• À bas les sales indigènes "racialistes" et "christiano-gauchistes"... LOL ! Ça ne vous rappelle rien ? Pour certaines choses, l'Histoire semble un éternel bégaiement...


    "Le 7 novembre 1915, dans les territoires du Sud contrôlés par sa guérilla, Zapata fit promulguer une Loi du Travail qui prévoyait la journée ouvrée de 8 heure, l'interdiction du travail pour les moins de 14 ans, la gestion des fabriques par des coopératives de travailleurs, le salaire minimum garanti etc. Une telle législation naissait du cœur même de la révolution paysanne, de matrice indigène communaliste. C'est à dire que, par définition, elle ne s'inscrivait pas dans l'optique urbaine, différente, de la COM [Casa del Obrero Mundial, "Maison de l'Ouvrier Mondial", le grand syndicat révolutionnaire anarcho-syndicaliste de l'époque] et par voie de conséquence, dans son autonomie formative, ne prenait pas en compte des revendications telles que le contrôle des propriétés étrangères, l'égalité de traitement et de salaire entre travailleurs mexicains et étrangers [étrangers c'est à dire immigrés... européens, pour l'essentiel à l'époque, formant généralement le gros des troupes anarcho-sydicalistes ou socialistes révolutionnaires dans tous les pays d'Amérique latine, et dont on peut par ailleurs se demander si l'"inégalité de traitement" était vraiment en leur défaveur...], le droit de grève ou encore un statut protecteur pour les syndicats. Toutes choses qui, naturellement, faisaient partie du bagage de la COM.

    Il ne fait aucun doute que les deux programmes auraient aisément pu converger et se compléter, si seulement la COM l'avait demandé, mais... il y avait un "mais", qui allait avoir un poids déterminant pour la suite des évènements : la majorité des zapatistes cultivaient des sentiments RELIGIEUX, et dès lors... les jeux furent faits !

    La funeste conclusion de cela fut en effet qu'entre l'alliance avec ceux qui étaient des révolutionnaires intransigeants, mais non-athées, et celle avec la bourgeoisie capitaliste agraire et urbaine représentée par Carranza, le purisme athéiste anarchiste de la majorité des membres de la COM choisit cette dernière ! Et c'est ainsi que mûrit une opposition, y compris sanglante, entre le mouvement ouvrier organisé et les paysans révolutionnaires.

    Certes ce choix ne fut pas digéré par tous, comme on put le voir lorsque – Carranza ayant fui la capitale, et Villa et Zapata y ayant fait leur entrée – les adhérents de la COM se divisèrent en trois groupes ; la majorité restant avec Carranza, une grande partie de la minorité se ralliant à Villa et le reste à Zapata, parmi lesquels Antonio Díaz Soto y Gama et Luís Méndez.

    En réalité, ce fut Carranza qui se servit de ses nouveaux et temporaires alliés anarcho-syndicalistes : en échange de leur aide militaire (vitale pour lui) contre Villa et Zapata, il leur laissa les mains libres dans l'organisation du travail, ce qu'il pourrait de toute façon révoquer une fois consolidé son pouvoir. Les anarcho-syndicalistes alliés de Carranza formèrent ainsi les bien connus "Bataillons Rouges", qui participèrent à de nombreuses batailles contre les zapatistes dans les alentours de la capitale."

    https://www.anarkismo.net/article/50

    Ce que nous avons là peut paraître "incroyable"... mais n'est en réalité rien de plus que la NORME de la gauche radicale blanche ; car c'est ce que la COM était, d'esprit du moins (cofondée par des exilés de la CNT espagnole, liée à l'"École rationaliste" etc. Casa-del-Obrero-Mundial). Elle fera toujours bloc avec "sa" bourgeoisie blanche contre le "sauvage", le "basané", l'indigène... et le TONNERRE de son soulèvement armé de masse ; sous n'importe quel prétexte et en particulier celui de l'"arriération" ou de l'"obscurantisme" de ce dernier...

    C'est pourquoi nous ne sommes pas de gauche, pas même radicale ; ni de droite ni de gauche, mais MARXISTES ; car comme l'expliquait le grand Abraham Serfaty un-grand-monsieur :

    "Le concept de «Culture Occidentale» est pris pour ce qu'il est, à savoir la Culture de la Société Capitaliste, telle qu'elle a émergé depuis la Renaissance, et telle qu'elle prétend aujourd'hui régenter le monde. Sous cet angle, le marxisme n'est pas partie de la Culture Occidentale. Il en est la négation. Si aujourd'hui il apparaît, notamment pour beaucoup de ceux qui sont encore sous le joug, direct ou indirect, de l'impérialisme et de ses formes d'expression culturelle, comme faisant partie de cette Culture Occidentale, c'est que les courants marxistes actuellement dominants qui ont émergé de ce monde capitaliste n'ont pu se désaliéner complètement de la Culture acquise et n'ont pas poussé jusqu'au bout et dans tous les domaines la négation des structures du monde capitaliste et de sa Culture."

    À bas les sales indigènes "racialistes" et "christiano-gauchistes"... LOL ! Ça ne vous rappelle rien ? Pour certaines choses, l'Histoire semble un éternel bégaiement...

    [Un camarade fait valoir que ce serait plutôt une question d'idéalisme anarchiste, qui va faire avec (parfois) un "brin de mépris" de l'"aliénation religieuse" l'ennemi principal ; citant l'exemple de la lutte principalement anti-religieuse de la CNT-FAI dans l’État espagnol. Nous ne pensons cependant pas que l'on puisse comparer hâtivement ainsi, et ce faisant, écarter du panorama la problématique du racisme et de la "blanchité" du "prolo" blanc ou "blanchi" face aux indigènes sur un  continent colonisé.

    Il est vrai que dans tous les pays européens à la fois industrialisés et très ruraux, il y a eu une tendance à faire de la classe ouvrière une "promotion sociale", méprisant le "cul-terreux arriéré" et s'enchaînant ainsi à la bourgeoisie "progressiste" ; tandis que de l'autre côté le "cul-terreux" la considérait comme une bande de connards hautains, et répondait toujours présent pour enfiler un uniforme et aller la réprimer. Gramsci en parle dans sa Question Méridionale marxists.org gramsci, avec le cas d'une grève à Turin et d'un berger sarde envoyé comme soldat pour la réprimer, qui rencontre un autre Sarde (ouvrier) et discute avec lui, et lui explique que pour lui les ouvriers sont des "messieurs qui gagnent 30 lires par jour" alors que lui, "1 lire et demi au maximum"... Ou encore le cas de "Brest la rouge", l'ouvrière, qui ne parlait pas breton et méprisait les culs-terreux bretonnants de l'arrière-pays. Les instituteurs "hussards noirs" de la Républiiiique, tous "de gauche" voire "socialistes" et même plus tard "communistes", venant "civiliser" nos campagnes et bourgades de "province" souvent opprimées nationales (ou du moins "patoisantes" d'oïl) à coups de "bon français", de morale républicaine tricolore et de "tu seras soldat" ; et les paysans le leur rendant bien en grossissant les rangs de la droite conservatrice – oui, bien sûr, le racisme colonial "civilisateur" n'a finalement jamais été qu'une version "radicale", dans la sous-humanisation des peuples, de cela. Ceci a longtemps (jusqu'à la quasi-disparition des paysanneries) été une arme lourde de contre-révolution préventive.

    Mais justement, cela ne s'applique pas trop à la CNT-FAI espagnole qui est au contraire largement sortie de ce schéma, avec une large base paysanne ; en fait, la seule organisation de l'époque faisant vraiment que dans des régions entières les paysans n'étaient pas unanimement cléricaux et conservateurs. Là, la question a plutôt été celle d'une quadrature du cercle entre combattre une Église première propriétaire foncière du pays, et ne pas heurter le sentiment religieux des petites gens et les offrir sur un plateau aux franquistes. Pas évident... Mais il n'est pas sûr que l'on puisse dire qu'ils l'ont si mal fait que ça et partout, sinon les franquistes n'auraient pas mis 3 ans avec des moyens militaires colossaux pour conquérir les zones républicaines. Au Mexique en revanche, depuis les Lois de Réforme de Benito Juárez (1858-72), il n'y avait plus de grande propriété foncière de l’Église : comme ici avec la Révolution bourgeoise dans les années 1790, elle avait été mise en vente et rachetée par de riches propriétaires séculiers ("réforme" détruisant par la même occasion la propriété collective paysanne indigène...). Les choses était donc très différentes ; l’Église n'était plus une force sociale exploitant directement les paysans, et cet argument ne pouvait pas être invoqué.

    Par contre, puisque l'on parle de la CNT-FAI, la COM a largement été créée en liaison avec des exilés anarchistes espagnols. En fait, TOUT l'anarchisme comme d'ailleurs le marxisme en Amérique latine a été importé ainsi ; se liant, une fois sur place, d'abord à des éléments "progressistes radicaux" (et souvent "libres penseurs", dans une logique d'"éducateurs anti-obscurantistes" du peuple) de la petite bourgeoisie blanche ou "claire". Ensuite, il a été assimilé et a donné de grandes choses ; mais dans un premier temps, que ça nous plaise ou non, ça a posé un problème de blanchité (qui est effectivement un idéalisme, puisque pas l'intérêt matériel réel du "Blanc de peu", mais voilà...) chez ces premiers noyaux de cadres tout droit venus d'Europe ou principalement euro-descendants locaux. Cette affaire du Mexique en est une illustration : les anarcho-syndicalistes ont préféré (en majorité) faire bloc avec l'oligarchie blanche, sous prétexte que les zapatistes étaient religieux (une religiosité assez peu catholique en réalité, plutôt syncrétique avec les croyances indigènes pré-coloniales) ; mais en réalité, surtout parce que c'était un soulèvement indigène ou métis à dominante indigène vu comme "des sauvages" (donc "forcément" obscurantistes et "à la botte des curés" - qui comme souvent dans les soulèvements paysans, pour les petits curés de campagne du moins, avaient en effet tendance à se solidariser de leurs paroissiens).

    Mais on peut le retrouver encore plus tard, et dans le marxisme-léninisme. Vittorio Codovilla était un immigrant italien, dirigeant du Parti communiste d'Argentine et de fait superviseur du Komintern pour toute l'Amérique du Sud, qui a rejeté les thèses de Mariátegui indigenisme-marxiste-mariategui en les renvoyant à du "populisme russe". Sauf qu'aujourd'hui... Mariátegui est une pensée politique dont très au-delà des "gonzalistes" (maoïstes) nous ne pensons pas qu'il y ait un courant anticapitaliste et anti-impérialiste sur le continent, "stalinien" ou anti-stalinien, qui ne s'en réclame pas ; tandis que Codovilla, lui par contre, est resté dans (les poubelles de) l'histoire comme le dirigeant d'un des PC à l'opportunisme le plus pourri, jusqu'au soutien à des coups d’État (contre Perón) etc., de tout celui-ci.

    C'est ce qu'explique Serfaty : le marxisme ne fait pas partie de la "culture occidentale", il en est la NÉGATION. Mais LES MARXISTES c'est autre chose ; et lorsqu'ils arrivent d'Europe sur un continent colonisé, c'est souvent laborieux pour qu'ils se dégagent intellectuellement de la "culture occidentale", "tuent le Blanc" en eux comme qui dirait...]

    À bas les sales indigènes "racialistes" et "christiano-gauchistes"... LOL ! Ça ne vous rappelle rien ? Pour certaines choses, l'Histoire semble un éternel bégaiement...


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