• Sur la question du révisionnisme, de la liquidation du socialisme et de la poursuite de la guerre impérialiste malgré cela


    Tous les courants communistes révolutionnaires (marxistes) considèrent qu'à un moment donné la révolution soviétique a été trahie, a subi une contre-révolution.

    Mais voilà, c'est néanmoins un fait que l'impérialisme "historique" (occidental) n'a pas cessé de combattre l'URSS en 1925 ou 26 (diront les trotskystes), au milieu des années 1930 (dira VP), ni après la mort de Staline en 1953 ou du moins le XXe Congrès de 1956 (diront les marxistes-léninistes et la plupart des maoïstes)... ni même, redevenue Russie, après Gorbatchev et la dissolution finale de 1991, puisque c'est jusque-là que certains courants la font rester "socialiste".

    Et pourquoi/comment, donc, cela ?

    Sur ce point, nous répondrions que 1°/ la Russie de 1916 avait devant elle un destin tout tracé de SEMI-COLONIE, c'est-à-dire quelque chose comme le Brésil ou l'Inde aujourd'hui : un développement économique, productif, largement sous la domination et au profit prioritaire de capitaux extérieurs.

    2°/ La Révolution d'Octobre a ouvert devant le pays DEUX VOIES POSSIBLES : le socialisme et le communisme ; ou du moins, dans tous les cas, un développement économique ENDOGÈNE, "propre" à lui.

    Et donc, il est clair aujourd'hui que la Russie n'a pas atteint le communisme, ni un stade de socialisme avancé en ce sens ; parce qu'à un moment donné, différemment fixé selon les courants marxistes, le chemin vers cela a été abandonné ; MAIS la période soviétique aura au moins été cela : un développement économique du pays, de la production, une "révolution industrielle", endogène et non financée par et sous le contrôle de capitaux impérialistes étrangers (occidentaux, concrètement).*

    C'est-à-dire que la bourgeoisie russe (hier la nomenklatura soviétique) a la main sur les ressources et les richesses du pays, et les "partage" selon le rapport de force du moment avec les masses populaires ; il n'y a pas de Capital occidental qui en prend déjà une (grosse) part, puis la bourgeoisie russe encore une autre et le "reste" (s'il y en a...) pour les masses travailleuses ;  et tout à l'autre bout de la chaîne productive, sa société avec sa culture nationale historique n'est pas laminée pour être transformée en pur marché, débouché commercial pour des produits peut-être largement élaborés sur place (ou dans d'autres pays pareillement dominés) mais toujours "finis" en Occident pour que revienne à celui-ci la plus-value finale (celle de la vente au consommateur ultime).

    C'est CELA que l'impérialisme occidental a combattu non pas jusqu'à ce que l'URSS abandonne la voie du communisme, mais jusqu'à sa collapse totale en 1991, rouvrant alors (ère Eltsine) la possibilité de la destinée semi-coloniale ; et ce que Poutine est l'homme chargé (un peu) de restaurer depuis l'an 2000...

    Cela qui (ainsi que le combat que lui livre l'Occident) doit être strictement dissocié du fait d'être socialiste, c'est-à-dire en marche vers le communisme : plus ou moins peint en rouge (jusqu'en 1991) ou pas (Poutine a tout de même beaucoup "restauré les symboles"), le pays est dans une logique totalement capitaliste, de développement et de "révolution industrielle" sous une forme politique autoritaire façon Second Empire, voire hier de dirigisme étatique de l'économie façon État français des Trente Glorieuses généralisé ; MAIS l'impérialisme occidental, qui veut établir SON contrôle sur l'économie, ne l'accepte pas et le combat.

    Le même raisonnement est strictement applicable à la Chine (qui a abandonné toute voie vers le communisme depuis 40 ans), et globalement à tous les pays que l'Occident a conservé (ou placé !) dans son collimateur depuis 1990 (Iran islamique post-1979, pays arabes passés par le cycle nationaliste et développementiste-volontariste des années 1950 à 70 ou 80, etc.).

    La Russie et la Chine sont ainsi, concréto-concrètement, puisque n'étant pas socialistes, des pays... impérialistes ; mais ATTENTION à ne pas en faire, comme les marxistes-léninistes prochinois de l'URSS à une certaine époque, des égaux stratégiques si ce n'est pas carrément des ennemis impérialistes supérieurs au bloc des impérialismes "historiques" occidentaux (c'est devenu rare aujourd'hui mais cela existe toujours, comme dans le cas d'une petite organisation "maoïste" grecque par exemple) ; attention à bien les considérer comme des impérialismes "mendiants" ou du moins secondaires, comme les impérialismes italien ou allemand des années 1910 ou 1920 (ce qui n'exclut donc pas, certes, que leurs réactions de défense ou leur quête de "place au soleil" puisse conduire à des extrémités politiques terribles...), et à ne pas se tromper d'ennemi principal à ce sujet, il est toujours bon de lire Le marxisme et la guerre dans le Donbass de Victor Shapinov (organisation communiste ukrainienne Borotba).

    Quant aux autres pays (les rares qui restent : Iran, Corée du Nord, Syrie, Cuba, Venezuela...), ils sont certes dépendants, dominés, semi-coloniaux ; mais néanmoins dans une démarche économique et politique nationaliste, appuyée sur ces impérialismes russe et chinois perçus comme "moins gourmands" ; et bien au-delà, dans tous les cas, du "seuil" "acceptable" d'insoumission à l'Occident que celui-ci peut tolérer à l'heure actuelle. S'y ajoutent, depuis quelques dizaines années, des pays dits "émergents" qui pouvaient être de parfaits laquais de l'impérialisme occidental, mais qui ont accumulé dans ce rôle suffisamment de capitaux propres pour commencer à vouloir jouer leur propre partition : Brésil, Argentine, Inde, Afrique du Sud, Turquie, Qatar etc. ; ce qui là encore va amener l'Occident à tout tenter (envers et contre toute la propre logique du capitalisme lui-même...) pour les ramener totalement "dans le rang", dans la soumission absolue d'une république bananière centre-américaine ou du Gabon de la dynastie Bongo coup d’État "rampant" (judiciaire) au Brésil depuis 2016, volonté manifeste de dégager Erdogan par une "révolution colorée" ("de gauche", s'il vous plaît !) en Turquie, menaces (maintenant) contre l'Afrique du Sud qui voudrait se réapproprier ses terres agricoles pour en faire bénéficier sa population, lancement des "chiens d'attaque" Arabie saoudite et Émirats contre le Qatar, etc. etc. En Syrie, ce n'est pas avoir de la sympathie pour le régime d'Assad que de dire qu'en dépit de tous ses "efforts" en ce sens (soumission aux directives du FMI depuis l'an 2000), il n'était pas la néocolonie que l'Occident aurait voulu qu'il soit ; tout en faisant parallèlement le constat que la rébellion, "islamiste" ou simplement nationaliste arabe mais anti-Assad, ne présentait pas elle non plus les "garanties" de servilité suffisantes (risquait de mettre en place des circuits économiques qui n'"exfiltrent" pas suffisamment la richesse du pays vers les Centres occidentaux) et s'est donc vue à partir de 2013 progressivement lâchée au profit de la pseudo-"révolution" de Rojava.

    C'est un ressort essentiel de la guerre mondiale non-déclarée en accentuation actuellement on-serait-presque-de-plus-en-plus-tentes-de-penser ; qui n'est menée contre aucun pays pouvant être qualifié (même "vaguement", "de très loin") de "socialiste", mais n'en doit pas moins être combattue sans concession par nous, communistes occidentaux.


    [* Il est ainsi frappant de constater combien la guerre révolutionnaire de 1918-21, et la construction de l'URSS ont pu parfois ressembler à une "répétition en accéléré" de la constitution de l'Empire des tsars, que l'on pourrait appeler aussi "l'aire russe-eurasiatique" ; "mais" (en principe) sur (supposément) des "bases nouvelles", d'"amitié fédérative" entre les peuples et non plus sous la force brute d'un autocrate (bien qu'il ait fallu, dans la plupart des cas, en passer par la force contre des résistances locales).

    Ainsi, à un libertaire qui (comme à l'accoutumée) mettait en avant "Makhno" dans une discussion sur l'"autoritarisme léniniste", quelqu'un a pu répondre que :

    "À partir du moment où une force armée exerce la volonté d'un groupe social faite loi, il y a un État. Donc oui, bien entendu, le territoire makhnovien en Ukraine était un État... l’État des moujiks du Dniepr descendants des "Cosaques d'en bas" (ceux qui n'avaient pas été transformés en aristocrates terriens et corps de cavalerie d'élite, mais en serfs de ceux-ci), dont les limites étaient quasi exactement celle de la république (relativement) égalitaire cosaque du 17e siècle (l'"Hetmanat") https://img.over-blog-kiwi.com/.../d23a12 . Ensuite de quoi il a été "écrasé par les bolchéviks" et intégré dans l'URSS, un peu en une sorte de remake de l'annexion (entre contrainte et allégeance "volontaire") de l'Hetmanat au début du 18e siècle.

    Cela n'a nullement été un triomphe de l'(horrible, affreux, abominable) Étaaaaat sur le non-État libertaire, mais la protectoralisation et l'annexion d'un État par un autre. Menée il faut le dire, non sous l'horrible Staliiiiine mais sous la dictature militaire de Trotsky, intellectuel petit-bourgeois urbain et ruralophobe ; c'est à dire que cela aurait pu beaucoup mieux se passer avec le fils de cordonnier de village Staline... Qui une fois écarté le binoclard barbichu du game, a beaucoup mieux que précédemment (ce qui lui est précisément reproché par les accusations trotskystes de "thermidorisme") su intégrer au pouvoir soviétique les anciens SR... c'est à dire les "populistes" ruraux, les "miristes", la frange démocrate-égalitariste radicale de la paysannerie... C'EST À DIRE ce qu'étaient en réalité les makhnovistes, et non des "communistes libertaires" comme l'est devenu Makhno ENSUITE (en exil) et s'est élaborée de là une construction intellectuelle (un "roman") a posteriori, au service de la mythologie anar." 

    Autrement dit (ce qu'il faut retenir), l'histoire d'alliance et de rupture entre la Russie des soviets et l'Ukraine makhnoviste a en quelque sorte "rejoué en accéléré" l'intégration en mode "amour-haine" de la Zaporoguie cosaque "égalitaire" des 16-17e siècles (dont elle épousait pratiquement le territoire) dans l'Empire russe au 18e (avec par ailleurs, de l'autre côté, des nationalistes ukrainiens soutenus par la Pologne et - un temps - l'Allemagne et l'Autriche, "rejouant" un peu le rôle de la domination polonaise sur une grande partie de l'Ukraine à la même époque).

    Et il en est (globalement) partout allé de même, les prises de pouvoir bolchéviques (mêlant en général russes et autochtones) et les "allégeances"-fédération avec le Centre soviétique de Moscou-Petrograd se voulant "rejouer", sous une forme nouvelle et démocratique, l'intégration passée (sous les tsars) au "monde russe-eurasiatique" ; dans un contexte de complète dislocation, désintégration de celui-ci ; l'alternative étant alors que toute une mosaïque d’États nationalistes bourgeois indépendants fassent allégeance, non pas à Petrograd la Rouge mais... aux puissances impérialistes ennemies acharnées de la révolution, ce qui évidemment ne faisait "pas trop rêver" Lénine et ses camarades !

    (Lire à ce sujet : http://revueperiode.net/guide-de-lecture-aux-marges-de-la-revolution-russe ; ou encore : Marx-Lenine-bolcheviks-et-l-islam-Drweski.pdf)

    Et encore de même lors de la constitution de la République populaire de Chine en 1949-51, là encore en reconstituant, sous la forme de régions autonomes démocratiques (ou d'alliances fraternelles entre voisins comme avec la Corée ou le Vietnam), les liens "tributaires" ancestraux entre les territoires/peuples et Pékin, et de là la (supposée) "grande famille" du "monde chinois", au lieu d'une Chine révolutionnaire encerclée de protectorats impérialistes hostiles...

    (Lire aussi, malheureusement uniquement disponible en anglais : Maoist National Theory)

    Bien sûr, les deux voies possibles devant une telle logique étaient strictement corrélées à celles s'ouvrant devant la révolution en général : aller vers le communisme... dans une union fraternelle (démocratique, respectueuse, égalitaire etc.) de peuples "faisant bloc" contre l'impérialisme ; ou servir simplement de "révolution industrielle" à l'ex-Empire tsariste (ou Qing) = restauration progressive de la suprématie russe ou han sur les périphéries transformées en "colonies" au service de cette "révolution industrielle" ; ce qu'il s'est malheureusement finalement passé...

    Et qui n'est pas sans rappeler (également) la façon dont la "Nation française" proclamée en 1789 s'est elle aussi voulue une refondation sur des bases nouvelles (la "liberté", la loi, la Constitution, le suffrage des pères de famille propriétaires) de la "grande famille" de peuples et de cités bourgeoises précédemment unies sous la main de fer de la Couronne ; avant que ne se réimpose pas à pas (la Révolution étant de toute manière bourgeoise), jusqu'à Napoléon Bonaparte, le seul cadre dans lequel la bourgeoisie française peut être bourgeoisie française, celui d'un État autoritairement centralisé à Paris annexe-etude-en-finir-avec-la-france-quelques-verites-sur-la-revolution-bourgeoise.]

    [Et au fond, tous ces régimes "résistants" à l'hégémonie économique et culturelle "atlantique", que d'aucuns nommeront "anti-impérialistes" ou d'autres encore "idéocraties" (régimes où l'idéologie et l'"idéal" sont centraux), en dehors de la Russie et de la Chine qui sont des impérialismes (certes de très second rang, les États-Unis et leur bloc occidental restant la superpuissance mondiale unique), relèvent de ce que l'on appelle classiquement en langage MLM des régimes bourgeois bureaucratiques, dont on peut dire en substance que :

    "La bourgeoisie bureaucratique, ce sont plutôt des gens qui à la base sont des "révolutionnaires" nationalistes bourgeois [ou pourquoi pas, bien sûr, des révisionnistes issus de révolutions socialistes liquidées...] ; mais dans un contexte où la domination impérialiste rend la révolution bourgeoise impossible. Typiquement, le Kuomintang en Chine : ça a été un parti révolutionnaire au départ. Ou encore, le kémalisme en Turquie. Mais cela peut aussi s'appliquer au Destour de Bourguiba en Tunisie, au FLN algérien, au MNR bolivien ou au PRI mexicain, au nassérisme ou au baathisme arabes, ou encore à des démarches modernisatrices comme celle des Pahlavi en Iran... comme à leurs successeurs de la "révolution islamique" ; bref, à une liste interminable de cas de figure.

    Sauf que comme, on l'a dit, une véritable révolution bourgeoise est impossible sous la domination de l'impérialisme, ces forces finissent tôt ou tard par retomber dans la dépendance et devenir eux aussi des intermédiaires de celui-ci ; sous cette forme, donc, "bureaucratique". En ce sens, il est effectivement possible de dire que quelque part le castrisme, à Cuba, est retombé dans la dépendance et devenu une bourgeoisie bureaucratique au service de l'URSS, etc.

    De fait, le caractère révolutionnaire bourgeois échoué (car impossible) de ces processus rejoint la nécessité impérialiste de modernisation de la production à son service (une certaine "arriération" étant, souvent, ce qui a provoqué le mécontentement...).

    Mais dans cette compréhension des choses, il faudrait donc alors établir une distinction entre lorsque ces régimes bureaucratiques sont "consolidés" comme nouveaux intermédiaires de l'impérialisme (fût-ce un impérialisme rival de celui dont ils se sont libérés initialement), et lorsqu'ils ne le sont pas encore ; en tout cas, lorsqu'ils sont encore dans la phase où ils jouent un rôle positif pour la condition des masses du pays, et assez souvent dans ces circonstances, peuvent être la cible de contre-attaques féroces de leur ancien maître et de ses alliés ; offensives impérialistes contre lesquelles ils doivent être fermement défendus."

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/sur-le-capitalisme-bureaucratique-des-pays-domines-et-le-pretendu-fasc-a114096444

    Ce qui signifie quelque part, en attendant, que les gouvernements de la planète peuvent finalement être classés en deux catégories : ceux auxquels seule une révolution socialiste serait supérieure, comme expliqué ci-dessus ; et ceux auxquels, outre une révolution socialiste, serait également préférable un régime ami de ceux auxquels seule une révolution socialiste est supérieure... à vous de voir lesquels vous classer dans cette catégorie :) :) À vous de voir lesquels vous voulez classer dans cette catégorie !]

    Sur la question du révisionnisme, de la liquidation du socialisme et de la poursuite de la guerre impérialisme malgré cela

    [Encore un développement sur la question]

    En fait, on a l'impression de se rendre de plus en plus compte des dangers et même de l'impasse mortelle d'une certaine négation gauchiste de la dialectique forme (nationale) - contenu (système économique et politique).

    Prenons l'exemple de la Transnistrie. Il n'y plus une once de socialisme (contenu) là-dedans. Y travailler consiste en gros à être dans la position d'un éternel vacataire  de la fonction publique. Aucun courant se réclamant du marxisme ne peut prétendre le contraire.

    De fait, dire que ce n'est pas un pays socialiste est aussi facile que de boire un verre d'eau.

    Mais voilà : le régime séparatiste (d'avec la Moldavie, lorsque celle-ci a elle-même pris son indépendance au moment de la dissolution de l'URSS) a en revanche préservé un "contenant", une forme nationale slavo-soviétique.

    Un "récipient" qu'il... resterait, en quelque sorte, à "re-remplir" de contenu socialiste !

    Alors que, par contre, si même le "contenant" national a été détruit... on "remplit" quoi ? Pour "remplir" de socialisme, il faudrait déjà reconstruire un tel contenant.

    Et c'est, à notre toujours très humble avis, ce que l'impérialisme victorieux (occidental) des années 1980-90 a parfaitement compris ; et qu'on pourra appeler le "concept McWorld" : non pas seulement écraser toute forme, embryon, de socialisme ou de révolution nationale-démocratique anti-impérialiste ; mais également démolir tout CONTENANT, toute forme nationale susceptible d'en recevoir à nouveau, fut-elle portée par des forces politiques réactionnaires (des gens, par exemple, dans l'esprit d'un Soljenitsyne, qui après la chute de l'URSS se plaindra justement de ce que ses idées ne soient pas celles mises au pouvoir...).

    Concrètement, il ne s'agit pas simplement que des forces conservatrices, pour ne pas dire "obscurantistes", anticommunistes, règnent (elles pourraient être tentées d'éjecter, et éjectent même parfois dans les faits, comme la Malaisie de Mahathir par exemple, le FMI) : il faut que les pays CESSENT d'être arabes, asiatiques, africains, slaves etc. ; ou alors de façon très superficielle voire folklorique (un exemple typique en serait l'"arabité"-"islamité" surjouée des pétromonarchies du Golfe ; dans le même registre on pourrait peut-être ajouter l'hindutva du BJP en Inde) ; pour n'être plus que de grands centres commerciaux géants à ciel ouvert.

    C'est pour cela que même un type formé à l'école des troupes de choc anticommunistes de la Guerre froide, on-ne-peut-plus réactionnaire et économiquement thatchérien (nous n'avons pas connaissance, en tout cas, qu'il ait été autre chose), comme Orban, à un moment donné ne convient plus à cette politique dont une figure emblématique (mais il ne faut certes pas faire une fixette dessus non plus) est Georges Soros. Il fait beaucoup parler de lui (et cherche à se constituer, surtout, un "réseau" européen sur cette thématique) comme "Monsieur Rempart anti-migrants", mais il joue surtout dans cette affaire (et tout le monde le sait à commencer par lui-même) un rôle de cerbère, au même titre que les États d'Afrique du Nord, car personne ne vient de Syrie ou d'Afghanistan ou d'Afrique pour croupir en Hongrie (quand on fait cela on vise Paris, Londres, Berlin, autrement dit, Orban ne ferme pas ses frontières à ces gens parce qu'ils "risqueraient" de s'installer "chez lui" !) : en réalité, c'est d'abord et avant tout un réac ultra-nationaliste (qui cherche en outre à éviter que de bien plus nationalistes encore que lui ne montent en puissance et lui ravissent le pouvoir...) qui veut que "la Hongrie reste hongroise" (ce seraient en substance ses mots) ; et le problème avec une telle Hongrie hongroise, c'est qu'elle est susceptible un jour (de fait, ce jour viendra tôt ou tard !) d'être "remplie" à nouveau de socialisme, et cela "il ne faut pas" ; alors que s'il n'y a rien d'un tel "récipient", le socialisme s'écoulera par terre...

    C'est cela, la "McWorldisation".

    Alors il ne s'agit pas de tomber dans des raisonnements pavloviens et débiles comme quoi il faudrait "soutenir" les réacs nationalistes, fascistes, au nom de la préservation du "récipient" national (car pour continuer sur cette image : ils préservent le "récipient" peut-être, mais ils sont aussi sur celui-ci... un "couvercle", pour empêcher qu'on y "verse" du socialisme !!).

    Mais il faut avoir ce paramètre à l'esprit dans nos raisonnements.

     

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  • Commentaires

    3
    Pascal
    Jeudi 20 Septembre 2018 à 14:10
    Que le Brésil et l'inde soient des impérialismes secondaires, tout à fait d'accord, de là à être des semi-colonies... Il y a cinquante ans, je ne dis pas.
    La Russie et la Chine des impérialismes secondaires ? Si on veut. Elles ont les moyens de tenir tête à l'impérialisme US.
    2
    Mardi 18 Septembre 2018 à 12:33

    L'Argentine a connu, certes une gestion de merde par Cristina Kirchner (sous Nestor les choses s'étaient un peu améliorées par contre), mais quand même semble-t-il aussi un certain coup d’État rampant par crise économique et inflation provoquées, débouchant sur la victoire électorale de la droite (Macri) et là aussi une chasse aux sorcières judiciaires contre le kirchnérisme, sur des accusations de corruption (ayant sans doute leur part de vérité aussi, mais bon).

    Donc un mélange de scénario vénézuélien et brésilien en plus "soft" et insidieux, moins visible.

    L'Inde... Rien à l'horizon a priori, c'est vrai. Modi exprime l'émergence d'une Inde ou plutôt d'une nouvelle bourgeoisie indienne sûre et fière d'elle, pas pur produit des universités occidentales (anglo-saxonnes surtout) comme auparavant, sous le long règne du Congrès. Mais pas d'entreprise de déstabilisation, non.

    Probablement l'Occident, et sans doute aussi (discrètement) la Russie considèrent avoir besoin du pays pour faire contrepoids à la Chine.

    Et puis Modi est aussi un islamophobe patenté. Autrement dit, il combattra résolument toute "émergence" d'une puissance musulmane dans toute la moitié sud de l'Asie, qui serait susceptible d'agiter "ses" musulmans à l'intérieur. Ça vaut pour le Pakistan, puissance nucléaire toujours perçue comme au bord d'une prise de pouvoir islamiste "dure", mais aussi l'Iran et de l'autre côté, la Malaisie où Mahathir lui aussi (qui vient de reprendre la charge de Premier ministre) s'excite depuis des années déjà en invectives anti-occidentales et antisionistes (c'est un pays qu'on oublie souvent mais qui est quand même très riche avec beaucoup de pétrole, bâtissant des tours qui furent longtemps les plus hautes du monde, qui encercle la place financière pro-occidentale de Singapour et qui est assez en pointe sur les thèmes de "développement économique propre au Sud", milite pour des trucs comme faire raquer les puissances spatiales pour les satellites en orbite équatoriale, considérant cet orbite comme l'espace aérien des pays au-dessous dont la Malaisie, etc.)... ou encore l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète et là aussi dont on craint toujours l'adoption d'un régime nationaliste plus ou moins islamisant.

     Ça joue sûrement aussi.

    1
    Mamadou Niang
    Mardi 18 Septembre 2018 à 12:00
    Je suis tres largement daccord avec cet article, clair et précis. Juste une question : qqs exemples d'attaques imperialistes envers l'Inde ou l'Argentine tu donnerais ?
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