• 2000 personnes environ malgré les difficultés de transport etc... Pas si mal, en réalité. C'est par exemple ce qu'avait réuni la grosse manif antifasciste de Lyon en 2010 (et quel pire, plus dangereux fascisme que celui de l'État policier lui-même contre les quartiers et les colonisés intérieurs qui y vivent !!) ; et c'est plus que (hélas pour nous... mais c'est ainsi) la mobilisation pour les langues régionales du 30 novembre.

    Le meilleur retour dessus, sera certainement celui des concernées elles-mêmes : 


    https://blogs.mediapart.fr/collectif-de-defense-des-jeunes-du-mantois/blog/181219/marche-des-mamans-bilan-et-suites

    Marché des Mamans de Mantes-la-Jolie


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  • "L'ordre règne", titre L'Huma...

    Et règne, il faut le dire aussi pour servir encore une fois de leçon (la énième de ce genre...), avec le bienvenu "coup de pouce" du MAS réformiste (le parti d'Evo Morales) qui a passé avec le régime putschiste un "accord de pacification" dans la perspective des élections ; ordonnant au gros de ses troupes de se démobiliser :

    Télécharger « Accord de pacification en Bolivie.pdf »

    Télécharger « L'ordre règne en Bolivie.pdf »


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  • Texte de la LCP (Liga dos Camponeses Pobres, Ligue des Paysans Pauvres, maoïste) pour le 20 novembre, jour de commémoration de la mort du chef "marron" Zumbi en 1695, et des luttes des esclaves noirs au Brésil et de leurs descendants en général :

    VIVE ZUMBI DES PALMARES ! VIVE LE JOUR DE LA RÉSISTANCE DU PEUPLE NOIR !

    La Ligue des Paysans Pauvres salue ce jour du 20 novembre en rendant un vibrant hommage à l'héroïsme du chef de guerre Zumbi des Palmares [https://fr.wikipedia.org/wiki/Palmares_(quilombo)] ; saluant ainsi l'histoire de la résistance des quilombos contre l'esclavagisme, pour une vie libre sans exploitation ni oppression.

    C'est là un jour pour réaffirmer l'exemple de lutte et de résistance donné par le Peuple noir brésilien, qui est le visage même des classes populaires de notre pays et obtiendra un jour sa libération particulière, en tant que groupe ethnique massacré par le système d'exploitation capitaliste, dans le triomphe de la révolution de toutes les masses populaires opprimées dont il fait partie et représente même la majorité.

    Le Brésil est le pays qui a le plus "reçu" d'esclaves africains. Plus de 6 millions d'êtres humains ont été enlevés à leurs nations d'origine sur le continent africain, et déportés dans des conditions d'une indescriptible cruauté par les colonisateurs, torturés quotidiennement et obligés au travail forcé. Durant plus de 300 ans, les Noirs ont été réduits en esclavage dans notre pays. Des générations et encore des générations nées esclaves et vendues comme une quelconque marchandise, des familles entières séparées par la force, dégradées dans leur condition humaine, traitées pire que des animaux.

    Aux côtés des Peuples indigènes originels, les Noirs auront été les premiers travailleurs du Brésil, la première classe sociale opprimée et exploitée qui a bâti de ses mains toute la richesse du système colonial, et dont l'exploitation a permis de développer et consolider le système capitaliste et impérialiste.

    Le Peuple noir constitue le noyau, moteur et principal, des forces de la Révolution brésilienne à venir, en tant que majorité de la classe ouvrière et paysanne. Toute l'histoire de sa lutte pour la libération, au long des siècles, n'étant que le prélude à la lutte que cette gigantesque et puissante masse noire, qui constitue le cœur de l'alliance ouvrière-paysanne, va maintenant déchaîner pour mener la Révolution de Nouvelle Démocratie à son terme. La Révolution est la seule voie pour libérer toutes les classes populaires et en finir définitivement avec cette division de l'humanité entre le Peuple noir et tous les peuples opprimés de notre pays et du monde entier. 

    La lutte pour l'auto-affirmation du Peuple noir et de toute son histoire et sa culture, pour combattre le génocide qui le frappe dans les grandes villes comme dans les campagnes, soulèvera bientôt comme jamais auparavant dans notre histoire, une fureur révolutionnaire organisée et invincible ! La fureur de siècles de ressentiments et de rêves de revanche, écrasés à feu et à sang par la plus brutale répression et aussi, souvent, détournés par l'action de l'opportunisme, les discours d'intellectuels petits-bourgeois divisionnistes, corporatistes et racistes, liés et complémentaires au vieil État bourgeois-latifundiste au service de l'impérialisme.

    La question raciale est historiquement liée à la question sociale, et en particulier à la question agraire, de la propriété de la terre. Terre de laquelle les Peuples indigènes ont été expulsés par l'invasion des colons portugais. Terre de laquelle le travail, la sueur et le sang du Peuple noir réduit en esclavage, a extrait les richesses pour le compte du roi de Portugal et de l'Angleterre. Terre qui, au long des 515 années d'histoire de notre pays, s'est vue pillée et déniée au peuple pauvre ; déniée aux Noirs, notamment, par la fameuse Loi sur la Terre de 1850... toujours en vigueur de nos jours ; pour enfin, être déniée à tous les paysans pauvres !

    C'est ainsi que nous nous trouvons à présent en plein 21e siècle, et la question agraire au Brésil reste absolument intacte...

    Les 13 années de gouvernement du PT de Lula puis Dilma [le texte original date de 2015, nous en avons quelque peu "abrégé" la conclusion dont les longs développements contre le PT alors au pouvoir ne sont (après le coup d’État judiciaro-parlementaire de la droite en 2016 puis l'accession au pouvoir du fasciste ultra, champion de la suprématie peau-claire, Jair Bolsonaro fin 2018) plus d'actualité] n'ont pas mis fin à cette situation de domination semi-coloniale par l'impérialisme ni à cette base semi-féodale du pays.

    L'échec de la réforme agraire promise prouve que le vieil État ne peut ni (en réalité) ne veut détruire le latifundio, de par sa propre essence et nature de classe bourgeoise-latifundiste pro-impérialiste ; et que c'est seulement et uniquement par la voie révolutionnaire que pourra triompher la lutte séculaire du Peuple brésilien pour la terre, l'eau, le pain, la justice et la démocratie nouvelle !

    Vive Zumbi des Palmares, héros du Peuple brésilien !

    À bas le génocide du Peuple noir !

    Vive la Révolution agraire ! Vive la Révolution de Nouvelle Démocratie !!

    20 Novembre, Jour de la Résistance du Peuple noir au Brésil

    20 Novembre, Jour de la Résistance du Peuple noir au Brésil


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  • Une fois de plus, l’impérialisme états-unien plante ses griffes sur un pays de l’Amérique latine. Le 10 novembre, le président bolivien Evo Morales a annoncé sa démission face à une armée et une police réclamant son départ. Il est en exil au Mexique, d’où il déclare vouloir poursuivre la lutte.

    Depuis 2006, la Bolivie avait pris un chemin qui ne plaisait pas aux États-Unis, avec un gouvernement fondé sur une base « indigène et plébéienne » comme le disait le vice-président Alvaro Garcia Linera, qui vient également de démissionner.

    C’est le chemin du progrès et de la souveraineté nationale : nationalisations de certaines ressources stratégiques, meilleurs accès au travail, à la santé, à l’éducation, hausse des salaires, réduction spectaculaire de la pauvreté, etc. Bien sûr, beaucoup restait à faire, pour les indigènes au début de la reconnaissance de leurs droits, pour les paysans en attente d’une véritable réforme agraire.

    Mais les États-Unis ne laisseront pas le temps au peuple bolivien de chercher à poursuivre la voie du progrès : un véritable coup d’État a été déclenché ces derniers jours, interrompant le processus électoral qui n’était pas favorable aux hommes de Washington, et plongeant le pays dans le chaos.

    Le 20 octobre, au premier tour de l’élection présidentielle, et selon un scénario classique, le candidat de la droite Carlos Mesa proclame sa victoire bien avant la fin du dépouillement. Lorsque celui-ci touche à son terme le lendemain et qu’il apparaît que Morales est nettement victorieux (avec plus de 40% des voix et plus de dix points d’écart avec Mesa, comme l’exige la constitution), des troubles éclatent, des mutineries gagnent les casernes de l’armée et de la police, mutineries que le ministre de la Défense déclare refuser de réprimer. Les résultats de l’élection ne sont pas prononcés et Carlos Mesa dénonce un « scrutin frauduleux », appuyé comme d’habitude par les États-Unis et l’Union européenne.

    Face au soulèvement de l’armée et de la police qui gagne tout le pays, Evo Morales et une partie du gouvernement démissionnent le 10 novembre, laissant le pays dans une situation de troubles et d’incertitudes. Trump se félicite immédiatement de cette démission qu’il qualifie de « moment important de démocratie ». La « démocratie » de Trump, on connait son visage : le chaos s’installe, on assiste à un déchaînement de la réaction bolivienne, les couches aisées de la société veulent prendre leur revanche sur les masses pauvres, les indigènes, avec des positions ouvertement racistes.

    Le Collectif Ni Guerres Ni État de Guerre condamne le coup d’État organisé par les États-Unis en Bolivie, il exprime sa solidarité au peuple bolivien qui résiste aux assauts de l’impérialisme qui lui impose violence et chaos, comme au peuple vénézuélien qui résiste lui aussi dans de difficiles conditions, ainsi qu’aux peuples du Chili, de l’Équateur, du Brésil qui se dressent contre les régimes de Pinera, de Moreno et de Bolsonaro.

    Paris, le 12 novembre 2019


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  • 16/11

    L'impérialisme russe soutient volontiers diplomatiquement tout ce qui de près ou de loin fait chier les Occidentaux, tant que c'est en place...

    Mais il n'apportera JAMAIS une aide CONCRÈTE, matérielle, permettant de sauver un régime menacé ou évincé par un coup de force, qu'à des régimes clairement fascistes. Comme il l'a fait en Syrie ; ou en appuyant les tendances les plus réactionnaires dans le Donbass, les aidant par la même à mettre sur la touche les éléments les plus "communisants".

    CQFD...

    https://fr.sputniknews.com/international/la-diplomatie-russe-commente-larrivee-au-pouvoir-de-jeanine-aez-en-bolivie/

    https://www.lefigaro.fr/flash-actu/la-russie-reconnait-de-facto-jeanine-anez-en-tant-que-presidente-par-interim-de-la-bolivie-20191114

    Massacre de paysans en lutte contre le golpe :

    https://www.ledauphine.com/france-monde/2019/11/16/un-vrai-massacre-des-paysans-soutiens-d-evo-morales-tues-par-la-police

    "Malgré le soutien des États-Unis et de l'Union européenne aux putschistes, la mobilisation ne faiblit pas en Bolivie. Le blocus médiatique est total, mais les informations parviennent à tous le monde : le Peuple résiste, tient bon et les putschistes ne tiennent rien..."

    https://www.editoweb.eu/nicolas_maury/m/Anez-racista-el-pueblo-no-te-quiere--la-mobilisation-des-bolivien-ne-s-ne-faiblit-pas_a14625.html

    13/11

    http://ekladata.com/fw91RcKit5cWOJNHZGK51kcC0bw/Bolivie-La-Paz-assiegee.pdf

    12/11


    "Pendant ce temps, en Bolivie, les manifestants pro Evo Morales ont incendié le centre de commandement de la police d’El Alto. La police, elle, réclame le déploiement de l’armée. On va vers la guerre civile..."

    https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=146835993323883&id=100039924484286

    Solidarité du Canada (jeunes liés au PCR et membres de l'ILPS) :

    Encore des nouvelles de #Bolivie - vers la guerre civile ?Encore des nouvelles de #Bolivie - vers la guerre civile ?


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  • Une marche qui bien entendu, vu les appelants, avait plus que ses limites.

    Mais qui marque tout de même, avec quelques 20.000 à 50.000 participants selon les estimations, y compris les plus inattendus en la matière (Lutte Ouvrière, Mélenchon), le possible point de départ d'un espoir de riposte face à ce pilier central de la mobilisation réactionnaire de masse à notre époque ; dans ses manifestations les plus violentes en tout cas ; et fût-ce sur l'air de "ça nous divise / c'est une diversion pour faire oublier les vrais problèmes" (alors que ça va bien au-delà de ça), c'est déjà ça...

    Le signe qu'envers et contre tout, l'antiracisme politique qui est la lutte anti-impérialiste au cœur même des métropoles, marque des points dans sa bataille pour l'hégémonie.

    Une fois n'est pas coutume (c'est dire !), voilà cette marche bien relatée par cet article de l'hebdo... juppéiste Le Point :

    https://www.lepoint.fr/societe/contre-l-islamophobie-une-marche-resolument-politique-10-11-2019-2346364_23.php

    Marche contre l'islamophobie du 10/11

    Tout ceci malgré la campagne de calomnies et de terrorisme intellectuel dont a (évidemment) fait l'objet l'évènement ("CCIF islamiiiiiistes", "les Frères musulmaaaaans" etc. etc.).

    Autre fait non sans importance pour l'internationalisme domestique et "l'alliance des beaufs et des barbares", le Gilet Jaune Jérôme Rodrigues s'y est joint "en tant que citoyen et ami des musulmans" :

    https://oumma.com/jerome-rodrigues-est-venu-a-la-manifestation-contre-lislamophobie-en-tant-que-citoyen-et-ami-des-musulmans

    Initiative globalement saluée, en dépit des attaques habituelles de 4 pauvres cons fachos, sur les groupes de Gilets Jaunes que nous fréquentons...

    Marche contre l'islamophobie du 10/11


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  • Comme nous l'avions hélas évoqué il y a quelques jours, la guerre mondiale non-déclarée en cours vient de connaître un nouveau coup d'accélérateur tragique avec un coup d'État pur et simple, éhonté, en Bolivie contre le président indigène et réformiste Evo Morales, légalement réélu pour un quatrième mandat selon les règles en vigueur en la matière dans ce pays.

    Comme nous l'avons maintes fois dit et répété, Servir le Peuple se revendique du marxisme-léninisme-maoïsme tel que compris et affirmé par Gonzalo et le Parti communiste du Pérou, plus que par d'autres ; mais a, parmi d'autres désaccords mineurs avec celui-ci, celui de l'appréciation (par certains en tout cas) de ce genre d'évènements ; et plus globalement du rapport à ce que l'on appelle communément la bourgeoisie bureaucratique (et qui en Amérique latine, tend à vouloir dire tout simplement la "gauche"... par opposition à la bourgeoisie compradore = la droite).

    [Lire :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/les-etats-bolivariens-notre-position-a114096116

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/sur-le-capitalisme-bureaucratique-des-pays-domines-et-le-pretendu-fasc-a114096444]

    La thèse maoïste, correcte, du capitalisme et de la bourgeoisie bureaucratiques ; ou en d'autres termes, des "révolutionnaires bourgeois (spécifiquement dans le "Tiers Monde" semi-colonial semi-féodal) à l'ère de l'impossibilité des révolutions bourgeoises" ; trouve son origine dans les écrits de Mao Zedong au sujet du Kuomintang de Tchang Kaï-chek, qui s'était violemment retourné contre les communistes et les avait massacrés en 1927. 

    Mais il faut, alors, lire aussi et tenir compte de ce que Mao écrivait au sujet du premier dirigeant fondateur du Kuomintang, Sun Yat-sen, avec lequel les communistes avaient été alliés contre les seigneurs de guerre et l'impérialisme au milieu des années 1920. Or ce qu'il en dit, et qui est très différent, semble largement ignoré dans certaines analyses...

    [Lire par exemple ici : Mao_Tsetoung_La_democratie_nouvelle.pdf]

    Pourtant, il est possible de dire en dernière analyse que tout capitalisme bureaucratique dans le monde depuis lors est un Kuomintang (ou un kémalisme turc) répété indéfiniment, et qui peut avoir un "Sun avant Tchang", ou après, ou pas ; bref, nécessite une "finesse" d'analyse dans laquelle, on l'a également dit et répété, entre non seulement en considération le fait d'être agressé ou déstabilisé par l'impérialisme (position léniniste dite de "l'émir afghan"), mais aussi la question du rapport aux travailleurs, ouvriers et paysans pauvres organisés, aux communistes bien sûr ; et concrètement l'intérêt du prolétariat, non seulement du pays mais mondial.

    Il n'a ainsi jamais été question pour la Chine de Mao et Zhou Enlai de considérer "du pareil au même", en Indonésie, Sukarno ; en fin de compte le Sun Yat-sen local ; et Suharto... son Tchang Kaï-chek, qui a pris le pouvoir lui aussi (1966) dans un effroyable massacre de communistes ; au sein du même "Kuomintang" indonésien qui dirigeait le pays depuis 1945.

    Même Kaypakkaya, qui a dénoncé avec la plus grande virulence le kémalisme au pouvoir dans son pays depuis 1920, n'en considérait pas pour autant qu'il aurait fallu souhaiter sa défaite contre les impérialistes qui occupaient et dépeçaient l'Anatolie après 1918 (mais qu'il devenait réactionnaire et ennemi du peuple seulement après l'issue victorieuse de ce conflit).

    C'est là, nous semble-t-il, une potentielle (du moins) limite, ouvrant à de possibles (et terribles !) déviations gauchistes (en particulier chez les militants des pays impérialistes occidentaux), de la compréhension gonzalo-péruvienne du capitalisme et de la bourgeoisie bureaucratiques ; un éloignement du maoïsme qui doit tout de même avant tout rester, même s'il ne s'y réduit pas, celui de Mao et du Parti communiste chinois sous sa direction.

    Et puis de toute façon, comme dit et répété également, on s'en fout un peu de "Morales et sa clique", qui trouveront certainement refuge dans quelque pays prêt à les accueillir : c'est d'abord et avant tout le PEUPLE, les travailleurs, ouvriers et paysans pauvres, les militant-e-s de libération nationale et sociale qui ont pu y compris critiquer et même affronter la politique réformiste de ce gouvernement, qui seront les premières victimes de l'offensive réactionnaire qui va se déchaîner à présent !

    Considérer systématiquement que ne peuvent dans ce genre d'affaire que s'affronter "deux factions rivales du capitalisme bureaucratique, la bourgeoisie bureaucratique et la compradore", et des impérialismes rivaux ; et que c'est "blanc bonnet bonnet blanc" et "il n'y a pas à choisir" ; ne peut à terme relever que du pire gauchisme réactionnaire comme hier celui du 'p''c''mlm' (subitement devenu un peu plus tard... campiste lorsqu'il a été question, dans les États arabes, de soulèvements populaires avec cette part de légitimité-là, et surtout de péril "islamiiiiiste"... d'ailleurs 8 ans après et sous une énième étiquette, il a visiblement toujours un "problème" à ce niveau-là).

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/honduras-le-visage-nu-de-l-imperialisme-reactionnaire-a114101304

    Récemment cependant, le mouvement "MLM-Gonzalo" international qui s'est en 2012 purgé de ses éléments les plus délétères ('p''c''mlm' justement, et "MPP Sol Rojo" dont il était le porte-voix) a pu exprimer une tendance vers une appréciation correcte et responsable de ce genre d'évènements, lors notamment de la tentative de déstabilisation qui a frappé le Venezuela au début de l'année.

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/declaration-commune-des-maoistes-d-amerique-latine-sur-le-venezuela-a159687424

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/venezuela-encore-un-texte-peruvien-vraiment-tres-proche-pour-le-coup-d-a158483532

    Il faut bien sûr préciser ici que si cette attitude gauchiste réactionnaire n'était l'affaire que de quelques interprétations du MLM version Gonzalo, ce ne serait finalement pas un gros problème... Mais ce n'est malheureusement pas le cas (anarchistes, trotskystes, gauchistes en tout genre, particulièrement en Occident...) ; à côté de l'autre problématique "en miroir" qui est le campisme (soutenir le "Camp du Bien", "anti-impérialiste" envers et contre tout, et en particulier contre le peuple).

    Ici un article (de la presse impérialiste russe, ce qui nous vaudra encore sûrement quelque procès en sorcellerie dont nous n'avons cure...) intéressant comme bon récapitulatif de la situation :

    https://francais.rt.com/international/67771-coup-etat-prise-otages-incendies-que-se-passe-t-il-en-bolivie

    Évidemment et comme il fallait s'en douter, le régime d'ultra-droite de Bolsonaro au Brésil voisin est impliqué :

    http://ekladata.com/bpbATwJ-CmVO-lDiv82qTXCnZzI.jpg

    La publication suivante, trouvée sur Facebook, rappelle avec mérite que si nous pouvons avoir beaucoup à reprocher à Evo Morales et ses 13 années de présidence (dernièrement en date, la livraison de Cesare Battisti à l'Italie de Salvini, et toutes sortes de concessions à l'impérialisme et de répressions ou coups tordus contre les mouvements sociaux réellement révolutionnaires), ce qui compte (hélas) dans le monde où nous vivons, reste ce que l'impérialisme a à lui reprocher :

    "Coup d'État en Bolivie

    Malgré sa victoire aux élections présidentielles du 20 octobre dernier, le président bolivien Evo Morales Ayma, au pouvoir depuis 2006, a annoncé sa démission ce dimanche 10 novembre. Cette décision fait suite à des semaines de violences et de tentatives de déstabilisations de la part de la droite bolivienne, incapable de reconnaitre et d'accepter une nouvelle défaite électorale. 

    Disons le clairement : le président Morales, qui jouit d'une grande popularité dans son pays, a été victime d'un coup d'Etat, dans la plus pure tradition latino-américaine. 

    Pourquoi ce coup d'État ?

    Premièrement, il faut bien avoir en tête que l'oligarchie blanche, une partie des classes moyennes et bien sur les États-Unis n'ont tout simplement jamais digéré et accepté qu'un indigène, leader d'un syndicat de cocaleros (ceux qui se battent pour protéger la culture de la coca, une plante médicinale utilisé par les incas) et qui plus est se réclame d'idées socialistes et anti-impérialiste devienne président de la République. 

    La politique économique et sociale menée par Evo Morales n'a fait que radicaliser ses opposants. En nationalisant les hydrocarbures et les mines (la Bolivie est un grand producteur de gaz mais aussi de minerais indispensables à la fabrication des smartphone, ordinateurs et autres batteries pour voiture électrique), en se lançant dans une réforme agraire, en permettant à tous d'accéder à l'école et à la santé, Evo a provoqué la haine d'une partie de la population horrifié à l'idée de perdre certains privilèges et ce au bénéfice d'une majorité exploité et humilié depuis cinq siécles.

    N'en déplaise à certains pour qui seul l'analyse de classe est juste et valable, force est de constater que dans le cas de la Bolivie, le facteur racial a joué, joue et continuera sans doute à jouer un  rôle fondamental dans l'organisation et la structuration hiérarchique et inégalitaire de la société bolivienne. Dès de le dèbut de la colonisation, les indigènes ont subi un processus de racialisation visant à leur attribuer un statut social bien déterminé au service du colonisalisme et du processus d'accumulation du Capital. 

    Cette racialisation, loin de disparaître avec l'"indépendance" s'est poursuivi voire renforcé, les indigénes étant désormais soumis aux nouveaux colons, de ceux de l'intérieur qui avait chassé les espagnols pour mieux exploiter et humilier les damnés de la terre. 

    C'est ainsi qu'il faut comprendre non seulement la haine mais aussi la morgue, le mépris et le dégout qu'Evo Morales a inspiré au sein de la bourgeoisie et de la classe moyenne blanche du pays. Pour une classe dominante profondément imprégné par la culture blanche et occidentale, voir un paysan indigène accéder aux plus hautes fonctions de l'État revêt un caractère profondément choquant et insupportable. 

    Evo Morales, c'est aussi et sûrtout une nouvelle constitution et un nouvel État, l'État Plurinational de Bolivie. Une constitution qui vise pour la première de l'histoire de la Bolivie à reconnaître les droits inaliénables non seulement des communautés indigènes mais aussi de la Nature, la Pacha Mama (la terre mère).

    Deuxièmement, l'impérialisme états-unien et ses laquais boliviens n'ont jamais accepté le soutien indéfectible d'Evo Morales au Venezuela de Chavez et Maduro ainsi qu'a Cuba. De plus, la diplomatie multilatérale impulsé par Morales visant à se tourner vers la Chine ou la Russie a profondément irrité Washington, ce dernier ayant toujours considéré l'Amérique Latine comme son arrière-cour. 

    Troisiémement, il faut comprendre ce coup de force contre le gouvernement populaire d'Evo Morales dans le contexte géopolitique très particulier que vit l'Amérique Latine actuellement. En effet, après la chute de nombreux gouvernement progressistes et le retour aux affaires d'une droite dure et ultra-libérale dans la région suite notamment à des coups d'État judicaires (Brésil, Paraguay), des défaites électorales (Argentine) et des trahisons (Équateur), les derniers évenements, notamment au Chili et en Équateur ont profondément fragilisé et remis en cause les gouvernements néolibéraux et leurs politiques inégalitaire et brutale. De plus, l'élection l'an dernier d'un gouvernement progressite au Mexique et la récente victoire du candidat péroniste aux élections en Argentine ont radicalement rebattu les cartes géopolitiques en Amérique Latine. 

    Il faut évidemment mentionner la résistance acharnée et héroique du peuple vénézuelien qui lutte pour sa souveraineté et son indépendance face aux coups de buttoirs de l'imperialisme états-unien. Sans oublier la récente libération de l'ex-président brésilien Lula da Silva, bête noire du régime fasciste de Jair Bolsonaro. 

    Voilà une reconfiguration de la scène politique latino-americaine qui n'a pas plus aux va t-en guerre etats-unien qui veulent depuis la doctrine Monroe de 1823 une Amerique Latine soumise et aux ordres des multinationales. Ce coup d'État, lancé avec la bénediction de l'administration Trump vise donc à enrayer la vague progressiste qui recommençait à déferler doucement mais surement sur le sous-continent américain. 

    Depuis le coup d'État, les chancelleries occidentales pourtant toujours si prompt a défendre la démocratie, la liberté, les droits de l'Homme et l'État de droit se sont réfugiés dans un silence complice qui en dit long sur leur hypocrisie et leur cynisme. 

    Où est donc la fameuse "communauté internationale" et qui s'avère plutôt être la "communauté occidentale" face à ce coup d'État brutal contre un président démocratiquement élu ? Qu'en est il de l'Union Européenne qui n'a que le mot démocratie et droits de l'homme dans la bouche? Oú sont nos grands éditorialistes et intelectuels médiatiques, eux qui ont tant horreur de la tyrannie et de la violence ? Considèrent ils comme ont dit certains que ce quatrième mandat brigué par Morales etait celui de trop et qui risquait de pencher vers la dictature ? Si tel est le cas, pourquoi ont ils applaudi la chancelliere Angela Markel qui en est à son quatrième mandat ?

    La vérité, c'est que la démocratie n'est qu'un emblème, un étandard que nos États occidentaux agitent lorsqu'un gouvernement ose tenir tête aux institutions financières internationales, aux multinationales et à l'impérialisme occidental. Tant qu'un régime se soumet et laisse l'Occident piller son pays, alors il peut torturer, embastiller, assassiner comme bon lui semble. Les dictateurs saoudiens, égyptiens ne s'en privent pas. 

    De nouveau, cet énième coup d'État contre un gouvernement progressiste en Amerique Latine nous rappelle une chose cruciale : les bourgeoisies n'accepteront toujours le jeu démocratique si et seulement si leurs intérêts et leurs privilèges ne sont pas menacés. Du moment oú ces derniers se sentent en danger, ils n'hésiteront jamais à recourir  à la violence ls plus barbare. C'est malheureusement l'histoire tragique de l'Amérique depuis au moins un siècle. 

    Un continent, celui des veines ouvertes pour reprendre le titre du chef d'œuvre d'Eduardo Galeano, un continent où est né la modernité blanche et capitaliste, un continent soumis tour à tour aux colonialismes portugais, espagnols, français, hollandais puis aux imperialismes britanniques et enfin etats-uniens. Un continent pillé, des peuples exploités, humiliés, brutalisés, massacrés, génocidés... Mais un continent toujours digne, faisant d'extraordinaire résilience et d'un courage exemplaire. Des peuples dignes, en lutte permanente.

    Un continent une nouvelle fois attaqué par une une oligarchie et un imperialisme revanchard et qui doit aujourd'hui compter sur une indéféctible solidarité internationale." 

    Aux dernières nouvelles, terrifiantes, rapportées par un site brésilien trotskyste :

    "C'est bien pire que ce qu'ils disent aux infos. Ils traquent les indigènes, les représentants du peuple et les journalistes, ils mettent le feu à leurs maisons. Ce coup d'État a un caractère militaire, religieux et raciste. Je viens de parler à un compagnon à El Alto, une radio locale, qui est en cours de poursuite en ce moment. Il se prépare un massacre en Bolivie. Les escrocs sont entrés dans le palais présidentiel avec une croix et ont arraché une image de Pachamama, en haine de la Mère Terre. Les évangélistes radicaux, dont le leader est impliqué dans des entreprises off shore (scandale Panama Papers), ont joué un rôle majeur dans ce coup d'État. Toute solidarité au peuple bolivien !"

    Ou encore, cette "brève" que nous ferions presque, en la circonstance, volontiers nôtre :

    "Morales aurait dû faire comme Chavez, s'assurer avec les limogeages qu'il faut d'une armée acquise, doublée de milices populaires, et là il aurait fait tirer dans le tas pour éradiquer ces poux fascistes, qui sucent le sang du peuple de Kollasuyu depuis 500 ans."

    Signe des temps, et des implications réelles de ce qui est en train de se passer :

    https://www.nouvelobs.com/monde/20191112.OBS20984/en-bolivie-le-wiphala-drapeau-des-indigenes-est-attaque-apres-le-depart-d-evo-morales.html

    Après le départ d’Evo Morales, le « wiphala », le deuxième drapeau officiel de Bolivie, est décroché, brulé, découpé. Choqués par ces attaques, de nombreux Boliviens y voient des actes racistes ou le signe d’un coup d’État.

    (...) Au palais présidentiel, des groupes ont décroché et brulé le « wiphala », drapeau devenu l’emblème de l’État plurinational et deuxième drapeau officiel de Bolivie depuis 2009.  Sur les réseaux sociaux, des policiers ont découpé le « wiphala » de leur uniforme, comme le montre la vidéo ci-dessous.

    Alors qu’Evo Morales était le premier président indigène du pays, de nombreux Boliviens ont été choqués par ces attaques contre le « wiphala ». Ils y voient un geste raciste mais aussi le signe d’un coup d’État dans un pays qui s’enfonce dans la crise depuis des semaines. (...)

    Si l'on veut vraiment critiquer Morales et montrer sa part de responsabilité dans son sort, allons-y, par exemple :

    "Une politique de concessions fatale

    Il faut comprendre comment on en est arrivé là. Lors des élections de 2014, Morales avait réuni 63 % des voix ; le 20 octobre dernier, il en a réuni 47 %. Soyons clairs : l’érosion de sa base dans la classe ouvrière et la paysannerie est le résultat d’une politique de collaboration de classe et de concessions aux capitalistes, aux multinationales et aux grands propriétaires terriens.

    Donnons quelques exemples. Morales avait passé un accord avec les capitalistes de l’agro-business de Santa Cruz, leur faisant toutes sortes de concessions : levée de l’interdiction des OGM, autorisation de poursuivre la déforestation, accords avec la Chine sur l’exportation de viandes, etc. Morales était tellement sûr de son fait que lors d’un meeting de campagne à Santa Cruz, il a félicité « les businessmen de Santa Cruz (…), qui proposent toujours des solutions pour toute la Bolivie », et s’est aussi félicité de l’accord avec la Chine sur l’exportation de viandes, de soja et de quinoa.

    A Potosí, la mobilisation de masse contre Morales n’avait pas la même composition sociale que le mouvement réactionnaire de Santa Cruz. Elle était plus populaire. Et il y a des raisons à cela. Une mine de lithium de la région a été cédée par le gouvernement à une multinationale allemande, ACI Systems, et ce pour 70 ans. ACI Systems a pris le contrôle des organes dirigeants de l’entreprise. Beaucoup de travailleurs de Potosí étaient en colère contre le gouvernement, qui se déclare « anti-impérialiste », mais cède les ressources naturelles du pays à des multinationales étrangères – sans grand bénéfice pour la population locale. Bien avant les élections du 20 octobre, l’opposition à ce contrat avait suscité des mobilisations anti-gouvernementales massives. Le 9 novembre, acculé, Morales a annoncé l’annulation du contrat. Mais c’était trop peu, trop tard.

    Comme si cela ne suffisait pas, Morales a accordé l’investiture au poste de Sénateur de Potosí à Orlando Careaga, grand propriétaire minier et ancien politicien de droite. Il avait fait partie du gouvernement de droite renversé par un mouvement révolutionnaire des paysans et des travailleurs, en 2003. Son investiture a suscité la colère des militants du MAS et d’autres mouvements sociaux, au niveau local.

    À Chuquisaca, la candidate du MAS, Martha Noya Laguna, était aussi une ancienne politicienne de droite. Tout ceci a contribué à miner la base sociale du MAS, tout en alimentant contre lui un mouvement de masse – et ce dans des départements qui, par le passé, soutenaient fermement Morales."

    Mais une fois qu'on a dit cela (que l'on a, de toute façon, déjà dit et répété depuis des années)... concrètement, qu'est-ce que cela change ?

    Le mal est fait, Morales est tombé et l'ultra-droite est au pouvoir... La seul chose utile que nous pouvons faire à présent, est d'apporter tout le soutien internationaliste en notre capacité au Peuple travailleur ouvrier et paysan bolivien, dans sa résistance au coup d’État fasciste qui d'ores et déjà s'organise :

    https://www.revolutionpermanente.fr/VIDEO-Bolivie-Les-communautes-paysannes-commencent-a-entourer-la-capitale-contre-le-coup-d-Etat

    https://desinformemonos.org/las-juntas-vecinales-de-el-alto-le-declaran-la-guerra-al-golpe-de-estado-en-bolivia/ (en castillan... en gros - résumé - : les "comités populaires" d'El Alto, grande banlieue populaire indigène d'un million d'habitants au dessus de la capitale La Paz, commencent à s'organiser et riposter, bloquant les routes qui mènent notamment à l'aéroport, attaquant et brûlant les entreprises appartenant à des figures de l'opposition, etc.) 

    [La question mérite d'être posée, d'ailleurs, de savoir si l'on verra face à ces événements autant d'internationalistes aller combattre ces hordes fascistes les armes à la main, qu'en Syrie pour casser du "barbu" sous parapluie aérien de l'OTAN... ou même qu'au Donbass pour défendre des Blancs d'autres Blancs.]

    #Bolivie #Coupd'Etat !!


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  • La mobilisation prend forme et se développe, en ce moment même, contre l'islamophobie ; qui comme on le sait (et comme nous, Servir le Peuple, le répétons depuis 10 ans), est un axe central de la mobilisation réactionnaire de masse du "néolibéralisme sécuritaire (et d'intervention impérialiste effrénée à l'extérieur)" autrement nommé Fascisme Moderne ; et qui d'évènement en évènement, des propos de Zemmour à la "Convention de la Droite" en même temps qu'il obtenait micro ouvert sur la principale chaîne d'information nationale, jusqu'à la dernière polémique avec une maman accompagnatrice de sortie scolaire, voilée, et un élu RN de Bourgogne suivie des propos de Jean-Michel Blanquer, de la proposition par Le Pen d'une interdiction du foulard dans l'espace public et de l'adoption par le Sénat d'une proposition d'interdiction pour les accompagnatrices de sorties scolaires, en passant par l'appel de Castaner à traquer les "premiers signes de radicalisation" etc. etc. ; montre une dynamique de fuite en avant qui commence inévitablement à déboucher (sachant qu'à l'extérieur, c'est déjà par millions que se comptent les victimes des guerres impérialistes...) sur des actes de violence, comme l'attaque du militant d'extrême-droite Claude Sinké contre la mosquée de Bayonne. 

    La parole aux "premiers concernés" :

    Résister à la radicalisation de l’islamophobie d’État

    Intervention du PIR au rassemblement contre l’islamophobie, en soutien à Fatima E. et son enfant ainsi qu’à l’ensemble de la communauté musulmane, le Samedi 19 octobre place de la République à Paris.

    http://indigenes-republique.fr/resister-a-la-radicalisation-de-lislamophobie-detat/

    L’islamophobie d’Etat se radicalise et se déploie chaque jour un peu plus, à l’intérieur et l’extérieur du territoire français.

    Aujourd’hui se renforce l’offensive raciste permettant d’attaquer impunément une femme portant le hijab, dans un conseil régional comme dans l’espace public en général. Aujourd’hui, des signes de la pratique la plus élémentaire de la religion musulmane sont considérés comme des « signaux faibles » de la longue chaîne de la « radicalisation », spectre conceptuel aux contours mouvants permettant de lier dans les esprits et dans les lois l’ensemble des musulmans à la figure de l’Ennemi Intérieur et Extérieur.

    Si certains d’entre nous ont pu légitimement, au début de la séquence ouverte avec les attentats de 2015, appeler au refus des « amalgames », les derniers développements de la politique antiterroriste révèlent, pour ceux qui en doutaient encore, sa fonction première : combattre l’existence et l’organisation autonome des musulmans à l’intérieur, et la résistance des peuples du Sud à l’extérieur. On veut confisquer aux musulmans la signification de leur propre religion comme on veut confisquer aux peuples du Tiers-Monde la souveraineté sur la définition de leur devenir politique et social.

    À l’intérieur, depuis la loi du 15 mars 2004 interdisant le port du hijab dans les écoles, les collèges et les lycées jusqu’aux dernières déclarations ministérielles sur la nécessité de dispositifs de signalement automatique des « signaux faibles de radicalisation », tous les dispositifs mis en place par le pouvoir au nom de la lutte pour « la laïcité » ou contre « l’islamisme » n’ont eu qu’un seul objet : contrôler les musulmans et combattre l’expression sociale et politique de l’Islam sur le territoire français.

    À l’extérieur, au nom de la « lutte contre le terrorisme », on met des régions entières sous les bombes, on édifie des frontières et des barbelés, et on nourrit les causes dont on prétend combattre les conséquences. Le récit de cette lutte qui nourrit sa propre nécessité trouve des émules chez de nombreux régimes à travers le globe, qui se font les complices de cette lutte contre les peuples du Sud.

    On veut réduire les musulmans à devoir éternellement condamner des attentats dont ils ne sont pas responsables, à devoir se taire quand on agresse des imams, quand on criminalise leurs frères et leurs sœurs, leurs maris et leurs femmes, quand on ferme des mosquées, quand on discrimine et malmène leurs enfants, quand on tente de vider l’Islam de son sens et de ses traditions. Les indigènes et les musulmans sont plus que jamais dans ce pays comme en sursis, toujours sommés de donner plus de gages, d’abaisser encore plus le ton face à l’injustice flagrante qui leur est faite, et la discrimination qui leur est imposée dans l’emploi, dans le logement, et dans la pratique de leur religion.

    Ces injustices, ces crimes et ces vies brisées par l’aggravation impitoyable de l’islamophobie d’État sont la seule cause du feu que nos gouvernants prétendent combattre. Cette radicalisation de l’État colonial à notre encontre est le reflet de l’ébranlement de son pouvoir face aux forces qui, du Nord au Sud, des luttes contre l’islamophobie et les crimes policiers aux soulèvements des peuples du Tiers-Monde, font reculer la suprématie impériale occidentale. 

    Nous appelons au démantèlement de tous les dispositifs législatifs et réglementaires réprimant la pratique et l’expression de l’Islam en France. Nous appelons au rejet de toutes les initiatives des pouvoirs publics français visant à réformer l’Islam. Cette société de « vigilance » qu’on nous annonce vise tous les indigènes, et tous ceux qui prétendront résister à l’avancée de l’autoritarisme libéral. Nous appelons au rassemblement de toutes les forces politiques et sociales en lutte contre cet ordre racial impérial libéral aux abois qui, des pays dévastés par les bombes occidentales aux populations issues de l’immigration post coloniale, en passant par le cimetière de la Méditerranée, tue chaque jours nos frères et nos peuples.

    PIR

     

    Et puis autre évènement important très prochainement, date à retenir, sachant que là aussi c'est du combat contre le colonialisme intérieur qu'il est question :

    https://www.facebook.com/events/379550276323759/

    Soutien du Collectif rhonalpin de Solidarité avec les Peuples, à la Marche pour la Justice et la Dignité des Mamans du Mantois le 8 décembre prochain

    DIM., 8 DÉC. À 14:00
     

    151.

    Ils étaient 151 enfants, agenouillés et mains sur la tête pendant plusieurs heures, victimes d'une violence policière inouïe, ce 6 décembre 2018 à Mante-la-Jolie. 

    Nous sommes aujourd'hui 151.

    151 mamans, femmes de Mantes-la-Jolie et du Mantois signent cet appel pour une marche de la justice et de la dignité le 8 décembre prochain à Paris au départ de Barbés. 151 mamans et femmes qui se dressent contre l'arbitraire policier et pour l'amour de leurs enfants.


    3 commentaires

  • Il y a 30 ans, la Chute du Mur bientôt suivie de la réunification allemande, puis de la dissolution de l'URSS, donnait naissance au monde que nous connaissons actuellement : le monde post-Guerre froide de la "Fin de l'Histoire", du néolibéralisme triomphant de contre-révolution préventive sécuritaire... en un mot, du Fascisme Moderne.

    Retour sur ces événements qui, survenus d'abord dans l'euphorie du triomphe de la "liberté", allaient bientôt se révéler une tragédie.


    Allemagne de l’Est, histoire d’une annexion

    monde-diplomatique.fr/2019/11/KNAEBEL/60911

    Mythe fondateur de l’Union européenne, l’année 1989 est pourtant un symbole équivoque. Ainsi, en Allemagne de l’Est, l’accès aux libertés politiques et à la consommation de masse fut payé au prix fort — celui d’un effondrement social et d’une prédation économique souvent ignorés à l’Ouest.

    par Rachel Knaebel & Pierre Rimbert     

    L’exultation, la liberté, un violoncelliste virtuose jouant au pied d’un mur ébréché, d’autres possibles, la promesse de « paysages florissants (1)  » : la geste du 9 novembre 1989 se chante d’ordinaire sur l’air de l’Hymne à la joie. Mais, depuis quelques mois, la discordance entre le grand récit de la « réunification » et la violence qui suivit cette révolution dite pacifique apparaît au grand jour. Avec les scores supérieurs à 20 % obtenus cette année par le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) dans plusieurs Länder de l’ancienne République démocratique allemande (RDA), les sondages où « 58 % des Allemands de l’Est ont le sentiment de n’être pas mieux protégés de l’arbitraire étatique qu’en RDA » (Die Zeit, 3 octobre 2019), le succès d’ouvrages qui dévoilent les années 1990 du point de vue des « perdants », la commémoration de la chute du Mur prend une tonalité moins triomphale que les précédentes. Quelque chose cloche dans la belle histoire d’une généreuse Allemagne de l’Ouest offrant à son voisin ruiné par quatre décennies de dictature communiste le deutschemark et la démocratie.

    À l’automne 1989, la population de la RDA écrit sa propre histoire. Sans concours extérieur, les manifestations de masse à Berlin, Leipzig, Dresde destituent l’État-parti dirigé par le Parti socialiste unifié (SED), sa police politique, ses médias aux ordres. Dans les semaines qui suivent la chute du Mur, l’écrasante majorité des opposants au régime aspire non pas à l’unification, mais à une RDA démocratique — à 71 %, selon un sondage du Spiegel (17 décembre 1989). Les propos d’un pasteur lors du rassemblement monstre du 4 novembre 1989 sur l’Alexanderplatz à Berlin traduisent cet état d’esprit : « Nous autres Allemands avons une responsabilité devant l’histoire, celle de montrer qu’un vrai socialisme est possible (2).  »

    Même tonalité dans l’appel « Pour notre pays » lancé le 26 novembre et présenté à la télévision nationale par l’écrivaine Christa Wolf. « Nous avons encore la possibilité de développer une alternative socialiste à la RFA [République fédérale d’Allemagne]  », affirme ce texte qui recueillera 1,2 million de signatures — sur 16,6 millions d’habitants. Réunis au sein de la Table ronde, créée le 7 décembre sur le modèle polonais et hongrois pour « préserver l’indépendance » du pays et rédiger une Constitution, mouvements d’opposition et partis traditionnels esquissent les contours d’un socialisme démocratique et écologique. L’irruption des forces politiques ouest-allemandes neutralise bientôt cette mobilisation.

    Un temps sidérés par les événements, les dirigeants de Bonn — alors capitale de la RFA — se lancent à la conquête électorale du pays voisin. Leur ingérence dans le scrutin législatif du 18 mars 1990, le premier soustrait à l’influence de l’État-parti et de Moscou, est telle qu’Egon Bahr, ancien ministre social-démocrate et artisan dans les années 1970 du rapprochement entre les deux Allemagnes, parle des « élections les plus sales [qu’il ait] observées dans [sa] vie (3)  ». Fort du soutien des États-Unis et de la passivité d’une URSS affaiblie, la République fédérale dirigée par le chancelier conservateur Helmut Kohl procède en quelques mois à un spectaculaire coup de force : l’annexion d’un État souverain, la liquidation intégrale de son économie et de ses institutions, la transplantation d’un régime de capitalisme libéral.

    Pourtant, quatre décennies après la fondation de la RDA, en 1949, la population avait forgé une identité spécifique, marquée, d’un côté, par les conquêtes socialistes en matière de travail, de solidarité, de santé, d’éducation, de culture et, de l’autre, par une hostilité craintive envers l’État-parti autoritaire, par un repli sur la sphère privée et par un attrait pour l’Ouest. Les architectes de la « réunification » s’aviseront un peu tard qu’on ne dissout pas un peuple comme on ferme un combinat.

    Pour comprendre la malfaçon de l’histoire officielle, à laquelle nul ou presque ne croit à l’Est, il faut se débarrasser du mot même qui la résume : il n’y a jamais eu de « réunification ». À cet égard, M. Wolfgang Schäuble, ministre de l’intérieur de la RFA chargé des négociations du traité d’unification, tient à la délégation est-allemande, au printemps 1990, des propos sans ambiguïté : « Chers amis, il s’agit d’une entrée de la RDA dans la République fédérale, et pas du contraire. (…) Ce qui se déroule ici n’est pas l’unification de deux États égaux (4).  » Plutôt que de faire voter aux deux peuples allemands rassemblés une nouvelle Constitution, conformément à la Loi fondamentale de la RFA (article 146) et au souhait des mouvements civiques, Bonn impose l’annexion pure et simple de son voisin, en vertu d’une obscure disposition utilisée en 1957 pour rattacher la Sarre à la République fédérale. Signé le 31 août 1990 et entré en vigueur le 3 octobre suivant, le traité d’unification étend simplement la Loi fondamentale ouest-allemande à cinq nouveaux Länder créés pour l’occasion, effaçant d’un trait de plume un pays, dont on ne retiendra plus désormais que l’inflexible dictature policière, le kitsch vestimentaire et la Trabant.

    Une union monétaire accélérée

    Deux forces inégales s’opposent alors. Les Allemands de l’Est désirent les libertés politiques et la prospérité, mais sans renoncer aux caractéristiques de leur société. Pour Bonn, explique l’universitaire italien Vladimiro Giacché, auteur d’une éclairante étude intitulée Le Second Anschluss, « la priorité est la liquidation absolue de la RDA (5) ».

    La première étape consiste à remplir simultanément les urnes et les porte-monnaie, deux objets passablement négligés par l’État-SED. Quand Kohl propose, le 6 février 1990, d’étendre à l’Est le deutschemark de l’Ouest, il poursuit plusieurs objectifs. Il entend d’abord arrimer fermement la RDA à l’Ouest au cas où le très accommodant Mikhaïl Gorbatchev serait renversé à Moscou. Mais il s’agit surtout de remporter les élections législatives prévues en RDA le 18 mars. Or les sondages créditent le Parti social-démocrate (SPD), fraîchement créé, d’une large avance sur l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de l’Est, qui participe depuis des décennies au gouvernement dominé par les communistes. La solution d’une « intégration immédiate de l’économie de la RDA dans l’aire économique et monétaire du deutschemark (6)  » concilie les deux exigences. Inspirée notamment par le spécialiste des questions monétaires Thilo Sarrazin — qui deviendra célèbre vingt ans plus tard avec son livre xénophobe L’Allemagne disparaît —, elle émerge en janvier 1990 au ministère des finances à Bonn. Jusque-là sceptique, le chancelier Kohl adopte début février l’idée d’une union monétaire immédiate, sans tenir le moindre compte de l’opposition du président de la Bundesbank — théoriquement indépendante —, qui mangera son chapeau.

    Vis-à-vis du public, cette perspective agit comme un formidable accélérateur de campagne. Le mark de l’Ouest valant à ce moment 4,4 marks de l’Est, la promesse d’un échange immédiat au taux de un pour un enthousiasme les habitants de l’Est, familiers des pénuries. Et installe le thème de l’unification des deux États au cœur de la campagne. La CDU et ses alliés refont leur retard et remportent le scrutin avec plus de 48 % des suffrages, contre 21 % pour le SPD et 16 % pour le Parti du socialisme démocratique (PDS, issu du SED). Mais derrière l’« acte de générosité politique de la République fédérale allemande » loué par M. Lothar de Maizière, chef de la CDU de l’Est et grand vainqueur des élections, se cache une décision politique : celle d’« assurer, au moyen du mark, l’annexion rapide de la RDA à la RFA », comme l’observera Mme Christa Luft, ministre de l’économie du 18 novembre 1989 au 18 mars 1990 (7).

    Le choix de la démolition sociale

    Avec la monnaie, c’est l’ensemble de l’économie de marché qui se trouve d’un coup transplantée en RDA. « On ne pouvait donner le deutschemark qu’en échange d’une transformation complète du système économique », se souvient M. Sarrazin. Les termes du traité signé le 18 mai entérinent un changement de régime. « L’union économique repose sur l’économie sociale de marché en tant qu’ordre économique commun des deux parties contractantes. Ce dernier est déterminé en particulier par la propriété privée, la concurrence, la liberté des prix ainsi que par la libre circulation fondamentale de la main-d’œuvre, des capitaux, des biens et des services » (article premier). Dès lors qu’elles contredisent le libéralisme politique, le libre-échange ainsi que « la propriété des investisseurs privés sur les terres et les moyens de production », « les dispositions de la Constitution de la République démocratique allemande sur les fondements jusque-là socialistes de la société et de l’État ne seront plus appliquées » (article 2).

    Peu après la mise en œuvre du traité, le 1er juillet 1990, et la ruée vers les banques qui s’ensuit, les Allemands de l’Est déchantent. Tandis que les consommateurs se tournent frénétiquement vers les marchandises de l’Ouest, les prix réels des biens et des services produits à l’Est bondissent de 300 à 400 %, et les entreprises perdent d’un coup toute compétitivité. Les voici privées non seulement du marché intérieur, capté par les groupes occidentaux, mais également de leurs clients de l’Est, notamment l’URSS, qui absorbent alors 60 à 80 % des exportations est-allemandes. De l’aveu même de l’ex-président de la Bundesbank Karl Otto Pöhl, le pays avale alors « un remède de cheval qu’aucune économie ne serait en mesure de supporter (8)  ». Convaincus comme le médecin de Molière des vertus de la saignée, les négociateurs de Bonn refusent toute contre-mesure de soutien (alignement progressif du taux de change, subvention de la production à l’Est, surtaxe des produits de l’Ouest).

    En une nuit, la RDA accomplit la libéralisation économique que l’Allemagne occidentale avait menée après-guerre en une décennie. En juillet, la production industrielle chute de 43,7 % par rapport à l’année précédente, de 51,9 % en août et de près de 70 % fin 1991, tandis que le nombre officiel de chômeurs grimpera d’à peine 7 500 en janvier 1990 à 1,4 million en janvier 1992 — plus du double en comptant les travailleurs au chômage technique, en reconversion ou en préretraite. Aucun pays d’Europe centrale et de l’Est sorti de l’orbite soviétique ne réalisera plus mauvaise performance…

    Le choix de la démolition sociale fut délibéré : des dizaines de rapports en avaient détaillé les conséquences. « Plutôt parvenir à l’unité avec une économie ruinée que demeurer plus longtemps dans le bloc soviétique avec une économie à moitié ruinée », estimait le théologien social-démocrate Richard Schröder (9). C’est peu dire que sa prière fut exaucée. Dans l’esprit des Ossis — les habitants de l’Est, l’ange exterminateur porte un nom : la Treuhand, abrégé de Treuhandanstalt, ou « agence fiduciaire ». Créée le 1er mars 1990, elle sera l’outil de conversion de l’ex-RDA au capitalisme. La Treuhand s’acquitte de sa mission en privatisant ou en liquidant la quasi-totalité du « patrimoine du peuple » — nom donné aux entreprises et aux biens d’État dont elle reçoit la propriété le 1er juillet 1990. À la tête de 8 000 combinats et sociétés, avec leurs 32 000 établissements — des aciéries aux colonies de vacances en passant par les épiceries et les cinémas de quartier —, d’une surface foncière représentant 57 % de la RDA, d’un empire immobilier, cette institution devenue en une nuit le plus grand conglomérat du monde préside aux destinées de 4,1 millions de salariés (45 % des actifs). À sa dissolution, le 31 décembre 1994, elle a privatisé ou liquidé l’essentiel de son portefeuille et peut s’enorgueillir d’un bilan sans équivalent dans l’histoire économique contemporaine : une ex-RDA désindustrialisée, 2,5 millions d’emplois détruits, des pertes évaluées à 256 milliards de marks pour un actif net initial estimé par son propre président, en octobre 1990, à 600 milliards (10) !

    Ce prodige du libéralisme représente pour Mme Luft, dernière ministre de l’économie de la RDA, « la plus grande destruction de capital productif en temps de paix (11) ». Les chercheurs Wolfgang Dümcke et Fritz Vilmar y voient de leur côté un temps fort de la colonisation structurelle subie par la RDA (12) : investisseurs et entreprises ouest-allemandes ont racheté 85 % des sites de production est-allemands ; les Allemands de l’Est, 6 % seulement.

    Il y a 30 ans, la chute du Mur de Berlin

    L’idée d’une guerre-éclair contre l’économie planifiée du voisin remonte aux années 1950. Auteur en 2018 d’une somme sur la Treuhand, l’historien Markus Böick attribue à Ludwig Erhard, ministre de l’économie de l’après-guerre et gardien du temple ordolibéral, la paternité intellectuelle de cette étrange créature bureaucratique. Dans son essai prospectif sur les « problèmes économiques de la réunification », paru en 1953, Erhard plaidait pour une union monétaire rapide et livrait, écrit Böick, le « modèle, qui n’était pas du tout sans alternatives, d’une “thérapie de choc” (13) ».

    Ironie de l’histoire, la Treuhand créée en mars 1990 ne vise initialement pas à privatiser l’économie. Imaginée dans les cercles dissidents et les mouvements civiques, cette « société fiduciaire pour la préservation des droits des citoyens est-allemands sur le patrimoine du peuple de RDA » devait redistribuer les parts des entreprises d’État à la population. Le syndicat IG Metall proposait de son côté d’en transmettre la propriété directement aux salariés. Mais le triomphe des conservateurs aux élections est-allemandes du 18 mars rebat les cartes. Deux semaines avant l’entrée en vigueur de l’union monétaire, le 1er juillet, la Volkskammer — le Parlement est-allemand — adopte dans l’urgence une « loi pour la privatisation et l’organisation du patrimoine du peuple ». Ainsi s’achève la recherche d’un compromis entre socialisme et capitalisme, qui animait depuis la chute du Mur la pensée économique réformiste en RDA. La « thérapie de choc » pensée un demi-siècle plus tôt s’impose.

    Mise sur pied en quelques semaines, la Treuhand entame ses travaux dans l’improvisation. En l’absence de réseau téléphonique commun aux deux Allemagnes, ses employés de Berlin-Est se rendent à heure fixe dans les cabines téléphoniques de Berlin-Ouest pour échanger avec leurs interlocuteurs occidentaux (14). Ce côté artisanal n’empêche pas qu’accoure au chevet de l’organisme tout ce que la RFA compte de professionnels de la restructuration d’entreprises. Son premier président, M. Reiner Maria Gohlke, ex-directeur général d’IBM, cède la place en août 1990 à Detlev Karsten Rohwedder, président du groupe métallurgique Hoesch. La présidence du conseil de surveillance échoit à M. Jens Odewald, proche du chancelier Kohl et président d’une chaîne de grands magasins ouest-allemands, Kaufhof, qui acquerra les juteux commerces de l’Alexanderplatz. Dès l’été 1990, Bonn supervise les opérations : le ministère des finances installe auprès de la présidence de la Treuhand un cabinet peuplé de cadres issus de sociétés de conseil comme KPMG, McKinsey, Roland Berger, qui évalueront sans critères précis les entreprises vouées au redressement, à la privatisation sans délai ou à la liquidation (15).

    Des entreprises dépecées

    Une série de décisions absurdes ainsi que la collusion entre la Treuhand, le gouvernement conservateur et le patronat ouest-allemand ont nourri la conviction — jamais démentie — que la Treuhand avait d’abord agi pour éliminer du marché toute concurrence susceptible de faire baisser les marges des groupes ouest-allemands. Asphyxiée et peu performante, l’économie est-allemande comptait tout de même quelques fleurons. Le 2 octobre 1990, la veille de la réunification, la direction de la Treuhand décide par exemple de fermer l’usine de fabrication d’appareils photographiques Pentacon, à Dresde, qui emploie 5 700 personnes et exporte son modèle Praktica vers de nombreux pays de l’Ouest.

    En matière d’écologie, l’une des rares réalisations de la RDA se nomme Sero, la société nationale de recyclage et de réutilisation des matériaux. Lorsque les communes demandent sa métamorphose en un réseau d’entreprises municipales, la Treuhand refuse, privilégiant une vente à la découpe au profit de groupes de l’Ouest. L’acharnement de l’agence à détruire la compagnie aérienne Interflug, largement bénéficiaire, pour transférer gratuitement les droits d’exploitation de ses lignes et l’usage de son aéroport au concurrent ouest-allemand Lufthansa relève de la caricature. Dans le village minier de Bischofferode, en Thuringe, il sera désormais difficile de vendre aux habitants le principe de la concurrence libre et non faussée. En 1990, la Treuhand réunit en une seule entité toutes les mines de potasse et les cède au concurrent de l’Ouest, l’entreprise K + S, laquelle décide aussitôt d’arrêter leur activité. « Bischofferode est un exemple d’entreprise compétitive fermée en raison de la concurrence ouest-allemande, nous explique M. Dietmar Barstsch, député du parti de gauche Die Linke. Il fallait montrer que la RDA était finie, qu’il n’y avait rien en elle de valable. »

    Aux suppressions d’emplois par centaines de milliers répondent les protestations. En mars 1991, les 20 000 ouvrières du textile de Chemnitz (Saxe) menacées de licenciement, les 25 000 travailleurs de la chimie qui occupent leurs usines en Saxe-Anhalt, les 60 000 personnes qui manifestent à l’appel d’IG Metall, mais aussi des Églises évangéliques et d’anciens opposants ne luttent plus pour la liberté politique, mais contre le libéralisme économique. Le 30 mars, un groupe incendie un bureau de l’agence berlinoise de la Treuhand ; le lendemain, le directeur de l’institution, Rohwedder, est abattu. Recrutée par le cabinet Roland Berger, Mme Birgit Breuel, membre de la CDU et fanatique des privatisations, le remplace aussitôt.

    Magouilleurs du dimanche, charlatans et escrocs en bande organisée comprennent vite que la Treuhand fonctionne comme un distributeur d’argent public ouvert à quiconque prétend racheter l’un de ses actifs. Comme l’organisme néglige de vérifier le casier judiciaire et les références de ses clients, les scandales se multiplient : détournement de subventions dans le cadre de la vente de la raffinerie de Leuna à Elf-Aquitaine en 1991 ; cadres corrompus découverts en 1993 à l’agence de Halle ; siphonnage de centaines de millions de marks accordés à l’ouest-allemand Bremer Vulkan pour redresser les chantiers navals de Rostock et Wismar — 15 000 licenciements à la clé. Les malversations se succèdent à un rythme si soutenu qu’un terme spécifique apparaît : « criminalité de l’unification » (Vereinigungskriminalität). En 1998, une commission parlementaire situe leur montant entre 3 et 6 milliards de marks (16), auxquels on serait tenté d’ajouter les émoluments somptueux des liquidateurs (44 000 marks de prime par privatisation, 88 000 en cas de dépassement d’objectif), ainsi que le coût exorbitant des consultants : en quatre ans d’activité, les collaborateurs externes de la Treuhand ont englouti 1,3 milliard de marks, dont 460 millions en conseils pour la seule année 1992 (17).

    « Ce que nous ratons aujourd’hui va nous poursuivre pendant les vingt, trente prochaines années », avait admis en juillet 1990 le directeur de la Treuhand (18). Dans la petite ville de Großdubrau, en Saxe, la liquidation de l’usine de céramique, recommandée par le cabinet d’audit KPMG malgré la candidature de repreneurs sérieux, demeure dans toutes les mémoires. Aux élections régionales du 1er septembre 2019, plus de 45 % des électeurs ont voté pour l’AfD. Mme Petra Köpping, ministre sociale-démocrate de l’égalité et de l’intégration du Land de Saxe (lire « Un mur peut en cacher un autre »), y voit un lien de cause à effet. « Il faut rendre des comptes aux gens, sur place, à propos de ce qui s’est passé avec la Treuhand », recommande-t-elle, et mettre en place « une commission vérité ».

    « Zombie mémoriel »

    En 1993-1994 puis en 1998, deux commissions d’enquête parlementaires ont exposé la partie émergée de l’iceberg, en dépit de l’obstruction du ministère des finances, qui empêche la consultation des dossiers et des contrats. « Le gouvernement et la Treuhandanstalt ont abrogé le droit de contrôle parlementaire comme aucun gouvernement démocratique légitime n’avait osé le faire depuis 1945 », dénonçaient des députés sociaux-démocrates en août 1994 (19). Puis le sujet a disparu du débat public. Qui, après tout, se soucie des Jammerossies — ces « gens de l’Est pleurnichards », comme on les appelle à l’Ouest ?

    Depuis quelques années, le spectre de la Treuhand resurgit. « Auparavant, les gens avaient encore de l’espoir, analyse Mme Köpping. Ils se disaient : “J’essaie encore une fois de m’en sortir, encore une formation, encore une reconversion.” Cela a duré longtemps. Mais, une fois à la retraite, cette génération qui se perçoit comme celle de la construction après la réunification se retrouve avec une pension de parfois 500 euros. Elle voit bien que ce qu’elle a accompli pour changer le pays n’est pas du tout reconnu. » L’historien Marcus Böick compare la Treuhand à un « zombie mémoriel » qui cristallise toutes les « créances pourries » de l’unification allemande : l’anéantissement industriel, le dépeuplement des régions, les inégalités, le chômage de masse dans un pays où, plus encore qu’ailleurs, le travail fondait le statut social. Die Linke réclame une nouvelle commission d’enquête parlementaire qui accéderait aux documents mis au secret en 1990. Tous les autres partis du Bundestag s’y opposent, à l’exception de l’AfD. Pour dépouiller les 45 kilomètres de dossiers, les 7 archivistes récemment embauchés jalouseront peut-être les 1 400 employés dévolus aux papiers de la Stasi…

    En attendant leurs conclusions, on peut déjà tirer deux bilans de l’annexion de la RDA. Du premier, les dirigeants allemands peuvent se féliciter : dans les années 1990, leur pays regagne sa position centrale ; l’Union européenne accélère son intégration politique et monétaire selon les principes de la rigueur germanique — fruit tardif du traité d’unification allemand, le traité de Maastricht coûtera des millions de chômeurs à l’Europe. L’autre bilan porte la couleur de la désillusion. En échange des libertés politiques et du développement des infrastructures, la population est-allemande fut jetée dans les flots du capitalisme avec une pierre autour du cou. « Le paradoxe de l’unification, observera en 1998 l’ancien opposant à l’État-parti Edelbert Richter, c’est que les Allemands de l’Est ont été intégrés dans la démocratie et l’économie sociale de marché en même temps qu’ils étaient en grande partie exclus de ce qui en constitue la base essentielle, à savoir le travail et la propriété (20). »

    Naguère industrielle et exportatrice, l’économie de l’ex-RDA dépend désormais de la demande intérieure et des aides sociales octroyées par l’État fédéral. Pour le patronat, l’annexion a enclenché un cercle vertueux : les transferts publics vers les nouveaux Länder financent des biens et des services produits par des entreprises de l’Ouest et se métamorphosent en profits. « En vérité, a admis en 1996 l’ancien maire de Hambourg Henning Voscherau (SPD), les cinq années de “construction de l’Est” (21) ont représenté le plus grand programme d’enrichissement des Allemands de l’Ouest jamais mis en œuvre. » C’est aussi cela que commémore, chaque 9 novembre, la classe possédante occidentale.

    Rachel Knaebel & Pierre Rimbert
    ____________________________________________
    (1) Formulée par le chancelier Helmut Kohl en 1990.
    (2) Cité par Sonia Combe, La Loyauté à tout prix. Les floués du « socialisme réel », Le Bord de l’eau, Lormont, 2019.
    (3) Cité par Ralph Hartmann, Die Liquidatoren. Der Reichskommissar und das wiedergewonnene Vaterland, Edition Ost, Berlin, 2008.
    (4) Wolfgang Schäuble, Der Vertrag. Wie ich über die deutsche Einheit verhandelte, DVA, Stuttgart, 1991.
    (5) Vladimiro Giacché, Le Second Anschluss. L’annexion de la RDA, éditions Delga, Paris, 2015.
    (6) Thilo Sarrazin, « Die Entstehung und Umsetzung des Konzepts der deutschen Wirtschafts- und Währungsunion », dans Theo Waigel et Manfred Schell, Tage, die Deutschland und die Welt veränderten, Ferenczi bei Bruckmann, Munich, 1994.
    (7) Christa Luft, Zwischen WEnde und Ende, Aufbau, Berlin, 1991.
    (8) Cité par Vladimiro Giacché, Le Second Anschluss, op. cit.
    (9) Richard Schröder, Die wichtigsten Irrtümer über die deutsche Einheit, Herder, Fribourg-en-Brisgau, 2007.
    (10) Der Spiegel, Hambourg, 19 décembre 1994. Compte tenu de l’inflation, 1 000 marks de 1990 équivalent à environ 300 euros d’aujourd’hui.
    (11) Marcus Böick, Die Treuhand. Idee-Praxis-Erfahrung, 1990-1994, Wallstein Verlag, Göttingen, 2018.
    (12) Wolfgang Dümcke et Fritz Vilmar (sous la dir. de), Kolonialisierung der DDR. Kritische Analysen und Alternativen des Einigungsprozesses, Agenda Verlag, Münster, 1996.
    (13) Marcus Böick, Die Treuhand, op. cit.
    (14) Ibid.
    (15) « Beschlußempfehlung und Bericht des 2. Untersuchungsausschusses “Treuhandanstalt” » (PDF), Bundestag, Berlin, 1994.
    (16) Die Welt, Berlin, 2 octobre 2010.
    (17) Ralph Hartmann, Die Liquidatoren, op. cit.
    (18) Cité par Marcus Böick, Die Treuhand, op. cit.
    (19) Dirk Laabs, Der Deutsche Goldrausch. Die wahre Geschichte der Treuhand, Pantheon Verlag, Munich, 2012.
    (20) Cité par Fritz Vilmar et Gislaine Guittard, La Face cachée de l’unification allemande, L’Atelier, Paris, 1999.
    (21) Cité par Vladimiro Giacché, Le Second Anschluss, op. cit. La « construction de l’Est » (Aufbau Ost) désigne le programme de financement des nouveaux Länder.

    Il y a 30 ans, la chute du Mur de Berlin

    Liquider une société

    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/11/KNAEBEL/60957

    Une fois la République démocratique allemande (RDA) annexée à la République fédérale d’Allemagne (RFA), non seulement ses institutions et son économie, mais aussi ses maisons d’édition, son cinéma, ses chaînes de télévision et ses stations de radio, ses artistes, ses noms de rues et de bâtiments publics disparurent en quelques années (1). Journaux et magazines, hier inféodés au pouvoir, furent privatisés au profit d’éditeurs occidentaux. Le régime ouest-allemand anéantit également le système de formation professionnelle, le droit à la culture gratuite, les crèches et les jardins d’enfants. Licenciées prioritairement, les femmes, dont le taux d’activité était jusque-là le plus élevé du monde, tentèrent par tous les moyens d’échapper à la sainte trinité de l’ordre familial allemand, « enfants, cuisine, église » (Kinder, Küche, Kirche). « Pour augmenter leurs chances de retrouver un travail, elles furent nombreuses à se faire stériliser. Alors que le centre hospitalier de Magdebourg avait pratiqué 8 stérilisations en 1989, celles-ci passèrent à 1 200 en 1991 », observent Fritz Vilmar et Gislaine Guittard. Reflet de l’état des infrastructures sociales et du rapport à l’avenir, le taux de natalité à l’Est passa entre 1987 et 1993 de 14 enfants pour 1 000 habitants à… 5 (2).

    Le chômage, qui, selon le sociologue Paul Windolf, toucha temporairement ou durablement 80 % des actifs durant les cinq années qui suivirent la chute du mur de Berlin (3), suscita une vague d’émigration laborieuse. Entre 1991 et 2017, on dénombre 3,7 millions de déménagements à l’Ouest, soit près du quart de la population est-allemande, tandis que 2,45 millions de personnes effectuent le trajet inverse, revenants et nouveaux entrants confondus (4). Il en résulte un profond déséquilibre socio-démographique : les jeunes diplômés s’exilaient bien plus souvent que la moyenne, et deux tiers de ceux qui ne revinrent pas étaient des femmes. D’après Reiner Klingholz, directeur de l’Institut berlinois pour la population et le développement, « ce fut le cas le plus extrême de fuite de femmes observé en Europe » (The New York Times, 5 novembre 2018).

    En sens inverse, des bataillons de cadres occidentaux vinrent occuper des postes de direction dans tous les secteurs, notamment dans l’administration, où les fonctionnaires touchaient pour leur peine une compensation ironiquement baptisée « prime de brousse » (Der Spiegel, 4 septembre 1995). Alors que le monde entier célébrait l’« économie de la connaissance », l’Allemagne liquidait la couche sociale des intellectuels. De 1989 à 1992, le nombre de salariés à temps plein de la recherche, de l’enseignement supérieur, y compris industriel, passait dans les nouveaux Länder de 140 567 à moins de 38 000, au rythme des fermetures de centres de recherche et d’académies des sciences. Parmi les scientifiques de l’ancienne RDA, 72 % furent démis de leurs fonctions en trois ans ; ils durent émigrer ou se reconvertir dans des métiers sans rapport avec leurs qualifications. Le personnel résiduel fut soumis à des tests d’aptitude évaluant notamment ses convictions politiques. Cette élimination de trois quarts des scientifiques fut justifiée par un impératif idéologique. « Il faut éradiquer l’idéologie marxiste en procédant à des changements de structure et de personnel », expliquait ainsi en juillet 1990 un document d’évaluation de l’Académie des sciences (5).

    Rachel Knaebel & Pierre Rimbert

    (1) Cf. Hannes Bahrmann et Christoph Links, Am Ziel vorbei. Die deutsche Einheit — Eine Zwischenbilanz, Ch. Links Verlag, Berlin, 2005 ; Nicolas Offenstadt, Le Pays disparu. Sur les traces de la RDA, Stock, Paris, 2018.
    (2) Fritz Vilmar et Gislaine Guittard, La Face cachée de l’unification allemande, L’Atelier, Paris, 1999.
    (3) Paul Windolf, « Die wirtschaftliche Transformation. Politische und ökonomische Systemrationalitäten », dans Wolfgang Schluchter et Peter Quint (sous la dir. de), Der Vereinigungsschock. Vergleichende Betrachtungen zehn Jahre danach, Velbrück Wissenschaft, Weilerswist, 2001.
    (4) « Die Millionen, die gingen », ZeitOnline, 2 mai 2019.
    (5) Cité par Fritz Vilmar et Gislaine Guittard, La Face cachée de l’unification allemande, op. cit.


    Vieilles dettes et gros bénéfices

    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/11/KNAEBEL/60954

    Parmi les aberrations provoquées par la conversion-éclair d’une économie planifiée en une économie libérale, celle des « vieilles dettes » décroche assurément le pompon. En République démocratique allemande (RDA), toutes les entreprises appartenaient à l’État et lui reversaient l’intégralité de leurs bénéfices éventuels. Lorsque la puissance publique injectait du capital dans une société, cette subvention était par convention inscrite dans la comptabilité des banques sous la forme d’un crédit. Lors de l’unification, les hauts fonctionnaires de l’Ouest décidèrent de convertir ces écritures en véritables dettes que les entreprises, déjà exsangues, devaient rembourser aux banques. Lesquelles furent privatisées et vendues à bas prix à des institutions financières de l’Ouest. Ces dernières purent témoigner des vertus miraculeuses du capitalisme : la Berliner Bank racheta pour 49 millions de marks la Berliner Stadtbank qui avait à son actif… 11,5 milliards de créances bénéficiant d’une garantie d’État, soit plus de 200 fois le prix d’achat ! En tout, « quatre grandes banques de l’Ouest, qui avaient acheté les banques de RDA pour 824,3 millions de marks, se retrouvèrent à la tête de 40,5 milliards de marks de créances (1)  ». Les intérêts, passés en un an de moins de 1 % à plus de 10 %, ont représenté à eux seuls plusieurs fois le prix d’acquisition.

    Rachel Knaebel & Pierre Rimbert

    (1) Fritz Vilmar et Gislaine Guittard, La Face cachée de l’unification allemande, L’Atelier, Paris, 1999.


    Article d'Yvan Najiels (2009) sur son blog de Mediapart :

    Vingt ans après la chute du Mur, salut à celles et ceux qui ne se sont pas écroulés !

    https://blogs.mediapart.fr/yvan-najiels/vingt-ans-apres-la-chute-du-mur-salut-celles-et-ceux-qui-ne-se-sont-pas-ecroules

    J'ai 35 ans, bientôt 36. Je suis donc d'une génération dépolitisée sauf que, comme mes parents étaient de valeureux militants maoïstes jusque dans les années 1980, j'ai échappé aux ravages du mitterrandisme et à son opiniâtre volonté de dépolitisation générale.

    Écolier, je faisais de l'allemand et comme je m'intéressais, très jeune, à la politique et à l'histoire, je me suis débrouillé pour aller en RDA. C'était il y a 20 ans, plus exactement en juillet 1989. On ne se rend pas bien compte mais en juillet de cette année-là, le château de cartes ne montrait que peu de faiblesses puisque l'exode de milliers d'est-Allemands via la Hongrie commença réellement en août 1989.

    J'avais 15 ans, avais été agacé par certains aspects de la RDA - l'omniprésence de la police, par ex. - mais, pris dans le voyage officiel France-RDA, avais été en partie séduit. Après tout, comme dans une colonie lambda, je m'étais fait des amis de rejetons de membres du Parti...

    Rétrospectivement, je ne trouve pas que la RDA d'alors fût pire que la France (celle d'aujourd'hui, du reste, est pire que feu la RDA). Les gens avaient du travail, les consultations médicales étaient gratuites, l'école - pour tous - était vraiment synonyme d'instruction et les salariés ne se suicidaient pas au travail.

    Certes, la chute du Mur entraîna celle de la Stasi mais après tout, pour les sans-papiers vivant en France, je n'affirmerais pas que Hortefeux est très différent du chef de cette police-là.

    Surtout, après 20 ans de monde unipolaire sous l'égide des USA et de l'Occident en général, je ne vois vraiment pas ce qu'il y a à fêter pour l'anniversaire de la chute du Mur. Le taux de chômage à Francfort sur Oder ? La guerre sans fin menée par les USA et leurs valets contre le Moyen-Orient et plus généralement contre des musulmans proclamés, au moins implicitement, ennemis publics ?

    La liberté pour les peuples d'Europe de l'Est, hormis les bananes livrées en novembre 1989 et en grande quantité, que fut-ce d'autre que la liberté du renard dans le poulailler ? Quoi de positif ? Quel fait politique peut-on saluer ? Du côté du peuple, il y eut, en France, Décembre 1995 et Saint-Bernard en 1996, mais depuis ? Et à l'Est, quid des espoirs et des aspirations des ouvriers militants de Solidarnosc en Pologne ? Quid des aspirations des militants de Neues Forum et des manifestants de Leipzig ? Quand ceux-ci ont à nouveau manifesté en 2004 contre la Loi Hartz 4, concoctée par Schröder et le patron de Volkswagen, il n'y avait bizarrement plus aucun média pour les entendre, les questionner...

    Même la guerre en Afghanistan continue.

    J'avais donc 15 ans, presque 16. Je me souviens que la thématique de la mort du communisme se portait comme un charme, qu'elle était prisée chez les renégats de tout poil et chez les plumitifs de Libé en particulier, eux qui furent de toutes les modes, du maoïsme au sarkozysme en passant par les courbettes devant Mitterrand. Cette idée du communisme disparu m'étreignait et me faisait penser, même, à ces paroles d'Apollinaire dans Zone : l'angoisse de l'amour te serre le gosier / Comme si tu ne devais jamais plus être aimé. Que l'idée de justice, d'égalité, de Tout-pour-tous puisse, comme cela, être jetée au feu sous les rires et les sarcasmes me faisait frémir. Je me disais : - Et il va falloir vivre dans ce monde-là ?

    Je me suis senti terriblement romantique, à la Musset, né trop tard dans un monde trop vieux. Je me souviens d'ailleurs que vers cette époque, un film d'Eric Rochant, Un monde sans pitié, traitait de cette question avec le personnage d'Halpern, joué par Yvan Attal, disant à de futurs cadres de la bourgeoisie qu'au constat de la mort des utopies, "c'est toutes les larmes de [leurs] corps, qu'[ils devraient] pleurer". Au fond, cette nécessaire solitude a été un vrai baptême politique.

    Finalement, même si la réaction a repris de l'épaisseur, même si sans l'URSS, le P"C"F est devenu pire que sous Brejnev, les choses ne sont pas absolument passées comme l'annonçait Fukuyama. Il y a eu les grèves de novembre-décembre 1995, le Sous-Commandant Marcos au Chiapas, des grèves énormes de prolétaires sans-papiers aux USA, des révoltes ouvrières en Chine et, surtout, il y a eu, depuis peu, une nouvelle intellectualité de la politique d'émancipation.

    Je ne trouve rien à fêter dans les 20 ans de la chute du Mur. En revanche, je salue celles et ceux qui n'ont pas, sans être des suppôts des régimes disparus, renoncé à l'Idée du communisme.

    Et aussi : https://blogs.mediapart.fr/yvan-najiels/blog/091119/le-9-novembre-1989-jai-compris-que-je-ne-serais-jamais-de-ce-monde


    À lire aussi, notre propre article de 2009 :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/9-novembre-1989-une-defaite-pour-le-revisionnisme-sovietique-une-victoire-pour-personne-sauf-l-imperialisme

    Il y a 30 ans, la chute du Mur de Berlin


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  • #Chili


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  • .. suite à l'intervention turque des dernières semaines, à l'accord Erdogan-Pence d'Ankara la semaine dernière, au rapprochement des YPG/FDS avec le régime d'Assad, et enfin, à l'accord surprise Erdogan-Poutine avant-hier à Sotchi accord-historique-entre-la-russie-et-la-turquie.

    Guerre mondiale non-déclarée : voici à quoi devrait ressembler le nouveau redécoupage de "Rojava"...

    On notera tout de même que les impérialistes US conservent "avantageusement" le contrôle d'un secteur où se concentre l'essentiel du pétrole du pays... D'ailleurs à ce sujet (en anglais) :

    https://www.usatoday.com/story/news/politics/2019/10/24/pentagon-planning-send-tanks-armor-syria-protect-oil-fields/4089195002/


    2 commentaires
  • Face à ce genre de manoeuvres impérialistes fascistes, rappelons encore une fois la position MLM correcte affirmée en début d'année au sujet du Venezuela (en assez nette rupture, de fait, avec la ligne quelque peu gauchiste qui avait pu dominer le mouvement dans les années 2000) :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/venezuela-deux-presidents-vers-la-guerre-civile-voire-l-intervention-imperialiste

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/venezuela-encore-un-texte-peruvien-vraiment-tres-proche-pour-le-coup-de-notre-vision

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/declaration-commune-des-maoistes-d-amerique-latine-sur-le-venezuela

    N'oublions cependant pas les critiques du gouvernement du MAS qui, dans le pays, peuvent émaner y compris d'un dirigeant historique de la résistance indigène :

    http://cronicasdelestallido.net/bolivie-felipe-quispe-le-dernier-mallku/


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  • Un article d'un militant brésilien, Daniel Moreno, au sujet des grands soulèvements actuels en Amérique latine (à présent au Chili : chili-sept-morts-dans-les-emeutes-le-pays-est-en-guerre-dit-le-president) et de leurs perspectives ; y compris (hélas) la "possibilité du fascisme" (comme dirait Palheta), qui en l'occurrence et malheureusement a déjà triomphé dans son pays... :


    Notes sur les récentes mobilisations en Équateur

    https://anovademocracia.com.br/noticias/12140-notas-sobre-as-manifestacoes-no-equador

    La récente séquence de soulèvements de masse spontanés en Amérique latine ne signifie pas pour autant, en dépit de son incontestable radicalité, le configuration d'un processus révolutionnaire conscient et complet à lui seul. Sans l'élément subjectif, conscient, sans une organisation révolutionnaire du prolétariat, cette séquence risque plutôt de ne conduire qu'à une nouvelle réactionnarisation de l’État, tant par le réformisme que par la mise en place de gouvernements avec des éléments d'extrême-droite.

    L'exemple le plus emblématique, peut-être pour être le premier du type "post-dictatures", a été le Caracazo au Venezuela en 1989, qui n'a de fait été que le plus grand et médiatisé d'une multitude de soulèvements violents contre les mesures économiques de Carlos Andrés Pérez.

    Mais le résultat historique de ce processus aura été, faute d'une avant-garde communiste, l'accumulation d'une direction dans les secteurs "radicaux" de l'Armée et de la société civile qui ont fini par se cristalliser dans le chavisme, et sa gestion réformiste du capitalisme bureaucratique une fois au pouvoir.

    En 2000, en Bolivie, une série de révoltes violentes contre la privatisation de l'approvisionnement en eau obligèrent elles aussi l’État à déclarer la loi martiale. Tous les partis traditionnels du pays moururent aux yeux du peuple, et un nouveau conglomérat de forces indépendantes, avec Evo Morales à sa tête, formèrent le Mouvement vers le Socialisme (MAS) qui allait lui aussi canaliser la colère du peuple et la domestiquer dans les urnes.

    En 2001, en Argentine, un des exemples les plus emblématiques : violente insurrection populaire avec pour mot d'ordre "qu'ils s'en aillent tous !", l'Argentinazo. Ce mouvement conduisit à rien moins que deux démissions présidentielles successives en une quinzaine de jours, une séquence incroyable de crise généralisée de l'Etat qui se dessinait depuis 1998, et un état de siège. Le résultat en fut le resurgissement de la vieille aile gauche du péronisme, qui gouvernera avec le couple Kirchner pendant suffisamment de temps pour "stabiliser" les révoltes qui secouaient le pays.

    Nous connaissons tous les résultats à long terme de tous ces gouvernements que nous venons de citer. [NdT : des progrès ont certes sans doute été accomplis pour la vie quotidienne des masses, en tout cas, généralement fortement ressentis au bout des premières années ; mais ensuite, cela restait du réformisme, la crise a généralement tous fini par les rattraper etc.]

    En ce sens, le mouvement de 2013 au Brésil revêt un caractère intéressant : il était dirigé cette fois contre une gouvernance réformiste [celle du PT de Dilma Rousseff, qui avait succédé au célèbre Lula], qui n'a plus dès lors réussi à se réorganiser dans l’État pour pacifier le pays, la crise économique ne lui permettant de surcroît plus d'acheter la conciliation de classes.

    Le résultat en a été une accélération formidable de la réactionnarisation générale de l’État [avec la destitution de Dilma Rousseff en 2016 par son propre vice-président... de droite - car le PT avait toujours gouverné en compromis avec la droite réputée "modérée" ; l'emprisonnement de Lula pour qu'il ne puisse concourir à la présidentielle et finalement l'élection de Bolsonaro en octobre 2018 ; le tout dans une ambiance de "coup d’État rampant" où la "corporation" militaire et des forces de sécurité revendique le "redressement" du pays...] ; déjà en marche depuis plusieurs années sous les gouvernements réformistes PT ; et le résultat nous le voyons aujourd'hui [Bolsonaro].

    Une espèce de réactionnarisation continue que nous n'avions pas vue, dans l'ère "post-dictature", en dehors du Mexique qui [sous le long règne de 80 ans des "révolutionnaires" bourgeois victorieux des années 1910, assassins de Zapata et Villa, sortes de kémalistes locaux se voulant au départ "de gauche"] avait connu un État en réactionnarisation constante, et où la "rupture démocratique" ne s'était pas produite de manière "classiquement" latino-américaine [en effet, à contre-courant des victoires de gauche réformiste au Venezuela, au Brésil etc. : victoire en l'an 2000 d'un parti de droite conservatrice, le PAN] ; et d'Haïti, que vit sous le contrôle directe des troupes de l'impérialisme (à travers l'ONU) depuis que le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide a été renversé en 1991.

    Tout ceci nous amène aux conclusions suivantes :

    1. Le mouvement spontané des masses populaires possède une limite, et dans les années 1990-2000, l'impérialisme a principalement eu recours au réformisme pour pacifier l'Amérique latine en lutte acharnée ; avec ce que l'on a appelé le Pink Tide ["vague rose" de gouvernement réformistes plus ou moins "radicaux" qui ont concerné presque tous les pays à quelques exceptions près : Venezuela, Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Chili, Pérou, Équateur, Bolivie, Nicaragua, Salvador etc.].

    2. Il existe deux grandes possibilités pour une résolution contre-révolutionnaire des soulèvements actuels, et il ne nous est guère possible de prévoir l'avenir... La première, celle de la pacification par des gouvernements réformistes, montre en effet des signaux de décadence historique ; ce qui semble tendre toujours plus vers l'hypothèse d'un réformisme lui-même balayé par la réactionnarisation générale de l’État, le "modèle" mexicain ou haïtien.

    La vigilance doit toujours être constante face au réformisme, étant donné que celui-ci a maintes fois démontré être la première arme de désarticulation des luttes spontanées en Amérique latine au 21e siècle ; mais attention, le fascisme reste toujours à l'affût et c'est à lui que la Réaction a recours lorsque la crise économique, politique, idéologique et sociale atteint des niveau extrêmes, dans l'objectif de mener à bien les tâches de la contre-révolution en écrasant dans le sang les éléments hostiles à l'ordre ancien, et en corporativisant les masses populaires.

    L’Équateur se trouve maintenant dans une situation similaire à celles citées précédemment : l'avant-garde du prolétariat n'est pas en condition d'imprimer immédiatement sa direction à ce grand mouvement spontané (ce qui est une évidence : ceci ne peut s'obtenir que pas à pas...), pour autant qu'il puisse même y avoir des éléments transfuges de l'Armée en confrontation directe avec la police, une instauration de l'état de siège etc.

    La question que les communistes et les progressistes équatoriens doivent en fait se poser (comme en réalité tous les communistes confrontés à une telle situation de soulèvement spontané des masses), est la même que soulevait Mao dans son "Rapport sur l'enquête menée au Hunan à propos du mouvement paysan" :

    "Tous les partis révolutionnaires et tous les camarades seront mis à l'épreuve par les paysans, étant acceptés ou rejetés selon les choix qu'ils auront fait. Il n'y a que trois possibilités : nous mettre à la tête des paysans et les diriger ? Rester derrière eux en nous contentant de gesticuler et de les critiquer ? Ou nous dresser devant eux pour les combattre ? Tout Chinois est libre de choisir une de ces trois voies, mais les événements obligeront chacun à faire rapidement ce choix."

    La grande question en ce moment n'est pas de savoir si le soulèvement se transformera en révolution, mais si seront ou non semées les graines de celle-ci ; comme la Révolution démocratique russe de 1905 initia le processus qui devait conduire à la Révolution bolchévique d'Octobre 1917.

    C'est en cela, que toute l'attention doit être portée au combat contre l'opportunisme que ne manquera pas de pointer son nez devant le développement de la situation et de ses contradictions. Le processus, tel qu'il est, ne se maintiendra pas durant un temps indéfini ; la lutte, par conséquent, consiste principalement à consolider et enraciner profondément ses forces dans les masses, pour le moment sans direction cohérente et consciente.

    Rafael Correa, l'ex-président gérant réformiste du Pink Tide, s'est d'ores et déjà présenté comme ssue possible à la crise, bien que d'un point de vue économique, un gouvernement dirigé par lui soit probablement aujourd'hui la solution qui convient le moins à l'impérialisme, au regard des mesures néolibérale qu'il est nécessaire d'imposer de manière brutale. Nous n'en oublions pas moins d'où il vient : comme dans les évènements que nous avons vus précédemment, en 2005, un gigantesque soulèvement en Équateur avait poussé vers la sortie le président d'alors, le militaire Lucio Gutiérrez. Cette période de turbulences qui avait débuté en l'an 2000 avec un soulèvement général contre la dollarisation de l'économie et la fonte comme neige au soleil des économies de la population ; soulèvement au cours duquel le même Gutiérrez avait renversé le président néolibéral, valet de Washington, Jamil Mahuad (et même, de fait, déjà en 1997 lorsque Abdalá Bucaram avait été destitué suite à des mobilisations populaires similaires) ; a précisément pris fin avec l'élection de Correa et la décennie de stabilité qu'il a alors assurée au pays.

    Le rejet parfois agressif dont peut faire l'objet la suggestion d'un retour à la présidence de Correa (de la part de ses ennemis politiques de droite et des traîtres morénistes bien sûr, mais aussi d'une partie des masses populaires, notamment les puissantes organisations indigènes), nous dit en réalité deux choses : premièrement, que le réformisme n'a pas résolu les problèmes qu'il avait promis de résoudre et, de ce fait, son imposture apparaît plus évidente qu'auparavant aux masses ; mais deuxièmement... que si le réformisme est hors-jeu, la possibilité objective d'une réactionnarisation plus profonde encore de l’État aux mains d'une extrême-droite est sérieusement à l'ordre du jour. 

    Ce qui, en contrepartie, signifie aussi la germination d'une situation révolutionnaire toujours plus aiguë, à laquelle les communistes de ce pays doivent rester extrêmement attentifs pour être prêts à la saisir au vol...

    D.M.

    Article d'autant plus intéressant, qu'il semble s'inscrire dans une tendance générale (après les prises de position face à la crise politique au Venezuela, ou encore face au gouvernement Moreno en Équateur) à la prise de conscience de la menace majeure représentée par l'extrême-droite au programme économique néolibéral, le "nouveau Plan Condor" ; fascisme que non, contrairement à ce qui a pu parfois être affirmé, n'est pas le réformisme que ce soit à la Chavez ou à la Lula (qui est aussi un problème, mais un autre, peut-être condamné à l'échec, peut-être son "fourrier", mais pas "la même chose"...) ; ceci après rappelons-le une grosse décennie d'intoxication intellectuelle massive du mouvement communiste maoïste, particulièrement sur ce continent puisque sa principale langue d'expression était le castillan, par la ligne liquidatrice ultra-gauchiste des "réfugiés" en Suède et agents de l'impérialisme du "Mouvement Populaire Pérou - Sol Rojo" histoires-avec-le-mouvement-populaire-perou.

    Durant les années de gouvernance du PT (Lula puis Dilma), les camarades maoïstes brésiliens ont "fait leur travail" (ne l'avons-nous pas fait nous aussi ici, face à la présidence Hollande dont Macron lui-même est d'ailleurs issu ?) ; qui pour des communistes consiste à éviter à la plus grande quantité de personnes du peuple possible, de rester engluées dans les illusions du réformisme et son impuissance face à la tendance inexorable du capitalisme au fascisme. Mais à présent la situation a changé, le réformisme a eu ses succès mais aussi et surtout ses échecs ; il a fait son temps et n'est plus susceptible de canaliser la nouvelle vague de révoltes populaires qui se lève : l'offensive générale fasciste est là ; en Amérique latine sous la forme d'une droite "dure" néolibérale à la solde de Washington ; et il n'est plus possible de se tromper d'ennemi principal, ce qui reviendrait selon les mots de Dimitrov à "désorienter les masses populaires dans la lutte contre leurs pires ennemis". 


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  • ... c'est de ne pas avoir choisi de s'associer dès 2011 avec (pour le moins) les composantes les plus nationales-démocratiques de la Révolution syrienne (et les renforcer ainsi tant de leur puissance militaire, que de leur projet politique démocratique).

    Ils ne l'ont fait qu'à partir de 2015, après Kobané ; totalement sous parapluie impérialiste et en imposant à ces forces un hégémonisme öcalaniste qui dès la menace de Daesh un peu écartée, a immédiatement entraîné ruptures et défections (qui se généralisent maintenant devant l'offensive d'Erdogan) ; avant d'être à présent lâchés par un locataire de la Maison Blanche partisan du désengagement de tous les théâtres d'opération lointains (et déjà en campagne pour sa réélection, entre autres sur cet argument) ; et de devoir donc se jeter dans les bras d'un régime fasciste qu'ils ont au fond toujours préféré à la révolution populaire, et qui ne leur accordera rien. 

    POINT À LA LIGNE.

    http://ekladata.com/FaYMSUu2WYrXgDNTdcrnrRh30nE/Entre-les-Kurdes-et-les-rebelles.pdf

    Le problème "des Kurdes" (du PKK-PYD-YPG/J) en Syrie...

    Un article, illustrant bien le point où en sont les choses aujourd'hui... C'est bien triste, c'est le moins que l'on puisse dire ; mais c'est, hélas, ce qui arrive inévitablement lorsque la question nationale n'est pas pensée dans l'esprit démocratique et révolutionnaire qui était celui de Lénine, ou dans la région moyen-orientale, Kaypakkaya !


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  • http://nosinfo.org/index.php/rubricas/internacionalisme/item/856-le-peuple-catalan-s-insurge


    Des dizaines de milliers de manifestants sont à nouveau sortis dans les rues en Catalonha, mardi soir, pour protester contre la condamnation des neuf indépendantistes catalans.

    Hier soir, de violents affrontements ont eu lieu dans plusieurs villes de Catalogne. Les Mossos d'Escuadra, appuyés par la police espagnole, ont multiplié les charges,  visant les têtes des manifestants avec les LBD.

    Les événements les plus importants étaient à Barcelone, où les Mossos ont essayé de renverser des personnes présentes sur la voie publique.

    Plusieurs blessés sont à déplorer. Des barricades en feu étaient visibles dans de nombreux points de Barcelone et Lleida notamment.



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  • Syrie : encore des articles, de L'Orient - Le Jour cette fois, pour bien saisir la situation et les enjeux.

    Equateur : en dépit de l'"accord", la répression se poursuit ; chasse aux "corréistes" – l'infâme Moreno marche définitivement sur les pas de son pote Bolsonaro.


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  • Équateur : la lutte a payé, petite victoire pour les masses populaires.

    Les mesures contestées, à commencer par l'augmentation vertigineuse des prix du carburant (avec toutes les hausses de prix forcément induites), ont été retirées.

    Ce n'est certes pas la chute du gouvernement laquais du FMI, mais cela aura tout de même montré au peuple comment ce que l'on veut s'obtient...

    JATARISHUN MASHIKUNA ! (On a raison de se révolter !)

    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/14/equateur-gouvernement-et-indigenes-trouvent-un-accord-pour-sortir-de-la-crise_6015378_3210.html

    Revue de presse : Équateur, Syrie-Rojava, Tunisie

    Syrie-Rojava : lâchés par l'imprévisible Trump (contre l'avis y compris de ses plus proches partisans républicains, pour des raisons au-delà du mystérieux... qui pourraient bien être en lien avec des casseroles qu'il se traîne au derrière, faisant déjà face à une procédure de destitution), sous les coups de la violente agression turque lancée par Erdogan et faisant face à la défection de nombre de leurs alliés arabes au sein des Forces Démocratiques Syriennes (problème déjà latent depuis pratiquement deux ans) ; les YPG se tournent vers le régime fasciste et capitulent ainsi toute autodétermination pour le Peuple kurde...

    https://secoursrouge.org/syrie-accord-historique-entre-le-rojava-et-le-regime (article qui bien sûr, dans le délire collectif qui s'est emparé ces dernières années de toute l'extrême-gauche sur le sujet, célèbre ledit "accord"...)

    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20191013-syrie-accord-kurdes-damas-russie-deploiement-armee-syrienne

    Aboutissement logique d'années (pour ne pas dire de décennies) d'opportunisme dans la conduite de cette lutte de libération aussi juste que celles de tous les peuples de la planète ; de vente au plus offrant fut-il un ennemi patenté des peuples, etc. etc. (lire et relire : recapitulatif-des-articles-sur-la-question-de-rojava-ordre-anti-chrono).

    [Lire aussi, pour comprendre : http://ekladata.com/Turquie-Russie-Syrie.pdf]

    Revue de presse : Équateur, Syrie-Rojava, TunisieRevue de presse : Équateur, Syrie-Rojava, TunisieRevue de presse : Équateur, Syrie-Rojava, Tunisie

    Tunisie : victoire écrasante (76%) de Kaïs Saïed à l'élection présidentielle.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/14/la-victoire-du-conservateur-kais-saied-a-la-presidence-tunisienne-est-lourde-d-interrogations_6015417_3232.html

    Un candidat dont les grands médias comme la gôôôche occidentale auront beaucoup plus souligné les prises de positions conservatrices (sur la peine de mort, l'homosexualité affichée ou l'héritage des femmes) que les propositions de réformes institutionnelles tendant fortement à la démocratie participative "de bas en haut", et la campagne avant tout basée sur la proximité avec les "petits", les déshérités, ainsi qu'une bonne part de la jeunesse aspirant au changement, et la continuité avec ou plutôt le retour aux idéaux (trahis selon lui) qui avaient présidé au renversement du despote Ben Ali début 2011 (évènement fondateur des "Printemps arabes").

    https://www.middleeasteye.net/fr/decryptages/kais-saied-un-projet-de-democratie-radicale-pour-la-tunisie

    https://nawaat.org/2019/10/02/post-presidentielles-2019-quelles-limites-aux-ambitions-de-kais-saied/

    https://orientxxi.info/magazine/tunisie-pour-le-president-kais-saied-la-democratie-peut-etre-une-idee-neuve,3391

    "Concrètement, les différents échelons de représentation (local, régional, national) seraient fondés sur une seule élection, au scrutin uninominal, au niveau de la plus petite unité administrative (imada). Les candidats devraient réunir des parrainages, avec une parité hommes/femmes et des quotas garantissant la représentation des catégories les plus vulnérables. Le mandat serait révocable."

    "Il faut commencer par élire, dans chaque imada (arrondissement), un représentant au scrutin uninominal à deux tours, parmi des candidats parrainés par un nombre égal de femmes et d’hommes, pour former des conseils locaux dans chacune des 264 délégations. 

    Kaïs Saïed impute en effet une bonne partie du discrédit des politiciens au scrutin de liste : « C’est le scrutin des intrigues » qui rend les élus davantage responsables devant leur parti que devant leurs électeurs. D’ailleurs, ces élus seraient révocables. 

    Dans ces conseils locaux, siégeraient également, mais sans droit de vote, des représentants des administrations locales, ainsi qu’un responsable sécuritaire, nommé par l’administration centrale, investi par le conseil de délégation. Ces conseils auraient pour mission d’élaborer des projets de développement local. 

    Ils désigneraient par tirage au sort un représentant pour siéger dans un conseil régional pour une période limitée, aux côtés de directeurs des services de l’État (toujours sans droit de vote) pour harmoniser les projets locaux et les projets régionaux.

    Enfin « ces conseils régionaux choisiraient à leur tour un représentant de chaque conseil local pour former l’Assemblée nationale ». Il entend, s’il est élu, proposer ce projet révision constitutionnelle au référendum.

    Son projet de « transition révolutionnaire » est une réappropriation du pouvoir central par la société qui va à l’encontre de toute la conception centralisatrice qui a sous-tendu la construction de l’État tunisien depuis la monarchie. La perspective d’avoir un tel président en Tunisie est un véritable séisme. Une révolution par les urnes."

    "Chaque niveau de représentation élaborerait ses projets de développement, harmonisés en concertation avec l’État. Le président choisirait le chef du gouvernement et les ministres seraient élus par l’Assemblée nationale sur la base de leur projet.

    Cette proposition strictement institutionnelle serait l’outil unique pour refonder la relation entre l’État et la société, résoudre les fractures sociales et territoriales et faire émerger de l’intelligence collective un modèle économique adapté aux besoins du pays, et ainsi conquérir une souveraineté économique mise à mal par l’extraversion du modèle actuel. En assurant une présence bien mieux répartie de l’État, cette construction ferait reculer aussi l’emprise persistante des formes anciennes d’autorité (familiale, tribale) ou celle des « clans » d’affaires locaux."

    Voilà même, à vrai dire, un projet d'organisation politique du pays que nous ferions volontiers nôtre pour l'Hexagone, secoué par un mouvement des Gilets Jaunes (ou hier des Bonnets Rouges en Bretagne, et la poussée électorale des autonomistes en Corse et au Pays Basque, etc. etc.) qui exprime avec force cette "soif" de SOUVERAINETÉ exercée et "ressentie" par les classes populaires à chaque échelon territorial et en premier lieu à l'échelon local, dans leurs territoires de vie quotidienne ; contre les oukases d'une technocratie parisienne (ou proconsule locale de Paris) au service de la Finance et pure courroie de transmission du cartel monopoliste de Bruxelles !!

    De fait, avec le triomphe de ce "candidat surprise" élu notamment avec le soutien des "islamiiiiistes" d'Ennahdha (Frères Musulmans tunisiens, trop "abîmés" par leur propre passage au pouvoir, et peut-être trop "clivants" pour remporter eux-mêmes une telle victoire, bien qu'ils soient tout de même arrivés en tête des législatives simultanées avec 52 sièges sur 217), il se pourrait bien que la Turquie d'Erdogan, désormais (voir ci-dessus) plus que contrariée dans ses plans en Syrie, ait en revanche marqué un point sur les bords de la Méditerranée.

    https://www.aa.com.tr/fr/politique/erdogan-félicite-kais-saied-pour-sa-victoire-a-lélection-présidentielle-tunisienne-/1613986

    https://www.aa.com.tr/fr/afrique/kais-saied-nous-travaillerons-pour-des-causes-justes-notamment-la-cause-palestinienne/1612777

    Quoi qu'il en soit, en plus de valoir clairement mieux que son adversaire Karoui (golden boy pathétique qui aurait notamment reçu des fonds d'un ancien du Mossad... alors que Saïed, lui, a qualifié de "haute trahison" toute idée de "normalisation" avec l'Entité sioniste), le nouvel élu pourrait peut-être bien (entre autres) offrir une "profondeur stratégique" salutaire au gouvernement libyen de Tripoli, confronté à l'offensive militaire fasciste de Khalifa Haftar (véritable Sissi local appuyé par l'Occident et les Émirats)...

    Bref, entre cela et sa volonté affichée de "désaligner" autant que possible la Tunisie de son statut de colonie pseudo-"indépendante", ce n'est certes pas la Guerre populaire prolongée et la révolution nationale-démocratique en marche, mais ce n'est pas pour nous (on dira) la pire nouvelle de la semaine !


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  • Quand y a rien à ajouter, ben y a rien à ajouter...

    Les occupants, depuis des décennies, du Kurdistan du Nord ; se battent donc désormais contre les occupants depuis des années (et, encore hier, au service de l'impérialisme) de la vallée majoritairement arabe de l'Euphrate, dont tous les cadavres des victimes des bombardements n'ont pas encore été sortis de sous les décombres...

    Rien de plus à signaler, pas de camp à choisir.

    ************************

    The decades-long occupyers of Northern Kurdistan, are now fighting the years-long (and until yesterday, in the service of Western imperialism) occupyers of Arab-majority Euphrate Valley, whose all bombing-victims corpses have still not emerged from under the ruins...

    No more to say, no side to chose.

    *************************

    Quelques éléments sur la situation (éléments SÉRIEUX, pas le gnagnagna portnawak des gauchistes qui s'égosillent maintenant alors qu'on les pas entendus quand les bombes pleuvaient sur Raqqa, Alep ou Mossoul, ou encore plus récemment sur la Ghouta ou Idlib) ; par un mec de droite (on peut le qualifier ainsi) mais assez fin connaisseur de la région et de ses enjeux :

    Et encore d'autres éléments de compréhension de ce qui se trame, par des gens qui s'y connaissent (c'est à dire pas des gauchistes-antifas francouilles finalement autant en mode "les gentils / les méchants" que ces Yankees qu'ils prétendent pourtant détester) :


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  • https://victoriaoprimidos.wordpress.com/2019/10/08/el-pueblo-de-ecuador-se-levanta-contra-el-gobierno-de-moreno/

    L’Équateur traverse en ce moment une situation pré-révolutionnaire. Les masses se soulèvent contre le gouvernement et on entend des cris de guerre populaire. Les dernières nouvelles sont que le gouvernement s'est transféré de la capitale andine Quito à la ville côtière (plus conservatrice) de Guayaquil, par crainte du peuple en marche et de ses manifestations insurrectionnelles.

    Voici la traduction d'un article en anglais, sur la situation, publié sur le site allemand Dem Volke Dienen :

    Insurrection des masses en Équateur – l'état d'urgence déclaré

    Mercredi et jeudi dernier, le président équatorien Moreno avait prévu de visiter l'Allemagne et de rencontrer la chancelière Merkel. Sa visite, cependant, a vite disparu de l'agenda lorsque l'agitation a commencé à secouer l’Équateur la semaine passée, après que l'application des diktats du FMI se soit traduite par des mesures d'un grand impact sur la vie quotidienne de la population. Depuis lors, des centaines de manifestants et de policiers ont été blessés dans des affrontements continus entre les forces de l'ordre d'un côté, et les plus larges et profondes masses populaires des villes de l'autre. Le pays se trouve à présent placé sous l'état d'urgence, avec une grève générale nationale annoncée pour mercredi prochain.

    En février, le gouvernement de Moreno avait signé un accord avec le Fonds Monétaire International, pour un prêt et donc une augmentation de la dette du pays de quelques 4,2 milliards de dollars. En échange, le FMI a exigé la mise en place de tout un vaste ensemble de mesures qui devaient impacter les masses populaires équatoriennes, en particulier les plus profondes et larges, lorsqu'elles sont entrées quasi simultanément en vigueur la semaine dernière. Suite, notamment, à la suppression totale des tarifs subventionnés pour les carburants, le prix du gallon (3,8 litres) de diesel a fait plus que doubler du jour au lendemain, passant d'1 à 2,30 US$, tandis que l'essence ordinaire augmentait de 0,60 US$. Et comme si ceci n'était pas suffisant pour aggraver catastrophiquement la situation des masses, en augmentant non seulement le prix du transport mais aussi, en conséquence, celui de toutes les produits de nécessité quotidienne, d'autres mesures viennent encore s'ajouter telles que la dérégulation de la sécurité sur les lieux de travail ou la réduction des congés payés pour les employés publics.

    Suite à la mise en place de ces mesures, les syndicats de transporteurs, les étudiants mais aussi de larges secteurs des communautés indigènes sont passés à l'action, affrontant le vieil État réactionnaire bureaucratique-comprador et propriétaire-terrien au service de l'impérialisme, et ont lancé divers appels à la grève. Depuis lors, le mouvement de protestation grandit rapidement. Le Capitole du Quito, siège du gouvernement a été attaqué avec des jets de cocktails Molotov par les manifestants, qui ont également élevé des barricades, brûlé des pneus et affronté la police et les militaires déployés pour les réprimer.

    Pour tenter de contenir le soulèvement du Peuple équatorien contre l'imposition des diktats du FMI au service de l'impérialisme, Moreno a finalement décidé jeudi de lâcher la bride aux forces de répression en déclarant l'état d'urgence pour 60 jours. Plus de 24 000 militaires sont donc désormais déployés pour renforcer les rangs de la police dans son combat contre les masses en révolte, ce qui a conduit à des centaines d'arrestations ou de blessés graves.

    Une vidéo réalisée par un camarade du FDLP montre comment les militants maoïstes sont en première ligne dans les manifestations et les affrontements, et d'autres scènes encore de la lutte héroïque du Peuple équatorien, comme ces paysans pauvres désarmant des militaires ou les masses appelant à la Guerre du Peuple au milieu des heurts avec la police et l'armée.

    Plus d'informations sur la situation en Équateur, sur le blog du Frente de Defensa de Luchas del Pueblo (FDLP) :


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