• Déclarations communistes et antifascistes d'Ukraine et de Russie


    Après le triomphe de la "révolution" réactionnaire EuroMaidan, la réaction prévisible du Kremlin ne s'est pas faite attendre et la Russie est intervenue en appui aux sécessionnistes pro-russes de Crimée (où elle possède déjà la base navale essentielle de Sebastopol), selon un procédé désormais éprouvé dans les anciennes républiques soviétiques (Ossétie et Abkhazie en Géorgie, Transnistrie en Moldavie, Karabakh occupé par l'allié arménien en Azerbaïdjan etc.). La Russie et l'Ukraine (soutenue par les États-Unis, l'UE, les sept autres membres du G8 etc.) sont donc EN GUERRE et, comme le signalent tous les commentateurs, nous voilà renvoyés à une situation bien oubliée et considérée comme "impensable" depuis la fin de la Guerre froide et la "Fin de l'Histoire" proclamée alors. Voilà où nous mènent les contradictions inter-impérialistes, aiguisées à l'extrême par la  crise générale terminale du capitalisme !

    Notre rôle de média d'information révolutionnaire est de vous faire partager les déclarations des forces révolutionnaires de là-bas. Voici deux déclarations, l'une d'Ukraine et l'autre de Russie :


    Déclaration de l'organisation communiste ukrainienne Borotba (25 février)


    Voici une déclaration de l'organisation marxiste ukrainienne Borotba ("Lutte"). Borotba est issue de la fusion de plusieurs petits groupes : la majorité de l'Organisation des Marxistes d'Ukraine, anciens membres de l'Union de la Jeunesse communiste léniniste (organisation de jeunesse du PC ukrainien), des membres de la “Jeunesse contre le capitalisme”, l'Union des Travailleurs de toute l'Ukraine, l'Association de Jeunesse “Che Guevara” ainsi que d'autres organisations et individus.

    borotba antifascistNote SLP : Nous précisons que cette déclaration a été faite AVANT que la situation ne franchisse un nouveau cap avec l'intervention russe en Crimée et la sécession de fait de cette région (27-28 février). Le nécessaire antifascisme à affirmer contre les néonazis de l'Ouest (Svoboda et consorts) doit désormais faire attention à ne pas tomber dans les mailles du chauvinisme impérial grand-russe, qui mobilise plus qu'à son tour en invoquant le souvenir de la Guerre patriotique antifasciste (1941-45) contre les menées occidentales et les nationalismes d'Europe de l'Est (qui ont effectivement tous collaboré avec le nazisme à l'époque et s'en réclament sans complexe aujourd'hui), présenté-e-s comme la nouvelle Allemagne nazie ; ce qui n'empêche pas les antifascistes russes d'être régulièrement assassiné-e-s par les ultra-nationalistes fanatiques de la "Sainte Mère Russie" (1 - 2). En Crimée, les références de la "Garde cosaque" épaulant l'Armée russe sont bien moins du côté de la Révolution bolchévique de Lénine que des Armées blanches de Denikine & co qui la combattaient, et qui parfois se reformeront 20 ans plus tard... pour s'allier avec la Wehrmacht. La vigilance doit vraiment être extrême, et Borotba y fait rapidement allusion dans son dernier paragraphe. Les forces communistes et révolutionnaires d'Ukraine comme de Russie ne doivent pas, par exemple, se retrouver associées à d'éventuels massacres qui frapperaient la minorité tatare de Crimée (qui voit à tort ou à raison dans "l'Europe" un espoir d'améliorer sa condition, et soutient donc la "révolution" de Kiev). Les masses progressistes d'Ukraine et de Russie doivent s'unir dans un même rejet et un même défaitisme révolutionnaire face à deux chauvinismes ("petit-russe"/"novorusse" et ruthène) également odieux, réactionnaires et ennemis de tous les peuples qui n'aspirent qu'à vivre libres en travaillant, dans la fraternité entre peuples libres ; deux chauvinisme qui sont maintenant à deux doigts de mener l'Europe entière au bord du gouffre. En Russie, quelques centaines de personnes auraient manifesté contre l'escalade militariste à Moscou et Leningrad-débaptisée (elles ont été aussitôt arrêtées) ; nous ignorons la composition politique de ces cortèges (libéraux bourgeois ? opposition de gauche à Poutine ? les deux comme dans les grandes mobilisations de 2012 ?). 

    Ci-dessous (après Borotba) la déclaration d'un ensemble de forces communistes (marxistes et libertaires) de Russie sur les évènements.

    Pays-de-l-Est 0110

    Voir aussi :  Borotba Communiqué #3

    Comme l'avait prédit "Borotba" dès novembre-décembre, la victoire de Maidan a conduit au pouvoir un bloc ultralibéral-nazi. La composition approximative du nouveau gouvernement, récemment publiée, ne fait que prouver nos conclusions.

    Le futur Premier ministre Arseni Iatseniouk, dont la candidature a été activement soutenue par les bureaucrates de l'UE, a déclaré : "Le monde occidental va nous aider à sortir de la crise... Nous demandons une aide immédiate de nos partenaires européens. Le programme du FMI sera remis en marche immédiatement".

    ukraine brulage de drapeauxNous rappelons que les recommandations du FMI sont l'augmentation des taxes sur la population, les prix au niveau des cours mondiaux, la réduction des prestations sociales et l'accélération des réformes néolibérales. La déclaration de Iatseniouk signifie que le nouveau gouvernement va écouter la voix des institutions financières internationales et non celle du peuple.

    La participation au nouveau gouvernement de figures symboliques comme Viktor Pinzenyk, "père spirituel" et "garde-chiourme" des privatisations-cambriolage, montre la voie politique économique du nouveau gouvernement : capitalisme libéral maximal et État social minimal.

    Les forces nationalistes prétendent activement à l'hégémonie culturelle sur le nouveau gouvernement. Il est significatif que la possible candidate au poste de Ministre de l’Éducation soit Irina Farion de “Svoboda”, connue pour ses conceptions nazies, en particulier pour appeler à la criminalisation de l'usage de la langue russe. 

    Pour tout cela, le nouveau gouvernement libéral-nationaliste présente un caractère de classe hostile à la population laborieuse du pays.

    2Les informations sur l'inclusion dans le SBU et le Ministère de l'Intérieur de leaders des structures ouvertement nazies du "Secteur Droit", les tentatives de bannir les activités communistes, les pressions sur les médias "indésirables" illustrent sans ambigüité le caractère répressif et antidémocratique du nouveau gouvernement.

    “Borotba” soutient les actions antifascistes spontanées dans les villes du Sud-Est de l'Ukraine et déclare que ses membres participeront activement à ces actions. Après la chute de Ianoukovitch, ces actions n'ont plus le caractère de soutien à son gouvernement. En même temps, nous devinons que l'influence des forces nationalistes russes dans ces mobilisations est très forte et nocive. Les forces saines du peuple ne peuvent être unies que sur les principes de l'internationalisme et de l'amitié entre les nations, et non sur l'opposition des peuples en fonction de la nationalité, de la langue ou de la religion.

    ********************************************************************************* 

    Déclaration des forces de gauche, communistes et anarchistes de Russie sur les évènements en Ukraine


    La déclaration suivante a été publiée le 26 février [donc encore une fois avant l'intervention russe en Crimée NDLR ; et clairement même remarque que plus haut] par un ensemble de forces communistes, de gauche et anarchistes de Russie.

    200583937La politique menée de longue date par les gouvernements bourgeois d'Ukraine, ainsi que la crise économique globale, ont engendré des conditions de vie intolérables pour la majorité de ses habitants. Durant la dernière moitié du régime de Ianoukovitch, une grande partie de la solution aux problèmes économiques était promise au travers de l'intégration européenne. Le soudain abandon des plans annoncés a provoqué un large mécontentement et des actions. Le processus était interclassiste et très largement spontané. Un mouvement nationaliste a été utilisé par l'opposition libérale comme troupe de choc dans la rue, et dès lors la nature de la contestation a acquis des traits anticommunistes et même clairement fascistes.

    Le nouveau gouvernement recourt à la force exactement comme la bureaucratie de Ianoukovitch avant lui, incapable d'entendre les besoins du peuple et de répondre à ses problèmes urgents. Les impérialismes russe comme occidental n'éprouvent aucune réelle sympathie pour le Peuple ukrainien et ne font que profiter de la situation à leur avantage. Ils tentent d'y obtenir un gain financier et (dans le cas de l'Occident) de créer le chaos aux frontières de la Russie. Toutes ces forces ne cherchent qu'à vivre sur le dos du peuple et le feront secrètement ou ouvertement.

    La fureur anticommuniste et anti-russe, affront à notre passé soviétique commun, est la principale caractéristique de l’État nationaliste qui émerge à présent. Les informations concernant les pogroms contre les sièges du Parti communiste et d'autres partis de gauche, les violences contre des communistes et des activistes syndicaux ordinaires, la démolition des monuments de Lénine montrent clairement que la régression fasciste auparavant observée dans les Pays baltes et en Europe a maintenant submergé l'Ukraine sœur.

    4376201 3 43d1 soldat-russe-sur-un-vehicule-blinde-a d8dbacNous, signataires de gauche, communistes et anarchistes de la présente déclaration, protestons et demandons qu'il soit mis fin à la persécution de nos camarades. Nous appelons tous les citoyens d'Ukraine, par tous les moyens à disposition, à exprimer leur défiance envers le Parlement ukrainien, à organiser la communauté et les forces laborieuses pour créer des groupes d'auto-défense, des gouvernements populaires locaux et autres instruments conséquents de la volonté populaire. Nous appelons tous les citoyens de Russie à être prêts à secourir directement le Peuple ukrainien, et à prendre contact avec les quartiers-généraux antifascistes en solidarité avec l'Ukraine*

    Nous appelons les partis communistes et de gauche et les organisations antifascistes autour du monde à faire pression sur leurs gouvernements pour empêcher l'établissement d'un régime fasciste en Ukraine.

    Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

    Signé par :

    Association inter-régionale des communistes
    Union communiste de la Ville de Moscou
    Parti communiste des Travailleurs de Russie (CPSU-EIF)
    Académie Fondation du Travail
    Parti révolutionnaire des Travailleurs
    Mouvement des Communards
    Nouvelle Gauche
    Union de la Jeunesse communiste
    Front de Gauche
    Ligue de la Jeunesse communiste révolutionnaire
    L'Autre Russie
    Action individuelle socialiste révolutionnaire
    Institut de la Globalisation et des Mouvements sociaux
    Groupe d'initiative pour le référendum de responsabilité du gouvernement (IGPR CALL)
    Avant-Garde de la Jeunesse rouge - Russie du Travail (AKM -TR) (soutien partiel)
    Institut de l'Innovation et du Développement
    Fonds "le nouveau système politique"
    “Kolomna bush”
    Parti communiste de toute la Russie (bolchévik)  - VKP(b)
    Pravda.Info
    Red TV
     

    [* Cette déclaration donne une bonne illustration de la complexité de la crise ukrainienne. Néanmoins, on y sent selon nous pointer le chauvinisme de grande nation nettement plus que dans celle de Borotba (qui forcément, eux, sont ukrainiens). Il faut faire très attention : maintenant que l'impérialisme russe est passé militairement à l'action en dénonçant la "prise de pouvoir fasciste" à Kiev, comme si le régime de Moscou n'avait pas lui-même toutes les caractéristiques d'un régime "fasciste du 21e siècle" (ce qui lui vaut d'ailleurs l'admiration de tous les intellectuels fascistes ici), la CONFUSION va être omniprésente là-bas entre véritable résistance antifasciste (contre Svoboda & co) et mercenariat du Kremlin. Il y a une pointe d'indécence, même pour les plus sincères révolutionnaires et progressistes russes, à prétendre "voler au secours" des antifascistes ukrainiens qui n'ont rien demandé ni attendu pour se confronter à Svoboda et au "Pravy Sektor" (la milice néonazie), y compris au sein même de la contestation de Maidan qui, par bien des aspects, était justifiée d'un point de vue populaire et progressiste. La plus grande vigilance est de mise. Ce qui sous-tend toute la crise en cours est la contradiction inter-impérialiste entre un bloc occidental Europe de l'Ouest/Amérique du Nord et l'impérialisme russe, qui défend son "étranger proche" (ainsi parle-t-on là-bas des anciennes républiques soviétiques). La place des révolutionnaires et des progressistes n'est pas aux côtés d'un camp impérialiste contre un autre ; et les "Cosaques" de Crimée ou du Donbass ne valent pas mieux que les nostalgiques du IIIe Reich de Galicie et Volhynie.]


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