• Grandes secousses sociales en ex-Yougoslavie

    Depuis plus d'une semaine l'ex-Yougoslavie est agitée par de grands mouvements sociaux, partis essentiellement de Bosnie-Herzégovine mais qui commencent à se diffuser aux autres ex-républiques (Serbie, Croatie notamment).

    En Bosnie, plusieurs caciques locaux de "cantons", ces petites baronnies "ethniques" instituées par les accords de Dayton en 1995, ont déjà démissionné (c'est la principale revendication des insurgé-e-s : "qu'ils dégagent tous !") ; et la perte de contrôle inquiète d'ores et déjà le "haut-représentant" ONUsien (sorte de proconsul impérialiste, principalement occidental) au point d'envisager carrément... de faire donner la troupe Eufor (la "force de stabilisation" européenne en place depuis 2004) si la situation dégénère !

    Comme personne ne l'a (sans doute) oublié, l'ancienne République fédérative socialiste de Yougoslavie a été plongée dans les années 1990 dans un terrible conflit "inter-ethnique" [en fait, en dehors du cas particulier albanais au Kosovo, tout le monde parle la même langue "serbo-croate" avec des variantes dialectales infimes ; la différence tient à la religion pour ceux qui en ont une : orthodoxe = serbe, catholique = croate et musulman = bosniaque ; et à l'histoire car ce n'est pas d'hier que les Balkans sont la proie des appétits impériaux voisins : Autriche-Hongrie, Venise puis Italie, Empire ottoman, Russie, France etc.], conflit qui a fait environ 20.000 morts en Croatie et 100.000 en Bosnie (grosso modo 60% de Musulmans bosniaques - avec une majuscule, catégorie "ethnique" et non religieuse -, 30% de Serbes et 10% de Croates). Un conflit provoqué en réalité par les déséquilibres économiques territoriaux issus du "socialisme autogestionnaire" capitaliste d'État de Tito [nationalismes "de riches" en Croatie ou Slovénie, "de pauvres" au Kosovo, en Macédoine ou en Bosnie et de "moyens" (ne régnant que par le nombre et la prééminence historique) en Serbie], et par les contradictions inter-impérialistes reprenant de plus belle après l'effondrement du bloc "socialiste" soviétique : ainsi l'Allemagne et l'Autriche sont-elles connues pour avoir soutenu à fond l'indépendance slovène et le nationalisme croate ; la Russie post-soviétique d'Eltsine le nationalisme grand-serbe ; l'impérialisme US et ses protectorats arabes du Golfe les Bosno-musulmans ; l'impérialisme BBR étant lui très serbo-complaisant sous Mitterrand (1991-93), avec toutefois des éléments de droite dure, d'extrême-droite mais aussi "républicains" (comme un certain Finkielkraut) pro-croates [mais bon, à un moment donné Serbes et Croates étaient pratiquement alliés pour dépecer la Bosnie, alors...] et un gros activisme pro-bosniaque autour de BHL ; puis se ralliant aux "plans de paix" américains sous la cohabitation balladurienne et surtout avec Chirac (qui obtient toutefois de ses alliés des clauses favorables au nationalisme serbe).

    À l'arrivée, la totalité de l'ancienne RFSY, y compris la Serbie où Milosevic a été renversé en 2000 par des courants pro-occidentaux (puis arrêté et transféré à La Haye où il mourra) mais où la question du Kosovo ("indépendant" depuis 2008) reste toujours un point de crispation important, est devenue une sorte d'immense sweetshop/zone franche de l'impérialisme principalement ouest-européen, où l'euro est d'ailleurs la devise courante ; une périphérie complète de l’Europe du Capital, les anciennes républiques devenues indépendantes rejoignant l'Union au compte-goutte (la Croatie y a fait son entrée le 1er juillet dernier).

    La "communauté internationale" y maintient une présence militaire importante : un millier de militaires européens (et quelques centaines d'Américains) en Bosnie et environ 5.000 au Kosovo ; et pour cause : aux pays de la glorieuse Guerre antifasciste de 1941-45, la "chiourme" est toujours susceptible de se réveiller, comme nous le voyons à présent sous nos yeux. Au demeurant, les "zones de contact ethnique" où ces forces internationales sont particulièrement présentes sont aussi celles où est particulièrement concentrée la production capitaliste (forcément, celle-ci favorisant le "brassage" des "ethnies")...

    L'actualité de ce grand mouvement populaire a été particulièrement bien compilée sur le site Solidarité Ouvrière (communiste-ouvrier) :

    Les premiers frémissements (5-7 février) : Bosnie-Herzégovine : Tuzla se révolte contre la misère et le chômage - Deuxième jour de colère sociale en Bosnie-Herzégovine - Colère contre le chômage et la misère en Bosnie-Herzégovine - Bosnie-Herzégovine : les flammes de la révolte se propagent dans tout le pays - Vidéos : Révolte contre le chômage et les licenciements en Bosnie-Herzégovine

     

    L’EXPLOSION (07-10/02) :

    Bosnie-Herzégovine : La population attaque les bâtiments du pouvoir dans plusieurs villes

    Belga, 7 février 2014 :

    Des manifestations contre la pauvreté et le chômage ont tourné à l’émeute vendredi en Bosnie, où des manifestants ont saccagé les sièges des administrations régionales à Tuzla (nord-est) et à Sarajevo.

    Ces manifestations, pour la troisième journée consécutive, sont d’une ampleur sans précédent dans cette ex-république yougoslave qui, il y a trente ans jour pour jour, accueillait les Jeux olympiques d’hiver.

    Elles illustrent l’exaspération de la population face à une classe politique engluée dans des querelles politiciennes et incapable de redresser une économie sinistrée, depuis la fin de la guerre intercommunautaire de 1992-95.

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    Le siège de la présidence à Sarajevo incendiée

    Ouest-France, 7 février 2014 :

    Des manifestants en colère contre la situation économique en Bosnie ont mis à feu au siège de la présidence à Sarajevo.

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    Les flammes s’étendaient jusqu’au deuxième étage de cet immeuble qui jouxte celui du gouvernement régional, incendié peu auparavant par les protestataires.

    Dans la journée, des manifestants ont également saccagé et incendié l’immeuble abritant l’administration régionale à Tuzla, dans le nord-est du pays.

     

    Manifestations en Bosnie-Herzégovine : ce n’est plus une révolte, c’est la révolution

    Troisième jour consécutif de manifestations sociales en Bosnie-Herzégovine. A Tuzla, le bâtiment du gouvernement cantonal a été pris d’assaut et incendié par les manifestants. La ville ressemble à un champ de bataille. La veille, les affrontements qui ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre auraient fait quelque 130 blessés, dont 102 policiers et 28 protestataires. Des manifestations ont lieu aujourd’hui dans tout le pays. Lire la suite

     

    Bosnie-Herzégovine : la révolte du désespoir et le début d’un nouveau « printemps »

    Le Courrier des Balkans, 8 février 2014 :

    « Tous ensemble ! » Tout est parti de Tuzla mercredi 5 février, mais le mouvement a vite gagné l’ensemble de la Bosnie-Herzégovine. Vendredi, Zenica, Sarajevo et Mostar étaient en feu. Dans cette ville, les manifestants ont incendié les sièges du HDZ et du SDA, les deux partis nationalistes. Parmi les manifestants, les divisions ethniques sont oubliées.

    sarajevo-tulza-mostar

    Ces manifestations marquent peut-être le début d’un « Printemps bosnien ». Elles ont débuté à Tuzla mercredi 5 février et se sont rapidement étendues aux autres villes de Bosnie-Herzégovine. Elles sont l’expression d’une révolte populaire. En cause : les conditions de vie des Bosniens, et une situation économique et sociale déplorable. Ces manifestations marquent le début d’un réveil des consciences pour l’ensemble de la population, sans connotation ethnique. La plus grande crainte des autorités est en effet qu’un jour, tous les citoyens du pays s’unissent pour agir en commun et mettent en péril vingt ans de discours nationalistes qui ont permis à la classe politique de se maintenir au pouvoir. Lire la suite

     

    En Bosnie comme ailleurs : « Ostavke svi ! Smrt nacionalizmu ! »

    Communiqué de l’Initiative Communiste-Ouvrière :

    La colère des ouvriers licenciés, des travailleurs sans salaire et des jeunes chômeurs de Tuzla s’est étendue depuis le 6 février à l’ensemble de la Bosnie-Herzégovine. Partout, tant dans la Fédération Croato-Musulmane qu’en Republika Srbska, la population descend dans les rues pour protester contre le chômage, les fermetures d’usines, les politiques anti-sociales et la corruption des politiciens au service de la bourgeoisie maffieuse. Le 7 février, à Tuzla, Zenica et Sarajevo, la population a attaqué et incendié plusieurs bâtiments symboles du pouvoir en place.

    tuzla

    Bâtiment du gouvernement à Tuzla, 7 février. Sur le mur on peut lire "Ostavke svi !
    Smrt nacionalizmu !"
    (Qu’ils dégagent tous ! Mort au nationalisme !)

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    Révolte sociale contre les dirigeants nationalistes

    L’Humanité, 10 février 2014 :

    Parti d’une manifestation de chômeurs, un mouvement qui traduit un immense ras-le-bol de la précarité, la mal-vie, des privatisations, déferle sur un pays ravagé par les orientations nationalistes et libérales de ses gouvernants.

    Mostar : La colère et la misère unissent les communautés divisées - Revendications des travailleurs et habitants de Tuzla - 2000 manifestants à Bihac - Quelques nouvelles de Bosnie-Herzégovine

     

    Les menaces de répression impérialiste :

    Troupes de l’Union Européenne hors de Bosnie-Herzégovine !

    Communiqué de l’Initiative Communiste-Ouvrière :

    Suite au puissant mouvement de protestation des ouvriers licenciés, des chômeurs, des travailleurs sans salaires et de la population pauvre de Bosnie-Herzégovine, l’Union européenne pourrait être amenée à y envoyer plus de soldats "en cas d’escalade de la situation", a estimé dimanche le haut-représentant de la communauté internationale, Valentin Inzko.

    bosnie-ne-volez-pas-mon-avenirBosnie-Herzégovine : "Ne me volez pas mon avenir"

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    LA PROPAGATION HORS DE BOSNIE :

    Un même combat de Belgrade à Tuzla

    Créé le 6 février 2014, la page facebook "Podrška narodu Tuzle iz Srbije" (Soutien à la population de Tuzla depuis la Serbie) a déjà obtenu plus d’un millier de mention "j’aime". Depuis cette page, un appel est lancé à un rassemblement le lundi 10 février à 16 heures au centre de Belgrade pour soutenir les manifestations en Bosnie-Herzégovine.

    Appel à des manifestations en Croatie

    Après Belgrade, c’est en Croatie qu’apparaissent des appels pour rejoindre les ouvriers et les chômeurs de Bosnie-Herzégovine dans leur lutte contre le chômage, les privatisations et les politiciens corrompus.

    stop-nationalismSous les symboles nationaux bosniaques, croates et serbes : "Un même but, une vie meilleure. Stop au nationalisme ! Les voleurs ne nous alièneront plus !"

    Appel à une manifestation à Zagreb le jeudi 13 février (18 heures Cvjetni trg) :

    Les travailleurs, les chômeurs, les jeunes et la population en général de Bosnie-Herzégovine nous ont donné ces derniers jours un exemple de la façon dont nous pouvons hardiment et courageusement lutter pour nos droits et une société meilleure. En Croatie, il y a un demi-million de chômeurs, de nombreux jeunes n’ont pas d’emploi, les gens fouillent dans les poubelles pour se nourrir, de plus en plus de gens tombent dans l’esclavage de l’endettement, la corruption est partout, les criminels de la privatisation sont restés impunis et la démocratie que nous avons n’est qu’une blague.

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    Belgrade : Manifestation en solidarité avec la révolte de Bosnie

    300 personnes, selon la presse locale, ont manifesté ce lundi 10 février à partir de 16 heures dans le centre de Belgrade pour affirmer leur solidarité avec la révolte de Tuzla et des autres villes de Bosnie-Herzégovine. "Courageuse Bosnie, nous sommes avec toi !", "Salut à Tuzla antifasciste !", étaient quelques-uns des slogans des manifestants qui affirmaient que la meilleure solidarité est de nous organiser ici pour mettre à l’ordre du jour les questions posées par la population de Bosnie.

    beograd

    Et ça continue… :

    Révolte sociale en Bosnie: des cahiers de doléances sur Facebook - Nouvelles manifestations à travers la Bosnie-Herzégovine - Les manifestations se poursuivent en Bosnie-Herzégovine - Bosnie: les manifestations contre le pouvoir continuent - Images de la manifestation du 11 février à Sarajevo - Bosnie-Herzégovine : la population s’organise en plénums

     

    Une fois de plus éclate ici le message universel de la Révolution prolétarienne : LES MASSES FONT L'HISTOIRE ; offrant un splendide contrepied à la situation en Ukraine par exemple, où s'entre-déchirent encore une fois laquais de l'impérialisme russe (révisionnistes brejnéviens de tous les pays à leur remorque, comme sur la Syrie...) et mercenaires de l'impérialisme occidental, parmi lesquels des nostalgiques déclarés du Reich hitlérien... exactement comme en Yougoslavie il y a 20 ans.

    Les masses sont la lumière même du monde ; les masses FONT ET PEUVENT TOUT et les Peuples de l'Est ne sont pas éternellement condamnés à n'être que des pions sur le "grand échiquier" de Brzeziński.

    Sarajevo, Tuzla, Mostar : ces noms qui voilà deux décennies symbolisaient le retour du chauvinisme militariste et de la guerre impérialiste barbare en Europe, avec son cortège de massacres ; quel plaisir de les retrouver aujourd'hui dans un magnifique soulèvement qui trouvera, soyons-en sûrs, toute sa place dans la glorieuse épopée de la révolution prolétarienne européenne et mondiale... Et cette fois-ci (on s'en doute) sans l'insupportable BHL, plutôt signalé du côté de Kiev !

    Ostavke svi ! Smrt nacionalizmu, kapitalizmu i fašizmu ! Sloboda Narodu !

    Que les ouvriers et les paysans de Yougoslavie retrouvent le Glorieux chemin des Partisans !

     

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