• Ce document est publié au service du débat franc, ouvert et fraternel entre les communistes des pays impérialistes, quant à la stratégie révolutionnaire pour la conquête du pouvoir. Il est issu et traduit du Manifeste Programme du (nouveau) Parti communiste italien, consultable en italien et en anglais pour le présent passage.

    Il s'agit là du plan de travail pour la défensive stratégique, stade auquel se trouvent, sans exception, les forces communistes des pays "avancés", impérialistes. Il est censé conduire jusqu'à la constitution de l'Armée révolutionnaire et du Nouveau Pouvoir, qui marque l'entrée dans l'équilibre stratégique.


    3.5.  Le Plan Général de Travail (PGT)

    Le rôle du (nouveau) Parti communiste italien est de guider la classe ouvrière pour faire de l'Italie un nouveau pays socialiste et de diriger, à partir de ce résultat, le reste des masses populaires dans la transition du capitalisme au communisme. Le (n) PCI remplit ce rôle en contribuant ainsi à la révolution prolétarienne mondiale. La stratégie du Parti est la Guerre populaire révolutionnaire de longue durée. Nous accomplissons actuellement la première phase, celle de la défensive stratégique. Notre rôle dans cette phase consiste en l'accumulation de forces révolutionnaires.

    Notre travail dans cette phase se subdivise en deux aspects fondamentaux.

    1.  La consolidation et le renforcement du Parti

    Le Parti doit se mettre en condition de continuer à exister, quels que soient les efforts de la bourgeoisie pour le détruire ou en limiter l'activité ; de continuer à multiplier le nombre et améliorer la qualité de ses organisations et de leur activité ; d'unir les masses, de les mobiliser et de les organiser (faire de chaque lutte de masse une école de communisme) ; de construire, consolider et renforcer les organisations de masse ; de prendre la direction, par la ligne de masse, des organisations de masse déjà existantes, en particulier des actuels syndicats de régime, en s’appuyant principalement sur les intérêts et les aspirations de la masse de leurs membres, en mobilisant la gauche pour qu'elle isole la droite, gagne le centre et ose diriger.

    Le Parti doit se mettre en condition de continuer, quels que soient les efforts de la bourgeoisie pour le détruire ou en limiter l'activité, à recueillir l'expérience, les idées et les états d'esprit des masses, à les synthétiser toujours plus efficacement à la lumière du marxisme-léninisme-maoïsme et les traduire en lignes, mots d'ordre, directives, méthodes qu’il amène aux masses pour qu'elles les assimilent et les réalisent ; de continuer à mener la plus large activité d'orientation, d'organisation et de direction des masses populaires ; de continuer à exercer et à élargir son influence dans le mouvement des masses et dans la société entière.

    Le Parti doit donc constamment diriger les forces qu’il recueille d’une manière qui renforce sa structure clandestine centrale, en améliorant la division du travail, en créant des réserves (de moyens, d’instruments, d'argent, de ressources en tout genre) et en formant un nombre croissant de camarades sur chaque terrain du travail clandestin.

    Le renforcement de la structure clandestine centrale va de pair avec la multiplication des Comités de base (cellules) et intermédiaires du Parti, en particulier des cellules d'entreprise. Le mot d'ordre « Construire dans chaque entreprise, dans chaque zone d'habitation, dans chaque organisation de masse un Comité clandestin du Parti ! » indique le travail que nous devons effectuer dans les années qui viennent. Le (nouveau) Parti communiste italien sera l’État Major effectif de la classe ouvrière en lutte contre la bourgeoisie impérialiste, lorsqu’il sera en mesure d'orienter et de diriger le mouvement pratique de la classe ouvrière. À cet effet, au moins une partie importante des ouvriers avancés devront être membres des Comités du Parti : le nombre des ouvriers avancés membres du Parti est l’instrument de mesure des progrès du Parti, vers la réalisation de son rôle d'État Major de la classe ouvrière en lutte contre la bourgeoisie impérialiste.

    Dans cette phase, les tâches principales de chaque Comité du Parti (CdP) sont : fonctionner de manière clandestine, tisser des liens avec le centre, former ses membres, recruter de nouveaux membres, effectuer un travail de masse, en premier lieu l'orientation et la direction des organisations de masse.

    2.  Le travail de masse du Parti

    Dans les années qui viennent, le Parti mènera, par ses activités centrales et l’activité de ses CdP, le travail de masse consistant à promouvoir, organiser, orienter et diriger la lutte des masses populaires sur quatre fronts. Il s'agit de quatre fronts liés entre eux, qui se développent dialectiquement entre eux : le développement d'un front favorise le développement des autres, et un front ne peut pas se développer sans le développement, dans une certaine mesure, des autres.  

    Premier front : la résistance contre la répression, la lutte contre la répression et la solidarité. La mobilisation des masses populaires dans la lutte contre la répression et dans la solidarité avec les organisations et les individus visés par les mesures répressives de la bourgeoisie, avec l’objectif principal de renforcer la capacité des masses populaires et de leurs organisations à résister à la répression, d'augmenter la résistance morale et intellectuelle à la répression, de développer la conscience de classe, la conscience de la contradiction antagonique d'intérêts et la conscience de la lutte qui oppose les masses populaires à la bourgeoisie impérialiste ; et en deuxième lieu avec l'objectif de limiter, entraver et empêcher l'activité répressive de la bourgeoisie. Le Parti doit soutenir toutes les organisations qui se proposent ces objectifs et faire confluer toutes leurs luttes particulières dans un unique torrent qui unisse et renforce les masses populaires.

    Second front : la mobilisation des masses populaires pour intervenir dans la lutte politique bourgeoise, avec l’objectif principal de favoriser l'accumulation de forces révolutionnaires et avec l'objectif en second lieu d'améliorer les conditions de vie et de travail des masses populaires et d’étendre leurs droits, d'aiguiser et d’exploiter les contradictions entre les groupes et les forces de la bourgeoisie impérialiste. La manière la plus rapide et la plus efficace pour détruire, dans les masses populaires, toute confiance et illusion envers le sérieux et l'utilité du théâtre de marionnettes de la politique bourgeoise, est de mobiliser les masses à faire irruption sur la scène de ce théâtre.

    Troisième front : la mobilisation des masses populaires dans les luttes revendicatives, dans la défense sans réserves des conquêtes arrachées à la bourgeoisie dans le cadre de la première vague de la révolution prolétarienne, dans les luttes pour l'élargissement des droits et pour l'amélioration des conditions de vie et de travail des masses populaires. Le principal principe directeur du travail sur ce front est "faire de chaque lutte une école de communisme". 

    Quatrième front : la mobilisation des masses populaires pour construire les moyens et les organisations, autonomes de la bourgeoisie (maisons du peuple, centres sociaux, coopératives, cercles culturels, caisses de secours mutuel, associations sportives et récréatives, etc.), utiles pour satisfaire directement, sans dépendre du marché de la bourgeoisie impérialiste et de son Administration publique, leurs besoins et étendre leur participation à la jouissance et au développement du patrimoine culturel de la société. Le principal principe directeur du travail sur ce front est "faire de chaque initiative une école de communisme".

    Le travail du Parti sur ces quatre fronts, en se combinant avec la progression de la crise générale du capitalisme, avec l'activité de la bourgeoisie impérialiste et avec la renaissance du mouvement communiste au niveau international, aura comme résultat le recueil des forces révolutionnaires dans le front des organisations et des classes révolutionnaires, l'élévation de la qualité des forces révolutionnaires de la classe ouvrière qui apprendront à diriger le prolétariat et le reste des masses populaires. Ceci rendra plus large et plus aiguë la lutte des classes opprimées contre la bourgeoisie impérialiste et déterminera le déploiement croissant de celles-ci dans un front qui s’opposera au camp de la bourgeoisie impérialiste, donnera les moyens à la direction de la classe ouvrière de s'affirmer sur tous les terrains du mouvement des masses populaires, et créera les conditions pour le passage de la première à la seconde phase (*) de la Guerre populaire révolutionnaire de longue durée.

     

    http://i39.tinypic.com/dw2txv.jpg

    http://download.kataweb.it/mediaweb/image/brand_iltirreno/2009/07/26/1248614219686_carcrissap_g_0627.jpg

     

     


    votre commentaire

  • SOLIDARITÉ AVEC LA RÉVOLTE DES MASSES POPULAIRES DE SYRIE

    1498617_3_e970_des-centaines-de-syriens-manifestent-pres-de.jpg

    Le régime d’Assad se réclame du socialisme (Parti Baas). C’est un parti « socialiste » en paroles, fasciste dans les faits.

    Depuis de nombreuses semaines, à la suite des autres peuples arabes frères, la révolte contre le régime sanguinaire d’Assad, digne fils de son père qui avait déjà fait tirer à la mitrailleuse sur les manifestants, se propage parmi la jeunesse et les masses populaires.

    Les impérialistes américains et européens, les sionistes, considèrent que le régime syrien n’est pas assez docile, qu’il se veut non-aligné.

    Les mêmes impérialistes veulent remplacer les anciens dictateurs dans les pays arabes, ainsi que dans d’autres pays opprimés, et la dictature du parti unique soumis ou rebelle à leurs intérêts par des régimes multipartis.

    Ils interviennent militairement en Libye et sont prêts à le faire en Syrie, voire à mener une guerre d’agression contre le régime fasciste iranien.

    Pour  autant, les vrais communistes ne peuvent être qu’aux côtés des masses arabes en lutte et non des régimes fascistes prétendument anti-impérialistes.

    Ceux qui sous le prétexte que les impérialistes risquent d’intervenir ne soutiennent pas les masses en lutte sont de faux communistes, de faux anti-impérialistes.

    Ils tentent de freiner la révolte des masses parce qu’elles ne seraient pas prêtes pour la révolution, faute de parti, de programme. Ils ne veulent pas comprendre que ce sont les masses qui font l’histoire, qu’elles ont raison de se révolter et que nous devons être à leur côté, les aider à former leurs  organisations de lutte pour faire triompher  la démocratie nouvelle, premier étape dans la construction du socialisme.

    Ne pas agir en ce sens, c’est laisser agir les forces pro-impérialistes, c’est abandonner les masses entre les mains des massacreurs.


    PC maoïste de France

     


    votre commentaire

  • Il faut avoir une analyse juste des régimes arabes (et du Proche/Moyen-Orient en général) pour comprendre les processus en cours. Or, ce n'est souvent pas le cas. A décharge, il faut dire que ces sociétés ont connu, depuis le mode de production asiatique de Sumer et des pharaons jusqu'aux "nationalismes" bureaucratiques d'aujourd'hui, une évolution sensiblement différente de celle de l'Europe, et que le marxisme, né en Europe, a parfois du mal à se départir de cette grille de lecture euro-centrée.

    Ainsi, c'est une analyse marxiste répandue mais erronée (mais une erreur facile et compréhensible) que de considérer les régimes "nationalistes" de Assad ou Kadhafi, comme des régimes nationalistes bourgeois. De la même manière, on considère généralement l'Iran comme un régime théocratique moyennâgeux (féodal), et c'est également erroné. Pour comprendre cela, il faut, effectivement, avoir étudié et avoir une compréhension juste de ce que sont la féodalité et la bourgeoisie arabes (et orientales en général). Regardons cela de plus près. 

    Les Kadhafa (tribu du Kadhafi) sont profondément des hommes du désert ; le clan alaouite des Assad, des hommes de la montagne qui surplombe la côte méditerranéenne. Ce sont des clans féodaux. Leurs régimes peuvent bien être peints en "république", voire en "socialisme national arabe", ce sont des émirs, des chefs de clan au sommet d'une pyramide de tribus (exactement comme les monarques du Golfe), ce qui est la féodalité arabe. À la rigueur, la base et l'aile "gauche" des organisations de type baasiste ou nassérien, est constituée par une certaine bourgeoisie nationale intellectuelle, éduquée et "ouverte sur le monde" (sur l'Occident et ses idéologies bourgeoises). Tels sont les "pères fondateurs" du nationalisme arabe "socialisant" comme Michel Aflak (bourgeois intellectuel chrétien). Mais d'une manière générale, la mise en pratique de cette idéologie a été le fait de militaires, qui sont une caste féodale (héritiers des Mamelouks en Egypte, par exemple) ; et les Assad (comme hier Saddam Hussein) représentent l'aile "droite" du baasisme, Kadhafi (à l'origine) l'aile "droite" du nassérisme...

    La bourgeoisie, elle, vit par définition dans les "bourgs", dans les villes. Dans les pays arabes, ce sont les artisans et les commerçants du souk ; en Iran, on parle de bazar. Leur idéologie est le nationalisme bourgeois ISLAMIQUE, le "calvinisme musulman" de type Frères Musulmans ou Khomeyni. N'en déplaise aux tenants (souvent trotskistes de type SWP...) d'un "islamisme révolutionnaire", le programme islamiste est très... libéral ! Il a presque des côtés "thatchériens" : les islamistes sont profondément hostiles à l'économie étatique, tandis qu'au contraire, Dieu comble de ses bienfaits ceux qui l'ont honoré, qui sont de bons musulmans honnêtes, travailleurs et pieux (et dans les piliers de la piété, on trouve la charité : voilà pour le "volet social"). On retrouve là typiquement l'éthique du protestantisme révolutionnaire des XVIe-XVIIe siècle en Europe, de la Genève de Calvin, de la guerre d'indépendance hollandaise, des révolutions anglaises et des Puritains fondant la nation américaine ; face à des régimes (sociaux-) féodaux et capitalistes bureaucratiques qui rappellent fortement les monarchies absolues européennes de l'époque, de Philippe II d'Espagne à Louis XIV en passant par les Stuarts.

    En Iran, la grande révolution populaire de 1978-79 a été confisquée par la bourgeoisie nationale du bazar, qui a la spécificité (comme les bourgeoisies arabes des souks, et à la différence des bourgeoisies nationales apparues avec l'impérialisme en Afrique, Amérique latine etc.) d'être une classe ancienne et d'avoir une véritable conscience de classe et une vision du monde propre ; et de s'organiser facilement pour ses intérêts : une classe POUR SOI, bien qu'elle s'abrite, en apparence, derrière la "petite féodalité" des mollahs. Ce sont ces bazari qui ont confisqué la révolution de 1979 et ont formé une "garde bourgeoise", les Gardiens de la Révolution, qui sont devenus (accessoirement) la première entreprise capitaliste du pays (se muant en bourgeoisie bureaucratique).

    Voilà pourquoi le régime iranien, bien que soutenant le régime social-féodal des Assad (mais pas des Kadhafi), est si solide ; à la grande stupéfaction des analystes occidentaux (y compris marxistes sincères) qui ne voient que la "tête de gondole" religieuse et n'analysent pas scientifiquement les choses. Le régime est brutal, certes, car il a confisqué une révolution populaire démocratique et les masses le savent bien. Mais, finalement, il l'est à la manière de Ben Ali en Tunisie (100 morts) ou Moubarak en Egypte (800 morts), à la différence que ceux-ci sont... tombés. Cela car le régime iranien est un régime bourgeois, soutenu y compris par la petite-bourgeoisie, et donc "ancré" dans la société (par exemple avec les bassidj, milice de prolétaires arriérés et croyant au discours "anti-impérialiste" du régime). 

    Au contraire, les régimes féodaux, comme ceux de Kadhafi et Assad, ne peuvent que mener une véritable guerre civile et ravager leurs pays, car leur assise est celle d'un clan féodal : très faible dans les masses populaires, faible et critique dans la bourgeoisie compradore (qui souhaiterait une économie plus "libérale"), et réelle auprès des clans féodaux (dont des éléments ont muté en bourgeoisie bureaucratique) seulement tant qu'ils savent conserver leur allégeance (or, s'ils apparaissent "faibles", ils la perdent !).

    Beaucoup plus urbains et développés d'un point de vue capitaliste (mais un capitalisme dominé par les monopoles impérialistes...), l'Egypte et la Tunisie sont quand à elles dominées par la "triade" classique des pays semi-coloniaux : oligarchie compradore (intermédiaires commerciaux de l'impérialisme), bourgeoisie bureaucratique (ceux qui utilisent l'appareil d'Etat et les entreprises "publiques" comme source de rente) et latifundistes, grands propriétaires terriens évoluant vers le capitalisme agricole. Ben Ali et Moubarak étaient des "commis", des laquais, des "pantins" politiques de ces classes dominantes, dont celles-ci pouvaient facilement se débarasser en maintenant leur système intact.

    Au contraire, les Kadhafi et les Assad sont EN MÊME TEMPS la première entreprise de Libye et de Syrie : ils n'ont d'autre choix que de vendre cher leur peau, jusqu'au bout. Ils disposent les uns et les autres de forces armées qui leurs sont acquises, d'armées "privées", qui peuvent (en cas de retournement de l'armée "régulière" vers les insurgés) amener la situation à une "classique" guerre civile.


    [Bon en fait (erratum-correctum a posteriori), le fait est certes que l'on ne peut pas considérer simplistement ces régimes (souvent d'assise tribale ou communautaire marquée) comme "anti-féodaux" et leurs adversaires islamistes comme "féodaux", c'est ce que nous avons voulu dire. Mais leur essence profonde de classe n'est pas non plus "féodale", pas plus que pour ces derniers : les uns comme les autres sont, tout simplement, à la base des expressions de la BOURGEOISIE NATIONALE, point. D'un côté, une bourgeoisie nationale plutôt intellectuelle ou bureaucratique (fonctionnaire, militaire) et marquée par le mode de vie occidental, encore qu'un assez fort attachement à la culture nationale islamique puisse se manifester (chez Kadhafi typiquement, ou même Saddam, ou Ben Bella et Boumediene) ; de l'autre une bourgeoisie plutôt entrepreneuriale, négociante (souk, bāzār), souvent issue de l'exode rural vers les villes, etc.

    Dans un cas comme dans l'autre, cette bourgeoisie nationale en prenant le pouvoir peut mener à bien jusqu'à un certain point des tâches nationales-démocratiques, mais à terme, faute de pouvoir (bien sûr) assumer une révolution ininterrompue vers le socialisme et le communisme, elle finit toujours par basculer (pour une partie d'entre elle) en une oligarchie bureaucratique, néo-compradore...

    Dans un cas comme dans l'autre ; PAS PLUS NI MOINS dans l'un que dans l'autre. Et dans le cas des régimes "nationalistes laïcs", "nassériens" ou baathistes, bien évidemment nous y sommes ; ce qui donne à l'ordre social en place la forme d'une "féodalité d'État", un peu dans le style de l'Ancien Régime sous nos latitudes.

    Voilà.]

     

    tunisie révolution article libye20


    Sur le sujet, lire aussi ce très intéressant texte du site Arab Maoists (juillet 2012) qui apporte de riches réflexions sur cette très vaste question, toujours non-résolue (malgré les prétentions des uns et des autres) par le mouvement communiste international.
     


    votre commentaire
  • Le 22 juin 1941, à 3 heures du matin, 3,3 millions de soldats allemands, italiens, hongrois, slovaques, roumains et finlandais envahissaient le territoire de l'Union soviétique. Nom de code de l'opération : Barbarossa.

    soldatsallemandsrussie.jpg

     « En l’espace de quelques jours, de quelques semaines, la mort et la destruction ravagèrent de vastes contrées russes ». [1] Le 8 juillet, les nazis annonçaient déjà que la guerre était « pratiquement gagnée ».

    barbarossa2.jpg

    La Russie « fut frappée de stupeur par ces terribles revers initiaux. Pourtant, dès les premiers jours ou presque, on comprit qu’il s’agissait d’une guerre nationale. A la consternation qui s’empara du pays se mêlaient une sorte de défi latent, et aussi la crainte que la lutte ne fût longue, âpre, désespérée. Tous sentaient que des millions de vies seraient perdues, et pourtant une poignée seulement de Russes semblent avoir envisagé la possibilité d’une défaite militaire écrasante et d’une conquête totale de la Russie... » [2]

    n100000851973171 1892

    opération barbarossa,union soviétique,stalineLe 3 juillet, dans un discours radiodiffusé, Staline s'adresse au peuple soviétique : « Cette guerre nous a été imposée et notre pays doit livrer une lutte à mort contre son ennemi le plus néfaste, le plus perfide : le fascisme allemand...». L'Histoire montre qu'il n'a jamais existé d'armées invincibles et qu'il faut en dire autant de « l'actuelle armée allemande fasciste de Hitler ».

    Toute la production doit être mise au service du front et de l'organisation de la déroute de l'ennemi. En cas de retraite, « l'ennemi ne doit pas trouver une seule machine, pas un seul wagon, pas une livre de pain ni un verre de pétrole ».

    masha-bruskina« Dans les territoires occupés, des unités de partisans doivent être formées... Ces groupes de diversion combattront les unités ennemies, porteront la guérilla, feront sauter et détruiront les routes, les ponts, les téléphones, les fils téléphoniques et télégraphiques ; ils mettront le feu aux forêts, aux magasins ennemis et aux convois sur les routes...»

    « Les ouvriers de Moscou et de Léningrad ont déjà commencé à former une milice de plusieurs milliers d’hommes pour épauler l’Armée rouge. Ces milices doivent être constituées dans toute ville menacée par l’invasion ».

    Et Staline conclut : « Toute la puissance de notre peuple doit être mise en œuvre pour écraser l’ennemi. En avant, pour la victoire ! »

    soviet« Staline, on l’aimait diversement : sans restriction ou avec réserves, avec admiration et une certaine crainte ; certains même ne l’aimaient pas. Mais personne ne doutait de son courage et de sa volonté de fer. Et ces qualités justement semblaient en ce moment les plus indispensables à l’homme placé à la tête du pays en guerre ». [3]

    « L'effet de ce discours, qui s'adressait à un peuple nerveux, souvent effrayé et désorienté, fut bouleversant ». [4]  

    ILS NE PASSERONT PAS !

    À la mi-juillet 1941, la blitzkrieg [guerre-éclair] allemande est stoppée à la bataille de Smolensk. C'est le début d'une nouvelle phase de la campagne.

    Cependant, le 30 septembre 1941, les troupes allemandes parviennent jusque devant Moscou et vont lancer deux offensives successives sur la capitale de l'URSS. Celles-ci, après des combats titanesques, viendront se briser sur la résistance de l’Armée rouge qui peut à son tour déclencher une contre-offensive les 5 et 6 décembre.

    « Se battant durement pendant tout décembre et jusqu’à la mi-janvier, l’Armée rouge avait ramené l’ennemi loin de Moscou ». [5]

    Cette victoire « eut un effet extraordinaire sur le moral ; elle renforça de façon décisive la foi du peuple soviétique dans la victoire finale ». [6]

    Mais c'est au cours de l'hiver 1942-43, à Stalingrad, que la guerre bascule définitivement. Les soldats soviétiques vont désormais pourchasser les nazis jusque dans leurs repaires, Berlin et Vienne.

    battle-stalingrad-eastern-front-second-world-war-two-genera.jpg

    Stalingrad, 2 février 1943 : Reddition du maréchal von Paulus

    Les troupes anglo-américaines ne commenceront à combattre en Europe qu’à partir de juillet 1943 après le débarquement en Sicile de seulement 160.000 hommes. Et il faudra encore attendre juin 1944 pour qu’elles lancent une attaque terrestre plus décisive contre le gros des forces allemandes du front de l'Ouest, concentrées en France.

    « C'est sur le front russe que la Wehrmacht [armée de terre allemande] aura les reins brisés, bien avant le débarquement des Alliés en France ». (Encyclopédie Wikipédia)

    52.jpg

    Sur les 64.781.162 victimes civiles et militaires de la Seconde guerre mondiale, 21.100.000 sont soviétiques.

    Aujourd'hui, les survivants - de ce qui reste pour les Russes, la Grande guerre patriotique - sont légitimement indignés « de l'opinion répandue en Occident qui donne l'Amérique comme acteur principal de la victoire de 1945 ». [7]

    JPD

    execution[1] Alexander Werth, La Russie en guerre, La patrie en danger 1941-1942, Ed. Tallandier, 2010. Alexander Werth (1901-1969) est un journaliste et correspondant de guerre britannique d'origine russe. Correspondant de la BBC, il est envoyé en URSS le 3 juillet 1940 et est l'un des seuls journalistes occidentaux présents sur place au moment de l’invasion allemande.

    [2] idem.

    [3] Constantin Simonov, Les vivants et les morts, Paris, 1961. Cité par Alexander Werth.

    [4] Alexander Werth.

    [5] idem.

    [6] idem.

    [7] Elena Joly, Vaincre à tout prix, des combattants soviétiques témoignent (1941-1945), Ed. Le cherche midi, 2005.

     

    Source

     


     red flag reichstag


    votre commentaire
  • On entend souvent dire que Mai 68 n'a fait aucun-e mort-e... peut-être. Mais ce n'est pas le cas du mois suivant, lorsqu'après la "grande peur" qui verra De Gaulle aller s'assurer du concours de l'Armée (Massu, le tortionnaire fasciste d'Algérie) à Baden-Baden, l'Etat des monopoles va reprendre la situation en main.

    C'était il y a 43 ans. Mais c'était ne rien perdre pour attendre, car quelques mois plus tard, l'UJC-ML et une part importante du mouvement étudiant du 22-Mars, bientôt rejoints par des ouvriers/ères et des jeunes des classes populaires en rupture avec le P"c" et la CGT (devenu-e-s l'aile gauche du régime), allaient fonder la Gauche prolétarienne. Avant que les erreurs spontanéistes et subjectivistes de cette organisation ne l'amènent à l'échec (1973-74), elle allait faire trembler la "monarchie républicaine" monopoliste BBR dans ses fondements les plus profonds...

    En 1968 comme maintenant : NOUS SOMMES LES NOUVEAUX PARTISANS !

    Article tiré de l'AA Bordeaux (malheureusement abandonnée, c'était un outil de culture populaire révolutionnaire immense !) :

    Il y a 42 ans, émeute à Peugeot Sochaux !

    9 juin 2010

    Les CRS se comportent comme des fascistes mais les ouvriers résistent et des flics sont projetés dans les cuves d'acide...

    Peugeot sochaux en juin 68

    Extrait d'un ouvrage paru chez François Maspéro, collection cahiers libres 303, "Une milice patronale : Peugeot" de Claude Angeli et Nicolas Brimo (P15 à 19)

    "Dimanche 9 juin 1968, les événements de Mai n'en finissent plus de finir. Dans les usines encore occupées comme dans les rues du Quartier latin, l'ordre n'a pas encore tout à fait triomphé.

    Il fait beau. Leurs réservoirs d'essence de nouveau pleins, les Parisiens ont quitté leur ville tandis que, place Beauvau, le nouveau ministre de l'Intérieur, Raymond Marcellin, travaille comme il le fera six ans durant, sans se soucier ni du jour, ni de l'heure.

    A l'Hôtel Matignon, la petite équipe qui entoure Georges Pompidou fait le compte des entreprises où, demain, les ouvriers reprendront le travail. Parmi elles, l'usine Peugeot de Sochaux avec ses 25 600 ouvriers: la plus forte concentration industrielle de France.

    A Sochaux, deux jours plus tôt, un scrutin a été organisé dans les plus mauvaises conditions - 5280 votants sur les 25 600 salariés des "Automobiles Peugeot" - et la fin de la grève, votée avec seulement 49 voix de majorité.

    C'est peu et les syndicats sont divisés sur l'attitude à prendre. Difficile d'apprécier, au moment où le travail reprend, partout en France, ce que veulent ces milliers d'ouvriers, souvent d'origine rurale, qui habitent dans un rayon de soixante kilomètres autour de l'uisine. Les dirigeants de la CFDT pensent que ce résultat ne prouve pas grand chose et qu'il faut continuer. A la CGT, une majorité pense le contraire, et incite les ouvriers, ici à Sochaux, comme partout en France, à "savoir finir une grève".

    Le retour des drapeaux rouges.

    Le lundi 10 juin, dès quatre heures du matin, les deux cent cinquante cars Peugeot déversent leurs cargaisons d'ouvriers sur les parkings de l'usine. Les drapeaux rouges ont été enlevés, les murs rapidement badigeonnés et les slogans vite effacés du bitume. Les machines se remettent à tourner mais le coeur n'y est pas. Dans les ateliers, des bruits courent : les chefs s'apprêtent à accélérer les cadences; la direction va exiger dix-sept samedis de travail supplémentaires pour rattraper les pertes à la production. Une fois de plus, la base a le sentiment d'avoir été piégée.

    A neuf heures du matin, le climat devient lourd. la grogne s'étend. A la carosserie, ça discute ferme."J'en ai marre, dit un ouvrier, je m'en vais chez moi". D'autres se mettent à remonter la chaîne des "404", poste après poste, ouvrier après ouvrier: "Viens, on va au bureau". Bedonnant et chauve, le directeur de la "carosserie" voit bientôt arriver cinq ouvriers dont deux délégués : "Vous n'allez pas recommencer, non?"

    Ils vont recommencer. Ils sont très vite soixante-quinze qui font le tour des ateliers voisins du leur. Des jeunes: le plus âgé doit avoir à peine trente ans. Et leur groupe grossit, de bâtiment en bâtiment. A dix heures, on ne travaille plus guère dans l'usine. La maîtrise fait ce qu'elle peut mais il est déjà trop tard. Des ouvriers quittent l'usine et s'installent au long de l'avenue d'Helvétie qui relie Sochaux à Montbéliard et sur laquelle s'ouvrent les grilles de l'usine. En petits groupes compacts, on y attend l'arrivée des délégués syndicaux.

    A quinze heures, tout est joué: dix mille ouvriers de la première et de la seconde équipe votent "la grève avec occupation". On réinstalle les drapeaux rouges sur les portes de l'usine.

    Quand tombera la nuit, quelques centaines d'ouvriers seulement resteront sur place. Répartis aux quatre coins de l'usine, ils assureront la sécurité et les piquets de grève.

    Le tableau de chasse des CRS

    A trois heures du matin, l'assaut est donné. Sur deux fronts. Des gendarmes mobiles investissent les portes de l'usine tandis qu'un commissaire de police somme les grévistes d'évacuer les lieux.

    Au même moment, les CRS franchissent les murs d'enceinte. L'opération est bien menée, la souricière bien tendue. L'effet de surprise a joué à plein : les policiers matraquent même ceux qui dorment. Personne ne les attendait et les grévistes fuient en ordre dispersé. CRS et gendarmes seront rapidement maîtres du terrain.

    Tout s'est réglé à Paris. La reconquête de l'usine a été décidée dans la soirée par la direction générale de Peugeot et Raymond Marcellin avec, naturellement, le feu vert de Georges Pompidou. Pour assurer le succès de l'opération, il fallait rester discret : ni la direction de l'usine de Sochaux, ni le préfet du Doubs n'étaient au courant de ce qui se tramait à quatre cents kilomètres de là. Il fallait frapper fort et vite comme chez Renault, à Flins, en finir avec ces ouvriers qui avaient eu l'impudence de "recommencer". A l'aube, c'est chose faite.

    A quatre heures trente du matin, les CRS chargent pour la première fois. Maintenant on se bat. De la ville viennent les premiers renforts, des ouvriers, mais aussi des lycéens. Certains se joignent aux secouristes déjà débordés, d'autres se battent derrière et devant les barricades.

    Aux pierres que les ouvriers lancent par-dessus les murs, les CRS ripostent à coup de grenades lacrymogènes et offensives. Chacune de leurs salves est suivie d'une sortie et d'une charge. Chaque fois, les ouvriers reculent d'une centaine de mètres, se regroupent derrière leurs barricades et repartent à l'assaut.

    A plusieurs kilomètres de l'usine, dans cette agglomération qui s'étend autour de Sochaux et de Montbéliard, et où vivent près de cent mille personnes, chacun entend les explosions des grenades. "Dix éclatements à la minute", note un journalise local.

    Vers dix heures du matin, les grévistes rendent aux CRS la monnaie de leur pièce.  Ils pénètrent dans l'usine. "On a franchi le petit mur d'enceinte près de la porte "J", raconte un ouvrier qui combattit dans les rangs des FTP pendant la Résistance. Et les CRS se sont mis à foutre le camp. Alors, j'ai vu leur gradé qui sortait son revolver et qui tirait. Et nous, on continuait à avancer. Il a couru rejoindre les autres à cent mètres de là, peut-être. Alors, ils ont pris leurs fusils. On était "fin-fous". On a bondi vers un command-car qui était là, vide. On a trouvé deux mousquetons. On a cassé les crosses. Puis, on a mis le feu au réservoir et on est vite ressorti de l'usine".

    Mais trois balles des CRS ont fait mouche. Près de la cabine des gardiens, Pierre Beylot, 24 ans, est en train de mourir. Deux autres de ses camarades sont blessés par balle. Les CRS s'affolent et emploient les grands moyens. Ils visent les manifestants avec leurs fusils lance-grenades, Henri Blanchet, 49 ans, "soufflé" par l'explosion, tombe du mur sur lequel il était monté. Il meurt sur le coup : fracture du crâne. Serge Hardy, 36 ans, atteint à la jambe par une grenade, devra être amputé dans la soirée, au-dessus du genou. Une troisième grenade fait mouche: Joël Royer, 18 ans, militant des jeunesses communistes, perdra son pied droit.

    A quatorze heures trente les combats reprendront. L'arrivée des renforts des CRS rallume les bagarres. Un motard est lapidé par les grévistes. En s'enfuyant, il abandonne sa moto qui flambe aussitôt.

    A la nuit, après dix-huit heures de combats, c'est enfin la trève. Les responsables syndicaux ont pu rencontrer la direction et les CRS se retirent à l'intérieur de l'usine. Peugeot cède. Seule concession des délégués ouvriers : l'usine ne sera plus occupée. A vingt et une heures, ordre est donné aux policiers de quitter l'usine et Sochaux.

    Les CRS ne manqueront pas leur sortie. Ils arrosent leur départ. A la grenade. Sur la route de Belfort, les policiers épuisent leurs stocks. Contre la foule, contre des boutiques. Et même en passant, sur la place de l'Eglise, à Vieux-Charmont, au moment où le curé raccompagne les enfants après le catéchisme.

    Les CRS regagnent leurs départements d'origine, les Bouches-du-Rhône, le Haut-Rhin et le Rhône. Ils laissent à Sochaux deux cadavres et deux infirmes...

            http://www.filmcourt.fr/files/2288/sochaux68.jpghttp://storage.canalblog.com/11/31/110219/17856656.jpg

    Voir aussi, un article paru sur le site "Où va la CGT ?", avec une belle vidéo :


    Le grand mouvement de Mai 68 n'a pas été qu'un mouvement d'étudiants. Ca n'a pas été qu'un mouvement de société, pour plus de liberté. Ca n'a pas été qu'une grève générale ouvrière pour des revendications syndicales.
    Certes, cela a été tout cela.
    Mais en plus, et cela est escamoté par tout le monde, la grève générale de Mai 68 a commencé à déboucher sur un mouvement politique de contestation du gouvernement et du capitalisme. Et c'est très exactement au moment où se posait la question politique centrale de l'Etat que la grève a été trahie par les réformistes, pour des objectifs tout aussi politiques, les élections et la perspective des partis de gauche au gouvernement.
    Le 11 juin, deux semaines après les prétendus "accords de Grenelle" négociés par la CGT en cabinet secret, la grève est toujours forte à Peugeot Sochaux, un fief du patronat le plus réactionnaire de la métallurgie, et c'est déjà l'UIMM qui est à l'oeuvre. Et les patrons obtiennent l'intervention des CRS.

    La vidéo suivante (18 minutes) a été tournée en 1970 par un groupe militant sur cette journée terrible. Elle interroge des ouvriers de l'usine, acteurs directs de la grève.
    C'est une vidéo exceptionnelle car elle pose les questions de la politique, de l'organisation politique ouvrière (la construction du parti), d'un projet ouvrier. Face à la violence du patronat et de l'Etat, elle pose la question de l'organisation ouvrière. On ne saurait être plus d'actualité !
    Que les lecteurs ne s'arrêtent pas à des détails un peu surprenants : le cantique modifié chanté par les ouvriers au début, ou des images de mauvaise qualité. Il faut aller jusqu'au bout, écouter les témoignages, voir le bilan fait deux ans après par les ouvriers les plus avancés. Très éclairant pour aujourd'hui...
    Avec "Reprise du travail aux usines Wonder", une deuxième vidéo à voir absolument et à faire connaître !

    (Vidéo dans l'article, cliquer sur le lien)

    Un autre article intéressant, sur le site de Voie Prolétarienne, sur ce qui attendait, peut-être, les forces révolutionnaires de l'Hexagone :

    1968 : Opération stades

    En France, la bourgeoisie se prétend démocratique, mais quand son pouvoir est en danger, son vrai visage apparaît. En 1942, la police française parquait les juifs dans des stades. L’idée de parquer la population n’est pas nouvelle.
    Ainsi, en mai 1968, les barbouzes gaullistes et anti-communistes du SAC (Service d’Action Civique) menèrent des opérations contre les militants progressistes par des agressions, des menaces de mort. Le SAC se constitue, avec l’aide de la police, des fichiers de renseignement sur les militants. A la fin du mois de mai, une grande rafle est programmée. Les armes sont distribuées aux barbouzes et autres extrémistes de droite, des cars sont réquisitionnés. 52 400 personnes, délégués syndicaux, militants communistes ou révolutionnaires, etc, dans 41 villes, sont sur le point d’être arrêtés en pleine nuit et internés... dans des stades. En 1974, le journal Libération a publié un document daté du 24 mai 1968, comportant une liste, fournie par la DST (Direction de la Sureté du Territoire), de noms et d’adresses de militants marseillais “à regrouper” dans le Stade de l’Huveaune et dans le Stade Vélodrome. Mais si De Gaulle était pour la manière forte, Pompidou, plus intelligent, misait sur les réformistes. Le premier ministre de De Gaulle organise des négociations avec la CGT et le PC (quelques augmentations de salaires et des élections anticipées). Le 31 mai, la droite réussit une grande manifestation contre la « chienlie » (les grévistes). L’opération d’internement n’est plus utile, place aux élections !
    En 1982, suite de la “tuerie d’Auriol”, dans laquelle l’un des responsables du SAC, l’inspecteur Massié, sa femme, ses enfants et d’autres membres de sa famille ont été sauvagement massacrés par un commando, le SAC fut dissous. Mais les groupes fascistes ou paramilitaires peuvent être dissous, d’autres se reconstituent. Ces groupes sont toujours liés à l’appareil de l’État. Les communistes doivent se préparer à les affronter. Le pire ennemi, c’est de sous-estimer l’adversaire.

    « B comme Barbouzes », de Patrick Chéroff, Ed. Alain Moreau, 1975


    votre commentaire
  •  

    Cela dépend d'où l'on se trouve. Dans les pays dominés par l'impérialisme (semi-colonies, néo-colonies...), la réponse va de soi. La "démocratie" qu'il est de bon ton d'arborer depuis les années 1980 (Fin de l'Histoire) n'y est qu'une pure mascarade, même pour le plus bourgeois des démocrates bourgeois de chez nous (type lecteur de Libé). Le suffrage "universel" se limite à la collecte des bulletins de vote par les potentats locaux, à coup de largesses matérielles, de promesses mais également, si nécessaire, à coups de bâtons. Ceux qui se dressent contre l'ordre établi son jetés au cachot sous un prétexte quelconque, ou disparaissent un jour au coin de la rue pour ne jamais reparaître... D'une manière générale, la préoccupation des masses est la survie, pas la politique.

    Allez au Guatemala, au Congo ou au Bangladesh, vous retrouverez partout cette même réalité. Cette damnation terrestre, qui pousse chaque année des centaines de milliers de personnes vers le Rio Grande, Gibraltar ou Lampedusa, est la condition, la base sur laquelle reposent NOS sociétés "démocratiques", de "droit" et de "confort" capitaliste. Europe, Amérique du Nord ou Japon : nous sommes finalement (au terme d'un processus que pouvait déjà entrevoir Lénine en 1916...) des cités grecques, avec leurs citoyens, entourées de hilotes affamés et exploités. De temps à autres, comme au bon vieux temps de Sparte, une chasse aux hilotes est ouverte : Grenade, Panama, Irak, Afghanistan, Tchad, Côte d'Ivoire, Libye...

    Dans ces pays, donc, la lutte pour la démocratie telle que nous l'entendons est déjà, en tant que telle, subversive. Accomplir les tâches de la révolution démocratique bourgeoise est la première étape de la Révolution populaire vers le socialisme.

    La simple victoire d'un candidat hors-système (Chavez, Evo Morales) est déjà une grande subversion, souvent l'aboutissement de grandes luttes populaires, même si ensuite le "système", l'oligarchie, se reforme au sein de la bourgeoisie nationale réformiste (qui se vend à nouveau à l'impérialisme : c'est le "mouvement naturel" du réformisme national-bourgeois, que seule la Guerre populaire peut enrayer pour amener la vraie révolution).

    Mais qu'en est-il sous nos latitudes, dans nos métropoles impérialistes ?

    Et bien, dans un sens, on peut dire aussi que la démocratie idéale telle que nous la définissent, depuis l'école, nos curés de campagne de la "gauche" républicaine bourgeoise, reste un vain mot. Ses idéaux d'égalité de tou-te-s devant la loi et les institutions, de possibilité de tou-te-s de s'exprimer et de décider dans la vie collective, sont en contradiction permanente avec la propriété privée capitaliste des moyens de production et l'appropriation privée de la plus-value du travail, bref, avec les intérêts et l'instinct de survie d'une classe : la bourgeoisie, et avec son Etat (ensemble d'institutions, de rapports juridiques, sociaux et territoriaux).

    De plus, à mesure que le capitalisme s'enfonce dans la crise générale :

    - il exige de la force de travail (les masses travailleuses) une productivité maximale, et cherche donc à modeler la société à son image ; ainsi qu'à reprendre les conquêtes démocratiques et sociales accordées aux masses, entraves à la productivité ;

    - il redoute l'aiguisement de la lutte des classes et les actes de résistance populaire, même individuels, spontanés, non-conscients et non-organisés : plus marxiste que bien des "marxistes", la bourgeoisie sait parfaitement que chaque crise met à l'ordre du jour son renversement.

    DONC, la démocratie telle qu'idéalisée par les radicaux du 19e siècle et les social-démocrates du 20e siècle (les partis de la petite-bourgeoisie, en somme...) tend à céder le pas à un État policier, de contrôle permanent, de contre-révolution préventive.

    La "démocratie réelle" est donc une revendication légitime des masses populaires, et particulièrement du prolétariat et des couches les plus pauvres, exploitées et fliquées du Peuple, pour qui la démocratie bourgeoise est particulièrement fictive.

    MAIS cette démocratie "véritable" ne peut avoir de sens et de matérialité que dans le renversement du capitalisme...

    C'est ainsi qu'il faut aborder le mouvement populaire spontané qui s'est développé ces derniers jours dans l'Etat espagnol (essentiellement contre les 20% de chômage, dont 40% chez les jeunes, alors que l'arrogance des bourgeois et la corruption des politiciens est proverbiale dans ce pays) ; et qui fait "tâche d'huile", à l'ère internet, dans toute l'Europe.

    Soyons clairs : de tous temps, en 160 ans de mouvement socialiste puis communiste, les organisations révolutionnaires ont été débordées et surprises par le mouvement réel et spontané des masses. En février 1917, personne (ni les "socialistes-révolutionnaires", ni les mencheviks, ni les bolcheviks) ne s'attendait à ce qu'une énième émeute de la faim, totalement spontanée, ne renverse le Tsar et ne donne lieu à la première révolution prolétarienne de l'Histoire et à au moins 5 ans d'agitation révolutionnaire intense dans le monde entier. En Mai 68, cela faisait au moins depuis la rentrée 1966 qu'il y avait de l'agitation dans les facs. Personne, pas même les marxistes-léninistes (PCMLF, UJCML, UCF-MLetc.), ne s'attendait à l'ampleur que prendrait cette fronde étudiante, avec 10 millions de grévistes, le quasi renversement de De Gaulle et 5 ans (là encore) de grande effervescence révolutionnaire... En 1974, au Portugal, toutes les organisations communistes prirent le train en marche, en voyant les masses populaires se rallier au "coup de poker" d'une poignée de jeunes officiers progressistes. Les exemples seraient légion... Plus près de nous, qui aurait prévu le niveau d'affrontement de classe, contre l'Etat policier, que prendrait le mouvement lycéen contre la "réforme" des retraites ? Aucune organisation n'était derrière les affrontements. Ceux-ci étaient une réaction spontanée à la répression aveugle qui s'était déchaînée contre la jeunesse populaire (à coup de flash-balls etc.).

    La "démocratie réelle" revendiquée par les jeunes de la Puerta del Sol est un mouvement spontané, exprimant une aspiration de masse parfaitement légitime. Bien sûr, il a plus que ses défauts : il se réclame des soulèvements arabes alors que les conditions concrètes (en Europe) n'ont rien à voir, ses mots d'ordre sont généralement "réformistes radicaux", etc. Mais le rôle des organisations communistes est d'être à ses côtés, pour porter le mot d'ordre qu'il n'y a de démocratie réelle que dans le renversement du capitalisme. Il est légitime de critiquer les aspects inter-classistes et ultra-démocrates, petits-bourgeois, du mouvement, mais le rejeter d'emblée ou l'ignorer (ne pas prendre position) c'est se condamner lourdement devant l'Histoire.

    Ailleurs, il faudra voir. Beaucoup de rassemblements se font avant tout en solidarité. D'autres, la fameuse "tâche d'huile" de l'ère internet, pourraient rester de pâles copies, essentiellement bobo (classes moyennes urbaines réformistes). Le rapport des libertaires de Rebellyon est assez clair : "l'assemblée est pour l'instant très largement blanche", ce qui dans une métropole capitaliste comme Lyon, veut dire que pour l'instant le prolétariat n'adhère pas. Pire : les "social-républicains" du PG et (encore pire) de l'AJR (POI) tentent d'y refourguer leur camelote de "Constituante", autrement dit, de rénovation de la République bourgeoise.

    Mais si le mouvement prend de l'ampleur et dépasse son caractère petit-bourgeois actuel, les communistes devront, là encore, se positionner et prendre place aux côtés des masses avec des mots d'ordres communistes...

    http://www.globalproject.info/public/resources/images/max/arton14844-0dc6c.jpg

    republica socialista

    PS : Il faut être absolument clairs : le mouvement réel spontané des masses sera TOUJOURS ultra-démocratique et économiste. A fortiori dans nos sociétés occidentales couvées dans l'illusion démocratique et le conso-confort capitaliste. Pour poser la question du pouvoir, il faut une direction communiste ; mais pour pouvoir prétendre (de manière crédible) à cette direction, il faut une masse critique de militant-e-s et sympathisant-e-s qu'il n'est possible d'atteindre... qu'en se liant aux masses, notamment lors de mouvements comme celui-ci.

    Il est absolument délirant de rejeter un mouvement comme celui-ci, comme représentant la "petite-bourgeoisie en déclassement". Au moins aussi délirant que de cracher (comme on l'a vu en 2005) sur les insurrections des quartiers-ghettos prolétaires. Ces deux forces sont, tout au contraire, les forces essentielles de la révolution dans les métropoles impérialistes, le combustible, la plaine à enflammer d'une étincelle ! Depuis les années 1950, le Capital monopoliste a créé, dans les métropoles impérialistes, une classe moyenne, une "petite-bourgeoisie artificielle" vouée à consommer ; car, à ce stade de son développement, le capitalisme ne peut fonctionner qu'en élargissant au maximum la consommation (consommation au delà des stricts besoins primaires, s'entend). Cette "petite-bourgeoisie artificielle" est entretenue, bien sûr, par les surprofits dégagés par l'exploitation impérialiste de la planète. Mais en période de crise, quand le taux de profit chute considérablement, les surprofits chutent exponentiellement ! La "petite-bourgeoisie artificielle" se trouve alors re-prolétarisée : c'est la fameuse "première génération qui vivra moins bien que ses parents"... Ceci est un ferment révolutionnaire considérable !

     


     Lénine : La révolution socialiste en Europe... ("Democracia Real Ya" & Cie)

    « La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l'explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement - sans cette participation, la lutte de masse n'est pas possible, aucune révolution n'est possible - et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement, ils s'attaqueront au capital, et l'avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d'une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l'unir et l'orienter, conquérir le pouvoir, s'emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d'autres mesures dictatoriales dont l'ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme, laquelle ne "s'épurera" pas d'emblée, tant s'en faut, des scories petites-bourgeoises »

    V. I. Lénine, Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes (1916), Œuvres vol. 22.

    À bon entendeur...

    lenine


     Mouvement des "indignés" : mener la guerre idéologique sur 2 fronts !

     

    - CONTRE les limites réformistes petites-bourgeoises du mouvement lui-même, et la démagogie crapuleuse des "rénovateurs" populistes du capitalisme qui lui tournent autour !  

    - CONTRE l'ultra-gauchisme réactionnaire donneur de leçons, et son mépris aristocratique du mouvement réel des masses !   UN SEUL MOT D'ORDRE : la démocratie authentique est une aspiration légitime des masses populaires ; sa seule réalisation possible est le SOCIALISME, l'expropriation du Capital et le Pouvoir Populaire sous la direction politique du prolétariat... (sujet-verbe-complément : pas besoin d'une dissertation !)

    http://sp1.fotolog.com/photo/49/24/97/absolut_lau/1305989434782_f.jpg

    De la révolte...                                  
                                            ... à la Révolution !

    manifestation-barcelone_pics_809.jpg

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires