• Commune de Paris, Commune d'immigrés !


    Il y a 146 ans jour pour jour expirait, dans les fleuves de sang de la répression ordonnée par l'homme de centre-gauche Adolphe Thiers, la Commune de Paris : la plus mondialement connue des Communes de cette "année terrible" (les autres se situant pour la plupart dans la moitié méridionale de l'Hexagone, en Occitanie et Arpitanie : Marseille, Narbonne, Toulouse, Limoges, Lyon, Saint-Étienne, sans compter une nombre incalculable de petits patelins), qui furent les PREMIÈRES EXPÉRIENCES DE POUVOIR RÉVOLUTIONNAIRE DU PROLÉTARIAT de l'Histoire.

    Si vous n'avez pas cliqué "retour" dès votre arrivée sur ce site communiste, c'est qu'il est à peu près inutile de s'étendre sur cet épisode historique que vous connaissez certainement par cœur.

    Mais une chose sur laquelle on attire usuellement peu, pour ne pas dire pas du tout l'attention, est la suivante.

    À l'avènement de Napoléon Bonaparte et du 19e siècle, vers 1800, Paris comptait quelque part entre 550.000 et 600.000 habitant.e.s, intégralement compris à l'intérieur de l'enceinte dite "des Fermiers généraux". L'agglomération s'étendra progressivement au-delà jusqu'à de nouvelles fortifications édifiées (déjà par Thiers...) sous la Monarchie de Juillet (1841-44) et qui deviendront en 1860 (Haussmann) les nouvelles limites de la Ville de Paris telle que nous la connaissons ; puis encore au-delà...

    Le graphique ci-dessous montre bien la population de l'unité urbaine (agglomération) qui "décroche" de celle de la ville autour de 1835, puis est rattrapée par elle avec l'agrandissement de 1860, mais en décroche à nouveau presque instantanément, etc.

    Commune de Paris, Commune d'immigrés !

    Bref, lorsqu'est proclamée la Commune en mars 1871, ce sont quelque chose comme 2,2 ou 2,3 millions d'habitant.e.s qui peuplent le Grand Paris avec sa naissante banlieue ; soit pratiquement le QUADRUPLE (+300%) de la population du début du siècle.

    Il est bien évident que ceci n'est pas le résultat du seul accroissement naturel : durant la même période, la population générale de l’Hexagone n'a augmenté que de 28%.

    Du fait du développement et de la CONCENTRATION de l'activité capitaliste, de son "aspiration" (en quelque sorte) de la richesse et des ressources naturelles et HUMAINES, la capitale de l’État moderne français s'était tout simplement, durant ces 70 années et encore par la suite jusqu'à nos jours (pour dépasser actuellement les 10 millions d'habitant.e.s...), peuplée de ce que l'on appelle communément des IMMIGRÉ.E.S.

    Un grand nombre de ces personnes venaient, déjà, de l'extérieur de l’État français ; et beaucoup plus encore, surtout, des provinces de celui-ci qui en 1789 étaient encore "réputées étrangères" et où de fait moins de la moitié de la population parlait, encore sous le Second Empire, un français à-peu-près correct [voir par exemple cet ouvrage : https://books.google.fr/books?id=66e9DAAAQBAJ&pg].

    Des gens, exactement comme aujourd'hui, quittant leur chez-eux attirés par l'espoir d'une vie économiquement meilleure là où la richesse pompée de toute part se concentre. S'entassant, arrivés sur place, dans les taudis misérables et lugubres que les lecteurs du colonialiste bien-pensant Hugo et de l'anti-communard Zola connaissent bien ; fournissant dans les usines la dose de SUREXPLOITATION dont le capitalisme a besoin pour permettre l'exploitation "simple" des "déjà-là" (leur permettre d'être "plus égaux que les autres" en quelque sorte), exactement comme par la suite avec l'immigration essentiellement européenne (des marges périphériques de l'Europe) de la première moitié du 20e siècle puis avec l'immigration coloniale de la seconde moitié ; et confrontés à toutes sortes de vexations xénophobes : ainsi le terme "baragouin", désignant un "sabir" étranger incompréhensible, vient-il des mots bretons bara et gwin (pain et vin) que prononçaient les nouveaux arrivants en quête d'une auberge dans la capitale ; le terme de "bougnats" pour désigner les Occitans auvergnats viendrait de "du boùn y a", littéral équivalent de "y'a bon", etc. etc.

    Et ce sont donc ces gens qui, écrasés de misère, feront en 1871 la Commune ; première grande expérience révolutionnaire du prolétariat dans l'histoire de l'humanité.

    Voilà qui serait toujours bon à rappeler face à un certain nombre de choses : une certaine tendance au PARISIANISME DE GAUCHE qui exalte et appelle à son renfort l'expérience communarde en effaçant littéralement les dizaines d'autres situées en province et en l'opposant (justement) à une province soi-disant "réactionnaire", tout d'abord ; les tentatives de récupération par une certaine extrême-droite, mais aussi par la France Insoumise de Mélenchon, au service du patriotisme étatique français ensuite (il est certes vrai qu'aux côtés du drapeau rouge les drapeaux tricolores pouvaient être présents, la Commune étant tout de même née de la défense militaire de la ville contre le siège prussien, mais bon...) ; sans parler des discours de certains "communistes" "maoïstes" sur une immigration qui "abîme(rait) le tissu prolétarien national" et "divise(rait) les masses en faisant s'installer des centaines de milliers de personnes issues des campagnes et pétries d'idéologie semi-féodale"...

    Il y a bel et bien un roman national de gauche qui fait de Paris, et éventuellement de quelques grandes villes comme Lyon, les "phares" de la lutte révolutionnaire ; et des campagnes un ramassis de "bouseux" arriérés, cléricaux et conservateurs. Et puis il y a les FAITS qui sont que les "classes dangereuses" du 19e siècle, couches les plus pauvres et opprimées du prolétariat qui faisaient trembler l'ordre bourgeois et sur lesquelles la maréchaussée ne relâchait pas la pression, étaient massivement constituées de cette immigration de la "province" vers Paris ou de ces campagnes "patoisantes", soi-disant arriérées et réactionnaires, vers les grandes villes à la bourgeoisie francisée et "moderne" de longue date (mais ce n'était pas elle qui était sur les barricades !)... Et que, c'est une certitude mathématique, peut-être la moitié ou pas loin de la moitié des Communards (Parisiens de classe populaire en âge de tenir une arme) n'étaient pas nés à Paris ; et sans doute une majorité était soit dans ce cas, soit du moins de parents dans ce cas.

    Faits soigneusement occultés par le "roman national de gauche", ce qui conduit inéluctablement à des raisonnements comme celui des "matérialistes.com" ('p''c'F'mlm') que nous venons de citer ; raisonnements selon lesquels les récents arrivants dans un territoire industrialisé seraient un "danger" de "décomposition du tissu prolétarien" et de "contamination" (en quelque sorte) par des "idéologies semi-féodales réactionnaires" (ceci s'adresse aujourd'hui, évidemment, aux migrants venant du "Tiers Monde" impérialisé).

    Nous RÉAPPROPRIER cette formidable page de gloire révolutionnaire comme étant AUSSI LA NÔTRE, au-delà de seulement rappeler que nous avons nous aussi eu nos Communes en Occitanie, est donc une nécessité de notre combat de réaffirmation en tant que Peuple dans le cadre de notre lutte de classe ; et plus largement, du combat contre toutes les négations des Peuples au profit d'une pseudo-identité "révolutionnaire française" constitutive du "roman national de gauche" au service de la bourgeoisie.


    Òsca la Comuna !

    Commune de Paris, Commune d'immigrés !


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