morsure), le bakchich traditionnel prélevé sous tout prétexte par les policiers, et au racket des gangs criminels. Mais le plupart des gens sollicités acceptent sans problèmes de mettre un petit billet dans les boîtes de conserves tendues par les normaliens en lutte, qui pourraient être leurs enfants ou leurs petits frères.
Venons-en à Iguala de la Independencia. C'est une ville de 120 000 habitants, à mi-chemin de Mexico et d'Acapulco. Elle est entrée dans l'histoire puisque c'est là que fut signé et proclamé le Plan d'Iguala, déclaration d'indépendance du Mexique, fruit d'un accord entre Iturbide, le monarchiste qui se voulait empereur, et Guerrero le libéral, républicain et franc-maçon. Et c'est à Iguala, en ce même jour historique du 24 février 1821, que le tailleur et coiffeur José Magdaleno Ocampo inventa le drapeau mexicain. Jamais depuis la conquête espagnole Iguala n'avait si peu mérité son nom originel en langue nahuatl (la langue des Aztèques) de yohualcehuatl, qui signifie "là où la nuit apporte la sérénité".
Ce qu'a apporté la nuit du vendredi 26 au samedi 27 septembre 2014, à Iguala, a été tout le contraire de la sérénité. Dans l'après-midi, les normaliens en lutte de l'École normale rurale Raúl Isidro Burgos d'Ayotzinapa, à 126 km de là, étaient arrivés en ville pour collecter de l'argent afin de financer leur déplacement collectif vers la capitale, pour y participer à la grande manifestation prévue le jeudi 2 octobre, en commémoration du massacre de Tlatelolco. Le 2 octobre 1968, plusieurs centaines d'étudiants en lutte de la capitale avaient été massacrés par des snipers des escadrons de la mort sur la Place des Trois-Cultures. Ce traumatisme n'a jamais été guéri, le crime étant resté impuni à ce jour, 46 ans plus tard. Symbole de la criminalité du pouvoir en place, Tlateloco déclenche une prise de conscience qui conduit certains militants étudiants à rejoindre la voie de la lutte armée, dans laquelle divers militants se sont engagés durant les années 1960. Parmi eux Lucio Cabañas et Genaro Vázquez, étudiants de cette même école d'Ayotzinapa. Lucio fonda le Parti des Pauvres et tomba au combat le 2 décembre 1974, âgé de 36 ans. Genaro, plus âgé que lui (il avait 7 ans de plus) et avec une déjà longue expérience de lutte syndicale, passa à la lutte armée en 1968, après avoir été libéré de prison par ses camarades, créant l'Asociación Cívica Nacional Revolucionaria (ACNR). Il est mort le 2 février 1972 à Morelia, dans des circonstances restées mystérieuses à ce jour : il semble qu'il ait été laissé mourir par les militaires qui avaient découvert son identité suite à un accident de voiture dans lequel il avait été gravement blessé.
Cabañas et Vázquez sont considérés comme des héros, au même titre que Che Guevara ou Emiliano Zapata, par les normaliens en lutte d'aujourd'hui. Ce vendredi-là, les normaliens se retrouvent en plein Iguala face aux policiers municipaux accompagnés de tueurs du gang criminel Guerreros Unidos, sous les yeux de militaires et de policiers fédéraux complices, qui laisseront faire. Les tueurs attaquent et tirent. Les normaliens se dispersent, les tueurs les poursuivent. Bilan de la nuit : 6 morts, 17 blessés graves et une soixantaine de normaliens disparus, c'est-à-dire kidnappés par les escadrons de la mort. La réaction de toute la société mexicaine est un mélange d'indignation et de résignation rageuse. Tout le monde se met à enquêter : la "justice" – le procureur ordonne l'arrestation de 22 policiers municipaux -, les citoyens, les médias. Quelques jours plus tard une douzaine de kidnappés réapparaissent, vivants. On vient de retrouver les corps des 43 autres, brûlés, dans 6 fosses communes.
Les travailleurs de l'Ecole normale d'Ayotzinapa exigent :
-le châtiment des assassins de normaliens
-la destitution des fonctionnaires complices
Ayotzinapa unie jamais ne sera vaincueEntretemps, les normaliens ont participé activement et en masse au grand rassemblement du 2 octobre sur le Zócalo de Mexico en commémoration de Tlatelolco.
Zócalo, 2 octobre. Photos Argelia Zacatzi Pérez mezcali
Les normaliens exigent de revoir en vie leurs camarades disparus
Pour demain mercredi 8 octobre, est prévue au même endroit une grande manifestation contre la boucherie d'Iguala, qui s'ajoute à la longue liste qui va de Tlateloclo à Acteal en passant par Aguas Blancas en 1995 et le massacre d'étudiants dit du Jour de Corpus Christi, le 10 juin 1971, effectué par le groupe clandestin des Halcones, les "faucons" formés par la CIA, crime pour lequel le président d'alors, Luis Echeverría Álvarez, inculpé en 2005, a bénéficié d'un non-lieu pour "absences de preuves" en 2009. Faudra-t-il attendre l'an 2048 pour que des poursuites soient engagées contre le président Enrique Peña Nieto, auquel les deux premiers responsables du massacre d'Iguala sont étroitement liés ?
Ces deux hommes sont :
- Le maire d'Iguala, actuellement "en fuite" et recherché par Interpol : après avoir donné l'ordre à ses sbires de tirer sur les normaliens, dans la soirée, il est allé danser. "Y el señor andaba bailando", commentait une présentarice de télévision. L'homme a le profil classique du "parapolitique" mexicain du XXIème siècle. José Luis Abarca Velázquez a commencé comme marchands de sombreros sur les marchés, puis s'est retrouvé à la tête de grands supermarchés et d'autres entreprises lucratives. L'explication du mystère de son enrichissement est simple : c'est un blanchisseur d'argent du crime organisé. Avec cet argent, il a pu s'acheter un poste de maire après s'être acheté une place au PRD, le parti de la "Révolution démocratique", qui mérite ses guillemets car il n'est qu'un PRI bis, c'est-à-dire, une machine mafieuse de pouvoir (remarque en passant : les 2 partis sont membres de l'Internationale socialiste, lisez ceci si vous cherchez encore de bonnes raisons de vous foutre en colère. Mais bon, l'IS a quand même attendu le 17 janvier 2011 pour exclure le RCD du dictateur tunisien Ben Ali, trois jours après sa chute et sa fuite, et le 31 janvier 2011 pour exclure le PND de Moubarak, 12 jours avant la chute de celui-ci). Le PRD a bien sûr exclu Abarca de ses rangs… il y a deux jours, ce qui fait rire jaune les Mexicains. Je vous mets sa photo, au cas où vous le croiseriez, Interpol vous donnera une récompense. Sa page existe toujours sur Facebook, où son dernier post, en date du 29 septembre, souhaite un bon dimanche à ses administrés. Vous pouvez écrire à Mark Zuckerberg pour lui demander de supprimer cette page, puisque c'est celle d'un criminel recherché par Interpol…
- Le gouverneur du Guerrero, Ángel Aguirre Rivero, lui aussi, bien sûr "militant" du PRD et élu en 2011. Lui aussi lié aux Guerreros Unidos, le gang local de narcotueurs, il a pratiqué les retours d'ascenseur avec Abarca, ce qui est normal puisqu'ils mangeaient au même râtelier. Voici deux photos du bonhomme: la première, photoshopée, de sa campagne électorale de 2011 et la seconde, qui le montre sous son vrai visage. Notez l'impudence du candidat, qui a carrément utilisé comme message de sa campagne le subliminal "Unidos transformaremos Guerrrero" (Unis nous transformerons Guerrero), qui évoquait immédiatement ses narcocriminels d'amis, protecteurs et financeurs, les Guerreros Unidos.
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Nous avons déjà eu l'occasion de caractériser - dans cet article d'août 2013 - le phénomène latino-américain des cartels (crime organisé) comme une expression, au même titre que les islamistes dans les pays musulmans, du "capitalisme d'en bas" qui émerge de manière informelle et spontanée des entrailles de la "société civile" (où les gens produisent et vendent, bref font du bizness, et certains deviennent riches et d'autres pas...) face au "capitalisme d'en haut", celui que l'impérialisme perçoit comme "normal" et impulse à travers une bourgeoisie bureaucratique-compradore à sa solde. Une expression particulièrement visible et violente (du fait du caractère illégal de la marchandise qu'elle manie) de ce capitalisme "spontané" "d'en bas" qui, contrairement au capitalisme bureaucratique-comprador "d'en haut", ne va pas permettre au surproduit (plus-value "sur-accaparée") de "remonter" correctement jusqu'aux monopoles impérialistes - qui le combattent donc en conséquence, dans leur perspective de domination totale des économies du "Sud" (comme l'explique doctement au sujet du Mexique cet expert en renseignement, spécialiste du crime organisé : "le pays a besoin d’investisseurs étrangers et ceux-ci risquent d’y regarder à deux fois si la corruption et l’insécurité sont galopantes"...).
Mais nous avions également expliqué - et nous en avons maintenant la terrible illustration - que ces forces expression du "capitalisme d'en bas" n'étaient nullement "subversives" et encore moins "progressistes" : elles se caractérisent généralement par une grande barbarie dans leurs pratiques quotidiennes et dès que le vent de la révolte populaire se lève, elles ont systématiquement tendance à "faire bloc" avec la classe dominante "d'en haut" pour l'écraser. Cela ne date pas d'hier : il suffit de penser au rôle des fameuses triades dans la répression-massacre des communistes en Chine, en 1927.
Au Mexique cette collusion est totale, certains groupes armés des cartels étant même directement issus des forces armées contre-révolutionnaires de l’État, comme les tristement célèbres Zetas.
Il faut bien avoir à l'esprit un certain nombre de choses :
- Le Mexique partage plus de 3.000 km de frontière avec la première puissance impérialiste mondiale, les États-Unis ; une frontière qui en bien des endroits n'a plus grand chose à envier au fameux et défunt Rideau de Fer (dont les anticommunistes nous ont rebattu les oreilles pendant 40 ans...) ou au mur de séparation des territoires occupés en Palestine ; gardée d'ailleurs (du côté US) par sinistres milices racistes (les Minutemen) qui ont sans doute déjà assassiné des milliers de personnes ( de la moitié de l'ancien territoire mexicain, annexé en 1848 après deux ans de guerre sanguinaire puis colonisé). Il s'agit donc d'une ligne de front directe entre "Nord" et "Sud", entre le monde impérialiste et le monde semi-colonisé, comme il y en a peu à travers le monde (la Palestine en est une autre, ou encore les enclaves "espagnoles" de Ceuta et Melilla au Maroc). C'est là tout le sens de ce que proclamait déjà, à la fin du 19e siècle, le président-dictateur Porfirio Díaz lui-même : "Pauvre Mexique, si loin de Dieu, si près des États-Unis !". Cette ligne de front ne se traduit pas (pour le moment) par une lutte armée entre les deux bords, mais par la puissance des flux dans un sens comme dans l'autre : la force de travail (migrants) et la marchandise vont du Mexique vers les États-Unis (dont cette marchandise illégale et ultra-lucrative que sont les stupéfiants) tandis que le capital, les dollars redescendent dans le sens inverse - investis dans des entreprises à bas coût de main d’œuvre installées près de la frontière (les maquiladoras) ou dans les poches des touristes qui viennent les claquer à cœur-joie, y compris dans des "commerces" aussi sordides que la prostitution (l'ultra-violence qui règne depuis une dizaine d'années a cependant "refroidi" les moins téméraires). Tous ces facteurs donnent à l'économie "souterraine" du Mexique des caractéristiques très particulières (notamment le fait que certaines organisations criminelles sont... plus riches que bien des administrations locales, voire des États fédérés !) et débouchent sur des pratiques de guerre contre le peuple absolument effroyables, comme ces disparitions de centaines de femmes (salariées des maquiladoras sans doute en quête d'un "passage" vers le Nord et/ou plus ou moins acculées à la prostitution) dans la région de Ciudad Juárez. Ces flux gigantesques de capitaux descendant du Nord et de marchandises (ou de force de travail) en provenance du Sud forment en fait un gigantesque "gâteau" que des dizaines de centres de pouvoir concurrents cherchent à se partager (il faut bien comprendre que la drogue - aux côtés du jeu, de la prostitution ou encore du "passage" d'immigrants - est une base d'accumulation permettant de se constituer très vite un énorme capital, mais qu'ensuite les investissements se font dans toutes sortes d'activités économiques y compris tout à fait légales). La violence atteint un degré de barbarie sans nom, avec de macabres mises en scènes des victimes qu'il serait insoutenable de montrer ici (on peut voir ici la photo d'un des étudiants retrouvés mais vous n'êtes pas obligés de cliquer sur le lien - cette pratique de l'arrachement du visage est courante chez les cartels, trouvant peut-être son origine dans l'ancien culte nahua de Xipe Totec). Plus on s'approche de la frontière avec les États-Unis plus le phénomène est fort, mais c'est tout le territoire qui est concerné. on rappellera aussi qu'au Nord de cette frontière se trouve...
- C'est un État très décentralisé (fédéral selon sa constitution) avec des pouvoirs locaux très puissants et autonomes, qui ne sont pas de simples rouages de l’État central. Ce n'est pas que nous (affreux "régionalistes" occitans que nous sommes) soyons de grands défenseurs de la centralisation étatique ; mais c'est un constat de fait : les pays dominés, les États semi-coloniaux d'une certaine taille se caractérisent TOUJOURS par cette importance des pouvoirs et des potentats locaux. C'est même ce qui permet de distinguer un pays semi-colonisé "émergent" (à forte croissance) comme le Mexique, le Brésil ou l'Inde d'un nouvel impérialisme comme la Chine (où l’État central est très fort). Un État qui devient impérialiste passe toujours par une phase de centralisation autoritaire (y compris les États-Unis fédéraux après la Guerre de Sécession). C'est absolument logique : un État faible livre littéralement en pâture ses forces productives aux capitalismes plus puissants. Au Mexique, donc, ces pouvoirs locaux forment véritablement ce que les communistes turcs appelleraient "l’État profond" : des régimes despotiques, clientélistes, répressifs brutaux et corrompus, alors que l’État central essaye - depuis une vingtaine d'années du moins - d'assumer une certaine "respectabilité" internationale. C'est surtout contre eux que les grands soulèvements populaires des 10 dernières années ont éclaté, comme par exemple la "Commune de Oaxaca" contre le corrompu et tyrannique gouverneur Ulises Ruiz (1-2-3-4). C'est encore le cas aujourd'hui dans le Guerrero. Et ces pouvoirs locaux n'hésitent que rarement à pactiser avec les tout-puissants cartels, forces susceptibles de commander au comportement social (donc à la loyauté envers le pouvoir en place) de centaines de milliers de personnes auxquelles elles inspirent soient le respect, soit la terreur soit un peu des deux...
- Du fait même de l'illégalité de leurs activités, les contacts entre les cartels et les forces de sécurité de l’État sont de toute façon permanents. Les premiers ont systématiquement affaire aux secondes, qui sont en principe chargées de les mettre hors d'état de nuire. Alors on s'affronte, affrontements qui ont fait plus de 80.000 morts depuis 2006 ; mais on s'arrange aussi... L’État est parfois prêt à "fermer les yeux" sur certaines choses, à laisser se faire tranquillement certaines "affaires" en échange de quelques "menus services". Et notamment des "services" consistant à l'aider à "tenir" ces foutues masses populaires dans un pays considéré comme l'un des plus inégalitaires au monde, où les revenus moyens de 10% les plus pauvres sont de l'ordre de 20 fois inférieurs à ceux des 10% les plus riches... 10% les plus riches dont font évidemment partie les capos des cartels ! Ainsi, petit à petit, le "jeu" du gendarme et du voleur s'est mué en une interpénétration totale et profonde entre l’État et le crime organisé ; jusqu'au point où - comme on l'a vu - des policiers et des militaires à la retraite (ou éventuellement radiés pour corruption) passent directement au service de ce dernier, quand ils ne sont pas carrément flics le jour et sicarios (hommes de main, tueurs sur contrat, chargés d'enlèvements contre rançon etc.) la nuit !
C'est donc un ennemi protéiforme qu'affrontent les masses et notamment la JEUNESSE populaire du Mexique, en lutte contre le "néolibéralisme" qui est le nom donné là-bas à l'ordre semi-colonial semi-féodal dans la forme très dure qu'il a pris depuis une trentaine d'années. Protéiforme mais formant néanmoins un tout indivisible, malgré la violence (apparente) des affrontements qui peuvent "opposer" l'aile étatique centrale à l'aile mafieuse liée aux pouvoirs locaux. La violence criminelle pourrait bien, par exemple, servir un jour de prétexte (c'est d'ailleurs déjà un peu le cas) à un état d'exception militarisé qui ferait tout sauf les affaires des progressistes... Dans cette situation, au demeurant, une partie des forces mafieuses serait peut-être éliminée mais une autre trouverait très certainement un modus vivendi avec le pouvoir, comme cela a pu se passer en Russie avec Poutine (ou dans le Sud italien sous Mussolini).
L'ennemi des masses et de la jeunesse du Mexique, c'est le système semi-colonial semi-féodal mis en place par l'impérialisme (principalement US) à son service ; un système qui doit être balayé par la Guerre du Peuple.
Ce jour-là les assassins mafieux et fascistes verront s'abattre sur eux le bras du juste châtiment ; et ce seront leurs cadavres qui pourriront suspendus aux branches des belombras !
* Créées après la "révolution" (modernisation bourgeoise radicale sous pression populaire) des années 1910, les ENR accueillent de manière relativement démocratique les jeunes de milieu populaire des campagnes pour devenir instituteurs. Elles font l'objet (depuis une quinzaine d'années environ) d'une offensive du gouvernement mexicain pour les priver de moyens et (à terme) les liquider - le président actuel, Enrique Peña Nieto, a parlé de "résidus anachroniques" à leur sujet. Leurs enseignants et étudiants sont donc en résistance depuis de nombreuses années et ont déjà payé un lourd tribut : on parle de plus de 2.200 arrestations depuis l'an 2000.
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Par Servir le 20 Juin 2014 à 22:14
Voici un texte des camarades du Front populaire indépendant de Rio de Janeiro (maoïste, "galaxie A Nova Democracia") revenant sur l'opposition de masse à la Coupe du Monde de foot au Brésil, cette gigantesque orgie capitaliste antipopulaire dont nous avons déjà plusieurs fois parlé. La traduction en français a été publiée par La Cause du Peuple, journal du FRAP.
Pourquoi crions-nous "IL N'Y AURA PAS DE COUPE DU MONDE ?"
Le football est le sport de la multitude ; un sport qui soulève les passions les plus intenses chez les gens du monde entier. Nous ne nions pas l'importance du football pour le Peuple brésilien et même le rôle du sport et des loisirs dans la société. Cependant, la Coupe du Monde de la FIFA n'est pas seulement un événement sportif.
Le cri de "NÃO VAI TER COPA - IL N'Y AURA PAS DE COUPE DU MONDE" est apparu dans les rues lors du soulèvement populaire de juin 2013, quand des milliers de personnes de différentes villes du pays se sont battues pour de meilleures conditions de vie et de travail. Crier "IL N'Y AURA PAS DE COUPE DU MONDE" c’est être contre la domination totale du pouvoir économique et de ses intérêts dans les décisions politiques, qui doivent être déterminées par le Peuple et axées uniquement sur ses besoins réels. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les crimes commis au nom de la Coupe du Monde. Faire taire le cri "IL N'Y AURA PAS DE COUPE DU MONDE" c'est trahir le Peuple pauvre, c'est trahir la lutte contre les inégalités sociales. C’est TRAHIR la rue !
Pourquoi crions-nous "IL N'Y AURA PAS DE COUPE DU MONDE" ?
EXPULSIONS
Au nom de la Coupe du Monde et des Jeux Olympiques, les expulsions illégales et les pires violations des droits de l'homme ont été et sont commises. Des communautés entières ont été et sont rayées de la carte, mettant fin à la vie de milliers de personnes.
Les expulsions génèrent la douleur, la tristesse, l'abandon et la mort. L'ensemble du processus est de la torture, depuis le graffiti pour marquer les maisons à démolir (ce qui ressemble à des pratiques nazies) et de l’abjecte pression (avec intimidation et menaces) des fonctionnaires de la SMH (Secretaria Municipal de Habitação - Secrétariat Municipal du Logement) jusqu'à l’expulsion par la force, souvent avec la police brandissant des armes à feu pour sortir les gens de leurs propres maisons.
L'État bourgeois brésilien, connu comme un État "démocratique" et "de droit", nie le droit de chacun à des conditions de vie capables de garantir à elle / lui-même et à son / sa famille l'essentiel des services sociaux indispensables à la dignité humaine : santé, éducation, assainissement urbain, transport et LOGEMENT. Le droit à un toit est complètement nié par l'État bourgeois.
La Coupe du Monde reproduit l'exclusion sociale et raciale. Elle approfondit les problèmes sociaux et environnementaux jamais résolus.
Plus de 250 000 familles ont été expulsées et/ou vivent sous la menace de l’être. Les dépenses pour la Coupe du Monde au Brésil franchissent (pour l'instant) la barre incroyable des 30 milliards de réals [près de 9,8 milliards d’euros]. En comparaison, la somme des trois dernières Coupes du Monde atteint à peine 25 milliards.ÉNORMES DÉPENSES PUBLIQUES ET ÉLÉPHANTS BLANCS
Que sont les éléphants blancs ? Ce sont d’extrêmement coûteux, énormes, mais aussi COMPLÈTEMENT INUTILES travaux. En parler populaire, c’est le fameux "jeter l'argent par les fenêtres".
Les stades de Brasilia, Cuiaba, Manaus et Natal ne seront pas prêts pour moins de 3 milliards de réals au total. La subvention sera financée par la BNDES et les gouvernements des États, qui sont constitués de fonds publics, donc de notre argent.
Le stade Mané Garrincha à Brasilia, par exemple, a une capacité de 71 000 personnes. La contradiction saute aux yeux quand on regarde le public du premier match de la finale du championnat brésilien de l'an dernier : 1956 spectateurs. Le même scénario se répète dans les trois autres villes mentionnées.
À Manaus, l'absurdité est encore plus grande ! Le Groupe de contrôle du système pénitentiaire (Grupo de Monitoramento e Fiscalização do Sistema Carcerário), lié à la Cour d'Amazonas (Tribunal de Justiça do Amazonas), a émis l'hypothèse de transformer le stade nouvellement construit en une "prison" temporaire.
La rénovation du Maracanã a coûté près de 2 milliards de réals et seulement trois matchs de la Coupe du Monde s’y joueront. Il a été dépensé plus d’argent que pour la construction d'un nouveau stade ! Le nouveau stade, désormais une "arène", a effacé l'identité historique du Maracanã. Les supporters et même les joueurs de l'équipe nationale espagnole et italienne ont eu ces sentiments lorsqu’ils sont entrés dans le nouveau stade : "Où est le public ?", "Il est très européen", "Comme les autres stades, il a perdu sa mystique…".
LES OPPRESSIONS DE RACE ET DE GENRE
La Coupe du Monde de la FIFA perpétue les anciennes pratiques sexistes et encourage la marchandisation du corps.
Un exemple en sont les t-shirts vendus par Adidas, l'une des multinationales qui parrainent ce méga-événement. Sur les t-shirts sont imprimées des fesses de femmes, une allusion grossière pour renforcer l'oppression de genre et, en particulier, les agressions sexistes quotidiennes contre les femmes brésiliennes.
Ajouté à cela, il y a le racisme : la FIFA est muette sur les nombreux cas de racisme dans les championnats d'Europe et du monde ; un couple a été refusé par la FIFA, avec l'appui du gouvernement, pour la présentation du tirage au sort de la Coupe du Monde parce qu’ils étaient Noirs, avec le discours que le couple ne répondait pas aux "normes européennes".
La Coupe du monde ne fera que développer les sites de cyber-séduction qui profitent du marché de l'exploitation sexuelle. En Afrique du Sud, par exemple, le nombre estimé a augmenté de 100 à 140 milliards au cours du méga-événement 2010.
Le Brésil a l'un des niveaux les plus élevés d'exploitation sexuelle des mineurs dans le monde. Il y a de plus en plus de dénonciations de l'augmentation de l'exploitation sexuelle, y compris des enfants et des adolescents autour des stades et des grands travaux d'urbanisme de la Coupe du monde ; il a été révélé, par exemple, que des filles âgées de 11 à 14 ans se prostituent dans la région d’Itaquerão, dans le secteur Est de São Paul.
ÉLITISME = SÉGRÉGATION DANS LES STADES
Les nouveaux stades, ou arènes, ne brillent qu'en apparence. Dans la pratique, il y a un effet secondaire tragique en cours : les coûts des nouvelles "arènes" (payées avec l'argent public, donc notre argent) sont intégrés dans le prix des billets, qui deviennent plus chers, créant une élitisation du football. Ceci est le résultat de la privatisation des espaces publics - entreprises capitalistes qui ne cherchent que leur profit en acquérant le contrôle des espaces publics.
Les supporters traditionnels, ceux de la classe ouvrière, la même qui a construit les stades ou arènes, sont privés de leurs droits : un travailleur ne peut pas se permettre un billet qui coûte l'équivalent de 50% (ou plus) du salaire minimum.
Une étude récente a montré que les billets du Championnat brésilien en cours dans les nouvelles arènes sont en moyenne 119% plus chers que dans l'ancien stade.
RÉPRESSION
Plus inquiétant que la campagne orchestrée pour discréditer ceux qui critiquent la Coupe du Monde est le mouvement orchestré par l'État brésilien pour développer l'appareil répressif visant à étouffer les protestations lors du méga-événement - et très probablement encore après.Ce mouvement a agi sur deux fronts : législatif et apparent (militaire et policier). Les projets de loi qui visent à créer le délit de terrorisme au Brésil créent des failles juridiques de sorte que le pouvoir judiciaire puisse incriminer les mouvements sociaux et les manifestants comme des terroristes.
Le gouvernement fédéral envoie maintenant des troupes fédérales à Rio de Janeiro sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue. Le trafic a toujours existé, il n’a jamais cessé. Pourquoi maintenant ? Il s'agit d'une action des gouvernements (fédéral, des États et municipaux) pour justifier l'arrivée des troupes fédérales en appui à l'invasion des favelas, à l’installation ou l'amélioration de l'UPP [Unités de Police de Pacification], amplifiant la domination et la répression d'État ainsi que le profit capitaliste puisque la première action de l'État est d'ouvrir la porte aux entreprises privées pour obtenir de nouveaux clients.
Dans un contexte d'indignation et de manifestations, les forces répressives augmentent avec l'objectif d'étouffer, de réprimer et de contrôler les luttes populaires, en particulier les soulèvements qui ont eu lieu dans les bidonvilles, lieux de nombreux foyers de résistance. En outre, c’est dans les bidonvilles que les pauvres et les Noirs sont persécutés, torturés et assassinés.
Ce qui est arrivé à Manguinhos était plus qu'une révolte populaire ! Une centaine de familles ont occupé un entrepôt (vide) derrière la bibliothèque Parque de Manguinhos. La police militaire a tenté de retirer de force les familles. Face à la résistance des habitants, la police a tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes ; la population a répondu par une grêle de pierres et de bouteilles. Ensuite, la police a commencé à tirer avec des armes à feu. Plusieurs personnes ont été blessées. Quatre jeunes gens ont été tués, un autre est dans un état grave. Il s'agit là d'une criminalisation de la pauvreté et des mouvements sociaux, des luttes et des occupations.
MANIFESTATIONS
Devant autant d’arbitraire, de violations des droits de l'homme, de processus d'exclusion sociale complète, d'appropriation des biens publics, de détournements des fonds publics, entre autres crimes contre le Peuple, manifester contre la Coupe du Monde de la FIFA au Brésil est non seulement légitime mais c’est également un devoir. Par conséquent, ne soyez pas intimidés par les menteurs et les discours de patriotisme aveugle, ou par les articles écrits par des journalistes et des intellectuels dont le véritable engagement est avec tel ou tel parti politique, ou pour leurs propres poche.
Les actions de la police contre les manifestations s'intensifient, un fait qui est devenu clair lors de la manifestation du 25 janvier, lorsque le manifestant Fabrício Proteus Chaves s’est fait tirer dessus à bout portant par la Police militaire (le conduisant aux portes de la mort). Cet acte lâche, courant dans les bidonvilles et les périphéries du Brésil, nous met en état d'alerte pour les futures manifestations.
Ni la violence de la police, ni le discours mensonger de dénigrement ne nous arrêteront. Nous faisons partie du Peuple, nous nous battons pour le Peuple et avec le Peuple. Rien ne nous empêchera de jouir du droit constitutionnel à manifester, notamment contre la Coupe du Monde plongée dans la pourriture et les crimes - qui a même conduit à l'arrestation et à la mort de personnes qui ont souffert des expulsions brutales ou du processus de "nettoyage" social.
Les manifestations contre la Coupe du Monde au Brésil représentent la lutte pour les intérêts du Peuple et la défense de la dignité humaine, bafouée par des lois d'urgence et le lâche processus de construction de cette Coupe du Monde de la FIFA.
FRENTE INDEPENDENTE POPULAR – RJ / FRONT POPULAIRE INDÉPENDANT – RIO DE JANEIRO
NÃO VAI TER COPA !!!
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Par Servir le 7 Juin 2014 à 22:19
... et pendant que les packs de bière rafraîchissent au frigo, le nettoyage social des pauvres-qui-font-tache se poursuit à Rio et dans les autres grandes villes devant accueillir la compétition.
Puissent ces images dignes de quelque "guerre ethnique" africaine, de la Bosnie ou du Kosovo remplir vos cœurs d'une juste HAINE DE CLASSE !
Avec un spécial big up pour ce connard de Platini qui, toute honte bue, demande aux Brésilien-ne-s de "se calmer un peu" l'espace d'un mois, autrement dit oublier leurs droits d'êtres humains et dans le cas des favelas se laisser parquer, chasser comme des malpropres voire massacrer sans broncher (ah qu'elle est loin, sous les ors de la FIFA, la classe ouvrière lorraine qui l'a vu naître) !
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Par Servir le 28 Mai 2014 à 17:09
Depuis le début de l'année, le Venezuela est en proie à de violents troubles opposant le gouvernement "socialiste" de Nicolás Maduro et ses partisans à ceux de son opposition de droite et du centre (Leopoldo López, Henrique Capriles etc.) ; troubles qui ont fait plus de 30 morts et 500 blessés. Nous avons déjà eu l'occasion d'évoquer brièvement ces événements, derrière lesquels se profile le même affrontement mondial entre blocs impérialistes euro-US et russo-chinois qui met à feu et à sang la Syrie et l'Ukraine, dans notre revue régulière d'actualité ; et de rappeler notre position de principe sur ces pays "bolivariens" : 1/ défense inconditionnelle du fait populaire bolivarien (mobilisation de masse et rapport de force instauré par celle-ci) face aux offensives réactionnaires terroristes de l'impérialisme et de l'oligarchie, 2/ défense tout aussi inconditionnelle du même fait populaire contre les trahisons et autres agissements contre-révolutionnaires et antipopulaires du réformisme bourgeois. De fait, nous avons là la (vieille et connue) contradiction entre ce qui est (nationalisme et réformisme bourgeois) et ce que croient les masses ("révolution", "marche au socialisme") ; ce que croient les masses étant tout à fait susceptible (à tout moment) de devenir force matérielle, ce pourquoi les réformistes "bolivariens" ("bolibourgeoisie") et leurs soutiens impérialistes et expansionnistes (russes, chinois, européens, iraniens, brésiliens, argentins etc.) tentent à tout prix de le garder sous contrôle, et la droite oligarchique et ses soutiens impérialistes (US ou européens) de l'écraser : ce sont les deux types de menées contre-révolutionnaires que les communistes révolutionnaires combattent.
Il semble toutefois que nous soyons dans une situation fort différente de celle de 2002 et du milieu des années 2005, lorsque Chávez avait ouvertement violé le "pacte" qu'il avait forcément (comme Lula, Kirchner et tous les autres) passé avec l'oligarchie pour être élu en 1998 et que celle-ci tentait à tout prix de le renverser avec la pire violence, la mobilisation des masses lui sauvant la mise et le coiffant, si l'on peut dire, d'une "couronne de pavés". Les révisionnistes et autres fantasmateurs sur le "socialisme du 21e siècle" bolivarien nous raconteront avec une lueur de fierté dans les yeux que "le processus révolutionnaire a vaillamment résisté à la contre-révolution impérialiste"... Mais la réalité est, apparemment, que nous nous acheminerions encore un peu plus vers un nouveau Punto Fijo ; accélération d'un processus déjà commencé depuis la fin des années 2000 (en fait depuis la crise consécutive au crash des cours du pétrole fin 2008, de 136 à environ 50$ le baril).
De fait, il n'y a donc aucun "renversement" du gouvernement "socialiste" bolivarien à l'ordre du jour : celui-ci est tout simplement en train de se "renverser" tout seul, pour ramener le pays à la situation antérieure à 1998. Un processus entamé, comme on l'a dit, dès les années 2008-2009 avec l'effondrement des cours du brut, puisqu'en fait de "révolution" il n'y avait rien de plus qu'un réformisme redistributif basé sur la rente pétrolière ; poursuivi ensuite avec la baisse électorale constante de Chávez puis l'élection de justesse de Maduro en 2013 ; pour déboucher enfin sur la situation actuelle de négociation et de partage du pouvoir avec la droite et le patronat "d'ancien type", la mobilisation de droite et du centre dans la rue (et les violences qui l'accompagnent) n'étant là que pour faire pression sur les pourparlers. Au niveau inter-impérialiste, il est probable que les Russes considèrent (comme ils l'ont toujours fait quelque part) qu'après tout, l'Amérique latine n'est pas vraiment "leur" hémisphère et qu'ils ont des intérêts stratégiques beaucoup plus vitaux à défendre en Ukraine, en Syrie, dans le Caucase et en Asie centrale ; tandis que les Chinois sont (comme toujours) prêts au compromis du moment que leurs intérêts sont un minimum garantis (ils n'ont pas encore besoin d'une mainmise totale et ouverte sur des dizaines de pays)...
Ainsi devrait s'achever, dans les mois et les années qui viennent, l'expérience de la "révolution bolivarienne" au Venezuela. À moins que, s'appuyant justement sur le refus populaire de cela, un VÉRITABLE (cette fois-ci) processus révolutionnaire ne se mette en marche avec, comme disent les camarades du MGR dont nous vous offrons ci-dessous un nouveau texte traduit (suivi d'une déclaration de la Coordination Simón Bolívar), "toutes les forces de l'Histoire" !
Pour la révolution, nous enverrons balader qui il faudra !
Ces derniers jours, le camarade et révolutionnaire conséquent Roland Denis a formulé une question brûlante qui en a apparemment fait frissonner plus d'un : "Qui serait prêt à envoyer balader le président Maduro, au vu de la tournure prise par le processus bolivarien ?".Nombreuses ont été les déclarations qui ont suivi, et le débat ne fait apparemment que commencer dans le camp des révolutionnaires ainsi que dans une gauche déjà résignée à son incapacité de poser réellement la question du Pouvoir.
Nous nous souviendrons ici que "gauche" et révolutionnaires sont deux choses bien différentes, voire opposées pourrait-on dire ; les seconds luttant pour changer à la racine l'actuel système capitaliste d'exploitation à travers une révolution socialiste pulvérisant l’État bourgeois [bureaucratique-compradore semi-colonial semi-féodal NDLR] pourri tandis que les premiers, en revanche, cherchent désespérément à se raccrocher à n'importe quelle réformette, n’importe quelle mesurette populiste, n'importe quelque discours redondant et sans contenu réel, n'importe quel scénario électoraliste pour le présenter comme "socialiste" et, de cette manière, s'assurer que l’État capitaliste [semi-colonial semi-féodal NDLR] pourri continue à fonctionner et (ainsi) garder une chance de ramasser les quelques miettes semées par le pouvoir réel pour soutenir tout son édifice d'exploitation.
Afin d'apporter notre contribution au débat et sans esquiver l'énorme responsabilité qui nous incombe dans ce scénario complexe que nous traversons, nous livrerons ici notre réponse à la question formulée par le camarade Roland Denis.
Nous commencerons par la proposition même que fait le camarade. Selon nous, ce n'est pas seulement Nicolás Maduro qu'il faut envoyer péter. Maduro n'est selon nous que la pointe émergée de tout un iceberg qu'il faut dévoiler. Au Venezuela, comme nous le répétons depuis 7 ans, une petite bourgeoisie bureaucratisée s'est installée à la tête du processus bolivarien et grâce aux ressources illimitées de l’État, au moyen de toute une série d'arguties, de subterfuges, de fraudes, de détournements et d'escroqueries, de créations de sociétés écrans ou de "coopératives" étant en réalité des entreprises privées, a obtenu de l’État des contrats multimillionnaires lui permettant de faire main basse sur une grande partie des dépenses publiques et de se transformer ainsi en un nouveau segment bourgeois, s'éloignant de sa condition première de bureaucratie petite-bourgeoise.
Nous avons également expliqué en temps voulu que le "socialisme du 21e siècle" n'était rien de plus qu'un succédané de socialisme et qu'il n'existait pas de révolutions à moitié, comme l'ont dramatiquement démontré les cas du Chili, du Nicaragua et d'autres pays encore.
Prétendre qu'il existe une révolution socialiste alors que la bourgeoisie conserve le pouvoir réel sur l'économie est non seulement une escroquerie intellectuelle, mais plus grave encore : cela finit par être un CRIME contre la classe ouvrière et tous les secteurs exploités des villes et des campagnes, qui luttent pour leur libération du joug exploiteur du capitalisme.
Tout comme nous avons expliqué que le Pouvoir populaire ne consiste pas à coller cette appellation sur les institutions de l’État bourgeois, mais à le construire réellement et depuis l'EXTÉRIEUR de cet État que l'on prétend détruire.
Nous ne nous sommes pas trompés lorsque nous disions que le socialisme ne S’ACHÈTE PAS grâce à des cours du pétrole élevés, en indemnisant la bourgeoisie pour chaque nouvelle expropriation réalisée par le vieil État, à des prix très au-dessus de la valeur réelle et de l'investissement dans le capital réalisé par la bourgeoisie qu'elle soit nationale ou internationale (voir les cas Sidor, Banco Santander etc.).
Nous avons dit et répété que c'était une erreur de parler d'un monde bipolaire [NDLR : entendu au sens d'un "camp impérialiste" dirigé par les États-Unis et d'un "camp anti-impérialiste" avec la Russie, la Chine etc.] alors que nous vivons en réalité dans un monde capitaliste globalisé où n'existe rien d'autre que la concurrence entre impérialistes pour conquérir des marchés, celle-ci incluant simplement de nouveaux acteurs tant au niveau mondial (Chine) que régional (Brésil).
Notre voix était forte et claire lorsque nous disions qu'un parti de composition interclassiste, avec une direction bureaucratisée à l'extrême, sans théorie révolutionnaire et ne s'exprimant que comme machinerie électorale de temps à autres ne pouvait être qu'un appareil social-démocrate, incapable de réaliser des changements révolutionnaires et à vrai dire incapable même d'exprimer la voix de sa militance. Chaque fois que sa direction réelle émanait de son dernier congrès, elle ne s'exprimait ni même n'agissait comme telle mais par l'intermédiaire de "porte-paroles".
Que n'avons-nous pas été critiqués lorsque nous disions que le Grand Pôle Patriotique (GPP) n'était qu'une illusion stérile et plus encore qu'une alliance politique, une réunion de vieilles références cherchant quelque petit espace vital dans l'appareil d’État et à bénéficier de temps en temps d'une alliance avec le parti au pouvoir.
Sur ce point, et sauf honorables exceptions sur lesquelles nous reviendrons avec noms et prénoms plus avant, nous aimerions poser la question : quand est-ce que le GPP a appuyé pour la dernière fois publiquement et activement une grève de travailleurs pour leurs justes revendications ? Ou fait pression depuis la rue pour la libération d'authentiques révolutionnaires internationalistes emprisonnés au Venezuela ? Ou exigé en mobilisant ses militants et autres partisans l'éclaircissement urgent de la mort de presque 400 dirigeants et militants paysans et ouvriers, tous leaders populaires, assassinés pour la majorité par des hommes de main des grands propriétaires ? Ceci pour ne citer que quelques-uns des cas dans lesquels il aurait pu intervenir et a préféré ne pas le faire. Pourquoi ?
Il est bon de se remémorer lorsque nous alertions sur le clientélisme de beaucoup d'organisations, et la manière dont était captée la jeunesse pour la soumettre aux institutions bureaucratiques, l'éloigner du militantisme réel la rallier au maintien de ce même système contre lequel on prétendait lutter.
Combien d'escrocs ont-ils fait leur beurre sur les immenses efforts de la classe ouvrière et du Peuple bolivarien pendant toutes ces années ? Faut-il rafraîchir la mémoire sur la position de Miquilena [Ministre de la Justice et de l'Intérieur 2001-2002] et autres escrocs de cette époque ? L'action du ministre Riveros à la tête du ministère du Travail serait-elle un mystère ? Et de tant de ministres qui ont accompagné le "processus", ainsi que de maires, gouverneurs et autres transfuges qui sont aujourd'hui de flamboyants entrepreneurs.
Il ne s'agit pas seulement d'Isea [gouverneur PSUV de l’État d'Aragua 2008-2012 puis directeur de la Banque de l'ALBA en 2013, tombé pour détournement de dizaines de millions de dollars] et de sa bande, ou aurions-nous déjà oublié Andrade et toute la pourriture corrompue de la BANDES (Banque de Développement économique et social) ? Nous ne cherchons pas à occulter des noms ni quoi que ce soit mais nous ne voulons pas que ce texte devienne une liste de corrompus, escrocs et transfuges, car taper chaque nom, décrire chaque situation nous fait mal dans le plus profond, le plus humain et le plus guévariste de notre raison d'être et d'exister comme force politique.
Mais se souvenir et dire la vérité est un exercice sain. Il y a encore peu, beaucoup à gauche nous disaient qu'il "ne faut rien dire, car la droite va en tirer profit". Mais de quoi la droite peut-elle encore tirer profit dans ce "processus" ? N'a-t-elle pas suffisamment profité de la fuite des capitaux en plein contrôle des changes ? D'acheter pendant des années le dollar à prix offert et de le revendre au marché noir ? Ou encore de l'amnistie qui lui a permis de se réarmer pour attaquer à nouveau la classe ouvrière et le Peuple pauvre et exploité de la ville comme des champs ?
Le manque de mémoire de cette gauche est décidément maladif. Tout le monde a déjà oublié l'achat des banques "bolivariennes" et leur mise en cause postérieure pour fraude. Et le frère de Jesse Chacón ? Ils diront bien sûr que son frère ne savait rien car ils ne se parlaient et ne se voyaient pas, et que l'actuel et alors ministre ne possédait aucune information sur ces opérations obscures que Chávez lui-même dénonçait publiquement.
La liste serait longue, mais la tentation est grande et l'indignation plus encore à nous remémorer tout cela, qui nous semble un très bon condensé des "après" que mentionne le camarade Roland Denis dans son texte. Nous divergeons simplement de lui dans la mesure où il personnalise le problème. Le problème selon nous ne se résume pas à Maduro.
C'est en réalité tout un système mensonger et pervers qui nous trompe et nous ment de manière habituelle et même avec notre complaisance. Ce n'est pas seulement aujourd'hui que la bourgeoisie attaque et tente de détruire le processus bolivarien, et ce n'est pas seulement un segment de celle-ci catalogué comme "bourgeoisie traditionnelle".
Le nouveau segment bourgeois enkysté dans le gouvernement défend sa nouvelle condition et tente de nous convaincre qu'il existe une "bonne" bourgeoisie, la nouvelle, et ceci sous les applaudissements nourris de tous ceux qui font du marxisme une lettre morte et jaunie et nous vendent leur discours qui ne leur sert qu'à s'auto-justifier comme nouveau segment bourgeois, se présentant comme la solution alors que pour eux il est fondamental de maintenir le capitalisme.
Le gouvernement nous parle de bourgeoisie patriote, honnête, qui veut produire... Quelle est alors la bourgeoisie "mauvaise" et conspiratrice ? La bourgeoisie "bonne, honnête et patriote" ne se chargerait-elle pas d'occuper le marché laissé libre par la bourgeoisie "apatride, traître et malhonnête", pour accaparer ou diminuer la production ? Vu le caractère importateur de celle-ci, cela ne devrait pas être un grand problème comparé à celui de l'industrialisation. Mensonges et justifications du capitalisme...
Ainsi la nouvelle bourgeoisie, depuis le cœur même du gouvernement, attaque-t-elle la classe ouvrière et le Peuple bolivarien sur le plan de la confusion théorique et idéologique ; mais elle ne se limite pas à cela, elle le fait aussi de manière pratique et publique.
Sur le site Aporrea est paru un article reflétant bien toute cette situation, où l'auteur Deivis Battes se pose lui aussi cette question lorsqu'il dit : "Dans le processus d'importation de dollars interviennent principalement les banques publiques et privées, le gouvernement et la bourgeoisie (comme donnée additionnelle, il faut mentionner que les importations publiques ont représenté en 2012 environ 44% du total). On a signalé en 2012 la perte de 20 millions de dollars. Qui a conspiré ? Comment peut-on "conspirer" sans la complicité de toutes les entités, parmi lesquelles se trouvent des agents et des institutions du secteur public ? Comment se peut-il que jusqu'à ce jour, on ne dispose pas de la liste de ces entreprises ou des principaux responsables en plein système de contrôle des changes ? Serait-ce que cela n'influe pas sur la pauvreté et les terribles niveaux d'inflation de l'année 2013 au point d'être considéré comme faisant partie de la guerre économique ? La fuite de capitaux par des moyens frauduleux, constante depuis 2003 et atteignant pour 2012 les 110 milliards de dollars (on ignore combien ont atterri dans les paradis fiscaux) serait-elle aussi une guerre économique "conspirative" ? Si cela dure depuis 2003, pourquoi cela devient-il seulement aujourd'hui une "guerre économique" ? Ne s'agit-il pas simplement d'une accumulation de capital dans les conditions particulières où s'effectuent les transferts de devises au Venezuela ?"...
C'est ainsi, camarade Roland Denis, que nous comprenons que le problème cesse d'être Maduro : c'est tout le système soutenant le vieil État capitaliste pourri qu'il faut envoyer promener, pour employer vos propres termes, afin de défaire une par une tous ces entraves à la réelle nécessité du Peuple d'avancer dans sa propre révolution, sans tuteur ni médiateur de service.
Nous ne voulons en aucune manière éluder le problème posé. Nous sommes en présence d'une situation nouvelle et inédite dans le processus, qui n'est autre que la LIQUIDATION de celui-ci par la mise en scène d'un nouveau pacte de Punto Fijo, aujourd'hui appelé "Pacte de Miraflores". Lorsque nous faisons référence à ce pacte, nous ne faisons pas seulement référence au spectacle grotesque et vulgaire de voir assis à Miraflores [le palais présidentiel] les mêmes assassins et putschistes du 11 Avril [2002] désormais qualifiés par euphémisme d'"opposition démocratique". Non. Nous nous référons au véritable, à l'authentique pacte qui n'a pas commencé le 12 février mais depuis bien avant. Ou alors, oublierions-nous les réunions de Merentes [Ministre des Finances 2001-2002 et 2004-2007 puis président de la Banque centrale du Venezuela 2009-2013 et à nouveau depuis janvier] et de l'équipe économique avec un parterre de 6.000 entrepreneurs lors de la précédente crise des prix, culminant avec la réception de M. Lorenzo Mendoza [dirigeant de la plus grande entreprise agroalimentaire du pays] à Miraflores ? Aurions-nous oublié les revendications de la bourgeoisie alors ? Ou serait-ce que l'actuelle "Table ronde pour la Paix économique" est autre chose que le reflet et l'aboutissement ces des premiers rapprochements ? Avons-nous déjà oublié la fermeture des émissions politiques de tout un ensemble de camarades qui se montraient critiques envers le cours actuel des choses, et la véritable offensive lancée par le gouvernement contre quiconque refuse de se plier totalement à la nouvelle orientation centriste et d'abandonner la ligne du "changement de cap" défini par le président Chávez [en octobre 2012, appelant à un bilan critique du travail accompli depuis alors 13 ans et au développement de "l’État communal"] ?
Le véritable Pacte de Miraflores commence à être mis en œuvre en ce moment même, et à se matérialiser à travers quelques 56 accords avec des chefs d'entreprise que le gouvernement s'acharne à garder secrets dans le dos du peuple. Mais on a beau les annoncer séparément et espacés dans le temps pour éviter l'impact de les rendre brutalement publics et visibles, ils se font déjà sentir dans le portefeuille des plus pauvres. Et ce ne sont pas seulement 56 accords en matière économique. Le même gouvernement a annoncé qu'il espérait parvenir à plus de 2.000 accords de ce type autour des différentes tables de négociation au niveau central et régional. Déjà sont en train d'être finalisés les 600 premiers accords régionaux et bien que le gouvernement s'échine à les garder secrets, la réalité têtue montre bien quel est le chemin suivi lorsque le président de la Fedecamaras [MEDEF vénézuélien], Jorge Roig, dit que "le gouvernement commence à prendre la bonne voie".
Nous sommes en présence du démontage total de l'essence du processus bolivarien qui, bien qu'on ne puisse le qualifier de socialiste, représentait une avancée par rapport à la situation antérieure de la classe ouvrière et du Peuple pauvre et exploité de la ville et de la campagne.
La table politique de négociation installée avec la MUD (Table de l'Unité démocratique, opposition "modérée" au PSUV) ces derniers jours n'est que le reflet tardif de la situation précédemment décrite avec les entrepreneurs. La bourgeoisie économique se représentait elle-même dans ces discussions, tandis que la droite politique faisait pression dans la rue pour rendre plus profonde encore la reddition du processus bolivarien.
Il s'agit en définitive d'une nouvelle répartition de la rente entre les deux différents secteurs de la bourgeoisie (bolibourgeoisie et bourgeoisie traditionnelle), dans un contexte de crise systémique du capitalisme rentier.
La crise actuelle est le produit du fait que le fonctionnement "relativement normal" de l'économie dépende de la rentre pétrolière. Étant donné que le prix du baril a chuté de 34% en valeur annuelle moyenne en 2009, pour remonter ensuite jusqu'en 2011 lorsque le baril valait environ 100$, mais stagner ensuite à ce prix en 2012, 2013 et 2014, ajouté au fait que la consommation interne d'essence continue à augmenter et que la production de pétrole n'augmente pas, nous nous retrouvons avec une stagnation voire une réduction des revenus pétroliers également appelés pétrodollars.
En d'autres termes : il n'y a pas de rentrées de dollars suffisantes pour maintenir le rythme d'accumulation du capital ou, ce qui revient au même, il n'y a pas suffisamment de dollars pour maintenir la croissance des gains capitalistes sans frapper de manière plus aiguë et marquée le pouvoir d'achat de la classe ouvrière et du peuple pauvre et exploité. Il n'y a là aucune "guerre économique" : il s'agit simplement de la crise systémique du capitalisme en général et du capitalisme rentier en particulier.
Comme peut le voir le camarade Denis, il ne s'agit donc pas d'envoyer Maduro et même un certain nombre de ses ministres et collaborateurs se faire voir mais d'en finir pour toujours avec le maudit capitalisme et son unique bénéficiaire, la bourgeoisie.
Nous comprenons bien sûr que les pactes et les acteurs sont passés par des personnes concrètes dans des situations concrètes. Mais nous avertissions déjà en avril 2009 : "Nous ne parlerons pas ici de néolibéralisme, pour diverses raisons sur lesquelles ne nous étendrons pas. Lorsque l'on parle de néolibéralisme, l'on tend à séparer ce concept du capitalisme, comme s'il existait un bon capitalisme (keynésien) et un mauvais (néolibéral), alors qu'en réalité ce sont les deux faces d'une même pièce. Mais il y a en outre un autre détail de grande importance.
Jamais le capitalisme n'applique des modèles "purs", et jamais ceux-ci ne sont exclusivement une seule chose. Habituellement, il y a des combinaisons de mesures en mettant l'accent sur l'une ou l'autre, mais les deux recettes représentent la continuité du Capital et l'application de l'une d'elle à un moment donné ne fait que préparer l'étape suivante, où s'exprimera principalement l'autre. Une fois épuisée la voie keynésienne (plus de dépenses sociales, appuyées dans le cas du Venezuela sur les cours élevés du pétrole), l'on passera nécessairement à appliquer la voie libérale et nous serons alors en présence de la liquidation d'une bonne partie du processus bolivarien reposant sur la rente pétrolière et ses hauts revenus en dollars. Il ne s'agit donc pas de changer les personnes, mais d'en finir une bonne fois pour toutes avec le système capitaliste avant qu'il ne soit trop tard, car la période d'aubaine des pétrodollars est déjà terminée...".
Nous ne cherchons pas à nier, par-là, toutes les grandes avancées sociales obtenues pendant toutes ces années dans le feu des luttes populaires, et la nécessaire défense de celles-ci. Bien au contraire. Nous affirmons que la seule issue révolutionnaire à la crise actuelle est l'approfondissement de la rupture avec la bourgeoisie parasite, totalement incapable de répondre aux nécessités du Peuple vénézuélien. Nous insistons bien sur le fait qu'il ne s'agit pas de personnes mais du MODÈLE de société ; il s'agit de tout le système dans son ensemble.
Pour revenir à notre sujet principal, l'invitation faite par Roland Denis, nous devons préciser que sans ignorer les immenses progrès qu'a signifiés le processus bolivarien, nous pouvons trouver dans son essence même les causes de la situation actuelle, causes qui échappent totalement à la responsabilité d'un personnage mineur comme Nicolás Maduro.
L'absence d'une organisation révolutionnaire mature, armée théoriquement d'un projet de pulvérisation de l'État bourgeois et de construction d'une nouvelle société socialiste, est une des causes structurelles de cette situation. Nous ne pouvons passer à la trappe les premières définitions théoriques du président Chávez, proches de la "troisième voie" proposée par le criminel de guerre Tony Blair, et sur ce point Maduro n'a guère de responsabilité au-delà de sa propre formation théorique et de son parcours ultérieur.
À un tel niveau du parti chaviste, nier que le projet bolivarien n'était pas et ne pouvait pas être socialiste, au vu des forces le composant notamment (et surtout) dans ses structures dirigeantes, équivaudrait à ne pas voir le soleil en plein jour clair et dégagé, et nous engagerait dans un débat sans fin. Il nous semble plus utile de signaler une autre cause structurelle qui nous a conduit à la situation actuelle : l'immense capacité, économique et par tout type de moyens, d'une cupule dirigeante centriste pour domestiquer et paralyser l'immense mouvement social qui s'était développé bien avant l'apparition de Chávez sur le devant de la scène, et que celui-ci allait canaliser en déployant une activité acharnée. Lorsque nous parlons de centrisme, nous ne faisons que reprendre les propres mots de José Vicente Rangel, à peine nommé ministre par Chávez après son élection, affirmant que l'objectif du gouvernement était d'appliquer une politique centriste de réforme et de perfectionnement de l'État. Comme vous pouvez le voir, ce n'est pas nous qui inventons quoi que ce soit.
Nous n'ignorons pas que la lutte des classes a par la suite aiguisé les contradictions et que le président a évolué à mesure qu'avançait le processus et que s'approfondissait sa propre étude et compréhension des réalités politiques ; il s'agit simplement ici d'analyser les causes qui nous ont conduits là où nous sommes. L'existence d'une direction éloignée de la théorie révolutionnaire a rendu possible qu'à chaque fois qu'existaient les conditions pour réellement achever d'approfondir le processus, en avril 2002 et en janvier 2003 et par la suite, cette possibilité a été écartée et l'on a recherché le pacte, même minime, sous le prétexte de construire de nouvelles et meilleures conditions, dans l'arène internationale surtout, par la construction d'instruments politico-juridiques permettant l'intégration économique régionale [continentale] et la modification des rapports de forces au niveau mondial.
La seule évocation d'une époque où toute l'Assemblée nationale était "chaviste" suffit à démontrer que la stratégie d'alors n'était pas d'approfondir la "révolution". C'était l'époque de l'apparition des nouveaux riches, enfants légitimes du processus, et de tout un incroyable écheveau de bonnes affaires et de corruption effrénée.
Si la "révolution" n'a pas été approfondie alors, en temps de prospérité économique, cela ne se fera pas plus aujourd'hui à l'heure de la crise économique, politique et sociale généralisée. Tout le reste n'est qu'illusions, vœux pieux et belles paroles sans contenu destinées à l'auditoire captif disposé à les applaudir.
Le rapport de force actuel diffère totalement de celui de 2002, lorsque le Peuple mobilisé en une fulminante offensive avait envoyé balader la bourgeoisie putschiste et repris le pouvoir sans même y avoir été appelée. Nous étions alors en présence d'un coup d'État, avec la participation d'un secteur important des forces armées, le fascisme à Miraflores et de toutes parts, et pourtant le Peuple les a tous remis à leur place et a réinstallé Hugo Chávez à Miraflores.
Aujourd'hui ont surgi quelques barricades, quelques faits de violence fasciste perpétrés par des paramilitaires avec la nécessaire complicité de la droite économique comme politique, mais aussi avec celle de groupes à l'intérieur du gouvernement et des forces armées et de sécurité. Et que fait-on contre cela ? Convoque-t-on le Peuple pour défendre le processus dans la rue ? Non. On appelle à la paix et à la négociation, on signe des accords secrets et on installe à Miraflores les assassins du Peuple que nous connaissons tous dans un grand show médiatique, et tout cela est présenté aux masses comme un grand succès.
Pour le 1er Mai a été annoncé en grande pompe une augmentation ridicule des salaires, bien au-dessous de l'inflation réelle accumulée et les écrivaillons de service s'écrieront de joie "oui, c'est ainsi que l'on gouverne !". Hypocrites justificateurs de l'exploitation capitaliste.
Il y a des "camarades" qui avec une bassesse incroyable assument le discours de la droite et justifient cette sinistre mascarade sous l'excuse puérile qu'il "ne faut pas dresser le peuple contre le peuple, puisque le pays est coupé en deux parts égales". Nous avons beaucoup entendu cet argument au nom du "réalisme politique", et beaucoup d'autres encore tout aussi vides de contenu, utilisant le même langage que la droite et la plus servile social-démocratie bourgeoise.
Les dirigeants du processus, se basant sur un message mystique, se présentent comme les uniques dépositaires de la figure et de la pensée de Chávez et se prétendent ses héritiers politiques, dans une tentative de capter le leadership du président défunt vers eux-mêmes et affirmer ainsi le leur pour justifier leurs pactes avec la bourgeoisie, l'entrée du processus dans une phase d'établissement d'un nouveau pacte inter-bourgeois.
Ils falsifient de cette manière le véritable héritage du président Chávez, qui malgré toutes ses erreurs et lacunes théoriques initiales avait su comprendre à la fin de sa vie qu'il s'était trompé, et tentait de réorienter et d'approfondir le processus pour le transformer en une véritable révolution socialiste. Il ne ressortait pas autre chose du "Changement de Cap" annoncé par lui [en octobre 2012], et qu'il n'a pu mettre en œuvre car surpris par une mort prématurée et au demeurant fort suspecte.
Au vu de tout ce qui précède, la question surgit comme la formulait déjà le grand Lénine en son temps : QUE FAIRE ? Et la réponse du guévarisme militant et révolutionnaire est :
Ne pas mentir à la classe ouvrière et au Peuple pauvre et exploité de la ville et des campagnes.
Ne pas l'illusionner avec une sortie de crise négociée avec la droite économique et politique.
Démasquer le caractère bourgeois de la nouvelle direction qui assume le désarmement du processus bolivarien.
Organiser pour le combat de classe la classe ouvrière, les pauvres et les exploités.
Construire ensemble avec d'autres forces révolutionnaires le nouveau sujet politique et social de la révolution socialiste véritable.
Organiser le Pouvoir populaire réel depuis la base, depuis l'extérieur de l'État bourgeois pourri et en lutte permanente contre lui.
Éduquer théoriquement l'avant-garde qui partagera et combinera les trois principes de base : indépendance de classe, lutte pour le pouvoir réel et combinaison de toutes les formes de lutte.
Nous immerger dans les classes populaires, construire des organisations sociales militantes et combattives.
Nous opposer par tous les moyens à la reddition du processus bolivarien, dénoncer les pactes et développer une nouvelle culture révolutionnaire.
Combattre le fascisme dans toutes ses expressions, ne pas perdre de vue l'ennemi principal qui est la BOURGEOISIE, représentante locale de l'impérialisme.
Innonder les espaces publics et sociaux de la voix des exploités, de la classe ouvrière en lutte.
Construire de nouvelles organisations ouvrières à l'abri du clientélisme, des mafias syndicales, des coteries de pouvoir, des compromis avec les patrons.
Livrer la bataille théorique contre la bourgeoisie, la traditionnelle comme celle surgie ces dernières années sous la protection du gouvernement.
Préparer stratégiquement nos forces, contrôler les espaces et les territoires par le Pouvoir populaire construit sur la base de la lutte et de l'autonomie.
Construire un nouveau sujet médiatique populaire avec des milliers de têtes, d'yeux et de bouches de toutes parts, défendant les intérêts de la classe ouvrière et des pauvres et exploités de la ville et des campagnes.
Ne renoncer à aucune forme de lutte mais au contraire les intégrer toutes dans un même plan stratégique d'accumulation de forces.
Impulser la mobilisation de la classe ouvrière et des secteurs populaires pour leurs droits, la défense de leurs conquêtes et l'obtention de nouvelles, et autres buts ambitieux qui nous rapprochent de l'objectif stratégique de la révolution socialiste.
Briser le nouveau pacte social que prétendent construire les segments de la bourgeoisie au sein du gouvernement et dans l'opposition, faire irruption dans ce scénario bien huilé avec le nouveau sujet politique et social de la révolution.
Enterrer pour toujours la vieille gauche capitaliste, capable de justifier de tous les pactes avec la bourgeoisie pour garder sa petite place dans les sphères du pouvoir.
Comme on peut le voir, pour les guévaristes ce n'est pas seulement Nicolás Maduro qu'il faut envoyer balader. Celui-ci a déjà choisi de quel côté de l'histoire il voulait être et de quelle manière il voulait y entrer.
Nous, guévaristes révolutionnaires, membres d'une force politique encore petite mais en développement, assumons sans complexe le défi et enverrons promener qui il faudra, Nicolás Maduro inclus, pour la révolution et le socialisme.
L'Histoire nous appartient et ce sont les Peuples qui la font, les millions de femmes et d'hommes qui lèvent haut le drapeau de leurs rêves avec audace et valeur, marchant vers l'avenir sans se soucier des obstacles et des défis qu'ils devront affronter dans cette lutte contre la mort et l'esclavage du capitalisme. Rien ni personne ne pourra jamais les arrêter, car ils sont le meilleur de l'humanité et finiront par conquérir leur liberté par la révolution socialiste.
Que résonne de toutes parts notre cri d'amour et de combat :
À bas le fascisme et la capitulation réformiste, tout le Pouvoir au Peuple !
Non au Pacte bourgeois de Miraflores pour une nouvelle répartition de la rente !
Que les bourgeois et les traîtres ne s'y trompent pas : tant que la classe ouvrière et le Peuple vivent, la continue jusqu'au socialisme !
Ni oubli ni pardon pour les assassins et les traîtres à la classe ouvrière et au Peuple pauvre et exploité !
Gloire et honneur à ceux et celles qui luttent et résistent contre l'offensive du Capital et de la bourgeoisie !
Pas une minute de repos, toute une vie de combat pour la Révolution et le Socialisme !
Nous avons encore une Patrie et un Peuple rebelle pour longtemps !
En avant, en avant avec toutes les forces de l'Histoire !!!
Direction nationale,
Mouvement Guévariste Révolutionnaire
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De quelle paix parle-t-on, s'ils veulent laisser le monde tel qu'il est ?
Au Peuple du Venezuela,
Au Gouvernement bolivarien du Venezuela,
Aux Peuples et aux gouvernements du monde,
Aux médias de communication nationaux et internationaux,
À l'opinion publique nationale et internationale,
Au monde entier,
Frères et sœurs : de quelle paix parle-t-on ?
Dans une guerre de classe comme celle que livre le Peuple pauvre contre la bourgeoisie tout autour de la planète, la paix n'est pas négociable. Elle se conquiert à travers une lutte basée sur de fermes convictions de justice sociale et d'égalité.
Au Venezuela, tant que nous aurons des ressources naturelles, biologiques et énergétiques intéressant l'impérialisme global et tant que ce même impérialisme colonisateur et pillard existera, le Peuple restera un objectif à détruire pour ces forces du mal. Pour cela elles utilisent et utiliseront toutes les stratégies et les méthodes possibles et imaginables, depuis le bombardement culturel aliénant en passant par la manipulation médiatique, jusqu'au bombardement physique de notre territoire et au génocide subséquent de notre population, où la tendance politique des assassinés n'aura pas d'importance dans ce qu'ils appellent "dommages collatéraux".
Le Peuple doit définir quelle est la paix qu'il désire : celle d'avoir conquis un cadre social de justice, ou celle de la soumission à ses exploiteurs.
La paix silencieuse des morts, celle qui plane au-dessus des cimetières et des fosses communes, la paix des invisibilisés, des ignorés, des méprisés, des utilisés de toujours. La paix de la reddition, de la soumission, du pacte-trahison contre le Peuple, bourgeoise et immorale, ne peut être considérée dans notre Processus révolutionnaire bolivarien comme la paix désirée. Nous ne voulons pas de cette paix-là !
Les fils et filles de Bolívar, dans lesquel-le-s coule le sang guerrier de nos résistances indigènes et qu'illumine la valeur et la morale de nos libérateurs, n'ont pas même le choix entre vaincre et mourir. Il faut vaincre ! ; avec l'obstination du Commandant Suprême qui a lutté jusqu'au dernier souffle de sa vie.
Notre paix doit être le fruit d'un combat digne, d'un processus d'éducation et de transmission, de la compréhension et du respect mutuel, de la conscientisation des êtres humains, de la fraternité entre les citoyens, de l'égalité sociale et politique, de l'amour entre frères, fils et filles d'une même mère : la Terre. Jamais la paix du silence ni de céder un pouce sur nos droits humains !
Pacte et trahison de caractère bourgeois
De manière éhontée, antipopulaire et contre-révolutionnaire, la bolibourgeoisie a signé un pacte de trahison avec la bourgeoisie traditionnelle pour la répartition de la rentre pétrolière, pacte dont le Peuple paiera la facture. Le caractère antipopulaire de la bourgeoisie traditionnelle et exploiteuse et l'immoralité de la parasitaire et corrompue bolibourgeoisie se traduisent dans les politiques appliquées par le gouvernement actuel de Nicolás Maduro et de ses "conseillers", où nul sans doute ne décide moins que lui, et a fortiori que le Peuple. Les licenciements massifs exécutés par les entreprises privées et couverts par le gouvernement, les "ajustements" de prix au bénéfice des entreprises et au détriment des plus pauvres, la protection offerte aux mafias qui ont pillé notre Nation au travers de la CADIVI [Commission d'Administration des Devises règlementant les changes NDLR] et aux fonctionnaires corrompus qui se succèdent aux plus hautes charges gouvernementales, ajouté aux assassinats sélectifs de leaders sociaux révolutionnaires qui s'élèvent à 400 morts ces 15 dernières années, font partie des "politiques" que la bourgeoisie réserve à nous le Peuple, nous qui encore et toujours pleurons les morts et demeurons les exploités, les vilipendés, ceux dont on dénature ce qui a été obtenu par notre travail honnête : les pauvres couillons de toujours !
Le Peuple pauvre a toujours offert son sang en défense du Gouvernement bolivarien, et aujourd'hui Maduro et son cabinet s’assoient pour pactiser avec les éternels ennemis de ce Peuple souffrant, avec les maîtres d’œuvre des actes terroristes appelés "guarimbas" [occupations fascisantes des rues par des groupes de droite radicale, façon Ukraine] : Venamcham, Fedecámaras, Consecomercio, Conindustria, Fedeagro, Association Bancaire, partis de droite et d'ultra-droite regroupés dans la MUD, et y compris l’Église catholique.
Et nous autres, le Peuple ? "Bien, merci" : dehors, victimes de leurs "mesures" économiques, en attendant qu'ils nous convoquent à la prochaine marche ou élection, ou a sacrifier notre vie en défense de leurs privilèges et de leurs postes au gouvernement.
Les Guarimbas : contexte voulu et préfabriqué
C'est à cette réalité préfabriquée par ces deux classes bourgeoises, la traditionnelle et la gouvernementale, que les "guarimbas" ont offert le contexte idéal servant d'excuse pour qu'une caste au sommet de l’État trahisse le Peuple pauvre au bénéfice de ses intérêts élitistes, immoraux et contre-révolutionnaires, dans une diabolique alliance avec ceux qui depuis l'époque de l'indépendance de notre Patrie on réduit le Peuple en esclavage, comme c'est le cas de la bourgeoisie traditionnelle. La Cosiata [rébellion militaire ayant amené à la séparation de la Colombie et du Venezuela NDLR] et le Pacte de Punto Fijo nouvelle édition, réédités et raffinés.
Les Guarimbas ont été la concrétisation tactique d'une stratégie visant à démonter toutes les avancées du processus révolutionnaire que le Peuple, avec Chávez et le Gouvernement bolivarien, avait pu arracher. Contrairement à ce que le Peuple a pu initialement penser que visaient ces actes terroristes (une guerre civile à l'initiative de l'ultra-droite, ou assassiner sélectivement des personnes de toutes tendances politiques entre les mains des propres fonctionnaires de la police politique du gouvernement comme dans le cas de Bassil et "Juancho"), ils n'avaient en réalité (et les ont atteint) que deux objectifs : d'un côté, neutraliser l'activité révolutionnaire du mouvement populaire et obtenir l'appui de celui-ci au gouvernement ; et de l'autre, donner un sentiment de victoire à la classe moyenne d'opposition lorsque lui seront appliquées les mesures économiques qui même à elle sont préjudiciables. Le plan parfait au bénéfice des ennemis du Peuple...
Chávez est mort... ou ils l'ont assassiné ?
En réalité, la question exacte que nous devrions poser serait : qui l'a assassiné ? Avec certitude, cela doit être des personnes très proches de lui, ayant sa confiance ou, du moins, à qui il était obligé de faire confiance. Le but ? S'emparer du pouvoir politique sur le 5e producteur mondial de pétrole et la première réserve hydrocarbure de la planète : une paille !
Les pistes sont à chercher parmi ceux qui s'assoient à cette "Table de Discussion" actuelle ou qui composent la "Commission pour la Vérité", au sein des mafias qui se partagent les charges stratégiques au sommet de l’État et des Forces Armées, et surtout parmi ceux qui dictent leurs "conseils" en matière économique, contraires à la vision révolutionnaire et populaire du Comandante, et qui appliquent les dernières mesures politiques antipopulaires en faveur de nos ennemis de classe, ce qu'est la bourgeoisie.
Ceux-là, les assassins de Chávez, sont les mêmes qui ont assassiné des centaines de dirigeants populaires révolutionnaires, exécutés sélectivement au cours des 15 années du Gouvernement bolivarien, et que protège aujourd'hui ce gouvernement maduriste (soi-disant chaviste et révolutionnaire) sous la tutelle de l'impunité et l'ombre de la trahison. Ce sont les mêmes pour qui les cadres moraux, éthiques, efficaces dans leur gestion publique et surtout loyaux aux principes révolutionnaires sont gênants, qui s'échinent à les disqualifier et à les étiqueter de "radicaux", "ultras", "politiquement inconvenants"... jusqu'à ce qu'ils meurent au final dans d'étrange circonstances, comme récemment le camarade Eliécer Otaiza [compagnon de la première heure de Chávez depuis la tentative de "révolution militaire" de 1992, ex-chef de la police d'investigation et retrouvé assassiné fin avril NDLR].
La Révolte populaire doit reprendre
Le mouvement populaire doit être vigilant devant cette réalité peu enthousiasmante. Le gouvernement, qui sous Chávez était un allié dans le processus révolutionnaire (impulsé depuis bien avant la victoire présidentielle de 1998), s'est retourné avec Maduro en faveur des intérêts de la bourgeoisie. Le "Changement de Cap", ils l'ont effectué mais vers la droite, et dans le dos du Peuple.
Le drapeau de la morale révolutionnaire, populaire et anti-bourgeoise a été abaissée par le gouvernement. Ils nous ont vendu pour maintenir leurs privilèges, leur nouveau mode de vie bourgeois, fondé sur la corruption et l'extorsion des richesses du Peuple.
Puissants et sans scrupules sont les ennemis du Peuple, et ils sont autant à l'extérieur qu'à l'intérieur du gouvernement actuel :
À l'intérieur du gouvernement, tous ceux qui ont adopté la culture de la bourgeoisie et partagent ses privilèges, qui se sont enrichis par la corruption ou qui ont utilisé leur influence au bénéfice de la bourgeoisie et contre les intérêts du Peuple, sont tout simplement des traîtres envers le Peuple et nos ennemis de classe. On les reconnaît à leur nouveau style de vie opulent. Il suffit de savoir d'où ils viennent pour mesurer tout ce qu'ils ont obtenu en volant.
Et puis, dans nos traditionnels ennemis hors du gouvernement nous avons : les mercenaires étrangers, certains secteurs des polices métropolitaines [les flics dépendent généralement des pouvoirs municipaux au Venezuela NDLR], du CICPC [police d'investigation criminelle] et du Sebin [Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional - contre-espionnage] recrutés par la contre-révolution, les militaires golpistes et corrompus, la délinquance en col blanc, la hiérarchie catholique et ses appareils de reproduction idéologique (écoles, universités, fondations, Conférence épiscopale et partis comme le Copei et Primero Justicia), les universités privées de droite, les think thanks contre-révolutionnaires parmi lesquels le Cedice, le Cipe, la NED, l'Usaid, le Faes espagnol, la Fondation Internationale pour la Liberté, l'Institut Cato et la Fondation Friedrich Neuman, l'ILDIS, le Cendes de l'UCV, le Groupe La Colina de Teodoro Petkoff et compagnie, l'appareil économique bourgeois regroupé dans Venamcham, Fedecámaras, Consecomercio, Conindustria, Fedeagro, l'Association Bancaire, les médias de communication diffusant la culture capitaliste et impérialiste (Venevisión, Globovisión, Televen et les chaînes de Radio associées, entre autres), les ONG contre-révolutionnaires dirigées et financées par les États-Unis ainsi que les groupes d'investigation contre-révolutionnaires comme les Mormons et les Témoins de Jéhovah.
Un nouveau et difficile défi se présente à nous : briser le silence, en finir avec cette attitude soumise aux "directives" du gouvernement et retrouver notre caractère belligérant, rebelle, radicalement révolutionnaire et populaire.
Pour cela nous devons unir le Peuple, unir tous les éléments politiques, idéologiques, économiques, sociaux, moraux, militaires et culturels de caractère authentiquement révolutionnaire, et nous préparer pour la lutte éminemment nécessaire dans tous les domaines : politique, économique et militaire. Ainsi, oui nous sommes convaincus de suivre la voie de Guaicaipuro et de nos frères indigènes en résistance, de Bolívar et de nos libérateurs, et de Chávez dans la construction du Pouvoir populaire.
Comment cela ? Au moyen de l'articulation organisative, de la formation de cadres révolutionnaires, de la diffusion massive des valeurs révolutionnaires ; en créant des unités économiques autonomes pour la production de ressources et l'autosuffisance ; et en parvenant à construire une véritable ARMÉE DU PEUPLE en armes qui soit en capacité de mener une guerre de basse intensité et non-conventionnelle en défense de notre souveraineté [!!!].
Les choses sont simples : tout ce qui bénéficie à la bourgeoisie nous préjudicie à nous le Peuple. Et tout ce qui bénéficie à nous le Peuple leur préjudicie à eux, la bourgeoisie.
Pour la défense du Peuple et de Notre Processus Bolivarien.
Avec Bolívar et Chávez : en avant !
Du Venezuela, Terre de Libérateurs, à 522 ans du début de la Résistance anti-impérialiste en Amérique et à 204 ans du début de Notre Indépendance,
Coordinadora Simón Bolívar - Révolutionnaire, Solidaire, Internationaliste, Indigéniste, Populaire et Socialiste.
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Nous avons là sous les yeux exactement ce que nous avons (pré)dit et répété depuis les tous premiers débuts de Servir le Peuple, après notre rupture avec une certaine "action" "antifasciste" précisément sur ce thème des régimes "bolivariens" d'Amérique latine : pourrissement "centriste" du "processus" et rupture avec ses élites réformistes des forces révolutionnaires authentique, reprenant le sentier de la lutte... Nous continuerons à suivre les évolutions de tout cela de très près, dans ses développements positifs et ses échecs que nous ne souhaitons pas mais qui sont inévitables. Pendant ce temps-là, une poignée de sectouilles ultra-gauchistes aura préféré faire du maoïsme sur la Lune, s'égosillant après le "fascisme de Chávez" et en incantations à une "Guerre populaire jusqu'au communisme" dont n'existait pas l'ombre d'une condition concrète ni d'un Parti maoïste pour la diriger, s'épargnant ainsi de déplorer quelque échec... et de célébrer quelque succès que ce soit ; le Peuple vénézuélien (ou bolivien, hondurien etc.) n'ayant rien d'autre à faire qu'attendre que l'Esprit Saint maoïste descende sur sa tête, et en attendant, "qu'il crève" sous son "fascisme" bolivarien ou "mieux" encore, sous les balles d'un "soulèvement" ("antifasciste", si l'on va au bout du raisonnement) contre celui-ci.
Le premier texte (celui du MGR), dans le continuité de celui que nous avions déjà traduit il y a quelques mois, tout en "préservant" la figure de Chávez peut-être un peu trop au goût de certain-e-s, analyse correctement le "processus bolivarien" et son caractère ni révolutionnaire ni socialiste dès le départ, débutant comme une sorte de social-libéralisme à la Blair ou Lula puis se radicalisant à la fois sous la pression populaire et en réaction à la résistance de la vieille oligarchie, mais retombant (et ne pouvant QUE retomber) comme un soufflé à partir de la fin des années 2000, du fait de n'être en fin de compte qu'un keynésianisme de rente pétrolière, jusqu'à sa liquidation à l'ordre du jour aujourd'hui : tout cela est exactement l'analyse que nous avons pu avoir jusqu'à présent.
Le deuxième texte personnalise beaucoup plus la question et fait clairement de la mort de Chávez (probablement criminelle selon eux) une césure politique. Mais là encore : il faut comprendre la situation particulière du Venezuela avant de déblatérer. Si l'on prend le Brésil ou l'Argentine, par exemple, il est très clair que dans ces pays depuis 2003 "tout a changé pour que rien ne change", si l'on fait abstraction de l'amélioration aussi "normale" qu'inégalitaire du niveau de vie permise par la croissance capitaliste (très forte dans les années 2000). Au Venezuela, en revanche, la sensation de changement a été bien réelle, immédiate et concrète dans les années 2000, sur le plan 1°/ des conditions de vie des masses et 2°/ (surtout) du sentiment de PROTAGONISME populaire (sentiment d'avoir "voix au chapitre" dans l'ordre social existant et les décisions qui le gèrent). C'est cela que le gouvernement Maduro est en train de démanteler aujourd'hui, autour d'une table avec le patronat et la droite "modérée" et sous la pression de la droite "ultra" dans la rue... et c'est là-dessus qu'il est possible et qu'il FAUT mobiliser les masses du Peuple pour la lutte révolutionnaire.
Chávez gît aujourd'hui six pieds sous terre. Le bilan de ses 14 années de pouvoir est fait de positif et de négatif, d'ombres et de lumière ; mais le principal reproche qu'on peut lui faire est d'avoir été un facteur de confusion dans le camp populaire : il n'était clairement pas communiste, pas marxiste au sens que nous donnons à ce terme ; il est difficile de dire s'il était réellement et sincèrement révolutionnaire... mais ce qui est certain, c'est qu'il était le seul dirigeant "bolivarien" à pouvoir sérieusement le faire croire aux masses. Pas un seul autre n'avait même le semblant de sa crédibilité comme "révolutionnaire". Et donc, sa "révolution" reposant sur des conceptions erronées (peu importe la force avec laquelle il y croyait lui-même), il contribuait à semer la confusion dans les esprits populaires sur ce qu'est réellement une révolution et le socialisme. Mais à présent qu'il n'est plus, ce pouvoir de nuisance confusionniste l'a suivi dans la tombe. Quel problème y aurait-il, dès lors, à ce que les masses vénézuéliennes militantes avancées en fassent leur "Commandant éternel du Peuple" (ignoblement trahi par ses successeurs qui d'ailleurs l'ont certainement assassiné) sur de grandes peintures murales, du moment que cela sert une mobilisation dont les agissements et les conceptions peuvent évoluer et s'agencer petit à petit pour, si les "dieux" matérialistes dialectiques le veulent bien et (surtout) si un Parti au minimum marxiste-léniniste agit en ce sens, devenir une Guerre populaire et une Révolution démocratique anti-impérialiste puis socialiste ? Peut-être que certaines personnes, basant leur "matérialisme" sur les écrits du sioniste Sternhell, nous rétorquerons que "c'est du mythe mobilisateur à la Sorel" ; nous répondrons comme à l'accoutumée que nous n'en avons cure, vu ce que l'avis de "communistes" soutenant hier Sarkozy et aujourd'hui Manuel Valls nous importe...
Nous avons parlé du Brésil et à ce sujet il faut dire les choses clairement : vu les conditions concrètes et vu l'existence et l'importance d'un mouvement maoïste dans ce pays (Cebraspo, Mouvement étudiant populaire-révolutionnaire MEPR, Ligue Ouvrière et Ligue des Paysans pauvres, journal A Nova Democracia, Front révolutionnaire de Défense des Droits du Peuple FRDDP etc. etc.), il est impossible qu'une Guerre populaire prolongée n'y éclate pas avant la fin de la décennie ; pas besoin de s'appeler Mme Irma. Contrairement, en effet, à ce que croient les maîtres bourgeois de ce monde, ce n'est pas une simple question de renseignement et de basse police pour débusquer et éliminer les "groupes radicaux", mais une question que là où il y a oppression il y a tôt ou tard résistance et que là où il y a résistance, il y a tôt ou tard une avant-garde organisée qui en prend la tête et il y a révolution. Cette Guerre populaire irradiera bien sûr comme un "phare" sur tout le grand continent américain en lutte, pouvant et DEVANT devenir le point de ralliement de toutes les luttes et guérillas révolutionnaires d'ores et déjà existantes (mais de niveau politique évidemment moindre) : EPP du Paraguay et EPR du Mexique, Mapuches du Chili et mineurs boliviens, résidus des grandes guérillas révolutionnaires passées en Colombie et au Pérou, etc. La résistance populaire vénézuélienne contre la liquidation des conquêtes du "processus" aurait naturellement toute sa place dans cette nouvelle coordination révolutionnaire continentale.
De tout cela découle pour le MGR comme pour la Coordination Simón Bolívar une nécessaire conclusion :
- Étudier et analyser EN PROFONDEUR l'histoire et la réalité actuelle de la construction sociale Venezuela (les travaux du grand communiste péruvien Mariátegui peuvent être un bon point de départ, bien qu'il faille nécessairement les adapter à la différence de pays et d'époque) ;
- Développer le terreau socio-politique (sympathie dans les masses) et forger l'avant-garde révolutionnaire, le PARTI ;
- Établir un PLAN GÉNÉRAL DE TRAVAIL pour l'actuelle étape de défensive stratégique révolutionnaire (les deux textes l'évoquent déjà rapidement dans les derniers paragraphes) ;
- Lancer, enfin, la GUERRE RÉVOLUTIONNAIRE DU PEUPLE ; le moment propice pouvant être celui (inéluctable) du retour effectif de la droite "néolibérale" au pouvoir [ceux qui délirent sur la Guerre populaire au Pérou se gardent bien de dire que le Parti communiste de Gonzalo a attendu, pour la déclencher, le triomphe du "néolibéralisme" avec la Constitution de 1979 et le retour au pouvoir de Belaúnde Terry, sachant pertinemment que sous le régime militaire réformiste de Velasco Alvarado (1968-75) les conditions n'étaient pas favorables] ; à moins que la liquidation maduriste du "processus" ne revienne strictement au même d'ici quelques années.
En avant avec toutes les forces de l'Histoire !
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Par Servir le 18 Mai 2014 à 22:11
Dans un peu plus de trois semaines sera donné le coup d'envoi du premier match de la Coupe du Monde 2014 de football au Brésil. Pendant que les merdias nous jouent leur traditionnel numéro de suspense sur l'air de "tout sera-t-il vraiment prêt ?" (alors que tout le monde sait pertinemment que cela le sera), des évènements beaucoup moins "montrables" se déroulent loin de l’œil des caméras. Car la réalité, c'est que cet évènement tant attendu dans le pays à la fois le plus titré de la compétition et "phare" du "Sud émergent" (bien qu'en sérieux ralentissement avec seulement 2,3% de croissance en 2013 et 1% en 2012 contre 7,5% en 2010) donne lieu depuis plus d'un an à une véritable GUERRE CONTRE LE PEUPLE.Afin d'offrir un pays "présentable" aux millions de supporters qui afflueront du monde entier, l'État comme les forces du Capital privé ("armées" privées et groupes para-policiers frappant la nuit au service de qui les paye font partie du paysage là-bas) ont déchaîné une effroyable campagne de "nettoyage social" contre les classes populaires misérables (extrême pauvreté) qui représentent quelques 17 millions de personnes (8,5% de la population). Une campagne consistant notamment en des meurtres de SDF, dont la presse progressiste se faisait déjà l'écho il y a un an :
http://www.slate.fr/lien/54863/bresil-nettoyage-social-assassinat-sans-abri-mondial-2014
On parlait déjà à l'époque de plusieurs centaines de victimes, souvent brûlées vives (!) par des groupes "non-identifiés". La politique de "nettoyage social" s'est évidemment poursuivie depuis, sauf que désormais... les miséreux se rebiffent ("cette grande humanité s'est levée et a dit ¡Basta!", proclamait le Che voilà déjà 50 ans à la tribune des Nations Unies) :
http://news.icilome.com/?id=11&idnews=782367
http://www.lencrenoir.com/protestations-anti-coupe-fifa-2014/
Le gouvernement a également lancé une grande campagne de "pacification" des favelas, qui rencontre elle aussi la résistance du Peuple :
Encore plus édifiant est cet article en anglais, évoquant notamment l'implication de compagnies militaires privées comme la sinistre Blackwater (pour ceux et celles qui ne comprennent pas l'anglais, les nombreuses images sont déjà édifiantes) : http://revolution-news.com/blackwater-trains-killer-police-fifas-war-poor-brazil/
En substance : le gouvernement brésilien prévoit de déployer plus de 170.000 hommes dont 57.000 militaires (la sinistre Policia Militar - PM) pour écraser toute protestation pendant la Coupe, certains d'entre eux ayant reçu une formation par des compagnies militaires privées ; les assassinats policiers sont quasi-quotidiens dans les favelas (5 jeunes hommes et une femme qui tentait de protéger son fils de 10 ans rien que dans les 10 derniers jours d'avril...) et la résistance populaire permanente et semi-insurrectionnelle ; une nouvelle loi permet de punir les protestataires de peines allant de 12 ans (en cas de dommages matériels) à 30 ans de prison (si quelqu'un est tué... peu importe par qui), etc. etc.
De ces mobilisations a peu à peu émergé un slogan devenu récurrent : "Não vai ter Copa !" ; "la Coupe du Monde n'aura pas lieu !".
Le Brésil est un pays semi-colonial ("dépendant", "soumis" au Capital impérialiste du "Nord") et semi-féodal ("problème de la terre" dont nous avons parlé en fin d'année dernière) dans lequel un phénomène "émergentiste" (depuis les années 1990) a amené au pouvoir en 2002 une aile "gauche" (sociale-libérale) modernisatrice de l'oligarchie bureaucratique-compradore (classe dominante dans ces pays-là), utilisant comme personnel politique le Parti des Travailleurs (PT) formé d'anciens syndicalistes réformistes comme Lula da Silva (persécutés durant la dictature militaire de 1964-85, mais il n'y avait pas besoin d'être particulièrement radical pour cela...) voire, comme l'actuelle présidente Dilma Rousseff, d'anciens guérilleros révolutionnaires reconvertis avec l'âge dans la social-démocratie. Cette fraction modernisatrice s'est liée en particulier avec l'impérialisme européen, notamment français, afin de contrebalancer la "traditionnelle" domination US qui avait succédé depuis la dictature à la vieille prééminence britannique (1822-1930) après les expériences nationalistes et (déjà) modernisatrices des années 1930-40-50 (Vargas, Kubitschek, Goulart). Elle a également développé au niveau continental une sorte de "sous-impérialisme" appuyé sur des "semi-monopoles", encourageant notamment (dans la limite de ses intérêts bien sûr) les expériences nationalistes et réformistes "radicales" de Chavez & co. Pour autant, la structure profonde de l'ordre social est restée absolument inchangée : des escadrons de la mort sévissent comme aux plus "beaux" jours de la junte fasciste et Dilma Rousseff promet... "des mesures" contre ces pratiques. Des camarades maoïstes luttent là-bas au quotidien, notamment au sein du Cebraspo (Centre brésilien de Solidarité avec les Peuples). Voici leur analyse sur la réalité semi-coloniale semi-féodale du Brésil actuel :
Les journaux, les magazines persistent à affirmer que le Brésil est la sixième économie mondiale, par exemple, mais la réalité dément ces analyses et parle d'elle-même.
Selon une étude réalisée par le Statistical Yearbook for Latin and Caribbean America en 2013, le taux de pauvreté en Amérique latine et dans la Caraïbe en 2012 était de 28,2% et l'indigence absolue de 11,3%. Au Brésil, 16,27 millions de personnes (soit 8,5% de la population) vivent dans une extrême pauvreté tandis que 4,8 millions ont un revenu nominal mensuel égal à zéro ! Dans le même temps, l'OIT (Organisation internationale du Travail) a réalisé une projection du taux de chômage au Brésil, qui devrait rester au-dessus de la moyenne mondiale jusqu'en 2016. L'impérialisme, dans sa tentative de briser tous les obstacles à la maximisation de ses profits, attaque les nations et recherche la domination complète et l'anéantissement des forces qui combattent son système. Ce n'en est pas moins un système insoutenable, qui augmente chaque jour les actions violentes contre les classes populaires exploitées et opprimées, en particulier contre les masses en lutte et les révolutionnaires, sur tous les continents. Au Brésil, le système carcéral joue un rôle primordial dans la violence à grande échelle de l'État bourgeois et propriétaire foncier contre les pauvres en général.
Les prisons sont des camps de concentration surpeuplés, où les conditions de vie sont totalement inhumaines et beaucoup de prisonniers meurent sous les tortures et les violences quotidiennes des gardiens. Il y a aujourd'hui plus de 560.000 prisonniers au Brésil, parmi lesquels des centaines de paysans emprisonnés pour leur lutte pour la terre, qui s'est considérablement développée dans le pays. L'État tente de dissimuler le caractère politique de leur lutte en les inculpant pour des délits de droit commun. Beaucoup de paysans ont tout simplement été traqués et abattus avant même d'être arrêtés. C'est le cas des paysans Gilson Goncalves, Elcio Machado, Luiz Lopez et Renato Nathan, parmi d'autres. Beaucoup de paysans ont des mandats d'arrêt sur leur tête. Depuis juin 2013, lorsqu'ont éclaté de gigantesques manifestations populaires à travers tout le pays, les forces de répression ont fait des centaines de prisonniers, des centaines de blessés et des dizaines de morts.
Plus d'une centaine de travailleurs des médias ont été blessés par la police, en particulier des journalistes indépendants. Les classes dominantes, avec l'aide des monopoles réactionnaires de l'information, tentent désormais de criminaliser les luttes populaires et de légitimer le traitement inhumain des protestataires et des prisonniers politiques. Plusieurs avocats défendant les inculpés politiques ont été menacés de mort ou de prison, sous l'accusation de complicité avec ces "criminels". La juste révolte du Peuple brésilien se poursuit, si bien que de nouvelles mesures répressives ont été prises. Le gouvernement envoie maintenant l'armée dans les favelas de Rio.
Le plan consiste à étendre la répression contre le Peuple en déployant les Forces armées dans les rues des grandes villes brésiliennes, sous le prétexte de la Coupe du Monde qui doit débuter en juin. De nouvelles lois ont été promulguées comme la Loi anti-terroriste, la Loi contre les troubles sur la voie publique, la Loi générale pour la Coupe du Monde et l'Ordonnance du Ministère de la Défense pour assurer la Loi et l'Ordre. Toutes ces lois qualifient les mouvements sociaux de "forces d'opposition" et font tomber le masque de l'État démocratique et de droit brésilien, qui n'est rien de plus qu'un État policier. Dans le même temps un terrible régime carcéral (comparable aux cellules de type F en Turquie) a été adopté, d'abord contre les chefs de gangs criminels mais il devrait bientôt être étendu aux prisonniers politiques. Il s'agit du Régime disciplinaire différencié (RDD) : un isolement total du prisonnier, qui ne peut adresser la parole qu'aux gardiens et reste constamment observé par des caméras.
C'est déjà le cas d'un prisonnier politique étranger : Mauricio Norambuena, ancien dirigeant du Front patriotique Manuel Rodriguez (FPMR) chilien. Il a été arrêté au Brésil en 2002 et condamné à 30 ans de prison pour l'enlèvement politique d'un homme d'affaire brésilien. Norambuena a été brutalement torturé et continue à l'être aujourd'hui. Il est soumis au RDD depuis plus de 10 ans, ce qui contrevient aux normes minimales de traitement des prisonniers établies par le 1er congrès des Nations Unies sur la prévention de la criminalité et le traitement des prisonniers.
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Pour mettre à bas cet ordre oligarchique impitoyable, il est inévitable que se lève d'ici peu le vent furieux de la Guerre du Peuple !
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Par Servir le 17 Décembre 2013 à 22:23
En ce moment même au Brésil, un massacre contre des paysans sans terre de l’État de Rondônia est en préparation. Les forces de répression de l’État et de l’Union vont attaquer des paysans pauvres sous le fallacieux prétexte qu’ils occupent une réserve naturelle. Des émeutes ont déjà eu lieu et les paysans ont été victorieux de la première tentative d’expulsion. Mais une récente intervention du gouverneur de l’État, qui est un propriétaire terrien, où il qualifie les paysans de ‘vandales’ et ‘bandits’ laisse augurer le pire.Avec l’accentuation de la crise générale du capitalisme, la situation dans les pays semi-colonisés (dits du ‘Sud’) devient de plus en plus difficile. Au fur et à mesure que la crise s’approfondit, la pression impérialiste sur ces pays, pour la captation des ressources et l’accaparement de nouveaux marchés, provoque de nombreux troubles. Les plus apparents sont les interventions impérialistes militaires directes ou indirectes actuelles ou récentes (Lybie, Mali, Afghanistan, Irak, Syrie, Centrafrique etc.), mais cela signifie aussi pour les classes populaires et les peuples des pays d'Asie, d’Afrique et des Amériques une constante aggravation de leur situation sociale sans compter les ravages écologiques provoqués par l’exploitation dantesque de tout ce qui peut rapporter quelques dollars ou euros.
Le Brésil ne fait pas exception à cette situation générale. Derrière le mensonge de la croissance et du développement, orchestrés par les gestionnaires du PT au pouvoir et du FMI, se cache en réalité une situation dramatique pour une grande partie de la population. L’explosion populaire de juin 2013 est venue rappeler que le groupe des BRICS comme ‘nouvelles puissances’ n’est qu’une chimère. La Coupe du Monde de Football en 2014, avec les JO de Rio en 2016, devait venir parachever cette propagande d’un Brésil sorti du sous-développement, mais la réalité est têtue !
Loin de sortir de leur lien de sujétion avec les pays impérialistes, les gouvernements de ‘gauche’ sud-américains sont en réalité les parfaits relais du règne planétaire des monopoles. Cela se traduit concrètement par une dégradation du niveau de vie et des conditions de travail, avec des loyers dépassant l’entendement, une inflation galopante, les violences policières toujours plus forte, des services sociaux de base en piteux état ou inexistants et une corruption généralisée. 50% du budget du Brésil va au remboursement des intérêts de l’immense dette publique, des milliards sont dépensés dans les projets du PAC, projets pour développer les infrastructures dans le seul but de satisfaire les monopoles impérialistes, et à côté les hôpitaux ferment. La situation dans les campagnes est tout aussi dramatique, la réforme agraire promise n’est jamais arrivée et pire encore, la répression contre les mouvements paysans s’accentue. Exécutions sommaires des leaders paysans par les milices des grands propriétaires, torture courante par la police, intimidations, tout est fait pour faire régner un climat de terreur dans le peuple. Cinq millions de familles paysannes au Brésil n’ont pas de terres à cultiver et les latifundias (grandes propriétés agraires, marque de la semi-féodalité) et autres exploitants agro-capitalistes sont présents dans tous les rouages de l’État, tandis que le monopole médiatique criminalise systématiquement toute contestation.
Aujourd’hui, avec le capitalisme globalisé toutes les luttes dans le monde sont intimement liées ; le Brésil comme l’Inde est une pièce maîtresse dans l’économie mondiale. Il est une de ces fermes du monde vouées à la fourniture planétaire de nourriture marchandisée, et par conséquent plus la révolution avancera au Brésil plus l’impérialisme s’affaiblira, plus nous pourrons le combattre dans les pays impérialistes.
Nous appelons tous révolutionnaires et progressistes sincères à appuyer les luttes révolutionnaires dans ces pays. Nous devons sortir d’un certain eurocentrisme idéologique ; le changement vient des périphéries du Vieux monde, là d'où souffle vers les Centres du capitalisme le vent d’un Monde Nouveau. Nous appelons à soutenir la révolution agraire au Brésil et à dénoncer les violences contre le peuple, notamment celles en cours dans l’État de Rondônia.
Nous appelons à boycotter plus que jamais la mafia nommée FIFA et la Coupe du Monde 2014, ainsi que les futurs JO à Rio de Janeiro ; et à dénoncer les mensonges du gouvernent de pseudo-gauche du PT et de Dilma Rousseff.
Nous envoyons un salut fraternel et révolutionnaire à tous les combattants du Peuple brésilien qui luttent au péril de leur vie pour une humanité libérée et égalitaire.
VIVE LA RÉVOLUTION AGRAIRE AU BRÉSIL !
VIVE LA JUSTE LUTTE DES PAYSANS DE RONDÔNIA ET DU MONDE ENTIER !
À BAS LA FIFA !
NÃO VAI TER COPA !
Tous les révolutionnaires et progressistes conséquents, organisations mais aussi collectifs, websites et autres groupes sont invités à signer ce message de solidarité aux paysans brésiliens en lutte.
******************************INTERNATIONAL CALL TO DENOUNCE BRAZILIAN GOVERNMENT !
At this very moment, in Brasil, a massacre is preparing against landless farmers in the State of Rondônia. State and Federal repressive forces are about to assault poor farmers under the pretext they occupy a wildlife reserve. Riots have already taken place and the landless have been victorious from a first eviction attempt. But a recent statement of the State governor (a big landowner), where he calls the landless farmers ‘hooligans’ and ‘criminals’, didn't bode anything well.While general capitalist crisis increases, the situation in semi-colonial countries (so-called ‘South’) is getting more and more difficult. As crisis deepens, imperialist pression on these countries to harness their ressources and monopolize new markets is causing numerous unrests and troubles. The most apparents are the direct or indirect imperialist interventions of the last years (Lybia, Mali, Afghanistan, Iraq, Syria, Centrafrique etc.), but this also means, for the working classes and peoples of Asia, Africa and Americas, a constant worsening of their social situation, not counting with ecological disasters caused by dantesque explotation of anything able to bring in some dollars or euros.
Brasil is not an exception to this general situation. Behind the tale of economical growth and ‘emerging country’, mounted by IMF and ruling ‘Workers’ Party, actually lies a tragic situation for most people. June 2013 people's uprising came to remember us that the ‘BRICS’ group as ‘new powers’ is nothing but a myth. Football World Cup of 2014 and 2016 Olympic Games in Rio de Janeiro should complete this propaganda about a Brasil got out of underdeveloment. But reality is stubborn !
Far from getting out their subordination to imperialist countries, South America's ‘left’ governments actually are the perfect go-between of world monopolist rule. This results in a concrete worsening of living standards and working conditions, housing rents defying comprehension, galloping inflation, increasing police violence, basic social services in a sorry state or nonexistent, and widespread bribery. 50% of Brazil’s budget is dedicated to repay the huge interests of national debt ; billions are spent in projects to develop infrastructures and facilites for imperialist monopolies whereas hospitals are closed.
The situation in the countryside is far as tragic. The promised Land Reform never came and worse, the repression against farmers' movements increases. Summary executions of farming leaders, common torture by police forces, acts of intimidation, everything is done to spread a climate of terror in the people. Five millions of rural families have no land to farm and the latifundistas (big landowners) and other big agro-capitalist owners are present in all the State machinery, whereas media monopolies criminalize any form of protest.
Today, with global capitalism, every struggle in the world is intimately linked to the others ; Brasil just as India is a major actor of world economical system. It's one of these World's farms dedicate to supply global merchandized food to the whole planet, so the more revolution will go on in Brazil, the more imperialist will weaken and we'll easily fight it in imperialist countries.
We call all worldwide revolutionaries and genuine progressives to support revolutionary struggles in these countries. We shall get out from ideological euro-centrism ; change comes from these Old World's peripheries, from where the wind of a New World is blowing to the Centers of capitalism. We call to support Agrarian Revolution in Brazil and denounce the violences to the People, in particular those current in the State of Rondônia.
We strongly and more than ever call to BOYCOTT the mafia called FIFA and the Football World Cup 2014, just as the future Olympic Games in Rio de Janeiro ; and to DENOUNCE so-called ‘left’ Dilma Rousseff government's lies.
We address a brotherly and revolutionary salute to all Brazilian people's fighters, struggling at the risk of their lives for a free and egalitarian Humanity.
LONG LIVE AGRARIAN REVOLUTION IN BRAZIL!
LONG LIVE FARMER'S JUSTIFIED STRUGGLE IN RONDÔNIA AND ALL AROUND THE WORLD !
DOWN WITH FIFA !
NÃO VAI TER COPA !
All revolutionaries and genuine progressives, organizations but also collectives, websites and other groups are called to sign this solidarity message to struggling Brazilian landless farmers.
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CHAMADA PARA A DENUNCIA DO GOVERNO BRASILEIRO !
Neste exato momento, no Brasil, um massacre contra os camponeses pobres e sua liderança no Estado de Rondônia está em preparação. As forças repressivas do Estado e da União planejam um ataque contra camponeses pobres sob o falso pretexto de ocupação a uma reserva natural. Vários tumultos já ocorreram e os camponeses foram vitoriosos na primeira tentativa de despejo. Porém num recente discurso do Governador do Estado Confucius Moura, um proprietário de terras, ele descreve os agricultores como vândalos "e " bandidos " e prenuncia o pior.Com a intensificação da crise geral do capitalismo, a situação dos países semi- coloniais (os chamados do 'Sul') tornam-se cada vez mais difícil. A medida que a crise se aprofunda, a pressão imperialista sobre esses países para captar recursos e pegar novos mercados vem causando muitos transtornos. Mais aparente são as intervenções imperialistas militares diretas ou indiretas atuais ou recentes (Líbia, Mali, Afeganistão, Iraque, Síria, Central etc), mas isso também significa para a classe trabalhadora e os povos da Ásia, da África, da Américas, um constante agravamento da sua situação social, além da devastação ecológica causada pela exploração monstruosa de tudo o que pode trazer alguns dólares ou euros.
O Brasil não é exceção a essa situação geral, estão por trás do crescimento e desenvolvimento orquestrado pelos gestores do PT e do FMI, na verdade se esconde uma situação dramática para uma grande parte da população. O levante popular de junho 2013 foi um lembrete de que os BRICS como "novos poderes" é uma quimera . A Copa do Mundo de Futebol em 2014, com os Jogos Olímpicos no Rio em 2016, traria a propaganda completa do Brasil do subdesenvolvimento, mas a realidade é teimosa !
Longe de sair da sua ligação com a sujeição dos países imperialistas, os governos da "esquerda" da América do Sul são, na verdade, o reino perfeito do reinado global dos monopólios. Isso contribui para um agravamento das condições de vida e das condições de trabalho, com rendas superiores a compreensão, a inflação galopante, cada vez mais a violência policial, os serviços sociais básicos em mau estado ou inexistente, a corrupção generalizada. 50 % do orçamento do Brasil é utilizado pagar a enorme dívida, bilhões são gastos em projetos de PAC, projetos de desenvolvimento de infra-estrutura, com o único propósito de satisfazer os monopólios imperialistas e bem proximo disso ha hospitais que estão sendo fechados...
A situação no campo é igualmente dramática, a reforma agrária prometida nunca chegou e, pior ainda, a repressão contra os movimentos camponeses aumenta. Execuções sumárias de líderes camponeses por milícias dos latinfudarios, tortura policial, intimidação, tudo é feito para criar um clima de terror entre as pessoas e os movimentos de resistência. Cinco milhões de famílias camponesas no Brasil não têm terra para cultivar e os latifúndios (grandes propriedades agrárias, marca do semi- feudalismo) e outros operadores agro-capitalistas estão presentes em todas as obras do Estado, enquanto o monopólio da mídia criminaliza sistematicamente qualquer desafio.
Hoje, com o capitalismo global todas as lutas do mundo estão interligados, o Brasil como a Índia é uma peça central na economia global. É um pais-fazenda do mundo, dedicado à oferta global de alimentos mercantizados, e portanto, quanto mais avançar a revolução no Brasil mais enfraquecer o imperialismo, o mais que podemos lutar nos países imperialistas .
Chamamos todos os revolucionários e progressistas sinceros para apoiar as lutas revolucionárias e nesses países. Temos de sair de um eurocentrismo ideológica, a mudança vem da periferia do Velho Mundo, para onde o vento está soprando um mundo novo. Chamamos para apoiar a revolução agrária no Brasil e denunciar a violência contra as pessoas, especialmente aquelas que ocorrem no estado de Rondônia .
Fazemos uma chamada para o boicote, mais que nunca, da máfia chamada FIFA e da Copa do Mundo de 2014 e das futuras Olimpíadas no Rio de Janeiro, e para expor as mentiras do governante pseudo- esquerda do PT e da Dilma Rousseff.
Enviamos uma salvação fraternas e revolucionárias a todos os lutadores do povo brasileiros que lutam para arriscar a sua vida para uma humanidade liberada e igual.
VIVA A REVOLUÇÃO AGRÁRIA NO BRASIL !
VIVA A JUSTA LUTA DOS CAMPONESES DO RONDÔNIA E EM QUALQUER LUGAR DO MUNDO !
ABAIXO A FIFA !
NÃO VAI TER COPA !
*********************************************************¡ LLAMAMIENTO INTERNACIONAL PARA DENUNCIAR AL GOBIERNO BRASILEÑO !
En estos momentos, en Brasil, se está preparando una masacre contra los campesinos sin tierra en el Estado de Rondônia. Las fuerzas represivas estatales y federales están a punto de atacar a los campesinos pobres con el pretexto de que ocupan una reserva natural. Ya se han producido revueltas y los sin tierra han logrado la victoria de un primer intento de expulsión. Pero una reciente declaración del Gobernador del Estado (un gran terrateniente), en donde califica a los campesinos sin tierra de “gamberros” y “criminales”, no es buen augurio.
Mientras la crisis capitalista aumenta, la situación en los países semicoloniales (denominados del “Sur”) se hace cada vez más difícil. Mientras la crisis se profundiza, la presión imperialista sobre estos países para aprovecharse de sus recursos y monopolizar nuevos mercados está causando numerosos disturbios y problemas. Los más aparentes son las intervenciones imperialistas directas o indirectas de los últimos años (Libia, Mali, Afganistán, Irak, Siria, República Centroafricana, etc.), pero esto también significa, para la clase obrera y los pueblos de Asia, África y América, un constante empeoramiento de su situación social, sin contar los desastres ecológicos causados por la dantesca explotación de cualquier cosa capaz de ganar algunos dólares o euros.
Brasil no es una excepción a esta situación general. Tras el cuento del crecimiento económico y de ser un “país emergente”, montado por el FMI y el Partido de los “Trabajadores”, yace en realidad una trágica situación para la mayoría del pueblo. En junio de 2013 el alzamiento popular nos vino a recordar que el grupo de los “BRICS” como “nuevas potencias” no es más que un mito. La Copa Mundial de Fútbol de 2014 y los Juegos Olímpicos de 2016 en Rio de Janeiro debe completar esta propaganda sobre un Brasil salido del subdesarrollo. ¡Pero la realidad es obstinada!
Lejos de librarse de su subordinación a los países imperialistas, los gobiernos de “izquierda” de América del Sur son en realidad el perfecto intermediario del dominio monopolista mundial. Esto tiene como resultado un empeoramiento concreto de los niveles de vida y condiciones de trabajo, los alquileres de viviendas, la comprensión desafiante, la inflación galopante, la creciente violencia policial, los servicios sociales básicos en un estado deplorable o inexistente, y una extendida corrupción. El 50% del presupuesto de Brasil se dedica a pagar los enormes intereses de la deuda nacional; se gastan billones en proyectos para desarrollar infraestructuras e instalaciones para los monopolios imperialistas mientras se cierran hospitales.
La situación en el campo se acerca a la tragedia. La prometida Reforma Agraria nunca se produjo y, peor aún, aumenta la represión contra los movimientos campesinos. Ejecuciones sumarias de dirigentes campesinos, frecuentes torturas por parte de las fuerzas policiales, actos de intimidación, todo se lleva a cabo para extender un clima de terror entre el pueblo. Cinco millones de familias rurales carecen de tierra para labrar y los latifundistas y otros grandes propietarios agrocapitalistas están presentes en toda la maquinaria del Estado, mientras los monopolios de la comunicación criminalizan cualquier forma de protesta.
Hoy, con el capitalismo global, cada lucha en el mundo está íntimamente ligada a las otras; Brasil, al igual que la India, es un actor principal del sistema económico mundial. Es una región agrícola dedicada a suministrar alimentos comercializados al mundo, por lo que cuanta más revolución se desarrolle en Brasil, más se debilitará el imperialismo y con mayor facilidad le combatiremos en los países imperialistas.
Llamamos a todos los revolucionarios del mundo y progresistas auténticos a apoyar las luchas revolucionarias en estos países. Saldremos del eurocentrismo ideológico; el cambio proviene de estas periferias del Viejo Mundo; de donde sopla el viento de un Nuevo Mundo. Llamamos a apoyar la Revolución Agraria en Brasil y denunciar la violencia contra el Pueblo, en particular la que ahora se está produciendo en el Estado de Rondônia.
Hacemos un llamamiento enérgico y más que nunca al BOICOT a la mafia denominada FIFA y la Copa Mundial de Fútbol de 2014, al igual que los futuros Juegos Olímpicos en Río de Janeiro; y a DENUNCIAR las mentiras del denominado gobierno de “izquierda” de Dilma Rousseff.
Enviamos un saludo fraternal y revolucionario a todos los luchadores populares brasileños, quienes combaten arriesgando sus vidas por una Humanidad libre e igualitaria.¡VIVA LA REVOLUCIÓN AGRARIA EN BRASIL!
¡VIVA LA JUSTA LUCHA DE LOS CAMPESINOS EN RONDÔNIA Y EN EL MUNDO ENTERO!
¡ABAJO LA FIFA!
NÃO VAI TER COPA !
Ont déjà exprimé leur soutien à cet appel / Have already expressed their support to this call / Ya expresaron solidaridad con este llamamiento :
- Servir le Peuple – Sheisau Sorelh – Auba Vermelha (Comité de Construction du Parti communiste révolutionnaire des Terres d’Òc, Occitània, État/Prison-des-Peuples "France") [à l’initiative de l’appel]
- revue internationale Maoist Road (du PC maoïste d’Italie, PCmF, PCR Canada etc.)
- Great Unrest Group / Yr Aflonyddwch Mawr (communiste-révolutionnaire de libération nationale, Pays de Galles, État "britannique")
- collectif Feu de Prairie (média pour une culture révolutionnaire, État français)
- Gran Marcha hacia el Comunismo (maoïste, Madrid, État espagnol)
- Action antifasciste Aube Champagne-Ardenne (État français)
- Comité de Construction du Parti communiste maoïste de Galice (Galiza, État espagnol ; site Dazibao Rojo)
- Libertat! (Gauche révolutionnaire d'Occitanie, État/Prison-des-Peuples "France")
- Organisation communiste Futur Rouge et Parti communiste maoïste de France (État français)
- Breizhistance Dieub ha Sokialour (Gauche indépendantiste de Bretagne, État/Prison-des-Peuples "France")
D'autres soutiens peuvent bien sûr être apportés après publication de cet Appel. Il suffit de nous envoyer un message par le formulaire de contact, ou de laisser un commentaire.
Nouvelles signatures après publication / New signs after publication / Nuevas firmas despues publicar :
- O Bloque independentista de Cuchas : Puyalon de cuchas - organizacion politica, Purna a organizacion chuvenil, A Clau Roya - colectivo feminista, A Enrestida, Centro Social y Seira, Colectivo sindical estudiantil (Aragon, État espagnol)
- Collectif Odio de Clase (Cantabrie, État espagnol)
- Ateneu Proletário Galego (Galice, État espagnol)
- OCML Voie Prolétarienne (État français)
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Par Servir le 10 Décembre 2013 à 22:20
Publié sur Auba Vermelha :
Non au massacre des paysans au Brésil ! SOLIDARITAT !
Auba Vermelha continue d’informer sur la situation paysanne extrêmement tendue au Brésil et particulièrement en Rondônia (lire ou relire les anciens posts ici, ici et ici). Nous publions une note des camarades de l’Association internationale des avocats du peuple – IAPL, de l’Association Brésilienne des Avocats du peuple – ABRAPO et du Centre brésilien de solidarité avec les peuples – Cebraspo. La situation risque de dégénérer en massacre, la récente intervention du gouverneur de l’État ne laisse pas de place au doute. Au Brésil, quand une personne ou un groupe de personne est traitée de bandits par les médias ou l’État, cela signifie qu’elles peuvent être tuées sans risque.
Nous vous proposons la traduction de la vidéo de l’intervention du Gouverneur, suivi d’un témoignage d’un paysan ayant subi des tortures lors de la première tentative expulsion par l’armée où la glorieuse résistance du peuple a dérouté les attaquants !
La vidéo permet aussi de se rendre compte du cynisme des classes dominantes. Au nom de la préservation de la forêt amazonienne, cause qui est juste, le Gouvernement brésilien extermine les paysans pauvres et les indigènes. Tandis que de l’autre il appuie le pillage accéléré des ressources du pays par les agro-capitalistes et les compagnies minières, tous liés à l’impérialisme. C’est une véritable guerre d’extermination qui se produit dans l’intérieur brésilien, loin des yeux du monde.
Nous appelons tous et toutes à diffuser l’information, à faire connaître la réalité des peuples des pays semi-colonisés. Nous appelons aussi à boycotter la Coupe du Monde 2014 et les futurs Jeux Olympique de Rio en 2016.
Note de démenti de la déclaration du gouverneur de Rondônia (Brésil).
Le gouvernement de Rondônia prépare le massacre de paysans
Des centaines de familles qui vivent dans la région du Rio Pardo (Etat de Rondônia) ont été violemment expulsées durant la seconde semaine de Novembre 2013. L’opération organisée conjointement par les gouvernements provinciaux et fédéral, ont envoyé l’armée, la police civile et militaire. Après l’événement , le gouverneur Confucius Moura a fait des déclarations à la presse , criminalisant le mouvement de la lutte pour la terre dans l’Etat de Rondônia , principalement la Ligue des Paysans Pauvres ( LCP ), en accusant de manière mensongère les paysans dans leur juste lutte d’être des «vandales», des « bandits » et même des « guérilleros ».
Cette campagne de criminalisation a été faite par le monopole médiatique, en utilisant la mort d’un officier de l’armée (lors de l’opération) mais aussi l’occupation de Bom Futuro (parc national) pour justifier l’extermination des paysans. Ce parc national avait déjà été déplacé en raison des occupations illégales des propriétaires terriens. Les violentes menaces, la torture et les expulsions qui ont lieu dans la région sont directement liées aux intérêts des propriétaires terriens.
Le résultat de l’enquête a démontré que le coup de feu qui a tué le policier est parti d’en bas, ce qui indique que au moment de la confrontation, les policiers ont accidentellement tiré la balle qui a tué le soldat, car les paysans ont résisté aux coups de feu et à la répression sans armes létales.
Rondônia est un État qui a une longue histoire de crimes commis par les propriétaires terriens et par la police. Au cours des dernières années nous avons vu apparaître la systématisation du massacre de militants et de dirigeants paysans comme Maninho, Oséas Martins, Oziel Nunes, Dercy Francisco Sales, José Vanderlei Parvewfki, Nélio Lima Azevedo, Élcio Machado, Gilson Teixeira Gonçalves, le professeur Renato Nathan Gonçalves, pour ne citer qu’eux. Cette escalade répressive souligne la gravité de la question agraire au Brésil.
L’Ouvidoria Agrária Nacional, qui a été créé durant le gouvernement Lula comme un instrument pour régler la question agraire, est en vérité un organe qui a comme rôle l’identification des leaders paysans, de les menacer et de légitimer l’action violente de l’État et des propriétaires fonciers .
Nous ne pouvons pas autoriser le massacre en préparation contre le mouvement paysan en Rondônia, ni que l’État justifie ou légitime sa violence contre le peuple.
Association internationale des avocats du peuple – IAPL
Association Brésilienne des Avocats du peuple – ABRAPO
Centre brésilien de solidarité avec les peuples – Cebraspo
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Par Servir le 28 Octobre 2013 à 16:52
Voici un article, traduit par nous, du Mouvement Guévariste Révolutionnaire, né voilà 6 ans au Venezuela en rupture avec les 'renoncements' et les 'trahisons' (extraditions de militant-e-s etc.) du gouvernement Chavez, la 'nouvelle droite endogène' du Parti 'socialiste' unifié de ce pays et autre 'boli-bourgeoisie' - toutes choses qui ne sont pour nous que le naturel de classe de la gauche bourgeoise chaviste revenant au galop. Nous publions cette analyse car 1°/ elle est BRILLANTE et très riche d'enseignements et de matériaux pour la réflexion théorique, 2°/ elle a l'insigne mérite de provenir de L’INTÉRIEUR MÊME du pays concerné, ce qui vaut toujours mieux que des analyses menées, du haut d'une chaire ou non, à des milliers de kilomètres ou sur le même continent, dans des pays voisins.Notre position (1-2-3) s'est toujours voulue extrêmement claire quant au 'bolivarisme' : DÉFENSE ABSOLUE non pas tant des gouvernements que du 'fait populaire bolivarien' (mobilisation et rapport de force instauré par les masses) contre les offensives réactionnaires de la droite oligarchique et de l'impérialisme US, synonymes de massacre pour le Peuple et le mouvement social (ouvrier et paysan) organisé, comme on a pu le voir au Honduras et tout dernièrement, dans un contexte différent, en Égypte (ou ce n'était pas 'droite vs gauche' mais 'capitalisme d'en bas' islamiste contre 'capitalisme d'en haut' bureaucratique-militaire 'laïc') ; DÉNONCIATION ABSOLUE de son caractère réformiste bourgeois et de ses agissements anti-populaires. Aujourd'hui, le second aspect est clairement devenu principal : le PSUV de feu Chavez (et de son successeur Maduro) est clairement sur la voie d'autres 'gauches' qui par le passé ont réussi à garder le pouvoir et se sont institutionnalisées, comme le PRI mexicain, le MNR bolivien, ou tout simplement... l'Action démocratique (social-libérale) vénézuélienne dans le système de Punto Fijo. Si la droite revient au pouvoir, ce sera tranquillement par les élections (elle a déjà failli en avril dernier), pariant sur les déçus du chavisme qui s'abstiendront ou tout simplement sur les gens qui préfèreront l'original à la copie... Elle a d'ailleurs adopté un discours de plus en plus social-libéral et 'luliste' (c'est l'identité politique de son nouveau 'champion' Capriles) à mesure que le PSUV se droitisait, et bientôt (si ce n'est déjà le cas) plus grand chose ne les distinguera, dans un nouveau puntofijisme, le débat ne portant plus que sur "qui est plus corrompu que l'autre".
Il est donc temps pour les forces populaires révolutionnaires de ce pays de franchir un cap, et d'assumer la révolution véritable par la Guerre du Peuple. Ce texte, qui n'est pas maoïste, en est certes encore loin, mais il est clairement un petit pas dans cette direction. C'est en tout cas beaucoup plus intéressant que des incantations (à lutter contre les 'fascistes' bolivariens) émises de pays étrangers, d'ailleurs guère plus suivies d'effet dans leur propre pays qu'elles ne le sont au Venezuela...
Bonne lecture !
Le Venezuela a besoin d'une véritable révolution : l'opinion des guévaristes
Six longs et dramatiques mois après la mort du commandant Hugo Chávez, le MGR croit nécessaire de livrer une opinion qui aide à clarifier le scénario auquel sont et seront à l'avenir confronté-e-s les travailleurs, les travailleuses et les exploité-e-s des villes comme des campagnes.Beaucoup d'encre a coulé au Venezuela et dans le reste du monde sur le fameux "processus révolutionnaire bolivarien". Pour des raisons diverses, mais généralement fondées sur l'opportunisme politique, de nombreux secteurs de la gauche capitaliste ont décerné des brevets de révolution au gouvernement du Venezuela. Les plus audacieux ont créé toute une série de catégories leur permettant de donner un support théorique à l'expérience ayant lieu dans notre pays. C'est ainsi qu'a surgi l'argument déjà usé du socialisme du XXIe siècle et tout ce qui en découle.
Mais si l'on veut bien s'immiscer de manière concrète dans le processus social et politique vénézuélien, l'on risque de rencontrer bien des surprises provoquant plus que du désenchantement pour un admirateur non avisé du "processus".
Nous proposons ici d'interroger sommairement quelques uns des concepts donnant un support théorique à l'actuel processus, pour comprendre, au-delà de nos désirs, la réalité du "socialisme bolivarien".
La Révolution Bolivarienne
C'est sous ce nom qu'a commencé l'actuelle période de gouvernement au Venezuela, annonçant de véritables changements par rapport à la quatrième république. Le concept de révolution impliquait jusque-là une rupture structurelle, économique et sociale avec le système antérieur, c'est-à-dire le capitalisme, mais dès lors, ce même concept a été vidé de son contenu pour exprimer quelque chose de très différent.
La révolution bolivarienne, il était proposé de la faire non seulement de manière pacifique, mais encore avec le concours et la participation de ceux qui maintenaient le système en fonctionnement, à savoir la bourgeoisie.
Le choix des élections comme moyen de dépasser les contradictions et les différences a été le pari des dirigeants du processus, ce qui signifie accepter et participer aux règles du jeu bourgeois. Cette acceptation a impliqué non seulement la reconnaissance de l'État et de ses institutions et lois, mais encore de se présenter comme une alternative d'administration de ces mêmes État, institutions et lois.
De sorte que l'on renonce dès le départ à mener dans le pays une véritable révolution qui change le type d'État, ses institutions, son système économique, la propriété des moyens de production et par là, tout le système économique et social.
Ce qui est proposé à la place est une modification de l'ordre juridique, par le biais d'une assemblée constituante qui substantiellement, cherche à réorganiser la nouvelle corrélation de forces entres les classes dirigeantes, et non à en finir avec le système bourgeois d'exploitation. La nouvelle constitution, dans son article central, consacre le système de propriété en place depuis la fondation de la république, et détermine ainsi la survivance du capitalisme sous un nouvel agencement de classes dominantes.
La révolution passe d'un trait de plume à ne plus représenter qu'un agencement et une répartition du pouvoir entre une nouvelle alliance de classes qui, dès lors, est vouée à préserver le système et l'État capitaliste d'exploitation. Le problème n'est alors plus le capitalisme, mais son administration et il suffit d'avoir de bons gérants. Ceci est précisément le discours inaugural de la nouvelle étape.
La Révolution comme processus et non comme acte révolutionnaire.
À partir de là, la révolution comme concept cesse d'être un acte révolutionnaire exécuté par les exploités pour mettre fin au système qui les soumet. Elle ne consiste plus à exercer un pouvoir de classe exprimé dans un nouveau système politique, social et économique et dans la construction d'un nouvel État, mais en un processus indéterminé dans le temps et l'espace, qui change progressivement certaines règles du jeu, mais maintient l'essence du système capitaliste.
Telle est l'essence des nouveaux concepts qui animent la "révolution bolivarienne", qui n'est rien de plus que des changements graduels permis dans le cadre du capitalisme, car ils ne font que le renforcer et lui apporter une base sociale qu'il n'a jamais eue. La consigne "maintenant le Venezuela est à tous" exprime parfaitement la conciliation de classe qui prétend s'imposer au pays.
Il est symptomatique que cette expérience politique coïncide dans le temps avec la poussée définitive pour l'effondrement du bloc de pays qui, sous la direction de l'URSS, disaient représenter le socialisme réel. C'est une donnée très importante, car elle représente un changement d'époque historique et un changement de paradigme pour une grande partie de la gauche au niveau international, qui trouve dans le réformisme capitaliste une nouvelle niche théorique et un nouveau modèle pour justifier sa banqueroute théorique et politique : la gauche capitaliste.
À partir de là, nous pouvons proprement parler de renforcement de la gauche capitaliste, ou, ce qui revient au même, de la gauche du capitalisme. Ce virage conceptuel est aussi l'enterrement définitif et l'abandon consubstantiel des formes d'organisation et de lutte qui remettent concrètement en question le système capitaliste.
Pour que tout ceci ait pu avoir lieu, il a fallu qu'aient lieu d'autres faits marquant de leur empreinte l'époque que nous vivons. Pour comprendre ces faits, il nous faut sortir de la vision fragmentée qui existe sur le déroulement historique latino-américain, tant sur le plan social que politique, économique et militaire.
Les antécédents historiques.
Si nous nous plaçons à partir des années 1960, nous pouvons voir, de pair avec la crise capitaliste d'alors, un essor non seulement de la mobilisation de masse à un niveau purement revendicatif mais, dans de nombreux pays, de la mobilisation et du combat contre l'existence même du système.
La radicalité de la protestation, son contenu même et les nouvelles formes d'organisation qui se développent, le font dans un contexte de crise générale du capitalisme, lequel se voit obligé de passer à une autre étape d'exploitation et de domination par la chute constante de son taux de profit à ce moment-là.
La réponse économique à cette crise viendra de la main d'une variété du capitalisme : le libéralisme économique le plus agressif, sur lequel il a été suffisamment écrit, mais peu approfondi sur le plan politique de cette étape et, pareillement, sur le plan opérationnel. Ces trois aspects du plan général du capitalisme sont habituellement vus comme séparés et non compris comme un tout, brouillant l'analyse et les conclusions de celle-ci.
La réponse à la crise, du point de vue économique, doit venir accompagnée d'un modèle politique qui la rend possible et d'un plan opérationnel qui la met en œuvre et élimine les obstacles à son application. Les crises systémiques du Capital ne sont pas exclusivement économiques ni financières ; elles sont l'expression généralisée, touchant tous les domaines, des contradictions fondamentales qui étreignent le capitalisme, à cause de la contradiction entre une production sociale et l'appropriation privée de celle-ci.
De ce fait, la crise systémique du capitalisme est éminemment politique, culturelle, formative, militaire, structurelle, écologique, productive, économique, scientifique, théorique, ethnique, générationnelle et même de genre. Aucun domaine de la vie sociale n'échappe à ce phénomène périodique du capitalisme.
Si nous comprenons cette dynamique du capitalisme, nous serons dans de meilleures conditions pour comprendre les plans du Capital dans un sens global et non fragmenté, comme nous y ont habitués les "analystes".
Pour revenir à notre sujet, il nous faut comprendre que la seule voie possible pour l'application de la variante la plus extrême du capitalisme, sur notre continent, a été l'inauguration de l'ère des dictatures militaires, de manière simultanée dans presque tous les pays latino-américains.
Nous ne parlerons pas ici de néolibéralisme, pour diverses raisons sur lesquelles ne nous étendrons pas. Lorsque l'on parle de néolibéralisme, l'on tend à séparer ce concept du capitalisme, comme s'il existait un bon capitalisme (keynésien) et un mauvais (néolibéral), alors qu'en réalité ce sont les deux faces d'une même pièce. Mais il y a en outre un autre détail de grande importance.
Jamais le capitalisme n'applique des modèles "purs", et jamais ceux-ci ne sont exclusivement une seule chose. Habituellement, il y a des combinaisons de mesures en mettant l'accent sur l'une ou l'autre, mais les deux recettes représentent la continuité du Capital et l'application de l'une d'elle à un moment donné ne fait que préparer l'étape suivante, où s'exprimera principalement l'autre. Ceci étant éclairci, poursuivons notre étude des faits historiques.
Avec une classe politique, représentante de la bourgeoisie, à bout de souffle, isolée et discréditée, avec un réformisme, radical dans bien des cas, qui ne pouvait déjà plus contenir la poussée des masses, la seule alternative qui restait au système était de puiser dans sa réserve stratégique que constituent les forces armées des États capitalistes.
Le plan politique, économique, idéologique et militaire.
Ce secteur était le seul fiable et nécessaire, pour les bourgeoisies et l'impérialisme, afin de résoudre en leur faveur et de manière stratégique le conflit de classe posé. Il ne s'agissait pas seulement de sauver le système. Il s'agissait d'inaugurer une nouvelle forme d'exploitation beaucoup plus extrême, et pour cela il fallait nécessairement domestiquer un mouvement de masse en croissance et en mobilisation toujours plus radicale.
La mission fondamentale des dictatures était de réformer et renforcer l'État, changer le paradigme économique, et appliquer de manière stratégique la nouvelle politique économique permettant au capital d'enrayer sa crise systémique.
Si nous avons montré son plan politique de longue haleine, il faut à présent exposer clairement son plan opérationnel. Le premier objectif de ce plan était d'en finir, par la voie de l'extermination, avec les organisations révolutionnaires et leurs cadres les plus avancés et radicalisés. Puis viendrait le désarmement des organisations de masse, vider celles-ci de leur contenu théorique et politique, pour pouvoir avancer dans leur domestication. Les syndicats et autres organisations de travailleurs furent un objectif stratégique.
Comme nous pouvons le voir, nous sommes en présence d'une stratégie globale qui ne laisse pas d'éléments au hasard et qui inclut le déploiement d'un scénario de guerre, où aucun élément n'est laissé sans utilisation.
S'il en est ainsi, il serait illusoire de penser cette stratégie terminée une fois atteints seulement ses objectifs partiels. Il fallait penser à l'adaptation tactique du futur scénario, et le cadre fut les démocraties fortes ou protégées.
La relative stabilité du nouveau cadre reposerait non seulement sur la force organique-juridique des États concernés, mais fondamentalement sur la participation et l'acceptation par les masses du nouveau système établi.
Par endroit il suffirait d'une camisole de force politico-juridique, qui tiendrait en respect les secteurs populaires (comme dans le cas du Chili), mais dans d'autre la stabilité du capitalisme reposerait dans l'emprise de masse acquise par le système.
De cette manière, la démocratie formelle bourgeoise acquit le rang de conquête populaire en opposition aux dictatures, et elle conquit une grande partie de la gauche pour que celle-ci légitime, par sa présence, le nouveau modèle de domination politique qui offrait un climat de tranquillité propice à de nouvelles et bonnes affaires.
La chute du bloc socialiste, action largement préparée tant de l'intérieur que de l'extérieur, amena la faillite du paradigme pour de larges secteurs, surtout intellectuels et théoriques provenant des couches moyennes éduqués, qui furent les premières à se démarquer, à assumer dans la pratique la 'fin de l'histoire' de la lutte des classes et assumer sans complexes les orientations ennemies.
Ces secteurs furent les premiers à assumer la production livresque justificative de la défaite et à chercher à mettre en pièce la théorie révolutionnaire.
L'adéquation tactique des démocraties fortes ou protégées, une fois accentuée la nouvelle phase de la crise du capital, requérait un profond changement dans l'administration du système, donnant à celui-ci dynamisme et stabilité dans les nouvelles conditions où de déroulaient l'exploitation. C'est là une autre variante contre-insurrectionnelle faisant partie de la stratégie capitaliste globale.
La réussite évidente du capitalisme, en remplissant sa fonction de surexploitation, d'internationalisation du capital, d'appropriation des entreprises stratégiques, des matières premières vitales et de flexibilité du marché du travail, tranchait avec son désastreux bilan social, cependant contemplé à l'aune du dessein stratégique d'exploitation et de domination dans la nouvelle étape de développement du capital.
Nous voulons clarifier quelque chose quant à ce qui précède. Les économistes parlent de l'échec du néolibéralisme à résoudre les problèmes sociaux. Ils font erreur. Le capitalisme n'a pas vocation à résoudre ces problèmes. Son unique rôle est d'obtenir, assurer et reproduire à grande échelle le vol permanent de plus-value au prolétariat et aux autres secteurs exploités.
En cela le capitalisme, que ce soit sous son visage keynésien, libéral, néolibéral, fasciste, réformiste, populiste ou national, remplit avec succès ses objectifs pendant un temps déterminé, employant l'une ou l'autre de ses variantes ou une combinaison de différentes d'entre elles, tant sur le plan tactique que stratégique. De sorte qui si nous voulons mesurer l'efficacité du capitalisme en terme social, nous partons d'un présupposé erroné, puisque c'est par essence un système antisocial, antihumain et anti-développement.
Ceci étant clarifié, voyons de manière simple quel est le bilan de l'application de la nouvelle étape capitaliste en Amérique latine.
- Haut niveau de dette externe : totalement adapté à l'internationalisation du capital en alliance avec des secteurs bourgeois locaux et la facilitation des États.
- Énormes quantités de chômeurs : fondamental pour abaisser substantiellement le coût de la force de travail.
- Flexibilité du travail : également nécessaire pour obtenir ce qui précède.
- Privatisation des entreprises stratégiques : fondamental pour l'investissement du Capital impérialiste en association avec les capitaux plus petits des bourgeoisies locales et ainsi obtenir la centralisation et la concentration du capital.
- Développement de la dette interne : fuite du capital de la production à la spéculation pour se protéger de l’invasion croissante des marchandises étrangères.
- Développement du secteur agro-industriel : l’élimination quasi complète de la paysannerie est fondamentale.
- Massacre et extermination des organisations révolutionnaires et de leurs cadres les plus avancés : aucune des mesures antérieures n’aurait été possible sans accomplir les tâches les plus criminelles du capitalisme. Par l’extermination est visée (et dans une large mesure atteinte) la désorganisation des secteurs exploités et un clair recul théorico-politique, afin d’éliminer pratiquement toute l’accumulation stratégique depuis des décennies par la classe ouvrière et les exploité-e-s de la ville et de la campagne.
- Stabilisation du système politique bourgeois avec de nouvelles règles et des élections périodiques : une fois éliminé le péril subversif, la légitimation du système démocratique bourgeois est une pièce fondamentale et pour cela il faut consolider une opposition de système ou, ce qui revient au même, une carte de rechange administrative pour contenir la poussée des masses lorsqu’elle se produira, à travers de petites réformes économiques et sociales, maintenant cependant intact l’essentiel du système de domination et d’exploitation capitaliste.
L’invention de la dite "gauche intelligente" (secteurs ouvertement liés à la social-démocratie européenne) n’était pas suffisante, étant donné que celle-ci restait fondamentalement dans les sphères intellectuelles et sans discours réellement lié au mouvement de masse. La carte de rechange en cas de nécessité devait venir du même monde social et politique que celui qui avait été la niche de la gauche historique, et devait assumer une partie de son discours, de ses emblèmes, de ses revendications et même, l'élaboration de pensées révolutionnaires hors-contexte et dénaturées, qui justifieraient le changement de cap.
Si nous observons les choses avec attention, nous réalisons que l'actuelle étape politique et économique fait partie d'un plan global et étendu dans le temps, qui a envisagé différentes possibilités et en fonction d'elles, déploie différents instruments et plans spécifiques qui lui offrent une flexibilité tactique au milieu d'une stratégie ferme, ne laissant place à aucune alternative révolutionnaire.
Ce plan suppose la mise en pratique de variantes déterminées, allant de la dictature militaire, du Plan Condor, du retour à la démocratie bourgeoise jusqu'à l'apparition de la gauche capitaliste et même l'émergence de gouvernements "progressistes" dans la région.
Le fil conducteur de tout ce processus, nous pouvons le trouver dans la dynamique même du capital comme phénomène anarchique et convulsif, qui traverse des étapes de relative stabilité pour ensuite entrer à nouveau en crise.
Ce qui est central pour le capital reste ses attaques sans pitié contre la classe ouvrière et son effort acharné pour accroître son taux de profit, par l'extraction du plus de plus-value possible. Dans cette logique du capital, les différentes variantes employées seront toujours déterminées par leur capacité à assurer une élévation du taux moyen de profit, ce qui s'obtient fondamentalement en diminuant la valeur de la force de travail.
La capacité du système à permettre une meilleure redistribution de l'excédent sera conditionnée par l'importance de celui-ci ou, dit autrement, par les profits extraordinaires obtenus. Mais cette meilleure redistribution sera TOUJOURS dédiée à assurer la continuité du système, et JAMAIS pour favoriser effectivement la force de travail, qui est ce dont le capital obtient réellement son profit (ou plus-value).
Venezuela : Réformisme ou Révolution.
Ceci étant éclairci, nous pouvons beaucoup mieux comprendre le panorama politique latino-américain, et en particulier ce qui se déroule au Venezuela.
L'émergence du phénomène bolivarien au Venezuela repose sur l'existence objective de conditions révolutionnaires pour aller vers le socialisme. L'incapacité manifeste des classes dominantes à contenir la poussée du mouvement de masse et en particulier de la classe ouvrière, et le ras-le-bol croissant des secteurs exploités pour leur extrême pauvreté, conduisirent la situation vers une croissante ingouvernabilité qui mettait l'explosion sociale à l'ordre du jour d'un moment à l'autre.
Mais cette situation contrastait avec l'extrême faiblesse des organisations se disant révolutionnaires, qui marchaient à la queue du mouvement de masse et n'avaient pas de programme cohérent du point de vue révolutionnaire.
Il ne fut alors pas difficile de voir émerger des projets lucides quant au diagnostic de la situation, mais qui n'exprimaient pas les intérêts des classes laborieuses. Les exploités, sans direction révolutionnaire conséquente et développée, furent des proies faciles pour ceux qui avaient mûri un projet, qui, bien que comprenant une ensemble de réformes du capitalisme rentier et de son système politique, n'en mettait pas en jeu l'existence même à travers une révolution socialiste.
D'ici se dégage qu'il n'a jamais été cherché à en finir effectivement avec le capitalisme et l'État qui le soutenait, mais à le réformer pour le rendre plus efficace dans sa mission de favoriser le Capital au détriment de la force de travail. C'est ici que se situe l'importance théorique stratégique de montrer la révolution comme un processus et non comme un acte révolutionnaire.
Pour s'implanter dans les secteurs populaires, le nouveau projet eut besoin de défaire dans certains cas les nœuds des contradictions sociales, et d'assumer dans son discours une grande partie des revendications historiques de la gauche réformiste. Le discours anti-impérialiste allait comme un gant à l'idée de développer une bourgeoisie "patriotique et nationale" (c'est-à-dire le bon capitalisme en opposition à l'impérialisme, le mauvais). Cela avait fait partie du discours historique d'une gauche réformiste déjà assimilée par le système, pour imprimer à ses programmes et discours la tant remâchée "libération nationale".
Les attaques contre le système bipartiste remplacèrent celles qu'aurait dû subir le Capital, et les énergies sociales dégagées s'orientèrent dans cette direction avec un assez net succès. Les masses fatiguées par plus de quatre décennies de bipartisme, de corruption généralisée, de misère malgré les revenus pétroliers et d'absence de perspectives, virent là une possibilité de résoudre leur situation en changeant les administrateurs d'un système qui leur déniait non seulement la dignité, mais foncièrement le droit à la vie.
Le changement constitutionnel promu et approuvé à une grande majorité rendait possible l'incorporation au gouvernement et à l'administration de l'État de vastes secteurs écartés jusque-là de la prise de décision, que l'on trouvait principalement dans la petite bourgeoisie et qui désormais allaient se transformer en classe dirigeante. Ce changement constitutionnel assurait la continuité du capitalisme et de son régime de propriété privée des moyens essentiels de production, et adaptait l'État à la nouvelle corrélation de forces au sein de la bourgeoisie.
Nouvelle bourgeoisie ou petite bourgeoisie devenue grande ?
La mise en pratique du nouveau projet signifia la consolidation d'un groupe hétérogène quant à son extraction sociale initiale, mais qui avec le temps allait se décanter à travers la dynamique d'accumulation en son propre sein. Ceux qui à un moment donné n'étaient que des bureaucrates administratifs se virent soudain en possibilité d'accumuler de la richesse en très peu de temps, et ainsi venir à faire partie de la bourgeoisie dominante.
La consolidation de cette fraction petite-bourgeoise a signifié et signifie le déplacement de certains secteurs bourgeois de certaines positions de pouvoir et leur remplacement par le nouveau groupe. Tout ceci a impliqué une lutte inter-bourgeoise sans merci qu'en dernière instance, devaient résoudre les masses exploitées en penchant pour l'un ou l'autre camp.
Il était donc vital pour le nouveau groupe de libérer les plus grandes énergies dans les masses populaires pour s'assurer de faire pencher la balance en leur faveur, en appelant à une révolution qui ne viendrait jamais. Les énergies des masses furent déployées et conduites jusqu'à infliger défaite sur défaite à la vieille classe gouvernante, d'abord sur le plan électoral puis dans la mobilisation et la lutte de rue ensuite.
Toute cette mobilisation n'était pas guidée par une direction révolutionnaire, et ne fut employée que pour négocier de manière avantageuse avec l'opposition de droite, et finalement assurer le maintien au pouvoir du nouveau groupe émergent qui se proclamait révolutionnaire.
L’État capitaliste (bureaucratique NDLR) fut utilisé une fois de plus pour transférer la rente pétrolière vers la bourgeoisie, mais désormais les acteurs avaient changé. Ces derniers temps, les masses populaires se sont rendu compte, peut-être pour la première fois, de qui fait effectivement de grandes affaires avec l'État capitaliste. Tandis qu'est maintenu un discours revendiquant le socialisme, le gouvernement utilise l'État pour offrir des ressources fabuleuses à des capitalistes qui, quelques années en arrière, étaient au mieux des fonctionnaires de rang mineur ou de petits employés obscurs dans la bureaucratie étatique.
Quasiment toutes les grandes constructions de ponts, routes, les programmes sanitaires, immeubles, transports, achats de véhicules, portefeuilles de crédit, dollars préférentiels, importations massives, et beaucoup d'autres choses dont l'État a besoin, ont été offerts aux enchères ou directement vendus aux nouveaux bourgeois bolivariens. Le moyen d'accumulation initiale préféré dans ce cas furent les fortes commissions reçues pour passer un marché avec l'État sous la forme du "diezmo" (dixième, dîme, commission de 10%), toute une institution au Venezuela, qui s'est vue renforcée ces dernières années.
Le développement d'initiatives aussi importantes que Barrio Adentro Mercal, PDVAL et autres missions a servi de moyen de transfert de la rente pétrolière obtenue par l'État vers ces secteurs, faisant partie du bloc au pouvoir. L'absence de vergogne avec laquelle tout cela se fait n'a quasiment aucune limite ; si bien qu'aujourd'hui nous pouvons trouver un officier subalterne de l'armée devenu un flamboyant propriétaire de banque, tandis que son frère a été ministre et membre de la direction de diverses entreprises et institutions. Cette situation devait tôt ou tard éclater, maintenant qu'il est impossible de la dissimuler d'avantage.
Les hésitations initiales, à l'intérieur du bloc dirigeant, sur le type de projet à développer ont été rapidement solutionnées en faveur de la bourgeoisie, si bien que de cette manière l'on travaillerait pour soi-même. Ce n'est pas un hasard si le gouvernement pendant toutes ces années a tant favorisé la banque et s'est efforcé au-delà de l'imagination d'élever son taux de profit.
La préférence pour la bourgeoisie commença à s'exprimer de manière plus évidente à partir de 2006, année qui coïncide avec une baisse d'intensité de la lutte de masse après avoir infligé plusieurs défaites successives à la droite fasciste. Ce fut également l'année pour s'efforcer de consolider le groupe au pouvoir à travers un nouveau parti politique qui transcenderait le tassement électoral. Ce fut l'année de la naissance du PSUV.
Au plan économique, balbutiait ce qui de la bouche du président fut appelé "l'alliance stratégique avec la bourgeoisie", au moyen d'accords sur des terres appartenant à l'État payées aux capitalistes, l'achat des entreprises en faillite, l'octroi de crédits favorables, les dollars préférentiels et autres facilités à la banque privée. Il faut également mentionner les fortes hausses de produit au bénéfice de la bourgeoisie.
Lorsqu’éclata au grand jour la crise systémique du capital, l'on opta pour la ré-impulsion productive, qui n'est rien d'autre qu'une série de mesures favorisant la bourgeoisie au détriment des travailleurs. Les mesures qui suivirent furent de la même teneur, avec une augmentation de la TVA de 33%, une baisse du salaire réel, un accroissement de la dette interne en faveur de la banque privée et autres séries de mesures comme la libération des prix de certains produits de base, qui vinrent encore frapper la force de travail.
L'ouverture de la Ceinture de l'Orénoque à l'investissement et à la propriété des capitaux étrangers, comme dans le cas de l'entreprise russe sous la forme d'entreprise mixte, qui est en réalité la propriété de Chevron, l'achat de ferraille industrielle hors d'usage à l'Iran et les contrats d'investissement avec la Chine ne cherchent pas seulement à favoriser les capitaux internationaux, ce qui est déjà contraire au discours public, mais ont aussi été d'excellentes affaires et bénéfices pour ce bloc bourgeois au pouvoir et ont consolidé ses positions de grands entrepreneurs. Si bien qu'une défense plus étroite de sa part du régime de propriété privée capitaliste et de châtiment contre la classe laborieuse n'était qu'une question de temps.
La marge de manœuvre du gouvernement sur les sujets sociaux et les investissements dans ce domaine est directement liée à la rente pétrolière, bien que la Banque centrale du Venezuela reconnaisse elle-même que la répartition de cette rentre favorise largement la bourgeoisie au détriment des travailleurs.
La crise du Capital s'aiguisant, cette capacité de manœuvre rétrécit et les effets de la crise commencent à se faire sentir clairement dans de larges secteurs, principalement de travailleurs. La mal nommée crise financière, récemment avec l'intervention de sept banques, n'est rien d'autre que l'expression publique d'une crise politique de magnitude énorme que l'on cherche à maintenir sous le couvercle. Les contradictions d'intérêts au sein des groupes au pouvoir prennent chaque jour un caractère plus public et, à mesure que le temps passe, s'exprimeront dans toute leur dimension avec des conséquences plus ou moins prévisibles.
PSUV, le Parti de la révolution socialiste ?
Du point de vue politique, a été fait pression sous toutes les formes sur certains partis et mouvements pour qu'ils intègrent le nouveau parti (PSUV) et de cette manière, rééditer un nouveau pacte de Punto Fijo virtuel, avec seulement deux grandes tendances : la droite traditionnelle capitaliste, et la nouvelle gauche capitaliste et réformiste.
Dans ce schéma établi par le bloc au pouvoir ne restait aucune possibilité pour les secteurs révolutionnaires, et c'est ce que nous fîmes savoir à ce moment là. Malgré tout ce qui précède, pas peu furent les mouvements qui décidèrent de rejoindre le nouveau parti. Certains le firent en suivant la tactique de l'entrisme, d'autres alléguèrent qu'il ne fallait pas laisser les masses seules dans la nouvelle aventure et ne manquèrent pas même ceux qui prétendaient changer les choses de l'intérieur par un soi-disant "soutien critique".
Chacun de ces secteurs devra faire son propre bilan une fois qu'il aura parcouru suffisamment de temps depuis cette décision. Mais ce qui est d'ores et déjà suffisamment clair, c'est que le PSUV est un parti pluri-classiste dans sa base sociale, mais que sa direction est une direction bourgeoise et représente ce secteur social.
Nous ne doutons pas un seul instant de l'honnêteté et du dévouement révolutionnaire de la grande majorité de la base "bolivarienne", mais nous parlons ici de la direction et de la bureaucratie partidaire qui se développe là comme réformisme capitaliste.
La lutte de lignes à l'intérieur du parti est quasi nulle, vu que le secteur dominant s'est assuré le contrôle bureaucratique de pratiquement toutes les structures. L'on pourra arguer que dans différents secteurs existent des réalités particulières différentes, mais ceci peut nous porter à la confusion en cherchant à expliquer le tout par la partie, le phénomène global à partir de petites expériences, ce qui ne nous conduit pas à un diagnostic pertinent de la réalité. Le PSUV d'aujourd'hui prétend donner quelque substance au slogan délavé du "socialisme du XXIe siècle", qui n'est rien d'autre que le vieux et usé capitalisme sous un masque un peu plus social.
Cette substance est censée venir de la formation de ses cadres sous la direction du PC chinois, celui-là même qui dirige un État bourgeois, où les travailleurs sont payés un salaire de misère et celui-là même qui aujourd'hui, maintient à flot l'économie US au prix du vol de plus-value à sa classe laborieuse et du maintien d'un véritable esclavage pour les secteurs les plus exploités. Tout le soi-disant "miracle chinois", avec sa gigantesque accumulation de capital, provient en réalité de la surexploitation de sa main d’œuvre et des conditions inhumaines dans lesquelles survivent une partie de sa population.
En parlant de justice...
La mise en place de la Police nationale, l'approbation de la loi sur le contrôle des armes et explosifs, et la virtuelle application de la loi antiterroriste, impliquent un durcissement de la répression d'État. La seule question posée est qui sera la cible de cette répression.
Le Venezuela, ce n'est un secret pour personne y vivant, possède l'un des taux de criminalité les plus élevés du continent, et la sécurité ne s'est pas seulement transformée en un thème apportant des dividendes politiques, mais s'est en outre convertie en un excellent commerce pour la bourgeoisie. Des millions et des millions de dollars sont investis chaque année dans des entreprises qui apportent la sécurité à une partie de la population en mesure de payer pour cela.
De sorte que le maintien du climat actuel d'insécurité favorise en premier lieu la bourgeoisie liée au lucratif commerce de la sécurité. C'est cette branche qui absorbe la majeure partie des fonctionnaires actifs ou en retraite des polices et de la force armée, et c'est précisément d'où vient aussi la majorité des bandes organisées se livrant au kidnapping et au trafic d'armes.
Le sicariato (tueurs à gages) dans toutes ses variantes agit de manière permanente et organisée au Venezuela depuis des années. D'où proviennent principalement les sicarios n'est un secret pour personne.
Tout le monde sait que ce sont la police et la garde nationale qui gèrent le trafic d'armes dans les quartiers et les prisons du pays en alliance étroite avec le narcotrafic, les paramilitaires et les secteurs bourgeois liés à ce lucratif commerce de la sécurité.
La police et la garde nationale jouent souvent un rôle de surveillance et d'escorte pour la bourgeoisie, pendant comme en dehors de leurs heures de travail, et ceci les met dans la position d'une petite armée privée à disposition de qui peut payer. De là au sicariat, il n'y a qu'un pas et c'est ce qui s'est produit ces dernières années.
L'insécurité et la peur de la population servent de véritable carcan social aux demandes de la population, vu que les gens voient bien qui sont les victimes et qui sont les tueurs. Ces dernières années, qui ont vu une forte poussée des luttes sociales, la paysannerie a payé un lourd tribut à sa lutte pour la terre. Ce sont plus de 300 dirigeants et paysans qui ont été assassinés sur ordre des grands propriétaires, et cela ne semble pas devoir s'arrêter.
Dans les secteurs urbains et périurbains, ce sont les travailleurs qui ont été sauvagement frappés par ce fléau.
Dans les quartiers des grandes villes, les bandes criminelles sont celles qui contrôlent réellement le territoire, terrorisant par leurs actions et paralysant de fait toute vie sociale communautaire.
Ces bandes sont armées principalement par la police, en particulier à Caracas où elle se distingue dans le trafic d'armes et la vente de munitions. Il n'y a aucun riverain qui ne soit au courant de cette situation et des degrés d'impunité atteints par ces parasites policiers, remplissant d'indignation une population qui, pour autant, se sent impuissante à agir face au pouvoir obtenu par ces délinquants.
La lutte contre l'insécurité fait partie intégrante de la lutte des classes, et est l'un des terrains où s'exprime dans toute sa nudité le rôle joué par les appareils répressifs de l'État capitaliste.
L'alliance entre la délinquance et de nombreux policiers est une expression de la faillite profonde des institutions de l'État capitaliste et de sa décomposition croissante, signe plus qu'évident de la crise générale d'un système qui, toutefois, impose toujours ses conditions.
Cette situation se voit garantie par l'évidence qu'au Venezuela l'impunité est totale. Personne n'a mis à ce jour un pied en prison pour les massacres commis sous la Quatrième république (le puntofijisme Ndlr), ni pour la violence organisée et déchaînée durant le coup de force d'Avril (2002), et personne ne punit ni même ne parle des assassinats de leaders syndicaux et paysans. Tous libres.
Le Plan Patrie Sûre et la lutte contre la corruption n'ont emportés que de petits fonctionnaires mouillés dans les malversations, mais sont loin d'avoir touché les grands intérêts qui se cachent derrière ces manœuvres délictueuses. Nous nous sommes habitués à ce que le président dénonce régulièrement des personnalités ou activités de groupes de pouvoir, mais que ceci en reste à la dénonciation sans résultats concrets substantiels.
Rien de différent sur le terrain économique. Des centaines de milliers de fraudes, d'escroqueries, de commissions illicites, d'enrichissements soudains, de trafics d'influences, de surfacturations, usurpations et autres vols éhontés restent impunis et l'on ne peut rien y faire. Un acte illicite est commis, il est découvert, scandale, une enquête est promise et puis, par intervention directe soit de la police soit des tribunaux, le suspect parvient à sortir du pays en se riant du besoin de justice de tout un peuple.
N'ont pas cette chance plus de deux mille ouvriers, dirigeants, étudiants, femmes, paysans et indigènes qui se trouvent actuellement emprisonnés, ou en liberté surveillée. La police, la loi et les tribunaux sont au service de la bourgeoisie.
Dans les tribunaux, malgré la soi-disante épuration, prospèrent toujours les mafias et les bandes organisées de délinquants du droit bourgeois qui, à l'abri de leurs fonctions, servent toujours les intérêts d'une classe putréfiée et parasite qui n'a rien d'autre à offrir que sa pestilence bourgeoise.
Ainsi étant les choses, il n'y a aucun soulagement à attendre, pour la population, de la création de la Police nationale ni du renforcement de certains services de renseignement. Selon nous, à mesure que s'aiguise la crise du système, plus dure sera la répression en particulier pour les travailleurs. Il y a peu de temps, le Sebin (Service bolivarien d'intelligence) s'est chargé de convoquer pour interrogatoire les travailleurs d'Industrias Diana et la Garde nationale a "rendu visite" aux travailleurs de PDVAL (compagnie publique nationale de distribution alimentaire) qui réclamaient leurs droits.
La protestation sociale se transforme en délit et la mobilisation est criminalisée par différents canaux. En disant cela, nous ne défendons pas les provocations de la droite fasciste. Nous pensons justement que ce qu'elle cherche par celles-ci, c'est justement à servir de rideau de fumée pour qu'ensuite soient réprimés les travailleurs avec le consentement d'une partie de la population, qui pourra assimiler la légitime protestation des exploités pour leurs droits à une tentative de déstabilisation de la droite fasciste.
Allons-nous vers le socialisme ?
Définitivement, non. À l'existence objective d'une base sociale qui aspire à un changement de système politico-économique tourné vers le socialisme, répond l'existence d'une direction clairement bourgeoise qui cherchera par tous les moyens à défendre ses intérêts de classe quel qu'en soit le prix, mais qui pour le moment, use d'un langage pseudo-révolutionnaire pour s'assurer juteux bénéfices et privilèges. Cette direction accompagnée par la bureaucratie et en alliance ouverte avec les milieux d'affaires dont elle fait déjà partie, ne doute pas une seconde qu'elle doit empêcher le socialisme et emploiera tous les moyens dans ce but.
Il ne s'agit pas, comme le croient certains camarades, de changer un ministre ou une équipe économique. S'il en était ainsi, nous validerions l'idée que le problème est l'administration du système et non le système lui-même. Le projet de cette administration d'État n'est pas économique, mais un projet de classe répondant en dernière analyse à une décision politique longuement mûrie.
Le projet de ce secteur gouvernant consiste en un renforcement de la bourgeoisie contre la force de travail et en une projection de ce secteur bourgeois au niveau latino-américain. Ceci ne veut pas dire que cette bourgeoisie entre en contradiction avec l'impérialisme, elle veut seulement négocier depuis une autre position de pouvoir et obtenir ainsi une plus grande part du gâteau.
La réorganisation de l'État et son implication (jusqu'à un certain point) dans le secteur productif ne doit pas nous faire perdre de vue que c'est un État bourgeois et capitaliste, ayant pour mission de servir les nécessités du Capital, et lorsque l'État entre directement dans l'usine, c'est pour réguler le marché de la force de travail en faveur de la bourgeoisie et affronter directement la classe laborieuse.
Le capitalisme d'État n'a pas d'autre mission que de gérer l'accumulation de capitaux pour ensuite être remis au secteur privé. Telle est la lamentable histoire non seulement de l'Amérique latine, mais aussi de nombreux pays européens entre lesquels on peut citer ceux qui firent partie du Bloc de l'Est.
L'indépendance de classe, une nécessité révolutionnaire.
Devant tout ce panorama que nous avons décrit, il ne reste à la classe ouvrière et aux secteurs exploités des villes et des campagnes qu'à maintenir coûte que coûte leur indépendance de classe face au gouvernement et à l'État, par l'élaboration de leurs propres revendications et de leurs plans de lutte pour améliorer leurs conditions de vie et avancer vers l'élaboration d'un programme de gouvernement propre qui propose effectivement d'en finir avec le capitalisme.
Cette nécessité de la classe ouvrière est aussi l'espérance de beaucoup d'autres secteurs exploités, qui voient leurs conditions de vie se dégrader tandis que la bourgeoisie se renforce. L'activation de ces secteurs sociaux ne sera pas possible s'ils ne voient pas d'abord la classe ouvrière conquérir sa propre indépendance de classe et avancer résolument derrière un programme révolutionnaire socialiste.
La révolution socialiste n'a pas échoué, car elle n'a pas encore eu lieu au Venezuela et pour qu'elle se produise, il faut l'organiser dès maintenant partout où se trouve un seul révolutionnaire.
Quand nous parlons d'organiser la révolution socialiste, nous parlons de poser la question du pouvoir et de son exercice par la classe travailleuse. Ceci nous amène nécessairement à élaborer un projet en tant que classe, reposant sur un programme et un type d'organisation qui non seulement accomplisse l'acte révolutionnaire et détruise le pouvoir de la bourgeoisie et de son État, mais soit capable d'initier la construction pratique du socialisme et de le développer.
Ce pouvoir ne peut pas être un parti ou un mouvement (entendre : un parti ou mouvement tel que conçu à ce jour dans ce pays, même 'radical', avec des 'leaders' et des 'suiveurs', des 'calculs' politiciens et électoralistes etc.), ce doivent être les masses de travailleurs et travailleuses, les exploités des villes et de campagnes, organisés dans un nouveau type d'organisation sociale révolutionnaire (entendre : PARTI d'avant-garde de nouveau type, entouré de son ou ses Front(s) uni(s) et armé de sa Force combattante)*. Telle est l'expression authentique du Pouvoir Populaire et de classe qui doit s'organiser dès à présent.
Cette perspective ne nous fait pas perdre de vue les objectifs du mouvement et son développement ultérieur. Il ne suffit pas d'appeler à l'organisation du Pouvoir populaire de manière générale. Ce pouvoir de classe doit avoir des expressions concrètes sur chaque lieu de travail, chaque université, lycée, village ou quartier, et cette organisation ne tombe pas du ciel, ni ne sera faite cadeau par l’État. Ce sont les révolutionnaires organisés qui doivent impulser cette construction sociale depuis le plus simple jusqu'au plus complexe.
C'est pour cette raison que les mots d'ordre de "contrôle ouvrier" ou de "conseils de travailleurs" nous semblent justes, mais abstraits. Quels ouvriers contrôlent ? Ceux d'Action démocratique ? Ceux du PSUV ? À quels conseils faisons-nous référence ? Combien de ces conseils existent-ils ? Ces travailleurs ont-ils une conscience de classe ? Veulent-ils le socialisme ? Où sont ces conseils et combien y en a-t-il ?
Nous pensons que la révolution est une chose sérieuse et planifiée, et non pas des mots d'ordre exprimant des désirs qui n'ont rien à voir avec la réalité. La réalité actuelle pour les révolutionnaires est un désavantage stratégique s'exprimant dans le domaine théorique, politique, organisationnel, social, culturel, économico-matériel, militaire et numérique. Cette réalité doit être reconnue pour pouvoir être changée, et notre travail actuel doit exprimer les nécessités objectives qui nous séparent de la révolution. Nous croyons que les révolutionnaires doivent entreprendre une accumulation de forces de caractère historique sur tous les terrains précédemment exposés, et donner des réponses réelles à ces nécessités.
De là ce que nous avons formulé depuis longtemps déjà : doter la classe ouvrière d'un outil politique de grande puissance, qui soit capable de poser la question du pouvoir dans les grandes masses et d'aider à leur organisation derrière cet objectif. Telle est pour nous la plus grande tâche en ce moment, et ce à quoi nous travaillons. Les tâches d'agitation font partie de ce travail, mais n'en sont pas la totalité, bien que parfois nous y consacrions beaucoup d'énergie.
La construction et le développement de cet outil politique nous place sans aucun doute sur la voie que nous croyons correcte, et nous renforce donc pour poursuivre le grand objectif. Sans organisation révolutionnaire il n'y a pas de révolution socialiste, celle-ci ne se réalisant pas par osmose ni par intuition des masses ni même parce qu'existent des secteurs avancés dans la classe ouvrière.
La révolution est un acte scientifique révolutionnaire qui requiert une ingénierie sociale et une construction pratique n'admettant pas l'improvisation. Ceci ne veut pas dire qu'il y a des recettes préétablies, mais nous savons qu'il y a besoin d'un collectif avec des outils théoriques, avec la conviction la plus résolue, avec un haut degré de discipline, avec un plan stratégique et une force matérielle qui permette la construction d'un nouvel imaginaire social (autrement dit conquérir l'hégémonie idéologique : 100% Gramsci, 0% Heinz Dieterich !) et sa mise en mouvement pour mener ce plan à bien.
C'est pour cela que nous avons proposé l'unité des révolutionnaires à partir d'une série de définitions initiales qui nous rapprochent de l'objectif. Nous avons proposé l'élaboration d'un programme qui, basé sur la réalité sociale que vit notre Peuple (une conception du monde, une théorie directrice, une 'pensée'), permette d'accomplir de grands pas dans le développement d'une conscience de classe des travailleurs/euses.
Nous avons également appelé à développer, dans toutes ses potentialités, la lutte d'idées et de masse pour le socialisme comme courant qui commence à exprimer les aspirations à un changement réel qui existent dans le pays.
Nous avons invité les autres forces révolutionnaires à examiner minutieusement la situation du Venezuela et à rompre, sur la base de cet examen, avec le réformisme capitaliste qui étouffe et asphyxie tout progrès des masses ; et nous avons dirigé nos forces à commencer à construire le Pouvoir populaire comme expression du Nouveau Pouvoir des travailleurs et travailleuses, pauvres et exploité-e-s des villes et des campagnes, en opposition au Pouvoir bourgeois exprimé par l’État et ses institutions.
Telles sont à notre sens les grandes tâches des révolutionnaires qui par ailleurs, doivent les aborder au milieu d'une lutte des classes grandissante, qui s'exprimera prochainement de manière aiguë surtout dans les milieux ouvriers. Nous devons participer à ces luttes et donner force à notre proposition au sein des masses. Notre grand défi sera de construire dans le feu de la lutte et la nécessité de passer rapidement à un autre moment historique quant à la portée de notre projet.
Nos objectifs sont clairs et nous avons toujours été très précis quant à eux. Nous devons suivre le parcours tracé en emmenant avec nous tout le Peuple, avec l'optimisme qu'une époque nouvelle s'ouvre et que cette époque, c'est celle de la révolution socialiste véritable.
Nous allons avec joie et pleins de fierté par ce beau chemin révolutionnaire. Personne ne nous fera de cadeau, tout devra être conquis. Nous sommes face à l'histoire et notre appel est un appel à commencer la réalisation de nos rêves et à être les artisans d'une nouvelle architecture sociale.
Dans cette nouvelle architecture sociale, jouera sans doute un rôle très important la jeunesse, et c'est vers elle que nous devons tourner nos efforts. Nous allons vers la jeunesse pour libérer toutes ses énergies contenues durant tout ce temps. Là est la mine d'or d'où sortiront les femmes et les hommes qui changeront à jamais cette histoire de misère et d'exploitation. Nous allons vers la jeunesse avec la vérité pour arme politique, avec clarté, sans arguties ni demi-teintes qui ne mènent à rien. Nous allons organiser la rébellion et la transformer en idées et en actions révolutionnaires dans tout le pays.
Nous devons semer le Che dans tout le Venezuela et l'arracher à la vitrine de magasin où il a été enfermé pendant des années. Nous allons parsemer le Venezuela de révolutionnaires.
Nous allons tous et toutes, travailleurs et travailleuses, exploité-e-s, femmes, jeunes, peuples indigènes, paysan-ne-s, étudiant-e-s, habitant-e-s, communautés, professionnels et soldats. La révolution que nous voulons vient, et avec elle la joie de construire pour nous-mêmes et non pour la bourgeoisie.
Construisons l'idée et l'instrument de la révolution !!!
En avant avec toutes les forces de l'Histoire !!!
Révolution socialiste ou caricature de révolution !!!Mouvement Guévariste Révolutionnaire
(*) Le Parti, nous l'avons dit et répété, est tout simplement la 'pointe' la plus avancée, consciente, 'dégagée' de l'idéologie dominante bourgeoise des masses populaires exploitées, 'pointe' consciente d'elle-même et organisée dans un but clair de renversement du pouvoir de la bourgeoisie, d'établissement du Pouvoir prolétarien-populaire et de conduite, par celui-ci, de la société au communisme. La meilleure preuve de l'existence objective de cela, c'est qu'au Venezuela le MGR est cela, ou en tout cas une partie de cela. Il n'y a pas de société de classe sans lutte des classes, et il n'y a pas de lutte des classes sans Parti ; il y a simplement des Partis qui n'ont pas conscience ou refusent de l'être, ou qui en raison de limites idéologiques (conception du monde) non-corrigées ne jouent pas ce rôle : soit qu'ils se placent à la queue et non à la tête des mouvements sociaux de masse, soit qu'ils refusent d'aller à ces mouvements, d'aller aux masses car elles ne sont pas assez 'rouges' à leurs yeux, soit qu'ils ne parviennent pas, pour X ou Y raisons, à se lier aux masses en lutte et à instaurer une dialectique avec elles.
Ce Parti dont nous parlons n'a pas vocation à être une structure monolithique, seule (et une fois pour toutes) détentrice de la Vérité avec un grand V et ayant toujours raison y compris contre les masses. Le Parti dont nous parlons est simplement une fraction des masses investie d'une compréhension particulièrement avancée des problèmes et des solutions (la révolution, le socialisme en marche vers le communisme), des buts et des moyens, et investie d'une mission particulière : synthétiser l'expérience de la lutte de classe, de l'histoire de classe du pays où il lutte, et élaborer et DIFFUSER dans les masses cette théorie/conception-guide, la transformer en pratique et de l'expérience pratique enrichir à nouveau la théorie, etc. etc. Le Parti est donc simplement cela. Il n'est pas un monolithe figé, mais au contraire un être VIVANT en mouvement perpétuel dans la lutte de lignes (entre 'ancien' et 'nouveau', conceptions bourgeoises ou prolétariennes, idées justes et erronées), alimentée par la dialectique théorie/pratique et Parti/masses. Autour de lui (comme élément de cette dialectique), les masses 'un peu moins avancées' mais néanmoins conscientes et organisées forment un Front uni, ou plusieurs Fronts concentriques (un Front 'offensif' pour la révolution et un Front 'défensif' contre la réaction, par exemple). Et évidemment, aucune classe dominante ne cédant le pouvoir de bonne grâce, il génère une Force de Combat vouée à la conquête du pouvoir, contre les forces qui défendront le Capital. Tout cela forme, en effet, un MOUVEMENT révolutionnaire. Mais un 'mouvement' en soi, où chaque composante n'a pas conscience d'elle-même et de son rôle, est malheureusement voué à l'échec...
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Par Servir le 11 Septembre 2013 à 13:18
En 1973, au cœur du Cône Sud de l'Amérique latine, le jour se levait sur un 11 septembre qui, effacé depuis - comme s'il y avait une 'justice' - par un autre, devait rester de sinistre mémoire pour tous les peuples semi-colonisés de la planète et plonger tout un peuple dans une longue nuit noire de 15 ans.Arrivé au pouvoir trois ans plus tôt sur la base d'une alliance (l'Unité populaire) entre son Parti socialiste, le PC révisionniste pro-soviétique (si révisionniste que certains courants du PS, d'ailleurs fondé après lui - en 1933 - contrairement à la totalité des pays du monde, étaient plus radicaux !) et d'autres petites forces de gauche, avec l'appui pour son élection des démocrates-chrétiens (qui se retourneront ensuite contre lui), le président socialiste Salvador Allende était renversé et 'suicidé' par le sinistre et mondialement connu général Pinochet.
Pendant trois ans, avec l'appui de l'URSS (pour qui tout ce qui pouvait affaiblir l'impérialisme US dans son 'pré carré' des Amériques était bon à prendre) et de Cuba, qui avait alors renoncé à la voie armée après les échecs dans de nombreux pays et (notamment) la mort du Che en Bolivie, l'Unité populaire tenta donc de mener au Chili une révolution anti-impérialiste, démocratique et anticapitaliste, socialiste... par la voie 'démocratique', 'parlementaire' et 'pacifique'.
Il est faux de dire que les masses populaires chiliennes n'étaient 'pas mobilisées', 'avalant' les réformes passivement assises dans un fauteuil : elles l'étaient très largement, dans les usines, les quartiers comme les campagnes, en assemblées, conseils et autres comités de lutte, parvenant parfois à mettre en échec des manœuvres réactionnaires comme la pseudo 'grève' des camionneurs, téléguidée par l'impérialisme yankee pour paralyser le pays. Ce qui est vrai, c'est qu'elles n'étaient pas ARMÉES, ceci étant catégoriquement refusé par Allende qui, sur ce point, avait plus l'appui du P'c' que du secrétaire général de son propre Parti socialiste, Carlos Altamirano, qui y était favorable (d'ailleurs quelques années plus tôt, à la conférence de l'OLAS - Organisation latino-américaine de solidarité - en 1967, c'était Allende lui-même qui livrait ainsi la ligne de son Parti : "la lutte armée est la voie fondamentale de la révolution sur le continent américain"... CQFD !). La vieille armée, chienne de garde de l'oligarchie bureaucratique-compradore-terrateniente, la police, les carabiniers gardaient donc le monopole de la force militaire, sans laquelle tout est illusion. Pendant ce temps, pour éviter à tout prix de 'perdre' un autre pays latino-américain après Cuba, l'impérialisme US de Nixon et Kissinger employait tous les moyens : coupure de toute aide économique sauf... à l'armée, boycott du cuivre (principale exportation du pays), 'grèves' réactionnaires comme celles des camionneurs et 'mouvements civiques' comme celui des 'casseroles vides', terrorisme, paramilitarisme... Pour 'calmer' les forces de droite, qui organisaient depuis des mois la déstabilisation et même la terreur paramilitaire avec des groupes comme Patria y Libertad, Allende lui-même avait nommé chef des armées Augusto Pinochet, anticommuniste déclaré mais chez qui, pensait-il ou lui avait-on fait penser, le 'loyalisme' primerait.
Incompréhension fondamentale de ce qu'est l’État (en l'occurrence bureaucratique-comprador, semi-féodal semi-colonial), l'impérialisme et une révolution (en l'occurrence de démocratie nouvelle, populaire-démocratique et anti-impérialiste ininterrompue vers le socialisme), telle est la première grande signification du coup d’État chilien de 1973 (le continent ayant connu bien d'autres golpes et d'autres dictatures militaires fascistes, mais celle de Pinochet est restée emblématique). Le PC (principale force populaire du pays) se lancera certes ensuite dans la résistance armée, avec le "Front patriotique Manuel Rodriguez", mais c'était bien trop tard et il était bien seul, les autres forces révolutionnaires conséquentes (telles le MIR ou le PCR) ayant été écrasées dans les premiers mois de la junte... par sa faute.
La deuxième signification, c'est évidemment la nécessité d'un Parti comme état-major révolutionnaire des masses, d'une conception du monde et d'une stratégie révolutionnaire. Car au-delà de l'Unité populaire réformiste, les forces révolutionnaires étaient divisées et prisonnières de grandes limites de conception du monde : le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire, proche du PRT-ERP argentin, des Tupamaros d'Uruguay, etc.), 'soutien critique' de l'UP et totalement liquidé dans les premières années de la dictature, était globalement sur une ligne guévariste de 'foyer' guérillero rural et (surtout) urbain (dans le conception Tupamaros ou Carlos Marighella) ; tandis que le PCR (Parti communiste révolutionnaire), pro-chinois (ce qui ne veut pas n'a jamais voulu dire maoïste), était évidemment très hostile à l'UP pro-soviétique mais, surtout, était pris dans les limites idéologiques d'une très grande partie de l''anti-révisionnisme' de l'époque, qui consistait bien souvent à 'revenir' aux PC 'sains' d'avant 1956, sur une ligne peut-être plus 'dure', mais sans comprendre quelles limites de ceux-ci, justement, les avaient entraînés dans le marécage khrouchtchévien, parlementariste, légaliste etc. etc. Si ce qu'il restait de ce PCR participera en 1984 à la fondation du MRI maoïste (avant de disparaître rapidement, il y a aujourd'hui plusieurs groupes maoïstes dans le pays), la majeure partie s'en ira à la fin des années 1970 pour fonder le PC "Action prolétaire", hoxhiste ('albanais'), c'est à dire 'vieux stal', 'dogmato-révisionniste'. Il faut dire que l'attitude de la Chine (dont Deng Xiaoping dirigeait alors les affaires étrangères...), lors du coup d’État et par la suite, de quasi-soutien à la junte ne pouvait que plonger dans un grand désarroi les forces se réclamant de ce modèle (contrairement à celles se réclamant de Cuba, par exemple, qui n'avaient ni ce problème ni celui de la 'timidité' du soutien soviétique sur la fin). Clairement donc, si l'Unité populaire n'ouvrait pas forcément moins de perspectives que la Révolution de Février 1917 en Russie, il manquait un Parti révolutionnaire conséquent pour prendre la direction des masses en lutte et construire un véritable Pouvoir populaire à la base, une Guerre du Peuple etc. Le mouvement communiste international était déjà entré dans une profonde crise d'idéologie, de stratégie et de leadership.
La troisième signification, avec d'autres dictatures fascistes du même type qui se coordonneront en 1975 dans le sinistre Plan Condor, c'est que le 11 Septembre chilien marque l'entrée dans l'OFFENSIVE FINALE de la guerre que livre, peut-être depuis 1945, l'impérialisme US à la fois contre les forces révolutionnaires, les nationalismes bourgeois et les tendances éventuellement pro-soviétiques ou 'non-alignées' de certains secteurs, pour un CONTRÔLE IMPÉRIALISTE TOTAL et une exploitation sans limites de son hémisphère 'pré carré' américain. Après le retour de la 'démocratie' oligarchique, cette impérialisation totale sera appelée 'néolibéralisme', qui est en fait le nom de la théorie économique bourgeoise (Milton Friedman) qui sera notamment mise en œuvre au Chili... sous Pinochet, pour assurer un contrôle total de l'économie aux monopoles impérialistes (principalement US) et empêcher les courants nationalistes bourgeois, par la création d'un grand secteur public, de 'rééquilibrer' un peu la répartition du produit national entre les pays du continent et l'impérialisme.
Le bilan de tout cela, on le sait, fut des dizaines de milliers de morts et de disparus (des centaines de milliers à l'échelle du continent).
C'est la raison pour laquelle, par exemple, au début de l'année, nous avons été intransigeants sur la qualification de 'fasciste' appliquée à des régimes ressemblant, précisément... à celui d'Allende, ce que les pires détracteurs de celui-ci (comme le PCR), à l'époque, n'avaient pas osé. Pour nous, communistes, le visage du fascisme en Amérique latine est clairement celui de Pinochet, de ses congénères argentins, d'Hugo Banzer en Bolivie, d'Efraín Rios Montt au Guatemala, ou celui, 'moderne', de Fujimori au Pérou ou d'Uribe en Colombie : la dictature terroriste ouverte des AGENTS de la fraction la plus réactionnaire du Capital impérialiste (principalement et historiquement US dans ce cas précis). Le péronisme, dans une certaine mesure, a eu dans le champ politique bourgeois le positionnement complexe et ambigu du gaullisme, un gaullisme de pays émergent (ce qu'était l'Argentine à l'époque) ; la France était d'ailleurs l'un de ses 'partenaires' impérialistes privilégiés et l’État espagnol franquiste, protégé de l'impérialisme BBR, le refuge de son exil. Mais en aucun cas, le fascisme ne peut avoir le visage de dirigeants qui apportent aux masses des salaires minimums et des dispensaires médicaux, des programmes contre la malnutrition, des cours d'alphabétisation et non des rafales de mitraillette systématiques comme unique méthode de gouvernement : cela s'appelle du réformisme. Nous ne sommes pas tombés de la dernière pluie ; nous savons que les caudillos populistes et 'réformateurs' sont une spécialité du continent américain ; et nous n'avons pas accueilli en 1999 l'élection d'Hugo Chavez avec un enthousiasme et des illusions particulières. En revanche, si de 'socialisme du 21e siècle' il n'y avait pas plus l'ombre (voire moins !) que de 'socialisme par les voies démocratiques et légales' au Chili en 1973, il y a bel et bien eu en avril 2002 un coup d’État du 21e siècle, un de ces coups d’État 'modernes' de l'ère de l'information (bien que le Chili de 1973 ait déjà donné un avant-goût de cela), appuyé sur un pseudo-mouvement de la 'société civile' et plaçant, pour faire moins 'tâche', un civil sur le trône ; comme ce qui a finalement réussi plus tard au Honduras et dernièrement en Égypte. Et ce coup d’État a été DÉJOUÉ par la mobilisation des masses - mobilisation très largement armée - qui a forcé l'armée et la police à reculer et à 'lâcher' les putschistes : c'est cela, et uniquement cela qui faisait pour nous la spécificité d'Hugo Chavez (l'on pourrait presque parler, finalement, de "réformisme armé au pouvoir"...) et le fait que l'on ne pouvait dès lors plus le considérer, et considérer ses bourgeons sur le continent (en Bolivie, en Équateur etc.) comme des "régimes bureaucratiques compradores" comme les autres : si mince soient les perspectives qu'ils ouvraient, leur renversement réactionnaire les anéantissait, peut-être pour de très longues années (leur renversement révolutionnaire, nous n'avons jamais été contre, mais il ne semblait pas trop à l'ordre du jour !). Avec peut-être, à la clé, la boucherie pour les masses subie par le Chili après 1973, l'Argentine après 1976, le Guatemala au début des années 1980 etc. Il était du devoir de révolutionnaires internationalistes comme nous de refuser de telles contre-offensives de la droite oligarchique, et tout ce qui dans la propagande médiatique occidentale visait à les appuyer ; nonobstant ce qui chez ces dirigeants ne nous plaisait pas et l'absence de toute illusion à leur égard. C'est tout ! Finalement, le renversement réactionnaire ne s'est pas produit et lorsque l'occasion se présente, les gouvernements vénézuélien, bolivien, équatorien ou nicaraguayen sont dénoncés par nous comme des gouvernements sociaux-traîtres... comme les autres.
Ceci dit, il semble que les grands tenants de la thèse "Chavez fasciste" soient quelque peu revenus sur leur position : dans un document de ce jour sur le coup d’État au Chili, document aux positions tout à fait correctes si l'on fait abstraction d'une certaine vision simpliste des choses et des rapports de force (UP décrite comme monolithique et sans contradictions, Cuba pure courroie de transmission de Moscou) et de certaines omissions (le rôle de l'impérialisme US ?), le coup d’État est bien qualifié de FASCISTE, Allende et l'UP de RÉFORMISTES et Chavez... de nouvel Allende. Donc réformiste, si l'on suit le raisonnement. CQFD... Nous n'avons jamais rien dit d'autre !
Par ailleurs, il est reproché à Allende de ne pas avoir armé les masses... or c'est ce que Chavez a (un peu) fait et qui l'a très certainement sauvé (la perspective d'une guerre civile ayant sans doute détourné la majorité des officiers du putsch en 2002). Si Allende en avait fait autant, nul doute qu'il se serait trouvé 5 ou 10 ans plus tard des énergumènes pour le qualifier de 'fasciste' qui n'aurait fait que "restructurer le capitalisme bureaucratique" (ce qui aurait d'ailleurs été vrai), etc. etc.... On ne le saura jamais ! La politique commande au fusil et le réformisme ou le révisionnisme armé cela peut tout à fait exister, dans le maquis et pourquoi pas au pouvoir. Dans ce cas, le poisson réformiste pourrit tranquillement par la tête, jusqu'à devenir lui-même... la droite, dans un référentiel politique qui s'est déplacé 'vers la gauche' (comme typiquement le PRI mexicain, ou le MNR bolivien) ; ou perdre le pouvoir, comme vient de faillir le faire le successeur de Chavez. Mais en tout cas a-t-on évité, sur le moment, la terreur blanche, le génocide pour les masses populaires... en un mot, le FASCISME ; ce que n'étaient ni Allende, ni Chavez.
Aujourd’hui, quatre ans après les évènements du Honduras (où sous une présidence de droite dure les assassinats de militants sociaux se poursuivent dans le silence) et alors que de nouveaux Pinochet viennent de sévir en Égypte, non contre un quelconque projet ‘socialiste’ mais simplement contre le ‘capitalisme d’en bas’ (‘populaire’, spontané) représenté par les Frères musulmans, pour maintenir un néocolonialisme total, nous ne pouvons que saluer haut et fort les martyrs révolutionnaires et progressistes du Chili, d’Argentine et d’ailleurs, et œuvrer, au cœur d’un des plus agressifs États impérialistes de la planète, à la Révolution prolétarienne mondiale qui bientôt balaiera l’impérialisme et son arme ultime, le FASCISME, dans les poubelles de l’Histoire !
Sur l'Unité populaire chilienne et le coup d’État, les forces de classe protagonistes du 'processus' et les contradictions ayant conduit à la défaite, on peut lire un très intéressant article sur le site de l'OCML-VP.
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