• Réquisitoire dans le procès Saïdou-Bouamama : Victoire !


    Le verdict définitif ne sera rendu que le 19 mars, mais la procureure a d'ores et déjà requis la relaxe : http://oumma.com/219633/rien-dillegal-aux-propos-de-saidou-zep-said-bouamama-

    Réquisitoire dans le procès Saïdou-Bouamama : Victoire !

    Il faut bien dire que toutes ces histoires de "racisme anti-blancs" n'ont pour nous rien de nouveau ni de surprenant, et nous parlent profondément. Nous sommes après tout venus au communisme à une époque où le discours "communisme = fascisme" était décliné sur tous les tons (et il en va encore largement de même aujourd'hui) ; nous avons dès cette époque été très sympathisants des luttes de libération nationale et nous avons alors (bien sûr) entendu le classique "les Corses et les Basques c'est comme Le Pen, ils ne veulent pas d'étrangers chez eux, la Corse aux Corses = la France aux Français" etc. etc. ; et puis bien sûr lorsque nous nous sommes penchés sur et emparés de la question occitane, il ne nous a pas fallu longtemps pour nous voir qualifiés d'"identitaires", d'"équivalents régionalistes des nationalistes FN" et on en passe et des meilleures... On pourrait encore citer d'autres concepts ayant émergés ces dernières années, comme l'"hétérophobie" pour les luttes LGBTI etc.

    Le concept de "racisme anti-blancs" ne s'inscrit pas dans une autre logique. Il faut bel et bien voir là l'ARME IDÉOLOGIQUE (réactionnaire) DE DESTRUCTION MASSIVE de notre époque : ne (surtout) pas assumer ouvertement la domination et l'oppression, mais mettre l'affirmation et la colère des opprimé-e-s sur le même plan que les idéologies structurelles des oppresseurs.

    C'est en cela que la petite victoire de ZEP et Saïd Bouamama est une victoire pour nous tou-te-s. La fascisation de l'ordre capitaliste bleu-blanc-rouge est en marche, mais il est encore possible par la mobilisation et une démarche politique offensive de lui porter de petits coups d'arrêt momentanés. Il ne faut cependant pas se bercer d'illusions, et être bien conscient-e-s que cela ne saurait durer éternellement. Ainsi, il faut bien voir que si la probable relaxe des accusés est une victoire pour eux et pour nous, le fait qu'il y ait eu poursuites et procès (et non classement sans suite) est tout de même un point marqué par l'AGRIF - et là est la tendance de fond de notre époque. Il faut notamment être vigilant-e-s devant l'éventualité que d'autres forces (y compris des forces de l'appareil d’État) que cette association très connotée à l'extrême-droite s'engagent sur le terrain de telles procédures : le résultat pourrait alors être nettement différent (l'AGRIF avait toutes les chances d'être déboutée et en a, de fait, l'habitude).

    Pour le moment, par le biais de sa "justice", l'ordre bourgeois républicain campe sur sa position de "balle au centre" : racisme ouvert et "primaire" ("de peau") interdit ; antisémitisme incarnation du "Mal absolu" (et amalgame avec la critique du sionisme savamment entretenu...) ; racisme "subtil" sur une ligne "culturelle" de "critique de l'obscurantisme" ou de "civilisation contre barbarie", ou encore de "réalisme face à la délinquance" et bien sûr de "dénonciation du nouvel antisémitisme des banlieues que personne ne veut voir" (à la Zemmour, Finkielkraut etc.) autorisé à condition de s'exprimer de manière "cultivée" et "posée"/"experte" (en évitant les dérapages d'un Philippe Tesson par exemple...) ; société de toute façon structurellement raciste (normal pour un pays impérialiste !) mais promesses régulières de "lutter contre les discriminations" ; et enfin "racisme anti-blancs" non-reconnu dans le cadre d'une "expression artistique à but polémique", a fortiori si la plainte émane d'une officine notoirement d'extrême-droite.

    Rappelons encore une fois que l'actuelle (immense) mobilisation de masse derrière la bourgeoisie repose totalement sur un paradigme "gentils vs méchants" - avec évidemment la bourgeoisie et sa République dans le rôle des "gentils". Les condamnations pour "apologie du terrorisme" pleuvent sur des dizaines de personnes pour toutes sortes de vociférations d'ivrognes, déblatérations de déficients mentaux ou provocations d'adolescents (stratégie de "choc et effroi") ; mais condamner (même symboliquement) un artiste et un sociologue pour "racisme anti-blancs", alors même que le Syndicat de la Magistrature et Amnesty International commencent à interpeller le gouvernement pour sa chasse aux sorcières "apologistes", aurait sans doute été "aller un peu loin" : cela aurait détonné dans le tableau actuel d'une "République défendant ses valeurs" parmi lesquelles la sacro-sainte "liberté d'expression". Un tableau qui, répétons-le, pourrait être notablement différent dans quelques années, notamment après le duel présidentiel UMP-FN qui nous est promis pour 2017.

     


  • Commentaires

    1
    Darak
    Dimanche 25 Janvier 2015 à 16:43

    Devoirs d'Insolence!

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