• Mort de Faurisson - réflexions


    Le négationnisme de la Shoah est la RANÇON de sa DÉS-HISTORICISATION TOTALE et du caractère "surnaturel" que cela lui confère ; générant (surtout lorsque couplé à la justification du sionisme, ou à la relativisation d'autres d'autres crimes contre l'humanité) un "appel d'air" au "un truc pareil, ce n'est pas possible, ce n'est pas crédible", et aux tentations de négation.

    Certes oui, il y a une "communauté" des négationnismes comme volonté de minimiser ou nier les crimes de la suprématie blanche-occidentale QluN8.png ; et il ne fait pas de doute que c'est ce qui animait un militant idéologique comme Faurisson ; mais nous parlons ici en termes de MASSES, de réception (même partiellement) de masse de ces théories.

    Le négationnisme de la Shoah a dans ce cadre une spécificité, strictement corrélée à la spécificité (l'"unicité") absolue que veut lui conférer l'historiographie.

    Le négationnisme des autres crimes contre l'humanité consiste rarement en une négation absolue des atrocités perpétrées, mais plutôt en une tentative de relativisation et (justement) de SUR-historicisation : "c'était il y a longtemps", "c'étaient les mœurs de l'époque" (concernant typiquement le Maafa, holocauste de la déportation esclavagiste des Africain-e-s) et "c'est heureusement révolu" ; c'étaient les mentalités de l'époque, heureusement révolue, et "il y a quand même eu des aspects positifs" (colonisation) ; le bilan d'un personnage historique comme Napoléon "ne peut pas se résumer" à son action en Haïti ou en Guadeloupe ; "tout le monde en ce temps-là (surtout les Arabes !), et même encore bien après nous, a fait pareil" ; etc. etc.

    Même le négationnisme turc du génocide arménien n'est pas une négation qu'il y ait eu d'importants massacres, mais une tentative d'en diminuer l'ampleur et surtout de les contextualiser : les Arméniens étaient armés par la Russie contre la Turquie, eux aussi avaient commis des massacres, etc.

    Les ressorts sont un peu similaires vis-à-vis du génocide rwandais : personne ne nie l'ampleur des massacres (ce serait difficile à l'ère de l'information...), mais "c'était la guerre civile", et "dans ces pays-là, ça finit vite comme ça", et cette guerre "c'est le FPR qui l'a commencée", et bien sûr "c'est comme ça chez les Noirs" et l'Occident, la France en particulier, ne portent aucune responsabilité.

    Tous ces discours, tant chez les idéologues (Gallo, Pétré-Grenouilleau, Péan, les leaders politiques turcs) qu'en termes de masses expriment bel et bien une volonté plus ou moins consciente, mais toujours sous-jacente de défendre et préserver la suprématie du groupe national dominant (européen/occidental, turc) ; de façon, il faut le dire hélas, assez hégémonique ; et bien évidemment, à quelques rares exceptions près n'ont de "prise" que sur lui, le peuple mis en accusation, et pas (bien évidemment) sur les peuples victimes (sauf quelques "supplétifs" heureux de l'être) ni (surtout) sur des groupes nationaux complètement étrangers à l'affaire.

    Sur la Shoah, une conscience claire que la chose telle que décrite est abominable et indéfendable, débouche par voie de conséquence sur une tentative de démontrer que cela n'a JAMAIS eu lieu : les Juifs auraient simplement été internés dans des camps où, à raison de plusieurs millions de déporté-e-s, une grosse centaine de milliers seraient mort-e-s de maladies ou de malnutrition dans le contexte de crise d'approvisionnement de la fin de la guerre. Ni les chambres à gaz, ni les massacres par balles des Einsatzgruppen n'auraient "jamais" existé.

    Évidemment, à la SOURCE DE LA SOURCE de telles théories se trouvent des individus (comme Faurisson, ou maintenant Reynouard) qui pensent que le nazisme était un excellent régime politique, qu'il faudrait d'ailleurs rétablir, et qui tentent ainsi de le réhabiliter. Mais la question ici est plutôt la "prise" que ces théories peuvent trouver sur une partie des masses populaires.

    Car cette "prise" existe bel et bien. Il y a encore une quarantaine d'années, dans une Europe où vivaient encore des millions d'anciens complices, plus ou ou moins actifs ou passifs, du nazisme et de ses régimes collaborateurs, elle avait bien évidemment une base sociale "naturelle".

    Il est par ailleurs frappant de constater que c'est vers les années 1970 (on fait parfois de la série télé US Holocauste - 1978 - un jalon temporel de référence, bientôt suivi du très-long-métrage Shoah de Claude Lanzmann, sorti en 1985) qu'émerge une historiographie propre de la Shoah, "extraite" des crimes nazis "en général"... et strictement à la même époque que commencent à devenir réellement audibles les thèses négationnistes (Faurisson, Bochaca, Butz, Verbeke, Institute for Historical Review etc.) - du moins, émises auparavant par d'anciens nazis ou collabos, elles ne rencontraient pas un très grand écho.

    Aujourd'hui, une grande partie des masses blanches européennes a fini par "intégrer" la "religion de la Shoah" entendue en ce sens de "sacrifier", "mettre au piquet" historiographique de la civilisation occidentale l'Allemagne de cette douzaine d'années où régna le nazisme, et les divers régimes collaborateurs de la Seconde Guerre mondiale, afin par ce "sacrifice" "refondateur" de re-confirmer la supériorité civilisationnelle de l'Occident. POUR AUTANT, la diffusion des thèses négationnistes ou "simplement" de l'incrédulité envers une telle ampleur du génocide reste loin d'être négligeable en leur sein ; couplée parfois à un vieux fond antisémite "anticapitaliste des imbéciles" qui peine peut-être plus à mourir que l'association bourgeoise réactionnaire "Juifs = démocratie avancée, égalitarisme, socialisme, communisme, menace pour l'ordre", désormais largement hors-sujet.

    Et puis il y a leur diffusion, à ne pas exagérer, mais tout sauf négligeable, dans les masses du Sud global ou originaires de lui ; concrètement, et systématiquement, autour de la question de la Palestine : "la Shoah sert de justification au droit à l'existence d'Israël, à son occupation de la Palestine et à ses crimes" = la Shoah est "forcément" un mensonge de propagande qui doit être démystifié.

    On parle souvent des "réactions négationnistes" relevées dans les établissements scolaires "sensibles" des "territoires perdus de la République" ici ; mais il existe d'autres cas de figure de bien plus grande ampleur encore : ainsi les dits "Arabes israéliens", autrement dit les Palestiniens musulmans ou chrétiens emprisonnés dans le territoire officiel de l’État d'Israël, et ayant fini par accéder à une citoyenneté de seconde zone, sont scolarisés dans des établissements israéliens qui mettent bien évidemment la Shoah au centre de leur propagande sioniste (le sionisme qui aurait "sauvé" ceux venus avant, puis "enfin offert une patrie" aux rescapé-e-s). Pour autant, parmi ces Arabes (donc) "les plus éduqués et sensibilisés" au sujet de la planète (la visite à Yad Vashem est pour ainsi dire obligatoire)... la non-croyance à l'existence du génocide, ou du moins à son ampleur "officielle" est absolument hégémonique.

    Est-il utile, devant cela, de se poser encore 30.000 questions quant à la corrélation entre mise de la Shoah au service de la propagande sioniste et tendance (relevant parfois de la bravade...) à vouloir la nier ; et quant à l'idée que la solution se résume à envoyer les gens se "sensibiliser" à Yad Vashem ou à Auschwitz ? Ce n'est sans doute pas (ou très peu) dans ce but qu'un Faurisson a jadis élaboré ses thèses, MAIS c'est bien dans celui-là que celles-ci sont récupérées et, de la sorte, maintenues en vie...

    QUOI QU'IL EN SOIT, les discours négationnistes de la Shoah ne pourront être combattus efficacement qu'en commençant, déjà, par restituer cette tragédie dans son CONTINUUM HISTORIQUE, celui de l'impérialisme, de la "Modernité occidentale" et de ses méthodes déchaînées déjà auparavant... et encore depuis contre des centaines de peuples à travers la planète : non pas un évènement "exceptionnel" et "aberrant", mais la simple mobilisation de moyens nouveaux à l'époque (années 1940) au service de politiques de déportation, travail forcé et extermination de populations entières n'ayant (hélas) rien d'extraordinaire au regard de l'histoire des 5 derniers siècles ; et certes, cette fois, non pas au fin fond de l'Afrique ou de l'Asie du Sud-Est, mais contre des victimes arrêtées au coin des rues qui sont les nôtres au quotidien...

    Et en cessant, ensuite, de vouloir conférer à ce crime contre l'humanité une exceptionnalité presque "surnaturelle" (qu'il n'a pas...) afin de, plus encore que "justifier" l'entreprise sioniste (c'est presque secondaire...), l'ériger en "arbre cachant la forêt", focalisant sur lui tous les regards et minimisant à côté de son horreur supposément "exceptionnelle" tous les crimes impérialistes ou étatiques-modernes antérieurs comme postérieurs ; et "sauver" ainsi, au "prix" (commode) de l'expulsion de 12 ans de l'histoire d'un pays (et quelques années d'"une partie" de quelques autres...) de son sein, la "civilisation" occidentale.

    Nous pouvons à ce sujet vous inviter à lire, par exemple, l'excellent Johann Chapoutot :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/ultra-interessant-au-regard-de-ce-que-slp-a-pu-maintes-fois-ecrire-sur-a134301666

    Ou encore ces quelques modestes réflexions émises à l'époque de la "grande affaire Dieudonné", début 2014 :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/reflexion-theorique-loi-gayssot-lois-antiracistes-et-memorielles-antif-a114072232


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