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Réactions à la mort de Rémi Fraisse : un florilège de propos bien révélateurs de qui est qui...
Pour l'inénarrable Mélenchon, qui avait déjà traité en 2012 les émeutiers d'Amiens de "crétins" et de "larbins du capitalisme", les militants les plus combattifs du Testet sont des "clochards avinés" très certainement "infiltrés par l'extrême-droite" (il faut dire à sa "décharge" qu'il a reçu là-bas - la veille du drame - un accueil quelque peu mouvementé, dans la lignée de celui fait à Mitterrand au Larzac en 1974...) :Bref : le bon vieux et grand classique révisio-réformard de "faire la distinction" entre les "bons" manifestants - légalistes - et les "mauvais", les "extrémistes" et les "casseurs" qui "nuisent à l'image" et sont d'ailleurs "à tous les coups" des "flics" ou des "fachos" déguisés... Mélenchon a peut-être un certain nombre de qualités, mais certainement pas celle de l'imagination ! (en revanche on peut peut-être lui accorder celle de la célérité : devant le tollé d'indignation soulevé par ses propos, la publication a très vite été supprimée... mais malheureusement pas assez vite pour empêcher une capture d'écran ).
Pour Xavier Beulin de la FNSEA, représentant de la bourgeoisie rurale agro-productiviste (jeter un œil ici au CV du personnage) qui soutient à fond le projet, on a affaire à des "djihadistes verts" :
La FNSEA dénonce les "djihadistes verts" du barrage de Sivens
On voit bien là comment, dans la tête du Capital bleu-blanc-rouge, tous les "ennemis intérieurs" se connectent et se confondent. Le zigue a par ailleurs prétendu que le projet n'était pas du tout au service de l'agriculture industrielle et productiviste mais d'une "centaine d'agriculteurs (qui) veulent garder des fermes petites et moyennes pour y faire des productions à valeur ajoutée. (...) pour cela, ils ont besoin d'eau et donc d'un soutien pendant la période d'étiage avec de l'eau qui peut servir à l'agriculture mais aussi à d'autres usages". Une affirmation que viennent pourtant démentir de nombreux témoignages de petits agriculteurs locaux.
La FNSEA est historiquement liée à l'aile droite de la République bourgeoise et, globalement, les réactions dans cette famille politique (élus et autres dirigeants, "éditocrates" et "plateaucrates" télévisuels) sont du même acabit, qu'il s'agisse des députés UMP Christian Jacob et Éric Ciotti au Palais Bourbon, de Jean-Sébastien Ferjou (du site Atlantico, plutôt "ultra-libéral") sur i>Télé ou d'Éric Brunet (qui fait rarement mystère de ses opinions) sur BFM TV : "c'est un drame horrible" certes, mais "il faut voir la violence des ZADistes, ces radicaux, ces fanatiques" etc. etc. (on attend encore les propos de Zemmour, qui s'exprimera certainement dans "Ça se dispute" demain soir).
Le gouvernement PS est globalement sur la même ligne de défense, face notamment à ses anciens alliés Verts (qui s'approprient Rémi sans vraiment savoir s'il était militant ou sympathisant de leur parti mais bon). Lorsqu'en 1970 à Milan le militant Saverio Saltarelli avait été tué dans des circonstances très similaires (tir de grenade), "Restivo (Ministre de l'Intérieur démocrate-chrétien) et Berlinguer (premier secrétaire du Parti "communiste") s'étaient enflammés, disant que les 'extrémistes' seraient poursuivis" comme le chantait Pino Masi. N'a-t-on pas incroyablement l'impression d'observer le même tableau, aujourd'hui en "France", avec la mort de Rémi Fraisse ?
Et pour rester dans la "même famille politique" (dit avec ironie mais à peine...), en tout cas dans la même IDÉOLOGIE FRANÇAISE, les pseudo-"maoïstes" des "matérialistes.com" ont d'abord publié un article paraissant plutôt de soutien et disant des choses assez juste sur la logique capitaliste (agro-productiviste) qui sous-tend le barrage et l’État policier à son service, tout en évitant soigneusement d'aller sur nos thèses (que toute cette affaire ne fait que confirmer)... Mais ils sont ensuite passés - dans leur éditorial du 28 octobre - sur une explication absconse, incompréhensible d'où ils veulent en venir ("La mort de Rémi Fraisse a ainsi été « administrative » : la gendarmerie n'a fait qu'agir en militaire et il n'y a par conséquent aucun esprit de remise en cause. On est dans une logique d'administration par en haut, par ailleurs acceptée de manière populaire"...) avant de comparer carrément les démarches de type ZAD (Notre-Dame-des-Landes, Tarnac etc.) à... l'école pétainiste d'Uriage (école censée former les cadres économiques de la "Révolution nationale" et qui en réalité, passée à la "France libre" en 1942 et - du coup - fermée par la Milice de Darnand début 1943, fournira surtout son "excellence" à la République bourgeoise des Trente Glorieuses...).
Voili voilou... Nous pensons, sans nul besoin d'exhaustivité, avoir fait le tour. Car toutes ces réactions à la tragédie, comme l'expliquait très justement le 'p''c''mlm' dans son (court) moment de lucidité du 28 octobre, ne sont que le reflet d'une seule et même chose : une idéologie "républicaine" francouille au service d'un Capital (grand ou même plus petit, comme c'est le cas à Sivens) dont la logique même repose sur l'appropriation des territoires (avec leurs ressources) et des populations pour les transformer en forces productives et en force de travail créatrice de plus-value... Et qui ne peut tolérer aucune contestation de cela - le refus d'"entendre" la contestation amenant la radicalisation d'éléments, qui amène elle-même plus de répression et plus de radicalisation etc. etc. ; non pas parce que le Capital et ses "pouvoirs publics" "pourraient dialoguer" mais "refusent" (comme des "gosses capricieux") de le faire, mais parce qu'il est dans leur nature même, parce qu'il est EXISTENTIEL pour eux de "ne pas reculer" sur ce type de dossiers. Quelles que soient les limites de leurs conceptions politiques, les mouvements ZADistes (qui affirment en substance l'environnement comme bien commun à préserver et non comme pure marchandise ou matière première) font partie, comme les mouvements squatteurs qui rejettent la logique propriétariste-rentabiliste dans le domaine du logement, les "indigènes"/colonisé-e-s intérieur-e-s qui posent la question de la colonisation d'hier, du néocolonialisme d'aujourd'hui ("secret de l'impuissance" du prolétariat hexagonal) et de leurs traductions dans l'ordre social "métropolitain", les Peuples niés qui posent la question des conditions mêmes de la construction de l’État/appareil du Capital et bien sûr le mouvement ouvrier organisé combattif et les communistes révolutionnaires, de ces forces dont l'émergence même dans le "débat public" n'est pas tolérable pour le système capitaliste "français".
Y compris, dans ce même système qui est leur râtelier, pour des petits bourgeois soi-disant "maoïstes" : certes la "biosphère" est leur marotte, mais le système "France" est aussi (pour eux) un "fabuleux héritage de culture et de civilisation" (leur manière de dire "râtelier") et entre les deux leur cœur balance. Alors certes il "faut rejeter" les projets écocides comme ce barrage, il "faut" refuser le racisme (sans toutefois le comprendre comme un résultat systémique de la construction même du monde capitaliste dans lequel nous vivons : pour eux il s'agit d'une simple "division du peuple" et il existe un "racisme anti-blancs"), il "faut" résoudre la crise du logement et la "contradiction villes-campagnes", il "faut" combattre le fascisme (enfin surtout celui qui est principalement antisémite, celui qui est principalement islamophobe moins) et l’État policier de la bourgeoisie (quoique...) ; MAIS tout ce qui lutte concrètement en ce sens aujourd'hui doit être de la merde, pure "décomposition petite-bourgeoise" voire carrément... proto-fascisme, histoire (donc) de rejeter en pratique toute lutte antagonique contre le râtelier "France" en question.
Il leur faut aussi - encore et toujours - ménager et dépeindre comme "non-fasciste" l’État bourgeois "républicain", vu comme un "allié potentiel contre le fascisme" (manière de dire : "État bourgeois, siteuplé, j'ai Bac+10, intègre moââââ...."). Nous avons souvent et "lourdement" insisté sur le fait que le passage de la "démocratie" bourgeoise au fascisme provenait DU CŒUR MÊME de l’État et de la classe qu'il représente et sert, la grande bourgeoisie (par exemple - et pas du tout exhaustivement - ici, ici au point 4 ou encore ici). C'était peut-être une vision un peu unilatérale ; mais on peut dans tous les cas très certainement dire que le passage au fascisme consiste en une PRISE EN ÉTAU de la société entre (d'un côté) la "droite révolutionnaire", la prolifération des groupes d'extrême-droite ou "nationaux-socialistes" et de leurs violences avec éventuellement (comme c'est le cas aujourd'hui en Hexagone) la montée inexorable d'un grand parti de masse (le FN), et de l'autre (comme cela s'est toujours vérifié dans l'histoire) l'accumulation autoritariste, liberticide et répressive au sommet de l’État. Une accumulation que l'assassinat policier de Rémi Fraisse vient encore une fois illustrer en démontrant au passage son caractère indépendant des "couleurs" politiques bourgeoises, puisque c'est sous un gouvernement P's' (que le "peuple progressiste" avait chargé en 2012 de le "libérer du sarkozysme") qu'un militant écologiste vient d'être tué en manifestation pour la première fois depuis 37 ans, après les violences sans précédent contre les opposants à l'aéroport du "Grand Ouest" à Nantes, l'interdiction de manifestations pro-palestiniennes ou contre le néocolonialisme français... toujours autorisées auparavant (y compris sous Sarkozy), etc. etc. : nous avons bel et bien là, en réalité, une tendance inexorable face à des contradictions sociales de plus en plus explosives qu'il s'agit - par conséquent - d'écraser en ce marteau répressif et l'enclume du fascisme militant (y compris lorsque celui-ci feint de "prendre parti pour la contestation" - enfin, dans certaines limites tout de même).
Pour nous, les choses sont claires : la quête d'"harmonie" entre l'activité productive humaine et l'environnement naturel, impossible tant que l'"aménagement du territoire" sera entièrement et uniquement sous-tendu par la recherche du profit capitaliste, ne pourra trouver son aboutissement que sur une planète où territoires et populations se seront "retrouvés" et ne seront plus (les uns et les autres) de simples instruments productifs de plus-value, enfermés dans les États-enclos construits par les dominants à cet effet. Ils pourront alors (re)trouver leur "équilibre", comme celui qui existait avant l'étape capitaliste de l'histoire humaine mais À UN NIVEAU SUPÉRIEUR (avec le "progrès" que le capitalisme aura apporté à l'humanité).
Telle est, en dernière analyse, la définition même de l'objectif stratégique que nous poursuivons : une Occitanie révolutionnaire, libre et socialiste-puis-communiste qui (non messieurs !) ne sera pas "un État de plus" fondé sur un soi-disant "nationalisme ethno-régional" (comme feignent de le comprendre nos détracteurs "gauchistes"), mais une organisation politique et sociale de type radicalement nouveau, CONFÉDÉRATIVE et SUBSIDIARISTE, fondée sur le POUVOIR DU PEUPLE (vivre, travailler et décider "au pays" ou "au quartier", là où l'on a son existence sociale). Un Peuple qui, libéré de la logique capitaliste, aura retrouvé un rapport direct avec la nature ; ce qui ne signifiera peut-être pas que "tout sera résolu" (la contradiction homo sapiens/"reste du vivant" mettra peut-être encore quelques générations à être solutionnée), mais sera assurément - déjà - beaucoup mieux !
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