• Honneur internationaliste à Võ Nguyên Giáp

     

    Le général communiste vietnamien Võ Nguyên Giáp s’est éteint vendredi dernier 4 octobre, à Hanoï, à l’âge vénérable de 102 ans.

    Il était, de fait, l’une des dernières grandes figures vivantes de l’héroïque Première Vague de la Révolution prolétarienne et anti-impérialiste mondiale, partie de Russie en 1917 et ayant arraché, au milieu du siècle, un tiers de l’humanité  aux griffes du Grand Capital monopoliste avant hélas de pourrir dans le révisionnisme, le capitalisme ‘socialiste’ d’État et le nomenklaturisme néo-bourgeois pour décliner très rapidement après la contre-révolution en Chine (1976-79) et s’achever au début des années 1990 (faillite du bloc révisionniste de l'Est puis de l’URSS elle-même, ‘processus de paix’ en Amérique centrale, Irlande ou Palestine, ‘transition/réconciliation’ en Afrique du Sud, défaite au Pérou, grands reculs aux Philippines etc.), au milieu des proclamations capitalistes triomphantes sur la ‘Fin de l’Histoire’.

    Stratège autodidacte n’ayant suivi les cours d’aucune académie militaire ; militant contre le colonialisme bleu-blanc-rouge (alors maître du Vietnam) depuis l’âge de 14 ans ; il a affronté et terrassé au cours de sa vie trois des plus grandes puissances militaires impérialistes du sombre 20e siècle : l’impérialisme japonais d’abord, maître de l’Asie du Sud-Est de 1941 à 1945 ; l’impérialisme FRANÇAIS ensuite, qui voulait réaffirmer son autorité sur sa colonie alors que les communistes de Hồ Chí Minh et les patriotes avaient proclamé l’indépendance le 2 septembre 1945, menant contre celle-ci une sanglante guerre de près de 10 ans (jusqu’en 1954) qui fera des centaines de milliers de victimes ; et enfin l’impérialisme US avec son allié le régime fasciste fantoche de Saïgon, qui déversera sur le pays 5 fois plus de bombes (13 millions de tonnes !), sans même parler du napalm et des armes chimiques comme l’agent orange, que sur toute l’Europe durant la Seconde Guerre mondiale…

    Au terme de ces 30 ans de lutte infatigable qui virent le pays devenir un phare pour l’humanité insurgée contre l’exploitation, et au prix de millions de martyr-e-s, le Vietnam obtiendra enfin son indépendance complète en avril 1975.

    Malheureusement, très vite après cette glorieuse victoire, dans un contexte de reflux général de la vague révolutionnaire mondiale et alors que Hồ Chí Minh est mort depuis 1969, commencera le pourrissement révisionniste et pro-capitaliste de la jeune République démocratique : dès 1979 avec l’occupation et la transformation en protectorat du Cambodge (après l'avoir, certes, délivré du sanglant délire racialo-nihiliste des Khmers ‘rouges’) ainsi que la vassalisation du Laos dès 1975, hégémonisme régional indigne d’une Nation ayant lutté si longtemps contre l’impérialisme ; l'adhésion au Comecon (le ‘cartel de sous-traitance’ soviétique) dès juin 1978 ; puis à partir de 1986 avec le Đổi mới, la perestroïka locale.

    Giáp, dit-on, critiquera sévèrement ces évolutions ; et même si le vainqueur de Điện Biên Phủ était (on s’en doute) ‘intouchable’, il sera peu à peu écarté de toute responsabilité durant cette période : ‘démission’ du Ministère de la Défense en 1980 (probablement pour avoir critiqué l'occupation militaire du Cambodge) ; exclusion du Bureau politique du Parti en 1982 ; ‘démission’, enfin, du poste (symbolique) de vice-premier ministre et du Comité central en 1991... Depuis lors, il vivait en retrait de la vie politique dans sa demeure de Hanoï, apparaissant seulement dans un rôle officiel lors des célébrations de la Guerre de Libération ; ce qui ne l’empêchait pas de prendre régulièrement la parole pour dénoncer le ‘socialisme de marché’ ‘à la chinoise’ qui s’était emparé du pays, faisant par exemple de Saïgon (rebaptisée Hồ-Chí-Minh Ville) un lamentable petit Hong-Kong. Il qualifiait ainsi en 2006 le Parti ‘communiste’ de ‘‘bouclier pour responsables corrompus’’ ; et signait en 2009 une lettre ouverte contre un projet de mine de bauxite dans les hauts plateaux du centre du pays (source).

    Võ Nguyên Giáp était certes, sans doute, très éloigné d’une sommité du marxisme-léninisme-maoïsme (qui peut, de toute façon, prétendre l’être ?) ; mais il était incontestablement un marxiste-léniniste conséquent, de conviction, resté fidèle sans se vautrer (malgré les honneurs permanents qui lui étaient évidemment rendus) dans les ors de la néo-bourgeoisie ; et un combattant anti-impérialiste héroïque auquel on ne doit pas seulement rendre hommage, mais dont on doit également S’INSPIRER.

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    Permettons-nous aussi un crachat, cette fois, sur les sinistres fascistes qui se permettent de lui ‘rendre hommage’ comme ils l’ont déjà fait pour tant de combattants anti-impérialistes du ‘Tiers-Monde’ (Ernesto Che Guevara, Thomas Sankara, etc., Fidel Castro sera certainement le prochain), dans une de leurs minables et bien connues tentatives de mettre sur le même plan, pour semer la confusion, le patriotisme RÉVOLUTIONNAIRE des Peuples opprimés par l’impérialisme (qui est la CONSCIENCE DE CLASSE de ces ouvriers, paysans et autres travailleurs exploités) et le ‘patriotisme’ IMPÉRIALISTE, chauvin, militariste, conquérant et exterminateur du Capital monopoliste et de ses serviteurs aliénés et contents de l’être… Et un autre encore, sur les rêves-pris-pour-réalités de l’ignoble (et heureusement défunt) Bigeard, qui prenait le bon vieux sens de la diplomatie (et de l’ironie !) asiatique pour des ‘honneurs’ et de l’‘amitié’ envers le tortionnaire et l’assassin génocidaire qu’il était.

    Ceci vaut, au demeurant, pour tous les vieux révisionnistes qui ne vont pas manquer de saluer sa mémoire en croyant, sans doute, que leur syndicalisme pantouflard de ‘journées d’action’ et leurs pantalonnades électoralistes ont quelque chose à voir avec la GUERRE POPULAIRE livrée 30 années durant par Giáp et des millions d’héroïques vietnamien-ne-s !

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    Que le Mouvement communiste international se réapproprie fièrement sa mémoire, pour préparer les Victoires de demain !!!

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    À lire, l'un des ouvrages de référence de Võ Nguyên Giáp : Guerre du Peuple, Armée du Peuple (article de 1961, sur le site Guérilla, et d'autres encore sur le même site).

     

     


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