• http://centremlm.be/J-Staline-N-oubliez-pas-l-Orient-1918

    C'est bien qu'il ait conscience de l'importance de la révolution anticoloniale ; en 1918, c'était absolument LOIN d'être le cas de tous les marxistes, socialistes etc. (qui pensaient plutôt que l'Europe devait se "socialiser", puis encore une fois "apporter la civilisation" sous cette forme-là aux autres continents).

    Mais on voit bien percer sous le propos la "subordination" des luttes anticoloniales (de "l'Orient") à l'agenda et aux objectifs de la révolution socialiste en Europe/Occident : "Et pourtant, il ne faut pas oublier l’Orient, même pour une minute, ne serait-ce que pour cette raison qu’il sert de réserve « inépuisable » et d’arrière « sûr » à l’impérialisme mondial."

    Cette même logique de subordination qui conduira, au milieu des années 1930, le PCF à retirer son soutien aux militants des colonies au nom de la priorité de l'antifascisme (et de l'alliance avec la bourgeoisie colonialiste "antifasciste") en Europe.

    L'eurocentrisme surgit régulièrement au détour d'une phrase : "C’est d’abord là, en Occident, que doivent être brisées les chaînes de l’impérialisme, qui ont été forgées en Europe et qui étouffent le monde entier" => oui, c'est vrai qu'à un moment donné c'est la révolution au cœur des métropoles impérialistes qui mettra fin définitivement à leur nuisance planétaire ; en revanche, les maoïstes ont un peu de mal à croire au "d'abord" (c'est explicite dans des textes de Mao où il explique que là où le capitalisme est né et fermement assis depuis 200 ou 300 ans, c'est forcément plus compliqué) ; et par contre, le "C’est d’abord là, en Occident, que doit surgir comme d’une source la vie nouvelle, la vie socialiste" est clairement eurocentriste et a d'ailleurs été démenti par l'Histoire par la suite, puisqu'en dehors du monde slave qui est déjà une périphérie de l'Europe, les plus grandes expériences révolutionnaires du XXe siècle ont été menées en Asie, en Amérique latine et en Afrique.

    La "léthargie séculaire des peuples opprimés d’Orient" (il aurait pu dire "des colonies" en général), c'est juste une contre-vérité historique : il n'y a jamais eu de "léthargie", la résistance a toujours existé, la lutte n'a jamais cessé ; qu'elle n'ait pas eu (pas plus que les ouvriers en Occident !) pendant très longtemps les outils SCIENTIFIQUES pour passer à une lutte OFFENSIVE vers la victoire, c'est autre chose.

    Il n'est pas "mal" que cette position, cette ouverture de Lénine et Staline vers la nécessité de la révolution anticoloniale ait existé : c'est ce qui a permis la livraison, justement, d'un premier lot d'"outils" scientifiques (marxistes) aux luttes des colonies pour permettre des expériences majestueuses qui quoi qu'elles soient devenues par la suite serviront l'avenir.

    Mais cet esprit de subordination à la "vraie" révolution qui serait celle des pays industrialisés, est clairement une limite qu'il est du devoir du maoïsme de dépasser (car si ce n'était pas pour dépasser des limites, nous serions simplement marxistes-léninistes !!). En fait, c'est à courte vue. La révolution coloniale sert TOUJOURS à terme la libération des prolétaires occidentaux des griffes du capitalisme (pour des raisons dont Staline évoque lui-même certaines dans ce texte). Le problème est de ne pas arriver à surmonter les contradictions IMMÉDIATES qui peuvent sembler apparaître entre les intérêts des peuples colonisés et ceux des prolétaires occidentaux, et de trancher ces contradictions autoritairement en faveur de ces derniers, ce qui semble rapprocher mais en réalité éloigne de la solution du problème.

    La spontanéité d'énormément de mouvements anticoloniaux dans les années 1930-40, autant que la pure logique, les amenait à regarder vers l'URSS et le mouvement communiste international. Par exemple : c'est d'abord à Moscou, auprès de Staline que Subhas Chandra Bose est allé chercher appui pour sa lutte de libération de l'Inde. Mais le déclenchement, au même moment, de l'offensive nazie contre l'URSS a "conduit" Staline à ne pas vouloir froisser Londres, et donc à l'éconduire ; c'est ainsi qu'il a finalement mis son Azad Hind Fauj (Armée de l'Inde Libre) au service du Japon et de l'Allemagne nazie (tout en posant comme ferme condition qu'elle ne soit pas engagée contre un autre adversaire que les Anglais, et surtout pas contre l'URSS)... Sans que de l'autre côté, le soutien de l'Angleterre n'ait vraiment été capital pour l'effort de guerre soviétique (c'est plutôt l'inverse qui a été vrai, si l'on regarde le nombre de divisions allemandes "fixées" puis détruites). D'autres solutions auraient certainement pu être envisagées, dans un esprit internationaliste voyant plus loin.

    Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres d'une logique qui à mon avis, avec 70-80 ans de recul, a plus retardé le triomphe de la révolution mondiale qu'autre chose.

    Au moment où le mouvement révolutionnaire se développe en Europe, tandis que tombent les vieux trônes et les vieilles couronnes, cédant la place aux
    centremlm.be

    votre commentaire



  • votre commentaire

  • ... que la Fédération de Syrie du Nord (Rojava) soit un "moindre mal", le "moins pire" endroit où l'on puisse se trouver dans cette région du monde en ce moment.

    Mais moi, pour moi ce "dossier" est clos et je suis déjà dans un AUTRE COMBAT : un combat IDÉOLOGIQUE contre celles et ceux qui voudraient démontrer, à travers Rojava et sa victoire sur les forces de Daesh et autres milices salafistes plus ou moins pro-Erdogan, que finalement le maoïsme voire même le léninisme "ça ne sert pas à grand chose" ; que ce ne sont guère que d'encombrantes reliques ; au profit d'une sorte de tentative de deux-fusionnent-en-un entre matérialisme marxiste et idéalisme anarchiste ou postmoderne (ce qui revient finalement un peu au même) ; tout ceci enveloppé dans l'argument, en fin de compte, OPPORTUNISTE IDENTITAIRE que des gens se sont battus, ont souffert, sont morts, et en plus maintenant sont victorieux.

    Il ne s'agit pas de mettre même une seconde cela en doute, et de ne pas saluer leur mémoire, mais d'une toute autre guerre qui est indispensable à la politique révolutionnaire, et qui est la guerre idéologique contre l'opportunisme.

    Comme le dit la formule consacrée, "on peut tuer un révolutionnaire mais pas ses idées", et de cela d'innombrables camarades martyrs attestent, y compris bon nombre ces dernières années en Rojava-Syrie ; MAIS PAR CONTRE, on peut tuer politiquement des opportunistes en tuant leurs idées, et de cela je n'ai pas l'intention de me priver.

    Rojava restera sans aucun doute, pour de nombreuses années encore, l'endroit où il fera le mieux vivre dans toute l'Asie du Sud-Ouest ; mais il ne faut faire aucun cadeau en termes de CRITIQUE POLITIQUE au Rojava victorieux d'après-guerre, pour montrer aux masses du monde ce qui arrive quand on n'est pas léniniste et encore moins maoïste. En l'occurrence, que l'expérience a eu et a sans aucun doute encore des aspects enthousiasmants ; mais aussi un aspect "tirailleurs de gauche" de l'impérialisme qui va en grandissant ; et qui est logique sur la base d'une idéologie confdem qui s'en prend principalement à des cibles idéalistes comme "l'État" ou "le masculinisme" et considère l'impérialisme voire même le capitalisme en tant que tel comme des problématiques tout à fait secondaires (pour le capitalisme, on pourrait presque parler d'un "classisme" découlant de l'autoritarisme étatique, et non d'un mode de production scientifiquement défini qui sous-tend absolument TOUTE la "modernité" mondiale actuelle !).

    En ce qui me concerne, je me suis planté sur le confédéralisme démocratique d'Öcalan parce que j'avais compris qu'il critiquait les tentatives d'implantation de l'État moderne "à l'européenne" qu'on observe dans la région depuis une grosse centaine d'années (et qui ont effectivement amené leur lot de massacres, génocides etc.). Mais non ! En réalité, il critique tous les modèles de société dans la région depuis que le triomphe de l'islam a mis fin à l'Antiquité gréco-araméo-perse... Et cela, un tel anti-matérialisme anti-historique, je ne peux l'accepter ; même sous les lauriers d'une éclatante victoire.

    Je ne veux pas, comme certains trotskystes, aller jusqu'à déplorer la victoire que les Kurdes de Rojava et leurs FDS viennent de remporter ; on peut bien sûr pointer du doigt les champs de ruines que sont Raqqa et Mossoul et les victimes civiles innocentes, mais non sans rappeler aussi le phénomène politique qui a été défait et la nécessité existentielle qu'avaient les peuples de la région de le défaire ; mais je ne veux pas non plus, sur le terreau de cette victoire, laisser prospérer les discours anti-matérialistes et les louanges à l'antimarxisme confdem que je viens de dénoncer.


    votre commentaire

  • ... une interview, enfin disponible en langue de Villers-Cotterêts, du commandant Altun du PKK, et notre critique sur celle-ci :



    Riza Altun : La mise en place de zones libres ont lieu pour la 1ère fois au Moyen Orient - RojInfo
    Altun a affirmé que la résistance et la lutte kurde ont changé le cours de la crise au Moyen Orient puis décrit les développements du Rojava comme une première…
    rojinfo.com


    CRITIQUE (réponse au sujet de l'article faite à un camarade qui nous l'avait transmis) :

    "Oui, en effet, on peut dire que ce Altun a un certain côté ML.

    Un certain côté ML tant (ce qui m'a fait halluciner) je vois dans son retracé historique des faits une sorte de mix fabuleux entre théories complotistes des campistes pro-Assad (Daesh est une création de l'Occident, de la CIA et du Mossad) et des gaucho-néocons-atlantistes (Daesh est une création d'Assad). À l'unique différence près que Daesh n'aurait pas été créé (par l'Occident) "pour avoir un prétexte d'intervenir" ou (par Assad) "pour se donner le beau rôle dans le conflit", mais TOTALEMENT ET UNIQUEMENT et dès le départ, pour écraser la cause nationale kurde.

    Tout, ou à peu près tout, dans le conflit irako-syrien depuis 2011 aurait été tourné vers le but exclusif d'écraser la liberté du Kurdistan... et puis d'un seul coup, "Kobané" aurait agi comme une révélation, une descente du Saint Esprit, et poussé tant l'Occident que Assad et les Russes à changer de cap à 180°, "par le même réalisme qui a conduit à s'allier avec l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale"...

    Hého... Calmos bonhomme. En 2011-2012, le PKK est surtout une organisation DÉCAPITÉE et engagée dans des discussions de paix avec Ankara (d'où l'apparition des Faucons de la Liberté, leur IRA Véritable à eux). Il n'y a plus que le "bunker" turc kémaliste dur et Loup Gris pour en rêver la nuit. La communauté internationale n'en a surtout PLUS RIEN À FOUTRE du PKK et encore moins de sa branche syrienne, réputée plus modérée. Ils sont encore sur la liste mondiale des organisations terroristes... comme le PCN-M l'était encore alors que Prachanda était Premier ministre depuis 2 ans, et Mandela (je crois) jusqu'en 2008 ! Il faut croire que les fonctionnaires chargés de ça ne sont pas très diligents...

    Le conflit syrien éclate en 2011, et chaque bloc impérialiste soutient ses "champions" : le bloc "oriental" Russie-Chine-Iran (et quelques éléments francouilles et européens), Assad ; le bloc occidental, l'"ASL". Les Kurdes sont neutres dans ce conflit entre Arabes. Tout ce qu'ils font, c'est s'auto-organiser politiquement face à la disparition pure et simple de l’État syrien dans leurs régions reculées, et s'autodéfendre quand les uns ou les autres essayent de les attaquer, de s'emparer de telle ou telle zone dans un but stratégique. Et la "communauté internationale" s'en fout complètement. Même la gauchosphère ne commence timidement à en parler que mi-2012, au moins ! (Tout ça pour ne SURTOUT PAS dire que c'était "mal", et que ce n'était pas - au contraire - EXCELLEMMENT JOUÉ de profiter ainsi de l'effondrement de l’État syrien !) 

    En 2014, l'Occident constate avec horreur l'échec de sa stratégie.

    En Irak, l'abandon du pays à un pouvoir chiite tourné vers l'Iran a conduit le triangle sunnite à faire bloc de résistance comme jamais sous l'occupation impérialiste. Bloc autour de l'EI... Les parentés tribales avec la partie syrienne de la vallée de l'Euphrate font le reste, pour leur permettre de s'y implanter aussi. En juin 2014, Mossoul tombe.

    Ils ont du fric. Des pétrodollars de leurs financiers privés du Golfe, mais aussi les trésors de guerre planqués par les tribus sunnites et le régime de Saddam lui-même dès 2002, en prévision de la guerre et de la résistance à l'occupation qui suivrait. À partir de juin 2014, la trafic de pétrole de la région de Mossoul, et l'argent pillé de la banque centrale de cette ville.

    En Syrie, l'ASL s'est désintégrée en une nébuleuse de groupes "islamiiiistes" aux pratiques de brigands, soutenus par X États de la région différents qui comptent eux-mêmes X États dans l’État. Donc coordination impossible et inefficacité militaire, mais ce n'est pas encore le pire. Le pire, c'est que ces groupes "ASL" se vident au profit de Daesh. Littéralement. Daesh qui a du fric, une apparence (du moins) de projet clair et exaltant, et (en apparence du moins) des décisions prises par sa propre direction et non des services secrets étrangers. Des financiers du Golfe certes, mais aussi et surtout un ancrage profond dans la réalité locale, celle de la résistance de l'Irak central sunnite dans les années 2000, avec l'Est syrien comme base arrière, une frontière qui était déjà (parfois même avec la bénédiction d'Assad, surtout quand l'Occident l'a viré du Liban) une passoire pour tous les trafics au profit de cette résistance. Bref. Un peu, mais dans une proportion encore plus gigantesque et terrifiante, comme quand l'impérialisme francouille a sponsorisé le MNLA touareg pour faire pression sur un président malien indocile, et s'est retrouvé avec le Qatar "rachetant l'équipe" (LOL) pour en faire Ansar Dine qui s'est allié avec AQMI et d'autres groupes djihadistes.

    Donc, le belligérant occidental-atlantiste du conflit syrien s'aperçoit que son "ASL" n'existe plus et que ses forces ont été aspirées par un ennemi absolument incontrôlable. Les courants antilibéraux-"anti-mondialistes" plus ou moins fascisants des bourgeoisies occidentales plaident pour un repli sur un soutien à Assad, appuyés en cela par leur mentor Poutine, mais ce n'est pas possible, après 3 ans à le diaboliser ça la foutrait trop mal.

    Restent donc les Kurdes, les YPG/YPJ... À qui Daesh ne cherche pas juste à prendre telle ou telle montagne pour en faire un surplomb stratégique, mais qu'il veut bel et bien annexer, soumettre et massacrer, car son projet "califal" fou s'étend jusqu'aux Balkans et au Caucase. Si on veut des gens motivés, par une question de vie ou de mort en l'occurrence, en voilà ! Reste à leur donner les moyens, qui leur manquent cruellement. En plus, ils ont la particularité de n'être liés à PERSONNE régionalement. Assad, c'est l'Iran et la Russie. Les groupes "ASL", c'est toujours la Turquie, le Qatar, l'Arabie saoudite, les Émirats, bref, avec en plus leurs États dans l’État complètement illisibles, et dont la tendance à suivre leurs propres agendas est désormais bien connue. Les Kurdes ne se rattachent à rien de tout ça, et en sont même cordialement détestés. Si l'OTAN les aide, ils ne seront redevables QU'À L'OTAN !!

    Est-il risqué de soutenir de telles forces ? Risque-t-on de reproduire "l'erreur" (nécessaire) de la Seconde Guerre mondiale, de s'allier avec Staline et de soutenir même indirectement des gens comme Mao, Hô Chi Minh ou Hoxha, qui ensuite dresseront mondialement les damnés de la terre contre l'impérialisme ? Ce risque semble contrôlé. Le projet kurde de Rojava n'est pas vraiment favorable aux intérêts capitalistes des monopoles, mais il n'a pas, même au niveau simplement régional, d'apparente vocation expansionniste, "missionnaire" de sa révolution comme le bolchévisme de Lénine et plus tard le maoïsme, le Vietnam pour toute l'Asie du Sud-Est, Cuba pour toute l'Amérique latine et même l'Afrique etc.

    Et puis surtout, et là je pense que plus d'un dans les officines s'est écrié "mais qu'est-ce qu'on a été cons !!" : LA GAUCHE.

    DEPUIS QUAND n'a-t-on pas soutenu de force dont on pouvait être CERTAINS que nos gauchistes des campus allaient la soutenir aussi ? Depuis 1945 (et avant cela, les gauchistes n'étaient pas "de campus"...), jamais, en fait. Pour les stals et les mao-stals, globalement, tout ce que l'Occident a pu soutenir était à ne pas soutenir, quand bien même quelques revendications auraient pu avoir une part de justesse. Les trotskystes et les libertaires appliquaient généralement le "ni-ni". JAMAIS on n'a pu s'appuyer sur une force qui serait en même temps la coqueluche de la gauche radicale (il faut dire aussi, peut-être, que JAMAIS la gauche radicale occidentale n'avait atteint un tel niveau de désorientation postmodernoïde et d'absence de recul critique ; sans vouloir nier les milliers de bonnes raisons de soutenir effectivement Rojava, ni vouloir dire que ce soutien impérialiste devrait signifier automatiquement retrait catégorique du soutien gauchiste). 

    C'est LÀ qu'il y a eu Kobané. Kobané a été la première manifestation de soutien militaire occidental massif, c'est vrai. Mais pas, justement, ce qui aurait "précédé" la "révélation" et le ralliement "contraint et forcé" ! La victoire de Kobané a été remportée en grande partie, DÉJÀ, grâce au soutien aérien de l'OTAN. Peut-être auraient-ils gagné quand même, on ne sait pas, mais alors ça aurait forcément été beaucoup plus long et avec infiniment plus de pertes.

    Encore une fois, puisque le bon sens l'interdit, je m'interdis de contester ce choix politique PYD-PKK-YPG-YPJ de victoire rapide et préservant le maximum de vies humaines d'une mort atroce ; le contraire n'a JAMAIS été mon propos.

    Mais voilà : CECI, que je viens d'écrire, est le retracé historique réel de ce qu'il s'est passé dans ce conflit ; et la raison pour laquelle le retracé de ce Altun me fait un peu halluciner, avec son complotisme kurdo-centré.

    Après, je ne nie pas en effet qu'il tient des propos virulents à l'encontre de l'impérialisme occidental (mais ce n'est pas le premier communiqué, ni la première interview d'un responsable YPG ou PKK à le faire). Il incarne, sans nul doute, cette ligne de gauche qui FORCÉMENT existe dans la lutte de lignes qui a sans doute déjà commencé là-bas. Reste entière la question, du poids que cette ligne peut faire face à la ligne de droite opportuniste à la Saleh Muslim ; surtout avec ce niveau franchement faible d'analyse des enjeux régionaux (puisque la particularité, et ce qui m'avait plu dans le PKK nouvelle mouture, c'était ce que je croyais être un positionnement de la lutte kurde dans le cadre d'une révolution régionale et non plus "étroitement" kurde). Désolé, mais analyser Daesh et les autres groupes djihadistes similaires comme une pure "création conjointe des ennemis des Kurdes" pour nuire à ceux-ci, sans UN MOT sur les racines de ce phénomène non seulement dans la guerre en Irak, mais dans TOUTE la politique impérialiste dans la région depuis Sykes-Picot, ce n'est pas un niveau d'analyse à la hauteur de se vouloir les "déclencheurs" d'une révolution démocratique dans tout le Machrek.

    En attendant, la dérive opportuniste se poursuit sous nos yeux quand on voit qu'un référendum pour une indépendance qui existe déjà de facto (et en principe le PKK n'est plus favorable à des logiques séparatistes...), et qui n'est en réalité qu'un sacre plébiscitaire pour un despote mafieux en fin de règne (contre lequel devrait être la seule révolution à l'ordre du jour dans cette partie du Kurdistan) et un "enregistrement" d'annexions territoriales, "ça n'a pas de sens de s'y opposer"... Ah, OK. La politique, c'est donc dire que "ça n'a pas de sens" de contester la volonté de 90% (et même probablement 70%, voire 60%) des gens et d'essayer d'en amener sinon 90%, du moins la majorité vers l'opinion contraire si celle-ci est juste. On se demande, en fait, quel "sens ça a" de faire de la politique tout court... Pourquoi prône-t-on une révolution anticapitaliste, au juste, si 90% des gens (au moins !) n'en veulent pas et sont favorables à la république bourgeoise ?

    Mais ça, ça rejoint en fait les critiques que je t'ai données à lire (et oui, j'ai vérifié, je te les ai fait lire !) de l'esprit assembléiste du confdem."

    **********

    "Cette interview d'Altun tourne pas mal sur Facebook... C'est un peu, j'ai l'impression, le repli et le flambeau d'espoir des gens sincères qui y ont cru. Malheureusement, pour moi cet espoir est un "espoir" qui s'appelle Kiran (et quiconque suit depuis un certain temps SLP sait que j'établis ces parallèles népalais en particulière connaissance de cause)... Toujours pas de Biplab en vue, et entre temps, on a vu au Népal que même Biplab n'avait rien redressé du tout de la barre.

    Öcalan fait partie de ces rares auteurs politiques chez qui, à chaque nouvelle lecture, on a l'impression de découvrir de nouvelles "perles" et on se dit encore plus "putain ce que c'est de la MEEEERDE" que la fois d'avant.

    Et Öcalan est le CHEF et un DIEU VIVANT pour tous les vaillants YPG et les vaillantes YPJ ; et pour celles et ceux qui vont au patac au Bakur idem. Sa tête est sur les drapeaux, tous les ouvrages dignes (encore que...) du nom de théoriques sont de lui : si il n'est pas le leader incontesté du Parti, alors Gonzalo était stagiaire du PCP.

    Öcalan a trahi, ou alors allons-y, Öcalan c'est Gonzalo et on énumère les diverses théories : tout est faux, il ne faut croire à rien tant qu'il est tenu au secret ; ou carrément il est mort et le gars qu'on voit de temps en temps est un sosie ; ou c'est lui mais contraint sous la torture, ou il est drogué, ou il a subi un lavage de cerveau... Bref. Peu importe, le résultat CONCRET, comme FORCE MATÉRIELLE agissant sur l'Histoire, est le même.

    Et Murray Bookchin a été son Alfredo Crespo. Celui qui a fait de la doctrine öcalanienne, en tout cas celle dont LES MASSES ont connaissance et qui les guide, une gigantesque récupération impérialiste "par la gauche".

    PERSONNE ne peut sérieusement croire une seconde que la barre va être redressée en deux coups de cuiller à pot alors qu'elle ne l'est pas depuis 11 ans au Népal et 25 ans au Pérou (où la trahison est peut-être, vraisemblablement même, un enfumage de l'ennemi mais en tout cas cet enfumage existe et c'est lui qui est force matérielle, j'y reviendrai). Et encore, au Pérou personne du MOVADEF n'a fait du pays une base yankee (il l'est, mais pas à cause d'eux), ni ne le prône, et même au Népal, entre rester protectorat indien, devenir protectorat chinois ou base US, l'indécision règne suffisamment à la tête pourrie du poisson pour que rien ne se fasse réellement..."


    3 commentaires

  • ... quand un individu (ici on l'appelle "Monsieur les Barbus de Saint-Fons"...) qui ne fait soi-disant "plus partie" d'une organisation, rédige pour cette même organisation un article qui rebondit de manière évidente sur quelque chose que vous avez écrit, multipliant les "clins d’œil" ("clins d’œil" qu'il faut vite apprendre, venant d'un tel "serpent" comme quelqu'un avait pu le définir à une époque, à ne pas croire "amicaux"...).

    Cet individu n'est pas un matéraliste-point-com du 'p''c''mlm' : il ne va pas vous contredire pour le principe de vous contredire, comme quand le 'p''c''mlm' brûle par exemple toutes les pages de son "Manuel d'Économie Politique MLM" consacrées aux luttes nationales dans l’État-prison "France" dès lors que vous avez pris fait et cause pour ces luttes. Lorsqu'il n'est pas possible de nier la justesse de ce que vous avez écrit (forcément quand ça se base purement et simplement sur Lénine...), il va, comme l'a fait pendant des années son organisation-dont-il-ne-fait-plus-partie, POMPER volontiers et allègrement ce que vous avez écrit de juste ; mais attention, cela ne sera jamais qu'un ENROBAGE pour les conclusions d'un OPPORTUNISME TOTAL, conformément à toute la ligne politique de son groupuscule, auxquelles il est fermement décidé à arriver ensuite.

    Concréto-concrètement : "Nous ne pouvons pas être sourds à l’aspiration de liberté portée par les 92% de « Oui » au référendum kurde", et "le (PKK) a fait comprendre que la victoire du oui étant acquise, cela n’avait pas de sens de s’opposer à la volonté du peuple"... Eh ben, le moins qu'on puisse dire, c'est que vivement pas que les 2/3 des gens en Hexagone votent pour un gars qui veut autodafer le Code du Travail, et le tiers restant pour un parti fasciste... Hein quoi ? C'est déjà le cas ? Ah bon ok...

    En gros, le gars nous explique par A + B que Barzani est un dictateur clanico-mafieux et un vendu à l'impérialisme. Qu’il n’y a pas les conditions minimales d’une démocratie même bourgeoise au Kurdistan d’Irak, où des opposants sont assassinés, d’autres disparaissent etc. Que le Kurdistan d'Irak est indépendant de facto depuis 1992... et donc que ce référendum n'a en réalité vocation qu'à être un plébiscite pour ce despote en fin de règne, et (SURTOUT) à entériner les "acquis territoriaux de la guerre contre Daesh", territoires pourtant loin d'être "purement" kurdes et donc, qu'annexer au Kurdistan barzaniste reviendrait à placer dans un système d'oppression nationale des populations non-kurdes. Que, chose sans doute impensable il y a encore 10 ans, la scène politique locale a vu suffisamment clair dans l'embrouille pour que quelques partis osent S'OPPOSER à la mascarade (!).

    MAIS... comme 92% des gens ont voté oui, alors vox populi vox dei, "ça n'a pas de sens" de se positionner à l'encontre. On est vraiment, vraiment contents d'apprendre quelque chose d'aussi fabuleux : faire de la politique, c'est donc dire que "ça n'a pas de sens" de contester la volonté de 90% (et même probablement 70%, voire 60%) des gens et d'essayer d'en amener sinon 90%, du moins la majorité vers une opinion contraire si l'on considère que celle-ci est juste. On se demande, en fait, quel "sens ça a" de faire de la politique tout court... Pourquoi prône-t-on (ici en Hexagone) une révolution anticapitaliste, au juste, si 90% des gens (au moins !) au jour d'aujourd'hui n'en veulent pas et sont favorables à la république bourgeoise telle qu'elle est ?

    Et donc ouf, "sauvés", le PKK auquel on voue un culte absolu n'a donc pas fait preuve du plus total opportunisme en adoptant (peut-être de manière plus complexe ? en tout cas, c'est en ces termes simples que c'est décrit...) strictement cette même position. Alors même que, comme on l'a dit, le Kurdistan d'Irak est déjà indépendant de fait depuis 25 ans et que le PKK ne prône de toute façon plus (en principe) des indépendances "sèches" en mode nationaliste dans la région, mais plutôt (si l'on voulait résumer) de larges autonomies en "interaction dialectique" avec la démocratisation des États existants, elle-même "chemin" (en quelque sorte) de leur "dépérissement" ; qu'il s'oppose par ailleurs (toujours en principe) tout aussi fermement à l'imposition d'un État nationalitaire "strict" sur des zones multiethniques (mais étrangement sur ce point, sous la plume de notre "ami", l'impression qu'on a est que ce qui est reproché à Barzani c'est d'avoir perdu ces zones... qui auraient donc "dû" rester "kurdes" ?) ; et qu'en toute logique la SEULE question qui devrait être à l'ordre du jour au Kurdistan d'Irak, du point de vue de son idéologie "confédéraliste démocratique", c'est la gestion (justement) antidémocratique et réactionnaire de celui-ci et donc une révolution contre Barzani (que le référendum avait au contraire vocation à renforcer et plébisciter)... Comment appeler donc, dès lors, autrement qu'opportuniste la position comme quoi cela n'aurait "pas de sens" de nager à contre-courant de ce référendum (ce qu'en l'occurrence, un parti social-libéral de centre-centre-centre-gauche a fait) ?

    Et au demeurant, discuter de la conformité du PKK à son propre "confédéralisme démocratique" est une chose ; mais se conformer, quand on se veut léniniste, aux principes léninistes, en est une autre et encore mieux. Principes léninistes qui sont que tout absolu et nécessaire que soit le principe du droit à l'autodétermination des peuples, seul moyen de résoudre les contradictions dites nationales au bénéfice de l'UNITÉ entre lesdits peuples contre le Grand Capital, on ne peut pas apporter de soutien POSITIF, "actif" à un processus politique qui sert ouvertement la pénétration de l'impérialisme dans une région semi-colonisée ("impérialisée", dominée par l'impérialisme), puisque de toute façon, passer d'une oppression nationale "de proximité" à une "indépendance" fantoche de pion de l'impérialisme sous un régime satrapique n'est en rien une libération pour ce qui nous intéresse, à savoir le PEUPLE (et à plus forte raison si l'"indépendance" visée est en fait acquise dans les faits depuis un quart de siècle, l'objectif réel de la manœuvre étant donc autre, offrir un sacre plébiscitaire au satrape par exemple...).

    Mais attention attention... Vous ne croyiez pas, n'est-ce pas, que ça allait se passer comme ça ? Pour notre "ami" (et là, une contamination 'p''c''mlm' est peut-être à envisager...), soulever toutes ces questions, rappeler tous ces principes ne peut relever que d'un "complot complotiste" (LOL) non pas "hitléro" mais (il fallait bien se renouveler...) "qataro-erdogano-trotskyste" (barbu ou pas, de Saint-Fons ou pas)... Reste à savoir (peut-être faudrait-il lui poser directement la question) si c'est ce "complot" qui a malicieusement placé les dizaines de drapeaux israéliens dans les rassemblements pour le plébiscite barzaniste à Erbil et alentour, qu'il ne nous semble pas (ma foi) avoir inventés ; ou encore plus pervers pour notre pauvre "ami" fan du PKK, les propos étrangement siono-complaisants qui apparaissent parfois sous la plume d'Öcalan dans son ouvrage sur le "confédéralisme démocratique" [tant qu'à faire, vous pouvez lire tout l'article de critique des camarades de VP : http://ocml-vp.org/article1637.html et le tenir grosso modo pour notre position sur la question – sauf peut-être le point sur le "point de vue ambigu (du PKK des années 1990) sur les mouvements islamistes", sur lequel, si c'est une critique, alors nous sommes d'accord avec le point de vue critiqué du PKK de l'époque].

    Comme si tous les trotskystes avaient une position unifiée sur la question ; mais surtout : 1°/ le cocktail idéologique d'Erdogan, par lequel il a littéralement "siphonné" électoralement ce qu'on appellera "la droite" de la république kémaliste tardive des années 1980-90, ne fait sens que dans un contexte turc, 2°/ la communauté turque n'est pas (de loin) la plus importante communauté musulmane d'Hexagone, et donc par conséquent, 3°/ si des Maghrébins d'Hexagone (barbus de Saint-Fons ou pas) peuvent faire preuve disons d'"erdogano-complaisance", cela ne peut pas être pour ces raisons turco-turques. Mais bien plutôt, justement, parce qu'Erdogan n'a pas tout à fait "jamais rien fait pour les Palestinien-ne-s", quels qu'aient été le pragmatisme machiavélique et les arrière-pensées expansionnistes "néo-ottomanes" derrière ce qu'il a fait ; pas tout à fait "jamais rien fait"... contrairement à la république "laïque" antérieure, dont on a d'ailleurs de plus en plus furieusement l'impression, lorsqu'on lit nombre d'analyses de la situation anatolienne et du "phénomène" Erdogan, qu'elle n'a tout simplement jamais existé, et que l’État turc est littéralement apparu à la surface de la Terre avec son actuel (et exécrable) "sultan".

    Un "phénomène" Erdogan que SLP a longuement analysé, dans toute sa durée et ses implications depuis l'émergence électorale de ce qui n'était pas encore l'AKP dans les années 1990, jusqu'aux très importants revirements et mutations de ces (disons) 5 dernières années ; analyses qui ne le placent clairement pas dans le camp du peuple, sinon à la manière dont on pourrait y placer tout populiste ; mais qui permettent néanmoins de comprendre son aura politique bien au-delà de la Turquie et des diasporas turques d'Europe, notamment dans les communautés musulmanes non-turques, et si l'on voulait renchérir encore dans la méchanceté, on pourrait ajouter au Kurdistan (où il a longtemps été la première et reste encore aujourd'hui la deuxième force électorale derrière le HDP, la seule unanimité étant de ne plus vouloir entendre parler du kémalisme...) et dans les diasporas kurdes (dont les militants PKK ne sont qu'une minorité).

    De comprendre cela, en tout cas, de manière bien plus matérialiste qu'à travers un "complot" de ses officines ou de celles du Qatar (ou de Tariq Ramadan, tenez... c'est le moment ou jamais de le placer celui-là, non ? plus qu'en 2009 en tout cas...).

    Quant à ce qui est d'être vigilants, méfiants vis-à-vis de ce qu'il se passe au Kurdistan, des pentes savonneuses qui peuvent à tout moment y être prises, cela n'a, comme on l'a dit, pas forcément à voir avec une quelconque identité musulmane opprimée qui pousserait à admirer le seul "vrai leader" musulman sunnite présent sur la planète aujourd'hui, mais peut simplement résulter d'une application rigoureuse des principes léninistes.

    Lénine et les bolchéviks qui ont TOUJOURS défendu avec la dernière fermeté les droits nationaux des peuples, qui ont sur cette base tactiquement accepté, même, des indépendances vis-à-vis de l'ex-Empire russe ayant servi à constituer un "cordon sanitaire" contre la révolution qu'ils dirigeaient (Pologne, Finlande, Pays baltes) ; mais qui n'ont pas hésité non plus, POLITIQUEMENT, à critiquer par exemple le nationalisme arménien et la "Grande Arménie" fantoche de l'impérialisme que les Alliés vainqueurs de 1918 projetaient dans tout le quart nord-est de l'actuelle Turquie et qui servait par ailleurs d'ores et déjà de base arrière aux armées blanches contre-révolutionnaires russes (voir ici la description de la situation par Zinoviev) ; cela alors même que le Peuple arménien sortait d'un véritable génocide !

    On a "célébré" l'année dernière le centenaire des Accords Sykes-Picot ; cela l'"organisation" dont il est question ici en a parlé dans un article, même si l'absence de ses "clins d’œil" laisse à penser que notre "ami" n'en était pas l'auteur. Des conférences sont organisées un peu partout en ce moment même pour le centenaire de la Déclaration Balfour ; et l'on s'achemine tout doucement vers le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, et donc des TRAITÉS (Sèvres, Lausanne) qui l'ont suivie. C'est CELA, qui fonde la situation actuelle et qui doit être la base de TOUTE NOTRE LECTURE POLITIQUE de cette région du monde !

    Et sur la carte du Traité de Sèvres (1920), on observe ainsi aisément... qu'un projet d’État kurde existait ; avant que la bourgeoisie turque ne se rebiffe avec Kemal et sa "guerre nationale" (que soutiendront tactiquement... les bolchéviks et l'Internationale communiste naissante) et n'oblige les Occidentaux à reculer sur ce point et d'autres, pour donner naissance à la Turquie dans ses frontières actuelles. Autrement dit : les Kurdes ne sont pas plus "par essence" des "agents de l'impérialisme et du sionisme"... que l'impérialisme n'est PAR PRINCIPE opposé à leurs droits nationaux (pourquoi le serait-il, au juste ?). La vérité, c'est plutôt que l'impérialisme "joue" (en quelque sorte) avec ceux-ci, appuyant leurs revendications ou au contraire leur répression selon comment ça l'arrange.

    C'est la réalité matérielle qui engendre la conscience, les conceptions et les pratiques. Le PDK et l'UPK du Kurdistan d'Irak n'ont jamais vraiment été aussi révolutionnaires que le PKK (qui n'a lui-même jamais été maoïste ni même vraiment marxiste-léniniste), mais cela ne signifie en rien que leur lutte aurait été "éternellement illégitime" (ce qui entrerait au demeurant en contradiction lourde avec la conclusion de l'article, qui n'est de toute façon qu'une contradiction après l'autre...) et celle du PKK "éternellement légitime" : non seulement ces forces étaient totalement légitimes à défendre le Peuple kurde contre la brutale oppression de Saddam Hussein, mais ce n'est pas là la principale raison du sinistre (mais hélas réaliste) tableau qu'en dresse notre "ami" actuellement. La principale raison de cet état de fait, c'est que lorsque Saddam s'est soudainement retourné contre ses soutiens impérialistes de la veille (contre l'Iran) et a envahi le Koweït en 1990, ces forces (et la cause kurde en Irak, exclusivement en Irak) sont tout aussi soudainement devenues LÉGITIMES pour l'impérialisme... et des pions de celui-ci. C'est CETTE SITUATION (à partir de 1990) qui a principalement fait du PDK et de l'UPK ce qu'ils sont devenus aujourd'hui : des ramassis mafieux de satrapes pro-impérialistes.

    La légitimité de Rojava depuis 2011 est simple : elle est de défendre le Peuple kurde de cette région contre les violences, les massacres que ce soit du régime d'Assad, des "rebelles" pro-turcs et surtout, du projet "califal" génocidaire de Daesh ; et de plus, dans ces conditions extrêmes d'état de guerre total, de parvenir à garantir à cette région et à sa population un fonctionnement politique relativement démocratique. Mais si demain les YPG/YPJ de Rojava deviennent objectivement des soldat-e-s de l'impérialisme occidental pour, en "front" (FDS-QSD) avec ce qu'il reste de "pas trop islamiste" dans la rébellion armée arabe anti-Assad, contrôler à sa solde un (disons) petit tiers nord-est de la Syrie ; opprimant les populations arabes sunnites et perpétuant ainsi le cocktail de conditions qui en Irak a donné naissance à Daesh ; alors ils ne seront plus "légitimes". Les mêmes conditions qu’au Kurdistan PDK-UPK d’Irak auront tout simplement, au bout de quelques années ou au "mieux" d'une décennie, les mêmes résultats.

    Accepter le soutien de l'impérialisme, parfois avec l'"excellent" motif de lutter tout simplement pour sa survie, signifie-t-il forcément en devenir un valet ? Non, absolument pas. L'exemple typique en est la Seconde Guerre mondiale : l'URSS s'est alliée avec les impérialismes occidentaux contre l'Axe fasciste et a autant bénéficié de leur effort de guerre qu'ils ont bénéficié du sien ; et TOUTES les guérillas communistes antifascistes d'Europe et d'Asie ont bénéficié plus ou moins directement des actions militaires des États-Unis, de l'Empire britannique, de la "France libre" etc. La question essentielle qui est posée ici est celle de la politique au poste de commandement, de la LIGNE POLITIQUE des forces révolutionnaires qui leur permettra ou non de ne pas succomber aux "balles enrobées de sucre" de la trahison (et c'est là que l'honnêteté impose d'ajouter... qu'en dehors de Mao, Hô Chi Minh, Hoxha, des héroïques grecs hélas écrasés dans le sang et de quelques autres, cette "alliance objective" avec le capitalisme "antifasciste" a été pour beaucoup de forces communistes le début du naufrage révisionniste et réformiste).

    C'est donc là-dessus que doit s'exercer tout particulièrement la vigilance : en l'espèce, sur la ligne politique du PKK et des YPG, non seulement dans les discours mais aussi en pratique. Tout PKK qu'il soit, et tout fanboy qu'en soit notre "ami".

    Rien n'est encore "plié", et rien ne l'est de toute façon jamais en réalité, car les trahisons à ce niveau-là des choses entraînent généralement des scissions et la naissance de nouvelles forces révolutionnaires. Mais ce n'est pas être un agent trotskyste d'Erdogan et du Qatar que de scruter les évènements avec vigilance, surtout dans une région du monde où (il pourrait n'y avoir qu'une seule raison, celle-là...) le sang a déjà ÉNORMÉMENT COULÉ et où la plus grande sévérité politique envers tout ce qui pourrait encore alimenter cette spirale infernale en place depuis un siècle, plutôt que d'en sortir, est parfaitement justifiée.

    La légitimité des Kurdes de Rojava à défendre leurs vies tout en essayant de bâtir une société démocratique, leur héroïsme d'aller sauver les Yézidis du Sinjar lâchement abandonnés par les séides de Barzani, tout ceci n'est pas en question, pas plus que la sincérité et le courage des internationalistes qui ont pris les armes à leurs côtés (encore que l'on puisse prendre la liberté de dire qu'on aurait aimé voir un tel engagement en faveur de la Palestine par exemple, mais ceci s'adresse de toute façon aux gauches radicales occidentales et non aux Kurdes...).

    SUR LA LIGNE POLITIQUE DU PKK, qui est la question cruciale pour le déroulé ultérieur des évènements : SLP partage dans les grandes lignes les critiques de l'article de VP en lien plus haut (et elles ne sont pas minces). Ou encore, autre analyse à lire absolument : anti-imperialiste.org/la-cause-kurde-et-la-liberation-des-peuples-du-moyen-orient/

    En cas de dérive liquidatrice, il est bien évident que "ça ne se passera pas comme ça" et qu'il y aura résistance des tenants d'une ligne révolutionnaire ; mais restera alors entière la question du poids que fera cette résistance face aux liquidateurs.

    Les pratiques des FDS-QSD dans les zones arabes arrachées à Daesh autour de Raqqa doivent être scrutées avec vigilance, les questionnements sur ce point sont légitimes.

    Le référendum barzaniste au Kurdistan d'Irak n'est PAS légitime ; la seule "indépendance" supérieure (à celle qu'il y a déjà) que puisse encore acquérir cette partie du Kurdistan étant l'indépendance vis-à-vis de l'impérialisme occidental, autrement dit une révolution démocratique contre Barzani et non un pseudo-"référendum d'indépendance" en réalité plébiscite en sa faveur ; PAR CONSÉQUENT, dire que "ça n'a pas de sens de s'y opposer" vu que "92% ont voté oui" est de l'opportunisme et le qualifier ainsi est non seulement un droit mais un devoir pour un maoïste alors que des maoïstes sont engagés et risquent leurs vies aux côtés du PKK (la "défense" pourra certes légitimement faire valoir que le PKK n'a cherché qu'à protéger les populations une nouvelle fois abandonnées par les barzanistes et promises aux représailles de Bagdad, mais alors pourquoi, dans un article prétendument sérieux et "de connaisseur", présenter les choses de cette manière et en plus le défendre !?).

    Cette position opportuniste n'est pas totalement abracadabrantesque et surgie de nulle part ; elle prend racine dans la logique assembléiste et consensualiste du "confédéralisme démocratique", et son refus de la politique comme lutte des idées justes contre les idées fausses : "Les conseils sont ouverts « à toute la population », les prises de décisions doivent se faire au consensus, avec l’idée qu’il n’y a pas dans la société des intérêts inconciliables, mais que tous les désaccords peuvent être réglés par la discussion et l’accord. Il faut, dit-il, respecter les opinions divergentes, sans faire de différences entre elles... même celles de nos ennemis de classe ?" (...) "Mais le consensus est-il toujours possible ? À certains moments, pour avancer, il faut trancher, et choisir un point de vue plutôt qu’un autre lorsque l’accord n’a pas été possible sur le moment. Pour nous, la démocratie véritable, ce n’est pas l’autonomie à l’extrême, que chacun puisse faire ce qu’il veut chez soi ; c’est que tous, nous ayons notre mot à dire sur tout, quitte à ce que l’avis majoritaire s’impose à l’avis minoritaire, tout en respectant ce dernier." (article de VP). L'assemblée confdem est finalement, en un sens, l'organe politique postmoderne par excellence, où tous les points de vue se valent, où seul peut se dégager un "consensus" entre ces points de vue (bonjour !) et où il ne faut surtout en "opprimer" aucun (le localisme garantissant que tous les points de vue soient de "premiers concernés")... De même que pour l'"organisation" de notre "ami", au fond, il ne devrait pas y avoir de contradictions idéologiques dans le camp anticapitaliste (du moins), à traiter en défendant son point de vue ; cela n'aurait "aucun sens", tout se vaut et "deux fusionnent en un" ; et lorsque ces contradictions éclatent malgré tout (le dur principe de réalité, vous savez...), elles doivent être dissimulées sous la seule contradiction qui finalement "vaille" : celle avec de prétendus comportements "problématiques" individuels.

    Ce référendum ayant pour but réel, outre un plébiscite pour Barzani, d'entériner les "acquis territoriaux de la guerre contre Daesh" et de les intégrer dans un État kurde ; un soutien du PKK à celui-ci rejaillit directement sur l'autre question de la gestion des zones arabes prise à Daesh en Syrie (bien que la "défense" arguera ici que les FDS ne sont plus "kurdes" mais désormais à 60% arabes, cela dit la direction est bien toujours kurde, non ?).

    De manière générale, à notre "ami" qui il y a quelque temps déjà, contestant le soutien que SLP apportait à la légitimité de base des soulèvements arabes de 2011, nous disait qu'on "ne peut pas jouer le féodalisme (comprendre, car il faut parler clairement dans la vie, L'ISLAM) contre l'impérialisme" ; nous serions tentés de répondre que ses amis du PKK, et lui par la même occasion, semblent avoir de plus en plus tendance à "oublier" la contradiction fondamentale avec l'impérialisme et le sionisme dans leur confrontation avec le "féodalisme" (l'idéologie "islamiste" réactionnaire de Daesh et des groupes "syriens libres" non encore ralliés aux FDS) et les oppresseurs nationaux "de proximité"... Or l'enseignement fondamental du marxisme-léninisme-maoïsme est que les pays dits du "Sud global" sont SEMI-COLONIAUX (dominés par l'impérialisme) ET SEMI-FÉODAUX (aux mains, en clair, d'oligarchies et de forces réactionnaires locales) et que, s’il peut arriver que ces deux aspects ne marchent pas "main dans la main" et qu'il faille temporairement déterminer entre eux un ennemi principal et un ennemi secondaire, il ne faut JAMAIS perdre aucun des deux de vue.

    Voilà où nous en sommes, et tout ce que nous pouvons dire à ce stade. Rien de plus sur la situation concrète là-bas ; après, démonter un énième monument d'opportunisme d'une "organisation" spécialiste en la matière (toute cette histoire autour du PKK et de Rojava n'ayant en fait, pour eux, d'autre vocation que de "démontrer" l'"inutilité" du maoïsme et de la Guerre populaire), de ce type d'opportunisme qui prépare le désarmement idéologique des internationalistes d'ici et d'ailleurs au cas où ça tournerait au vinaigre là-bas (au Kurdistan), c'est autre chose.

    [Si nous étions vraiment méchants, nous rappellerions qu'il y a une huitaine d'années, un de leurs potes du pseudo d'"Oppong" nous expliquait par mail qu'il fallait souhaiter la victoire des impérialistes en Afghanistan et, au détour de cela, que TOUT le mouvement de soutien à la Palestine en Hexagone n'avait "d'autre motivation que l'antisémitisme"... Mais comme nous ne sommes pas (en fait) méchants, nous ne dirons pas que TOUT le mouvement de soutien à Rojava et au Kurdistan en Occident n'a "d'autre" motivation que l'ISLAMOPHOBIE ; mais simplement qu'une PARTIE est néanmoins dans ce cas, et que notre "ami" et son groupuscule dont il "ne fait plus partie" le sont (pour être capables, par exemple, de voir dans les "barbus" d'une banlieue lyonnaise une "menace" pour des féministes afghanes dont ces "barbus" n'ont probablement jamais entendu parler, et très vraisemblablement rien à foutre).]

    [Pour ce qui est de cette arabo-islamophobie qui motiverait, à des degrés divers et difficilement quantifiables, les fanas de la cause kurde et de Rojava ; sans même aller jusqu'à parler de siono-complaisance, pour forte qu'en serait pourtant la tentation quand on voit le genre d'individus avec lesquels certainEs de l'"organisation" de notre "ami" devisent tranquillement ; il faut dire que sous la plume d'"Apo" Öcalan lui-même... voilà quoi : islamophobie-oecalan.png - islamophobie-oecalan-2.png]

    [PS : il semblerait que suite à cette critique, de "petites modifications" soient intervenues dans l'article original. Ce ne serait pas la première fois, c'est même une pratique constante de ces opportunistes. Il n'en reste pas moins que le centre du propos reste inchangé : il ne serait pas possible (et le PKK aurait eu raison de ne pas le faire) de contester le résultat à la Bongo d'un "référendum" en réalité plébiscite pour un satrape et appel au nettoyage ethnique des "acquis territoriaux de la guerre contre Daesh", quand bien même il est explicitement dit que les opposants audit satrape sont pourchassés, battus, assassinés, "disparus", les sièges de leurs partis attaqués et brûlés par des nervis du pouvoir, etc.

    VIVEMENT PAS, pour prendre encore un autre exemple, qu'au soir du 21 décembre les élections en Catalogne prennent des airs de référendum anti-indépendance avec une nette avance du bloc espagnoliste PS-PP-Ciutadans, dans des conditions un chouïa moins violentes mais tout aussi antidémocratiques sur le principe... On voit mal ce qui pourrait, mieux que cette position, entretenir la "confusion entre la gauche kurde et le régime de Barzani" sur laquelle sont censés surfer les agents trotskystes d'Erdogan et du Qatar. Rigolo aussi que dans un article plus récent encore, soient critiquées les positions révisionnistes de Domenico Losurdo (qu'il nous arrive de citer ici pour les quelques choses qu'il peut dire de justes) selon lesquelles il "faudrait" soutenir les peuples opprimés en lutte jusque dans leurs erreurs totales, leurs reculs, leurs capitulations si tel est leur "agenda"... Losurdo n'allant pourtant jamais jusqu'à soutenir (son soutien à Compaoré restant déjà à démontrer...) un "référendum"-plébiscite, applaudi par Israël, en faveur du dirigeant politique le plus servile envers l'Occident et pro-israélien depuis le Golfe de Syrte jusqu'au Delta du Gange !!]

    ["Peuple sans État depuis 2500 ans" : sans État peut-être, mais grotesque quand même... L'oppression nationale des Kurdes est en fait un phénomène très récent, résultant de la reconfiguration impérialiste du Proche et Moyen Orient entre 1919 et 1923. Il fallait déjà, pour cela, que la notion même d'"État-nation" fasse son apparition dans la région, ce qui n'est pas le cas avant la fin du XIXe siècle. À l'époque féodale, lorsque la civilisation islamique (entendue comme concept englobant y compris les non-musulmans) tenait lieu de "nation", les plus grands dirigeants comme Saladin pouvaient être kurdes, régnant sur des sujets majoritairement arabes. Et par la suite, sous l'Empire ottoman, les Kurdes ont plus qu'autre chose "secondé" le pouvoir turc. Lorsque celui-ci, à partir du XIXe siècle, a commencé à se "durcir" en mode oppression nationale turque sunnite sur les autres populations, les Arabes musulmans, les Arabes chrétiens "assyriens" ou encore les Arméniens, ils ont participé aux massacres et aux spoliations. Alors certes, tel n'est sans doute pas le discours idéo-mythologique qui a été servi à notre "ami" par ses amis sympathisants du PKK. Mais ce n'en est pas moins la réalité historique. Voilà qui illustre encore une fois, s'il le fallait, l'anti-matérialisme de notre "ami" et de son "organisation".]


    votre commentaire

  • http://www.revolutionpermanente.fr/Coup-bureaucratique-de-P…


    La « gauche radicale » du Roi et du Régime


    Coup bureaucratique de Pablo Iglesias dans Podemos Catalogne pour imposer sa ligne espagnoliste


    Rajoy a appliqué l’article 155 suspendant l’autonomie de la Catalogne pour éviter que celle-ci ne déclare son indépendance. Pablo Iglesias, leader de Podemos, a décidé d’intervenir dans la section catalane de son parti pour imposer sa ligne espagnoliste en dépit de la direction locale. Les nouveaux visages du vieux monolithisme.

    Philippe Alcoy

    La répression du gouvernement central lors du référendum du 1er octobre, le discours virulent du roi ; la réponse dans les rues et à travers la grève du 3 octobre ; l’application de l’article 155 de la constitution espagnole annulant l’autonomie de la Catalogne, une première depuis 1978 ; la déclaration de l’indépendance vendredi dernier et l’intervention de Madrid cessant le mandat des élus du gouvernement catalan et imposant des élections le 21 décembre prochain. Voilà les faits qui marquent la crise la plus importante qu’un pays central de l’UE ait connu depuis plusieurs décennies.

    Dans ce contexte tendu, la scène politique est en train de bouger très rapidement en Catalogne et dans l’État Espagnol. Un bloc espagnoliste-monarchiste s’est très rapidement constitué entre le Parti Populaire du président Mariano Rajoy, Ciudadanos (parti de droite dure, un « Podemos de droite ») et le PSOE (la social-démocratie) pour contrer le « bloc souverainiste » en Catalogne.

    Entre ces deux « blocs », Podemos et son partenaire Izquierda Unida ont voulu maintenir une position soi-disant intermédiaire. En même temps qu’ils dénonçaient l’utilisation de la force en Catalogne, ils se montraient tout à fait opposés à une déclaration d’indépendance unilatérale (DUI) en Catalogne, préférant l’organisation illusoire d’un référendum pactisé avec le régime de Madrid.

    Cependant, avec la déclaration d’indépendance de la Catalogne de vendredi dernier, le jeu de Podemos ne pouvait plus être dissimulé et son caractère espagnoliste s’est révélé au grand jour. Non seulement la formation de Pablo Iglesias a refusé de reconnaître l’indépendance, mais elle s’est rapidement prononcé pour la participation aux élections du 21 décembre prochain imposées par Madrid dans le cadre de l’application de l’article 155. Podemos non seulement légitime mais valide l’application du 155, malgré tous ses discours pseudo-démocratiques.

    Dans ce contexte d’un tournant ouvertement pro-régime, la direction centrale du parti à Madrid, à la tête de laquelle se trouve Pablo Iglesias, a commencé à s’irriter de sa section catalane et de ses positions « ambiguës » vis-à-vis de l’indépendance catalane. La direction étatique de Podemos critique à sa section catalane le fait que l’une de ses députés « n’a pas voté contre la déclaration d’indépendance et a salué publiquement la nouvelle république catalane ».

    Deux faits cependant ont particulièrement irrité Iglesias. Le premier c’est que le secrétaire général de Podem Catalunya, Albano Dante-Fachin, a déclaré samedi dernier qu’il était contradictoire de participer aux élections du 21 décembre prochain et qu’il souhaitait former un bloc avec des forces souverainistes catalanes.

    Le second fait qui a inquiété la direction de Podemos c’est la déclaration du courant « Anticapitalistas » dans laquelle ils reconnaissent implicitement la république catalane indépendante ouvrant un processus constituant et « rompant avec le régime de 1978 ». Le courant Anticapitalistas est d’ailleurs majoritaire dans le Comité Central de Podemos Catalunya. Selon Iglesias, avec ces déclarations « Anticapitalitas » se trouve « politiquement en dehors de Podemos ».

    Ces deux facteurs ont été suffisants pour que Pablo Iglesias décide de lancer son « 155 interne » et destitue le leader de la section catalane, Albano Fachin. En affirmant que « les alliances électorales sont décidées par les inscrits et les inscrites », Pablo Iglesias a imposé une consultation, depuis Madrid, pour pousser la section catalane à former une alliance avec le courant de la maire de Barcelone Ada Colau, qui s’est à plusieurs reprises prononcé contre l’indépendance, allant même jusqu’à saluer la manifestation espagnoliste de dimanche dernier comprenant des groupes d’extrême droite franquiste.

    Il faut mentionner que cette pression de la part de la direction de Podemos sur les voix dissonantes à l’intérieur du parti commence à ouvrir des brèches au sein d’Anticapitalistas. Ainsi, dimanche dernier, deux des principales figures publiques de ce courant interne de Podemos, Teresa Rodriguez (coordinatrice de Podemos Andalousie) et José María González « Kichi », maire de Cadix, ont publié un communiqué se désolidarisant de leurs camarades et affirmant, comme Pablo Iglesias, qu’ils « continuent à parier sur la voie du dialogue et de la négociation pour arriver à un référendum pactisé comme issue de la crise ».

    Ainsi, malgré les discours, la formation de Pablo Iglesias est en train de révéler son caractère complètement bureaucratique et pro-régime. Podemos apparaît comme la « gauche radicale » de la monarchie des Bourbon et du régime de 1978, héritiers directs tous les deux du franquisme. Et il semblerait qu’il est même en train d’entraîner avec lui des morceaux importants du courant Anticapitalistas.

    Crédits photo : Francisco Seco / AP


    votre commentaire

  • Émigration clandestine, une forme de résistance

    par Sadri Khiari


    La semaine dernière, j’ai parlé de cette affaire qui nous a tous révoltée : la mort et la disparition de plusieurs dizaines de jeunes qui avaient tenté de quitter le pays à bord d’une frêle embarcation. Ils seraient peut-être aujourd’hui heureux d’être ailleurs, triomphants mais inquiets, certes confrontés à de nouvelles incertitudes mais bien aises d’avoir réussi leur évasion si leur petit rafiot délabré n’avait étrangement été percuté par un navire militaire chargé de la surveillance des frontières maritimes.

    « Un oiseau fut abattu d’un coup de fusil. Il venait de franchir la frontière »

    Gonçalo M.Tavares, « Monsieur Brecht »

    Le drame a suscité de nombreux commentaires qui m’incitent à en dire encore un mot. Il est courant quand on évoque l’émigration clandestine de rappeler les conditions sociales, politiques, culturelles qui disposent tant de jeunes tunisiens à affronter une fois, deux fois, dix fois, l’aventure périlleuse de la « 7ar9a ». Le mot qui revient le plus souvent pour expliquer leur motivation est le « désespoir ».  Je ne discuterai pas de la pertinence de ce type d’analyses, tout à fait opportunes pour pointer du doigt la responsabilité de nos gouvernants et sans doute pour une part justifiées. Elles tiennent plus cependant du genre de décryptages auxquels s’adonne (parfois utilement) la sociologie, voire la psychologie, que de l’analyse politique proprement dite, c’est-à-dire de l’analyse qui est au cœur du combat. Mais ce que je leur reprocherai surtout, c’est qu’en se concentrant sur les raisons qui s’imposent aux volontaires pour la « 7ar9a », en faisant de leur vouloir la simple expression du désespoir, on les ampute de leur dignité. Ces jeunes, prêts à traverser la Méditerranée sur de vieux Zodiacs de croisière complètement pourris, seraient finalement des êtres passifs, victimes du pouvoir, victimes des « passeurs », victimes de leur propre désespoir.

    Un texte excellent qui rejoint ce que nous avons toujours dit sur la question :

    J’affirme pour ma part qu’ils sont aussi des résistants. Leur fuite hors du pays est un acte de résistance. Oui, elle est aussi cela. Une fuite individuelle, un acte de résistance collective qui mobilise souvent aussi leurs proches, leurs réseaux de connaissance et des gens pour qui la solidarité n’est pas un vain mot. Fuir dans son sens habituel, c’est refuser l’affrontement. La fuite a généralement une connotation péjorative ; elle est souvent assimilée à un acte de lâcheté, d’évitement du danger. Fuir n’est pas considéré comme une action vers l’avant mais seulement vers l’arrière. Rien de volontaire, de positif, d’offensif, de digne, ne serait contenu dans la fuite et ne pourrait en sortir. C’est ce qu’on pense d’ordinaire. Et l’on a tort.

    Dans ma précédente chronique, j’ai employé un terme qui ne nous est pas très familier en Tunisie. J’ai parlé de marronnage. J’ai dit que ce type d’émigration irrégulière s’apparente au marronnage. Qu’est-ce donc que le marronnage ? Le marronnage est un terme utilisé en Amérique et dans les anciennes colonies européennes esclavagistes pour désigner la fuite des esclaves africains pour un avenir dont la liberté n’était qu’une mince hypothèse. Au risque d’une mort affreuse ou d’être capturés et de subir d’abominables supplices, nombreux, très nombreux mêmes, ont été les esclaves qui ont tenté malgré tout d’échapper, par la fuite, à la servitude, à la cruauté des maîtres et à la déshumanisation (avant d’être employé pour désigner les esclaves en fuite, le mot marronnage faisait d’ailleurs référence aux animaux domestiques retournés à l’état sauvage !). Révoltes, insurrections et marronnages ont usé, éreinté, érodé le système esclavagiste de type américain pour finir par l’anéantir. Voilà à très grands traits ce qu’a été le marronnage : une fuite de résistance.

    Le marronnage de nos jeunes compatriotes est également un acte de dissidence par rapport à la politique des classes qui les oppriment et les rejettent. Leur résolution opiniâtre à partir coûte que coûte, à brûler les frontières, toutes les frontières, à transgresser les lois, les nôtres et celles de l’Union européenne, leur ténacité face aux risques de tomber entre les mains de la police, de mourir peut-être, sont l’expression manifeste d’un choix de résistance contre le destin qui leur est imposé par les classes dominantes qu’on pourrait appeler aussi les classes méprisantes tant elles n’ont que mépris pour le peuple. Ces jeunes gens combattent la vie mortifère à laquelle on les a condamnés. Ils refusent de se laisser faire. Ils ne sont pas désespérés, ils maudissent l’espoir et le désespoir, ils agissent au-delà de l’espoir et du désespoir.

    Je ne dis pas que l’émigration clandestine est un modèle de résistance. Je dis que, tout comme le marronnage, avec ses contradictions et ses ambivalences, elle en est une forme. A mon avis, les mouvements de lutte et de solidarité sociale devraient l’aborder, intellectuellement et pratiquement, de ce point de vue et non de manière compassionnelle ou comme s’il s’agissait d’une pathologie du corps « national ».

    Pas plus que je ne saurais encourager ces jeunes qui veulent quitter le pays à prendre le risque de la « 7ar9a », je ne voudrais les en dissuader. Personne n’a le droit de leur dire ce qu’ils ont à faire. Si j’étais un parti politique fidèle à la révolution, une association de solidarité ou même une organisation humanitaire, je respecterais leur volonté de départ. Je ne me contenterais pas de condamner la politique sociale du gouvernement et les accords sécuritaires avec l’Union raciste européenne. Je ne me contenterais pas de dénoncer le cynisme criminel des « passeurs » sans offrir à ceux qui veulent partir d’autres moyens, plus sûrs, de traverser la Méditerranée. J’agirais évidemment pour protéger leur fuite.

    Nous aimons beaucoup, souvent à tort et à travers, parler de valeurs ou de principes universels. Eh bien, pour le coup, voici un vrai principe universel : lorsqu’un prisonnier enfermé par injustice creuse un tunnel pour s’évader, la solidarité consiste à lui fournir une pelle et une pioche.

    *****************************************

    C'est exactement cela : les pays dominés, semi-coloniaux semi-féodaux du "Tiers Monde" sont les nouvelles plantations esclavagistes du monde ; et les migrants qui les quittent pour tenter d'aller récupérer, en Occident, quelques miettes de la prospérité volée à leurs pays, sont les NOUVEAUX MARRONS.

    Lire : les-travailleurs-migrants-ne-quittent-pas-leurs-pays-pour-le-plaisir-a117927796


    votre commentaire
  •  

    http://www.equinoxmagazine.fr/2017/11/02/rues-de-barcelone-se-remplissent-de-manifestants/

     

    Les rues de Barcelone se remplissent de manifestants

     

    Suite à la décision de la juge de l’audience d’envoyer à la prison l’intégralité de l’ancien gouvernement catalan, les rues de Barcelone se remplissent de manifestants. Par ailleurs une gréve générale s’organise pour la semaine prochaine, le jour n’est pas encore choisi.

    Selon notre journaliste Aurélie Chamerois, des milliers de personnes quittant la manifestation du Parlement passent devant le tribunal espagnol sur le Passeig Lluis Companys. La police espagnole protège ce bâtiment, et les manifestants insultent copieusement les forces de l’ordre, à tel point que des Mossos en civil ont du discuter avec eux pour en finir.

    Centaines de personnes concentrées sur la plaça Jaume

    Lire la suite >>>

     


    votre commentaire

  • Le Peuple travailleur du Donbass solidaire de la Catalogne :

    De l'Ukraine à la Catalunya...

    De l'Ukraine à la Catalunya...

    Les fascistes ukrainiens de Maïdan soutiennent le gouvernement de Madrid, et lui proposent même l'envoi d'un... "bataillon de volontaires" (!!) :

    https://www.eltemps.cat/article/2530/ultres-ucranians-organitzen-batallo-unitat-espanya

    "Trois individus apparaissent dans une vidéo postée sur Youtube, devant de la symbolique chrétienne et un portrait de Franco, aux cris de 'Vive le Christ-Roi !'. Et non, ce ne sont pas des nationaux-catholiques de chez nous, mais trois combattants de l'Union des Vétérans d'Ukraine (ATO) qui ont participé à la guerre contre l'Est du pays, les Républiques sécessionnistes de Donetsk et Lugansk. Dans ce vidéo-communiqué, ils assurent disposer de 300 combattants prêts à faire le voyage vers l’État espagnol pour combattre l'indépendantisme catalan ; établissant un parallèle entre la rupture de leur pays en 2014 et la proclamation de la République catalane.

    Ce n'est pas la première fois, ces dernières semaines, que des représentants de l'extrême-droite ukrainienne montrent leur sympathie envers l'Exécutif espagnol. Il y a quelques jours, le porte-parole de l'Association patriotique d'Ukraine en Espagne, Ivan Vovk, avait déjà publié des messages sur Facebook en faveur de l'unité de l’État espagnol."

    De l'Ukraine à la Catalunya...

    CQFD...


    votre commentaire

  • (comme quoi la lecture laïcité vs islamiiiisme des problématiques politiques dans ce pays est juste d'une connerie sans nom... hélas omniprésente à l'extrême-gauche, qui semble avoir oublié la répression et les prisonniers politiques trois fois plus nombreux sous le régime d'alliance kémaliste "de gauche" (DSP) - droite libérale (ANAP) - fasciste Loup Gris (MHP) de 1997-2002)


    http://orientxxi.info/magazine/turquie-au-nom-de-marx-et-du-coran,0483


    Turquie, au nom de Marx et du Coran - Le mouvement des Musulmans anticapitalistes contre le pouvoir
    Peut-on être marxiste et musulman ? Oui, disent les membres du mouvement Anti-Kapitalist Müslümanlar (Musulmans anticapitalistes) qui voient dans l’islam…
    orientxxi.info

    https://orientxxi.info/magazine/l-etat-de-justice-des-musulmans-anticapitalistes-de-turquie,1064

    https://blogs.mediapart.fr/maxime-azadi/blog/010512/les-jeunes-musulmans-anti-capitalistes-s-organisent-en-turquie

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Musulmans_anticapitalistes


    À (re)lire, un article de 2010 : Turquie, Kurdistan, Israël : qu'en est-il ? ; ainsi que Qu'est-ce que l'AKP ?


    votre commentaire

  • votre commentaire

  • Le franquisme c'était quoi ? Et du coup, l'abolition d'une autonomie régionale qui a signifié la fin du franquisme, c'est quoi ?

    C'est peut-être que vous imaginez exclusivement le fascisme sous l'aspect de ses exactions en temps de guerre (films sur la 2de Guerre mondiale).

    C'est peut-être que vous envisagez mal la grande diversité idéologique du phénomène fasciste et le point auquel la plupart des systèmes politiques occidentaux en sont en fait issus, de cette sorte de 'révolution' modernisatrice bourgeoise contre la crise générale capitaliste des années 20-30, qui leur a permis de la surmonter.

    En France, Vichy a duré 4 ans. Les conceptions, le programme ÉCONOMIQUE des fascistes des années 30, ce sont la 4e et la 5e République qui les ont mis en œuvre. Le fascisme italien a été une restructuration de l'État bourgeois dans ce pays, qui sert toujours la République en place depuis 1947. Dans une large mesure c'est la même chose en Allemagne. L'Espagne actuelle est l'œuvre des 'technocrates' Opus Dei de Franco à partir de la fin des années 50. La construction européenne est une idée qui a germé dans les think tanks fascistes des années 30 (mais chhhhut, c'est tabou) ; etc. etc.

    En fait le capitalisme occidental a en quelque sorte traversé une grande crise entre les années 1910 et 1940, qu'il a surmontée par le fascisme ou au 'mieux' par des politiques de type New Deal, puis il a supprimé le fascisme (au plus tard dans les années 70) et l'a remplacé par la 'démocratie' de 'Fin de l'Histoire' et de 'métropole comme usine totale', mais toujours avec la possibilité de 'suspendre' cette 'démocratie'...

    "Entre la négation du droit à l'autodétermination de la Catalogne par l'Espagne et le fascisme, il y a quand même des nuances importantes"


    5 commentaires
  • NI UN PAS ENRERE ! COMPANYS !!


    votre commentaire

  • (si l'on admet que malgré l'état d'urgence permanent et désormais institutionnalisé, il n'est pas encore tout à fait fasciste lui-même...)

    http://mobile.lemonde.fr/europe/article/2017/10/16/independance-de-la-catalogne-carles-puigdemont-choisit-de-jouer-la-montre-face-a-madrid_5201428_3214.html

    C'en est donc fait.

    Ce n'est pas dans un lointain pays, de préférence tropical ou basané-barbu ; ni même presque aux confins de l'Asie, dans les plaines d'Ukraine...

    Cette fois-ci c'est juste de l'autre côté des Pyrénées, en Catalogne, que la dictature de la bourgeoisie vient de tomber le masque de la "démocratie libérale" formelle (en place depuis 40 ans) pour assumer une forme terroriste ouverte.

    Et là aussi, là encore, ce ne sera pas l'œuvre de "révolutionnaires bruns", d'"anti-systèmes" qui auraient pris d'assaut et renversé ledit "système", mais bien du CŒUR DU SYSTÈME lui-même : c'est ni plus ni moins que l'État espagnol qui applique un article de sa propre Constitution (en Ukraine c'était une "révolution" certes, une "révolution colorée", mais les "révolutions colorées" soutenues et financées par tout l'impérialisme occidental au grand complet peuvent être considérées comme venant du cœur du système aussi...).

    L'État français aura désormais une frontière avec le fascisme

    L'article 155 de la Constitution de 1978 qui prévoit, en matière d'autonomies régionales concédées (pour calmer le jeu) lors de la "Transition démocratique" après la mort de Franco, l'abolition d'une desdites autonomies et le retour dans la région concernée de la gestion autoritaire, militaro-policière, du franquisme soi-disant "aboli" par ladite Constitution.

    Dès ce lundi, les dirigeants des deux principales associations indépendantistes ANC et Òmnium Cultural, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, ont été placés en détention par l'Audience Nationale : peines-de-prison-presidents-associations-independantistes-omnium-anc/

    L'État français aura désormais une frontière avec le fascisme

    Que faut-il de plus à notre gauchistaille francouille (dont la Catalogne de 1936, affrontant le franquisme dont Rajoy et le PP sont les héritiers, appartient pourtant au "panthéon") pour réagir ?

    Beaucoup, apparemment... À moins que ce ne soit, peut-être, une seule et simple chose : que l'ennemi fasciste avance barbu et vociférant des "Allah w'akbar" ; et la garantie, pour l'engagement internationaliste "antifasciste", d'avoir la couverture intellectualo-médiatique de l'OTAN.

    Il est pour ainsi dire hallucinant de voir qu'en dehors de nous, des révolutionnaires et progressistes des nationalités périphériques (Occitanie, Bretagne, Pays Basque, Corse et bien sûr le Nord "français" de la Catalogne elle-même), de quelques secteurs du NPA, et un peu du Parti communiste maoïste, les seuls à avoir une position apparemment conséquente et un peu offensive, non-tergiversatrice sur ce dossier soient le groupuscule "marxistes-léniniste" postmoderne "Futur Rouge" – si l'on a le malheur, comme c'est hélas souvent le cas, d'ignorer la fausseté opportuniste totale de ce genre de "soutien" de la part de gens qui fraient sans vergogne avec les pires avocats "gauchistes" du colonialisme israélien.

    En Ukraine, il y avait "Poutine" et les "fascistes nazbols eurasistes pro-russes" ; et cette fois-ci encore, en Catalogne, le fait que la figure de proue du mouvement, Carles Puigdemont, soit le représentant d'un parti libéral bourgeois de centre-droit est pris comme motif suffisant pour rester les bras croisés et ne rien faire https://carbureblog.com/2017/10/11/la-catalogne-dans-le-moment-populiste/.

    Sauf que cela n'a absolument rien d'anormal. Le fascisme peut être, mais n'est pas systématiquement, pour ne pas dire est très rarement sur un strict antagonisme droite/gauche ou bourgeoisie capitaliste/mouvement ouvrier. Il peut également (et de fait, très souvent) avoir vocation à la guerre de rapine, à la conquête territoriale, ou au maintien d'oppressions nationales déjà existantes. Au-delà de la définition classique de Georgi Dimitrov, une excellente définition du fascisme est sans doute celle donnée par Aimé Césaire : le fascisme, c'est l'importation dans les contradictions du monde blanc (la "zone de l'être") – luttes sociales, oppressions nationales ou guerres de conquête territoriale – des méthodes habituelles du colonialisme envers les peuples non-blancs ("zone du non-être").

    Dans cette configuration, le fascisme peut tout à fait trouver sur le chemin de ses crimes des personnes et des forces politiques qui ne correspondent absolument pas à notre définition de "révolutionnaire" ou même "progressiste"/"de gauche". Rien de plus normal. En Catalogne, Jordi Pujol (président de la Généralité de 1980 à 2003) était de très loin plus droitard et pourri que Puigdemont ; mais il n'en avait pas moins été prisonnier politique sous Franco, car le fascisme est une dictature terroriste ouverte qui peut frapper jusqu'à certains éléments de la bourgeoisie.

    Il n'en reste pas moins que le fascisme est le fascisme, et que lorsqu'on se veut antifasciste, le mot d'ordre est "No pasaran", "on l'élimine ou on en crève". À plus forte raison lorsqu'il est aux portes de là où l'on vit...

    Mais il semble hélas qu'en fRance, au pays des Lumiéreux, il n'en soit pas ainsi : le fascisme n'est fascisme qu'exercé par des caudillos ou raïs exotiques hauts en couleur, ou des fanatiques millénaristes hirsutes ; ou ici par des bandes illégalistes de rue (certes toujours un peu "couvertes" par la flicaille locale mais bon) ; et "certainement pas" par le cœur même d'un État "civilisé" voisin du nôtre, un acteur peut-être odieux (c'est facile, donc possible de le dire et de le condamner), mais néanmoins "légitime" de la scène politique internationale. 


    L'État français a désormais une frontière avec le fascisme

    L'État français a désormais une frontière avec le fascisme


    Grand-père Siset me parlait
    De bon matin sous le porche
    Tandis qu'en attendant le soleil
    Nous regardions passer les charettes

    Siset, ne vois-tu pas le pieu
    Où nous sommes tous attachés ?
    Si nous ne pouvons nous en défaire
    Jamais nous ne pourrons nous échapper !

    Si nous tirons tous, il tombera
    Cela ne peut pas durer très longtemps
    C'est sûr il tombera, tombera, tombera
    Bien vermoulu il doit être déjà.
    Si tu le tires fort par ici
    Et que je le tire fort par là
    C'est sûr, il tombera, tombera, tombera,
    Et nous pourrons nous libérer.

    Mais Siset, ça fait déjà bien longtemps
    Mes mains à vif sont écorchées !
    Et alors que les forces me quittent
    Il est plus large et plus haut.

    Bien sûr, je sais qu'il est pourri,
    Mais, aussi, Siset, il est si lourd !
    Que parfois les forcent me manquent
    Reprenons donc ton chant :

    (Si nous tirons tous...)

    Grand-père Siset ne dit plus rien
    Un mauvais vent l'a emporté
    Lui seul sait vers quel lieu
    Et moi, je reste sous le porche

    Et quand passent d'autres gens
    Je lève la tête pour chanter
    Le dernier chant de Siset,
    Le dernier qu'il m'a appris :

    (Si nous tirons tous...)


    L'État français a désormais une frontière avec le fascisme

    L'État français aura désormais une frontière avec le fascisme

    L'État français a désormais une frontière avec le fascisme


    8 commentaires

  • Les autorités de la Generalitat ont jusqu'à LUNDI PROCHAIN pour "clarifier" si oui ou non elles ont bien proclamé l'indépendance mardi 10 octobre, et si oui, jusqu'à JEUDI prochain (dans moins d'une semaine) pour revenir sur cette déclaration. Sans quoi s'appliquera le fameux article 155 de la Constitution de 1978 : suspension du statut d'autonomie de la Catalogne, passage de celle-ci sous l'autorité directe du gouvernement central (préfet de région, autorités militaires, Guardia Civil) et de fait une forme d'état d'exception (arrestation des dirigeants catalans et de tous les "séditieux", quadrillage militaro-policier, répression sanglante des mobilisations etc. http://www.lefigaro.fr/...catalogne-qu-est-ce-que-l-article-155-que-madrid-menace-d-utiliser).


    http://mobile.lemonde.fr/…/crise-en-catalogne-madrid-demand…

    Catalogne : Madrid demande au président catalan de « dire s’il a déclaré l’indépendance »

    Mariano Rajoy s’est brièvement exprimé au lendemain du discours de Carles Puigdemont, qui a déclaré l’indépendance de la Catalogne, tout en en…

    1 commentaire

  • Au Parlement catalan, Carles Puigdemont a finalement déclaré l'indépendance de la Catalogne "conformément aux résultats du scrutin du 1er octobre"... mais en a immédiatement "suspendu" les effets en vue de "rechercher un dialogue avec Madrid et l'Union européenne" :

    http://www.huffingtonpost.fr/2017/10/10/catalogne-reunion-de-crise-a-madrid-apres-la-declaration-dindependance-suspendue_a_23239397/


    Pour la CUP, "il fallait aujourd'hui proclamer la République catalane et nous avons peut-être perdu une opportunité historique".

    http://www.naiz.eus/eu/actualidad/noticia/20171010/cup-hoy-tocaba-proclamar-la-republica-catalana-y-quiza-hemos-peridod-una-oportunidad

    La CUP a déploré ce mardi que Carles Puigdemont n'ait pas proclamé la République catalane et a ajouté que pour cette raison elle n'acceptait pas la suspension des effets de la déclaration d'indépendance, car "on ne peut pas suspendre la volonté de plus de 2 millions de Catalans qui ont voté oui" le 1er octobre. Elle a averti que sa confiance envers le gouvernement catalan était "entamée" et a proposé que la suspension n'excède pas "un mois environ".


    Anna-gabriel

    Anna Gabriel (CUP), durant son intervention. (Lluís GENE/AFP)


    "Il fallait aujourd'hui proclamer solennellement la République catalane et nous avons peut-être perdu une opportunité. Cette proclamation n'a pas eu lieu et nous ne l'avons su qu'une heure avant la session, et pour cette raison nous ne pouvons pas accepter cette suspension", a déclaré la députée de la CUP Anna Gabriel lors de son intervention au Parlement.

    Elle a expliqué que son groupe prévoyait un autre type d'intervention, dans laquelle ses 10 députés allaient déclarer au monde en 10 langues différentes que le Parlement avait proclamé l'indépendance de la Catalogne, mais que ce projet s'est trouvé modifié après que Puigdemont ait dit assumer que la Catalogne devait être un État mais qu'il suspendait la déclaration pour quelques semaines afin de dialoguer.

    "Ni nous, ni beaucoup de gens n'allons renoncer. Il n'y a pas de défaite qui vaille. Nous sommes déterminés à défendre la République catalane. Au nom de toutes les personnes qui portent un nouveau monde dans leurs cœurs, nous poursuivrons la lutte pour la République", a-t-elle poursuivi.

    Pour la CUP, il n'est pas possible de suspendre les effets de l'indépendance, et encore moins en vertu d'une négociation ou d'une médiation avec le gouvernement espagnol : "Une négociation avec qui ? Avec l’État qui continue de nous persécuter et nous menacer, qui déploie sans vergogne ses corps policiers et militaires, qui agite contre nous l'ultra-droite et nous dénie nos droits ?".

    Gabriel a également argumenté que la proclamation de la République catalane pourrait être un "outil de négociation" pour obtenir un dialogue d'égal à égal avec l’État, mais a averti qu'il n'est possible de dialoguer qu'avec un interlocuteur qui reconnaît les droits de l'autre, y compris celui à l'autodétermination.

    Elle a ajouté aujourd'hui que "nous entrons dans une nouvelle étape de lutte, car on ne peut pas suspendre la volonté de plus de 2 millions de personnes. Pour cette raison, nous poursuivons la lutte aux côtés de ces personnes qui portent un monde nouveau dans leurs cœurs".

    Arrufat : confiance "entamée"

    Plus tard, dans une conférence de presse après avoir signé la déclaration d'indépendance, le porte-parole du secrétariat national de la CUP, Quim Arrufat, a exigé de Puigdemont qu'il fixe une limite de temps à la suspension : "nous trouverions normal que [cette suspension] n'excède pas un mois environ".

    Arrufat a indiqué que, l'indépendance n'ayant pas été déclarée formellement et la République proclamée "comme il était convenu", la confiance envers le gouvernement était "entamée", et il a ajouté qu'il transmettrait aux instances de décision de la CUP la question de poursuivre ou non ses activités au Parlement.

    Arran : "Trahison inadmissible"

    De son côté, l'organisation juvénile de gauche indépendantiste Arran a accusé Puigdemont d'avoir commis une "trahison inadmissible" en suspendant les effets de la déclaration d'indépendance pour chercher un dialogue :

     


    1 commentaire

  • Le Grand Timonier Mao Zedong faisait la révolution pour l'ensemble des Peuples de Chine (expression géographique). Mais cette révolution, il l'a commencée par une sécession de fait, celle de la province rouge de Yenan.

    Aurait-il dû accepter l'autorité centrale du Kuomintang au nom de "l'unité" ? Préférer l'unité à la séparation avec un pouvoir réactionnaire ?

    Pourtant il n'y avait même pas là une nationalité distincte au sens marxiste : le Yenan est han comme la plus grande partie de la Chine, de langue mandarine (seuls les Chinois du Sud, bien que considérés hans, ont des dialectes nettement différenciés).

    Je ne cherche ÉVIDEMMENT pas là à faire un "parallèle" avec ce que Puigdemont, ou plutôt (être exact ne coûte rien...) la coalition indépendantiste Puigdemont-ERC-CUP, va faire ou ne pas faire ; mais à questionner le PRINCIPE qui pointe en réalité dans ce débat, et dont le fait que le processus catalan soit dirigé par un social-libéral bourgeois n'est finalement que l'EXCUSE ; principe comme quoi "l'unité est préférable à la balkanisation", à "l'atomisation" etc. etc.

    Principe qui résonne un peu, il faut le dire, comme préférer le statu quo au désordre sous le ciel ; comme l'arbre qui préfère le calme au vent qui continue de souffler.

    [Inutile de dire que ce principe est un FONDEMENT de l'idéologie française, dans son aile droite comme dans son aile gauche, qui emprisonne depuis des générations les masses populaires d'Hexagone dans sa prison mentale.]


    votre commentaire

  • Alors, quand le jaco de base se réveille, il a l'art et la manière d'oublier ses propres cris au ''communautariiiiisme'' des manifs pour Gaza de l'été 2014, ou des camps d'été décoloniaux non mixtes, et de se saisir de la gravité de la situation en Palestine ou dans le Sud global en général pour l'opposer à nos revendications de Peuples en Europe.

    Mais en fait, la seule différence vraiment fondamentale est peut-être que ce qu'ils décrivent de la tragédie palestinienne, ou de n'importe quelle colonie ou néocolonie dans le monde, chez nous c'est enterré dans les siècles, il y a très longtemps en arrière (alors que les atrocités coloniales sont soit actuelles soit très récentes).

    En fait, nous sommes des sortes de boules de cristal. Nous sommes ce que sera le monde d'ici quelques siècles, si toute cette merde d'expansion infinie du règne du Capital n'est pas arrêtée d'ici là (mais elle le sera bien sûr, la révolution mondiale triomphera avant).

    Il n'y aurait plus (soi-disant) de colonisés ni de races : ces mots ne sont-ils pas déjà devenus quasi-tabous ? Tout le monde serait citoyen d'une "grande" et "belle" démocratie capitaliste, ainsi que "citoyen du monde". We are the World, we are the children.

    MAIS... dans l'anéantissement total des langues et cultures populaires millénaires, et une acculturation totale au paradigme néolibéral (occidental) consumériste du Marché mondialiséla Cité des Spectres... Il y a déjà trois fois plus de centres commerciaux par million d'habitants à Guayaquil (Équateur) qu'à Lyon, centres commerciaux dans lesquels des foules immenses déambulent tout le week-end et s'abrutissent ; par contre l'intérieur des boutiques est quasiment désert (personne n'a les ronds pour y acheter quoi que ce soit). Le dollar est roi et 90% des nouveaux-nés reçoivent un prénom anglo-saxon. C'est juste un exemple...

    Et bien sûr, une "citoyenneté du monde" à plusieurs vitesses ; dans l'exploitation et pour l'immense majorité la misère ; avec de grands Centres capitalistiques aspirant la richesse, gorgés en permanence de la sueur et du sang des masses travailleuses.

    Donc voilà, encore une fois : MERDE. Les Catalans ne sont pas (pas plus que les Bretons) les plus à plaindre en ce bas-monde, non ; les Catalans "ont du fric", oui ; parce que 1°/ pour des raisons historiques, leur fonction attitrée dans le Système Espagne a été industrielle et non agricole (= plus de valeur ajoutée = plus de fric), et 2°/ ils (ce "ils" incluant la bourgeoisie) ont su tirer leur épingle du jeu ; parce que la Transition (1975-82) n'a pas été la période enchantée des films d'Almodovar mais une période de luttes politiques et sociales extrêmement violentes, avec des morts toutes les semaines ou presque (12 - 3 - 456, quelques 591 morts au total, selon une étude, entre 1975 et 1983 !) ; et parce que dès la mort de Franco, l’État espagnol avait pour objectif de rejoindre la construction européenne et ne pouvait pas se permettre une nouvelle guerre civile, or c'était une hypothèse très sérieusement envisagée : il a donc dû lâcher du lest, tout particulièrement dans les nationalités les plus "centrifuges" (Catalogne et Pays Basque).

    La Catalogne a donc en effet connu, jusqu'à la crise capitaliste terminale actuellement en cours depuis la fin des années 2000, un certain "miracle économique" parce qu'elle s'est UN PEU DÉGAGÉE du carcan étatique espagnol ; sans quoi elle serait peut-être dans la même situation que l'Occitanie centrale, sa voisine du Nord (nullement dégagée quant à elle du Système France), malgré le "dynamisme" chanté sur tous les tons des métropoles de Toulouse et Montpellier.

    Mais la Catalogne a RAISON, quand elle veut prendre des mesures un tant soit peu social-démocrates (le centriste Puigdemont ne serait pas au pouvoir actuellement sans l'appui de la social-démocratie indépendantiste ERC, et même de la gauche radicale CUP) et que Tribunal constitutionnel de Madrid les annule systématiquement, de vouloir quitter cet État "post"-franquiste au service du néolibéralisme pourri (lire ici) ; et surtout, elle a raison de vouloir s'arracher aux griffes de cet appareil politico-militaire et idéologique qui est, dans la Péninsule, l'agent suprême du triomphe du paradigme précédemment décrit (triomphe déjà bien avancé puisque nous sommes en Europe et les Catalans sont déjà, tout comme nous, plus des "boules de cristal" qu'autre chose ; mais on ne va pas rejeter sous ce prétexte un processus politique qui pourrait être le premier pas d'un autre chemin !).

    À LA RIGUEUR, dans certains cas comme la Flandre belge, très concrètement opprimée il y a encore 100 ans voire 80 ans, mais "surinvestie" capitalistiquement et poussée en avant dans sa revendication nationale, depuis l'après-guerre, par les Anglo-Saxons pour faire contrepoids à la bourgeoisie wallonne et bruxelloise francophone et francophile (ainsi que bien sûr, dans le contexte de la Guerre froide, à un mouvement socialo-communiste infiniment plus implanté en Wallonie ouvrière)  ; ou encore le Kurdistan d'Irak (Başûr) barzaniste dont il n'est besoin de rappeler à personne la terrible oppression sous Saddam, mais converti depuis la disgrâce de celui-ci en une place-forte de l'impérialisme (pratiquement un deuxième Israël) au Moyen-Orient ; on peut discuter de la pertinence (du point de vue de la révolution anticapitaliste et anti-impérialiste mondiale) de la revendication séparatiste SOUS LA DIRECTION POLITIQUE ACTUELLE telle qu'elle est...

    Mais ni la revendication catalane ni aucune volonté de rupture avec l’État "post"-franquiste néolibéral espagnol ne peut être considérée dans ce cas de figure.


    ***************************************************************************************************

    Mon concept est très simple ! Je suis pour la fédération avec ce qui est révolutionnaire, et la séparation avec ce qui est réactionnaire.

    Je suis pour une Occitanie fédérée avec le Bassin parisien, la Bretagne, le Pays Basque et toute autre partie de l'actuel État français qui serait entrée en révolution (le combat politique serait alors pour des relations inter-territoriales égalitaires, pour que l'Hexagone rouge ne soit pas un nouveau centralisme économique francilien, et j'ajouterai, qu'il ne maintienne pas le privilège blanc ; de toute façon la révolution se ferait niquer dans ce cas, la révolution a pour centralité les SMICards et si elle est islamophobe elle a au moins le quart des SMICards contre elle, si elle ne laisse pas les travailleurs "vivre, travailler et décider au pays" elle en aura les 3/4, etc.).

    Mais je suis pour une Occitanie indépendante de l’État français tel qu'il est, et a fortiori d'un État français encore pire (aux mains de Wauquiez ou carrément Le Pen).

    Je suis, dans la perspective d'un Hexagone aux 3/4 en révolution, pour une Occitanie qui participe aux côtés des autres à prendre les dernières citadelles de la Réaction (et à en libérer les classes populaires des cachots).

    Je suis, dans la perspective d'une révolution outre-Pyrénées et d'une Fédération ibérique révolutionnaire, pour une Occitanie qui la rejoigne.

    Etc.

    Encore des punchlines autour du "séparatisme" national


    votre commentaire
  •  

    http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/Quelques-eclaircissements-utiles-pour-comprendre-l-independantisme-catalan_a12368.html


    votre commentaire