• Un texte, manifestement, ULTRA-GAUCHE et donc quasi introduit par une petite tirade anti-léniniste qui nous fera sourire et à laquelle nous ne souscrivons évidemment pas, tant elle a la main lourde dans la caricature (les maoïstes sont tellement "unanimes" sur Rojava que la principale et historique organisation de l’État turc, le TKP/ML, a... éclaté sur cette question, et que nous nous engueulons presque à chaque article depuis octobre avec un de nos meilleurs camarades qui suit SLP depuis ses débuts ; les "vieux stals" souvent avant tout pro-Assad, les trotskystes et même les libertaires ne l'étant guère plus en réalité).

    Évidemment, cela débouche sur une critique du PKK/PYD en grande partie sous l'angle de l'"autoritarisme", entrant en contradiction patente avec la critique pour "absence de véritable révolution" puisque justement une telle "véritable révolution", comme l'ont bien expliqué Marx et Engels, impliquerait les "actes les plus autoritaires qui soient". marxists.org Y6dg.png

    Pour le reste, le texte est globalement très intéressant et rejoint dans l'ensemble nos analyses (presque à se demander si ces petits coquins ne nous lisent pas loucedé, LOL !).

    Le point d’explosion de l’idéologie au Kurdistan

    par Vivian Petit et Guy-Edern Hallbord


    Refusant les lectures policières de l’histoire comme la géopolitique de comptoir, ce texte se propose d’étudier les raisons de l’engouement unanime pour « les Kurdes » (c’est-à-dire prosaïquement le PYD, et sa branche armée, les YPG) au sein des gauches françaises. Il n’y est pas question de la « cause kurde » ni précisément de l’insurrection syrienne en tant que telles (ce serait beaucoup trop vaste) mais de la façon dont celles-ci auront servi de révélateur à la faillite du monde militant « de gauche », révolutionnaire comme réformiste. Nous y discutons la facilité de la gauche à se laisser embarquer par l’antiterrorisme et les idéologies d’États. À distance des postures « anti-impérialistes » caricaturales (campisme favorable au régime syrien) ou néo-conservatrices, il s’agit de rétablir quelques douloureuses vérités. 

    Que l’on songe au stalinisme ou à ses innombrables déclinaisons, l’histoire du mouvement ouvrier est jonchée de mystifications et de falsifications. À partir du moment où, dans les années 1920, l’Internationale Communiste est devenue la courroie de transmission des intérêts du jeune État « soviétique »1, de larges pans du mouvement ouvrier ont été mis au service d’une propagande systématique. Celle-ci devait présenter la politique d’industrialisation forcée menée par un État autoritaire comme l’horizon et la base arrière de la révolution mondiale. Les mots même de révolution et de communisme ont pendant longtemps été entachés par cette expérience, ne désignant plus une existence débarrassée du travail et de l’État, mais, pour le plus grand nombre, une réalité sordide et brutale sans lien avec les promesses d’émancipation, ni avec une quelconque forme de vérité.

    S’il serait possible de débattre longuement des circonstances historiques qui ont conduit à cet état de fait, on s’accordera volontiers à dire que cela a durablement nui à la cause révolutionnaire. Et si nous pensions depuis quelques décennies nous être éloignés de cet héritage embarrassant, les dernières années ont vu émergé un processus analogue s’étendant progressivement à toutes les sphères de la gauche, y compris celles se définissant comme « révolutionnaire ». C’est ce phénomène, et ce qu’il révèle, que nous tenterons d’analyser.

    Hier comme aujourd’hui, la révolution n’est pas une affaire de parti.

    Au sein des milieux de gauche « radicale » ou « révolutionnaire », de la France Insoumise aux libertaires et à certains « autonomes », en passant par le NPA, ce qu’il reste de maoïstes en France et certains secteurs du syndicalisme de lutte, la dernière mode semble être, non sans un certain essentialisme, « les Kurdes ».

    S’il est stupéfiant de constater le peu de prudence à assimiler tout un peuple à un parti, fût-il un parti de masse (le PYD, branche syrienne du PKK), ce qui nous frappe davantage est le caractère absolument soudain, totalement fantasmé et inconséquent de l’intérêt de la majorité de la gauche française pour la « cause kurde ».

    Ce soutien extatique s’expliquerait par l’« expérience révolutionnaire » déclenchée en 2011/2012 au Rojava (Kurdistan syrien), qu’il faudrait comparer à l’Espagne de 1936. De nombreux militants parlent à son sujet d’autogestion, d’écologie et d’égalité hommes-femmes, quand ce n’est pas de communes ou de communisme. Le plus souvent, même si rien n’est dit de ce qu’il se passe au Rojava, le caractère supposément utopique de cette expérience vise à discréditer l’organisation de la vie dans les villes de l’insurrection syrienne. Une tribune signée par tout le gratin de l’extrême-gauche française et publiée par Ballast cite par exemple l’inénarrable Noam Chomsky pour asséner avec lui que l’utopie rojavienne est « très différente de tout ce qui se trouve en Syrie »2. Dans une autre tribune, signée par des syndicalistes et publiée par l’Humanité, on peut lire : « C’est aujourd’hui une véritable alternative progressiste, égalitaire, féministe et laïque dans cette région. Elle peut dessiner un avenir émancipé de tous les obscurantismes et de toutes les barbaries »3.

    Danielle Simonet, représentante de la France Insoumise, décrète que cette expérience « socialiste écologiste et féministe » est « inédite dans cette région », avant d’ajouter « un message politique aux féministes : venez, vous êtes pour l’égalité femmes-hommes, il y a dans cette région une expérience politique inédite qui promeut l’égalité femmes-hommes »4. Dans le documentaire  Rojava, une utopie au cœur du chaos syrien  réalisé par Mireille Court, dont le titre résume la volonté de produire une opposition entre le Rojava et la situation syrienne, la voix off nous invite à « découvrir une autre place pour les femmes au Moyen-Orient »5.

    Plutôt que de tenter de saisir les dynamiques en cours au Rojava, ou de comprendre l’auto-organisation qui a réellement existé dans les villes rebelles syriennes au début de l’insurrection (conseils communaux, auto-gestion des hôpitaux, enseignants qui écrivent leurs propres programmes etc6), l’extrême gauche s’identifie ainsi « aux Kurdes », perçus comme l’incarnation de la Lumière dans une « région » où régneraient sans partage « les obscurantismes ». Dans nombre de discours, la gauche radicale va jusqu’à opposer « les Kurdes » aux « musulmans », et même aux « sunnites », en oubliant qu’ils le sont souvent eux-mêmes. Et puisqu’il ne faudrait pas s’arrêter en si bon chemin, il est même devenu systématique pour une partie de la gauche d’assimiler la totalité des forces de l’opposition syrienne à l’« islamisme », en la qualifiant de « djihadiste », quand ce n’est pas de « barbare ». Comme le résumait Kendal Nezan, président de l’Institut kurde de Paris lors d’une émission de France Culture, « il y a l’unanimité de l’opinion publique, de la gauche libertaire à l’extrême droite »7.

    Pourtant, parler de révolution au Rojava semble a minima exagéré, pour ne pas dire purement mensonger8. Qu’on écoute les longs meetings tenus par l’extrême gauche « pro-kurde » ou la communication officielle du PYD, qu’on lise les déclarations du chef – objet d’un véritable culte de la personnalité – Abdullah Öcalan ou des reportages à la gloire de cette prétendue utopie, on ne trouve au mieux que des éléments de langage et des slogans creux, masquant très probablement l’absence de réalisations concrètes.

    Ce que l’on sait en revanche, c’est que l’autonomie relative du Rojava n’est pas le résultat d’une insurrection ou d’une grève générale expropriatrice, mais d’une négociation avec le régime syrien, qui a d’abord consisté en une quasi neutralité des YPG (branche armée du PYD) vis-à-vis de la révolution syrienne9.

    Parler de neutralité ici revient en vérité à faire preuve de complaisance dans la mesure où l’on a assisté au musellement des éléments anti-Assad par le PYD, du moins à leur marginalisation, en échange du départ des troupes loyalistes. Depuis, au Rojava, les salaires des fonctionnaires continuent d’être versés par le régime. Et Assad, débarrassé de la gestion politico-militaire de ce territoire confié (au moins temporairement) au PYD, a pu concentrer ses efforts contre-insurrectionnels sur la « Syrie utile » (la zone urbanisée allant d’Alep à Damas)10.

    Notre but n’est pas de diaboliser ce que l’extrême gauche française idéalise de manière outrancière mais de contextualiser. Il ne semble pas excessif d’affirmer que la société syrienne est extrêmement segmentée, que ce soit politiquement, ethniquement ou confessionnellement. L’oppression systémique des Kurdes, et celle vécue en Syrie en particulier, signifie de nombreuses discriminations : avant 2011, 300 000 Kurdes syriens n’avaient pas accès à la nationalité et 70 000 n’avaient aucune existence légale. L’accès la propriété et à de nombreux emplois ainsi que la pratique de la langue leur sont interdits.

    La population kurde est dans son ensemble traitée avec violence et suspicion par le pouvoir, en atteste aussi la politique dite de la « ceinture arabe » mise en place en 1966 qui consistait en un transfert à des groupes de colons arabes armés de terres agricoles appartenant jusqu’alors à des paysans kurdes. Paradoxalement, Assad père et fils ont su instrumentaliser le PKK (puis le PYD) dès les années 80 comme moyen de pression contre la Turquie, en l’armant et/ou en le finançant. Ajoutons que le soutien de l’État turc à l’opposition syrienne dès le début de la répression de l’insurrection n’a pas contribué à faciliter les bonnes relations entre révolutionnaires arabes et kurdes. Un ministre du canton d’Afrin a expliqué la réticence de son mouvement à s’engager aux côtés de la révolution syrienne par le risque que cela comportait pour les Kurdes de se voir désignés comme boucs émissaires par le régime11. Il convient aussi de garder à l’esprit l’existence d’une  certaine hostilité vis-a-vis de l’autodétermination kurde au sein de certaines composantes de l’insurrection syrienne (en particulier chez celles issues des Frères Musulmans), ce qui a poussé, à la faveur d’un soulèvement anti-Assad s’appuyant sur les références à « l’unité de la Syrie » ou à « la Syrie arabe et islamique », de nombreux Kurdes à soutenir le PYD plutôt que la révolution en Syrie.

    En somme, pour comprendre ce qu’il se passe au Rojava, nous ne semblons avoir d’autre choix que celui de quitter les illusions pseudo-révolutionnaires pour nous plonger dans les eaux glacées de la realpolitik en temps de guerre. S’il est évident que les intérêts du PYD et du régime syrien ne sont pas identiques, rappelons quelques épisodes où ils ont convergé :

    – De nombreux activistes anti-Assad ont été menacés (et parfois arrêtés) dans les zones contrôlées par le PYD dès 2012. Des manifestations anti-Assad ont été réprimées, et il est arrivé que les YPG tirent sur une foule désarmée, comme lors de la manifestation d’Amouda en juillet 2013.

    – Lors de la reprise d’Alep par le régime et ses alliés, les YPG ont combattu les groupes rebelles, contribuant à la chute de la ville et à l’écrasement de sa population12. Avant cela, les YPG avaient attaqué et repris Menagh et Tal Rifaat contrôlées de longue date par l’ASL.

    – Le PYD et le PKK relaient la propagande assadienne, faisant de Daech « l’ennemi principal », et n’hésitent pas à y amalgamer une partie des rebelles syriens (alors que ceux-ci l’affrontent parfois en première ligne).

    Il n’est par ailleurs pas étonnant que, comme pour tous les autres camps en présence, des crimes de guerre commis par les YPG soient révélés, bien qu’ils ne soient en aucune mesure comparables à ceux du régime syrien ou de l’État Islamique. Pourtant, le plus souvent, ces révélations ne rencontrent que l’aveuglement volontaire de la gauche française. Quand Human Rights Watch, qui a réalisé une enquête au Rojava en février 2015, et Amnesty International, qui s’y est rendu en octobre 2015, accusent les YPG de « nettoyage ethnique » en raison de la destruction de plusieurs villages arabes au Rojava et du déplacement de populations sur des bases ethniques13, de nombreux militants n’y voient pourtant que propagande hostile et malveillante, quitte à oublier que le président d’Amnesty International est emprisonné et inculpé en Turquie pour « appartenance à une organisation terroriste armée », pour y avoir dénoncé la guerre faite aux Kurdes. Quant à l’enrôlement de force de combattants par les YPG et l’emprisonnement des récalcitrants, ou l’utilisation d’enfants soldats, ils sont justifiés par de nombreux partisans des YPG comme liés à la nécessité de la guerre … S’il semble difficile de juger de telles pratiques sans prendre en compte le contexte de guerre, il convient en revanche de se demander comment et pourquoi on a pu travestir la guerre menée par les YPG en révolution libertaire. Il est en outre étonnant que l’on considère l’enrôlement d’enfants comme une contingence liée au manque de combattants, mais que la présence de femmes en première ligne (sur laquelle la propagande des YPG insiste lourdement) soit nécessairement une preuve de féminisme de l’organisation, voire d’égalité des sexes au Kurdistan …

    S’il est douteux de parler de révolution au sens communiste du terme en la circonscrivant à une petite localité imperméable à son en-dehors, il est absolument grotesque de postuler la mise en place d’une utopie libertaire par une organisation militaire, au milieu d’une guerre d’une telle intensité, où se confrontent des acteurs mondiaux et régionaux. En outre, si l’on parle d’une « révolution », il faudrait dire où et quand les peuples du Rojava se sont soulevés pour abolir les formes de pouvoir existantes. Par ailleurs, rien n’indique, tout au long de l’histoire du PYD, une sympathie pour l’autogestion, ni même pour les mouvements de révolte qui ne sont pas à son initiative ou contrôlés par lui. De l’intifada de la jeunesse kurde en 2004 pendant laquelle la direction du PYD lançait des appels au calme, aux débuts de l’insurrection syrienne en 2011, que nombre de partis kurdes appelaient à rejoindre à l’exception notable du PYD, l’organisation n’a en effet pas brillé par son apologie de l’auto-organisation et de la démocratie « par en bas ».

    En outre, rappelons qu’au sein de la supposée utopie autogestionnaire du Rojava, si des assemblées municipales ont été mises en place, celles-ci n’ont aucun pouvoir décisionnel ni même consultatif à propos de ce qui relève des décisions stratégiques, politiques et militaires, qui sont, elles, centralisées par le parti14. Pour ce qui est de la révolution sociale, la constitution du Kurdistan syrien (appelée « contrat social ») sanctifie la propriété privée, ce qui signifie que les classes sociales ne sont pas remises en question, loin s’en faut. En plus d’avoir inventé le confédéralisme démocratique, Abdullah Öcalan semble avoir inventé la révolution qui ne naît pas d’une lutte mais d’un accord avec une dictature, ne remet pas en cause le pouvoir militaire en place, et ne touche pas à l’exploitation.

    Il est donc assez gênant de voir des militants se revendiquant du « communisme libertaire » applaudir une « révolution » où on n’aurait pas touché aux rapports de production. Alors que l’autogestion d’une seule usine au Rojava aurait fait la une de tous les médias gauchistes, et puisque nous savons maintenant que les « coopératives » d’Afrin ont été mises en place par la famille Assad15, de nombreux militants se retrouvent, faute de mieux, et en l’absence d’un quelconque exemple concret à citer, à exalter l’identité d’un peuple totalement fétichisé, rebelle par nature et vivant en harmonie. Il en est de même sur la question du féminisme où, en plus de se borner à des images de propagande représentant de jeunes combattantes cheveux au vent, il est question dans de nombreux discours français d’un « matriarcat originel » chez les Kurdes …

    Les Kurdes, les Arabes et nous.

    En parallèle de l’essentialisation d’un peuple, annexé dans son entier à une organisation militaire, et dont la culture serait, selon certains discours de gauche, par essence démocratique et féministe, le soutien de la gauche et de l’extrême-gauche françaises aux YPG est empreint de l’ethnocentrisme le plus caricatural, et teinté de l’opportunisme le plus crasse. Si le droit à l’autodétermination du peuple kurde, et la légitimité de la résistance face à la politique oppressive menée par les États turc, syrien, iranien ou irakien ou aux tentatives d’assimilation par le nationalisme arabe et l’islam politique sont absolument légitimes et doivent être défendus, et si les méfiances de nombreux Kurdes vis-a-vis de l’insurrection syrienne qui, globalement, les a peu pris en compte, sont compréhensibles, nous constatons que c’est rarement cela qui guide le soutien unanime aux « Kurdes », c’est-à-dire aux YPG, dans les discours politiques en France.

    En effet, si la rumeur d’une révolution au Rojava avait couru dans la gauche française dès 2012, c’est en 2015, après l’attentat du 7 janvier et encore plus après celui du 13 novembre, que la gauche française s’est particulièrement passionnée pour le combat « des Kurdes » contre l’État Islamique. Et ce alors que, dans son immense majorité, cette même gauche n’a rien compris au soulèvement syrien de 2011, et n’a, à l’inverse de nombreuses associations musulmanes, jamais essayé d’y apporter le moindre soutien, pas même humanitaire.

    Et c’est ainsi qu’en France, en 2015, dans un contexte d’union nationale contre la « barbarie islamiste », le slogan « Fuck ISIS, support PKK » a commencé à fleurir chez les gauchistes, en même temps que la prolifération des mythes sur l’« expérience autogestionnaire au Rojava ». Parallèle troublant, ces discours se sont répandus au moment même où la diplomatie française rompait avec sa politique de pression (modérée) vis-a-vis d’Assad, et considérait désormais l’État Islamique (ou « l’islamisme ») comme l’ennemi unique, Assad n’étant plus un ennemi, Poutine et le PYD constituant même des partenaires dans cette lutte.

    Que l’État français prenne pour position « tous contre Daech et seulement contre Daech » alors que l’État Islamique ne fera jamais autant de dégâts en Syrie qu’Assad et Poutine ni autant de morts dans le monde que la France ou les États-Unis, est une chose ; mais que l’extrême-gauche, « révolutionnaire » et « anti-impérialiste » autoproclamée, ait le même réflexe, tout en continuant d’ignorer d’une part l’insurrection syrienne et sa répression, et d’autre part la politique des États occidentaux dans le monde, est pour le moins obscène. En réalité, « les Kurdes » semblent être aux militants de gauche ce que « les chrétiens d’Orient » sont à ceux de la droite catholique : la justification de leurs peurs et de leurs lâchetés.

    Au delà du parallèle troublant entre d’une part les positions diplomatiques de l’État français ou des États occidentaux, et d’autre part celles de « révolutionnaires » internationaux s’engageant dans les YPG (ou de la gauche française les soutenant), c’est parfois jusqu’aux arguments pour justifier ces positions qui convergent. Dans divers reportages télévisés diffusés en 2016, des volontaires français, qui ne se seraient jamais intéressés à la Syrie si des Français n’étaient pas morts dans une salle de rédaction, en terrasse ou dans une salle de concerts, affirment s’être décidés à rejoindre les YPG après le 13 novembre 2015. Dans un documentaire de Russia Today à propos de la prise de Raqqa, un volontaire suédois s’indigne de la supposée faiblesse de la répression dans son pays contre Daech, puis affirme que l’État Islamique est « l’incarnation de la méchanceté », puisque « le monde entier est contre eux ». Dans le même reportage, c’est une volontaire suédoise des YPJ (branche féminine des YPG), qui, dans un discours qui n’est pas sans rappeler les arguments avancés pour justifier toutes les guerres de l’OTAN depuis près de vingt ans, dit vouloir « lutter pour les droits des femmes ici au Moyen-Orient »16. Et la palme de l’ethnocentrisme et de l’ignominie revient sans doute aux anarchistes qui, à Raqqa, dans une ville ravagée et vidée de ses habitants par les bombardements internationaux, ont décidé de prendre la pose dans les ruines avec le drapeau LGBT et la banderole « This faggot kills fascists ».

    Après avoir proprement ignoré l’insurrection syrienne et son écrasement par Assad et ses alliés, une bonne partie de la gauche se cache maintenant derrière « les Kurdes » pour reprendre les éléments de langage du régime syrien, ou ceux des représentants kurdes en France, calibrés pour plaire à la gauche française. Ainsi, lors du meeting parisien du 24 mars en solidarité avec la lutte des YPG à Afrin, les combattants de l’Armée Syrienne Libre furent désignés systématiquement comme « Al Qaida » et d’« anciens combattants de Daech ». Alors que nous sommes dans une situation tragique et complexe où Erdogan a réussi à s’acheter la loyauté d’une partie de l’ASL pour mener un combat ouvert contre le PYD17, dans un contexte où le parti kurde est de plus en plus perçu comme un « occupant » par certaines populations arabes18, la gauche française a décidé, de manière unanime, de ne décrire qu’une partie du drame. Lors des prises de parole de ce meeting du 24 mars, toutes consacrées au récit de la « lutte contre le terrorisme », où se sont succédés les responsables de SOS Racisme (!), de Solidaires, du MRAP, de la France insoumise, d’Alternative Libertaire, Olivier Besancenot fut le seul à mentionner le régime syrien, renvoyant Erdogan et Assad dos à dos, et rappelant que la guerre en Syrie avait commencé par une révolte contre une dictature ignoble.

    Sans souci de nuance, sur les sites internet et les pages Facebook favorables au PYD, ce sont les termes « barbares » et « islamo-fascistes » qui prévalent, sans que l’on sache très bien ce qu’englobent ces catégories. Et ces messages sont relayés par des militants qui, s’ils ne pouvaient se cacher derrière « les Kurdes », n’assumeraient pas l’islamophobie du propos. Quant à Mélenchon, connu pour sa reprise depuis 2011 de tous les arguments d’Assad et de Poutine à propos des rebelles syriens, il twittait récemment : « Incroyable courage des combattant(e)s kurdes. Sous nos yeux le lâche abandon de nos alliés aux mains d'Erdogan. Le parti médiatique préfère soutenir les Daech de la Goutta19 ». Et ce alors même que la majorité des morts à la Ghouta (et non à « la Goutta » …) furent bien sûr des civils, et que les insurgés de la Ghouta ont toujours été opposés à l’État Islamique …

    En réalité, le soutien de la gauche française aux « Kurdes » est moins lié au soutien à l’autonomie du Kurdistan qu’au fait que « les Kurdes » seraient « nos alliés » contre l’ennemi que la France a désigné dans cette guerre contre le terrorisme, un paradigme qui fait disparaître toute autre considération. Dans la tribune parue dans l’Humanité déjà mentionnée, de nombreux syndicalistes CGT et Solidaires justifient ainsi leur soutien aux YPG : « En Syrie, les forces kurdes des YPG/YPJ et les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont pourtant combattu en première ligne contre l’État islamique. Elles ont défendu et sauvé Kobané. Elles ont libéré Raqqa, la « capitale » du califat sanguinaire »20. Et Danielle Simmonet justifie notamment son soutien aux YPG par le fait qu’ils seraient les « meilleurs combattants contre Daech »21. La suite de son propos illustre ce qu’elle pense de l’insurrection syrienne : « [Les YPG] sont une alternative à la fois à Assad, à Daech et à certaines milices qui se disent rebelles et sont aussi dans des formes de djihadisme » …

    L’internationalisme n’est donc plus, pour la gauche, le soutien aux révolutions par-delà les frontières, mais la justification de ses propres lâchetés, de son désintérêt pour les habitants des villes de l’insurrection syrienne sous les bombardements, et de sa peur des « islamo-fascistes ». S’ensuit logiquement le soutien aux milices YPG que certains Occidentaux ont rejoint, et que l’OTAN appuie périodiquement pour se défendre contre les barbares qui attaquent parfois à Paris notre art de vivre et notre goût pour la liberté. Ainsi, alors que 500 000 Syriens sont morts depuis le début de la guerre, alors que ceux qui ont instauré des conseils communaux, ont organisé le ravitaillement des villes assiégées, ont mis en place les brigades de casques blancs, autogéré les hôpitaux et les écoles dans des villes en guerre, alors que les habitants des villes écrasées sous un tapis de bombe ont été ignorés voire insultés par une partie de la gauche française, et notamment par la France Insoumise, les seuls morts qui sont commémorées, les seuls noms qui sont cités dans les médias de gauche et d’extrême-gauche comme dans les médias de masse, sont ceux des volontaires occidentaux des YPG. Parfois, nous pouvons même lire ou entendre moult détails sur la vie d’avant-guerre de ces combattants européens, aux engagements ou aux modes de vie proches des nôtres, donnant l’impression qu’il faut insister sur le fait que ce sont ces vies là qui sont dignes d’être pleurées.

    Le plus souvent, les discours de l’extrême-gauche radicale ou des organisations antifascistes ne valent pas mieux que ceux de la gauche institutionnelle, donnant ainsi une caution « révolutionnaire » au rôle de mercenaires confié par l’OTAN aux YPG.

    Nombreux sont ceux qui nomment « intervention antifasciste » l’avancée des combattants occidentaux du « Bataillon international » des YPG dans les ruines de villes et de villages arabes syriens détruits par les bombardements de l’OTAN et de la Russie, ou la prise de Mossoul par l’OTAN et ses alliés en Irak, après que ses habitants furent ensevelis sous les bombes de la coalition, avant d’être écrasés par les bulldozers des forces irakiennes22. À l’inverse, ceux qui ont un minimum de culture historique se rappellent que le fascisme est un mouvement né en Europe, porté par les volontés expansionnistes des États européens, et non la réaction, aussi criminelle et détestable que fut celle de l’État Islamique en Irak et dans le monde, à la destruction d’un pays par la plus puissante armée du monde, ainsi qu’à l’oppression par des dictatures.

    La confusion entre antiterrorisme et antifascisme pour la séquence qui nous intéresse date du siège de Kobané par l’État Islamique, alors présenté comme le nouveau Stalingrad23. Même si nous pouvons comprendre qu’il est toujours tentant d’associer atrocités, crimes de masse et nettoyage ethnique au fascisme, cette pseudo-analyse a de nombreux effets pervers. Le principal d’entre eux est que cela nous ferait oublier que l’État Islamique n’a pas le monopole des atrocités et que le plus grand responsable de massacres en Syrie est de très loin le régime syrien (avec ses soutiens russes, iraniens et libanais) disposant d’une force de frappe sans commune mesure avec celle de l’État Islamique, et pratiquant notamment la torture systématique, les bombardements aériens sur les populations et l’usage d’armes chimiques.

    [Nous avons eu l'occasion, à la fin de cet article reflexions-fb-sur-la-syrie, de revenir un peu là-dessus et de démystifier cette histoire de "régime-et-alliés premiers tueurs du conflit DE TRÈS LOIN" ; mais du coup, de fait, s'il ressort que le régime et ses alliés ne sont les premiers massacreurs de civils que de "pas très loin", ils sont suivis de près par... les bombardements de la coalition occidentale, menés dans 99% des cas en appui aux FDS de Rojava ; avec pour résultat la prise de contrôle de plus de 30% du territoire arabe syrien par ces impérialistes 4W8SA.png et ce, absolument pas grâce aux "rebelles islamo-fascistes de la CIA" mais bel et bien grâce "aux Kurdes", et par conséquent sous les applaudissements des 3/4 de la gauche radicale occidentale...]

    Quitte à parler de fascisme et d’expansionnisme, rappelons que ce même régime syrien entretient de longue date des relations privilégiées avec les milieux fascistes, néo-nazis et nationalistes européens. Aloïs Bruner24, « meilleur homme » d’Adolf Eichmann, a formé les services de renseignement du régime de Damas pendant quarante ans, et la quasi-totalité des groupes fascistes sévissant actuellement en Europe le soutiennent, en échange de quoi ils sont reçus bras ouverts lors de voyages « diplomatiques »25. Ce soutien de l’extrême droite, se prétendant « anti-impérialiste », prolonge en vérité une alliance assez ancienne du régime syrien avec la bourgeoisie française (incarnée par exemple par les liens entre Chirac et Assad26), laquelle, mise à mal par l’étendue de la répression de 2011, s’est peu à peu réaffirmée au nom de la lutte prioritaire contre le terrorisme.

    Cette comparaison historique entre la guerre de l’OTAN et des YPG contre l’État Islamique et la lutte contre le nazisme et le fascisme n’a aucun fondement sérieux, tout comme la plupart des schémas idéologiques qui ont été projetés sur cette guerre. Nous pourrions enfoncer le clou en questionnant l’usage même de la catégorie de « terrorisme » dans un contexte de guerre généralisée en Syrie. Le PKK est considéré comme terroriste par la Turquie (et encore officiellement par l’Union Européenne), et le Hezbollah, qui se bat aux côtés de l’armée régulière syrienne, reçoit la même qualification de la part de l’UE et des États-Unis. Agiter de tels mots épouvantails, étiqueter son ennemi comme « terroriste » dans un contexte de guerre ne conduit qu’à empêcher de penser la réalité et la complexité du conflit, ainsi que la nature des rapports de force.

    « Anti-interventionnisme » et intervention réellement existante.

    L’opposition à toute « ingérence occidentale » constitue une autre réaction fréquente à gauche. Lundi Matin a par exemple été vigoureusement attaqué sur les réseaux sociaux pour avoir publié le texte de Sarah Kilani et Thomas Moreau sur l’alter-complotisme de la Pravda mélenchoniste27, article dans lequel était préconisé une intervention contre le régime syrien.

    Nous partageons évidemment le réflexe de principe qui consiste, pour des révolutionnaires, à ne pas solliciter le Chef des Armées et lui demander de venir en aide à des camarades à l’autre bout du monde. Les États sont nos ennemis, à commencer par celui qui nous domine et nous réprime le plus directement. Dans l’immense majorité des cas cette position « anti-impérialiste » ou « anti-interventionniste » oublie cependant que des bombardements français ont déjà lieu depuis septembre 2014… contre l’État Islamique (c’est-à-dire avant que celui-ci ne frappe la France). Or, ceci n’a entraîné presque aucune protestation, pas plus que les nombreuses autres interventions de « maintien de l’ordre » menées par la France en Côte d’Ivoire, au Mali, en Centrafrique, etc. Visiblement il serait plus légitime du point de vue de la gauche que l’armée française intervienne pour « lutter contre le terrorisme » et maintenir sa sphère d’influence, que pour renverser une dictature. Sur ce point, nous devons admettre que les positionnements « pro-intervention » comme celui de Sarah Kilani sont plus conséquents, puisqu’en plus de ne pas dissocier la nécessité d’en finir avec le terrorisme de celle d’en finir avec les dictatures28, ils n’occultent pas la centralité du processus révolutionnaire déclenché dans le monde arabe contre ces dictatures.

    S’il est naïf et paradoxal de demander à l’État français ou à ses alliés de se comporter en défenseur des droits de l’homme, voire en promoteur de la révolution et de la démocratie dans le monde, que dire de la posture anti-impérialiste proclamée par ses adversaires ? L’inquiétude quant à une intervention militaire anti-Assad, dont on a vu, après de nombreux dépassements de « lignes rouges » de 2013 à 2018, qu’elle n’avait pas lieu, a contribué à invisibiliser la dynamique insurrectionnelle et même à la faire passer pour le résultat d’une manipulation extérieure29. Pourtant, comme nous l’avons déjà mentionné, ce sont la Russie, l’Iran et le Hezbollah qui interviennent massivement contre la population syrienne, tandis que les Occidentaux, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche restent obnubilés par la menace « islamo-fasciste ». Cette occultation des interventions réelles paraît encore plus douteuse quand on voit la place que prend l’anecdotique soutien israélien à certains groupes rebelles dans les discours de certains militants de gauche.

    [Ouais bon, si un prétexte "Hezbollah-Iran + Daesh" (qui tient "judicieusement" un petit territoire juste à la frontière... UnzQ.png) conduit à une intervention sioniste dans le Sud, et à une occupation de 5 voire 10% du territoire arabe syrien en plus du Golan déjà occupé, ce n'est pas non plus tout à fait "anecdotique"...]

    Le fourvoiement de cet anti-impérialisme de pacotille est total.

    Finalement, nous arrivons à un moment où l’union sacrée dans la guerre contre le terrorisme a réussi à fédérer la totalité du champ politique. Alors que les détentions arbitraires et l’usage de la torture à Guantanamo étaient dénoncés par la gauche française, tous les principes semblent avoir disparu maintenant que « nous » sommes visés par les « barbares » : les bombardements sur Raqqa et Mossoul, les exécutions par drone sans l’ombre d’un procès, les détentions arbitraires et les jugements expéditifs (en particuliers ceux pratiqués par « nos boys », les YPG30), ne semblent plus gêner personne. La gauche, dans sa grande diversité, aura été incapable de se reconnaître dans les révolutions qui ont secoué les pays arabes, sûrement les seules que notre génération ait connu jusqu’alors. En fin de compte, la gauche préfère applaudir plus ou moins honteusement à son anéantissement : plutôt l’ordre que le chaos ou, comme aurait dit Marx, « plutôt une fin effroyable qu’un effroi sans fin ». Du soutien plus ou moins honteux à Poutine-Assad à celui qui s’exprime pour la coalition occidentale avec au centre les YPG, chacun aura depuis son confortable fauteuil choisi un camp comme dans une partie de Risk.

    Peu avant son procès, un des inculpés de l’affaire dite de Tarnac soulignait lors d’une interview télévisée que le soutien dont lui et ses camarades avaient bénéficié de la part de la gauche n’aurait probablement jamais existé s’ils s’étaient appelés Youssef ou Mohamed31. Les réactions timorées vis-à-vis de l’état d’urgence, parfois les tentatives de sabotages de celles-ci au prétexte que s’y trouvaient les « islamistes » du CCIF (ou tout autre groupe antiraciste composé de musulmans réels ou supposés) lui donnent raison32, tout autant que l’absence de réaction de la gauche face au fait que l’État français assume dorénavant d’assassiner certains de ses ressortissants par drone parce qu’ils sont dans le camp de l’ennemi, ou encourage qu’ils soient jugés dans les tribunaux antiterroristes du Rojava, sans avocat ni possibilité de faire appel33.

    On l’a vu, les raisons du soutien au PYD sont multiples, et certaines seraient tout-à-fait légitimes si elles étaient prudemment formulées, dans le cadre strict de la lutte pour l’autodéfense et l’autodétermination kurde. Il serait possible de comprendre le décalage abyssal entre le récit « révolutionnaire » sur le Rojava et le réel des compromissions politiques qui s’y déroulent par les « nécessités de la guerre ». Mais si nous acceptons cela, alors affirmons que le ralliement d’une part importante de l’ASL à Erdogan n’est pas moins justifié que l’alliance de circonstance du PYD avec Assad, Poutine ou Trump. Une analyse cohérente de la situation ne donne certes pas de solutions clés en main à ce drame où rebelles et Kurdes s’entretuent pour le compte de dictateurs, mais devons-nous continuer à nous réfugier derrière les slogans et les postures quand il semble difficile de faire face au réel ? Comme l’écrivait Louis Mercier-Véga dans La Chevauchée anonyme, « Il y a des périodes où l’on ne peut rien, sauf ne pas perdre la tête »34.

    Bibliographie

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    Trofimova Anastasia, « The road to Raqqa », rt.com, 18/09/2017, https://rtd.rt.com/films/road-to-raqqa/ .

    Télécharger pdf : SI_explosion ideol Kurdistan_SV_2018

    1Vaste sujet, que nous mentionnons ici simplement à titre d’analogie. Sur la « bolchévisation » des partis communistes, le développement du capitalisme d’État, et la contre-révolution stalinienne, (re)lire les gauches communistes :

    Panekoek Anton, « Au sujet du parti communiste », International Council Correspondence, Vol. 1, no. 7, 1936, marxists.org, pannekoek/works/1936/06/pannekoek_19360600.htm

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    Bilan, « Seizième anniversaire de la révolution russe », Bilan, n°1, 1933, archives autonomies.org, 2016, http://archivesautonomies.org/spip.php?article2275

    2 « Rojava : brisons le silence », Revue Ballast, mars 2018, http://www.revue-ballast.fr/rojava-brisons-le-silence/ (où on retrouve côte à côte l’auteur de la Fabrique du Musulman et la crème de l’islamo-gauchisme).

    3 Collectif de syndicalistes, « Afrin. Appel de soutien de syndicalistes », L’Humanité.fr, 26/03/2018, http://www.humanite.fr/afrin-appel-de-soutien-de-syndicalistes-652630

    4Simonet Danielle, « Discours à la marche mondiale pour Afrin », Place de la République, 24/03/2018, https://www.youtube.com/watch?v=DN6ZlnpJvJU

    5Den Hond Chris & Court Mireille, « Rojava : une utopie au cœur du chaos syrien », OrientXXI.info, 2017 https://www.youtube.com/watch?v=Js6PAWd202M

    6 Daher Joseph, « L’auto-organisation des luttes populaires en Syrie face au régime et aux groupes islamistes ? Oui, ça existe ! », europe-solidaire.org, 04/09/2013, http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29650

    7 Nezan Kendal in « Kurdistan syrien : jusqu’ou ira Erdogan ? », France Culture, 23/03/2018, https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/culturesmonde-du-vendredi-23-mars-2018

    8 T.K & G.V, « Lettre à des amis « rojavistes » », http://ddt21.noblogs.org/?page_id=914

    9Leverrier Ignace,  « Les Kurdes sur la voie de l’autonomie en Syrie … avec l’aval de Bachar Al-Assad », lemonde.fr, 02/11/2011, http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/11/02/les-kurdes-sur-la-voie-de-l%E2%80%99autonomie-en-syrie%E2%80%A6-avec-l%E2%80%99aval-de-bachar-al-assad/

    11« Les Arabes disaient : « Nous vous attendons. Rebellez-vous, nous sommes prêts, renversons le régime ». Nous disions : « Non, nous sommes 15% de la Syrie et vous êtes 85% de la Syrie. Que 50% d’entre vous se soulève et 100% d’entre nous se soulèvera ». Ils se sont trouvés être des menteurs. Si nous avions fait comme ils voulaient que nous le fassions, le régime aurait dit « Ceux-là veulent briser la Syrie » et ils auraient organisé tous les Arabes contre nous. Et les Kurdes au Rojava auraient dû faire face à un génocide. Nous avons réalisé la situation. Nous disions que nous allions mettre en application notre modèle sur une fondation démocratique et sans bain de sang et que notre porte était ouverte à celles et ceux qui voulaient se joindre à nous » in « Le ministre de l’économie du canton d’Afrin : le Rojava défie les normes de classe, de genre et de pouvoir », rojavasolidarite.noblogs.org, 01/01/2015, http://rojavasolidarite.noblogs.org/post/2015/01/07/le-ministre-de-leconomie-du-canton-defrin-le-rojava-defie-les-normes-de-classe-de-genre-et-de-pouvoir/

    12 Ibrahim Arwa, « L’aide apportée à Assad par les amis-ennemis » kurdes à Alep, middleeasteye.net, 6/12/2016, middleeasteye.net/l-aide-apport-e-assad-par-les-amis-ennemis-kurdes-alep

    14 Ibid.

    15 Bonzon Ariane, « Tout le monde sait que les Turcs ne repartent pas facilement de là où ils sont entrés », slate.fr, 21/02/2018, syrie-turquie-kurdes?amp&__twitter_impression=true

    16Trofimova Anastasia, « The road to Raqqa », rt.com, 18/09/2017, rtd.rt.com/films/road-to-raqqa

    17Barthe Benjamin, « L’armée syrienne libre : de la lutte contre Assad à la milice pro-turque », Le Monde, 30/01/2018, l-armee-syrienne-libre-de-la-lutte-contre-assad-a-la-milice-proturque

    18«Dozens of civilians and armed groups fighters from Tal Rifaat city protested yesterday near Bab al-Salame border crossing demanding to open a new military campaign to retake their city which was captured by SDF groups more than 2 years ago »,  Northern Syria Observer, 23/03/2018, https://www.youtube.com/watch?v=Z8GzlvOCGGM&feature=share

    19Mélenchon Jean-Luc, tweet du 14/03/2018, status/973922508457041921

    20 Collectif de syndicalistes, « Afrin. Appel de soutien de syndicalistes », L’Humanité.fr, 26/03/2018, http://www.humanite.fr/afrin-appel-de-soutien-de-syndicalistes-652630

    21Simonet Danielle, « Discours à la marche mondiale pour Afrin », Place de la République, 24/03/2018, https://www.youtube.com/watch?v=DN6ZlnpJvJU

    22 “Massacre à Mossoul : « Nous avons tué tout le monde – l’EI, les hommes, les femmes et les enfants », Middle East Eye, 27/07/2017, middleeasteye.net/fr/reportages/massacre-mossoul-nous-avons-tu-tout-le-monde-l-ei-les-hommes-les-femmes-et-les-enfants

    23Ruptura Collectiva, “La guérilla anarchiste IRPGF est née au Rojava pour lutter pour la révolution au Kurdistan”, 08/04/2017, youtube.com/watch?v=91W5OeT_yYE&t=87s

    24Aouidj Hedi & Palain Mathieu, “ Le nazi de Damas”, revue 21, n°37, 2017, le-nazi-de-damas .

    25 Shrooms Leila, “Syrie : qui sont les soutiens fascistes d’Assad ?”, lahorde.samizdat.net, 2014, lahorde.samizdat.net/2014/01/15/syrie-qui-sont-les-soutiens-fascistes-dassad/

    26 Drouelle Fabrice, “Chirac-Assad. Dix ans de dipomatie franco-syrienne 1996-2006”, franceinter.fr, 30/01/2018, http://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-30-janvier-2018

    27Kilani Sarah & Moreau Thomas, « Le Média sur la Syrie: naufrage du journalisme alternatif », lundi.am, 28/02/2018, lundi.am/Le-Media-sur-la-Syrie-naufrage-du-journalisme-alternatif

    28Monsieur le président, maintenir Assad c’est soutenir le terrorisme”, Libération, 02/07/2017, http://www.liberation.fr/debats/2017/07/02/monsieur-le-president-maintenir-assad-c-est-soutenir-le-terrorisme_1581057

    29Breteau Pierre, “Les pipelines et les gazoducs sont-ils à l’origine de la guerre en Syrie, comme l’affirme Jean-Luc Mélechon ?”, Le Monde, 12/04/2017, http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/04/12/les-pipelines-et-les-gazoducs-sont-ils-a-l-origine-de-la-guerre-en-syrie-comme-l-affirme-jean-luc-melenchon_5110147_4355770.html ; lire également Cournebouc Alain, « Ni Allah, ni pétrole : pour une approche ouverte de la question syrienne », carbureblog.com, 04/02/2017, ni-dieu-ni-petrole-pour-une-approche-ouverte-de-la-question-syrienne

    30Lire à ce sujet les rapports de Human Rights Watch et les rares analyses publiées : « Syrie : des abus sont commis dans les enclaves sous contrôle kurde », Human Rights Watch, 19/06/2014, http://www.hrw.org/fr/news/2014/06/19/syrie-des-abus-sont-commis-dans-les-enclaves-sous-controle-kurde ; Simon Cyril, « Djihadistes français en Syrie : « On ne peut pas parler de procès équitable », Le Parisien, 05/01/2018, djihadistes-francais-en-syrie-on-ne-peut-pas-parler-de-proces-equitable ; « La cour antierroriste de Qamishli », francetvinfo.fr, 23/01/2018, http://www.francetvinfo.fr/france/jihadistes-francais/video-pas-d-avocat-pas-d-appel-une-audience-dans-un-bureau-comment-la-cour-antiterroriste-kurde-juge-les-jihadistes_2574880.html ; Digiacomi Claire, « Les jihadistes arrêtés en Syrie peuvent-ils vraiment être jugés au Kurdistan syrien ? », huffingtonpost.fr, 04/01/2018, les-jihadistes-francais-arretes-en-syrie-peuvent-ils-vraiment-etre-juges-au-kurdistan-syrien ; Boggio Philippe, « Dans le secret des opérations homo », slate.fr, 29/03/2015, operations-homo

    31« Tarnac : les vérités de Julien Coupat », Envoyé spécial, francetv.info, 09/03/2018, https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/justice-proces/affaire-tarnac/video-tarnac-les-verites-de-julien-coupat_2641660.html

    32Réactions analogues chez les insurrectionnalistes chauvins de Non Fides vis-à-vis de l’organisation du « banquet contre l’état d’urgence » ( « Mais avec banquetez-vous  ?  » non-fides.fr, 28/01/2016, http://www.non-fides.fr/?Mais-avec-qui-banquetez-vous ) et dans la mouvance de la « gauche » identitaire du Printemps Républicain contre la LDH ( Dumont Françoise, « Réponse LDH à Gilles Clavreul, le soi disant DILCRA », solidaires.org, 16/12/2015, http://solidaires.org/Reponse-LDH-a-Gilles-Clavreul-le-soi-disant-DILCRA ).

    33Lire à ce sujet les rapports de Human Rights Watch et les rares analyses publiées : « Syrie : des abus sont commis dans les enclaves sous contrôle kurde », Human Rights Watch, 19/06/2014, http://www.hrw.org/fr/news/2014/06/19/syrie-des-abus-sont-commis-dans-les-enclaves-sous-controle-kurde ; Simon Cyril, « Djihadistes français en Syrie : « On ne peut pas parler de procès équitable », Le Parisien, 05/01/2018, djihadistes-francais-en-syrie-on-ne-peut-pas-parler-de-proces-equitable-05-01-2018-7485120.php ; « La cour antierroriste de Qamishli », francetvinfo.fr, 23/01/2018, pas-d-avocat-pas-d-appel-une-audience-dans-un-bureau-comment-la-cour-antiterroriste-kurde-juge-les-jihadistes ; Digiacomi Claire, « Les jihadistes arrêtés en Syrie peuvent-ils vraiment être jugés au Kurdistan syrien ? », huffingtonpost.fr, 04/01/2018, les-jihadistes-francais-arretes-en-syrie-peuvent-ils-vraiment-etre-juges-au-kurdistan-syrien ; Boggio Philippe, « Dans le secret des opérations homo », slate.fr, 29/03/2015, operations-homo

    34Mercier-Vega Louis in « « La Chevauchée anonyme ». Ni l’un ni l’autre camp (1939-1941 », gimenologues.org, 22/09/2006,  http://gimenologues.org/spip.php?article201


    [Par ailleurs, un truc important à comprendre c'est que comme dans tout mouvement politique, il y a très probablement une lutte de lignes dans le PKK (et, par répercussion, dans le HBDH). En l'occurrence entre plutôt une "vieille garde" (Riza Altun etc.), ligne à laquelle se rattachent les déclarations pro-Rojava voire pro-HDP de Leila Khaled ou de Georges Abdallah, ou encore de l'ILPS, favorable à un maximum d'alliance "fédérale" avec le régime en mode bloc "anti-impérialiste" "comme au bon vieux temps de la Bekaa", d'un côté ; et de l'autre une "jeune garde" (Bêcan B., mais aussi Saleh Muslim et très probablement... Öcalan ou plutôt "Öcabookchin" lui-même) qui ne voit pas le souci d'une alliance "progressiste" avec les "démocraties" (occidentales) contre le "fascisme" local (Erdogan comme Assad ou les djihadistes).

    Le problème de la ligne "vieille garde" étant... que ses perspectives ont été anéanties à Afrin, puisque le premier qui pouvait mettre fin à l'opération en un quart d'heure, c'était Poutine (dont le régime syrien est devenu une pure courroie de transmission, plus que jamais du temps d'Assad père et de l'URSS) ; mais il a préféré ménager Erdogan et lui concéder, en échange du "nettoyage" des dernières poches rebelles en zone régime, ce territoire désormais continu Idleb-Afrin-Shahba au Nord-Ouest où sont et seront justement "entreposés" les rebelles pro-turcs vaincus. Ce qui laisse, mécaniquement, le champ libre à la ligne "jeune garde" ; évidemment la préférée (et pour cause) des états-majors impérialistes occidentaux et de "nos" gauches bourgeoises et gauchistes de campus.]


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  • Es per tot açò que l’Organizacion Democratica del Pòple Occitan (ODPO) es nascuda lo 1er de mai 2018. Es una organizacion qui luta per l’independéncia e lo socialisme e on l’objectiu es la constitucion de la Republica populara d’Occitània au servici dels interés del pòple. L’ODPO es l’eretièra de la longa luta de resisténcia del pòple occitan cap a la volontat d’assimilacion de l’Estat Francés començada i a 800 ans. Es l’eretièra de nombrosas lutas popularas e lutas menadas per la classa obrèra e tribalhadora en Tèrra d’Òc.

    L'Organisacion Democratica del Pòble Occitan est née ce 1er mai 2018. Elle est une organisation révolutionnaire qui lutte pour l’indépendance et le socialisme, dont l’objectif est la constitution de la République populaire d’Occitanie au service des intérêts du peuple. L’ODPO est l’héritière de la longue lutte de résistance du peuple occitan face à la volonté d’assimilation de l’État français commencée il y a 800 ans.

    Nous relayons le communiqué de lancement ci-dessous.

    Plus d'infos sur www.odpo.org

    [Occitània] Nouvelle organisation

    L’Occitània n’est pas une invention de l’occitanisme, ni de quelques intellectuels en manque d’occupation. C’est un produit de l’histoire. La communauté ethnique occitane* a une existence objective qui doit être détachée de la désignation d’« Occitanie ».

    - A. Sibé, « Occitanisme politic, rompaduras », p.21

    La conquête de l’Occitanie centrale lors de la croisade de 1209 est notre grande catastrophe nationale mais a marqué la première affirmation proto-nationale occitane. Elle a marqué le début de la fin de notre indépendance politique. Cette  conquête sanglante a été le début de notre soumission politique, économique, culturelle, mentale à l’État français. Elle a permis son apparition en tant qu’État moderne. Elle nous a empêché, à nous occitans, de nous développer librement. Elle a bloqué notre construction et notre épanouissement en tant que nation. Pire, elle a engendré un profond retard économique et social qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Malgré cela, le peuple occitan n’a jamais cessé de lutter et de se défendre avec héroïsme. De la lutte armée contre l’invasion française aux luttes anti-centralistes, en passant par les révoltes hérétiques, les jacqueries jusqu’au maquis du Limousin, au renouveau littéraire, à la création des Calandretas, le cœur de notre peuple est rebelle et insoumis, et il bat toujours !

    La conquête de l’Occitanie n’est pas seulement un fait historique, mais a de nombreuses répercussions au quotidien dans nos vies.

    Les Occitans ne sont pas une minorité nationale mais une nation sans État.

    Il y a bien une Nation occitane. Les Occitans ont tous les traits d’une nation, c’est-à-dire d’une communauté humaine stable, historiquement constituée, née sur la base d’une communauté de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit dans une communauté de culture. La Nation occitane s’est enrichie des apports extérieurs au fil des siècles et cela continue de nos jours. Malgré notre dénationalisation (il y a encore 100 ans tout le peuple parlait occitan) ses traits nationaux existent toujours : la langue continue d’exister et de vivre, la culture occitane est vivante à travers la musique, la danse, la littérature, la cuisine, le sport etc, les patronymes et la toponymie attestent de notre territoire ancien, notre démographie, nos pratiques matrimoniales attestent d’une psyché collective (faible taux de natalité, famille plurinucléaire), des traits socio-économiques sont communs à toute l’Occitanie (désindustrialisation et donc faible classe ouvrière, surreprésentation des petits et moyens paysans, des professions intermédiaires et libérales, fort taux de pauvreté, vieillissement de la population etc.).

    Le Peuple occitan est constitué d’hommes et de femmes nés ici ou venus d’ailleurs. Il est constitué des classes populaires et exploitées, d’ouvriers, d’employés, de petits et moyens paysans, d’étudiants, d’artisans, aussi d’intellectuels, de professions libérales, et de quelques éléments de la bourgeoisie. De par notre position géographique et notre soumission à un État impérialiste notre peuple est multi-ethnique. Les minorités nationales issues des ex-territoires coloniaux français ou de l’immigration ibérique forment avec le Peuple occitan une communauté d’intérêt objectif : celui de la fin du système politique et idéologique nommé France.

    La désindustrialisation et le sous-développement, la métropolisation et l’héliotropisme font de l’Occitanie une terre où les masses populaires vivent de plus en plus mal. La crise mondiale du système impérialiste avec l’explosion du chômage, la destruction des services publics, la dislocation des liens sociaux rendent encore plus terribles l’augmentation des inégalités sociales, la pauvreté, la misère sociale et culturelle. La pression démographique nord/sud en Hexagone, le phénomène de métropolisation directement lié à l’impérialisme aggrave la crise générale. La société occitane est en cours de dislocation, le système capitaliste encourage les instincts les plus vils. Notre terre est devenue la maison de retraite et la zone de bronzage de l’Europe. Nous ne voulons pas de ça, nous voulons la dignité et donc le pouvoir pour les classes travailleuses. Cela passe par l’industrialisation et le contrôle populaire de nos richesses. Les contours géographiques de l’Occitanie sont aussi ceux des classes exploitées ; ils seront ceux de leur libération.

    Nos bases théoriques se trouvent dans le marxisme, le matérialisme et l’histoire du mouvement ouvrier et révolutionnaire.

    Nous nous plaçons dans le mouvement révolutionnaire de libération nationale et sociale du peuple. Notre militance va passer par la mobilisation des masses pour faire croître la conscience nationale et sociale sur le terrain de lutte pour le pouvoir révolutionnaire : le socialisme.

    Notre organisation revendique quatre objectifs avec la ferme intention de les réaliser :

    INDÉPENDANCE, SOCIALISME, RÉUNIFICATION ET RÉOCCITANISATION

    INDÉPENDANCE

    L’indépendance n’est pas un but mais un moyen. Nous nous plaçons dans l’optique de dépasser qualitativement l’occitanisme issu de la Seconde Guerre mondiale. Cet occitanisme qui a accepté l’idéologie dominante de la bourgeoisie française comme sienne, c’est-à-dire le mensonge quotidiennement répété de l’État-nation France… Cet occitanisme qui s’est mis à la remorque de la gauche française nationaliste et chauvine. Cette soumission nous a mené où nous en sommes, à l’inexistence d’un mouvement occitaniste politique fort et donc à un occitanisme culturel en pleine crise. En crise, car dépendant de la gauche social-démocrate ou du révisionnisme lui-même moribond. Cette gauche (qui va jusqu’à l’extrême gauche) n’a jamais réussi à faire de rupture avec l’idéologie dominante. Aucun mouvement ne parle du droit à l’indépendance des nombreuses nations dominées de l’État français, ou sinon de manière sélective.

    Face à cela nous devons assumer et porter un projet de rupture qui ne peut passer que par l’affirmation de la souveraineté nationale. Cette rupture idéologique centrale est une nécessité face au terrorisme intellectuel qui veut faire de nous des nationalistes de domination. Seul un État indépendant de la France impérialiste pourra assurer notre libre développement. Cet État nous le voyons comme le défenseur de la souveraineté populaire et nationale. Nous le voyons comme l’instrument au service de la classe ouvrière et des classes dominées, au service du socialisme et de la renationalisation de l’Occitanie.

    Nous défendrons la légitimité historique et politique d’un État national.

    SOCIALISME

    L’État indépendant ne peut avoir comme base que le système socialiste. Le socialisme est la socialisation (la mise en commun) de tous les outils de production. C’est le moment où le peuple se saisit des biens de la bourgeoisie impérialiste et commence à détruire le système capitaliste. C’est dans cette période que le peuple saisit les grands médias, les banques, les grandes surfaces, les entreprises monopolistiques, etc. Nous mettons en place une économie faite pour les besoins du peuple, nous supprimons le salariat, nous développons le plus possible le système de troc planifié. C’est une réorganisation totale de la société sur de nouvelles bases. C’est donc aussi une révolution culturelle : notre façon de penser, notre vision de la vie évolue lors de cet immense moment de bouleversement.

    L’État socialiste et la mobilisation populaire révolutionnaire va nous donner les moyens de vaincre le patriarcat et de mener une véritable politique féministe. De même, nous allons par la planification assurer le contrôle de nos ressources et de notre biosphère, seule condition pour régler la crise écologique.

    RÉUNIFICATION ET UNITÉ

    Nous luttons pour la réunification des Occitans des États français, espagnols, italiens dans le même territoire. Pour cela nos frères et sœurs du val d’Aran et des Valadas peuvent créer et organiser notre organisation sur leur territoire.

    Nous luttons pour l’unité de l’Occitanie dans sa pluralité. Contrairement aux sécessionnistes linguistiques (dont la résurgence passagère est due à la crise actuelle de l’occitanisme), les occitanistes sont les vrais défenseurs des gascons, provençaux, limousins, auvergnats, languedociens. La division est toujours l’apanage de ceux qui nous dominent pour mieux nous asservir. C’est la Conquête qui a empêché l’unification nationale et créé la division en province/région française. Nous luttons aussi contre la concentration autour de l’axe Toulouse-Montpellier que certains occitanistes voudraient imposer au mouvement. Nous devons comme partout soutenir le centralisme démocratique. Il faut un mouvement uni émergeant de la base et non concentré.

    RÉOCCITANISATION

    La domination de l’Occitanie commencée avec notre conquête il y a environ 800 ans continue au quotidien avec la politique de l’État impérialiste français. Notre lutte se situe contre la politique objective de déracinement, de domination, d’assimilation que les États conquérants (français, espagnol, italien) ont planifiée, contre l’ethnocide de la communauté occitanophone. Contre la substitution et la disparition systématique de l’occitan nous militons pour la ré-occitanisation de l’Occitanie entière pour que notre peuple soit à nouveau libre et conscient.

    Programme minimum pour une République populaire occitane.

    1. Mise en place d’un État indépendant : la République populaire occitane, un État fédéral et socialiste sous la forme d’une démocratie populaire. À tous les niveaux (central, régional, communal, de zone, d’unité productive, d’entreprise, d’école, d’institution, etc.) tout le pouvoir (législatif, exécutif, judiciaire, économique, militaire, de police, culturel, d’instruction, etc.) appartient à une unique Amassada (assemblée) composé de Jurats (délégués) élus et révocables à tout moment et sans exception par leurs électeurs. Chaque Amassada nommera et révoquera ses organes de travail.

    2. Démantèlement des monopoles impérialistes (Dassault, Carrefour, Renault, Danone, Total, Areva, etc). Réorganisation de la production dans l’idée de fournir un travail à toutes et tous. Industrialisation de l’Occitanie pour subvenir à nos besoins matériels, dans le sens de produire ce qu’on a besoin. Planification nationale de l’utilisation des ressources, de l’entretien et de la création des ressources naturelles, de la production de chaque unité productive, de la répartition des produits et des échanges avec les autres pays.

    3. Collectivisation de la grande propriété foncière agricole, saisie et répartition des logements vacants, secondaires et de ceux de la bourgeoisie. Garantie pour chaque foyer d’avoir un logement, baisse forte et plafonnement des loyers par rapport au salaire. Annulation des dettes des classes populaires, des petits et moyens paysans.

    4.  Ré-orientation de l’agriculture vers une production de proximité et saine. Développement d’une vie sociale et de la production en harmonie avec la biosphère. Régulation et réduction de la production de viande, développement de l’élevage extensif et réduction de l’élevage intensif. Reconsidération de la place des animaux et augmentation de leurs droits. Interdiction de la fracturation hydraulique ou autre technique portant atteinte à la santé de l’humain et à l’intégrité sur le long terme de son environnement. Gestion durable de l’usage de l’eau potable ; arrêt de son usage dans les opérations industrielles.

    5. Mise en place du processus de dé-métropolisation, visant sur le long terme à mettre fin à la division ville/campagne. Développement des transports pour avoir un réseau équilibré entre ville et campagne. Développement des zones rurales (niveau économique, social, culturel).

    6. Démantèlement de l’armée, de la police et de la justice. Remplacement de ces instruments par des organismes populaires contrôlés par les assemblées. Rupture avec toutes les instances supranationales (OTAN, UE, ONU, FMI, etc.)

    7. Développement des services publics : transports, santé, éducation, culture… Gratuité des services publics. Mobilisation pour élever le niveau culturel des masses. Mobilisation des masses afin de les former politiquement à la gestion et à la défense de la république.

    8.  Re-nationalisation de l’Occitània. Politique de mobilisation des masses autour de la langue et de la culture occitane. Obligation d’apprendre l’occitan à l’école. Encouragement à la création en occitan. Re-nationalisation des patronymes, des noms de villes et de lieux. Officialisation des langues des peuples sans État (langues roms, tamazight…) et du poitevin saintongeais. Autonomie politique culturelle en faveur des minorités nationales (issues des ex-colonies françaises, portugaise, juive etc).

    9. Lutte contre le patriarcat. Congé rémunéré pour maternité, paternité et soin des enfants. Lutte contre les violences faites aux femmes (obstétricales, sexuelles etc.). Mobilisation pour l’éducation anti sexiste des hommes et des femmes. Protection et droits accrus pour les enfants. Lutte contre l’homophobie et la transphobie, respect et affirmation des droits LGBT.

    10.  Démantèlement du nucléaire. Politique pour baisser notre consommation d’énergie. Priorisation de la recherche de nouvelles technologies liées a la production et aux économies d’énergies. Déconcentration de la production d’énergie via le développement de sources renouvelables localisées et adaptées à l’endroit, comme le micro-hydroélectrique ou la géothermie.

    11. Politique internationaliste active en soutien aux luttes révolutionnaires et anti-impérialistes dans le monde. 


      Plus d'informations sur www.odpo.org

    OC  -> 

    L’Occitània n’est pas une invention de l’occitanisme, ni de quelques intellectuels en manque d’occupation. C’est un produit de l’histoire. La communauté ethnique occitane a une existence objective qui doit être détachée de la désignation d’« Occitanie ».

    -A.Sibé, « Occitanisme politic, rompaduras », p.21

    La conquista de l’Occitania centrau au parat de la crotzada de 1209 qu’ei la nosta gran catastròfa nacionau mes que marquè la purmèra affirmacion proto-nationau occitana. Que marquè lo debut de la fin de la nosta independéncia politica. Aquera conquista sangnosa qu’estó lo debut de la nosta sosmetuda politica, economica, culturau, mentau a l’Estat francés. Que permetó la soa apparicion come Estat modèrne. Que’ns hasó empach, a nosauts occitans e occitanas, au noste desvolopament libre. Que bloquè la nosta construccion e la nosta espelida com nacion. Pire, que creè un retard economic e sociau pregond qui’s persegueish uei lo dia. A maugrat d’aquò, lo pòple occitan ne s’ei pas jamei estancat de lutar e de defenè’s dab eroïsme. De la luta armada contre l’invasion francesa dinc a las lutas anti-centralistas, en passant per las susmautas ereticas, las jacmerias dinc au maquis deu Lemosin, a la renaishença literària, a la creaccion de las Calandretas, lo còr deu noste pòple qu’ei rebèlle e insosmetut, e be bat tostemps !

    La conquista de l’Occitania n’ei pas shens que un hèit istoric, mes qu’a numerosas repercussions tot dia en la nosta vita.

    Los occitans ne son pas une minoritat nationau mes ua nacion shens estat.

    Que i a ua nacion occitana. Los occitans qu’an tots los trèits d’ua nacion, qu’ei a diser d’ua comunautat umana establa, istoricament constituida, vaduda sus la basa d’ua comunautat de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit dans une communautat de cultura. La nacion occitana que s’ei enriquesida deus appòrts exteriors au briu deus ans e açò que contunha uei. A maugrat de la denacionalizacion (100 ans a tot lo pòple parlava occitan) los trèits nacionaus qu’existeishen enqüèra : la lenga que contunha d’existir e de viver, la cultura occitana qu’ei viu a truvers la musica, la dança, la literatura, la cosina, l’ esport etc. Los patronimes e la toponimia que muishan l’ancienetat deu noste territòria, la demografia, las practicas matrimoniaus qu’atestan d’ua psique colectiva (fèble taus de vaduda, familhas pluri-nucleàrias), trèits socio-economics que son comuns a tota l’Occitania (desindustrializacion e donc fèbla classa obrèra, suberrepresentacion de lapetita e mejana paisaneria, de las professions intermediàrias et liberaus, un hòrt taus de praubèr, envielhidade la populacion, etc).

    Lo pòple occitan qu’ei constituit de hemnas e d’òmis vaduts açi o vienuts d’aulhors. Qu’ei composat de classas popularas e espleitadas, d’obrèrs, d’emplegats, de petits e mejans paisans, d’estudiants, d’artesans, d’intelectuaus tanben, professions liberaus, e de quauques elements de la borguesia. Pr’amor de la nosta posicion geografica e de la sosmetuda a un Estat imperialiste, lo pòple qu’ei multi-ethnic. Las minoritats nationaus vadudas de las ex-colonias francesas o de l’immigracion iberica que fòrman dab lo pòple occitan ua comunautat d’interés objectius : la de la fin deu sistèmi politic e ideologic aperat « França ».

    La desindustrializacion e lo maudesvolopament, la metropolizacion e l’eliotropisme que hèn de l’Occitania ua tèrra on las massas popularas que viven mei anar mei mau. La crisi mondiau deu sistemi imperialiste dab l’explosion deu caumatge, la destruccion deus servicis publics, la dislocacion deus ligams sociaus que hèn tarriblas l’augmentacion de las inegalitats sociaus, lo praubèr, la misèra sociau e culturau. La pression demografica nòrd/sud en exagòne, lo fenomène de metropolisacion directament ligada a l’imperialisme qu’agrava la crisi generau. La societat occitana qu’ei en cors de dislocacion, lo sistèmi capitaliste qu’encoratge los instincts deus mespresius. La nosta tèrra qu’ei vaduda la maison de retirada e la zòna de bronzatge de l’Euròpa. Ne volem pas d’aquò, que volem la dignitat e donc lo poder entà las classas tribalhairas. Aquò que passa per l’industrializacion e lo contre-ròtle popular de las nostas riquessas. Los contorns geografics de l’Occitania que son tanben los de las classas espleitadas ; que seràn los de la loa liberacion.

    Las nostas basas teoricas que’s tròban en lo marxisme, le matérialisme et l’histoire du mouvement ouvrier et révolutionnaire.

    Que’ns plaçam en lo moviment revolucionari de liberacion nacionau e sociau deu pòple. La nosta militança que va passar per la mobilisacion de las massas entà har créisher la consciença nacionau e sociau suu terrenh de luta entau poder revolucionari : lo socialisme.

    La nosta organizacion que revendica quate objectius dab l’intencion de realizar-las.

    INDEPENDENCIA, SOCIALISME, REUNIFICACION E REOCCITANIZACION

    INDEPENDENCIA 

    L’independéncia n’ei pas un but mes un mejan. Que volem despassar qualitativement l’occitanisme gesit après la dusau guèrra mondiau. Aqueth occitanisme qui a acceptat l’ideologia dominanta de la borguesia francesa, qu’ei a díser la mensonja de tot dia repetada de l’Estat-nacion France… Aqueth occitanisme qui s’ei hicat a la remòrca de l’esquèrra francesa nationalista e patriotèra. Aquera sosmetuda que ns’a miats on n’èm, a l’inexistença d’un moviment occitaniste poilticament hòrt e donc a un occitanisme culturau en crisi.. En crisi, pr’amor qu’ei dependent de l’esquèrra socio-democrata o deu revisionisme. Aquera esquèrra (qui va dinc a l’esquèrra estrema) ne s’i escad pas jamei a har rompedurasdab l’ideologia dominanta. Nat moviment parla deu dret à l’independença de las numerosas nombreuses nacions dominadas de l’Estat frances , o lavetz de manera selectiva.

    Cap ad açò que debem assumir e portar un projècte de rompeduras qui ne pòt pas passar que per l’afirmacion de la sobiranitat nacionau. Aquera rompedura ideologica centrau qu’ei

    ua necessitat cap au terrorisme intelectuau qui vòu har de nos nacionalistes de dominacion.. Sol un Estat independent de la França imperialista que’ns poderà assurar d’un desvolopament libre.. Aqueth Estat que’u com lo defensor de la sobiranitat populara e nacionau. Que’u vedem com l’instrument au servici de la classa obrèra e de las classas dominanadas, au servici deu socialisme e de l’arrenacionalizacion de l’Occitania.

    Que defeneram la legitimitat istorica e politica d’un estat nacionau.

    SOCIALISME

    L’Estat independent que dèu aver com basa lo sistèmi socialiste. Lo socialisme qu’ei la socializacion (la mesa en comun) de tots los utís de produccion. Qu’ei lo moment on lo pòple e gaha los bens de la borguesia imperialista e comença a destrusir lo sistèmi capitaliste. Qu’ei en aqueth periòde que lo pòple e gaha los grans mediàs, las bancas, las grans susfàcias, las enterpresas monopolisticas, etc. Que hicam en plaça ua economia hèita e taus besonhs deu pòple ; que suprimim lo salariat, que desvolopam lo mei possible lo sistèmi de tròc adiat. Qu’ei ua reorganizacion totau de la societatsus navèras basas. Qu’ei donc tanben ua revolucion culturau : la nosta faiçon de pensar, la nosta vision de la vita qu’evolua au parat d’aqueth imense moment de cambiament.

    L’Estat socialiste e la mobilisacion populara revolucionària que’ns va balhar los mejans de vincer lo patriarcat e de miar ua vertadera politica feminista. Per la planification que vam tanben assegurar lo coontra-ròtle de las ressorgas e de la bioesfèra, unica condicion entà reglar la crisi ecologia.

    REUNIFICACION E UNITAT

    Que lutam per la reunificacion deus occitans deus Estats francés, espanhòue italian en lo medish territòri.Entad açò los hrairs e sòrs de la Val d’Aran e de las Valadas que pòden crear e desvolopar l’organizacion suu noste territòri.

    Que lutam entà l’unitat de l’Occitania en sa pluralitat. Au contre deus secessionistes linguistics (qui tornan en pr’amor de la crisi de l’occitanisme), los occitanistes que son los vertadèrs defensors deus gascons, provençaus, lemosins, auvernhats e lengadocians. La division qu’ei tostemps l’apanatge deus qui’ns dominan. Qu’ei la Conquèsta qui a hèit empach a l’unificacion nationau e crear la division en provincia/region francesa. Que lutam tanben contra la concentracion a l’entorn de l’axe Tolosa-Montpelhier que daubuns e volerén impausar au moviment occitaniste. Que debem sostiéner lo centralisme democratic. Que cau un moviment unit e non concentrat.

    REOCCITANIZACION

    La dominacion de l’Occitania commençada dab la conquèsta 800 ans a, que contunha dia per dia dab la politica de l’Estat imperialiste francés. La nosta luta qu’ei contre la politica objectiva de desrasigament, de dominacion, d’assimilacion que los Estats (français, espagnol, italien) an planificat, contre l’etnocide de la comunautat occitanofòna. Contre la substitucion e la disparicion sistematica de l’occitan que lutam per la ré-occitanizacion de l’Occitania sancèra entà que lo noste pòple sia libre e conscient.

     

    * Comme nous nous attendons - mais avec délectation en réalité... on se PIRise LOL ! - aux grands cris et réactions outrées par rapport à cette notion de "communauté ethnique", voici la définition du Peuple occitan donnée par Alan Sibé lui-même dans son ouvrage :


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  • ["Internationaliste" "progressiste" bien-pensant, humanitaro-ONGiste : analyse-et-retrospective-historique-du-fascisme-anti-politique-4e-partie]

    Je sais pas vous, mais j'ai l'impression que le gauchisme occidental a tendance à apprécier les leaders africains quand ils MEURENT vite en héros révolutionnaires romantiques : Lumumba, Sankara...

    Mais quand ils DURENT au pouvoir et s'attaquent VRAIMENT à la propriété coloniale blanche et/ou aux monopoles impérialistes, quitte à aller gratter un peu du côté de puissances non-occidentales (URSS hier, Chinois aujourd'hui) et s'en foutre un peu dans les poches au passage (mais pas plus voire moins que les vendus complets à la Bongo), là c'est différent...

    Bon quand je parle d'Amin Dada c'est surtout pour troller (du gauchiste petit-bourgeois occidental, justement parce que ça marche), et pour le kiff de la chaise à porteurs hissée par 4 crevettes d'outre-Manche en train de cuire sous la chaleur africaine LOL ; il y aurait beaucoup à dire sur le personnage, mais il n'empêche que sous la plume d'un de ses ENNEMIS politiques tout au long de son règne, condamné à mort (même) par lui, Dennis Hill : "Amin Dada (avait) des qualités de chef tribal compensant son manque d’éducation, par une adresse, un talent pour la survie, une force personnelle, du courage et une capacité pour mesurer les faiblesses de ses adversaires et les souhaits de son peuple. Ce n’est pas suffisant de limiter Amin Dada à un bouffon meurtrier. Il (était) une réalité africaine. Il a réalisé un rêve africain, la création d’un État vraiment noir."

    Petite réflexion facebookienne sur le gauchisme petit-bourgeois occidental ("internationaliste" "progressiste" bien-pensant, humanitaro-ONGiste) et son rapport à l'Afrique

    L'autre grand exemple étant évidemment Mugabe. On peut aussi citer Afeworki en Érythrée, "dictateur paranoïaque et alcoolique" qui aurait fait émigrer la moitié de sa population, mais sur lequel il est peut-être permis aussi de lire un point de vue de "premier concerné" divergent, celui de l’Éthiopien (Éthiopie et Érythrée ont été un seul pays de 1945 à 1992 et sont en guerre depuis) de la minorité somalie Mohamed Hassan : mohamed-hassan-pas-touche-erythree

    Il faut dire que l'impérialisme a l'art et la manière pour étrangler économiquement les pays "rebelles", et mettre ensuite la misère et la famine sur le dos du "tyran sanguinaire" : manoeuvres-contre-mugabe

    Ou que forcément, quand un régime est classé "dictature absolue", ça facilite l'émigration puisque ça facilite l'obtention du statut d'exilé politique, contrairement à ceux qui (pourtant dans la même misère et sous la même tyrannie) n'ont pas cette chance ; quoique peuvent aussi en profiter, une fois leurs passeports brûlés, les habitants d'un pays voisin non-classé (comme l’Éthiopie par exemple... pourtant autocratique et corrompue jusqu'à la moëlle, mais "alignée", elle !) qui parlent strictement et indiscernablement les mêmes langues que de l'autre côté de la frontière... Les réseaux de passeurs fournissent aux candidat.e.s à l'asile des récits tout préparés décrivant un Enfer sur Terre ; et les impérialistes pour le coup, qui au jour d'aujourd'hui préfèrent maintenir ou renvoyer la force de travail dans les pays qui les servent docilement, ne crachent par contre pas sur vider de ses forces vives un État "dissident".

    On verra ce qu'il adviendra si, demain, le virulent Julius Malema accède au pouvoir en Afrique du Sud histoire-semble-s-accelerer-afrique-du-sud.

    Alors certes on pourrait toujours s'amuser à dire que tous ces exemples sont "nationalistes bourgeois", "révisionnistes" ou pourquoi pas "social-fascistes" (traduction : compradores, "laquais" d'un impérialisme "socialiste" et "anti-impérialiste" type URSS ou Chine)... mais alors, JUSTEMENT, cela nous laisse imaginer ce qu'il en serait des réactions de la gauchisterie petite-bourgeoise occidentale si une véritable révolution démocratique anti-impérialiste, de Nouvelle Démocratie, advenait ! Il faudrait concrètement que son leader se fasse dégommer au bout de quelques années, comme Sankara, pour entrer comme icône inoffensive au Panthéon gauchiste. À moins, peut-être, qu'il ne lui faille combattre des "barbares" en transformant pour cela le pays en base militaire et aérienne de l'OTAN...

    Petite réflexion facebookienne sur le gauchisme petit-bourgeois occidental ("internationaliste" "progressiste" bien-pensant, humanitaro-ONGiste) et son rapport à l'Afrique

    Petite réflexion facebookienne sur le gauchisme petit-bourgeois occidental ("internationaliste" "progressiste" bien-pensant, humanitaro-ONGiste) et son rapport à l'Afrique

    Petite réflexion facebookienne sur le gauchisme petit-bourgeois occidental ("internationaliste" "progressiste" bien-pensant, humanitaro-ONGiste) et son rapport à l'Afrique


    2 commentaires

  • Extraits de discussions sur FB (les commentaires de SLP sont en caractères normaux, ceux des autres en italique).

    "Quand le complotisme rejoint le réformisme il donne les réactions sur le Black Bloc d'hier.

    Y a des critiques à faire sur le Bloc et la première c'est que sans hégémonie culturelle et construction d'un soutien prolétarien derrière bah c'est vain. Mais sinon sur les flics et le reste on en parle des copains qui balancent tout aux RG sur les manifs et des fois même qui les invite à venir à boire le café au local ?"

    Voilà je crois que tu as tout résumé. L'un et l'autre se répondent dans le même dispositif de toute façon. Mais comme l'a expliqué Lénine, à la base première du problème il y a le crétinisme réformiste, légaliste, parlementariste etc.

    [Même si on considère que c'était stérile et contre-productif (je n'ai en effet qu'une faible croyance en ce qu'une manif sur les boulevards haussmanniens soit un cadre que la violence peut "déborder"), comme le pensait Lénine des actions anarchistes des années 1900, c'est d'abord et avant tout, comme il le disait, la RANÇON du crétinisme réformiste et légaliste des directions syndicales, FI, P'c'F, LO et j'en passe.]

    "Je crois que le problème -au delà des critiques réformistes et légalistes qui effectivement ne vont nulle part- n'est pas justement dans la dichotomie légalistes-réformistes/révolutionnaires, mais dans l'idée de ce que l'action illégale doit être et quelle forme et contenu elle doit avoir. On veut que les actions illégales soient menées par des groupes flous, insurrectionnalistes, sans organisation ni emprises dans les organisations du prolétariat et qui prônent une action directe individuelle du genre on chope ce qu'on croise et on le défonce si on veut (ou pas) ou on veut une action illégale adaptée au rapport de forces politique entre les organisations prolétariennes et celles de l'état, enracinée dans les organisations du travail et dans leur développement politique, disciplinée et avec des objectifs tactiques clairs à chaque fois ? Pour moi c'est clair que la seule option possible est la deuxième et que d'ailleurs la première ne sert d'habitude qu'à casser l'organisation syndicale des travailleurs en manifestation, tant en provoquant des charges policières et des entraves aux manifestations syndicales qu'en attaquant carrément les cortèges syndicaux avec des armes létales (comme dans le cas grec, où précisément on peut pas accuser le PAME de "légalisme" ou crétinisme parlementaire)."

    Ouais bon le PAME/KKE, lol.

    Mais sinon oui on est d'accord.

    On ne fait pas la révolution à partir des superstructures. C'était l'erreur des anarchistes qui dans les années 1890-1900 butaient un roi, un président, c'est à dire une superstructure politique.

    Et c'est celle aujourd'hui de ces groupes situationnistes. Il y a un 'spectacle' du capitalisme, de la consommation etc. et ils pensent pouvoir faire la révolution par un contre-spectacle de sa destruction.

    Mais ce sont des superstructures.

    On fait la révolution en PRENANT LES MOYENS DE PRODUCTION (infrastructure) et avec, certes, les pouvoir sur un territoire donné. Mais AVEC...

    "Cela dit, quand on voit que Gaston Besson est un des leaders des BB..."

    Ouais lol je pense pas qu'on puisse parler d'UN leader hexagonal ou même parisien des Black Blocs... Après qu'il y ait des infiltrations dans les milieux anars-totos ça c'est pas impossible, il y en a toujours eu, Christophe Denizeau par exemple. Besson.... Je sais pas, peux-tu développer ce qui te fais affirmer ça ? En tout cas c'est vrai qu'il serait raccord avec la position pro Maïdan de l'ultra gauche loloool...

    "Eh bien il se trouve que j'ai passé de nombreuses années dans les Balkans post-guerre et qu'il en ressort que certains seraient étonnés du nombre de gens qui sont passés tour à tour par les rangs de l'extrême-droite combattante / du hooliganisme à tendance anarchisante de droite / ou ont appartenu simultanément à ces mouvements. Je ne dis pas qu'il n'y a que cela, je dis qu'il y a des porosités et des multipositions, et qu'ignorer ce fait, c'est simplement ne rien connaître à l'affaire. Pour tout vous dire, des mecs qui étaient à Gènes, puis dans les rangs de la Révolution orange, puis dans ceux d' "Azov", j'en ai connu. Je passe sur la naïveté politique totale — je reste poli— qui consiste à dire "ah bah un groupe dit qu'il n'a pas de leaders, donc il n'a pas de leaders"."

    (Un autre répond) "Mais le black bloc n'est pas un "groupe" c'est une technique déjà. Et relativement spontané et anonyme. Tu crois que c'est les 100 personnes à tout casser de l'AFA et de l'ex MILI qui peuvent créer ce qui s'est passé hier ? Le personne qui était là hier sont des gens largement désorganisé, qui se réunisse le temps d'une manif pour foutre le zbeul..."

    Oui mais, outre ce que j'ai déjà évoqué au sujet de l'impossibilité d'un quelconque 'débordement', à travers la plus grande violence qui soit, sur des boulevards haussmanniens qui sont FAITS pour la contre-révolution ; ce qui est pratiquement à rapprocher de l'idée de 'déclencher la révolution' en butant un roi, président, ministre ou quelconque rupin chez les anarchistes de 1900 (or tu es marxiste et léniniste...) ; ne penses tu pas que ce caractère informel et tout-venant est un problème ?

    Une avant garde combattive je veux bien, mais ça doit être discipliné, structuré, on sait à l'intérieur qui est qui, etc.

    "Mais qui a dit le contraire ici ? Pas moi en tout cas. Tu crois que je suis béat sur cette forme émeutière ? Et tu crois surtout que j'ai une quelconque illusion sur leur stratégie révolutionnaire ? Ce n'est clairement pas en pétant un Mac Do de manière un peu nihiliste comme ça que le capitalisme s'effondrera. Je pense que personne qui participe a ce genre d'action ne le croient vraiment. Mais là il s'agissait de répondre au délire complotiste qui voit dans ce qui s'est passé hier la main d'une quelconque puissance anti-ouvrière, que ça soit l'extrême droite, les flics ou je ne sais quoi. Non clairement pas.

    Mais par contre si je ne m'illusionne pas sur ce genre de pratique je trouve ça complétement inadmissible quand on se prétend révolutionnaire de cracher sur les gens qui ont fait ça hier. Il faut affirmer haut et fort que ce sont des camarades et que ces actes, si fragile et inconséquent qu'ils soient, nous les soutenons et qu'ils expriment une légitime colère. Au bout d'un moment qu'une manifestation qui n'était pendant longtemps qu'une manière pour les structures qui encadrent le mouvement ouvrier de se compter et de jauger ses forces pour les prochaines élections dans une optique seulement parlementaire, se mettent à devenir un lieu d'illégalisme et de réel confrontation avec l'état, donc un lieu de rupture où les illusions sur la neutralité bienveillante de l'État s'écroule et ou la violence nue étatique se révèle, c'est plutôt intéressant..."

    Je dis et dirai toujours que la révolte est légitime y compris dans la violence, et citerai toujours Lénine disant que le nihilisme est d'abord une conséquence du réformisme. Je soutiens cela.

    Après, est ce que tous sont des camarades, je crois que j'ai évolué d'une position aussi simpliste.

    Globalement c'est la population de Blocus Paris, le lectorat de Lundi.am etc.

    Je dirais que certains sont des camarades, d'autres peuvent l'être mais sont mal orientés, et d'autres sont des ennemis politiques.

    Je ne dis pas ça par rapport à la question de la casse, et être combattif n'est pas non plus le critère d'absolution. La politique est au poste de commandement. Ce qui compte c'est ce que les gens ont dans la tête.

    Un sionard, un anti-"racialiste", ou un faux "racialiste" qui cassent des vitrines restent des sionards, des anti "racialistes" etc.

    Si un pro-Maïdan met une cagoule et va péter un McDo, il n'est pas mon camarade, non.

    Tu as dit 2 commentaires avant que 1.200 personnes ça ne pouvait pas être que l'AFAPB ou l'ex MILI.

    Tu me dis "TOUS, du moment qu'ils vont au patac, sont des camarades". Je te réponds : non, pour moi, pas forcément.

    Si un genre d'Amédée de Flore fait ça, il n'est pas et ne devient pas mon camarade.

    (Un vieux vétéran de Mai 68) "entre les barricades et occupation d un quartier pour liberer une sorbonne occupée et la casse d un mac do et d un abribus pour faire tomber le capitalisme abribus par abribus il y a toute une différence stratégique..."

    Oui, c'est d'inspiration situ de toute façon. MacDo = spectacle du capitalisme consumériste ; casse = contre-spectacle.

    Ce qui rejoint l'éternel problème de la révolution en frappant les superstructures, comme buter un roi ou un président pour les anarchistes de 1890-1900.

    La révolution et le Pouvoir passent fondamentalement par l'infrastructure, c'est à dire prendre les moyens de production. Là, je dis bien sûr VIVE toutes les violences.

    Et ce n'est pas là du vieil ouvriérisme d'usine, ce que je dis. Par exemple : dans un quartier populaire, les logements sont bien le moyen de production des régies qui font du fric en les louant. Donc : on prend le contrôle du quartier, grève des loyers et on repousse militairement les expulsions, par exemple (ça se faisait en Italie dans les années 70).

    Mais une casse spectacle sur les boulevards haussmanniens qui sont FAITS pour la contre-insurrection... Voilà quoi. C'est 'ennuyeux' (dit Lundi.am), ils aimeraient faire autre chose ? Ben oui mais gros, qu'est ce que tu veux faire d'autre à 1.000 sur les boulevards HAUSSMANNIENS !! À 100.000 comme en 68, à la rigueur. Ou comme en 1871, effondrement de l'État, le peuple en armes le remplace, le peuple en armes EST l'État à Paris, c'est la contre-révolution qui devient l'assaillant... Même comme ça on a perdu, mais c'était déjà autre chose.

    Un post qui résume bien tout :

    "Parmi les arguments pour ou contre une attitude "offensive" lors des manifestations, les arguments moralisateurs (le pauvre abribus ! le manque à gagner de JC Decaux !) ou légalistes sont à rejeter de prime abord.

    Un argument qui a plus de poids concerne la massification du mouvement. Mieux vaut en effet une manifestation "pacifique" d'un million de personnes qu'une action commando d'un groupe isolé - même si toute manifestation efficace porte en elle la menace de l'insurrection. Il reste vraie que dans la majorité des cas la violence est contre-productive de ce point de vue, la plupart des manifestant·e·s potentiel·le·s normalement constitué·e·s aimant bien pouvoir être sûr·e·s de rentrer chez elles.eux en un morceau le soir.

    Ce principe général étant posé, dans le contexte actuel on ne peut pas exclure que l'affluence assez bonne de ce 1er Mai soit due notamment au nombre important de gens voulant "en découdre" (ou en tous cas ne voyant pas d'un mauvais œil ceux qui cassent un abribus à l'occasion, et jugent la confrontation avec la police une nécessité inévitable du mouvement). La police compte plus d'un tiers des manifestants dans un cortège de tête largement solidaire des manifestant·e·s "offensif·ve·s" eux et elles-mêmes très nombreux·se·s. Ça n'a rien de très étonnant : on est quand même juste après Notre Dame des Landes, Tolbiac, etc. et pas loin des souvenirs de la loi Travail de 2016.

    Est-ce que passer du Gilbert Montagné en vendant des mojitos c'est moins "saboter la manifestation" que de lancer des trucs sur les flics ? Je n'en suis pas sûr. Et cette année je ne suis même pas sûr qui des deux a rendu la manif plus attirante pour le plus grand nombre de manifestant·e·s potentiel·le·s."

    Encore un autre, plutôt (carrément) BIEN ARGUMENTÉ : 

     "Seules les fillettes violées par l’armée française en Afrique peuvent comprendre ces jeunes casseurs et se solidariser avec eux, seules ces filles comprennent vraiment la nature terroriste de la démocratie.

    Ceux et celles qui sont embourbés dans le démocratisme, le légalisme, l’immédiatisme, l’autonomisme, l’anti-autoritarisme, le mépris aristocratique pour la violence aveugle, c’est à dire petits cons comme ce syndicaliste CGTiste et Trotskiste de LO, ne peuvent pas comprendre et digérer ces Phrases De Marx Gravées dans Adresse du Comité Central à la Ligue des communistes :

    « Bien loin de s'opposer aux prétendus excès, aux exemples de vengeance populaire contre des individus haïs ou des édifices publics auxquels ne se rattachent que des souvenirs odieux, il faut non seulement tolérer ces exemples, mais encore en assumer soi-même la direction.». Marx

    Cette jeunesse, Ces Gros cons, comme vous les appelez, viennent vous rappeler que la nature de la démocratie c’est le terrorisme et la terreur que le synonyme de «Liberté, Egalité, Fraternité», comme disait Marx, était et représenté par «Infanterie, Cavalerie, Artillerie».

    Il n’y a que ceux et celles qui ont vécu les deux guerres mondiales qui peuvent comprendre ces jeunes prolétaires. Ces jeunes qui, contrairement à vous, ont la mémoire du passé, ils sentent encore dans leurs chairs les traumatismes que leurs arrières grands pères leur ont transmis.
    C’est pendant ces guerres que la démocratie déchaine sa terreur et pousse son terrorisme à son summum.

    Il est évident que seules les fillettes qui arrivent voilées à l’école et qui ont connu c’est quoi Terrorisme médiatique : laïquo-démocratico-gauchistes, (LO a joué un Rôle important dans l’expulsion de deux fillettes voilées).

    Il est certain que seuls les jeunes des banlieues (Que LO a qualifiés d’asociaux lors des émeutes des banlieues) qui peuvent comprendre ces jeunes casseurs de France, c’est eux qui vivent au quotidien le racisme d’état et voient la terreur et le terrorisme permanent de ce même État.

    Il est clair que ceux et celles qui peuvent comprendre ces jeunes casseurs de France sont ceux et celles qui voient la terreur des états occidentaux. Il est clair qu’il n’y a que les enfants déchiquetés en Syrie et en Libye, au Yémen et Irak qui peuvent se solidariser avec ces jeunes casseurs de France qui veulent en finir avec le terrorisme de la démocratie.

    Il n’y a que ceux et celles qui ont goûté à l’action civilisatrice de la démocratie, Les torturés d’Algérie et Les brûlés au Napalm au Viêt-Nam, Les Irradiés d'Hiroshima et Nagasaki et ceux de Tchernobyl qui peuvent comprendre cette jeunesse prolétarienne qui veulent en finir avec la terreur démocratique.

    Il n’y a que les prolétaires d’Occident qui supportent mal ce monde, qui sont mal dans leur peaux, qui subissent l’exploitation quotidienne, qui peuvent comprendre c’est quoi la démocratie.

    Il n’y a que les prolétaires Palestiniens qui peuvent comprendre c’est quoi la démocratie. Il n’y a que les prisonniers Américains qui peuvent comprendre c’est quoi la démocratie. Il n’y a que les prolétaires qui subissent quotidiennement les bombes et les bombardements qui peuvent comprendre c’est quoi la démocratie.

    Il n’y a qu’un prolétaire du tiers monde qui peut comprendre lorsque on lui dit que les USA est la force la plus destructrice de l’histoire Humaine ? Pendant que tous les « citoyens » de ce monde s’émerveillent devant la première démocratie du Monde.

    Ces Gros Cons, comme vous les appelez, viennent pour vous réveiller, c’est pour cette raison qu’ils ne manifestent pas seuls, ils viennent là où le prolétariat se laisse balader et complètement soumis et drogué par l’opium démocratique pendant près d’un siècle.

    Ils viennent vous rappeler que la nature de la démocratie c’est le terrorisme et la terreur. Ces Gros cons, comme vous les appelez, viennent vous secouer, vous rappeler ces paroles de Blanqui : «Qui a du fer a du pain... La France hérissée de travailleurs en armes, voilà l'avènement du socialisme. En présence des prolétaires armés, obstacles, résistances, impossibilités, tout disparaîtra. Mais pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocats, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, enfin de la mitraille, de la misère toujours. Que le peuple choisisse !».

    Ces Gros cons viennent vous rappeler ces mots de l’international de Lénine : « Souviens-toi de la guerre impérialiste! Voilà la première parole que l'Internationale Communiste adresse à chaque travailleur, quelles que soient son origine et la langue qu'il parle. Souviens-toi que, du fait de l'existence du régime capitaliste, une poignée d'impérialistes a eu, pendant quatre longues années, la possibilité de contraindre les travailleurs des différents pays à s'entr'égorger! Souviens-toi que la guerre bourgeoise a plongé l'Europe et le monde entier dans la famine et le dénuement ! Souviens-toi que sans le renversement du capitalisme, la répétition de ces guerres de rapine est non seulement possible, mais inévitable ! ».

    Ces jeunes, contrairement à vous qui êtes amnésiques, ont dans leur mémoire les semaines sanglantes de 1848, la répression de la commune et viennent vous rappeler ces phrase de Marx : « Les massacres sans résultats depuis les journées de juin et d'octobre, la fastidieuse fête expiatoire depuis février et mars, le cannibalisme de la contre-révolution elle-même convaincront les peuples que pour abréger, pour simplifier, pour concentrer l'agonie meurtrière de la vieille société et les souffrances sanglantes de l'enfantement de la nouvelle société, il n'existe qu'un moyen : le terrorisme révolutionnaire. »

    C’est fou comment les opportunistes s’insurgent sur des jeunes casseurs et ferment leurs gueules devant les massacres en Syrie, au Mali, des violes de fillettes en Afrique par l’armée Française symbole du terrorisme et de terreur mondiale.

    Ces petites escarmouches nous permettent de démasquer les faux amis du prolétariat."

    C'est tout à fait vrai, nos prétendues 'démocratie' sont fascistes, aussi bien au sens de terroriste (même 'contrôlé') que de corporatiste, c'est-à-dire prétendre souder les classes dans un 'intérêt commun' ou du moins une 'possibilité de dialogue', et en cela les syndicats de régime jouent un rôle essentiel.

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/a-premiere-vue-l-affirmation-de-gonzalo-a135628314

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/c-est-donc-marrant-d-etre-devenu-resolument-gonzaliste-a135659298

    Mais cela se combat par la Guerre du Peuple, c'est à dire la construction prolongée dans la lutte du Pouvoir populaire.

    Le problème est que, pour autant que je puisse comprendre et respecter cette rage, les parcours de manif sont des terrains balisés et contrôlés par l'ennemi de tout temps et aucune casse ne peut briser cela. Objectivement ça ne sert qu'à renforcer un clivage entre réformistes et aventuristes, qui ni l'un ni l'autre ne sont la voie de la révolution.

    Prendre les usines, prendre les quartiers (qui par les loyers et autres charges sont aussi une source de plus-value pour le Système), prendre les terres rurales devenues moyen de production des promoteurs immobiliers... Voilà autre chose.

    Prendiamoci la città ! Guerre populaire jusqu'au communisme !

    Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970)


     


    Cette lutte, la nôtre, est la lutte de celui qui ne veut plus servir
    de celui qui a désormais conscience de sa force, et qui n'a plus peur du patron
    de celui qui veut faire du monde où nous vivons le monde que nous voulons
    de celui qui a compris qu'il est temps de lutter, qu'il n'y a plus de temps à perdre

    Refrain : Des usines en révolte un vent souffle déjà, partout il arrivera
    c'est un vent rouge qui ne peut s'arrêter, et unit ceux qui ont décidé de lutter
    Pour le communisme, pour la liberté, prenons la ville !
    (2X)

    S'il occupe les maisons, celui qui n'en a pas unit toute la ville
    On lutte dans les quartiers pour ne pas payer les loyers, défendre les maisons contre les expulsions
    On lutte et on vit de manière communiste, pas de place pour le fasciste
    la justice prolétaire recommence à fonctionner, avec le procès populaire !

    (Refrain)

    Les prolétaires sous l'uniforme se révoltent car ils ont compris
    que la caserne elle aussi, comme la prison, est une arme du patron
    et leur lutte avance avec notre unité, vers la liberté
    des quartiers aux casernes, de l'usine à l'école, c'est toute une seule lutte

    (Refrain)

    L'école des patrons ne fonctionne plus, sinon comme base rouge
    la culture des bourgeois, nous n'en avons plus rien à faire, nous l'avons mise à la fosse
    Dans les prisons aussi, dans la répression, grandit l'organisation
    Nous viderons bientôt toutes les prisons, pour faire de la place à tous les patrons !

    (Refrain)


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  • Parler de racisme ne 'divise' pas la classe ouvrière, on est d'accord, c'est même un processus de critique qui seul permettra peut-être une unité un jour.

    Mais le racisme lui-même n'est pas une simple 'manœuvre de l'ennemi pour diviser', et quelque chose dont il faudrait parler parce qu'on a compris que c'est 'central dans la vie de millions d'exploités' donc important pour la recrute...

    Le racisme est tout simplement le prolongement de la domination impérialiste dès lors qu'il y a des millions de travailleurs des pays dominés 'importés' dans les métropoles, où ils forment des minorités nationales dont la lutte prolonge 'au cœur du monstre' celle des pays semi-coloniaux ou carrément des colonies ('DOM-TOM') d'origine.

    Une lutte absolument fondamentale car la révolution à l'échelle planétaire est un encerclement des Centres par les Périphéries, dans lequel les luttes révolutionnaires et bien sûr en particulier les Guerres populaires du Tiers Monde encerclent les pays impérialistes et 'poussent' les luttes par exemple de l'Europe périphérique (Grèce, État espagnol etc.) qui elles-mêmes 'poussent' celles des prolétariats d'États comme la France, en particulier les prolétariats les plus périphériques, souvent opprimés nationalement (Bretagne, Occitanie, Pays Basque etc.)... Et on retrouve là, donc, les 'commandos' de la révolution anti impérialiste du 'Sud' que sont les indigènes colonisés intérieurs.

    Encore une fois : le PIR n'est PAS postmoderne, même s'il peut puiser (et l'on peut toujours s'amuser à dire 'parfois trop', comme par exemple avec l'infâme Foucault) dans ce corpus de pensée.

    Le PIR n'a pas Marx Engels Lénine Staline Mao tatoué partout sur le corps ; mais il est bien souvent bien plus marxiste dans ses raisonnements que bien des gens qui s'en réclament à cors et à cris.

    Pour mener la révolution dans un pays donné il faut une Pensée révolutionnaire, analyse et compréhension profonde de comment ce pays fonctionne. Et de ce que j'ai pu voir à ce jour, la production du PIR fournit une quantité considérable et probablement même LA PLUS GRANDE quantité de 'pierres' pour construire cette Pensée.

    Certes d'autres en fournissent aussi, nous ne disons pas le contraire ; déjà chacun fait ce qu'il veut de sa vie mais SLP est maoïste, donc avoir introduit (par exemple) le maoïsme et l'universalité de ses principes et son affirmation comme troisième, actuelle et supérieure étape de la science marxiste en Hexagone, c'est important. De même que (chacun sa life encore une fois) nous sommes plus Gonzalo gonzalo-pcp-guerre-populaire-perou que Quijano LOL.

    MAIS le travail du PIR n'en est pas moins un matériau précieux pour comprendre-expliquer-combattre le Système dans lequel nous vivons et luttons.

    Le PIR ne prépare (certes) pas la Guerre populaire des indigènes d'Hexagone... Mais cela ne fait pas une grande différence avec quelqu'un qui la prônerait, mais n'aurait pas la moindre idée de COMMENT la mener à bien et à son terme, et déjà une Pensée Guide pour commencer.

    Le PIR, qui au moins n'est pas syndicaliste révolutionnaire anti-politique, ni ne croit (nous non plus) à la magie des 500 tracts distribués dont 485 se retrouveront chiffonnés dans les poubelles alentour, mène une bataille GRAMSCIENNE d'imposition d'idées dans le débat politique, et nous sommes d'avis qu'imposer ces idées dans le débat sert la révolution et non l'inverse.

    Mais c'est sûr que quand on considère que Gramsci "ne sert pas à grand chose"...

    À la base du gigantesque Impérialisme stade suprême du Capitalisme de Lénine, il y a les travaux d'Hobson (Imperialism - A Study), un social-libéral précurseur de Keynes. À la base des immenses Sept Essais de Mariátegui il y a les travaux de Valcárcel Vizcarra, historien-ethnologue non-marxiste, plutôt indo-américaniste proche de l'APRA (et qui se 'connecte', d'ailleurs, finalement au PIR via Quijano).

    Affirmer donc que 'les réponses', le MATÉRIAU à réflexion pour (en jetant dessus la lumière du marxisme) développer une Pensée, ne doit 'pas (jamais) être recherché en dehors du marxisme' (en admettant que le PIR lui soit si extérieur que cela... rappelons que Mariátegui lui-même avait été déclaré 'extérieur au marxisme-léninisme', 'populiste' au sens russe par le référent sud-américain du Komintern, le futur baron révisionniste argentin Codovilla...), est une aberration et l'expression d'un DOGMATISME dirigé contre le développement de la Pensée communiste révolutionnaire, qui sert objectivement la contre-révolution préventive.

    DONT ACTE.


    [Poursuite du débat - autre publication]

    Pour encore une fois (la 100e...) récapituler et clarifier les mêmes choses

    Pour encore une fois (la 100e...) récapituler et clarifier les mêmes choses

    Pour encore une fois (la 100e...) récapituler et clarifier les mêmes choses

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    Pour encore une fois (la 100e...) récapituler et clarifier les mêmes choses

    Pour encore une fois (la 100e...) récapituler et clarifier les mêmes choses

    Pour encore une fois (la 100e...) récapituler et clarifier les mêmes choses

    [Droit de réponse (en italique) d'un contradicteur dans ce débat, que l'honnêteté intellectuelle impose ; et comme vous allez le voir, il y avait effectivement BESOIN qu'il clarifie certaines de ses positions.]

    "Je n'ai jamais dis que les maoïstes n'avaient rien à prendre en dehors de la production MLM, j'ai même RÉPÉTÉ que les post-modernistes que ce soit le PIR ou même les post-modernistes féministes ont fait des critiques et des apports intéressants, or tu ne sembles t'intéresser et ne prendre que chez l'un des deux, Anuradha Ghandy elle même a reconnu (et je l'ai souligné !) des apports des féministes de la troisième vague. Siraj lui même et je l'ai cité a dit que les pomo donnent des critiques pertinentes et parfois intéressantes mais pas les outils.

    À propos de Hobson : évidemment que les marxistes prennent d'ailleurs ! Le marxisme a trois sources constitutives qui ne sont pas le marxisme, les marxistes savent prendre ce qui est pertinent et même chez les bourgeois comme par exemple quand Lénine cite Clausewitz pour parler de stratégie militaire ! Mais on sait en faire la critique. Par rapport au PIR nous reconnaissons ce qui est pertinent mais nous savons en voir la limite : dans la pratique c'est le réformisme radical et il suffit de voir ses alliés sur le plan international comme Angela Davis qui est membre historique du CPUSA qui a appelé à voter Obama, qui a soutenu Sanders. Tu ne peux pas dire "la théorie est intéressante et la pratique ne me concerne pas, ne m'intéresse pas, c'est leur choix" : la pratique est le critère de vérité, on ne peut  détacher pratique et théorie, le lien dialectique entre les deux a été superbement résumé par Mao. Donc oui la bataille sur les plateaux de TV et les chaires universitaires n'est pas une pratique conséquente, tu peux inscrire ça dans la bataille culturelle de Gramsci mais c'est avoir l'interprétation la plus droitière de Gramsci, celles qu'en font tous les révisionnistes qui tentent de résumer Gramsci à un combat pour avoir la plus grande place dans les institutions bourgeoises avant de mener la moindre offensive révolutionnaire. Le PCP est sorti des universités dès que possible pour mener la lutte au sein des paysans et apprendre à faire la guerre en la faisant (il serait ridicule de prétendre avoir le chemin exact pour mener la GPP en France jusqu'à la prise du pouvoir avant même de l'avoir déclenchée, on apprend à faire la guerre en la faisant le PCP l'a répété des centaines de fois !).

    Je n'ai À AUCUN MOMENT dit que le racisme se limitait à une tentative de division de la bourgeoisie. Tu dis que les immigrés représentent une continuation de l'impérialisme et de la lutte anti-impérialiste dans notre propre pays : c'est une analyse que les maoïstes ont depuis longtemps et n'ont pas eu besoin du PIR, c'est répété à chaque fois lorsque l'on parle de la "crise des réfugiés" que cela est une extension de la guerre impérialistes à l'intérieur de nos frontières, c'est présent dans plusieurs déclarations internationales du 1er mai, c'est répété dans les Thèses internationales des Partis et orgas MLM d'Amérique Latine.

    Oui le PIR est post-moderniste on peut tourner ça dans tous les sens c'est un fait. Non ça ne veut pas dire que le PIR est un ennemi politique, bien au contraire c'est un allié tactique mais nous devons avoir une analyse claire des limites du PIR, s'il n'y en avait pas, autant le rejoindre ! Le PIR n'est pas marxiste, certaines de ses analyses peuvent avoir une base vaguement matérialiste ou une analyse vaguement marxiste mais dans les grands principes il n'est pas marxiste et affirme même ce rejet du marxisme plusieurs fois. Il définit l'impérialisme comme étant un phénomène commençant en 1492 (qui est pourtant une date qui a plus d'importance pour le Nord global que pour le Sud global car la véritable colonisation a commencé après cette date, c'est l'histoire bourgeoise qui adule cette date en la présentant comme une grande découverte) et assimile donc colonialisme et impérialisme comme la même chose. La définition Nord global et Sud global n'est pas scientifique et seule la définition puissances impérialistes/nations opprimées permet d'avoir une analyse claire et précise des contradictions à l'échelle international : en effet il est dit que l'Océanie appartiendrait au Nord global, qu'en est-t-il de la Kanaky, nation colonisée par l'impérialisme français ? L'Asie est classée dans le Sud global, j'imagine qu'ils considèrent le Japon évidemment comme le Nord global mais quid de la Chine (et de l'impérialisme chinois) ou encore de la Corée du Sud ? Seul le matérialisme permet une compréhension vraiment scientifique, la terminologie proposée par le PIR rend l'analyse peu précise et ne permet pas de distinguer les différents types de contradiction en ne se plaçant que dans le point de vue de la première contradiction "impérialistes/nations opprimées" et en la mystifiant. Bref Lénine a toujours montré les limites d'Hobson et ne s'est appuyé que sur ce qui est pertinent dans sa production tout en s'écartant de ses conclusions. Au final mettre Hobson et le PIR sur le même plan je pense que ça dessert plus le PIR que ça ne le sert..."

    J'ai donné ma position sur le fond du fond du sujet, par rapport à la vôtre réitérée par M. (chez qui le débat a un peu repris) : pour moi le PIR du haut de ses "conférences de bourgeois universitaires" n'est pas un ennemi et j'assume l'"opportunisme" à son endroit ; bien au contraire, j'estime que les thèmes qu'il impose dans le débat intellectuel anticapitaliste SERVENT la révolution. Tout comme d'ailleurs la révolte actuelle de son postmodernisme (admettons...) plutôt 'soft' et old school, encore un gros pied dans le matérialisme, contre la merde postmo nouvelle vague hardcore, idpol, je suis ceci donc j'ai raison, 'safe', déconstruit... Celui, précisément, de l'"impérialisme progressiste" NOTAMMENT LGBT mais pas seulement.

    J'ai dit aussi, car cela fait plusieurs années que je le pense, que le dogmatisme comme celui que j'ai cru percevoir dans tes propos est le vis-à-vis du postmodernisme dans le dispositif en étau de contre-révolution préventive, d'empêchement de l'éclosion d'une Pensée révolutionnaire pour faire la révolution dans l'État français. Ce qui condamne nécessairement ton travail politique à un plafond de verre tôt ou tard, quelle que soit la dynamique que tu puisses invoquer aujourd'hui. Comme je l'ai dit dans une autre discussion : fais ton Parti MLM le plus parfait qui soit, efforce toi, comme RGA, de le faire le plus représentatif possible des masses populaires, et même de mettre en avant les 'secteurs les plus opprimés' de race ou de genre... En attendant faudra pas te poser de questions quand les masses non-blanches des ghettos elles ne viendront PAS, car elles ne viendront pas et ça c'est pas un phénomène qui date du PIR, né en 2005 et qui de toute façon "ne touche pas ces populations" (n'est-ce pas ?), ça remonte au moins aux années 90 voire 80.

    Comme je l'ai déjà dit, y compris publiquement, et l'assume, pour faire la révolution dans un pays il faut une Pensée et cette Pensée se construit avec des pierres ou des briques, d'ailleurs je pense en toute modestie que SLP en a fourni quelques unes. D'autres ont joué un rôle fondamental qui a été d'introduire le MLM et ses principes dans l'État français. Mais en termes de pierres pour construire la Pensée, oui j'assume être d'avis qu'il y en a plus dans la production intellectuelle du PIR que dans beaucoup d'autres.

    Je ne m'étendrai pas sur tes kilométriques réponses tant elles sont à côté du sujet, ou l'esquivent, je ne sais pas.

    Prolongement de l'impérialisme ne veut absolument pas dire (seulement) que les réfugiés et autres migrants sont une conséquence de l'impérialisme. C'est d'ailleurs évocateur que tu parles de ça et c'est encore une fois... le PIR, Sadri Khiari R1dBY.png qui explique majestueusement comment et pourquoi ces réfugiés/migrants sont les fétiches de la gauche 'pas raciste car de gauche'. À partir pour ainsi dire de la BASE PS, vers la gauche, personne n'est 'contre' les migrants et quiconque à partir du PG ou des Verts est capable de dire qu'ils fuient la rapacité des monopoles impérialistes (ou des 'multinationales') et leurs guerres.

    Moi, je parle bien de gens qui sont là depuis des générations ET subissent encore un racisme, un colonialisme intérieur métropolitain prolongement de l'impérialisme sur leurs pays d'origine. Et ceci, non, n'a jamais été une question 'tranchée' chez les maoïstes ni les communistes en général (beaucoup de théories du 'prolétariat multinational de France', 'même patron même combat' etc. etc.).

    De même quand tu dissocies ce qui n'est pas dissociable, à savoir exportation de capitaux et MOYENS de les exporter, de se garantir des territoires pour le faire. Raison pour laquelle il y a bel et bien une hiérarchie entre les pays impérialistes au sens de 'monopolistes'. Une hiérarchie qui au terme des guerres de repartage du 20e siècle, a pu conduire à des paradoxes comme par exemple, dans les années 80, le Japon 2e puissance ÉCONOMIQUE mondiale, l'Allemagne 3e... mais l'un comme l'autre des nains géopolitiques (l'Allemagne est un peu remontée depuis sa réunification mais ça reste loin du compte). Alors que l'URSS avait une économie du niveau de l'Italie (ce sur quoi les US ont commencé à l'attaquer avec Reagan, et ont ainsi gagné la Guerre froide), mais était classée à juste titre 2e superpuissance mondiale par les maoïstes, de par sa capacité diplomatique et militaire à projeter ses capitaux et contrôler les économies de pays entiers. Dans la catégorie dissociation (légère) entre 'monde blanc' et pays impérialistes, on pourrait aussi parler du Japon de la 2e Guerre mondiale, impérialiste (et fasciste)... mais contre qui la guerre a été d'une violence inégalée et sous-tendue par un racisme inexistant entre puissances 'blanches' ennemies.

    ""Pour vous, ce sont des ennemis et l'"opportunisme" vis à vis d'eux, comme le mien, aussi : à quoi bon donc poursuivre le débat si nous ne nous convaincrons pas ni les uns ni les autres."
    -> Alors que je viens de dire juste au-dessus que dans le contexte actuel je les vois plutôt comme un allié tactique. Tu remarqueras que contrairement au reste de l'extrême-gauche nous n'avons jamais écrit d'articles contre le PIR par ailleurs. Par contre oui il représente une forme d'opportunisme sinon cela signifierait qu'il serait la ligne rouge, ce qu'ils ne sont pas. Leur orientation stratégique est une voie de garage (plus de représentation institutionnelle des indigènes...).  

    Sinon le qualificatif purement gratuit de "dogmatisme" (car je dénonce une analyse non-matérialiste de l'impérialisme) n'est d'aucun intérêt de même que jeter des qualificatifs à la face de ces opposants sans les argumenter sérieusement en se basant sur des faits et des propos réels (car mettre entre guillemets "ignore l'impérialisme" qui sont des guillemets de citation un propos que je n'ai pas tenu ça tient de la manipulation par exemple ou prétendre que je considère le PIR comme un ennemi politique aussi ou encore dire que je considère qu'il n'y a rien à prendre en dehors du corpus MLM, ce ne sont jamais à aucun moment mes propos, que des déformations). Tu remarqueras que je me suis gardé de te qualifier "d'opportuniste", "de post-moderniste", "d'individualiste" ou quoi que ce soit, ça n'apporte rien au débat.

    Tu as une compréhension totalement erronée de la Pensée guide qui n'est pas un processus de production intellectuelle déconnectée de la pratique mais bien le résultat de la pratique. La Pensée Gonzalo est née de l'expérience de la Guerre populaire et non avant. La Pensée Guide ne naitra que de la construction du Parti et la lutte révolutionnaire et de la GPP, prétendre développer une pensée avant d'avoir des résultats pratiques conséquents ça tient de l'idéalisme."

    [Sur ce point précis nous pensons encore une fois qu'il se trompe, mais c'est une controverse dans laquelle vraisemblablement personne ne convaincra personne avant de nombreuses années : non, je/nous ne pense(ons) pas que la Pensée est un "résultat de la pratique" de ses auteurs, mais qu'elle doit un minimum la PRÉCÉDER. Ce que le camarade a raison de dire, c'est qu'on "apprend la guerre en la faisant" : la STRATÉGIE RÉVOLUTIONNAIRE, et ses multiples tactiques formant le Plan Général de Travail, ne peuvent en effet que rarement être bien préétablies, sinon dans les très grandes lignes, et se construisent plutôt au fil des leçons de la lutte (et de toute façon, pour un Parti révolutionnaire sérieux, ne seront jamais exposées publiquement dans les détails). Mais ceci est une chose, et la Pensée en est une autre. Car qui d'engagé politiquement ou même syndicalement, et souvent de façon dévouée et exemplaire, n'a pas de pratique ? Militer, y compris à Lutte Ouvrière ou chez Mélenchon, à la CGT ou même à FO, c'est avoir une pratique. Et pourtant, ce n'est pas avoir une PENSÉE et donc ça ne va nulle part. Le Pensée ne résulte pas "de la pratique", mais (éventuellement) d'une BONNE pratique militante révolutionnaire... qui doit nécessairement, pour être bonne, être précédée d'une CONCEPTION COMMUNISTE CORRECTE DU MONDE appliquée au pays où l'on lutte, donc d'une Pensée une minimum élaborée et correcte. Ensuite évidemment, celle-ci peut s'enrichir au fil des luttes, mais elle doit un minimum préexister. Mais c'est vrai : la Pensée, comme toute chose intellectuelle, provient de la matière donc de la pratique... mais PASSÉE. Analyser, à la lumière du marxisme (à son stade actuel maoïste) la réalité et l'HISTOIRE de son pays, ou d'une catégorie particulière de la population comme les indigènes non-blancs, c'est d'abord et avant tout l'histoire des LUTTES, ce qu'ont mis en œuvre les exploiteurs et comment on s'y est confronté, donc une histoire pratique. Ce qui est faux, c'est que la Pensée ne peut provenir que la pratique DE L'ORGANISATION qui l'élabore, car il n'est pas possible de se lancer dans une pratique correcte et donc productrice de Pensée sans avoir un minimum compris-expliqué, pour le combattre, le Système qui nous emprisonne.]

    [Pour prendre un petit exemple... Lénine n'a, de janvier 1897 à novembre 1905 puis de novembre 1907 à avril 1917, vécu qu'en déportation (en Sibérie) ou en exil (en Suisse et ailleurs) ; et même entre 1905 et 1907, il "dirige les opérations" (en quelque sorte) à Petrograd depuis la Finlande, appartenant certes à l'Empire russe mais jouissant d'une assez large autonomie... Il n'a strictement, au long de ces 20 années cruciales pour la révolution en Russie, jamais été sur le "ter-ter" ; presque PERSONNE dans toute l'histoire des mouvements révolutionnaires n'a eu moins de pratique de terrain que lui ; et pourtant, il est devenu Lénine !! Les arguments "terteristes"-"pratiquistes" tombent ici totalement à plat...]

    "Le PIR que tu défends tant, qui est né en janvier 2005 sous l'impulsion de nombreux intellectuels : ont-ils publié ne serait qu'un seul communiqué en novembre 2005, décembre 2005 ou en 2006 par rapport à la révolte des banlieues ? Niet, nada, néant. Pour les 10 ans de la révolte des banlieues en 2015 ? Rien non plus. Bref le PIR n'a jamais considéré la révolte des banlieues comme un élément central de l'histoire récente de la lutte des indigènes en France car ça ne correspond pas à son mode de pratique.

    Ensuite dire que l'on a des apports de l'extérieur ne signifie pas que la réponse est en dehors du marxisme. À aucun moment car le marxisme est justement ce qui permet de digérer l'en dehors, qui permet de partir des masses pour revenir au masse, de prendre en compte toutes les productions de la vie sociale et donc y compris d'organisations pomo. Tu n'as fais aucune démonstration de ce côté là car en lisant mes messages bien avant que tu ailles me parler d'Hobson ou autre j'évoquais en citant précisément Siraj le fait que les pomo ont des critiques pouvant être pertinentes."

    Le PIR sur Novembre 2005 c'est une blague par contre LOL, mais le reste je l'entends et ne suis pas en désaccord. En fait on est pas en désaccord sur grand chose LOL, comme tu le dis toi-même, la nécessité du marxisme pour la 'digestion' etc. etc. Le problème est peut-être plus de forme, dans ta façon de te prendre trèèès au sérieux tout en assénant des contre- ou des demi-vérités, comme par exemple que l'impérialisme s'est TOUJOURS PARTOUT SYSTÉMATIQUEMENT appuyé sur les structures traditionnelles, ce qui est faux dans plus de 50% des cas, bon là j'ai pas trop le temps de développer mais en gros l'impérialisme dans les pays dominés c'est pas une révolution bourgeoise, encore moins démocratique, mais une sorte de Louis XV ou Louis XVI. En fait tu as du mal avec être contredit par les masses (puisque je ne suis pas du Parti je suis des masses, disons).

    "Pour le PIR sur 2005 trouve moi des communiqués datant de 2005 ou 2006 qui traitent sérieusement de la révolte des banlieues, j'ai cherché je n'en ai pas trouvé pourtant toutes leurs archives sont en ligne. Je me rappelle aussi très bien avoir été étonné en 2015 en ne voyant aucun grand événement organisé par le PIR par rapport à la révolte de 2005.
     
    Tu peux dire que je me prends au sérieux, certainement et parfois un peu trop mais je pense pas que tu es en reste non plus de ce côté là, oui quand on débat on essaye de l'être. Tu as quand même une tendance à déformer mes propos quand tu dis que j'aurai prétendu que " l'impérialisme s'est TOUJOURS PARTOUT SYSTÉMATIQUEMENT appuyé sur les structures traditionnelles" : ce n'est absolument pas ce que j'ai dis, relis mon message, j'ai dis que l'impérialisme peut très bien s'accommoder de structures traditionnelles un temps avant des les détruire, je n'ai jamais prétendu que c'était systématique et partout, j'ai dis que c'était une capacité de l'impérialisme et que donc la défense la structure traditionnelle ne doit pas être la base d'un mouvement anti-impérialiste.

    Il y a évidemment des cas où l'impérialisme, notamment quand il est suffisamment fort militairement (tu te rappelleras qu'en parlant des Philippines j'ai bien précisé que l'accommodation avec des structures traditionnelles et les élites traditionnelles venait du fait que militairement les missionnaires espagnols n'ont pas été dans une position de force tout de suite, car l'Espagne avait envoyé au début assez peu de soldats et qu'ils crevaient tous au bout de quelques mois à cause de maladies tropicales). Bref tu prends un point de mon argumentation et le présente comme si j'en avais fais une universalité en ignorant le fond de mon propos : construire un mouvement révolutionnaire, un mouvement anti-impérialiste ne doit pas reposer sur la défense des structures traditionnelles ou plutôt ne doit pas placer les structures traditionnelles comme notre ligne de défense absolue car celles-ci ne sont pas par essence en contradiction avec l'impérialisme - mais bien sûr qu'elles peuvent l'être et l'ont même souvent été dans certains cas ! Il n'y a pas qu'un seul schéma et je n'ai pas prétendu cela. Cela est souvent assez mixte et on voit que dans certaines sociétés des élites traditionnelles ont opposé une farouche résistance à la colonisation tandis que dans d'autres elles s'y sont plus facilement accommodées. Pour reprendre l'exemple des Philippines : les Espagnols ont pu s'appuyer sur beaucoup de datu dans les régions Tagal et Visaya par exemple, mais à Mindanao qui était une société totalement différente avec un degré d'organisation sociale bien plus développée, notamment du fait des sultanats musulmans qui avaient déjà développé un début de féodalisme, les Espagnols n'ont jamais pu conquérir ces territoires pendant toute la durée de la colonisation et ce sont seulement les Américains qui les ont conquis avec des moyens militaires extrêmement important.

    Ce que j'affirmais surtout c'est que si on veut construire un mouvement anti-impérialiste la priorité n'est pas la défense de la structure familiale et l'unité familiale mais bien la construction d'un Parti d'avant-garde et tu remarqueras que dans toutes les luttes anti-coloniales même celles dirigées par la bourgeoisie nationale il y a eu une distanciation des structures traditionnelles ou alors une subordination des structures traditionnelles à ce mouvement révolutionnaire qui surplombait, c'est le cas du FLN en Algérie par exemple ! Ou même au Vietnam où le FLN gagnait le cœur des familles pour que les parents ne soient pas réticent à laisser leurs enfants partir au front pour la libération nationale : la structure familiale n'a pas été détruite mais subordonnée à un mouvement qui avait autorité sur elle. J'insistais aussi sur ce point pour dire que le semi-féodalisme s'accompagne toujours du maintien de CERTAINES structures traditionnelles celles qui permettent justement de maintenir l'oppression coloniale. Tu as fais d'un point de mon argumentation une généralité alors que je n'ai pas dis que l'impérialisme s'accommodait toujours de toutes les structures traditionnelles mais juste que les structures traditionnelles n'étaient pas une garantie, une muraille faisant systématiquement front à l'impérialisme et que l'anti-impérialisme c'est surtout construire une forme d'organisation nouvelle, d'avant-garde qui exige aussi une culture nouvelle pour vaincre l'impérialisme."

    Tu as dis aussi que je serais "indulgent avec le postmodernisme de race et pas avec celui de genre"...

    Ben oui mais que veux tu, c'est peut-être parce que contrairement au postmodernisme justement, dont c'est un grand rôle de nier ça, il y a des hiérarchies entre les contradictions. Il y a des contradictions qui sont motrices et qui 'subsument' d'autres.

    Si on va, en marxistes, au delà de l'écran de fumée postmo pour trouver les contradictions que ce postmo exprime : le postmodernisme de race prospère sur la question raciale qui est comme je l'ai dit le prolongement de la contradiction entre impérialisme et peuples dominés par lui. Et ça c'est une contradiction absolument CENTRALE pour la vague mondiale de révolutions qui se lève à nouveau. Les luttes anticoloniales ont toujours été importantes, elles sont l'aspect "lutte" de l'unité-et-lutte qui fait de toutes les atrocités coloniales un processus 'progressiste' au sens de rapprocher les peuples concernés du communisme : oui, l'impérialisme a été 'progressiste' en ce sens, mais AVEC les luttes qu'il a suscitées contre lui ; ça va FORCÉMENT de pair.

    Par contre il est vrai qu'elles n'ont pas toujours été motrices. Ce sont les luttes en Europe industrialisée, bientôt monopoliste, qui ont donné naissance au marxisme. Mais il est vrai aussi qu'en Occident industrialisé de longue date, le marxisme n'a pas connu de grandes victoires... Il a commencé lorsqu'il en est sorti : en Russie, avec une bataille décisive à Petrograd, mais une organisation qui s'est notamment beaucoup forgée à Bakou, aux pieds du Caucase. Puis tout le reste a été à l'avenant.

    Tout simplement parce que dès lors qu'on est au stade des monopoles, la contradiction entre impérialisme et colonies ou semi-colonies devient motrice ; et la révolution mondiale a un sens de déploiement qui est depuis les pays dominés du 'Sud' vers les métropoles impérialistes où le capitalisme est né et d'où il s'est répandu sur la planète. Parce que comme le disait Mao lui-même, certes il faut qu'il y ait capitalisme, un minimum de pénétration, bref chez un peuple complètement pré-capitaliste de l'Himalaya (par exemple) ça ne marche pas ; mais il faut que le capitalisme soit 'FRAIS', plus il est 'frais' plus la révolution est faisable, ensuite la vague déferle vers là où il est moins 'frais'.

    [Voir par exemple ce que disait Mao ici : http://ekladata.com/m2ZvyhotBW-5-39bNwfYd4vBK-8.png]

    Tu ne seras sûrement pas d'accord, qualifieras ça de 'tiers-mondiste' ou quoi, mais tu ne me feras pas changer d'avis, il n'y a PAS de contre exemple.

    Voilà donc ce qui se 'cache' derrière le postmodernisme 'de race', ou 'décolonial'.

    Derrière le postmodernisme de genre, par contre, se cache ce que personne, à mon avis, n'a expliqué aussi brillamment que le FFPR canadien dont je souscris totalement à l'analyse quelle-est-la-source-de-l-oppression-des-femmes, et ce qui est expliqué de comment le résoudre. Je te renvoie aux textes, pas le temps de m'étendre davantage.

    Ce n'est pas une question d'être 'plus complaisant' avec un postmodernisme qu'avec un autre ; c'est qu'en allant JUSTEMENT au delà du postmodernisme, qui est là pour tout embrouiller et le rendre inextricable, les contradictions dans leur compréhension scientifique marxiste réapparaissent et reprennent leur hiérarchie.

    Ce que le PIR ne cesse chaque jour de comprendre et affronter, d'ailleurs, à chaque vague d'attaques car comme (comme je l'ai expliqué) le postmodernisme est là pour dissoudre toutes les contradictions et les oppressions dans un grand magma, il sert également à diviser pour régner, jouer les uns contre les autres, et le PIR se mange donc quasi quotidiennement de l'artillerie lourde postmo de genre, et même de race avec la contradiction, le lamentable petit jeu de kiképlus opprimé, entre les Arabes et les Noirs.

    Alors qu'il est bien évident et n'a jamais fait de doute pour moi, que toutes ces questions sont en fait de gigantesques processus de critique et autocritique à traverser pour parvenir à une unité supérieure contre le seul vrai ennemi, la bourgeoisie monopoliste.

    "Mais je suis tout à fait d'accord pour dire que le vent souffle de l'Est ou du Sud et c'est confirmé par les faits : la tempête révolutionnaire se situe clairement du côté des pays semi-coloniaux semi-féodaux et ce n'est pas un constat nouveau. Le problème reste largement la création de Partis sur la base MLM pour déclencher plus de GPP car c'est ce qu'il faut aujourd'hui : plus de GPP et pour cela le Parti du prolétariat capable de la mener, c'est exactement ce qui manque en Syrie aujourd'hui par exemple. Tu ne me verras jamais dire "La Révolution partira des centres impérialistes pour s'étendre dans les nations opprimées". Affirmer que la tempête révolutionnaire s'agite en premier lieu dans les nations opprimées ce n'est pas du Tiers Mondisme et ça ne nous souscrit pas à nos tâches de communistes vivant dans des pays impérialistes, d'internationalistes : lutter contre notre propre impérialisme en établissant les outils pour développer la GPP ici même !

    Ensuite oui le post-modernisme dans le genre est aujourd'hui totalement à la dérive et je ne le considère pas du tout sur le même plan que le PIR. Comprendre la question de la race comme aspect principal car lié à la question de l'impérialisme (1ère contradiction internationale) ne devrait que nous rendre au final plus vigilants quant aux limites des analyses post-modernes de l'impérialisme et de la race : la question étant très importante elle implique un sérieux total, or à travers des événements comme le "Bandung du Nord" on voit clairement les limites de l'analyse et l'absence de perspective. La question du genre appartient à la contradiction secondaire, c'est un fait mais en avoir une compréhension juste est d'une nécessité absolue si on veut organiser dans notre propre pays, un pays impérialiste. On se rend aussi rapidement compte que comprendre d'un point de vue matérialiste les oppressions de race et de sexe offrent les plus grandes perspectives de développement révolutionnaire d'où la nécessité de comprendre au mieux l'anti-impérialisme (cela nécessite une compréhension scientifique de l'impérialisme sinon on ne peut comprendre sérieusement la contradiction inter-impérialiste, le capitalisme bureaucratique et la formation de bourgeoisies compradores), l'analyse de classe de la société française et le féminisme prolétarien."

    Sur le PIR et les émeutes de 2005, non désolé franchement tu planes. La Marche de 2015 (avant celle de l'an dernier qui s'est faite allumer par l'artillerie ter-teriste dont tu reprends le discours) a été organisée OUVERTEMENT pour le 10e anniversaire. La référence est présente dans des tas de textes, dans "Politique de la Racaille" et "La Contre-Révolution coloniale", bref.

    Maintenant, un truc qui est vrai c'est qu'ils ne SACRALISENT pas le "jeune de banlieue". Pourquoi ? Parce que c'est au fond, pour le gauchisme blanc, une sacralisation qui rejoint un peu celle du sans-papiers (je ne dis pas que c'est votre cas, je parle du gauchisme 'de base').

    Il est vu (de manière totalement fantasmée, je précise) comme "bas du front", donc rude à aborder mais potentiellement manœuvrable. EN PRINCIPE il va te dire d'aller niquer ta mère avec tes conneries gauchistes, MAIS si on arrive à percer cette carapace, waouh quel trophée militant !! C'est une espèce de Graal, de Pierre philosophale pour tout gauchiste blanc qui se respecte.

    C'est Mamie FN, ou Anne-Théoline de la Manif pour Tous qui ont fondamentalement peur de la "racaille". Greg le Gauchiste a une terreur enfouie bien plus profonde : celle de l'Arabe ou du Noir... de banlieue oui, né en banlieue (si on peut simplement le traiter de beurgeois, c'est trop facile et pas drôle !), mais qui SAIT PARLER, intellectuel de sa race sociale. Qui ne dit ni oui m'sieur, ni va niquer ta mère sale fils de pute, mais est capable d'exprimer des idées subversives dans un langage articulé.

    Elle est là la terreur du gauchiste blanc qui adooore le sans-papiers à l'existence éphémère (qui n'existe pas avant d'entrer sur le territoire, et plus une fois qu'il a ses papiers ou qu'il est parti vers l'Angleterre ou l'Allemagne) ET rêve de "gagner" un "jeune de banlieue" comme couronnement de sa carrière militante. Donc c'est pour ça que le PIR ne sacralise pas le "jeune des quartiers" non plus.

    "Pour le livre de Sadri Khiari je ne l'ai pas lu et c'est vrai qu'il faudrait que je le lise ! Pour la Marche de 2015 c'est surtout une initiative d'Amal Bentounsi mais c'est vrai que le PIR a été très investi dans son organisation (ce qui avait fait rager les gauchos islamophobes en passant qui était allé recouvrir le parcours d'affiches dégueulasses). Sinon il est intéressant de noter que ce soit la Marche de 2015 ou 2016 la mobilisation des quartiers populaires ça a été surtout le fruit d'Urgence notre police assassine, du FUIQP et quelques autres collectifs mais le PIR lui même n'a pas de capacité de mobilisation effectif. Même lorsqu'il organise une Conférence à Saint-Denis (j'ai oublié le nom, quelque chose contre les inquisiteurs ?), cela n'intéresse au final que le milieu militant "classique".

    Sinon je suis tout à fait d'accord sur l'idéalisation de la figure du sans-papier, du réfugié ou du jeune de banlieue qui s'inscrit d'ailleurs souvent dans une vision coloniale où le gauchiste blanc (socedem ou trotskystes en général) pense avoir une mission civilisatrice vis-à-vis du bon sauvage qu'il s'agirait d'éduquer pour mettre dans le droit chemin. Il s'agit évidemment là d'une vision radicalement différente de celle qui se base sur l'analyse de classe et sur le rôle des quartiers populaires comme un moteur de la lutte des classes en France, comme la concentration du prolétarait le plus exploité, le plus opprimé et le moins organisé car les organisations syndicales aujourd'hui organisent en grande partie une aristocratie ouvrière ou de vieux secteurs ouvriers. Or une analyse de classe sérieuse montre clairement que le prolétariat aujourd'hui, celui qui compose le gros des missions interim, des boulots les plus à risque, des jobs les plus précaires vient des quartiers populaires : pas que les jeunes mais toute la population des quartiers populaires. D'où la nécessité stratégique vitale pour les révolutionnaires de pratiquer leur travail de masse dans les quartiers populaires : l'orientation envers les jeunes comme première tâche (mais non unique) est évidente : les maoïstes sont principalement des jeunes et principalement des jeunes prolétaires et la jeunesse a un rôle central dans la révolution du fait qu'elle est l'avenir (Lénine et Mao ont développé à ce sujet largement), du fait qu'elle a moins de responsabilités tel que les responsabilités familiales qui viennent plus tard (même s'il y en a énormément, notamment soutenir le foyer!). Tu remarqueras que ceux qui ont une vision civilisatrice du jeune de quartier sont ceux qui se désolent des révoltes dans les banlieues (pas que 2005 toutes celles qui continuent jusqu'à aujourd'hui) en répétant "c'est pas la bonne solution, il faut des manifs pacifiques faites à Paris" etc. D'ailleurs ces même socedem ou gauchistes qui idéalisent le "jeune de banlieue" ne le voit jamais comme un prolétaire mais au mieux comme un chômeur désorienté ou comme un petit lascar, ce qui montre à quel point ils sont à des milliers de kilomètres de la réalité et que leur vision des quartiers populaires c'est pas l'enquête et l'analyse de classe mais TF1/BFMTV!"

    [Déjà dans un échange précédent, cette clarification :

    Essayons de fermer les questions :

    Penses tu que le racisme ici, et la lutte contre lui soient un prolongement de l'impérialisme et de la lutte contre lui au dehors ?

    Si oui, quel degré de 'fondamentalité', on va dire donnerais tu à cette question pour la révolution dans l'État français ?

    Penses tu que l'État français soit par ailleurs la construction-appareil d'un cartel de bourgeoisies locales sous la direction de celle de Paris, emprisonnant plusieurs peuples (je parle avant même les immigrés coloniaux) ; et là encore quel degré de fondamentalité donnerais tu à cette question dans la révolution en Hexagone ?

    Serait il possible de dire que ce n'est pas quelque chose à 'articuler' avec la lutte de classe, mais la forme que celle ci prend pour un ensemble donné de travailleurs ?

    (Réponse) "La question du racisme est évidemment liée à la question du colonialisme et de l'impérialisme. La domination coloniale est une des raisons même des différentes vagues d'immigration en France et les colonisés ont subis l'oppression coloniale à l'intérieur même de l’État français. La domination coloniale française est la raison même pour laquelle la plupart des immigrés viennent des anciennes colonies, l'impérialisme et ses conséquences (la guerre !) sont les raisons de vagues de réfugiés aujourd'hui. Les immigrés et descendants d'immigrés appartiennent pour beaucoup à la frange la plus exploitée du prolétariat et donc celle qui a le plus de raisons de se révolter. C'est une question cruciale pour les communistes de l’État français de prendre en compte cela. Le Président Gonzalo indique très clairement dans la La Ligne de Masse, la nécessité de s'organiser parmi les couches les plus pauvres du prolétariat. C'est de là même que vient la nécessité d'orienter le travail de masse vers les banlieues, et on ne peut comprendre les banlieues en se contentant de l'exploitation économique, la question du racisme, de l'héritage du colonialisme et des politiques impérialistes aujourd'hui sont essentielles.

    Concernant la formation de la bourgeoisie française. Celle-ci s'est bien sûr principalement (mais non seulement) formée en région parisienne, qui était un nœud de commerce privilégié et la plus grande ville de France à la fin du féodalisme. La Révolution bourgeoise de 1789 a pris pour cible les cultures et langues régionales en les assimilant au féodalisme, le rapport Grégoire en est une grosse illustration. L'unification de la France s'est faite à partir de Paris et sur la base de la langue d'oïl, ce processus a commencé lors de la monarchie même, la création de l'Académie française sous Louis XIII en est un exemple. Aujourd'hui il faut voir ce qu'il reste de cela. Il est évident tout d'abord que dans les colonies directes nommées DOM-TOM la question de l'autodétermination est centrale. La Corse est à mon avis dans la même situation. Ensuite pour les "peuples périphériques" à l'intérieur de la métropole (Bretagne, Occitanie, Basques mais aussi si l'on veut Savoie, Alsace et tout ce qui n'est pas Paris !), il faut soutenir les droits culturels dans tous les cas, le droit à l'autodétermination est indéniable. Néanmoins il ne me semble pas pertinent de dire que la lutte des classes dans ces régions est toujours déterminée par l'histoire du jacobinisme. Dans les régions où ce sentiment est le plus présent cela joue un rôle évidemment important (Bretagne en particulier, certaines parties de l'Occitanie mais c'est très large et cela varie d'une partie à une autre)."]

    [Résumé, peut-être, ULTIME sur la question du postmodernisme (commentaire FB) : 

    Il est d'autant plus difficile de définir le postmodernisme, qu'il ne se définit pas et même rejette en général cette appellation lui-même.

    Nous dirions pour notre part qu'il est une forme de dérive gauchiste à partir du traitement de causes légitimes, comme toutes les causes légitimes ont leurs gauchismes de toute façon, y compris la lutte des classes "pure" avec le dogmatisme ouvriériste ou autre.

    Notre définition du postmodernisme serait une dérive individualiste, individualo-centrée qui perd de vue les grandes divisions du travail et les hiérarchies des contradictions (principales, secondaires) au profit de souffrances, indiscutables en vertu de la "parole des concerné-e-s", et en réponse d'une recherche de "zones de confort safes", PERSONNELLES.

    S'attaquant au final, d'ailleurs, à des comportements dits oppressifs individuels c'est à dire des SYMPTÔMES, et non au fond structurel des problèmes (les grandes divisions du travail), dans une approche finalement MORALE tout en critiquant à tout va l'antiracisme et toutes les approches anti-oppression dites "morales".

    Au final, de dérive en dérive on en arrive à un "progressisme au service de l'ordre" version radicale, radicaliste, opposé et même en prétendue guerre contre le "progressisme au service de l'ordre" socedem ou lib-lib mainstream (De Haas, Fourest, Schiappa, "antiracisme" SOS etc.) mais TOUT AUTANT au service de l'ordre en réalité.

    Les souffrances personnelles, à partir d'oppressions non hiérarchisées ni mises en perspective, sont ainsi habilement dressées les unes contre les autres et détruisent toute unité d'action de masse contre une (ou pourquoi pas plusieurs de front !) division du travail priorisée comme à abattre.

    Il n'y a plus d'analyses justes et d'analyses erronées, puisqu'il n'y a plus que des ressentis tous valables et légitimes, à écouter sans critiquer sous peine de "silencier" les personnes... Donc la construction d'une conception révolutionnaire correcte pour transformer le monde (et liquider toutes ces souffrances) n'avance plus.

    À un certain point, parler de révolution et de ce que ça implique (pas un dîner de gala) devient "viriliste", "excluant" pour les gens qui ne seraient pas "physiques", costauds, ne sauraient pas se battre, ou seraient handicapés (comme si les communistes n'étaient pas capables de tous temps de trouver une utilité à tout le monde voulant servir la révolution, il suffit de penser à un géant théorique comme Mariategui... en fauteuil roulant, jamais monté sur une barricade).

    Lorsqu'on a atteint ce stade de n'importe quoi, on a affaire à un véritable dispositif de contre-révolution préventive.

    Voilà pour résumer (si on peut appeler ça résumer LOL)

    => Or le PIR, de ce que nous pouvons en voir quotidiennement sur les divers canaux de communication que ses membres utilisent, ne semble en tout point rien d'autre qu'en GUERRE contre de telles logiques, qui le frappent d'ailleurs plus qu'à son tour.]


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  • Débat surgi sur Facebook autour de cette intervention du militant anticolonialiste intérieur Yannis, le 23 avril dernier à l'université occupée de Nanterre, portant sur le sujet toujours délicat et mal compris de l'"impérialisme gay" :

    (2) LA GAUCHE BLANCHE ET L'HOMORACIALISME

    (Lire aussi les autres interventions à la même conférence : 1 - 3 - 4)

    "Le Progressisme dit rien aux racisé-es ? D'accord, faudra expliquer ça à ce sale blanc impérialiste de Mao alors, lol. Non franchement, des fois y'a des trucs intéressants développer dans les discours "antiracistes politiques" (même si ça reste post moderne) mais là le concept d'"impérialisme gay" c’est juste ouvertement réactionnaire."

    Précision : contrairement à Houria Bouteldja par le passé, là c'est une personne homosexuelle qui s'exprime.

    Et il est longuement expliqué (relativement par A + B je trouve) la différence entre droits homosexuels et transgenres, en tant qu'identités ayant toujours existé sous différentes formes dans toutes les sociétés, et mouvement LGBT sous sa forme occidentale (la seule qu'il ait) et la prétention à l'imposer tel quel du Pôle Nord au Pôle Sud.

    Et puis bon, le maoïsme en Chine et l'homosexualité... Bref. Autres temps on va dire. Mao est un argument contre l'affirmation que le communisme serait 'étranger' au monde non-blanc, ça c'est vrai par contre, et il n'est d'ailleurs pas le seul (en fait toute l'histoire du communisme depuis 100 ans prouve le contraire). Mais il n'était pas vraiment un champion du mouvement LGBT qui d'ailleurs n'existait pas.

    "Osef qu'il soit gay, on peut être homo et réac, mais là l'analyse est typiquement post moderne, et comme toute analyse post moderne, elle cache une pensée profondément réactionnaire. L'"identité" y est placé, comme dans tous discours PoMo, au centre de tout, elle est immuable et figée, l'universalisme n'existe pas, la science n'existe pas, la vérité n'existe pas, le mouvement constant règne de la nécessité vers le règne de la liberté (c-a-d ce que nous considérons comme le progrès, même si l'Histoire n'est pas linéaire on n'est bien d'accord) n'existe pas, ce qui existe c’est l'identité. de cet analyse on va tout simplement refuser l'universalité, non pas à un mouvement de libération LGBT spécifique aux pays impérialistes et aux non-indigènes qui y vivent, mais bien au mouvement LGBT en général, sous prétexte que l'identité indigène passe avant. Si encore  ce genre d'analyse était accompagné d'une proposition concrète d'adaptation de la lutte LGBT aux conditions matérielles concrètes des communautés indigènes dans les pays impérialistes on pourrait considérer ça comme autre chose que réactionnaire, mais la c’est pas le cas (Ça ne l'est jamais dans la branlette PoMo) tout ce qu'il y'a la c'est un espèce de relativisme pas cher qui engendre (volontairement ou non) un discours bien réac voulant que toute volonté d'émancipation formulée au sein des communauté LGBT soir OBLIGATOIREMENT le fait d'une vile machination impérialiste. Alors c'est ÉVIDEMMENT qu'il faut dénoncer le PinkWashing et les  instrumentalisations (hypocrites, toujours, comme celle, récente de l'antisémitisme) de luttes "blanches" contre les communautés indigènes, et qu'il existe une nécessité d'adapter aux conditions concrète du prolétariat indigène des pays impérialistes les modalités de la libérations LGBT, mais pas dans le cadre de ce genre d'analyse post moderne, en somme je pense qu'il est stérile pour nous, communistes, de brandir le drapeau du post modernisme face au post modernisme et que c'est une forme d'opportunisme. Sinon pour la question des LGBT en Chine populaire ou en Russie soviétique : les idées ne tombent pas du ciel, tout simplement, et si dans le cadre de ces deux États socialistes des progrès ont existé malgré tout, la question ne s'est pas réellement posée car elle est de formulation (très) récente."

    Le progressisme n'est pas le communisme révolutionnaire, matérialiste dialectique, par ailleurs.

    En vérité je pense même qu'il est un concept construit depuis une quarantaine d'années CONTRE, pour la DESTRUCTION de celui-ci. SLP en a assez longuement parlé dans un article analyse-fascisme-anti-politique... Enfin quatre (tellement long que ça a dû être découpé en quatre - suivre les liens).

    Le progressisme c'est remplacer la dialectique de la matière, et donc de l'histoire de la société humaine, par un culte du Progrès ; notion au demeurant tout à fait plaquable sur la politique de "modernisation" actuellement mise en œuvre par Macron.

    On peut dire aussi, dans un sens, que c'est une tentative de pousser à l'ultime bout du bout la révolution capitaliste en tant qu'idéologie de l'individu... le plus SEUL possible face au Marché, dans des rapports sociaux qui sont désormais (de plus en plus) tous des marchés.

    Si on veut vraiment être clouscardien (il le faut peut-être, des fois), c'est aussi faire passer le sociétal devant le social et transformer le social (lutte des classes, lutte contre le patriarcat au service de la reproduction gratuite de la force de travail, lutte anti-impérialiste et son prolongement antiraciste dans les métropoles) en sociétal ("sujets de société") soluble dans la moraline ; et résoluble par le Progrès.

    L'homophobie et la transphobie ne sont pas des "sujets de société". L'homophobie et la transphobie, c'est la haine du fait que les mecs soient des "gonzesses", ou que des "gonzesses" "jouent aux mecs".

    Et quel est donc ce clivage mecs/gonzesses qui semble à la base de tout ; et dont la haine de ceux ou celles qui ne sont "pas ce qu'ils doivent être" semble procéder ? C'est la division patriarcale du travail, recyclée par les modes de production successifs pour créer une catégorie surexploitée ; autrement dit ce qui veut qu'à travail égal les femmes gagnent en moyenne 20% de moins, et se payent ensuite l'essentiel des tâches d'entretien du domicile et de prise en charge des enfants et du mari qui travaille duuuur (reproduction gratuite de la force de travail).

    Et ça, c'est typiquement ce à quoi le progressisme ne touche pas et ne touchera jamais. Sauf peut-être (dans sa version radicale) pour appeler les mecs à se "déconstruire" (travailler sur eux-mêmes, faire des efforts).

    Ce que je veux dire c'est que le Progrès (et donc le progressisme) dans l'absolu, ça n'existe pas.

    Il y a une classe qui dirige un processus historique, et qui dit ce qui est progressiste (ou le Progrès) à SES YEUX, conformément à ses intérêts. Après, la vérité matérielle 'vraie' c'est que tout mode de production, tout ordre social postérieur à un autre dans l'Histoire (fût-ce la barbarie sans nom de l'esclavage colonial !) est un 'progrès' au sens où il est un passage obligé, en tout cas acquis et contre lequel on ne peut rien, entre le communisme primitif et le communisme tout court, rapprochant l'humanité de celui-ci ; mais ça ne signifie pas une appréciation morale au sens de 'cool' ou 'bien'...

    "En réalité, et je tiens à rappeller que (pour exemple) la Nouvelle Armée Populaire aux Philippines tâche de régler cette question et que des mariages homosexuels sont célébrés au sein du front et de l'armée (par exemple)"

    Et c'est une très bonne chose. Mais ça n'a justement rien à voir avec l'injonction à se 'civiliser' via l'adoption d'une gayfriendlitude à l'occidentale. C'est ça qui est critiqué. Et je ne parle même pas de danser avec des rainbow flags sur 1.500 cadavres à Raqqa (ce dont même les YPG/J se sont dissociés d'ailleurs).

    Ceci ne conduit pas à une ouverture, mais au contraire à une crispation des sociétés qui empire encore la condition homosexuelle. C'est ça aussi qui est critiqué.

    Quant à l'universalisme au sens d'universalité de certaines valeurs, je suis d'avis avec Fanon que je veux bien, mais on en reparlera quand les 3/4 de l'humanité en auront vu la couleur.

    On parle bien, au contraire, de concrétude concrète là (tous les pays ne sont pas dans les conditions des zones libérées aux Philippines)... Le concret, c'est à dire ce contre quoi on se cogne.

    "La vérité n'existe pas", ce serait plutôt de dire que la même chose marche partout et pour tout le monde de la même façon, et sinon TG sale cishétéro non-concerné tu n'es pas légitime (sauf que là c'est ballot, Yannis est concerné). C'est ça le postmodernisme : la vérité non pas comme réalité concrète contre laquelle on se cogne, mais comme ce que je dis parce que je le dis et je suis (telle ou telle identité) et toi non donc ta gueule.

    "Ce genre de texte montre surtout une absence de perspective criante, typique du post-modernisme. Sans Parti Communiste, sans direction révolutionnaire, sans vision programmatique, on se retrouve à dire "La question LGBT est pas d'actualité dans les quartiers et le Sud global, juste la question du décolonialisme" et quelle stratégie pour ce "décolonialisme" ? Aucune. Alors qu'en réalité la question est surtout celle de l'impérialisme, défini scientifiquement, et donc des outils pour le vaincre en organisant les masses, masses qui n'existent jamais dans le discours post-moderne car l'identité est trop fragmentée pour être unie dans une seule lutte. Or on le voit, dès qu'un véritable Parti Communiste se forme pour mener une lutte contre l'impérialisme, plus haute forme de lutte décoloniale, il le fait aussi contre tout l'héritage de la culture semi-coloniale semi-féodale qui est maintenu et entretenu par l'impérialisme et donc il n'y a pas une lutte en deux temps "lutte contre l'impérialisme" puis "lutte contre le patriarcat, les discriminations sexistes et contre les LGBT" mais bien une lutte contre l'impérialisme qui est le vecteur d'une culture nouvelle.

    L'impérialisme n'est jamais compris dans le post-modernisme, il n'est jamais analysé scientifiquement, il est uniquement vu comme l'exportation de valeurs et concepts occidentaux, bref il est toujours limité à son aspect superstructurel et donc en ne luttant que contre les concepts et non sur la base matérielle, on s'enferme dans l'idéalisme et on arrive à rien. Évidemment que l'impérialisme utilise des concepts tel que les droits de la femmes, les droits de l'Homme ou encore les droits LGBT pour étendre son influence, justifier sa présence et ses interventions : que ce soit en Afghanistan, Syrie pour les interventions armées mais aussi pour là où il est présent de manière "soft". Que répondre à cela ? Que les impérialistes ne libèrent ni les femmes, ni les LGBT mais qu'ils les bombardent, qu'ils les exploitent économiquement et maintient en réalité des structures de pouvoir féodal. Toutes ces luttes, pour les droits des femmes, la reconnaissance d'autres identités de genre, les droits LGBT en général, sont pourtant parties intégrantes et non étrangères à la lutte contre l'impérialisme et oui c'est universel ! On ne peut lutter contre l'impérialisme en gardant une conception du monde réactionnaire qui est en réalité un héritage à la fois colonial et féodal, on ne lutte contre l'impérialisme qu'en développant une nouvelle culture et cette culture ne dit pas aux femmes "vous attendrez", aux LGBT "attention vous allez être instrumentalisés par l'impérialisme, vous n'êtes pas la question pour le moment" etc.

    Tout l'avant-propos de "Post-modernism today" du maoïste indien Siraj est extrêmement clair sur ce point là : http://www.bannedthought.net/post-modernism/Foreword.htm

    "Post-modernism/post-structuralism in its insistence on difference and the fragmented nature of reality and knowledge shows intense insensitivity to history. Structures and causes are dismissed by overstress on fragments and contingencies. Such romantic idealist trend bids adieu to Enlightenment concepts of progress or making history. The bankruptcy of the petty-bourgeois philosophers is eminently evident when they reject any programme to cope with the system of capitalism. In the name of ‘difference’ they concentrate on varied particular identities like race, gender, ethnicity, various particular and separate oppressions but reject the scope and possibility of collective action based on common social identity like class and common interests.

    Post-modernism/post-structuralism philosophers and writers are deliberately complicated in their approach, self-consciously difficult in style and refuse to follow any clarity in presentation of their views. Burdened with numerous jargons, their writings prove to be inaccessible to general readers."

    Le post-modernisme sous ces différentes forment n'a jamais été capable d'organiser les masses et de porter des perspectives révolutionnaires car ça ne fait pas partie de son projet, il ne peut porter que des luttes isolées, fragmentées, sans vue d'ensemble et donc sans perspective révolutionnaire."

    Je suis d'accord de A à Z avec ce que tu dis du postmodernisme, par contre je ne considère ni ce texte ni le PIR en général comme postmoderne, bien au contraire.

    Le PIR est tout ce que tu veux, je n'ai jamais dit qu'il était LE vrai Parti révolutionnaire et d'ailleurs il ne le dit pas non plus, mais il n'est pas postmoderne.

    [La preuve par exemple par ce texte : yousfi-postmo-deconstruc-intersec.pdf... qui dit pratiquement mot pour mot ce que tu dis !]

    Je suis aussi très en accord avec le texte de Siraj, mais il classe selon moi comme postmos de gens que je ne classe pas ainsi, comme Saïd par exemple. Interroger ce que donne l'impérialisme dans le domaine des discours et des représentations ne signifie pas ignorer l'impérialisme, dire cela de Saïd est à vrai dire presque sordide. De même que je ne classe pas Fanon comme postmo, bref.

    [Concernant la conférence de Nanterre elle-même, par ailleurs, la dernière intervention (du camarade Wissam) pulvérise l'accusation d'"ignorer l'impérialisme" : angles-morts-de-lextreme-gauche-blanche-4]

    On lutte contre l'impérialisme par l'unité du peuple. C'est la raison pour laquelle on ne peut pas permettre les oppressions nationales par exemple, ou les divisions tribales ou de caste, on ne peut pas être fanatique religieux... mais pas non plus fanatique ANTI-religieux ; et on lutte contre le sexisme, dont découle l'homophobie (qui soyons sérieux, n'existe jamais indépendamment).

    Parce que sinon, on se retrouve à faire la révolution avec 10% du peuple ce qui n'est pas possible, et 90% que l'ennemi peut utiliser en sa faveur (les Anglais ont utilisé les dalits dans leur conquête de l'Inde, par exemple).

    C'est à mon avis, même, le PRINCIPAL SENS de l'aspect anti-semi-féodal de la Guerre populaire. La semi-féodalité, au delà de la question agraire, regroupant en fait un peu tous ces petits clivages archaïques qui empêchent l'unité anti-impérialiste du peuple, et dont l'impérialisme peut jouer.

    Mais par contre, je pense profondément et comme M. a été obligé de le reconnaître quand je lui ai fait la remarque sur Mao, qu'il y a des ORDRES DE PRIORITÉS et des questions qui ne peuvent se poser pleinement, prendre pleinement leur envol que dans certaines conditions ; et que sous le colonialisme ou le semi-colonialisme ou le colonialisme intérieur (racisme d'État) en métropole impérialiste, oui, la priorité, la lutte primordiale sans laquelle rien d'autre ne peut se résoudre, c'est la lutte contre le colonialisme-impérialisme-racisme.

    Ça ne veut pas dire que les autres 'n'existent pas' : au contraire, on sait qu'elles existent et on se bat pour un ordre social qui sera les conditions dans lesquelles elles pourront être résolues.

    Mais on ne peut pas permettre, non plus, qu'elles soient utilisées pour secondariser le principal. Ce que, désolé, la 'condition de la femme' ou des minorités sexuelles est aujourd'hui souvent utilisée pour faire, par le gaucho-impérialisme, dans les pays écrasés par l'impérialisme.

    Non, je m'excuse, mais contrairement à une 'bonne amie' commune, je n'apporterai jamais 'mon soutien privilégié' aux 'queers palestinien.ne.s' : mon soutien privilégié va au Peuple palestinien, queers ou pas, ou priant 5 fois par jour, et à sa résistance.

    Ce qui est dénoncé dans ce texte par le camarade Yannis, ce n'est en fait rien d'autre que l'utilisation des dalits par les Anglais pour soumettre l'Inde.

    Oui, il faut combattre le sexisme et l'homophobie dans les sociétés indigènes comme le système des castes en Inde ou les oppressions nationales en Turquie, pour L'UNITÉ DU PEUPLE, pour ne pas permettre à l'impérialisme d'en jouer (car il y a bien sûr une dialectique dans tout ça). Mais pas accepter de se soumettre aux agendas 'émancipateurs' à visées impérialistes.

    "On le voit dans le texte au dessus : aucune perspective à part une sacralisation du foyer familial menacé par le capitalisme et une nécessité de reconstruire un lien communautaire. Or l'expérience des luttes anti-impérialistes et anti-coloniales ont tous montré que celles-ci se réalisent grâce à un Parti d'avant-garde anti-colonial (même parfois dirigé par la bourgeoisie nationale, même si les limites sont évidentes) réunissant les larges masses et qui rompt avec l'organisation traditionnelle de la société, les luttes anti-coloniales n'ont jamais placé la famille comme bouclier face aux colons car elle n'en est pas un. Regarde la lutte des peuples d'Indochine, d'Algérie, du Vietnam, des Tamouls ou des Kurdes, à chaque fois il a y eu nécessité de développer une organisation et culture nouvelle et non pas se reposer sur un lien communautaire traditionnel. Mettre le lien communautaire et la famille comme priorité dans la lutte contre le colonialisme c'est marcher sur la tête : le colonialisme a toujours su s’accommoder des structures traditionnelles, des structures féodales en mettant les élites dans sa poche et en gardant donc la paix sociale de cette façon. C'est même un outil de domination classique : quand les missionnaires espagnols sont arrivés aux Philippines ils ont en premier lieu chercher à tisser des liens avec les élites locales, ces missionnaires n'étaient pas en position de dominer militairement car bien trop peu nombreux et avec des forces armées très restreintes, ils ont donc étendu leur domination en utilisant tout ce qu'il y a de plus traditionnel, de  plus communautaire dans la société philippine et en s’accommodant de tout y compris pour la religion, en traduisant la Bible en baybayin, en s’accommodant du culte des ancêtres bien que contraire aux enseignements bibliques etc. Ce n'est qu'après qu'ils ont pu détruire la culture locale, après l'avoir utilisée pour dominer ! Et les révolutionnaires philippins, des ilustrados de l'époque aux maoïstes aujourd'hui ont développé la lutte sur la base d'une culture nouvelle, en sachant utiliser l'ancien pour servir le nouveau, en formant des organisations de lutte pouvant diriger les masses, jamais il n'y a eu besoin de "défendre la famille", "construire du lien communautaire". Mao a montré l'exemple : s'est-il appuyé sur la défense traditionnelle de la famille, càd sur le confucianisme, pour lutter contre l'impérialisme ? Bien au contraire, il l'a détruit, il a construit la culture nouvelle, les colons s’accommodent bien du confucianisme, du respect de la famille et de l'autorité comme valeurs suprêmes."

    Échange très intéressant en tout cas. L'impérialisme n'a cependant jamais eu, vis à vis des structures sociales ancestrales, une attitude aussi univoque que ce que tu décris.

    Tu cites des exemples d'utilisation à son service, mais on pourrait aussi en citer beaucoup où il les a combattues. Surtout (car il y a des phases dans l'impérialisme !!) quand on sort de l'impérialisme disons mercantile (jusqu'à la fin du 19e, début du 20e siècle) ; avec un colonialisme de plantations à esclaves (ou indigènes asservis dans des conditions similaires) OU ALORS un colonialisme de comptoirs, comme les exemples chinois et philippin que tu cites, où l'on fait du business et éventuellement un peu d'évangélisation mais on laisse globalement la société indigène avec ses structures traditionnelles intacte ; pour passer au CAPITALISME BUREAUCRATIQUE et à une vraie division internationale hobsonienne du travail TX0M.png, une transformation des pays dominés en usines ou en fermes industrielles du monde... Avec des régimes bourgeois bureaucratiques qui, tu l'auras constaté, sont généralement 'modernistes' (sauf dans la Péninsule arabique) et tendent à laminer ces structures traditionnelles (ce que l'urbanisation et l'industrialisation font toutes seules de toute façon).

    Donc dans ce cadre, la défense des structures traditionnelles peut faire sens. Les pays arabes ont connu une colonisation de peuplement et d'asservissement agraire, au Maghreb, avec une idéologie ultra-civilisatrice anti-'barbarie' ; et sinon, pour les autres (ainsi que la Turquie et l'Iran), une domination impérialiste tardive (années 1860-70 en Égypte, chute de l'Empire ottoman ailleurs) et directement capitaliste bureaucratique 'modernisatrice'. Il est donc logique qu'il y ait une 'allergie' à la 'modernité importée'. Alors qu'en Chine il y a plutôt eu prise d'appui sur la société féodale traditionnelle, peu importe tant que la marchandise arrivait bien dans les concessions et dans les cales des navires direction l'Occident (au Pérou c'est encore une autre histoire, la féodalité est synonyme de propriété coloniale).

    Un concept de base du matérialisme c'est que tout peut, tout DOIT être combattu lorsque historiquement dépassé, mais pour être remplacé par QUELQUE CHOSE (de supérieur). Or l'idéologie de Fin de l'Histoire qui s'est développée depuis une quarantaine d'années, c'est que tout peut être combattu... mais pour être remplacé par RIEN, sinon la 'liberté' de l'individu seul face au marché. Il est donc logique que des gens préfèrent un quelque chose, fût-il réactionnaire, à ce grand rien. Mao a combattu la famille traditionnelle chinoise, mais il a mis en place les Communes populaires chargées (entre autres) des tâches de reproduction de la force de travail qui sont le rôle premier et central de la famille.

    Sur la question de l'impérialisme "progressiste" ("LGBT" mais pas seulement)


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  • Et voilà... Édifiant ! Les choses sont ON NE PEUT PLUS CLAIRES et encore une fois, nous ne nous sommes sans doute pas trompés lorsque nous parlions dans cet article, au sujet de l'enlèvement et de l'exécution de 3 journalistes équatoriens près de la frontière colombienne par un groupe "narco-dissident" des FARC, de "moyen idéal pour pousser Lenin Moreno alias le Liquidateur (des 3 acquis sociaux et demi de l'ère Correa lenin-moreno-le-gorbatchov-equatorien) encore plus qu'il ne l'est dans les bras de l'impérialisme, voire carrément l'amener à rouvrir la base de Manta".

    La confirmation avec cette vidéo de "Popeye", ancien bras droit de Pablo Escobar (cartel dont on connaît les liens qui ont pu exister avec la CIA, le Pentagone etc.), libéré en 2014 après 22 ans de prison et par ailleurs converti entre temps à une secte de charlatans "évangéliques" (bras armé idéologique yankee sur le continent) ; le type dont il n'y a donc pas à réfléchir beaucoup pour comprendre qui il sert ; vidéo où il s'adresse directement au président équatorien Lenin Moreno.



    Dans cette prise de parole, sans aucun doute de commande donc (le personnage et son parcours sont populaires en Amérique latine...), il :

    1°/ accuse Rafael Correa d'être "historiquement l'allié des FARC", et donc "derrière" l'enlèvement et l'exécution des 3 journalistes il y a un mois ; et

    2°/ appelle ouvertement Moreno à mener une guerre totale au groupe auteur des faits, y compris en frappant en territoire colombien ; ET... à FAIRE REVENIR LES YANKEES en Équateur, d'où Correa les aurait fait partir "sur ordre des FARC" (vers 4 minutes 10 de la vidéo).

    Cela ne nous dit toujours pas si les auteurs de l'enlèvement sont des révolutionnaires ou autre chose ; nous persistons plutôt à penser personnellement que ce sont des soldats perdus et des narco-bandits de grand chemin au service d'une provocation fasciste, et que le truc consiste avant tout à rayer Correa de la carte politique ET (surtout) à faire revenir les Yankees à Manta...


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  • Inde : Succès de la contre-insurrection

    (sorti tout de suite après, bilan très incomplet) Les forces de sécurité ont abattu 16 guérilleros maoïstes présumés dans le district de Gadchiroli (Maharashtra) ce dimanche. Ils ont été tués durant une opération menée à la frontière avec le Chhattisgarh. L’inspecteur général a déclaré : "Nous avons été informés de mouvements de la guérilla dans le Gadchiroli. Nous avons analysé les renseignements et déclenché une opération samedi soir. Une brigade a été envoyé dans la région de Kasansur aux alentours de minuit. C’est une forêt très dense. Vers 9h ce matin, notre brigade a combattu les maoïstes". La C-60, l’unité spéciale anti-maoïste de la police du Maharashtra a mené cette opération avec l’aide d’une brigade du 9ème bataillon de la CRPF. "Les maoïstes ont ouvert le feu vers nos hommes. Ils leur ont demandé de cesser de tirer et de se rendre, mais ils ont continué. Notre brigade a répliqué et quelques guérilleros ont battu en retraite. Une opération de ratissage a été menée dans la zone. Nous avons retrouvé les corps de 16 guérilleros".

    Inde : Les autorités auraient-elles abattu le président du PCI(maoïste) ?

    Dimanche, nous vous annoncions que les forces de sécurité avaient abattu seize guérilleros dans le district de Gadchiroli (Maharashtra).

    En début de semaine, les autorités locales ont annoncé que le bilan de la fusillade s’élevait à 31 maoïstes tués, parmi lesquels figurerait Muppala Lakshman Rao, alias Ganapathy (68 ans), dirigeant du PCI(maoïste). Prenant la parole ce mercredi devant la presse, l’inspecteur général adjoint de police Ankush Shinde a annoncé que selon une information exclusive reçue ce jour, Ganapathy se trouvait dans les jungles de Kaswapur pour tenir une réunion secrète lorsque les soldats sont intervenus dimanche. "Les corps doivent encore être identifiés. Mais nos renseignements sont que lorsque le C-60 a attaqué le campement, Ganapathy s’y trouvait". Ce décès n’a dès lors pas encore été confirmé.

    India - massacre of maoists - No encounter happened in Gadchiroli on April 22nd 2018 (Maoist Road)

     

    Inde : massacre de près de 40 camarades maoïstes par les forces de l'État

     


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  • Comme nous l'avons dit à plusieurs reprise, le conflit syrien, dans lequel la Turquie "néo-ottomaniste" d'Erdogan s'est impliquée dès le début, s'achemine vers une solution en forme de tripartition syrie-vers-un-triple-protectorat dans laquelle cette dernière et les forces "rebelles" qu'elle appuie obtiennent une petite partie au Nord-Ouest du pays, les secteurs d'Idleb, d'Afrin et du Shahba (zone "Bouclier de l'Euphrate" déjà contrôlée depuis début 2017) ; territoire faisant office de "réceptacle" pour les rebelles chassés du reste du pays par le régime et ses alliés (Russie et Iran) ou par les FDS autour des YPG/J kurdes, soutenues par l'OTAN. http://ekladata.com/yGNf1hpAoU82NvLNb3pbDVF6WSg.png

    Tel est le sens du sacrifice (principalement par les Russes et le régime, qui avaient les moyens d'intervention les plus directs, même si la coalition occidentale a bien sûr agi en accord) du district d'Afrin, concrètement "échangé" avec Erdogan afin de donner forme à cette zone turco-rebelle continue, contre le "nettoyage" des dernières poches de rébellion ailleurs.

    Une possibilité que nous avions alors évoquée, c'était aussi que cette "concession" faite à Erdogan ait un caractère "piégé" : qu'elle vise, en clair, un enlisement de l'armée turque dans le territoire occupé (qu'elle est encore loin de contrôler totalement, et dans lequel la guérilla kurde a immédiatement commencé) ; afin de pouvoir user et finalement "tuer" politiquement le maître d'Ankara qui perdrait alors les élections prévues pour novembre 2019.

    Car notre conviction clarifications-sur-quelques-points (lire aussi ici) est que l'impérialisme occidental a au Proche et Moyen Orient un "ordre des priorités" et que, l'"hydre" de l'"État islamique" désormais écrasée (enfin, pas totalement non plus, en laissant "juste ce qu'il faut" pour justifier une présence militaire à durée indéterminée...) et les forces "de l'ombre" appuyant le djihadisme dans la Péninsule arabique, reprises en main par le coup de force du prince Mohammed bin Salmane, il cherche désormais, pour pouvoir aller "sereinement" au combat géopolitique de longue haleine contre l'axe Russie-Iran, à se débarrasser d'Erdogan et de sa politique "néo-ottomane" d'utilisation maximale de la marge de manœuvre du capitalisme semi-colonisé turc.

    Ce n'était pas improbable... et tellement pas improbable, que c'est peut-être ce qui a donné à Erdogan l'idée d'avancer la date des élections de près d'un an et demi, les fixant au 24 juin prochain, afin de surfer sur l'"état de grâce" de la "victoire" à Afrin plutôt que de se débattre dans les affres d'un bourbier :

    http://www.lefigaro.fr/international/erdogan-convoque-des-elections-anticipees

    L'autre motivation à cela étant, selon toute vraisemblance, d'écarter du scrutin sa seule rivale sérieuse au poste présidentiel : Meral Akşener.

    Une figure politique souvent comparée ici (dans la presse libérale-"progressiste") à... Marine Le Pen ; mais qui en réalité, venant de la droite demirelienne des années 1990 (ayant même effectué un passage éclair de 9 mois au Ministère de la Défense) et certes passée pendant plus de 15 ans (2001-2016) par le MHP ("Loups Gris", parti ultra-nationaliste traditionnellement considéré comme l'extrême-droite turque), a rompu avec celui-ci, reprochant à ses nouveaux dirigeants leur alliance inconditionnelle avec Erdogan, et est désormais en train de tenter et peut-être de réussir une véritable opération à la Macron (qu'il lui arrive d'ailleurs parfois de citer en exemple !).

    Sa nouvelle formation, le "Bon Parti" (Iyi Parti), se positionne en effet en dépit des origines politiques de sa dirigeante au CENTRE de l'échiquier politique turc : nationaliste... comme tout le monde l'est ou est (du moins) censé l'être ; "laïc" et revendiquant l'héritage kémaliste, mais sans fanatisme contre l'islam majoritaire de la population ; à la fois libéral et "social" ; revendiquant également de reprendre la démarche (abandonnée depuis une dizaine d'années) de rapprochement avec l'Union européenne ; et cherchant, surtout, à fédérer absolument TOUTE l'opposition à Erdogan qui s'est développée ces dernières années, depuis la "gauche" kémaliste (CHP) voire... "progressiste" HDP (nous y reviendrons) jusqu'aux "islamistes" rivaux de l'AKP (Saadet Partisi, gülenistes traqués depuis la vraie-fausse-on-sait-pas-trop tentative de coup d’État de juillet 2016 - en réalité, terme fourre-tout et épouvantail des partisans d'Erdogan pour désigner les islamo-conservateurs pro-occidentaux et europhiles - etc.), en passant par la base MHP hostile à la ligne pro-AKP de l'actuelle direction, voire... les électeurs déçus de l'AKP lui-même.

    http://www.liberation.fr/face-a-erdogan-le-faucon-meral-aksener-vole-vers-le-centre

    Une ligne et une démarche, donc, qui la feraient infiniment plus ressembler à l'opération "En Marche" d'Emmanuel Macron et qui placeraient plutôt dans le rôle de Le Pen (hormis le fait d'être actuellement au pouvoir), de cible du "tout sauf" piège-à-cons... Erdogan et son alliance AKP-MHP.

    Ou alors que l'on pourrait rapprocher (aussi) du nouveau parti Ciutadans-Ciudadanos dans l’État espagnol, connu pour son positionnement en première ligne contre le processus d'indépendance catalan et dont le leader-fondateur Albert Rivera aurait lui aussi des origines politiques... passablement droitières, et aurait fait avec intelligence tactique mouvement vers le centre social-libéral et européiste.

    Un "Bon Parti" d'Akşener, donc, que des élections avancées au 24 juin prochain auraient eu pour effet... d'empêcher de s'y présenter, faute de remplir la condition de 6 mois d'existence légale comme parti politique ; condition qui n'aurait été remplie que... le 28. On reconnaît là le côté farceur caustique de ce bon vieil Erdo !

    MAIS il existe une autre condition, alternative, permettant d'échapper à la première : avoir un groupe d'au moins 20 députés à la Grande Assemblée Nationale. Ce qui vient, à présent, d'être offert au jeune mouvement par le ralliement in extremis... de 15 députés kémalistes CHP : turquie-le-bon-parti-de-meral-aksener-autorise-a-participer-aux-elections-anticipees. 15 députés sur... 134 issus des élections de novembre 2015 (1 sur 9), ce qui en dépit de l'opposition de façade du parti kémaliste historique à l'outsider "surgie de nulle part", montre on-ne-peut-plus clairement un "feu vert" donné au plus haut niveau [oui, c'est confirmé ici en fin d'article : turquie-presidentielle-2018] ; alors que le n°1 du parti, Kemal Kiliçdaroglu, a par ailleurs déclaré que "la manœuvre d'Erdogan échouera, la nation turque n'en peut plus, l'année 2018 sera celle de la démocratie".

    La "machine" semble donc bel et bien, envers et contre toutes les manœuvres du "néo-sultan"... EN MARCHE ! Ce dernier pourra peut-être, à la rigueur, conserver son fauteuil présidentiel à l'arrachée ; mais dans la tournure prise par les choses et en dépit de toutes les fraudes qu'il ne manquera pas d'y avoir, il semble difficile d'envisager qu'il obtienne une majorité parlementaire (et difficile, aussi, qu'il obtienne le même consensus pour immédiatement dissoudre et faire re-voter qu'en 2015, lorsqu'il s'agissait de faire barrage au seul HDP pro-kurde) ; ce qui dans le système présidentiel qu'il vient lui-même d'instaurer, ne pourra que conduire au blocage politique et à brève échéance d'un an ou un an et demi, à de nouvelles élections ; n'ayant donc fait que retarder un peu l'échéance.

    Recep Tayyip Erdogan n'est pas notre ami politique. Nous l'avons dit et redit sur ce site, et avons finalement synthétisé tout cela dans cet article : qu-est-ce-que-l-akp ; nature de classe du mouvement dont il est issu (qui remonte aux années 1960), évolutions une fois au pouvoir et en particulier depuis 2011-2012, etc. etc.

    Mais nous avons toujours aussi, chaque fois que la question s'est posée dans le mouvement communiste, attiré l'attention sur le danger MORTEL porté par toute une opposition contre lui, et les dangers d'une ligne politique opportuniste à ce sujet : par exemple ici turquie-iran-kurdistan-israel-qu-en-est-il à l'époque de l'attaque israélienne contre le Mavi Marmara ; ou encore ici honneur-communiste-a-ibrahim-kaypakkaya (première note de bas de page) lors du Mouvement de Taksim Gezi en 2013, reprenant les inquiétudes qui pouvaient être exprimées ici pas-lislamisme-que-manifestants-turcs-rejettent-cest-néolibéralisme.

    La classe que représente l'AKP d'Erdogan (qui le dit lui-même haut et fort), c'est d'abord et avant tout une bourgeoisie (lire ici) "turque noire" Turcs-Noirs (karatürk), provinciale ou issue des migrations des campagnes vers les grands centres urbains (ou vers l'Europe... où l'immigration turque est peut-être le véritable bastion du mouvement !) ; la Turquie "profonde" et "arriérée", "pas civilisée", "religieuse" (même si ce n'est pas un critère exclusif) ; par opposition aux "Turcs blancs" (beyaz türkler) de-quoi-les-beyaz-turk-sont-ils-le-nom qui sont la bourgeoisie turque urbaine et éduquée, "moderne" et séculière, occidentalisée et regardant vers l'Europe (d'ailleurs souvent issue des "rapatriés" - muhacir - des Balkans à l'issue des guerres balkaniques et de la Première Guerre mondiale)... autrement dit la base historique du kémalisme, ainsi que des directions de la droite demirelienne (Parti de la Justice, de la Juste Voie etc.) et dans une certaine mesure de l'ultra-nationalisme MHP, tous deux en charge de l'"encadrement" des masses "noires" par l'élite "blanche" (ce avec quoi Necmettin Erbakan avait rompu dans les années 1960, donnant naissance au mouvement dont est issu l'AKP).

    Autrement dit, les maîtres historiques du pays depuis la fondation de la République (1920-23) voire la "révolution" jeune-turque (1908) kaypakkaya-kemalisme.pdf. Sans surprise, Meral Akşener (tout sauf une nouvelle venue sur la scène politique, en réalité), née à Izmit tout près d'Istanbul dans une famille venue des Balkans, est une beyaz par excellence.

    Et des maîtres historiques... aux mains tâchées de quel sang, depuis celui des Arméniens et autres minorités (1915-23) sous le régime des Jeunes-Turcs (Comité Union & Progrès) et les débuts du kémalisme, non pas "au nom de l'islam" comme le prétendent aujourd'hui des bouffons, mais bien de la construction d'un État moderne en mode jacobino-bonapartiste (sous l'égide du franc-maçon Talaat) ; des Kurdes de Cheikh Saïd (1924-25), alors... religieux et monarchistes ; des Alévis et rescapés arméniens du Dersim (1937-38) ; jusqu'à celui des héros révolutionnaires comme Ibrahim Kaypakkaya, atrocement torturés et massacrés sous le régime militaire de 1971, des milliers de victimes du "Pinochet turc" Kenan Evren (finalement jugé et condamné... en 2014, sous Erdogan !) dans les années 1980 ; et encore celles, honteusement passées sous silence dans tout l'Occident, de la "junte civile" DSP-MHP(!)-ANAP de 1999-2002, après le "coup d’État postmoderne" de 1997 contre... les "islamistes" pré-AKP victorieux aux élections en 1996, sur une ligne "tout sauf les islamistes, les rouges et les Kurdes" et sous la direction du "socialiste" Ecevit.

    La victoire (programmée selon nous) de Meral Akşener, c'est en dernière analyse le RETOUR DE CELA, le RETOUR EN FORCE DE LA BOURGEOISIE BEYAZ ; couplé à un réalignement pro-impérialiste (occidental) total de l’État turc, signant la fin des agendas régionaux "divergents" et perturbateurs.

    Mais VOUS ALLEZ VOIR que, si cela arrive, pour toute une gauche occidentale y compris radicale, finalement Charlie (fut-elle soi-disant critique de l'"esprit"), ce sera bel et bien le "retour de la démocratie" comme le proclame pré-triomphalement le leader du CHP kémalo-fasciste...

    Bien évidemment, conformément à leur ligne depuis 2014 au moins, les putschistes opportunistes critiqués par nos camarades du Comité central légitime ("putsché") du TKP/ML, flanqués de leurs acolytes du HBDH à commencer par le PKK, et bien entendu encouragés et applaudis par leurs soutiens gaucho-impérialistes occidentaux de l'Internationale anticommuniste néo-menchévique ICOR & co, vont appeler à un vote massif pour le parti "progressiste" HDP ; éventuellement à la condition (lolilolesque) que celui-ci ne passe pas trop ouvertement d'alliances trop honteuses, avec le CHP voire directement avec Akşener (tout ceci étant actuellement... en pourparlers !) ; mais en sachant pertinemment qu'au second tour (qu'il y aura selon toute vraisemblance, difficile d'envisager de battre Erdogan dès le premier), de manière claire comme Hamon ou plus "cryptée" comme Mélenchon, ce parti réformiste appellera à coup sûr à un report "tout sauf Erdogan" de ses voix...

    Contre la dictature fasciste karatürk mise progressivement en place par Erdogan ces dernières années... le retour à la dictature fasciste beyaz telle qu'elle a prévalu de 1922 à 2002 : BRAVO !!

    Et encore une fois de plus hélas, comme cela a trop souvent été le cas notamment avec les Alévis, la "gauche" et le "progressisme" en Turquie (aujourd'hui, donc, avec le HDP) sous la forme d'un "axe" beyaz-minorités, PAR-DESSUS les karatürkler... alors que de toute évidence, AUCUNE révolution démocratique n'est possible dans ce pays à moins de réussir à FORGER UN "BLOC HISTORIQUE" entre (masses populaires des) nationalités/minorités opprimées et ces fameux "Turcs noirs", arrachant ceux-ci à leur rôle (pour l'immense majorité hélas) d'exécuteurs de basses œuvres de l’État fasciste (la droite qui a, par contre, historiquement consisté en un "axe" ou plutôt un instrument de contrôle beyaz sur eux...), et à leur ultra-nationalisme en mode "syndrome de Sèvres" (alors que peut-être dans leur majorité, ils sont eux-mêmes souvent issus de minorités turquisées entre le 19e et le 20e siècle ; lazes par exemple comme Erdogan qui le reconnaît lui-même). Mais bon, en même temps... ils sont tellement d'une "obéissance servile" ces gens-là, que voulez-vous faire !

    Pourtant, comme l'expliquait un de leurs militants dans une entrevue accordée à l'OCML-VP, la participation des putschistes opportunistes pro-HBDH à la campagne pour le NON au référendum constitutionnel de 2017 (sur la présidentialisation du régime) ; participation déjà totalement opportuniste à nos yeux et à ceux de nos camarades maoïstes à travers le monde ; avait été motivée par cette idée d'aller à la rencontre de la "Turquie noire" (sans toutefois formuler la chose ainsi) itw-tikko-rojava.png, cette Turquie turque-sunnite "profonde" à l'"esprit cimenté par le nationalisme et la religion" (boouuuh ça fait peur)... Un an après, on peut voir le résultat !!

    Voilà où nous en sommes. Conformément à ce que nous avons pu dire et répéter au long d'articles entiers, au début du prochain été si "tout va bien", sinon d'ici un an ou deux dans le "pire" des cas, le Centre anticommuniste néo-menchévik international (ICORiens et apparentés, désireux en tout genre de montrer que "le matérialisme MLM ça ne sert pas à grand chose", postmodernoïdes "intersecs" et "déconstruits" de contre-révolution préventive, ennemis à bave écumante du "gonzalisme", libertaires en quête éperdue d'une "nouvelle Catalogne 1936" qui ferait pourtant rougir de honte la CNT-FAI) ; celui qui a fait de Rojava sa cause sacrée et (par voie de conséquence) du HBDH son armée sur le terrain ; aura œuvré (dans la soi-disante "guerre mondiale totale" hbdh.png qu'est la situation régionale selon sa "brillante" analyse, afin de justifier tous ses opportunismes) au renversement d'un fascisme qui ne lui plaît pas, celui d'Erdogan*par un fascisme qui le dérange moins, celui de Meral Akşener (à ce stade, il est peu ou prou possible de dire que personne dans la mouvance communiste révolutionnaire hormis Servir le Peuple ne semble s'être réellement intéressé à ce "phénomène" politique, ni avoir produit une analyse de ce qu'il peut signifier).

    Un fascisme qui réintègrera totalement ce pays-CLÉ (au carrefour du Moyen Orient, du Caucase et de l'Europe, de la Méditerranée orientale et de la Mer Noire) dans le giron de l'impérialisme occidental dont il s'était peut-être trrrèèès légèrement, mais déjà trop dans le contexte actuel, écarté ; mais attention hein, tout cela avec le soutien "de la gauche", des "progressistes", et pour la glorieuse cause de la "démocratie" et de la "laïcité" !

    Enfin bon... au moins aura-t-on échappé à ce qu'ils nous sortent, comme certains de leurs soutiens gauchistes ici DX65R3c.png, qu'ils vont voter "pour le compte" d'un étranger qui n'a pas le droit de vote (quoique, avec les réfugiés syriens qui se comptent par centaines de milliers dans le Sud, on ne sait jamais !).

    Un fascisme dont, en attendant, les masses populaires ouvrières et paysannes et les nationalités opprimées ne subiront pas moins, et même probablement PLUS le talon de fer. Enfin... ou pas, car si le HDP est bien sage et apporte bien gentiment son soutien au "tout sauf Erdogan" et à "l'année (du retour) de la démocratie", il pourrait peut-être bien se voir récompensé... par un rôle de Fatah ou de FARC-majo dans des "accords de paix" qui feraient d'Akşener (car il faut pour cela, on l'a dit, être un-e "leader des durs" et non un "intrus" politique condamné à la surenchère comme Erdogan) la Yitzhak Rabin ou la Juan Manuel Santos de la question nationale kurde, la "Dame de Fer" d'un retrait turc du Nord syrien et d'une "concession" des collectivités locales du "Sud-Est anatolien" au parti réformiste dont l'existence légale serait "sanctuarisée" (les municipalités qu'il a gagnées aux élections de 2014 sont actuellement toutes ou presque sous tutelle). Tout le monde serait content, n'est-ce pas merveilleux !!

    SAUF QUE l’État turc et ses masses populaires seraient en attendant, "progressistement" ou pas, totalement ressoudés à l'impérialisme des monopoles euro-occidentaux (après élimination du "divergent"-"émergentiste" comme cela s'est déjà effectué au Brésil, en Argentine, en Équateur, bientôt au Venezuela etc.) ; et d'autre part, comme nous le rappelle l'excellentissime T. Derbent ("Clausewitz et la Guerre populaire") : "(il ne faut pas) perdre de vue le plan de guerre révolutionnaire, car au regard de celui-ci 'l'effet de ciseaux', pour pénible qu'il soit à l'échelon tactique, est précieux à l'échelon stratégique : c'est précisément de cette manière que l'ennemi s'installe en position d'assiégé et retire ses tentacules du corps social. À voir les choses tactiquement, le policier le plus dangereux est celui des unités d'interception (dans le genre de la BAC, ou des unités de voltigeurs comme au temps de Pasqua par exemple) ; (mais) à voir les choses stratégiquement, le policier le plus dangereux est celui des unités d'îlotage (la "police de proximité" quoi)"... Autrement dit (traduit dans notre cas d'espèce turco-kurde) : la fuite en avant répressive d'Erdogan est "pénible à l'échelon tactique" (c'est le moins que l'on puisse dire) pour les révolutionnaires et les militant-e-s de libération nationale qui la subissent, mais elle est le signe d'un Pouvoir qui "s'installe en position d'assiégé" (plus que jamais depuis la "tentative de coup d’État güleniste" de 2016, qui pourrait d'ailleurs bien, du coup, être effectivement une manœuvre contre lui dans cette optique) ; tandis que des "accords de paix" avec les Kurdes (et le "peuple de gauche") par l'entremise du HDP (et indirectement... du HBDH), comme ceux que nous avons évoqués plus haut, seraient l'équivalent de l'installation d'une "police (politique) d'îlotage", d'un tentacule planté au plus profond du corps social, qui pourrait avoir (potentiellement) pour effet de laminer pour des DÉCENNIES l'idéologie et le mouvement révolutionnaire en Turquie et au Kurdistan !!

    Voilà qui, s'il le fallait, viendrait encore une fois illustrer à la perfection tout ce que Servir le Peuple a pu dire dans cette longue étude sur le dispositif actuel de contre-révolution préventive et le rôle de la "gauche" même "radicale" et du "progressisme" dans celui-ci analyse-et-retrospective-historique-du-fascisme-anti-politique, que nous vous invitons à lire et relire ; tout particulièrement dans les parties consacrées au "progressisme au service de l'Ordre" et à la "mise à mort de l'internationalisme prolétarien" au profit d'un "antifascisme planétaire anti-méchants", humanitaro-progressiste ONGisant...

    [MàJ importante depuis : dans le cas où Akşener serait "empêchée" de se présenter, ou accepterait de (tactiquement) "céder la politesse" pour cette fois, le bloc "tout sauf Erdogan" envisagerait aussi une candidature de l'ex-président Abdullah Gül, toujours membre de l'AKP mais (depuis plusieurs années déjà) critique virulent de la politique d'Erdogan... Celui-ci est parfois réputé être un "güleniste", ce qui est en réalité un terme fourre-tout et épouvantail des partisans d'Erdogan pour désigner les islamo-conservateurs pro-occidentaux et favorables sinon à l'adhésion, du moins à de bonnes relations avec l'Union européenne. Il apparaît ainsi, de fait, que "coup monté" (thèse à laquelle beaucoup d'experts ne croient pas) ou véritable tentative de renversement d'Erdogan, ou, comme nous avons pu l'envisager plus haut, véritable opération exogène non pas pour réussir mais pour pousser celui-ci à "s'installer en position d'assiégé", le putsch militaire manqué de juillet 2016 a conduit à l'éviction massive d'officiers beyaz ou en tout cas "connus pour leur inclination atlantique" au profit d'autres, plus kara et "eurasistes", en faveur d'un "axe continental Ankara-Moscou-Pékin" (chose à laquelle Gül s'est là aussi fermement opposé)... Voilà qui montre encore que (à des années-lumière des analyses simplistissimes de nos gauchistes occidentaux, qui ont découvert les vertus du "grand méchant fascisme" et donc de l'"antifascisme" et des "Stalingrad" rojava-encore-un-article-interessant à des milliers de kilomètres pendant que les Identitaires chassent le migrant à leurs portes...) beaucoup de choses se jouent sur ce terrain-là, avec la constitution toujours plus claire d'un bloc "kémalo-nostalgiques"-"gülenistes" (les "islamistes" pro-occidentaux et europhiles regroupés par Erdogan sous cet épithète), appuyé sur les déçus du MHP ("Loups Gris") voire de l'AKP lui-même... et la "gauche" (HDP) comme axe beyaz "progressistes" - nationalités/minorités opprimées ; afin d'opérer un retour complet de l’État turc dans le giron impérialiste occidental.

    MàJ finale 02/05 : cette hypothèse de candidature Gül est finalement abandonnée ex-president-abdullah-gul-ne-sera-pas-candidat, refusée par l'intéressé lui-même et sa proverbiale (apparemment) horreur du risque ; Akşener refusant de son côté de renoncer à se présenter. Toute l'analyse développée dans le paragraphe ci-dessus reste néanmoins largement valide ; elle est profondément ce que nous croyons au sujet de ce processus électoral en Turquie et, par conséquent, de l'attitude de l'Internationale opportuniste rojav-HDPiste à son endroit.

    Le CHP par contre a de son côté finalement désigné candidat un "dur" anti-Erdogan, Muharrem Ince, qui apparaît désormais dans les enquêtes d'opinion Opinion polling Turkish general election mieux placé au premier comme au second tour qu'Akşener, qui pourrait donc dans cette configuration terminer Première ministre dans le cadre d'un accord aux législatives par exemple. Enfin bon, de toute façon, quel que soit le candidat, le résultat final s'annonce tellement serré que le scénario certain est celui d'une contestation post-électorale évoluant vers la "révolution colorée" et peut-être vers la guerre civile...]

    [Encore une preuve de cette révolution colorée qui vient, et que nos gaucho-impérialistes s'apprêtent à soutenir des deux mains et des deux pieds, l’HITLÉRISATION (un grand classique) d'Erdogan par le magazine Le Point, destiné à un public d'esprit disons juppéiste ou précressien, "soutien critique de droite à Macron" : franz-olivier-giesbert/erdogan-est-il-un-nouvel-hitler-26-05-2018-2221499_70.php]

    Turquie/Kurdistan : élections anticipées, l'heure de vérité approche

    * Sur ce point, si l'on veut résumer à l'extrême :

    - Si on est gonzaliste, Erdogan est un fasciste parce qu'il est à la tête d'un État semi-colonial fasciste, qu'il a pris pour le faire fonctionner à son propre compte et celui de son parti et de sa classe, la bourgeoisie karaturque, ce qui ne marche pas comme ça. Mais c'est aussi ce que l'on pourrait dire de Chavez et maintenant Maduro au Venezuela, qui ont été les représentants du même type de classe, une bourgeoisie "vénézuélienne noire" en quelque sorte (des "culs terreux parvenus", par opposition à l'oligarchie "historique").

    - Si on est dimitrovien... c'est plus compliqué, moins catégorique. Il est difficile de dire en quoi Erdogan serait plus une pure courroie de transmission (répressive terroriste) des monopoles impérialistes que Kirchner ou Correa (qui ont eux aussi dans une certaine mesure été autocrates et corrompus, accumulé les saloperies et même les répressions ; s'il y avait eu un colossal soulèvement dans une région entière, on aurait demandé à voir !). Erdogan c'est, surtout depuis le début des années 2010, une fuite en avant dans l'autocratie en mode "nouveau sultan", et depuis 2015 la relance de la guerre "antiterroriste" au Bakur (mais plus violente que dans les années 1980-90 ? pas sûr... même si certains quartiers de certaines villes ressemblent en effet à des champs de bataille syriens) et une répression politique tous azimuts. Mais c'est aussi celui qui, entre 2012 et 2014, a fait juger pour ses crimes Kenan Evren, le "Pinochet turc" des années 1980, complètement dans le dispositif de domination impérialiste celui-là. À la rigueur, on peut dire qu'il est quand même globalement resté "dans les clous" et que l'"indépendance" qu'il a donnée à la Turquie ne compense pas les aspects réactionnaires et antipopulaires de son régime, surtout ces 5 dernières années. Ou encore que son ottomanisme, appuyé sur des milices réactionnaires en Syrie, ressemble finalement à un modèle réduit, "petit-impérialiste" régional, du Japon fasciste shōwa des années 1930-45 en Asie [de même que son grand allié objectif en Syrie, du moins de 2014 jusqu'à ce qu'il se fasse trop taper sur les doigts en 2016 : Daesh, dont la violence réactionnaire est indescriptible... mais qui est financé par des fortunes privées ou à la limite des éléments d'"État profond" du monde arabe (ou de Turquie...) ; éléments que par exemple, en Arabie, le prince MBS est désormais chargé de combattre ; pas par des monopoles impérialistes ; et qui prend directement racine dans la résistance de l'Irak sunnite contre l'occupation impérialiste 2003-2011 et ses fantoches, martyre et résistance de l'Irak central qui sont bel et bien un paramètre incontournable pour comprendre le phénomène - comme à vrai dire le martyre et la résistance anticoloniale en Asie du Sud-Est l'étaient aussi, dans la facilité avec laquelle le Japon l'a conquise et occupée en étant souvent, dans un premier temps, accueilli à bras ouverts...]. 

    Mais ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'il n'est pas fasciste simplement parce qu'il ne nous plaît pas et qu'on lui préfère autre chose, comme Rojava par exemple. Dans le même raisonnement gauchiste Charlie qui peut conduire à caractériser le Hamas comme "fasciste"... et à lui préférer la "démocratie bourgeoise" israélienne A2wiouiM.png !!


    Et puis en forme d'instant LOL, si les trolls pro-Erdogan sont des instruments de mesure fiables du stress de ce dernier, voilà quelque chose qui serait de nature à confirmer notre analyse que ça sent le sapin : http://ekladata.com/C-Vk4SA9DFKQiTWlrU0Mzdptyzg.png (supprimé dans l'article lui-même mais apparaît encore en "empreinte" dans les recherches Google)...

    [Par ailleurs, un truc important à comprendre c'est que comme dans tout mouvement politique, il y a très probablement une lutte de lignes dans le PKK (et, par répercussion, dans le HBDH). En l'occurrence entre plutôt une "vieille garde" (Riza Altun etc.), ligne à laquelle se rattachent les déclarations pro-Rojava voire pro-HDP de Leila Khaled ou de Georges Abdallah, ou encore de l'ILPS, favorable à un maximum d'alliance "fédérale" avec le régime en mode bloc "anti-impérialiste" "comme au bon vieux temps de la Bekaa", d'un côté ; et de l'autre une "jeune garde" (Bêcan B., mais aussi Saleh Muslim et très probablement... Öcalan ou plutôt "Öcabookchin" lui-même) qui ne voit pas le souci d'une alliance "progressiste" avec les "démocraties" (occidentales) contre le "fascisme" local (Erdogan comme Assad ou les djihadistes).

    Le problème de la ligne "vieille garde" étant... que ses perspectives ont été anéanties à Afrin, puisque le premier qui pouvait mettre fin à l'opération en un quart d'heure, c'était Poutine (dont le régime syrien est devenu une pure courroie de transmission, plus que jamais du temps d'Assad père et de l'URSS) ; mais il a préféré ménager Erdogan et lui concéder, en échange du "nettoyage" des dernières poches rebelles en zone régime, ce territoire désormais continu Idleb-Afrin-Shahba au Nord-Ouest où sont et seront justement "entreposés" les rebelles pro-turcs vaincus. Ce qui laisse, mécaniquement, le champ libre à la ligne "jeune garde" ; évidemment la préférée (et pour cause) des états-majors impérialistes occidentaux et de "nos" gauches bourgeoises et gauchistes de campus.

    Et donc, pour ce qui nous intéresse ici, si la première ligne (désormais au point mort) est elle aussi très hostile à Erdogan et partage la même tendance à réduire le fascisme de l’État turc à sa seule personne, le triomphe de la seconde, largement plus dénuée de principes, fait bien entendu l'affaire de la manœuvre en cours (à travers le HDP) que nous avons décrite.]


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  • [Voilà qui serait de nature, au même titre que le "manifeste" de Philippe Val et quelques 300 acolytes dénoncé dans l'article, à illustrer ce que nous avons pu expliquer ici : analyse-et-retrospective-historique-du-fascisme-anti-politique-3e-part-a138446890 ainsi que dans les autres parties de la même longue étude (merci de suivre les liens)]

    "Voilà mon texte censuré. Je suis en discussion avec un modérateur de Mediapart qui dit ne pas comprendre la décision du journal. Ce que je sais, c'est que la clique Charlie s'est donnée à fond pour faire dépublier mon point de vue (suffit de voir Twitter). Que dire ? Que l'écume baveuse de haine de ces gens-là m'honore ? Même pas tant ils sont nuls et stupides. Avoir Val contre soi n'est rien. C'est de l'avoir à ses côtés qui est une honte... Sa tribune est un appel à la guerre contre les musulmans et les musulmanes et, dans la grande tradition antisémite, elle exhibe le nom "Juif" pour justifier ses forfaits et ses crimes à venir."


    Le sombre désir pogromiste de Philippe Val, plumitif bête et méchant


    Dans une tribune qui fait consensus au sein d'un médiatico-parlementarisme français grandement lepénisé, l'ex-directeur de Charlie Hebdo prend prétexte d'un "nouvel antisémitisme" pour mieux justifier, au nom du Bien et autres fadaises démocratiques, les pogroms islamophobes à venir.

    Faire consensus par les sombres temps que traverse notre pays, voilà qui pour commencer devrait inquiéter toutes celles et tous ceux qui se soucient de la paix civile comme on surveille le lait sur le feu. Il se trouve donc que, signe supplémentaire du caractère sinistre mais bouffon de notre époque, un texte (appelons-le texte, on dit bien romans des livres de Guillaume Musso) visiblement rédigé par l'ex-chansonnier Philippe Val dénonce un climat férocement antisémite en France en usant de cette singulière expression de "nouvel antisémitisme".

    Tout est à l'avenant, du reste, dans ce triste texte aussi inepte que haineux car à qui viendrait-il l'idée de parler de "nouveau" racisme sans déclencher perplexité et trouble ? "Nouveau" ? C'est-à-dire ? Il y a donc un antisémitisme qui serait acceptable ? Celui, par exemple, de Raymond Barre qui, Premier ministre qui eut dans un de ses gouvernement Maurice Papon, déclarait au lendemain de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic le 3 octobre 1980 que cet attentat visait des "Israélites" mais avait tué des "Français innocents" (là) ? Barre, dans la grande tradition française, disait "Israélites", sans doute, peut-être, pour dire que ces gens n'étaient pas de ce pays mais d'un autre, créé par les sionistes et approuvé, même en creux, par les antisémites d'hier, les anciens donc - pas les "nouveaux", en tout état de cause.

    Ah le vieil antisémitisme, qu'il était beau, qu'il eut de grands noms, de grandes rafles qui, à défaut d'être totalement républicaines, furent menées par le personnel politique de ladite République, Bousquet notamment, grand ami du héros de la gauche, alors future ganache des guerres coloniales, à savoir François Mitterrand. Mais cet antisémitisme-là, rallié à un envahisseur étranger a tué et a exterminé - même si la France n'a pas attendu Hitler pour s'extasier devant La France juive d'Édouard Drumont. Mais enfin, tout cela était français, bien de chez nous. Et puis, génocide et création de l'État d'Israël oblige, tout cette passion triste et criminelle a été mise sous le boisseau. Un peuple transnational liquidé et assigné, comme le voulaient Eichmann et Rebatet, à une nation, un sol et une patrie blanche sur la rive orientale de la Méditerranée, quelle divine surprise, après tout, eût pu dire Maurras dont on "célèbre" au moins dans Le Figaro les 150 ans cette année.

    Mais Philippe Val, reconnu comme intellectuel à force de pauvres éditos dans un journal inepte, ne se soucie guère des vieux placards français ni de l'antisémitisme réel, bien français et n'aimant que la terre et les morts. Non, son point à lui comme à Manuel Valls, à la clique du Printemps républicain et au Céline-farce Ivan Rioufol du Figaro (je n'en cite que quelques uns tellement ils sont nombreux à avoir signé - mais n'oublions pas les huiles du CRIF), c'est le "nouvel" antisémitisme, à savoir, donc, une passion triste supposée allogène, pas de chez nous. Ne tournons pas autour du pot : le "nouvel antisémitisme" dénoncé par la gauche républicaine, laïque et démocratique, c'est les "Arabes" (foin de pudeur, Val, appliquez à vos propos de bistrot un style adéquat) que le racisme post-racial appelle "les musulmans", dont la religion et l'oumma remettent en cause, pour nos croisés de la laïcité, l'essence même de notre pays.

    Au fond, et il est usant de le rappeler, c'est toujours la même ritournelle faussement subtile (Philippe Val, enfin... il n'est drôle que malgré lui - mais obscène par les temps actuels) : au nom de nobles principes (en l’occurrence, la lutte contre l'antisémitisme mais ce peut peut être aussi la question des droits des femmes), désigner un groupe culturel à la vindicte en attendant les futurs pogroms qui régleront leur compte aux louches mahométans des cités populaires de la France.

    L'adjectif "nouvel" accolé à antisémitisme vient pour nos pétitionnaires signifier que la supposée occurrence islamiste de l'antisémitisme ne serait que l'habit neuf d'une passion criminelle éternelle et anhistorique. Cela n'a aucun sens, sauf pour les menteurs, les faussaires et les fourriers de la guerre civile. Toute haine est matérialiste et s'inscrit dans une histoire. Le FN, par exemple, est le nom parlementaire de la haine inexpiable d'une partie de la France contre l'Algérie qui s'est libérée et affranchie du colonialisme français. L'antisémitisme répandu a été une haine contre un peuple transnational que la France de la terre, des morts et de l'appropriation d'un site national ne supportait pas ; la création de l’État d'Israël a rendu caduque cette passion sinistre et partant a exaucé un rêve antisémite. Dès lors, parler de "nouvel" antisémitisme en le reliant par un stigmate écarlate à l'antisémitisme "en général" et transhistorique ou anhistorique n'a absolument aucun sens - sauf à mélanger sciemment sionisme (i.e. soutien à une politique coloniale d'apartheid au nom d'une réparation qui laverait l'Occident de ses crimes) et antisémitisme. C'est ce que font Philippe Val et ses amis. C'est d'ailleurs chez l'ex-directeur de Charlie Hebdo une vieille obsession (voir ici) qui n'a pour réel dessein que de justifier une islamophobie pogromiste d’État comme l'indique, du reste, l'expression glaçante d'épuration ethnique à bas bruit qui est, dans ce texte, le pendant de ce que Renaud Camus appelle lui, sans circonlocution propre à la gauche, le grand remplacement.

    On voit donc bien quelle est la cible de la tribune de Philippe Val. Celle-ci s'inscrit dans une trop longue séquence politique rouverte, 20 ans après la fin de la Guerre d'Algérie, par la politique du PS au début des années 1980 contre les ouvriers arabes de l'automobile, debout et en grève contre les chefs racistes et lepénistes. La juste cause de la défense des droits du peuple palestinien a été une aubaine pour la gauche qui s'est emparée des mobilisations contre la politique israélienne - digne de celle de l'Afrique du Sud de l'apartheid - pour communier dans l'islamophobie la plus effroyable.

    Disons-le enfin clairement : rien de sérieux n'étaye à ce jour la lecture antisémite des meurtres de Mmes Halimi et Knoll. Cela n'en fait pas des crimes subalternes, mais il faudrait être fou pour crier à l'antisémitisme dès qu'un juif ou une juive se fait tuer. Cela revient, du reste, à séparer les juifs de l'humanité générique et c'est, en ce sens, antisémite.

    Il y a plus de 40 ans, quand la gauche révolutionnaire critiquait fermement la politique israélienne et quand, y compris chez des juifs d'extrême-gauche comme Benny Lévy/Pierre Victor, elle criait vengeance pour Deir Yassin, il ne serait venu à l'idée de personne, y compris par crainte de ridicule, de hurler à l'antisémitisme. Il faut dire qu'en ce temps-là, des imbéciles comme Philippe Val se faisaient plutôt discrets, conscients de leur nullité politique et/ou intellectuelle.

    Pourquoi maintenant, alors ? Nos plumitifs n'ont, comme leurs prédécesseurs pétainistes vintage, aucune compassion pour les damnés de la terre, qu'ils soient fourreurs juifs ou ouvriers arabes. Non. Ce qu'ils font tient en une phrase : ils exhibent, aujourd'hui comme hier, le nom Juif pour justifier leurs forfaits et leurs crimes à venir.

    Mais ils échoueront.

    Un texte du camarade Yvan Najiels, censuré sur Médiapart suite à terrorisme intellectuel sioniste


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  • Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa en porte-à-faux face aux réalités du pays

    Camion incendié lors manifestations à Mahikeng nord-ouest
    Camion incendié lors de manifestations à Mahikeng, chef-lieu de la province du Nord-Ouest en Afrique du Sud, le 20 avril 2018.
    © STRINGER / AFP


    Les manifestations se succèdent à Mahikeng, chef-lieu de la province du Nord-Ouest, où la situation est très tendue. À tel point que le nouveau président Cyril Ramaphosa s’y est rendu le 20 avril 2018 après avoir quitté précipitamment le sommet du Commonwealth à Londres. Cela «montre la gravité du problème», selon un proche. «Problème» lié à la corruption et à des services publics défaillants.

    Les manifestations ont débuté le 17 avril après la mort de deux personnes qui s’étaient vu refuser des soins dans une clinique à cause d’une grève. D’une manière générale, les habitants en colère protestent contre le manque de services publics et accusent de corruption le Premier ministre de la province, Supra Mahumapelo. Lequel appartient à l’African National Congress (ANC), parti du président Ramaphosa.

    La situation est si sérieuse qu’en raison des violences dans le Nord-Ouest, les autorités du Botswana voisin ont décidé de fermer leur poste-frontière avec l'Afrique du Sud près de Mahikeng.

    Le 20 avril, les écoles, magasins et services publics de Mahikeng sont restés fermés. De la fumée noire s'échappait d'un township, ont constaté des journalistes de l'AFP.

    Policiers à Mahikeng 20 avril 2018
    Policiers à Mahikeng, chef-lieu de la province sud-africaine du Nord-Ouest, le 20 avril 2018.  © Stringer - AFP


    «Beaucoup de magasins ont été pillés, des boutiques appartenant à des étrangers ont été saccagées dans notre quartier. Malheureusement il n'y avait pas assez de policiers» pour empêcher ces débordements, témoigne un pasteur de 43 ans, Leveticus Molosankwe, père de deux enfants. «Il n'y a pas assez de logements, les routes sont en mauvais état», ajoute-t-il.

    «Nous sommes une communauté dans le besoin. Regardez autour de vous et regardez nos conditions de vie. Cela fait 24 ans que nous avons un gouvernement démocratiquement élu. Mais rien n’a changé pour nous», précise un responsable communautaire de Danville, localité limitrophe de Mahikeng cité par le site du journal Mail & Guardian. Pourtant, selon ce responsable, la majorité des habitants sont des partisans de l’ANC. «Nous ne sommes pas des gens violents. Nous demandons juste une vie meilleure», explique-t-il.

    Corruption

    «Le système de santé est en lambeaux. Les proches du Premier ministre régional bénéficient des appels d'offres dans la province. C'est de la corruption pure et simple», accuse de son côté Thapelo Galeboe, un responsable local du Parti communiste, allié de l'ANC. De fait, rapporte Mail & Guardian, le gouvernement de Supra Mahumapelo est accusé d’avoir dépensé 180 millions de rands (12,13 millions d’euros) pour un contrat avec Mediosa, entreprise de technologie médicale liée à l’empire Gupta, très proche du précédent président Jacob Zuma. Lequel avait dû démissionner pour des affaires de corruption. Le contrat n’a jamais été honoré, selon le journal.

    Résultat : le système de santé se retrouve en plein chaos.

    La grève des personnels hospitaliers, qui demandent la rupture de ce contrat et des augmentations de salaires, a entraîné des fermetures de cliniques. Dans le même temps, des manifestations et des violences ont empêché des agents d’entrer dans l’hôpital régional à Mahikeng. Résultat : le 17 avril, ce dernier a même dû refuser les cas d’urgence.

    Le président sud-africain Cyril Ramaphosa 20 avril 2018
    Le président sud-africain, Cyril  Ramaphosa, s'adressant aux médias le 20 avril 2018 à Mahikeng, chef-lieu de la province du Nord-Ouest.
    © MUJAHID SAFODIEN / AFP


    Ramaphosa choisit d’attendre

    Pour le président Ramaphosa, confronté l’un de ses premiers défis de taille, la situation est complexe. Il a en effet fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités. Mais il doit aussi ménager les susceptibilités au sein de son parti, l’ANC. Tout en tenant compte de ses alliés communistes au niveau local, qui demandent le départ de Supra Mahumapelo. Ce dernier «se comporte comme un empereur dans la province. Tous les pauvres sont ses sujets. Il doit partir !», observe Thapelo Galeboe.

    De son côté, le Premier ministre du Nord-Ouest estime que les protestations sont un complot politique ourdi par ses détracteurs au sein de l’ANC et par le parti EFF, du leader extrémiste Julius Malema, qui ont présenté une motion de censure contre lui.

    Pour l’instant, Cyril Ramaphosa s’est contenté d’appeler au calme, «pendant que nous nous employons à résoudre cette question», a-t-il déclaré lors d'une allocution télévisée. Il a souligné qu'il avait compris que les manifestants exigeaient la démission du Premier ministre régional ainsi que des mesures contre la corruption. «Il s'agit de sujets sérieux», qui méritent une consultation en profondeur, au sein du parti et du gouvernement, a promis le président sud-africain. «Nous allons agir aussi vite que possible pour apporter une réponse à tous les problèmes qui ont été évoqués», a-t-il ajouté.

    L’Afrique du Sud en plein tourment

    Les brusques flambées de violence urbaine, désignées sous le nom d'«émeutes pour l'amélioration des services publics», sont quotidiennes ou presque en Afrique du Sud. Mais le déplacement d'un président pour ce genre d'incidents reste exceptionnel.

    Ces manifestations soulignent les failles de la «nation arc-en-ciel», 24 ans après l'avènement de la démocratie et l'élection du premier président sud-africain noir Nelson Mandela. Dans de nombreuses villes du pays, l'accès à l'eau et l'électricité restent rares, les logements précaires et les ordures s'entassent.

    Pourtant, l'Afrique du Sud est la première puissance industrielle du continent. Mais depuis plusieurs années, elle se débat avec un taux de chômage record à 27,7% et une croissance au ralenti.


    À relire : l-histoire-semble-s-accelerer-en-afrique-du-sud


    Précisions très instructives en commentaire :

    "Ramaphosa était au conseil d'administration de Lonmin au moment du massacre de Marikana et a cautionné l'envoi de renforts de la police. Il a beau avoir fait "amende honorable", c'est plus qu'une casserole !

    D'autant qu'il soutient maintenant des mesures néolibérales (pas pour tout le monde) avec notamment des restrictions du droit de grève :

    https://www.mondialisation.ca/afrique-du-sud-cyril-ramaphosa-politiques-neoliberales-brics-et-geopolitique/5623956

    Le coup d’Etat « soft » du 14 février 2018 au cours duquel Cyril Ramaphosa a éjecté de la présidence Jacob Zuma, après environ neuf ans au pouvoir et une lutte humiliante afin d’éviter de démissionner, a des implications locales et géopolitiques contradictoires. L’applaudissement général de la société à voir Zuma s’en aller résonne avec force. Toutefois, sa démission soulève immédiatement des préoccupations quant aux tendances néolibérales, favorables aux grandes entreprises, du nouveau président ainsi que de son passé de corruption financière et son engagement dans une guerre de classe contre les travailleurs.

    L’épisode du massacre [des mineurs] de Marikana de 2012 n’est toujours pas refermé, en dépit de son discours devant le Parlement, le 20 février, au cours duquel il a demandé pardon. Les nouvelles lois que Ramaphosa soutient auront pour effet de limiter le droit de grève au moment même où le nouveau budget subit des coupes et que des hausses d’impôt frappent les plus pauvres.

    Le massacre de Marikana

    Sur le plan international, l’émergence de l’alliance entre le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud en 2010 (lorsque Beijing invita Pretoria à bord) constituait, du moins en était-il convaincu, le principal legs de Zuma : les BRICS offraient un potentiel énorme pour défier l’hégémonie abusive de l’Occident. La réalité, toutefois, s’est révélée décevante, en particulier au sein du pays le plus inégal et agité des cinq, l’Afrique du Sud, où la direction formée à Moscou parlait « gauche » de manière experte… tout en marchant à droite.

    Après l’ère Zuma, une austérité budgétaire plus extrême, doublée du retour à une accumulation centrée sur les minerais, sous Ramaphosa, ne fera qu’amplifier la misère localement – tout en laissant, probablement, l’engagement de l’Afrique du Sud envers le projet des BRICS dans le marais. La première indication est apparue le 21 février lorsque le ministre des Finances dont a hérité Ramaphosa, Malusi Gigaba [ministre sous Zuma de mai 2014 à mars 2017 ; et ministre des Finances du 31 mars au 27 février 2018], entaché par la corruption, a imposé l’austérité et a libéralisé le contrôle des changes.

    La fin des Zuptanomics

    La chute de Zuma est le résultat d’un changement d’équilibre [dans la balance « du pouvoir »] au cours des dernières semaines. Il trouve son origine, d’un côté, dans les changements du soutien clientélaire au sein de la direction de l’African National Congress (ANC), principalement en conséquence d’une corruption à large échelle financée grâce à une hausse rapide de la dette publique (passant de 28% à 55% du PIB depuis 2009) ; de l’autre, dans les perspectives menaçantes pour l’ANC en vue des élections de 2019. Cela est dû, sous la forme souvent grotesque par laquelle Zuma a fusionné l’éthique personnelle, un traditionalisme ethnique fondé sur le patriarcat [au sens de « patriarche », ce qui n’exclut évidemment pas la dimension que possède l’autre signification du terme ; Zuma s’identifie à l’« ethnie zouloue »] et une accumulation de capitaux par le biais de gangs criminels.

    Il y a deux mois, la direction de l’ANC a élu de justesse Ramaphosa – contre Nkozasana Dlamini-Zuma, qui occupait récemment, entre 2012 et 2017, le poste de présidente de la Commission de l’Union africaine et était vue comme loyale envers son ancien mari – dans l’espoir qu’il puisse restaurer le prestige du parti, gagné à l’époque où l’ANC, entre 1912 et 1994, était un mouvement de libération, puis sous la présidence de Nelson Mandela (1994-1999). Ramaphosa est pourtant coupable d’évasion fiscale significative en faveur des firmes qu’il dirigeait, l’entreprise minière de la platine Lonmin ainsi que la plus grande firme de téléphonie mobile du continent (MTN). L’usine à gaz controversée Shanduka [un holding d’investissement actif dans les ressources naturelles, les télécommunications, l’alimentaire, etc. fondé par « l’ancien syndicaliste » Ramaphosa] ainsi que les franchises locales de McDonald’s et de Coca-Cola sont d’autres dimensions contribuant à ses richesses. Il a retiré ses investissements à partir de 2016 lorsque ses richesses estimées à 550 millions de dollars ont été placées auprès d’un organisme indépendant de gestion d’actifs (blind trust).

    Ramaphosa a désormais devant lui une « fenêtre d’opportunité » de 15 mois pour effacer la mémoire électorale viscérale des « combinaisons » dites « Zupta » qui – en parallèle à l’alignement de Ramaphosa avec le « monopoly du capital blanc » [expression, controversée, qui sert à désigner la puissance économique des « élites blanches » ainsi que les collusions, au travers de la corruption, entre les diverses élites et l’Etat] – ont influencé de manière si malsaine l’Etat sud-africain tout au long de la dernière décennie, au moins.

    Le surnom « Zupta » combine deux composantes : les membres de la famille et les clients de Zuma, qui agissaient sous la direction de trois frères riches, souvent de mauvais goût, les Gupta, des immigrés Indiens. La stratégie de « capture de l’Etat » par ces derniers a été engagée au début de la décennie 2000, mais n’a attiré l’attention des citoyens qu’à la suite d’un luxueux mariage au sein de la famille Gupta, en 2013, au cours duquel les règles de l’immigration et de la sécurité à l’aéroport ont été violées de manière notoire en faveur des invités Indiens. En outre, afin de payer la facture de 2,5 millions de dollars, les Gupta et leurs alliés – comprenant apparemment le nouveau secrétaire de l’ANC, Ace Magashule – ont pillé un fonds de soutien agricole destiné à des paysans noirs de la province Free State [capitale Bloemfontain], dont le dirigeant officiel est encore Magashule.

    Atul Gupta et Jacob Zuma

    Lors du scrutin au sein de l’ANC, en décembre dernier, Magashule a battu de peu le colistier de Ramaphosa pour le poste de secrétaire général. Son destin repose toutefois sur l’étendue des poursuites contre les Gupta et dans quelle mesure apparaîtront des témoignages concernant son implication dans le pillage des coffres provinciaux pour leurs affaires. Si les Gupta évitent une arrestation en Afrique du Sud et ne fournissent donc pas un témoignage accablant sur Magashule, il est possible qu’il conserve son emploi dans les mois, voire les années, à venir, à l’instar de Zuma, malgré les doutes répandus au sujet de sa probité.

    Près de 1,25 milliard de dollars par année ont été perdus en faveur du pillage Zupta, selon ce que reconnaît l’ancien ministre des finances, Pravin Gordhan, en particulier par le biais des grandes compagnies para-étatiques de l’énergie et des transports. Il s’agit, certes, d’une petite fraction des 22 milliards perdus chaque année dans la surfacturation des contrats publics, opérée par l’élite des affaires la plus corrompue au monde, selon les termes de la société d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC). Au cœur des combines (circuits) de Johannesburg, du Cap, de Stellenbosch et de Durban du White Monopoly Capital, PwC rapporte que « huit cadres supérieurs sur dix commettent des crimes économiques », en particulier par le biais de la fraude lors de passation de contrats publics, par le blanchiment d’argent, le détournement d’actifs ainsi que les pots-de-vin.

    Après avoir été élu à la tête de l’ANC en décembre dernier, lorsque Ramaphosa a battu l’ancienne présidente de l’Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma (une ancienne épouse de Jacob), le nouveau dirigeant a gracieusement remercié son prédécesseur. Seuls deux legs ont été mentionnés : la mise en avant du Plan nation de développement (NDP) [un programme qui prétend, à l’horizon 2030, lutter contre les inégalités et la suppression des inégalités] ainsi que la fourniture de médicaments gratuits contre le sida à quatre millions de Sud-Africains.

    Cette dernière réussite a en effet élevé de 10 ans l’espérance de vie par rapport aux 52 ans au début des années 2000 [52 ans en 2005 contre 62 en 2015]. La bataille historique de l’organisation Treatment Action Compaign contre les profits de Big Pharmacorp et le négationnisme envers le sida de l’ancien président Thabo Mbeki avait déjà été remportée sans soutien visible de Zuma en 2004. C’est-à-dire bien avant qu’il ne devienne président en 2009 [Mbeki a contesté l’origine virale de la maladie et il est largement considéré comme responsable des retards pris dans l’introduction de traitements antirétroviraux en Afrique du Sud, voir ici et ici].

    Ramaphosa mettra fièrement en œuvre le NDP (South Africa’s National Development Plan) au cours des prochaines années car il en est le co-auteur. L’engagement principal du plan, dans lequel la question climatique est absente, en termes d’infrastructures consiste en une ligne ferroviaire d’un coût de 75 milliards de dollars, principalement dans le but d’exporter 18 milliards de tonnes de charbon. Il implique 50 projets majeurs dont 14 sont déjà lancés. L’agence ferroviaire, Transnet, dispose d’un crédit chinois de 5 milliards de dollars en vue de financer l’achat de locomotives, suffisamment puissantes pour tirer des trains chargés de charbon, longs de 3 kilomètres, fabriquées en Chine. La corruption « Zupta » est toutefois déjà un problème majeur en ce qui concerne les acquisitions.

    Une combinaison malsaine de politiques clientélaires et de néolibéralisme se poursuivra sans aucun doute, étant donné que le 26 février, Ramaphosa a annoncé un nouveau cabinet dans lequel prendront place deux anciens ministres des Finances célébrés par les marchés financiers – Nhlanhla Nene et Pravin Gordhan – ainsi qu’un président adjoint, David Mabuza, à la tête de la province de l’est de Mpumalanga [ancien Transvaal] depuis 2009.

    Le prédécesseur de Mabuza à ce poste, Mathews Phosa – qui était aussi un ancien trésorier de l’ANC –, avait des formules cinglantes sur sa réputation de voleur corrompu : « Il est plongé dans un nuage de scandales et laissez-moi vous dire qu’il le suivra là où il se trouve aujourd’hui… Les gens le craignent. Ils parlent de meurtres dans la province, lorsque l’on parle de ceux-ci, ils sont liés à lui… Je ne pense pas que l’ANC remportera les élections de 2019. »

    Le dirigeant de la nouvelle Fédération des syndicats d’Afrique du Sud (la deuxième plus importante derrière le Congrès des syndicats d’Afrique du Sud qui soutient l’ANC), Zwelinzima Vavi, était tout aussi critique envers les nouveaux ministres : « La nomination de Ramaphosa n’a rien changé. Il a changé quelques têtes, mais il est toujours enraciné dans une ANC corrompue et favorable au capital à la tête de laquelle se trouvait son prédécesseur. Il est particulièrement incroyable qu’il ait nommé un président adjoint, et donc un président potentiel, qui est impliqué depuis des années dans certains des crimes les plus sérieux [de la région], lorsqu’il était premier ministre de Mpumalanga. Au nombre de ces crimes se trouvent des pots-de-vin présumés pour l’obtention de contrats pour des installations liées à la Coupe du monde [en 2010], des menaces et l’espionnage envers des journalistes ainsi que la constitution d’une liste noire d’opposants politiques, parmi lesquels au moins 15 ont été assassinés, alors que personne n’a été arrêté pour ces meurtres. »

    Pour ce qui est des aspects positifs, toutefois, Ramaphosa a démis l’allié étroit de Zuma au sein du cabinet, le ministre de l’énergie David Mahlobo, ce qui a pour résultat que la tentative d’achat par Pretoria de huit réacteurs nucléaires auprès de Rosatom [compagnie russe] pour 100 milliards de dollars est désormais hautement improbable. Cela est principalement dû à l’aggravation de la crise de la dette de Pretoria, ce qui fait qu’il ne reste qu’une réalisation au crédit de Zuma : les réunions annuelles de « networking » avec des dirigeants à Beijing, Brasilia, Delhi et Moscou.

    Les réformes des BRICS ?

    Le sens commun, tel qu’il est exprimé à la fin de l’année dernière par le chercheur en politique étrangère Oscar van Heerden, veut que Zuma « ait assuré notre ascendance au sein du groupe géostratégique des BRICS, composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine : les économies émergentes du monde. C’est un point important car dans la recherche d’un ordre mondial plus équitable et plus juste, ce groupe fournit un contrepoids aux puissances occidentales dominantes. Les BRICS offrent un meilleur accès aux relations commerciales ainsi que de meilleurs dispositifs mondiaux de sécurité. »

    Cette fierté a été également formulée par Zuma, en partie par le biais de son avatar, le politicien et homme d’affaires Gaytom McKenzie, qui a commis un ouvrage « raconte-tout » du type Fire and Fury [allusion à l’ouvrage d’anecdotes, rapidement traduit en de nombreuses langues, de Michael Wolff], Kill Zuma by Any Means Necessary.

    Le sens commun aussi bien que les thuriféraires de Zuma doivent être soumis à l’épreuve de la réalité : loin des gestes rhétoriques permanents de Pretoria, les BRICS ont amplifié des processus mondiaux injustes et inéquitables. Alors que trois membres des BRICS ont abrité, entre 2010 et 2018, la Coupe du monde entachée de corruption de la FIFA – ce qui n’est là que la manifestation la plus flagrante, quoique superficielle, de l’entrée dans l’impérialisme (footballistique de Sepp Blatter) – les intentions de « réformes » de la gouvernance mondiale menée par les BRICS sont révélatrices :

    • Dans le domaine de la finance mondiale, la restructuration de la direction du FMI entre 2010 et 2015 a cédé une place plus importante aux quatre membres des BRICS largement plus puissants (hausse des droits de vote de 37% pour la Chine, de 23% pour le Brésil, 11% pour l’Inde et 8% pour la Russie), mais la plupart des pays africains disposent aujourd’hui d’un droit de vote bien peu fiable (par exemple le Nigeria en a perdu 41% et même l’Afrique du Sud a perdu 21%). Un droit de vote des BRIC – donc sans l’Afrique du Sud – plus élevé. Il n’atteint juste pas le 15% nécessaire pour présenter un veto. Fait-il une différence quelconque ? Après tout, les directeurs du bloc ont suivi à trois reprises (en 2011, 2015 et 2016) leurs homologues occidentaux dans le soutien à la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, alors même qu’elle était poursuivie – et jugée en 2016 coupable par négligence – pour une affaire de corruption criminelle de 490 millions de dollars remontant à sa période comme ministre des Finances française. La « pratique libre » (free ride) de Lagarde suggère que les BRICS non seulement partagent son approche néolibérale mais aussi l’apparition d’une corruption politique systémique au sommet de l’ordre financier mondial.

    • En outre, le Contingent Reserve Arrangement – un fonds de sauvetage théorique – de 100 milliards de dollars des BRICS renforce le FMI en obligeant les emprunteurs d’obtenir d’abord un prêt du FMI et de passer par un programme d’ajustement structurel avant d’accéder à l’autre 70% de leur quota de contributions dans des périodes d’urgence financière. Et les dirigeants de la New Development Bank des BRICS – qui n’est pas supervisée par la société civile – se vantent d’un cofinancement et d’arrangements concernant le partage de personnel avec la Banque mondiale.

    • En ce qui concerne le réchauffement climatique, l’Accord sur le climat de Paris (2015) a laissé les victimes sans une quelconque option de « dette climatique » contre l’Occident et les BRICS, dans la mesure où les prétentions juridiques vis-à-vis de la responsabilité des signataires sont interdites. Les engagements concernant les diminutions d’émission prises à Paris sont trop faibles et, dans tous les cas, non contraignants – ce dont a témoigné le départ de Trump, en juin dernier, sans qu’il provoque de punition officielle. Les émissions militaires, maritimes et des transports aériens ne sont pas couverts [par ces engagements]. Les marchés de carbone – soit la « privatisation de l’air » – ont été avalisés. La catastrophe climatique est ainsi inévitable, principalement pour le bénéfice des industries qui produisent de grandes quantités de carbone dans les pays riches et moyens.

    • En ce qui concerne le commerce mondial, le sommet de Nairobi de 2015 de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a essentiellement mis un terme aux subsides agricoles et donc à la souveraineté alimentaire grâce aux alliances cruciales conclues entre les représentants de Brasilia et de New Delhi avec les négociateurs de Washington et de Bruxelles. Le leader favorable au capital de l’OMC est le Brésil, ce qui laisse penser que le remplacement des élites du Nord par celles du Sud continuera à porter atteinte au « Sud ».

    Les dirigeants des BRICS se sont révélés des alliés vitaux de l’Occident dans chacun de ces moments récents de la mal-gouvernance mondiale. Les accords à court terme bénéficiant à leurs agences para-étatiques et entreprises néolibérales, intensément polluantes, surviennent toutefois à une époque difficile. Les prétendues « améliorations dans les accords commerciaux » que van Heerden relie à l’ère des BRICS sont, en réalité, accompagnées d’un déclin relatif plus important du commerce tel qu’il est mesuré en rapport au PIB.

    Bien que l’année 2017 ait représenté des volumes commerciaux plus élevés, entre 2008 et 2016, le ratio commerce mondial/PIB a diminué légèrement, passant de 61 à 58%. Ce sont les BRICS qui figuraient en tête de cette baisse : le ratio commerce/PIB de la Chine a chuté de 53 à 36%, celui de l’Inde de 53 à 40%, celui d’Afrique du Sud de 73 à 60%, celui de la Russie de 53 à 45% et, enfin, celui du Brésil de 28 à 25%. Pour les deux premiers BRICS, la chute provient d’un rééquilibrage par le biais d’une consommation nationale plus élevée plutôt que par une croissance liée aux exportations.

    La part déclinante du commerce pour l’Afrique du Sud, la Russie et le Brésil reflète le pic du prix des matières premières juste avant l’effondrement financier mondial cette année, auquel ont succédé les récessions suivantes. Depuis début 2016, une hausse des prix des matières premières a encouragé les pays dépendants de l’économie extractive, tirant même le Brésil, la Russie et l’Afrique du Sud hors de la récession. Mais le renouveau de la volatilité économique en 2018 – par exemple les milliers de milliards de dollars qui se sont évaporés des marchés financiers pratiquement en une nuit au début de ce mois [de février] – porte la menace du retour d’une vulnérabilité extrême pour les matières premières, tel qu’en portent témoignage les oscillations folles des prix entre 2007 et 2015.

    Quant aux prétendus « meilleurs arrangements sécuritaires mondiaux », le monde est ironiquement bien plus dangereux depuis que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, et Afrique du Sud) ont pris leur forme actuelle en 2010 : en Syrie, dans les Etats du Golfe, en Ukraine et en Pologne, dans la péninsule coréenne, au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, ainsi qu’au sud de la mer de Chine. Même la frontière indo-chinoise est touchée par des affrontements, lesquels ont été près de faire capoter le sommet annuel des BRICS au milieu de l’année 2017.

    Turbulences géopolitiques

    Le boycott de Narendra Modi du sommet de la Belt and Road Initiative [1], en mai dernier, était dû à l’intrusion du méga-projet de Beijing sur le terrain de ce que New Delhi considère comme ses propres terres du Cachemire, détenues aujourd’hui par le Pakistan. Il s’agit pour Xi Jiping du lopin de terre crucial reliant la Chine occidentale au port de Gwadar [extrême sud-ouest du Pakistan], sur la mer d’Arabie.

    En tant que bloc géopolitique, les interventions publiques en matière de sécurité des BRICS se sont déroulées strictement dans le contexte du G20. Tout d’abord, en septembre 2013, les BRICS ont empêché Barack Obama de bombarder la Syrie en faisant pression lors du sommet de ce groupe plus large à Saint-Pétersbourg. Ensuite, dix mois plus tard à Amsterdam, les BRICS ont soutenu l’invasion russe (ou « libération ») de la Crimée après que l’Occident a menacé d’expulser Moscou du G20 ; de la même manière que les Etats-Unis et l’Europe avaient jeté Vladimir Poutine hors du G8, aujourd’hui G7. Toutefois, lorsque Donald Trump est venu, en juillet dernier, au sommet du G20 à Hambourg, les dirigeants des BRICS se sont révélés très polis malgré les nombreux appels visant à sanctionner les Etats-Unis en raison de leur retrait des engagements sur le climat à peine un mois plus tôt.

    Heureusement, la sécurité militaire et politique de la région d’Afrique australe s’est améliorée par rapport à des époques antérieures. Plus de deux millions de personnes ont été tuées par des régimes blancs et leurs auxiliaires sur les fronts de la lutte contre le colonialisme et l’apartheid au cours des décennies 1970 et 1980, en particulier au Mozambique et en Angola. Un plus grand nombre encore sont morts à l’est de la République démocratique du Congo (RDC) au début des années 2000, période et région d’extraction extrême des ressources minières. Les deux interventions armées récentes de Pretoria dans la région se sont faites en jonction avec les troupes de maintien de la paix de l’ONU en RDC (de 2013 à aujourd’hui) et pour aider le régime autoritaire aux abois de la République centrafricaine (2006-13).

    Ces deux interventions sont vues comme des échecs politico-militaire sous-impérialistes dans la mesure où les violences se poursuivent dans les deux pays. À Bangui, capitale de Centrafrique, plus d’une dizaine de soldats de Pretoria ont été tués en mars 2013 en défendant des entreprises de Johannesburg, qui ont passé des contrats juteux, à peine quelques jours avant la tenue du sommet « Gateway to Africa » des BRICS à Durban, en Afrique du Sud.

    Pour ce qui a trait à la sécurité locale, des soulèvements majeurs en protestation contre les injustices ont été réprimés et font l’objet d’une surveillance très étroite dans chacun des pays des BRICS. Le pire moment, en Afrique du Sud, s’est déroulé le 16 août 2012 lorsqu’une trentaine de mineurs ont été massacrés par la police. Cette dernière « agissait ostensiblement » à la demande explicite (transmise par courriel le jour avant) du principal actionnaire local de la compagnie minière de la platine Lonmin, qui exigeait une « action décisive » contre les « infâmes criminels ». C’est-à-dire les 4000 mineurs engagés dans une grève sauvage contre des salaires de misère et des conditions de vie déplorables. L’actionnaire n’était autre que Cyril Ramaphosa.

    Les excuses présentées par Ramaphosa en 2017 à propos de la formulation du courriel ont été rejetées par les familles des victimes comme relevant d’une posture dépourvue d’authenticité. Son engagement contraignant sur le plan légal – alors qu’il était à la tête de l’exécutif du Comité de transformation de Lonmin entre 2010 et 2013 – de construire 5500 logements pour les mineurs ne s’est jamais traduit dans la réalité. Sous le règne de Ramaphosa, seules trois maisons ont été construites, laissant les taudis de Wonderkop et de Nkaneng sans approvisionnement électrique et sanitaire (excepté les énormes pylônes qui, passant au-dessus, fournissent l’électricité à la fonderie de platine, quelques centaines de mètres plus loin).

    Pour sa défense, il a avancé de prétendues difficultés financières suite à l’effondrement économique mondial de 2008. La Banque mondiale lui avait pourtant alloué un prêt de 100 millions de dollars pour y faire face. Ramaphosa, au lieu de cela, a décidé d’utiliser des fonds de la compagnie pour acheter des services marketing dans les Bermudes d’une valeur de 100 millions de dollars, par le biais de son contrôle, via Shnaduka, exercé sur la principale firme partenaire du Black Empowerment de Lonmin, une entreprise qui, pour reprendre les paroles de l’avocat de Lonmin, « a refusé pendant de nombreuses années d’accepter la nouvelle structure » afin de mettre un terme à l’évasion fiscale vers les Bermudes – de la même façon qu’il s’est dirigé vers des paradis fiscaux pour ses autres entreprises.

    Le poison des BRICS

    La plus grande part du sens commun voulant que les BRICS suivent un agenda contre l’Occident est donc douteuse. Même sur le plan de la sécurité individuelle, plusieurs politiciens sud-africains de premier plan sont préoccupés. Zuma lui-même a affirmé régulièrement que le fait qu’il a failli mourir en 2014 d’un composé toxique du ricin, avant d’être rapidement pris en charge pendant deux semaines en Russie, était lié aux BRICS.

    En août dernier, il a déclaré devant les membres de l’ANC de sa circonscription rurale au KwaZulu-Natal (le lieu d’un grand nombre d’assassinats politiques), « j’ai été empoisonné et je suis presque mort parce que l’Afrique du Sud a rejoint les BRICS sous ma direction ». Zuma a renouvelé cette accusation trois mois plus tard lors d’une interview à la télévision, laissant entendre qu’il s’agissait d’un complot occidental. Quelques jours avant d’être jeté à la porte, sa famille a régurgité l’idée que « l’Occident » était responsable de sa chute.

    Ramaphosa est-il un antidote face aux accomplissements au jeu des BRICS de Zuma ? Oui, selon le BRICS Post, dont le correspondant en Afrique du Sud a appelé à un remplacement de leadership immédiat. La branche sud-africaine du BRICS Business Council, dirigée par le magnat local de la presse Iqbal Survé (à la tête du The Sekunjalo Group, sis à Capte Town ; il contrôle un nombre impressionnant de journaux, de publications online, etc.), a proposé des titres d’un cynisme surprenant suite au discours de Zuma devant le Congrès de l’ANC en décembre : « Vintage Zuma lance un chant de cygne vengeur, dépourvu de toute responsabilité » et « Ramaphosa se prépare à faire face à un avenir sombre pour l’Afrique du Sud ». De tels titres participent à la cacophonie des plaintes contre Zuma émanant des milieux d’affaires et de la société civile. Accompagnées par un changement de pouvoir rapide au sein de l’ANC, elles ont conduit à l’expulsion de Zuma de la présidence.

    Les BRICS sont aussi devenus un facteur politique local, car quelques heures avant qu’il ne quitte son poste, le 14 février, Zuma a déclaré à la chaîne nationale : « En vue du sommet, des BRICS, je devrais être en position de vous introduire [Ramaphosa] aux autres dirigeants en disant voici le camarade qui prend ma suite. Cela aussi pour éviter l’impression qui existe que Zuma a été expulsé par un coup de coude. » Et, selon Zuma, son successeur « a été d’accord. Il a dit que c’était une bonne proposition. Nous étions tous d’accord. » La confirmation est venue quelques jours plus tard.

    Le soupire collectif de soulagement qui s’est fait entendre dans la plupart des couches de la société sud-africaine – principalement dans les rangs de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie – est tempéré, du côté de la gauche, par la connaissance approfondie des engagements de Ramaphosa pour une politique minière extrême. Il est bien possible que – bien qu’il ait jusqu’ici compté sur les puissances capitalistes occidentales et les riches Blancs d’Afrique du Sud pour l’approvisionnement de ses fonds et pour ses opportunités de franchises – Ramaphosa se tourne également vers ses nouveaux alliés des BRICS, en particulier s’il en vient à des responsabilités plus difficiles, telle que l’imposition d’une austérité budgétaire.

    Il est toutefois plus probable, après un accueil à contrecœur du sommet des BRICS à Sandton, qu’il témoigne seulement de tièdes gestes symboliques envers les BRICS. C’est certainement de cette façon que Ramaphosa gouvernera très probablement l’Afrique du Sud : suivant le courant afin de ne pas ébranler le bateau capitaliste. Dans un pays où les inégalités sont les plus importantes, il s’agit de la poursuite d’un empoisonnement différent, mais d’un type proche.

    Des paroles de gauche, un budget de droite

    Mardi 20 février, Ramaphosa a offert ces belles paroles dans une réponse formelle aux critiques de son « Adresse sur l’état de la nation » devant la principale chambre législative du pays : « Les personnes les plus importantes ne sont pas celles qui arpentent les tapis rouges du parlement, mais celles qui passent leurs nuits sur les bancs à ses portes. »

    Mercredi 21 février, malgré des affirmations contraires, la stratégie budgétaire du ministre des Finances, Malusi Gigaba, frappe de manière disproportionnée près des deux tiers de Sud-africains qui survivent en dessous de la ligne de pauvreté ; et non pas 55% comme le prétendent les statistiques officielles d’Afrique du Sud, StatsSA. Cette agence, selon l’unité de recherche sur le travail et le développement d’Afrique du Sud de l’Université du Cap, utilise une ligne de pauvreté plus basse d’au moins un quart par rapport à ce qu’elle devrait être. Et pour ceux qui se trouvent au-dessus et disposent d’économies, 43 milliards de dollars sur le total des fonds d’investissement institutionnels, s’élevant à 843 milliards, ils pourront bientôt s’abriter à l’étranger en raison d’un contrôle des changes plus flexible.

    En 1991, la taxe sur la valeur ajoutée (la TVA) a remplacé, sur requête du FMI, une taxe générale sur les ventes, malgré les protestations vigoureuses du Congress of South African Trade Unions (Cosatu). Le Cosatu a finalement exigé – avec succès – que certains biens alimentaires ne soient pas taxés. La dernière hausse de la TVA date de 1993, principalement en raison des pressions des organisations de travailleurs. S’dumo Dlamini, le président du Cosatu, se souvient : « Le gouvernement d’apartheid s’est effondré parce qu’il était sous pression alors que le pays opérait une transition vers la démocratie. Aujourd’hui, 25 ans plus tard, la TVA a augmenté. C’est une mauvaise chose pour les pauvres. C’est une mauvaise chose pour les travailleurs qui suent tous les jours. »

    Carol Paton, du Business Day’s, a en outre observé : « Du côté des dépenses, ce sont les communautés pauvres qui ont été les plus grands perdants, en raison des coupes dans des entités publiques telles que le service des passagers des trains d’Afrique du Sud et alors que les prêts pour les infrastructures dans les provinces et les municipalités ont été dévastés. »

    Le Parti communiste d’Afrique du Sud ajoute : « Il est simplement faux d’affirmer, ainsi que l’a fait le ministre des Finances, que le 20% le plus pauvre ne sera pas touché par la hausse de la TVA. Pire encore, d’autres taxes indirectes, comme la redevance sur le carburant, auront un impact accru sur le coût de la vie, en particulier pour les pauvres. »

    L’une des ONG les plus respectées dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, la Pietermaritzburg Agency for Community Social Action (Pacsa), a scruté le panier mensuel d’un consommateur à faibles revenus. Il en résulte que, désormais, dès lors que moins de la moitié des 38 composantes du panier ne sont pas taxées, la TVA mensuelle seulement pour des achats d’aliments atteindra 19 dollars (la hausse de TVA de 1% représentant une augmentation de 1 dollar 30). Julie Smith, une chercheuse de la Pacsa, observe qu’« afin de confectionner un repas, les ménages de la classe laborieuse n’utilisent pas seulement des aliments non taxés. Une mère n’envoie pas son enfant à l’école avec seulement quelques tranches de pain noir ; elle l’envoie avec un sandwich, ce qui exige, en plus du pain, de la margarine, du beurre de cacahuète ou du jambon, du fromage ou du polony [saucisse à base de viande hautement transformée, une épidémie de listériose, occasionnant plusieurs dizaines de morts, liée à ces saucisses vient d’éclater en Afrique du Sud]. Or, tous ces aliments sont soumis à la TVA. »

    L’allocation familiale (Child Support Grant) a été élevée de 6,6% en octobre, atteignant 35,50 dollars mensuels, soit plus que le taux d’inflation prévu à 5,5%. Pacsa affirme toutefois que pour plus de 12 millions d’enfants dépendants de cette allocation, le rythme de l’inflation est bien plus élevé : « Au cours des derniers six mois, le coût pour nourrir des enfants âgés entre 10 et 13 ans – avec un régime de base mais nutritif – a crû de 8,8% pour atteindre 51 dollars. » Les allocations pour personnes âgées dont bénéficient 3,4 millions de pensionnaires ont aussi été augmentées plus que le taux officiel d’inflation, à 148 dollars mensuels à partir du mois d’octobre, mais cette hausse reste en deçà du taux actuel d’inflation des aliments.

    Pour ce qui est des gagnants, plusieurs années de protestations étudiantes (dans les universités) énergiques ont été récompensées par une augmentation du budget annuel de 1,65 milliard de dollars pour 2020, de sorte qu’au moins le début d’une éducation tertiaire gratuite figure désormais au budget.

    « Un véritable assaut néolibéral »

    M. Gigaba, ministre des Finances, n’a toutefois imposé aucune hausse substantielle de l’impôt sur la fortune, ce qui est révélateur des sphères où réside le véritable pouvoir social de l’un des pays les plus inégalitaires au monde. Manifestement ravi, John Campbell, de Chartered Wealth Solutions [un fonds de pension et assurance vie], a remarqué : « Il n’y a pas eu de changements sur les taux marginaux de l’impôt sur le revenu, sur le taux de l’impôt sur les trusts (45%) ou encore sur l’impôt sur les entreprises (28%). Les droits de transfert lors de ventes de propriété n’ont également pas été modifiés. »

    Certes, ceux qui se trouvent dans les tranches de revenus élevées vont souffrir en raison des effets de l’inflation sur l’impôt sur les revenus personnels qui impliquera une contribution de 600 millions de dollars, mais c’est moins du tiers du 1,9 milliard obtenu par la hausse socialement régressive de la TVA. D’autres augmentations d’impôt, y compris celle de 0,05 dollar par litre de pétrole, généreront 600 millions supplémentaires.

    Il en découle que Gigaba a déplacé le ratio dette totale/PIB d’une trajectoire ascendante partant de 53% aujourd’hui à 55% dans sept ans plutôt que 63%, tel que prévu en octobre dernier. On s’attend à ce que cela suffise à apaiser l’agence de notation Moody pour qu’elle n’attribue pas la pire note aux obligations d’Afrique du Sud ainsi qu’elle menaçait de le faire, il y a moins d’un mois.

    Zwelinzima Vavi, le dirigeant de la South African Federation of Trade Unions, a critiqué Gigaba pour avoir maintenu le principal impôt sur les sociétés à la moitié de son niveau de 1994 : « Les impôts sur les entreprises ne sont pas affectés, il s’agit là d’un véritable assaut néolibéral contre les pauvres. Cela est fait sur la fausse conviction que si les riches sont épargnés, ils investiront leur argent et les pauvres en bénéficieront au final. Soit l’idée économique, qui s’est révélée un désastre, du ruissellement (trickle down). »

    L’autorisation (soit un siphonnage) qu’a accordée Gigaba aux fonds de pension et aux assurances de retirer 5% supplémentaires de leurs actifs vers des paradis fiscaux (offshore) mérite en effet un examen. En octobre dernier, le taux de la capitalisation des marchés/PIB de la Bourse de Johannesburg a atteint un sommet inégalé, soit plus de 16,2 billions de rands en valeurs actionnariales contre un PIB de 4,6 billions de rands pour 2017, soit un ratio de 450% (trois fois plus élevé que le niveau mondial). Une diversification est donc bienvenue.

    Mais laisser les investisseurs chercher à l’étranger des retours sur investissement plus élevés que les 8,1% des obligations d’Etat sud-africaines – qui restent encore parmi les plus élevées du monde, à l’égal de la Russie et du Venezuela – revient pourtant à produire une autre tragédie financière. Alors qu’une partie de la compagnie d’assurances Old Mutual retourne désormais sur la Bourse de Johannesburg pour y être cotée – suite aux difficultés rencontrées à la Bourse de Londres – et cela immédiatement après l’effondrement les Bourses mondiales début février, une telle volatilité financière mondiale ne devrait-elle pas provoquer un renforcement du contrôle des changes plutôt qu’une libéralisation ?

    M. Gigaba admet que des « remboursements élevés de la dette extérieure » frapperont durement au cours de l’année, mais avec près de 160 milliards de dollars (soit 48% du PIB), selon l’estimation la Reserve Bank d’Afrique du Sud, la dette extérieure totale d’Afrique du Sud est aujourd’hui bien au-delà de tout précédent historique, y compris lorsque P. W. Botha (président entre 1984 et 1989) a fait défaut (le taux de la dette atteignait alors juste 42% du PIB).

    Comme Ramaphosa affirme être engagé dans une lutte contre les mouvements illicites de capitaux – son antécédent d’encouragement des paradis fiscaux auprès de Lonmin, MTN et Shanduka suggère une certaine familiarité avec l’évasion fiscale – il aurait été plus logique pour Pretoria de suivre la route indiquée par Beijing : renforcer au lieu d’émousser ce qui reste de contrôle des transferts de capitaux. Ce revirement est cohérent avec l’engagement déclaré de Ramaphosa envers les pauvres, lui aussi saboté par le budget de Gigaba.

    Sur ces aspects, Ramaphosa pourra s’adapter avec aisance aux tendances néolibérales qui émergent au sein des BRICS, dès lors que le manteau de la promotion des politiques favorables à la mondialisation est transféré des Etats-Unis à la Chine. Même s’il n’adoptera jamais le faux anti-impérialisme de Zuma, on peut s’attendre à ce que Ramaphosa adopte des thèmes nationalistes étant donné ses extraordinaires antécédents dans les organisations étudiantes, syndicales et à l’ANC. Il devra toutefois être oublié comme un bourgeois insensible et non patriote. Et c’est dans le genre de Gigaba – à moins qu’il ne soit remercié comme les ministres de l’énergie, des mines, du développement social, du gouvernement local et des services publics, lesquels ont tous été des alliés de Gupta – qu’un nouveau surnom pourrait bien coller à son gouvernement pour la prochaine période : le régime Ramazupta.

    Patrickk Bond

    Article publié le 27 février sur le site Znet,

    Traduction À l’Encontre 

    Notes

    [1Connue aussi sous le nom de « Nouvelle route de la soie », soit le développement des liaisons ferroviaires en Eurasie depuis la Chine, pendant de la « ceinture de perles » qui vise à assurer les liaisons maritimes en direction du Moyen-Orient et de l’Afrique. (Réd. À l’Encontre)

    Patrick Bond enseigne à la Witwatersrand University School of Governance à Johannesburg. Il est également directeur du Centre for Civil Society à l’Université KwaZulu-Natal à Durban. Son dernier ouvrage (avec Ana Garcia) s’intitule BRICS, An Anti-Capitalist Critique.


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  • Pour avancer vers sa Libération révolutionnaire communistes-etat-espagnol-situation-catalane (lire aussi : nosinfo.org/quelques-reflexions-sur-le-processus-catalan), le Peuple catalan n'a d'autre choix que de fusiller son Sartre : fusiller Puigdemont !

    Carles Puigdemont est incapable de rompre avec la blanchité. Il est par conséquent logique qu'il soit incapable de rompre avec l'entité bourbonnique.


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  • [Au sujet de Sultan Galiev, pour situer, lire ici : sur-sultan-galiev-et-les-nationalites-musulmanes-en-urss-article-de-pe-a127692642 - l-idee-du-communisme-musulman-mirsaid-sultan-galiev]

    (Sur la question de Sultan Galiev)

    Ce qui est correct dans ce que dit Sultan Galiev, c'est qu'il comprend de manière pré-maoïste (et pré-Hô Chi Minh et pré-beaucoup d'autres) la TRÈS LARGE ALLIANCE DE CLASSES qui est nécessaire dans un contexte colonial. Il faut en effet, pour se libérer d'un tel contexte, arracher dans le plus de couches sociales possibles le plus de gens possibles à leurs petits intérêts personnels, auto-centrés, qui en dernière analyse servent le colonisateur.

    Mais il oublie un élément fondamental : QUI DOIT DIRIGER cette alliance de classes ; autrement dit la QUESTION DU POUVOIR.

    C'est là qu'il y a danger. Car si on laisse diriger des couches possédantes, avec en tête leurs intérêts et privilèges locaux EN PLUS de leur haine du colonisateur, un impérialisme ou un autre risque de rappliquer et de les "acheter" ; et ici, dans le contexte de Sultan Galiev, de les tourner contre la Russie ouvrière-paysanne ET les propres masses populaires tatares ou turkmènes qui n'y gagneront RIEN ; comme cela a été fait dès novembre 1917 avec la Pologne et les Pays baltes, et tenté de le faire avec l'Ukraine ou la Géorgie ou l'Arménie. [Bien sûr, avant que l'on nous rétorque avec la classe sociale de Mao, d'Hô Chi Minh, de Guevara ou Castro ou de tel ou tel autre : LES forces sociales dirigeantes dans un processus ne sont PAS SYNONYMES de LA classe sociale de l'individu propulsé président ou autre... il peut même y avoir, comme Maduro au Venezuela, un président ex-chauffeur de bus alors que la classe dirigeant le processus reste la bourgeoisie.]

    Dans le texte en lien au début de cet article, on peut lire que "les communistes musulmans de Russie virent leurs prétentions à être les propagateurs de la révolution en Orient anéanties par la réaffirmation, d’une part, de la contemporanéité de la révolution sociale et de la révolution nationale dont la direction devait incomber non à pas à la bourgeoisie radicale, mais à la paysannerie pauvre ; d’autre part de la primauté absolue de la révolution prolétarienne en Occident sur la révolution coloniale" : cette dernière affirmation est profondément erronée et a été contredite, EN PRATIQUE, par toutes les révolutions sous direction marxiste du 20e siècle après la Révolution d'Octobre. Toute l'histoire communiste depuis les années 1920 n'a fait que démontrer que la révolution est fondamentalement un encerclement des Centres par les Périphéries, et qu'elle est "portée" par conséquent par les luttes ANTICOLONIALES et ANTI-IMPÉRIALISTES de la "Périphérie mondiale" qu'est le monde colonisé et semi-colonisé.

    En revanche, la première (que "la direction doit incomber non à pas à la bourgeoisie radicale, mais à la paysannerie pauvre") est TOTALEMENT JUSTE et ce qui a là encore, mis en pratique par Mao, Hô Chi Minh et d'autres, fonctionné et assuré précisément le succès de ces révolutions anti-impérialistes "portant" la révolution mondiale. Certes ces révolutions ont aujourd'hui toutes été trahies, toutes été renversées par la contre-révolution et le capitalisme semi-colonial rétabli (sauf en Chine qui est devenue... impérialiste), mais elles ont du moins existé et duré un certain temps ; alors que les libérations anticoloniales sous direction bourgeoise, même bien réelles et "radicales" au début, ont subi beaucoup plus rapidement et violemment les affres de la re- (néo-) colonisation (Égypte dès l'avènement de Sadate, Inde, Indonésie, Algérie déjà avec Boumediene et encore plus après lui, etc. etc.).

    Le raisonnement de Sultan Galiev, dans la citation en photo ci-dessus, perd en fait de vue toutes les couches sociales (forcément un minimum privilégiées) qui servent objectivement (et systématiquement) d'intermédiaires dans l'exploitation des masses par le colonialisme. C'est logique : il y a un ordre social ; le colonialisme vient et le détruit. Si l'on avait une position éminente dans cet ordre social, comment la maintenir s'il n'existe plus ? Il y a la solution de combattre le colonialisme : il y a eu d'innombrables cas (Abdelkader, Samory Touré etc.) qui sont devenus des héros de la résistance nationale dans les pays concernés. Mais bon, si l'on PERD cette lutte, ensuite ? Il n'y a pas d'autre solution que de servir le colonialisme ou l'impérialisme.

    Cette notion d'avoir "été opprimés par les colonialistes" peut aller très loin selon les pays : les criollos d'Amérique du Sud peuvent dire qu'ils ont été opprimés par l'Espagne, qui ne leur donnait pas de pouvoir politique dans ses colonies ; raison pour laquelle, d'ailleurs, ils ont pris leur indépendance... et se sont mis sous la coupe des Anglais puis des Américains. Aujourd'hui ils en sont les intermédiaires, et une caste ultra-privilégiée de Blancs ou très légèrement métissés qui exploite les masses populaires indigènes, afros ou métisses à dominante indigène/afro. Aux Philippines il y a eu la même chose avec les métis éduqués ilustrados, qui ont également lutté pour l'indépendance contre l'Espagne ; ce sont aujourd'hui les intermédiaires de l'impérialisme US, dont les Philippines restent une colonie déguisée. D'ailleurs les colons blancs des États-Unis eux-mêmes, ont été "opprimés" par les Anglais ! La bourgeoisie mulâtre haïtienne ; les familles "nobles" (au sommet des pyramides tribales) de la Péninsule arabique, reconverties dans l'exportation pétrolière... et la sous-traitance de la domination impérialiste au Yémen et ailleurs, etc. etc. En Inde, les castes jouent un rôle essentiel de hiérarchie sociale pour exploiter les ouvriers et les paysans au service de l'impérialisme, pourtant "toutes les castes" peuvent dire qu'elles ont été opprimées à un moment donné ; les Anglais ont même souvent, dans leur conquête, mobilisé les "intouchables", les serfs, les esclaves contre les castes supérieures qui régnaient, les hindouistes contre des princes musulmans et inversement...

    Il est vrai ; nous le pensons contre Staline, contre Lénine même s'il le faut, et contre quiconque viendra ici nous casser les burnes avec son paquet de citations sous le bras ; que la libération de colonies RUSSES ne pouvait pas être dirigée par (même !) une alliance des ouvriers et des paysans RUSSES*. Et il est possible que le refus de cela, par Sultan Galiev, ait autant joué dans sa disgrâce, son emprisonnement et enfin son exécution que le danger anti-soviétique représenté, comme expliqué ci-dessus, par son oubli de préciser "qui doit diriger" la grande alliance de classes anticoloniale "touranienne"... Préfigurant déjà le triomphe de l'esprit "argousin grand-russe" (dénoncé par Lénine avant sa mort) qui devait présider, entre la mort de Staline et 1991, au rétablissement total du capitalisme en URSS (c'est d'ailleurs, fait peu connu ou peut-être consciemment dissimulé, dans les nationalités périphériques comme la Géorgie mais aussi les Républiques musulmanes d'Asie centrale qu'ont eu lieu les premières et plus grandes révoltes contre... Khrouchtchev !).

    Mais elle ne pouvait pas l'être non plus par n'importe quelle couche sociale, et en particulier par des bourgeois ou des grands propriétaires fonciers indigènes ("mollahs" ou pas, leur fonction religieuse on s'en tape) ; qui n'auraient engendré dans le contexte que des États de "cordon sanitaire", des protectorats de containment anti-révolutionnaire.

    C'est une loi mathématique que l'on peut encore retrouver aujourd'hui, aussi bien dans la lutte des Kurdes que dans la 400% légitime, au départ, révolte syrienne contre le régime de Bachar el-Assad.

    Et le fait est qu'après que la Commission de contrôle du Parti ait refusé sa demande de réintégration en 1924 (campant, donc, sur les positions qui avaient conduit à son exclusion), Sultan Galiev s'est alors engagé sur un terrain glissant ; dans une démarche de confrontation sans concession avec ce qui était tout de même la seule et unique "base rouge" de la planète à cette époque, et du point de vue de l'Occident, non pas des "Blancs" mais une horde mongole commandée par des Juifs (l'Allemagne nazie lui promettant une guerre d'extermination pour cela).

    Une démarche de confrontation qui, à mesure que les nuages noirs de la guerre totale s'amoncelaient et que le Pouvoir soviétique veillait à limiter les fronts sur lesquels il pouvait être attaqué (il y en avait globalement trois : l'Ouest par l'Allemagne ou une autre puissance européenne, l'Extrême-Orient par le Japon, "calmé" par la déculottée de Khalkhin Gol en 1939, et... le Sud en fomentant des soulèvements dans le Caucase et en Asie centrale, éventuellement appuyés par les forts secteurs pro-nazis d'Iran, d'Irak ou de Turquie kémaliste), ne pouvait se conclure que par la liquidation de l'un ou de l'autre ; et comme nous le savons, ce n'est pas l'URSS qui a été anéantie...

    Les BONNES questions soulevées par Sultan Galiev, toutefois, et quelles qu'aient été les réponses qu'il y a apportée, n'en restent pas moins entières et méritent d'être étudiées ; pour qu'un jour les BONNES réponses qui y seront apportées puissent intégrer la CONCEPTION COMMUNISTE DU MONDE, indispensable pour transformer celui-ci.

    (Sur la question de Sultan Galiev)

    (Sur la question de Sultan Galiev)


    [* "Je voudrais également attirer l’attention de la Commission sur une circonstance très importante, parmi d’autres, à savoir la nature particulière des conditions du développement de la révolution dans les régions économiquement et politiquement arriérées de population turco-tatare. De mon expérience personnelle de travail pendant la révolution parmi les nationalités arriérées, j’ai conclu que le développement de la révolution sur nos marges orientales aura certainement lieu de manière non linéaire, non pas selon un « projet préétabli » mais par soubresauts ; pas même suivant des lignes courbes, mais suivant des lignes brisées. Ceci s’explique par le fait que ces régions ont vécu sous le joug écrasant du tsarisme. L’importance et l’ampleur des atrocités commises dans ces régions par les tsars russes et leurs satrapes n’apparaissent au grand jour, dans tout leur relief et leur « magnificence », qu’aujourd’hui, après la révolution d’Octobre, qui a rendu possible une analyse réellement objective de l’histoire des Turco-Tatars et des autres nationalités autrefois opprimées. On apprend que les historiens russes ont scrupuleusement caché, à qui il fallait, le caractère inhumain, et sans précédent dans l’histoire, des actes de cruauté infligés par les gouverneurs russes à ces peuples. L’étude objective du Khanat de Kazan et, plus généralement, de l’histoire de la colonisation des marges orientales par les grands propriétaires nobles et la bourgeoisie russe, ainsi que de l’histoire des mouvements révolutionnaires des peuples de la Volga et de l’Oural, démontre que toute cette histoire de conquête, d’oppression et de colonisation des peuples turco-tatars et des autres peuples orientaux de Russie, n’a été rien d’autre que l’histoire « du fer et du sang ». Pour avancer en Orient, vers des ressources naturelles et des débouchés commerciaux à bon marché, la bourgeoisie féodale et commerciale devait anéantir des villes et bourgades florissantes, et exterminer des centaines de milliers, des millions même, de paysans, ouvriers et membres de l’intelligentsia indigènes. De grandes régions toutes entières, des dizaines de districts ruraux ont été rasées et des centaines de milliers de personnes éliminées. Ces actes de cruauté ont provoqué soulèvement après soulèvement (soulèvements armés des Tchouvaches, Maris, Votiaks et Tatars durant les quinze-vingt années qui ont suivi la conquête du Khanat de Kazan ; participation des Bachkirs et Tatars au mouvement de Pougatchev ; soulèvements en Bachkirie, au Turkestan, en Crimée et dans le Caucase), lesquels, à leur tour, ont fauché des dizaines et centaines de milliers de vies d’adultes indigènes en bonne santé et capables, ce qui a eu des effets délétères sur le développement ultérieur de ces régions. Les conséquences de cette politique « du fer et du sang », conduite durant des centaines d’années, ont été très néfastes pour ces peuples. On peut affirmer que vers le début du XXe siècle ces peuples n’existaient plus en tant que nations. C’était littéralement des esclaves et des parias. L’année 1905 les a légèrement réveillés, mais seulement légèrement. L’émergence d’une force politique indigène, représentée par la bourgeoisie commerciale et par une fine couche de l’intelligentsia indigène petite-bourgeoise, ayant lancé le slogan de la « renaissance nationale », a constitué l’un des résultats positifs de 1905 pour les peuples turco-tatars de Russie. Il n’y avait pas de prolétariat, au sens ouest-européen du terme, c’est-à-dire comme force ouvrière qualifiée, organisée en tant que force politique de classe à l’échelle nationale. Les nombreux ouvriers tatars employés dans les mines et les carrières, dans les chemins de fer et, en petit nombre, dans les fabriques et usines, constituaient une force ouvrière non-qualifiée ; en outre, ils étaient partout minoritaires et étaient incorporés au prolétariat russe." sultan_galiev communisme_nationalisme.htm]

    Pour voir plus loin, un document intéressant qui présente de manière très factuelle la "politique musulmane" de l'URSS au long de ses 70 années d'existence :

    http://ekladata.com/9HPu_vwzogYV3uH99SRrtZWdv-w/Marx-Lenine-bolcheviks-et-l-islam-Drweski.pdf


    Compléments (commentaires FB) :

    "il a essayé de subvertir le canevas marxiste en faisant des contorsions, comme les musulmans d'aujourd'hui obligés formellement de rassurer en permanence les autorités républicaines et les alliés de gauche"

    "Se "libérer du canevas" d'un marxisme perverti, ou simplement jeune et bourré d'erreurs (comme il a été "scientifique" pendant 2.000 ans d'affirmer que le Soleil tournait autour de la Terre...), revenant en dernière analyse à remplacer simplement la bourgeoisie occidentale par la classe ouvrière occidentale comme "bourgeoisie mondiale" ; "compréhension" du marxisme encore agitée aujourd'hui, flots de citations à l'appui, par des gens qui ont très bien compris, qui sentent très bien VIBRER au fond d'eux leurs intérêts de Blancs comme position sociale à l'échelle mondiale ; c'est une chose, et une très bonne !

    Mais ça ne peut pas vouloir dire refuser des lois universelles (comme peut l'être la gravité, par exemple), telles que la Question du Pouvoir (je ne dis d'ailleurs pas que Sultan Galiev le fait, juste que cette citation, précise, laisse un flou sur ce point).

    La Question du Pouvoir est une loi universelle. Comment est organisée la propriété, qui dirige la production etc. etc. Les positions de classes possédantes ont des différences selon les cultures, ou selon (surtout) le niveau des forces productives, la structure économique des différentes sociétés.

    Il y a en effet des sociétés où les positions sociales, les places dans la division du travail sont relativement "complémentaires" ; c'était d'ailleurs le cas en Europe au Moyen Âge ; mais il y a quand même des tendances générales et des lois qui sont universelles, comme par exemple que l'unité (cette complémentarité des classes, cette stabilité sociale) est toujours relative et temporaire, tôt ou tard surgit au galop la contradiction et la lutte.

    C'est une certitude, que je défends, que le communisme dans les pays musulmans ne doit pas piétiner l'islam ; mais au contraire s'appuyer sur ce qu'il contient (et il en contient pas mal !) d'esprit communautaire collectiviste, d'égalité et de justice sociale, d'idée que la richesse insolente et l'exploitation sans pitié de son prochain est haram, etc. etc. Ceci n'est fondamentalement rien d'autre que ce que disait Mariátegui, pour le Pérou, au sujet de la communauté paysanne incaïque (de ce qu'il en restait après 4 siècles d'encomienda espagnole...). Ou Marx à Vera Zassoulitch sur la communauté paysanne slave, ou John MacLean sur le souvenir (car la réalité avait été bien laminée, là) de la communauté celte écossaise avant le règne des landlords.

    Mariátegui qui se fera étriller, pour ces thèses (qualifiées de "populistes" au sens de populisme russe, celui de Zassoulitch justement), par Codovilla, un Italien d'Argentine propulsé à la tête du PC de ce très européen pays (PC devenu une honte totale par la suite d'ailleurs) et de fait, de tous les Partis latino-américains du Komintern ; bref.

    http://ekladata.com/8a6lstexOJDJWrz1VIhBTUTHtq8/AMX_056_0012.pdf

    Il n'empêche que Mariátegui, certes blanc dans la conception sociale péruvienne où petit bourgeois éduqué = blanc (métis aux traits indigènes relativement prononcés pour un œil européen), mais néanmoins premier à affirmer la centralité paysanne indigène de la révolution au Pérou (contre la centralité d'une classe "ouvrière" immigrée d'Europe, qui d'ailleurs venait en Argentine mais très peu au Pérou), ne posait pas moins cette question centrale du Pouvoir, de quelle classe doit diriger et comment (en l'occurrence, la paysannerie indigène ou métisse chola à dominante indigène, et les paysans indigènes ou cholos chassés de la campagne vers les villes et y devenant ouvriers).

    De même que Mao, Hô Chi Minh etc. ; indépendamment (encore une fois) de leur extraction sociale personnelle (que je ne questionne pas non plus, et d'ailleurs ignore pour Sultan Galiev).

    C'est tout ce que je reproche ici à Sultan Galiev : pas d'être "bourgeois" (ce dont là maintenant, en attendant un saut sur Wikipédia, je ne sais rien), encore moins d'être "religieux" ou "nationaliste" (aucun sens de critiquer ça dans un pays dominé) ; pas de dire que TOUTES les classes d'une colonie (sauf peut-être les serviteurs directs du colonialisme) souffrent d'une manière ou d'un autre du colonialisme, et qu'il faut de larges alliances de classe pour combattre celui-ci ; mais de ne pas dire clairement (en affirmant cela), dans la lutte contre le colonialisme (et après la victoire), quelle classe doit diriger."

    "Après faire un syncrétisme entre islam, christianisme ou je ne sais quoi et communisme c'est impossible. L'islam c'est une religion a vocation politique, comme toute les religions monothéiste, elle se veut régisseuse de la société le communisme aussi. Donc tôt ou tard avec les religieux ça grincera."

    "Je ne serais pas aussi catégorique sur la religion, en fait, c'est quelque chose dont les gens parlent comme si ça voulait dire quelque chose de précis alors que non.

    Dire "l'islam", c'est comme dire "le christianisme". Or le christianisme, c'est l'Inquisition comme c'est Bernard Délicieux ou Thomas Münzer ; c'est Franco, ou Massu qui allait à la messe tous les dimanches, et les chrétiens humanistes qui soutenaient le FLN ; c'est Camilo Torres comme ça peut être le sniper yankee qui a tué 400 personnes (hommes, femmes, enfants, vieillards) en Irak "au nom de Dieu".

    En fait, à partir du moment où elle cesse d'être vraiment l'idéologie qui DIRIGE l'ordre social (en Chrétienté comme en Islam autour de l'an 1000, disons), dans un système féodal d'économie naturelle et de relative "complémentarité" sociale, elle devient tout simplement un truc "élastique" qui subit et dépend des influences contradictoires de la lutte des classes, entre possédants et exploités...

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/religion-et-revolution-un-excellent-texte-maoiste-arabe-a114071990

    Première chose. La deuxième c'est que je pense que "les religions" ça parle de choses très différentes. Il y a le bouddhisme et les autres philosophies asiatiques comme le taoïsme, qui sont parfois presque dialectiques mais font du Temps un cycle qui revient toujours au point de départ (philosophie que les maoïstes ont dû fortement combattre en Chine). Et puis il y a les religions dites du Livre, qui donnent un SENS à l'Histoire. Il y a une Création, un Jardin d’Éden qui est un peu le communisme primitif, et puis une Chute (qui est un peu l'entrée dans l'Histoire) et de là, un affrontement entre le Bien (Dieu) et le Mal (Satan) qui doit se conclure par une Fin des Temps et une victoire du Bien, la punition du Mal (les poubelles de l'Histoire en quelque sorte) et le Royaume de Dieu... qui ressemble au communisme.

    Du coup, j'en suis venu à l'idée que tout ça correspond à la perception, au début de compréhension antique du Sens de l'Histoire auquel nous croyons aussi. En somme, Dieu est tout simplement le nom antique du matérialisme dialectique, "force" motrice de l'Univers et du mouvement infini de la matière, non pas vers toujours le même point de départ mais vers "quelque chose de supérieur" ; en l'occurrence, pour l'humanité comme partie de la matière, le communisme.

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/encore-quelques-petites-reflexions-sur-les-religions-et-l-attitude-des-a114496946

    Et tout ce qui dans les religions du Livre est devenu agent du pouvoir des exploiteurs, au fond, c'est des sortes de socedems à leurs stades de pourrissement respectifs LOL !"

    "les russes ne se sont pas auto colonisés?"

    "Lénine, qui a probablement souffert de "tatarophobie" pour son aspect physique même si en termes culturels il était russe et rien d'autre, n'a jamais cessé (pas seulement dans la polémique géorgienne avec Ordjonikidzé et en arrière-plan Staline) d'alerter sur la survivance du chauvinisme grand-russe dans le Parti et les masses qu'il représentait. Il est logique que le triomphe de la voie droitière, contre-révolutionnaire, dans les années 1950 ait signifié le retour en force de ce chauvinisme. À part Mikoyan, il n'y a plus eu de dirigeant éminent non-slave au niveau central.

    Après les problèmes, puis les affres de la liquidation du socialisme ont concerné les Slaves et les Russes aussi, on est d'accord.

    Maintenant, quand on parle de contexte autour de Sultan Galiev, il faut voir aussi le contexte qui à partir de 1933 est la promesse d'une guerre d'extermination et de réduction en esclavage des Slaves et des Juifs. Et, dans ce contexte, la terreur d'une prise à revers par le Sud ; sachant que Kemal puis Inönü étaient assez caractérisés par leurs sympathies pro-allemandes, et que Berlin avait aussi plus que ses relais à la Cour du shāh d'Iran (renversé pour cette raison en 1941) et dans le gouvernement irakien de Rachid al-Gaylani (guerre-anglo-irakienne).

    Certes pour Hitler, les musulmans d'Asie centrale et les Caucasiens étaient sans doute encore plus inférieurs que les Slaves ; mais, malin, il savait aussi utiliser toutes les tensions et tous les contentieux pour servir ses plans ; et distinguer le premier ennemi à abattre pour régner ensuite sur toute l'Eurasie (les Slaves comme les musulmans) : en l'occurrence le pouvoir soviétique russe, contre lequel tous les ressentiments étaient bons à jouer.

    C'est aussi ce contexte de terreur slave en URSS, devant la perspective de l'attaque nazie qui a précipité la fin tragique de Sultan Galiev (et toutes les politiques de durcissement contre les "nationalistes bourgeois")."

    "Après, si c'est ce à quoi tu penses, tu ne penses peut-être pas si bien dire car les Slaves de l'Empire russe ont effectivement connu aux 18e-19e siècles une forme d'"auto-colonialisme"...

    La Russie n'avait pas de colonies tropicales avec des esclaves, et pour se maintenir économiquement face à l'Europe de l'Ouest, elle a renforcé le servage de ses paysans jusqu'à le faire ressembler à une condition d'esclave noir en Caraïbe.

    Elle a en quelque sorte "colonisé" le mir paysan slave, par la main d'une aristocratie regardant vers l'Ouest, de plus en plus germanique par ses mariages etc., développant le mythe varègue (d'une origine scandinave) dans son roman national etc. etc.

    Ce n'est pas une vue de l'esprit : le principe de la féodalité, c'est déjà que la condition du paysan n'est pas celle de l'esclave antique ; et celui de la sortie capitaliste de la féodalité, qu'elle y ressemble encore de moins en moins.

    Or en Russie, le processus de modernisation initié par Pierre le Grand a signifié le contraire : un durcissement esclavagiste de la condition paysanne. Il y a eu un peu la même chose en Pologne (ce qu'il en restait guerre après guerre...), genre quelques jours de travail par an pour le seigneur au 13e siècle, tous les jours de l'année sauf le dimanche au 18e Servage#Pologne_et_Lituanie.

    La condition du paysan français ou anglais n'avait rien à voir avec celle de l'esclave africain de Guadeloupe à l'époque.

    Mais celle du paysan russe oui. Interdiction de quitter le domaine, fouet, peine de mort au moindre pet de travers, possibilité d'être vendu, etc. etc. Servage_en_Russie"

    "Une citation de Sultan Galiev en 1924, dans son courrier à la Commission de contrôle du Parti pour demander d'y être réintégré : "De ce point de vue, toute l’histoire de la formation des républiques et régions (oblasti) autonomes a été, à de rares exceptions près, l’histoire de la lutte entre, d’un côté, un petit groupe de travailleurs indigènes du Parti qui s’appuyaient sur les masses laborieuses indigènes et sur l’autorité des figures centrales du Parti (les camarades Lénine et Staline, qui étaient favorables à la mise en œuvre inconditionnelle des slogans de la politique nationale des travailleurs indigènes) et, de l’autre, des camarades russes locaux auxquels se joignaient des indigènes à l’esprit nihiliste, et qui niaient la question nationale en la considérant davantage comme une question de contre-révolution que de révolution"... encore une belle COMPLEXITÉ, à l'encontre de tout récit 'lisse' à ce sujet."


    [Sur le même sujet, un autre "billet" publié en septembre 2020 :

    "Mirsayid Sultan Galiev est un personnage de l'histoire soviétique auquel je dirais que j'ai un rapport ambivalent, d'"unité et lutte", de sympathie et à la fois de critique.Déjà, il faut rappeler en préambule qu'il était un militant et intellectuel révolutionnaire relativement JEUNE : l'essentiel de son activisme, qui lui a valu sa condamnation par le jeune pouvoir soviétique, s'est déroulé entre ses 30 et 35 ans. À la même époque, Lénine mourait à l'âge de 54 ans et Staline accédait au pouvoir à pratiquement 45, si cela permet de situer.

    Attaché comme - disons-le sans détour - tout révolutionnaire doit l'être à son peuple et à sa culture ; il a clairement soulevé des questions de toute première importance, auxquelles la direction soviétique, comme c'était malheureusement trop souvent son habitude, a tendu à répondre par l'anathème et la répression plutôt que par le développement d'une véritable contre-argumentation politique, face aux réponses éventuellement erronées qu'il y apportait.

    Il faut signaler aussi que tant que Lénine, dont les positions sur la question nationale (en particulier de 1915-16 jusqu'à ses derniers écrits avant sa mort) sont notre socle théorique absolu en la matière, était en vie, il bénéficiait d'une relative bienveillance et protection de sa part : dont acte.

    Après, de ce que j'ai pu en lire ; car une réalité aussi est qu'il a laissé relativement peu d'écrits, et pour la plupart disponibles uniquement en russe ou en turc ; ses thèses restaient tout de même relativement peu "cousues", on va dire, même si elles pouvaient effectivement parfois préfigurer ce qui deviendra la conception marxiste-léniniste "de base" du "front uni" de 4 classes (ouvriers, paysans, petite bourgeoisie et éléments progressistes de la moyenne bourgeoisie nationale) dans la lutte anticoloniale et anti-impérialiste. On dira ; comme d'ailleurs lui-même l'affirme dans son "audition" par le GPU en 1928 ; qu'elles étaient largement "en élaboration" et n'ont jamais pu être consolidées et parachevées.

    J'ai pu trouver quelques textes en anglais ici : https://cosmonaut.blog/tag/sultan-galiev/ ; en dehors de la sentence de son dernier procès le condamnant à mort en 1939, qui ne présente pas un grand intérêt, la retranscription de son "audition" par le GPU en 1928, et un texte théorique de sa main saisi par le NKVD lors d'une ultérieure arrestation, donnent un aperçu assez éclairant de sa pensée.

    Il y a comme je l'ai déjà dit des choses très sensées et de vraies questions soulevées ; quant aux problématiques que devait évidemment soulever la transformation "en bloc" d'un Empire colonial, l'Empire tsariste, en Union de républiques socialistes, dans les rapports économiques et sociaux entre les peuples, et politiques entre les avant-gardes de ces peuples...

    C'est notamment, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, par rapport à ce type de problématiques que je prône une Union soviétique (ou à la rigueur un Comecon) D'EUROPE et que je ne suis personnellement pas favorable, lorsque des camarades le proposent, à une Union d'"Europe et Méditerranée" (avec l'Afrique du Nord, le Proche-Orient etc.) par exemple.

    Peut-être effectivement (ça m'a déjà traversé l'esprit) que, de même que la Mongolie après sa révolution de 1921 est devenue et toujours restée une république populaire INDÉPENDANTE (non membre de l'URSS), il aurait peut-être dû en être de même avec l'Asie centrale voire le Caucase, sous forme de républiques ou unions de républiques soviétiques alliées mais indépendantes de l'Union slave ; ou en tout cas que leur souveraineté sur leur propre gestion, la défense de leur réalité nationale et la korenizatsiya ("indigénisation") de leurs directions politiques (politique qui a effectivement existé jusqu'au milieu voire à la fin des années 30) auraient pu et dû être mieux garanties au sein de l'Union, etc.

    Je ne comprends pas très bien, en revanche, le concept de "dictature des colonies sur les métropoles" ; et d'ailleurs lui-même rapporte (dans son interrogatoire par le GPU) que tous les dirigeants communistes tatars avec qui il s'en est entretenu (Validov, Budayli, Mukhtarov), et qui pour certains avaient déjà ou auront par la suite des démêlées avec la direction soviétique pour "nationalisme bourgeois", ont globalement rejeté ce point de ses thèses.

    Point qui semble en effet reposer sur une certaine confusion conceptuelle : LUTTE de libération des colonies contre les métropoles qui les oppriment, oui bien sûr, mille fois oui, et l'histoire depuis l'époque en a offert 100 exemples ; mais la DICTATURE en revanche est quelque chose qu'il semble difficile de concevoir hors d'une MÊME UNITÉ POLITIQUE...

    Si bien que de deux (ou plutôt trois) choses l'une :

    - soit il envisageait, de manière assez utopique, un État socialiste MONDIAL ; dans lequel donc s'exercerait cette dictature des peuples anciennement colonisés sur les anciennes métropoles impérialistes : cette idée, présente y compris dans des écrits pré-révolutionnaires de Lénine, de révolution mondiale submergeant rapidement toute la planète avait pourtant largement été abandonnée, devant l'évidence des faits, dans les années 20 ;

    - soit... il ne souhaitait PAS l'indépendance des colonies et autres nations opprimées, le démantèlement des Empires coloniaux et grands États oppresseurs ; mais leur maintien, pour que puisse s'y exercer, dans une sorte d'"inversion des rôles", cette dictature ;

    - soit, troisième possibilité, il avait une compréhension passablement confuse et erronée de la notion marxiste de dictature.

    De fait, quoi qu'il en soit, cette conception que lui seul (encore une fois) semble avoir défendue en son temps peut sembler préfigurer le "maximalisme" de type "postmoderne" sur les questions anti-impérialistes/coloniales/raciales, que l'on peut parfois rencontrer aujourd'hui ; faisant non pas des seules BOURGEOISIES (et, rappelons-le, de leurs valets/collabos dans les pays dominés) mais des PEUPLES des métropoles impérialistes dans leur entier, y compris les communistes et révolutionnaires, des ennemis "ultimes" et inconciliables jusqu'au bout dans une sorte de "lutte mondiale des nations" ; et non des masses aliénées par des siècles de chauvinisme impérial institutionnel (oui, 100 fois oui) auxquelles il faut "botter le derrière" PAR LA LUTTE (en effet, oui !) des peuples opprimés, pour les ÉDUQUER POLITIQUEMENT (et ce, Y COMPRIS en effet la majeure partie des "gauches" et même des communistes, c'est un fait tout comme était un fait, d'autant moins contestable qu'il était reconnu et dénoncé par Lénine lui-même, le comportement colonial-"civilisateur" de beaucoup de bolchéviks russes dans les républiques "allogènes") et les "pousser" dans le sens d'une lutte COMMUNE des peuples contre la dictature mondiale des monopoles financiers (impérialistes), au lieu d'être les petits soldats "heureux" (dans leur illusoire "privilège") de la domination de ces monopoles sur les peuples colonisés.

    C'est évidemment la seconde conception, je l'assume, qui est la mienne, et globalement celle de tous les communistes conséquents et non sociaux-chauvins (ces derniers étant hélas nombreux, c'est vrai). Celle de Sultan Galiev ne se plaçait pas vraiment, si l'on veut employer une terminologie PIRienne, dans une perspective finale d'"amour révolutionnaire des beaufs et des barbares".

    Même la conception du maréchal Lin Piao (que j'ai tendance à défendre personnellement, comme grand révolutionnaire et anti-impérialiste), faisant de la révolution à l'échelle mondiale un "décalque" de ce qu'il s'était passé en Chine, les pays dominés du Sud global étant les "campagnes mondiales" qui doivent encercler les "villes"-métropoles impérialistes, ne revenait nullement à dire qu'il n'y avait pas dans ces métropoles (comme dans les villes chinoises) un prolétariat qui une fois "encerclées" devait y mener une révolution contre la bourgeoisie, mais qu'elles devaient au contraire être écrasées "en bloc" par la révolution des peuples dominés.

    D'autres conceptions, et bonnes questions soulevées par Sultan Galiev se retrouveront par contre, c'est un fait, dans le marxisme-léninisme "perfectionné" ultérieur, après la Seconde Guerre mondiale, en particulier dans le contexte des luttes de libération anticoloniales/anti-impérialistes et notamment dans les pays musulman. Il dit d'ailleurs lui-même (encore dans sa "déposition" au GPU) que déjà à son époque, il avait pu parfois avoir l'impression que le Parti évoluait finalement vers ses positions, et se demander alors si son combat avait encore un sens (et c'était effectivement le cas, montrant que le Parti soviétique n'était absolument pas un "monolithe" comme le prétend la propagande bourgeoise, mais était au contraire TRAVERSÉ de lignes contradictoires sur des questions comme celle-là - c'est à dire en définitive, la question de savoir si l'URSS devait d'abord rechercher l'appui des classes ouvrières occidentales, ou au contraire des peuples colonisés ; de QUI de ceux-ci ou celles-là étaient la VRAIE FORCE MOTRICE essentielle pour "pousser" le reste de l'humanité vers la révolution planétaire).

    Cela aurait alors été, plutôt que son engagement "vif" dans ce débat, son attitude "fantasque" et "fractionniste" (agissant beaucoup "dans le dos" du Parti, y compris des cadres tatars eux-mêmes) qui lui était réellement reprochée ? À voir...

    Après cette arrestation de 1928, condamné à mort en 1930 mais cette peine finalement commuée en emprisonnement (preuve encore une fois, sans doute, des lourdes contradictions qui traversaient la direction soviétique sur son "cas") ; libéré, sans être pour autant réhabilité ni réintégré en 1934 ; la psychose qui s'empare jusqu'au plus haut niveau de l'appareil à l'approche de la guerre d'extermination que Hitler a promis à la Patrie du Socialisme, vis-à-vis des "complots" oppositionnels et aussi des "nationalismes bourgeois" qui pourraient lui servir de "5e colonne", conduit à nouveau à son arrestation en 1938 ou 39, sa condamnation et cette fois son exécution au début de 1940 (cette relative certitude sur son sort n'existe que depuis l'ouverture des archives du NKVD dans les années 90, la plus grande incertitude régnait auparavant, certains affirmant même qu'il était toujours vivant, relégué au rang de simple citoyen, dans les années 50).

    Il fait aujourd'hui relativement consensus, parmi les marxistes-léninistes opposés au "rapport" Khrouchtchev et au révisionnisme subséquent, notamment sur la base des écrits de Mao et des communistes chinois sur l'épisode, qu'un très grand nombre de personnes exécutées ou déportées et mortes au goulag à cette époque n'auraient jamais dû l'être. Même Grover Furr et son principal inspirateur l'historien russe Youri Joukov ne défendent pas l'idée que des centaines de milliers de personnes étaient effectivement coupables de crimes méritant la mort ; tâchant simplement de réduire au maximum la responsabilité de Staline et son cercle le plus proche dans l'affaire, voire de faire d'une volonté de démocratisation du régime de leur part la victime de la manœuvre (sujet qui mérite d'être creusé, mais ce sera pour une autre fois*).

    Il est même largement, bien qu'implicitement admis que cette période dite des "Grandes Purges" ou "Grande Terreur" ("Prairial soviétique" en quelque sorte) a été la "forge" de pratiquement tout l'appareil du Thermidor khrouchtchévien qui allait triompher dans les années 1950 ; en mettant en quelque sorte "la balle dans la nuque", le "plus zélé chasseur d'ennemis du peuple" "au poste de commandement", au lieu de la recherche de la ligne révolutionnaire la plus juste sur les contradictions qui pouvaient traverser l'expérience socialiste.

    Mais il ne fait malheureusement aucun doute que le programme d'une "dictature" des peuples périphériques ex-colonisés SUR LE PEUPLE, communistes compris, de la métropole russe n'ait pu être reçu par ces derniers ; notamment tous ces secrétaires locaux et régionaux du Parti dont parlent Furr et Joukov, mais pas seulement ; qu'avec un effroi qui, combiné avec celui du "tiers d'exterminés, tiers réduit en esclavage et tiers aryanisé" promis aux Slaves par Hitler (Generalplan Ost), ne pouvait pas vraiment jouer en sa faveur et guère que conduire à ce tragique dénouement."

    * Le plus probable, pour ce qui nous concerne ici comme sur beaucoup de sujets, étant que Staline était "centriste" ; tout bonnement parce que ce "centrisme" était depuis la mort de Lénine sa raison même d'être au poste qu'il occupait. D'un côté il y avait ceux qui, sous des discours tantôt droitiers tantôt gauchistes ("hébertistes"), voyaient la culture urbaine russe comme la seule légitime à devenir celle de l'"homme nouveau" soviétique. De l'autre, les communistes "allogènes" périphériques (mais pas tous étaient sur cette ligne, loin de là) qui dans une fédération de républiques socialistes indéfectible certes, voulaient tant la plus large autonomie administrative locale possible que la défense intransigeante des cultures populaires nationales, "forme nationale" spécifique du "contenu" socialiste ; et viscéralement, que l'appartenance à l'Union ne soit pas une perpétuation du colonialisme russe tsariste "peint en rouge". Entre les deux, Staline s'efforçait de maintenir une forme d'"équilibre" (on peut même voir ici Korenizatsiya# Against Great-Russian chauvinism, en anglais, que cette ligne d'"équilibre" était explicitement défendue par lui au 12e Congrès du Parti en 1923 - à cette époque cependant, c'est sur le chauvinisme dominateur russe qu'il mettait surtout l'accent comme danger principal). Sultan Galiev allant très loin dans le deuxième sens, il est clair qu'il n'allait pas vraiment être de son côté... Et au final, après les deux décennies 1920 et 30 où le Parti était traversé par cette contradiction, expliquant tant les oscillations sur son "cas" (suite d'arrestations, condamnations et libérations) que dans les prises de position théoriques, lui faisant parfois se demander si ses positions n'avaient pas été tout simplement reprises ; c'est effectivement très clairement la première conception qui l'a emporté.]

    On peut aussi conseiller de lire le document suivant qui, bien que baigné d'un assez fort préjugé et même d'une certaine perfidie dans les attaques anticommunistes (et même contre-vérités : ainsi le géorgien Makharadzé n'a jamais été "victime du stalinisme", mais a au contraire dirigé la Transcaucasie puis la Géorgie soviétique jusqu'à sa mort en 1941 !), n'en est pas moins intéressant pour sa manière factuelle de poser le contexte et les faits :

    http://ekladata.com/hYIjumdTmloGl_cHRPS9zDOTW88/Sultan-Galiev-le-pe-re-de-la-re-Inconnue.pdf

    (On y découvre par exemple que, contrairement à un certain "fantasme" qui a pu se développer de nos jours, Sultan Galiev n'était nullement musulman croyant et se revendiquait clairement athée ; prônant simplement une approche "subtile" dans la manière d'éloigner les masses musulmanes de la religion...)


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  • Réflexions FB sur la Syrie

    Réflexions FB sur la Syrie

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    Réflexions FB sur la Syrie

    Réflexions FB sur la Syrie


    [Afin de situer sur ce dernier argument :

    Bataille de Manbij (mai-août 2016) : un demi-millier de civils tués.

    Bataille de Raqqa (juin-octobre 2017) : 1 333 à 1 873 civils tués, 270 000 déplacés ; www.amnesty.be.

    - Ensemble de l'opération Colère de l'Euphrate (novembre 2016 à octobre 2017) : 3 287 civils tués au moins (le théâtre d'opération avait 500 ou 600 000 habitants avant-guerre, difficile de dire combien au moment de l'offensive).

    Offensive de Deir ez-Zor (depuis septembre 2017) : au moins 197 civils tués entre le 10 septembre et le 26 novembre.

    Bataille de la reprise de Mossoul en Irak (octobre 2016 à juillet 2017) : 10 000 civils tués au moins, quasi 1 million de déplacés.

    Bataille d'Alep (régime et alliés contre rebelles) : 21 500 victimes civiles des deux camps, mais archi-principalement du régime... de juillet 2012 à décembre 2016, 2 872 entre avril et décembre 2016, 1 475 dans l'offensive finale de septembre à décembre (ville de 1,8 millions d'habitants en 2016, 250 à 300 000 dans Alep-Est assiégée).

    Siège de Homs par le régime : 2 200 morts civils entre 2012 et 2014 (200 000 habitants restants à cette époque).

    - Combats de la Ghouta orientale (environ 300 à 400 000 habitants) : 13 000 victimes civiles... mais depuis mars 2011 (toujours en cours).]


    19 commentaires

  • "Dans la nuit du vendredi 13 avril 2018, frégates et avions de guerre français ont bombardé Damas, dans le cadre d’une campagne de bombardements initiée par Trump. Ces nouveaux bombardements font suite aux bombardements massifs et ininterrompus en Irak depuis août 2014, puis en Syrie depuis novembre 2015, et à l’installation de bases militaires occidentales dans le nord de la Syrie.

    Les bombardements, livraisons d’armes et déploiements de soldats occidentaux en Syrie ne font qu’ajouter destructions et massacres, et ne sauraient contribuer à mettre fin au calvaire que subissent les peuples de la région. Les puissances occidentales portent une responsabilité écrasante dans les millions de morts que la « guerre contre le terrorisme » a entraînées depuis 2001.

    Après avoir rasé des villes entières comme Mossoul ou Raqqa, y compris en utilisant du phosphore blanc, les indignations des puissances occidentales apparaissent comme hypocrites et cyniques, uniquement motivées par la volonté de faire l’étalage de leur capacité de destruction.

    Le Collectif Ni Guerre ni État de Guerre exige l’arrêt des bombardements et réaffirme sa position : arrêt des bombardements et retrait des puissances impérialistes, à commencer par la France."


    http://collectifantiguerre.org/spip.php?article95&lang=fr


    L'on pourrait aussi reprendre, sans guère à ajouter sinon que cette fois-ci ils ont "frappé" (mais quoi exactement ? voir ici : frappes-syrie.png) pour de bon, cette analyse de SLP à l'époque (2013) des premières menaces de frappes directes contre le régime :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/vers-une-intervention-imperialiste-occidentale-en-syrie-a114094466

    Il faut rappeler une chose fondamentale, de nature à questionner un peu l'"émoi" (tout relatif cependant) actuel, c'est que l'impérialisme et en particulier l'impérialisme français n'est pas en guerre en Syrie depuis trois jours, mais depuis 2014... contre le djihadisme. Avec des destructions incomparablement plus grandes que celles des récentes frappes contre des installations du régimes (qui ne sont pas pour autant à défendre comme le font certains, l'"autre campisme" interventionniste anti-Assad), et à peu près totalement passées sous silence.

    Voici ce qu'en disait à l'époque le Courant de la Gauche Révolutionnaire (un des trucs les plus corrects que nous ayons trouvé sur le terrain), pourtant guère suspect de sympathies pro-djihadistes :

    Les avions américains ont aujourd’hui bombardé des positions de Daech (aussi connu sous le nom de l’État Islamique), Jabhat al Nusra (la branche d’Al Qaeda en Syrie) et Ahrar Sham. Ces bombardements ont eu lieu, selon certaines sources, avec la participation des régimes réactionnaires arabes alliés des États-Unis, qui mènent la contre-révolution au niveau régional.

    Nous rejetons ces bombardements, malgré le fait que nous avons appelé depuis le début de l’avènement des groupes réactionnaires (Daech, Jabhat al Nusra et autres) à s’y opposer car ils sont hostiles à la révolution populaire. Nous avons pris cette position ferme, à la différence des diverses parties de l’opposition libérales liées au Conseil national syrien et à la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution qui considèrent ces groupes réactionnaires en toute sottise et immoralité comme des composantes de la révolution.

    Nous nous opposons donc et condamnons ces bombardements et cette intervention militaire impérialiste en Syrie et nous appelons à y faire face, à la différence des diverses parties de l’opposition libérales liées au Conseil national syrien et à la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution qui ont salué ces bombardements.

    La raison pour laquelle nous nous opposons à cette intervention impérialiste est parce que les objectifs ne sont pas de soutenir le peuple syrien dans sa révolution, mais de restaurer une domination impérialiste des pays de la région après que les révoltes populaires, toujours en cours, aient ébranlé cette domination.

    Daech et les forces jihadistes sont le résultat des interventions militaires impérialistes et de la brutalité et de la corruption des régimes despotiques.

    Face à la multiplication des ennemis agissant contre la révolution du peuple syrien, nous pensons que seules les masses organisées et conscientes dirigées par une véritable direction révolutionnaire sont capables de vaincre les forces réactionnaires hostiles à la révolution, de vaincre le régime autoritaire, et de vaincre l’intervention impérialiste.

    Non à Washington et ses alliés
    Non à Moscou et ses alliés
    Non à Daech et aux forces contre révolutionnaires, non au régime autoritaire,
    Vive l’unité et la lute des travailleurs et des opprimés partout à travers le monde
    Tout le pouvoir et richesse au peuple

    Le Courant de la Gauche Révolutionnaire en Syrie
    23 septembre 2014


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  • L'EPL, petits groupes épars de pillards sans foi ni loi, se charge à la place de l'État de combattre la dernière guérilla encore debout et avec quelque chose qui ressemble à une dignité, l'ELN...

    Hoxhisme au service de l'Empire en Rojava (MLKP) ; hoxhisme au service de l'Empire en Colombie

    Hoxhisme au service de l'Empire en Rojava (MLKP) ; hoxhisme au service de l'Empire en Colombie

    "Dans son récent communiqué du mois de mars, l'EPL nous a publiquement déclaré la guerre. (...)

    La population du Catatumbo et de la province d'Ocaña connaît bien notre comportement et le respect que nous montrons envers les gens et leurs organisations naturelles depuis plus de 40 ans, lorsqu'est arrivée sur ce territoire notre première colonne de guérilla. (...)

    Durant plus de 4 décennies, nous avons partagé le territoire avec toutes les guérillas y opérant ; exigeant simplement le respect et surtout le respect envers la population, puisqu'être toujours liés au peuple a été la clé pour exister et poursuivre la résistance sur le territoire national. (...)

    La population du Catatumbo et des autres régions du pays a pu être témoin de la protection que nos forces ont offerte au petit groupe de l'EPL restant après la démobilisation de la majorité de cette guérilla dans les années 90. Dans les années 2000, les FARC voulaient les anéantir et l'ELN a assumé le coût politico-militaire de les défendre contre cela, subissant pour cela nous-mêmes de nombreuses attaques des FARC. (...)

    Aujourd'hui, lamentablement, ceux que nous avons protégés nous déclarent la guerre.

    Ces dernières années, l'EPL n'était présente que dans quelques municipalités de la province d'Ocaña ; aujourd'hui de petits groupes apparaissent sur tout le territoire, mais il s'agit d'une guérilla défigurée dans sa conception révolutionnaire et éloignée des sentiments du peuple, agressive et coercitive avec la population, dégradée par ses alliances avec le banditisme des cartels de la drogue eux-mêmes liés au paramilitarisme.

    Tout ceci démontre que le Parti communiste marxiste-léniniste de Colombie (dont l'EPL est à l'origine la branche militaire) a perdu le contrôle politique de ces groupes guérilleros. Nous l'appelons vivement à reprendre la direction de l'EPL, aujourd'hui très criticable pour son comportement antipopulaire dans toutes les zones de la région du Catatumbo.

    Depuis l'arrivée de l'EPL, nous avons exigé le respect du territoire et des ses habitants, le respect des organisations naturelles locales et de leurs normes de vivre-ensemble. Ceci a été notre principal motif de désaccord avec cette guérilla, qui tente d'imposer ses buts par la force et le chantage sans respecter les gens. (...)

    Front de Guerre Nord-Oriental

    Commandant en chef Manuel Pérez Martínez

    Armée de Libération Nationale (ELN)"

    [Pour énumérer ici quelques "glorieux faits d'armes" du hoxhisme international, véritable instrument de l'impérialisme depuis les années 1980 de par à la fois son anti-soviétisme/anti-cubanisme et son anti-maoïsme, littéralement seule force aujourd'hui à correspondre à ce qu'on pouvait dans les années 1940 appeler "hitléro-trotskysme" et auquel plus guère de trotskystes ne correspondent à présent : opposition au MLM et donc à toute solidarité avec la Guerre populaire au Pérou dans les années 1980-90 (le PCM, dont les fondateurs sont passés par là, en parle quelques fois) ; travail de sape contre l'expérience anti-impérialiste de Thomas Sankara au Burkina Faso (1983-87), en persistant encore à ce jour à s'intituler Parti communiste révolutionnaire voltaïque (Haute-Volta, nom colonial du pays changé en Burkina par Sankara justement) ; liens "troubles" (on va dire...) du PCRCI avec la "rébellion" mercenaire de l'impérialisme français en Côte d'Ivoire dans les années 2000 (le leader de leurs jeunesses Habib Dodo avait fondé un syndicat étudiant, l'Ageeci, opposé à la Fesci pro-Gbagbo et de fait réputé pro-rébellion - cela dit, depuis que Ouattara est au pouvoir, le PCRCI a adopté une ligne assez correcte d'opposition à son régime...) ; soutien du groupe vénézuélien "Bandera Roja" à la tentative de coup d’État contre Chavez en avril 2002 (tellement scandaleux que la "conférence internationale" hoxhiste avait fini par les exclure...), etc. etc. ; et donc maintenant, comme on le sait, rojavisme à tout crin avec le MLKP turc et toutes sortes de groupes comme le ROCML ici (on pourrait encore citer, en Tunisie, l'alliance du "Front populaire" dirigé par le Parti des Travailleurs ex-PCOT avec les résidus mal recyclés du benalisme, bref, totalement au service de la contre-révolution dans tout le monde arabe...).]

    Les FARC, de leur côté, se sont transformées en parti politique socedem avec pour symbole la rose TSr6VbtyvM.jpg (!!) tandis que quelques petits groupes dissidents ont refusé ces 'accords de paix' ; mais il est hélas probable que leurs motivations soient plus de conserver leurs positions de seigneurs de guerre, qu'ils craignent de perdre dans les urnes, que de relancer la lutte pour la révolution sociale. Certains de ces groupes pourraient même tremper dans de la stratégie de la tension comme celui qui vient d'enlever et assassiner trois journalistes équatoriens enlevement-journalistes assassinat-probable (qui n'y étaient pour que dalle dans que dalle), ce qui reconnaissons-le, serait le moyen idéal pour pousser Lenin Moreno alias le Liquidateur (des 3 acquis sociaux et demi de l'ère Correa lenin-moreno-le-gorbatchov-equatorien) encore plus qu'il ne l'est dans les bras de l'impérialisme, voire carrément l'amener à rouvrir la base de Manta (nous suivons cette affaire de près, nous y reviendrons dès que ça s'éclaircira un petit peu).

    Hoxhisme au service de l'Empire en Rojava (MLKP) ; hoxhisme au service de l'Empire en Colombie


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  • http://www.lindependant.fr/2018/04/10/catalogne-deux-militants-independantistes-accuses-de-terrorisme-pour-avoir-occupe-des-autoroutes,3914846.php

    La Guardia Civil a mené, ce mardi matin, une opération contre des leaders des Comités de Défense de la République catalane (CDR) qui avaient occupé les autoroutes lors de la Semaine Sainte.

    Le 25 mars, l'arrestation en Allemagne de Carles Puigdemont, ex-président de la Catalogne, avait provoqué des mouvements de contestation un peu partout dans la région. Les CDR continuite-et-rupture-en-catalogne, mouvement spontané né après la déclaration unilatérale d'indépendance du 27 octobre, avaient pris les commandes de la contestation.

    Des heurts avaient éclaté alors que des groupes occupaient également les autoroutes un peu partout en Catalogne dont l'AP-7, celle qui mène en France, à Gérone.

    Début avril, ces groupes pacifiques mais jugés plus radicaux dans leurs actions avaient offert le péage gratuit à plusieurs endroits dans la région. Des actions jugées "solidaires" par les intéressés mais qui ont déclenché une réponse pénale des autorités espagnoles ce mardi.

    Ainsi, une femme de Viladecans (sud de Barcelone) a été arrêtée pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux des messages expliquant les actions et les stratégies en direction des comités de défense de la république catalane. Les enquêteurs l'accusent d'avoir donc coordonné les CDR et les crimes de terrorisme et de rébellion ont été retenus contre elle.

    Par ailleurs, un homme d'Esplugues de Llobregat (ouest de Barcelone) a également été interpellé ce mardi. Il est accusé d'avoir conduit les coupures de routes et la "désactivation" des péages de l'AP-7. 

    Selon les médias catalans, c'est la Cour nationale qui mène l'instruction, un tribunal compétent pour enquêter sur les crimes de terrorisme.

    "Ils n'ont pas de mémoire"

    Les réactions sont nombreuses suite à ces arrestations et le groupe politique de Carles Puigdemont, Junts pel Catalunya, a été l'un des premiers à s'indigner notamment par la voix d'Elsa Artadi sa nouvelle porte-parole. "En dehors de la dérive dictatoriale alarmante de l'Espagne, la banalisation de la souffrance des vraies victimes du terrorisme est indignant. Ils n'ont pas de décence ni de mémoire", a-t-elle écrit sur Twitter.

    Mais l'indignation ne vient pas que des politiques catalans. Alberto Garzon, économiste et homme politique espagnol de gauche, s'est également exprimé sur Twitter: "Considérer les actions des CDR comme de la rébellion ou du terrorisme est barbare. Ils criminalisent la légitime protestation politique. Il s'agira aussi de terrorisme pour les expulsions ou les piquets de grèves générales?" 

    Pour justifier l'instruction pour terrorisme, le bureau de la Cour nationale estime que "les auteurs et les promoteurs de ces actes de vandalisme" mettent en péril "non seulement la paix publique et l'ordre constitutionnel, mais l'essence même du système démocratique".

    Catalogne - Deux militants indépendantistes accusés de terrorisme pour avoir occupé des autoroutes


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  • La "Commune libre" rurale bretonne est depuis le début de la semaine (lundi aux aurores) sous l'assaut de la gendarmerie mobile, équipée d'un armement impressionnant (blindés etc.).

    Les évènements en temps réel sur le site Reporterre :

    https://reporterre.net/Expulsions-sur-la-Zad-l-intervention-militaire-reprend

    https://reporterre.net/La-Zad-de-Notre-Dame-des-Landes-sous-le-choc-de-l-evacuation

    Opération militaire à Notre-Dame-des-Landes

    Opération militaire à Notre-Dame-des-Landes

    Photo prise sur l'axe Nantes-Vannes, le 6 avril au soir. Des blindés font route vers Notre-Dame-des-Landes. Il s'agit, vraisemblablement, d'une file de VBRG – véhicules blindés à roues de la gendarmerie – dotés d'un blindage‎ pare-balles, d'une mitrailleuse et de lance-grenades. Des centaines de gendarmes et de policiers se massent depuis plusieurs jours, partout en Loire-Atlantique. On parle de 2500 militaires, et de plusieurs compagnies de CRS à Rennes et Nantes dans les jours qui viennent.


    Un blindé de la gendarmerie en feu :



    Nous avons déjà eu l'occasion d'expliquer, en 2014, la "symbolique" portée par la lutte de Notre-Dame-des-Landes : celle de renouer avec les communs, la jouissance collective et solidaire (et gratuite !) de l'environnement naturel et des moyens de subsistance fournis par celui-ci, comme dans l'économie naturelle pré-capitaliste ; jouissance dont tout le processus de soumission de la société au Capital, de la fin du Moyen Âge jusqu'au 20e siècle, a consisté à priver les masses populaires pour ne leur laisser comme seul moyen de subsistance que le prix, versé par le patron, de leur force de travail.

    Les "communs" à Notre-Dame-des-Landes (Breizh), encore un exemple illustrant la théorie par la réalité historique

    Une lutte qui avec tous ses défauts bien sûr (écolo-gauchisme petit-bourgeois, baba-coolerie ou totoïsme), "ressuscite" ce lien avec le collectivisme populaire d'avant le capitalisme, que le communisme veut rétablir à un niveau supérieur ; et de surcroît, "comme par hasard" si l'on ose dire, dans une nationalité historique opprimée par l’État français (construction et outil de la domination du Capital), la Bretagne...

    La reconquête de la Terre sera l’œuvre de la Guerre populaire !


     


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  • Petite revue de presse des évènements depuis une dizaine de jours :

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/03/25/officiel-carles-puigdemont-prison-allemagne/

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/03/25/services-secrets-espagnols-ont-averti-police-allemande-larrestation-de-puigdemont/

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/03/26/larrestation-de-puigdemont-complique-formation-dun-gouvernement-catalan/

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/04/03/procureur-allemand-demande-lextradition-de-puigdemont-passible-de-30-ans-de-prison/

    Réaction populaire :

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/03/25/barcelone-violences-devant-siege-gouvernement-espagnol/

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/03/25/nuit-tension-a-barcelone-cinquantaine-de-blesses/

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/03/27/manifestants-coupent-circulation-a-frontiere-franco-espagnole/

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/03/27/independantistes-annoncent-blocage-de-gare-de-barcelone-sants/

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/03/27/gare-de-barcelone-encerclee-comites-de-defense-de-republique/

    http://www.equinoxmagazine.fr/2018/04/02/independantistes-passer-voitures-gratuitement-peage-de-frontiere-francaise/

    À lire pour comprendre la crise d'un point de vue matérialiste (et ce que sont les CDR) :

    http://nosinfo.org/index.php/rubricas/politica/item/789-quelques-reflexion-sur-le-processus-catalan

    Puigdemont arrêté en Allemagne, actions des CDR, la Catalogne en feu


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