• #Rojava #Efrin


    L'histoire de "cracher sur les combattants" est passablement pénible, car elle sous-entend que dès lors que quelques milliers de personnes ont fait le CHOIX POLITIQUE de prendre les armes pour une cause, les personnes ne l'ayant pas fait, soit la population mondiale moins ces quelques milliers, seraient illégitimes à critiquer quoi que ce soit d'attenant à cette cause... Ce qu'il faut bien appeler une nouvelle, et bien hallucinante arme du terrorisme intellectuel anti-politique qui est la norme dans le débat gauchiste occidental.

    Servir le Peuple, contrairement à ce que cela en arrange de comprendre, non seulement n'a jamais dit (et ne dira jamais) que ces volontaires internationalistes sont des connards qui mériteraient de se faire latter la gueule, mais passe au contraire son temps à établir des distingos très précis entre les forces engagées dans la cause de Rojava, tout comme entre les différentes situations sur place, qui ne méritent pas toutes le même traitement.

    Il y a en Rojava des islamophobes ; non seulement des fachos patentés, trumpistes et sionards qui ne sont pas notre invention, mais le témoignage direct de volontaires internationaux communistes sur place ; mais aussi des islamophobes DE GAUCHE... Le "Monsieur Kurdistan-PKK" n°1 de l'extrême-gauche blanche en région lyonnaise est ainsi un individu qui a une véritable obsession de l'"islamiiiisme", qu'il tente de maquiller sous toute l'"intersectionnalité" qu'il peut ; montant des dossiers ignobles sur un militant politico-syndical et sa vie de couple, mettant en garde contre les "barbus" d'une ville de banlieue où devait se tenir un meeting avec des marxistes afghanes, ou encore critiquant les positions de Servir le Peuple dans un long mail intitulé "Mamelouks et Caudillos" et totalement motivé par l'islamophobie (nous avions établi un certain parallèle entre les phénomènes nationaux-"islamistes", concrètement de type Frères Musulmans ou AKP, et les phénomènes de type chaviste en Amérique latine), allant jusqu'à cautionner les massacres de l'été 2013 en Égypte (il est assez longuement question de lui ici) :

    #Rojava #Efrin#Rojava #Efrin

    Flanqué, pour faire bonne mesure, d'un défenseur acharné du régime syrien qui voit naturellement dans les Kurdes un moyen commode, pour Assad, de récupérer sa base d'accumulation capitaliste bureaucratique au Nord et à l'Est de l’État syrien.

    Ces gens sont ce que nous appelons des GAUCHO-IMPÉRIALISTES, qui appuient et fomentent (car la solidarité n'est jamais que solidarité, elle est aussi influence, qu'on le veuille ou non) la ligne faisant, sur le terrain, des forces YPG-YPJ les meilleurs tirailleurs des impérialistes occidentaux comme russes. 

    Il est bien évident qu'une telle ligne, en exerçant son influence, interdit à la direction kurde de Rojava de traiter correctement les contradictions qui ont conduit les masses arabes ou turkmènes de Syrie à exprimer leur antagonisme à travers l'"islamisme" de Daesh ou pro-Erdogan, et donc de les résoudre et de sortir du chaos par la "révolution régionale" à laquelle elle prétend.

    Si qui que ce soit a pu émettre une critique de cette pente savonneuse, et nous savons que de nombreuses critiques en ce sens ont pu être émises par des volontaires communistes turcs et internationaux, combattre résolument ces gens est un service rendu à ces combattant.e.s, et non leur "cracher dessus".

    Et puis il y a des gens qui ne sont pas dans ce paradigme mais qui auraient tendance à plaquer, copier-coller abstraitement des schémas politiques d'ici, en Occident, sur le Machrek arabo-kurdo-turc. C'est bien sûr le cas des schémas politiques de l'antifascisme (pour lequel le pain sur la planche ne se résume pourtant certainement pas au Nom du Mal mondialement désigné par tous les médias depuis 2014, et ne manque pas ici même en Europe !). Mais cela peut aussi l'être de schémas de type libération nationale, indépendantisme de gauche, qui perdent de vue la spécificité du contexte SEMI-COLONIAL dans lequel se posent ces questions au Proche/Moyen-Orient, où les nations "dominantes" sont elles aussi et en tout premier lieu des semi-colonies de l'impérialisme, qui doivent donc elles aussi se libérer de cela, et non des nations impérialistes comme la France, l'Angleterre etc. n'ayant RIEN "au dessus" d'elles.

    Perdant de vue, de cette manière, toute la subtilité de l'approche d'un... Lénine, ou d'un Kaypakkaya en la matière (le fait que Kaypakkaya lie résolument les deux nécessités, autodétermination du Peuple kurde et révolution anti-impérialiste de tous les Peuples de l’État turc, l'une à l'autre, étant schématiquement et sans autre forme de procès assimilé au "fédéralisme" espagnoliste bidon de Podemos ou du PSOE outre-Pyrénées...).

    [Lire, à ce sujet : quelques-considerations-sur-le-confederalisme-democratique-et-la-question-nationale]

    Le PKK prônant lui aussi, à l'origine, l'indépendance et le socialisme ; et ayant face à lui un mouvement communiste "de toute la Turquie" généralement loin d'être clair sur cette question, voire incapable d'assumer que "le kémalisme, c'est le fascisme" (Kaypakkaya, lire : Kaypakkaya-kemalisme.pdf), et une seule organisation, le TKP(ML) (avec des parenthèses à l'époque), au contraire très claire mais traversant (dans les années 1980, début 1990) une forte crise et des divisions ; c'est donc naturellement vers lui que se sont portées les relations internationales des groupes prônant la même chose pour leurs Peuples niés d'Europe. Sauf qu'à l'époque, au-delà de ses positions révisionnistes et de son fonctionnement assez peu démocratique, le PKK pouvait à la rigueur être qualifié de résolument anti-impérialiste. Établi dans des camps au Liban, par exemple, il y combattait du "bon" côté, contre les milices sanguinaires de l'"Occident-en-avant". Son dirigeant Öcalan n'avait pas encore eu pour maître à penser un mec qui considère que la "conflictualité arabe" est la principale cause du malheur de la Palestine. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses ont considérablement changé depuis !! Et le léninisme, c'est-à-dire l'analyse concrète de la situation concrète, c'est tenir compte de tels changements.

    Il y a aussi, pas peu souvent, des "non mais oui bien sûr on est critiques, mais on est d'abord là pour le Peuple kurde, pas pour les YPG", qui à notre sens ne comprennent pas bien ce que signifie une hégémonie dans un front politique ; telle que celle du PKK en Rojava.

    Pour en venir à la situation à Efrin :

    Les choses ont quelque peu évolué depuis le début de l'opération et notre premier article sur la question... à moins que ce ne soient des apparences trompeuses qui se sont dissipées.

    Le retrait annoncé des forces russes stationnées là-bas avait pu laisser penser à un "feu vert" de ce pays et un "échange", avec Erdogan, du canton à majorité kurde contre des zones tenues par des rebelles pro-Turquie. Mais depuis, ce retrait a été démenti par Moscou en même temps que le PYD (parti des Kurdes de Syrie, "frère" du PKK) était invité à des négociations, parallèles à celles de l'ONU, organisées par Poutine à Sotchi.

    Assad, toujours avec l'appui de la Russie, a commencé à éructer contre l'opération turque en territoire qu'il considère, bien évidemment, comme le sien ; "syrien". Et de fait, si Washington a d'un côté appelé Erdogan à la "retenue", mais de l'autre reconnu son "droit à protéger ses intérêts" et affirmé "ne pas en avoir" (d'intérêts) à Efrin, et que les forces YPG-YPJ qui viendraient à la rescousse le feraient sans le soutien de l'OTAN ; on observerait bel et bien un afflux de renforts... à travers les zones tenues par le régime, et sous escorte de son armée. Il se pourrait donc qu'Erdogan, qui à bien y regarder, avec les zones tenues par ses rebelles affiliés qui sont de véritables "nids" de djihadistes, pourrait bien être le dernier vrai problème de ce conflit en voie de résolution, ait été attiré par l'Occident ou les Russes ou les deux (probablement les deux) dans un "piège", une opération-bourbier dont l'échec pourrait signifier sa mort politique dans son pays (élections présidentielles en 2019).

    De fait, en même temps que la désescalade dans le discours d'Ankara est notable ("nous voulons juste établir une zone de sécurité jusqu'à 30 km de la frontière", "nous n'avons pas vocation à rester en territoire syrien souverain", etc. etc.), la progression des troupes turques et de leurs supplétifs syriens est pénible. Il faut dire aussi que, si le lancement de l'opération a pu tomber un peu "brutalement" sur la tête des Kurdes d'Efrin, l'éventualité d'une telle invasion turque était évidemment l'une des choses auxquelles ils étaient le plus préparés, puisqu'il y avait déjà eu en 2016 et début 2017 l'opération Bouclier de l'Euphrate, qui elle avait assez largement le feu vert de la "communauté internationale" puisqu'il s'agissait essentiellement de zones tenues par Daesh, mais avait déjà conduit à de violents affrontements avec les YPG-YPJ aussi.

    Mais enfin, le fait de, privés du soutien de l'Occident (d'un soutien suffisamment important pour être visible en tout cas), se tourner vers le régime d'Assad qui ne veut pas entendre parler de la moindre autonomie régionale en Syrie, est tout de même révélateur du niveau de la toile d'araignée de manœuvres impérialistes dans laquelle est empêtrée la "Révolution de Rojava".

    Comme nous l'avons dit et répété : TOUS les pragmatismes tactiques sont permis, et Mao a reçu contre les Japonais plus d'aide impérialiste que n'en recevra jamais Rojava. La question est celle de L'INDÉPENDANCE vis-à-vis de l'impérialisme, et, la politique commandant au fusil, c'est l'indépendance IDÉOLOGIQUE qui permet l'indépendance opérationnelle. Or cette indépendance idéologique, nous ne la voyons pas dans l'idéologie d'Öcalan, littéralement dictée par un gauchiste et... sioniste de gauche US ; nous ne voyons pas d'indépendance vis-à-vis de ce gauchisme de système occidental, aile extrême-gauche de l'impérialisme.

    Pour autant, la situation que nous avons à Efrin n'est ni Raqqa ni encore moins l'"au-delà de Raqqa", Deir ez-Zor et ses champs pétroliers pour le compte des compagnies américaines, etc., mais bien comme à Kobané en 2014-2015, ou... comme à Donetsk et Lugansk à la même époque (sauf que là, direct, le soutien clair de l'impérialisme russe et la présence de volontaires étrangers pas franchement progressistes ÉTAIT un problème pour la gauche radicale occidentale !!), une autodéfense populaire contre des forces leur promettant l'oppression (sachant que l'intervention turque n'est même pas dans l'intérêt véritable des populations arabes ou turkmènes sur lesquelles elle pourrait s'appuyer) ; autodéfense qui a tout notre soutien.

    C'est la raison pour laquelle notre mot d'ordre premier est, d'abord et avant tout : solidarité totale avec les masses populaires kurdes et non-kurdes du canton d'Efrin. Sortir de la guerre et de ses massacres, si nécessaire par la guerre contre ceux qui veulent la prolonger, est la première priorité absolue.

    Ensuite, quelle que soit l'issue de toute cette affaire, nous pensons que Rojava peut rester, et probablement restera un foyer de perspectives politiques révolutionnaires pour la région.

    Mais pour cela, il faut que puisse y triompher une ligne matérialiste, marxiste, léniniste, anti-impérialiste CLAIRE (chose que le PKK a ouvertement rejeté dans les années 2000, premier GROS problème) ; et ce n'est certainement pas en projetant sur l'expérience de Rojava et la région qui l'entoure ses obsessions islamophobes "de gauche" et "civilisatrices", ou ses combats occidentaux antifascistes et/ou de libération nationale, que pour X et Y raisons on a des difficultés à mener chez soi ; ou en cherchant à "prouver" à travers elle l'"inutilité" d'une telle clarté qui est par exemple celle de la ligne historique de Kaypakkaya portée par le TKP/ML (Comité central légitime) ; et en balayant les critiques au nom du "respect pour ceux/celles qui se battent sur le ter-ter", que l'on va aider à y arriver.

    #Rojava #Efrin</p


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