• Continuité... et rupture en Catalogne


    La situation actuelle en Catalogne est donc, après les élections de décembre, à L'INVESTITURE par le Parlement élu du nouveau Président de la Généralité.

    Et le verdict des urnes, est qu'en toute logique ce président devrait être Carles Puigdemont, reconduit dans ses fonctions.

    Mais comme nous le savons, celui-ci est depuis octobre exilé à Bruxelles, sous le coup d'une menace d'arrestation immédiate s'il remet les pieds dans l'État espagnol.

    Le nouveau stratagème des néo-franquistes du PP au pouvoir à Madrid (et de leurs amis du P's''o'E et de Ciudadanos), est donc de dire qu'un homme absent du territoire et fuyant la justice ne saurait être investi de la sorte.

    Ce n'est pas que nous, ni quiconque d'anticapitaliste et révolutionnaire ait particulièrement de sympathie pour ce libéral de centre-droit, mais il faut bien comprendre la force symbolique que revêt là-bas le fait de le réinstaller dans ses fonctions, pour effacer et proclamer nul et non avenu le coup de force fasciste de la suspension des institutions autonomes catalanes (le 21 octobre) en vertu de l'article 155 de la Constitution posthume de Franco.

    Parallèlement, et illustrant peut-être par là les limites historiques et de classe du mouvement tel que conçu jusqu'à présent, la Gauche républicaine (ERC), l'autre grande formation indépendantiste bourgeoise avec celle de Puigdemont (JxCat), se tient en embuscade, tentant de profiter de la situation pour imposer une autre candidature issue de ses rangs, et ajoutant donc son obstruction à celle de Madrid pour plonger les choses dans un imbroglio politicien pathétique, indigne de la hauteur historique des évènements.

    La décision du président du Parlement, Roger Torrent (ERC), d'ajourner le vote d'investiture a soulevé les vives protestations tant de JxCat que de la CUP (gauche anticapitaliste).

    lemonde.fr/europe/article/2018/01/30/report-de-l-investiture-du-president-catalan-quelle-strategie-pour-les-independantistes_5249425_3214.html

    leparisien.fr/international/catalogne-le-report-de-l-investiture-de-puigdemont-divise-les-independantistes-30-01-2018-7531458.php

    Mais surtout, c'est dans les alentours du Parlement que s'est déroulé un évènement qui pourrait bien marquer une rupture de portée historique :

    https://www.elindependiente.com/politica/2018/01/30/los-cdr-superan-a-la-anc-y-omnium-y-dejan-en-evidencia-a-los-mossos/

    Les CDR débordent l'ANC et Òmnium au nez et à la barbe des Mossos

    Les CDR (Comités de Défense de la République) ont pris ce mardi le contrôle de la mobilisation indépendantiste convoquée initialement pour saluer l'investiture de Carles Puigdemont, et qui s'est convertie après la suspension de celle-ci en une manifestation de rejet de ce report ordonné par le président du Parlement, le républicain Roger Torrent. Les CDR ont dirigé l'assaut sur le Parc de la Citadelle, qui entoure le Parlement, et tenté de franchir les barrières qui protégeaient l'édifice, tandis que l'ANC et Òmnium appelaient à la dispersion du rassemblement.

    Les deux grandes formations souverainistes étaient à l'initiative de la manifestation sur la Promenade Lluís Companys, qui s'est dispersée après leurs appels au calme, mais elles se sont vues débordées par l'assaut sur le Parlement lancé par les CDR. L'ANC avait appelé à éviter des “affrontements stériles” dont on “saurait à qui ils profitent”, et Òmnium clamait sur Twitter son “caractère pacifique”. Des appels qui n'ont servi qu'à soulever l'indignation des indépendantistes les plus radicaux, annonçant leur intention de quitter ces organisations pour rejoindre les CDR. “Quelle honte, l'ANC”, ou “cela fait des mois que vous n'êtes pas à la hauteur de la situation”, ont été les réponses les plus entendues dans le courant de l'après-midi.

    (...)

    Défendre la République

    Les éléments les plus radicaux de la base indépendantiste ne comprennent pas cette posture légaliste des deux organisations. Ce sont les mêmes qui, en octobre dernier, se déclaraient prêts à "défendre la République" et qui n'ont toujours pas pardonné à leurs leaders de ne pas les avoir dirigés en ce sens le 27 octobre, lorsque tout juste après avoir proclamé l'indépendance au Parlement, le Govern de Carles Puigdemont est rentré dans ses chaumières et n'a même pas fait abaisser le drapeau espagnol du Palais de la Généralité, sous le regarde stupéfait des centaines d'indépendantistes rassemblés sur la Place Sant Jaume.

    Avec ces précédents, les CDR ont choisi aujourd'hui d'ignorer les consignes des entités chaperonnées par l'ex-Convergence (CDC, de Mas et Puigdemont) et la Gauche républicaine (ERC), et de mener une démonstration de force face à des Mossos d’Esquadra totalement débordés. Pour l'ANC et Òmnium, l'objectif politique de préserver le prestige des Mossos comme police catalane passe avant la démonstration de la “force du peuple”. Mais cet argument est sans valeur pour les CDR, qui persistent à convoquer les manifestants sous les mots d'ordre de “ni un paso atrás” (“pas un pas en arrière”) et le hashtag #ElPoderDelPoble (#LePouvoirDuPeuple) sur les réseaux sociaux.

    En début de soirée, après que les grandes entités souverainistes aient appelé à la dispersion, les CDR continuaient à appeler à la mobilisation et même à camper devant le Parlement durant la nuit.

    Quatre mois d'existence

    Au mois de septembre, le rôle d'Òmnium et de l'ANC comme canalisateurs du mouvement social indépendantiste était indiscutable. Il n'y avait pas d'alternative. Quatre mois plus tard, les deux grands paquebots du souverainisme ont pâli face aux Comités de Défense de la République, organisés à travers toute la Catalogne sur un mode assembléiste et avec un programme d'action beaucoup plus direct, ayant donc ce mardi pris la tête des mobilisations devant le Parlement et du l'assaut postérieur sur le Parc de la Citadelle.

    (...)

    Ils ont aussi été le cerveau derrière les actions les plus marquantes de la grève du 8 novembre. Ce jour-là, les CDR ont été les instigateurs des barrages sur les voies de l'AVE (le TGV espagnol), ainsi que des piquets sur les autoroutes et autres voies d'entrée et sortie de la Catalogne. Ce sont des organisations sans tête visible, sans un Jordi Sànchez ou un Jordi Cuixart, mais avec un pouvoir de mobilisation croissant, très lié à la CUP et à la jeunesse de celle-ci, Arran, et qui repose essentiellement sur la communication immédiate via les réseaux sociaux.

    Ce mardi, alors que l'ANC donnait pour terminé le rassemblement devant le Parlement, les CDR lançaient le hashtag #NousRestons et commençaient à affronter les Mossos jusqu'à réussir à forcer le cordon, entrer dans le parc et parvenir jusqu'aux portes de l'hémicycle.

    “Le pouvoir du peuple a brisé les chaînes du 155. Ici et maintenant, dans le Parc de la Citadelle, nous résisterons aux menaces et à toutes les manœuvres. Nous voulons la République !!”, twittait durant le rassemblement le compte officiel des CDR, tout en encourageant les gens à ne pas se démobiliser et en annonçant de nouvelles actions, simultanées, dans d'autres villes.

    Continuité... et rupture en Catalogne


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