• Sur la question de l'encerclement des Centres par les Périphéries, de l''eurocentrisme' et de 'faire tourner l'Histoire à l'envers'


    maocVoici un texte polémique/critique d’un militant progressiste/marxiste marocain – Abdellatif Zeroual [nom d'un martyr du mouvement ML des années 1970, peut-être un pseudo...] est membre du Secrétariat national de la Voie démocratique, organisation ‘marxiste-léniniste’ assez fortement critiquée (comme révisio/opportuniste) par les camarades MLM de là-bas, et désormais assez proche de la 'gauche radicale' hexagonale (PCF/FdG, NPA surtout, LO etc.). Cependant, bien que bourré de références 'curieuses' voire... trotskystes [‘stalinisme’/’staliniens’ pour parler aussi bien des limites du marxisme-léninisme ‘kominternien’ que des dogmatiques qui n’ont toujours rien compris 70 ans après, ou du révisionnisme postérieur ‘à la Brejnev’ ; références idéologiques comme Poulantzas, Löwy, Daniel Bensaïd bien sûr, etc. ; mais enfin, de 'bonnes' références aussi comme l’organisation marxiste-léniniste Ilal Amam, Mariátegui, Gramsci…] et d'affirmations 'surprenantes' avec lesquelles nous ne pouvons être qu'en désaccord total ["En fait, le socialisme n’est nullement une nécessité historique mais un possible parmi d’autres"... !!!], ce texte est néanmoins d’un grand intérêt par rapport à la théorie des Centres et des Périphéries qui est la nôtre. Servir le Peuple a toujours affirmé, en effet, que l’universalité de la Guerre populaire consistait, dans le monde entier comme sur chaque km² de celui-ci, en un encerclement (politique, militaire, idéologique/culturel) du/des Centre(s) par la/les Périphérie(s), entendu non pas comme ‘substitut’ à la lutte des classes, mais comme sens de déploiement de celle-ci.

    Le capitalisme s’est déployé, depuis le Moyen-Âge jusqu’au siècle dernier, tout à fait logiquement depuis les ‘centres’, là où la concentration du Capital était la plus importante et avancée, en direction des territoires plus arriérés où les autres modes de production, en particulier l’’ennemi principal’ féodal, avaient leur siège. Il s’est déployé depuis villes vers les campagnes dans chaque province d’Europe et de la planète ; en Europe il s’est déployé (après la ‘fusion’ des pouvoirs politique -monarchique- et économique grand-bourgeois, entre le 13e et le 16e siècle) depuis le Nord-Ouest du continent vers le Sud et l’Est (la Russie par exemple, ou encore les Balkans et la Grèce, ou de très nombreuses régions d’Italie ou de la péninsule ibérique, étaient encore très arriérées et peu touchées par le capitalisme au moment de la Révolution d’Octobre 1917) ; et dans le monde, il s’est déployé depuis l’Europe occidentale, puis une ‘Triade’ Europe occidentale/côte Est de l’Amérique du Nord/Japon, vers le reste… Ainsi s’est déroulé le processus de négation de la féodalité (et des autres modes de production/organisations sociales archaïques) par le capitalisme.

    maoist naxal 20091026-eMais à présent, le processus de négation du capitalisme par le communisme va, selon tous les constats matériels, se déployer depuis les territoires, les régions, les pays touchés en dernier par le développement capitaliste, vers les Centres où, depuis des siècles, le pouvoir capitaliste (géo)politique, économique et culturel s’est concentré [1]. Cela est tout à fait logique si l’on prend, par exemple (‘au hasard’), la théorie de l’hégémonie de Gramsci : c’est bel et bien, forcément, dans les territoires et les populations touchés le plus récemment et (donc) superficiellement par le capitalisme, que l’hégémonie bourgeoise capitaliste, ‘coercitive’ (politico-militaire) comme intellectuelle/culturelle, va être la moins forte ; et donc, que le NIVEAU D’ANTAGONISME de la lutte de classe des exploité-e-s contre l’exploitation capitaliste (et, ici où là, ses ‘béquilles’ féodales, cléricales etc.) va être le plus élevé… Cela se constate aujourd’hui, chaque jour, en Inde, aux Philippines, dans les pays arabes et en Anatolie ‘turque’, en Amérique latine et même dans certaines régions d’Afrique,redblock italia et en Europe même lorsque l’on voit le niveau de conscience, de mobilisation et de lutte en Grèce, en Italie, en ‘Espagne’ et au Portugal, en Irlande et même dans les ‘pays de l’Est’ : telle est la valeur universelle de l’’encerclement des villes par les campagnes’ prôné par Mao.

    Cela est valable dans les pays de ce que l’on appelle communément le ‘tiers-monde’ (comme le Maroc), mais aussi à l’intérieur même des grands États impérialistes, dans les ‘campagnes’ de la Guerre populaire que sont essentiellement, en Europe, les NATIONS absorbées et niées par la construction de ces grands États, et les populations ‘ambassadrices’ du ‘tiers-monde’ dans les grands ghettos métropolitains (les ‘immigrés’ et leurs descendants) – en Amérique du Nord, ‘continent volé’, ce sont évidemment, d’abord et avant tout, les communautés ‘noires’ (afro-descendants), hispaniques et bien sûr primo-habitantes (‘Indiens’) qui forment les ‘périphéries intérieures’ où l’on trouve le plus haut degré de conscience, de mobilisation et de lutte révolutionnaire.

    big provence flagMais ATTENTION : comme nous l’avons dit, l’encerclement des Centres par les Périphéries ne ‘remplace’ pas la lutte des classes, il ne se ‘substitue’ pas aux termes de la grande contradiction motrice de notre époque qui sont le caractère (de plus en plus) social et international de la production (tendance au communisme) et l’appropriation privée et (de plus en plus) inégalitaire des moyens de production et du produit (capitalisme). Et le capitalisme (monopoliste, impérialiste, ‘mondialisé’) ne peut être nié que par un mode de production et une organisation sociale supérieure : le COMMUNISME. Il n’est pas question, en niant le capitalisme, de revenir à un ‘avant’ idéalisé, que serait la société califale au Maroc ou l’époque des comtes de Toulouse et des ducs d’Aquitaine pour nous Occitans ; il n’y a pas des Centres (ou un ‘Occident’) qui seraient organiquement mauvais, pures entreprises de domination, d’exploitation et de crime (aucune classe dominante n’a jamais pu régner par la seule contrainte, sans ‘contrepartie’ aux nuisances de sa domination), et des ‘Périphéries’ qui auraient été (avant leurs soumission et leur ‘corruption’) organiquement bonnes : elles ont pu être soumises précisément en raison de leurs défauts, des ARCHAÏSMES de leur organisation sociale. Il y a un mode de production (le capitalisme) qui, se déployant de ses Centres (de concentration du Capital et – donc – du pouvoir) vers les Périphéries, non sans casser des breizh gwenhadu komunourœufs, tout en étant et restant un système inégalitaire et d’exploitation du travail (donc en infligeant d’innombrables sévices à l’humanité), a été pour le processus historique humain une nécessaire et incontournable étape d’incontestables progrès ; mais qui a aujourd’hui épuisé son rôle positif historique et, pour permettre à l’humanité de ‘poursuivre son chemin’, doit maintenant disparaître, être renversé par un mouvement révolutionnaire se déployant depuis les Périphéries vers les Centres.

    Vouloir ‘revenir’ à une organisation sociale passée idéalisée comme ‘pure’, et ‘salie’ par la ‘modernité’ capitaliste, est de l’OBSCURANTISME, et l’obscurantisme finit TOUJOURS au service du fascisme et de la réaction la plus noire – comme l’on peut le voir en ce moment même, dans les pays arabes, avec le rôle des ‘salafistes’ idéalisant l’époque des ‘4 premiers califes’ successeurs du prophète Mohamed, au 7e siècle… Cela est d’une grande importance, aussi, pour nous qui faisons partie du Mouvement révolutionnaire de libération occitan, car combien de fois n’avons-nous pas entendu l’accusation de vouloir 'faire tourner la roue de l'Histoire à l'envers', de vouloir ‘revenir au Moyen-Âge’, aux ‘duchés féodaux’ etc. ? Tel est l’objet et l’intérêt de cet article (bien que d’idéologie ‘trotskysante’, donc ‘pas la nôtre’), que nous vous laissons maintenant lire...

    Source

    L’eurocentrisme inversé ou les pièges du culturalisme. Réponse à   إبن إدريس


    par Abdellatif Zeroual

     

    Je suis heureux de constater que le débat sur le mouvement du 20 février continue, enrichi qu’il est par d’autres contributions. Ainsi après deux points de vue réformiste puis radical, nous avons eu l’heureuse chance de connaître un autre point de vue aux relents culturalistes [1]. Pour résumer la critique de l’auteur envers moi et Benmoumen : la gauche a comme socle commun un eurocentrisme viscéral dont elle ne peut se détacher, conduisant en fait à un élitisme méprisant envers le peuple. En plus que ce constat est faux pour moi au moins (premier point), cette critique porte un projet obscurantiste (deuxième point) et une vision essentialiste du monde (troisième point) n’apportant aucune alternative réelle (quatrième point) au mouvement de lutte pour la démocratie au Maroc.

    Une vision caricaturale du marxisme

    Ibn Driss nous présente une version appauvrie du marxisme pour ensuite nous convaincre de son eurocentrisme congénital et consubstantiel. Pour cela, il nous présente d’abord un Marx viscéralement eurocentrique qui aurait légué ses tares à des marxistes dogmatiques [2]. Or il paraît que notre cher Ibn Driss n’a qu’une connaissance superficielle de son objet de critique. Nous essaierons d’y remédier en deux points :

    1- La compréhension de Marx des sociétés « non occidentales » n’a pas été figée [3]. Elle a évolué d’une croyance eurocentrique (largement partagée dans son siècle d’ailleurs, le 19ème siècle) dans le progrès à une vision non linéaire et anti-évolutionniste de l’histoire [4]. Ainsi, dans une lettre écrite en 1881 à une révolutionnaire russe (Vera Zassoulitch) [5] [NDLR : ici le texte original en français], Marx reconnaissait la possibilité du passage de la commune rurale russe au communisme sans passer par les « crises », les « conflits » et les « désastres » du développement du capitalisme en « Occident ». La commune russe serait donc le point de départ d’ « une évolution communiste ». Il exprime ainsi l’avis que son « esquisse historique de la genèse du capitalisme dans l’Europe occidentale » (dans le chapitre sur « L’Accumulation primitive » au premier livre du Capital) ne saurait être changée en « une théorie Che guevara dans une manifestation a Khenifrahistorico-philosophique de la marche générale, fatalement imposée à tous les peuples, quelles que soient les circonstances historiques où ils se trouvent placés » [6]. Il critiqua d’ailleurs justement l’application de concepts liés au contexte européen (comme féodalisme) pour appréhender la réalité dans des sociétés non européennes (critique de Kovaleski sur l’Inde).

    2- « Être marxiste c’est faire de Marx le point de départ et non d’arrivée », comme disait Samir Amin. C’est ainsi que de nombreux marxistes ont articulé à la fois une critique des aspects datés de l’œuvre de Marx et d’Engels, une vision non linéaire et non eurocentrique de l’histoire et du projet communiste et une lutte virulente et sans répit contre la domination coloniale et l’assujettissement des peuples. Il est ainsi de la théorie de l’impérialisme chez Rosa et Lénine, de l’appel d’un marxiste péruvien Mariatégui (à la fin des années 20) à faire « des communautés indigènes le point de départ d’une voie socialiste propre aux pays indo-américains » [7] en s’appuyant sur les survivances des pratiques collectivistes du « communisme inca », de la critique qu’a faite Walter Benjamin dans les années 40 de la philosophie linéaire de l’histoire [8], de la critique de l’économisme chez Gramsci, de la vision téléologique de l’histoire chez Althusser et Balibar, du colonialisme chez Fanon, de l’idéologie du progrès chez Wallerstein [9] et de l’eurocentrisme chez Samir Amin, jusqu’aux écrits de Michel Löwy, Daniel Bensaïd... Samir Amin n’a-t-il pas avancé (à l’encontre du schéma canonisé par le stalinisme des 5 modes de production) l’idée que le monde d'avant le capitalisme était organisé selon un mode de production tributaire dont l’Europe n’était que la périphérie, ce qui y a facilité l’émergence du capitalisme, et qu’ainsi le socialisme pourrait naitre des périphéries « non européennes » du système-monde capitaliste ?

    [Lire par exemple ici un de ces textes d'Amin, absolument passionnant pour remettre en cause certaines lectures marxistes trop "schématiques" et "simplistes" de l'histoire : Samir-Amin-developpement-inegal-et-question-nationale.pdf]

    N’est-ce pas une « provincialisation » de l’Europe ? En fait, le socialisme n’est nullement une nécessité historique mais un possible parmi d’autres. Seule la lutte tranche. Or notre cher Ibn Driss méconnait cette tradition communiste hérétique prônant une voie « non linéaire » et « non eurocentrée » au socialisme conçu comme un projet d’émancipation de toutes les formes de domination. Il méconnait aussi les apports politiques importants (inspirés des travaux de Paul Pascon et de Magali Morsy) de la gauche marxiste marocaine (qu’il fustige) et surtout d’Ilal Amam dans les années 70-80 [10] : appui à la lutte pour la reconnaissance de la langue et la culture amazighe, critique du nationalisme jacobin et ethnocentré bourgeois (représenté intellectuellement par Laroui), articulation de l’émancipation démocratique et sociale et de l’épanouissement culturel des communautés marginalisées ... Il ne connaît peut-être que le « marxisme » des manuels « soviétiques » des Éditions du Progrès et des Partis staliniens.

    L’anti-lumière : une dérive obscurantiste ?

    1537958_3_88d4_manifestation-organisee-par-le-mouvement-du-.jpgLa critique du marxisme « imaginaire » qui m’est attribué et du « libéralisme colonial » a comme socle commun une référence aux anti-lumières commune aux post-modernistes, aux obscurantistes de tout genre et aux conservateurs nostalgiques de la noble chevalerie féodale... Comment notre cher Ibn Driss conçoit-il la modernité ? Elle se réduit pour lui aux boucheries du colonialisme, au racisme et à la guerre. C’est une vision unilatérale et a-historique [11]. La modernité est un projet contradictoire où la régression (guerre, colonialisme, exploitation, misère...) côtoie le progrès (surtout technique). Ce progrès régressif (ou plutôt régression progressive), selon l’expression de Michael Löwy, illustre la conception dialectique du mouvement de l’histoire contemporaine. La modernité comporte des avancées sociales et politiques indéniables pour l’humanité (droits humains, lutte pour la libération des femmes, libertés indivduelles...). Les méconnaitre conduit inévitablement à l’obscurantisme surtout que ces avancées ont souvent été arrachées par le combat des opprimés eux-mêmes et qu’elles sont continuellement menacées par la bourgeoisie. En effet, ces avancées ne lui appartiennent pas mais bien à l’humanité tout entière. Tout l’enjeu est donc de les conserver, de les approfondir, et de les dépasser tout en extirpant de la racine les aspects régressifs (misère, colonialisme...). Bien évidemment, le progrès n’est pas inéluctable mais un possible parmi d’autres [12]. Il s’agit de développer une « vision de la modernité comme étant un processus toujours inachevé, qui ne pourra franchir l’étape de sa crise mortelle en cours qu’en allant de l’avant, par la réinvention de valeurs universelles porteuses d’une reconstruction économique, sociale et politique de toutes les sociétés de la planète. » [13] C’est çelà, en fait, l’essence du projet communiste : un projet d’émancipation de tous les opprimés. Pour paraphraser Poulantzas, le socialisme sera démocratique, féministe, écologiste et pour l’émancipation culturelle et nationale ou ne sera pas.

    Le relativisme culturel ou comment essentialiser l’autre

    Que nous propose notre cher Ibn Driss comme alternative à l’universalisme des lumières ? La réponse n’est pas assez loin : le culturalisme. Le culturalisme est une « théorie constituée quelconque, d’apparence cohérente et de portée qui se voudrait holistique, fondée sur l’hypothèse d’invariants qualifiés de « culturels », lesquels auraient le pouvoir de persister au-delà des transformations que les systèmes économiques, sociaux et politiques peuvent avoir apporté. La spécificité culturelle devient alors le moteur principal de parcours historiques forcément différents. » [14] L’hypothèse culturaliste nie l’existence d’universels. Pour elle, l’universalisme n’est qu’un produit de la domination. Elle ne peut concevoir un universalisme des dominés. Elle essentialise l’autre, n’y voit que le porteur d’un ADN culturel incompatible. Cette essence culturelle a-historique est la base de son « schème de vision et de division » du monde (pour reprendre Bourdieu). Ainsi le monde est constitué autour d’une seule opposition (selon notre cher Ibn Driss), l’Occident/le reste du monde. C’est le clash de « projets civilisationnels ». L’Occident est pour notre cher Ibn Driss un ensemble homogène dénué de contradictions. Ni classes, ni nationalités opprimées ni rien. Un ensemble simple non complexe constitué pour exploiter et opprimer le reste du monde. Cette position escamote les contradictions au sein de chaque « ensemble » et sert plutôt à relégitimer le système capitaliste en crise. La critique de l’eurocentrisme conduit à un eurocentrisme inversé. « L’idéologie 7101322215230.jpgbourgeoise, qui nourrissait à l’origine une ambition universaliste, y a renoncé pour lui substituer le discours post-moderniste des « spécificités culturelles » irréductibles (et, dans sa forme vulgaire, le choc inévitable des cultures). » [15] Elle sert, en fait, à l’embrigadement des peuples derrière les classes dirigeantes pour les soutenir dans la concurrence mondiale effrénée. Elle ne nous apporte aucune alternative réelle à l’oppression et à l’exploitation que nous vivons.

    Le degré zéro de la politique

    Quelle alternative politique apporte notre cher Ibn Driss pour faire avancer le mouvement par rapport à la voie réformiste et radicale ? Rien si ce n’est une apologie plus que douteuse de ce que Ibn Driss appelle « la politique informelle » [16] calquée sur l’économie informelle dont Hassan Zaoual (l’une des « références » de l’auteur) a aussi fait l’apologie avant de louer ensuite les vertus de la « grandiose INDH » en la présentant comme une rupture avec le « développement » tel qu’il était pratiqué avant. N’est-ce pas Hassan Zaoual qui a dit que « l’orientation théorique du paradigme des sites est convergente avec la perspective opérationnelle de l’INDH. En effet, ce projet de portée nationale donne sens et direction à un ensemble de mesures concrètes visant à réhabiliter sur une échelle la participation des acteurs à leur devenir. » [17] ? C’est dire le bien piètre sort qu’a réservé le regretté Hassan Zaoual à sa « salvatrice » critique du marxisme. En fait, embourbé qu’il est dans le piège culturaliste, Ibn Driss ne peut concevoir une politique profane (pour reprendre les mots de Daniel Bansaid), une politique par et pour les opprimés et non une quelconque élite éclairée, une politique délivrée des fatalismes religieux, culturalistes et économistes [18], une politique qui chez nous ne peut faire l’économie d’une double critique (de la « tradition » et de la « modernité ») pour nous frayer notre propre chemin vers l’émancipation politique, économique, sociale et culturelle, vers une modernité socialiste qui s’appuierait premièrement sur les pratiques collectivistes de la Jmaa marocaine et les acquis les plus lumineux de notre histoire particulière tout en contribuant à la construction d’une nouvelle civilisation humaine.


    [1] http://eplume.wordpress.com/2011/09/01/le-temps-mort-propos-sur-l’obscurantisme-de-gauche/#note01

    [2] Sans parler de la reprise de dogme stalinien et les présenter comme du marxisme. Je renvoie ici à son évocation du matérialisme dialectique comme système clos de lois éternelles. Marx emploie le terme de méthode dialectique.

    [3] Pour comprendre cette évolution voir LINDNER K., « L’eurocentrisme de Marx : pour un dialogue du débat marxien avec les études postcoloniales », Actuel Marx, 2010/2 n° 48, p. 106-128

    [4] BALIBAR E., La philosophie de Marx, 3ème édition la Découverte, coll. Repères, Paris, 2010 p : 105

    [5] http://www.marxists.org/archive/marx/works/1881/03/zasulich1.htm

    [6] LINDNER K., « L’eurocentrisme de Marx : pour un dialogue du débat marxien avec les études postcoloniales », op. cit. p : 122

    [7] DUMENIL G, LÖWY M, RENAULT E., Lire Marx. Presses universitaires de France, Paris, 2009 p : 90

    [8] Voir le texte de Benjamin « sur le concept de l’histoire ».

    [9] WALLERSTEIN I., Le capitalisme historique, La Découverte, Paris, 1985

    [10]MAJDI M, Les luttes de classes au Maroc depuis l’indépendance, Hiwar, Amsterdam, 1987 et SERFATY A., Dans les Prisons du Roi - Écrits de Kénitra sur le Maroc, Éditions Messidor, Paris, 1992

    [11] Il est d’ailleurs anecdotique de voir notre cher Ibn Driss critiquer la modernité en utilisant ses acquis (les acquis des sciences sociales).

    [12] WALLERSTEIN I., Le capitalisme historique op.cit.

    [13] AMIN S., modernité, religion et démocratie, critique de l’eurocentrisme, critiques des culturalismes, éditions Parangon, Lyon, 2008

    [14] Ibid

    [15] Ibid

    [16] En fait une sacralisation du sens commun populaire

    [17] ZAOUAL H., Management situé et développement local, Collection Horizon Pluriel, Rabat, 2006 p : 13-14

    [18] Il n’y a pas d’alternatives aux marchés.

     


    [1] Il est très difficile de faire la révolution et de construire le socialisme dans les pays occidentaux, car dans ces pays l'influence pernicieuse de la bourgeoisie est très profonde et s'est déjà infiltrée partout. En Chine, la bourgeoisie n'existe que depuis trois générations tandis que dans les pays comme l'Angleterre ou la France, elle existe depuis des dizaines de générations. Dans ces pays la bourgeoisie a une histoire vieille de 250 à 260 ans, voire de plus de 300 ans ; l'idéologie et le style de travail bourgeois ont des influences partout et dans toutes les couches sociales. C'est pourquoi la classe ouvrière anglaise ne suit pas le Parti communiste, mais le Parti travailliste.
    Lénine a dit : "Plus un pays est arriéré, plus difficile est son passage du capitalisme au socialisme". Vue d'aujourd'hui, cette thèse n'est pas correcte. En réalité, plus un pays est arriéré économiquement plus son passage du capitalisme au socialisme est facile, et non difficile. Plus un homme est pauvre, plus il veut la révolution. Dans les pays capitalistes occidentaux, le niveau de l'emploi et les salaires sont plus élevés et l'influence de la bourgeoisie sur les travailleurs est plus profonde. Dans ces pays, la transformation socialiste est moins facile qu'on ne le croit.
    Mao Zedong, "Notes de lecture sur le Manuel d'économie politique de l'Union soviétique" (1960). Le même raisonnement peut évidemment s'appliquer entre les différentes régions - les Centres et les Périphéries - d'un même État...

     


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