• Revue de presse 28/02/2014 : Venezuela, Ukraine et Centrafrique

    caprilesAu sujet des évènements ("révolution colorée") qui secouent une nouvelle fois, depuis plusieurs semaines, le Venezuela, nous ne nous étendrons pas outre mesure pour rappeler (pour la 150e fois environ) notre position : le "bolivarisme", RÉFORMISME BOURGEOIS qui s'appuie (au niveau international) sur les "émergents" BRICS et autres "États-parias" (Iran, Syrie, hier Libye) contre "l'Empire" des USA et de leurs proches alliés, doit être critiqué sans concession dans ses contradictions avec les masses populaires laborieuses et son opposition de gauche (progressiste et révolutionnaire), combattu lorsqu'il perpètre des actes aussi réactionnaires que livrer des militant-e-s à des États semi-fascistes (Colombie, "Espagne"), mais toujours fermement défendu contre les menées réactionnaires de la vieille droite oligarchique puntofijiste et de l'impérialisme (principalement) US. Clairement : renversement du bolivarisme par une révolution populaire, anticapitaliste et anti-impérialiste, 100 fois oui, comme y appellent ces camarades du Mouvement Guévariste Révolutionnaire dont nous avons publié la brillante analyse il y a quelques mois ; mais renversement par des néo-Pinochets fussent-ils "en civil", NON, le niveau actuel de conscience et de mobilisation des masses populaires ne pouvant être surmonté par l'oligarchie réactionnaire qu'au 1849649 3 3d6f le-president-par-interim-du-venezuela da90deprix du massacre de milliers de personnes, ce qu'aucun révolutionnaire ou progressiste digne de ce nom ne peut accepter. Telle est notre position de communistes et nous n'y renoncerons jamais ; nous la maintenons fermement depuis maintenant plus de 4 ans sous les crachats tant des adorateurs béats du "socialisme du 21e siècle", qui hurlent au "trotsko-maoïsme", que des dogmato-gauchistes qui compensent par le sectarisme et les "lignes de démarcation claires" la vacuité de leur pensée, de leur stratégie et de leur pratique révolutionnaire (et nous traitent évidemment de "trotskystes" lorsqu'ils sont "staliniens" et inversement, de "révisionnistes", d'"opportunistes" ou carrément de "nationalistes révolutionnaires" etc. etc.).

    Cependant, il faut bien être clairs (et dialectiques !) : les choses ne tombent pas non plus du ciel, et si le gouvernement de Maduro est actuellement déstabilisé, c’est que l’opposition réactionnaire a su profiter de ses faiblesses. Nicolás Maduro n’a été élu en avril dernier (après la mort de Chávez) que d’une très courte tête (50,62% !) et Chávez lui-même, six mois plus tôt, par 55% seulement. L’assise populaire du "socialisme bolivarien" s’effrite inexorablement, comme l’ont bien expliqué les camarades du MGR ; car le "processus" a atteint ses claires et indépassables limites (bourgeoises) de classe. En ce sens, les appels du PCV à "approfondir le processus #LAFOTO JAVU, movimiento de la extrema derecha en #Venezuelrévolutionnaire" face aux menées de la droite sont de purs prêches dans le désert, dès lors qu’il n’a pas compris que cet "approfondissement" ne relève pas de la classe au pouvoir : la gauche bourgeoise "bolivarienne"[1] qui voulait simplement desserrer l’étau impérialiste sur le pays (qu’elle y soit parvenue et dans quelle mesure est un vaste débat) ; mais bien des masses populaires et de leur révolution démocratique anticapitaliste, anti-impérialiste et agraire sous la direction d’un Parti révolutionnaire conséquent.

    En tant que gouvernement d’État (à bien différencier de "l’État profond", avec lequel il est en conflit quasi-permanent), le gouvernement "socialiste" du Venezuela fait partie de ce que les marxistes conséquents appellent une force intermédiaire : une force envers laquelle notre attitude (de communistes) varie et s’adapte en fonction des circonstances, de ce qu'elle dit et/ou fait à un moment donné ; un peu comme la "petite bourgeoisie" (les classes moyennes) dans la société de classe d'un pays donné. C'est en ayant cela bien fermement en tête que l'on peut avancer et prendre position sur les évènements de ce vaste monde, envers et contre le terrorisme intellectuel des uns ou des autres. Si l'on prend par exemple le Hezbollah libanais : appréciation positive lorsqu'il inflige une défaite morale à l'armée sioniste (en 2006 ou déjà en 2000, avec le retrait du Liban), mais appréciation négative lorsqu'il va aider son ami Assad à massacrer le Peuple syrien. D'aucuns nous diront que nous "distribuons les bons et les mauvais points", "depuis notre clavier" bien sûr au cas où quelqu'un supposerait que nous écrivons depuis un mobile sous les obus à Alep... Grand bien leur fasse ; cela ne changera pas notre position d'un iota. Qu'ils reviennent, éventuellement, avec 1400 articles à raison d'au moins une demi-douzaine par mois, d'analyse et de positions sur les évènements de la planète entre les mains et on en reparlera.

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    En Ukraine, les choses prennent malheureusement la tournure prévue. À Kiev, le gouvernement "d'union nationale" pro-UE a été présenté directement (pour acclamation) à la foule de la place Maïdan. Au premier rang devant la tribune, bras croisés, on a pu voir clairement les membres de la 6131809-9157372"milice d'autodéfense" de la place, les nazis de Svoboda et compagnie... Dans les régions que cette "opposition" (désormais maîtresse du pays) contrôle depuis plusieurs semaines, comme à Lviv (Galicie, ouest nationaliste), il ne fait pas bon être "rouge" : le secrétaire du PC local a été sauvagement torturé par des (probables) partisans de Svoboda. Dans le centre du pays (Cherkassy), des bus ont été arrêtés et leurs passagers violemment tabassés ; les auteurs et les victimes ne sont pas chose claire : pour ce site castillan (anti-Maïdan), qui parle même de morts, ce sont des nationalistes ukrainiens qui ont attaqué des pro-Ianoukovitch allant contre-manifester à Kiev ; mais pour ce site d'extrême-droite pro-russe (comme l'essentiel de l'extrême-droite BBR) ce sont au contraire de valeureux habitants "anti-ordre-mondial" (pro-russes) qui ont intercepté des EuroMaïdan. La violence des faits demeure la seule 200583937certitude. En Crimée par contre (nous en avions déjà parlé), les pro-russes sont clairement hégémoniques ; à vrai dire, on se sent russe et le drapeau de la Fédération a même carrément été hissé sur le Parlement local (c'est une province autonome avec son propre Parlement). Après tout, la région n'a été rattachée à l'Ukraine qu'en 1954, "cadeau" de Khrouchtchev à son pays natal. De violents affrontements ont opposé les partisans de la Russie (qui a au demeurant une base navale à Sebastopol) à ceux du nouveau pouvoir ukrainien. Ces derniers sont principalement des Tatars, une minorité (250.000 personnes, 12% seulement de la population de la presqu'île) turcophone et majoritairement musulmane. Si la situation dégénère, on sait hélas ce que cela veut dire... De son côté, Poutine a mis ses troupes en état d'alerte dans les régions frontalières de l'Ukraine, dans la perspective évidente d'intervenir en appui à d'éventuelles régions sécessionnistes (Kharkov, Donetsk ou Crimée), comme la Russie l'a déjà fait par le passé (Ossétie et Abkhazie en Géorgie). La conflagration-massacre semble s'approcher à grands pas.

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    En fait, les contradictions inter-impérialistes entre bloc occidental UE-US et "nouvel Est" (Russie, Chine, "BRICS") ont atteint un tel niveau que nous assistons simultanément à deux "révolutions colorées" sur deux continents différents, dont l'une (au moins) pourrait bientôt dégénérer en guerre civile réactionnaire selon un "scénario yougoslave".

    centraf quenelle militairesAutre théâtre d'opérations inter-impérialistes, cette fois entre Soudan-donc-Chine ("Chinafrique") et Françafrique : la Centrafrique où l'intervention BBR "Sangaris" vient d'être prolongée par le Parlement (428 voix contre 14 à l'Assemblée et 328 contre 3 au Sénat), ce qui en dit long sur l'Union sacrée néo-colonialiste de nos chers élus. Mais que voulez-vous, il faut bien que le nouveau génocide made in France se poursuive en toute tranquillité, jusqu'à ce que les machettes des partisans antibalakas de l'ami Bozizé (admirez le pedigree, il vaut le détour !) aient reconquis chaque centimètre de terrain. Ce nouveau génocide a d'ores et déjà fait un bon million de déplacés (dont 250.000 à l'extérieur du pays), quant aux morts on ne sait pas trop mais à coup de 50 par-ci, 70 par-là, le compteur à l'air de tourner vite. Ce qui est certain, c'est que les témoignages s'accumulent quant à une complicité active des troupes françaises avec les antibalakas. 

    L'Immonde nous rejoue sa bonne vieille position négationniste intellectuelle-de-gauche déjà expérimentée lors du génocide rwandais, clamant en gros titre "Centrafrique : attention aux mots". Et pour ne rien arranger, AQMI s'en mêle, promettant de venger les musulmans assassinés (Boko Haram s'était déjà exprimé dans ce sens il y a 15 jours)...

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    Voilà donc pour ce rapide petit "tour" du monde que nous offre le capitalisme impérialiste. Une impression latente, en fait, de revenir perpétuellement 10 ans, 20 ans ou 25 ans en arrière, au temps des déstabilisations contre Chavez dans les années 2000-2005 (et bien avant cela, au Chili sous Allende), au temps des guerres de Yougoslavie (1991-95) et de la guerre civile et du génocide rwandais (1990-94). Une impression de tourner en rond. Nous laissons tout-e un-e chacun-e méditer à la viabilité de ce monde, et aux moyens d'en finir avec lui.

    Il y aura d’autres flashs infos réguliers comme celui-là. À bientôt.

     


    [1] Une aile gauche des différentes classes bourgeoises existant dans ce pays dominé : bourgeoisie compradore (entrepreneurs privés intermédiaires ‘classiques’ de l’impérialisme) et bureaucratique (liée à l’appareil d’État dans des ‘monopoles’ sur les productions essentielles du pays, comme le pétrole au Venezuela et dans beaucoup de pays) , moyenne et petite bourgeoisie ‘nationale’ (base d’accumulation dans le pays et lui seul) et même peut-être certains éléments de la grande propriété agricole, même si ceux-ci sont généralement les plus farouchement réactionnaires (bloquant toute ‘solution négociée’ avec les FARC en Colombie par exemple, cette ‘solution’ ayant pour prérequis une réforme agraire).

     


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