• Déjà adressé par mail à un vieux camarade, mais ça vaut la peine d'être publié pour tout le monde


    Les SEULES réponses, dans le débat sur Rojava, dont il nous intéresse de discuter sont celles à ces trois questions de fond :

    - L'idéologie de Rojava, qu'elle ait pour seul centre de production Öcalan ou de multiples, peu importe, est-elle à même de garantir l'indépendance du processus politique vis-à-vis (et vu le niveau) de l'appui impérialiste reçu par nécessité tactique ? En ayant bien en tête ce fait qu'en cas de réponse négative, la conséquence ne sera pas d'être arrimé à l'URSS de Brejnev mais à L’IMPÉRIALISME OCCIDENTAL de Trump, May, Macron et Merkel, et/ou à la RUSSIE DE POUTINE, ce qui n'est pas la même chose.

    Si oui, pourquoi, comment, en quoi (arguments) ?

    - "La politique commande au fusil" : dans le cas où vous penseriez effectivement que cette idéologie, les orientations stratégiques de certains dirigeants (Öcalan ou autre), etc., posent problème ; croyez-vous réellement que les fusils (concrètement : la base combattante et sa rage de ne pas s'être battue pour de la merde) et les coopératives peuvent commander à l'idéologie et la tirer "vers la gauche" sans lui opposer réellement une AUTRE ligne idéologique construite, une autre CONCEPTION DU MONDE sur toutes les questions en jeu, et une CRITIQUE en règle (ce que fait le TKP/ML - CC légitime, et que nous faisons, depuis plusieurs mois) ?

    Si oui, comment : expliquer la possibilité de ce tour de force qui serait à peu près l'équivalent de s'affranchir de la Loi de Newton.

    - Le droit à l'autodétermination, la libération nationale, point important car étant ce qui, comme nous ou comme l'"ami" breton ici, ou encore un certain nombre de volontaires internationaux sur le front, a attiré énormément de révolutionnaires vers le truc ; et nous ajouterions pour notre part la critique de l’État-nation comme construction historique, d'une phase historique, que la libération des peuples opprimés par lui ne passe pas forcément par reproduire.

    Quid, donc, sur les bases essentiellement léninistes, kaypakkayennes et argaliennes qui sont les nôtres en la matière, de l'idéologie öcalaniste ?

    Car nous, ce que nous voyons, c'est l'ABANDON d'une claire revendication d'autodétermination nationale passée (qui pouvait éventuellement être critiquée sur sa forme) ; et une critique de l’État-nation très alléchante dans ses prémisses, mais qui débouche en conclusion sur une espèce d'utopie alambiquée, vaseuse, dont on ne voit pas vraiment d'autre possible réalisation concrète que dans le COMPROMIS avec les États-nations tant critiqués... ou carrément avec la "communauté internationale" impérialiste ; une sorte (sur le terrain) de grand écart kafkaïen entre d'un côté ne pas savoir réellement quel statut politique, et juridique international donner à la Fédération de cantons née de la lutte, et de l'autre une fuite en avant dans l'expansion militaire (dans le sillage des bombardiers impérialistes...) sous le prétexte de "libérer" et d'"apporter la révolution démocratique" à des milliers de kilomètres carrés de terre arabe ; bref, pas vraiment la clarté cristalline de la conception léniniste qui est (en principe) la nôtre, et celle du TKP/ML "premier concerné" s'il en est (toutes les statistiques concordant à montrer l'infime minorité de Turcs, et l'écrasante majorité de Kurdes et autres nationalités opprimées dans ses rangs), conception que nous avons pu résumer dans un article (lors du débat soulevé par la Catalogne) par la formule "pour la séparation avec ce qui est réactionnaire, pour la fédération avec ce qui est révolutionnaire"...

    Sachant que l'affirmation (qui a pu nous être faite) que ce ne serait que "la voie choisie pour l'instant", le retour à "l’option indépendantiste (n’étant) pas écarté non plus par la direction en cas d’échec", c'est FAUX, MENSONGER : l'abandon non seulement de toute idée d'indépendance, mais de l'idée même d'un État kurde (que ce soit totalement indépendant ou confédéré à ses voisins) est IDENTITAIRE dans l'idéologie d'Öcalan, qui est devenu "libertaire" et donc "contre l’État" (mais pense quand même, par contre, que les Kurdes ont une "supériorité" en termes de "culture démocratique" et donc une "mission" d'"inculquer" celle-ci à leurs "obéissants et serviles" voisins...).

    Voilà. À VOUS LIRE...

     Déjà adressé par mail à un vieux camarade, mais ça vaut la peine d'être publié pour tout le monde

    [Un commentaire pertinent et constructif, donc réponse :

    "Si je puis me permettre, ce serait déjà une grande victoire que les Kurdes parviennent à se rabibocher avec les Russes et la Syrie. Le problème est qu'en ce moment, ils sont coincés dans leur alliance merdique avec les USA : à quels saints se vouer ? Les USA les lâchent sur Afrin, mais peuvent-ils vraiment parier sur Damas et Moscou, au risque de s'aliéner définitivement Washington ? Et au risque de perdre tous leurs "acquis" en matière d'autonomie ? À cela s'ajoute le problème que les Russes font régulièrement du pied au YPG, y compris en soutenant leur revendication d'une Syrie confédérale, mais que fondamentalement, Assad a montré qu'il était hostile à toute solution de ce type.

    Le débat est complexe, mais les nationalistes arabes qui s'étaient joints aux Kurdes, c'est-à-dire en fait l'opposition syrienne laïque, se sont sentis trahis quand la direction de la FDS a unilatéralement accepté une tutelle américaine."

    => Mouais. Pour la question centrale que tu poses : nous pensons que oui, ils peuvent s'appuyer sur Damas et Moscou pour sauver Efrin, voire reconquérir le Shahba (la zone "Bouclier de l'Euphrate"), sans s'aliéner les States parce que les States s'en foutent à notre humble avis, ils sont satisfaits avec la zone délimitée par l'Euphrate, et ça les sortirait de la quadrature du cercle vis à vis de la Turquie (faire qu'Erdogan se prenne une branlée sans avoir l'air de trop soutenir les Kurdes, car leur candidate pour le renverser en 2019 fait aussi campagne sur une ligne anti-kurde ultra et une mobilisation des masses nationalistes, et donc si Erdogan échoue à Efrin mais que c'est trop ouvertement "un coup des Américains", il va mobiliser là-dessus et c'est à lui que le sentiment nationaliste de la société turque risque d'apporter ses suffrages).

    Mais c'est sûr que ça veut dire, pour les Kurdes, oublier toute autonomie.]


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