• Il y a 40 ans, les ratonnades de Marseille : souvenons-nous ! La Révolution prolétarienne et la Libération des Peuples balaieront le racisme de la surface de la Terre !


    Cet article, publié dans la presse ‘alternative’ locale, revient sur un épisode particulièrement sinistre et (cela se comprend…) enterré dans l’oubli de l’histoire de nostre Occitània :


    Marseille, quarante ans après les ratonnades de 1973,
    peu de leçons ont été tirées


    1973, qui a connu les crimes racistes qui ont déferlé sur Marseille ? Qui a entendu parler de cette montée de haine que les Algériens ont dû subir ? Qui honore aujourd’hui leur mémoire comme toute journée d’hommage à laquelle ont droit les victimes de faits tragiques ? Ne pas occulter l’histoire du passé, c’est avancer sur celle du présent. Si Marseille s’affiche aujourd’hui comme la « capitale de la culture », il y a quarante ans, les journaux titraient « capitale du racisme ». En 1973, la cité phocéenne a connu l’une des pires flambées de racisme qui a pu exister dans l’histoire de France au XXe siècle. Un racisme ciblé, l’Algérien, le mot de tous les maux. Salah Bariki, un français d’origine algérienne arrivé en 1962 dans les bidonvilles de la cité phocéenne, a accepté de raconter sa vision et son ressenti des années 70. A cette époque, il était d’ailleurs responsable de l’Amicale des jeunes Algériens, rue Saint-Jacques dans le 6e arrondissement. 

    Quand le racisme répond à la crise économique

    default_15.jpegDepuis 1962 et ce durant dix années (1962-1973), les flux migratoires n’ont cessé de s’intensifier, Marseille devenant un point de passage voir d’ancrage de l’immigration. Une population immigrée constituée d’une forte communauté maghrébine et notamment algérienne, ce depuis la décolonisation. Le brassage des populations qui s’y est développé sera d’ailleurs l’un des atouts de cette ville. 1972, c’est aussi la saturation des marchés économiques qui mettra fin, dès 1973, à la croissance des Trente Glorieuses. Une crise économique qui a suscité la crainte, le trouble et le repli d’une partie de l’opinion. Une crise économique qui a trop souvent été mise sur le compte de l’immigration. Salah a évoqué ce contexte particulier : «  c’était le début de la crise économique, l’arrivée de Giscard qui voulait renvoyer les Algériens chez eux, l’Algérie qui voulait récupérer ses immigrés, au moins en parole. C’était aussi un moment de transition très difficile répondant au mythe du retour : nos parents qui étaient arrivés dans les années 60 n’étaient toujours pas rentrés au pays ». D’ailleurs, la circulaire Marcellin-Fontanet1 tentant de limiter l’immigration a été mise en application la même année, en 1972. Depuis le début des années 70, il y a un développement du racisme qui s’est créé, notamment des nord-africains. Selon Gérard Noiriel, historien et directeur d’études à l’EHESS, ce racisme anti-algérien a surtout été alimenté «  par les nostalgiques de l’Algérie française ». Peut-on également entendre par là les membres de l’ex OAS (l’Organisation Armée Secrète) qui ont toujours gardé une main mise dans les milieux d’extrême droite ? C’est à l’été 1973 que les violences racistes vont connaître leur apogée notamment à Marseille. Le 25 août, sur la ligne de bus 72, un déséquilibré algérien, Salah Bougrine, a assassiné un traminot du nom d’Émile Gerlache. Ce fait divers allait embraser la ville et attiser la haine de l’Algérien. L’ambassade d’Algérie avait pourtant tenu à être limpide sur l’état de santé de l’homme informant qu’il était malade mental depuis 1969 mais pour l’opinion, c’est son origine et seulement cette notion qui a été retenue. L’acte d’un individu s’est propagé à toute une communauté. Pour l’historien Gérard Noiriel, ce n’était qu’un « prétexte ».

    Le rédacteur en chef du quotidien des droites marseillaises Le Méridional, Gabriel Domenech, notamment connu pour ses éditoriaux anti-immigrés et anticommunistes avait titré, au lendemain du drame, son édito « Assez, assez, assez ! » d’où découlait le texte suivant, extrait :

    « Bien sûr, on nous dira que l’assassin est fou, car il faut bien une explication, n’est-ce pas, pour satisfaire ceux qui refusent d’admettre que le racisme est arabe avant d’être européen. Et qu’il n’y a, finalement, de racisme européen que parce que l’on tolère, depuis trop longtemps, tous les abus du monde arabe… pour de basses raisons pétrolières […] Assez des voleurs algériens, assez des casseurs algériens, assez des fanfarons algériens, assez des trublions algériens, assez des syphilitiques algériens, assez des violeurs algériens, assez des proxénètes algériens, assez des fous algériens, assez des tueurs algériens. Nous en avons assez de cette immigration sauvage qui amène dans notre pays toute une racaille venue d’outre-Méditerranée […] parce que l’indépendance ne leur a apporté que la misère, contrairement à ce qu’on leur avait laissé espérer ».

    Le Méridional, un quotidien de droite tendance extrême droite appartenait au maire de Marseille, Gaston Defferre, qui détenait également le journal de gauche, Le Provençal. En 1986, Gabriel Domenech est d’ailleurs devenu député FN. D’autres supports comme Minute et Faire Front ont également véhiculé cette image d’exclusion et de haine.

    Campagne anti-immigrés clairement affichée 

    Meridional_Edito_pour_pub_26_08_73-f566a.jpgCet écrit, partagé par une grande partie de la population, a résonné pour certains comme un appel à la ratonnade. La campagne anti-immigré tenue depuis quelques mois et qui avait échauffé les esprits, avait fait écho. Un Comité de défense des Marseillais s’était constitué au lendemain du drame afin « d’assurer la sécurité des Français » et avait appelé à manifester contre l’immigration sauvage, le 29 août, manifestation interdite par la Préfecture. Un Comité qui, domicilié à la même adresse que le mouvement fasciste « Ordre Nouveau », n’a sûrement pas calmé les ardeurs. Les déclarations racistes émanant de divers groupes politiques de droite se sont succédées. Du côté de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP) des Bouches-du-Rhône, on a proposé d’ « éliminer la pègre nord-africaine et antifrançaise ». Les Comités de défense de la République (CDR), de mouvance gaulliste, ont quant à eux réclamé « la peine de mort pour l’assassin ». Pour contrebalancer ces appels à la haine et calmer les ardeurs, Mgr Etchegarray, archevêque de Marseille a fait une déclaration au journal de 20 heures, le 27 août, la veille des obsèques d’Émile Gerlache, appelant chacun à la raison : « profiter de ce drame horrible pour exciter le vieux démon du racisme ou de la xénophobie qui dort en chacun de nous, cela me paraît dangereux, mais surtout injuste ». Un appel au calme pas assez fort pour être entendu puisque une vague de violence s’est installée dans la cité phocéenne répondant notamment à l’intensification des propos xénophobes. Selon Gérard Noiriel, «  des appels à la ratonnade sont suivis par le mitraillage de plusieurs foyers Sonacotra et des bidonvilles ».

    L’amalgame 

    Dans la nuit du 28 au 29 août, un Algérien, Lounès Ladj, est abattu à la sortie d’un café tandis qu’au même moment, un cocktail Molotov est jeté dans une entreprise de nettoyage, à la Ciotat, où travaillaient majoritairement des Algériens. Déjà mise à mal par les conflits sociaux liés aux conditions de travail et de logement, la communauté algérienne ne pouvait rester là, immobile, à subir ce tsunami d’actes racistes. Le 31 août, les travailleurs de la Ciotat sont entrés en grève pour dénoncer ces attentats xénophobes. C’est le Mouvement des travailleurs arabes (MTA) qui a pris le relais de cette solidarité en lançant un appel à la grève générale contre le racisme, le 3 septembre. Un mouvement qui sera honoré par au moins 20.000 travailleurs de la région marseillaise et qui s’étendra aux départements. La marche funèbre, en hommage à Lounès Ladj, le 1er septembre, a réuni des centaines de personnes. Un cortège funèbre a traversé la ville en sa mémoire.

    La passivité politique 

    Si les actes racistes se sont essoufflés, les décisions politiques se sont enchaînées. Du côté de l’exécutif, on a décidé de changer des têtes un peu trop aimables et serviables, notamment celles du pasteur suisse Perregaux de la Cimade et du frère Jean-Pierre Courtès. De l’autre côté de la méditerranée, le président Houari Boumédienne a décidé de suspendre l’émigration algérienne vers la France, dès le 20 septembre, Salah se souvient : « Boumédienne a dit clairement que les Algériens devaient rester chez eux même s’ils mangeaient de la pierre ». Une histoire de sécurité attentat-consulat-algerien-marseille.jpegtout autant que de dignité et de symbole. Le président algérien a alors fait connaître son regret de voir l’inertie des pouvoirs publics et notamment de l’actuel président, Georges Pompidou, devant de tels actes. De même pour l’ambassadeur d’Algérie en France qui a dénoncé la complaisance de Gaston Defferre, alors maire de Marseille, et la passivité de la police. L’interruption de l’émigration a su calmer cette fièvre raciste qui avait envahi le sud de la France même si dans les faits confie Salah «  l’immigration ne s’est jamais arrêtée puisqu’il y a eu la possibilité du regroupement familial ». Mais le 14 décembre 1973, un acte d’une violence encore plus terrible que les évènements passés a fait remonter cette peur qui avait pourtant réussi à s’enfouir dans un petit coin de la mémoire. Un attentat a été conduit au consulat d’Algérie de Marseille, rue Dieudé. Le bilan : quatre morts et vingt blessés. Cette fois-ci, l’attentat a été revendiqué par le groupe Charles Martel dont les liens avec l’extrême droite et des anciens membres de l’OAS ne faisaient aucun doute. Ce groupe d’extrémistes n’a jamais été identifié et donc n’a jamais été puni mais il a continué à « revendiquer plusieurs attentats contre des intérêts algériens ou des organisations d’immigrés originaires du Maghreb, de mars 1973 à mars 1986, notamment à Marseille et à Paris » a indiqué Le Monde. «  Là on peut dire que les Algériens se sont réveillés » a glissé Salah. Au lendemain de ce nouveau drame, 3.000 personnes selon l’INA mais dix fois plus se souvient Salah se sont réunies place des Mobiles à Marseille pour manifester leur indignation : «  je me souviens, j’avais dans la main un mégaphone, je voyais des gens à l’infini ». Si des mouvements, comme le MTA et l’Amicale des Algériens, ont su mobiliser l’opinion publique pour déclencher des grèves qui se sont propagées sur tout le territoire national, le mutisme des partis de gauche a été déroutant. Le 31 décembre, l’ambassadeur d’Algérie en France avait recensé 50 Algériens tués et près de 300 blessés sur la seule année 1973, sur le sol français.

    Les ambigüités du Gouvernement ont largement été mises en cause dans ces crimes racistes. De la circulaire Marcellin-Fontanet à la non-application de la loi antiraciste Pleven en passant par l’approbation des discours et meetings de l’extrême droite sur un fond de passivité des forces de l’ordre, ce nouveau phénomène n’a pas su ou n’a pas voulu être géré. Trente années sont passées et selon l’historien Yvan Gastaut, « le racisme semble être un comportement toujours présent dans notre société. Sa flamme […] se rallume dès qu’un problème apparaît ». Dès le début, l’immigration a été la réponse à tous les problèmes d’ordre social, économique et politique mais jusqu’à quand cette spirale et cette méconnaissance vont-elles rester ancrées dans les mentalités ?


    1. La circulaire Marcellin-Fontanet, du 23 février 1972 (mise en application en septembre 1972), adoptera des mesures strictes pour les étrangers. Elle limitera le nombre d’entrée des Algériens sur le territoire français et mettra fin à la régularisation de tout étranger entré sur le territoire sans autorisation de travail ni attestation de logement. Des mouvements de solidarité seront alors organisés. Elle sera donc assouplie par Georges Gorse, le nouveau ministre du Travail en mai et juin 1973.


    Sarah Lehaye/ Med’in Marseille


    MTA_marche_Marseille.jpg


    Voir ici un documentaire sur ces tragiques évènements : http://oumma.com/222650/marseille-1973-chasse-aux-arabes-documentaire


    Cette flambée de racisme pogromiste (qui imprègne encore aujourd’hui notre 'Sud' occitan) ne peut se comprendre que dans une CORRECTE compréhension du phénomène 'France-Empire' comme construction en cercles concentriques.

    Il n'est un secret pour personne que, dès le 16e siècle, les peuples périphériques de l'Hexagone furent les premiers pourvoyeurs en force de travail et/ou militaire de l'entreprise coloniale outre-mer. Ne serait-ce que déjà, pour certains (Bretons, Normands, Saintongeais, Basques, Occitans de Marseille ou de Sète), en raison de leur 'pied marin' (lorsque le transport était exclusivement maritime). Et, d'une manière plus générale, en raison de leur démographie importante, faisant que ni la 'métropole industrielle' régionale la plus proche (Lyon/Saint-Étienne, Aix/Marseille, Bordeaux ou Toulouse, Lille, Metz, Nantes etc.) ni même Paris ne pouvaient absorber toute la force de travail ainsi surproduite. Ces peuples iront donc très massivement, d'Amérique du Nord en Kanaky en passant par le Maghreb ou le Sénégal, grossir les rangs des colons et de l'administration ou des troupes coloniales*. Par la suite, lorsque les pays du Maghreb gagnèrent de haute lutte un semblant d'indépendance, c'est vers les terres méditerranéennes de l'Hexagone que se replieront principalement les très importantes populations de colons européens de ces pays : alors le 'Midi rouge' où l'on se rendait, au 19e siècle, un peu comme un journaliste du Figaro irait visiter Cuba ou le Venezuela aujourd'hui, se 'blanchit', se droitisa brutalement. Les social-trahisons mitterrandiennes des années 1980 feront le reste, pour pousser des masses ultra-majoritairement socialistes ou communistes (enfin, PC révisionniste...) dans les bras de la droite et du FN.

    Mais plus largement, le concept même de cette construction étatique-impériale en cercles concentriques c'est de pouvoir utiliser un cercle contre l'autre, par la 'petite supériorité' que le système fait 'intégrer culturellement' au cercle plus proche du 'Centre' vis-à-vis du plus éloigné. Marseille a des 'problèmes sociaux' ? Normal, c'est une périphérie... Alors, le Centre 'français' et ses caciques locaux, ses satrapes clientélistes à la Gaudin aujourd'hui ou Deferre hier, avec leurs merdias comme le 'Méridional' (vive le titre... plus francouille tu meurs !) à l'époque et les torchons gratuits, JT de Jean-Pierre Pernaut et autres émissions 'chocs' sur toutes les chaînes de télé aujourd'hui, vont dresser les Marseillai-se-s contre le bouc émissaire commode qu'est l''ambassadeur' du cercle plus éloigné, de la périphérie néocoloniale de l'Empire : l''Arabe', le travailleur immigré maghrébin (qui représente autour de 25% de la population de la ville).

    Les Occitans marseillais (et les descendant-e-s d'immigrant-e-s italien-ne-s, ibériques, corses etc. etc., qui ont généralement fusionné-e-s avec la 'souche' occitane) vont ainsi être nié-e-s et se nier comme peuple du Nord de la Méditerranée plutôt que du 'Sud de l'Europe', comme peuple absorbé et 'périphérisé' par la  construction étatique 'France' quelques siècles plus tôt ; et leur ressentiment, leurs revendications sociales et démocratiques seront ainsi détournés du véritable ennemi : le Capital BBR et son appareil politico-militaire et idéologique, la 'République une et indivisible' des grands bourgeois. C'est aujourd'hui, malheureusement, en Occitanie méditerranéenne (Languedoc, Provence) que l'on trouve l'un des plus forts vote et mouvement organisé d'extrême-droite en Hexagone BBR ; développant entre population 'blanche' et 'non-blanche' (principalement maghrébine) une ambiance de Deep South américain des années 1950 : le Gard a placé Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle 2012 et élu Gilbert Collard député aux législatives, tandis que le Vaucluse élisait Marion Maréchal-Le Pen et Jacques Bompard (ex-FN ayant fondé la 'Ligue du Sud'). Globalement, la candidate du FN a obtenu près de 24% des suffrages en 'PACA', près de 23,5% en 'Languedoc-Roussillon', 21% dans la Drôme et 20% en Ardèche, pour un résultat 'national' (hexagonal) de 17,9%. Et si la plupart de ces énergumènes se drapent gaiement dans le bleu-blanc-rouge, beaucoup aussi, hélas, revendiquent 'fièrement' les couleurs occitanes et/ou provençales : c'est le concept maurrassien de la 'petite patrie' 'charnelle' au sein de la 'grande France aux 1500 ans d'histoire' ; la 'France' dénoncée ici n'est pas (bien au contraire) la construction politico-militaire et idéologique monarcho-bourgeoise qui nous opprime (comme des dizaines d'autres peuples) depuis des siècles, mais un 'synonyme' d'idées démocratiques, progressistes et universalistes associées à 'l'université et à la gauche bobo parisienne', de 'banlieues à racailles' et de 'mariage gay', de 'pensée unique mondialo-gauchiste' et d''immigrationnisme/ multiculturalisme'.

    Le racisme est donc un confortable outil des classes dominantes pour diviser celles et ceux qu'elles dominent et les détourner du véritable ennemi et objectif qu'elles sont. Mais IL N'EST PAS SEULEMENT CELA : il est aussi structurel, il est 'dans le milieu de la société' ; il est le reflet dans la pensée de la construction et du partage impérialiste, par les grands États européens, de la planète depuis cinq siècles** ! Il structure le comportement social DE PAR et AU SERVICE DE la domination et de l'exploitation impérialistes. Même parmi les peuples dominés, il structure la pensée par l'intériorisation de la subalternité et/ou par un ressentiment stérile envers les 'peuples dominants' (les 'Blancs') sans distinction de classe, que l'on ne peut pas mettre sur le même plan que le racisme au service de la domination mais qui n'en est pas moins néfaste, entretenu par certaines 'élites' de ces peuples qui s'épargnent ainsi d'être remises en question (alors qu'elles sont généralement les premières des vendues à l'impérialisme)... La Guerre populaire révolutionnaire mondiale détruira cette construction impérialiste du monde et donc détruira le racisme, construction idéologique de et au service de celle-ci ; elle œuvre d'ores et déjà à sa destruction dans chacune de ses actions concrètes ; pour que les 'cercles de périphérisation' cessent d'être des 'étages (ou des sous-sols...) de la domination' et deviennent comme les cercles constricteurs d'un gigantesque serpent étranglant les Centres du Capital ! Une 'pensée révolutionnaire' qui intègre idéologiquement la hiérarchisation ('raciale' mais aussi, plus 'politiquement correcte', 'civilisationnelle') des peuples n'est pas révolutionnaire et ne peut conduire à la révolution et au communisme.

    Voilà pourquoi nous, Occitans révolutionnaires, communistes, ne montrons aucune tolérance envers le racisme ; et pourquoi nous considérons les éléments des peuples périphériques qui veulent allier 'libération nationale' et racisme, comme certains groupes de Bretagne, d'Alsace, de Corse ou de chez nous, comme de l'autre côté de la barricade au même titre que l’État bleu-blanc-rouge ! Voilà pourquoi nous ne revendiquons pas notre Occitanie comme un nationalisme, mais comme un PROJET RÉVOLUTIONNAIRE !!!


    [L'on peut d'ailleurs lire à ce sujet... cet article sur le racisme de l'organisation Pòble d'Oc en octobre 1977 (on comprend mieux pourquoi Roudier s'est arraché de ce groupe, effectivement né... facho - "Jeune Languedoc" - dans la foulée de 68 mais ayant ensuite radicalement tourné casaque et dont le principal meneur, Jean-Louis Lin, devait mourir assassiné en lien plus que probable avec son engagement anti-impérialiste, pour la Palestine en particulier - c'était l'époque de l'assassinat de Curiel, Goldman etc.) : 

    "Une fois de plus, le racisme a tué, tué lâchement, tué bêtement. L'affaire Navajo, ce docker marseillais qui a assassiné un travailleur maghrébin et qui était bien connu pour ses propos et pratiques raciste sur son lieu de travail, est là pour nous montrer que le mal est bien là, parmi nous les Occitans. Il n'est guère de peuple qui soit exempt de ce fléau et l'Occitan, malheureusement, ne fait pas exception, mais, par ailleurs, il n'est point de peuple qui puisse se dire révolutionnaire s'il n'extirpe pas, au préalable, de semblables réactions.

    Réactions viscérales dira-t-on... voire ! L'homme, l'Occitan, ne naît pas raciste comme il ne naît pas avec telle ou telle étiquette politique. Il le devient et un jour il s'y complaît. Il serait hypocrite de réagir par la seule condamnation individuelle, ce serait trop facile. On ne tue jamais le crime avec le criminel, c'est l'histoire de l'homme qui nous l'apprend. On n'extirpe vraiment le crime qu'en extirpant ses causes objectives : les causes sociales qui déterminent le geste criminel.

    Et là c'est un autre problème, car la réponse au racisme anti-arabe, pour ne prendre que celui qui est le plus répandu sur l'Occitanie méditerranéenne, c'est surtout la remise en cause intégrale de tous les clivages sociaux qui s'interposent entre les immigrés et les autochtones. C'est l'urbanisme des ghettos (que Marseille a le triste privilège d'avoir), c'est la division du travail selon l'origine, c'est l'éducation raciste sur la civilisation et la culture arabe. C'est aussi la mise en foyer et le refus actuel de l'immigration familiale, ce sont les renvois et les expulsions, c'est la bourgeoisie et ses groupes racistes qui ont tout intérêt à la division des travailleurs, c'est l'impérialisme français qui a besoin d'une bonne dose de chauvinisme national. Il n'y a pas d'effet sans cause et de racisme sans société responsable.

    Aussi les militants révolutionnaires occitans seront toujours au premier rang pour défendre l'intégrité des droits des immigrés en Occitanie. Pour nous, il n'y aura pas d'Occitanie autre qu'une Occitanie pour tout le monde."

     Ce qui est dit là est littéralement antiraciste politique ! ]


    * Comme l'explique bien l'(assez marxisant) historien belge Jacques R. Pauwels ici sur le blog de Jean-Pierre Anselme :  

    "En acquérant des colonies, les pays pouvaient se débarrasser de leurs citoyens « gênants » : les classes inférieures qui, aux yeux de l’élite, étaient surpeuplées. Les gens trop pauvres, on pouvait s’en débarrasser en les envoyant dans les colonies.

    L’impérialisme était donc aussi une manière de résoudre les problèmes sociaux. Les pauvres pouvaient faire carrière dans ces colonies. De la sorte ils se muaient en patriotes, au lieu de rester des emmerdeurs. En les laissant intervenir de façon agressive dans les colonies, ils ne posaient plus le moindre problème dans la métropole.

    Il y avait par exemple pas mal de fils de fermiers sans travail, et ce du fait que l’agriculture devenait trop productive. Ces gars, on pouvait les envoyer au Congo comme missionnaires. On a expédié là-bas une vingtaine de missionnaires de chaque bled agricole flamand. On leur a collé un uniforme sur le dos et, dès lors, ils ont pu aller jouer au patron chez les Noirs."

     

    ** Si la Chine ou l'Orient ottoman avaient, par les aléas de l'histoire, assumé le rôle qu'a assumé l'Europe (et son rejeton l'Amérique du Nord) depuis l'an 1500 jusqu'à nos jours, il est évident que nous (Européens) serions aujourd'hui des 'peuples inférieurs' et des 'racisés' ! Mais il n'en a pas été ainsi et les choses sont aujourd'hui ce qu'elles sont ; nous devons donc lutter et construire notre conception du monde dans la position qui est la nôtre : celle de classes populaires de nations perçues comme 'dans la tranche supérieure' de la 'hiérarchie' mondiale construite par le capitalisme...

                maocprc-peopleunited-1960s-poster 


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