• Inutile de mettre un lien, il suffit de taper "émeutes poitiers" sur Google. Tout le monde a entendu parler des évènements de Poitiers il y a 3 semaines. Environ 200 émeutiers, militants anti-carcéraux, ont détruit des symboles du capitalisme dans le centre-ville.

    Nous ne nous sommes pas exprimés à ce moment là, car nous ne souhaitions pas participer au "buzz" médiatique. Les "anarcho-autonomes" semblent en effet devenus le nouveau thème sécuritaire à la mode du côté du Ministère de l'Intérieur, après les banlieues. Normal : l'action radicale ne se limite plus aux quartiers, et concerne de plus en plus de jeunes "petits-bourgeois blancs". La contre-révolution préventive doit se préparer, non seulement militairement mais aussi sur le plan de la propagande, de la guerre psychologique.

    Ces évènements sont pour nous l'occasion de rappeler quelles sont nos positions, sur la question de l'action illégale et sur la conception d'un parti révolutionnaire d'avant-garde.

    Sur la question de la légalité : nous sommes maoïstes, donc léninistes. Nous considérons que les révolutionnaires doivent "marcher sur deux jambes" : en fonction des limites de la légalité à un moment, agir à la fois à l'intérieur et à l'extérieur.

    Nous ne condamnons pas, par principe, les actions illégales. Telle est la conception marxiste, matérialiste : la légalité n'est pas "naturelle", ni "au service de tous" (idéalisme). Elle est, à chaque moment de l'histoire, l'expression d'une classe et au service de celle-ci. Ainsi, sous la féodalité, celui qui se rebellait contre le seigneur ou braconnait sur ses terres était pendu, celui qui attentait à la personne du roi était écartelé, celui qui attentait à l'Église était brûlé, etc.

    Aujourd'hui tout cela n'est plus, nous sommes non seulement dans une société capitaliste, qui représente un progrès par rapport à la féodalité, mais dans une société capitaliste avancée, où à la fois l'existence d'une importante classe moyennisée (grâce aux bénéfices de l'impérialisme) et les luttes démocratiques et sociales du siècle passé, le rapport de force établi par les classes laborieuses, font que la dictature bourgeoise s'exprime de manière assez libérale. Ce qui n'est pas le cas dans les semi- et néo-colonies ! Les cas récents du Honduras et de la Guinée, ou de l'Iran (semi-colonie russo-chinoise menacée par une "révolution colorée" pro-occidentale) le montrent...

    Mais il y a des limites, et la récente répression contre les "Contis" (ouvriers révoltés de Continental) le montre aussi.

    La "démocratie" bourgeoise et son "suffrage universel" sont étudiés, par exemple, pour ne jamais permettre à une perspective révolutionnaire d'arriver par les urnes : règle des 500 signatures, rôle des médias détenus par le Grand Capital...

    Et même si c'était le cas (pure utopie), il faudrait alors immédiatement enfreindre la légalité... puisqu'il faudrait la détruire, non seulement changer toutes les lois, mais aussi la Constitution et les Traités internationaux (qui lui sont supérieurs), le fonctionnement profond de l'administration et de la justice, etc... Car tout repose sur le principe absolu et sacré de la propriété capitaliste (privée ou "publique") des moyens de production, et de l'appropriation de la plus-value.

    Cela impliquerait un "coup de force" (car il y aurait nécessairement des résistances), cela impliquerait de s'absoudre de toute la légalité antérieure, qui fixe les conditions de sa propre réforme.

    On entend déjà les cris d'horreur de la "gauche radicale", trotskistes, P"c"F, altermondialistes et même certains anarcho-syndicalistes : "dictature" ! "stalinisme" !!!

    Ça tombe bien, c'est ce qui nous différencie d'eux. C'est la raison pour laquelle leur "socialisme du 21e siècle" ne peut être que du réformisme bourgeois.

    Signalons justement, en passant, qu'il y a quelques jours, l'ensemble des groupes politiques de "gauche" à la mairie de Poitiers, Modem, PS, Verts mais aussi PC et Pour une Alternative à Gauche (NPA, "anti-libéraux") ont signé une déclaration appelant... à la plus grande fermeté contre les émeutiers : link

    La légalité bourgeoise est mouvante, elle varie selon les époques, et la menace que ressent la bourgeoisie !

    La période allant du milieu des années 1970 au début des années 1990 a correspondu (avec une relative prospérité, la disparition des "modèles" révolutionnaires, et dans la foulée des revendication démocratiques petites-bourgeoises de Mai 68) à une dictature bourgeoise "libérale". Mais depuis une quinzaine d'années, le champ de ce qui est légal (pas seulement dans les textes, mais dans leur application, car un texte peut ne pas être appliqué) s'est considérablement restreint. Aujourd'hui un regroupement de 3 jeunes dans un quartier populaire est un délit.

    La bourgeoisie a peur, et l'on voit se réduire le champ de nos "libertés" que les idéalistes croient être absolues...

    Telle est la conception matérialiste. Le marxisme-léninisme s'est construit, en (très) grand partie, contre le légalisme qui s'était emparé du mouvement marxiste au début du 20e siècle, l'idée que dans les "démocraties libérales", l'action légale pouvait suffire à conduire tranquillement au socialisme, par conquêtes successives.

    Lénine vivait certes en Russie, une monarchie absolutiste qui ne pouvait être renversée que par la force.

    Mais le fascisme a ensuite prouvé que les régimes "libéraux", "parlementaires", pouvaient se transformer en dictatures terroristes ouvertes, quand la révolte du peuple grondait un peu trop fort... Sans oublier que le "libéralisme" français et anglais ne s'appliquait pas aux colonies (et ne s'applique toujours pas aux néo-), que le libéralisme américain ne s'appliquait et ne s'applique toujours pas aux "colonies intérieures" (Noirs, Natifs, Chicanos) ni aux semi-colonies au sud du Rio Grande. Tout comme la "démocratie" grecque était réservée aux citoyens, et ne s'appliquait pas aux "métèques" et aux esclaves...

    Donc, nous, les communistes révolutionnaires, ne rejettons pas par principe l'illégalité (dont la violence fait partie).

    Mais, comme disait Mao, "la politique commande au fusil" : l'action illégale est au service de la politique, un moyen et non une fin en soi. Lénine a également dénoncé le culte de l'illégalité comme "gauchiste".

    Cela pose la question de ce qu'il y a derrière des actions comme Poitiers, des perspectives qu'elles ouvrent, de leur productivité révolutionnaire.

    La violence doit être au service de la révolution : la question de l'avant-garde.

    Nous sommes des révolutionnaires communistes, qui travaillons à la création d'un Parti révolutionnaire du prolétariat.

    Nous voulons le Parti de la révolution : pas le Parti de tout ce qui bouge.

    Cette conception mouvementiste, qui fait (parfois contre le légalisme ambiant à gauche) l'apologie de la violence, de l'illégalité, de la "propagande par le fait", n'est pas nouvelle. Elle était celle des anarchistes de la fin 19e-début 20e siècle, et Lénine y voyait la "rançon" du légalisme et de l'opportunisme des directions ouvrières. Elle était celle d'une partie des marxistes "radicaux", qu'il dénoncera dans La Maladie Infantile du Communisme.

    Dans les années post-68, elle a été celle de la Gauche Prolétarienne. Le PC de l'époque était devenu non seulement légaliste, mais un instrument de la domination bourgeoise, et les Partis marxiste-léninistes en rupture avec lui (PCMLF, PCRML) avaient du mal à rompre avec ce légalisme. La GP a été une réaction à cela.

    Mais les aspects positifs de cette organisation ne reposent pas sur ce "violentisme", ils reposent sur le travail des "établis" (militants infiltrés dans les usines) auprès des ouvriers non-qualifiés (les OS) et des prolétaires immigrés.

    En 1973-74, la GP a volé en éclat, laissant en plan les établis (dont beaucoup avaient déjà été victimes des "purges" accompagnant les guéguerres de chefs), les OS et les travailleurs immigrés. Les dirigeants petit-bourgeois intellectuels ont rejoint la social-démocratie, voire l'anti-communisme "nouveaux philosophes" : Serge July, André Glucksmann etc. LE leader Benny Levy est devenu intégriste religieux et sioniste fanatique.

    Mais toute une partie de la petite bourgeoisie radicale, qui constituait la GP, a perpétué cette culture de la clandestinité et du "mouvementisme" illégal, appelé "autonomie", jusqu'à aujourd'hui.

    Car le fond du problème est là : ce "gauchisme" selon Lénine n'est au fond pas l'expression du prolétariat, mais d'une petite bourgeoisie déclassée et "radicalisée". Il traduit, au fond, un grand idéalisme et un grand individualisme même "regroupé".

    Il exprime au fond une vision aristocratique de la lutte de classe, de l'avant-garde révolutionnaire.

    Les masses sont "abruties" par le capitalisme, il faut les "éduquer politiquement". Cette "éducation" passe par la violence, la "propagande par le fait". Cette vision s'exprime très nettement, par exemple, sur le site MLM "Contre-informations" ("un prolétaire qui n'aime pas les vitrines qui volent, est un con qu'il faut éduquer politiquement").

    Le "groupe de Poitiers" n'a bien sûr rien à voir avec "Contre-informations", ni avec les héritiers de la GP. Il s'inscrit, comme le "groupe Tarnac" et le "Comité invisible", dans un mélange de références anarchistes, situationnistes et selon certaines sources de mysticisme kabbaliste.

    Leur composition est mal connue, car n'ont été arrêtés que des "suiveurs", de très jeunes gens ou des "exclus", des précaires à la limite de la marginalité. Mais Julien Coupat, le leader de Tarnac, nous donne une idée des "cerveaux" de l'action : petite bourgeoisie voire bourgeoisie intellectuelle.

    Le problème de ces groupes n'est pas la violence, qui ne va d'ailleurs pas très loin comparée à la véritable violence ouvrière (voir le clip de Gomeru), même s'ils permettent à la bourgeoisie de la stigmatiser - et à la petite-bourgeoisie "de gauche" de tomber le masque.

    Le problème est fondamentalement leur vision aristocratique, voire "arche de Noé" ("le monde coule, une poignée d'élus sera sauvée, réveillez vous !"), totalement coupée de la réalité et des problématiques des masses (même si l'incarcération, qui était à la base de l'action, en est une).

    Les Brigades Rouges en Italie, souvent présentées comme un groupe aventuriste irresponsable (quand ce n'est pas des agents de la CIA), n'étaient pas dans ce cas. Ses fondateurs, des sociologues, n'ont en réalité rien "fondé" du tout ! Ils n'ont fait que relever, et systématiser, des pratiques de résistance et d'action illégale qui se développaient depuis plusieurs années dans le prolétariat italien, contre la bourgeoisie et contre le réformisme légaliste du P"c"I.

    Les Brigades avaient plusieurs centaines de combattants dans la clandestinité (pour la plupart d'extraction populaire), mais dans le fond des dizaines de milliers de prolétaires étaient "brigadistes" dans l'âme !

    Voilà qui tranche avec les actions groupusculaires décrites plus haut. Les dirigeants des BR ont cependant reconnu eux-même qu'un excès de militarisme, aux dépends du travail idéologique de masse légal, a conduit à des dérives et à l'échec des années 80.

    La Fraction Armée Rouge allemande reposait, elle, sur le mouvement étudiant de la fin des années 60. Elle manquait de liens avec la classe ouvrière (qu'elle considérait d'ailleurs comme non-révolutionnaire, se voyant avant tout comme un appui aux luttes des peuples opprimés) et là encore, les leçons des échecs ont été tirées.

    Le mouvement basque, lui, n'a jamais commis ces erreurs. Les clandestins d'ETA sont une poignée mais reposent sur un large mouvement de masse, illégalisé en 2003 mais longtemps légal, et qui cherche encore à exploiter toutes les "niches" de légalité pour pousser l'Etat espagnol dans ses retranchements.

    Voilà pourquoi, malgré les arrestations, ETA renaît sans cesse de ses cendres.

    À l'inverse, Action Directe est un bon exemple d'aventurisme militariste isolé. Alors même que, dans les années 80, les illusions démocratiques des masses étaient puissantes et imposaient un travail politique de fond. Les Cellules Communistes Combattantes de Belgique, beaucoup plus sérieuses sur le plan de la théorie marxiste, mais ayant connu des déboires similaires (ainsi que, par ailleurs, de vilains coups tordus de la part d'Action Directe), ont mené à ce sujet une très intéressante autocritique : dans La Flèche et la Cible ; et dans ce débat franc et ouvert avec l'OCML-VP.

    Que les choses soient bien claires : nous ne soutenons pas et ne soutiendrons jamais la répression. Nous soutiendrons toujours ses victimes (sauf les fascistes), car la répression de l'Etat bourgeois est une et indivisible : qui qu'elle frappe elle nous concerne tous, car elle nous frappera peut-être un jour.

    Celui qui ne dit rien quand on arrête les "anarcho-autonomes", doit s'attendre à ce qu'il n'y ait plus personne quand ce sera son tour, et ça sera mérité.

    Cela n'empêche pas de rappeler ce que doit être une avant-garde révolutionnaire : SERVIR LE PEUPLE.

    La violence et l'illégalité ne sont pas condamnables en tant que telles : telle est notre ligne de démarcation avec les légalistes, forcément réformistes.

    Mais elles ne sont pas une fin en soi, et doivent toujours être au service de la politique ET DU PEUPLE.

    Pour servir le peuple, il faut déjà travailler politiquement en son sein, connaître ses besoins et ses aspirations et son niveau de conscience révolutionnaire, et travailler si nécessaires sur celui-ci.

    Telle est notre différence avec l'aventurisme, le mouvementisme, "l'illégalisme" qui expriment toujours, au fond, une vision aristocratique, petite-bourgeoise de la lutte des classes.

    L'avant-garde, ce n'est pas se mettre à la remorque du niveau de conscience des masses, qui spontanément sont réformistes en période de croissance, défensives et "protectionnistes" en période de crise.

    Mais ce n'est pas non plus faire la course tout seul 40 km devant !

     


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  • "Les aigles peuvent parfois voler plus bas que les poules, mais les poules ne s'élèveront jamais à la hauteur des aigles" (V.I. Lénine, au sujet de Rosa Luxembourg)
     
    che cigareTombé il y a tout juste 42 ans, le 9 octobre 1967 en Bolivie, Ernesto "Che" Guevara de la Serna était assurément un aigle de la révolution.

    Lorsque de soit-disant "maoïstes" osent affirmer que "les maoïstes ont toujours rejeté le Che", il y a vraiment de quoi rigoler* (ici - en castillan, ici sur un site de l'Etat espagnol)...

    Ces individus ont bien plus à voir avec l'anarchisme sectaire et borné, le gauchisme dogmatique façon "Gauche communiste" ou certains groupuscules hitléro-trotskistes qu'avec quoi que ce soit de maoïste ou même de marxiste-léniniste.

    Ce qui est vrai, c'est que le Che a commis des erreurs, erreurs aux conséquences tragiques y compris pour lui-même (de fait elles lui ont... coûté la vie !), et dont les communistes d'aujourd'hui doivent savoir tirer les leçons.

    La principale de ces erreurs est la fameuse théorie du foco, du "foyer de guérilla" : un petit groupe de guérilleros, "parachutés" dans une région particulièrement déshéritée, suffirait à "allumer l'étincelle" et entraîner les masses opprimées derrière lui vers la révolution...

    Conception subjectiviste, idéaliste, militariste, qui néglige le travail politique de fond dans les masses, la préparation idéologique, l'enquête de terrain, tous préalables indispensables au déclenchement d'une lutte armée. Il s'agissait en fait d'une systématisation erronée de ce qui avait réussi à Cuba, dans des conditions bien particulières où les révolutionnaires avaient, si l'on peut dire, "eu de la chance" - mais beaucoup et bien travaillé aussi, comprenons-nous bien, et le pays en 1956 était loin d'être "calme" : l'agitation des masses était latente, entretenue par les syndicats et des groupes comme le Directoire révolutionnaire étudiant qui, plusieurs mois avant le débarquement du Granma, avait abattu le chef de la police politique de Batista...

    Mais en Bolivie, après un premier échec au Congo, les paysans n'ont pas suivi le petit groupe de guérilleros "tombés du ciel", ignorants de leurs préoccupations concrètes, de leurs us et coutumes voire même de leur langue (beaucoup de ces paysans indigènes ne parlaient même pas, ou très mal, le castillan à cette époque) !

    Ajoutée à la politique d'obstruction du P"c" bolivien (refus d'apporter toute aide à la guérilla), cette conception erronée le conduisit ainsi que ses compagnons vers son destin tragique...

    Après la mort du Che, la théorie du foco fut rapidement abandonnée par toutes les guérillas révolutionnaires du continent au profit d'une guerre révolutionnaire prolongée et d'un travail politique en profondeur dans les masses. Les seuls à s'en réclamer par la suite furent de petits groupes en réalité "réformistes armés", c'est à dire pour qui l'action armée ne vise qu'à ouvrir des négociations avec le pouvoir en place pour obtenir des "avancées" et non à le renverser ; comme le MRTA du Pérou (anéanti en 1997 après une prise d'otage à l'ambassade japonaise) en est l'exemple typique.

    Le P"c" bolivien, puisqu'il en est question, permet d'enchaîner sur la deuxième grande erreur : le Che a certes vu et critiqué à de multiples occasions (notamment dans ses "Notes critiques" sur le Manuel d'économie politique soviétique, rédigées en 1965-66), mais a grandement sous-estimé le révisionnisme soviétique, le processus d'abandon du socialisme et de rétablissement du capitalisme en URSS.

    Mao et Che GuevaraDès 1962-63, sa critique de la "coexistence pacifique" de Khrouchtchev, de l'embourgeoisement de la direction soviétique (lors d'un dîner en URSS, devant la vaisselle en porcelaine de luxe, il lance : "Est-ce ainsi que vit le prolétariat en Russie ?"), de la mollesse du soutien aux luttes de libération du "tiers-monde" et de l'hégémonisme de l'URSS sur celles-ci et les peuples nouvellement libérés semblait l'amener progressivement sur les positions chinoises. En février 1965 il prononce son célèbre "Discours d'Alger", très virulent vis-à-vis de l'URSS - pratiquement qualifiée de puissance chauvine, impérialiste etc. - et du "bloc" est-européen. Il y déclare notamment : "il ne doit plus être question de développer un commerce pour le bénéfice mutuel sur la base de prix truqués aux dépens des pays sous-développés par la loi de la valeur et les rapports internationaux d'échange inégal qu’entraîne cette loi. (...) Comment peut-on appeler "bénéfice mutuel" la vente à des prix de marché mondial de produits bruts qui coûtent aux pays sous-développés des efforts et des souffrances sans limites et l'achat à des prix de marché mondial de machines produites dans les grandes usines automatisées qui existent aujourd'hui ? Si nous établissons ce type de rapports entre les deux groupes de nations, nous devons convenir que les pays socialistes sont, dans une certaine mesure, complices de l'exploitation impérialiste. (...) Les pays socialistes ont le devoir moral de liquider leur complicité tacite avec les pays exploiteurs de l‘Ouest"... ce qui constitue une véritable déclaration de guerre contre le social-impérialisme et la ligne de "coexistence pacifique" suivie à l'époque par Moscou, qui le qualifiera alors de... "maoïste" - et c'est à son retour à Cuba, après un entretien de plus de 40 heures (!) avec les frères Castro, qu'il "décidera" finalement d'abandonner toutes ses responsabilité politiques pour aller "allumer le foyer de la révolution" d'abord en Afrique centrale, puis en Bolivie.

    Dans le même temps (1965) son concept de "l'homme nouveau", développé notamment dans Le Socialisme et l'Homme à Cuba, tend fortement (bien que toujours de manière idéaliste) vers les conceptions de la future Révolution culturelle en Chine (fondement de l'identité maoïste) : sans "révolutionner" les rapports sociaux, il n'est pas possible de mener la transition socialiste vers le communisme ("Pour construire le communisme, il faut changer l'homme en même temps que la base économique") ; des rapports sociaux restant marqués par le capitalisme conduiront forcément à sa restauration ; ainsi dans la société révolutionnaire la recherche de la solidarité et du bien commun doit primer sur celle de la récompense matérielle ("Nous ne nions pas la nécessité objective du stimulant matériel" mais "nous luttons contre sa prédominance quand il s'agit de l'utiliser comme levier essentiel car il finit par imposer sa propre force aux rapports entre les hommes")...  CEPENDANT il n'ira jamais jusqu'au bout de ce raisonnement ; ce qui l'aurait inévitablement conduit dans le camp de la Chine et du maoïsme.

    Pour lui (comme pour les frères Castro par ailleurs), la controverse entre la Chine populaire et l'URSS était un facteur de division et d'affaiblissement du mouvement communiste  international, qu'il fallait essayer de limiter voire de réparer à tout prix. Il pensait que l'URSS pouvait encore être ramenée "dans le droit chemin".

    En fait, c'était un marxiste-léniniste "orthodoxe" ("stalinien" diraient certains...) pour qui la lutte de lignes et, le cas échéant, la rupture affaiblissent le camp de la révolution - alors qu'en réalité elles le renforcent.

    Cependant, rien ne permet d'affirmer quelles auraient été ses évolutions ultérieures, si la mort ne l'avait fauché à 39 ans dans la sierra bolivienne. Peut-être que la trahison des pro-soviétiques boliviens (clairement sur consigne du Kremlin) aurait encore radicalisé ses positions sur l'URSS, et l'aurait rapproché du maoïsme dont la Révolution culturelle était en passe de changer la face de la Chine - et du mouvement communiste international. Pure politique-fiction...

    Donc oui, le Che a commis de lourdes erreurs, et il les a payée le plus cher possible : de sa vie. Mais s'il a  pu parfois voler à la hauteur des poules (ce qui semble exagéré comme image), les poules ne voleront jamais à sa hauteur d'aigle, même 42 ans après sa mort.

    Il restera un modèle d'intégrité et de détermination révolutionnaire, et un symbole pour les masses à travers le monde (qui elles, ne s'y trompent pas...), même très loin de l'Amérique latine.

    Après la révolution cubaine, il dirigea l'épuration implacable - et méritée ! - contre les assassins et les tortionnaires fascistes du régime de Batista. Puis, pendant plus de 5 ans, il présida comme directeur de la réforme agraire, président de la banque nationale puis ministre de l'industrie, à la construction (certes inachevée) d'une économie socialiste à Cuba.

    Un modèle donc, à défendre fermement contre toutes les attaques et les récupérations. Les récupérations comme icône de mode par le grand capital, ou même par les fascistes, ont leur source dans la récupération par la petite-bourgeoisie réformiste "radicale", dès 1968 avec la LCR.

    Quels qu'aient étés les errements idéalistes du Che, il est difficile de comprendre ce qui a pu amener ces gens à projeter leurs fantasmes de "socialisme démocratique" sans dictature du prolétariat sur un homme qui a été pendant plus de 10 ans un dirigeant communiste implacable, qui citait Staline dans ses discours et pourfendait les trotskistes. Mais le fait est que...

    La dernière tentative de récupération de ce genre fut le bouquin de Besancenot et Löwy en 2007 (pour les 40 ans de sa mort).

    Cependant, celui-ci s'est trouvé en rude concurrence dès sa sortie avec un ouvrage de "démolition du mythe" (façon Propagandstaffel - "Livre noir") signé Jacobo Machover. Preuve parmi d'autres du recul de la social-démocratie (que la bourgeoisie ne charge plus de "récupérer" le besoin de révolution des masses) et du renforcement de l'offensive idéologique généralisée de la Réaction (autrement dit la poussée du fascisme).

    Si les 30 ans de sa mort avaient coïncidé avec la sortie du "Livre noir du communisme" de la clique Courtois (où il avait droit à sa part de calomnies), il avait surtout eu droit à son hymne ("Hasta siempre") entonné par des top-models séduisantes... Mais c'est vrai, c'était la "Fin de l'Histoire" !

    Preuve s'il en est que les temps ont changé, que l'offensive contre la révolution qui vient passe par l'offensive contre les figures de la révolution passée [Jeunes villiéristes - site fasciste suisse - article sur le film de Soderbergh sur Novopress (identitaires)] et que l'heure n'est pas - quelles qu'aient été ses erreurs ! - à se joindre à ces attaques contre l'un des plus grands révolutionnaires communistes de son époque, aux côtés de Mao ou d'Hô Chi Minh !

    HASTA SIEMPRE COMANDANTE !!!


             Bogside (30), August 2009Che guevara dans une manifestation a Khenifra
                                      En Irlande occupée...                                                                                 Au Maroc...

    Palestinians wearing Che Guevara tshirts

    En Palestine...

    Intéressant aussi :


     SUR LA QUESTION DE CUBA


    Les maoïstes, c'est un fait, n'aiment pas beaucoup Cuba.


    "Cuba", disent-ils, "n'est pas socialiste", c'est un capitalisme d'État sur le modèle de l'URSS révisionniste, d'ailleurs totalement inféodé à celle-ci jusqu'en 1991, avec une bourgeoisie d'appareil etc. "Castro n'est pas communiste", et il est vrai qu'il n'est venu au communisme que sur le tard, que son mouvement de guérilla était hétéroclite, que son programme de 1953 (attaque de la caserne Moncada) était démocrate-bourgeois radical et qu'il le mettra encore en avant au début de la révolution, devant les Occidentaux ; que les déclarations ouvertement marxistes-léninistes ne commenceront qu'en 1960, voire 1961. Certains vont même jusqu'à parler de social-fascisme ... voire de fascisme tout court - mais là, il est permis de parler de délire total.

    Nous souhaitons relativiser un peu ce point de vue, qui a conduit selon nous à de graves erreurs d'analyse de certaines situations.

    Fidel Castro est "devenu" communiste (mais qui peut prétendre être né communiste ???) entre le Mexique et le maquis de la Sierra Maestra, comme son frère Raul, au contact de Che Guevara. Né en 1926, il est donc devenu marxiste-léniniste vers l'âge de 30 ans, ce qui n'est pas beaucoup plus tard que Mao, ou Ho Chi Minh !

    Et les révolutionnaires communistes, le Che en tête, ont joué un rôle déterminant sur l'orientation de la révolution dans les premières années.

    La révolution cubaine a acquis à cette époque (les années 1960) et conservé depuis (par sa résistance à la superpuissance US, qui lui impose en retour un terrible état de siège) une très haute valeur symbolique dans toute l'Amérique latine.

    D'ailleurs, les maoïstes "historiques" du continent (les mouvements constitués à la fin des années 1960) ont généralement une vision plus positive de la révolution cubaine (PCR d'Argentine - en castillan). Beaucoup ont d'ailleurs rompu avec leurs PC d'origine par rapport à l'attitude de ceux-ci envers les guérillas cubanistes et leur trahison du Che en Bolivie.

    Seul le PC du Pérou de Gonzalo (Abimaël Guzman) adoptera une position plutôt hostile, car il s'est construit contre la dictature militaire "de gauche" du général Velasco (1969-1975), que Cuba soutenait positivement. Par la suite, avec la Guerre populaire héroïque menée par ce Parti (à partir de 1980) et l'enfermement de Cuba dans l'alignement révisionniste soviétique, beaucoup d'organisations maoïstes (anciennes ou nouvellement créées) se rallieront à cette position, en Amérique latine et dans le monde. Il faut cependant souligner que tout en étant extrêmement critique, JAMAIS Gonzalo n'a tenu sur l'île et son régime les propos outranciers ("fascisme" etc.) que peuvent tenir certains "gonzalistes" aujourd'hui - voir par exemple cette interview de lui en 1988, dans laquelle le sujet est abordé.

    Il n'empêche que Cuba continuera à jouer un rôle symbolique important, en Amérique latine bien sûr, mais aussi en Afrique.

    Une révolution victime du révisionnisme soviétique

    Alors, Cuba, socialiste ou pas ? 

    La révolution cubaine est l'aboutissement d'un long combat, commencé en fait dès les années 1930 (sous le dictateur Machado), voire dès la confiscation en 1898, par les USA, de l'indépendance acquise après une longue et sanglante lutte de 30 ans (depuis 1868) contre l'Empire espagnol. Mais, surtout, d'une guérilla révolutionnaire de 2 ans (déc. 1956 - déc. 1958) contre le régime comprador, sanguinaire et corrompu de Fulgencio Batista, qui fera dans les rangs du peuple, des progressistes et des révolutionnaires des milliers de morts - certains ont avancé le chiffre de 20.000... Cette guérilla fut conduite par le Mouvement du 26 Juillet, fondé en 1956 au Mexique à travers la rencontre des frères Castro et du "Che" Ernesto Guevara de la Serna. Le groupe et son programme pouvaient alors être qualifiés de "bourgeois national progressiste, démocrate-radical sous influence marxiste", une influence essentiellement portée par le Che (qui gagne peu à peu à lui Raul, puis Fidel). Le régime antipopulaire de Batista, corrompu jusqu'à la moëlle et lâché petit à petit par son tuteur US (qu'il irrite), s'effondre assez rapidement et, le 1er janvier 1959, les guérilleros font leur entrée triomphale dans La Havane.

    Dès 1959 commence la Réforme agraire (Cuba est alors un pays essentiellement agricole) et la formation de coopératives. Au milieu des années 1960, 90% de la production est étatisée ainsi que 70% de l'agriculture (cette proportion augmentera encore jusqu'aux années 1980), et le contrôle populaire (par les Comités de défense de la révolution (CDR), les Assemblées populaires et les Comités d'entreprises) est important [le socialisme consistant en la propriété publique des moyens de productions plus le pouvoir populaire, la dictature démocratique du prolétariat (en l'occurrence, dans les pays du "tiers-monde", la dictature des "quatre classes" : prolétariat, paysannerie pauvre, petite-bourgeoisie et bourgeoisie nationale progressiste et patriotique ; sous la direction du prolétariat - ce qui est justement le problème à Cuba, où la direction est bourgeoise nationale)].

    Un PC est reconstitué en 1965, succédant au Parti Unifié de la Révolution Socialiste (1961), sur la base des forces révolutionnaires les plus avancées de 1958-59, alors que le PC cubain des années 1950 avait sombré dans le révisionnisme le plus total, abandonnant jusqu'à l'appellation de communiste (pour se renommer Parti Socialiste Populaire). Donc, à Cuba, il est possible de dire que le mouvement communiste (maigre et qualitativement très faible) et le mouvement ouvrier et paysan organisé se sont placés sous la direction d'un mouvement bourgeois national "radical-révolutionnaire". Cependant, ce mouvement bourgeois-national progressiste a assimilé (dans une certaine mesure) la théorie marxiste (dans ses limites de l'époque), et fusionné avec le mouvement communiste et ouvrier-paysan, jusqu'à reprendre l'appelation de Parti communiste... C'est une différence notable avec moultes autres situations dans le monde (où le mouvement nationaliste bourgeois était beaucoup plus puissant et structuré, notamment au sein de l'armée, et dans un rapport de force beaucoup plus favorable).

    Et puis, comme nous l'avons dit et le répèterons encore, la dynamique, l'intentionnalité, comptent autant sinon plus que l'état de fait à un instant t (sans quoi la Russie de la NEP, ou la Chine de "démocratie nouvelle" des années 1950 n'étaient pas socialistes). Or, la direction cubaine adopte une position révolutionnaire et internationaliste offensive, qui contraste à l'époque avec la "coexistence pacifique", le "passage au socialisme par les voies légales" (dans les pays encore capitalistes) et la "libéralisation" économique (dans les pays socialistes) prônés par l'URSS. Les relations avec Moscou demeureront tendues jusqu'à la fin de la décennie...

    Donc, Cuba, socialiste : à cette époque assurément oui, engagée dans la voie du socialisme... Un socialisme du niveau de l'URSS des années 1920, de la Chine maoïste des années 1950. Un socialisme à l'étape de la démocratie populaire (selon la théorie de Dimitrov), de la révolution démocratique contre l'impérialisme.

    Mais un socialisme limité par le blocus imposé par l'impérialisme US, et qui va devenir peu à peu prisonnier de l'URSS.

    L'URSS va imposer à Cuba un accord pétrole contre sucre, au premier abord très avantageux (sucre acheté au dessus des cours mondiaux, pétrole vendu au dessous) mais qui va enfermer Cuba dans une monoculture sucrière, contre laquelle s'était élevé le Che, et dans la dépendance économique, avec une "efficacité" de l'économie entièrement au service du "grand frère" soviétique. Et les conséquences que l'on connaît, lorsque celui-ci s'écroulera.

    Sur le plan international, Cuba va adopter une politique offensive de soutien à la libération des peuples opprimés (symbolisée par la Tricontinentale, conférence tenue à La Havane en janvier 1966), tout comme la Chine (qui participera à la conférence), en rupture avec la "coexistence pacifique". Cette politique durera jusqu'autour de 1970, puis se poursuivra sur des causes plus "localisées" (Amérique centrale, Afrique australe).

    Et surtout, une politique d'extension de sa révolution sur le continent américain. Mais l'URSS, par l'intermédiaire de ses affidés des P"c" traîtres, va saboter cette extension, tout simplement parce qu'elle aurait mis fin à la dépendance de l'île ou alors, insuffisante (un ou deux pays), aurait eu un coût trop important pour l'économie soviétique (de l'aveu d'anciens dirigeants soviétiques de l'époque : "l'économie soviétique ne pourrait pas supporter un deuxième Cuba"). Cuba restera donc isolée, assiégée et totalement reliée au "cordon ombilical" soviétique. C'est d'ailleurs avec l'échec des guérillas qu'elle commencera à soutenir les "révolutions par en haut", les juntes militaires "progressistes" comme au Pérou ou en Équateur ou des gouvernements réformistes bourgeois au Chili (Allende), qui auront toutes un dénouement tragique.

    Ce n'est qu'en 1979 qu'une révolution sur le modèle cubain aura lieu au Nicaragua. Mais les révolutionnaires, les sandinistes, rejetteront la dictature du prolétariat (les trotskistes LCR en feront leur coqueluche à l'époque) et finiront par perdre le pouvoir 10 ans plus tard. [Revenus au pouvoir en 2007, ils sont désormais alliés à des éléments d'extrême-droite et à l'Église catholique, mènent une politique social-libérale, ont interdit l'avortement même en cas de danger pour la mère, et répriment brutalement les organisations populaires et bien sûr de femmes].

    Cuba aura également, dès l'expédition du Che au Congo-Kinshasa (1965), une politique africaine active.

    Mais, là encore, cette politique sera rapidement inféodée aux intérêts soviétiques, et c'est là qu'interviendront les analyses gravement erronées de beaucoup de maoïstes, qui parleront de "mercenaires du social-impérialisme".

    La réalité est que Cuba a certes, tout d'abord, "livré" son économie (sous forme de monoculture sucrière) au social-impérialisme soviétique contrairement aux préconisations du Che et même aux positions de Fidel himself au milieu des années 1960 (voir son discours d'ouverture de la Tricontinentale), et qu'elle a joué politiquement aux côtés de l'URSS un rôle néfaste en soutenant ses interventions en Tchécoslovaquie (1968, date que l'on retient généralement comme "l'allégeance complète de Castro au social-impérialisme") et en Afghanistan (1979), ainsi qu'en assurant (militairement) un "service minimum" à ses côtés en Afrique de l'Est notamment : engagée en Éthiopie aux côtés des forces soviétiques et des "pays frères" (RDA etc.), elle y a combattu à partir de 1976-77 (après l'avoir soutenue jusque là, comme l'URSS !!!) la résistance du Peuple érythréen, de la minorité somalie (appuyée par le régime marxiste somalien de Siyaad Barre, dès lors "lâché", combattu et condamné à se tourner vers la Chine et l'Occident) et des authentiques révolutionnaires/progressistes éthiopiens (PRPE) ; résistance contre une junte fasciste peinte en 'rouge' (le Derg du colonel Mengistu) à la solde du Kremlin, qui avait liquidé la révolution (et les révolutionnaires !) démocratique(s) de 1974 contre la monarchie féodale d'Haïlé Selassié...

    C'est là une tache sombre sur le drapeau de la révolution cubaine, le drapeau de José Marti. Et, on l'a dit, lorsque Cuba entretenait des relations 'cordiales' avec des régimes bourgeois considérés comme 'progressistes' tels que la junte de Velasco Alavarado au Pérou (1968-75) ou de Rodríguez Lara en Équateur (1972-76), le "second péronisme" (1973-76) en Argentine ou encore l'Algérie de Boumediene (1965-79), elle envoyait 'gentiment' 'sur les roses' les forces authentiquement révolutionnaires de ces pays, comme les marxistes argentins du PRT-ERP, venus lui demander son aide en 1973.

    Mais l'île rebelle a aussi joué à la même époque en Afrique australe, principalement en Angola, un rôle objectivement progressiste, en combattant l'armée sud-africaine et ses mercenaires et en précipitant la chute du régime d'appartheid par ses succès militaires tactiques (ce qui n'a certes pas, dans le rapport de force du début des années 1990, débouché sur une révolution démocratique...). D'ailleurs cette intervention a largement été (notamment au début en 1975-76, mais même par la suite et a fortiori sous la perestroïka de Gobatchev) une pomme de discorde avec la diplomatie du Kremlin, qui cherchait à "freiner" l'initiative cubaine au nom de la "détente" avec l'Ouest : nous voyons bien que qualifier simplement Cuba de "bras armé du social-impérialisme" est une analyse schématique qui, même après 1970, ne tient pas la route.

    Ce rôle positif a été nié par de nombreux marxistes-léninistes et maoïstes, qui ont été jusqu'à soutenir politiquement les mercenaires fascistes angolais de l'UNITA (pro-Afrique du Sud) voire (comme le PCMLF)... l'intervention franco-belge de Kolwezi (Zaïre), en soutien à Mobutu contre les rebelles pro-cubains venus d'Angola ! 

    À l'époque où l'Afrique du Sud avait succédé au Vietnam comme cause emblématique de l'anti-impérialisme mondial, c'était une erreur gravissime coupant les maoïstes des préoccupations des masses, en Afrique comme dans le reste du monde. On peut également considérer comme assez positif le rôle d'appui aux guérillas d'Amérique centrale contre des régimes fascistes sanguinaires (Guatemala, Salvador) ou aux sandinistes du Nicaragua contre les forces réactionnaires (contras) armées par Washington ; bien que l'on puisse aussi, dans cette région du monde, reprocher à Cuba d'avoir poussé à la négociation en Colombie (1984, ce que l'ELN, la guérilla pro-cubaine historique, refusera !) puis systématiquement en Amérique centrale à partir de 1988 (en "échange" d'un réglement favorable en Afrique australe) avec la défaite... électorale des sandinistes en 1990, les "accords de paix" au Salvador (1992) et au Guatemala (1996) et la transformation des guérillas en partis réformistes, etc. etc.

    Aujourd'hui, après la chute de l'URSS et la "période spéciale", le "socialisme" de Cuba est très largement un capitalisme d'État, plus ou moins lié à de "généreux" investisseurs étrangers (principalement canadiens et européens, mais aussi chinois, russes, brésiliens, mexicains etc.), avec un important (autour de 25% de l'économie productive) secteur privé, aux mains de petits entrepreneurs nationaux ou, dans le secteur touristique, de multinationales étrangères (comme Accor). Il est clair que la politique menée dans les années 1970-80 a eu des conséquence catastrophiques.

    Mais Cuba avait-elle le choix ? Aurait-elle "dû" suivre la voie chinoise ? Rappellons que, dans les années 1960, la Chine était surtout aux prises avec sa lutte anti-révisionniste interne, et que d'ailleurs les révisionnistes dominaient en 1962-66. Or, Cuba avait besoin d'aide d'urgence.

    Et que serait-il advenu avec la victoire de la contre-révolution en Chine, après la mort de Mao, en 1976 ? L'Albanie, qui avait suivi la voie chinoise depuis la fin des années 1950, s'en est-elle mieux sortie après la liquidation de son "modèle" ? Bien au contraire...

    À la fin des années 1980, et dans les terribles circonstances des années 1990, la direction cubaine s'est refusée à la liquidation pure et simple, que ce soit sur le modèle "perestroïka soviétique" ou en conservant un (soi-disant) P"c" au pouvoir, comme en Chine ou au Vietnam. Liquidation qui l'aurait ravalée au rang de néo-colonie européenne ou US, comme on l'a vu en Europe de l'Est ou au Vietnam.

    Si l'on ajoute que la Corée du Nord a basculé dans une monarchie héréditaire et un despotisme oriental où une petite caste d'appareil (liée à la Chine et à la Russie) opprime et affame le peuple, Cuba est assurément, sinon socialiste, du moins le pays le plus progressiste du monde ; ou, pourrait-on encore dire, la moins ratée des expériences révolutionnaires où les communistes (ceux de 1956, très faibles théoriquement et peu nombreux, plus les éléments dans la Sierra Maestra, à commencer par le Che) et le mouvement ouvrier et paysan organisé se sont placés sous la direction de la bourgeoisie nationale progressiste (qu'incarnait le Mouvement du 26 Juillet) ; les exemples négatifs étant légion (Algérie, Syrie, Congo-Brazzaville ou Zimbabwe, amenant le règne de cliques anti-populaires ; Indonésie amenant au massacre de 1965-66, Chili de l'Unité populaire, etc.).

    Un pays qui joue un rôle progressiste essentiel sur le continent américain, tant pour les processus réformistes bourgeois "bolivariens" en cours que pour ceux qui, déjà (en Équateur, au Nicaragua) ou à l'avenir, sont ou seront amenés à affronter leurs propres limites de classe.

    Bien sûr, il y a toujours des tâches sombres, comme le soutien de Cuba au fascisme grand-serbe de Milosevic (que l'on peut mettre sur le compte d'un anti-américanisme simpliste mais compréhensible), ou le récent éloge de Fidel à la Chine contre-révolutionnaire, à l'occasion des 60 ans de la République "populaire" (qui mérite ses guillemets depuis 30 ans) [Ou encore - MÀJ 2012 - le soutien aux cliques sanguinaires des Kadhafi ou des Assad, bien que dans ses "réflexions" Fidel ait pu se montrer critique, et que, bien évidemment, aucun internationaliste conséquent ne soutienne l'option d'une intervention impérialiste, même "souhaitée" par les masses en lutte - comme ont pu l'argumenter certains éléments "post-trotskystes"].

    Mais nous apporterons toujours un soutien sans faille à Cuba, contre toutes les tentatives d'agression et de déstabilisation de l'impérialisme en vue d'en faire une néo-colonie, de même que nous soutiendrons sans faille les processus réformistes bourgeois contre la Réaction intérieure et internationale (mais jamais contre le peuple, c'est pourquoi nous avons parlé ici-même de la lutte des indigènes d'Équateur, et de l'opposition populaire, notamment féminine, au Nicaragua).

    Si des contradictions éclatent entre le peuple cubain et la direction, nous les analyserons et prendrons position, mais pour le moment, tou-te-s ceux et celles qui sont allé-e-s à Cuba (autrement que dans les bronze-culs à touriste) confirment que malgré les terribles difficultés et les privations, le soutien à la révolution reste fort, que peu de Cubain-e-s souhaitent une "libéralisation" comme on a pu la voir en Europe de l'Est, et que même ceux et celles qui veulent émigrer pour pouvoir envoyer de l'argent à leur famille ne sont pas (ou plus) forcément "anti-castristes".

    CONTRE L'IMPÉRIALISME, SOUTIEN INTERNATIONALISTE AU PEUPLE CUBAIN ET À SA RÉSISTANCE !

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    Voici un exemple de ligne maoïste CORRECTE concernant Cuba face aux menées impérialistes (par le PCR-USA, quelles que soient les critiques que l'on peut adresser à ce Parti, et repris par le PCR Canada sur son site ; représentatif de la ligne maoïste authentique loin des délires gauchistes).

    Pour voir plus loin : une position de 1993 du PCR Canada (à l'époque Action socialiste). 

    Sur le Che : position (assez critique, mais respectueuse) de l'Action socialiste, pour le 30e anniversaire de sa mort en 1997, reprise sur le site de VP. 


    [* En fait, concernant les soi-disant "maoïstes" en question, il y a encore plus délirant... Voici le site du "Comité Guevara", qui existait au début des années 2000. Ce site mettait en avant la figure du Che, associée à celle de Mao ou encore de Hô-Chi-Minh, ainsi que les Guerres populaires du Népal, du Pérou et de Turquie, au même titre que les FARC-EP et la résistance progressiste palestinienne, etc. Mais regardez bien l'adresse mail de contact... ce n'est autre que celle du site "Étoile rouge", ancêtre de "Contre-informations" puis de "Voie-lactée.fr", le site du 'p''c''mlm' ! Il est probable que ce site ait été monté comme "attrape-tout", connaissant l'attrait de la jeunesse populaire pour la figure du Che. Alors, pour les leçons de "cohérence" et de "pureté" idéologique, contre le "populisme", le "spontanéisme" et autre "syndicalisme révolutionnaire", on repassera !] 


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  • En d'autres temps, les choses se seraient passées autrement. Le président "gêneur" ("réformiste" ou "populiste" comme on voudra) aurait été "suicidé" d'une balle dans la tête, puis une junte militaire aurait installé un régime de réaction et de terreur pendant 5, 10 ou 15 ans, comme au Chili.

    Aujourd'hui, "les temps ont changé" comprenez-vous, on s'est "civilisé"... Il faut tenir compte de la "communauté internationale", de "l'opinion" - la petite-bourgeoisie planétaire.

    Le trouble-fête Manuel Zelaya a été "écarté", exilé à l'étranger et interdit de retour sous peine de poursuites judiciaires "100% légales" pour "violation de la Constitution". Un gouvernement civil "provisoire" a été mis en place - toujours selon les procédures légales et constitutionnelles - et les élections se sont tenues selon le calendrier prévu, avec au final l'élection du candidat de la droite "dure" de l'oligarchie - à l'origine du coup d'État. Telles sont les offensives réactionnaires de l'impérialisme à notre époque, au 21e siècle.

    Mais sur le terrain, pour les masses populaires, la réalité de la violence réactionnaire est toujours la même.

    En 5 mois, la répression militaro-policière réactionnaire au Honduras a fait, en proportion (pour un pays 10 fois moins peuplé), 5 fois plus de morts et de "disparus" que la répression en Iran - qui a fait la "une" des médias occidentaux durant tout l'été.Honduras : le visage nu de l'impérialisme réactionnaire

    Il ne s'agit pas là d'une "abomination", d'une "barbarie" particulière à l'oligarchie réactionnaire hondurienne ou (pour ceux qui verraient un peu plus loin) à l'impérialisme US. C'est, tout simplement, le visage nu de l'impérialisme en général.

    C'est le visage que montre l'impérialisme lorsqu'il est confronté, soit à la concurrence d'impérialismes rivaux, soit à la poussée anti-impérialiste des masses et/ou de la bourgeoisie nationale, soit les deux à la fois - les choses étant souvent imbriquées de façon complexe.

    Et lorsque, pour préserver ses intérêts, ses profits colossaux, sa "pompe à fric", il est prêt à tout et ne recule devant aucun crime. Se moquant du "droit international", de la "légalité", de "l'opinion" ; voire de son propre théâtre de marionnettes gouvernemental : les intérêts US qui ont frappé au Honduras ont agi dans le dos d'Obama, tout comme les réseaux "françafricains" se sont souvent passés du feu vert de l'Elysée ou du gouvernement.

    L'Afrique, sous la botte de l'impérialisme français, est coutumière de ce genre d'opérations : interventions militaires directes (Cameroun dans les années 1960, plus près de nous Côte d'Ivoire, Tchad, Centrafrique...), régimes de répression terroriste (partout), "rébellions" surgies de nulle part (Côte d'Ivoire, Libéria, Sierra Leone), mascarades électorales (récemment Gabon, Togo) sans parler bien sûr du Rwanda - où la France était confrontée à une "rébellion" sponsorisée par l'impérialisme US.

    Aujourd'hui, alors que le capitalisme s'enfonce sans retour dans la crise terminale, à la fois la poussée révolutionnaire des masses grandit et la concurrence entre les impérialistes s'aiguise. Les évènements comme ceux du Honduras sont appelés à se multiplier, et à augmenter en violence.

    Dans tous les cas, c'est le peuple qui en fait les frais. Car le peuple n'intéresse pas les impérialistes.

    Suite au résultat des élections, les impérialistes européens ont exprimé leur mécontentement, mais rien de bien méchant... Zelaya, libéral de centre-gauche, plus proche d'un Lula que d'un "agité" comme Chavez, remettant en cause "l'hégémonie" américaine sur le pays, avait leur sympathie. Il pouvait donner un petit "coup de barre" en leur faveur ; alors que le nouvel élu (Lobo) marque un retour en force du grand capital US le plus agressif.

    Mais enfin, ils ne vont pas partir en guerre (même "diplomatique") pour un petit pays comme cela, et surtout pas pour le Peuple hondurien. L'important est maintenant la "normalisation", et que les affaires reprennent - business as usual. Zelaya, c'est une opportunité qui s'envole, voilà tout.

    Honduras resiste 30junio08De la résistance du Peuple hondurien, disons-le : elle a été héroïque. Et elle en a payé le prix : on l'a dit, 5 fois plus de victimes (en proportion) qu'en Iran.

    Mais elle n'a pas réussi, en 5 mois, à déjouer les plans des putschistes, qui viennent d'aboutir dans le résultat de l'élection.

    C'est que Zelaya est un grand bourgeois, propriétaire de ranch, membre de l'oligarchie. Élu à la base sur un programme de centre-droite, il a ensuite évolué vers des positions réformistes de centre-gauche. Réformiste, humaniste peut-être, mais grand bourgeois, cherchant par des réformes à éviter l'explosion sociale.

    Son "virage" est peut-être le fruit d'un contexte continental de "virages à gauche" réformistes. Mais ce n'est pas le fruit d'un rapport de force établi par les masses : c'est une évolution purement "par en haut", au sein de la direction du Parti libéral. Contrairement à l'élection de Chavez au Venezuela, de Morales en Bolivie, de Correa en Équateur, fruits d'une réelle ingouvernabilité de ces pays provoquée par les mouvements de masse.

    Le résultat, c'est que les masses populaires ont assisté assez "passivement" au virage "à gauche" ; et, face au coup d'État, elles ont dû se mobiliser et s'organiser dans l'urgence, et avec beaucoup d'illusions "légalistes" et "constitutionnelles". Elles n'ont pas pu opposer à celui-ci une résistance suffisamment armée en nombre, en organisation et surtout politiquement ; alors qu'en avril 2002, le Peuple vénézuélien puissant, conscient et organisé a déjoué en 2 jours le coup d'État contre Chavez, soutenu ouvertement par Washington : le premier golpe à être ainsi déjoué, depuis au moins un siècle, sur le continent américain ! Les impérialistes réactionnaires US et leurs alliés oligarchiques vénézuéliens avaient pu mesurer, à leurs dépens, le rapport de force établi par les masses populaires vénézuéliennes, à la fois cause et conséquence de l'élection de Chavez en 1998.

    À présent, avec ces élections, mais déjà avec les "accords" du mois d'octobre où Zelaya avait renoncé à la plupart de ses pouvoirs et de ses projets (surtout l'Assemblée Constituante), accords que les putschistes n'ont même pas voulu faire semblant de respecter, les illusions légalistes sur le "retour à l'ordre constitutionnel" se sont définitivement envolées.

    Les éléments avancés, les plus conscients, du Peuple hondurien doivent en tirer les conclusions ; et comprendre que la seule voie praticable est désormais la GUERRE DU PEUPLE, la Guerre de Résistance Populaire contre les fascistes compradores !

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    Bien entendu, le coup d'État au Honduras a bénéficié d'une intense campagne de propagande des milieux médiatiques réactionnaires US et des bourgeoisies réactionnaires pro-US à travers le monde, agitant le spectre du "castro-chavisme". Et de l'"impartialité", de l'"objectivité" complice de la plus grande partie des médias bourgeois "libéraux" (particulièrement en Europe), ne serait-ce que par sa mise "en arrière plan" au profit des évènements d'Iran - tout en condamnant "sur le principe" le coup de force illégal.

    Mais il a aussi bénéficié de la complicité, en apparence "surprenante", d'une certaine "extrême-gauche" petite-bourgeoise gauchiste, qui montre là que le camp du peuple n'est pas son camp.

    Une organisation prétendument "maoïste" (en réalité un groupuscule petit-bourgeois gauchiste, mais qui "monopolise" la parole maoïste sur internet) s'est dernièrement fendue d'un article sans équivoque.

    Appelons les choses par leur nom : DE LA MERDE EN BARRE !!! Minable de bout en bout, une ligne "ultra-rouge" de petits-bourgeois gauchistes complètement pourrie.

    Un mépris total pour la résistance héroïque du Peuple hondurien, les blessés, les morts et les disparus. Plus que du mépris : le peuple est en fait, mystérieusement.... complètement absent de leur "brillante" analyse !

    Et un mépris haineux, aussi, pour tou-te-s ceux et celles qui depuis 5 mois lui ont exprimé leur solidarité, qualifiés de "sociaux-impérialistes", "fascistes", "antisémites", "au service de l'impérialisme français" (ou européen), on en passe et des meilleures...

    Au mois de septembre (c'est leur argument "choc") a éclaté une polémique, suite aux propos gravement antisémites (avérés) d'un animateur de radio partisan de Zelaya, David Romero.

    L'affaire a bien sûr été montée en épingle par la presse bourgeoise US (où nos "maoïstes" prennent leurs informations...). C'est la technique (de propagande réactionnaire) bien connue de "l'antisémitisme par ricochet" : les dérapages antisémites d'un individu isolé "rejaillissent" sur tout le camp politique qu'il est censé représenter. Car par un formidable (et honteux) retournement de situation, l'antisémitisme, qui a été l'instrument n°1 de mobilisation réactionnaire de masse dans la première moitié du 20e siècle, est aujourd'hui l'accusation suprême, le disqualifiant absolu de la propagande réactionnaire bourgeoise contre les mouvements anticapitalistes, anti-impérialistes etc. Ce serait cocasse, si ce n'était pas à vomir...

    En l'occurrence, les propos antisémites sont avérés, et graves ("Hitler aurait dû finir le travail") ; l'intéressé (sans doute un nationaliste petit-bourgeois chauvinard) les a reconnu et s'est excusé - ce qui ne veut pas dire que ses excuses sont acceptées par les victimes et descendant-e-s de victimes du nazisme ! Mais, parfois, ils sont inventés de toute pièce, par déformation, sortie du contexte, ou par "recherche de l'intention" ou de la "connotation". Comme pour les propos de Chavez, en 2006, dont il a été prouvé 1000 fois qu'ils n'étaient pas antisémites - en fait, il n'était même pas du tout question des Juifs (dans la théologie catholique de la libération, dont se revendique Chavez, Jésus n'a pas été crucifié par "les Juifs" mais par "les riches", les "puissants").

    Certains se sont faits une spécialité de cette "recherche d'intention" ou de "connotation" antisémite. Ces personnes n'ont bien sûr rien à faire dans le camp du peuple, de la révolution et du communisme.

    Sont ensuite évoqués les "fantasmes" ("antisémites", cela va de soi) de Zelaya et de Chavez, quant à la présence de mercenaires israéliens auprès des militaires putschistes.

    Comme s'il n'était pas connu, pour tou-te-s ceux et celles qui s'intéressent un tant soit peu à l'Amérique latine, que l'impérialisme US "sous-traite" à son chien de garde israélien les basses besognes trop "sales" pour lui : formation de paramilitaires et d'escadrons de la mort ; à la torture et à la guerre psychologique ; livraison d'armes interdites par les conventions internationales etc.

    Le Mouvement Populaire Pérou en parle très clairement dans sa récente déclaration du mois de novembre : ils doivent être, sans doute, en plein délire antisémite !

    La solidarité envers le peuple du Honduras - si ce n'est pas sa lutte elle-même ! - est qualifiée d'"anti-américanisme de type nazi", "indissociable de l'antisémitisme"... Comme si la domination terroriste des États-Unis n'était pas une réalité pour l'immense majorité des peuples du monde, et particulièrement d'Amérique latine !

    Le Peuple hondurien, héroïque depuis 5 mois, n'est pour eux qu'un "agent des puissances rivales des USA". Mais essayez donc un peu, pour voir, de leur dire que leurs "chers" militants "verts" iraniens ne sont que de la chair à canon docile des intérêts euro-US contre les intérêts russo-chinois (ce qui est bien sûr caricatural, les choses sont bien plus compliquées même si le mouvement "vert" reste à dominante petite-bourgeoise)... Vous serez immédiatement taxé de "nationaliste-révolutionnaire" (fasciste), de "soutien d'Ahmadinejad", de "social-impérialiste" et bien sûr d'antisémite (si vous voyez une main US, européenne et/ou israélienne derrière le mouvement "vert", c'est forcément que vous "voyez des Juifs partout" !!!!).

    Bref, c'est la fête au grand n'importe quoi, avec en cerise sur le gâteau... le parallèle avec "Dieudonné en visite chez Ahmadinejad" (le rapport SVP ?). C'est sûr que sans ces deux-là, le tableau n'aurait pas été complet (on remarquera aussi que le coup d'État est qualifié de "soulèvement", terme plutôt neutre voire... positif !).

    Nous avons toujours été très clairs : Zelaya est un grand bourgeois réformiste, plus proche d'ailleurs d'un Lula (Brésil) que d'un Chavez - d'ailleurs, le bloc des pays de "centre-gauche" (Brésil, Argentine, Chili, Uruguay) est pratiquement plus monté au créneau pour lui que l'ALBA ; et il avait le soutien des bourgeoisies européennes et des "gauches modérées" sud-américaines liées à l'Europe (l'ALBA, elle, étant plutôt liée à la Russie et à la Chine), dans leur tentative d'établir des "têtes de pont" dans le pré carré US. Un grand bourgeois "de gauche", mais un grand bourgeois, dont les classes populaires travailleuses n'a pas grand chose à attendre de plus que quelques "réformes"...

    Mais à vrai dire, Zelaya, on s'en fout complètement ! Comme de Chavez d'ailleurs... Et comme de ses "soutiens" européens, brésiliens, argentins ou de l'ALBA.

    Ce qui nous intéresse, c'est le Peuple hondurien, ce sont les masses populaires des Amériques. Masses populaires qui sont toujours les premières victimes des offensives réactionnaires. LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP.
                                             enfrentamientos honduras113952-decret-interdisait-manifestations-comme-celle
    Des millions de personnes dans le monde, dont nous sommes, sont solidaires du Peuple hondurien en ce moment ; non pas parce que c'est un peuple sympathique (ce qu'il est !), pas non plus par "anti-américanisme de type nazi" (!), mais parce que ce genre de coup de force réactionnaire peut se produire n'importe où dans n'importe quel pays du monde, par la main de n'importe quel impérialisme (l'Afrique, pré carré de l'impérialisme français, sait fort bien de quoi nous parlons !), voire d'une simple "multinationale" monopoliste agissant seule (dans un petit pays).

    Il ne s'agit même pas que le dirigeant visé soit un "anti-impérialiste" ou un réformiste "audacieux", mais simplement gênant, indocile, ingrat ou mauvais payeur... Gênant pour une exploitation totale et sans limites des ressources et de la main d’œuvre...

    Mais les Peuples sont toujours les premières victimes. La tragédie du Honduras, c'est la tragédie de tous les Peuples sur la planète !
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    Bien sûr, "l'on" pourra dire que le Honduras n'est pas la préoccupation première des classes populaires de France... C'est vrai, mais est-ce de notre faute ? Ou bien plutôt, outre que celles-ci ont des préoccupations plus immédiates, de celle de la sous-médiatisation délibérée des évènements ?

    C'est pourquoi nous essayons, de tout notre possible, de relier la situation au Honduras à des situations plus "parlantes" pour les masses prolétaires d'ici. L'Afrique en est un excellent exemple...

    Ce n'est pas par hasard que nous avons publié notre article sur la Côte d'Ivoire en pleine actualité hondurienne. Le parallèle entre les deux situations est saisissant, avec la France dans le rôle de la puissance tutélaire, le président "trouble-fête" (Gbagbo vs Zelaya), les puissances rivales aux aguets (USA et/ou Chine vs UE, Russie et Chine via l'ALBA), l'épouvantail du "despote africain" ("à la Amin Dada") et du "génocide ethnique" vs le spectre du "castro-chavisme", un "soulèvement" (sic) militaire surgi de nulle part, un pays "coupé en deux", et la puissance tutélaire qui intervient en "faiseuse de paix", en "normalisatrice" pour entériner le statu quo - et/ou transformer le gêneur en "reine d'Angleterre", privé de tout pouvoir.

    Simplement, la Côte d'Ivoire, c'était il y a déjà 4 ou 5 ans. On fait avec l'actualité que l'on a, pour montrer le visage hideux de l'impérialisme !

    Mais le peuple, les "maoïstes" mentionnés plus haut s'en foutent comme de l'an 40 : ils n'en parlent même pas. Ils ne sont pas dans le camp du peuple : ce ne sont pas des maoïstes ! Leur camp, c'est plutôt celui de la petite-bourgeoisie gauchiste imbue de sa "science mlm", et de la "bourgeoisie industrielle" (incarnée par Sarkozy) qu'ils ne cessent de caresser dans le sens du poil : la tendance "atlantiste", "occidentaliste" de l'impérialisme français ! Et, finalement, du fascisme qui correspond à cette tendance : l'aile "dure" de l'UMP, les "néo-cons", les milices sionistes, De Villiers voire les Identitaires...


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