• Les communistes de l'État espagnol sur la situation catalane : difficile de faire meilleur résumé synthétique de la position juste qui est la nôtre



    Quelques considérations sur le procés catalan
     


     La Red de Blogs Comunistas (RBC) estime qu'il convient de publier ces quelques considérations sur le procés catalan et, en dernière analyse, sur la question générale du droit à l'autodétermination de tous les peuples.

    À l'égal de José Díaz qui appelait, dans son discours au Cinéma Monumental de Madrid, à la création d'une “Concentration Populaire Antifasciste” sur la base de quatre points concrets, la RBC défend de la même manière la “libération des peuples opprimés par l'impérialisme espagnol. Que soit concédé le droit de prendre en main leurs destinées à la Catalogne, au Pays Basque, à la Galice et à toutes les nationalités opprimées par l'impérialisme de l’État espagnol”.

    José Díaz, Secrétaire Général du PCE lorsque celui-ci était le Parti d'avant-garde marxiste-léniniste du prolétariat espagnol – disciple fidèle, donc, de Lénine et Staline –, appliquait la doctrine et les principes de ce que Lénine appelait “la double tâche du prolétariat quant au droit à l'autodétermination[1]. Sur cette base, la RBC veut souligner les points suivants par rapport au dénommé procés (processus souverainiste) catalan, ultime chaînon à ce jour de la lutte historique du Peuple catalan pour sa libération de l'impérialisme espagnol :

    1.- En premier lieu, l'indépendantisme catalan n'est pas seulement un mouvement bourgeois, comme le prétendent d'innombrables chauvinistes de gauche. De son caractère multiclassiste, qui se traduit par l'énorme soutien social dont il dispose, émane une évidente composante émancipatrice, populaire et ouvrière ; dont l'occultation intéressée vise par-dessus tout à couper ce mouvement actuel des travailleurs du reste de l’État.

    2.- Les communistes, par conséquent, ne doivent pas se limiter à l'appuyer ou le critiquer, mais bien, comme pour tout mouvement populaire ou révolutionnaire, y PARTICIPER activement en dirigeant les masses, particulièrement le prolétariat, et en devenant leur avant-garde.

    3.- La blessure ouverte en Catalogne ne se refermera pas par de simples rustines légales ou budgétaires. Dans le contexte de lutte politique en Catalogne, à laquelle, on peut l'espérer, se joindront bientôt d'autres nationalités de l’État et divers secteurs populaires, les communistes ne doivent contribuer en aucun cas à ce que le régime monarchique puisse se rendre maître de la situation et la suffoquer. Pour les communistes, la principale tâche théorique et pratique à l'ordre du jour est la transformation du problème catalan du régime bourbonique en problème du régime bourbonique dans l'ensemble de l’État espagnol.

    4.- Comme l'écrivait Friedrich Engels lorsque, faisant référence au problème de l'Alsace-Lorraine, il affirmait que ce problème n'existerait pas si la France et l'Allemagne étaient socialistes [2], seules la fin du capitalisme et la construction d’États libérés de l'exploitation peuvent résoudre la question nationale catalane. En dernière analyse, c'est dans la liquidation du Régime de 1978, c'est-à-dire du système socio-politico-économique “ficelé et bien ficelé” par le franquisme, que se trouve l'unique possibilité de sortir de l'“Espagne une, grande et libre” qui emprisonne les nations et les classes populaires de l’État.

    5.- L'objectif, par conséquent, est de mettre fin à la propriété privée et de la remplacer par la socialisation des moyens de production, c'est à dire, d'en finir avec le capitalisme et la barbarie que ce système représente pour les travailleurs, les peuples et l'humanité dans son ensemble. La tâche des communistes est de soutenir sans réserves toute avancée, pour petite qu'elle soit, vers le socialisme. En ce sens concret, le passage du Régime de 1978 à la IIIe République, avec la profonde signification que possède ce mot en Espagne, constitue un pas en avant qu'il faut aider à réaliser, pour bourgeoise que puisse finalement être cette république. Nous ne devons jamais oublier les fameux mots de Staline dans ses Principes du Léninisme, autour de la question nationale et de sa relation avec la lutte contre l'impérialisme ! [3]

    6.- Dans les pas de Lénine, il s'agit de lutter en premier lieu pour l'unité de classe : tous les travailleurs, indépendamment de notre nationalité, nous sommes frères de classe ! Tous les travailleurs, nous avons le même ennemi commun qui est la bourgeoisie de chacune de nos nations ! Ce qui n'exclut pas, en aucun cas, l'appartenance de chaque travailleur à une nationalité ou un peuple concret ni son identification à une culture déterminée, qui en tant que telles ne pourront jamais en faire l'ennemi de la classe ouvrière d'aucun autre pays. Dans la situation concrète de Catalogne, le seul ennemi de la classe ouvrière espagnole est le chauvinisme grand-espagnol, héritier des fascistes de 1936. La seule patrie de la bourgeoisie espagnole, de la classe parasitaire de la monarchie bourbonique, est son compte en banque.

    7.- Pour finir, la RBC doit faire mention du rôle lamentable joué par Podemos, dont l'ambigüité démontre une fois de plus que son principal objectif et sa raison d'être sont la démobilisation de la contestation populaire et la désarticulation de la classe ouvrière. Au lieu de se placer aux côtés des forces républicaines de Catalogne, au lieu de coordonner dans tout l’État un front politique démocratique et progressiste contre le Régime de 1978, au lieu de lancer dans les rues toutes les masses républicaines de l’État, Podemos s'est situé dans le moins pire des cas dans l'équidistance, c'est à dire, passivement du côté de la monarchie et du chauvinisme grand-espagnol ; il a opté pour le statu quo au lieu de prendre place aux côtés des aspirations progressistes et démocratiques non seulement des Catalans, mais de la classe ouvrière de tout l’État espagnol ; il a renoncé à la construction d'une Espagne différente de celle d'aujourd'hui. C'est son attitude conciliatrice et servile, et non la légitime lutte du Peuple catalan, qui a permis que surgissent le fascisme et le chauvinisme dans toutes les rues d'Espagne.

    Le camarade gallois Nicholas Glais, du blog Democracy and Class Struggle, membre de la RBC, s'est très correctement exprimé en les termes suivants, au sujet de ceux qui donnent au chauvinisme espagnol un vernis “de gauche” : “Il est l'heure de déclarer la guerre à ces gauchistes que ne voient pas l'autodétermination nationale comme une partie évidente de la lutte de classe pour la démocratie et le socialisme”.  



    [1] “Cet état de choses assigne au prolétariat de Russie une double tâche, ou plutôt une lutte sur deux fronts : lutter contre tout nationalisme et, au premier chef, contre le nationalisme grand-russe ; reconnaître non seulement la complète égalité en droits de toutes les nations en général, mais aussi le droit égal à édifier un État, c’est-à-dire reconnaître le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, à se séparer ; et à côté de cela, précisément pour assurer le succès de la lutte contre toute espèce de nationalisme dans toutes les nations, sauvegarder l’unité de lutte du prolétariat et des organisations prolétariennes et leur fusion la plus étroite dans une communauté internationale, en dépit des tendances de la bourgeoisie à promouvoir le particularisme national. Égalité complète des nations ; droit des nations à disposer d’elles mêmes ; union des ouvriers de toutes les nations, voilà le programme national enseigné aux ouvriers par le marxisme, par l’expérience du monde entier et l’expérience de la Russie.”.
     
    [2] “Nous ne pourrions pas prendre ni conserver le pouvoir sans réparer les crimes commis par nos prédécesseurs contre les autres nationalités, et ainsi sans 1) faciliter la reconstitution de la Pologne, et 2) mettre la population du Nord du Schleswig et celle de l'Alsace-Lorraine en situation de décider librement à qui elles doivent appartenir. Entre une France socialiste et une Allemagne socialiste, il n'existerait pas de problème de l'Alsace-Lorraine.” (Friedrich Engels, Lettre à A. Bebel, 24 octobre 1891).
     
    [3]  “Le caractère incontestablement révolutionnaire de la plupart des mouvements nationaux est aussi relatif et particulier que le caractère potentiellement réactionnaire de certains autres. Ce caractère révolutionnaire d'un mouvement national, dans les conditions de l'oppression impérialiste, ne présuppose pas nécessairement qu'il soit composé d’éléments prolétariens, la présence d'un programme révolutionnaire ou républicain, ou d'une base démocratique.  La lutte de l’émir d’Afghanistan pour l’indépendance de son pays est objectivement une lutte révolutionnaire malgré le monarchisme de l’émir et de ses lieutenants, car elle affaiblit, désagrège, sape l’impérialisme ; alors que la lutte de démocrates, de « socialistes », de « révolutionnaires » et de républicains comme Kérensky et Tsérételli, Renaudel et Scheidemann, Tchernov et Dan, Henderson et Clynes pendant la guerre impérialiste était une lutte réactionnaire, car elle avait pour résultat de maquiller, de consolider, de faire triompher l’impérialisme.”  


     

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