• Petits papiers réseaux sociaux - mai 2017


    Les résultats du 7 mai m'ont donc re-conforté dans mon idée de base que l’État français est et doit rester une dictature bourgeoise du "juste milieu" (que les méthodes de gouvernement soient plus ou moins "libérales"-"laxistes" ou autoritaires-répressives est un autre sujet), et que la bourgeoisie ne veut pas du FN au pouvoir.

    La bourgeoisie en veut bien, du FN, mais comme réceptacle où macèreront stérilement 10 millions de mécontents (et 7 millions d'autres dans la France Insoumise de Mélenchon).

    Retour à la 3e République en quelque sorte, avec son "juste milieu" et puis ses socialistes de régime d'un côté, ses ligues de droite dure de l'autre. Sachant que la 5e, à la base, c'était simplement censé être une 3e République présidentialisée, à exécutif fort (modernisation de l’État que préconisaient entre autres les Croix-de-Feu dans les années 1930... et qui aura donc fini par être mise en œuvre, au même titre que le planisme, la construction européenne etc. etc.). Le "juste milieu" là aussi...

    Ben oui : au début des années 60, le parti dominant s'appelait l'UNR-UDT et l'UDT (Union Démocratique du Travail) c'était des gaullistes "de gauche" (des gens de centre-gauche, de type rad-soc, qui soutenaient De Gaulle).

    La gauche de gouvernement n'était pas censée exister : l'opposition de gauche c'était le PC, voué à l’opposition éternelle comme "extrême" et "inféodé à une puissance étrangère". Plus quelques grognons comme Mitterrand hostiles au régime présidentiel, flanquant ceux de centre-droit comme Lecanuet.

    Et de l'autre côté il y avait les Algérie-française, les résidus du poujadisme ou encore les nostalgiques de Vichy (Tixier-Vignancour fait 5% en 1965 mais Mitterrand-la-francisque, soutenu par le PC, l'était également par toute cette opposition de droite-là, comme candidat le mieux placé pour virer De Gaulle).

    Le truc n'était pas du tout conçu, en fait, pour le bipartisme dans lequel il s'est progressivement installé à partir des années 1970 (avec pour point de départ le score surprise de Mitterrand en 65).

    Il était conçu pour être un renforcement du pouvoir exécutif, du dirigisme d’État et des moyens liberticides de faire face à une situation d'urgence (eu égard au contexte de l'époque) ; mais toujours DANS LE CADRE du système français qui consiste en un camp républicain bourgeois du "juste milieu" flanqué de deux "extrêmes" de confort à droite et à gauche.

    Absolument pas pour l'alternance gauche-droite qu'il a connu à partir de 1981.

    Et donc là, on serait en quelque sorte en train de revenir aux fondamentaux.

    Mais attention, pour ce qui est de la montée du fascisme, si on entend celui-ci comme "dictature brutale, s'affranchissant des principes libéraux, de la bourgeoisie" : dans ce système, la matraque c'est comme le nez de Pinocchio quand il ment ; elle S'ALLONGE quand le besoin s'en fait sentir.

    Le "juste milieu" du début des années 60, avec ses "gaullistes de gauche", c'est 300 Algériens massacrés le 17 octobre 1961 (et 8 communistes blancs quelques mois plus tard à Charonne)... par un ancien préfet de Vichy, un certain Maurice Papon. L'opposant n°1 Mitterrand-la-francisque, lui, était l'ancien Ministre de la Justice du socialiste "juste milieu" Guy Mollet, l'homme des pouvoirs spéciaux, autrement dit de la dictature militaire à la Pinochet (torture systématique, assassinats, "disparitions") dans les "départements" d'Algérie.

    Le fameux article 16 et les tribunaux militaires d'exception ne seront finalement utilisés que contre l'opposition de droite (putschistes de 1961 puis OAS), mais la Cour de Sûreté de l’État verra aussi un bon paquet d'indépendantistes bretons ou corses passer sur ses bancs.

    Et en Mai 68, trois morts officiels mais aucune baisse significative des accidents de la route malgré la pénurie d'essence... donc probablement des dizaines de victimes camouflées comme cela. De Gaulle était allé à Baden-Baden voir Massu (autre boucher d’Algérie) pour évoquer une intervention de l'armée. Et le SAC de (notamment) un certain Pasqua avait des plans d'internement des gauchistes dans les stades. Tout cela sera finalement écarté au profit d'une mobilisation de la "majorité silencieuse" gaulliste, mais en juin débutera l'ère Marcellin ("vichysto-gaulliste" comme Papon ; un autre, Couve de Murville, emménageant à Matignon).

    En fait, ce n'est que le reflux des luttes à partir de la fin des années 70 (et leur domestication, en partie, par le mitterrandisme) qui a entraîné un certain raccourcissement de la matraque.

    Et à partir des années 2000, même si les forces révolutionnaires organisées restent très faibles, un certain regain d'instabilité, de "menace intérieure", notamment dans les fameux "quartiers" (comme on parle en Palestine des "territoires"), qui l'a vue commencer à se rallonger…

    Aujourd'hui, il ne faut donc pas se bercer d'illusions sur la "démocratie sauvée". L'extrême-droite de confort a encore montré aux élections sa vocation d'éternelle opposante, mais elle monte bel et bien, se fait de plus en plus active, voit la majorité des forces armées de la bourgeoisie (les détenteurs de la "violence légitime"...) voter pour elle, ses thèmes et discours repris, un peu comme dans les années 30 à la fin desquelles... qui, déjà, a mis les républicains espagnols et les antifascistes de toute l'Europe dans des camps où les nazis n'auront ensuite plus qu'à les cueillir ? Ah oui, Daladier. Parti radical. Quelque part entre centre-gauche et centre-droite. "Juste milieu" quoi.

    CQFD...

    Papiers réseaux sociaux - mai 2017

                     *****************************************************************************************

    Disons qu'il faut voir les résultats électoraux comme des aboutissements, et non comme des points de départ.

    Si les sondages avaient annoncé Le Pen entre 48 et 51%, victoire ultra possible donc, cela aurait été l'aboutissement de tout un processus, un fond d'ambiance, concordant par exemple avec le quasi permis de tuer accordé aux flics il y a quelques mois, et signifiant que la bourgeoisie voulait désormais majoritairement la voir au pouvoir.

    À ce moment-là aurait pu être envisagée la stratégie du coup de frein électoral, c'est à dire de l'échec populaire progressiste au plan bourgeois ; pas sur la base de nos maigrichonnes forces révolutionnaires bien sûr, mais sur la base du ''bug'' du truc, qui a été qu'une candidature unique à gauche de Macron serait en fait arrivée... nettement en tête au 1er tour (de l'ordre de 26-27%). D'ailleurs, qu'une telle configuration (Le Pen aux portes de la victoire) soit possible aurait sans doute signifié qu'elle soit opposée à une telle candidature, et non à un centriste face à qui ce serait très peu probable.

    Ceci valant ce que ça vaut (sionards de l'aile gauche du PS à la Hamon, républicards islamophobes à la Mélenchon), mais au-delà de ces forces il faut voir l'expression populaire, le vote contre, la recherche d'une sortie au néolibéralisme en crise qui ne soit pas le fascisme pur et simple.

    Après, c'est sûr qu'il ne faut pas se faire d'illusions : cela resterait dans tous les cas un coup de frein.

    Le Front populaire de 1936 n'a jamais été que cela : un PETIT coup de frein. Au bout de 2 ans, on est revenu avec Daladier à ce qui aurait normalement "dû" être : un gouvernement centriste aux méthodes semi-fascistes (camps d'internement pour les étrangers), la veulerie face aux puissances fascistes (accords de Munich, reconnaissance immédiate de Franco dès sa victoire finale sur les républicains), l'anticommunisme contre toute alliance avec l'URSS (poussant celle-ci à sceller le pacte de non-agression avec l’Allemagne, qu’on a beau jeu de lui reprocher aujourd’hui), etc.

    Les conquêtes sociales de 1936 ont été le fruit des grèves de masse, pas de l'activité parlementaire ; elles n'ont jamais été vraiment mises en application (sauf les congés payés), ont été abrogées par Vichy et ne sont donc finalement devenues réalité... qu'à la Libération. Après une lutte armée donc, une victoire antifasciste les armes à la main...

    Dans l'Empire colonial, comme on le sait, aucun changement : la capitulation du PC sur ce point avait été une condition du Front.

    Mais ce coup de frein à la montée des ligues et à la droitisation-fascisation de la République bourgeoise aura tout de même eu une utilité tactique.

    Dire cela se situe, néanmoins, à des années lumières de dire (‘p’‘c’F‘mlm’) qu'il faut voter quelles que soient les prévisions pour QUICONQUE (même Fillon !!) se trouve opposé au Front National dans une élection ; que le KPD de Thälmann a eu tort de se maintenir au second tour de l'élection allemande de 1932 (alors qu'il n'a nullement empêché la large victoire d’Hindenburg ; Hitler ne serait de toute façon JAMAIS arrivé au pouvoir en gagnant simplement une élection, il n'y est en réalité parvenu que sous la pression des grands capitalistes et... appelé à la Chancellerie par ce même Hindenburg !) ; et j’en passe et des meilleures.

    Et à encore plus d'années lumières, bien sûr, de le faire en se cachant derrière des étrangers privés de droit de vote à qui l’on ''offre'' soi-disant le sien, tout en prônant officiellement l'abstention (‘futur’ ‘rouge’)…

    Papiers réseaux sociaux - mai 2017

                                                     *******************************************************************

    La fRance est structurellement raciste, car impérialiste et coloniale ; structurellement haineuse ou au "mieux" méprisante des minorités ; c'est une construction politique au service du capitalisme (qui n'a jamais servi à autre chose : même dans sa phase robespierriste, la Révolution restait bourgeoise), et l’on sait la place que celui-ci réserve historiquement au patriarcat en son sein.

    Mais le Front National n'est pas pour autant "comme le reste" : c'est la conception "extrême", décomplexée de tout cela. C'est une force politique qui s'appuie sur toutes ces pensées structurelles pour mettre en place un régime qui ne reculera devant rien.

    En fait c'est comme un mélangeur avec un robinet d'eau chaude et un robinet d'eau froide. L'eau froide c'est toute cette idéologie française structurelle, historique. Et l'eau chaude c'est NOUS, le camp révolutionnaire, à condition d'être conséquents. Si on n'envoie pas ou pas assez d'eau chaude, il ne sort que de l'eau froide ce qui signifie le FN au pouvoir, ou une droite voire pourquoi pas une "gauche responsable" ayant repris l'essentiel de ses idées, ce qui revient au même. Voilà de manière imagée comment ça fonctionne.

    La bourgeoisie humaniste, progressiste, toujours minoritaire en réalité, et avec toutes ses limites (paternalisme dans l'antiracisme par exemple), a cessé d'exister au milieu du 19e siècle. Depuis lors, le robinet d'eau chaude c'est UNIQUEMENT le camp révolutionnaire, lui aussi avec toutes ses limites de départ, engoncé dans la pensée bourgeoise dont il n'a toujours pas fini de s'extraire.

    Il n'y a pas de robinet d'eau chaude bourgeois, inutile de le chercher, même chez Mélenchon comme certains, ou du côté d'une certaine aile gauche du PS comme les matérialistes.com (avec leurs trips sur Filipetti, Amirshahi etc.).

    Tout ce qu'il y a c'est un RAPPORT DE FORCE : si des bourgeois sont "moins" capitalistes, "moins" racistes, "moins" patriarcaux, font du social redistributif, de l'antiracisme moral, de la promotion de l'égalité hommes-femmes ou des minorités LGBT, et s'opposent au FN et à la droite dure là-dessus, c'est sous la pression de luttes.

    Donc quoi que l'on fasse devant une échéance électorale, en fonction de son niveau de tendax, c'est-à-dire UN jour bien particulier, la tâche PERMANENTE reste de fortifier et développer notre camp et de l'extraire des dernières scories de pensée bourgeoise qui le recouvraient à sa naissance (eurocentrisme et social-impérialisme notamment).

    Papiers réseaux sociaux - mai 2017

                                ****************************************************************************

    L'idée que les immigrés font baisser les salaires des "déjà-là" est absurde, et contredite par la réalité.

    Ce à quoi l'immigration (même quand elle était principalement européenne) a toujours servi, c'est au contraire à fournir au capitalisme la dose de SUREXPLOITATION nécessaire pour permettre l'exploitation "simple" des autres travailleurs. En clair, on fait venir des gens qui auront une vie économiquement un peu meilleure que chez eux (sinon, pourquoi viendraient-ils ?) mais qui seront tout de même férocement exploités, afin d'adoucir l'exploitation des "déjà-là" et de leur permettre de vivre nettement mieux que les immigrés ET que ne vivaient leurs propres aïeux (parfois immigrés eux-mêmes, d'ailleurs, ou migrants intérieurs à l’État), réduisant ainsi leur potentiel de révolte (du moins c'est ce que les dominants espèrent, et notamment SURTOUT que la jonction entre immigrés et "déjà-là" ne se fasse jamais, du fait justement du "petit privilège" que les premiers confèrent aux seconds).

    Quant à ce qui est de parler (en substance) d'"invasion" qui viendrait "abîmer le tissu prolétarien en recomposition", "désorganiser encore plus les classes populaires, les diviser, les fragmenter, anéantir leur identité populaire et toutes leurs traditions", "écraser la classe ouvrière, diviser les masses en faisant s'installer des centaines de milliers de personnes issues des campagnes et pétries d'idéologie semi-féodale", "affaiblissement d'une nation par le pillage ou les migrations" qui serait "anti-populaire" (lesmaterialistes.com), c'est purement et simplement avoir versé dans une idéologie fasciste...

    Ce qui est vrai en revanche, c'est que l'EXTRACTION DE MAIN D’ŒUVRE que cela représente dans les pays d'origine des immigrés est AUSSI une forme d'exploitation, de pillage, au même titre que l’extraction des ressources naturelles, et donc un problème pour ces pays. Ça l'était de manière évidente (et aucun historien sérieux n'ose le nier) à l'époque des déportations esclavagistes, quand on ne demandait rien à personne et prélevait la main d’œuvre par capture comme du bétail ; mais ça le reste même avec des bureaux de recrutement où les gens se présentent plus ou moins "librement" (comme dans les années 1950-60-70).

    Certes, actuellement et depuis une trentaine d'années, il y a en Occident une politique anti-immigration parce que l'activité capitaliste s'est de plus en plus délocalisée directement vers les pays du "Tiers Monde" (pour le capitalisme yankee, parfois JUSTE derrière le "rideau de fer" qui le sépare du Mexique...) où il n'y a pas toutes ces "histoires" de droit du travail, de salaire minimum, de "charges" (salaire différé pour la protection sociale) etc. etc. ; et c'est donc là-bas, et non ici qu'il "faut" la main d’œuvre.

    Mais cela n'a pas forcément changé grand-chose car que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique latine et caraïbe, cela signifie toujours EXTRAIRE de la main d’œuvre de régions entières pour l'emmener vers d'autres, où se concentre l'activité délocalisée, et où les travailleurs font également souvent face à une xénophobie très violente.

    Par ailleurs, cette politique occidentale est à relativiser pour certains secteurs en tension de main d’œuvre (secteurs qui se heurtent par conséquent aux politiques "générales" de refoulement) et SURTOUT pour certains pays en déclin démographique comme l'Allemagne, l'Italie ou encore l'Espagne avant la grande crise qui l'a frappée à la fin des années 2000 (la première très ostensiblement dans la récente crise des migrants proche-orientaux, qui pourvoient désormais ses "mini jobs" à 1€50 de l'heure ; la seconde avec ses exploitations agricoles, souvent entre des mains mafieuses, qui ressemblent de plus en plus en haute saison aux champs de coton de l'Alabama... vivement que ce grand peuple, qui fait parfois localement preuve d'une solidarité et d'une générosité envers les migrants à nous faire pâlir de honte, éradique cette vermine criminelle comme tel est son plus grand souhait, en en finissant avec l’État de domination implacable du Sud par le Nord qui l'a engendrée).

    Quoi qu'il en soit, il y a là des questions qui doivent sérieusement être posées.

    La liberté de circulation, qu'il nous faut opposer impitoyablement à la xénophobie réactionnaire et au racisme tout en les dé-moralisant (en les arrachant à une lecture purement morale pour en exposer les ressorts économiques, comme nous venons de le faire dans les premiers paragraphes), ne peut peut-être réellement faire sens qu'en posant la question de la liberté... de RESTER dans son pays ; liberté dont l'émigration n'exprime en général pas autre chose que la privation.

    Encore une fois, il semble qu'on ne puisse conséquemment être antiraciste et anti-xénophobe qu'en étant ANTI-IMPÉRIALISTE.

    Papiers réseaux sociaux - mai 2017

                                  *************************************************************************

    Et si toutes ces idpols qui prolifèrent, n'étaient pas en fait le résultat de l'idpol... ouvriériste qui a dominé le 20e siècle ?

    Ben oui... La classe ouvrière au sens puriste ouvriériste, c'est aujourd'hui moins de 25% de la population active (aristocratie ouvrière incluse).

    Ce qu'on a l'habitude de fourrer dans ''petit bourgeois'', c'était peut-être 20% en 1950, aujourd'hui c'est le double ou plus ; peut-être la moitié de la population peut être considérée comme telle, les déciles 5 à 9 inclus de revenus, soit 50% de la population exactement, peuvent être considérés comme des ''petits bourgeois'', le travail intellectuel domine même largement dans les déciles 1 à 4 d'ailleurs... À l'échelle mondiale, ce sont même les 3 voire 2 à 9 qui peuvent être considérés comme des petits voire moyens bourgeois du monde !

    Donc il faut trouver autre chose, d'autres ''puretés'' sociologiques ''révolutionnaires''… Tant que l'on n’a pas compris que le Sujet révolutionnaire en soi n'existe pas.

    Car la vérité est là. Cela n'a pas fonctionné avec la classe ouvrière, dont Lénine a fini par dire qu'elle était ''spontanément trade unioniste''. Alors on est allé (en Italie) chercher le ''sous-prolétaire extra légal'' : non plus… Et ce sera PAREIL, idem avec l'indigène, la nation opprimée, les femmes, les queers, les trans. Parce que le Sujet révolutionnaire en soi n'existe pas, c'est tout !

    Parce qu'en réalité la contradiction est entre deux pôles, la production de plus en plus sociale d’un côté et l'extorsion de la valeur créée (qui peut prendre la forme d'une oppression nationale ou coloniale-raciste ou de la surexploitation patriarcale des femmes) de l’autre ; ces pôles générant respectivement les idées justes (menant au communisme) et les idées fausses (empêchant d'y aller). Et c'est cela qui (transformé en force matérielle et vérifié dans la pratique) fait l'histoire : les idées justes, et l'écrasement des idées fausses. Justesse et fausseté qui ne peuvent jamais être établies sur la seule base de l'identité de celui ou celle qui les émet.

    Attention : il ne s’agit pas ici de nier la CENTRALITÉ POPULAIRE des luttes d'émancipation, sur tous les fronts – de classe bien sûr par définition-pléonasme, de genre, antiraciste, anticolonialiste, de libération nationale etc. – ni d’affirmer en quelque sorte qu'il y aurait ''de la plèbe dans toutes les classes'' (big up les appellistes ! lol).

    Là on parle de FÉTICHISATION. La centralité populaire synonyme de caractère social de la production est le pôle, le centre de production des idées justes qui mises en pratique, devenant force matérielle, font la révolution. 

    Mais il y a eu FÉTICHISME d'une certaine classe ouvrière idéalisée : blanche, masculine, de grand complexe industriel, se caractérisant aussi (comme typiquement dans les grands ports bretons) par l'abandon des langues et cultures populaires nationales pour devenir de "bons français".

    Ce fétiche ayant disparu tel qu’il était fétichisé, des gens ont commencé à en chercher d'autres

    On ajoutera que les idpols d'aujourd'hui, en synthèse et pour regarder les choses en face, ont essentiellement pour vocation d'instaurer autour de leurs auteur-e-s un centralité petite-bourgeoise (ce qui advient automatiquement lorsque l'on parle de "condition féminine", "condition indigène", "condition LGBTQI" ou "condition" ceci ou cela sans considération pour la position de classe à l'intérieur de ces "conditions") ; tandis que de son côté, l'ouvriérisme était essentiellement au service de l'aristocratie ouvrière et des bureaucraties partidaires et syndicales (en leur permettant d'invoquer, par exemple, leur extraction ouvrière d'origine, leurs éventuels "15 ans au charbon" contre la critique des "blancs-becs" et autres "étudiants gauchistes petits-bourgeois" – sans même parler de ces immigrés venus "faire baisser les salaires pour le compte du patronat" et mener des "grèves saintes agitées par des groupes religieux intégristes à rechercher du côté de Téhéran"...).

    Exemple d'idpol ouvriériste : http://humaniterouge.alloforum.com/blog-komunouriezh... 

    "La Bretagne ça n'existe pas, c'est un délire de petits bourgeois, la preuve c'est un camarade ouvrier breton qui me l'a dit, et pis t’façon j'ai raison parce que j’suis ouvrier, j'ai pas à écouter vos leçons de petits profs petits bourgeois. Je ne me laisserai pas silencier et tone policer, gna !!" LOL…

    Cette réflexion rejoint en partie celle développée par les maoïstes états-uniens de Red Guards Austin :

    "Dans le contexte historique récent aux États-Unis, le mouvement marxiste-léniniste a très largement souffert d'une politique ouvriériste... qui est en réalité elle-même une identity politics axée autour de la vision eurocentrique du travailleur comme homme blanc travaillant à l'usine ; échouant par conséquent à prendre au sérieux et analyser correctement des modes d'oppression tels que la suprématie blanche ou le patriarcat. Ce sont les erreurs de l'eurocentrisme, du sexisme, du colonialisme et de la suprématie blanche qui ont conduit par le passé beaucoup d'autoproclamés marxistes à littéralement effacer les groupes opprimés de leurs analyses. Il n'y a guère pire en la matière que les trotskystes, la "gauche communiste" et autres marxistes "orthodoxes" qui regardent dogmatiquement vers le passé et tirent leur soi-disant "science" d'un petit panel soigneusement choisi de "classiques"-prophètes. 

    Les maoïstes se sont employés à corriger ces erreurs, analysant le colonialisme et l'histoire des États-Unis, et prêtant toute l'attention requise à une compréhension correcte des colonies intérieures, des genres et autres groupes sociaux opprimés. 

    Cette nuance s'adresse immédiatement à celles et ceux que l'on peut qualifier de postmodernes : ils et elles gravitent autour du maoïsme mais ne l'ont toujours pas compris comme ce qu'il est, une méthode d'analyse et un guide pour l'action ; et au lieu de cela le voient de la manière dont ce libéralisme idéaliste et anti-dialectique les encourage à le voir - un catalogue de positions auxquelles, si vous adhérez globalement, vous pouvez vous qualifier vous-mêmes de maoïstes. Nous rejetons catégoriquement ce principe et rappelons qu'être maoïste n'est pas seulement concevoir le maoïsme comme une méthode d'analyse MAIS AUSSI le mettre en pratique de manière organisée, et que seulement ainsi l'on peut se qualifier de maoïste. 

    Nous ne devons pas, comme le font certains révisionnistes, rejeter mécaniquement l'identity politics sans discussion. Si le postmodernisme a acquis sa popularité dans le sillage de la défaite temporaire du communisme, alors nous devons nous confronter à cet échec tout en tentant simultanément de comprendre à la fois les limites de l'identity politics et les raisons de son succès. Pour cela, ne devons rechercher le fond d'idées justes, de bonnes questions cachées au fond de l'identity politics postmoderne."


    Papiers réseaux sociaux - mai 2017


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :