• On serait presque, de plus en plus, tentés de penser...


    ... que le HBDH n'a pas tout à fait tort lorsqu'il qualifie la situation actuelle de "guerre mondiale totale" (voir ici la critique qu'en fait le TKP/ML - CC légitime et que nous faisons nous aussi de ce "front uni" autour du PKK et de ses conceptions : au-sujet-du-hbdh).

    Car oui, il y a bel et bien une gigantesque offensive impérialiste tous azimuts à l’œuvre d'un bout à l'autre de la planète ; que nous avons pu illustrer à travers les quelques exemples suivants dans un précédent article : "une gigantesque offensive de l'impérialisme occidental à l'échelle planétaire, dont le semi-fasciste Trump et le libéral "progressiste" Macron sont les deux faces de la même monnaie : élimination (au profit de la droite ultra) du vague social-réformisme rose pâle du PT et "coup d’État judiciaire" (lire aussi : marielle-franco.pdf et surtout bresil-regression.pdf) contre ses figures de proue Lula et Dilma au Brésil ; manœuvre à peu près similaire en Argentine ; asphyxie économique et agitation insurrectionnelle fasciste, on l'a dit, au Venezuela de Maduro (dont d'ailleurs, puisque le leitmotiv là-bas est de se procurer des dollars qui valent chacun plusieurs millions de devises nationales, des cohortes de réfugiés économiques affluent vers l’Équateur dont le dollar est la monnaie, pour y travailler pour 4 fois moins cher que les Équatoriens qui eux, comme au début des années 2000... réfléchissent à nouveau à prendre le chemin de l'émigration vers l'Espagne ou ailleurs !) ; colère sociale contre les mesures économiques antipopulaires des sandinistes au Nicaragua, qui pourrait bien prochainement entraîner leur chute (ils avaient déjà fait la même chose à la fin des années 1980 pour perdre le pouvoir dans la foulée : cadtm.org/Nicaragua...) ; propagande et menaces (maintenant) contre l'Afrique du Sud qui envisage de redistribuer aux paysans noirs les terres des colons blancs afrique-du-sud-trump-reforme-agraire mythe-genocide-blanc ; guerre totale (de la Syrie au Yémen en passant par l'Irak) de repartage impérialiste en "Orient compliqué" annee-2018-proche-moyen-orient, parfois sous les applaudissements "progressistes" et "antifascistes" des opportunistes rojavalâtres recapitulatif-articles-rojava, dans une confrontation de plus en plus ouverte avec l'Iran mais aussi une volonté de mise sur la touche d'Erdogan en Turquie turquie-kurdistan-elections-anticipees erdogan-est-un-fasciste-mais livre-turque-chute-guerre-monetaire, pourtant à la tête de la deuxième armée de l'OTAN et n'ayant pas vraiment bousculé les "équilibres structurels" néolibéraux dans ce pays (bien au contraire) mais qui a fait montre d'une "autonomie" dans ses agendas, d'une "volonté de puissance" régionale et d'un "non-alignement" ou plutôt d'une "oscillation" diplomatique entre Occident et Russie-Iran-Chine (envisageant par exemple de rejoindre les BRICS turquie-brics.pdf, étant déjà "partenaire de discussion" de l'Organisation de coopération de Shanghai depuis 2012...), autrement dit d'une perturbation des équilibres géopolitiques devenue en elle-même intolérable ; radicalisation, sur la question de la Palestine, du soutien impérialiste à un État sioniste lui-même de plus en plus radicalisé ; etc. etc.".

    En d'autres termes, une offensive occidentale massive contre ce qu'on a pris l'habitude d'appeler les "BRICS" (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ; c'est-à-dire les pays susceptibles de mettre en place une "pyramide" économique parallèle et rivale, extra-Banque mondiale et FMI, avec la Nouvelle Banque de Développement par exemple ; tout en remettant en même temps sous le "pressoir" les peuples de travailleurs qui, faute de révolution (qu'on n'a pas vue ces dernières décennies, puisque celle au Népal a été trahie), avaient peut-être pu parfois desserrer un peu le collier de fer sur leurs cous et respirer...

    Moins évidente et impressionnante, bien sûr, que les armées d'un pays comme l'Allemagne nazie déferlant brusquement sur ses voisins ; donc on s'en rend moins compte, on en a moins conscience, il faut être attentif à l'actualité dans son ensemble et parvenir à mettre les choses en lien les unes avec les autres ; mais pourtant, bel et bien là.

    Et l'on peut peut-être commencer à envisager sérieusement qu'aucune question politique à travers le monde aujourd'hui ne puisse être détachée des considérations relatives à cette offensive générale et totale en cours ; dans la perspective internationaliste authentique (qui est la nôtre) de combattre sans faiblesse notre propre impérialisme et le bloc impérialiste auquel il appartient, sans pour autant bien sûr s'illusionner et faire preuve d'opportunisme vis-à-vis des impérialismes (et autres forces géopolitiques grandes-bourgeoises) adverses.

    En d'autres termes, et pour parler clairement, ne jamais perdre de vue cette offensive impérialiste en cours ; et les liens qu'il peut y avoir avec elle ; lorsque nous évaluons la situation politique dans un pays et les éventuelles luttes qui s'y déroulent (sans pour autant, évidemment, retirer toute légitimité à ces luttes si elles sont populaires et contre des politiques antipopulaires : on a toujours raison de se révolter contre l'oppression).  

    En fait, le problème de l'analyse du HBDH et surtout des gauchistes occidentaux fana-rojavalâtres serait plutôt (dans cette perspective)... de se placer en pratique du mauvais côté (le pire de tous en tout cas), celui de l'offensive impérialiste, dans cette "guerre mondiale totale" qu'ils dénoncent... puisque Rojava ne consiste en dernière analyse, tout en combattant la "menace djihadiste" = armée mercenaire des capitaux sur-accumulés du Golfe qui se cherchent un "Empire" où s'investir et fructifier (et aussi osons le dire, nationalisme bourgeois de pays ravagés par l'impérialisme comme l'Irak), "et (bien sûr) son allié fasciste Erdogan", qu'à établir un marchepied occidental en Syrie face à la Russie et l'Iran (lire ici point-final-situation-syrie sur l'accord de "sortie" du conflit consistant à réintroduire "avec modération" l'autorité de Damas dans la "Fédération du Nord" = Rojava, tout en donnant à un rojaviste aux liens étroitement tissés avec l'Occident le... Ministère du Pétrole, autrement dit une "main" sur les ressources pétrolières du pays).

    Et ce "corps et âme" ; en tout cas "corps et âme" dans le sens de l'établissement d'un condominium régime-Russie-Iran/Occident sur le secteur ; et non - nullement - dans une quelconque "souplesse tactique" par rapport à une lutte qui aurait sa légitimité (et face tant à l'oppression séculaire que subit le Peuple kurde, qu'à la menace génocidaire que faisaient peser sur lui et les chrétiens syriaques certaines forces du conflit, bien évidemment qu'elle avait une légitimité).

    Bref, en soi l'analyse n'est peut-être pas si mauvaise, tant on semble effectivement observer une accélération de la "Quatrième Guerre mondiale non-déclarée" qui a immédiatement succédé à la Guerre froide (qui était la Troisième) ; le problème ce sont plutôt les conclusions et la pratique qu'ils en tirent !

    ****************************************************************************

    Un autre point abordé dans un précédent article deux-visions-de-nos-societes-europeennes-qui-s-opposent-non-mais-lol, est celui du combat sans merci contre le "progressisme" (dont Macron vient apparemment d'être proclamé chef de file continental) qui est le fourrier du fascisme.

    Une idée qui peut effectivement rappeler la position dite "classe contre classe" ou "3e période" de l'Internationale communiste (1928-34), à laquelle succéda (dans un virage à 180°) la ligne des Fronts populaires...

    Mais cette ligne "classe contre classe"-"3e période" d'hostilité absolue au "social-fascisme" (la social-démocratie, la "gauche" bourgeoise "fourrier du fascisme") était-elle vraiment si idiote et absurde que cela ?

    C'est tout de même un fait qu'en Allemagne (où on l'accuse d'avoir "conduit au triomphe du nazisme"), ce sont les sociaux-démocrates qui après avoir présidé à la sanglante répression des communistes entre 1919 et 1923 (avec Noske etc.) ont bien plus que ces derniers refusé toute action commune contre la montée du nazisme et la violence que faisaient déjà régner les Chemises brunes ; systématiquement choisi la lutte sur deux fronts (symbolisée par les trois flèches = à la fois contre les nazis, les conservateurs et les communistes, symbole que des abrutis "antifas" reprennent encore 85 ans après...) voire carrément la politique du "moindre mal" ; renoncé à présenter un candidat et soutenu l'archi-réactionnaire Hindenburg à la présidentielle de 1932 (pour qu'il ouvre l'année suivante les portes du pouvoir à Hitler, et reste tranquillement président jusqu'à sa mort en 1934...), etc. etc. Le fait est, ni plus ni moins, que durant toute la période dite de Weimar la social-démocratie a littéralement été le premier cercle de containment pour empêcher le mouvement communiste de se développer et de menacer le Capital en Allemagne.

    C'est encore un autre fait que les Fronts populaires, une fois décidés au milieu des années 1930, n'ont pas réellement été de grands succès. Où ont-ils existé, d'ailleurs ? Dans la quasi-totalité de l'Europe, à l'Est du Rhin et des Alpes, il était trop tard (le fascisme avait pris le pouvoir). En Grande-Bretagne ou aux États-Unis, la probabilité (infime) de l'instauration d'un régime fasciste ne les a jamais réellement justifiés. Ils ont, essentiellement, été tentés 1°/ dans l’État espagnol... où le poids de la "gauche" républicaine bourgeoise a peut-être, plus qu'autre chose, été un boulet pour empêcher les choses de prendre la seule forme réellement capable de vaincre Franco, celle d'une Guerre populaire, et 2°/ dans l’État français... où ce n'est nul autre que le Parlement élu en 1936, celui du Front populaire, qui votera à une immense majorité les pleins pouvoirs à Pétain quatre ans plus tard, à l'écrasante majorité des élus réformistes SFIO et a fortiori radicaux, après deux ans de gouvernement Daladier (1938-40) caractérisés par les politiques les plus réactionnaires (internement des réfugiés antifascistes dans des camps - lire ici l-affaire-zemmour, refus d'accueillir les "indésirables" - comme disait le ministre Chautemps, puis interdiction en 1939 du Parti communiste et arrestation de ses élus et cadres connus) et toutes les capitulations face au fascisme ; tandis que les communistes avaient, eux, renoncé à tout internationalisme conséquent vis-à-vis des peuples colonisés.

    Tous ces faits historiques ne pouvant que nous amener à penser, bien après l'expérience, que la position antérieure de "papier à cigarette" entre la social-démocratie (ou la "gauche" bourgeoise) et le fascisme, ou du moins de première faisant le lit, ouvrant inévitablement la voie au second, n'était pas si erronée... voire plus que cela : qu'elle était juste mais insuffisante, trop embryonnaire, nécessitant de pousser encore la réflexion bien au-delà.

    Nous pouvons vous inviter en la matière à lire ou relire nos récentes réflexions sur la question du fascisme (ici a-premiere-vue-l-affirmation-de-gonzalo et encore d'autres liens dans la colonne sur votre gauche) et la nécessité selon nous de trouver une "articulation" entre ses différentes définitions ; celle de Dimitrov (terreur anticommuniste, anti-ouvrière, anti-"gauche", militariste pour la guerre impérialiste et/ou la contre-révolution, donc forcément de "droite radicale" même en s'enrobant éventuellement de mesures sociales "de gauche") et celle de Gonzalo (refondation, pour surmonter la crise, d'un pseudo-"pacte social" entre les classes, ce qui peut donc inclure la social-démocratie et le réformisme bourgeois en général, toute forme de "citoyennisme", et... le libéral-"progressisme" à la Macron - "pacte" entre "ceux qui ont réussi" et "ceux qui veulent" en quelque sorte, et qui ne veut pas réussir sa vie ?) ; avec "en embuscade" une "troisième", celle de militants comme Césaire ou Fanon, Losurdo ou Traverso, qui est que le fascisme n'est en fin de compte qu'une "irruption" brutale en Occident des méthodes politiques qui sont la "norme" (dans l'indifférence générale...) de la gestion impérialiste des colonies (aujourd'hui semi-colonies, "néocolonies"), et que cette gestion est justement ce qui permet... de favoriser les pseudo-"pactes" entre les classes dans les métropoles.

    C'est donc une question qui mérite que l'on y réfléchisse (sérieusement) et que l'on recherche peut-être une voie intermédiaire, sous la forme de mots d'ordre permettant de mobiliser petit à petit (sans "miracle" au début) autour de nous, entre ces deux positions historiques "3e période" et "Front populaire" ; entre, aujourd'hui, sectarisme vis-à-vis de tout ce qui ne pense pas comme nous (mais partage pourtant bel et bien nos intérêts de classe) et opportunisme total voire capitulation pure et simple devant une prétendue bourgeoisie "non-fasciste" ; et entre ultra-gauchisme délirant (postmodernoïde ou autre) qui ne "parle" à personne dans les masses, et populisme qui se met à la remorque de leur niveau de conscience tel qu'il est.

    Sachant (aussi) déjà, en matière de risque d'opportunisme vis-à-vis de la politique bourgeoise, que le "progressisme" d'un Macron (ou déjà du quinquennat Hollande avant lui) n'a approximativement rien à voir avec ce que pouvaient être les courants réformistes, possibilistes, sociaux-démocrates du mouvement ouvrier dans les années 1930 ; dont l'équivalent serait plutôt à rechercher dans ce qu'on va appeler le "camp anticapitaliste" (ou très critique du capitalisme) non-maoïste, et le cas échéant, quantitativement, incomparablement plus faible (et comme nous avons pu aussi - longuement - l'aborder, la "radicalité" en elle-même n'empêche pas forcément aujourd'hui le "progressisme" d'être au service de l'ordre, contre-révolutionnaire préventif)... Mais bref.

    L'"arme absolue" pour tout cela pouvant (peut-être) être de produire et se baser sur des analyses d'une scientificité absolue ; ne cédant ni à la subjectivité "ultra-révolutionnaire" (ultra-radicale-morale, plutôt...) ni à une espèce de "productivisme recruteur" disant aux gens ce qu'ils veulent entendre pour les mobiliser ; peut-être "compliquées", "peu accessibles", voire "imbitables" nous dirons certains, mais JUSTES et pour cela, à terme, TOUTES-PUISSANTES ("parce que vraies") ; mobilisant petit à petit, en cercles concentriques, en "tâche d'huile", les masses du peuple pour la révolution ; à condition de mener en parallèle la bataille pour l'intelligence, pour restaurer l'apprentissage à penser et tout simplement la politique.  

    Sur (par exemple) le sujet de l'article en question, celui de l'immigration et de l'opposition (totalement bidon et factice) entre les figures de Macron-Merkel et Salvini-Orban à ce sujet : partir de la position scientifique qui est la nôtre depuis des années déjà les-migrants-ne-quittent-pas-leurs-pays-pour-le-plaisir ; que les migrants sont en quelque sorte des "guerriers (inconscients) de la revanche" des pays pillés par l'impérialisme, en tout cas des gens qui cherchent pour ainsi dire magnétiquement à rejoindre en Occident, pour tenter de s'en réapproprier une partie, les concentrations de richesse pillée dans leurs pays ; permet automatiquement de rejoindre la position juste... à savoir (tout simplement) que le devoir d'accueil des réfugiés et migrants, si l'on peut s'exprimer ainsi, doit être mathématiquement corrélé à la richesse économique des pays et même (dirions-nous) des régions (ou des territoires de nationalités réelles...) – que pratiquement, concrètement, sur CHAQUE KILOMÈTRE CARRÉ européen ce devoir soit proportionné au bénéfice que tire la population de ce kilomètre carré du vol perpétré dans les pays de départ.

    C'est-à-dire que : Salvini est un ultra-réactionnaire, un raciste et un fasciste. Orban, pareil. L'Aube Dorée grecque, n'en parlons pas. Mais une fois qu'on a dit cela, la question est : comment mobilisent-ils les classes populaires de leurs pays respectifs ? Et la réalité c'est qu'ils les mobilisent en disant n'être "absolument pas racistes, ni xénophobes", mais que "trop c'est trop" ; et que "les autres pays européens, les pays riches, doivent prendre leurs responsabilités"... et ceci, c'est absolument imparable !

    Car les libéraux, les démocrates, les "progressistes" français, allemands, d'Europe du Nord, sont de grands malins : ils donnent aux masses populaires du Sud et de l'Est, qui votent pour de tels fascistes, des leçons d'"humanisme" et de "valeurs européennes" ; mais en attendant verrouillent fermement leurs frontières, leurs offices de l'immigration, à toute politique d'accueil et nous expliquent benoîtement qu'on "ne peut pas accueillir toute la misère du monde" !

    La Grèce, c'est 10 millions d'habitant-e-s ; plus économiquement un pays "du Nord", occidental, "blanc" depuis le début de la décennie, mais un pays tout à fait classable dans le "Sud global", dont des millions de jeunes sont partis car n'ayant aucun avenir autre que la mendicité ; et... environ 1 million de réfugiés et migrants en temps réel (avec des entrées et des sorties chaque jour), étant donné que sa position géographique et ses milliers de kilomètres de côtes (parfois à quelques kilomètres du continent proche-oriental) en font une porte d'entrée majeure. Soit l'équivalent de 10% de la population... dans un pays dont la situation économique et sociale est celle-ci ; et ceci parce que (bien évidemment) les autres pays de l'Union européenne, ceux que précisément les migrants essayent de rejoindre, font tout pour qu'ils n'en sortent pas (des gens comme Orban, puisqu'on en a parlé, se chargeant d'empêcher qu'ils ne le fassent par la route des Balkans). En vérité, la question à se poser concernant l'Aube Dorée n'est pas "comment une telle horreur peut-elle exister", mais plutôt... comment ne font-ils pas beaucoup plus aux élections !!

    L'Italie (quoique, certaines zones du Sud...), l’État espagnol, n'importe quel pays de l'Est comme la Hongrie, ne sont certes pas dans cette situation, mais enfin ce n'est pas la vie de palace non plus ; la crise terminale de 2008 est passée par là et a considérablement laminé leurs économies, il y a encore quelques décennies (ou juste avant la crise) "émergentes".

    Salvini est un représentant d'extrême-droite de l'Italie du Nord, historiquement dominante dans l’État et la plus riche, au niveau de vie comparable disons au Sud de l’État français, voire à la Savoie ou à la région lyonnaise par endroit. Mais hélas, malheureusement... il a eu l'intelligence politique de s'adresser (soit directement soit en s'appuyant sur le M5S) aux Italiens du Sud, que sa Ligue du Nord historiquement méprise (c'était au cœur de son identité politique à l'origine), et qui eux ont quelque légitimité à penser qu'ils ont "assez de problèmes" (il faut voir certains quartiers de Naples, bon, avec Gomorra tout le monde les a vus) pour devoir "en plus" gérer des flux migratoires dont les pays riches du Nord (qui sont leur véritable destination) ne veulent pas.  

    Bien sûr (comme nous l'avons dit) toute la tartufferie, toute l'escroquerie intellectuelle de ces forces fascistes peut facilement être démasquée en se demandant simplement... POURQUOI sont-elles alors alliées au niveau européen au Front National, à l'AfD, à l'UKIP etc. ; des forces qui veulent elles aussi FERMER les frontières de leurs pays RICHES (par contre) à l'immigration ; plutôt que des forces qui au contraire les OUVRIRAIENT et "soulageraient" ainsi les pays plus pauvres du Sud et de l'Est. La seule réponse sensée étant que leur mobilisation sur ce thème sert (et masque) en réalité un tout autre agenda, de tout autres intérêts que ceux de leurs "millions de concitoyens qui ne font qu'un repas par jour" ; les intérêts d'une Internationale noire qui est le produit final du capitalisme pourrissant.

    Mais la bourgeoisie, le capitalisme pourrissant, ne forment plus les esprits à se poser même des questions aussi simples : c'est au mouvement communiste qu'incombe cette tâche.

    Voilà ce qu'il faut (scientifiquement établir et) oser dire : les flux migratoires sont causés par l'"aimant" que sont les concentrations en Occident d'une richesse volée aux continents d'origine des migrants ; ces derniers ont donc toute légitimité à "poursuivre" cette richesse qui leur a été volée, là où elle a été amenée et accumulée, pour tenter de s'en réapproprier une partie ; MAIS cela implique d'ores et déjà que notre revendication internationaliste pour qu'ils soient accueillis CIBLE et mette face à leurs responsabilités EN PRIORITÉ les pays, régions, territoires économiques LES PLUS RICHES (les plus grandes concentrations de richesse volée aux pays de départ).

    Qu'une éventuelle (et utopique, c'est une revendication hein...) "péréquation" de l'accueil entre les territoires européens soit basée sur ce critère (plutôt simple non ?).

    Et dans le cas où il y aurait accueil sur un territoire riche, comme a pu le faire (un peu) l'Allemagne de Merkel par intérêt de pays vieillissant en manque de main d’œuvre jeune et dynamique, tss tss ce n'est pas tout cela : les accueillir DIGNEMENT, leur offrir avec la richesse volée chez eux toutes les conditions d'une vie humaine digne ; et non les reléguer aux marges de la société dans des conditions qui généreront forcément des problématiques impactant les couches populaires "déjà là" les plus pauvres, précaires, inquiètes pour l'avenir ; faisant là aussi (encore une fois) le lit des mobilisations réactionnaires fascistes...

    Voilà ce qu'il faut oser dire ; et bien évidemment... ce n'est pas que nous ayons fait une overdose du "Programme de Transition" trotskyste, mais il faut bien admettre que ce sont là des revendications intenables, irréalisables dans le cadre du capitalisme impérialiste ; qui mettent donc à l'ordre du jour la révolution.

    Une révolution qui, comme nous avons pu également l'expliquer maintes fois, devra forcément, "mathématiquement" partir du "Sud global" ; car "dans les pays où la bourgeoisie a une histoire vieille de 250 à 260 ans, voire de plus de 300 ans, la transformation socialiste est moins facile qu'on ne le croit (...) plus un pays est arriéré économiquement plus son passage du capitalisme au socialisme est facile, et non difficile" (Mao) ; et encercler le "Nord" ; autrement dit... BRISER la domination et le pillage impérialiste du "Sud", ce qui, puisque personne ne prend le périlleux chemin de la migration par plaisir, devrait déjà à ce stade tarir les si "polémiques" flux migratoires...

    Comme vous pouvez le constater... dans la scientificité matérialiste tout se rejoint, tout se tient et tout s'enchaîne.

    [Résumé extrême :

    1°/ Contrairement à ce qu'affirme l'ancien militant Betar des "Matérialistes" = 'p''c''mlm' = "À Gauche" = on ne sait trop quoi d'autre encore, il n'y a pas de distinction à faire entre les réfugiés d'un côté et les migrants de l'autre : les migrants (qui n'ont pas fui une situation de guerre ou une dictature disons particulièrement féroce) sont des réfugiés économiques, point.

    2°/ Les migrants, réfugiés politiques OU économiques, fuient une situation d'impossibilité de vivre ou du moins d'absence totale d'avenir GÉNÉRÉE par l'Occident, et viennent en Occident RÉCUPÉRER UN PEU de ce qui a été volé dans leurs pays. C'est donc, comme revendication "maximale" (impossible à satisfaire sans "rompre" avec le capitalisme, impliquant donc cette "rupture"), un DEVOIR pour l'Occident de les accueillir au moins jusqu'à ce que les pays d'où ils viennent soient devenus vivables (ce qui n'arrivera jamais dans un monde impérialiste, donc il y a du chemin, c'est une revendication "maximale" là aussi).

    3°/ MAIS dans cette logique, il faut aussi tenir compte de la RESPONSABILITÉ RELATIVE et du bénéfice tiré de ce pillage par les différents pays et territoires d'un même pays d'Occident, et (avoir aussi pour mot d'ordre d') y PROPORTIONNER le devoir d'accueil (que pratiquement, concrètement, sur CHAQUE KILOMÈTRE CARRÉ européen ce devoir soit proportionné au bénéfice que tire la population de ce kilomètre carré du vol perpétré dans les pays de départ des migrants). C'est capital, car cette question est un LEVIER colossal pour les populismes fascistes à la Salvini dans tous les pays relativement pauvres d'Europe, leur permettant de toucher des personnes non seulement ultra-racistes mais aussi "pas plus racistes que la moyenne" des Blancs, non sur une détestation physique de toute personne non-européenne mais sur l'idée que le "problème" est que les pays les plus riches (véritables destinations des migrants) verrouillent leurs frontières et que les migrants deviennent donc "trop nombreux" dans des pays qui n'ont pas autant de moyens.

    Des pays relativement pauvres, ou des TERRITOIRES : il faut raisonner par territoires. L'Allemagne est l'un des pays les plus riches d'Europe pris dans son ensemble, mais Aufstehen, courant après AfD, vise surtout l'électorat d'ex-RDA qui est le territoire le plus déshérité et le seul véritable bastion électoral de Die Linke ; ou à la rigueur les zones les plus en déshérence de la Ruhr profonde (et le pire c'est que, comme ils sont "de gauche", ils sont susceptibles contrairement à AfD de ratisser non seulement des petits blancs mais aussi des immigrés installés depuis longtemps et naturalisés).

    Il y a bien sûr aussi des extrême-droites (ou simplement... des droites, c'est vrai que "tout d'un coup" tout le monde les voit beaucoup plus "présentables" et fait même des gouvernements avec !) qui expriment clairement une xénophobie "de riches", de petits bourgeois mondiaux dans des territoires riches comme en Suisse, en Flandre, en Europe du Nord, en Autriche etc. ; mais même là ça joue quand même sur les mêmes ressorts : tout le monde vit moins bien qu'avant et de moins en moins bien (c'est une réalité), s'accroche à un "autrefois" où l'on vivait mieux, et dans tous les cas, lorsque malgré le verrouillage des frontières des migrants/réfugiés réussissent à passer, il y a tendance à les laisser livrés à eux-mêmes, à les reléguer dans les mêmes territoires où les couches populaires "déjà là" (même pas forcément que blanches !) les plus défavorisées du pays sont déjà reléguées, et ainsi associer psychologiquement à leur présence un sentiment d'accentuation des problèmes (sachant que des problèmes réels, déjà, quand on relègue et ghettoïse les gens en conditions de survie, il y en a).

    DONC non seulement il faut la revendication "maximale" de devoir d'accueil, mais aussi celle que les États impérialistes occidentaux qui ont ce devoir à proportion de leur rôle dans la "misère du monde" "PASSENT À LA CASSEROLE", "mettent la main au portefeuille" pour assurer un accueil DIGNE ; et non relèguent les migrants aux marges (dans les territoires-marges) du pays en faisant en quelque sorte "payer" leur accueil aux classes populaires "déjà là" les plus pauvres (ce qui sera toujours un terreau pour le populisme de droite comme "de gauche" lui courant après, même dans les pays sur le papier les plus riches)*.

    4°/ Bien sûr, avec de tels mots d'ordre on ne ferait certainement pas 10 ou même 5% aux élections (si seulement l'idée est de s'y présenter...), mais probablement même pas 1%. Mais une différence fondamentale entre nous et la FI ou Aufstehen, ENTRE COMMUNISME ET "GAUCHE" en vérité, est précisément de ne pas viser la quantité à travers le populisme et le possibilisme mais la FERMETÉ QUALITATIVE sur les mots d'ordre et les principes, qui À TERME (stratégiquement) seront entendus et assimilés par les classes populaires en "tâche d'huile" ou cercles concentriques (comme se développe la lutte révolutionnaire de manière générale).

    5°/ Arrêter absolument (par contre) avec les mots d'ordres gauchistes, anarchoïdes etc. de type "à bas toutes les frontières", "liberté de circulation" etc. etc. C'est mortel. Ça ne stérilise pas, mais au contraire fertilise le terreau du populisme fascisant (même auprès de non-blancs qui iront vers des trucs moins ouvertement hostiles envers eux que l'extrême-droite proprement dite, mais iront - ça peut vouloir dire la FI... ou encore Soral, par exemple).

    Oui, nous aussi, quand on voit des peoples faire leur show à Calais ou ailleurs, ON A ENVIE de leur dire de prendre 15 familles et de les installer en leur construisant un petit village sur leur propriété à Ramatuelle ou ailleurs, en leur offrant avec leurs millions des conditions de vie dignes, au lieu de se pavaner en se donnant une image "humaniste"...

    Il n'y a pas de "liberté" de circulation ou d'installation quand déjà à la base personne ou presque ne "circule" et ne cherche à s'installer par "libre choix", mais au contraire de façon totalement contrainte...

    ("Je n'aime pas le discours sur la "liberté de circulation", et je vais expliquer pourquoi. Pour moi, la migration est d'abord une tragédie... pour le migrant lui-même ; conséquence en général d'une autre tragédie. Pas une "liberté"... Ça me fait étrange de parler de "liberté" de circulation alors qu'on a dans 99% des cas un choix de "circuler" qui n'est absolument pas libre, mais totalement causé et forcé. Et qu'en l'absence de ces causes, le choix aurait généralement été de rester dans la maison de ses aïeux, auprès de leurs tombes, à l'ombre de l'arbre où on s'est toujours abrité etc. On ne parle pas de liberté de circuler pour faire du tourisme, là.

    En fait, en parlant de liberté de circulation, parce que le problème ce serait juste qu'il y a des frontières et les frontières et pis les patries et les États c'est mal, on laisse presque croire que les gens sont partis par fantaisie et on ne met pas en accusation les grands Centres impérialistes !

    Par contre, en bon maoïste : toute chose à deux aspects. Une tragédie... mais aussi une invasion, oui, mais une invasion que je soutiens. C'est à dire que quand on migre vers l'Occident, poussé par la misère et/ou la guerre qui est son œuvre, on va chez lui RÉCUPÉRER un peu de ce qu'il nous a volé, même si ce sont les clopinettes de Merkel. Si tu es malade par exemple, tu vas forcément leur gratter leur système de santé, car on ne peut te laisser crever de maladie ni pour l'image, ni pour les risques de contagion. Même en gagnant 80 centimes de l'heure (il faut bien sûr lutter pour obtenir plus !), tu auras tout de même accès à l'Occident et à son niveau de vie plus ou moins indirectement. Donc tu te rembourses, après la misère qui t'a fait partir.

    C'est d'ailleurs la raison pour laquelle en général, sauf situation très particulière comme celle de l'Allemagne, les pays occidentaux ne veulent pas des migrants et font tout pour les refouler. Ils sont, oui, les "invasions barbares" qui feront tôt ou tard tomber l'Empire, "dans une clameur de joie qui montera jusqu'au ciel" pour citer un vieux film.")

    En y réfléchissant bien, les migrants, des frontières, ils auraient bien aimé qu'il y en ait... contre l'invasion (militaire ou économique) de LEURS PAYS par l'impérialisme, déjà. Contre la situation qui les a forcés à partir. Vive les frontières, vive la xénophobie contre les envahisseurs, les capitalistes et autres agents étrangers DEHORS (à coups de pieds au cul), les révolutionnaires internationalistes bienvenue : tous les pays qui ont mené une certaine forme de révolution ces 100 dernières années n'ont pas fonctionné autrement et c'était très bien comme ça ; et aujourd'hui ça résoudrait bien des problèmes qui forcent des millions de gens à risquer leurs vies sur des milliers de kilomètres (et sans doute 10% à mourir en route). Vive les frontières avec un contenu DE CLASSE ; vive les patries avec un contenu DE CLASSE... oui parce que les "No Borders", allez déjà leur parler de lutte de libération NATIONALE de la Palestine ou de quelque autre pays où la situation pousse plutôt les gens à migrer qu'autre chose, vous verrez.

    En fait, en parlant de liberté de circulation, parce que le problème ce serait juste qu'il y a des frontières et les frontières et pis les patries et les États c'est mal, on laisse presque croire que les gens sont partis par fantaisie et on ne met pas en accusation les grands Centres impérialistes...

    (* Pour bien comprendre cet aspect, il faut expliquer et bien comprendre que les travailleurs ont si l'on peut dire trois salaires :

    - Le salaire net, qu'ils perçoivent chaque mois pour subvenir à leurs besoins pendant 30 jours ;

    - Le salaire différé, qui finance leur protection sociale (assurance-maladie, assurance-chômage) et leur future retraite ;

    - Enfin, ce que l'on peut appeler le salaire "ambiant" et qui consiste, financé essentiellement par l'impôt (tout le monde paye au moins la CSG et la TVA, qui sont les plus grosses contributions fiscales), grosso modo en ce qu'on appelle le "service public" ainsi que la "qualité de vie".

    Les territoires marginalisés, de relégation, où vivent les couches populaires les plus pauvres, perçoivent déjà en termes de service public et de tout le reste un "salaire ambiant" faible. Si des prolétaires migrants, néo-arrivants, y sont relégués par un État qui aurait déjà voulu les arrêter (ou que d'autres États les arrêtent) aux frontières mais ne l'a pas pu, et laissés là livrés à eux-mêmes, ne nous voilons pas la face et ne faisons pas de langue de bois bien-pensante : BIEN SÛR qu'il va y avoir des problèmes, PAR DESSUS les problèmes qu'il y a déjà ; bien sûr que la "qualité de vie" de ces territoires va encore se détériorer... Ce n'est pas "parce qu'ils sont étrangers", non-européens ; c'est parce que c'est COMME ÇA si où que ce soit dans le monde vous reléguez, ghettoïsez et livrez à elle-même quelque population que ce soit.

    Il y a donc, si l'on y regarde bien, un retrait (encore...) de "salaire ambiant" pour les habitants du territoire marginalisé ; en termes de "qualité de vie", de "tout se passe bien" que l’État doit (dans un monde idéal...) garantir à ses citoyens en échange de leurs impôts.

    C'est ce que nous appelons "faire payer aux classes populaires les plus pauvres" l'accueil des migrants passés entre les mailles du filet de l'"Europe forteresse".

    Et, s'ajoutant aux attaques déjà permanentes contre les services publics, le salaire différé et à la perte de pouvoir d'achat du salaire net, c'est ce qui est partout un terreau pour les discours populistes d'extrême-droite... Qui pourrait, même, l'être encore plus si ce n'était pas "limité" par l'hostilité idéologique (généralement) des formations populistes aux personnes issues d'une immigration plus ancienne : si un jour une formation avait l'"intelligence" de les inclure dans la "légitimité" à être là par opposition aux néo-arrivants, cela pourrait faire encore plus mal car ce sentiment ne se limite pas du tout aux classes populaires (pour parler clairement) blanches ! C'est un peu ce qu'a tenté de créer Soral, à vrai dire... Ou ce sur quoi pourraient tenter de capitaliser Aufstehen ou la France Insoumise, les petits blancs étant généralement "déjà pris" par AfD ou le FN.)]

    [Concrètement (encore plus résumé) :

    - 1ère étape : empêcher les migrants d'arriver en Europe. Ce sont les morts noyés en Méditerranée, la rétention qui s'opère dans des conditions parfois atroces (réduction en esclavage etc.) en Afrique du Nord etc.

    - 2e étape : lorsque certains arrivent malgré tout à poser le pied sur le continent, rétention dans les premiers pays d'abordage - concrètement, Grèce, Italie, Espagne. Pays qui sont tout sauf les plus riches d'Europe, durement frappés par la crise terminale du capitalisme ; et donc au bout d'un moment, ça devient tendax... Songer qu'au plus fort de la crise des réfugiés, en 2014-2015 (époque de la mort du petit Aylan etc.), il y avait en Grèce entre 800.000 et 1 million de ceux-ci. En Grèce... pays alors (avec la crise subie depuis 2009) le plus pauvre d'Europe avant peut-être l'Albanie et le Kosovo ! Empêchés (c'est à ce moment-là d'ailleurs que Viktor Orban a fait son apparition sur le devant de la scène, comme cerbère de l'UE !) de monter par la route des Balkans vers l'Autriche, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Europe du Nord, bref leurs véritables destinations. La Grèce avait à cette époque donné la majorité de ses suffrages à une formation de gauche, Syriza ; mais on peut considérer que cela relève du miracle, et les ultra-fascistes de l'Aube Dorée ont tout de même fait 7% ! Il en va de même pour les empêcher de sortir d'Italie (là ce sont ceux qu'on retrouve à la fonte des neiges dans les Alpes du côté de Montgenèvre), tout en donnant de grandes leçons d'humanisme et d'"Europe des droits de l'homme" à Salvini qui lui essaye de les empêcher d'aborder en Sicile.

    - 3e étape enfin : lorsque les migrants parviennent malgré tout à atteindre leurs véritables destinations, France et Europe du Nord-Nord-Ouest... l'infâme bourgeoisie impérialiste ne les arrose pas là non plus de la richesse qu'elle a pillée dans leurs pays d'origine. Non, en gros (pour imager les choses), le quignon de pain qu'ont les couches populaires les plus défavorisées, elle leur dit de le partager avec les migrants passés entre les mailles du filet et relégués dans les mêmes périphéries (et bien sûr... pour détourner leurs regards des tonnes de pain frais dont elle les prive, elle les incite volontiers à le tourner vers le morceau de quignon qu'elles ont dû laisser aux nouveaux venus). Forcément, là aussi : tensions, montée de l'extrême-droite.]

    [Il faut cependant, sur cette question, faire attention à certaines mobilisations ou du moins aspects de mobilisations pour le "cadre de vie" et la "sécurité" qui expriment un esprit petit-bourgeois dans le cadre d'une pression gentryficatrice ; c'est à dire que les gens sont soit eux-mêmes des "bobos" gentryficateurs (venus, ayant acheté une bouchée de pain... et cherchant maintenant à voir la valeur du bien augmenter), soit des habitants "historiques" du lieu mais, anticipant sa gentryfication, attachés à défendre la VALEUR des biens immobiliers qu'ils peuvent posséder (il n'est même pas rare que des personnes propriétaires de leur logement soient également propriétaires d'autres appartements dans le même "parc" local, souvent le même immeuble, et les louent) ; valeur qui forcément chute en cas de "nuisances".

    Mais bon... nous sommes à ce jeu-là, en Occident, quelque part "tous des petits bourgeois" et cela n'enlève rien à la dynamique de paupérisation que connaissent les masses populaires, et qui les amène à s'accrocher becs et ongles à la valeur du peu qu'elles possèdent. Concrètement : votre quartier va tôt ou tard être gentryfié. Étant "pourri" (les flics y font leurs "descentes" régulièrement, mais ça ne change rien), la valeur locative y est faible et vous ne pourrez vendre vos biens, ou être indemnisés en cas d'expropriation-démolition, qu'une bouchée de pain. Et ensuite... les promoteurs y construiront du logement neuf haut de gamme, de haute valeur ; et... s'assureront, vous pouvez en être sûrs, avec les pouvoirs publics que le secteur (devenu presque paradisiaque) soit "nettoyé" et donc plus "pourri". Bingo (pour eux) !

    Ce mécanisme est diffusément compris par les classes populaires concernées. Et ainsi, on ne peut certes accepter d'un point de vue communiste (dans une conception communiste du monde) de telles mobilisations réactionnaires visant les plus pauvres parmi les pauvres, les plus précaires parmi les précaires (rarissimes sont les individus qui se livrent à des activités "lumpen" par pur choix...) ; mais on peut néanmoins comprendre, pour expliquer et combattre, l'aspect de réaction à cette pression capitaliste qui intervient de l'autre côté, en essayant justement de concentrer l'attention des mobilisé-e-s sur elle ; tout en traçant une ligne de séparation entre d'un côté les personnes qui s'accrochent comme elles peuvent à ce qu'il leur reste de (maigre) patrimoine, et celles qui sont déjà dans une logique spéculative (s'assurer de pouvoir vendre au meilleur prix ou, ayant acheté à très bas prix dans un secteur "pourri", que la valeur monte).]

    Finalement, peut-être que le "raisonnement" qui domine dans le peuple petit-blanc est on-ne-peut mieux exprimé par ce passage du film "La Crise" où un SDF raciste joué par Patrick Timsit est confronté à un député socialo-caviar plein de morgue "humaniste" donneuse de leçons et antipopulaire, qui en attendant (à l'époque) votait pour mettre l'Irak à feu et à sang après le Tchad et armait les génocidaires rwandais, et aujourd'hui serait sans aucun doute un Gérard Collomb (plus loin dans le film on découvre que "Michou" a été élevé par l'épouse de son frère qui est... arabe et qu'il considère comme sa mère, qu'il a des amis d'enfance arabes "mais eux c'est pas pareil", etc. bref) :

    Un texte qui peut être fondamental à lire, de la militante antiraciste politique Houria Bouteldja du PIR, sur ce racisme petit-blanc et la façon dont il peut être abordé politiquement pour essayer de le faire disparaître : les-beaufs-et-les-barbares-houria-bouteldja

    ************************************

    [Encore des réflexions intéressantes] 

    Nous pensons en toute honnêteté que, même s'il y a BIEN SÛR des luttes à mener par et pour les "petits blancs" (complètement abandonnés, ils ne serviront que l'extrême-droite c'est à dire le renforcement total du Pouvoir blanc = l’État policier et l'impérialisme) et même MIEUX, que le "torpillage" des États-"nations" occidentaux est en lien dialectique indissociable avec celui des Empires (coloniaux et néocoloniaux) ; la ligne de démarcation entre révolutionnaires et charlots passe par être ou non des porteurs de valises des luttes du Sud. Du Sud et de ses "ambassadeurs" au Nord.

    C'est ainsi, par exemple, que lorsque Puigdemont salue les 70 ans de l'"indépendance" de l'entité sioniste (et que très peu sauf la CUP réagissent) on se rend compte du problème et de toute la charlatanerie qui mène la lutte d'indépendance de la Catalogne nulle part, en dépit de son apparence première impressionnante (la moitié d'un peuple qui rejette l’État qui la gouverne).

    Aux États-Unis, il y a carrément des colonies intérieures (historiques, pas des communautés immigrées relativement récentes) et c'est pareil, les révolutionnaires blancs doivent être des porteurs de valises pour New Afrika, les 574 Nations indigènes et le Mexique du Nord occupé.

    Nous croyons en fait pouvoir dire que c'est tout RÉFORMISME (sa définition même), où que ce soit (et pour le moment les mots d'ordre en Catalogne sont très largement réformistes), qui nécessite forcément des gens au dessous à surexploiter (sauf cas exceptionnels où l'on peut par exemple rééquilibrer entre le pays et l'impérialisme une rente pétrolière, comme au Venezuela, et encore on en a vu les limites...).

    Si les "progrès sociaux" des travailleurs occidentaux ne peuvent s'obtenir que sur le dos des indigènes du Sud (et en ghettoïsant ceux immigrés au Nord), c'est peut-être déjà parce qu'il n'est question que de "progrès sociaux" et non de RENVERSEMENT pur et simple du capitalisme... Et tant que l'on reste dans le capitalisme, le progrès des uns nécessitera forcément des autres au dessous sur lesquels décupler l'exploitation.

    Après bien sûr, il faut être conscients de l'anesthésie générale que ces progrès sur le dos des autres (depuis près d'un siècle) ont représentée ; et donc que le renversement qui doit commencer quelque part commencera sûrement au Sud, renversement de l'exploitation impérialiste et de ses contremaîtres locaux, et encerclera petit à petit l'Occident où il commencera à se passer quelque chose.

    Déjà il y a eu de grands évènements dans les années 1950-60-70, et même s'il y a eu un gigantesque retour en arrière depuis, on voit la différence.

    Il y a eu une grande crise générale du capitalisme qui a commencé dans les années 1870, et malgré des embellies passagères a duré jusqu'en 1945. Cette crise a été surmontée (en Occident) justement par le "progrès social", les réformes. Mais c'était le temps des colonies (avec des gens comme les Allemands qui s'énervaient de ne pas en avoir et allaient du coup les chercher en Europe même...).

    Aujourd'hui, on l'entend souvent, les gauches sont des "réformismes sans réformes"... Peut-être parce que les choses ont changé.

    Les pays producteurs de pétrole/gaz posent (un peu) leurs conditions, par exemple. C'est d'ailleurs des "chocs pétroliers" des années 1970 qu'on a l'habitude de faire partir la crise actuelle.

    Et puis dans toutes les études sur l'impérialisme il y a plus d'un siècle (Hobson, Lénine), un pays assez central était la Chine. Or aujourd'hui la Chine n'est plus ce qu'ils appelaient une "semi-colonie", ni en révolution socialiste d'ailleurs, mais un pays impérialiste. 20% de l'humanité qui ne peuvent plus être exploités comme dans les années 1920 ou 30 par l'Occident ; pire, qui font même concurrence à ses entreprises... etc. etc.

    Ceci illustre, déjà SANS LA MOINDRE logique anticapitaliste que ce soit (au contraire, dans une logique totalement capitaliste !), ce que l'encerclement du Nord par le Sud est capable de donner.

    ********************************

    "L'immigration n'est pas la cause du chômage et des baisses de salaire"...

    L'immigration est même, tout au contraire, la CONSÉQUENCE d'une situation ; celle de la domination, de l'écrasement, de la réduction à la famine de milliards de personnes par l'impérialisme qui (dans un cadre capitaliste bien sûr, et uniquement) PERMET une bonne part du niveau de vie qu'ont les travailleurs en Occident ; qui leur PAYE, en fait pour ainsi dire, une bonne partie de leur "salaire large" c'est à dire en comptant le salaire différé, le salaire "en nature et commodités" (services, qualité de vie etc.)...

    C'est peut-être ce qu'il faut oser dire pour que, si beaucoup sans doute se crisperont sur ce bénéfice et donc le soutien à l'impérialisme, suffisamment aient honte de cette ignominie absolue pour constituer une petite armée révolutionnaire...

    Car évidemment tout cela ne fonctionne QUE DANS UN CADRE CAPITALISTE. Dans un cadre socialiste où "à chacun selon son travail" (la VRAIE valeur créée par son travail), pas besoin de dominer quelque pays que ce soit pour vivre mieux qu'aux plus belles heures des conquêtes de Grenelle et du salaire indexé.

    A contrario, se complaire dans la situation telle qu'elle est conduira à terme à BIEN PIRE que chouiner pour sa si marginale et indolore conséquence actuelle qu'est l'immigration : être considérés comme des 'bourgeois du monde' et traités comme tels... 

    C'est ce qu'il nous reste à faire comprendre au plus grand nombre possible.

    Au sujet de cette position scientifique et "historique" qui est la nôtre, sur le "phénomène" migratoire migrants-quittent-pas-pays-pour-plaisir charters-honte-100%-logique-imperialisme, voici un petit résumé utile pour en faciliter la compréhension :

    Il a longtemps existé une immigration de conformité aux besoins du capital : les "Borains" belges du Germinal de Zola ; les Italiens du 19e siècle, début 20e, etc. (ou tout simplement, et en vérité dans des proportions 10 fois plus importantes... des petits gars venus des campagnes alentour, de cette paysannerie qui avait 6 enfants pour une seule terre à donner en héritage). Avec effectivement, là, une logique de pression sur les salaires et les revendications (encore que cette pression fut sans doute fort secondaire par rapport à celle des Chassepot de la troupe envoyée canarder les grévistes comme à Fourmies...) ; et souvent une xénophobie ouvrière en réaction à cela, forme de "socialisme des imbéciles".

    Et puis évidemment les Trente Glorieuses, avec les Algériens, les Portugais que le patronat allait CHERCHER, avec des bureaux de recrutement directement dans les pays. On était loin de la chasse à l'immigré actuelle dans les Alpes !

    Mais là par contre, déjà à cette époque, on ne pouvait plus vraiment parler de pression sur les droits et les salaires... Les ouvriers nationaux, "de souche" ou d'immigration européenne antérieure, avaient accru leur niveau de vie par les luttes et les conquêtes sociales, gagné en salaire sous toutes ses formes, et d'ailleurs CONTINUAIENT à le faire ; et dès lors, pour que cela soit possible il fallait une "niche" de surexploitation, une couche de travailleurs qui travaillent encore dans des conditions épouvantables et pour des salaires de misère, sans faire grève etc., et ceux-ci étaient donc censés être les immigrés, tenus en joue par la carte de séjour... Il n'y avait pas de "concurrence" avec les nationaux, puisque ceux-ci (déjà) ne VOULAIENT généralement PAS de tels boulots, de leurs salaires et de leurs conditions !

    Et puis ensuite, à partir des années 1980, nouvelle mutation : il est devenu d'une part possible (existence d'une main d’œuvre sachant faire), d'autre part MOINS CHER de produire dans le "Tiers Monde" et d'acheminer la marchandise (au "pire" avec besoin de quelques finitions, derniers montages, histoire de garder une industrie en Occident quand même !), que de produire sur place et de faire venir si besoin (pour pourvoir les postes de misère et d'esclavage) de la main d’œuvre immigrée. Accomplissement, en définitive, de la "prophétie" d'Hobson http://ekladata.com/y2kWxo.png que Lénine pensait voir conjurée par la révolution prolétarienne mondiale, mais celle-ci après de grands succès initiaux a fini par reculer et finalement (pour le moment) être vaincue.

    C'est l'ère des fameuses délocalisations. La courbe s'inverse complètement, on ne va plus chercher les gens mais on les EMPÊCHE au contraire rigoureusement de venir, car c'est CHEZ EUX que le Capital en a besoin pour y produire pareil... mais pour 10 fois moins cher.

    Cette nouvelle politique va effectivement générer quelques tensions au niveau de certains secteurs (tâches les plus ingrates de la restauration, nettoyage, bâtiment, ce qu'il reste de grandes exploitations agricoles etc.), dans lesquels on ne peut par définition pas produire le bien ou le service à l'étranger et l'acheminer, et dont les nationaux y compris issus de l'immigration antérieure ne veulent pas trop entendre parler (pas assez pour le nombre de postes en tout cas) ; mais cela reste à la marge, la politique GLOBALE des métropoles impérialistes est désormais le refoulement de l'immigration et le maintien de la main d’œuvre dans le "Tiers Monde". 

    ET ÉVIDEMMENT... vouloir QUAND MÊME venir en Europe/Occident, pour s'y réapproprier un peu de ce que l'impérialisme a pillé dans son "Tiers Monde" d'origine (causant la misère - voire la guerre, le chaos réactionnaire, le massacre permanent - elle-même cause du départ), est PLUS QUE JAMAIS un ACTE DE RÉSISTANCE anti-impérialiste objective.

    Oui car une "petite place", même "très modeste", au "soleil trompeur" des métropoles de l'impérialisme est justement une ATTAQUE, un MISSILE contre sa logique économique et sa division internationale du travail ; qui lui fait en réalité bien plus de mal qu'un camion piégé en plein quartier des ministères... 

    Même si les intéressé-e-s n'en ont généralement pas conscience... C'est d'ailleurs pour cela que sont mobilisées contre les migrants des forces qui manquent cruellement de l'autre côté pour déjouer des attentats : tout simplement parce que les migrants font PLUS DE MAL à l'impérialisme que les attentats.

    Les flux migratoires ont ce double aspect de tragédie (celle qui fait partir et les souffrances, le danger, la mort en route) et d'acte OBJECTIF de résistance.

    De GUERRE, même... rappelons que le blocage des migrants a un nom d'opération militaire : Frontex. Une guerre qui fait des morts. Et dans laquelle les internationalistes doivent choisir leur camp sans l'ombre d'une d'hésitation !


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