• Les Identitaires apparaissent désormais incontestablement comme la menace fasciste n°1 de notre pays à notre époque.

    Les faits des derniers mois n'ont cessé de le confirmer, et nous n'avons cessé de le rapporter : une question du pouvoir clairement assumée à travers 3 listes aux régionales, dont une avec Jacques Bompard, maire ex-FN ex-MPF d'Orange ; des opérations commandos de plus en plus méthodiques et organisées ; et dernièrement une impressionante démonstration de force à Donzère, la ville d'Eric Besson. Ainsi que des "rondes" à l'italienne en Gironde : http://www.bloc-identitaire.com/video/175/rondes-citoyennes-libourne.

    Leur discours est totalement dans l'air du temps, faisant écho jusque dans une certaine "gauche anti-libérale" social-fasciste.

    stop-minarets-suisse-udcLe vote suisse contre les minarets a impulsé une dynamique à l'échelle européenne du discours de "lutte contre l'islamisation", qui est le leur depuis leur création sur les ruines d'Unité Radicale, dissoute après l'attentat manqué contre Chirac et quittée par les "eurasistes (pseudo) tiers-mondistes" - Christian Bouchet & co.

    Sonnant le glas de cette "exception française" qu'était la "drague des basanés", impulsée par Alain Soral, Dieudonné, La Banlieue s'exprime etc., sous l'égide probable de Jean-Marie Le Pen himself.

    Infiltré dans leur "repaire" du théâtre de la Main d'Or, le contributeur "JBB" d'Article XI, peu suspect de complaisance avec cette mouvance, dépeint une "galaxie Dieudonné" crépusculaire, isolée, totalement paranoïaque et délirante... Il affirme être sorti "rassuré" du théâtre, quant à leur capacité (quasi-nulle) de nuisance - ce qui n'empêche pas de continuer à combattre impitoyablement leurs infiltrations du mouvement de masse anti-impérialiste.

    Enfin, le débat sur "l'identité nationale" a littéralement, volontairement ou involontairement, ou les deux dans un dosage indéterminé, ouvert les Portes de l'Enfer. Il est aujourd'hui terminé, ses initiateurs, Eric Besson en tête, devant faire mine de reculer. Mais ils ne pourront plus refermer ces portes qu'ils ont ouvertes.

    La conception qu'ils ont essayé de mettre en avant, est en fait le dernier feu du soralisme. Car si Soral est fort peu sarkozyste sur les question internationales, il en est au fond très proche sur la vision de "l'identité nationale", dosage subtil de différentialisme et d'intégrationnisme, avec pour ciment la soumission à l'idéologie bourgeoise "républicaine".

    Cette conception est désormais battue en brèche, par un identitarisme alliant une propreté sur soi de gendre/belle-fille idéal-e, et un discours pogromiste, ghettoïste voire de "nettoyage" ethnique.

    identitaires_grossemerdes_fiersdeletre.jpgC'est que le mouvement Identitaire s'inscrit parfaitement dans la mécanique du fascisme que nous avons décrite, "réactionnaire et révolutionnaire selon les circonstances" (ainsi parlait Mussolini), entre tradition et modernité.

    Les Identitaires sont euro-régionalistes. Le régionalisme de la "patrie charnelle", du terroir, est l'aspect traditionnel. Ils reprennent là, dans le fond, la vieille conception maurasso-pétainiste des "petites patries" régionales, "petites patries" qui s'incluent (bien sûr) "dans la grande" : la patrie "historique", la "France des siècles".  

    Face à la globalisation de la production, et à la crise capitaliste, naît une volonté profonde de se rattacher à une "valeur sûre", un "chez soi" idéalisé : c'est un sentiment populaire, mais lourd de potentiel réactionnaire.

    Cela explique, dans une France coupée entre un centre (axe Seine-Rhône, rattaché à la "Banane bleue" européenne) et une périphérie paupérisée, l'émergence depuis 30 ou 40 ans de questions nationales (Corse, Euskal Herria, Breizh) et d'affirmations culturelles populaires (Occitanie) anti-centre. Posées en ces termes, ces questions ont un fort potentiel progressiste (puisqu'elles reposent sur la contradiction centre-périphérie de tout pays capitaliste).

    Mais les Identitaires ont lancé depuis près de 10 ans une puissante OPA dessus, comme les fascistes cherchent toujours à faire main basse sur ce qui est potentiellement - mais insuffisamment - révolutionnaire. Avec un succès mitigé toutefois.

    Au Pays Basque, où l'aspect social, de classe, de la libération nationale a été posé avec force depuis plus de 40 ans sous l'influence des Basques du Sud (ETA), l'infiltration se heurte à un mur d'acier.

    Par contre, en Corse (avec les attentats anti-arabes des "Clandestini Corsi") ou en Bretagne (avec Adsav puis Jeune Bretagne), ils parviennent à exploiter la (parfois grande) confusion idéologique qui règne sur le caractère progressiste et de classe de la lutte de libération (voir l'article d'Unità Naziunale mis en lien, surtout la fin !).

    En revanche, partout où s'exprime un régionalisme de riches, dans le Nord et l'Est de l'État français (Flandre, Alsace, Savoie, Nice, région lyonnaise), le succès est fulgurant.

    Stop-Islam.jpgDe l'autre côté, l'européisme est leur modernité. Il s'inscrit totalement dans les projets impérialistes BBR d'un "bloc" impérialiste européen, "fort" à la fois contre les Etats-Unis et contre la "menace" de l'Extrême-Orient, des "émergents" et de la Russie (à laquelle il ne ferment cependant pas totalement la porte, rejetant officiellement la notion d'Occident qui "rejette la Russie hors d'Europe", preuve de leur extrême adaptabilité !).

    Contre un "souverainisme intégral" dont les monopoles français n'ont nullement les moyens, et qui devient de plus en plus une idéologie du passé, de "perdants", de petits-bourgeois et entrepreneurs de PME écrasés par le Grand Capital. Une dose de nationalisme chauvinard est indispensable au discours populiste, et les Identitaires ont cette dose.

    Mais les fascistes n'ont pas besoin que d'audience de masse : pour exister, ils doivent se rattacher à un projet impérialiste, aux monopoles.

    Ce projet impérialiste, c'est donc le "bloc européen", le partenariat continental (pourquoi pas jusqu'à la Russie) des monopoles, pour "exister" face aux Etats-continents. Et puis... la guerre impérialiste.

    La guerre impérialiste, qui s'appuie sur le discours du "choc des civilisations", discours qui colle parfaitement au nouveau front de la guerre impérialiste mondiale, courant de l'Afrique à l'Extrême-Orient.
    Et dont l'expression, ici même, est la "Reconquista", le pogromisme anti-extra-européens et en particulier anti-musulmans, qui deviennent du coup la "menace intérieure", en plus de leur dangerosité de (très majoritairement) classes populaires et d'opprimés nationaux-culturels (reflet de l'oppression impérialiste de leurs pays d'origine).

    L'islamophobie est bien l'antisémitisme de notre époque, qui s'inscrit pleinement dans les projets de la bourgeoisie impérialiste.

    La machine de guerre idéologique est donc soigneusement rodée. Reste une dernière étape : la conquête de la machine militante et électorale du FN. Car si celui-ci est une coquille vide idéologique, quitté par tous ses idéologues (Mégret, Vial, Martinez, Carl Lang, et peut-être bientôt Gollnisch), les Identitaires ont besoin de cette machine pour diffuser leur idéologie le plus largement possible.

    non-a-l-islamisme-affiche-front-national-09-03-2010C'est ce qu'a dit, très clairement, leur leader Fabrice Robert après le vote suisse (voir le lien plus haut) : le FN a "lepénisé" les esprits... il faut maintenant "identitariser" le FN !

    Face à cette offensive, quelle réponse ? C'est simple : à "l'identité nationale" qu'elle soit ethnique (de plus en plus) ou repose sur la soumission à l'idéologie bourgeoise ("valeurs républicaines" - de moins en moins), il faut opposer l'identité de classe, populaire, multinationale et multiculturelle.

    affiche antisemite frNous n'avons pas l'habitude, dans ce blog, de prendre la défense du NPA, "mouvement" totalement réformiste, néo-menchevik. Mais tout dernièrement a éclaté la polémique au sujet de la présence, sur la liste du Vaucluse (bastion de l'extrême-droite, et en particulier de Bompard) d'une étudiante d'origine maghrébine, croyante et portant le voile (en fait, un léger foulard recouvrant les cheveux).

    Les réactions n'ont pas tardé, non seulement à l'extrême-droite et dans la droite qui lui prépare le terrain depuis 20 ans, la droite de "l'identité nationale", mais également (plus vraiment étonnant, à vrai dire) dans la social-démocratie, qu'elle soit social-libérale (PS) ou "anti-libérale" et jusque dans les rangs mêmes du NPA (dont les sections sont assez autonomes). Car c'est évidemment, venant de ce "parti", une démarche purement électoraliste et démagogique alors que la précédente offensive réactionnaire, la loi anti-voile, était partie de l'affaire "Alma et Lila", affaire lancée... par un prof LCR et un prof LO ! Ce n'était peut-être, les connaissant, même pas réfléchi...

    Mais nous considérons, qu'il s'agisse d'une démarche politique claire, involontaire ou bien démagogique, que le NPA a raison. Surtout dans le Vaucluse, sur les terres mêmes des fascistes.

    Il ne s'agit pas, comme l'a fait le Parti du Travail de Belgique il y a quelques années avec un résultat catastrophique, de s'allier sans conditions à des islamistes réactionnaires, au projet totalement incompatible avec le nôtre. Il s'agit d'accueillir, dans une ligne de masse, des personnes partageant notre projet (qu'il soit révolutionnaire ou, pour le NPA, réformiste) indépendamment de leur croyance (qui est une contradiction au sein du peuple) et de leur culture nationale.

    Autrement dit : affirmer l'identité multiculturelle, de classe et uniquement de classe, des masses populaires d'Hexagone.

    Loin de nous de comparer le NPA néo-menchevik au KPD antifasciste allemand de 1930 ! Mais si, en Allemagne en 1930 (en sommes nous très loin ?), non seulement le KPD mais n'importe quel parti progressiste avait présenté à une élection un antifasciste juif, croyant et n'en faisant pas mystère, il aurait eu raison, mille fois raison !!!

    Sur cette affaire, le 'p''c''mlm' a montré une nouvelle fois qu'il avait définitivement changé de camp (http://www.contre-informations.fr/?p=4748, pas de lien direct puisque nous les considérons désormais comme des réactionnaires) [NDLR : ATTENTION, lorsque leurs positions font face à une volée de bois vert, il arrive à ces énergumènes de modifier leurs articles après coup !!!].

    Ils rabachent leurs conceptions que nous avons déjà critiquées (voir "Après le vote suisse...") :

    - "l'islamophobie fait partie du discours ethno-différentialiste (sous-entendu) de la bourgeoisie islamiste"... donc si des bourgeois juifs, sionistes ou communautaristes, parlaient d'antisémitisme à l'époque de Maurras, c'est que l'antisémitisme n'existait pas...

    - "cela nie l'affirmation de la minorité nationale arabe, l'islam n'est pas une appartenance, les Maliens, les Kabyles et les Turcs n'ont rien à voir" : SI, ils ont en commun l'oppression qu'ils subissent comme "non-européens" et de plus en plus comme "musulmans", qu'ils soient croyants ou parfaitement athées ! L'islamophobie existe dans la tête des islamophobes, des tenants de "l'invasion islamique à combattre", de la "Reconquista". C'est tout le problème et l'unique caricature-islamophobe-eurabiaproblème, et c'est déjà bien suffisant. Un Ashkénaze de Pologne n'avait et n'a toujours pas grand chose à voir, hormis le Livre sacré, avec un Juif berbère d'Algérie. Le problème, c'était le "complot juif" dans la tête des antisémites et sa diffusion dans les masses.

    La bataille contre le fascisme est une bataille idéologique, dont le champ de bataille est les masses populaires.

    Même si nous n'avons pas du tout la même nature de classe, nous avant-garde du prolétariat et eux petits-bourgeois au service de la bourgeoisie impérialiste, nous visons les mêmes personnes : les masses populaires non conscientes politiquement.

    Nous pour les amener vers la révolution, eux pour les amener vers la contre-révolution préventive et la guerre impérialiste.

    Mener ce combat idéologique, c'est combattre en actes l'idéologie fasciste, et la première idéologie fasciste, c'est qu'il n'y a pas des classes qui déterminent le projet de société et la vision du monde, mais des "races" ou des "patries".

    Affirmer qu'une croyance personnelle (tout le monde dans les masses populaires n'a pas, comme le 'p'c''mlm', la "science mlm" infuse et ne "vit pas dès aujourd'hui en communiste") ne fait pas obstacle pour adhérer à un projet de classe (même si ce projet est petit-bourgeois ou aristocrate-ouvrier réformiste), c'est mener ce combat en actes.

    La position du 'p''c''mlm' n'est pas une critique marxiste-léniniste-maoïste du NPA, de son réformisme, de son hypocrisie vis à vis des minorités et de son "anti-libéralisme" avec 10 ans de retard - là où il faudrait être antifasciste, surtout dans le Vaucluse.

    C'est une négation du principe élémentaire de l'antifascisme : "ceux qui croyaient au Ciel et ceux qui n'y croyaient pas".

    Donc, une dernière fois - après ça va nous faire mal  : le NPA a raison (même involontairement, sans avoir réfléchi ou en voulant faire de la démagogie électorale).


    Mise au point suite à réactions :

    Notre article sur "L'offensive Identitaire, peste brune de notre époque" a suscité des réactions.

    Pas sur le fond de notre analyse de la menace, mais :
    - sur notre usage erroné de la langue euskara

    - sur notre "défense" du NPA ("défense" qui les qualifie d'hypocrites et de démagos électoralistes, tout de même...).

    Résumons les choses aussi clairement que possible :
    - nous considérons le NPA comme un "mouvement" petit-bourgeois, réformiste, "sociétal" et démago-électoraliste, mais
    - nous avons considéré que la critique qu'il subissait ne portait pas sur cela, mais sur la possibilité même d'accueillir des croyants dans un Front.

    En fait, nous avons l'impression d'assister à un débat où les injures politiques volent haut, mais qui est un FAUX débat.

    Un débat dont LES 2 PARTIES sont les représentants d'une extrême-gauche petite-bourgeoise et (disons le) majoritairement BLANCHE qui n'a pas réellement de ligne de masse en direction des classes populaires issues, à plus ou moins de générations, d'autres continents et en particulier des pays de culture majoritairement musulmane.

    Ils ne les connaissent pas et s'en font donc une image stéréotypée, fantasmée : des personnes n'ayant pas les préoccupations sociales et démocratiques de Monsieur tout-le-monde, forcément CROYANTES, pratiquantes et portant leur religion en étendard, entièrement focalisées sur l'oppression raciste et culturelle qu'elles subissent (qui existe, bien sûr !).

    Ceci amène aux deux conceptions suivantes :

    - "Ces masses populaires sont du "lumpen-prolétariat", conscience politique "zéro", elles "suivront le mouvement" ou pas mais en attendant on s'organise et on mène le travail révolutionnaire de masse sans elles". C'est un peu - désolés pour le camarade ! - la teneur d'un mail que nous avons reçu [ce "camarade" est un réalité un connard fini hantant les forums "staliniens" depuis de nombreuses années, islamophobe revendiqué, partisan de "la victoire de la coalition en Afghanistan" (!!! oui oui, hélas le comm' sous un article de l'ancien site de la JCML 69 n'existe plus...) et globalement sur la ligne du 'p''c''mlm', notamment sur la question du Honduras qu'avait abordée SLP avec lui à l'époque de cet article : de fait il n'a engagé la discussion avec nous que dans l'idée de nous "piéger" (utiliser le premier prétexte pour lancer une cabale contre nous dans ses lieux d'errance internétique habituelle), comme beaucoup d'autres avant lui (site "Futur Rouge" etc.) dans les premiers mois de Servir le Peuple, site dont beaucoup pressentaient sans doute (et à raison !) combien de "chaires" "marxistes" autoproclamées il allait faire tomber].

    - Ou alors : "Il nous les faut dans nos rangs, à n'importe quel prix", mais pour cela on va voir non pas les masses mais les "leaders" (autrement dit les bourgeois) "communautaires" comme interlocuteurs.

    Deux conceptions en apparence radicalement opposées, mais qui partent à la base de la même chose : on l'a dit, une extrême-gauche petite-bourgeoise "blanche" qui ne connaît des masses "musulmanes" que la représentation qu'elle s'en fait.

    Dans le premier cas, on se prive de toute ligne de masse vis à vis d'une portion conséquente des masses populaires et l'on ignore complètement le problème spécifique de la DOUBLE OPPRESSION que subissent les personnes à la fois populaires et "non-européennes" (d'origine), sans parler de la TRIPLE oppression que subissent les femmes.

    Dans le deuxième... eh bien c'est pareil, car on ne s'adresse qu'à des notables. Et on en vient aux PIRES compromis avec des discours obscurantistes et réactionnaires, sexistes, homophobes ou anti-juifs portés par ces bourgeois ou petit-bourgeois, en s'imaginant que c'est la vox populi des "masses musulmanes". Populisme et alliances sans principes... C'est le genre de chose qu'évoquait le camarade dans son mail, notamment au sujet des manifestations pour Gaza.

    Que faire alors ? Pour y répondre, il est important d'insister tout d'abord sur la distinction entre Parti (ligne de classe) et Front (ligne de masse).

    C'est à notre avis (si leur camp est toujours celui de la déviation, et non de la réaction) l'erreur du P"cmlm". Ils confondent les conditions d'adhésion au Parti et les conditions d'adhésion à un Front.

    Le Parti, avant-garde de classe du prolétariat, applique le centralisme démocratique. Il est donc clair qu'une personne croyante aura du mal à s'y plier, puisqu'un pilier du marxisme est que la religion est l'opium du peuple et qu'à terme, avec l'émergence d'une société sans exploitation, elle doit disparaître (pas par décret, mais par la disparition de ses causes matérielles - souffrance, injustice - et l'éducation de masse).

    Le Front, en revanche, applique également le centralisme démocratique mais sur une plateforme beaucoup plus "light", reposant sur des questions de lutte immédiate (antifasciste par exemple). Dans ce cas, nous ne voyons pas pourquoi une personne croyante ne pourrait pas adhérer à une plateforme dégagée par le travail politique de masse, de revendications sociales ET démocratiques comportant évidemment la lutte contre l'oppression raciste, contre le traitement colonial intérieur des masses issues de l'immigration, pour les droits culturels des minorités etc.

    À moins de considérer que ces personnes ne vivent que par et pour leur religion et l'oppression culturelle qu'elles subissent, se foutent d'être exploitées du moment que c'est par un co-originaire ou un co-religionaire... Il y en a, sûrement, mais combien ? Selon nous, une infime minorité.

    Donc, la porte est ouverte. Mais sur la base de la plateforme. Il ne s'agit pas d'en négocier les points, encore moins les points essentiels. Il est clair que l'instauration de "communes islamiques" avec application de la charia ne fera jamais partie de ces points. Tout simplement parce que ce n'est pas une revendication du peuple (en tout cas, une revendication qui ne vient pas de lui) mais de la bourgeoisie "communautaire", qui rêve d'être la "sous-traitante" de l'oppression bourgeoise dans les quartiers.

    Et l'adhésion à la platefrome doit être sincère : pas d'entrisme, qui sera démasqué et éjecté. Cela dit, il faut être dialectique quand on croit à son idéologie : autant les entristes peuvent pervertir le Front, autant le Front dirigé par le Parti peut influencer positivement les entristes. Tout dépend du rapport de force.

    Dans tous les cas, on l'a dit, la plateforme doit résulter de la ligne de masse, du travail d'enquête et de lutte au sein des masses.

    Nous ne savons pas ce qu'il en est du NPA. Si le problème est uniquement que leur plateforme est réformiste petite-bourgeoise, nous ne pouvons pas le leur reprocher : c'est leur classe et ils défendent leur programme de classe. C'est cohérent.

    Ce que nous pourrions leur reprocher (et cela semble ressortir, d'après des témoignages, de la mobilisation pour Gaza dans certaines sections), c'est de mettre en oeuvre la stratégie de George Galloway en Angleterre ou du Parti du Travail de Belgique à Anvers. C'est à dire que la plateforme ne ressorte pas d'un travail politique de masse mais soit négociée avec des "représentants communautaires" autoproclamés, bourgeois ou petit-bourgeois et réactionnaires.

    C'est ce qu'a fait le PTB à Anvers et cela a été un FIASCO : ni leur base ni celle de leurs "alliés" n'a finalement "accroché". Si l'on juge au résultat, qui est quand même le premier juge, c'était une stratégie complètement erronée, car d'alliance sans principes. D'autant plus grave qu'il s'agissait d'un front antifasciste (contre le Vlaams Blok). Un échec dans ce domaine est particulièrement grave.

    Si le NPA met en avant un programme petit-bourgeois, c'est cohérent avec sa nature de classe.

    front popularS'il veut appeler les masses "musulmanes" (musulmanes dans le regard des fascistes), premières cibles de l'offensive fasciste, à se ranger sous le drapeau de la petite-bourgeoisie, c'est cohérent aussi mais nous le combattrons sur une base de classe, car nous considérons que sous le drapeau de la petite-bourgeoisie on ne vient pas à bout du fascisme.

    S'il veut passer des alliances sans principes avec des bourgeois "communautaires", même sur le critère "sélectif" d'être "de gauche sur l'essentiel", nous le combattrons sur le plan idéologique car là, il conduit les masses dans l'impasse - le "communautarisme" bourgeois est l'équivalent du sionisme, réponse erronée au fascisme antisémite.

    Mais d'un point de vue organisationnel (pas du point de vue des masses), c'est son problème : dans 5 ans, il n'existera plus.

    En tout cas, les choses sont claires et il faut le dire clairement : la contre-révolution préventive, le fascisme, n'attendront pas que 40% ou même 20% de la population adhère au marxisme-léninisme-maoïsme et le comprenne comme nous le comprenons.

    La Résistance antifasciste passe donc par un Front de masse, avec des gens qui ne partagent pas notre idéologie.

    Croyant, croyante, tu es le/la bienvenu-e dans ce Front !

     

    "Celui qui croyait au Ciel, et celui qui n'y croyait pas" !

     

     

     


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  • Youssef GIRARD

    Du 10 au 15 février 1927, les communistes européens, dans leur volonté de lutter contre l’impérialisme, organisèrent un Congrès anti-impérialiste à Bruxelles au palais d’Egmont. Ils suivaient en cela la politique de Lénine qui avait appelé à soutenir les « mouvements nationaux révolutionnaires » dans les colonies.

    Le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles réunissait des représentants des différents peuples vivant sous le joug de l’impérialisme occidental. Ce Congrès fut organisé côté français par la Ligue contre l’oppression coloniale qui avait été créée pour soutenir la politique anti-colonialiste de l’Internationale Communiste. Cependant, ce furent surtout des organisations allemandes, comme « l’Arbeitsanschub für die unterdruchen Volker » et la « Liga gegen koloniale unterdruchen », fondées par le Komintern qui fournirent la plus importante contribution à l’organisation de ce congrès.

    Si le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles se voulait celui des peuples colonisés, de nombreuses organisations et personnalités européennes y participèrent. Les partis communistes de France, de Belgique et d’Allemagne y étaient représentés ainsi que des organisations telles que la CGTU, la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen, la fraction minoritaire des Trade-Unions, l’Internationale de l’enseignement et la Ligue internationale des femmes luttant pour la paix. De nombreuses personnalités du monde politique et intellectuel étaient aussi présentes, notamment Albert Einstein, Félicien Challaye, Henri Barbusse et Romain Roland.

    Du coté des peuples colonisés et dépendants, différents mouvements et personnalités politiques avaient effectué le déplacement de Bruxelles. Pour représenter l’Inde, il y avait Nehru, pour l’Indonésie Mohammed Hatta. Pour le Machrek, El Bakri représentait la résistance syrienne aux cotés des délégués Egyptiens et Palestiniens. L’Afrique subsaharienne n’était pas en reste, puisque Lamine Senghor, qui représentait le Sénégal, se trouvait aux côtés du Comité de Défense de la Race Nègre et du délégué des Syndicats d’ouvriers noirs d’Afrique du Sud. L’Amérique du Sud était représentée par les Péruviens Victor Raul Haya de la Torre et Eudocio Ravines, de l’Alianza Popular Revolucionaria Americana (APRA).

    Les délégations les plus en vues furent celles de Chine et d’Indochine. La première regroupait la veuve de Sun Yat Sen, les représentants de l’Armée Rouge revenant des champs de bataille de Manchourie, ceux du Kuomintang et ceux du gouvernement cantonais. L’Indochine était représentée par le Parti Constitutionnaliste Indochinois et son rival le Parti Révolutionnaire d’Indochine, après la scission intervenue au sein de l’Association Mutuelle Indochinoise, ainsi que le Parti Annamite de l’indépendance.

    Le Maghreb était représenté par les trois délégués de l’Etoile Nord Africaine : les Algériens Hadj Ali Abdelkader, Messali Hadj et le Tunisien Chadly Khairallah.

    Le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles marquait l’émergence du « troisième » monde sur la scène internationale et la solidarité effective des peuples des Trois continents contre l’impérialisme occidental. « Pour la première fois dans l’histoire, écrivait Chadly Khairallah, plus de 150 délégués, représentant un milliard d’opprimés courbés sous le joug de l’impérialisme, se sont rencontrés avec les représentants de toutes les organisations d’avant-garde, d’Europe et d’Amérique, et avec tout ce qui reste encore d’hommes de pensée libérale pour les instruire de l’oppression qu’ils subissent, sous divers formes et suivant les pays, par l’odieux régime colonial des pays oppresseurs. Ils ont clamé à la face du monde entier leur douleur, ils ont expliqué leur martyre et affirmé leur volonté de lutte énergique, jusqu’à leur libération totale. Ils ont reçu l’assurance de leurs frères exploités d’Europe que, dans cette lutte, ils peuvent compter sur leur aide morale et matérielle sans aucune réserve » [1].

    Pour ces pionniers de l’union des peuples des Trois continents, la libération nationale ne pouvait pas prendre fin « au moment où l’on hisse le drapeau et l’on joue l’hymne national » mais uniquement lorsque l’ordre impérialiste serait définitivement abattu. Chadly Khairallah poursuivait sa description du Congrès en mettant l’accent sur la volonté commune des représentants des peuples colonisés de lutter contre l’impérialisme : « Toute les délégations coloniales ont présenté des résolutions claires et précises quant au but commun qui est l’indépendance de leurs pays respectifs. A cet égard, toutes les résolutions sont absolument concordantes. Ils ont ajouté à ce but général des revendications immédiates, propres à chaque pays, et suivant les différentes situations particulières de chacun d’eux. Ils se sont groupés avec leurs alliés d’Europe au sein de la Ligue contre l’oppression coloniale et l’impérialisme, et ont pris l’engagement mutuel de livrer la bataille décisive qui libérera les uns et les autres de oppression capitaliste et impérialiste » [2].

    Dans le cadre de cette lutte contre l’oppression impérialiste au Sud et contre l’oppression capitaliste au Nord, Lamine Senghor affirma : « Camarades, les Nègres se sont trop longtemps endormis, mais méfiez-vous ! Celui qui a trop bien dormi et qui s’est réveillé ne se rendormira plus […]. Ceux qui souffrent de l’oppression coloniale là-bas doivent se donner la main, se serrer les coudes avec ceux qui souffrent des méfaits de l’impérialisme métropolitain, porter les mêmes armes et détruire le mal universel qui n’est que l’impérialisme mondial. Camarade, il faut le détruire et le remplacer par l’union des peuples libres. Plus d’esclaves ! » [3].

    Au nom de l’Etoile Nord Africaine, Messali Hadj prononça un discours qui reprenait le programme de l’organisation nationaliste révolutionnaire. Il affirma que les Algériens étaient « réduits à l’état de bagnards » car ils ne possédaient « ni liberté d’association, ni liberté de la presse, ni liberté de réunion, sans lois sociales, sans école ». Il critiqua l’objection selon laquelle on ne pouvait donner « l’indépendance au peuple algérien car selon l’expression de Violette, ce peuple a encore la mentalité du XIe siècle »[4]. Puis, Messali Hadj lut la résolution de l’Etoile Nord Africaine affirmant : « L’impérialisme français s’est installé en Algérie, par la force armée, la menace, les promesses hypocrites. Il s’est emparé des richesses naturelles et de la terre, en expropriant des dizaines de mille de familles qui vivaient sur leur sol du produit de leur travail. Les terres expropriées ont été cédées aux colons européens, à des indigènes agents de l’impérialisme et aux sociétés capitalistes […].C’est au nom de cette soi-disant civilisation que toutes les traditions, les coutumes, toutes les aspirations des populations indigènes sont foulées aux pieds […].A cela s’ajoute l’abêtissement systématique obtenu par l’alcool, l’introduction de nouvelles religions, la fermeture des écoles de langue arabe existant avant la colonisation. Et enfin, pour couronner son œuvre, l’impérialisme enrégimente les indigènes dans son armée en vue de poursuivre la colonisation, pour servir dans les guerres impérialistes et pour réprimer les mouvements révolutionnaires dans les colonies et dans la métropole. C’est contre cette politique coloniale, contre cette oppression que les populations laborieuses d’Afrique du Nord ont mené et mènent encore une action permanente par tous les moyens dont elles disposent, pour atteindre l’objectif qui renferme leurs aspirations de l’heure présente, l’Indépendance Nationale »[5]. Après avoir lu le texte, Messali Hadj demanda au Congrès de faire siennes les revendications inscrites dans le programme de l’Etoile Nord Africaine.

    Décrivant les réactions des congressistes à son discours, Messali Hadj écrivait : « Mes compatriotes syriens, indonésiens, indiens, égyptiens, sénégalais ou tunisiens m’avaient chaudement félicité, de même que d’autres congressistes non arabes et non musulmans. Certains m’ont demandé, les jours suivants, si mon programme politique n’allait pas soulever un grand mécontentement dans les milieux gouvernementaux et provoquer même une répression à travers le pays » [6].

    La résolution de l’ENA combinait des revendications politiques (indépendance, constitution d’une armée nationale), économiques (confiscation des grandes propriétés accaparées par des féodaux alliés des conquérants, les colons et les sociétés financières, et la restitution aux paysans des terres confisquées) sociales (reconnaissance par l’Etat algérien du droit syndical, de coalition et de grève, élaboration de loi sociale) et culturels (enseignement de la langue arabe). Cette résolution eut une grande importance dans l’histoire du nationalisme algérien car elle marquait les premiers jalons idéologiques dans lesquels il devait se mouvoir. Messali Hadj tout au long de sa vie militante garda « un sens aigu de la solidarité des victimes du colonialisme. Il ne modifiera pas le programme de l’E.N.A. qu’il a lui-même exposé » [7].

    Les militants de l’Etoile Nord Africaine avaient pu affirmer leur volonté d’obtenir l’indépendance des trois pays Maghreb sur la scène internationale. Ils partageaient l’idée du Congrès de donner la primauté à la question nationale dans les pays colonisés. Sur le plan international, l’Etoile Nord Africaine s’affirmait comme une organisation anti-impérialiste. Au lendemain du Congrès, Chadly Khairallah écrivait dans l’Ikdam Nord Africain que l’Etoile Nord Africaine devait se placer sur le terrain du nationalisme révolutionnaire. Pour lui, il n’était pas « besoin de s’accrocher à une théorie politique ni de se mettre à la remorque d’un parti quel qu’il soit, pour considérer comme précaire l’occupation étrangère, source de servage, de misère et travailler à l’avènement d’un avenir national et de liberté reconquise »[8]. Par là, il signifiait la volonté des nationalistes maghrébines de refuser la tutelle de tous les « fraternalistes » occidentaux.

    Vingt-huit ans avant la Conférence de Bandung, le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles marquait l’émergence d’une unité des peuples des Trois continents contre l’hégémonie occidentale.

    Youssef Girard

    [1] Kaddahce Mahfoud, Histoire du nationalisme algérien, tome I, 1919-1939, Ed. Paris-Méditerrane, Paris, 2003, page 187

    [2] Ibid.

    [3] Dewitte Philippe, Le mouvement nègre en France, 1919-1939, L’Harmattan, Paris, 1985, page 149

    [4] Kaddahce Mahfoud, Histoire du nationalisme algérien, tome I, 1919-1939, op.cit., page 177

    [5] Kaddahce Mahfoud, Histoire du nationalisme algérien, tome II, 1939-1951, Ed. Paris-Méditerrane, Paris, 2003, page 849.

    [6] Messali Hadj, Les Mémoires de Messali Hadj, 1898-1938, Ed. ANEP, Alger, 2005, page 158

    [7] Harbi Mohammed, Le FLN mirage et réalité, des origines à la prise du pouvoir (1945-1962), Ed. Jeune Afrique, Paris, 1980, page 15

    [8] Stora Benjamin, Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, L’Harmattan, Paris, 1985, page 56

     ********************************************************************

    Les communistes ont toujours soutenu la lutte des peuples contre l'impérialisme, qui est une contradiction fondamentale de notre époque !

    Déjà en 1927, où la ligne de l'Internationale communiste était d'une clarté absolue (qui se perdra par la suite, surtout en France !) et encore aujourd'hui, n'en déplaise. Bien que la plupart des représentants présents à Bruxelles à l'époque (des bourgeois nationaux) se soient ensuite mués en nouvelle bourgeoisie au service de l'impérialisme - le Kuomintang, l'APRA, les nationalistes algériens, Nehru (Inde) ou les constitutionnalistes tunisiens...

    Mao a démontré par la suite, que c'était le destin historique de la bourgeoisie nationale, à moins qu'elle soit placée dans un Front sous la direction du prolétariat urbain et agricole : la Révolution de Nouvelle Démocratie - ou national-démocratique.

    La ligne actuelle des communistes, doit être de soutenir dans tous les cas* la défaite de l'impérialisme quel qu'il soit (US, anglais, français, européen, russe... selon l'endroit où il joue un rôle principal) ; et d'apporter un soutien particulier aux forces luttant pour une révolution de Nouvelle démocratie ou national-démocratique (Parti communiste des Philippines, Parti communiste du Pérou, maoïstes indiens et népalais) ou au moins, un programme authentiquement progressiste (marxistes palestiniens et libanais, sud-américains etc.).

    [Ce qui signifie qu'on ne souhaite pas la victoire de l'impérialisme, ou de ses chiens de garde (Israël, gouvernement Karzaï en Afghanistan etc.) sous prétexte que la résistance ne nous "plaît pas".]

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    Le niveau qu'a atteint la science prolétarienne avec le maoïsme, ou le critère pour être un communiste révolutionnaire, ne sauraient se résumer à la mise en valeur de la lutte de classe jusqu'à la dictature du prolétariat, ou la défense de la dictature du prolétariat.

    À côté de l'acceptation de cela, il est nécessaire d'être conscient des contradictions de classes antagoniques existantes pendant la période socialiste, sous le régime de dictature du prolétariat, d'être conscient de la lutte de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat, de soutenir le fait qu'il y a besoin de continuer la révolution.

    Sinon on ne peut pas être marxiste, ni un léniniste ni un marxiste-léniniste-maoïste.

    Ensemble avec la transformation socialiste et la promotion de la production, les théories de ceux qui nient la restauration ou qui pensent qu'il n'y a qu'une très faible possibilité, ont vu leur erreur avec la pratique de l'Union soviétique, de la Chine et de l'Europe de l'Est. Ceux qui soutiennent ou s'appuient sur Marx pour défendre cela n'ont ou pas compris Marx, ou à cause de leurs emprunts révisionnistes se sont engagés eux-mêmes dans ces altérations.

    Comme cela est connu, Marx a assisté, durant sa propre époque, au développement du socialisme dans les pays capitalistes, en Europe et dans d'autres pays développés. Dans la réalisation de cela, le capitalisme a pu être affronté, grâce au fait que ces pays sont développés, les problèmes de production et de distribution ont pu être suffisamment importants. Ainsi le danger de régression ne disparaît pas complètement mais il serait compliqué.

    Mais la révolution a avancé durant la période impérialiste dans les chaînes les plus faibles, dans les zones relativement arriérées.

    La réalité du capitalisme au stade impérialiste a été la source d'un développement contraire à la prévision de Marx.

    La situation n'amène pas l'erreur de la théorie de Marx, mais résulte de nouveaux développements et de problèmes qui ont été causé par les conditions concrètes.

    Celui qui ne peut pas concevoir les développements dans ces conditions concrètes, qui confond cela avec la période de Marx, et ainsi celui qui utilise la stratégie et les tactiques de la ligne de lutte appropriée à la réalité concrète de la période de Marx, afin de faire face aux impérialistes, celui-là se trompe et est le représentant du passé.

    Pour ceux qui sont coincés dans ce tunnel temporel, même la réalité de la révolution et la gestion du socialisme dans un pays arriéré comme la Russie n'ont pas été suffisant pour modifier leur point de vue. Nous parlerons de cela une autre fois. Nous nous concentrerons ici sur la question de la restauration.

    La formation de la construction du socialisme dans des pays comme la Russie, et non pas dans des pays capitalistes développés, même non pris dans leur ensemble, a agrandi les bases économiques des risques de restauration. C'est un désavantage.

    Mais la question ne peut pas se confiner dans le développement économique. Les tenants des positions clefs de la haute bourgeoisie doivent être mis en rapport avec les dangers de la nouvelle bourgeoisie.

    De ce point de vue, le danger n'a pas eu pas comme source ce que l'on pensait initialement, les classes exploiteuses, mais la nouvelle bourgeoisie apparaissant à l'intérieur du gouvernement et du Parti, et qui a son fondement dans la construction du socialisme.

    Le socialisme n'est pas une société sans classes, sans affrontements et sans contradictions. C'est une période de transition où il y a de durs combats ayant pour cause des contradictions antagoniques. La modification des rapports de production n'était pas en fait la socialisation de la société au nom des ouvriers, mais signifiait le contrôle des propriétaires des moyens de production. La distribution était encore organisée par les principes juridiques bourgeois, cette action était faite "selon le travail". Il était impossible de faire vraiment cesser l'inégalité.

    La transformation de la propriété des moyens de production dans le socialisme était loin de produire une solution aux problèmes des rapports entre les producteurs eux-mêmes, entre les producteurs et les gestionnaires.

    Tous ces problèmes ont été suffisants pour comprendre que dans le socialisme la contradiction bourgeoisie / prolétariat continuerait sur ces bases économiques, malgré la transformation de la propriété. La position de pouvoir du prolétariat est une barricade contre la nouvelle bourgeoisie, mais cela ne signifie pas la fin du risque de relâchement. Même avec le prolétariat au pouvoir dans l’État, le Parti forme un problème. Malgré le fait que ce soient des instruments essentiels pour atteindre le communisme, dans la perspective du communisme ils ont un côté bourgeois en eux. C'est l’État bourgeois sans la bourgeoisie. De ce point de vue, le fait de savoir qui contrôle l’État et le Parti, comment le pouvoir a été pris, et la ligne politico-idéologique, sont des questions majeures.

    Si une ligne n'amène pas une société au communisme, si elle n'amène pas à avoir la capacité à résoudre les contradictions existantes en faveur des travailleurs, si elle ne minimise pas le besoin de l’État et du Parti afin que les travailleurs deviennent les maîtres, et si elle n'est pas capable de distribuer le pouvoir dans la société sur la route vers le communisme, alors il y a un problème. Être au pouvoir est un instrument pour mobiliser les masses travailleuses vers le communisme.

    Ici l'importance de la question de la "révolution socialiste" devient plus apparente. Le pouvoir prolétaire n'est pas le monopole du Parti, celui-ci est la force guidant par la gestion de la direction du Parti, et c'est le soutien de ce pouvoir par les masses travailleuses. Les travailleurs ne peuvent pas être privés du contrôle de la société, du droit à se révolter contre l'injustice, quel qu'en soit le prétexte ; ils ne peuvent pas être privés de leur droit à la continuation de la révolution.

    Le camarade Kaypakkaya, qui était armé par ces leçons, était un grand maoïste… Il a affirmé le fait que dans le socialisme, en plus de la nouvelle bourgeoisie, les anciennes forces exploiteuses continueront d'exister, et qu'il n'est pas possible de s'en débarrasser librement, comme il le dit :

    "Après la réalisation de la dictature du prolétariat, et même après la transformation collective complète des instruments de production, elles conserveront leur existence idéologico-culturelle. C'est la raison pour laquelle même sous la dictature du prolétariat il faut continuer la révolution".

    Il est faux d'affirmer qu'après la transformation socialiste des moyens de production, où il n'y a plus de propriétaires d'usines, "il n'y a plus de bourgeoisie".


    Kaypakkaya est l'arme du maoïsme en Turquie

    Kaypakkaya est une nouvelle étape qualitative dans l'histoire de la révolution en Turquie. Le mouvement communiste en Turquie a émergé comme un résultat de la Révolution d'Octobre. Avec la conférence tenue le 10 septembre 1920 à Bakou, le TKP (Parti communiste de Turquie) a été fondé sous la direction de Mustapha Suphi.

    Malgré le qualificatif de communiste, le TKP avait d'importants défauts. Le côté bourgeois féodal bureaucratique turc du kémalisme n'était pas vu.

    [Lire : http://ekladata.com/Kaypakkaya-sur-la-nature-du-kemalisme.pdf].

    Cette erreur a amené le TKP à des problèmes et des faiblesses concernant les problèmes et les devoirs de la révolution. Ainsi, concernant les questions des peuples et minorités opprimés, un programme stable n'avait pas été établi.

    Malgré le très important aspect qu'ont été les limites des conditions de cette période, l'inexpérience du mouvement, il n'était pas justifié de ne pas critiquer les erreurs et de ne pas se séparer de ces problèmes. Ce sont justement ces erreurs qui ont coûté si cher au Parti communiste de Turquie. C'est par traîtrise que Mustapha Suphi et ses camarades ont été massacrés sur la Mer Noire par les contre-révolutionnaires kémalistes.

    Après Mustapha Suphi, Sefik Husnu et son groupe ont assumé la direction du TKP. Malgré toutes ces expériences, au lieu d'apprendre de ces erreurs, le TKP fut transformé en une base du réformisme, du révisionnisme et du social-chauvinisme. Conduit par la clique de Yakup Demi et Ismail Bilen, le TKP devint la marionnette du social-impérialisme russe. Dans l'histoire révolutionnaire turque, dans la période de 50 années après Mustapha Suphi et jusque les années 1970, ce sont la collaboration de classe, le réformisme, le chauvinisme et les suivistes de la bourgeoisie qui prédominent. Dans les années 1970, les actions révolutionnaires de rébellion du THKO [Armée Populaire de Libération de la Turquie] et du THKP [Parti et Armée de la libération du peuple de Turquie] défièrent le pacifisme.

    Mais ces rébellions révolutionnaires n'étaient idéologiquement et politiquement pas sur une ligne communiste. La lutte contre le révisionnisme moderne et la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne sous la direction de Mao Zedong ont influencé tous les mouvement révolutionnaires, y compris le THKO et le THKP/C.

    Mais ceux-ci n'ont pas pu assimiler et intégrer la ligne de cette lutte. Ils n'ont pas pu se séparer radicalement du révisionnisme moderne, ils ont diffusé une position de simple bienveillance. Ils n'ont ainsi pas pu exprimer une séparation fondamentale par rapport aux anciennes erreurs dans toutes les questions de la révolution. Ils n'ont pas pu se séparer du kémalisme qui est l'idéologie officielle du système. L’État bourgeois, les théories militaires qui n'avaient pas disparu, l'optimisme par rapport aux militaires turcs, amenaient des tendances putschistes. La ligne erronée quant à l'essence de la Révolution démocratique et de ses devoirs, de ses alliés et de ses objectifs etc., n'avait pas été dépassée. On en restait au cadre de Castro et Guevara.

    Quant au TIIKP qui prétendait défendre le maoïsme, il était sur une ligne réformiste de droite. Le camarade Kaypakkaya a combattu idéologiquement sans pitié contre cette ligne réformiste de droite du TIIKP. Cette lutte a atteint une nouvelle étape en février 1972 avec les décisions du DABK [Comité territorial d'Anatolie orientale]. Dans la lutte idéologique contre le quartier général, qui persistait de manière incorrigible dans le révisionnisme et l'opportunisme, une nouvelle période commença. Dans la lutte contre le révisionnisme du TIIKP fut fondé en avril 1972 le TKP(ML) [Parti communiste de Turquie (Marxiste-Léniniste)] sous la direction du camarade Ibrahim Kaypakkaya, en tant que produit de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

    Le prolétariat mondial a gagné une importante position avec la fondation et le développement du TKP(ML) sur des principes marxistes-léninistes-maoïstes en Turquie et dans le Kurdistan turc.

    Nos peuples de différentes nationalités et le prolétariat ont formé une avant-garde marxiste-léniniste-maoïste. La fondation du TKP(ML) a été un nouveau saut qualitatif. Les vrais héritiers du marxisme-léninisme-maoïsme étaient en scène. Les lignes chauvines, révisionnistes, réformistes et tous les types de lignes bourgeoises étaient brisées. En lieu et place du gauchisme dû au fait qu'ils n'étaient pas arrivés à se séparer du kémalisme et du système bourgeois-féodal, un lutte partant d'un programme fort et liée aux problèmes de notre révolution était initiée, coûtant en pratique de nombreuses vies.


    La Révolution de Nouvelle Démocratie

    La grande Révolution d'Octobre a ouvert la période de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne. Au cours de ce siècle, la lutte pour la Révolution de Nouvelle Démocratie, qui est contre l'impérialisme et ses laquais dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, devint un élément de la révolution prolétarienne mondiale, contrairement aux anciennes révolutions démocratiques bourgeoises.

    Le camarade Mao Zedong a enrichi la science du prolétariat en ce domaine avec des contributions qualitatives. Il a personnellement guidé cela, et avec les expériences acquises durant la Révolution démocratique chinoise, il a amené la théorie à une nouvelle étape.

    Le camarade Kaypakkaya a compris les leçons du camarade Mao sur la révolution démocratique populaire et le pouvoir populaire démocratique, et les a adaptées aux conditions concrètes de notre pays. Il a analysé la Turquie comme un pays semi-colonial semi-féodal lié à l'impérialisme.

    Partant de la réalité qui est que l'impérialisme, le capitalisme bureaucratique et le féodalisme sont les plus grands obstacles pour notre révolution, la révolution sera non pas socialiste prolétarienne mais de nouvelle démocratie.

    Les tâches à résoudre sont principalement d'essence anti-féodale et anti-impérialiste.

    Le camarade Kaypakkaya a tiré cette conclusion, incontournable vu les conditions du prolétariat révolutionnaire dans notre pays, des programmes maximums de la Révolution de Nouvelle Démocratie et du Pouvoir populaire démocratique, dans la perspective de faire la place pour une révolution socialiste, et dans le sens d'une lutte persistante pour la transition du socialisme au communisme.

    Cela est dû au fait qu'il a tiré cela du point de vue de la plus grande expérience de la révolution prolétarienne mondiale, que cette ligne est opposé en tous points et en tous sens au démocratisme bourgeois, au crétinisme parlementaire bourgeois et aux élections bourgeoises.

    Le camarade Kaypakkaya a exprimé le fait que la contradiction entre le féodalisme et les larges masses est la contradiction principale, parce que cette contradiction joue un rôle déterminant sur les autres contradictions qui sont celles entre le prolétariat et la bourgeoisie, l'impérialisme et les peuples dominés. Avec les profonds changements qui peuvent se développer dans de telles conditions (par exemple durant une occupation impérialiste), il a expliqué que la contradiction principale pouvait changer, mais que pour la Turquie semi-coloniale semi-féodale liée à l'impérialisme, la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie deviendra plus claire, qu'une solution se développerait au fur et à mesure, par la pratique. Cela pourra être rendu possible par la résolution de la contradiction entre le féodalisme et les masses populaires.

    Il a également exprimé le fait que les conditions pour le socialisme seraient rendues possibles par l'élimination des restes du Moyen-Âge. Il a mentionné le fait qu'une solution à la contradiction entre le féodalisme et les masses jouerait un rôle décisif dans l'élimination de l'impérialisme et de ses partisans dans notre pays.

    Il a également affirmé le fait que la révolution démocratique populaire, qui est une révolution agraire par essence, montre que notre lutte est également anti-fasciste. Car le fascisme est en Turquie la forme du pouvoir des laquais des impérialistes, de la bourgeoisie bureaucratique et des propriétaires terriens. Les conditions économiques, sociales, politiques et historiques en Turquie ont rendu obligatoire le recours au fascisme par le pouvoir bourgeois bureaucratique.

    Briser le fascisme, gagner la démocratie est possible par une Révolution de Nouvelle Démocratie.

    La lutte anti-impérialiste, anti-féodale, est de ce point de vue en même temps une lutte anti-fasciste. La réalité de la Turquie a prouvé cela, et ceux qui espèrent en la démocratie sans révolution souffrent de sérieuses désillusions.

    Comment est-il possible de gagner la démocratie et l'indépendance si la question de base de la prise du pouvoir est omise ? Ceux qui n'ont pas pu comprendre la théorie marxiste-léniniste-maoïste de la révolution ininterrompue, se poursuivant graduellement, ont accusé le camarade Kaypakkaya de "révolutionnarisme paysan". Les trotskystes qui défendent "un seul type de révolution" nient la réalité des deux composantes de la révolution prolétarienne mondiale qui sont : dans les pays impérialistes la révolution socialiste, dans les pays opprimés la révolution démocratique.

    Ces trotskystes n'ont également pas pu comprendre la Révolution démocratique chinoise, à laquelle ils se sont opposés par le passé. Les trotskystes, qui nient le rôle fondamental de la paysannerie dans la révolution dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, se sont opposés à la ligne de l'établissement de la paysannerie pauvre et sans terres comme chefs en Chine, où des millions parmi elle ont été mobilisé dans le mouvement paysan. Cette négation s'exprime elle-même dans les cris comme "la direction du prolétariat a été niée". Tandis que la question n'était pas de savoir qui dirigerait la révolution, mais bien plutôt de savoir quelle force dans la paysannerie serait prise comme base.

    Tous les opportunistes, qui embrassent ces idées puisant leurs racines dans le trotskysme sont loin de comprendre la qualité des révolutions dans les pays coloniaux et semi-coloniaux. En fait c'était une attaque non simplement contre la Révolution chinoise mais contre le prolétariat révolutionnaire mondial. Une des allégations de ceux qui tentent de calomnier ou d'atteindre la réputation du maoïsme avec de fausses accusations, telles que "la doctrine de la Révolution maoïste de Nouvelle Démocratie ne va pas plus loin que le démocratisme bourgeois et exclut le socialisme".

    Mao a détruit cet énorme mensonge le jour suivant la victoire de la révolution démocratique. Le 5 mars 1949 il affirme que "l'objectif est le communisme". Mao s'oppose à ceux qui, comme Liu Sio Si, nient la transition au socialisme et les sauts vers le communisme avec des slogans comme "consolidation de l’État de Nouvelle Démocratie", "renforcement de l'économie de Nouvelle Démocratie" etc.

    Il dit que la principale contradiction qui existe est entre la bourgeoisie et le prolétariat, et il ordonne l'initiation immédiate de la révolution socialiste.


    Le Parti communiste, l'Armée populaire, le Front uni

    Le camarade Kaypakkaya nous dit que :

    "De nos jours la tâche principale des révolutionnaires communistes en Turquie consiste en la création des trois armes du peuple (…). Un Parti communiste armé d'une discipline d'acier, purifié du subjectivisme, du révisionnisme et du dogmatisme, uni avec le peuple, unifiant la théorie et la pratique, utilisant les méthodes de l'autocritique ; les Forces armées populaires sous la direction d'un tel Parti ; et un Front uni du peuple encore une fois sous la direction d'un tel Parti".

    En absence de cela, ce serait seulement un rêve que d'amener la révolution démocratique à la victoire. Dans la révolution l'hégémonie du prolétariat n'a de signification qu'avec le rôle du Parti. Ceux qui de manière opportuniste rejettent le rôle d'avant-garde du Parti, l'Armée populaire, la Guerre populaire, sous la direction du prolétariat, l'alliance fondamentale entre les ouvriers et les paysans et nient la direction du Parti, ceux qui tentent de faire dégénérer cela, à ceux-là il faut s'opposer.

    Car le Parti marxiste-léniniste-maoïste a une importance capitale dans la lutte pour changer le monde. La révolution prolétarienne ne peut pas être séparée du Parti prolétaire. La formation du caractère collectif de la conscience des éléments les plus avancés du prolétariat, la mobilisation des masses sur des bases justes, avancer vers le communisme, ne sont pas possibles sans un Parti communiste d'avant-garde comme instrument de la lutte pour la révolution, le socialisme, le communisme.

    Lorsque nous faisons remarquer l'importance essentielle du Parti maoïste, nous ne pouvons pas le mettre sur le même plan que les classes de travailleurs. Le Parti trouve son sens dans la mesure où il est leur instrument. Un Parti qui rompt avec les intérêts du prolétariat, avec la révolution, ne peut pas être le guide du prolétariat. De ce point de vue, il n'est pas possible de voir comme tabou le fait de "toucher" au Parti. Contre les erreurs, les injustices, il y a naturellement une opposition. C'est un droit comme un devoir.

    La direction ne peut pas être vue comme supérieure aux autres ; la direction est la capacité à être l'instrument qui amène à la révolution, elle doit être au service des masses et transformer celles-ci en direction. Ceci ne se fait jamais malgré les masses ; la direction doit satisfaire l'attraction des masses dans la lutte politique.

    Le Parti maoïste est une condition pour la révolution. Le TKP(ML) est un Parti maoïste. Se mettre à distance d'un Parti maoïste c'est se mettre à distance de la révolution. Le TKP(ML) qui est armé de la conscience maoïste est conscient que le Parti n'est pas une unité simple mais qu'il se divise continuellement en deux. Il a compris que la lutte entre la vérité et l'erreur continue partout.

    Le caractère authentique de cette lutte que nous appelons lutte entre deux lignes, dans les sociétés de classe, implique la lutte de classe. Il n'y a pas de substance qui ne permette pas à deux choses de devenir une, et d'une, deux. Le Parti n'est pas exempté de cette contradiction qui forme l'essence de la dialectique. En tant que produit d'une société de classe, changeant de niveau et même s'il y a quelques changements, ceci est présent continuellement ; celui qui parle de "ligne complète d'une plate-forme" ou de "déviation" n'a pas compris le maoïsme.

    Il y a des ajustements à faire au niveau de la ligne. Mais cela signifie comprendre les différentes vues en-dehors de la ligne, même si elles ne sont pas au niveau d'une plate-forme systématique.

    La paysannerie est par exemple composée de différents pôles : les paysanneries riche, moyenne, pauvre, sans terre. Donc le centre de l'alliance avec les masses paysannes en général doit être le semi-prolétariat sans terre ou la paysannerie ayant peu de terres. La petite-bourgeoisie et l'aile gauche de la bourgeoisie nationale sont les autres composants du Front uni.

    Le Front uni populaire signifie l'unification sous la direction du prolétariat de ces forces alliées, comme l'alliance fondamentale des paysans et des ouvriers. Il est évident que cela ne peut pas être réalisé selon une ligne droite.

    Cela est dû aux relations proches du prolétariat et du front, étudiées par le camarade Kaypakkaya pour le front dans la perspective de fondation des organes du pouvoir politique. Cette logique est correcte. Est-il possible d'unifier les autres forces révolutionnaires sous la bannière du prolétariat, sans devenir d'abord une alternative, une force ? C'est possible si la bannière du prolétariat est abandonnée et si l'on suit la bourgeoisie. Le prolétariat ne peut pas accepter cela. La direction lui revient non seulement par les devoirs de l'alliance entre ouvriers et paysans ou encore de la révolution démocratique, mais également afin de mobiliser les masses dans la perspective du socialisme et du communisme. Cela nécessite le rejet absolu des lignes suivant la bourgeoisie.


    La Guerre populaire

    Dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, la voie de la victoire est, pour la Révolution de Nouvelle Démocratie, la Guerre populaire.

    Une des caractéristiques de ces pays est le développement instable des structures économico-politico-sociales. La situation cause un développement instable de la guerre révolutionnaire, au lieu d'une ligne droite. Une autre caractéristique est la faiblesse relative du capitalisme, la présence du féodalisme, à cause des contenus sociaux la question nationale, et d'autres problèmes paysans.

    Une autre essence de la Guerre populaire est le rôle que la paysannerie va jouer dans notre révolution, sous la direction du prolétariat. La Guerre populaire ne peut pas être expliquée simplement par des raisons comme "le féodalisme prédomine" ou "la majorité de la population consiste en des paysans". L'aspect le plus important est la dépendance vis-à-vis de l'impérialisme. Cette situation amène le contrôle relativement facile des villes par les impérialistes et leurs laquais, et la campagne devient leur point faible. À cause de ces rapports complexes, la révolution est plus avantagée à la campagne.

    La Guerre populaire ne consiste pas simplement en une ligne militaire. La Guerre populaire est avant tout la ligne stratégique et politique de la Révolution de Nouvelle Démocratie. La Guerre populaire établit les conditions pour l'établissement de la direction du prolétariat avec le Parti communiste comme instrument. C'est un point important de distinction avec les lignes aventuristes. Les bases et les organes du pouvoir politique sont les composantes de base de la Guerre populaire. La guerre de guérilla paysanne est l'instrument pour les créer. La guerre de guérilla est la forme actuelle de la première étape de la Guerre populaire, durant la phase de défense stratégique.

    Cela ne signifie pas que durant les étapes de l'équilibre stratégique et de l'offensive stratégique, la guérilla ne joue pas un rôle.

    La Guerre populaire a également une importance stratégique. L'importance stratégique extrême de l'Armée populaire de guérilla est directement reliée à ces vérités. L'importance de la compréhension de ces questions par le camarade Kaypakkaya a été prouvée par les pratiques sociales dans notre pays.

    C'est la seule voie pour battre l'ennemi, pour accomplir les tâches de la Révolution de Nouvelle Démocratie. Les expériences du mouvement national kurde, la réalité de la guerre de guérilla des paysans, sous la direction des organes politiques du TKP(ML), les Guerres populaires au Pérou et aux Philippines, montrent que la Guerre populaire ce n'est pas se battre pour se battre, mais c'est la voie pour mener à bien les tâches de la révolution selon la ligne marxiste-léniniste-maoïste.

    Notre tâche centrale aujourd'hui est la guerre de guérilla paysanne, afin d'établir les organes du pouvoir politique ; c'est l'instrument qui permettra de mettre en œuvre notre ligne politico-idéologique marxiste-léniniste-maoïste. C'est la plus haute forme de la politique. Le camarade Kaypakkaya en avait une compréhension très claire, celle des rapports entre le Parti et l'Armée, entre la politique et les armes. Il a souligné le principe selon lequel le Parti guide l'Armée et la politique les armes, et que cela ne saurait être modifié.

    Il dit ainsi :

    "Le point de vue seulement militaire est défendu par ceux qui assument de se battre pour l'idée de se battre. Nous voulons lutter, nous battre afin de remplir les tâches politiques de la révolution. Nous défendons la lutte armée afin d'arriver au Pouvoir populaire par la destruction pas à pas des autorités locales et centrales. Cela nous pouvons le faire dans les campagnes, par l'Armée populaire sous direction du Parti".

    Les conditions dans notre pays nous ont forcé à la lutte armée comme forme principale de lutte, afin de pouvoir remplir les tâches de la révolution. Ceux qui persistent à refuser de comprendre les conditions historiques, sociales, politiques et culturelles nuisent à la révolution. Le camarade Kaypakkaya représente la ligne maoïste. Il a amené d'importantes ruptures, quant à la compréhension de l'engagement en politique, avec les suivistes et les prétendus intellectuels, avec le cadre de l'économisme et du foucaultisme [le structuralisme]. Il a fait assumer la politique "des masses aux masses", qui est la composante de base de la ligne révolutionnaire de masse. Il a montré de manière excellente dans sa théorie comme dans sa pratique que c'est une question de confiance vis-à-vis du Parti comme des masses.

    Il a défendu les droits du peuple sur des bases scientifiques pour la révolution et le communisme. Le camarade Kaypakkaya n'a pas défini les masses comme un tout unique. Il a signalé qu'il y avait des séparations, en termes de masses avancées, intermédiaires et arriérées. Cela signifie dans la lutte politique s'appuyer sur les masses avancées, faire avancer les intermédiaires et au moins neutraliser celles en arrière. Dans la stabilisation politique, le groupe avancé doit être compris comme la base. Si cela n'est pas le cas, cela revient à une avant-garde fixée sur les masses moyennes et arriérées.


    La question nationale

    Pour la première fois dans l'histoire révolutionnaire turque, Kaypakkaya représente la théorie avancée qui amène les solutions justes à la question nationale kurde, comme aux autres questions. Il s'est opposé à l'oppression nationale imposée au Peuple kurde et aux autres minorités par les classes dominantes turques, comme la bannière du véritable ennemi du prolétariat révolutionnaire.

    Il a défendu de manière inconditionnelle le droit de la Nation kurde à établir son propre État. Il a démasqué la vraie nature de cela et le chauvinisme qui s'oppose à ce droit. Il a défendu la composante démocratique du mouvement national de la nation kurde qui est opposée à l'oppression nationale. Il a démasqué l'idéologie kémaliste des chauvins turcs.

    Kaypakkaya était analytique et scientifique. Il était un maoïste au sens vrai du terme. Il est allé au-delà des erreurs du passé du Komintern [Troisième Internationale] concernant le mouvement national kurde et le kémalisme. Le chauvinisme turc qui applaudissait l'oppression fasciste et barbare des fascistes kémalistes a été montré pour la première fois de manière effective par la ligne politico-idéologique que représentait Kaypakkaya.

    Tout en défendant le côté démocratique du mouvement national, il a révélé les intentions des chefs de ce mouvement, la bourgeoisie kurde et les propriétaires terriens, qui consistent à imposer leur autorité pour utiliser le Peuple kurde comme un instrument pour leurs buts.

    Il a aussi appelé les travailleurs à s'unir sous la bannière du prolétariat. Il a levé le drapeau de la révolution mondiale contre les classes dominantes turques, qui sous le mot d'ordre d'"Unité nationale, patrie et indivisibilité nationale" utilisent des méthodes barbares pour garder la Nation kurde dans les frontières turques.

    Il a fait cela selon le principe : "droits égaux pour tous les peuples, auto-détermination pour tous les peuples et unité des travailleurs et des peuples opprimés de toutes les nationalités".

    La ligne de la voie de la liberté, c'est celle-là. La seule force capable de balayer l'oppression de classe, nationale, religieuse, de langue, de genre, de la face de la terre, c'est le prolétariat révolutionnaire.

    La véritable arme contre toutes les sortes de réactionnaires est le marxisme-léninisme-maoïsme.


    Les conditions sont bonnes

    Les conditions objectives pour la révolution sont bonnes. Les dominants turcs sont dans une crise économique et politique sérieuse. Les résultats de la crise économique sont 60 milliards de dollars de dettes, une dévaluation toujours croissante.

    La banqueroute de la guerre totale menée par les dominants contre la Nation kurde et toutes les différentes nationalités de notre peuple a aggravé la crise économique. Les ordres du FMI pour privatiser font encore plus peser la balance. Même les dominants appellent au secours et disent eux-mêmes qu'ils sont "finis".

    Ils n'ont pas de remède. Le système est également défait politiquement. Toutes les politiques ont fait banqueroute. Ils ne savent plus où aller. Est-ce qu'il y a quelque chose qu'ils n'ont pas essayé ? Maintenant ils parlent de campagnes. Alors qu'en fait le général en chef du staff est déjà en place [le MGK est le Conseil de Sûreté de l’État décidant de tout et contrôlé par une majorité de militaires]. Les contradictions et les clash entre les dominants ont approfondi celles des partis du système. Le système avec toutes ses organisations fait face à la banqueroute.

    C'est la raison de leur sauvagerie, de leur férocité. L'armée en laquelle ils croient décade. Les désertions augmentent, recruter des soldats devient un problème. Leurs attaques féroces augmentent leur dépression. La crise économique et politique va de pair avec une situation de soulèvement révolutionnaire. Il est très clair que c'est ce qu'il y a à faire. Persévérer dans la Guerre populaire. Rejeter les solutions alternatives, comme il est vulgairement dit, "alerter les masses contre la nouvelle république" et les "projets réformistes". Une libération sans les organes du pouvoir politique, et sans la guerre de guérilla comme tâche centrale pour cela, est une illusion. La construction d'une nouvelle société, gagner le pouvoir politique pour la révolution mondiale, cela ne peut pas être repoussé. Détruire ce système décadent pièce par pièce est non seulement possible mais nécessaire.

    Les impérialistes tentent de cacher le vieux avec le "Nouvel ordre mondial", leurs réflexions de "monde en paix". Mais dans ce système, c'est la confusion qui est la plus apparente. Contrairement à leurs mensonges quant à la stabilisation, les contradictions principales se sont approfondies. La tempête révolutionnaire dans les colonies et les semi-colonies continue. Les sociaux-impérialistes de Russie et leurs alliés ont abandonné la compétition avec les USA et l'OTAN. Les contre-révolutionnaires mondiaux ont tenté de donner l'impression que "le communisme est mort". Ils ont bien plutôt peur des luttes du prolétariat mondial et des luttes populaires. Les interventions impérialistes dans le monde ont atteint leurs points de blocage au Pérou, aux Philippines et en Turquie. Les soi-disantes alternatives tentent de dépasser les impasses en Palestine, au Moyen-Orient, au Caucase, et en Yougoslavie, cela est clair. La "stabilisation" et le "Nouvel ordre mondial" ont amené un plus grand chaos. La compétition impérialiste s'approfondit également.

    De fait, la révolution est la tendance principale.

    La contradiction principale est toujours celle entre l'impérialisme mondial et les peuples opprimés. Comme Mao l'a affirmé, "le chemin est sinueux, mais l'avenir est lumineux". Encore une fois les avancées de la Guerre populaire ont montré que le plus fort n'est pas celui avec le plus d'armes et de bombes, mais le peuple.

    Les forces militaires, ayant apparemment de plus en plus peur, peuvent être défaites et l'ont d'ailleurs déjà été par la grande force du peuple guidée par le Parti communiste ; tant que le maoïsme est compris, tant que la Guerre populaire est menée à partir d'une position correcte. Ceux qui ont des idées arriérées et qui regardent cela simplement du point de vue de la technologie ou des armes n'apprennent pas à se rebeller pour la révolution. Malgré le soutien initial des USA, aidés par les autres impérialistes et les Nations Unies, à l’État fasciste, le TKP(ML) avec son soulèvement n'est pas à ignorer, toute proportion gardée eu égard aux honorables résultats de la Guerre populaire au Pérou sous la direction du Parti communiste du Pérou.

    La tâche est de rejoindre la lutte, et de l'appuyer.


    En avant sur la ligne de Kaypakkaya avec le maoïsme !


    Vive le marxisme-léninisme-maoïsme !


    Le chef communiste Kaypakkaya vit !


    La ligne de Gonzalo vit et se bat !


    (NDLR : le document date probablement de la première moitié des années 1990)

    Pour en savoir plus sur TKP(ML) : ici



    TKP(ML) : On ne peut pas être communiste sans défendre le maoïsme


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