• Équipe de France...


    ... ou équipe DES PeupleS de l'Hexagone, DES prolétariatS (c'est quand même rare, les joueurs qui viennent de la bonne petite bourgeoisie, même si on essaye de les mettre en avant) et des quartiers populaires ?

    Nous ne pensons pas que l'un ou l'autre soit "acquis" : tout n'est plutôt qu'une histoire de contradiction entre les deux aspects.

    Entre d'un côté les "leurs" dans lesquels les classes populaires de banlieue ou du cul-du-monde, les "beaufs" et les "barbares" se reconnaissent ; et de l'autre, en cas de beau parcours (et bien sûr de victoire), les tentatives de récupération patriotarde-citoyenniste par le pouvoir politique comme le fameux "black-blanc-beur" de 1998.

    Une équipe qui prend bien sûr au fil du temps l'image de ces classes populaires dont elle est issue, ce qui veut dire moins de noms en -i ou en -ez et plus de Fekir ou de Mbappé ; et qui par conséquent suscite de plus en plus les réactions que l'on connaît et, fait à peu près inconnu dans les années 1980 ou encore 90 (ce qui était une spécialité française et d'ailleurs l'objet de critiques à l'époque !), l'absence totale d'indulgence et les gémonies dans la défaite, même si c'est en finale... Ce n'est jamais que les autres ont simplement été meilleurs, encore moins que le sélectionneur n'a pas (comme un certain Raymond D. en 2010) assuré son rôle au gouvernail ; c'est que "ce ne sont pas de vrais Français".

    Autrement dit : imaginons que l'EDF passe l'Uruguay (ce qui est loin d'être gagné) et se retrouve, par la suite, face à la redoutable équipe au damier oustachi, la Croatie*... Ou la Russie, ou la Suède, ou même l'Angleterre (équipe plus blanche), bref. Celles-ci ont bien sûr le droit de gagner si elles sont meilleures, à la loyale, là n'est pas la question ; mais connaissant l'engouement, ces dernières années, des fafs pour l'Europe du Nord et de l'Est comme "gardienne de la race blanche", qui au foot "gagne, c'est normal, parce qu'elle fait jouer de vrais nationaux", et donc si l'EDF perd ce sera "normal", "c'est une équipe de Noirs" : est-on si sûrs qu'il faille soutenir, par principe à moins que ce ne soit par posture comme le font beaucoup dans les milieux militants, l'équipe adverse des Bleus dans cette configuration ? Ce qui voudrait dire aux côtés de tous les fafs, espérant la défaite parce que selon eux, "comme ça à force on va ptet nous remettre un peu des Blancs sous le maillot" ?

    La question mérite d'être posée... Et à notre avis, ce serait avoir une vision un peu borgne de ce que signifie le soutien populaire à l'EDF dans les compétitions internationales.

    Les (rares) succès des Bleus dans les compétitions internationales sont l'objet de récupérations "black-blanc-beur" par le Pouvoir bourgeois, OK ; mais est-ce que rejeter, sous prétexte de ces récupérations, l'engouement populaire qui a accompagné ces succès ne revient pas (un peu) à condamner les mobilisations anticoloniales-intérieures du début des années 1980 sous prétexte qu'elles ont été récupérées par SOS Racisme ?

    Un autre élément assez central est que si l'EDF était au niveau footballistique de l'Islande, et que les équipes africaines et arabes abondaient au contraire au delà des 8e et jusqu'en finale voire au titre, la question dans les quartiers populaires ne se poserait pas : les gens soutiendraient leurs pays d'origine ou alors les équipes africaines ou arabes qui restent. Les classes populaires d'origine portugaise l'ont bien fait, sans hésitation, à l'Euro 2016 alors que l'adversaire final du Portugal pour le trophée était... la France (des supporters fêtant la victoire de Ronaldo et ses coéquipiers ont par la suite subi des agressions).

    Mais comme il est rare que ces équipes passent les 8e, et ce (osons le dire) de manière largement magouillée par la FIFA, payée ou arbitre payé ou accords infâmes comme entre l'Allemagne et l'Autriche contre l'Algérie en 1982 ; si les Bleus vont (eux) au delà alors les gens vont soutenir non pas "la Fraaaance", mais le ou les joueur(s) qu'ils sentent les représenter à leurs yeux (même si politiquement ils ne "revendiquent" pas beaucoup et sont plutôt lisses).

    On a bien vu, pour prendre l'exemple contraire, qu'en 2002 lorsque la France a été sortie et le Sénégal a un peu continué, les classes populaires colonisées-intérieures ont clairement reporté leur soutien sur les Lions de la Téranga.


    [* Nous y sommes à présent : l’Équipe de France jouera contre la Croatie en finale pour remporter la Coupe du Monde... Et l'on voit effectivement des gens aller UN PEU LOIN dans le soutien de principe à l'équipe opposée aux Bleus ; car en l'occurrence la Croatie n'est pas seulement une équipe sans Noirs, musulmans etc. (normal pour un pays sans passé colonial, plutôt d'émigration que d'immigration) sur laquelle les défenseurs de la race blanche projetteraient leurs fantasmes, mais également une équipe dont beaucoup de joueurs assument ouvertement des positions politiques fascistes :

    https://larepublica.es/2018/07/08/la-seleccion-croata-futbol-sigue-enalteciendo-fascismo-rusia/ (en castillan)

    http://ekladata.com/P1qPwqO849do709X50ZQE6xQ0xU.png

    Ce qui n'a rien d'illogique car en réalité, ce "pays" n'est rien d'autre que la concrétisation d'un projet politique fondamentalement réactionnaire, dont il n'existe pas vraiment de variante "de gauche" même modérée ; un projet politique qui consiste depuis 1918 en un fer de lance de l'Allemagne et de l'Autriche (qui venait alors de perdre cette possession à l'issue de la Première Guerre mondiale) contre l'unité des Slaves du Sud autrement nommée Yougoslavie, dont la Croatie n'est en réalité qu'une région caractérisée par la religion catholique et l'histoire (royaume médiéval, puis possession autrichienne et non ottomane), parlant selon les endroits trois des quatre (légères) variantes dialectales du "serbo-croate" (lui même très peu différent du slovène et du macédonien) sans aucun rapport avec les limites des territoires qu'elle revendique ; un instrument de ces impérialismes pour dominer la région balkanique comme cela fut fait pendant la Seconde Guerre mondiale avec les tristement célèbres Oustachis, dont les atrocités choquaient jusqu'aux SS eux-mêmes ; et encore à nouveau depuis la réactivation nationaliste et les guerres d'indépendance de 1990-92...

    Il n'y a pas d'identité "nationale" croate autre qu'une allégeance à ce projet politique ultra-réactionnaire et il ne faut donc pas s'étonner des faits et gestes des joueurs (soutien aux nazis ukrainiens de Kiev, chants appelant à "brûler Belgrade", saluts et slogans oustachis adressés aux supporters etc.), dont le "patriotisme" est évidemment un critère important de sélection. Un-e Croate sérieusement "de gauche", ou a fortiori révolutionnaire comme nos camarades de la Crvena Akcija, ne peut évidemment être qu'en faveur de la restauration d'une Yougoslavie fédérative socialiste (ou au "pire" dira-t-on, pour les socedems, d'une abolition des frontières et des nationalismes dans le cadre de l'Europe).

    En plus de pouvoir projeter leurs fantasmes sur une sélection white only et qui "elle, ne fait pas jouer des nationaux de papier", l'extrême-droite BBR sait qu'elle a affaire à de véritables "frères" d'idées politiques !

    Il serait donc bien de réfléchir un peu à deux fois avant de soutenir n'importe quelle équipe opposée aux Bleus ; ce qui n'empêche en rien de critiquer ce qu'il y a à critiquer dans ces "grands moments de communion nationale" qu'un beau parcours tous les 10 ou 12 ans met à l'ordre du jour ("qu'est-ce qu'on est un grand pays", "allez" nos enfants de prolos à qui on sucre en même temps les derniers acquis sociaux, "allez" nos "blacks" et "beurs" que tout le monde adore quand ils gagnent des coupes mais se font tuer par les flics tous les mois, etc. etc.).]

     

    Équipe de France...


  • Commentaires

    6
    provenquedusaal
    Mercredi 18 Juillet 2018 à 00:41

    cela dit ya qd mm pas mal de français d'origine européenne dans l'équipe, à peu près autant que d'origine africaine : Hernandez, Pavard, Lloris, Griezmann, Giroud..la moitié de l'équipe-type en fait, sachant que Varane est métis

    Fékir est le seul arabe des 23 avec Adil Rami alors que avec Thauvin, on a 6 blancs. Nzonzi, Tolisso et Varane étant métis blanc-noir, Mbappe arabe-noir et Aréola d'origine philippine

    on a donc sur 23 joueurs

    10 "noirs" (d'origine africaine ou antillaise)

    6 "blancs" (d'origine européenne)

    3 métis "blanc-noir"

    2 arabes

    1 métis "noir-arabe"

    1 d'origine asiatique

     

    c'est donc à nuancer ce que tu dis sur "l'immigration africaine qui aurait remplacé l'immigration européenne en équipe de france"

    sur les 6 blancs, trois ont des origines étrangères : espagnole pour Hernandez, catalane pour Lloris, allemande et portugaise pour Griezmann. Ca fait plus que d'arabes, sachant que y'a aucun arabe dans l'équipe type : Rami n'a pas joué une seule minute et Fékir n'a joué que des bouts de matches (pas plus d'une demi-heure à chaque fois et il n'est pas rentré à tous les matches) alors que 5 blancs sur 6 ont été titulaires à tous les matches sauf celui des coiffeurs (contre le Danemark) pour Lloris, Pavard et Hernandez.

    Donc en fait faut carrément nuancer ce constat : autant de noirs que de blancs dans l'équipe type et aucun arabe. Plus de noirs que de blancs dans l'effectif mais 3 fois plus de blancs que d'arabes. Il faut donc éviter de batir des conclusions, quelle quelle soit sur le constat erronné d'une non-blanchité totale de l'équipe de france.

     

     

      • Mercredi 18 Juillet 2018 à 15:54

        7 noms italianisants, 7 ibériques, 1 slave...

      • Mercredi 18 Juillet 2018 à 15:48

        Oui bien sûr, ce qui est écrit est "ce qui veut dire moins de noms en -i ou en -ez et plus de Fekir ou de Mbappé"... Mais bien sûr c'est pas la totalité, c'est ce que tu dis, à peu près la moitié... Et effectivement il y a eu une grosse purge des Arabes, disons déjà en partie après 2010 et surtout sur les deux dernières grosses compètes (Euro 2016 et Mondial 2018), sachant que la victoire au Mondial risque hélas de faire école pour les compétitions suivantes.

        Mais bref l'idée c'est que l'équipe se "colore" en même temps que les quartiers populaires, c'est comme ça et c'est normal.

        Regarde l'équipe typique de 1982 : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quipe_de_France_de_football_en_1982

        Y avait Trésor et Tigana (métis)...

    5
    provenquedusaal
    Mercredi 18 Juillet 2018 à 00:11

    bon article, je suis d'accord à part que les fafs ne supporteraient jamais la suède, vu comme le pays multi-culturel bobo libéral par excellence (et pas plus la finlande, le danemark ni même la norvège, j'ai jamais vu aucun faf qu'un de ces pays faisait rêver, si ce n'est un suèdois qui a émigré en norvège..et a été déçu profondement que ce pays n'était pas aussi raciste qu'il l'imaginait)

    perso j'avais pronostiqué avant le mondial une victoire de la belgique donc j'étais un peu déçu devant la demie mais le désarroi a vite laissé place au plaisir de foutre un peu le dahwa en ville :)

      • Mercredi 18 Juillet 2018 à 15:37

        (Après tu sais, là avec la Croatie les fafs étaient servis... mais pour projeter leurs fantasmes, c'est le prêter beaucoup de neurones que de leur prêter ces considérations là... L'Espagne de 2010, érigée en antithèse de l'"équipe des racailles" bleue ; équipe de prisonniers heureux d'une prison des peuples ok, mais de là à dire "équipe de fachos" et "pays de fachos" bien que le régime qui le gouverne soit qualifiable ainsi...)

      • Mercredi 18 Juillet 2018 à 15:34

        Aha ça va étonner personne ça

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