• Un exemple d'ANTITHÈSE TOTALE de tout ce pourquoi nous luttons : le cas Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon


    maocNous avions présenté, il y a quelques mois, une initiative organisée dans l’État espagnol comme le modèle de ce pour quoi nous nous battons : l'unité indéfectible des Peuples, au sein d'un même État capitaliste et au-delà, pour BRISER LES CHAÎNES de ces États et de tous les impérialismes.

    Nous allons maintenant tenter de vous illustrer, par un exemple, TOUT CE QUE NOUS NE VOULONS PAS. Car il faut bien comprendre qu'il y a des têtes dures et que quand bien même il ne resterait qu'UN SEUL petit facho, nazillon ou autre farfelu réactionnaire pour revendiquer, dans un État donné, l'indépendance d'un Peuple donné, les défenseurs dudit État (y compris "de gauche", les pseudo "citoyens du monde" et vrais gardiens du temple qui prônent son "dépassement" universaliste abstrait) s'en empareraient pour y assimiler et y réduire TOUTE affirmation des Peuples périphérisés et niés par celui-ci et toute remise en question de cette construction historique capitaliste qui est - on ne le rappellera jamais assez - le grand râtelier auquel ils bouffent*. C'est finalement un peu la même chose que l'antisémitisme ou le conspirationnisme en matière de soutien à la Palestine (en particulier) ou de lutte contre l'impérialisme (en général) : comment se faire les arguments vivants des pires ennemis de la cause que l'on dit défendre. Il faut donc mettre une fois pour toutes les choses au clair.

    Cet exemple, qui pourrait bien être un jour ce "der des ders", nous l'avons trouvé en la personne de Jean-Pierre/Yann-Ber (en breton) Tillenon.

    Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon est un cas typique de ces militants qui, pris dans l'"orbite" intellectuelle de la gauche révolutionnaire lorsque celle-ci était puissante (il a fréquenté le milieu autonome parisien des années 1970 et partagé un temps la vie de Joëlle Aubron), ont tout naturellement dérivé vers la droite radicale et les fantaisies réactionnaires en tout genre dès lors que cette force d'attraction s'est affaiblie (autre exemple : Patrick/Padrig Montauzier, fondateur et leader d'Adsav). Après avoir fréquenté (entre autres) Serge Ayoub ou encore Guillaume Faye, il se revendique désormais de... "l'extrême-centre" - mais si une telle identité politique peut exister de manière sincère (et assez largement) en Bretagne, pays de petite entreprise et de culture politique Tillenondémocrate-chrétienne, elle sert aussi (et pour cause) de paravent à des gens impossibles à classer autrement qu'à l'extrême-droite (une version locale du "ni droite ni gauche" en quelque sorte) ; et nous voyons mal, en l’occurrence, comment classer autrement un personnage qui a participé (en 2006) à une conférence sur "l'avenir du monde blanc" en Russie aux côtés de son grand collègue (donc) Guillaume Faye, de "Terre et Peuple" de Pierre Vial et de leurs amis internationaux (russes, allemands, "espagnols", grecs etc.).

    L'on pourra peut-être nous reprocher de nous en "prendre" à un activiste politique d'un autre Peuple, et donc de nous "mêler de ce qui ne nous regarde pas". Il est clair que Yann-Ber Tillenon n'est pas un cas unique, ni en Bretagne ni dans le reste de l'Hexagone, et il en existe sans doute de similaires en Occitanie même si le (tout petit) PNO, qui partage la même vision "ethniste", est issu d'une déviation du marxisme (François Fontan) et n'a pas dérivé plus à droite que le Modem ou l'UDI tandis que la droite extrême est plus généralement sur la vision maurrasso-identitaire "classique" (Occitanie-France-Europe). [MàJ : c'est confirmé cela existe bel et bien... Nous savions que Richard Roudier s'était fait (vers la fin 2012) jeter du Bloc identitaire - pour des embrouilles d'égo essentiellement. Suite à cette rupture, manifestement, sa "Ligue du Midi" a rejeté la reconnaissance de la "patrie historique" française pour évoluer vers une "ligne Tillenon" en mode "Ici (en Occitanie) c'est pas la France". Toute la critique de Yann-Ber Tillenon qui va suivre s'applique donc évidemment à ces énergumènes. Roudier a fait partie dans les années 1970 du groupe "Pòble d'Òc", issu pour l'essentiel de l'extrême-droite régionalo-européiste montpelliéraine ("Jeune Languedoc") ; une majorité du groupe évoluera cependant vers des positions plus "à gauche" (socialisantes, fédéralistes libertaires, écologistes) ce qui entraînera son départ en 1976. Il sera ensuite un membre fondateur d'"Unité radicale" puis du Bloc identitaire (la scission avec les "eurasistes" de Christian Bouchet se fit alors, rappelons-le, sur la défense des thèses de Guillaume Faye avec lequel le Bloc rompra cependant par la suite). MàJ nov. 2015 : mais ceci ne les empêche manifestement pas d'assurer la sécurité d'un élu du Front National, dont le symbole reste à ce jour (à notre connaissance...) une flamme tricolore et dont l'hostilité aux affirmations nationalitaires réelles est notoire...]

    Mais nous avons simplement trouvé que dans l'interview en lien ci-dessous (datant de 2007 mais ses idées n'ont guère changé depuis), la limpidité de ses propos ("foufous" en apparence mais en réalité très cohérents) donne un aperçu particulièrement clair de ce courant de pensée - à partir de quoi, libre à chacun-e de remplacer "Bretagne" par "Occitanie", "Corse", "Euskal Herria", "Alsace" ou ce qu'il/elle veut, cela revient au même ! Et puis, au-delà de cela, Occitans et Bretons sont embarqués sur le même "bateau France", la question de ce qui est proposé à l'encontre de ce "bateau" nous concerne donc tous et d'ailleurs, Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon a bel et bien un projet pour nous puisque l'Occitanie (d'un seul tenant ou pas, nous ne savons pas, il faudrait le lui demander) doit logiquement faire partie de la dizaine d'"États-régions" par lesquels il veut remplacer l’État français.

    Nous vous invitons donc à lire avec attention l'interview ci-dessous, donnée par Yann-Ber Tillenon à un web-magazine de "culture trash" : 

    http://www.vice.com/fr/read/extrmement--louest


    Et maintenant que vous avez bien lu (avec attention on l'espère), place à l'analyse en profondeur des choses.

    En somme, ce que prône Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon, c'est :

    - une "Europe-civilisation" autrement dit une Europe impérialiste complètement unifiée, vision (complètement idéaliste et utopique au demeurant) qui relève plutôt (d'habitude) du social-libéralisme, de la démocratie chrétienne ou de la libéral-démocratie bourgeoise mais que l'on trouve aussi (minoritairement) en version d'ultra-droite fasciste depuis toujours : c'est un peu ce que voulait Hitler mais sous suprématie allemande, le "courant non-pangermaniste de la Waffen SS" (dans les rangs duquel Marc Augier "Saint-Loup", qui serait l'auteur de cette carte : HcWSdiI.jpg) qui avait ce genre de projet à la toute fin de la guerre en 1945 ; puis le "nationalisme européen" avec la FANE ou encore l'hebdomadaire "d'opposition nationale et européenne" Rivarol, "l'Europe aux 100 drapeaux" du nationaliste réactionnaire et ex-collabo breton Yann Fouéré dont s'inspire certainement notre "druide", les eurasistes de Jean Thiriart et aujourd'hui les héritiers de ceux-ci ou encore les Identitaires, mais Tillenon pousse la vision encore plus loin ;

    antifabzh.jpg- consistant en une fédération d'"États-régions" fondés sur la "pureté" ethnique... Autrement dit il veut la même chose que les États-"nations" que nous avons actuellement, dans ce qu'ils ont de pire en matière de chauvinisme, xénophobie, suprématisme racial (même masqué sous un pseudo "respect des différences") et exclusion, mais correspondant aux nationalités réelles et non aux territoires que la bourgeoisie d'un Centre (ici en "France" : Paris) s'est annexée comme base première d'accumulation et a proclamé "Nation". Waouh, c'est clair qu'il y a comme un progrès ! Mais enfin, bien léger ; en termes de rupture avec l'idéologie dominante on va dire qu'on a vu mieux... L'on notera aussi que cet État bourgeois moderne, Yann-Ber Tillenon en connaît parfaitement les "piliers" : "1) la monnaie, 2) l’armée, 3) les frontières, 4) la législation" et qu'il reproche en définitive à la "France"... de ne plus les posséder ("L’État français n’a plus de monnaie propre, quasiment plus d’armée et plus de frontières. Quant aux lois, elles sont votées par Bruxelles à 80%").

    À l’État français, Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon va donc reprocher non pas sa périphérisation (dès la conquête à la fin du 15e siècle) puis sa négation pure et simple (à partir de 1789) du Peuple breton, parallèlement à la colonisation, à l’asservissement et au génocide d'innombrables Peuples outre-mer, mais son "cosmopolitisme" contraire aux "puretés" ethniques ; "cosmopolitisme" qui fait bien sûr démarrer "vraiment" l'oppression française en 1789 (la Bretagne, c'est bien connu, n'était pas du tout opprimée sous l'Ancien Régime et aucun Bonnet rouge de 1675 ne s'est jamais balancé au bout d'une royale corde !). D'ailleurs, si cet État du Capital bleu-blanc-rouge n'avait pas importé autant de "bicots" et de "bamboulas" pour faire face aux besoins du capitalisme des Trente Glorieuses, on y vivrait peut-être un peu mieux sa périphérisation et sa négation de Breton - c'est en tout cas ce que semblent sous-entendre ses propos ("Le patronat français n’arrivait pas à changer le peuple français. Il a donc préféré changer de peuple en laissant entrer une population allogène plus docile. Mais ça commence à se retourner contre lui." (...) "La France est au bord de la guerre civile." (...) Chevilly-Larue [en région parisienne hein, pour précision...], où j’ai ma maison, ma bagnole a cramé pendant les émeutes. Je l’ai vu aussi quand Ben Laden a réussi son coup, ça hurlait de joie dans les cités."). Et pour quelqu'un qui - manifestement - veut nier la construction historique "France" (puisqu'il prône son remplacement par une dizaine d’"États-régions" indépendants), les mots France et Français reviennent un peu beaucoup - et sans guillemets - dans son discours... Et n'est-ce pas un drapeau tricolore français qu'il nous semble bien voir en en-tête de son nouveau blog personnel ? Il y a un moment où il faut savoir !

    En définitive, Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon est un "Breton" profondément français d'esprit (de l'aile droite de l'idéologie française) qui vit d'ailleurs (il le dit lui-même) en... région parisienne (Chevilly-Larue) et qui s'imagine que par quelques mesures cosmétiques comme "bretonniser" son prénom, parler un brezhoneg "académique" (qui nie la richesse populaire des dialectes locaux) ou adopter un panthéisme druidique il est en "rupture" avec une construction historique vieille de 800 ans - et l'hégémonie idéologique qui va avec.

    Europe100drapeauxDepuis une quarantaine d'années la "France" est en crise profonde (la crise qui annonce, en réalité, sa fin comme réalité historique !) et comme beaucoup d'autres, Tillenon est à la recherche d'une "alternative" (non-révolutionnaire bien entendu, sans autre rupture avec le capitalisme que - éventuellement - le rebaptiser en "socialisme national", "solidarisme" ou autre foutaise). Pour un certain nombre de personnes, cette crise a pour nom "européisme" et il "faut" donc en revenir aux "souverainetés", aux frontières et à la maîtrise de la politique intérieure comme étrangère de naguère (des années 1960) - maîtrise que Tillenon semble d'ailleurs lui aussi regretter. Pour d'autres il "faut" au contraire aller encore de l'avant dans l'intégration européenne, qui serait le "seul avenir de la France" - nous avons vu que cette conception n'était pas vraiment un marqueur clair d'appartenance au libéralisme bourgeois, et que des fascistes pouvaient la partager. Il "faut", peut-être, redéfinir les alignements géopolitiques : il reste (et restera sans doute toujours) des BHL pour être d'un atlantisme inconditionnel, mais pour beaucoup il faudrait se tourner vers la Russie, qui serait actuellement le "conservatoire" des "valeurs européennes" ; une Russie qui devrait pour certains "plus regarder vers l'Europe" (et réciproquement) et moins vers l'Asie et le "tiers-monde" ; tandis que d'autres assument un "eurasisme tiers-mondiste". Pour certains cela doit inclure le "rempart" israélien (qui devrait du coup aller frapper à la porte du Kremlin) face à l'"ennemi mortel" arabo-musulman : c'est le cas de Tillenon qui est proche de Guillaume Faye (100% sur cette ligne) et défend totalement l’œuvre de "restauration nationale" sioniste. Pour d'autres, il faut absolument rejeter cette "jambe" de l'"ordre mondialiste" (l'autre étant bien sûr les États-Unis d'Amérique).

    Pour la plupart (comme les Identitaires mais aussi bon nombre d'eurasistes, "solidaristes" et autres nazbols qui se sont tournés vers cette thématique ces dernières années - voir ici et ici par exemple ; ou encore de "néo-païens" dans la mouvance "Terre et Peuple") il y a les "petites patries charnelles" locales qui fleurent bon l'"identité" organique et millénaire (depuis les "Gaulois", "ancêtres" de la moitié de l'Hexagone "français" au grand maximum mais c'est pas grave, voire carrément depuis le Néolithique...), il y a l'Europe "civilisation" et "puissance" à (re-)construire mais entre les deux il y a tout de même l'échelon "France" ("patrie historique") à respecter. Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon fait tout simplement partie des quelques uns (avec les gens d'Adsav par exemple) qui veulent purement et simplement "faire sauter" cet échelon pour rattacher directement leur nationalité réelle à un bloc impérialiste européen à construire ; en d'autres termes il refuse le compromis maurrassien entre les nationalités réelles et l'État/impérialisme BBR. Mais - comme nous l'avons dit - ce qu'il reproche à cette construction historique du Capital sous direction parisienne ce n'est pas son œuvre de transformation des classes populaires en chair à usine et à canon, mais son "cosmopolitisme" : la maigre esquisse de multiculturalisme que les nécessités du capitalisme (certes) et les luttes populaires ont imposé à la société capitaliste "française", et qui lui est déjà insupportable. C'est un séparatisme réactionnaire, visant des objectifs 100% capitalistes ("Californie de l'Europe" etc. etc.) sans même s'embarrasser des "formes" libérales et "humanistes" bourgeoises comme peuvent le faire le PNO ou le Parti breton (ex-aile gauche du POBL, l'aile droite ayant formé Adsav sur des thèses proches des siennes). 

    En définitive, Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon (qui livre ici quelques éléments biographiques révélateurs dans un "bel" esprit 100% patriarcal, militariste et temps-béni-des-colonies : "Ancien du 5e RMP né en 1947 à Paris 13e. Je suis d'origine bretonne et alsacienne (...) J'ai été volontaire pour le 5e RMP en Polynésie. Je voulais "voir du pays" et je pensais aux "Vahinés", aux "bains de soleil" et à la sieste sous les cocotiers. J’ai été agréablement surpris de constater que la Légion, en plus des histoires des héros au combat que j'entendais étant gosse pendant la guerre d'Algérie, était  une grande fédération, une grande armée  européenne" - tout un programme !!!) ne "reconnaît plus" la Bretagne ET LA FRANCE de sa jeunesse... et sa "solution" c'est donc le repli sur l'ethnicité "pure" des nationalités réelles, seule à même selon lui d'éviter le "cosmopolitisme" et son corollaire la "décadence", "produits inévitables" de l'appartenance à la construction "France".

    breizh gwenhadu komunourSon discours peut paraître "allumé" à première vue, mais en réalité tout se tient. Il a une volonté de puissance pour "sa" Bretagne et son modèle (puisque l'on a parlé d'"alternative" non-révolutionnaire et 100% capitaliste) il le revendique ouvertement : la... Californie ("faire de la Bretagne une Californie de l'Europe"). Excellent modèle en effet... d'un point de vue capitaliste : prise indépendamment, la Californie serait la 10e économie capitaliste mondiale et assurément un pays impérialiste (malheureusement nous sommes anticapitalistes et anti-impérialistes et ce pays n'est donc pas un "modèle" à nos yeux, ni pour la Bretagne ni pour l'Occitanie... nous nous rappelons que la Californie c'est aussi quelques 20 à 25% d'exclus dans une misère noire, une ségrégation sociale sur base "raciale" - mais aussi métropole/"cambrousse" - omniprésente - mais cela n'est sans doute pas pour déplaire au triste sire Tillenon ; des dizaines d'années de prison pour ceux qui "sortent des clous" pour survivre - parfois pour le vol d'une pizza si c'est le "third strike" - etc. etc.).

    Il est cependant bien conscient que pour une Bretagne seule (indépendante) cela n'est pas réalisable. Au sein de la "France" cela n'est pas réalisable non plus puisque cet État est (selon lui) un facteur de décadence et une bride pour les "énergies", qui inonde la Bretagne de "bougnoules" et de "négros" sous la chape de plomb d'une "bureaucratie soviétique" ("La France est le dernier régime totalitaire du monde avec la Chine" - il va de soi que pour lui, la Chine incarne encore le "communisme")... Reste donc une Bretagne fédérée au sein d'une Grande Europe blanche et "visionnaire". L'on voit mal comment, dans une telle Europe, la Bretagne pourrait être autre chose que la périphérie qu'elle est actuellement vis-à-vis des régions dominantes (la "Banane bleue"), mais cela n'a guère d'importance pour lui : le Peuple breton, dans le fond, ne l'intéresse pas ; "sa" Bretagne (où il ne vit d'ailleurs même pas) est un "idéal", une "super-vision", un "concept philosophique" et non une réalité sociale sur un territoire donné, fruit d'un processus historique et à transformer dans un processus historique, un projet révolutionnaire de libération pour le Peuple breton (c'est à dire les personnes qui vivent et travaillent aujourd'hui en Bretagne et n'y sont pas des ennemies du peuple, selon la conception léniniste de la nationalité ; et non les personnes qui pourraient revendiquer une "ascendance celte millénaire" !)... Et puis après tout, avec la "Banane bleue" on reste entre peuples "aryens" et respectables n'est-ce pas (Allemands, Flamands, Suisses, Alsaciens etc.) ; notre Yann-Ber étant lui-même à moitié alsacien, donc "banane-bleusien" (la "race supérieure" ?) dans un sens.

    Tout cela sent bon l'utopie totale et - donc - l'idiot utile, comme le furent déjà ses prédécesseurs du PNB dans les années 1940. C'est finalement la même chose que les conceptions religieuses réactionnaires (et leurs corollaires antisémites) dans les pays musulmans et les colonies intérieures de cette culture en Europe, ou encore le "kémitisme" de certain-e-s afro-descendant-e-s (conceptions que Soral et Dieudonné s'efforcent de "drainer" vers l'extrême-droite "gauloise" FN, tentant en quelque sorte de reproduire le "compromis maurassien" mais cette fois-ci avec les "non-blancs") : des résistances RÉACTIONNAIRES d'ensembles humains donnés contre la domination centraliste et impérialiste des États du Capital (domination dont un aspect possible est l'"uniformisation", à laquelle Tillenon réduit tout le problème) ; résistances tournées vers un passé idéalisé, vers le "paradis perdu" et la "tradition" ("une nouvelle SOCIÉTÉ TRADITIONNELLE celtique au 21e siècle, siècle de la postmodernité" - ici) et non vers la construction de l'avenir démocratique-réel et communiste de l'humanité ; mais auxquelles il ne faut pas non plus fantasmer plus d'importance qu'elles n'en ont, autrement dit en faire la menace fasciste stratégiquement principale de notre époque, car la (para)phrase de C.L.R. James qui s'applique aux colonies intérieures "non-blanches" s'applique également aux Peuples "blancs" niés par la construction historique de l’État : l'on peut affirmer sans problème que "tout mouvement fasciste d'étendue hexagonale (aussi déguisé soit-il) sera obligé de s'attaquer à l'affirmation des Peuples niés et périphérisés", ce que devraient suffire à prouver (toutes) les prises de position du Front National sur un sujet aussi picrocholin que la Charte européenne des langues minoritaires et régionales, ou encore l'expérience de la "Révolution nationale" Strollad komunour breizhvichyste en 1940-44 - quand bien même les amis de Yann Fouéré tentèrent de la court-circuiter en traitant directement avec les Allemands. Pour autant, cela existe et il nous faut donc prendre position dessus - ne serait-ce que, comme nous l'avons dit, parce que cela sert d'argument vivant à nos petits détracteurs "de gauche".

    Il faut dire hélas (mais l'autocritique est ici essentielle) qu'à cela, c'est-à-dire tant aux délires d'un Tillenon qu'aux "argumentations" jacobines élaborées à partir de ce genre de "cas d'espèce", les limites de nos luttes autonomistes ou indépendantistes de gauche (progressistes ou révolutionnaires) ont souvent tendance à prêter le flanc. Voici ce que nous pouvions déjà écrire il y a deux ans à ce sujet :

    "Il faut véritablement s'arrêter et insister lourdement sur ce point, car il est fondamental et l'aboutissement de tout ce que nous venons de voir. L'on observe en effet très largement, dans l’État français mais aussi dans les autres (État espagnol etc.), une tendance de l'affirmation (y compris progressiste, y compris révolutionnaire) des Peuples niés qui en constitue selon nous une grande limite : la tendance à vouloir prioritairement délimiter un territoire "national" "au village près", sur des critères notamment linguistiques (et "culturalistes"), débouchant parfois sur des prises de bec avec d'autres affirmateurs de Peuples voisins etc. etc. - l'on pourrait peut-être employer, pour qualifier cette déviation, le terme rabelaisien de "picrocholinisme".

    Un travers que l'ennemi (centraliste bleu-blanc-rouge, espagnoliste etc.) ne se prive d'ailleurs pas de retourner contre nous, se découvrant soudain... "anti-centraliste" et "anti-expansionniste" pour nous traiter précisément de cela, de centralistes et d'expansionnistes, nous accusant de vouloir nier la grande diversité régionale de l'Occitanie (bien réelle avec ses 6 ou 7 aires linguistiques et culturelles elles-mêmes subdivisées) ou mettant en avant la question du gallo en Bretagne ; ou encore, dans l’État espagnol, rappelant le particularisme de telle partie d'Andalousie (Almeria, Grenade) ou de tel pays catalan (Valence, Baléares). C'est là une tactique éprouvée et vieille comme le monde, qui porte un nom dont vous nous passerez la grossièreté : l'enculage de mouches. Autrement dit l'ergotage, le pinaillage sur des points de ce style pour faire s'effondrer la question principale d'une revendication sous un "bombardement" de questions secondaires. Ce à quoi nous avons, hélas, amplement tendance à prêter le flanc - de par les limites de notre compréhension des choses.

    Car il est bien évident que la diversité linguistique et culturelle des régions de la vaste Occitanie ne les inclut pas moins dans ce qu'il faut bien appeler la question méridionale de l'Hexagone, qui EST la question principale ; de même qu'en Bretagne le brezhoneg (parlé au Moyen Âge jusqu'aux portes de Rennes et Nantes) a finalement beaucoup moins reculé face à l'oïl du Val de Loire (donnant le gallo) que le gaélique irlandais face à l'anglais, et pourtant personne (en tout cas beaucoup moins de monde) ne se risque à nier l'Irlande comme réalité et question nationale face à son oppresseuse historique - l'Angleterre.

    C'est la raison pour laquelle il faut marteler et marteler encore, ici et ailleurs, maintenant et à l'avenir que la question est SOCIALE, la lutte est SOCIALE. C'est particulièrement net en Occitanie, qui ne peut pas se revendiquer historiquement d'un État unifié (ni moderne ni même pré-moderne) sur l'ensemble de son territoire : l'Occitanie existe par la France, comme POSITION SOCIALE (socio-territoriale) au sein de l'ordre français ; au même titre que (par exemple) le Mezzogiorno italien (qui s'identifie largement, mais pas totalement à l'ancien Royaume de Naples) ; et la lutte qui l'affirme est une lutte pour se libérer de cette position (mais cela est également valable pour la Bretagne ou pour la Corse, qui peuvent se revendiquer d'un État souverain par le passé). La "libération nationale", terme auquel nous préférons celui de Libération révolutionnaire du Peuple (LRP) car "national" inclut nécessairement la bourgeoisie, n'est pas quelque chose qu'il s'agirait de "combiner" d'une manière ou d'une autre avec la "libération sociale", autrement dit la lutte de classe : elle EST l'expression spécifique de la lutte de classe du Peuple travailleur, dans les conditions spécifiques d'un Peuple absorbé et nié par un grand État moderne lors de sa formation.

    La lutte pour la langue est une lutte pour la "reconquête de soi" en tant que Peuple, en antagonisme avec l’État qui veut faire de nous ses "citoyens" uniformisés autrement dit les petits soldats productifs de son Capital : c'est une lutte très importante mais subordonnée ou, plus exactement, impliquée par la lutte sociale qu'est la libération révolutionnaire (anticapitaliste) en tant que Peuple travailleur inscrit dans un certain ordre social au sein des frontières d'un État (des murs d'une prison, d'un enclos à force de travail).

    En définitive, soit l'on a compris cela soit on ne l'a pas compris ; et c'est alors la porte ouverte à toutes les dérives (isolement folklorique et inexistence politique, électoralisme et incrustation dans le système que l'on dénonce, populisme voire xénophobie réactionnaire) quelle que soit la quantité de vent que l'on brasse par ses moulinets nationalistes."

    Nous, nous ne vivons pas dans la nostalgie de notre jeunesse occitane en France ; nous ne la regretterions pas même si nous étions nés au Moyen Âge (avant la Conquista) ; mais ce n'est de toute façon pas le cas : nous avons toujours vécu dans un enclos à force de travail dénommé "France" et sur un territoire occitan qui s'est vu attribuer une certaine place - périphérique, provinciale - en son sein. Nous regardons vers l'avenir et l'avenir, pour nous comme pour toute l'humanité, c'est d'en finir avec cette réalité et ce paradigme historique pour passer à autre chose. Nous ne sommes pas non plus spécialement nostalgiques de l'époque où "80% des lois" qui servent à nous opprimer n'étaient pas "faites à Bruxelles" : nous combattons bien évidemment l'Union européenne comme appareil de classe capitaliste mais nous voyons aussi, il faut le dire, plutôt positivement ce symptôme d'affaiblissement de l’État et de l'impérialisme bleu-blanc-rouge.

    La "France" est le nom d'un appareil politico-militaire ET IDÉOLOGIQUE (= de "contrôle des consciences") servant à encadrer une masse de force laborieuse au service de l'accumulation de capital (production de plus-value). Ce mode de production, le capitalisme, a été une étape atrocement douloureuse mais nécessaire et incontournable de l'histoire de l'humanité, sans laquelle nous aurions encore une espérance de vie d'une trentaine d'années, nous serions à la merci du moindre aléa climatique ou de la moindre épidémie, etc. etc. Une étape "progressiste" en ce sens d'historiquement nécessaire, au sens où la longue marche de l'humanité vers le communisme devait passer par là exactement comme elle devait passer par le pire esclavage de l'Antiquité, ou comme la vie qui naît doit passer par l'accouchement, atrocement douloureux lui aussi (ce terme de "progressiste" a cependant pris aujourd'hui une connotation positive qui fait que nous évitons de l'employer au sujet du capitalisme et de son œuvre, car cela nous semble incompatible avec la LUTTE idéologique et physique que nous livrons contre lui).

    Mais aujourd'hui ce mode de production a fait son temps et n'est plus en mesure d'apporter le moindre progrès à l'humanité, seulement le lot de désastres et de violences inhumaines qui l'ont toujours accompagné (Marx disait que le Capital "arrive au monde suant le sang et la boue par tous les pores"). Dès lors, nous devons et voulons abattre ce mode de production capitaliste et EN FINIR avec ses États/appareils d'encadrement politico-militaire et idéologique. Cela conduira forcément, en brisant ces murs, à en libérer les Peuples (ensembles de travailleurs partageant une même culture, une même histoire, une même économie productive) qui pourront dès lors (à nouveau) avancer vers l'avenir : la Commune Humanité.

    Des Peuples LIBRES ET SOCIALISTES qui soient comme des PONTS JETÉS VERS L'UNIVERSEL, tel est ce pour quoi nous luttons ; et certainement pas pour des répliques en "modèle réduit" des États capitalistes que nous subissons et combattons actuellement, a fortiori dans ce qu'ils ont de pire (chauvinisme, racisme), au service d'une fantasmagorique "Europe puissance" pour la "défense du monde blanc" (traduction : des monopoles européens) !

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    * L'on s'arrêtera ici pour souligner la cocasserie de la chose car en réalité (et en dernière analyse), si l'on regarde bien les deux principales racines de l'extrême-droite "régionaliste", nous avons : 1°/ le courant de pensée maurrassien qui a toujours rejeté le centralisme parisien et exalté les identités "régionales" comme composantes de la "civilisation française" (certains éléments comme Tillenon "sautant" à présent l'échelon "France" pour inclure directement leur "identité" bretonne ou occitane ou autre dans l'"Europe blanche") ; et 2°/ des indépendantistes ou autonomistes qui ont été de gauche dans les années 1970, comme (dans une certaine mesure) Tillenon ou (surtout) Montauzier d'Adsav... et qui ont dérivé vers la droite selon exactement le même cheminement intellectuel qu'un nombre considérable (pour ne pas dire une majorité) de gens-de-gôôôche tout ce qu'il y a de plus "républicains", jacobins et "universalistes" "français" - en un mot, "tous ces immigrés/Arabes/Noirs/musulmans un peu ça va - on est pas racistes hein ! - mais trop c'est trop, et pis ils s'intègrent pas, ils veulent nous imposer leur religion et leur culture arriérée etc. etc., alors bon ils seraient peut-être mieux chez eux quand même"... Sauf qu'au lieu de tenir ce raisonnement dans le cadre de la "Républiiiiique"/"citoyenneté" et des "valeurs" bleu-blanc-rouges, ils le tiennent dans le cadre de l'"identité" et de la "patrie charnelle" de leur nationalité réelle (Bretagne, Occitanie etc.). Les jacobinards "républicains"-"universalistes"-"de gôôôche" ont donc beau jeu de nous donner des leçons, et feraient mieux de garder celles-ci et de ses les introduire dans un endroit plus approprié.

     


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