• Revue de presse - mi-septembre 2014

     

    Islamophobie et "échappatoire" salafiste

     

    La proclamation du "califat" par l’État islamique en Irak et en Syrie est en train de donner naissance à un véritable "sionisme musulman" :

     

    famille jihad


    Pourquoi des Français sont attirés par le djihad
    Jeunes hommes radicalisés, femmes mais aussi familles, près d'un millier de Français ont rejoint les rangs de l'État islamique. Explications.

    Une famille entière s'enrôle pour le djihad en Syrie

     

    La famille disparue dans l'Isère a bien pris la direction de la Syrie

     

    Une fillette de 2 ans et demi emmenée par son père a pu être récupérée et remise à sa mère : Assia, la fillette sauvée du djihad en Syrie

     

    Des adolescentes fuguent même de leur famille pour s'y rendre : http://www.ladepeche.fr/article/2014/03/27/1849563-lezignan-corbieres-soeur-sarah-ete-enrolee-syrie-reseaux-sociaux.html

     

    http://www.bladi.net/nora-marocaine-15-ans-jihad-syrie.html

     

    djihad-famille.jpgComme l'expliquent bien ces articles de la presse bourgeoise, il ne s'agit pas vraiment pour ces gens de se battre (ceux qui étaient prêts à le faire y sont déjà) mais bel et bien de participer à la construction du nouvel État et de la "nation islamiquement pure" proclamée par Abu Bakr al-Baghdadi à Mossoul au mois de juin... Nous avons donc là une logique qui, bien qu'avec des différences évidentes (que ne manqueront pas de souligner les critiqueurs professionnels sans arguments), rappelle celle du sionisme dans la première moitié du siècle dernier ou encore les projets comparables de "retour en Afrique" pour les Noirs américains et antillais, dont le plus célèbre est celui de Marcus Garvey : une logique consistant, pour une minorité ciblée par une mobilisation réactionnaire de masse, non pas à lutter concrètement là où elle se trouve pour ses droits démocratiques et son autodétermination en tant que minorité nationale, mais à chercher le "salut" dans la fuite vers une "terre promise" fantasmée (le plus souvent au détriment des populations qui s'y trouvent déjà comme on a pu le voir en Palestine, au Libéria grande "terre promise" du Back to Africa et maintenant dans les territoires du Machrek arabe sous le contrôle de l'"État islamique").

     

    Sur le site Oumma.com, un intellectuel musulman ose ouvertement le parallèle : L’État islamique d’Iraq et Syrie et le projet sioniste

     

    Cette démarche va évidemment se coupler à celle, expansionniste, du Capital arabe/musulman qui la finance et l'arme et va (dès lors) se chercher des "justifications" dans les textes sacrés pour prendre une tournure réactionnaire ultra-violente et fasciste, absente chez les quelques (rares et sympathiques) communautés rasta ayant pu s'installer en Afrique mais en revanche bien présente dans la colonisation et le "nettoyage" ethnique de la Palestine par les sionistes (bien que nous ayons Etat islamique Raqqalà un cas de "barbarie" "mentalisable" et donc finalement acceptable par les esprits occidentaux), l'idéologie puisant là aussi ses "justifications" dans l'Ancien Testament (bien que s'affichant - au début du moins - "laïque" et même "socialisante" devant des masses juives d'Europe séduites par les idées progressistes).

     

    Cette logique a été vigoureusement combattue, en ses lieux et temps, par les marxistes juifs (Bund et léninistes) pour le sionisme et par les grands dirigeants communistes noirs américains comme Harry Haywood et C.L.R. James, Robert F. Williams puis les Black Panthers pour le Back to Africa ; dans une compréhension correcte que c'est seulement l'absence de réponse révolutionnaire et rationnelle à l'oppression subie qui entraîne les masses vers des réponses réactionnaires, irrationnelles et mystiques (qui sont essentiellement l'intégrationnisme - négation de son identité d'opprimé pour tenter de nier l'oppression et d'obtenir quelques miettes de "reconnaissance" des oppresseurs, l'exemple de faillite le plus tragique étant sans doute celui des Juifs d'Allemagne et d'Autriche ; le repli "attentiste" et passif sur sa communauté ou la fuite vers l'"ailleurs" idéalisé - sionisme, garveyisme et maintenant émigration salafiste vers l'"État islamique").

     

    Les militant-e-s révolutionnaires des colonies intérieures catégorisées "musulmanes" doivent à présent prendre à bras le corps ce phénomène de recherche de réponses dans la religion et (désormais) l'émigration vers une soi-disante "Terre promise de l'Islam", afin d'apporter une RÉPONSE COMMUNISTE aux questions que se posent ces personnes (de plus en plus nombreuses) des classes populaires.

     

    trinquier.jpgDe l'autre côté et à la source de cette fuite en avant identitaire et réactionnaire (car il faut bien être clairs sur les liens de cause à effet), il y a la France de la vague bleue-et-bleue-marine du printemps dernier, la France de la haine raciste (en général) et anti-musulmane (en particulier) qui a motivé (selon leurs propres dires dans toutes les enquêtes) 99% des électeurs FN (un FN qui d'ailleurs, une fois n'est pas coutume, soutient l'intervention militaire occidentale contre l'"État islamique") et dont un "bon exemple" a été donné cet été par la petite ville de Wissous dans l’Essonne (tout près de l'aéroport d'Orly).

     

    Il est intéressant de souligner ici que le maire Richard Trinquier n'est pas "n'importe qui" : il est le fils du colonel Roger Trinquier, dont la théorie de la guerre contre-révolutionnaire moderne s'est exportée jusque dans l'Amérique du Sud des Pinochet en consorts... Autant dire qu'en matière de "lutte contre l'ennemi intérieur", il en connaît plutôt un rayon ! :

     

    Wissous, la ville où l'islam est pointé du doigt

     

    Déferlante de haine islamophobe et raciste à Wissous, le maire responsable

     

    valeurs actuelles Le battage autour de l'"islamisation" de notre bonne vieille "fille aînée de l’Église" apparaît encore une fois bel et bien (ainsi que nous le disons depuis des années) comme la grande mobilisation réactionnaire de masse de notre époque. Nous en avons déjà de nombreuses fois analysé les causes : le racisme, présent depuis qu'il existe une immigration extra-européenne significative en Hexagone, reflète la domination impérialiste européenne et française sur le "tiers-monde" et la PEUR devant la contestation croissante de cette domination par celui-ci, dont les "immigrés" sont perçus comme les "ambassadeurs" ; ce racisme s'est spécifiquement centré sur la religion musulmane depuis que ("révolution" iranienne, guerre civile algérienne et attentats de 1995 puis 11-Septembre 2001) les forces militant au nom de cette religion apparaissent comme les plus agressives ; on peut aussi évoquer dans les masses une crainte devant le "choc de modernité" (crainte d'un monde qui "change trop  vite") représenté par la "mondialisation", à laquelle l'immigration extra-européenne est associée ainsi que l'émergence d'acteurs internationaux non-européens dont (là encore) les pays musulmans sont perçus comme les plus inquiétants ; exactement comme la crainte devant le "choc de modernité" représenté par la "révolution" industrielle et la modernisation très rapide de la société entre 1800 et 1940 s'était projeté sur les Juifs, qui obtenaient au même moment l'égalité civile dans la plupart des pays d'Europe et connaissaient pour certains une vertigineuse ascension sociale - avant d'être perçus, aussi, comme l'"avant-garde" des "idées nouvelles" démocratiques, socialistes et communistes "menaçant" l'ordre social "millénaire"... Il n'est donc pas étonnant (même si c'est à combattre) que face à cela, comme face à l'antisémitisme principale mobilisation réactionnaire de masse lors de la première crise générale du capitalisme (années 1870-1940), une réaction populaire possible soit de dire "puisque nous sommes des 'merdes' ici, allons donc nous 'réaliser' loin d'ici sur une terre 'à nous', où nous serons entre gens comme nous, entre frères et sœurs, avec nos valeurs et pas celles des autres qui nous détestent" etc. etc. !

     

    extermination.jpg Parallèlement (et en illustration) à tout cela (à ce fond d'ambiance), on notera que des amendes d'un montant "exorbitant" de... 3.000 euros (même pas un mois voire un demi-mois de revenu pour ces personnes) ont été prononcées contre Christine Tasin (de "Résistance républicaine" et "Riposte laïque") pour avoir proclamé et revendiqué sa haine des musulmans ainsi que contre le maire CNIP de Cholet, Gilles Bourdouleix, pour avoir déclaré au sujet des Rroms que "Hitler aurait dû finir le travail" (!!). Voilà qui devrait suffire (si c'était nécessaire) à illustrer la MASCARADE qu'est la "lutte" bourgeoise "républicaine" contre les idées fascistes, sauf dans certaines circonstances très particulières comme une "bouseuse" FN des Ardennes qui s'en prend à une ministre guyanaise (et encore a-t-il fallu un tribunal guyanais pour cela...) ou un "comique" afro-descendant antisémite... et le RIDICULE de voir dans l’État "républicain" un allié potentiel contre le fascisme !

    L'antifascisme venu du cœur des classes populaires, lui, vient encore de donner un exemple lumineux à Calais face à quelques centaines de fascistes venus cracher leur haine des prolétaires migrants (qui s'entassent autour de cette ville dans les conditions inhumaines que l'on sait) : http://quartierslibres.wordpress.com/2014/09/10/rassemblement-de-sauvons-calais-racisme-autorise-solidarite-interdite/


      Revue de presse - mi-septembre 2014Revue de presse - mi-septembre 2014

    Revue de presse - mi-septembre 2014

     

     


  • Commentaires

    2
    Pascal
    Jeudi 25 Décembre 2014 à 20:25
    D'après ses partisans, l'islam, comme le christianisme a vocation à s'étendre à la Terre entière. Ce ne peut être que tactiquement que des musulmans se replient dans Daesh.
    La démarche est en principe très différente de celle qui a conduit à la création du Liberia. Différente aussi du sionisme qui surtout à l'origine se présentait comme une sorte de nationalisme a-religieux qui ne mettait pas en avant les prophéties d'Isaïe ni les projets de théocratie judeo-chrétienne.
    1
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 15:46

    Oui, ce sont des différences importantes et d'ailleurs l'article en lien d'Oumma.com les mentionne.

    Mais en fait ce n'est pas tant le Daesh EN GENERAL que nous comparons au sionisme, mais plutôt et spécifiquement le mouvement migratoire en direction des territoires qu'il contrôle. Là il y a tout de même une similitude fondamentale : plutôt que de lutter pour ses droits démocratiques de minorité ici, dans les métropoles impérialistes, on va "là-bas" pour y vivre dans une prétendue "pureté islamique".

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :