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Feu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la Barère
"Il faut rappeler aujourd'hui que ce passage [d'une adresse de 1850 à la Ligue des Communistes, qui défendait le centralisme étatique le plus rigoureux] repose sur un malentendu.À ce moment-là il était admis – grâce aux faussaires libéraux et bonapartistes de l'histoire – que la machine administrative centralisée française avait été introduite par la Grande Révolution et maniée notamment par la Convention comme une arme indispensable et décisive pour vaincre la réaction royaliste et fédéraliste et l'ennemi extérieur.
Mais c'est actuellement un fait connu que pendant toute la Révolution, jusqu'au 18 Brumaire*, l'administration totale du département, de l'arrondissement et des communes se composait d'autorités élues par les administrés eux-mêmes qui, dans le cadre des lois générales de l’État, jouissaient d'une liberté complète ; que cette administration autonome provinciale et locale, semblable à ce qui se passe en Amérique (bon là, claire idéalisation des États-Unis avec oubli de la question coloniale-raciale, mais bref), devint précisément le levier le plus puissant de la révolution ; et cela à un point tel que Napoléon immédiatement après son coup d’État du 18 Brumaire, s'empressa de la remplacer par le régime préfectoral encore en vigueur de nos jours et qui fut donc, dès le début, un instrument de réaction**".
F. Engels dans une note sous le texte réédité, 1885
[* En réalité Thermidor, voire sa "préparation" dès 1793 par les "représentants en mission" (dont la plupart sont restés de triste mémoire) et la loi du 14 frimaire an II à l'initiative principalement des futurs thermidoriens Billaud-Varenne et Barère, tandis que sur le plan linguistique était promulgué une semaine avant le coup d’État réactionnaire, à l'initiative nullement "de Robespierre" mais de Merlin de Douai (futur thermidorien qui mourra tranquillement en 1838 après avoir été "entre autres" Président du Directoire puis comte d'Empire...), le décret du 2 thermidor an II sur des arguments complètement hallucinants.]
[** En réalité et pour être exact, c'est dès le Directoire que des "commissaires du gouvernement" dans chaque département préfigurent les préfets napoléoniens.]
[Si on lit par exemple ce document : décentralisation-nord-1789-1793 ; il apparaît nettement que c'est décembre 1793 (frimaire an II) qui marque un point de rupture fondamental : l'écrasement (pas d'autre mot) de la "révolution provinciale", auquel ne manquera plus alors que celui de la révolution parisienne, consommé avec Thermidor... Les procureurs syndics départementaux, magistrats élus chargés de veiller à l'exécution des lois (sortes d'équivalents des sheriffs nord-américains), deviennent des fonctionnaires nommés ; les conseils généraux sont supprimés et les directoires (exécutifs des départements) voient leurs compétences sévèrement amputées ; etc. etc. La France républicaine abandonne alors définitivement la voie de devenir une "grande Suisse" démocratique et décentralisée, d'exercice local permanent de la souveraineté populaire...]
Et LÉNINE dans L'État et la Révolution (1917) reprend d'ailleurs ces mêmes propos (légèrement déformés ou propos similaires tenus ailleurs) :
La République française, c'est au choix, soit comme c'était prévu (et jamais appliqué) en 1793, avec (dixit l'ami Friedrich) "administration totale du département, de l'arrondissement et des communes composée d'autorités élues par les administrés eux-mêmes qui, dans le cadre des lois générales de l’État, jouissaient d'une liberté complète", et droit de veto du "dixième des assemblées primaires dans la moitié des départements plus un"... soit rien. Et nous avons une préférence pour rien.
Car c'est bien, depuis maintenant 224 ans, sous la République thermidorienne bourgeoise que nous vivons ; cette République thermidorienne instituée par le fameux coup du 9 Thermidor (27 juillet 1794) de ceux qui depuis 1789 voulaient qu'"une nouvelle distribution des richesses entraîne une nouvelle distribution du pouvoir" (au profit de la bourgeoisie capitaliste) mais en intimant bien haut "silence !" aux pauvres ; et notamment (parmi ceux-ci) ceux que l'on pourrait appeler les "Montfort 2.0" de l'époque, les "représentants en mission" bouchers (Fouché, Barras, Fréron, Tallien, Carrier, Dumont etc.) traquant impitoyablement le "royaliste" et le "fédéraliste" en "province" tout en s'en foutant plein les poches, "rejouant" littéralement en cela les conquêtes et leurs pillages "fondateurs" du Moyen Âge, et qui se ligueront contre un Robespierre ulcéré par leurs crimes qui les avait fait rappeler à Paris... Et de fait tout ceci était tout simplement inévitable ; tout ceci était, en vérité, dans le Sens de l'Histoire : la ligne de Robespierre (de toute façon idéaliste, non-scientifique) n'avait sans le moindre doute pas plus de chances de triompher de ses innombrables adversaires que l'Occitanie ou Andalus, au Moyen Âge, de ne pas être conquises par le Bassin parisien capétien et la Castille et de donner naissance à un autre monde capitaliste que celui que nous connaissons depuis 800 ans !
Nous voulons bien que le drapeau tricolore et la Marseillaise soient d'abord des références à 1789, à la prise de la Bastille et à la décollation de Louis XVI et quelques milliers d'autres faquins ; la seule référence révolutionnaire de millions de gens dans ce pays ; mais à un moment donné le mouvement des Gilets Jaunes va devoir s'assumer comme ce qu'il est : le réveil DES peupleS d'Hexagone, des périphérisés et niés multiséculaires de l'Empire totalitaire parisien dont aujourd'hui la Babylone brûle tous les samedis ; pour le droit de "vivre, travailler et décider au pays".
[* Depuis que la lutte ouvrière et populaire existe, il y a de toute façon toujours eu deux et même trois voies, dont on appelle fascisme les ultimes avatars de deux : il y a la voie de la révolution, du Pouvoir du Peuple ; et puis il y a la voie que Rémond appelait 'légitimiste', ultra réactionnaire, 'c'était mieux avant'... 1789 ; et enfin (surtout) la voie de la droite 'moderne, sociale, populaire' sous la conduite d'un homme fort, qui est le bonapartisme recyclé dans le gaullisme et maintenant le FN/RN.
Ça c'est quelque chose de très sérieux : par exemple quand on regarde les élections de 1848-49, on s'aperçoit que très souvent les mêmes départements ont voté républicain radical, démocrate-socialiste, pour une république radicalement démocratique et sociale aux législatives... et pour Louis-Napoléon à la présidentielle.
Il y a de l'ultra droite, des royalistes, des cathos intégristes, Gabriac et Benedetti etc. dans le mouvement ; mais avec ses drapeaux et ses Marseillaises et ses références à la prise de la Bastille, c'est plutôt la voie bonapartiste qui est le risque, comme toujours.
Quant à nos 'chers' gouvernants, ce sont évidemment d'éternels recyclages d'orléanistes et de thermidoriens, de Versaillais de droite... et 'de gôche' !]
Segur que tomba, tomba tomba...L'ORA ES VENGUDA !
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2018, l'année de la révolte des territoires !
Dans une France au conservatisme dépassé, au centralisme ankylosé et au jacobinisme suranné, 2018 aura été l'année de la révolte des territoires. Il est plus que temps de structurer cette révolte !
"Le jacobinisme, ce cancer bien français"
Alors que tous les pays d'Europe ont, durant les 50 dernières années, tous évolué vers plus de décentralisation, plus d’évolution, plus d'autonomie, plus de fédéralisme voire même plus, la France a traversé les 5 dernières décennies dans le formol ! Incapable de se réformer, incapable de se repenser, incapable de se restructurer, elle est demeurée semblable à elle-même, dépassée. Dépassée par l'histoire, dépassée par les événements et désormais dépassée par la révolte des territoires.
En effet, en 50 ans, aux mesures technocratiques et bureaucratiques, les gouvernements de droite comme de gauche n'ont jamais été à la hauteur ou alors, pour les très - mais très - rares exemples de gouvernements courageux, ils n'ont pas osé défier l'administration centrale à la française composée de tous ces énarques dont le formatage est tel qu'il leur est impossible de voir le monde, la vie et la réalité au-delà du périphérique. C'est de là qu'est née la révolte des territoires.
"La Corse ouvre le bal"
En 2018, cette révolte a commencé en Corse. Au sortir de l'élection territoriale de décembre 2017 remportée par les nationalistes avec une majorité absolue des sièges (41/63) et des voix (56,5%) dans une quadrangulaire (!), Paris aurait dû ouvrir les portes du dialogue, les portes de la paix, les portes de l'espoir.
Que nenni ! Paris a tout fermé et à double tour d'abord avec un discours glacial, martial et réquisitorial d'Emmanuel Macron, qui a démontré l'étendue de son talent d'énarque pour fouler au pied la démocratie, lui, l'éphémère candidat du "pacte girondin". Puis avec une succession de visites ministérielles toutes aussi inutiles qu'improductives puisque les portes avaient été fermées, verrouillées puis condamnées.
Mais, heureusement et évidemment, les Corses ne se sont pas laissés intimider. Nationalistes ou pas, les Corses ont refusé ce mépris de Paris, ce déni de démocratie et continuent de demander pacifiquement, démocratiquement et publiquement le respect du vote des Corses.
La révolte de la Corse, c'est le refus d'un peuple de se soumettre à un État qui lui refuse son droit à l'existence. Cette révolte des territoires, elle vient de loin, de très loin, de très très loin dans le temps et dans l’espace, c'est un combat vieux de plusieurs décennies !
Car, in fine, une autre révolte des territoires a marqué l'année 2018, c'est le résultat surprenant du référendum en Kanaky : 43,3% de votes pour l'indépendance quand les sondages, l'administration coloniale et Paris, sa capitale, imaginaient que les voix pour la liberté seraient cantonnées au rang de témoignage largement sous le seuil des 30%.
Là aussi, que va faire Paris ? Va-t-elle considérer que le statu quo est viable ou va-t-elle enfin se mettre autour de la table et discuter de tout sans préalables ni tabous ? Poser la question, c'est déjà y répondre un peu tant Paris est incapable de raisonner démocratiquement car, n'en doutons pas, c'est de la révolte des territoires que naîtra le rapport de force nécessaire pour faire plier l'establishment et non d'un changement intramuros.
"La révolte prend partout"
L'année 2018, c'est l'année de la révolte des territoires un peu partout. L'Alsace supprimée, éliminée et enterrée par les socialistes et la droite a connu une deuxième jeunesse grâce... aux Alsaciens qui ont refusé de disparaître au profit d'un technomachin appelé le ''Grand Est''. Paris n’a concédé que des miettes mais des miettes qui n'auraient jamais existé sans la mobilisation des autonomistes alsaciens. Des miettes qui sont loin de suffire car le Peuple alsacien n'est toujours pas reconnu mais qui prouve que de la révolte des territoires peuvent naître des avancées.
2018, c'est aussi l'année de la Bretagne et de sa réunification. Plus de 100 000 signatures collectées en Loire-Atlantique pour une consultation sur la réunification de la Bretagne, soit plus de 10% du corps électoral, l'équivalent d'une pétition de près de 5 millions de personnes à l'échelle de la France ! Quelle a été la réaction des élites parisiennes – ou parisianisées mais élues dans les territoires ? Circulez, il n'y a rien à voir ! Il ne peut et il n'y aura pas de consultation ou de référendum. À croire que les Pays de la Loire, région sans identité parce que sans territoire, sont ''uns et indivisibles''. On aura tout vu pour défendre l'indéfendable statu quo.
Mais les Bretons, et les autonomistes bretons en tête, se battent, depuis des décennies, pour que Nantes revienne en Bretagne, elle qui a toujours été bretonne. Ils n'abandonneront pas devant les arguments lapidaires et péremptoires d'une administration complètement dépassée. La révolte ne fera que s'amplifier.
2018, c'est toujours la révolte des Catalans qui refusent de perdre leur identité et d'être fondus dans une région Occitanie qui nie le pays catalan. C'est aussi le retour du débat sur la fusion des 2 départements savoyards et de la création d'une région Savoie. C'est la bataille des provençaux pour renommer la PACA "Provence" et non "Région Sud", le plus technocratique des noms possibles proposé par le Président de la PACA, Renaud Muselier. C'est, enfin, la montée en puissance de la collectivité d'agglomération du Pays basque.
2018 c'est, enfin, l'année de la création d'un groupe parlementaire autour de la question des territoires : ''Libertés et Territoires'' avec nos 3 députés nationalistes corses, Jean Felix Acquaviva, Michel Castellani et Paul-André Colombani ainsi que l'autonomiste breton Paul Molac.
"Et les gilets jaunes ?"
Bref, 2018 c'est l'année des territoires et de leur révolte. Et comment parler de révolte sans parler des ''gilets jaunes'' ? Une partie du message porté par les ''gilets jaunes'' c'est justement la lutte contre la fracture territoriale, celle-là même que les autonomistes et indépendantistes combattent.
Il existe de véritables convergences sur ces thèmes-là et seule la convergence des luttes peut permettre de faire sauter le verrou parisien et son jacobinisme qui est le véritable cancer de la France. Elle en mourra tôt ou tard sauf à entreprendre une thérapie de choc, qui passe par la fin de la domination des corps ''d'élite" parisiens sûrement trop intelligents et trop subtils pour être compris par les peuples vivant dans les territoires. Cela passe par la mise en place d'un fédéralisme différencié allant jusqu'à une autonomie de plein exercice et de plein droit et la reconnaissance de tous les peuples, de leur langue et leur culture.
Si 2018 a été l'année de la révolte, 2019 doit être celle de la récolte pour tous les territoires car, face au conservatisme dépassé, au centralisme ankylosé et au jacobinisme suranné de Paris, la diversité qui nous unit est notre plus grande force. Révoltés de tous les territoires, unissons-nous !
[EN RÉALITÉ, et en synthèse de tout cela : Rousseau n'était pas suisse par hasard ; et cette démocratie radicale théorisée par lui, et appelée de leurs vœux par Robespierre et consorts (pour ceux qui étaient en cela sincères !), non seulement était très difficile à mettre en œuvre dans une économie capitaliste fondée sur l'exploitation du travail d'autrui, mais n'était tout simplement PAS POSSIBLE en prenant tel quel l'État EMPIRE PARISIEN légué par l'Ancien Régime et en le rendant "démocratique" par la magie du suffrage universel, ce qui suffirait supposément à "régler" tous les problèmes. Les deux choses étaient incompatibles, et cette idée vouée d'avance à conduire à Thermidor puis à Napoléon Bonaparte.
Seule une refonte totale de cet ensemble territorial héritage monarchique, vers une fédération de démocraties locales vivantes et fortes ne laissant aux mains du pouvoir "national" que ce qu'elles ne pouvaient assumer seules, pouvait dans une certaine mesure permettre cette démocratie "idéale" rousseauiste.
C'est ce qui pouvait exister en pratique dans la France des bataillons fédérés abolissant la monarchie en août-septembre 1792, comme le rappellera très justement Engels presque un siècle plus tard ; on peut en retrouver l'idée dans certains passages de la jamais appliquée Constitution de 1793 ; mais tout ceci sera dès l'été de cette même année progressivement "repris en main", aidé en cela par le fait que beaucoup de ceux qui le prônaient (les fameux "fédéralistes" ou "Girondins") étaient nettement plus "à droite" sur la question de l'égalité sociale, rêvant parfois (au fond d'eux-mêmes) de restreindre le suffrage universel vers un système plus censitaire et oligarchique, ainsi qu'hésitants et incapables de mener correctement une guerre aux tyrans d'Europe qu'ils avaient pourtant voulue à outrance...
Tout ceci permettra finalement, au premier semestre 1794, le triomphe d'un mélange de vision sociale "avancée" et de centralisme parisien "un et indivisible" non-viable sous la forme démocratique et égalitaire prônée ; formule politique presque immédiatement renversée par le coup d'État thermidorien de la nouvelle "aristocratie d'argent" qui règne encore à ce jour.
La Suisse, de son côté, a évidemment elle aussi dégénéré dans la pourriture réactionnaire de par son économie qui n'a jamais cessé d'être capitaliste ; particulièrement financiarisée, en outre, depuis qu'elle s'est installée et "protégée" dans le rôle de "coffre-fort de la planète". Néanmoins elle était encore, au début du 20e siècle, vue par Lénine (qui y a longuement vécu comme réfugié politique) ou Staline comme un modèle de démocratie relativement "indépassable" en régime capitaliste (ainsi, dans la Question Nationale de Staline : "la Suisse, pays dont le haut démocratisme, bien que bourgeois, permet aux nationalités de vivre librement, qu’elles représentent la minorité ou la majorité, peu importe"...).
Ne devrions-nous pas, dès lors, nous battre pour un Hexagone (et pourquoi pas une Europe, et de même sur tous les continents) qui serait une grande Suisse rouge ?]
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