• Considérations diverses (19/01/2013) : Retour sur la situation au Mali (osons le "cosmopolitisme" et la "géopolitique" !)


    Mali-75-des-Francais-favorables-a-l-intervention-militaire-.jpgIl est facile, lorsque "l'extrême-gauche" (le mouvement révolutionnaire authentique, marxiste et libertaire), plutôt que de se pâmer sur la "formidable organisation" des manifestants cathos homophobes du 13 janvier, s'intéresse un peu au monde qui l'entoure, et notamment à la dernière expédition néocoloniale de NOTRE impérialisme BBR en Afrique, de crier au "cosmopolitisme" et à la "géopolitique"... Il serait pourtant bien de savoir, d'une part, en quoi le terme de "cosmopolitisme" (mis à part dans les dernières années du secrétariat général de Staline - pour déclencher des "purges" à forte connotation antisémite, notamment sous l'impulsion d'Abakoumov - et dans l'ère révisionniste qui a suivi), terme récurrent de toute la droite réactionnaire de la première moitié du 20e siècle pour désigner l'internationalisme révolutionnaire prolétarien, relève en quoi que ce soit du patrimoine communiste ; et, d'autre part, en quoi cela ne serait pas le rôle, une tâche  FONDAMENTALE des révolutionnaires communistes, que d'étudier, analyser, comprendre et expliquer aux masses l'actualité du monde qui nous entoure.  

    Il est évident qu'en l'état actuel de nos forces, nous, communistes et révolutionnaires en général, ne pouvons pas faire grand chose pour empêcher, ne serait-ce même qu'entraver un peu, les expéditions guerrières impérialistes qui secouent à intervalle régulier telle ou telle partie du monde, depuis la "Fin de l'Histoire" proclamée à cors et à cris voilà plus de 20 ans. Il est évident, aussi, que dans toutes ces guerres depuis plus de 20 ans, il s'agit d'une forme particulière d'internationalisme : un internationalisme vis-à-vis des peuples, qui sont les victimes sacrificielles des règlements de comptes entre bandits assoiffés d'or (or jaune, noir, vert, blanc, peu importe) ; mais, hormis dans quelques cas où opèrent des forces communistes (Pérou, Inde, Philippines, Népal hier), ou des forces démocratiques et progressistes (Palestine, Kurdistan, Amérique latine, Sahara occidental, delta du Niger etc.), il n'y a pas de camp à choisir, pas de camarades révolutionnaires ou progressistes dans la ligne de mire de l'agresseur - mais, bien au contraire, des régimes ou des forces réactionnaires, fascistes ou obscurantistes, des Milosevic, des Saddam Hussein, des mollahs iraniens, des talibans etc., même s'il faut évidemment souligner le scandaleux déséquilibre des forces (il n'y a pas eu de guerres "symétriques" depuis 1945). 

    article photo 1358580018713-1-HDPOUR AUTANT, nous ne sommes pas sans tâches immédiates, et nous en avons même une essentielle pour tout communiste, tout révolutionnaire prolétarien : il s'agit de ce que Marx et Engels auraient appelé la lutte pour la Weltanschauung, la lutte pour la CONCEPTION DU MONDE. Dans chaque conflit, de part et d'autre de la ligne de front, les forces possédantes qui s'affrontent vont chercher à mobiliser les larges masses du peuple derrières leurs objectifs. Elles vont s'y employer par leurs canaux de propagande, principalement médiatiques. Elles vont diffuser LEUR lecture du conflit, une lecture BOURGEOISE, RÉACTIONNAIRE. Par exemple, dans la présente guerre au Sahara-Sahel, la bourgeoisie BBR volant au secours de ses pantins néocoloniaux va exposer sa lecture des événements : une guerre "pour la démocratie et la civilisation", contre d'abominables terroristes moyenâgeux qui imposent la charia, coupent les mains, lapident les couples non-mariés et détruisent des mausolées patrimoine de l'humanité ; tandis que les "relais" propagandistes des "parrains" du djihad vont exposer la leur : une "guerre sainte" de l'islam, pour Allah et son Prophète, contre les "Croisés" occidentaux et les "Juifs" maîtres du capitalisme occidental, etc. etc. Ce faisant, elles ne vont pas seulement s'assurer le soutien des masses dans le conflit en cours : elles vont également diffuser, massivement et pour des années voire des générations, leur conception du monde au sein des masses, elles vont les éduquer, les formater dans cette vision des choses réactionnaire, et s'assurer ainsi leur fidélité permanente. À cela, nous, communistes, devons opposer NOTRE LECTURE, révolutionnaire, prolétarienne, des événements ; et, à travers cela, NOTRE CONCEPTION COMMUNISTE DU MONDE. PERSONNE - se prétendant communiste - N'EST EN DROIT DE SE SOUSTRAIRE À CE DEVOIR PROLÉTARIEN. Il en va, à terme, du triomphe de notre conception du monde, du NOUVEAU sur l'ancien, et donc de la révolution prolétarienne que nous prétendons mener à bien.

    Cette intervention militaire au Mali, donc, dont il faut rappeler qu'elle est la troisième intervention directe de l'armée impérialiste BBR en moins de deux ans (après la Côte d'Ivoire et la Libye), s'inscrit totalement (même si l'on peut la considérer comme 'mineure', mais enfin, il n'y a pas de bombe sur le coin de la figure qui soit 'mineure') dans ce qu'il faut bien appeler la Quatrième Guerre mondiale impérialiste, laquelle semble entrée, depuis la grande crise de 2008, pour l'impérialisme BBR en tout cas, dans une phase de "fuite en avant". 

    En effet, depuis l'époque où Marx et Engels rédigeaient leur Manifeste, l'on peut considérer que l'humanité a traversé 5 grandes périodes où "la violence accouche de l'histoire" :

    guerre1870- une "Guerre mondiale zéro" qui commence au lendemain du "Printemps des Peuples" de 1848 ; elle brise l'ordre européen et mondial du Congrès de Vienne (1815) et voit le parachèvement de l'époque des révolutions bourgeoises et l'entrée de la planète dans l'ère impérialiste (symbolisée par la Conférence de Berlin en 1884-85) ; à travers une série de conflits localisés mais d'une violence meurtrière jamais vue jusqu'alors : guerre de Crimée (1854-56), guerre civile américaine (1861-65, 600.000 mort-e-s...), guerres de l'Unité italienne (1859-70, la bataille de Solferino verra la naissance de la Croix-Rouge internationale), guerre d'extermination de la Triple Alliance (Brésil-Argentine-Uruguay, pilotés par l'Empire britannique) contre le Paraguay (1865-70, 300.000 mort-e-s soit 60% de la population), guerres de l'Unité allemande (1864, 1866 et celle de 1870-71 contre la France - 250.000 mort-e-s en 6 mois), guerre russo-turque de 1877-78 etc. etc.

    - la Première Guerre mondiale, due à la "saturation" du partage colonial de la planète ; son point culminant est évidemment la Grande Guerre de 1914-18, mais elle s'étend en réalité de la s-14-18toute fin du 19e siècle (guerre hispano-américaine de 1898, guerre anglo-boer de 1899-1902 puis guerre russo-japonaise de 1904-1905, guerres balkaniques de 1912-13 etc.) jusqu'au Traité de Lausanne (1923) qui met un terme à la guerre nationale turque de Mustafa Kemal contre les puissances victorieuses de 1918. Elle voit la naissance de la première vague de la révolution prolétarienne mondiale avec la Révolution bolchévique d'Octobre 1917 et débouche sur le monde instable de la Société des Nations, de "l'Allemagne paiera" et du "cordon sanitaire" contre l'Union soviétique.

    woii-300x281.png- la Deuxième Guerre mondiale, qui commence au lendemain de la grande crise de 1929 (invasion japonaise de la Mandchourie en 1931, etc.) et s'achève fin 1945 ; avec deux aspects : un affrontement inter-impérialiste pour le repartage du monde (1914-18 n'ayant rien réglé) et un affrontement mondial entre révolution et contre-révolution, cristallisé à travers l'affrontement entre l'Allemagne nazie (avec ses alliés) et l'URSS (avec les Partis communistes qui luttent dans l'Europe et l'Asie occupée), qui est de loin le front principal du conflit. 

    Ces deux grandes guerres balayent le "monde de 1900" et débouchent sur un monde reconfiguré, celui des "Trente Glorieuses" et de

    - la Troisième Guerre mondiale (1946-1990), ou "Guerre qui n'avait de froide que le nom". Elle recouvre trois aspects principaux : affrontement entre révolution et contre-révolution, lutte des nations opprimées par l'impérialisme contre celui-ci, lutte entre le "monde libre" impérialiste occidental et le social-PJFE Captureimpérialisme soviétique (URSS devenue une puissance impériale, et non plus le Centre de la révolution mondiale) ; peu de conflits se détachant de l'un (au moins) de ces trois aspects (guerre du Biafra opposant impérialismes BBR et britannique, guerre Iran-Irak contre la "révolution islamique" iranienne). C'est le premier conflit sans affrontement direct entre grandes puissances et pays avancés (d'où son nom de "Guerre froide"), le "Tiers Monde" étant l'unique théâtre d'opération (sauf lors des soulèvements est-européens contre le social-impérialisme). Bien que liées au social-impérialisme, certaines luttes revêtent néanmoins un aspect progressiste face à l'ordre politique et social brutal imposé par le "monde libre" dans certaines parties du monde : luttes d'indépendance des colonies portugaises d'Afrique (1960-75), guérillas d'Amérique latine (1960-90), luttes d'Afrique australe contre le régime sud-africain d'apartheid (1975-90), luttes du Machrek arabe contre l'occupation sioniste ; toutefois, au terme de la "Guerre froide", la plupart de ces forces seront intégrées, sous une forme social-démocrate voire social-libérale, au système impérialiste mondial (ANC, OLP, FSLN, FMLN, régimes "socialistes" divers etc.).

    - enfin, à peine achevée la précédente avec la débâcle de l'URSS (1989-91), débute une Quatrième Guerre mondiale pour le repartage impérialiste du monde post-soviétique, commençant dès la guerre du Liberia (1989-97) et la Guerre du Golfe (1990-91).drc children congolese child soldiers congo child fighters

    Celle-ci est toujours en cours ; elle a connu un "coup d'accélérateur" après le 11 Septembre 2001 (lorsque des éléments djihadistes arabes et pakistanais ont frappé au cœur de la première puissance impérialiste mondiale), ce qui n'a pas empêché la décennie précédente de connaître, déjà, des conflits très meurtriers (Golfe, Afrique, ex-Yougoslavie, ex-URSS, Algérie, Colombie etc.).

    Ses principaux acteurs sont :

    - un bloc impérialiste "anglo-saxon" autour de l'impérialisme US, du Royaume-Uni, des pays du Commonwealth (Canada, Australie etc.), auquel se rattachent globalement le Japon, les "dragons" asiatiques (Corée du Sud, Taïwan etc.) et Israël ; cela non sans contradictions, parfois, entre ces puissances ;

    gaza_bombardements_en_pleine_ville.jpg- un bloc impérialiste "européen" autour du "couple" franco-allemand ; là encore non sans contradictions occasionnelles (l'impérialisme BBR et l'impérialisme allemand, par exemple, n'avaient pas le même agenda dans les Balkans ni en Libye) ;

    - l'impérialisme russe, héritier du social-impérialisme soviétique, défait en 1989-91 et tentant de se redresser ou, a minima, de sauvegarder son "pré carré" ;

    - le nouvel impérialisme chinois, émergé à la fin du 20e siècle après la grande accumulation capitaliste de l'époque Deng ;

    - des pays non-impérialistes mais "émergents", à fort PNB et forte croissance, qui cherchent à s'affirmer au niveau régional voire international (d'où la création en 1999 du "G20", intégrant un certain nombre de ces pays à la "cour des grands"), et forment ainsi des "centres de pouvoir secondaires" : pays d'Amérique latine comme le Brésil, l'Argentine ou le Mexique, le Venezuela à la tête de l'ALBA ; Inde, Pakistan ; Afrique du Sud avec l'instrument de "l'Union africaine" ; Arabie saoudite et pays du Golfe arabo-persique comme notamment le Qatar (finançant à travers le monde les forces "islamistes" sunnites), avec des instruments comme l'OPEP, la Ligue arabe ou l'Organisation de la Conférence islamique ; Turquie, Iran (appuyant les forces "islamistes" chiites), Malaisie, Indonésie, etc. etc.

    guerre_iraq.jpgLà encore, les théâtres d'opération sont intégralement dans le "Tiers Monde". Il y a des interventions directes (ex-Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Libye, guerres sionistes au Proche-Orient, interventions BBR en Afrique...), mais aussi et surtout beaucoup de guerres menées par telle ou telle "puissance" en fomentant des groupes combattants armés contre ses rivaux ; d'où l'appellation médiatique bourgeoise de "guerre contre le terrorisme". L'on compte quatre principaux fronts de Guerre populaire menée par des Partis maoïstes (Inde, Philippines, Pérou, État turc ; la Guerre populaire au Népal s'est achevée en 2006 et sa reprise n'est pas encore à l'ordre du jour) ; et quelques fronts où opèrent, dans les limites de leur conception du monde (non MLM), des forces de progrès (Colombie, sud du Mexique, Paraguay, Palestine-Liban, Kurdistan, Irlande du Nord occupée etc.). Les luttes de libération basque et tamoule sont actuellement en état de défaite militaire. 

    Revenons à présent à notre sujet, le Mali. Quelles sont les forces en présence ?

    - Ceux qui ont "ouvert la boîte de Pandore", le MNLA (Mouvement National de Libération de l'Azawad, touareg laïc), sont aujourd'hui complètement sur la touche, évincés par les djihadistes et ne contrôlant plus aucun territoire. Dernièrement, par leurs porte-paroles, ils ont offert de mettre leurs dernières maigres forces (quelques milliers de combattants) au service de la contre-offensive franco-malienne contre les "terroristes".

    Aqmi-appelle-la-France-a-negocier-la-liberation-des-otages_.jpg- La fameuse AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), groupe armé issu du GIA algérien à travers le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), ayant trouvé refuge dans les régions sahariennes du Mali, du Niger et de Mauritanie après la guerre civile algérienne des années 1990 ; ils y ont prospéré dans la contrebande et l'enlèvement d'Occidentaux contre rançon, et fait des recrues sur place.

    - Deux scissions de cette dernière : 1°/ le MUJAO, plus "noir", "subsaharien" (moins "maure", arabe et touareg), tourné vers l'Afrique de l'Ouest sahélienne où il voudrait instaurer un califat islamique ; contrôlant la ville de Gao et entretenant des liens vraisemblables avec le groupe nigérian Boko Haram (le Nord du Nigéria n'est pas très loin de là) ; et 2°/ le groupe Belmokhtar (les "Signataires par le sang"), plus arabe, "maure", algérien ; il est l'auteur de la prise d'otage d'In Amenas (à la frontière algéro-libyenne).

    Salafistes ultras, ces groupes n'ont probablement pas de véritable soutien étatique ; ils sont vraisemblablement financés à titre privé par de richissimes oligarques et grands-capitalistes de la péninsule arabique et du monde arabe et musulman en général.

    1647774 3 5af0 des membres du mouvement islamiste shebab en- enfin, dernier (et de loin le plus important) larron, Ansar Dine : il s'agit d'une scission majoritaire du mouvement national touareg au Mali, abandonnant l'idée d'un Azawad indépendant laïc, pour prôner un État islamique sur tout le Mali voire tout le Sahara et l'Afrique sahélienne... Son leader, Iyad ag Ghali, ancien rebelle touareg des années 1990 puis conseiller... à la présidence malienne, et enfin conseiller consulaire en Arabie saoudite (c'est là qu'il aurait noué des liens avec le djihadisme, avant d'être expulsé), a réussi à littéralement siphonner les forces qui auraient normalement dû échoir au MNLA, héritier légitime de la rébellion historique touarègue. Il faut dire qu'Ansar Dine... paye beaucoup mieux ses combattants que le MNLA, tout simplement ! Derrière le groupe se profile assez nettement, selon de nombreuses sources, à travers des ONG "humanitaires", l'argent du Qatar (voir ici et ici). La stratégie de l'émirat pétrolier (en tout cas, d'une partie de ses oligarques) semble ici très claire : à travers un grand le-porte-parole-d-ansar-dine-photo-afpkhalifa qui couvrirait toute l'Afrique de l'Ouest sahélo-saharienne, obtenir un terrain d'investissement pour ses dizaines de milliards de pétro-dollars (sur)accumulés au fil des années ; chose évidemment inacceptable pour les impérialistes occidentaux et même russes et chinois (qui ne s'opposent pas, pour le coup, à l'intervention). C'est peut-être, aussi, ce qui fait passer Ansar Dine pour un groupe plus "politique", "pragmatique", "ouvert à la négociation" que ses acolytes... 

    En face, une armée malienne en déliquescence, dont les éléments "d'élite", formés par des conseillers US ces dernières années... ont fait défection en masse, avec armes et équipement, pour rejoindre les groupes rebelles, tandis que d'autres renversaient à Bamako le gouvernement "légal" jugé responsable de la déroute ; et désormais, donc, l'armée impérialiste BBR, qui sera bientôt renforcée par des contingents de ses "sous-préfectures" africaines : Niger, Burkina, Sénégal, Togo, Bénin, Tchad, peut-être Côte d'Ivoire, ainsi que du Nigeria (néocolonie anglo-saxonne). L'impérialisme BBR bénéficie en outre de l'appui logistique d'un certain nombre de partenaires occidentaux : Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Belgique, Allemagne etc.

    [Lire aussi (analyse très proche de la nôtre) : « Les mensonges de la propagande de guerre française au Mali _ Investig’Action.pdf »]

    De leur côté, les djihadistes ne bénéficient bien sûr d'aucun soutien diplomatique officiel (qui s'y risquerait ?) mais il est évident qu'ils ont leurs "relais", leurs "connections", non seulement dans le Golfe mais aussi dans toutes les grandes bourgeoisies et les régimes oligarchiques arabes, au plus haut niveau - comment expliquer, sinon, la surréaliste prise d'otage d'In Amenas par quelques dizaines de combattants sur un site gazier - normalement - ultra-surveillé par l'armée algérienne ?

    1817586_5_663c_francois-hollande-en-compagnie-de-khalifa-be.jpgHasard ou pas (la visite était, dit-on, programmée de longue date... mais enfin, l'intervention aussi), quelques jours après le déclenchement de l'opération Serval, Hollande s'est rendu aux Émirats arabes unis (Dubaï et Abu Dhabi). Il a, bien évidemment, dû y aborder la question d'une coopération répressive plus étroite de ces émirats, dont il est de notoriété publique que les forêts de gratte-ciels sont des plaques tournantes du financement international du djihad. Mais, même avec les meilleures déclarations de principe, comment le pourraient-ils ? Le djihad est un investissement, ces émirats/places financières brassent des milliards et des milliards de dollars et, dans un système capitaliste mondial, on ne peut pas forcer l'argent à dormir dans des coffres : chaque dollar doit s'investir, se valoriser, et construire des tours de 1000 mètres de haut et des îles artificielles géantes ne peut y suffire... Notre monde capitaliste, en ce début de 21e siècle, est en surproduction absolue, planétaire de capital ; et ce capital suraccumulé gémit dans les entraves d'un monde trop petit pour lui, il hurle de toutes ses forces, et il ne peut briser ce carcan qu'en allant à l'affrontement antagonique avec les autres Centres d'accumulation : il ne peut sortir de cette situation que par la GUERRE.

    Nous avons donc, là, un conflit sur un front très localisé (la moitié d'un État africain) mais aux ramifications mondiales : bel et bien une expression de la Quatrième Guerre mondiale en cours ; une guerre de tous contre tous, sans véritable camp/"bloc" ni ligne de front définie, un panier de crabes où chacun avance ses pions (en essayant de ménager les "plus grosses bêtes" que lui), une foire d'empoigne généralisée dans un monde en crise capitaliste générale par surproduction absolue de capital, en repartage général et permanent des (juteux) terrains d'investissement depuis que la débâcle soviétique a démantelé le "tranquille" schéma des "blocs".

    mine or-maliAttardons-nous un peu sur le déroulement des événements au Mali depuis un an, depuis le début de la "rébellion du Nord". Ce seront là, bien sûr, des spéculations (nous ne sommes pas dans le "secret des dieux"...), à poser au conditionnel ; mais il y a fort à parier qu'elles ne soient pas si éloignées que ça de la réalité, et dans tous les cas, elles donnent une bonne idée d'à quoi ressemble ce panier de crabes de la Quatrième Guerre mondiale qui secoue le monde impérialiste ; avec son capital suraccumulé et entravé qui pousse de toute part pour trouver un terrain où se valoriser, au détriment des capitalistes concurrents. Le Mali, depuis la "reprise en main" de 1968 (avec Moussa Traoré, qui instaure 23 ans de dictature garde-chiourme), après la période "tiers-mondiste" de Modibo Keïta, est évidemment une semi-colonie de l'ancienne métropole BBR, pour ne pas dire un protectorat de fait, une néocolonie (toute-puissance de l'ambassade, monnaie - le franc CFA - contrôlée par la Banque de France, pas de présence militaire permanente mais les troupes BBR sont au Sénégal voisin, au Tchad et en Côte d'Ivoire non loin). Mais il faut voir que ce pays est riche en ressources (notamment, c'est le troisième producteur d'or du continent, depuis d'importantes prospections en 1996-98), et qu'il a connu, ces dernières années, une assez forte croissance de son PIB (5,8% en 2010, 5,3% en 2011, et autour de 5% en moyenne depuis le milieu des années 1990). Il est logique que des pays extrêmement pauvres, au très faible PIB, partant pour ainsi dire "de rien", connaissent une beaucoup plus forte croissance que des pays très avancés, industrialisés de longue date voire "post-industriels" (comme les pays d'Europe de l'Ouest, d'Amérique du Nord ou le Japon), et que la moindre croissance de leur PIB représente (forcément) un pourcentage (taux de croissance) important de celui-ci. Mais enfin, hommes-du-mnla-posant-devant-le-drapeau-de"point trop n'en faut"... Il ne faudrait pas, pour l'impérialisme de tutelle, que ces paltoquets commencent à l'ouvrir un peu trop grand.

    Or c'est peut-être ce que commençait à faire l'ancien président, "ATT" (Amadou Toumani Touré), qui pouvait commencer à être tenté par le "premier niveau" de l'affirmation nationale bourgeoise face à l'impérialisme, c'est-à-dire la technique consistant à "jouer" les puissances impérialistes les unes contre les autres. Il commençait peut-être à un peu trop se tourner vers l'impérialisme US, intéressé par le Mali pour y installer son "état-major Afrique" (AFRICOM), sans parler de la Chine, toujours à l'affût sur le "continent noir".

    Il est donc fort possible que, dans certaines mouvances de la bourgeoisie impérialiste BBR, ait germé l'idée de couper le Mali en deux, de pousser en faveur d'une large autonomie du Nord (Azawad) en s'appuyant sur la revendication touarègue, selon le précepte simple que deux entités séparées (de fait) seront plus faibles, donc plus dociles qu'un seul État unifié. Le Nord du Mali, recelant potentiellement des hydrocarbures et de l'uranium, aurait pu être beaucoup plus facilement contrôlé et pillé à travers une entité "autonome" touarègue devant tout à la "médiation" de l'ancien colonisateur. Il est fort possible, même, que dans le contexte de la guerre libyenne ces éléments impérialistes aient obtenu la neutralité (voire la défection) de la "légion touarègue" de Kadhafi (venue ensuite grossir le MNLA) en échange de cette promesse de retour au pays avec un Azawad "libre" à la clé. [NDLR MàJ c'est confirmé par un ancien dirigeant du mouvement dans cet entretien : http://panafricain.tv/la-france-nous-avait-donne-son-feu-vert-pour-lindependance-de-lazawad-contre-les-ressources-minieres/] 

    1815474 5 1769 le-conseil-de-securite-a-demande-un 9c91539bMais voilà, le plan c'était le plan... et la réalité fut toute autre. Il y avait AQMI (qui a connu depuis la scission du MUJAO et de Belmokhtar), avec ses financiers oligarques arabes de tout poil, mais bon : c'était un groupe errant, ne parvenant pas à se "fixer" réellement quelque part, et combattu efficacement tant par les armées nationales (malienne, mauritanienne, algérienne, nigérienne) que par les tribus (armées) maures et touarègues. Tout cela restait "sous contrôle". Le grain de sable est venu... de l'argent du Qatar, le grand allié dans l'affaire libyenne, pour le coup n°1 mondial du taux de croissance en 2010 (16,3%), qui a pointé subrepticement le bout de son nez ; arrachant au MNLA les 3/4 de ses forces pour former Ansar Dine, véritable petite armée de 5 à 10.000 combattants à la solde de Doha. C'est véritablement Ansar Dine qui, au Nord-Mali, a fait basculer le rapport de force en faveur des djihadistes, satellisant AQMI et ses dissidences. C'est ce qui s'appelle, en langage populaire commun, se faire doubler en beauté... et forcément, cela ne rend pas content du tout. Vouloir affaiblir une néocolonie un peu "turbulente" (disons, se vendant au plus offrant et non plus seulement à l'ancienne puissance coloniale) en favorisant la revendication ethnique d'une partie de sa population (jusque là, rien de plus "classique"), et se retrouver avec la partie la moins peuplée mais la plus riche (en sous-sol) de son territoire transformée en émirat islamiste par des groupes incontrôlables et armés jusqu'aux dents, il faut l'avouer, c'est tout de même ballot. La riposte s'imposait ; c'est désormais chose faite...

    2222335343 small 1Donc voilà : la guerre, encore une énième fois, depuis deux décennies que l'on nous promet la "Fin de l'Histoire" et le règne "indépassable" de la démocratie (bourgeoise) et de la paix dans le monde... LA GUERRE, comme expression ultime du Capital surproduit qui gémit dans les chaînes du mode de production lui-même, de ses rapports de production, de ses rapports sociaux en général, de ses relations internationales foncièrement inégalitaires de par la loi matérialiste du développement inégal ; et qui ne peut trouver d'issue, pour se valoriser (sa raison d'être), qu'en DÉTRUISANT... du capital concurrent, par le seul moyen qui le permette : les armes. Et, encore et toujours, ce sont les masses populaires d'Afrique et d'ailleurs, déjà exploitées et affamées au quotidien, qui font office de victimes expiatoires, de chair à canon, car, comme le chantait déjà Montéhus dans les années 1920 (peu après la Grande Boucherie de 14-18), "les bandits, qui sont cause des guerres, n'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents" (la Butte Rouge). À moins qu'il n'y ait... une autre porte de sortie, et celle-ci, certes, peut prêter à sourire tant on nous rabâche depuis près d'un quart de siècle qu'elle n'est qu'une utopie finissant toujours dans le sang : c'est, bien sûr, la RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE mondiale ; l'immense rage des HokusaiWavepeuples exploités et affamés se levant comme une gigantesque vague vengeresse, que rien ne pourra arrêter et qui balayera sur son passage, pays par pays, le vieux monde pourrissant pour laisser place à une Aube nouvelle. Non, cela n'est pas utopique ! Déjà, au siècle dernier, une telle vague s'est levée et a illuminé le monde, avant que des traîtres néo-bourgeois ne la dévoient, puis que ne triomphent les ennemis de classe qui avaient juré sa perte - et de la couvrir d'ordure ensuite, ce qu'ils firent, et efficacement.

    Mais pour cela, tel est le b-a-ba du marxisme, il faut que partout les masses exploitées et opprimées, de classes en soi, deviennent des classes POUR SOI, conscientes de leurs intérêts et en mouvement pour accomplir leur mission devant l'Histoire. Pour cela, il faut que les masses se libèrent de la conception bourgeoise du monde que leur imposent leurs exploiteurs, et s'emparent de leur PROPRE CONCEPTION DU MONDE, conception RÉVOLUTIONNAIRE car conception de la classe appelée à diriger le monde de demain : le PROLÉTARIAT. Une conception fondée sur la compréhension scientifique du monde, à la lumière du matérialisme dialectique légué par 150 ans de mouvement socialiste et communiste. Répandre, le plus largement, cette conception du monde dans les masses du peuple : telle est, avant même toute lutte "physique", la première tâche des communistes.


    LIBÉRONS-NOUS DE CETTE POURRITURE !

    DÉTRUISONS LE VIEUX MONDE !


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