• UNE TUERIE… Il n’y a pas d’autres mots pour ce texte absolument excellent, extrait d’un livre-album sorti en septembre 2012 : Leur laisser la France du collectif Ancrages, né en plein ‘‘kärcherisme’’ sarkozyste*, notamment suite à l’insurrection populaire de Villiers-le-Bel (2007) et au véritable ratissage digne des guerres coloniales qui a suivi ; et dont voici le site ainsi qu’un entretien donné à L’Imprimerie nocturne avec le collectif Angles Morts (d’esprit voisin).

    Encore une preuve s’il en fallait que toutes les théories que nous avons exposées ici ne sont que le reflet d’une prise de conscience de plus en plus large dans la société populaire !

     

    http://cqfd-journal.org/IMG/jpg/104ancrages.jpgIl est question de « deux France ».

    D’une lutte politique et symbolique entre deux courants de l’histoire qui revendiquent chacun ce mot écrasant.

    La France humaniste, révolutionnaire, progressiste, « terre de combats et de révoltes », contre la France réactionnaire, fascisante et raciste.

    Bonne France vs Mauvaise France. Peuple de France vs État français. République vs Monarchie. Commune vs Versailles. Front Populaire vs Vichy. Résistance vs Collaboration. Anticolonialisme vs Colonialisme.

    Il est question de « paradoxes de l’histoire », révélateurs des contradictions entre ces deux grands courants essentialisés.

    Nous n’y croyons pas.

    Il n’y a pas une France.

    Il n’y a pas deux France.

    Il n’y a pas de France.

    Il y a juste du vent.

    Et du vent qui veut prendre des airs de grandeur.


    Akimbo HD


    Grandeur. Le concept qui réunit les « deux France ». Grandeur de la Révolution française, grandeur de l’Empire français. Qui assureraient toutes deux à « la France » un ascendant sur le reste du monde. Car les « deux France » sont pareillement orgueilleuses et donneuses de leçon. Elles prétendent apprendre au monde la révolte et le maintien de l’ordre, les droits de l’homme et la contre-insurrection, l’instruction publique et l’extraction des matières premières, la démocratie parlementaire et la république bananière.

    Grandeur de la Libération. 8 mai 1945. France : capitulation, victoire, liesse. Algérie : bombardiers, milices, massacres. Quel paradoxe ? Quelle lutte entre deux courants de « la France » ? Ce sont les mêmes qui fêtent et qui tirent. Les « résistants » impliqués dans l’OAS seront parfaitement cohérents : c’est toujours au nom de « la France » qu’ils s’engageront. Au nom de « la France », condamnée comme par vice à remâcher le vomi de Hitler.

    Grandeur de la République. La troisième, qui fournit à Vichy son administration, ses camps, son langage racial : cadres semblables, volonté en plus. Les quatrième et cinquième, qui puisent dans Vichy recensement, fichages, rafles, expulsions : techniques semblables, technologies en plus. Nous ne faisons aucun amalgame : leurs pratiques sont un amalgame. Ce sont les mêmes qui trient, les mêmes qu’on vire.

    Grandeur de l’Universel. La patrie et sa capitale « portées vers l’universel », qui « offrent au monde » leurs lumières et leurs grilles de lecture civilisationnelles crucifiant les éternels attardés. Grandeur de cet universalisme français, dont la spécificité est le racisme. Grandeur du racisme français, dont la forme spécifique est l’universel. Grandeur de leur rencontre, pour propager main dans la main l’État-nation, toujours tendanciellement génocidaire.

    http://imprimerienocturne.com/wp-content/uploads/2013/04/anglesmorts.jpgDe part et d’autre de la fausse ligne de front qui sépare les prétendues « deux France » existent quelques « idées de la France » différentes et quelques désaccords sur le chemin parcouru. Mais s’affirme la même croyance en une nécessité : « la France » devait se faire, et « la France » doit persévérer. Ces « deux France » s’agitent sur le même terrain, palabrent dans les même débats, rendent hommage à la même structure. Elles acceptent le même espace et les mêmes chronologies. Elles mettent pareillement en scène les conflits de leurs pseudo-paradoxes. Dans ce cadre, la « bonne France » sera toujours là pour rattraper la « mauvaise France ».

    Il n’y a donc pas de paradoxes ni de luttes entre courants contraires dans « l’histoire de France ». Il n’y a que des volontés de sauver le concept de France.

    Il n’y a pas de France. Il n’y a qu’une multiplicité de lignes brisées, dispersées, qui s’accumulent, font émerger des événements, imposent des conflits, chuchotent des amours et des haines, disposent des nous et des eux irréconciliables. Et dans les creux, des failles à habiter, des chronologies à s’approprier, des espaces à occuper. Des tensions où se glisser pour rejouer les lieux et les temps et les faire se percuter, bien au-delà des barèmes et des mesures du centre :

    Les Vietnamiens crament les cartes coloniales et clament que la chronologie pseudo-libératrice française n’est pas la leur. L’ARB fait péter le château de Versailles. Des tirailleurs sénégalais passent au Vietminh. Des Juifs fabriquent faux-papiers et bombes du FLN. Les rues des manifestations pour Gaza deviennent des lieux de prière. Des Basques visitent des camps de réfugiés palestiniens transformés en camps militaires. Les quartiers populaires célèbrent les fêtes nationales à coups de voitures brûlées.

    « La France » est ce fourre-tout opportuniste qui cherche à réduire par tous les moyens ces lignes de failles, ces cartographies et ces chronologies télescopées, au nom de la fiction d’ensemble et d’unité.

    « La France » est cette construction policière qui tente de contrôler, d’organiser et de neutraliser toutes les formes d’identification qui menacent de la saper.

    « La France », nous ne lui reconnaissons pas d’existence autre que celle d’un État, une police, des frontières. Nous ne voyons pas l’intérêt qu’il y aurait à s’en réclamer.

    Anticolonialistes, résistants, communistes étaient taxés d’antifrançais.

    Ils s’en défendaient.

    Ils auraient dû s’en honorer.

    Nous sommes des traîtres.

     


    Couv déf
     

    Leur laisser la France
     
     
     
    Parution : septembre 2012
     
    130 pages + CD 11 titres
     
    Format : 150 x 210
     
    Prix : 15 euros
     
     
     
    Réalisé par le collectif Ancrages, « Leur laisser la France » est composé d’un disque de 11 titres et d’un livre de 128 pages. Entrecoupé de récits à la première personne et d’illustrations qui lui font écho, le texte, issu d’une écriture collective, tente de démêler ce que peut signifier « la France » et ce que veut dire être un « Français » – ou ne pas l’être.
     

    danse de la vengeance

     

    * Et géographiquement principalement en Bretagne, nous ont-ils indiqué suite à erreur de notre part les localisant en région parisienne.

     


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  • (ou en tout cas qui feraient semblant...)

    ... ce que nous voulons c'est ça (cliquer sur l'image) transposé en Hexagone :


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    Pas un "régionalisme" pégué au cul de la social-démocratie, de l'écolo-social-libéralisme ou de la droite modérée ; pas un délire "national-régionaliste" francouille à la Maurras ; pas une "Europe aux 100 drapeaux" ethno-identitaire (au service de bourgeoisies "nationales" dont au demeurant pas 1% ne souhaitent cette option).

    Évidemment nous prêter de telles intentions et fonds de pensée est bien pratique pour remplacer les arguments lorsque l'on en a pas ; vu que les thèses jacobino-républicardes ("gaucho" ou pas) ou "citoyennes du monde" nihilistes nationales (qui finalement reviennent au même) ont été pulvérisées dans les grandes largeurs sur des pages et des pages d'analyses de ce site et d'autres.

    L’État français et l’État espagnol sont TOTALEMENT SIMILAIRES en essence (mis à part la faiblesse économique du Centre politique castillan chez ce dernier) ; il n'y a aucune raison que la réponse révolutionnaire au problème capitaliste qu'ils représentent soit différente. La seule chose qu'il y a, c'est une HISTOIRE des 150 dernières années qui fait que la CONSCIENCE de cela est plus avancée dans l’État espagnol.

     


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  • Les élections municipales d'hier montrent une profonde évolution du paysage politique bourgeois hexagonal, ou plutôt une poursuite radicale de l'évolution entamée il y a déjà plusieurs années : en fait, il n'est pas vraiment possible de parler de "séisme politique", sauf dans quelques endroits précis (Marseille), de par le caractère ATTENDU de ce qu'il s'est passé.

    Les trois grandes résultantes de ces élections sont (à peu près tel que nous l'avions prévu) :

    1°/ Un vote SANCTION impitoyable pour la gauche bourgeoise au pouvoir, avec la perte dès le premier tour de bastion historiques comme Niort (Poitou), une défaite annoncée dans de multiples autres villes et le cas terrible de Marseille, où le PS avait jeté toutes ses forces dans la bataille (y voyant la grande ville non pas à conserver, comme Paris ou Lyon, mais à conquérir).

    2°/ La poursuite de la montée continue de l'abstention, qui frôle désormais les 36% - voire 37 ou 38 selon les sources (27% en 1989, 30% en 1995, 33% aux dernières élections en 2008) [chiffres définitifs : 36,45%]. Nous avons déjà dit et répété ne pas sacraliser l'abstention, reflet selon nous d'une psychologie politique tout autant propice à la conscience révolutionnaire qu'à la dérive fasciste ou à l’apathie-résignation stérile. Mais nous notons la tendance, de surcroît dans des élections plutôt réputées "résister" (comme la présidentielle) au phénomène. À l'abstention proprement dite il faut ajouter les bulletins blancs ou nuls, beaucoup plus significatifs car montrant un rejet actif de l'offre politique en présence  : 5,5% des "votants" contre 4% en 2008 et 4,9% en 2001 (!) ; ainsi que les personnes même pas inscrites sur les listes électorales, que l'on estime désormais à près de 15% de la population majeure. Autrement dit, le "peuple qui vote" ne représente d'ores et déjà qu'à peine plus de la moitié des masses populaires... Vive la représentativité de "nos" élus (et de l'offre politique en présence) !

    maxnewsworldthree4547343°/ Enfin, bien sûr, les résultats triomphaux du Front National - Rassemblement Bleu Marine. En apparence, au niveau hexagonal, il réalise le score ridicule de 4,6%. Mais c'est qu'il n'était en fait présent (et nous reviendrons sur cette question) que dans moins de 600 communes sur plus de 36.000, pour une population d'environ 20 millions de personnes soit moins d'un tiers de la population "française". Il faudrait donc déjà par "projection" multiplier ses scores par trois [c'est à peu près cela : aux résultats définitifs il aurait recueilli un peu plus d'un million de voix + 26.000 pour les autres extrême-droites (principalement les bompardiens du Vaucluse), en étant présent "pour" 20 millions de personnes soit une estimation de 9 millions de votants (il y a eu au total 29 millions de votants pour 66 millions de personnes en Hexagone) ; ce qui nous fait environ 12% soit l'ordre de grandeur des législatives]. Là où il est présent, ses résultats sont impressionnants et il fait tout simplement la course en tête dans plusieurs dizaines de communes (rappelons qu'au deuxième tour, s'il y a plus de deux listes en présence, il n'y a pas besoin de 50% pour gagner !) : pour ne citer que les plus importantes ou emblématiques, Béziers (Robert Ménard, 45%), Fréjus (David Rachline, 40%), Forbach (Florian Philippot, 35%), Perpignan (Louis Aliot, 35% environ), Avignon (Philippe Lottiaux, 30%), les villes "siamoises" languedo-provençales de Tarascon (Valérie Laupies, 39%) et Beaucaire (Julien Sanchez, 33%), Saint-Gilles (dans le Gard, Gilbert Collard, 42%), Brignoles (Laurent Lopez, 37%)... Et puis bien sûr, cela n'aura échappé à personne, dans l'emblématique Hénin-Beaumont, Steeve Briois est élu dès le premier tour avec un peu plus de 50% (nous y reviendrons aussi) ; tandis qu'à Marseille, la mairie est d'ores et déjà promise au vieux cacique UMP Jean-Claude Gaudin (connu au demeurant pour ses fricotages avec le Front dans les années 1980), mais le FN (Ravier), avec 22%, passe devant le PS de Patrick Mennucci dont il balaye définitivement les chances, dans une sorte de "mini-21-Avril". Le Front National arrive aussi en deuxième position dans d'autres villes comme Nîmes (Yoann Gillet 22%, devant la gauche à moins de 15%) ; les tristement célèbres Toulon (droite d'Hubert Falco élue au premier tour mais FN de Jean-Yves Wauquet à 20% devant la gauche à 10%) et Vitrolles, fief des Mégret de 1997 à 2002 (FN deuxième avec 24,4% mais cette fois la gauche est en tête avec 33,5%), villes que l'on aurait pu croire "vaccinées" par la désastreuse gestion d'extrême-droite qu'elles ont connue ; la Seyne-sur-Mer (voisine de Toulon, 26,3% derrière la gauche à 29%) ou encore Nice, où Christian Estrosi caracole en tête avec 45% mais Marie-Christine Arnautu (15,6%) devance le PS Patrick Allemand (15,25%). Dans cette dernière ville se présentaient également une liste FN dissidente ("Indignés du FN" de Michel Cotta, 0,5%), l'ancien maire ex-FN ex-UMP Jacques Peyrat avec notamment le soutien du Parti de la France de Carl Lang (3,7%) et l'identitaire Philippe Vardon (4,5%) ; soit finalement quatre listes d'extrême-droite totalisant plus de 24%. En terme d'extrême-droite hors-FN (et "gratinée" pour le coup), la liste d'Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti (Œuvre française/ Jeunesses nationalistes) réalise également 11,5% à Vénissieux (60.000 habitants, banlieue de Lyon) ; où le FN n'a finalement pas réussi à présenter de liste (et a tenté de faire interdire celle du "parasite" Benedetti...).

    Néanmoins, au niveau hexagonal, c'est la droite UMP et apparentée qui réalise un "carton" avec 46,5%, sans doute un de ses plus hauts scores historiques.

    Quels sont les enseignements que l'on peut tirer de ces élections ? Ils sont de deux sortes.

    ENSEIGNEMENTS AU PLAN GÉO-SOCIOLOGIQUE : on distingue non pas deux "Frances", comme se plaisent et se plairont à le rabâcher les commentateurs FN ou ultra-réactionnaires à la Zemmour en se basant sur les thèses du documentaire "La France en face" (qui ne font en réalité que confirmer les nôtres), mais plutôt QUATRE aux comportements politiques bien distincts.

    - La "France" des "métropoles mondialisées" avec Paris bien sûr, Lyon (où la participation progresse même carrément, peut-être un des seuls cas en Hexagone), Lille, Nantes, Toulouse etc. etc. (Marseille étant un cas très particulier de "métropole périphérisée") ; où rien ne semble avoir changé depuis 2001 : (très souvent) mêmes têtes (ou alors les "dauphin-e-s"), mêmes rapports de force, mêmes enjeux, (relativement) bons scores de la "gauche radicale" et (surtout) des écologistes, etc. La "métropole mondialisée" azuréenne (de Cannes à Menton en passant par Nice) reste également fidèle à elle-même ; courants les plus réactionnaires de l'UMP et extrême-droite (plus plurielle qu'ailleurs, comme on peut le voir à Nice) se partageant le paysage politique (typique vote ultra-droitier métropolitain et bourgeois que l'on retrouve par endroit en région parisienne ou dans d'autres villégiatures huppées, à bien différencier du vote FN populaire ci-dessous).

    - La "France" des ghettos urbains : c'est le territoire des très forts taux d'abstention ou de carrément non-inscrits ; et du caciquat politique en mode clientéliste pour ceux/celles qui votent (clientélisme généralement de "gauche" mais parfois aussi de droite, comme longtemps Serge Dassault à Corbeil-Essonne). Le Front National y est faible : forcément, la majorité de la population est constituée de ceux/celles qu'il stigmatise en permanence, immigrés et descendants, "racailles" et "assisté-e-s". Les votes "gauche radicale" et écolo y sont faibles également, car les personnes qui votent votent "utile". Pour ce qui est des listes "issues des quartiers" que nous avions évoquées, là où elles sont présentes, elles connaissent le même phénomène et ne font guère mieux : ainsi "Toulouse en Marche" d'Ahmed Chouki n'a récolté que 1,8% dans la capitale d'Òc, très en dessous des "Motivé-e-s" de 2001 qui avaient fait 12,5% - mais c'était une autre époque et déjà, ils n'avaient pas forcément "cartonné" dans les ZUP mais plutôt dans les milieux étudiants ou bobos centrurbains, bercés par le célèbre "tube" de Zebda. Dans la situation de crise profonde que nous traversons, les personnes des "quartiers" qui daignent se déplacer ne votent pas pour "se faire plaisir" mais pour des "valeurs sûres" qui mèneront une politique perçue comme "plus favorable", ou en tout cas non-hostile à leurs quartiers.

    - Les périphéries rurales profondes : c'est le domaine des petites communes (moins de 5.000 habitants) dont les états-majors parisiens, il faut le dire, n'ont pas grand-chose à faire (y compris voire surtout le FN qui est totalement dans une stratégie de "coup d'éclat") ; bien que mises ensembles on arrive peut-être à un bon tiers de la population ; ces communes avec leurs candidatures "sans étiquette" de petits "notables" locaux et/ou "vouées" sociologiquement à un "divers gauche" ou un "divers droite", mais où très souvent les considérations de personnes ("c'est un bon maire") ont une certaine importance ; où très souvent aussi la population se divise entre "le clan du maire" et celui de son opposant, etc. etc. L'abstention n'y est pas particulièrement élevée car les personnes âgées, réputées "civiques", y sont nombreuses ; mais une étude par tranche d'âge révèlerait peut-être une "fracture générationnelle" à ce niveau-là. Contrairement à une idée reçue tenace, le FN y est traditionnellement très faiblement implanté et même s'il monte comme partout ("dédiabolisation" oblige), c'est en conservant ce retard historique. Dans les petites communes (aux municipales), il fait même souvent 0% vu qu'il n'est tout simplement pas présent. Il est même absent de communes beaucoup plus importantes comme Mende (12.000 habitants, chef-lieu de département) en Lozère, Millau (21.000) au pied des Grands Causses, ou carrément Tarbes en Bigorre (43.000 !) : en fait, on s'émeut de ses scores impressionnants dans certaines villes, mais le FN ne se présente tout simplement pas là où il n'a aucune chance de faire "du gros score" ! Dans une ville occitane typique de ces territoires, Rodez (24.000 habitants environ), la liste "divers droite" qu'il soutenait (Matthieu Danen) ne récolterait que 11% des suffrages... En péninsule bretonne, repaire des "abominables" Bonnets rouges qui étaient, à en croire certains, l'une des pires manifestations fascistes de ces dernières années, le FN est à son niveau le plus bas de l’État français, ne dépassant jamais les 10% là où il est présent. L'un des principaux chefs de file du mouvement, Christian Troadec ("régionaliste" sur une ligne sociale-libérale de centre-gauche), est confortablement réélu dès le premier tour dans son fief de Carhaix (avec près de 66%).

    Élections municipales du 23 mars 2014 - premières analyses

    - Enfin, la "France" des "périphéries des Centres". C'est le domaine du fort voire très fort vote FN, ce que nous avions déjà évoqué en mettant en parallèle cette carte des "fragilités sociales" et celle du vote Marine Le Pen à la présidentielle 2012. Comme nous l'avions dit, on y voit clairement le fort vote frontiste entourer les zones blanches de la carte (zones de forte "inclusion", "métropoles mondialisées") et non occuper les zones d'un bleu profond (zones d'"exclusion", fortement reléguées-périphérisées, y compris les taches bleues dans le blanc qui sont les ghettos urbains). Ainsi, contrairement à ce que peut affirmer un Éric Zemmour (et peuvent répéter d'autres jusqu'au mouvement "communiste"), le vote Front National n'est pas un vote périphérique mais un vote de personnes coincées entre Centres et Périphéries, entre "inclusion arrogante" et "exclusion qui fait peur" (peur de ses "agressions" et peur d'y tomber à son tour) ; ce qui est la sociologie historique du fascisme à discours "social" et se retrouve, naturellement, dans les données socio-géographiques... C'est notamment le cas, en Occitanie, de la "ceinture frontiste" vallée du Rhône - pourtour méditerranéen - axe Narbonne-Toulouse-Bordeaux (à l'exclusion nette de ces deux métropoles) ; là où le FN est le plus souvent arrivé en tête hier ; mais l'Occitanie "profonde" (zones alpines, pyrénéennes et Massif "central"), où (soit dit en passant) la conscience "régionaliste" occitane est la plus présente, vote peu FN. On peut classer dans ces "périphérie des centres", par assimilation, la "métropole ghettoïsée" marseillaise où, on vient de le dire, le FN passe devant le PS ; c'est aussi le cas de la "ceinture FN" qui borde les frontières Nord (comme Hénin-Beaumont) et Est du pays, "périphérie proche" des métropoles parisienne, lyonnaise et de la "colonne vertébrale" européenne (Bénélux-Allemagne-Suisse).

    On retrouve cela dans les études "sociologiques pures" du comportement électoral, comme le montre la carte ci-dessus : le vote Le Pen le plus élevé (35,8%) se trouve chez les ouvriers NON-PRÉCAIRES, ce que les marxistes appellent classiquement l'"aristocratie ouvrière" et qui formait le gros de l'électorat Mitterrand et Marchais en 1981 (mais aussi des "jaunes" militant "syndicat maison" et votant à droite), alors qu'il retombe à 22,4% chez les ouvriers précaires (qui votent à plus de 50% à gauche... pour ceux/celles qui votent), c'est-à-dire le "vrai" prolétariat. L'électorat FN est clairement moins précaire qu’apeuré de le devenir ; un de ses terreaux les plus fertiles est la peur du déclassement

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    ENSEIGNEMENTS POLITIQUES : le principal, nous l'avons dit, est le "triomphe" électoral du FN sur lequel nous allons nous pencher plus en détail.

    Le FN/Rassemblement Bleu Marine, nous l'avons donc dit, peut considérer ce premier tour des municipales comme un grand succès, et sortira sans doute gagnant dimanche prochain dans plusieurs villes (comme déjà à Hénin-Beaumont). Pour autant, sans céder d'un pouce à l'aveuglement "confortable", nous considérons qu'il n'est pas encore vraiment au seuil du pouvoir et même que, seul et sans changement de sa part (ce qui revient au même), il ne le sera peut-être jamais. Car il lui manque quelque chose.

    Que manque-t-il au FN de Marine Le Pen ? Prenons les choses dans l'ordre.

    Un parti pouvant prétendre au gouvernement, comme le PS et l'UMP actuellement, est un parti qui réalise (éventuellement et même souvent en alliance) entre 25-30% et 45-50% des suffrages aux élections réellement représentatives du tissu politique et militant, à savoir les législatives et les municipales. À ces municipales, on l'a dit, le FN ne gagne finalement "hexagonalement" que 4,6% des voix, que l'on peut extrapoler autour de 15% en ne tenant compte que des électeurs qui avaient un bulletin FN dans leurs possibilités de choix. L'ensemble de la droite (UMP, UDI, Modem, divers), on l'a dit, a totalisé 46,5 % et la gauche (PS, radicaux, écologistes, Front de Gauche et divers) un peu moins de 38%. Au premier tour des législatives de juin 2012, le PS avait obtenu 29% des suffrages et le total des gauches soutenant Hollande (sans le FdG donc) un peu moins de 40%, l'UMP 27% et le total des droites "républicaines" 35%, tandis que le FN (présent pour le coup à peu près partout) avait recueilli 13,6% des bulletins. On peut donc estimer autour de 15% le nombre d'électeurs qui manquent au parti fascisant pour réellement mettre en danger le "système UMPS" qu'il dénonce. En réalité, ce qui manque au Front National ce sont trois choses :

    - Un véritable réseau de notables qu'il cherche justement à se constituer avec sa stratégie de "dédiabolisation" depuis 2010, son "ouverture à la société civile" à travers le Rassemblement Bleu Marine, les Collard, Ménard etc. ; lui permettant de "mailler" réellement tout le territoire hexagonal ce qui, on le voit clairement avec ces municipales, est loin d'être le cas. Mais voilà : les territoires ont une sociologie à laquelle s'ajoute (c'est très important, sauf pour les "marxistes" mécanistes et abstraits) une histoire ; et une sociologie et une histoire cela veut dire une "psychologie politique". N'y aura-t-il pas des psychologies politiques locales irréductiblement hermétiques à toute véritable implantation lepéniste ? Nous pensons clairement que oui. Un autre problème, comme l'ont montré notamment les expériences de Marignane et Orange, c'est que lorsque les élus FN se "notabilisent" ils ont également tendance à se "pragmatiser" (sans pour autant modérer leurs idées), et à s'éloigner de la posture "antisystème-seuls-contre-tous" que maintient la direction du parti [ces deux cas intéressants montrent une gouvernance d'ultra-droite qui s'est inscrite dans la pérennité : à Orange on l'a dit, Jacques Bompard est réélu dès le premier tour avec près de 60% (tandis qu'à Bollène toute proche, avec 49%, son épouse élue maire en 2008 devra passer par un second tour de "formalité", gagné d'avance) ; à Marignane en revanche, Daniel Simonpieri (passé au MNR mégrétiste en 2001 puis... à l'UMP en 2008) est tombé devant le divers droite (UMP dissident) Éric Le Dissès en 2008 (réélu au premier tour avec 52% dimanche, le FN fait 17,8%) puis s'est effondré sous les affaires (favoritisme, fausses factures et emplois fictifs) en 2011, mais enfin il est tout de même resté 13 ans au pouvoir]. 

    - Des alliances et c'est très clairement, au contraire d'autres forces d'extrême-droite en Europe, un gros handicap pour lui : après quelque rapprochements esquissés dans les années 1980, puis les tentatives de 1998 dans les conseils régionaux (vite avortées et suivies de la scission-expulsion de Mégret qui en était le principal instigateur), un "rideau de fer" s'est abattu entre le Front et la droite dite "républicaine", les uns et les autres rejetant catégoriquement toute alliance, ce qui persiste encore largement aujourd'hui. C'est pourquoi pendant toute cette semaine jusqu'au deuxième tour, il faudra scruter très attentivement les "ouvertures" et autres "mains tendues" en ce sens de part et d'autre. Depuis 2012 déjà, l'abandon par l'UMP de Copé de la ligne de "front républicain" (désistement systématique au profit de la gauche, et réciproquement, en cas de risque de victoire FN dans une commune ou une circonscription) constitue un précédent historique fondamental. Car la réalité est qu'il n'y aucun exemple dans l'histoire de "France" d'instauration d'un régime fasciste par un parti monolithique et isolé, "seul contre tous" comme le NSDAP en Allemagne. Si l'on considère sans rentrer dans les détails les cas de 1940 (Pétain) et de 1958 ("coup de force" de De Gaulle, le régime instauré étant "édulcoré" par la prospérité économique de l'époque), le régime d'"exception" a été instauré sur la base d'une très large combinazione de forces politiques, allant dans les deux cas jusqu'à la "gauche" de l'époque... Nous voyons mal comment cela pourrait se passer autrement la prochaine fois (s'il y en a une).

    - Enfin, on l'a dit, très simplement et mathématiquement (par soustraction), il manque au FN une portion du corps électoral que l'on peut estimer autour de 15% (sur, on l'a dit aussi, des élections d'implantation durable et non des élections de "coup d'éclat" comme peuvent l'être la présidentielle, les européennes, les régionales etc.). Nous avons déjà identifié socio-géographiquement les secteurs populaires où le FN est implanté et se développe : ni trop centrurbains ni trop ruraux, ni bien sûr cités-ghettos que le Front désigne comme des territoires ennemis. Sur le plan socio-politique, l'une des stratégies (pas la seule) du FN, qui est peut-être en passe d'avoir réussi, est d'occuper les secteurs sociaux qui formaient l'électorat du PC de Georges Marchais dans les années 1980. C'est en réalité très clairement sa stratégie depuis plus de 20 ans, depuis la "Chute du Mur" et de l'URSS ; stratégie que cherchait notamment à contrer la ligne "national-social-républicaine" du PC autour de dd188e86a117354976f023e53c161c5acadf39b9Pierre Zarka et (déjà) Alain Soral, avant d'être écrasée par la ligne social-démocrate de Robert Hue en 1993-94. Le moins que l'on puisse dire est que cette stratégie a plutôt bien réussi, tout comme l'autre qui était la récupération de l'électorat populaire de droite déçu par l'abandon de la ligne très "gaulliste" et souverainiste du RPR de Chirac à ses débuts. Le problème, c'est que c'est aussi cette ligne qui a provoqué pratiquement toutes les scissions et les départs du parti frontiste depuis 1999 (Mégret), avec des figures historiques comme Jacques Bompard (seul maire élu en 1995 encore en place, réélu au premier tour avec près de 60%), Carl Lang, Martine Lehideux, Martial Bild, Robert Spieler, Jean-François Touzé, Guillaume Peltier qui a finalement atterri à l'UMP pour y fonder le courant "Droite forte", etc. Tous ces "dissidents" reprochent au FN des choses très différentes, pour ainsi dire tout et son contraire (trop d'isolement ou au contraire trop d'intégration au "système", trop d'atlantisme ou d'européisme ou au contraire trop de "national-souverainisme", discours "immigrationniste" d'Argenteuil ou "programme économique à la Mélenchon") mais ont finalement, si l'on cherche bien, un dénominateur commun : le REFUS DU "PLÉBÉIANISME" assumé depuis plus de 20 ans par Le Pen père et aujourd'hui sa fille. En réalité, ils représentent ce que prophétisait déjà en 1997 (au sujet de la stratégie lepéniste) Henry de Lesquen, ex-UDF très réactionnaire, fondateur du think tank "national-libéral-conservateur" de l'Horloge et (accessoirement) dirigeant actuel de Radio Courtoisie : "il y a un électorat qui attend quelque chose, un électorat plus bourgeois, moins populaire, moins focalisé sur l'immigration, plus attaché aux libertés économiques que celui du Front national", pour lequel il faudrait que "le Front national cesse d'être un parti de contestation fixé sur le nationalisme" ; un électorat - comme typiquement les lecteurs de Valeurs Actuelles, en somme - que Lesquen estimait alors à... 15%, soit précisément ce que nous estimons manquer au FN aujourd'hui. CQFD ; ceci rejoignant le problème susmentionné du réseau de notables (comme vous l'aurez remarqué, les trois problèmes sont étroitement liés).

    Le Front National, groupusculaire à sa naissance dans les années 1970 et encore au début des années 1980, a suivi une stratégie qui lui a fait conquérir des secteurs sociaux considérables : en fin de compte, il a occupé l'espace politique laissé vide par l'effondrement du PCF de Marchais et le virage plus centriste et/ou libéral et européiste de l'ancien RPR. Mais il s'est considérablement coupé d'autres : des secteurs plus aisés et éduqués (à la ville comme à la campagne, à Paris comme en "province"), plus CENTRAUX (ou "centrisés") en définitive, qui demandent plus de "responsabilité", de "réalisme" et de "pragmatisme" à un parti politique pour lui accorder leur confiance. Et il n'est pas dit qu'il puisse facilement faire machine arrière. Or, en dernière analyse, dans un système BOURGEOIS, ce sont bien de tels secteurs sociaux BOURGEOIS qui sont finalement décisifs ! Par ailleurs, et pour briser une vieille "légende urbaine" (d'analystes bords-de-Seine en l'occurrence), il n'y a pas que des gens d'un "certain niveau de vie et de diplôme" qui soient ainsi rétifs au discours Le Pen : dans les "périphéries profondes" urbaines comme rurales, même sans forcément saisir la nécessité révolutionnaire, le "bon sens" ouvrier ou paysan de beaucoup de personnes voit bien que le programme du FN c'est tout et son contraire, l'incohérence voire le nihilisme total (du genre "on sort de l'euro et de l'UE" - tout en restant dans le capitalisme bien sûr - et "après on verra"), que l'on ait une vision capitaliste libérale, keynésienne, "humaniste chrétienne", républicaine sociale ou socialiste de la société "idéale"... Le FN mobilise sur l'irrationnalité de gens pris entre villes et campagnes, entre Centres et Périphéries, absolument coupés de tout y compris du "bon sens paysan" conservateur qui, là où il est présent, donne des scores frontistes relativement faibles.

    Pour le moment, il y a des scores "coups d'éclat" (ce qui était précisément le but recherché) du Front National et la tentation de crier au loup, de céder à la panique ; mais en réalité qu'en est-il vraiment ?

    7766775647 robert-menard-ici-le-6-juin-2013-est-au-coude-a-Laissons de côté deux minutes (non, à bien y penser, plutôt définitivement) cette autre vieille légende urbaine (de droite) tenace, entretenue depuis les législatives à la proportionnelle de 1986 (que la droite avait remportées confortablement), selon laquelle le FN serait une "créature de la gauche pour empêcher la droite de gagner". Tous les faits démontrent le contraire. Hormis les dernières années du mandat Sarkozy (où forcément, avec une campagne signée Patrick Buisson suivie d'une politique avec Borloo, NKM, Kouchner etc. il allait y avoir des déçus...), c'est toujours sous les gouvernements de gauche (1981-86, 1988-93, 1997-2001 et aujourd'hui) que le Front National progresse et accumule des forces. Lorsque la droite est au pouvoir, sa progression se tasse voire carrément s'infléchit ; en 2007, cinq ans de politique sécuritaire sarkozyste l'avaient mis à son plus  bas niveau depuis au moins 20 ans (mis à part la crise de la scission Mégret en 1999). C'est un candidat PS, Lionel Jospin, qui a été éliminé par Le Pen au premier tour de la présidentielle en 2002, offrant ensuite un score de 82% à la droite (Chirac) au second. Et c'est bien de Jean-Claude Gaudin, UMP, que le FN passant devant Mennucci à Marseille est en passe d'assurer la réélection triomphale ; tandis qu'à Hénin-Beaumont, où Steeve Briois est élu dès le premier tour, la liste divers droite plus ou moins UMP-UDI récolte moins de 4% : il est évident que Briois a su s'imposer comme la droite locale (un proche du candidat divers droite reconnaît d'ailleurs ouvertement ses "qualités" !) et que le "peuple de droite" n'a aucune difficulté à voter FN lorsque c'est la seule "alternative crédible" au PS !

    Lorsque le FN monte, la droite joue les victimes, comme encore Copé et compagnie en ce moment, du haut de leurs presque 47% et de leur victoire quasi-assurée dans des centaines de villes importantes, peut-être même à Paris. Mais la réalité, c'est que le FN sert surtout à la droite pour dire que "la gauche a perdu l'électorat populaire" etc. etc. ; c'est-à-dire pour bien imprimer dans le paysage politique, après la "mort du communisme", celle de la social-démocratie ; et se poser ensuite en recours, en dernier rempart de dirigeants "responsables" contre l'"extrémisme alimenté par la politique de la gauche". Il ne s'agit pas là de dire que le FN est un "épouvantail" sans réalité ou un "complot" de la droite UMP, mais simplement de constater dans les faits quelle est l'attitude de l'UMP vis-à-vis du phénomène frontiste, que son discours réactionnaire "décomplexé" n'alimente sans doute pas moins que les trahisons et l'amateurisme des sociaux-démocrates. Très prosaïquement, un FN qui "remplace" le PC de Marchais dans ses anciens bastions sociaux et géographiques, c'est un PS qui ne gagnera jamais plus une élection "nationale" sinon par accident, car si le FN décide finalement de s'allier ou de reporter ses voix sur quelqu'un, ce ne sera sûrement pas sur le PS et ses alliés, contrairement au PC d'autrefois. Mais cela, on l'a dit, le coupe irrémédiablement d'un électorat plus aisé-éduqué-"responsable" tout aussi important (c'est bien pour cela que le PC n'avait jamais eu la moindre chance d'arriver au pouvoir seul par des élections, ni même jamais vraiment fait plus de 20%). Dans les secteurs qui, en revanche, formaient l'électorat populaire du "RPR de Cochin", l'UMP sait que le pragmatisme l'emportera généralement et qu'elle sera toujours préférée aux "socialos" (perçus comme l'antichambre de la Corée du Nord). Et en attendant, avec son discours "décomplexé", ses Copé et ses Peltier [l'un et l'autre sont d'ailleurs triomphalement élus dès ce premier tour, le premier avec 64,3% à Meaux (Brie, Île-de-France) et le second avec 61,84% dans la petite bourgade de Neung-sur-Beuvron (1.250 habitants) en Sologne (près d'Orléans)], elle capitalise les "15% de Lesquen", quitte à ce que ce soit un vote "faute de mieux" !

    6325265-municipales-a-marseille-un-sondage-donne-le-fn-devaLe véritable paysage politique hexagonal actuellement, il est là. Il suffit d'ouvrir les yeux (à moins d'être aveugle) pour se rendre compte de l'atmosphère ultra-réactionnaire/fascisante dans laquelle nous baignons. Le FN à son niveau actuel en est une manifestation, mais PAS LA SEULE. Il existe un puissant courant fasciste en Hexagone et il est devenu pluriel, comme l'était devenue l'extrême-droite des années 1930, qui ne se résumait plus du tout au seul national-royalisme anti-républicain de l'Action française. Mais jamais il n'y a eu et jamais il n'y aura de régime fasciste en "France" sans le renfort essentiel du puissant tissu socio-politique ultra-conservateur qui structure le "pays profond" depuis des générations ; et même (comme Vichy et 1958 l'ont montré) sans celui d'éléments réactionnaires venus de la "gauche". C'est pourquoi selon nous, et nous le dirons ici clairement, le discours le plus dangereux qui se développe en ce moment n'est pas "j'en ai marre de tous ces cons, je vote FN"  mais, chez des gens accordant plutôt leurs suffrages à l'UMP, "en quoi est-il plus abominable de nous allier avec le FN que les socialistes avec les communistes ?" ("aux 100 millions de victimes" rajouteront-ils généralement)... discours que l'on entend ou lit de plus en plus fréquemment sur la Toile et dans la vie de tous les jours. Tel est le véritable grincement des portes du pouvoir s'ouvrant devant le Front. Le FN n'arrivera jamais au pouvoir si on ne lui en ouvre pas les portes, c'est aussi simple que cela... et les portes en question ne s'ouvrent que de l'intérieur !

    Le FN et l'extrême-droite activiste en général prennent place dans un dispositif qui se construit petit à petit, sans résumer ce dispositif à eux-seuls. Un dispositif complexe dans lequel il n'est pas vraiment possible de dire d'où viendra le coup décisif (et "l'homme providentiel" qui le portera). Ce qui est certain, c'est que se ranger béatement derrière la bourgeoisie "républicaine" de "gauche" comme de droite face à l'épouvantail FN, comme y ont appelé pour le deuxième tour de prétendus "maoïstes", c'est JUSTEMENT tomber dans le premier et plus terrible piège de ce dispositif. De tous les régiments de l'ennemi de classe, le FN est sans doute le plus féroce ; mais la riposte contre les ennemis du peuple doit être POPULAIRE et AUTONOME : on ne s'allie pas à des ennemis contre d'autres, fussent-ils "plus terribles" !!!

    Pour le reste, ce scrutin de dimanche montre (et confirme) la tendance à l'effondrement de la "gauche de la gauche" : après Laguiller puis Besancenot, la baudruche Mélenchon s'est dégonflée à son tour. C'est absolument logique, puisque ce que les uns comme les autres ont voulu faire c'est occuper "mécaniquement" l'espace politique du PCF du Programme Commun (Mélenchon ayant à la rigueur plus de légitimité à le faire, puisqu'il s'est allié au PC himself). Le problème, c'est que cet espace politique n'existe plus. Le terreau socio-politique sur lequel reposaient les scores du PC de 1980 ou 1985 a été capté par le FN, car son niveau politique et culturel était celui-là (soigneusement entretenu par le "produisons français", le populisme "social"-patriote et le légalisme républicain à outrance) ; ou alors il s'est réfugié dans l'abstentionnisme, mais il ne pense en tout cas absolument pas se tourner vers une "gauche radicale" perçue comme centrurbaine, étudiante, bobo, "privilégiée" (fonctionnaires et salariés publics). Le champ politique maximal de cette dernière, ce sont donc (au niveau hexagonal) les 13-14% recueillis par Hue, Besancenot et Laguiller additionnés en 2002 : des milieux d'ores et déjà conscientisés très-à-gauche, militants, syndiqués (travailleurs ou étudiants) ou sous cette influence politique-là, et les "anciens" jusqu'au-boutistes du PC (c'est ainsi que dans les classes populaires urbaines, plus on est âgé plus on vote et on vote à gauche, tandis que les jeunes sont beaucoup plus fortement abstentionnistes ou FN). Tel est le "peuple gauche-de-la-gauche" d'aujourd'hui. De surcroît, au niveau municipal, le PC qui pense à garder des élus voire des fauteuils de maire a pris ses distances avec la posture d'opposition radicale au PS de Mélenchon, provoquant la colère de celui-ci et (surtout) favorisant les piteux résultats enregistrés. Le "communisme municipal" est de toute façon porté à bout de bras par le PS depuis au moins 20 ans, donc forcément, si celui-ci s'effondre...

    Et puis, pour les personnes réellement "radicales" ayant une perception minimum de la nature de l’État, il y a une contradiction évidente entre vouloir "changer radicalement les choses" et postuler à la gestion de la dernière courroie de transmission de l’État capitaliste : cela a forcément dû en conduire beaucoup à l'abstention.

    L'abstention a vraisemblablement (comme en 2002) concerné surtout des électeurs de gauche, marquant par là leur déception sans aller jusqu'à changer de bord ; de même qu'une abstention principalement de droite (ou des passages ou retours au FN sans report au second tour) avait sans doute été fatale (d'une courte tête) à Sarkozy en 2012.

    SHàgauchetouteConcernant un autre type de listes que nous avions évoquées, à savoir les listes d'affirmation des peuples niés sur une ligne un minimum progressiste (défi non-réactionnaire de peuple à l’État centralisateur ou, au choix, "régionalistes au service des notables" pour certains "maoïstes" préférant soutenir l'"antifasciste" Valls contre Dieudonné) : en Bretagne, outre (comme on l'a dit) le "bonnet rouge" Troadec définitivement seigneur en son Poher natal (mais le girouettisme politique du personnage le rend difficilement classable), la liste Saint-Herblain à Gauche toute (Breizhistance avec le soutien un peu surréaliste du PG mais bon) rassemble un joli score de 10% (1.500 voix) dans sa commune ; il y aura second tour (le candidat en tête n'a pas eu 50%) et nous espérons fortement qu'elle ne fera pas l'erreur de fusionner et ira au bout de sa démarche en se maintenant [c'est chose faite, ils se maintiennent]. Nous espérons avoir prochainement d'autres résultats [MàJ 27/03 : c'est chose faite sur le site de Breizhistance]. L'UDB y allait généralement en liste commune avec (a minima) le PS et/ou d'autres forces de la gauche de gouvernement (comme les Verts, leurs alliés historiques, avec lesquels ils sont toutefois en bisbille au sujet de l'écotaxe) ; elle suit donc la destinée de ces forces, bonne ou mauvaise - en général plutôt moins mauvaise qu'ailleurs. Des listes UDB autonomes se présentaient toutefois à Lanester (Morbihan) et Kemper/Quimper (contre le très-proche-de-Hollande maire socialiste Bernard Poignant) ; elles y ont recueilli respectivement 7% et 6% des suffrages.

    Trugarez merciIl en allait de même pour les candidats de l'initiative occitane Bastir 2014 (présents sur des listes de gauche mais aussi du centre ou carrément de droite, donc pas sur une ligne progressiste claire de toute manière). Là, de plus, les listes sur lesquels ils/elles se présentaient subissent de plein fouet la montée du FN (seul parti avec lequel, pour un minimum de dignité, il était exclu de pactiser).

    À Baiona (Bayonne), une liste plus ou moins social-démocrate et écologiste autonomiste menée par Jean-Claude Iriart remporte un respectable 10,3% (*). En Corse, à Bastia, l'indépendantiste Gilles Simeoni (avocat d'Yvan Colonna) talonne avec 32% le podestat local (farouchement pro-français) Émile Zuccarelli : l'indépendantisme dans ses diverses tendances (plus ou moins progressistes...) s'est définitivement ancré ces dernières années, à un très haut niveau, dans le paysage politique insulaire.

    Tout cela vaut ce que cela vaut et nous ne partirons pas dans des débats sans fin : ce sont des constats et non des "hourras" (ou des "aupa", en basque). Nous constatons un mouvement continu, depuis plusieurs années, vers une réappropriation et une réaffirmation par les Peuples de leur identité populaire réelle, de leur "non-francité" ; et pas uniquement (bien au contraire) sur une ligne réac-identitaire-maurrassienne (qui affirmerait la "francité" au-dessus des identités "locales", de toute façon...), même si l'on est encore (souvent) très loin d'une ligne qualifiable de "révolutionnaire". C'est un phénomène dont la moindre des choses (si l'on se prétend communiste donc "analyste concret de la situation concrète") est de prendre acte et de commencer à réfléchir dessus ; et que nous (SLP), au regard de nos analyses développées depuis plusieurs années, jugeons plutôt positivement quelle que soit la petitesse du pas réalisé, en terme de dynamique sociale (démarche des électeurs qui mettent le bulletin dans l'urne) et non de programme de ces candidats (que nous ignorons généralement) et d'éventuelles manigances et/ou "grattages" de concessions et de "places" ultérieurs...

    Comme nous l'avons dit précédemment, nous n'avons pas de vision suffisamment générale sur les listes "asso-militantes" issues des quartiers populaires de "banlieue", mais à Toulouse c'est un fiasco (1,8%). Ce qui apparaît en réalité, c'est que ce type de démarche dans les quartiers-ghettos et les colonies intérieures semble totalement dépassé en terme d'exigence de radicalité de la population - que cette radicalité se tourne ensuite vers une voie de garage réactionnaire (intégrisme religieux, dieudonnisme) ou dans un sens progressiste-révolutionnaire (comme nous l'observons quasi-quotidiennement et c'est vraisemblablement le phénomène social le plus occulté de la "république" en ce moment). 

     

    631481-des-drapeaux-aux-couleurs-basques(*) Un (très bon) camarade basque nous a transmis les infos suivantes : 

    "Les abertzale progressistes (on va dire), parfois en alliances avec des "écolos" et des "de gauche" (mention "pas que abertzale") progressent à peu près partout, voici la plupart des résultats significatifs : 

    Maule/Mauléon : 13,25% 

    Sohüta/Chéraute : 45,39% (pas que abertzale ) 

    Baigorri (duel de deux listes) : 53,5% (pas que abertzale) - remportent donc la mairie par déduction

    Donibane Garazi / St-Jean-Pied-de-Port : 33% (pas que abertzale)

    Donapaleu/St-Palais : 14% (pas que abertzale)

    Aiherra/Ayherre : remportent la mairie

    Hazparne/Hasparren (duel de deux listes) : 23,6%

    Uztaritze/Ustaritz : de 25,61% en 2008 à 37,90%

    Donibane Lohitzune/St-Jean-de-Luz : 25,84%

    Ziburu/Ciboure : 21,1%

    Kanbo/Cambo (duel de deux listes) :  27,7%

    Urruña/Urrugne : de 19,57% en 2008 à 25,64%

    Arbona/Arbonne : 42,34%

    Hendaia/Hendaye : 12,6%

    Le FN fait 658 voix soit 5 % dans sa seule liste à Miarritze/Biarritz, mais à noter qu'ils avaient augmenté dans pas mal de coins en 2012, en Lapurdi/Labourd ("côte basque" et son immédiat arrière-pays) surtout.

    http://www.enbata.info/articles/abertzaleak-aintzina-hainbat-herritan/

    Les résultats dans le tableau où tu peux sélectionner toutes les villes et villages (en euskara) : http://euskalirratiak.info/"

    Concernant cette situation des listes abertzale progressistes au Pays Basque, et encore une fois sans "sacralisation" aucune de qui que ce soit (tout cela nous semble gentiment social-démocrate, point) ni de l'électoralisme de la démarche, de nouveaux développements méritent d'être portés à la connaissance de nos lecteurs ; notamment avec la FUSION de la liste de Jean-Claude Iriart avec celle du Front de Gauche à Baiona (un "Front de Gauche" sans le PCF, qui faisait liste commune avec les socialistes dès le premier tour), fusion qui a provoqué la fureur du jacobin Mélenchon et de l'état-major du Parti de Gauche (nous aurions aimé être là pour le voir !), et le retrait de l'investiture à la liste :
    Le Parti de Gauche retire son investiture au Front de gauche de Bayonne 

    Pays basque: les nationalistes gagnent du terrain, pèsent sur le 2e tour  JEAN-LUC MÉLENCHON DÉNONCE L’ALLIANCE BAIONA2014/FRONT DE GAUCHE  La présence du PC sur la liste PS va sans doute pousser la direction du Parti de Gauche à soutenir ceux qu'ils qualifie à longueur de temps de "sociaux-libéraux" vendus au "pouvoir des banques", plutôt que d'affreux "nationalistes"...  En définitive, Ipar Euskal Herria semble avec les résultats de ces élections locales s'acheminer vers une situation "à la corse", c'est-à-dire où le clivage de fait, soit au sein du "peuple de gauche" soit tout court, passe entre affirmation de la nationalité réelle et tenants du centralisme français. On est encore (sans doute) très loin des thèses de Libération révolutionnaire des Peuples (LRP) que nous avons pu exposer ici ; la revendication la plus radicale (outre un "programme commun" de gauche classique sur le plan économique et social, et des revendications écologistes) semble être la création d'un département basque à statut spécial et à côté, EH Bildu (au Pays Basque Sud, "espagnol") fait figure de dangereux maoïstes... Mais cela pourrait bien créer un terreau qui, semé de thèses telles que les nôtres, pourrait voir fleurir des choses intéressantes !

    punopunopuno

    En Bretagne :  Le point sur les élections municipales 2014


    Concernant la nouvelle misérable attaque du 'p''c''mlm' pseudo-"maoïste" contre le PCmF (point n°3 de l’article en lien), nous allons encore une fois nous efforcer de répondre mais sans disserter outre mesure :

    - Le 'p''c''mlm' qualifie de "ridicule" la thèse du PCmF (texte de décembre 2009) mais évite BIEN SÛR soigneusement d'aller sur le fond du propos : sa thèse RIDICULE comme quoi il y aurait une "bourgeoisie industrielle-traditionnelle" (incarnée par Sarkozy) et une "bourgeoisie financière-impérialiste" (incarnée aujourd'hui par le FN... mais rappelons-nous qu'à l'époque leur bête noire était Villepin, "rayé" depuis de la carte politique), alors que le b-a-ba du léninisme depuis plus d'un siècle nous enseigne qu'au stade historique des MONOPOLES, la bourgeoisie industrielle et la bourgeoisie financière (bancaire) ont FUSIONNÉ en BOURGEOISIE MONOPOLISTE impérialiste – ce qui n'exclut pas que celle-ci ait différentes tendances qui s'affrontent parfois durement, comme lorsque par exemple elles prônent des alignements géopolitiques opposés sur des puissances qui au niveau mondial s'affrontent (comme les USA et la Russie en ce moment). Cette thèse ridicule est pour le coup TOTALEMENT ISSUE de la cupule dirigeante petite-bourgeoise de la Gauche Prolétarienne (les Glucksmann, Lévy, July etc.).

    - Le PCmF n'a quant à lui  jamais fait mystère de ses origines historiques, et les assume même avec une honnêteté rarement rencontrée dans le mouvement communiste/révolutionnaire. Ses fondateurs sont issus des composantes OUVRIÈRES de la Gauche Prolétarienne et du PCMLF, et se sont un temps (après la trahison du maoïsme par beaucoup de ses hérauts) égarés dans le hoxhisme (le marxisme-léninisme "albanais", dogmatique, "ossifié") avant de revenir au maoïsme sur la question de la Guerre populaire au Pérou. Ils se sont dès lors TOUJOURS revendiqués de la composante ouvrière-populaire de la GP et nullement du PCMLF (en tout cas de sa ligne directrice "prochinoise", "théorie des trois mondes" etc.).

    - En décembre 2009, le PCmF affirmait effectivement que le Front National et les groupes ultras d'extrême-droite étaient une menace secondaire par rapport à la politique ultra-policière, économiquement thatchérienne et culturellement berlusconiste de Sarkozy... Et dire cela à l'époque n'avait RIEN D'ABERRANT si l'on se basait sur les scores électoraux (3,8 millions de voix pour le FN à la présidentielle et 1,1 million aux législatives 2007, 150.000 aux municipales 2008 et encore 1,1 million aux européennes de juin 2009) comme sur l'activité concrète des groupes militants. Les temps ont changé depuis ; PERSONNE N’A JAMAIS DIT LE CONTRAIRE.

    - SURTOUT, la critique lamentable du 'p''c''mlm' fait comme si avant la position de force actuelle du Front National il n'y avait pas eu 5 et même 10 ans de sarkozysme et que celui-ci n'avait aucune responsabilité dans tout cela ; avec son discours xénophobe, sécuritaire, contre "l'ennemi intérieur" et pour la "France qui se lève tôt" soigneusement imprimé dans les consciences populaires, et même si bien imprimé qu'à l'arrivée sa politique réelle a déçu les masses mobilisées sur ces thèmes ; tandis qu'en même temps sa politique économique plongeait les classes populaires dans l'appauvrissement et le désarroi. Le sarkozysme a certes été le seul régime de droite, dans ses deux dernières années en tout cas, qui a vu monter le Front National. Mais regardons les choses sur une plus longue séquence historique. En 2002 (date cruciale dont ne parle pourtant jamais le 'p''c''mlm', lui préférant le référendum européen de 2005 pour des raisons inconnues), Jean-Marie Le Pen fait un "coup d'éclat" en éliminant, avec 4,8 millions de voix, Lionel Jospin et en se qualifiant pour le second tour de la présidentielle, où il est toutefois largement battu par Chirac. En réalité, la campagne très violente menée pendant plus de deux ans (dès l’an 2000), notamment sur le thème de "l'insécurité", contre le gouvernement PS-PC-PRG-Verts afin d'assurer la réélection de Chirac a eu des effets dépassant ceux escomptés. Ce dernier, réélu, affirme alors avoir "entendu le message" et place Nicolas Sarkozy (qu'il déteste pourtant personnellement) au très stratégique Ministère de l'Intérieur, avec pour mot d'ordre (selon les mots de l’ancien nervis fasciste Devedjian) de "mettre le bleu marine (des forces de répression) à la mode". Dès lors, le Front National marque un recul sensible à toutes les élections : 3,5 millions de voix (14,7%) aux régionales et 1,7 millions (9,8%) aux européennes en 2004, et, on l'a dit, 3,8 millions à la présidentielle et 1,1 millions aux législatives en 2007. Pendant toute cette période, le chef de file de la mobilisation réactionnaire de masse est Nicolas Sarkozy et non Jean-Marie Le Pen. Ce qui l'amène enfin à réaliser son rêve matinal "pas seulement en se rasant" : être élu triomphalement à la présidence de la République du Capital en mai 2007, épaulé alors par le très maurrassien "conseiller de l'ombre" Patrick Buisson. Mais ensuite (2007-2012)... bousculé par la gauche aux législatives qui ont suivi (on frôle alors la cohabitation dès le début du mandat !), il prône "l'ouverture" et mène une politique de droite modérée avec François Fillon à Matignon ; et IL DÉÇOIT ceux et celles pour qui il avait été un "Le Pen jeune", "moderne" et surtout capable d'amener ses idées au pouvoir, contrairement au vieux tribun. La fille de celui-ci (élue à la tête du parti en janvier 2011, mais de facto déjà aux commandes depuis le mauvais score de 2007) entamant dans le même temps une politique de "dédiabolisation", de rupture avec la posture purement "protestataire" de son père et d'alignement sur le mainstream zemmourien anti-islam et anti-"racaille" plus qu'anti-immigrés au sens strict (l'antisémitisme étant quant à lui totalement remisé à la cave), le FN reprend son ascension et "cartonne" en 2012. Depuis, avec la "gauche" bourgeoise au pouvoir, il accumule encore plus de forces comme toujours dans ce cas de figure ; et prétend désormais disputer à l'UMP la place d'opposition n°1 à la politique du PS. C'est aussi simple et "mathématique" que cela et ne nécessite absolument pas d'aller chercher des distinctions ridicules entre une prétendue "bourgeoisie industrielle" et une "bourgeoisie impérialiste" qui, dans un pays impérialiste, aurait réussi le tour de force... de NE PAS ÊTRE AU POUVOIR pendant 5 ans !

    - Personne ne peut nier, et même le 'p''c''mlm' ne dit pas vraiment le contraire (il aurait du mal, bien que le ridicule ne l’effraie guère), que 1°/ le capitalisme traverse une crise générale profonde, nécessitant une toute aussi profonde RESTRUCTURATION de son système (organisation de la production et de la vie sociale), une "guerre pour le taux de profit" qui se mène à l'extérieur contre les forces capitalistes-impérialistes rivales, et à l'intérieur contre les maigres droits acquis par les classes populaires au cours du siècle dernier et contre toute agitation et menace d'explosion ou de "dislocation" de la société, MAIS 2°/ l’État bourgeois du Capital n'est pas confronté à un mouvement révolutionnaire puissant qui le menacerait sérieusement (pour le moment), ce qui fait (oui oui…) une différence fondamentale avec le "seuil des années 1930". La thèse du "fascisme moderne" n’a jamais consisté à dire autre chose : il y a une situation actuelle qui présente 1°/ une similitude frappante et 2°/ une différence fondamentale avec celle des années 1920-30 (il ne s’agit nullement de dire que le capitalisme aurait "changé de nature"). Dans la configuration où écrivait André Glucksmann, au début des années 1970, c’était exactement l’inverse : agitation révolutionnaire préoccupante pour le pouvoir gaulliste ; mais période d’accumulation et de prospérité capitaliste qui permettait (aidé en cela par la social-démocratie et surtout le PCF) de tenir l’essentiel des masses populaires "sous contrôle". Là encore cela ne pouvait pas être le "fascisme de type ancien", le fascisme du "seuil des années 1930", bien que les groupes fascistes (alors extrêmement violents) comme Occident, Ordre Nouveau, le Groupe Charles-Martel etc. proliféraient ; et André Glucksmann avait raison de dire cela.

    - De toute manière, tout ce débat n’est que blabla à blanc. Car le seul objectif de la thèse du 'p''c''mlm', c’est de circonscrire le fascisme aux seuls courants "eurasistes/tiers-mondistes" (violemment anti-israéliens) et à la rigueur "eurorussistes" de celui-ci (en gros, c’est à peine si ça commence timidement à Zemmour), ainsi qu'aux courants ultra-souverainistes violemment anti-UE et/ou à discours "social" ; et si possible aux seuls courants assumant un discours antisémite contre le "lobby sioniste" etc. ; à l’exclusion de tous les autres (qui seraient "bourgeois industriels-traditionnels" et "conservateurs", "réactionnaires certes, mais pas fascistes") car en réalité le 'p''c''mlm' est au service des courants "euratlantistes" et "occidentalistes" de la mobilisation réactionnaire de masse, les courants au discours économique "libéral", défenseurs d’Israël et rejetant (en apparence du moins)  l’antisémitisme. Le masque est de toute façon d’ores et déjà totalement tombé au sujet des récentes mobilisations "radicales" et antifascistes de ces derniers mois :

    Rejet du CRIF dans la ville de l'affaire Merah : l'affaire

    Violences anarchistes à Nantes et Rennes: une expression de décomposition politique

    "Dieudonné-Valls : ni peste ni choléra !" : une position anti-antifasciste

    Affaire Dieudonné : comment on retrouve les mêmes positionnements que lors de l'affaire Dreyfus 

    etc. etc.   

     


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  • check pointL’État d'Israël opprime, exproprie, arrache les arbres fruitiers et rase les maisons, nie et tue le Peuple palestinien avec une bonne conscience rare ; totalement dans le cadre du "droit" (volonté des dominants faite loi, ainsi que nous l'enseigne le marxisme) et la préoccupation "légitime" de la "sécurité de ses citoyens". C'est là quelque chose de très intéressant à étudier pour comprendre, hors de Palestine occupée, le sionisme "de gauche" et l'"antisionisme" de droite.

    Car les "gauches" bourgeoises occidentales, finalement, peuvent retrouver dans cette situation palestinienne, par sionistes interposés, leur BONNE CONSCIENCE COLONIALE et "civilisatrice" de l'époque de Jules Ferry, désormais quelque peu "gênée aux entournures" par le "politiquement correct" en Occident. Lorsque l'apartheid est tombé en Afrique du Sud (et que la fin de la Guerre froide a supprimé l'excuse anti-soviétique), il a tout de même fallu épargner à cette bonne conscience un poids trop lourd pour elle et c'est ainsi que l'impérialisme a poussé à la "solution" au Proche-Orient, débouchant sur les Accords d'Oslo (1993) entre Arafat et Rabin. Mais comme le Hamas, le Jihad islamique, le FPLP et quelques autres (comme le Hezbollah au Liban) ont refusé ces accords de capitulation, une nouvelle excuse a vite été toute trouvée pour poursuivre la colonisation et l'apartheid sioniste en toute bonne conscience : la lutte contre le "terrorisme" et "l'islamisme" bien sûr !

    palarrestedathowaracheckpoint c rD'ailleurs, pour tout Occidental un peu impérialiste dans l'âme (il y en a beaucoup...), Israël avec ses braves juifs (de bons juifs, vraiment, pas des apatrides crasseux, fourbes et gauchistes comme avant) représente ce petit quelque chose qu'on croyait disparu à tout jamais depuis un bon demi-siècle : un morceau d'Occident hors d'Occident, avec ses autoroutes et ses buildings flambant neufs, sa "modernité" et sa "civilisation". Un imaginaire suprématiste occidental qui va bien au-delà des "classiques" milieux réactionnaires-racistes "primaires", bien au-delà en réalité de ceux que la plupart des gens "de gauche" imaginent concernés ; un imaginaire imprégnant parfois... jusqu'à ces gens "de gauche" eux-mêmes (culte du "progrès" entretenu par un certain "marxisme" mal digéré, etc.). Ici trouve son explication L'EXISTENCE du sionisme et du crypto-sionisme "de gauche", plus ou moins conscients et assumés.

    Alors qu'à droite, on va plus facilement trouver des gens qui s'énervent : "À nous, la dictature du politiquement correct nous ordonne sans cesse de nous repentir pour notre œuvre coloniale civilisatrice auprès de ces bougnoules et de ces négros, alors que ces Juifs, hein ma bonne dame, eux ils font ce qu'ils veulent et personne ne leur dit jamais rien, on se demande vraiment pourquoi !" ("question" dont l'interlocuteur est supposé immédiatement connaître la réponse : "ils contrôlent tout", "de la banque aux médias", bien entendu…). Le discours d'un Soral n'est typiquement rien d'autre que celui-là. Nous avons là le fond intellectuel de l'"antisionisme" de droite.

    FPLP-et-PC-Libanais 2523La relativement basse intensité du conflit palestinien peut d'ailleurs aussi – au demeurant – expliquer l'IDENTIFICATION à celui-ci de millions de personnes opprimées à travers le monde. En Palestine, lorsque ce n'est pas l'Intifada de chez Intifada ou une opération de bombardement sur Gaza, c'est finalement "juste" un gros apartheid ethno-social, de l'injustice casquée faisant office de loi, un Uzi dans une main et un ordre administratif d'expulsion dans l'autre. Pour beaucoup de gens ghettoïsés (de classe et/ou de "race") en Europe et dans le monde, a fortiori de culture arabe ou musulmane dans des pays qui majoritairement ne le sont pas, mais pas seulement, c'est finalement juste "un cran au-dessus" de la situation qui est déjà la leur. Il suffirait de décréter des "zones dangereuses" (ne parle-t-on pas déjà de "territoires perdus de la République" ?), de construire de grands murs autour, d'installer des checkpoints et des passeports intérieurs et on y serait. L'expropriation des maisons palestiniennes pour faire place à des lotissements israéliens fait écho pour beaucoup de gens, en juste un peu plus "brutal", à la gentryfication de nombreux quartiers populaires urbains (ou à la villégiaturisation de nombreuses zones rurales), aux destructions de "barres" d'immeubles (certes affreuses) pour faire place à des logements classe-moyenne pas forcément accessibles aux habitant-e-s d'origine, etc. etc. dans nos pays "démocratiques" capitalistes.

    692466-846432Alors que la guerre en Syrie, par exemple, c'est une toute autre affaire, une toute autre dimension. On se fout sur la gueule à l'arme lourde. Le régime massacre la population pour la seule et unique raison qu'il est régime et que le peuple est peuple, et qu'un peuple arabe n'a pour seul "droit" que d’obéir à son régime. L'opposition, régime de demain et même déjà d'aujourd'hui dans de nombreuses zones, raisonne de la même façon. Des centaines de personnes meurent chaque jour sous les obus de mortier ou de char. C'est abominable, tout le monde est d'accord là-dessus. Mais c'est une "autre planète". On se dit que pour en arriver là, notre société "démocratique" occidentale a encore "de la marge". L'apartheid sioniste en Palestine est peut-être notre demain immédiat (ce que semble même confirmer ouvertement le fasciste Zemmour...) tandis qu’une guerre civile comme en Syrie apparaît comme un possible beaucoup plus lointain ou tout simplement un impossible, quelque chose qui ne "peut pas arriver ici". Ci-gît, pulvérisé, un grand et classique argument crypto-sioniste "de gauche" : la prétendue "obsession israélo-palestinienne" alors qu'il y aurait "des tas de conflits beaucoup plus meurtriers dans le monde".

    Bethlehem-11176La Palestine est une ligne de front directe entre "Nord" et "Sud", théâtre d'une confrontation entre Occident impérialiste et "Tiers-Monde" IMMÉDIATE au sens propre du terme ("sans intermédiaire"), comme il n'en existe peut-être pas ailleurs sur la planète sinon à la frontière mexicaine des États-Unis (mais ce sont d'autres problématiques et d'autres méthodes). Quelque part, on peut presque dire que c'est le monde impérialiste d'aujourd'hui qui se trouve là en modèle réduit sur 26.000 km2 : le Goush Dan ("Grand Tel-Aviv") ressemble à n'importe quelle métropole occidentale, mais à quelques dizaines de kilomètres commence le "Tiers-Monde", tenu en respect par Tsahal et les colons. Une ligne de front "riches"/"pauvres" aussi (même s'il y aura toujours des coupeurs de cheveux en quatre pour venir nous expliquer qu'il y a des Israéliens pauvres et des Palestiniens riches, comme si on était con à ce point et qu'on ne le savait pas, voyez-vous) ; ligne de front qui se retrouve finalement à moindre intensité autour de tous les territoires de relégation des pays "développés" (Europe, Amérique du Nord) ou "en développement" (Brésil, Amérique latine en général, Afrique du Sud), surtout si ces territoires abritent des "colonies intérieures", des non-"blancs" face à des "blancs" sociaux (faut-il s'étonner, par exemple, de voir le drapeau palestinien flotter au Brésil où l'on dénonce le "nettoyage social" massif des quartiers pauvres en prévision de la Coupe du Monde et des JO, dans des (ex)actions qui n'ont guère à envier à celles de Tsahal ? ou encore de voir les Premières Nations d'Amérique du Nord y identifier tellement leur propre tragédie ?) [sur ce sujet d'"Israël-Palestine comme microcosme des rapports Nord-Sud", l'on peut voir ici une traduction résumée de l'idée-force de cet article en anglais].

    Pour citer par exemple Sadri Khiari du PIR, au sujet de ce que peut être la solidarité (le "nouvel antisémitisme" diront les connards de service) ici dans les quartiers populaires : "Soutenir les Palestiniens, c’est se soutenir soi-même, en tant qu’Arabes indigénisés. Proclamer, à la face du Blanc, « Je suis Arabe ! », « Je suis musulman ! », « Je soutiens les Arabes parce qu’ils sont Arabes et les musulmans parce qu’ils sont musulmans ! », ce n’est pas essentiellement défendre une « ethnie » ; c’est dire : « Nous, les peuples victimes du racisme et du colonialisme, nous sommes unis par un destin commun ». C’est une proclamation éminemment politique. Manifester sa solidarité avec le peuple palestinien, affirmer son arabité et son islamité, s’accrocher à une culture que la République raciste veut éradiquer procèdent d’une seule et même volonté. »."

    Voilà pourquoi les ghettoïsé-e-s de tous les pays s'identifient à la Palestine et pas au Kurdistan écrasé par l’État turc et le nationalisme arabe ou aux Tamouls massacrés par les chauvinistes cinghalais au Sri Lanka ; situations où des "sudistes" (vendus, tirailleurs du "Nord" certes) massacrent des "sudistes" – ces oppresseurs et égorgeurs "sudistes" (ou d'Europe de l'Est) se retrouvent d'ailleurs plus qu'à leur tour à répondre de leurs crimes devant un tribunal international, ou du moins inculpés par lui ; et dans tous les cas voués aux gémonies devant le "tribunal de l'Histoire" en bonne place aux côtés d'Adolf Hitler... mais JAMAIS les dirigeants israéliens qui ne font (soi-disant) que "défendre leurs citoyens contre la barbarie terroriste" (Poutine ou Assad disent-ils autre chose ?), quelles que soient les centaines voire les milliers de victimes de leurs bombardements, de leurs mitraillages et autres exactions : avec les impérialistes US et bleu-blanc-rouge (directement ou par valets et mercenaires interposés), Israël fait partie des trois grands impunis de la mort violente planétaire ; un peu comme ces nobles de jadis qui pouvaient tuer un roturier et s'attirer tout au plus une remontrance de leurs pairs ou une amende.

    Ici vole en éclat un autre argument supposé "massue" des crypto-sionistes de gauche voire d'"extrême-gauche" ("Pourquoi parlez-vous tout le temps de la Palestine et pas des Kurdes, des Tamouls etc. etc. ? Parce qu’en Palestine l’oppresseur est juif et que vous êtes antisémites, bien sûr !!!").


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  • À Paris, à l'occasion de l'anniversaire du déclenchement de la Commune (18 mars), des révolutionnaires anarchistes ont infligé à la basilique réactionnaire du Sacré-Cœur le châtiment mérité depuis plus de 140 ans.

    Servir le Peuple n'est pas connu pour prôner l'imbécilité vis-à-vis des lieux de culte : non seulement il faut savoir reconnaître la différence qualitative entre une religion majoritaire et/ou dominante et une religion minoritaire et opprimée (sinon, pourquoi ne pas profaner aussi les mosquées et les synagogues comme le font les fascistes ?) ; mais même les attaques contre la religion majoritaire et dominante, catholique dans l’État français ou orthodoxe en Russie (affaire Pussy Riot), peuvent se révéler contre-productive et dresser inutilement contre le camp révolutionnaire des personnes qui lui seraient peut-être gagnables à terme. Certains édifices peuvent d'autre part représenter quelque chose pour un Peuple bien au-delà de ceux et celles qui croient en une entité immatérielle supérieure.

    Mais cette basilique du Sacré-Cœur, assez hideuse au demeurant, a été édifiée à partir de 1873 explicitement "là où tout avait commencé", à Montmartre, pour faire "expier" à Paris les "crimes mécréants" de la Commune ; ainsi que le disait clairement l'un des initiateurs du projet, le peintre réactionnaire grand-bourgeois Hubert Rohault de Fleury : "Oui, c'est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément Thomas et Lecomte, que s'élèvera l'église du Sacré-Cœur ! Malgré nous, cette pensée ne pouvait nous quitter pendant la cérémonie dont on vient de lire les détails. Nous nous rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l'Église semblait surtout animer". Le même esprit de Réaction, après décembre 1851 ou le "Printemps des Communes" 1871, a d'ailleurs présidé à la construction de Notre-Dame de Fourvière (à Lyon)... et de la "Bonne Mère" (Notre-Dame de la Garde) si chère aux Marseillais (ainsi que la Major dans la même ville). Il fallait "rechristianiser" les villes tombées dans le "fanatisme partageux" à grand coup d'édifices "néo-byzantins" : c'était l'époque où Ordre et Chrétienté (sabre et goupillon) faisaient bon ménage, avant la "Sainte Laïcité" de Jules Ferry et Émile Combes... Comme le disait l'ignoble Thiers, il fallait "rendre toute puissante l'influence du clergé pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'hom­me qu'il est ici-bas pour souffrir, et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme : jouis". 

    C'EST CELA, le "symbole" du Sacré-Cœur dont tous les politicards locaux ou pas et de droite comme de "gôôôche" dénoncent la "profanation" ; un "symbole" parfaitement connu de tout-e vrai-e parisien-ne de classe populaire qui ne ressent aucun attachement particulier envers cette verrue doublée (en plus) d'un nid à touristes, quelle que soit l'affection vouée (au contraire) à "la Butte". Un symbole de la République capitaliste des égorgeurs qui nous gouverne, cette "république" et ses "valeurs" dont on nous rebat les oreilles à tout va, née sur les cadavres de milliers d'assassiné-e-s des Communes de Paris, Lyon, Marseille, Narbonne etc. ; même si elle se pare aujourd'hui d'oripeaux plus "laïcs" (la "laïcité" ayant, finalement, remplacé la consécration au Sacré Cœur de Jésus-Christ) : un symbole qu'il est nécessaire de connaître et de combattre, comme cela vient d'être fait !

    Lire notamment ici : http://forum.anarchiste.free.fr/viewtopic.php?f=9&p=157687

    Même cet article de la gauche bourgeoise (Rue89), sans faire l'apologie de l'action, a le mérite de bien mettre les points sur les i : http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/20/profanation-cest-basilique-sacre-coeur-les-tags-250836

    Et jusqu'à quand la Sainte Clique / Nous croira-t-elle un vil bétail ?
    À quand enfin, la République / De la Justice et du Travail ?

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    Sur les premiers résultats des municipales : Élections municipales du 23 mars 2014 - premières analyses

    Ces élections, comme chacun-e le sait, ont montré une poursuite et même une très nette accentuation de la fascisation ambiante, avec les scores très importants du FN dans de nombreuses villes et même la victoire dès le premier tour de Steeve Briois à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), la reconduction dès le premier tour de Jacques Bompard à Orange et d’autres caciques ultra-réactionnaires locaux (UMP ou autres) un peu partout, etc. 

    Contre cette fascisation, la riposte POPULAIRE et surtout AUTONOME vis-à-vis du pseudo-"antifascisme" républicain bourgeois, dont le PS au pouvoir est l’incarnation absolue, continue de se structurer. Plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées samedi dans les différentes villes où était appelé à la Journée internationale antifasciste du 22 mars, à l’initiative des antifascistes de Grèce : Paris, Toulouse (environ 350 personnes selon les camarades de Coup pour Coup), Nantes etc. 

    Coup pour Coup 31 : Toulouse antifasciste: aujourd'hui comme demain !! 

    Sur un site anarchiste : De Toulouse à Paris : Retour sur le 22 mars antifasciste

    Paris : voir ici un superbe album photo (il y avait apparemment bien plus que les quelques centaines évoquées dans l'article anar...)

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    Dans un contexte hexagonal où la confusion au sujet du sionisme, de l'antisémitisme et des personnes juives est grande ; où des fascistes s’emparent de la dénonciation de l’apartheid sioniste pour mobiliser les jeunes de culture musulmane (qu'ils méprisent royalement par ailleurs) et où des "antifascistes" sont tout sauf clairs sur la nature réactionnaire et criminelle de l'idéologie sioniste, l’UJFP a pris la parole : http://www.youtube.com/watch?v=_cZ6eMhRDuc  

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    En Grèce, d’où venait l’initiative, ce sont des milliers de personnes qui ont répondu à l’appel : http://www.liberation.fr/monde/2014/03/22/grece-des-milliers-de-manifestants-contre-les-neonazis-et-le-racisme_989179

    Et puis outre-Pyrénées, où la date avait été choisie pour une "Marche de la Dignité" contre le fascisme, la politique du gouvernement néo-franquiste de Rajoy et toutes les oppressions (interdiction programmée de l'avortement etc.), se tenait une initiative ayant tout pour nous plaire et qui, nous n’en doutons pas, vous plaira aussi : une Colonne juvénile pour cracher la multinationalité réelle de la péninsule ibérique à la gueule de l’État-Prison des Peuples "espagnol" !!!

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    La jeunesse révolutionnaire des Peuples fout le feu à la sacro-sainte Constitution de 1978 : http://www.youtube.com/embed/-kd8yG_-8D0 et au drapeau franquiste "épuré" de l’État oppresseur : http://www.youtube.com/watch?v=qVQ3vGkKSdY

    Autres images et vidéos (avec drapeaux républicains à étoile rouge et pavés dans la gueule des flics – parmi les plus violents d’Europe soit dit en passant) :10152042 556673027765038 86623016 n


     

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  • En définitive, ce que signifie être "français" peut être résumé par cette courte phrase qu'inscrivaient nos aïeux au tableau noir de l'école de Jules Ferry, au début du siècle dernier, sous l'œil satisfait du "hussard noir" local de la République des monopoles et des égorgeurs de la Commune.

    Un tiers d'entre eux, quelques années plus tard, ne devaient jamais revenir de la boue sanglante des tranchées...

    L'identité "française" c'est "TU SERAS SOLDAT"

    Petit soldat de la production et de la "compétitivité nationale", à l'usine comme aux champs ou au bureau, toujours. Petit soldat aussi - dès le début du sombre 20e siècle - de la consommation, car l'accumulation et la circulation du Capital exige que le cercle de la consommation de marchandise s'élargisse lui aussi à la mesure du cycle de production qui l'a précédé : la valeur générée par le travail est tout d'abord "enfermée" dans la marchandise produite et il faut, par conséquent, écouler celle-ci pour réaliser ce que l'on appelle la plus-value. Petit soldat de plomb, donc, dans la juxtaposition de solitudes vendeuses de force de travail, génératrices de plus-value et consommatrices de marchandises de la Cité des Spectres.

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    Et puis petit soldat sous la mitraille des grandes boucheries impérialistes pour la gloire de la "patrie", hier... et qui sait, peut-être demain. Quelques milliers le sont déjà, dans les vallées afghanes ou les dunes de l'Azawad ; et il faut déjà s'assurer, derrière eux, de la solidité du "soldat opinion" devant son JT de 20 heures.

             14-18La-force-francaise-est-passee-ce-week-end-a-1.600-soldats-e

    Ou encore, petit soldat du bulletin de vote quand il s'agira de reconduire ou d'"alterner" les caciques locaux ou "nationaux", qui s'engraisseront joyeusement sur notre échine courbée...

    Quelqu'un qui ne se sent pas "français" ne sera pas un bon soldat : voilà tout le problème pour le Grand Capital tricolore.

    Endavant pela Revolucion e la Liberacion revolucionari dels Pòbles ; amb l'anma d'un Albigès, d'un Croquant, d'un Camisart, d'un Ailhaud, d'un Guingouin !

    maoc

    [Lire aussi : Ancrages - Leur laisser la France]

     


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  • Sur la manifestation pour le logement à Saint Denis du samedi 15 mars (La Cause du Peuple)

    http://4.bp.blogspot.com/-nHOb-miOhaU/UyYfYUP4ZmI/AAAAAAAAE3E/1VpyhhPxgGo/s1600/manif_logement_st_denis_CARA_BARAS_ATTIEKE_15_mars_2014+(2).jpgSamedi 15 mars dernier s'est déroulée une manifestation à Saint Denis contre les expulsions et la rénovation urbaine imposée, à laquelle ont participé trois collectifs en lutte pour le logement : le centre social auto-organisé l'Attiéké de Saint Denis, le Collectif Action des Résidents du CARA de Saint Ouen et le collectif des Baras de Montreuil/Bagnolet. 

    Une manif vivante, dynamique, qui a rendu hommage sur son parcours aux différentes luttes pour le logement et notamment aux morts de l'incendie du 39 rue Gabriel Péri.

    Les flics ont essayé de jouer la provoc en voulant interpeller un manifestant dans la manif mais la solidarité collective les a empêcher de rentrer. 

    La journée s'est terminée à l'Attiéké, bâtiment occupé qui mêle logement et activités politiques, sociales et culturelles. 

    Cette initiative porte la perspective d'un Front de Lutte pour le Logement nécessaire, regroupant la diversité des situations de lutte pour le logement. Une suite qu'il va falloir encourager, soutenir, et suivre de près !

    Prochains RDV : 

    Lundi 17 mars 2014 - 9h30

    Procès de l'Attiéké au tribunal de Saint Denis

    Vendredi 21 mars 2014 - 17h 

    Manifestation du collectif des Baras

    Ci-dessous le tract diffusé par la Cause du Peuple :

    Des logements il y en a ! Par la lutte on les aura !

    http://1.bp.blogspot.com/-vLuymcEDhTA/UyYfbIGijuI/AAAAAAAAE3g/DD4KSdsj4b8/s1600/manif_logement_st_denis_CARA_BARAS_ATTIEKE_15_mars_2014+(4).jpgLe printemps arrive et avec la fin de la trêve hivernale, les expulsions fleurissent. Elles seront encore très nombreuses cette année, voire plus que les années précédentes au vu de l’approfondissement de la crise que la bourgeoisie fait payer aux travailleurs et travailleuses. La question du logement ne peut pas être prise à part du contexte d’offensive de la bourgeoisie à l’encontre de la classe ouvrière et des masses populaires : fermetures de boites, licenciements,  hausse des taxes, réduction des droits, chômage massif, etc.

    Au niveau du logement, cette offensive se traduit par une politique de « rénovation urbaine » qui signifie en réalité des loyers plus chers et des logements qui ne sont pas destinés à celles et ceux qui en ont le plus besoin. En Île de France, c’est le Grand Paris, où les anciennes usines sont remplacées par des « éco-quartiers » et des immeubles de bureau ; où les pauvres sont chassés pour faire place aux riches.

    Face à cette situation, plusieurs collectifs se mobilisent pour résister et combattre la logique capitaliste de la recherche du profit maximum au détriment des droits les plus basiques comme celui du logement. Certains occupent des logements vides pour y trouver refuge et affirmer que le droit au logement passe avant le droit de propriété, d’autres occupent des bâtiments et les transforment en véritables lieux de vie ouverts sur le quartier afin que nous puissions reprendre nos affaires en main et élargir la résistance, d’autres, comme les Rroms, se battent contre la destruction de leurs lieux de vie, d’autres encore s’organisent contre les expulsions et pour le relogement, ou simplement pour l’application de la loi DALO.

    http://2.bp.blogspot.com/--D9RD0fhclM/UyYfTcYP4bI/AAAAAAAAE2A/BhT01HSua3I/s1600/manif_logement_st_denis_CARA_BARAS_ATTIEKE_15_mars_2014+(12).jpgLes situations liées au logement sont très diverses et nombreux sont celles et ceux qui se retrouvent isolés face à une expulsion et aux difficultés. La question des papiers est souvent importante dans ces luttes et est directement liée à celle du logement.

    Dès aujourd’hui, nous devons faire en sorte d’élargir la résistance et de mener des actions communes sur le terrain concret de la lutte pour le logement. L’initiative liant aujourd’hui la lutte du Centre Social auto-organisé l’Attiéké, le Collectif Action des Résidents du Foyer de Jeunes Travailleurs CARA et du collectif BARA est un premier pas vers un nécessaire Front de Lutte du Logement.

    • Entre 2,5 et 3,5 millions de logements sont vides en France, dont 320 000 en Ile de France,
    • Il y a 3,6 millions de personnes non ou mal logées dont plus de 685 000 n’ont pas de logement,
    • En plus, ce sont 5,2 millions de personnes qui ont des conditions de logement difficiles.

    La loi de réquisition des logements vides existe, nous devons exiger son application !
    Arrêt total des expulsions !
    Des papiers pour toutes et tous !
    Relogement stable et digne pour toutes et tous !
    Réhabilitation et construction massive de logements accessibles !
    Pour un Front de Lutte du Logement, élargissons la résistance !
     

    http://2.bp.blogspot.com/-XfsUZMy-Zqg/UyYfb4K_saI/AAAAAAAAE3s/6hjREo46szc/s1600/manif_logement_st_denis_CARA_BARAS_ATTIEKE_15_mars_2014+(5).jpg

     


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  • Cet article a été publié sur Mediapart (juin 2013) et mérite d’être reproduit ici. Cela fait longtemps que ces fumeuses théories sévissent, aussi bien dans les milieux républicards-bleu-blanc-rouge de droite et d’extrême-droite (voir ici la position de Marion Maréchal-Le Pen sur les langues ‘‘régionale’’ à l’Assemblée, et ici les positions du FN en général) que (voire surtout) dans le milieux de ‘‘gauche’’ (l’inénarrable Mélenchon et ses copains/copines à la Françoise Morvan etc.) voire d’‘‘extrême-gauche’’ (POI trotskyste ou PRCF ‘stalinien’, CNT-AIT ‘libertaire’ etc., sans oublier bien sur le ‘p’‘c’‘mlm’ ‘maoïste’), revivant chaque nuit en rêve Valmy et l’An II, purs héritiers de la Libre Pensée, du petit père Combes et du Parti radical de la IIIe République ; sans parler bien sûr des traditionnelles passerelles entre les deux, qui ont toujours existé. On a notamment pu le voir lorsque la périphérie Breizh-Izel s'est levée en masse contre sa périphérisation l'automne dernier...

    Nous avons déjà écrit dans nos pages que la théorie du ‘‘complot de l’étranger’’ est une constante de l’idéologie bourgeoise francouille depuis que Waterloo (1815) a mis fin à l’hégémonie européenne et quasi-mondiale de l’entité France (‘‘la fin de la France des 130 départements’’ dixit ce brave Zemmour...). Des thèses profondément fascistes mais qui, sous la plume d’‘‘intellectuels de garde’’ de la ‘‘Sainte République’’ se voulant ‘‘de gôôôôche’’ et comme pour donner raison posthume à (ce que n'a en réalité jamais dit) sir Winston Churchill (‘‘les fascistes de demain se diront eux-mêmes antifascistes’’), se parent allègrement de reductio ad hitlerum à tour de bras (comme si, on l’a déjà dit, la France n’avait pas elle-même fait Hitler par son traitement de l’Allemagne après la Première Guerre mondiale !).


    La théorie du complot ethnique de la Charte des langues régionales


    francoise-morvanEn réponse au texte de Françoise Morvan publié en avril dernier sur Mediapart, l'historien Jean-Pierre Cavaillé critique la théorie du complot ethniciste de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires développée par quelques auteurs. « Ainsi, derrière tout acte militant non seulement en faveur de la ratification de la charte, mais tout aussi bien pour la reconnaissance voire même la transmission des langues minorées, c’est le spectre de l’ethnicisme qui tirerait les ficelles. »


    Rien n’est plus intéressant à étudier, mais aussi rien n’est plus terrible à subir que les théories conspirationnistes, car leur reconstruction de la réalité, à la fois délirante et hyperlogique, qui exploite la peur et attise la haine –ces passions tristes qui sont le poison de la politique–, possède un pouvoir considérable de persuasion dont les effets sont toujours nocifs. Les exemples ne manquent pas : les jésuites tramaient l’assassinat des rois de France ; ce sont les francs-maçons qui ont engendré dans l’ombre la Révolution française ; les juifs complotent pour dominer le monde ; c’est la CIA qui a manigancé les attaques du 11 septembre, etc., etc.

    En France (car il s’agit d’une théorie nationale, guère exportable), nous sommes confrontés à une théorie du complot anti-européenne et antigermanique, selon laquelle l’Europe, avec toutes ses institutions, ne serait rien d’autre que la couverture d’une politique secrète pangermaniste visant à rien de moins que la destruction des autres États nations –et en particulier de la France– au profit d’une Allemagne triomphante. Ainsi l’Europe serait-elle le brasier des États qui fait renaître le phénix du Reich des cendres du nazisme.

    L’Allemagne triomphante 

    Yvonne Bollmann est l’une des représentantes majeures de cette théorie, obsédée par la soi-disant germanisation de l’Alsace et ce que l’on pourrait appeler la « question allemande » [1]. Ses arguments sont à ce point caricaturaux que je me suis toujours demandé comment elle pouvait être prise au sérieux par les universitaires qui l’invitent dans leurs colloques à prétention scientifique. Dans le cadre de cette théorie générale, Bollmann et quelques autres auteurs (en particulier Lionel Boissou, Pierre Hillard, Françoise Morvan) développent la théorie locale du complot ethniciste de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, selon laquelle cette charte, les institutions qui l’ont portée (en particulier le Conseil de l’Europe), les vingt-quatre pays qui l’ont signée et ratifiée et tous ceux qui militent en France pour sa ratification, sont ou partisans ou dupes d’une conception politique racialiste et ethniciste, et travaillent en sous-main à l’édification d’une Europe des Volksgruppen, c’est-à-dire des ethnies et des tribus, grâce à laquelle l’Allemagne s’apprête à imposer sa domination impériale retrouvée. Soit, pour le dire avec Bollmann, « la Charte des langues est une chose allemande, inspirée par l’ethnisme, à l’opposé de la culture politique propre à la France, et destinée à la détruire » (table ronde du 14 mai 2004 organisée par François Taillandier, avec Michel Alessio, Yvonne Bollmann et Henri Giordan).

    Ainsi, derrière tout acte militant non seulement en faveur de la ratification de la charte, mais tout aussi bien pour la reconnaissance voire même la transmission des langues minorées, c’est le spectre de l’ethnicisme qui tirerait les ficelles. L’ethnicisme, à son tour, est entendu de manière univoque, dans cette reductio ad hitlerum systématiquement pratiquée par cette logique paranoïaque, comme crypto-racialisme et « donc », in fine, crypto-nazisme... Nous, qui œuvrons pour la ratification, serions « donc », en dernier recours, des nazis sans le savoir, encore que de multiples arguments pseudo-historiques soient déployés pour montrer que nous ne sommes dupes qu’à moitié, et donc à moitié, voire tout à fait complices du complot.

    9782755401998Cette thèse délirante, selon laquelle la reconnaissance des langues minoritaires est le cheval de Troie d’une Europe ethnique (et allemande !), n’est pas nouvelle ; à parcourir les sites, les blogs et les forums, elle semble assez largement partagée dans les milieux souverainistes et libres penseurs (Réseau Voltaire, Libre Pensée, Riposte Laïque, Comité Valmy…). Au-delà, elle est instrumentalisée par beaucoup de ceux qui sont hostiles, non seulement à la ratification de la Charte, mais à toute reconnaissance des langues minorées. On la trouve énoncée jusque dans des revues universitaires comme Hérodote (voir à ce sujet, mon post de décembre 2007 : Hérodote radote. Langue et nation en France). Le combat mené contre les écoles associatives bilingues exploite aussi volontiers l’idée d’un complot du « communautarisme » contre l’école française de la République (voir, ici, l’Odieux complot de Calandreta dévoilé par les héros de l’école publique). Sauf que, dans ce cas, ce serait le libéralisme économique et le grand capital qui tireraient les ficelles et non plus l’Allemagne, mais il suffit de mettre en avant la promotion allemande du libéralisme pour associer les deux entités maléfiques derrière toute initiative, quelle qu’elle soit, en faveur de nos langues. Du reste, certains, comme Pierre Hillard, ont ajouté un chapitre au grand récit du grand complot en expliquant que les États-Unis ont pris le relais de l’Allemagne dans cette opération de destruction des États européens visant à imposer partout l’économie libérale sans plus aucune résistance (« Washington considère comme prioritaire de priver les Européens de leurs États pour mieux les faire entrer dans un libre-marché globalisé », article de P. Hillard, sur le site du Réseau Voltaire, se proposant de montrer que « Les Verts sont partisans d’une Europe des Ethnies »).

    Ainsi, l’écho de la thèse complotiste contre les langues régionales est-il beaucoup plus large et ce n’est pas sans une certaine stupeur que je l’ai trouvé exposé dans sa forme la plus pure par Françoise Morvan, passionaria des opposants au mouvement breton [2], « invitée » par la rédaction de Mediapart à présenter et défendre son point de vue, dans un article intitulé Contre la charte des langues régionales. Je vous invite à le lire, car il s’agit d’un chef d’œuvre du genre. Chef d’œuvre sans doute, car, pour étonnant que cela puisse paraître, j’ai entendu des avis embarrassés, voire positifs sur ce texte, jusque dans les milieux occitanistes [3].

    Histoire du complot 

    C’est que, en faisant explicitement fonds sur les travaux de Bollmann et de Boissou, Morvan appuie son argumentaire sur « l’histoire » ; l’histoire du complot ethniciste ou, comme elle l’appelle, du « lobby ethniciste européen ».

    FNlanguesIl reviendrait à la FUEV (Föderalistische Union Europäischer Volksgruppen), encore dite UFCE (Union fédéraliste des communautés européennes [4]), aujourd’hui FUEN, d’avoir « concocté » et « rédigé » la Charte pour le Conseil de l’Europe : ainsi celle-ci est-elle « une arme de guerre contre les États-nations (et en premier lieu la France) ». Cette ONG fondée en 1949 serait, selon Françoise Morvan et les autorités auxquelles recourt celle-ci (Bollmann et Boissou), un réseau pangermaniste aux relents nazis. Ainsi la Charte serait-elle, en sous-main, un cheval de Troie ethnique visant, on l’a déjà vu, à la destruction des États nations. D’ailleurs, elle dévoilerait ses intentions cachées en octroyant des droits spécifiques à des groupes de citoyens –raison invoquée par le Conseil constitutionnel français pour bloquer sa ratification– ; la reconnaissance de ces droits collectifs ouvrant grand le chemin à l’affirmation ethnique. 

    La critique du complot est la preuve de son existence

    Le propre des théories complotistes consiste à développer des scénarios d’explication hyper-rationnelle à partir d’éléments isolés ayant un degré minimal de validité ou de probabilité liés les uns aux autres dans un système d’une cohérence infernale. Le complot, comme l’a bien analysé Pierre-André Taguieff (L'Imaginaire du complot mondial), est irréfutable, toute preuve visant à démontrer que le complot n’existe pas étant immédiatement renversée en preuve de son existence. Bien sûr, dans cette logique paranoïaque, ceux qui s’engagent dans cette voie de la déconstruction du pseudo-complot, comme je le fais ici, ne font rien d’autre que de « prouver » en fait qu’ils font partie des comploteurs. Taguieff a repéré quatre principes dans cette logique irréfutable : « rien n’arrive par accident ; tout ce qui arrive est le résultat d’intentions ou de volontés cachées ; rien n’est tel qu’il parait être ; tout est lié, mais de façon occulte. »

    400px-SpeakFrenchBeCleanPourtant, le démontage de la logique conspirationniste est absolument nécessaire, vital pour le combat que nous menons, qui vise à affirmer haut et fort que les locuteurs des langues minorées ont droit à la reconnaissance culturelle et institutionnelle sans laquelle l’existence même de ces langues et des formes culturelles auxquelles elles sont associées se trouve purement et simplement niée. À ce titre, la Charte européenne a longtemps constitué pour nous, particulièrement en France, où il est si difficile de se faire entendre, une attente, un espoir. Quoi que nous dirons en sa faveur, les conspirationnistes nous répondront toujours et invariablement que derrière l’engagement pour les langues, nous cherchons à promouvoir secrètement une Europe des micro-nations, des ethnies, des races et des tribus sous domination allemande. Mais le bon sens n’est pas conspirationniste, il ne saurait l’être, il sait que nous vivons dans un monde contingent où l’accidentel, l’inattendu ne cesse de survenir, de troubler la carte et compromet souvent les complots les mieux ourdis (car il serait absurde évidemment de nier l’existence de cette forme de prise de pouvoir aussi vieille que l’action politique). Nous savons que les seules intentions et les volontés que nous pouvons prêter aux acteurs sont celles qui, d’une façon ou d’une autre, se déclarent dans les discours et dans les actes (autrement dit les spéculations sur ce que les acteurs pensent au fond d’eux-mêmes sont nulles et non avenues et conduisent d’abord à leur faire dire ce que nous voulons) ; nous savons qu’il est absurde de diviser la réalité historique entre un monde d’apparences fallacieuses et une réalité vraie strictement dissimulée ; nous voyons bien qu’il est faux de penser qu’un système de liens occultes unit tout ce qui arrive dans les affaires humaines ; si cela était le cas, la réalité serait autrement mieux ordonnée qu’elle ne l’est !

    Lire la suite

    couva1152

    Sur cette question des langues "régionales", lire aussi : Comment les langues du Peuple ont été rendues illégitimes - très bon article d'une occitaniste universitaire montpelliéraine rappelant ces évidences que "la Révolution de 1789 est une révolution bourgeoise, et les républiques qui l’ont suivie le sont tout autant" (ce qui fait toute sa différence avec la Révolution bolchévique de Lénine, ouvrière et paysanne) ; et que "ce qui est en jeu est fondamentalement d’ordre social" : "supprimer le « patois », c’est ôter un écran entre les masses et la parole normative des nouveaux maîtres", lesquels pensent "non sans naïveté" que "quand ils (les masses travailleuses) parleront comme nous (les bourgeois), ils penseront comme nous et ne bougeront que dans les limites que nous leur fixerons"... 


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  • Communiqué n°4 de l'union “Borotba” et du Centre de Résistance Antifasciste 

     http://borotba.org/communique_4_of_the_borotba_union_and_centre_of_anti-fascist_resistance.html

    Le gouvernement des ultralibéraux et des nazis 

    small bg iwqnxsiizuq jpg 1 jpg 1Notre pays va faire face à une dure crise économique - clairement, il est au bord de l'effondrement économique total, de l'hyperinflation et de la paupérisation de masse. Dans ces circonstances, la classe dominante va miser sur les paramilitaires nazis en leur désignant comme une sorte de bouc émissaire les ‘moskali’ (terme péjoratif pour les Russes) et les ‘titushki’ (terme péjoratif pour les partisans de l'ancien gouvernement). Par conséquent, les ‘patriotes’ vont déchaîner une guerre totale contre ceux-ci. C'est pourquoi la lutte antifasciste doit être la première des tâches aujourd'hui.

    Récemment, le nouveau gouvernement a été présenté en Ukraine. À sa tête, le Premier ministre Iatseniouk l'a qualifié lui-même de "gouvernement kamikaze". Il restera en place jusqu'aux élections prévues pour le 25 mai. Il va simplement accepter les conditions prédatrices du FMI et immédiatement tomber victime du crash économique qui s'ensuivra. C'est une bonne raison pour que les figures-clés de l'opposition libérale-nationaliste n'entrent pas dans ce gouvernement. Cependant, comme nous l'avons déjà dit, ce gouvernement "kamikaze" est déjà totalement sous contrôle de la coalition des ultra-libéraux et des néo-nazis. Les postes de Vice-Premier ministre et un ministère ont été donné à des membres de "Svoboda" (Sych et Mochnyk). "Mieux" encore, S. Kvit, nazi assumé et ancien cadre de l'organisation nazie "Trident de Stepan Bandera" a obtenu le Ministère de l’Éducation... Lorsqu'il était à la tête de l'Académie de Kiev-Mohyla, il était cordialement détesté par tous les étudiants progressistes. Le poste de directeur adjoint du Conseil de Sécurité et de Défense Nationale a été confié au leader de l'ultranationaliste "Secteur Droit" (Pravy Sektor), A. Yarosh.

    ukraine 0220Le régime putschiste a révélé son caractère autoritaire et semi-fasciste. Des lois d'interdiction des activités du Parti communiste ont récemment été proposées au Parlement.

    Et encore plus probablement, une telle interdiction serait une couverture légale pour les activités criminelles des gangs néo-nazis, voués à tuer des communistes et à déchaîner des pogroms. Le Président de fait A. Turchynov a convoqué les journalistes et leur a indiqué la manière de couvrir ‘correctement’ les évènements. Les journalistes déloyaux au nouveau pouvoir reçoivent des menaces des gangs néo-nazis.

    Des militants armés du Secteur Droit et d'autres gangs nazis ont déferlé sur les régions du sud-est de l'Ukraine. Ils cherchent à y prendre le pouvoir par la violence, contre la volonté de la majorité de la population.

    Des provocations ont aussi eu lieu en Crimée. Nous avons vu une mobilisation de nationalistes tatars et d'islamistes radicaux[1]. Dans le même temps, des organisations nationalistes russes se préparent à déclarer le rattachement de la Crimée à la Russie. Des personnes non-identifiées se sont emparées du Parlement criméen[2]. Nous sommes convaincus que la grande majorité des Criméens sont suffisamment raisonnables et peuvent efficacement organiser la résistance aux envahisseurs fascistes [nationalistes ukrainiens] sans pour autant marcher dans les provocations et transformer la péninsule de Crimée en zone de violences ethniques.

    Par conséquent, dans ce contexte de mobilisation de masse, les activistes de ‘Borotba’ et du Centre de Résistance Antifasciste posent les mots d'ordre suivants :

    - Ne pas défendre l'ancien régime déchu mais construire l'auto-organisation populaire.

    - Ne pas attiser les conflits ethniques et linguistiques mais défendre les valeurs de l'internationalisme et de l'amitié entre les peuples.

    - L'unique solution à la crise engendrée par les oligarques, les officiels et les politiciens est de créer une société socialiste.

    Suite à l'annonce de la mobilisation antifasciste, nous avons reçu des centaines de lettres nous offrant assistance et participation active. Notre centre ne pourra hélas répondre à tout le monde en même temps, mais nous contacterons tout le monde et essayerons d'impliquer tout le monde dans notre cause commune.

    Aujourd'hui nos camarades dans toute l'Ukraine mènent l'agitation par les moyens tactiques de l'action clandestine : inscriptions sur les murs, tracts, affiches etc. Nous enverrons à toutes les personnes souhaitant nous aider tout le nécessaire pour mener l'agitation.

    Rejoignez la Lutte !

          Pays-de-l-Est 0110Pays-de-l-Est 0141



    Déclaration de ‘Borotba’ sur la récente campagne de diffamation contre les antifascistes en Ukraine

    http://borotba.org/statement_of_the_union_borotba_over_recent_smear_campaign_against_anti-fascists_in_ukraine.html

    Ainsi, nous y voilà encore une fois. Les vieilles disputes dépassées se poursuivent en Ukraine malgré l'effondrement en cours du pays. Deux de ce qu'il faut bien appeler des sectes marginales "de gauche" en Ukraine, alors que le coup d’État fasciste et la terreur d'extrême-droite font rage dans les rues, tentent d'attaquer les forces de gauche et les organisations de la résistance antifasciste [NDLR en effet... et nous qui croyions que c'était une attitude typiquement "française" !] : http://avtonomia.net/2014/03/03/statement-left-anarchist-organizations-borotba-organization [ici en français : http://tendanceclaire.npa.free.fr/contenu/autre/contre-borotba.pdf]

    Ce n'est pas la première fois et les chiens peuvent bien aboyer, la caravane passe.

    En dépit de l'inconsistance de cette déclaration contre ‘Borotba’, nous devons éclaircir certains faits. L'affirmation que "Borotba ne fait pas partie de notre mouvement" est vraie par certains aspects. Nous ne faisons pas partie de leur mouvement qui a tenté de collaborer avec les forces nazies et d'extrême-droite qui dominaient le mouvement EuroMaidan. Nous ne faisons pas partie d'un mouvement qui - comme toutes ces petites sectes - a tenté de dissimuler ses idées "de gauche" à EuroMaidan et en réalité, n'a fait qu'aider à mettre au pouvoir des nazis et rien d'autre qu'une autre clique d'oligarques acceptant les recommandations du FMI et les mesures d'austérité.

    borotba antifascistNous ne faisons pas partie d'un mouvement aujourd'hui à la remorque de sentiments cléricaux, conservateurs et réactionnaires. Les signataires de la déclaration-diffamation prétendent être anti-conservatrices tout en appuyant en même temps la protestation nationaliste, cléricale et antisémite d'EuroMaidan. Certains ont carrément donné dans l'intoxication patriotique, prêts à s'enrôler dans l'armée et ainsi à défendre la junte nazie et ses oligarques[3]. Nous sommes tout juste 100 ans après le début de la Première Guerre mondiale, et nous nous retrouvons encore une fois dans la même situation[4].

    Nous ne faisons pas partie d'un mouvement qui prend position en fonction des directives données par les ONG. Nous ne faisons pas partie d'un mouvement qui tente de dissimuler les symboles de gauche et les mots d'ordre sociaux dans la situation actuelle. Nous ne faisons pas partie d'un mouvement qui verse dans l'hystérie patriotique et nationaliste qui submerge le pays. Nous ne faisons pas partie d'un mouvement qui défend un coup d’État au profit de nazis, d'oligarques et du FMI. Nous ne faisons pas partie d'un mouvement qui essaye de diminuer le rôle des nazis à EuroMaidan ou carrément de les effacer des images alors que même les médias mainstream occidentaux montrent les paramilitaires d'extrême-droite sillonnant les rues :

    http://www.bbc.com/news/world-europe-26394980

    http://www.bbc.com/news/world-europe-26398112

    En bref, nous ne faisons pas partie d'un mouvement qui n'a rien en commun avec l'identité de gauche et antifasciste. Pour autant, nous sommes et avons toujours été une organisation de gauche et antifasciste. Nous rejetons tout autant l'ancien régime de Ianoukovitch que le nouveau gouvernement d'extrême-droite. Nous rejetons les interférences russes et occidentales dans les affaires de l'Ukraine au même titre que l'intoxication militariste patriotique répandue par le nouveau gouvernement.

    pictureNous campons fermement sur nos positions de gauche, sous les attaques des boneheads, des nationalistes d'extrême-droite du "Secteur Droit" et des paramilitaires de Svoboda. Notre local à Kiev a récemment été pillé et dévasté. Nos membres sont victimes de la violence d'extrême-droite. Des militant-e-s de ‘Borotba’ sont obligé-e-s de se cacher pour poursuivre leur lutte antifasciste. Dans une telle situation, les communiqués diffamatoires ont des relents de délation au service de l'extrême-droite.

    Sur les récents éléments de Kharkiv [ville de l'Est du pays] (1er mars 2014), nous devons aussi éclaircir les faits suivants. Il y avait un rassemblement de masse de différentes forces opposées à EuroMaidan. Les gens ont décidé de libérer l'immeuble de l'administration régionale occupé depuis quelques temps par des partisans d'EuroMaidan. Après des négociations, la grande majorité d'entre eux a accepté de quitter le bâtiment. Certains militants, pour la plupart du "Secteur Droit" mais aussi quelques libéraux, ont refusé d'obéir à la décision de la majorité des EuroMaidans et décidé de rester à l'intérieur. Les militant-e-s de ‘Borotba’ ont participé au rassemblement de masse devant l'immeuble, en menant l'agitation sur une base antifasciste et internationaliste, ce qui leur a valu les critiques de certains pro-russes présents. Le rassemblement s'est rué à l'assaut de l'immeuble après que quelqu'un ait lancé une grenade assourdissante dans la foule. Celle-ci a alors fait irruption à l'intérieur et capturé les militants du "Secteur Droit" et les quelques libéraux restés avec eux (dont le poète Serhiy Zhadan). Ont alors suivi des tentatives de lynchage par la foule surexcitée. Les militant-e-s de ‘Borotba’ ont tenté d'empêcher par tous les moyens le lynchage des EuroMaidans capturés. Ainsi, les accusations contre ‘Borotba’ sont non seulement dénuées de fondement mais aussi d'une hypocrisie totale, de la part de ceux qui ont tenté d'ignorer les lynchages d'opposants régulièrement pratiqués par les partisans d'extrême-droite d'EuroMaidan à Kiev et dans d'autres villes. Toutes les accusations contre Borotba ne sont que pure calomnie de la part d'une poignée de groupuscules et d'individus pro-nationalistes.

    Nous suivons fermement une ligne internationaliste, antifasciste et de classe comme notre position de base. Nous sommes aussi bien contre le nationalisme russe que contre son congénère ukrainien, qui ne servent l’un comme l’autre qu'à diviser les travailleurs et à faciliter le pillage du pays. Nous ne soutenons pas plus les organisations nationalistes russes que les ukrainiennes. Toute la campagne de diffamation contre notre organisation, menée par les groupes d'extrême-droite et reprise par de soi-disant groupes "de gauche", ne nous empêchera pas d'organiser la résistance antifasciste.

    No Pasaran ! 

    Ni dieux, ni maîtres, ni nations ni frontières ! 

    Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! 

    913932 157024127827019 1792219028 o

    Et nous ajouterions volontiers : À bas le gaucho-opportunisme, surtout quand il vient donner des leçons ! 

    L'Ukraine, nous l'avons déjà dit, semble malheureusement s'acheminer vers un scénario à la yougoslave-années-1990, c'est-à-dire un "billard à trois bandes" : les "cosaques" et autres nationalistes pro-russes dans le rôle des néo-tchetniks serbes, les nationalistes néo-nazis "ruthènes" de l'Ouest dans le rôle des néo-oustachis croates (avec leurs "alliés"-cocus musulmans tatars, chargés d'aller au casse-pipe en Crimée)... et entre les deux, les antifascistes et anti-nationalistes dont SEULS les plus DROITS DANS LEURS BOTTES parviendront à traverser la tempête qui s'annonce et à incarner le chemin de l'avenir ; comme le Partija Rada en Yougoslavie à l’époque !

    Que le souffle de Lénine se réveille, face à des chauvinismes ukrainiens et russes devenus fous !

    1926933 689723254383988 865436437 n1888658 672452589477767 1299474021 n

    [1] SLP précise que quelle que soit l'idéologie des représentants de cette communauté, nous sommes avant tout très inquiets de son sort possible, en tant que minorité musulmane de l'ordre de 12% de la population parmi une ultra-majorité nationaliste russe-orthodoxe.

    [2] Nous ignorons la date exacte de ce communiqué, mais l’on sait désormais qu'il s'agissait de nationalistes russes "cosaques" et "rattachistes" qui ont d'ailleurs hissé le drapeau russe sur le toit du bâtiment, précédant de quelques heures l'invasion militaire de Moscou.

    [3] Le NPA a donné la parole le mois dernier à ses cousins de l'"Opposition de Gauche" trotskyste, sur leur ligne internationale classique d'angélisme total vis-à-vis des oppositions au régimes despotiques pro-russes (cf. Syrie etc.), comme si n'existait pas aussi un bloc impérialiste "atlantique" et des expansionnismes locaux (saoudien-qatari-turc et maintenant polonais voire roumain) prêts à cautionner les pires saloperies réactionnaires (égorgeurs djihadistes et maintenant néo-nazis) pour transformer la légitime contestation en guerre de conquête à leur profit. Certes, et personne ne va le nier (ni nous ni Borotba ni même la déclaration des organisations russes communistes et de gauche), il y avait sur la place Maidan des aspirations sincèrement démocratiques et sociales, le régime Ianoukovitch (de droite, oligarcho-mafieux, bref "à la Poutine") n'étant ni l'un l'autre... Mais à un moment donné, il faut comprendre le concept d'hégémonie et lorsque l'hégémonie est réactionnaire et fasciste, il faut en tirer les conclusions qui s'imposent : on peut continuer à soutenir les aspirations populaires mais alors, pour clairement les arracher (au moins en partie) aux griffes des fascistes et de la pire droite (cf. notre position sur les "Bonnets rouges" bretons), pas en faisant comme si de rien n'était, en minimisant les forces réactionnaire et/ou en dissimulant son identité révolutionnaire en espérant que le "déclic" se fasse tout seul dans les masses. Nous-mêmes avons publié un entretien avec des antifascistes anarchistes présents sur Maidan et, si nous n'avons pas tilté sur le moment, le fait de dire tranquillement comme si de rien n'était que les nationalistes/nazis représentent "environ 30% des manifestants" nous semble assez hallucinant...

    [4] Borotba fait certainement allusion là à "l'Union sacrée" d'une grande partie de la gauche radicale de l'époque avec le militarisme impérialiste. Dans l'Empire russe, la guerre contre l'Allemagne et l'Autriche fut soutenue par une grande partie des anarchistes, des socialistes-révolutionnaires, des menchéviks et autres "populistes", Pierre Kropotkine en tête.

     


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  • Le 9 mars 1954 naissait Robert Gerard "Bobby" Sands, combattant héroïque de la Liberté et de la République irlandaise. Embastillé par l'Empire britannique dans un sinistre "H-block" de Long Kesh, il y donnera sa vie le 5 mai 1981 pour la cause républicaine, après 66 jours de grève de la faim.

    Les Empires et leurs mercenaires peuvent tuer les révolutionnaires et les vendus à la Gerry Adams trahir leur mémoire ; mais nous savons tous et toutes qu'ils ne peuvent pas tuer la Révolution.

    Le jour est proche où les murs des États-Prisons des Peuples s'abattront dans une clameur de joie qui s'élèvera jusqu'au ciel.


    Visca Occitània libre e anticapitalista !

    Saor agus sóisialach Éire !

    L'ora es venguda ! Tiocfaidh ár lá !


    bobby sands mural in belfast3209
    "Notre vengeance sera le rire de nos enfants"

     

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  • Bosnie :
    Lutte anti austérité et démocratie directe en Bosnie
    Bosnie-Herzégovine : Une révolte prolétarienne au cœur de l’Europe
    Blocage et plénum dans les rues de Mostar
    Zenica : Les ouvriers d’ArcelorMittal annoncent des protestations
    Manifestation ouvrière à Vitez

    Zagre3

    Euskal Herria (Pays Basque) :
    Forum Economique Mondial des Maires : émeute à Bilbao – 3 mars 2014 (en présence de la présidente du FMI Christine Lagarde et du roi Juan Carlos) - blog d'Alain Bertho

    "Espagne" : incidents en marge d'une conférence économique à Bilbao (Les Échos)

    http://s.libertaddigital.com/fotos/galerias/Destrozos-Bilbao/disturbios-bilbao2-03-03-2014.jpg

    Alors que nous traduisions au même moment deux textes communistes basques (1 et 2) de 2011, favorables à l'époque (non sans critiques bien sûr) au "nouveau cours" modéré et conciliateur de la direction abertzale... Deux ans et demi (environ) plus tard, nous voyons que la lutte du peuple (herri borroka da !) est toujours bien vivante en Euskal Herria, car là où il y a oppression, il y a résistance !

    Lutte des classes en Hexagone / Antifascisme :
    Hommage à Pierre Overney 2014

    Action pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah à Clermont Ferrand
    Grève inédite d’ouvrières chinoises sans papiers à Paris
    PSA Mulhouse : Qui veut travailler plus, avoir moins de pauses, sans gagner plus ?
    Saint-Médard-de-Guizières : Les salariés d’Ouvéo en grève
    Résumé de la 36ème journée de grève des postiers du 92 (occupation du siège du courrier et nouvelle intervention policière contre les grévistes)
    Clermont-Ferrand : coup de pression policier sur un jeune antifa
    Lyon : Retour sur la manifestation antifa du 22 février
    Calais : compte rendu de la manif de soutien
    Orléans : Manifestation antifasciste et antiraciste contre la venue de Marine Le Pen - Manifestation contre la venue de Marine Le Pen
    Et cette mise au clair du collectif La Horde (s'appuyant sur celle du collectif Quartiers Libres) : À propos d’antifascisme et d’antisionisme  

    "Outre-Mer" / Dernières colonies directes :
    La Réunion : Grève chez Call Expert
    Manifestation devant le MEDEF à Nouméa

    images

    Guerres populaires et luttes révolutionnaires armées : Inde : La guérilla abat six soldats Philippines : Huit militaires blessés dans une embuscade maoïste - Des obusiers pour la contre-insurrection ! Colombie : Cinq policiers tués dans une embuscade des FARC Pérou : Deux bases "contre-subversives" attaquées 

           GPP Indephilippines-npa-fighters-e1271982615375

    En Irlande, une magnifique démonstration de solidarité des républicains socialistes (IRSP, Republican Network for Unity, 1916 Societies, Republican Sinn Féin etc.) avec la Guerre populaire en Inde s'est tenue le 25 janvier devant l'ambassade indienne à Dublin : Rassemblement devant l’ambassade d’Inde à Dublin, le 25 janvier 2014

    dublin2

    Palestine : Répression militaire, un mort, cinq blessés - L’armée israélienne abat une civile - Muataz Washaha : Assassiné par Israël tandis que les pourparlers de "paix" continuent - Les forces d’occupation assassinent deux Palestiniens au nord de Gaza           

                       a0-814cortège palestine

    Centrafrique (le nouveau génocide made in France) :
    Centrafrique : victoire de la «purification ethnique» contre les musulmans
    La France responsable d'un génocide
    Résumé de la situation tragique en RCA
    Les musulmans centrafricains disent “non” à Hollande
    Centrafrique – La vidéo qui incrimine l’armée française dans le génocide des musulmans
    Massacre en Centrafrique : le dernier musulman de Mbaiki, tué, la gorge tranchée

    La-force-francaise-est-passee-ce-week-end-a-1.600-soldats-e
    Ukraine : affiche du PC maoïste d'Italie

    manif ucraina

    "Nazis sponsorisés par l'impérialisme US-UE et impérialistes russes envahisseurs de la Crimée entraînent les prolétaires et les masses populaires d'Ukraine vers la guerre fratricide et le bain de sang, tout en conduisant la région et le monde vers un grave incendie guerrier. INFORMER, SENSIBILISER, MOBILISER LES PROLÉTAIRES ET LES MASSES POPULAIRES DE NOTRE PAYS CONTRE L’IMPÉRIALISME US-UE ET L’IMPÉRIALISME RUSSE, CONTRE LA GUERRE RÉACTIONNAIRE ET EN FAVEUR DE LA LIBERTÉ, DE L'ANTIFASCISME ET DE L’AUTODÉTERMINATION NATIONALE DES PROLÉTAIRES ET DES MASSES UKRAINIENNES."


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  • Après le triomphe de la "révolution" réactionnaire EuroMaidan, la réaction prévisible du Kremlin ne s'est pas faite attendre et la Russie est intervenue en appui aux sécessionnistes pro-russes de Crimée (où elle possède déjà la base navale essentielle de Sebastopol), selon un procédé désormais éprouvé dans les anciennes républiques soviétiques (Ossétie et Abkhazie en Géorgie, Transnistrie en Moldavie, Karabakh occupé par l'allié arménien en Azerbaïdjan etc.). La Russie et l'Ukraine (soutenue par les États-Unis, l'UE, les sept autres membres du G8 etc.) sont donc EN GUERRE et, comme le signalent tous les commentateurs, nous voilà renvoyés à une situation bien oubliée et considérée comme "impensable" depuis la fin de la Guerre froide et la "Fin de l'Histoire" proclamée alors. Voilà où nous mènent les contradictions inter-impérialistes, aiguisées à l'extrême par la  crise générale terminale du capitalisme !

    Notre rôle de média d'information révolutionnaire est de vous faire partager les déclarations des forces révolutionnaires de là-bas. Voici deux déclarations, l'une d'Ukraine et l'autre de Russie :


    Déclaration de l'organisation communiste ukrainienne Borotba (25 février)


    Voici une déclaration de l'organisation marxiste ukrainienne Borotba ("Lutte"). Borotba est issue de la fusion de plusieurs petits groupes : la majorité de l'Organisation des Marxistes d'Ukraine, anciens membres de l'Union de la Jeunesse communiste léniniste (organisation de jeunesse du PC ukrainien), des membres de la “Jeunesse contre le capitalisme”, l'Union des Travailleurs de toute l'Ukraine, l'Association de Jeunesse “Che Guevara” ainsi que d'autres organisations et individus.

    borotba antifascistNote SLP : Nous précisons que cette déclaration a été faite AVANT que la situation ne franchisse un nouveau cap avec l'intervention russe en Crimée et la sécession de fait de cette région (27-28 février). Le nécessaire antifascisme à affirmer contre les néonazis de l'Ouest (Svoboda et consorts) doit désormais faire attention à ne pas tomber dans les mailles du chauvinisme impérial grand-russe, qui mobilise plus qu'à son tour en invoquant le souvenir de la Guerre patriotique antifasciste (1941-45) contre les menées occidentales et les nationalismes d'Europe de l'Est (qui ont effectivement tous collaboré avec le nazisme à l'époque et s'en réclament sans complexe aujourd'hui), présenté-e-s comme la nouvelle Allemagne nazie ; ce qui n'empêche pas les antifascistes russes d'être régulièrement assassiné-e-s par les ultra-nationalistes fanatiques de la "Sainte Mère Russie" (1 - 2). En Crimée, les références de la "Garde cosaque" épaulant l'Armée russe sont bien moins du côté de la Révolution bolchévique de Lénine que des Armées blanches de Denikine & co qui la combattaient, et qui parfois se reformeront 20 ans plus tard... pour s'allier avec la Wehrmacht. La vigilance doit vraiment être extrême, et Borotba y fait rapidement allusion dans son dernier paragraphe. Les forces communistes et révolutionnaires d'Ukraine comme de Russie ne doivent pas, par exemple, se retrouver associées à d'éventuels massacres qui frapperaient la minorité tatare de Crimée (qui voit à tort ou à raison dans "l'Europe" un espoir d'améliorer sa condition, et soutient donc la "révolution" de Kiev). Les masses progressistes d'Ukraine et de Russie doivent s'unir dans un même rejet et un même défaitisme révolutionnaire face à deux chauvinismes ("petit-russe"/"novorusse" et ruthène) également odieux, réactionnaires et ennemis de tous les peuples qui n'aspirent qu'à vivre libres en travaillant, dans la fraternité entre peuples libres ; deux chauvinisme qui sont maintenant à deux doigts de mener l'Europe entière au bord du gouffre. En Russie, quelques centaines de personnes auraient manifesté contre l'escalade militariste à Moscou et Leningrad-débaptisée (elles ont été aussitôt arrêtées) ; nous ignorons la composition politique de ces cortèges (libéraux bourgeois ? opposition de gauche à Poutine ? les deux comme dans les grandes mobilisations de 2012 ?). 

    Ci-dessous (après Borotba) la déclaration d'un ensemble de forces communistes (marxistes et libertaires) de Russie sur les évènements.

    Pays-de-l-Est 0110

    Voir aussi :  Borotba Communiqué #3

    Comme l'avait prédit "Borotba" dès novembre-décembre, la victoire de Maidan a conduit au pouvoir un bloc ultralibéral-nazi. La composition approximative du nouveau gouvernement, récemment publiée, ne fait que prouver nos conclusions.

    Le futur Premier ministre Arseni Iatseniouk, dont la candidature a été activement soutenue par les bureaucrates de l'UE, a déclaré : "Le monde occidental va nous aider à sortir de la crise... Nous demandons une aide immédiate de nos partenaires européens. Le programme du FMI sera remis en marche immédiatement".

    ukraine brulage de drapeauxNous rappelons que les recommandations du FMI sont l'augmentation des taxes sur la population, les prix au niveau des cours mondiaux, la réduction des prestations sociales et l'accélération des réformes néolibérales. La déclaration de Iatseniouk signifie que le nouveau gouvernement va écouter la voix des institutions financières internationales et non celle du peuple.

    La participation au nouveau gouvernement de figures symboliques comme Viktor Pinzenyk, "père spirituel" et "garde-chiourme" des privatisations-cambriolage, montre la voie politique économique du nouveau gouvernement : capitalisme libéral maximal et État social minimal.

    Les forces nationalistes prétendent activement à l'hégémonie culturelle sur le nouveau gouvernement. Il est significatif que la possible candidate au poste de Ministre de l’Éducation soit Irina Farion de “Svoboda”, connue pour ses conceptions nazies, en particulier pour appeler à la criminalisation de l'usage de la langue russe. 

    Pour tout cela, le nouveau gouvernement libéral-nationaliste présente un caractère de classe hostile à la population laborieuse du pays.

    2Les informations sur l'inclusion dans le SBU et le Ministère de l'Intérieur de leaders des structures ouvertement nazies du "Secteur Droit", les tentatives de bannir les activités communistes, les pressions sur les médias "indésirables" illustrent sans ambigüité le caractère répressif et antidémocratique du nouveau gouvernement.

    “Borotba” soutient les actions antifascistes spontanées dans les villes du Sud-Est de l'Ukraine et déclare que ses membres participeront activement à ces actions. Après la chute de Ianoukovitch, ces actions n'ont plus le caractère de soutien à son gouvernement. En même temps, nous devinons que l'influence des forces nationalistes russes dans ces mobilisations est très forte et nocive. Les forces saines du peuple ne peuvent être unies que sur les principes de l'internationalisme et de l'amitié entre les nations, et non sur l'opposition des peuples en fonction de la nationalité, de la langue ou de la religion.

    ********************************************************************************* 

    Déclaration des forces de gauche, communistes et anarchistes de Russie sur les évènements en Ukraine


    La déclaration suivante a été publiée le 26 février [donc encore une fois avant l'intervention russe en Crimée NDLR ; et clairement même remarque que plus haut] par un ensemble de forces communistes, de gauche et anarchistes de Russie.

    200583937La politique menée de longue date par les gouvernements bourgeois d'Ukraine, ainsi que la crise économique globale, ont engendré des conditions de vie intolérables pour la majorité de ses habitants. Durant la dernière moitié du régime de Ianoukovitch, une grande partie de la solution aux problèmes économiques était promise au travers de l'intégration européenne. Le soudain abandon des plans annoncés a provoqué un large mécontentement et des actions. Le processus était interclassiste et très largement spontané. Un mouvement nationaliste a été utilisé par l'opposition libérale comme troupe de choc dans la rue, et dès lors la nature de la contestation a acquis des traits anticommunistes et même clairement fascistes.

    Le nouveau gouvernement recourt à la force exactement comme la bureaucratie de Ianoukovitch avant lui, incapable d'entendre les besoins du peuple et de répondre à ses problèmes urgents. Les impérialismes russe comme occidental n'éprouvent aucune réelle sympathie pour le Peuple ukrainien et ne font que profiter de la situation à leur avantage. Ils tentent d'y obtenir un gain financier et (dans le cas de l'Occident) de créer le chaos aux frontières de la Russie. Toutes ces forces ne cherchent qu'à vivre sur le dos du peuple et le feront secrètement ou ouvertement.

    La fureur anticommuniste et anti-russe, affront à notre passé soviétique commun, est la principale caractéristique de l’État nationaliste qui émerge à présent. Les informations concernant les pogroms contre les sièges du Parti communiste et d'autres partis de gauche, les violences contre des communistes et des activistes syndicaux ordinaires, la démolition des monuments de Lénine montrent clairement que la régression fasciste auparavant observée dans les Pays baltes et en Europe a maintenant submergé l'Ukraine sœur.

    4376201 3 43d1 soldat-russe-sur-un-vehicule-blinde-a d8dbacNous, signataires de gauche, communistes et anarchistes de la présente déclaration, protestons et demandons qu'il soit mis fin à la persécution de nos camarades. Nous appelons tous les citoyens d'Ukraine, par tous les moyens à disposition, à exprimer leur défiance envers le Parlement ukrainien, à organiser la communauté et les forces laborieuses pour créer des groupes d'auto-défense, des gouvernements populaires locaux et autres instruments conséquents de la volonté populaire. Nous appelons tous les citoyens de Russie à être prêts à secourir directement le Peuple ukrainien, et à prendre contact avec les quartiers-généraux antifascistes en solidarité avec l'Ukraine*

    Nous appelons les partis communistes et de gauche et les organisations antifascistes autour du monde à faire pression sur leurs gouvernements pour empêcher l'établissement d'un régime fasciste en Ukraine.

    Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

    Signé par :

    Association inter-régionale des communistes
    Union communiste de la Ville de Moscou
    Parti communiste des Travailleurs de Russie (CPSU-EIF)
    Académie Fondation du Travail
    Parti révolutionnaire des Travailleurs
    Mouvement des Communards
    Nouvelle Gauche
    Union de la Jeunesse communiste
    Front de Gauche
    Ligue de la Jeunesse communiste révolutionnaire
    L'Autre Russie
    Action individuelle socialiste révolutionnaire
    Institut de la Globalisation et des Mouvements sociaux
    Groupe d'initiative pour le référendum de responsabilité du gouvernement (IGPR CALL)
    Avant-Garde de la Jeunesse rouge - Russie du Travail (AKM -TR) (soutien partiel)
    Institut de l'Innovation et du Développement
    Fonds "le nouveau système politique"
    “Kolomna bush”
    Parti communiste de toute la Russie (bolchévik)  - VKP(b)
    Pravda.Info
    Red TV
     

    [* Cette déclaration donne une bonne illustration de la complexité de la crise ukrainienne. Néanmoins, on y sent selon nous pointer le chauvinisme de grande nation nettement plus que dans celle de Borotba (qui forcément, eux, sont ukrainiens). Il faut faire très attention : maintenant que l'impérialisme russe est passé militairement à l'action en dénonçant la "prise de pouvoir fasciste" à Kiev, comme si le régime de Moscou n'avait pas lui-même toutes les caractéristiques d'un régime "fasciste du 21e siècle" (ce qui lui vaut d'ailleurs l'admiration de tous les intellectuels fascistes ici), la CONFUSION va être omniprésente là-bas entre véritable résistance antifasciste (contre Svoboda & co) et mercenariat du Kremlin. Il y a une pointe d'indécence, même pour les plus sincères révolutionnaires et progressistes russes, à prétendre "voler au secours" des antifascistes ukrainiens qui n'ont rien demandé ni attendu pour se confronter à Svoboda et au "Pravy Sektor" (la milice néonazie), y compris au sein même de la contestation de Maidan qui, par bien des aspects, était justifiée d'un point de vue populaire et progressiste. La plus grande vigilance est de mise. Ce qui sous-tend toute la crise en cours est la contradiction inter-impérialiste entre un bloc occidental Europe de l'Ouest/Amérique du Nord et l'impérialisme russe, qui défend son "étranger proche" (ainsi parle-t-on là-bas des anciennes républiques soviétiques). La place des révolutionnaires et des progressistes n'est pas aux côtés d'un camp impérialiste contre un autre ; et les "Cosaques" de Crimée ou du Donbass ne valent pas mieux que les nostalgiques du IIIe Reich de Galicie et Volhynie.]


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  • Déclaration de l'association "Sortir du Colonialisme" (à l'initiative de la manifestation) :

    Depuis 6 ans, l’Association "Sortir du Colonialisme" organise avec le soutien de dizaines d’organisations, une marche de clôture de la Semaine anticoloniale et antiraciste, déclarée en préfecture conformément à la législation. 

    Or cette année pour la première fois, la préfecture nous signifie le refus de notre parcours allant de République à Ménilmontant en passant par Belleville, au motif que des "casseurs" l'infiltreraient (syndrome NDDL!).

    Nous tentons alors de négocier un 2nd parcours qui irait en direction de Barbès pour arriver devant l'église St Bernard, et nous nous heurtons à un second refus sous prétexte de trouble à l'ordre public.

    blog -FN stigmatise VallsPour la première fois une interdiction nous a donc été notifiée par la préfecture de police qui veut par la pression nous imposer un rassemblement statique Place de la République.

    Alors que nous nous apprêtions malgré tout à partir en manifestation pacifique, un déploiement policier hallucinant et totalement disproportionné a bloqué le cortège, l'a empêché de quitter la place de la République, refoulé sur le terre plein central pour l'encercler, interdisant toute possibilité de sortie de ce périmètre jusqu'à 17 heures. Une sorte de camp de rétention provisoire à ciel ouvert a donc retenu en otage des centaines de manifestant-e-s en plein Paris !

    Même sous la présidence de Chirac et de Sarkozy, de telles pratiques d'intimidation et de répression contre nos initiatives ne s'étaient jamais produites.

    L’association « Sortir du colonialisme" et les organisations signataires appelant à la manifestation du 1er mars dénoncent cet abus d'autorité d'un pouvoir qui se prétend socialiste et bafoue l'exercice du droit constitutionnel de manifester.

    Après la véritable provocation du week-end dernier à Nantes, transformée en citadelle assiégée par les forces de l’ordre, Manuel Valls entend intimider et museler tous ceux qui refusent de courber l'échine devant la politique du gouvernement.

    C'est ce même ministre de l'intérieur qui, depuis des mois, fait preuve d'une grande complaisance envers les forces réactionnaires et fascistes qui occupent la rue en toute impunité et sécurité, et défilent le bras tendu.

    Nous dénonçons avec fermeté la politique colonialiste de la France, fer de lance de la défense des intérêts de la Françafrique, son soutien aux régime israélien, marocain, turc et autres qui maintiennent une domination coloniale sur les peuples palestinien, sahraoui, kurde.

    Nous dénonçons le maintien du système colonial en Kanaky, aux Antilles et partout ailleurs.

    Nous entendons poursuivre nos mobilisations malgré la répression et les intimidations, et appelons toutes les forces démocratiques à défendre notre droit inaliénable à la liberté d'expression.

    Nous nous réservons le droit de porter plainte contre cet atteinte inqualifiable contre le droit non négociable de manifester.

    Notre combat continue.


    Communiqué du FRAP / La Cause du Peuple :

    Retour sur la "manifestation" anticoloniale et antiraciste 2014


    Samedi dernier aurait dû avoir lieu, à Paris, la traditionnelle manifestation de clôture de la semaine anticoloniale et antiraciste. Mais cette manifestation a été interdite par la préfecture... Un rassemblement s'est quand même tenu place de la République regroupant différentes organisations et individus. 

    Le Bloc Rouge était présent et a tenu une table. Le tract L'impérialisme français poursuit sa politique néo-coloniale en Afrique a été distribué. On a également largement discuté de l'hommage à Pierre Overney qui se tenait le lendemain.

    Le petit rassemblement tranquille sentait fort la frustration et, lorsque les interventions des différentes organisations ont eu lieu, les organisateurs ont appelés à entreprendre une marche sur la place. 

    Les cortèges se sont mis en route, commençant par faire le tour sur la grande place de la République. Arrivés à l'autre bout, la police nous a bloqué la route. Les organisateurs ont annoncé que la police refusait de nous laisser passer et que, pour ne pas mettre en danger les camarades venus d'autres pays, ils resteraient sur la place.

    Les autres groupes sont retournés sur la place, mais, face à la police, le cortège Free Palestine et celui du Bloc Rouge ont continué la marche, aux cris de : "Troupes françaises, hors d'Afrique ! A bas l'impérialisme et ses chiens de garde !", "Palestine vivra, libérez Georges Abdallah !"

    Bloqués par les flics en surnombre devant la banque, nous avons tenu un moment, scandant des " Police nationale, milice du capital !", "police partout, justice nulle part", faisant tristement échos à la soirée qui suivi le soir même contre les violences policières et en soutien à Amal Bentounsi.

    La place fut alors entièrement encerclée par les robocops et leurs véhicules. Ils resserrèrent tant bien que mal les rangs et nous nous sommes retrouvés à une centaine, cernés par les bleus. 

    Après retour avec les organisateurs, on a appris que les flics ne prévoyaient pas de contrôle d'identité, mais juste de nous parquer sur la place illégalement.

    Camp de rétention spontané, checkpoint... Les termes fusent ! Et malgré le côté irréel et choquant de cette scène, on se rencontre, on discute, et on chante aussi !

    Nous avant été séquestrés plus d'une heure sur cette place. Et ce n'est "qu'escortés" par les robocops et poussés sur le chemin du métro qu'on a pu sortir !

    Drôle de journée... La manifestation anticoloniale et antiraciste qui se tient depuis des années, a dû voir un gouvernement de "gauche" pour se voir interdite et enfin réprimée...

    S'il fallait encore une preuve que la "gauche" ne vaut pas mieux que la droite nous avons été servis...

    Voici l'ambiance de cette journée en photos et vidéos ... (voir également le reportage de Télé Bocal http://youtu.be/hzJ9ynymb7k?t=6m43s)  


    Une vidéo :


    À lire aussi, la déclaration de VP distribuée lors du rassemblement qui a quand même eu lieu.


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