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    Sur les évènements qui secouent en ce moment même l'ex-Yougoslavie, voici la position du Partija Rada (Parti du Travail), organisation communiste marxiste-léniniste principalement basée en Serbie et au Monténégro mais également bien implantée en Bosnie, issue de la lutte anti-titiste sur les positions soviétiques puis albano-chinoises et connue (surtout) pour son positionnement viscéralement anti-nationaliste et (fait rarissime là-bas) en faveur de l'autodétermination du Kosovo

    IL N'Y A PERSONNE POUR DIRIGER LES MASSES EN COLÈRE DANS LEUR LUTTE ! 

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    Après deux décennies de pauvreté, de guerre et de faim, les masses travailleuses de Bosnie-Herzégovine ont fini par se lever contre l'oppression et ont rejoint les millions de personnes asservies luttant pour leurs droits tout autour du monde. Après une longue période de nationalisme rampant, utilisée par les capitalistes et les profiteurs de guerre pour s'enrichir personnellement en pillant ce qu'il restait de propriété d’État, les masses ont été plongées dans la misère et l'indigence. Tandis qu'elles souffraient et criaient famine dans le dénument, ceux qui s'étaient enrichis sur le désastre n'avaient qu'une seule préoccupation : comment accroître encore leur capital.

    tuzla protest 6Le commun des Bosniaques, des Serbes et des Croates vit dans les mêmes difficultés au quotidien. Qui est responsable de cela ? Les responsables sont tous les parasites, politiciens, prêtres et imams, banquiers et capitalistes qui étaient les premiers à appeler aux armes lorsqu'ils voyaient le moment venu de pousser les masses à se massacrer mutuellement.

    Les évènements à Tuzla et ailleurs en Bosnie-Herzégovine nous montrent que ceux qui sont au pouvoir ne peuvent plus, pour satisfaire leurs intérêts, manipuler davantage les masses opprimées à travers une rhétorique nationaliste. Les masses se lèvent contre leur système, qu'ils essayent de maintenir par la force brute. La brutalité déployée par la police contre les protestataires montre seulement combien le gouvernement a peur de la colère des masses opprimées du peuple. C'en est fini de leur orgie nationaliste, fasciste et prédatrice ! Enfin la conscience de classe s'est éveillée dans les masses populaires ; la conscience que la division en nationalités est moins importante que la division entre oppresseurs et opprimés, entre capitalistes et prolétaires.

    La désorganisation et la naïveté, dans les premiers jours du soulèvement, ne veut pas dire que les masses opprimées ne vont pas rapidement venir à bout de toutes les tactiques de la lutte des classes. Le problème n'est pas dans les masses, car celles-ci mènent la lutte de classe en ce moment même. Le problème est l'absence d'une force révolutionnaire qui puisse les conduire vers leurs buts. Cette absence peut certainement être mise à profit par des forces qui voudraient tenter de manipuler les masses avec de fausses promesses et des agendas secrets.

    Mais ces évènements sont aussi une grande opportunité, pour le mouvement ouvrier et révolutionnaire, de renforcer ses rangs et de se lier aux masses.

    L'esprit révolutionnaire de ceux qui n'ont que le mot "révolution" à la bouche doit être démontré sur les barricades, en première ligne ! 

    LA SEULE VOIE POUR UNE LUTTE DE CLASSE VICTORIEUSE ET UNE VIE MEILLEURE EST LA VOIE DE LA RÉVOLUTION !

    À BAS LA DICTATURE DU CAPITAL !

    EN AVANT, AUX PREMIÈRES LIGNES DU COMBAT !

     

    tuzla protest 8En définitive, il n'y a là que ce que nous avons dit et répété dans tous les évènements de ces dernières années, depuis les pays arabes en passant par l'Europe du Sud (Grèce, Italie, État espagnol) jusque maintenant aux Balkans : partout les effets désastreux et criminels de la crise générale capitaliste, entrée en phase terminale depuis 2007-2008, poussent les masses ouvrières, paysannes et populaires en général (ou encore les grandes classes moyennes en perdition des pays très avancés) dans la lutte contre ces souffrances et les dirigeants bourgeois qui les incarnent ; MAIS il n'y a pas de force révolutionnaire conséquente, D'AVANT-GARDE, en tout cas pas (encore) reconnue des larges masses, pour donner à ces luttes une direction consciente et méthodique vers la solution, qui est d'abattre le capitalisme et d'instaurer le Pouvoir organisé des travailleurs ; ce qui ne passe d'ailleurs pas par un "simple" soulèvement populaire de masse, mais par une lutte de longue haleine, une guerre de tranchées que l'on appelle GUERRE POPULAIRE, dans laquelle des évènements comme ceux que nous voyons actuellement en ex-Yougoslavie sont une petite bataille et non la guerre à elle seule : l'effervescence, tôt ou tard, retombera, les choses rentreront dans l'ordre ; mais on aura avancé dans la guerre révolutionnaire de longue durée contre le Capital, dans l'élévation et la fortification de la conscience et de l'organisation populaire, et dans la fragilisation du Pouvoir capitaliste qui aura été contraint soit à des concessions importantes, soit à descendre sur le terrain de la guerre civile (tirer dans le tas, état d'exception, instauration d'un régime réactionnaire terroriste - fasciste - etc.).

    Simplement, ces sinusoïdes tuzla protest 5, ces explosions et ces reflux des luttes populaires (jusqu'à la nouvelle explosion...) peuvent durer aussi longtemps que durera le capitalisme et sa crise, son décalage permanent entre  ce que le niveau des forces productives suscite d'aspirations à une vie meilleure  dans le peuple, et l'enfer quotidien des relations de travail et des relations sociales (en général) imposées par la logique capitaliste. Pour que ces vagues qui se lèvent, puis refluent, puis se lèvent à nouveau ENTAMENT et finissent par FAIRE TOMBER la forteresse du Capital, il faut qu'une force révolutionnaire conséquente, une AVANT-GARDE (ce mot que les camarades libertaires/anarchistes détestent tant...) leur imprime cette direction consciente, fédère les larges masses dans la conscience du problème (le capitalisme), de la solution (son renversement, le Pouvoir du Peuple, le socialisme) et des moyens pour l'atteindre (la stratégie révolutionnaire, le plan général de travail et ses tactiques du moment). Et c'est là qu'hélas, nous voyons la plupart des forces révolutionnaires en Europe comme dans les pays arabes soit rejetter cette nécessite d'une avant-garde, soit la reconnaître mais pas l'assumer, se payant trop souvent de slogans et autres "mots d'ordre". 

    C'est la critique que nous avons pu faire à beaucoup de forces "marxistes-léninistes" comme "maoïstes" comme "marxistes révolutionnaires" (trotskystes) d'Hexagone dans les évènements hexagonaux de ces derniers temps, avec parfois, du surcroît, la déformation intellectuelle chauviniste "jacobine" en prime : "il manque", "il faut" aux masses en lutte une direction révolutionnaire conséquente et déterminée... Certes ! Sauf que c'est précisément ce que l'organisation qui écrit tuzla protest 7cela est censée, dans ses statuts, leur apporter, aux masses ! On déplore que les masses agissent sans direction consciente, perméables ainsi à toutes les "fantaisies réactionnaires" petites-bourgeoises et se démobilisant à la première occasion ; alors que l'on prétend soi-même (et à l'exclusion de tout autre groupe, généralement) être cette avant-garde qui fait défaut. Mais alors, que fout-on, et qu'a-t-on foutu jusqu'à présent ?

    C'est ainsi que l'on peut voir des "marxistes-léninistes" ou des "maoïstes" dans cette attitude pour le moins schizophrène de présenter, d'un côté, la révolution (ou la Guerre populaire) comme un processus de longue haleine, mais d'éructer, de l'autre, contre tous ces mouvements ("révolutions arabes", Grèce, Indignad@s, Occupy etc.) éclatant sans direction et finissant (forcément) par retomber au bout d'un moment, et/ou par être récupérés par des forces bourgeoises réformistes ou réactionnaires : en fait, il n'y a de mouvement/action de masse qui "vaille" que sous leur direction ; or ce n'est pas le cas à l'heure actuelle ; mais, voyez-vous, c'est aux masses d'accepter de leur propre chef cette direction, cette avant-garde, sans quoi elles sont vouées aux gémonies ; et non aux communistes eux-mêmes d'instaurer par leur travail pratique cette direction sur les masses, de conquérir leur confiance et de se faire reconnaître par elles comme les éclaireurs de l'avenir ! 

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    Ici une brève présentation du PR et de son positionnement idéologique... Inutile de dire que ça nous plaît plutôt pas mal : 

    L'apparition de groupes et partis marxistes-léninistes en Europe dans les années 1970 était une réaction à l'expansionnisme militaire du bloc impérialiste occidental, en rupture avec le révisionnisme soviétique et en soutien à la Révolution culturelle chinoise. Ces groupes et partis ont préservé la théorie marxiste-léniniste en Europe dans de très difficiles conditions.
    Cependant, nous pouvons généralement dire aujourd'hui que tous ces groupes et partis ont suivi le destin des anciens partis révisionnistes, ou sont tout près de disparaître de la scène politique. Ils demeurent enfermés dans une pensée dogmatique, menant des débats sans fin autour de la ligne politique de Lénine, Trotsky, Staline, Mao, Hoxha etc.

    Même sans une profonde analyse, il est possible déterminer quelques conditions objectives qui ont contribué à cela : période de stabilisation du capitalisme et situation privilégiée du prolétariat en Europe, ce qui a inévitablement conduit à une divergence entre la théorie révolutionnaire et la pratique des travailleurs dans leur vie quotidienne.

    Le PR pense que ces partis sont incapables d'une évolution radicale permettant de se lier avec les masses, dans une situation de crise fondamentale du capitalisme à l'aube d'une nouvelle guerre impérialiste. C'est le problème de toutes les organisations et du PR lui-même. La crise actuelle du capitalisme les a simplement réveillé en sursaut, et ils n'ont aucune réponse historique à cela. 

    Mais le PR pense qu'en ce moment les révolutionnaires en Europe ont pour tâche historique de saboter la guerre entre impérialistes et la guerre contre les peuples, de porter la guerre de classe mondiale au cœur de la forteresse impérialiste. Toute autre chose peut être laissée de côté. Alors que l'impérialisme occidentale livre des guerres aux peuples du monde entier, et tandis que se prépare la guerre entre les vieux impérialismes qui veulent imposer un monde unipolaire et les nouveaux qui tentent d'arracher leur part de gâteau du marché mondial, ne pas mener la lutte et la guerre de classe directes et rester sur le bord du chemin est tout simplement une capitulation et une trahison de la voie révolutionnaire. Et alors que les masses des travailleurs et de la jeunesse attaquent et se lancent contre les institutions capitalistes européennes et les rapports sociaux capitalistes, nous voyons généralement les organisations marxistes-léninistes rester à l'écart.

    Si les marxistes-léninistes ne font pas ce pas en avant dans la lutte révolutionnaire, l'Histoire ne le leur pardonnera pas et ils seront cloué à un pilori auquel citer Marx et Mao ne les arrachera pas ; et ils termineront comme leurs prédécesseurs les révisionnistes.

     


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  • Avec tambours et trompettes, comme d'habitude et 11 mois à peine après l'opération Serval au Mali, l'impérialisme "hollandais" BBR lançait en décembre dernier l'opération Sangaris dans cette ex- et néo-colonie (ancien "Oubangui-Chari") d'Afrique centrale (comme son nom l'indique).

    Officiellement pour "mettre fin aux massacres", ces violences perpétrées par la coalition rebelle Séléka qui a renversé, voici bientôt un an, le président Bozizé, satrape arrivé au pouvoir 10 ans plus tôt avec le "feu vert" de l'impérialisme francouille, et déjà sauvé par celui-ci à plusieurs reprises en 2006 et 2007. Une Séléka que les médias dominants, bien sûr, ne manquent pas une occasion de nous présenter comme "musulmane" dans un pays "à 80% chrétien", sachant pertinemment l'effet mobilisateur d'une telle affirmation sur "l'opinion publique" aliénée (un "petit" pays, en fait plus grand que la "France" mais certes peu peuplé, livré à des "talibans noirs"), et comme auteure d'effroyables massacres alors que, comme dans toute guerre géopolitique africaine, c'est surtout une milice mi-combattants mi-pillards qui "vit sur le pays" en obtenant ce qu'elle veut par l'intimidation.

    En réalité parce que la Séléka (héritière des guérillas anti-Bozizé de 2006-2007, rejointes par de nouveaux transfuges de son propre régime) c'est le Soudan, et le Soudan c'est la Chine, dont il est le premier partenaire et fournisseur de pétrole africain. Le régime tchadien d'Idriss Déby, qui intervient d'ailleurs en appui à Sangaris comme hier à Serval au Mali, avait lui aussi été menacé à la même période 2006-2008 par un rébellion financé par Khartoum, ce qui avait également nécessité une intervention BBR (camouflée sous une opération européenne d'aide aux réfugiés du Darfour). Le triangle Tchad-Centrafrique-Soudan (au Mali, c'est autre chose) est en fait depuis le milieu des années 2000 au cœur d’un grand affrontement géostratégique entre impérialismes français et chinois pour la suprématie sur le continent africain ; et la Séléka au pouvoir cela voulait dire les Chinois à Bangui, situation d'autant plus délicate que le grand voisin, le Congo "démocratique" de Joseph Kabila (avec ses amis angolais), se pose lui aussi (depuis 2006 environ) en grande "porte d'entrée" africaine de Pékin – du coup, l'impérialisme BBR s'est rapproché de l'Ouganda, puis carrément du Rwanda de Kagamé pour entretenir la sécession de fait de la région des Grands Lacs. Pointer la "menace islamiste", cela marche pratiquement à tous les coups, puisque cela amène dans 99,99% des cas à affronter 1°/ soit une expression militarisée du Capital arabe suraccumulé et "rebelle" du Golfe, 2°/ soit, lorsque les forces se rattachent au Soudan ou à l'Iran, des bras armés du nouvel impérialisme chinois (ou du cheval de retour russe) ; autrement dit les deux grandes menaces stratégiques actuelles pour les puissances occidentales [dans certains cas, comme en Syrie, les deux menaces s'affrontent entre elles, la consigne est alors de les laisser s'entre-égorger le plus longtemps possible].

    20 ans après le Rwanda, vers un nouveau GÉNOCIDE FRANÇAIS en Centrafrique ?

    Un scénario qui rappelle terriblement, quelque part, celui du Rwanda il y a 20 ans, lorsque la "racine du mal" pour l'hégémonie BBR en Afrique était l'Ouganda de l'ex-guérillero marxiste (reconverti en chantre du néolibéralisme) Yoweri Museveni ; le "fer de lance" le FPR à direction tutsie "dans un pays à 80% hutu" ; le deus ex machina l'impérialisme US remettant brutalement en cause le quasi-monopole tricolore sur le continent accordé pendant la Guerre froide ; et le discours médiatique – déjà – était si confus que nos jeunes cerveaux pré-adolescents avaient compris, pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, que c'était le FPR qui perpétrait les massacres. Un scénario si semblable... et aux mêmes conséquences ? Toute conscience progressiste ne peut qu'espérer (ou prier, pour les croyant-e-s) le contraire. Mais c'est malheureusement ce qui semble être en train de se dessiner ; où l'on voit ressurgir dans les mains des antibalakas (ces milices "d'autodéfense" pro-Bozizé formées à partir de 2009, rejointes depuis par des militaires et autres séides de l'ancien régime) les sinistres machettes qui au Rwanda fauchèrent atrocement, pendant trois mois terribles de 1994, près de 10.000 vies par jour :


    La Centrafrique à l'heure de l'épuration ethnique

    Le Monde

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    Ils fuient sans se retourner. Ils entassent ce qu'ils peuvent sauver dans leur voiture et des camions, et partent vers ces pays qu'ils ne connaissent pas, le Tchad et le Cameroun. Ils fuient la haine et les machettes.

    La Centrafrique est en train de vivre la pire « purification ethnique » de son histoire. Le pays, secoué depuis l'indépendance (1960) par une multitude de rébellions et de coups d'Etat, n'avait encore jamais connu une telle hémorragie de sa population, et encore moins sur une base communautaire ou religieuse.

    Ils fuient, les musulmans. Le dernier ghetto musulman de Bangui, le quartier de PK5, se vide. Poumon du commerce traditionnel de la ville, PK5 accueille aussi les réfugiés des autres quartiers qui, tel Miskine récemment, ont été attaqués par des hordes de combattants chrétiens anti-balaka et de pillards.

    Au fur et à mesure que l'étau se resserre, des convois d'évacuation sont organisés, protégés par des hommes en civil de l'ex-Séléka et par des soldats tchadiens de la force africaine, la Misca. Cela dure depuis des semaines.

    Lire : Centrafrique : l'opération « Sangaris » entre dans sa 2e phase

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    LA CURÉE 

    Une gigantesque colonne d'au moins deux cents véhicules a de nouveau quitté Bangui le 7 février, meubles et sacs entassés sur des camions. Sur les bords de la route, les gens crient leur joie de voir les musulmans partir. Certains les insultent pour leur collaboration, réelle ou supposée, avec la Séléka durant son année au pouvoir.

    Juché très haut sur un camion, un jeune homme est renversé sur la route, fauché par un câble électrique. Aussitôt les machettes apparaissent. C'est la curée. Mains, pieds et pénis coupés. D'autres, le même jour, subissent le même sort, au camp de réfugiés musulmans de l'aéroport et en bordure de PK5.

    Lire notre reportage (édition abonnés) : Mémoire pillée en Centrafrique

    Ce sentiment d'une impossibilité de vivre ensemble a gagné tout le pays. A Kaga-Bandoro, il est minuit moins cinq avant l'orage. Cette ville de la province de Nana Gribizi, dans le Nord, où chrétiens et musulmans cohabitaient fort bien jusqu'à il y a un an, est au bord du précipice.

    La Séléka, qui se replie peu à peu de Centrafrique, tient encore la ville. Les milices anti-balaka ont mené une première attaque le 5 février et sont en embuscade dans la brousse. Les civils de chaque communauté sont piégés : les musulmans vivent dans le centre-ville commerçant et fuient chaque jour vers le Tchad, et les chrétiens dorment éparpillés dans la brousse, de crainte que la Séléka ne commette d'ultimes exactions avant de partir.

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    « LES MUSULMANS NOUS EMMERDENT »

    Après la première attaque des anti-balaka, qui se sont installés dans les villages de la commune de Botto, à cinq kilomètres de Kaga-Bandoro, les séléka ont mené un raid, tuant une femme et brûlant une cinquantaine de maisons. Les chrétiens de ces villages se sont réfugiés dans le quartier de Baiko, à la lisière de la ville, autour de l'église de la Nativité-du-Seigneur.

    « Les gens de Botto viennent ici, nous les accueillons, et la nuit, nous dormons tous en brousse,raconte Richard Baganga, un vieux de Baiko. Les anti-balaka sont apparus il y a trois semaines, pour nous défendre. On leur a demandé de rester sur la réserve car s'ils attaquent, c'est nous qui sommes ensuite exposés. Les séléka ont promis de tous nous tuer et de tout détruire avant de partir. Nous sommes certains qu'ils viendront. Même les enfants savent que les séléka vont venir nous tuer… »

    Richard raconte qu'après des décennies de coexistence, depuis 2013, « les musulmans se sont détournés de nous, se sont accolés avec la Séléka, et ils nous emmerdent. Alors oui, même s'ils étaient comme des parents, ils peuvent partir. Peut-être pourront-ils revenir un jour, s'ils changent de comportement, et à moins que toutes leurs maisons soient brûlées… »

    Les chrétiens en veulent à la Séléka d'avoir non seulement commis des crimes et perturbé les relations avec la communauté musulmane locale, mais aussi d'être venue avec des mercenaires tchadiens et soudanais, et des éleveurs peuls. « Les Peuls tchadiens font paître leurs troupeaux dans la région, ils sont armés de kalachnikov et très dangereux », témoigne l'Abbé Martial Agoua, de l'église de Baiko. « S'ils voient l'un d'entre nous aller au champ avec sa machette, ils l'accusent d'être un anti-balaka et lui tirent dessus, raconte Richard. Nous ne pouvons plus cultiver nos champs, ni chasser en brousse, ni aller chercher le miel. Il est donc normal que nous commencions notre petite guerre, nous aussi, pour tuer les séléka et chasser les Peuls. »

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    « C'EST DE LA PURIFICATION ETHNIQUE »

    Au marché de Kaga-Bandoro, où transitent, ce 8 février, des camions partis de Bangui la veille, les musulmans de la ville entassent leurs biens dans les véhicules. « Nous ne savons pas ce que nous allons devenir, se lamentent Hassan et Moussa. Nous ne connaissons pas le Tchad. Et ici, en Centrafrique, c'est fini pour nous. Nos maisons et nos commerces sont systématiquement détruits. »

    « C'est de la purification ethnique, même si personne de la communauté internationale n'a le courage de le dire », s'indigne un responsable de l'ONU à Bangui. Abdou Dieng, le coordinateur humanitaire des Nations unies, prudent, estime qu'« on ne peut pas dire que ce n'est pas du nettoyage ethnique et religieux ». En visite à Kaga-Bandoro, il sait, comme tout le monde, qu'« ici même, ça va basculer, et personne ne réagit ». « Il faudrait une grande réconciliation, mais l'urgence serait d'avoir davantage de troupes étrangères pour stopper cette hémorragie. »

    Partout dans le pays, les anti-balaka, les pillards, les combattants de la dernière heure, et parfois simplement les gosses des voisins effacent les traces de décennies de coexistence, rasant les commerces, les mosquées et les habitations des musulmans. Le règne, bref et sanglant, de la Séléka s'achève en cauchemar pour la communauté qu'elle affirmait vouloir défendre.

    Lire le diaporama Accédez au portfolio

    Lire notre entretien (édition abonnés) : En Centrafrique, « la situation s’aggrave à l’intérieur du pays »

    Rémy Ourdan (Bangui, Kaga-Bandoro, Centrafrique, envoyé spécial )
    Le Monde


    Intéressant aussi à ce sujet, un article du collectif Quartiers Libres qui pointe la manière dont ces grands affrontements géopolitiques, en Afrique, sont dissimulés sous une mythique "sauvagerie tribale" ; cette image hégémonique de l'Africain "bébête", généralement placide ("un rien les amuse, ils sont toujours à rire, ce sont de vrais gamins") mais capable, d'un coup d'un seul et sans raison rationnelle, un peu comme ces chimpanzés auxquels l'assimile l'idéologie raciste blanche, des pires accès de violence (ou des pires pulsions lubriques) :


    Tribus gauloises et continent Africain 


    La course aux matières premières fait rage. Elle dévore le continent africain. Aux millions de morts du Kivu, se rajoutent aujourd’hui ceux de Centrafrique.

    Afin d’expliquer ces lointains massacres, on nous présente dans les médias d’inévitables guerres tribales. Explication confortable pour justifier l’intervention militaire française comme un geste humanitaire, le prélèvement de matières premières n’étant qu’un pourboire pour le gentil pacificateur.

    20 ans après le Rwanda, vers un nouveau GÉNOCIDE FRANÇAIS en Centrafrique ?

    Cette manière de décrire les tensions économiques et sociales qui secouent le continent africain ne font que révéler la manière dont il est perçu depuis la France. C’est une terre de conquête, d’opportunités économiques, et cela parce qu’elle est peuplée de gens dont les dominants français pensent qu’ils sont Lire la suite 


    Plus d'infos (mise à jour 15/02) :

    Le génocide s'intensifie

    Centrafrique : alerte au génocide !

    Un génocide sur le compte de l'intervention militaire française

    Le Nouvel Observateur : CENTRAFRIQUE. Amnesty international dénonce un "nettoyage ethnique"


    Quoi qu'il en soit, génocide ou pas (et nul ne le souhaite bien entendu !) et que les victimes soient principalement chrétiennes ou musulmanes ou quoi que ce soit, en Afrique comme ailleurs, les Peuples sont encore et toujours les sempiternelles victimes de la voracité du Grand Capital.

    Mais LE JOUR APPROCHE où le vent brûlant de la Révolution, de la GUERRE POPULAIRE qui se lève déjà partout de l'Inde à l'Amérique latine, balayera enfin toute cette pourriture et libérera à jamais l'Humanité !

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  • Depuis plus d'une semaine l'ex-Yougoslavie est agitée par de grands mouvements sociaux, partis essentiellement de Bosnie-Herzégovine mais qui commencent à se diffuser aux autres ex-républiques (Serbie, Croatie notamment).

    En Bosnie, plusieurs caciques locaux de "cantons", ces petites baronnies "ethniques" instituées par les accords de Dayton en 1995, ont déjà démissionné (c'est la principale revendication des insurgé-e-s : "qu'ils dégagent tous !") ; et la perte de contrôle inquiète d'ores et déjà le "haut-représentant" ONUsien (sorte de proconsul impérialiste, principalement occidental) au point d'envisager carrément... de faire donner la troupe Eufor (la "force de stabilisation" européenne en place depuis 2004) si la situation dégénère !

    Comme personne ne l'a (sans doute) oublié, l'ancienne République fédérative socialiste de Yougoslavie a été plongée dans les années 1990 dans un terrible conflit "inter-ethnique" [en fait, en dehors du cas particulier albanais au Kosovo, tout le monde parle la même langue "serbo-croate" avec des variantes dialectales infimes ; la différence tient à la religion pour ceux qui en ont une : orthodoxe = serbe, catholique = croate et musulman = bosniaque ; et à l'histoire car ce n'est pas d'hier que les Balkans sont la proie des appétits impériaux voisins : Autriche-Hongrie, Venise puis Italie, Empire ottoman, Russie, France etc.], conflit qui a fait environ 20.000 morts en Croatie et 100.000 en Bosnie (grosso modo 60% de Musulmans bosniaques - avec une majuscule, catégorie "ethnique" et non religieuse -, 30% de Serbes et 10% de Croates). Un conflit provoqué en réalité par les déséquilibres économiques territoriaux issus du "socialisme autogestionnaire" capitaliste d'État de Tito [nationalismes "de riches" en Croatie ou Slovénie, "de pauvres" au Kosovo, en Macédoine ou en Bosnie et de "moyens" (ne régnant que par le nombre et la prééminence historique) en Serbie], et par les contradictions inter-impérialistes reprenant de plus belle après l'effondrement du bloc "socialiste" soviétique : ainsi l'Allemagne et l'Autriche sont-elles connues pour avoir soutenu à fond l'indépendance slovène et le nationalisme croate ; la Russie post-soviétique d'Eltsine le nationalisme grand-serbe ; l'impérialisme US et ses protectorats arabes du Golfe les Bosno-musulmans ; l'impérialisme BBR étant lui très serbo-complaisant sous Mitterrand (1991-93), avec toutefois des éléments de droite dure, d'extrême-droite mais aussi "républicains" (comme un certain Finkielkraut) pro-croates [mais bon, à un moment donné Serbes et Croates étaient pratiquement alliés pour dépecer la Bosnie, alors...] et un gros activisme pro-bosniaque autour de BHL ; puis se ralliant aux "plans de paix" américains sous la cohabitation balladurienne et surtout avec Chirac (qui obtient toutefois de ses alliés des clauses favorables au nationalisme serbe).

    À l'arrivée, la totalité de l'ancienne RFSY, y compris la Serbie où Milosevic a été renversé en 2000 par des courants pro-occidentaux (puis arrêté et transféré à La Haye où il mourra) mais où la question du Kosovo ("indépendant" depuis 2008) reste toujours un point de crispation important, est devenue une sorte d'immense sweetshop/zone franche de l'impérialisme principalement ouest-européen, où l'euro est d'ailleurs la devise courante ; une périphérie complète de l’Europe du Capital, les anciennes républiques devenues indépendantes rejoignant l'Union au compte-goutte (la Croatie y a fait son entrée le 1er juillet dernier).

    La "communauté internationale" y maintient une présence militaire importante : un millier de militaires européens (et quelques centaines d'Américains) en Bosnie et environ 5.000 au Kosovo ; et pour cause : aux pays de la glorieuse Guerre antifasciste de 1941-45, la "chiourme" est toujours susceptible de se réveiller, comme nous le voyons à présent sous nos yeux. Au demeurant, les "zones de contact ethnique" où ces forces internationales sont particulièrement présentes sont aussi celles où est particulièrement concentrée la production capitaliste (forcément, celle-ci favorisant le "brassage" des "ethnies")...

    L'actualité de ce grand mouvement populaire a été particulièrement bien compilée sur le site Solidarité Ouvrière (communiste-ouvrier) :

    Les premiers frémissements (5-7 février) : Bosnie-Herzégovine : Tuzla se révolte contre la misère et le chômage - Deuxième jour de colère sociale en Bosnie-Herzégovine - Colère contre le chômage et la misère en Bosnie-Herzégovine - Bosnie-Herzégovine : les flammes de la révolte se propagent dans tout le pays - Vidéos : Révolte contre le chômage et les licenciements en Bosnie-Herzégovine

     

    L’EXPLOSION (07-10/02) :

    Bosnie-Herzégovine : La population attaque les bâtiments du pouvoir dans plusieurs villes

    Belga, 7 février 2014 :

    Des manifestations contre la pauvreté et le chômage ont tourné à l’émeute vendredi en Bosnie, où des manifestants ont saccagé les sièges des administrations régionales à Tuzla (nord-est) et à Sarajevo.

    Ces manifestations, pour la troisième journée consécutive, sont d’une ampleur sans précédent dans cette ex-république yougoslave qui, il y a trente ans jour pour jour, accueillait les Jeux olympiques d’hiver.

    Elles illustrent l’exaspération de la population face à une classe politique engluée dans des querelles politiciennes et incapable de redresser une économie sinistrée, depuis la fin de la guerre intercommunautaire de 1992-95.

    Lire la suite

    Le siège de la présidence à Sarajevo incendiée

    Ouest-France, 7 février 2014 :

    Des manifestants en colère contre la situation économique en Bosnie ont mis à feu au siège de la présidence à Sarajevo.

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    Les flammes s’étendaient jusqu’au deuxième étage de cet immeuble qui jouxte celui du gouvernement régional, incendié peu auparavant par les protestataires.

    Dans la journée, des manifestants ont également saccagé et incendié l’immeuble abritant l’administration régionale à Tuzla, dans le nord-est du pays.

     

    Manifestations en Bosnie-Herzégovine : ce n’est plus une révolte, c’est la révolution

    Troisième jour consécutif de manifestations sociales en Bosnie-Herzégovine. A Tuzla, le bâtiment du gouvernement cantonal a été pris d’assaut et incendié par les manifestants. La ville ressemble à un champ de bataille. La veille, les affrontements qui ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre auraient fait quelque 130 blessés, dont 102 policiers et 28 protestataires. Des manifestations ont lieu aujourd’hui dans tout le pays. Lire la suite

     

    Bosnie-Herzégovine : la révolte du désespoir et le début d’un nouveau « printemps »

    Le Courrier des Balkans, 8 février 2014 :

    « Tous ensemble ! » Tout est parti de Tuzla mercredi 5 février, mais le mouvement a vite gagné l’ensemble de la Bosnie-Herzégovine. Vendredi, Zenica, Sarajevo et Mostar étaient en feu. Dans cette ville, les manifestants ont incendié les sièges du HDZ et du SDA, les deux partis nationalistes. Parmi les manifestants, les divisions ethniques sont oubliées.

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    Ces manifestations marquent peut-être le début d’un « Printemps bosnien ». Elles ont débuté à Tuzla mercredi 5 février et se sont rapidement étendues aux autres villes de Bosnie-Herzégovine. Elles sont l’expression d’une révolte populaire. En cause : les conditions de vie des Bosniens, et une situation économique et sociale déplorable. Ces manifestations marquent le début d’un réveil des consciences pour l’ensemble de la population, sans connotation ethnique. La plus grande crainte des autorités est en effet qu’un jour, tous les citoyens du pays s’unissent pour agir en commun et mettent en péril vingt ans de discours nationalistes qui ont permis à la classe politique de se maintenir au pouvoir. Lire la suite

     

    En Bosnie comme ailleurs : « Ostavke svi ! Smrt nacionalizmu ! »

    Communiqué de l’Initiative Communiste-Ouvrière :

    La colère des ouvriers licenciés, des travailleurs sans salaire et des jeunes chômeurs de Tuzla s’est étendue depuis le 6 février à l’ensemble de la Bosnie-Herzégovine. Partout, tant dans la Fédération Croato-Musulmane qu’en Republika Srbska, la population descend dans les rues pour protester contre le chômage, les fermetures d’usines, les politiques anti-sociales et la corruption des politiciens au service de la bourgeoisie maffieuse. Le 7 février, à Tuzla, Zenica et Sarajevo, la population a attaqué et incendié plusieurs bâtiments symboles du pouvoir en place.

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    Bâtiment du gouvernement à Tuzla, 7 février. Sur le mur on peut lire "Ostavke svi !
    Smrt nacionalizmu !"
    (Qu’ils dégagent tous ! Mort au nationalisme !)

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    Révolte sociale contre les dirigeants nationalistes

    L’Humanité, 10 février 2014 :

    Parti d’une manifestation de chômeurs, un mouvement qui traduit un immense ras-le-bol de la précarité, la mal-vie, des privatisations, déferle sur un pays ravagé par les orientations nationalistes et libérales de ses gouvernants.

    Mostar : La colère et la misère unissent les communautés divisées - Revendications des travailleurs et habitants de Tuzla - 2000 manifestants à Bihac - Quelques nouvelles de Bosnie-Herzégovine

     

    Les menaces de répression impérialiste :

    Troupes de l’Union Européenne hors de Bosnie-Herzégovine !

    Communiqué de l’Initiative Communiste-Ouvrière :

    Suite au puissant mouvement de protestation des ouvriers licenciés, des chômeurs, des travailleurs sans salaires et de la population pauvre de Bosnie-Herzégovine, l’Union européenne pourrait être amenée à y envoyer plus de soldats "en cas d’escalade de la situation", a estimé dimanche le haut-représentant de la communauté internationale, Valentin Inzko.

    bosnie-ne-volez-pas-mon-avenirBosnie-Herzégovine : "Ne me volez pas mon avenir"

    Lire la suite

     

    LA PROPAGATION HORS DE BOSNIE :

    Un même combat de Belgrade à Tuzla

    Créé le 6 février 2014, la page facebook "Podrška narodu Tuzle iz Srbije" (Soutien à la population de Tuzla depuis la Serbie) a déjà obtenu plus d’un millier de mention "j’aime". Depuis cette page, un appel est lancé à un rassemblement le lundi 10 février à 16 heures au centre de Belgrade pour soutenir les manifestations en Bosnie-Herzégovine.

    Appel à des manifestations en Croatie

    Après Belgrade, c’est en Croatie qu’apparaissent des appels pour rejoindre les ouvriers et les chômeurs de Bosnie-Herzégovine dans leur lutte contre le chômage, les privatisations et les politiciens corrompus.

    stop-nationalismSous les symboles nationaux bosniaques, croates et serbes : "Un même but, une vie meilleure. Stop au nationalisme ! Les voleurs ne nous alièneront plus !"

    Appel à une manifestation à Zagreb le jeudi 13 février (18 heures Cvjetni trg) :

    Les travailleurs, les chômeurs, les jeunes et la population en général de Bosnie-Herzégovine nous ont donné ces derniers jours un exemple de la façon dont nous pouvons hardiment et courageusement lutter pour nos droits et une société meilleure. En Croatie, il y a un demi-million de chômeurs, de nombreux jeunes n’ont pas d’emploi, les gens fouillent dans les poubelles pour se nourrir, de plus en plus de gens tombent dans l’esclavage de l’endettement, la corruption est partout, les criminels de la privatisation sont restés impunis et la démocratie que nous avons n’est qu’une blague.

    Lire la suite

    Belgrade : Manifestation en solidarité avec la révolte de Bosnie

    300 personnes, selon la presse locale, ont manifesté ce lundi 10 février à partir de 16 heures dans le centre de Belgrade pour affirmer leur solidarité avec la révolte de Tuzla et des autres villes de Bosnie-Herzégovine. "Courageuse Bosnie, nous sommes avec toi !", "Salut à Tuzla antifasciste !", étaient quelques-uns des slogans des manifestants qui affirmaient que la meilleure solidarité est de nous organiser ici pour mettre à l’ordre du jour les questions posées par la population de Bosnie.

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    Et ça continue… :

    Révolte sociale en Bosnie: des cahiers de doléances sur Facebook - Nouvelles manifestations à travers la Bosnie-Herzégovine - Les manifestations se poursuivent en Bosnie-Herzégovine - Bosnie: les manifestations contre le pouvoir continuent - Images de la manifestation du 11 février à Sarajevo - Bosnie-Herzégovine : la population s’organise en plénums

     

    Une fois de plus éclate ici le message universel de la Révolution prolétarienne : LES MASSES FONT L'HISTOIRE ; offrant un splendide contrepied à la situation en Ukraine par exemple, où s'entre-déchirent encore une fois laquais de l'impérialisme russe (révisionnistes brejnéviens de tous les pays à leur remorque, comme sur la Syrie...) et mercenaires de l'impérialisme occidental, parmi lesquels des nostalgiques déclarés du Reich hitlérien... exactement comme en Yougoslavie il y a 20 ans.

    Les masses sont la lumière même du monde ; les masses FONT ET PEUVENT TOUT et les Peuples de l'Est ne sont pas éternellement condamnés à n'être que des pions sur le "grand échiquier" de Brzeziński.

    Sarajevo, Tuzla, Mostar : ces noms qui voilà deux décennies symbolisaient le retour du chauvinisme militariste et de la guerre impérialiste barbare en Europe, avec son cortège de massacres ; quel plaisir de les retrouver aujourd'hui dans un magnifique soulèvement qui trouvera, soyons-en sûrs, toute sa place dans la glorieuse épopée de la révolution prolétarienne européenne et mondiale... Et cette fois-ci (on s'en doute) sans l'insupportable BHL, plutôt signalé du côté de Kiev !

    Ostavke svi ! Smrt nacionalizmu, kapitalizmu i fašizmu ! Sloboda Narodu !

    Que les ouvriers et les paysans de Yougoslavie retrouvent le Glorieux chemin des Partisans !

     

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  • Plusieurs milliers de personnes (environ 1.500 a priori) ont défilé dimanche à Paris contre tous les fascismes et les racismes, en commémoration des manifestations antifascistes de février 1934 et en hommage au camarade Clément Méric tombé en juin 2013. Un succès indiscutable non tant par le nombre des présent-e-s (vraisemblablement ~ 2.000, comme à Lyon en avril 2010) que par la diversité des cortèges, montrant une tendance à la rupture avec les traditionnels défilés de la "militance professionnelle" et  notamment avec une certaine extrême-gauche "centrale" (dirions-nous) ou "blanche" (diraient d'autres).

     

    Lire un petit compte-rendu ici : 1500 manifestants contre tous les fascismes

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    Ici une galerie de photos : http://www.flickr.com/photos/rodrigoavellaneda/sets/ ; on y voit notamment le cortège "Palestine" qui n'a pas plu (il fallait s'y attendre) à tout le monde avec sa composition très colonies intérieures, mais a porté vigoureusement la double exigence de rappeler que le sionisme est un fascisme (là-bas par son apartheid et ses actes criminels de nettoyage ethnique, ici en copinant ouvertement avec l'extrême-droite tendance "occidentaliste") et de ne pas laisser Dieudonné, Soral et consorts (l'extrême-droite "tiers-mondiste" antisémite à la Genoud) en confisquer et monopoliser la dénonciation.

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    Des collectifs de sans-papiers ont également participé, rappelant que le fascisme ce ne sont pas seulement des bandes attaquant les minorités et les progressistes dans la rue mais aussi une tendance naissant et se développant au cœur même de l’État du Capital, duquel viendra d'ailleurs son éventuelle victoire : une tendance à la "rationnalisation" inhumaine de l'appareil de production capitaliste pour lequel, désormais (alors qu'il y a 40 ans on allait carrément recruter là-bas et entasser dans les bidonvilles ici), la "place" de certaines personnes est "dans leur pays" à ramasser l'arachide ou coudre des t-shirts pour 1€ de l'heure sous une dictature oligarchique corrompue et meurtrière, et non ici à "profiter" du "paradis" capitaliste occidental...

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    Ceci explique, peut-être, le nombre relativement faible de manifestant-e-s (1) : la "gôôôche" bourgeoise étant (de surcroît) au pouvoir, on ne pouvait évidemment pas compter sur le renfort de ses troupes dans une manif ne tapant pas seulement sur quelques groupes ultras (comme lors des manifs-hommage à Clément Méric)... mais aussi sur la politique de l’État qu'elle dirige depuis bientôt deux ans ; et affirmant par ailleurs que le juste et nécessaire rejet de Dieudonné n'implique pas la complaisance envers l'apartheid sioniste, dont la social-démocratie BBR est depuis l'origine (fin des années 1940) le premier soutien hexagonal avant même la droite (gaulliste ou pas).

    Pour autant, comme vient de nous le rappeler l'affaire Valls-Dieudonné et les naufrages politiques (prévisibles selon nous, mais bon) qu'elle a entraîné, cette voie d'autonomie populaire claire et nette et la seule praticable ! Il n'y aujourd'hui quasiment nulle part au PS, et surtout pas du côté de Manuel Valls, quoi que ce soit qui ressemble à la base populaire SFIO des années 1930 (que l'on peut à la rigueur s'amuser à chercher du côté du NPA, des écolos et autres "alternatifs" ou au sein du Front de Gauche - mais pas dans sa totalité) avec laquelle former un Front antifasciste uni (fut-il tactique et temporaire) : le PS est presque intégralement un néo-socialisme à la Déat, un COURANT de la fascisation rampante en cours depuis des années et ses contradictions éventuelles avec d'autres courants de celle-ci (notamment "tiers-mondistes"/"antisionistes" alors que lui est pro-Israël à fond) n'en font PAS et n'en feront JAMAIS un allié !

    La mobilisation ne s'est pas non plus limitée à la capitale de l'État bourgeois : la veille à Rennes (Breizh) où se tenait un meeting du Front National à la Salle de la Cité, ancienne Bourse du Travail chargée de mémoire militante ouvrière (un comble qui en dit long sur la complaisance et la décomposition idéologique de la "gauche" qui dirige la ville), les choses ont pris une tournure autrement plus "chaude". Contrairement au mythe jacobinard "de gauche" d'une Bretagne soi-disant rongée par le "fascisme" d'ouvriers et de paysans qui se crèvent le cul de bonne heure et ne veulent rien d'autre que pouvoir VIVRE, DÉCIDER ET TRAVAILLER au pays, Breizh a encore une fois montré sa solide combattivité antifa ! : 

     

    http://www.rennes.maville.com/actu/actudet_-manif-anti-fn-retour-en-video-sur-une-soiree-de-heurts-violents_52674-2487706_actu.Htm

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    Enfin, le week-end a également été mouvementé en Occitanie de tout-à-l'Ouest, à Bordèu/Bordeaux deux branches de la mobilisation fasciste étaient carrément présentes en même temps ce samedi. Dans le quartier de la place Stalingrad (ça ne s'invente pas...), 150 antifascistes, progressistes et révolutionnaires faisaient face à à peu près autant d'islamophobes rassemblés à l'appel du Bloc identitaire ou encore du candidat FN aux municipales Jacques Colombier contre un projet de Centre culturel musulman aux cris de "Ici c'est l'Occident, on est pas en Orient" et autres joyeusetés... Mais un peu plus tôt dans l'après-midi et à quelques arrêts de tram de là, c'était le national-socialiste (selon ses propres mots), antisémite et "ami des musulmans" (à condition qu'ils se tiennent tranquilles et "aiment la France") Alain Soral qui tenait une séance de dédicaces de son dernier torche-balle à l'Athénée municipal. Malgré la faible publicité dont "l'essayiste" entoure ses sorties physiques (contrairement à ses vidéos d'élucubrations), environ 70 personnes étaient rassemblées à quelques mètres contre sa présence ; puis s'en sont allées (pour la plupart) rejoindre la manif contre l'islamophobie de l'autre côté du Pont de Pierre. Là, les antifascistes ont tenté de s'approcher des islamophobes pour leur dire, chanter, crier ou éventuellement exprimer à coup de canettes, de près, tout le bien qu'ils-elles pensent d'eux. Les CRS et la BAC (on s'en serait douté...) ont protégé leurs petits copains et quatre antifascistes ont été arrêtés (mais rapidement libérés heureusement).

    Voici quelques articles parus dans la presse locale :  

    http://www.francebleu.fr/infos/musulman/bordeaux-manifestations-pour-et-contre-le-centre-culturel-musulman-1260322

    http://www.sudouest.fr/2014/02/09/face-a-face-a-stalingrad-1456391-2780.php (réservé aux abonnés, mais le temps que ça passe en gris vous avez largement le temps de lire ou de faire un copié-collé sous Word)

    http://www.sudouest.fr/2014/02/08/future-mosquee-de-bordeaux-quatre-interpellations-lors-des-manifestations-1456205-2780.php

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    LA RIPOSTE POPULAIRE, RÉVOLUTIONNAIRE et UNIE NE FAIT QUE COMMENCER !


     

    (1) : Bon, en réalité, en tenant compte de cette autonomie vis-à-vis de la "gauche républicaine" et hors événement particulier (assassinat de Clément Méric, Le Pen au 2d tour en 2002 etc.), c'était possiblement le plus gros rassemblement antifasciste sur la capitale depuis au moins 15 ans (mais certain-e-s ont préféré se focaliser sur la désormais fameuse banderole antisioniste, voir ici la mise au point de la Horde, collectif antifasciste libertaire à l'initiative de l'appel).

     


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  • À l'occasion du 80ème anniversaire du 6 février 1934, nous republions ici l'article que nous avions consacré en février 2012 à l'analyse du fascisme de cette époque, dans l’État "France", par l'historien américain Robert Soucy :

    Le fascisme en France : l'analyse de Robert Soucy


    Comme nous l'avions déjà dit à l'époque, l'intérêt majeur de cette analyse est sa RUPTURE avec l'historiographie dominante de la "France" des Trente Glorieuses (René Rémond et compagnie), (très) timidement remise en cause à partir des années 1980 : il n'y aurait "pas vraiment eu" de fascisme français pendant l'entre-deux-guerres, ou alors comme phénomène "très marginal" ; "marginalité" qui impose bien sûr de "dé-fasciser" les Croix-de-Feu/Parti social français (500.000 à 1 million de membres et 15% des suffrages à la fin des années 1930, 11 députés, 541 conseillers généraux et 3.000 maires en 1939) soi-disant "trop respectueuses des institutions parlementaires" 6fev3412ou encore l'Action Française ("trop conservatrice et traditionaliste"), mais aussi la floraison de propos autoritaristes (pour un "régime fort"), antisocialistes et anticommunistes violents, antisémites (bien sûr) et xénophobes, pro-Hitler ou (plus souvent encore) pro-Mussolini à la droite (Fédération républicaine)... mais aussi bien au centre de l'hémicycle "républicain" pendant la quinzaine d'années précédant le conflit.

    Tout ceci convergeant bien sûr (c'est le but…) dans la thèse de l'"accidentalité" de Vichy, simple "parenthèse sombre" de l'histoire hexagonale, pur produit de la défaite, de l'occupation étrangère et de la "si humaine lâcheté" devant le traumatisme des évènements, facteurs permettant à une "ultra-minorité illégitime" de s'emparer de l’État français "failli" pour le mettre au service de la barbarie nazie. Peu importe que cette thèse ne résiste pas à la moindre étude historique sérieuse, du moment que cette étude reste ignorée des larges masses… Peu importe que non seulement les pleins pouvoirs à Pétain, mais aussi les fondements juridiques et idéologiques ("L’Assemblée nationale donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l’État français. Cette constitution devra garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie") de la "Révolution nationale" aient été votés par une majorité écrasante (649 sur 907) du Parlement d'alors, le Parlement élu en 1936, celui... du Front populaire. Peu importe que ledit Parlement n'ai nullement été dissous mais simplement "suspendu" (et certes purgé des figures les plus éminentes du Front populaire qui auraient "conduit à la catastrophe"), et qu'en janvier 1941 ait été mis en place un "Conseil national" de 213 membres choisis comme suit :

    "Parmi les politiques, les élus de droite et du centre-droit dominent ; des radicaux-socialistes et des socialistes, issus de la mouvance pacifiste de l'avant-guerre ; des PSF (Parti Social Français) comme le colonel François de La Rocque - qui en démissionne 6 mois plus tard - ou Stanislas Devaud, député de Constantine.
    La mouvance fasciste ou proto-fasciste est représentée par certains de ses chefs de file comme Jacques Doriot (Seine), chef du Parti populaire français. On trouve quelques parlementaires de la mouvance agrarienne : Louis Guillon, fondateur du Parti républicain agraire et social, le député Pierre Mathé (Côte-d'Or), et Henri Dorgères, délégué à la propagande du Comité central d'action et de défense paysanne.
    La droite conservatrice est représentée par l’intermédiaire des députés Augustin Michel (Haute-Loire), Emmanuel Temple (Aveyron), Ernest de Framond de La Framondie (Lozère), Jean Crouan (Finistère), François Martin (Aveyron), membres de la Fédération républicaine, le sénateur Louis Linyer (Loire-Inférieure), ainsi que des parlementaires conservateurs comme Léopold Robert dit Jean Yole (Vendée), les députés Robert Sérot (Moselle), et Émile Taudière (Deux-Sèvres), républicains indépendants et Jean Le Cour-Grandmaison (Loire-Inférieure), député, président de la Fédération nationale catholique.
    Le centre-droit est quant à lui fortement représenté par des députés comme Paul Bacquet (Pas-de-Calais), Léon Baréty (Alpes-Maritimes), député du centre-droite (Alliance démocratique), Louis de Diesbach de Belleroche (Pas-de-Calais), Maurice Drouot (Haute-Saône), Joseph Féga, Pierre Dignac (Gironde), André Magnan (Loire), Aimé Tranchand (Vienne) et des sénateurs Jean Boivin-Champeaux (Calvados), Charles Bouissoud, Victor Constant (Seine), Charles-Henri Cournault (Meurthe-et-Moselle), Jean Fabry (Doubs)), membres ou proches de l’Alliance démocratique. Autre tendance du centre-droite également très présente dans ce Conseil, la mouvance radicale indépendante : l’ancien député et ministre Louis Germain-Martin, les députés Albert Dubosc (Seine-Inférieure), Louis Buyat (Isère), Jean Montigny (Sarthe), Paul Saurin (Oran), Gratien Candace (Guadeloupe), ainsi que les sénateurs Jacques Bardoux (Puy-de-Dôme), Edmond Hannotin (Ardennes), Émile Mireaux (Hautes-Pyrénées), André Mallarmé (Alger), Édouard Roussel (Nord) y siègent. Le centre-gauche est essentiellement représenté par quelques radicaux-socialistes : les députés Albert Chichery (Indre), Georges Bonnet, Lucien Lamoureux (Allier), Jean Mistler (Aude), et les sénateurs de la Gauche démocratique Pierre de Courtois (Basses-Alpes), Émile Cassez (Haute-Marne, ancien ministre), Paul Maulion (Morbihan). On trouve également quelques socialistes indépendants : les députés Édouard Barthe (Hérault) et Antoine Cayrel (Gironde), ainsi que le sénateur René Gounin (Charente). Enfin, Gaston Bergery (Seine-et-Oise), député du Parti frontiste, ancien radical-socialiste, fit également partie de ce Conseil. Enfin, un quarteron de socialistes fut également appelé à siéger à ce conseil : les députés René Brunet, Paul Faure (Saône-et-Loire), Isidore Thivrier (Allier), Louis L'Hévéder (Morbihan). S’ajoutent quelques indépendants : les sénateurs non-inscrits Paul Brasseau (Seine-et-Oise), René Courtier (Seine-et-Oise), Jean Jacquy (Marne), Manuel Fourcade (Hautes-Pyrénées).
    Des syndicalistes de la mouvance pacifiste et anticommuniste, proches de René Belin en sont aussi membres : Pierre Vigne, secrétaire général de la Fédération du sous-sol, Alfred Savoie, de la Fédération de l'alimentation, Liochon, secrétaire général des travailleurs du livre, Marcel Roy, secrétaire de la Fédération des métaux et Georges Dumoulin, que l'on retrouvera dans l'hebdomadaire L'Atelier et au Rassemblement national populaire de Déat. On relève des conseillers issus du monde agricole ou théoriciens du corporatisme chrétien comme Louis Salleron. Jacques Doriot et le colonel de La Rocque représentent, quant à eux, les publicistes. Pressenti, André Siegfried refuse de siéger"
    ...

    CQFD. Peu importe que Vichy ait recyclé, quand il ne l'a pas carrément promu, la quasi-totalité du personnel politique et administratif présent en 1939 ; et qu'il n'ait nullement prétendu au monopartisme, se fabriquant au contraire tout un éventail politique de l'extrême-droite à la "gauche" (Déat, Doriot ; le premier assumant même totalement l'héritage "révolutionnaire" bourgeois dans sa version jacobine et la prétendue "continuité" de celui-ci avec le "nouvel ordre européen" national-socialiste...), "continuant" une "France" qui aurait simplement été "expurgée" de son "anti-", de ses "ennemis intérieurs".

    concordeCe qui importe, surtout, c'est que cette négation de la continuité entre la IIIe République du Grand Capital et Vichy permette aussi de faire oublier celle entre Vichy et la République d'après-guerre, littéralement truffée de "vichysto-résistants", ces partisans de la "Révolution nationale" ralliés à la "France libre" (généralement) après les débarquements alliés en Afrique du Nord (novembre 1942) puis en Italie (été 1943) et dont certains seront appelés à de très hautes destinées : Maurice Papon, préfet-proconsul en Algérie, au Maroc et en Corse puis préfet de police de Paris (1958-67) et ministre du Budget de Giscard (1978-81) ; Raymond Marcellin, Ministre de l'Intérieur de triste mémoire (1968-74) ; Maurice Couve de Murville, Premier ministre (1968-69) et précédemment Ministre des Affaires étrangères depuis 1958 ; sans oublier bien sûr (last but not least) François Mitterrand, inoxydable ministre régalien (Justice, Intérieur) de la IVe République et Président de la Ve (1981-95)… Tout cela tranquillement jusqu’à leur extinction générationnelle pour cause de vieillesse (vieillesse certes quelque peu écourtée pour un René Bousquet par exemple).

    Finalement, si l'on laisse de côté ceux (nombreux) qui aujourd'hui oublient ou minimisent les évènements de février 1934, c'est cette même logique que l'on retrouve chez ceux qui les mettent en avant pour célébrer qui la "victoire de la République", qui celle de ce qui deviendra le Front populaire entre radicaux, socialistes et communistes (les deux ne faisant d'ailleurs qu'un pour certains) : un fascisme "marginal"... ou pas mais en tout cas extérieur (marginal dans ce sens-là) au "système France", se lançant à l'assaut de la "Sainte" République et heureusement défait grâce à la mobilisation démocratique-républicaine se levant des usines comme des campagnes, des bureaux comme des salons littéraires...

    Mais en réalité, bien loin d'objectifs "révolutionnaires", les ligues d'extrême-droite réclamaient "simplement" la démission du gouvernement (vite fait de gauche) mouillé dans l'affaire Stavisky et le retour à son poste... du préfet de police de Paris, Jean Chiappe, réputé bien-de-droite et limogé quelques jours plus tôt. La quasi-totalité des députés du centre et de droite, au demeurant, avaient démissionné en protestation contre ce limogeage...  Et pour héroïque qu'elle ait été (de ces moments héroïques qui forgent notre histoire et préparent les victoires de demain), la mobilisation antifasciste socialiste et communiste n'a pas à elle seule "déjoué" le (supposé) sinistre "plan" de prise de pouvoir fasciste : c'est bel et bien la République bourgeoise qui a résisté ou plutôt, la bourgeoisie monopoliste dominante qui a décidé que le moment n'était pas venu et que, en l'état des circonstances, le régime de la IIIe République, certes usé mais doté d'un bel acte de naissance (l'égorgement des Communes en 1871) et de beaux états de service (depuis) dans la répression des mouvements ouvriers et populaires, était encore "le pire à l'exclusion de tous les autres" pour servir ses intérêts. Plus que sur les casques de la garde mobile ou sur la haie de fer des masses ouvrières mobilisées, la tentative des ligues s'est brisée sur une majorité silencieuse travaillée depuis 60 ans par les idéologues et autres "hussards noirs" républicains ; cette majorité silencieuse, acteur essentiel de l'histoire, qui n'a jamais serment1934été que la volonté des dominants faite peuple et que Gramsci appelle "société civile", la même sur laquelle se brisa la tentative putschiste d'Alger en 1961 ; sachant au demeurant que toutes les ligues présentes (et notamment les Croix-de-Feu de La Rocque, explicitement) ne partageaient pas l'idée d'une prise du pouvoir par la force, mais parfois simplement d'un "coup de pression" permettant une reprise en main institutionnelle du pays par la droite... C'est d'ailleurs ce qui se produisit : le gouvernement du second Cartel des Gauches (Daladier) tomba, fut remplacé par un gouvernement d'"union nationale" nettement plus ancré à droite... et tout rentra rapidement dans l'ordre, Chiappe revenant pour sa part à la tête du Conseil municipal de Paris dès l'année suivante. Jusqu'à la prochaine crise, bien plus grave en l'occurrence (et aux conséquences du coup beaucoup plus graves) : la guerre, la défaite, l'occupation. Une réalité toute bête, c'est qu'il n'y pas (il n'y a JAMAIS eu) d'instauration du fascisme dans un pays quel qu'il soit si la FORCE ARMÉE, l'état-major militaire, ne le veut pas ; fut-ce comme solution "provisoire" qui ensuite perdurerait contre le souhait de bon nombre de ses initiateurs (si une partie seulement le veut, le fascisme peut aussi s'installer après une guerre civile comme en "Espagne"). Mais encore derrière la Force armée il y a la classe dominante-possédante, le Grand Capital, la bourgeoisie monopoliste. En Février 34, l'Armée n'a nullement "bougé" (même en partie) en faveur des émeutiers d'extrême-droite ; il est même probable qu'elle serait intervenue CONTRE eux si nécessaire (en cas de prise du Palais Bourbon) ; en revanche, avec le patronat (Comité des Forges etc.), elle a poussé à la démission de Daladier dès le lendemain et à la formation d'un nouveau gouvernement radicaux-droite (dans lequel s'illustrera notamment un certain Pierre Laval...) ; ce qui était d'ailleurs sans doute l'objectif d'une grande partie des manifestants (comme les Croix-de-Feu).

    Ce que l'on voit clairement là, c'est que si la tendance au fascisme face à la crise générale du capitalisme des années 1930 était bel et bien une réalité, elle avait également des caractéristiques TRÈS DIFFÉRENTES dans un système bourgeois politiquement mature comme la "France" de ce qu'elle pouvait avoir dans des pays nouveaux-nés comme ceux d'Europe de l'Est (de la Finlande à la Turquie), arriérés comme l’État espagnol ou le Portugal, ou en tout cas jeunes et n'ayant pas encore consolidé et ancré une vraie idéologie dominante dans les masses comme l'Italie ou l'Allemagne, avec d'autant plus de gravité, dans ce dernier cas, qu'il y avait de décalage entre cette immaturité politique et l'extrême modernité du développement capitaliste. En un mot : la tendance au fascisme est autant une réalité (hier comme aujourd'hui) en France qu'ailleurs, mais il est illusoire et finalement suicidaire de l'attendre sous les habits bruns du NSDAP allemand.

    Dans la nouvelle crise générale du capitalisme mondial commencée depuis 1970, mais entrée dans sa phase aiguë depuis 2007-2008, c'est exactement cette même erreur qui amène les uns à nier la tendance au fascisme du régime capitaliste dans lequel nous vivons (et à se concentrer, par exemple, uniquement sur les "attaques contre les travailleurs et les acquis sociaux", dans une logique économiste), et les autres à se concentrer sur des appendices du phénomène, "maîtres quenelliers" de Dieudonné, conspirationnistes de tout poil fleurissant sur la toile ou bandes nazillonnes ultras (à combattre par tous les moyens bien entendu) sévissant dans la rue, jusqu'à parfois tomber dans la pire alliance qui soit, celle avec l’État républicain bourgeois... du CŒUR duquel viendra, le moment venu, la dictature terroriste ouverte autrement appelée fascisme !

    printemps françaisNous, depuis le début en octobre 2009, avons clairement tracé le parallèle entre la situation actuelle et celle de l'entre-deux-guerres, montrant même les ressemblances saisissantes entres les forces en présence dans les deux cas : non seulement entre le fleurissement des "ligues" de l'époque et celui des "Blocs" ceci ou "Jeunesses" cela, des "Printemps français", "Résistance républicaine" et autres "Jours de Colère", bref de l'atmosphère de "Mai 68 de droite" actuelle (particulièrement depuis la victoire "socialiste" de 2012) ; mais aussi entre les Croix-de-Feu/PSF et le Front Nation "dédiabolisé", "reconnaissant les valeurs de la République" et rassemblant (très) large (6 millions et demi de voix à la présidentielle, 3 et demi aux législatives) de Marine Le Pen, et entre l'UMP de plus en plus "décomplexée" de Copé et consorts et la Fédération républicaine des années 1930 qui fournira à Vichy plus d'un de ses acteurs de premier plan (Xavier Vallat, Philippe Henriot) ; sans même parler des tendances de plus en plus droitières à "gauche", au PS et même au P'c'. La seule différence (mais majeure...) étant la haute improbabilité d'une situation comparable à la défaite et l'occupation de 1940, et même au bourbier algérien de 1958, laissant donc ouvert le point d'interrogation quant à la situation exceptionnelle qui ferait passer de la fascisation rampante au fascisme stricto sensu (attaques "terroristes" majeures ? situation de "guerre civile" dans les quartiers populaires ?). En tout cas, si les circonstances sont peut-être du domaine de la politique-fiction, la "solution" est déjà dans les tuyaux... et ce n'est pas un allumé internétique (Soral ou autre) qui le dit, mais bien le leader du principal parti "républicain" d'opposition.

    Nous n'avons nullement besoin de "date anniversaire" (fut-ce octodécennale) pour exprimer notre point de vue sur la question : le capitalisme est en crise générale et celle-ci, après une brève et illusoire "reprise" suite à la défaite stratégique de l'URSS, est même entrée dans sa phase terminale ; la tendance au fascisme (fascisation rampante) en est l'expression politique incontournable dans un système capitaliste monopoliste, et cela n'a pas commencé hier mais bien depuis 20 voire 30 ans (même si les choses ont, peut-être, été un peu freinées par le mitterrandisme et le jospinisme) ; il faut combattre les mille et une expressions de cette tendance, les mille et une têtes de l'hydre fasciste sur la terrain de notre vie sociale populaire ; MAIS il ne faut jamais perdre de vue, jamais baisser la garde envers l’État qui est le cœur du problème et là d'où, en dernière instance, viendra le coup décisif (comme le vote pour la "Révolution nationale" en juillet 1940, l'appel à "l'homme providentiel" De Gaulle en mai 1958, etc.).

    français en colèreCe que nous avons dit et qui a pu, le cas échéant, nous être reproché ; mais que nous répéterons toujours, en lien avec tout ce que nous avons exposé plus haut ; c'est que le mouvement révolutionnaire du prolétariat doit être plus vigilant aujourd'hui qu'hier, au regard de l'expérience historique, à développer un véritable antifascisme populaire AUTONOME qui ne se mette pas purement et simplement à la remorque de l'aile "gauche" (ou prétendue telle...) du système "républicain" bourgeois BBR, "gauche" qui dans l'histoire a toujours fini par être la droite quelques générations plus tard... voire beaucoup plus vite pour certains éléments. Un antifascisme qui ne se jette pas, par exemple, dans les bras d'un Manuel Valls, profil même du "républicain" de "centre-gauche" qui aurait été vichyste sans états d'âme en 1940, 41 et peut-être même 42 ; contre un "antisionisme" antisémite et complotiste (anti-impérialisme des imbéciles) détestable et écœurant, vomitif même, mais nullement mainstream dans la tendance fasciste générale - tout au plus des tirailleurs idiots utiles qui, le moment venu, finiront comme les SA allemands de la Nuit des Longs Couteaux...

    Si nous retenons évidemment du 6 février 1934 (et de tout ce qui a suivi) l'enseignement que la mobilisation progressiste de masse, sous la direction des révolutionnaires communistes, peut faire reculer le fascisme ; nous retenons aussi L'AUTRE enseignement fondamental, celui de la faillite politique totale d'un mouvement révolutionnaire antifasciste qui se VEND sans guère de conditions à l'"antifascisme" républicain bourgeois, lequel s'en va de ce pas (par exemple) continuer à mitrailler ou carrément bombarder, à massacrer sans nom dans les colonies (comme en Algérie en 1945, alors que l'Europe célébrait la défaite du fascisme justement...) ; bien loin - il faut dire à décharge... - des délicats regards métropolitains qui du coup (comme l'expliquait Césaire) sont saisis d'effroi lorsque des verts-de-gris demissionviennent commettre de telles choses sous leurs riants clochers ;  et puis chuuut, il ne faut surtout rien dire car cela "casse le front républicain" et "fait le jeu du fascisme"... Un peuple complice de l'oppression d'un autre ne saurait être libre : tel est l'enseignement que nous lègue l'histoire du siècle dernier, à nous communistes "occidentaux" ; la "République française" est un appareil INTERNATIONAL d'oppression ; et c'est ainsi (faute d'avoir compris cela) qu'en février 1934 et en 1936-39 comme en 1944-45, en 1961-62 (putschistes de Salan et OAS) ou encore dans les années 1980 avec SOS-et-compagnie, le fascisme a bel et bien reculé... pour mieux sauter, et non été écrasé en même temps que le capitalisme impérialiste dont il n'est que le visage sans fard ; ce dernier ne faisant que se réorganiser et se moderniser jusqu'à la nouvelle crise... et au nouveau pourrissement fasciste.

    Et puis, pour qui a étudié le fascisme en marxiste conséquent, celui-ci apparaît en définitive comme une caporalisation du système capitaliste d'un État donné et de ses contradictions, face aux urgences posées par la crise générale. Pour comprendre la tendance au fascisme dans l’État capitaliste où nous vivons, il faut donc avoir compris le "système" que celui-ci recouvre, et ses contradictions. Et cela, c'est justement tout le travail que mène Servir le Peuple depuis des années, pour comprendre la "France" comme système produit d'une construction historique.

    Si nous sommes MAOÏSTES et non "marxistes-léninistes" (encore moins thoréziens), c'est précisément parce que le modèle absolu pour nous n'est pas le Front populaire, ni en "France" ni en "Espagne", ni avec Thorez ni avec Carrillo, mais bien l'indépendance politique et de classe gardée par le PC chinois de Mao vis-à-vis du Kuomintang bourgeois et pro-occidental, dans la résistance unie contre la barbare invasion impérialiste japonaise aux 20 millions de mort-e-s !


    CONTRE LE FASCISME, VISAGE NU DU CAPITAL, DANS L’UNITÉ POPULAIRE CONSTRUISONS LA RIPOSTE RÉVOLUTIONNAIRE !!!

     

    9-fevrier-2014 


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    Excellent article publié en septembre dernier sur le site du PCmF. Incontournable pour écraser le confusionnisme et le "campisme", déviations qui (parfois) mènent tout droit à la Main d'Or...  


    Le repartage du monde entre les puissances impérialistes

    Les marxistes-léninistes-maoïstes et les confusionnistes 


    ob_8ef3f327add566c38456067cbbc7d6aa_inter-imperialiste.jpg"Ce qui est l’essence même de l’impérialisme, c’est la rivalité de plusieurs grandes puissances tendant à l’hégémonie, c’est-à-dire à la conquête de territoires- non pas tant pour elles-mêmes que pour affaiblir l’adversaire et saper son hégémonie." (Lénine, L'impérialisme, stade suprême du capitalisme)

    Alors que les puissances occidentales s’agitent dans une perspective d’intervention militaire en Syrie, on observe dans les différents groupes politiques « de gauche » et chez les masses populaires d’énormes confusions.

    Soutien sans réserve pour les uns à Bachar el Assad, perçu comme un résistant à l’impérialisme ; soutien à l’Armée Syrienne Libre pour les autres, perçue comme d’authentiques révolutionnaires. Ces positions erronées proviennent de l’ignorance de l’impérialisme dans son essence et du mode de production capitaliste en général. L’ignorance de la vraie nature de l’impérialisme, entraine dans un cas comme le conflit en Syrie, l’alignement sur les intérêts bourgeois des différentes puissances en présence. Les véritables causes tant internes qu’externes à la crise syrienne sont délibérément ignorées. Aussi, il ne faut pas se perdre dans un débat inutile sur l’utilisation ou non d’armes chimiques par le régime syrien - cela n’a d’importance politique que pour l’opinion publique. Les raisons de l’agitation guerrière n’ont rien à voir avec ça.

    C’est en prenant le cadre politique global de repartage du monde entre les différentes puissances impérialistes depuis plusieurs années qu’il faut analyser ce conflit. Bien sûr, celui-ci à ses propres causes internes à la société syrienne, mais les expéditions militaires de ces dernières années tant en Cote d’Ivoire, en Lybie, au Mali ; l’envoi récent de troupes supplémentaires au Cameroun, et le terrain actuel de grande tension internationale qu’est la Syrie s’explique par la phrase de Lénine citée plus haut. La concurrence économique féroce dans laquelle s’affrontent les différents États capitalistes pour assurer la domination de leurs monopoles sur les matières premières et la force de travail des peuples dominés, voilà la cause du mouvement des impérialistes, c’est cette incessante lutte pour l’hégémonie économique qui fait avancer leurs pions, qui dessine leurs alliances et exacerbe les conflits d’intérêts d’un camp impérialiste contre un autre. Les partisans du régime de Damas qui le présente comme un rempart contre l’islamisme et l’impérialisme sont des anti-impérialistes en paroles et des défenseurs de l’impérialisme en pratique. Car ils ne veulent voir qu’un seul côté du phénomène impérialiste mondial. Leur raisonnement consiste en ce que l’impérialisme se définit par U.S.A et U.E. Ceux-ci arment les rebelles syriens alors il faut défendre ce régime contre l’impérialisme atlantique, et du coup on soutient la Russie et la Chine ! C’est voir les choses en borgne. C’est balayer la nature impérialiste des États russe et chinois, c’est faire le jeu d’un camp impérialiste contre un autre. Les communistes n’ont pas à défendre des intérêts qui ne sont pas ceux de la classe ouvrière et des masses exploitées, mais qui sont juste la lutte pour la sauvegarde et l’extension des monopoles d’une poignée de bourgeois, et ceci qu’ils soient yankees, français, russes, ou chinois.

    Si nous défendons sans esprit d’analyse, comme le font certains, le régime d’Assad, ce serait dire aux masses qu’un impérialisme est meilleur qu’un autre. C’est une position intenable et qui n’aide pas les peuples du monde à comprendre et par la même combattre fermement la domination impérialiste.

    La théorie maoïste nous apprend que « partout ou il y a une guerre, il y a une situation militaire d’ensemble.» (Mao Tse Toung, Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine).

    Si l'on comprend cela et le fait que la guerre sert les intérêts d’une classe dominante d’un pays donné, il doit être facile de comprendre que si les faiseurs de guerre occidentaux, sans oublier bien sur le Qatar, l’Arabie Saoudite, la Turquie et Israël soutiennent et arment l’ASL pour défendre leurs intérêts ; la Chine et la Russie soutiennent Bachar pour les leurs et non pour les intérêts du peuple syrien. C’est comprendre une situation dans son ensemble, globalement et non de manière partielle, incomplète. Toute critique de la guerre impérialiste qui ne prend pas en considération l’ensemble des politiques des pays impérialistes depuis ces dernières années ne peut refléter une juste compréhension de la situation mondiale actuelle.

    Tous les peuples, de tous les continents qui subissent l’impérialisme d’une ou plusieurs grandes puissances, doivent compter sur leurs propres forces s’ils veulent se débarrasser à jamais de la misère et de l’exploitation. La domination d’un maitre ne saurait être plus enviable que celle d’un autre.

    La Russie et la Chine, qui ont fait preuve de faiblesse sur la Lybie, sont bien contraintes aujourd’hui de mettre la pression s’ils ne veulent pas se faire bouffer leurs marchés par les impérialistes occidentaux, paniqués de la forte ascension de leurs concurrents asiatiques.

    Chacun travaille à son hégémonie et non à la liberté des peuples, du Mali à la Syrie. Écoutons les fantasmes de la bourgeoisie française exprimés par la ministre du commerce extérieur, Nicole Brick dans son « devoir » sur « la France de 2025 ». Elle nous parle de la présence française en Afrique : « La France, parallèlement l’Europe, ont perdu leur place de partenaires privilégiés. Nous devons la retrouver d’ici 2025. La décennie à venir sera donc celle du retour à l’Afrique. »

    Et pourquoi cette chère France ne fait plus office de partenaire privilégié avec l’Afrique ? Parce que l’État chinois y conquiert toujours plus de marchés et par là sape le taux de profit des capitalistes français !

    Messieurs les humanitaires, qui vous extasiez en éloges sur la France républicaine venue sauver les Maliens des coupeurs de mains et de pieds, pensez vous vraiment que la guerre soit un acte de charité, ou êtes vous de simples hypocrites, des valets de l’impérialisme ?

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    Vous qui attendez les conclusions d’une enquête de l’ONU sur « gaz ou pas gaz ? », ignorez vous vraiment que ce n’est pas l’abus d’une arme spécifique qui est la cause du mouvement des impérialistes dans l’escalade vers la guerre ?

    La défense de leurs marchés, l’extension de nouveaux marchés voici leurs buts. Cette foutue concurrence mondiale. Vous savez ? Celle qui est dans la bouche de tous les politicards bourgeois de notre pays lorsqu’ils disent que la France n’est pas assez « compétitive ».

    Combattre l’impérialisme exige également de balayer les partisans de la France « dominée » par l’impérialisme U.S, clamant qu’elle agirait comme un simple pion. C’est une théorie dangereuse, car elle trompe les masses sur la nature de l’État français ; un État colonialiste et impérialiste qui exploite les peuples du monde pour les intérêts de sa bourgeoisie monopoliste. Lorsque la France mène la guerre au Mali, ne protège elle pas ses intérêts dans ce pays et au Niger voisin ? L’armée française se bat elle pour Areva ou pour Coca-Cola ? On voudrait nous faire croire que les intérêts rapaces de l’État français ne sont pas en jeu dans le conflit syrien. Mais qui ignore la présence de l’impérialisme bleu-blanc-rouge au Liban ? Ses importants intérêts économiques et sa présence militaire via la Finul. Là non plus, comme la Chine et la Russie, la France ne vaut pas mieux que les États-Unis.

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    Que disent les « amis » du peuple syrien ?


    Nous pouvons classer ces « amis » en plusieurs catégories politiques.

    Le P « c » F : « Non à toute interventions militaires en Syrie ! Empêchons que les militaires français soient expédiés en mercenaires de l’impérialisme ! »

    Le P « c » F est contre l’intervention militaire française, mais fidèle à son attitude de défenseur de l’État bourgeois, il s’indigne qu’on veuille faire de l’armée française une bande de mercenaires de l’impérialisme. Comme si elle ne l’était pas ! À moins que pour le P « c » F, « impérialisme » veuille dire « USA ». Appelons un chat un chat, l’impérialisme français est en tête des fauteurs de guerre, et il défend ses propres intérêts dans la région.

    Poursuivons : « depuis deux ans et demi, une révolte sociale, injustement et cruellement réprimée par un pouvoir qui n’a pas notre sympathie, a été détournée en guerre civile. Des groupes, des communautés, soucieux de ravir le pouvoir localement ou nationalement, se sont opposés au régime avec armes, incités dès le départ par des puissances étrangères ». On voit bien là le reflet de la ligne pacifiste et réformiste du P « c » F, incapable de poser le problème de la direction prolétarienne pour lutter contre l’impérialisme. Tout se résume ici en vœux pieux : « l’arrêt des ingérences impérialistes est le préalable nécessaire à un retour à la paix, un retour des réfugiés, à la reconstruction du pays, au rétablissement de sa cohésion, à une évolution démocratique après l’expérience de la tragédie ». Voilà comment ils veulent en finir avec l’impérialisme et leurs chiens de garde laïcs ou religieux ! Alors que le peuple a besoin d’une stratégie révolutionnaire, le P « c » F prône la stratégie des doléances aux impérialistes, une solution venue d’en haut, bref, une politique pacifiste qui désarme les masses. Ils sont dans leur rôle d’hypocrites bourgeois, partisans d’une « solution politique » faisant semblant d’ignorer que, comme le résumait Clausewitz « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ».

    Le Parti de gauche : « Le rôle de la France n’est pas de suivre les États-Unis dans leur nouveau délire guerrier ». De même que leurs compères du front de gauche cité plus haut, on apprend que la France ne saurait être impérialiste. Si elle entre en guerre c’est forcément pour le compte de l’empire Yankee. Ce parti a pourtant soutenu l’impérialisme français en Lybie et au Mali (sous couverts humanitaires bien sûr…). Le parti de gauche demande une nouvelle fois un règlement négocié du conflit dans le cadre de la seule institution internationale jugée « légitime », l’ONU, et des accords de Genève qui prévoyaient un cessez-le-feu et une transition négociée, des élections libres et transparentes, bref, tout l’attirail de la pensée bourgeoise. Là encore on ne veut pas appeler un chat un chat. L’impérialisme français a agi en Lybie en concert avec l’impérialisme italien qui a apporté son soutien logistique. On voudrait nous présenter l’ONU comme un organisme au-dessus des intérêts des classes dirigeantes.  Rappelons-nous la guerre de Corée, l’ONU avait formé un corps international par les USA. Au Cambodge, au Congo, qu’ont-ils semé les représentants de l’ONU tant civils que militaires ? Protection des exploiteurs locaux compradores, viols et prostitution infantile. Qu’ont-ils apporté à Haïti, si ce n’est le choléra ?  

    Le PCOF : Que dit le PCOF, membre du même front d’opportunistes que les deux précités, ex pro-Hoxha ? Dans son communiqué il ne dénonce pas nommément l’impérialisme français, mais les dirigeants des grandes puissances occidentales. Certes il écrit : "Nous n’avons cessé de dénoncer Bachar el-Assad, mais nous avons avant tout mis en garde et exprimé notre opposition à toute opération militaire des puissances impérialistes qui veulent se débarrasser du régime syrien, pour en mettre un autre à la place qui leur saura favorable." Pas un mot sur la lutte inter-impérialiste entre les anciens impérialistes et les nouveaux (Russie et Chine). Où est la stratégie de cet ex-parti révolutionnaire dont le combat essentiel a été de profiter du désarroi du mouvement communiste international après la mort de Mao Tsé-toung pour attaquer le maoïsme et ainsi s’opposer à la lutte révolutionnaire armée, à la Guerre populaire ? Aujourd’hui ils bêlent avec les moutons et n’apportent rien de concret, aucune stratégie à notre peuple et aux autres peuples du monde.

    Le PRCF : Des nationalistes chauvins comme le PRCF se font l’écho de l’impérialisme lorsqu’ils déclarent « C’est un Fabius militariste, comme aux plus belles heures coloniales des socialistes français qui renie les principes défendus par la France lors de l’invasion américaine en Irak face à Bush, Dominique de Villepin avait refusé toute intervention militaire… ». Malheureux d’entendre pareilles conneries de la part de gens se revendiquant communistes. Ainsi la France aurait refusé la guerre en Irak en vertu de « principes » et non parce que la guerre contre l’Irak sapait les intérêts que l’impérialisme BBR avait avec Saddam Hussein. Pathétique… De même lorsque les mêmes révisionnistes nous disent « le gouvernement socialiste, qui s’apprête à démolir les retraites […] trouve soudain des milliards d’euros pour agresser un peuple souverain, alors qu’il prétend ne plus avoir d’argent pour la protection sociale et les services publics. »

    Renvoyons les donc à une leçon élémentaire du Manifeste de Marx et Engels : « Par quel moyen la bourgeoisie surmonte-t-elle les crises ? D’une part par l’anéantissement forcé d’une masse de forces productives ; d’autre part par la conquête de nouveaux marchés et l’exploitation plus poussée des anciens. »

    Il n’y a donc rien d’étonnant dans les pratiques du gouvernement « socialiste ». Exploitation plus intensive de la force de travail des prolétaires, destruction des acquis sociaux des travailleurs et conquête de nouveaux marchés par la guerre vont ensemble comme les ingrédients d’une même recette. À l’étape impérialiste, c’est d’une logique claire pour les communistes trempés dans la théorie marxiste-léniniste-maoïste.

    L’URCF : Si cette organisation est une des seules à avoir appelé à l’unité d’action des communistes contre la guerre en Syrie, elle s’affiche en véritable soutien au régime de Damas, résumant outre l’accaparement des richesses comme but pour les impérialistes, leur volonté de « briser l’axe de la résistance contre l’impérialisme américano-sioniste ». Voici la défense d’un impérialisme contre un autre dans toute sa splendeur ! Il n’existe pas de lutte inter-impérialiste mais un impérialisme américano-sioniste contre un « axe de la résistance ». Que l’URCF nous informe si la Syrie faisait déjà partie de cet axe lorsque Hafez el Assad massacrait les communistes de Syrie ? À quoi ressemble donc cet axe ? Un triumvirat nous vient à l’esprit : la Chine, la Russie, l’Iran. L’URCF ne voit qu’une Syrie une et indivisible, un peuple sans contradictions, une Syrie « qui n’a jamais ménagé sa solidarité avec la cause palestinienne… ». Pour finir, c’est en faveur d’un processus de paix que les membres de ce groupe s’expriment : « Le gouvernement syrien est prêt, sans préalable, à participer à une conférence internationale pour trouver une solution politique au conflit. » et encore « Ce sont les « rebelles » qui ont toujours refusé de négocier… ». On voit où entraine le rejet du maoïsme pour cette organisation ; le rejet de la loi de la contradiction leur empêche d’analyser la situation d’ensemble et de déterminer une ligne juste. Que peut-on attendre d’une organisation qui est passée de la lutte anti-trotskyste aux revendications trotskystes, de la dictature du prolétariat aux accords de paix en faveur d’un chien de garde des impérialistes asiatiques ?


    Du coté des trotskystes…


    Le NPA soutient la déclaration des groupes trotskystes arabes dont celui des trotskystes syriens. Ceux-là même qui versent des illusions sur « le pacifisme de la révolution » (difficile à croire dans une situation comme la leur). Dans sa déclaration du Premier Mai, ce groupe mentionne l’armement des ouvriers, mais les perspectives ne sont pas claires. L’armement est perçu comme une mesure essentiellement défensive, la prise du pouvoir par un processus armé n’est pas évoquée. En voici quelques extraits :

    « Nous appelons les travailleurs et les ouvriers à mettre la main sur les usines et les installations industrielles et agricoles qui ont été fermées par l’État ou les capitalistes, et de les gérer eux-mêmes à travers des conseils ouvriers autonomes. »

    « Il n’y a pas de révolution démocratique radicale, ou plutôt pas de révolution sociale, sans un rôle déterminant et autonome des travailleurs et des masses laborieuses. Œuvrons à constituer des conseils de travailleurs et d’ouvriers dans chaque usine et chaque installation, avec des fractions de résistance ouvrière armées partout. »

    Comme tout groupe trotskyste, il apparait incapable de comprendre les priorités d’un processus révolutionnaire. Il donne, en plus, du crédit à l’ASL qu’il décrit comme une armée constituée d’éléments populaires sans analyser le rapport qu’elle entretien avec les impérialistes occidentaux. Il préconise l’entrisme en son sein. Les trotskystes n’apprennent rien de l’histoire. Ils ne se donnent pas la peine d’étudier les révolutions victorieuses. Leur ligne politique participe à freiner les masses et à jouer le jeu des impérialistes tout en prétendant les combattre. Ils s’obstinent dans une ligne ouvriériste qui ne peut pas répondre correctement aux tâches d’une révolution. Comment les masses populaires de Syrie peuvent elles sortir de l’impasse d’une guerre civile et répondre à l’agression impérialiste sans être regroupées dans un large Front uni anti-impérialiste sous la direction d’un Parti communiste révolutionnaire, armé du marxisme-léninisme-maoïsme ?

    La révolution armée pour la prise du pouvoir : dans n’importe quelle situation, n’importe quel pays, les trotskystes, les gauches « révolutionnaires », ne veulent pas en entendre parler.

    Écoutons-les :

    « Nous dénonçons la complicité directe des gouvernements de la Russie et de l’Iran qui encouragent les crimes d’Al-Assad. Mais nous réaffirmons que les grandes puissances occidentales, en refusant de livrer des armes que réclament depuis tant de mois les structures collectives de lutte dont s’est doté ce peuple, portent une lourde responsabilité dans la perpétuation du régime assassin tout en contribuant au développement de courants obscurantistes religieux qui constituent un second ennemi pour le peuple syrien. »

    De qui se moque le NPA ? Les puissances occidentales et leurs alliés n’arment elles pas l’ASL, que leurs collègues syriens proposent de noyauter ? Mais analysons leurs confusions après cet autre extrait de leur déclaration où il est défendu que les bombardements occidentaux seraient « contre-productifs, face à un régime criminel et aventuriste, qui pourrait au contraire renforcer sa propagande internationale et finalement augmenter les souffrances en Syrie. C’est au peuple syrien de se libérer en toute autodétermination, avec toute l’aide internationale indispensable mais sans les manœuvres et interventions directes d’États qui défendent d’abord leurs propres intérêts. »

    Prenons une aspirine et récapitulons !!! Le NPA dénonce le soutien de la Russie et de l’Iran et reproche aux impérialistes occidentaux de ne pas soutenir les «  rebelles » (ce qu’ils font pourtant - pas assez pour les trotskystes). Les bombardements sont critiqués pour leur seul aspect « contre-productif », les Syriens devraient se libérer tout seuls sans les manœuvres et interventions directes d’États qui défendent leurs propres intérêts (critiqués auparavant pour ne pas fournir d’armes) mais avec toute l’aide internationale indispensable (???).

    Nous nous faisons mal à la tête en mettant à nu autant de profondes contradictions dans si peu de phrases ! Qu’est-ce que « l’aide internationale indispensable » si ce n’est les manœuvres et les interventions directes ou même indirectes des États ? Le NPA attend il une contribution des scouts ? Des associations de motards ou de joueurs de pétanque ? Il n’a pas précisé. Si les États défendent leurs propres intérêts, pourquoi leur reprocher de ne pas fournir d’armes ? L’impérialisme même lorsqu’il fournit du riz le fait, naturellement, dans ses intérêts.  Une quelconque aide internationale « indirecte » tels des organismes comme « Médecins sans frontières » ne servirait elle pas aussi des intérêts des États impérialistes ? Si les impérialistes occidentaux interviennent de façon « indirecte » quelle sera la position du NPA ? Un peu plus et on pourrait penser que le message du NPA s’adresse principalement à l’impérialisme français en ces mots : « Vous n’envoyez pas suffisamment d’armes », « ne bombardez pas le pays, l’ennemi en sera plus fort » ou encore « envoyez des aides via des couvertures humanitaires, des euros etc. »

    Peut-on être considéré comme luttant véritablement contre l’impérialisme lorsque l’on sème des illusions sur sa nature ?

    Nous ne citerons pas tous les autres partis opportunistes, aucun d’eux, derrière l’anti impérialisme dont ils se couvrent n’éclaire le prolétariat des peuples du monde sur la seule route possible pour triompher de tous les impérialistes : la révolution prolétarienne dans les pays impérialistes et celle de la démocratie nouvelle dans les pays opprimés par l’impérialisme.


    Croire au pouvoir des masses


    Le véritable problème dans la situation à l’intérieur de la Syrie réside dans le fait que les masses révolutionnaires refusent de s’armer dans une perspective de prise de pouvoir, laissant ce privilège à l’ASL via les impérialistes occidentaux et leurs alliés Turcs, Qataris, etc.

    Ce que nous avons pu remarquer au sujet de l’ASL, c’est qu’il y a déjà eu des conflits internes en son sein. C’est un indicateur important tant il semble que les impérialistes occidentaux ont du mal à contrôler complètement ce mouvement, d’où le besoin des impérialistes d’intervenir pour faire le boulot à la place de leurs chiens de gardes.

    Les éléments avancés de la classe ouvrière syrienne doivent profiter de cette inorganisation des rebelles pour former leur parti, regrouper les masses populaires dans un front uni et mener la lutte avec leur propres forces armées, indépendante des impérialistes.

    Il appartient aux Syriens de déterminer, en cas d’invasion, la juste voie à suivre dans l’étude et la résolution de la contradiction principale et de la contradiction secondaire. Que celle-ci détermine leurs alliances, leur stratégie et leur tactique. Mais une organisation communiste doit garder jalousement son indépendance et se prononcer pour la prise de pouvoir par la voie armée.

    Quant à nous, nous sommes évidemment opposés à toutes les interventions impérialistes et combattons celle de notre pays en particulier. Les communistes qui veulent éduquer et diriger les masses, doivent juger indispensable de leur faire comprendre la place et le rôle qu’elles occupent dans la politique globale de repartage du monde entre les puissances impérialistes actuels. La dégradation du niveau de vie et de l’exploitation toujours plus poussées des prolétaires des pays impérialistes est en lien étroit avec les guerres menées contre les peuples du monde pour leur asservissement. Prolétaires de tous les pays, nous avons les mêmes ennemis !

    Les prolétaires qui peuvent être amenés par manque de connaissance politique à soutenir un camp impérialiste contre un autre, ne doivent plus se faire d’illusion et prendre en compte le caractère de classe des conflits d’aujourd’hui. Ceux qui soutiennent sans réserve l’ASL en sachant pertinemment qu’elle est armée et entrainée par les impérialistes occidentaux et leurs alliés dans le but de défendre leurs intérêts font partie des pires renégats. Alors que l’impérialisme occidental s’apprête à intervenir en leur faveur comme il l’a fait pour les rebelles libyens, ces opportunistes ne retirent en rien leur soutien.

    Les « pragmatiques » qui choisissent la défense de l’impérialisme asiatique comme «  moindre mal » sont dominés par cette conception bien bourgeoise du monde que ce sont « les grands hommes » qui font l’histoire ; qu’il est impossible de compter sur les forces populaires, que le peuple est faible, ignorant. Tout n’est qu’affaire de dirigeants, d’États. Pour eux, le peuple doit choisir son camp et rejeter le « ni-ni ». Peu leur importe qu’aucun de ces camps ne servent les intérêts des masses exploitées puisque de toute façon il leur est réservé le sacro-saint privilège de décider du sort de l’humanité. Ils ne croient pas dans le pouvoir du peuple, dans son pouvoir de changer le cours de l’histoire en défendant son propre camp. C’est l’illusion perpétuelle que le peuple a besoin de la bourgeoisie, celle à laquelle nous répondons par les mots de feu Armand Elisée de Loustalot « Les grands ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous ! »

    À l’inverse de ceux qui s’abaissent aux pieds des bourgeois pour décider de l’avenir du monde, nous, maoïstes, n’oublions pas que le camp du peuple est notre camp et que c’est lui qui fait l’histoire. Même si cela fait office de simple formules pour tous ceux qui n’ont rien compris à toute l’expérience historique de la lutte des classes.

    En Syrie comme ailleurs, le peuple ouvrier et paysan et les couches les plus exploitées peuvent former le parti communiste révolutionnaire et mener le processus révolutionnaire jusqu’au communisme ! 

     

    MORT À TOUS LES IMPÉRIALISTES !!!

    LE PEUPLE DOIT COMPTER SUR SES PROPRES FORCES

    UNI ET ARMÉ, IL VAINCRA !!!

     

    PC maoïste de France

    septembre 2013

     


    Annexe SLP : Comment caractériser et "lire" le monde impérialiste aujourd'hui ? 

    C'est une importante question qui a déjà été traitée par nous (ici point 2), mais nous produirons ici un "rendu" beaucoup plus synthétique.

    Il y a les deux premières puissances mondiales qui sont

    1°/ de loin mais en perte de vitesse, les États-Unis d'Amérique,

    2°/ loin derrière mais en ascension fulgurante, la République "populaire" de Chine revenue au capitalisme après le coup de force de Deng Xiaoping en 1977-78. La géopolitique chinoise est devenue incontournable pour comprendre le monde d'aujourd'hui, même si elle se manifeste de manière apparemment beaucoup moins agressive que les impérialismes occidentaux (pas d'interventions militaires directes par exemple, mais soutien à nombre de régimes criminels comme la Syrie d'Assad par contre), au point de passer aux yeux de certains (on pense à un certain parti "marxiste" belge) pour le "camp de la paix". D'autant plus incontournable qu'elle joue pour le moment l'alliance avec la Russie, qui se réaffirme elle aussi sur la scène internationale après sa décadence des années 1990... mais jusqu'à quel point ? (des manœuvres militaires russes en Sibérie, l'été dernier, peuvent ainsi être interprétée comme un avertissement à Pékin, dont les ressortissants "colonisent" économiquement la région).

    Les puissances impérialistes moyennes sont les autres pays du G8 (sauf les États-Unis) : Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon, Italie, Canada, Russie.

    Les "petits" impérialismes voire "impérialismes vassalisés" (à l'une ou l'autre des puissances sus-énoncées) sont les autres pays ouest-européens (Belgique, Pays-Bas, Autriche, État espagnol, Danemark etc.), ou encore l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

    Il existe des États qui, au regard de la balance des IDE notamment, sont clairement semi-coloniaux, dépendants (ils importent nettement plus de capitaux qu'ils n'en exportent), marqués de surcroît par la semi-féodalité dans les campagnes ("problème de la terre"), mais qui expriment et exercent des velléités de puissance au niveau de leur région du monde : Brésil, Argentine et bien sûr Venezuela en Amérique latino-caraïbe, Afrique du Sud en Afrique (et à une plus petite échelle Algérie en Afrique maghrébo-saharienne, Nigéria en Afrique de l'Ouest, Ouganda et Rwanda en Afrique centrale etc.), Inde en Asie du Sud, Turquie, Iran et Arabie saoudite au Proche/Moyen-Orient etc. En fait, si l'exportation de capitaux est retenue comme critère déterminant du caractère impérialiste d'un État (cf. Lénine, il y en a bien sûr d'autres, comme la dépendance quasi-exclusive d'une production à l'export), ces exemples ne le sont clairement pas au niveau mondial ; cependant, au niveau régional ils peuvent exporter beaucoup plus de capitaux vers leurs voisins qu'ils n'en reçoivent d'eux : il est alors pratiquement possible de parler de semi-impérialisme régional.

    Lorsque ces régions sont conflictuelles, ces acteurs sont incontournables pour comprendre les choses ; de manière étroitement imbriquée, ils "relaient" une ou plusieurs puissances impérialistes (grande ou moyenne) mais jouent aussi leur propre partition.

    Des petits voire micro-pays, mais abritant des concentrations capitalistiques très importantes, peuvent également être des acteurs régionaux importants, même si ce n'est pas de manière agressive (en tout cas, pas à visage découvert) : Qatar (qui a jeté le masque et appuie ouvertement des forces "subversives" dans les pays musulmans) mais aussi Émirats arabes unis (Dubaï, Abu Dhabi) dans le Golfe, Liban qui est aussi (avec Beyrouth) une grande place capitaliste arabe, Malaisie ou Singapour en Asie du Sud-Est, etc. Israël, en plus d'être une place forte militaire pour l'impérialisme occidental (principalement US), a aussi dans une certaine mesure ce caractère de place financière (Goush Dan autour de Tel-Aviv). Ses rapports avec l'Occident sont en principe ceux d'une "troupe de choc" avec son QG, dépendant de manière vitale de ce dernier, mais peuvent aussi être conflictuels, car le projet colonial sioniste (en lien, "entre autres", avec la valorisation de ce capital concentré) a aussi son autonomie, et en irritant les pays arabes il peut desservir les intérêts impérialistes européens et US (d'où l'existence de "lobbies" pro-israéliens dans tous les grands États occidentaux qui "comptent").

    D'autres pays, enfin, jouent également le rôle de concentrations capitalistiques et de places financières, mais refusent (pragmatiquement) la géopolitique et proclament parfois leur "neutralité". La Suisse (le plus gros et peuplé d'entre eux) est typiquement dans ce cas ; c'est en fait une gigantesque banque pour les capitalistes des pays européens (principalement les pays voisins). Mais tous les micro-États européens, dont on peut supposer qu'ils auraient disparu depuis longtemps autrement, sont aussi dans ce cas de figure : Luxembourg, Monaco, Andorre, Liechtenstein etc. ; ainsi que les dernières possessions britanniques dispersées à travers le monde (îles anglo-normandes, îles Caïmans etc.).

    Ce sera là, puisque nous en avons beaucoup parlé en janvier, l'occasion d'une dernière réflexion sur le "cas Dieudonné" ou plutôt le "cas Soral", puisque celui-ci est l'idéologue et Dieudonné le bateleur. Pro-Assad déclarés, les deux zigotos rejoignent finalement la liste des organisations "communistes" ci-dessus énumérées qui sont sur cette même position ; plus précisément, ce "campisme" issu de l'ultime décomposition brejnévienne du "marxisme-léninisme" post-Komintern est ce qui nourrit en permanence le soralisme (et le "nationalisme-révolutionnaire" en général) d'éléments "venus de la gauche".

    C'est typiquement là un phénomène de puissance moyenne, qui en plus de cela ne l'a pas toujours été ; qui a été une grande puissance et cherche le moyen de continuer à exister. Pour cela existent différentes "options stratégiques" :

    1°/ La première consiste tout simplement à occuper sa place, a priori généreuse (vu le rôle militaire réellement joué dans la dernière guerre mondiale), dans le bloc occidental/atlantique que l’État français a naturellement rejoint lorsqu'il fut créé (à la fin des années 1940) par les Alliés occidentaux vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, face à l'URSS. Mais voilà : cela consiste (ou paraît avoir consisté) trop souvent à "ramasser les miettes" des Anglo-saxons (les grands vainqueurs de 1945) et cela ne plaît pas à tout le monde, dans une bourgeoisie dont apprendre la langue était encore une obligation pour toute "élite" qui se "respectait" avant ladite (et maudite) guerre.

    2°/ La seconde consiste, en partenariat solide avec l'Allemagne, à construire une "Europe forte", forte à la fois contre les Anglo-saxons et contre "l'Est" (remplacé aujourd'hui, schématiquement, par Russie + Chine ou encore Asie "émergente") et le "tiers-monde" qui, "comme à son habitude", remue ("ils ne savent que revendiquer ces gens-là", voyez-vous...). C'est la ligne qui est devenue (de loin) la plus suivie dans la bourgeoisie monopoliste BBR depuis les années 1960 (un débat demeurant sur "de quel côté" cette Europe va plutôt pencher, si elle va être "atlantiste" ou résolument anti-américaine).

    3°/ La troisième enfin, apparue dans le courant des années 1960 (car il fallait que les pays "socialistes" deviennent ouvertement révisionnistes) dans des milieux de droite "dure" et extrême (Thiriart), mais sans que les Partis "communistes" révisionnistes ne disent finalement grand-chose d'autre, consiste à s'allier (soit la France seule, soit l'Europe entière) avec l'Est (aujourd'hui la Russie et la Chine) et le "tiers-monde" nationaliste bourgeois ; en agitant pour cela un discours "anti-impérialiste" exclusivement dirigé contre les Anglo-saxons et (à l'attention des pays arabes... ceux qui ont le mazout vous comprenez !) le sionisme.

    drapeaux_france_syrie4-4.jpgCité en modèle par à peu près tout politicien bourgeois qui se "respecte", De Gaulle était globalement sur la deuxième option (c'est l'essentiel de son œuvre géopolitique, incarnée par le "couple" avec Adenauer), mais donnait parfois l'impression de pencher vers la troisième.

    Nous avons donc déjà eu l'occasion de dire que l'agit-prop à la fois "tiers-mondiste" et brûnatre-rance menée par Dieudonné et Soral n'a rien de "nouveau" ni de "spécial". La haine antisémite n'est rien d'autre que naturelle pour eux puisque parmi les "ennemis stratégiques" qu'ils souhaitent pour l'impérialisme français il y a en premier lieu Israël, et puisque c'est un discours très ancré dans les bourgeoisies nationalistes arabes (ou turque ou iranienne) qu'ils veulent séduire, d'autant plus verbalement virulentes contre le sionisme qu'elles ne le combattent guère en pratique.

    Mais ce n'est pas tout. Ce qu'il fait voir aussi, c'est que la mise en avant par eux des Chavez, Kadhafi, Assad ou Ahmadinejad voire Lumumba et Sankara (!) s'inscrit totalement dans un esprit et une culture coloniale européenne. Car ce qu'ils nous disent en fin de compte c'est : "Regardez ces Noirs, Arabes ou Latinos, ils nous montrent la fierté d'être patriotes, cette fierté dont nous les Blancs sommes interdits par la bien-pensance mondialisée" - ces "Noirs", "Arabes" et autres "Latinos" sont donc un peu des privilégiés en quelque sorte... En réalité, que l'on dénonce ces leaders nationalistes du "tiers-monde" (comme Pascal Bruckner et consorts) ou que l'on fasse mine de les valoriser en mode "NR"/Soral, c'est finalement la même pensée en arrière-plan.

    L'idée directrice, c'est de revendiquer pour les "Blancs" européens le "droit" d'être "patriotes", chauvins ; le "droit" pour les nations dominatrices d'être nationalistes... et de dominer.

    Le postulat, abstraction faite d'aimer ou pas les nationalistes du "Sud", c'est que les nationalismes se valent. Si un "Noir" ou un "Arabe" peut être nationaliste (encore une fois, que l'on prenne cela pour "modèle" ou qu'on le supporte mal), "pourquoi un Européen ne le pourrait pas". C'est le fond de l'idée qui anime aussi bien ce courant "national-révolutionnaire" que toute l'extrême-droite, autrement dit l'expression politique de la fraction la plus radicale des monopoles. Et c'est tout le contraire de ce que nous disait Lénine (par exemple) en 1922 : "Il faut distinguer entre le nationalisme de la nation qui opprime et celui de la nation opprimée, entre le nationalisme d'une grande nation et celui d'une petite nation. Par rapport au second nationalisme, nous, les nationaux d'une grande nation, nous nous rendons presque toujours coupables, à travers l'histoire, d'une infinité de violences, et même plus, nous commettons une infinité d'injustices et d'exactions sans nous en apercevoir. (...) Aussi l'internationalisme du côté de la nation qui opprime ou de la nation dite «grande» (encore qu'elle ne soit grande que par ses violences, grande simplement comme l'est, par exemple, l'argousin) doit-il consister non seulement dans le respect de l'égalité formelle des nations, mais encore dans une inégalité compensant de la part de la nation qui opprime, de la grande nation, l'inégalité qui se manifeste pratiquement dans la vie. Quiconque n'a pas compris cela n'a pas compris non plus ce qu'est l'attitude vraiment prolétarienne à l'égard de la question nationale : celui-là s'en tient, au fond, au point de vue petit-bourgeois et, par suite, ne peut que glisser à chaque instant vers les positions de la bourgeoisie". Les choses ne peuvent être dites plus clairement.

    des-supporters-de-dieudonne-font-le-salut-de-la-quenelle-deLe "nationalisme" est une idée politique et donc (si l'on est matérialiste, et non idéaliste comme ces clowns fascistes), en soi, il n'existe pas vraiment.

    Il est l'expression d'une position et d'une relation ÉCONOMIQUE entre une "nation" et les autres. Cette position/relation peut être dominante, ou dominée.

    Il en résulte des "nationalismes" foncièrement différents dans leur nature. Si l'on peut dire (comme beaucoup de marxistes et de libertaires/anarchistes le disent), "abstraitement", que le "nationalisme" n'est jamais une bonne chose (car il conduit à faire l'impasse sur des positions et intérêts de classe contradictoires, impasse dont le "tiers-monde" a éprouvé durement les conséquences après sa "décolonisation"), il n'en reste pas moins que le "nationalisme" POPULAIRE (ouvrier, paysan, "plébéien", pas bourgeois) dans une nation dominée (une périphérie) est potentiellement révolutionnaire, transformable en conscience populaire révolutionnaire, alors que dans une nation dominante (siège d'un Centre capitaliste-impéraliste) seul l'internationalisme l'est.

    En plus, comme nous à SLP et au CC-PCRÒc sommes passablement des salopards, nous avons encore sensiblement compliqué les choses ; en expliquant que dans un État impérialiste de grande taille comme la "France" (ou le Royaume-Uni, ou l'Italie, ou l’État "petit-impérialiste" "espagnol") il n'y a pas une "nation" (française) mais un ensemble de Peuples absorbés au cours de l'Histoire et dont la majorité des "élites" ont, en quelque sorte, "fusionné" (celles qui ne le voulaient pas étant de toute façon éliminées, expropriées ou tuées), donnant une bourgeoisie et donc une pseudo-nation "française".

    La manière dont cette entité nommée "France" s'est construite comme "système" a instauré ce que l'on peut appeler des hiérarchies concentriques, depuis le Centre jusqu'à l'extrême-périphérie ("DOM-TOM" et ex/néo-colonies). Une personne "française" est ce que nous définissons comme une personne "insérée" (ayant une "situation" diraient nos chers papas-mamans) socialement et culturellement dans ce "système", un "petit bourgeois" comme diraient les marxistes vulgaires ; c'est-à-dire finalement une notion de classe. Cette personne, si elle veut rallier le camp de la révolution, n'a d'autre choix que la rupture intellectuelle et culturelle avec la "France", qui n'est pas une "nation" mais (finalement) un enclos idéologique. À côté (ou plutôt, au-dessous) de cela, il y a les Peuples (ensembles de classes populaires unies par les même caractéristiques nationales) ; y compris un Peuple (on va dire) francilien (entre Orléans, Rouen, Beauvais, Soissons, Troyes, Auxerre), même si celui-ci n'est plus guère "de souche" (les franciliens "séculaires" sont généralement et sauf exception "petits bourgeois", sociologiquement français) mais plutôt composé de descendant-e-s d'immigrés-déracinés de tout l'Hexagone et de toute l'Europe, aux côtés de massives colonies intérieures (d'origine extra-européennes) qui sont encore autre chose.

    L'organisation de la production capitaliste a hiérarchisé ces Peuples. Donc finalement, à l'arrivée, cela redevient simple (vous allez voir) : être "nationaliste" vis-à-vis des Peuples situés "au-dessous" dans la hiérarchie établie par le Capital, c'est être CHAUVIN, raciste et, en définitive, enchaîné idéologiquement à la bourgeoisie bleu-blanc-rouge (car qui d'autre cela sert-il ?). Seuls des sentiments internationalistes, de "solidarité", peuvent évidemment être considérés comme progressistes et potentiellement révolutionnaires. Vis-à-vis des Peuples situés "au-dessus", les révolutionnaires de chaque Peuple, comme hier les Black Panthers vis-à-vis des "Blancs", ne sont pas animé-e-s par la haine (sentiment qui encore une fois ne mène qu'au service objectif des dominants) ; mais avant tout par l'amour de leurs propres masses populaires opprimées. Ils et elles peuvent, en revanche, être amené-e-s à les rappeler à leurs devoirs internationalistes envers les Peuples "au-dessous" d'eux, a fortiori si les personnes en face ne sont pas des "philosophes de PMU", mais se prétendent des révolutionnaires... En résumé (et imagé) : se vouloir "occitan", "breton" ou "cooorse" et considérer que le combat "prioritaire", "l'invasion" contre laquelle lutter ce seraient "les Arabes", c'est être complètement à côté de la plaque et à vrai dire un gros con. Mais se vouloir "révolutionnaire", "communiste" ou "anarchiste" ; un "révolutionnaire" bien central cela va de soi – inséré, centrurbain, intellectuel ou (aristocrate) ouvrier (moâââ monsieur !) dans une grosse boîte bien stable, de préférence publique ; et nier les Occitans, Basques, Corses ou Bretons ; ce n'est pas "presque", c'est exactement la même chose !

    Tel est l'internationalisme véritable qui doit guider les révolutionnaires authentiques de tous les Peuples de la planète ; et qui n'a rien à voir avec la prétendue "égalité des nationalismes" des fascistes "tiers-mondistes" (ou pas), qui ne sont que les chiens de garde du Capital et de son État d'oppression !

    Le "Blanc" à la Ayoub qui se veut "nationaliste" et prétend que son nationalisme "vaut" celui d'un "coloré", que celui-ci a raison ou pas mais qu'en tout cas cela "justifie" le sien, est un chauvin de grande nation et un impérialiste pitoyablement déguisé et auto-justifié ; comme d'ailleurs tout central (en général) raisonnant ainsi envers un périphérique. Et le "coloré" ou le "périphérique" en général, à la Kemi Seba, qui prétend que son nationalisme "vaut" celui du "Blanc" ou du "central" en général, est un tirailleur et un nègre de maison. Point barre, et à bon entendeur salut !


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  • Niveau son/style... on va dire qu'on a écouté mieux ; après, les goûts et les couleurs...

    Mais niveau TEXTE, ce rap marseillais de 2012 dit en quelques rimes absolument TOUT ce que nous disons et répétons depuis bientôt 3 ans. Quand tant de "pensées" du peuple "reflètent" la même chose, c'est que nous sommes sur la bonne voie !


    (Duval Mc / Imhotep)

    Quand j’entends le mot « France » j’ai les dents qui grincent
    Comme quand ils disent que ma ville est en province
    Un « territoire conquis » quand j’y pense
    On nous l’a montré en carte toute notre enfance
    Quand j’entends le mot « France » j’ hallucine
    Elle me fait peur la France avec ses commandos
    Normal qu’elle ait toujours le nez dans ses racines
    Avec les millions de morts qu’elle a sur le dos
    Elle me fait flipper la France avec ses droits de l’homme
    Qu’elle respecte autant qu’elle respecte l’atome
    Une démocratie qui maintient tant de tyrans
    T’appelles ça comment ? Quoi, t’étais pas au courant ?
    La fiction est loin du réel je t’informe
    Nous sommes sous un régime de marchands d’armes
    Alors cherche pas plus loin si tu veux m’insulter
    Appelle-moi : Français

    Refrain :
    Faut démanteler la France faut qu’on se bouge
    Faut pas laisser ce régime de mort à nos minots
    Le monde en a assez du bleu blanc rouge
    Il faut tourner la page et rincer le pinceau

    Quand j’entends le mot « France » j’ai mal à la face
    Elle m’horripile la France avec ses Famas
    Ses Mirages, ses Falcon, ses mines et ses gaz
    Ses hypermarchés qu’elle construit sans cesse
    Quand j’entends le mot France j’ai mal au ventre
    Pour tous ces sans-papiers à qui on pourrit la vie
    Faire la queue à la pref flipper quand tu rentres
    Et Carrefour paye une misère le coton du Mali
    Tu vois pas la frontière ? elle est sous le képi
    Exploités là-bas, exploités ici
    Restauration, bâtiment, contrat OMI
    Une rafle à l’occaz pour l’électorat nazi
    Et n’allume pas la télé ou là tu vomis
    Sevran, Zemmour, Hortefeux Steevy
    Comme le discours de Dakar de Sarkozy
    Niveau PMU 24 de QI

    Refrain

    Quand j’entends le mot France je pense à ces gars
    Sans but, sans amour, sans ambition
    Qui vont passer le concours de la famille poulaga
    De CRS ou de soldat dans la légion
    Pour moi la France c’est Le Pen et Madelin
    C’est Leroy-Merlin, Aussaresses et Pétain
    C’est les penseurs en bois du siècle des lumières
    Qui nous parlaient de « races inférieures »
    Dans les villes de France j’ai la gerbe
    Plus de panneaux de pub que de brins d’herbe
    Toute une architecture anti-regroupement
    Les boulevards haussmanniens les bancs anti-mendiants
    Les théâtres nationaux contrôlés par Paris
    Les noms d’assassins en guise de noms de rues
    L’État donne des milliards à Peugeot et Renault
    Mais les transports gratuits c’est pas pour bientôt
    Quand j’entends le mot France j’ai la chourma
    Pour Saint-Domingue pour le Biafra
    Pour le sordide Itsembabwoko du Rwanda
    Pour la bande à Chirac de violeurs à Brazza

    Refrain

    Quand j’entends « France » mes larmes sont pas loin
    Je repense au 17 octobre 61
    Marianne a tellement de sang sur les mains
    Et quand on siffle l’hymne ils en font un foin
    J’en peux plus de les entendre dire France
    Quand ils parlent de grands philosophes, de culture
    Le massacre des Bassa au Cameroun tu penses
    Que Molière y poserait sa signature ?
    Quand j’entends le mot « France » j’ai mal à l’histoire
    A ce mot « Civilisation » dont les pires se parent
    Qui « pacifiait » les peuples autochtones
    Ils pillent encore des millions de tonnes!
    Mais qui est français? au fond personne
    On est juste des bonnes femmes on est juste des bonshommes
    On veut un brin de soleil et une part d’air pur
    Et on parle une langue qui change tous les jours

    Remballe tes fusées, tes avions, tes missiles
    Notre identité n’est pas nationale
    Remballe ta police, tes écoles, tes usines
    Notre identité n’est pas nationale
    Remballe ton drapeau, ton armée, ta Marianne
    Notre identité n’est pas nationale
    Remballe tes patrons tes médias tes centrales
    Notre identité n’est pas nationale

    (Duval Mc / Imhotep)

     


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  • À présent que nous avons clos le "dossier Dieudonné-Valls" avec une jubilation certaine ; c'est-à-dire ni dans le sens de ceux qui voudraient utiliser les crimes de l'Allemagne nazie il y a 70 ans pour "clore" tout débat sur ceux de l’État français en 8 siècles d'existence ni dans celui de leurs jumeaux qui, dans la foulée de Vergès défendant Klaus Barbie, voudraient utiliser ces derniers comme "arguments" pour réhabiliter le nazisme ; et ni dans le sens de la fraction impérialiste BBR qui joue la carte "tiers-mondiste" anti-US et anti-Israël pour "tendre la main" aux régimes réactionnaires arabes (ou iranien) ni dans le sens de celle (comme cette droite-de-la-droite du PS autour de Valls) qui a choisi le "pacte d'acier" avec Washington et ses alliés (dont Tel-Aviv) ; nous pouvons passer à autre chose.


    réforme régions1. Parmi l'actualité dans le genre importante, c'est-à-dire dans le genre supposée impacter la vie des masses populaires au quotidien, dans la manière dont l’État du Capital BBR administre sa chiourme, il y a la réforme envisagée des collectivités territoriales. Le souhait du gouvernement serait de réduire le nombre de régions, ces découpages administratifs 100% au service du Grand Capital (centrés sur une "métropole" locale et n'ayant rien à faire de l'histoire, de la culture populaire etc.), de 26 actuellement (avec les dernières colonies d'outre-mer) à "une quinzaine". Une réduction du nombre de départements a également été envisagée par certains... mais là c'est plus compliqué car en dehors de cas réellement aberrants (comme les "Pyrénées-Atlantique" avec le Pays Basque et le Béarn), les départements créés en 1790 ont tout de même tenté de respecter les "provinces" et les "pays" séculaires (fut-ce en regroupant les petits et découpant les très grands), et en 223 ans d'existence ils ont parfois engendré des identités populaires très fortes : on se dit fièrement "Ardéchois" ou "de la Loire" (surtout face aux arrogants Lyonnais :D), "Gersois" ou "Landais", "Corrézien" ou "Aveyronnais" etc. etc., les Bretons aiment préciser qu'ils sont "Finistériens" (surtout) ou autres, bref. On avait bien vu ce que cela avait donné quand il s'était agi (en conformité avec les normes européennes) de faire disparaître les numéros des plaques d'immatriculation... Cela fait partie de la "dignité du réel" comme diraient les autres, et recouvre parfois une claire dimension sociale comme l'affirmation d'être "du 9-3" face à Paris et à la Couronne Ouest, de Savoie et non de Haute-Savoie (ce à quoi ces derniers, au niveau de vie moyen bien plus élevé, répondent que "c'est comme la couture et la haute couture"), etc. etc. Finalement, Hollande-le-président-normal s'est prononcé contre car "issus de la Révolution, c'est un bon acte de naissance" ; ce qui est finalement traduire ce que nous venons de dire en bonne (nov)langue "républicaine" (et s'éviter une fronde populaire sur un sujet qui n'en vaut sans doute pas la peine). Le "patron" ayant parlé, on peut penser que le débat est clos... Mais la réforme des régions, elle, est bel et bien sur la table.

    Alors bien sûr, il est évident que venant de la classe au pouvoir ce qui s'annonce est un grand bidouillage, on-prend-par-ci-on-recolle-par-là, comme un enfant jouant avec des Lego : la recomposition "régionale" de notre Hexagone va évidemment servir les intérêts capitalistes et eux seuls en cherchant à accommoder ceux des grands monopoles BBR avec ceux d'une bourgeoisie de "chalandise" plus locale ; les grands caciques locaux à la Ayrault, Gaudin, Collomb, Devedjian, Huchon ou Queyranne venant bien sûr mettre leur grain de sel, en ‘‘arbitres’’ ou en défense de ‘‘leur’’ région, département ou métropole. Les intérêts des masses populaires qui bossent pour engraisser tout ce beau monde : peau de balle, comme cela va de soi ! D'ailleurs, malgré le soutien massif tant des grosses machines UMP et PS que des forces "autonomistes" et même "indépendantistes" bourgeoises, ce que recueille généralement ce genre de bidouillage administratif est le rejet des masses populaires, qui ne voient en rien ce que cela va changer à leurs préoccupations quotidiennes et y voient même un "risque" pour les divers rapports de clientèle entretenus avec les collectivités locales (eh oui ! faute de perspective révolutionnaire, soutirer du pognon à l'État est encore ce qui se fait de mieux et une collectivité de moins, forcément...) : rejet de la fusion des départements corses en 2003 et du même projet en Alsace l'an dernier, rejet de la fusion département-région dans les dernières colonies directes caribéennes (2003 et 2010) etc. etc. Mayotte a accepté (par plus de 95% des suffrages) de devenir un département en 2011 car cela donnait plus de droits aux masses populaires que le statut "bâtard" antérieur... malheureusement, les prix à la consommation se sont immédiatement alignés sur ceux d'un département "français" sans que les revenus ne suivent ; et quelques mois plus tard éclatait une mémorable révolte contre le coût de la vie. Bref : inutile d'en dire plus, ce projet de "nouvel acte" de la "décentralisation" est tout sauf ce qui va susciter un début d'intérêt pour les communistes révolutionnaires de Libération du Peuple que nous sommes. Nous préférons encore (de loin) ergoter sur la ligne idéologique du FLNP, qui a encore mené une action la semaine dernière contre les sangsues du fisc à Aix !

    Une série de cartes circule même depuis quelques semaines, laissant penser... qu'une réunification de la Bretagne serait peut-être à l'ordre du jour ; ce qui est assez curieux puisqu'autant pour Ayrault dernièrement que pour les gouvernements (UMP) qui l'ont précédé de 2002 à 2012 ("Acte 2" de la décentralisation), c'est catégoriquement non... Une "psychorigidité" qui, comme pour l'autre "serpent de mer" institutionnel qu'est le département basque (absolument pas à l'ordre du jour de la réforme), est absolument incompréhensible pour le logiciel économiste qui régit historiquement la gauche "radicale" hexagonale, et plus largement pour quiconque n'a pas compris la manière dont s'est construit et (donc) fonctionne l'État français : il s'agit en fait, tout simplement, de "briser" de cette manière les Peuples au "particularisme" (caractère national) le plus affirmé. Rappelons ainsi que la Corse avait été dans un premier temps (1960) rattachée à la région PACA : ce n'est que 10 ans plus tard, face à un large mouvement de contestation et (déjà) à l'émergence de la réaffirmation en tant que Peuple, qu'elle avait été érigée en région en tant que telle.


    2. Dans la même veine de "blocage existentiel" pour l’État français, il y a le fameux débat sur la Charte des langues minoritaires et régionales qui revient en ce moment même au Parlement. Cette convention internationale du Conseil de l'Europe (et non de l'UE) a été signée par l’État français en 1999, comme par une bonne trentaine d'autres États, mais il ne l'a jamais ratifiée (comme l'Islande, l'Italie ou... la Russie) car elle contreviendrait à l'article 2 de sa Constitution qui stipule que "la langue de la République est le français". C'est justement cette disposition qu'il est question d'amender par une majorité des 3/5èmes (60%) de l'Assemblée et du Sénat réunis en Congrès ; ce qui était une promesse électorale de Hollande réactivée par Ayrault... non sans lien avec la situation de bouillonnement "régionaliste" en Bretagne depuis l'automne dernier. Mais cela ne va pas sans blocages et l'on voit se dessiner ici deux camps bourgeois que l'on retrouve assez souvent dans divers débats, à commencer par ceux sur l'Europe : les "démocrates", les "libéraux" plus ou moins conservateurs ou "sociaux" qui vont de l'aile "gauche" de l'UMP (ceux qui viennent de l'ancienne UDF) aux Verts en passant par l'UDI, le Modem et une bonne partie du PS ; et les "républicains" ce qui n'est pas du tout la même chose et regroupe la droite de l'UMP, le FN, les "souverainistes" de tout poil et le Front de Gauche - on se souvient des tirades mémorables de Mélenchon sur la question. Grosso modo, l'on peut dire qu'il y a d'un côté ceux qui ne voient pas dans ces "langues régionales" un danger pour le capitalisme, voire même pensent qu'il y a moyen de "rentabiliser" la chose (développer des liens économiques avec l'Allemagne en Alsace, la Catalogne et le Pays basque "espagnol" dans le "Sud" etc. etc.) ; et de l'autre ceux qui y voient une menace pour l'"unité" et la stabilité de l’État, donc pour le Capital, en particulier pour les monopoles centralisés à Paris.

    europe-langues-ueCe type de blocage est assez unique en Europe, ce qui tient aux particularités historiques de l’État BBR. Dans la plupart des États (Allemagne, Autriche, Scandinavie, Europe de l'Est) d'abord, les langues "minoritaires" sont un phénomène assez marginal consistant essentiellement en des "débordements" de la nationalité principale d'un État voisin sur leur territoire, suite à des découpages malheureux. Il y a une langue "standard" et des dialectes "régionaux", mais ceux-ci forment un diasystème (ils sont largement intercompréhensibles). Le Royaume-Uni, lui, s'est toujours considéré comme une union de nations différentes sous une même couronne royale. D'ailleurs, lorsqu'une possession de la Couronne veut se "faire la malle", Londres est connue pour ne guère "batailler" et réorganiser rapidement sa domination par d'autres biais (compradores locaux) : il y a eu de courtes guerres en Irlande, au Kenya ou encore en Malaisie (contre les communistes, l'indépendance en elle-même étant déjà actée) mais jamais de "guerre d'Inde" par exemple, comme il y a eu une guerre d'Algérie, d'Indochine etc... La Suisse est dans un schéma comparable et l’État fédéral existe à vrai dire surtout pour la défense et la diplomatie, en dehors de quoi chaque canton "fait sa vie" autour de la place bancaire qui assure son existence. L'Italie a conscience que son unité comme État a été tardive et qu'à côté de l'"italien" (le toscan académisé) les dialetti font partie du patrimoine "national" populaire. La Belgique gère comme elle peut sa binationalité (plus une petite minorité germanophone) depuis 40 ans ; mais enfin, si elle venait à se diviser en deux, ce serait (de toute façon) la fête chez les bourgeois flamands et pas non plus la mort en Wallonie (qui pourrait par exemple frapper à la porte de la "France"). L’État espagnol a suivi le "modèle français" depuis qu'un petit-fils de Louis XIV est monté sur le trône en 1700 (Paris devenant de fait "suzerain" de l’État ibérique), mais il a dû lâcher du lest après la mort de Franco pour assurer sa propre survie dans une situation qui devenait explosive. Il ne reconnaît d'ailleurs que trois langues nationales (euskara, catalan et galicien), les plus nettement différentes du castillan... Aragonais, Andalous, Canariens, Asturiens etc. passent gaiment par pertes et profits.

    Ceci rejoint d'ailleurs ce que nous avons maintes fois dit et répété : une langue, c'est un patrimoine populaire et un "critère" important, mais ce n'est pas la seule chose à même de définir une réalité nationale. De nombreuses nationalités parlent la même langue qu'une ou plusieurs autres (ne serait-ce que les Américains, les Canadiens anglophones, les Australiens et les Anglais ; les Brésiliens et les Portugais etc.) ou une langue différant très peu de celle d'une autre (comme les Turcs et les Azéris, les Iraniens et les Kurdes etc.). De nombreuses autres ont simplement adopté la langue de la nation qui les domine, perdant (totalement ou quasi) leur langue originelle et développant une variante populaire locale. C'est ainsi qu'en Bretagne par exemple il y a le gallo, variante populaire bretonne de l'oïl du Val du Loire (lui-même source principale du français académique...) qui a peu à peu, du 12e au 16e siècle, pénétré le duché pré-moderne jusqu'à Vannes et Saint-Brieuc en "effaçant" le brezhoneg celtique à l'est de ces deux villes. De même qu'en Irlande, le gaélique est la langue officielle et apprise par les enfants à l'école mais n'est réellement utilisé dans la vie de tous les jours que dans quelques comtés de l'Ouest : 95% des Irlandais parlent au quotidien un "anglais populaire d'Irlande".

    À vrai dire, même la question "nationale" (masses populaires laborieuses + bourgeoisie exploiteuse), au fond, compte peu pour nous. Ce qui nous intéresse, ce sont les PEUPLES, construits autour d'une conscience (un "bon sens") populaire et d'une mémoire  qui sont le résultat d'une histoire. Pour la classe dominante (depuis le 18e siècle, la bourgeoisie seule), cette mémoire est un danger car elle contient le souvenir de la gigantesque usurpation, de la gigantesque spoliation de forces productives qu'a été le développement du capitalisme. Il faut donc l'"effacer", et par conséquent priver les Peuples de leur conscience d'être. Il faut faire croire aux Peuples que leur "identité" c'est celle de leurs exploiteurs ; qu'ils sont "français", "britanniques", "espagnols", "italiens" etc. etc. Dans l’État français, ce phénomène est particulièrement marqué. Cela tient à la psychologie de classe de la bourgeoisie dominante, sur laquelle il nous faudra sans doute revenir dans de prochaines publications : en 1789, lorsqu'éclate la "révolution" bourgeoise, la France est incontestablement la première puissance européenne et donc mondiale. La bourgeoisie élimine les derniers restes de féodalité, prend le pouvoir pour elle seule et se lance alors à la conquête du monde sous le drapeau de la "liberté". Malheureusement, si les idées (les "Lumières") submergent effectivement la planète, au niveau de la PUISSANCE concréto-concrète c'est un échec, définitivement scellé sur le champ de bataille de Waterloo. La France ne sera plus jamais la première puissance mondiale, dès lors toujours devancée par l'Angleterre, puis les États-Unis et d'autres (à présent la Chine). Il en résulte un profond sentiment de "grandeur" perdue, et une classe dominante fondamentalement aux abois. Les pertes de prestige successives après la déroute de 1870, puis après chaque guerre mondiale n'ont fait qu'aggraver les choses. Ce sentiment d'avoir produit des idées qui ont parcouru et changé la face du monde, mais d'avoir "en échange" perdu la "grandeur", la puissance géopolitique et le rayonnement intellectuel du 18e siècle structure profondément la pensée dominante "française" ; et qui n'étudie pas cela (ce que nous tentons de faire) ne comprend pas l'ennemi et ne peut donc efficacement le combattre (tombant dans ses pièges, le plus connu étant le social-"patriotisme" revendiqué dernièrement par Montebourg par exemple).

    Toutes les "rigidités" psychologiques de la bourgeoisie BBR, sur les "langues régionales" comme des dizaines d'autres sujets, s'expliquent pour beaucoup par là : un manque de confiance en soi de la bourgeoisie monopoliste "centrale", en quelque sorte. Les États-Unis, par exemple, arrivent (pour le moment) à "gérer" les douloureuses réminiscences de leur histoire : esclavage puis ségrégation des Afro-descendants, génocide et spoliation des Natifs, conquête de 30% du territoire actuel sur le Mexique alors que les Latinos sont désormais près de 20% de la population, etc. Les films ‘‘grand public’’ sur ces questions se sont multipliés depuis une trentaine d'années ; ni l’esclavage ni le génocide indigène, ni la ségrégation et le racisme dans le Sud ni le maccarthysme ne sont des sujets tabous ; il y a même un film sur les San Patricios (donc la sanglante conquête de la moitié du Mexique) dont nous avons parlé... Les premiers films sur le Vietnam (ou séries sur l’Irak !) sont sortis avant même la fin de la guerre : combien de temps a-t-il fallu pour voir dans les salles de "France" quatre films mièvres et bien-pensants sur la guerre d'Algérie ; combien d'années Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier ou La Bataille d'Alger de Pontecorvo ont-ils été bannis des écrans ? Certes, il faudra sans doute attendre encore un peu pour voir au cinéma US un soldat désertant devant les horreurs de l'occupation et rejoignant la résistance irakienne ou afghane (enfin si, cela existe - Homeland - mais pas dans le beau rôle) ; mais bon...  La bourgeoisie US "gère" autant que possible, du moment que la majorité de la population reste solidement ancrée dans les valeurs réactionnaires rednecks (notamment religieuses) et le culte du drapeau et qu'une minorité liberal considère que le système est certes imparfait et perfectible, mais qu'il n'y en a pas de meilleur au monde : ‘‘Dieu bénisse l’Amérique’’ ! La bourgeoisie BBR, à tort ou à raison, ne pense pas pouvoir "gérer" ainsi ; et n'a pour seul mot d'ordre à la bouche que de "clore le débat" : circulez, y a rien à voir ! Dans les revendications pour les langues "régionales", la réunification de la Bretagne ou un département basque, elle voit non sans raison une double menace : celle de bourgeoisies locales tentées par le "parti de l'étranger" (se tourner économiquement vers les États voisins, se détourner du Centre monopoliste francilien) ; et celle de Peuples se réappropriant leur mémoire et donc prêts à briser les chaînes hégémoniques de l'idéologie BBR et à partir à la reconquête de leur destin. Et l'arsenal contre cela se déploie de la droite de la droite (1-2-3-4) jusqu'à l'"extrême-gauche" y compris "anarchiste" (CNT-AIT) et même "maoïste" ('p''c''mlm') !

    Nous, notre position est claire. Nous ne voulons pas d'une "réforme"-réorganisation administrative de l’État BBR du Capital ; nous voulons le renversement du capitalisme, la libération révolutionnaire des Peuples et leur organisation politique démocratique et socialiste sur la base de la COMMUNE POPULAIRE. Nous nous FOUTONS BIEN, aussi, d'une "reconnaissance" des langues "régionales" jetée aux masses populaires comme un nonos à ronger par la frange "libérale" de la bourgeoisie : "République" des monopoles, nous ne sommes pas tes "régions" (et encore moins tes "provinces" !!!), pas même pour "avoir du talent" ! Nous voulons pour les Peuples d'Hexagone, dont notre Peuple occitan, la reconquête révolutionnaire de leur mémoire et de leur conscience. Nous voulons renverser le Capital et nous savons que dans cette lutte prolongée, l'affrontement physique de masse entre révolution et contre-révolution est déjà la phase finale : avant d'en arriver là, il faut briser les murailles idéologiques dont s'entoure la classe dominante. Reconquérir cette mémoire et cette conscience, c'est (entre autre choses) contribuer à briser ces murs.

    Au sujet de cette organisation sociale territoriale du futur Hexagone socialiste que nous voulons, refusant le maintien ou la restauration ‘‘rouge’’ de la prééminence parisienne, nous avons maintes fois évoqué l'exemple de ce que la jeune URSS du début des années 1920 a tenté d'être mais n'a hélas point été car l'esprit suprématiste petit-bourgeois de la nation dominante russe, parfois incarné plus que tout autre dans des ‘allogènes’ (non-russes) ‘russifiés’ (l'assimilé n'est-il pas l'arme suprême des nations dominantes depuis la nuit des temps ? quel meilleur "anti-communautariste" qu'un "Arabe" "républicain", "laïc" blablabla blablabla ?), a fini par revenir au galop. Eh bien voilà : nous vous livrons ci-après les mots de Lénine lui-même sur cette question, face aux évènements qui se déroulaient alors dans le Caucase. S'il y a bien des écrits méconnus de Vladimir Illitch, ce sont ceux postérieurs à son attaque cérébrale de mai 1922 ; et pour cause : après sa mort, par (soi-disant) "respect" pour la "diminution" du dirigeant au moment de leur rédaction, ils furent lus à huis clos au 13e Congrès du PCbUS (mai 1924) puis... enterrés et jamais officiellement rendus publics jusqu'en 1956. L'utilisation qui en fut faite par Trotsky et (plus que lui peut-être) ses partisans, qui publièrent clandestinement ces notes en 1926 pour affirmer que Lénine aurait "désigné" Trotsky comme son "successeur", puis par Khrouchtchev lors de la "déstalinisation" achevèrent de les discréditer ; au point que parmi les défenseurs-fétichistes les plus acharnés du Grand Moustachu géorgien il s'en trouvera sans doute encore, en 2014 après Jésus-Christ, pour affirmer que ce sont des "falsifications" trotskystes ou khrouchtchévistes grossières (ce que le Moustachu lui-même, après l'avoir affirmé en 1926, a pourtant démenti l'année suivante). Le texte qui suit porte pourtant l'empreinte intellectuelle incontestable du leader bolchévik, et le montre au demeurant en pleine possession de sa lucidité et de sa combattivité. Vu, en outre, comme il va très largement à l’encontre de la pensée de Trotsky comme de la pratique de Khrouchtchev et Brejnev sur la question, il est infiniment improbable qu’il soit le fruit d’une ‘falsification’ lors de la republication du ‘‘testament politique’’ en 1956. Il consiste en la succession de trois notes rédigées fin décembre 1922 (les passages surlignés en gras et les annotations entre crochets en rouges sont de nous) :

    La question des nationalités ou de l'"autonomie"


    lenineJe suis fort coupable, je crois, devant les ouvriers de Russie, de n'être pas intervenu avec assez d'énergie et de rudesse dans la fameuse question de l'autonomie, appelée officiellement, si je ne me trompe, question de l'union des républiques socialistes soviétiques.

    En été, au moment où cette question s'est posée, j'étais malade, et en automne j'ai trop compté sur ma guérison et aussi sur l'espoir que les sessions plénières d'octobre et de décembre [2] me permettraient d'intervenir dans cette question. Or, je n'ai pu assister ni à la session d'octobre (consacrée à ce problème), ni à celle de décembre ; et c'est ainsi que la question a été discutée presque complètement en dehors de moi.

    J'ai pu seulement m'entretenir avec le camarade Dzerjinski qui, à son retour du Caucase, m'a fait savoir où en était cette question en Géorgie. J'ai pu de même échanger deux mots avec le camarade Zinoviev et lui dire mes craintes à ce sujet. De la communication que m'a faite le camarade Dzerjinski, qui était à la tête de la commission envoyée par le Comité central pour «enquêter» sur l'incident géorgien, je n'ai pu tirer que les craintes les plus sérieuses. Si les choses en sont venues au point qu'Ordjonikidzé s'est laissé aller à user de violence, comme me l'a dit le camarade Dzerjinski, vous pouvez bien vous imaginer dans quel bourbier nous avons glissé. Visiblement, toute cette entreprise d'«autonomie» a été foncièrement erronée et inopportune.

    On prétend qu'il fallait absolument unifier l'appareil. D'où émanaient ces affirmations ? N'est-ce pas de ce même appareil de Russie, que, comme je l'ai déjà dit dans un numéro précédent de mon journal, nous avons emprunté au tsarisme en nous bornant à le badigeonner légèrement d'un vernis soviétique ?

    Sans aucun doute, il aurait fallu renvoyer cette mesure jusqu'au jour où nous aurions pu dire que nous nous portions garants de notre appareil, parce que nous l'avions bien en mains. Et maintenant nous devons en toute conscience dire l'inverse ; nous appelons nôtre un appareil qui, de fait, nous est encore foncièrement étranger et représente un salmigondis de survivances bourgeoises et tsaristes, qu'il nous était absolument impossible de transformer en cinq ans faute d'avoir l'aide des autres pays et alors que prédominaient les préoccupations militaires et la lutte contre la famine.

    Dans ces conditions, il est tout à fait naturel que «la liberté de sortir de l'union» qui nous sert de justification, apparaisse comme une formule bureaucratique incapable de défendre les allogènes de Russie contre l'invasion du Russe authentique, du Grand-Russe, du chauvin, de ce gredin et de cet oppresseur qu'est au fond le bureaucrate russe typique. Il n'est pas douteux que les ouvriers soviétiques et soviétisés, qui sont en proportion infime, se noieraient dans cet océan de la racaille grand-russe chauvine, comme une mouche dans du lait.

    Pour appuyer cette mesure, on dit que nous avons créé les commissariats du peuple s'occupant spécialement de la psychologie nationale, de l'éducation nationale. Mais alors une question se pose : est-il possible de détacher ces commissariats du peuple intégralement ? Seconde question : avons- nous pris avec assez de soin des mesures pour défendre réellement les allogènes contre le typique argousin russe ? Je pense que nous n'avons pas pris ces mesures, encore que nous eussions pu et dû le faire.

    Je pense qu'un rôle fatal a été joué ici par la hâte de Staline et son goût pour l'administration, ainsi que par son irritation contre le fameux «social-nationalisme» [‘‘identitaires de gauche’’ diraient certains aujourd’hui…]. L'irritation joue généralement en politique un rôle des plus désastreux.

    Je crains aussi que le camarade Dzerjinski, qui s'est rendu au Caucase pour enquêter sur les «crimes» de ces «social-nationaux», se soit de même essentiellement distingué ici par son état d'esprit cent pour cent russe (on sait que les allogènes russifiés forcent constamment la note en l'occurrence), et que l'impartialité de toute sa commission se caractérise assez par les «voies de fait» d'Ordjonikidzé. Je pense que l'on ne saurait justifier ces voies de fait russes par aucune provocation, ni même par aucun outrage, et que le camarade Dzerjinski a commis une faute irréparable en considérant ces voies de fait avec trop de légèreté.

    Ordjonikidzé représentait le pouvoir pour tous les autres citoyens du Caucase. Il n'avait pas le droit de s'emporter, droit que lui et Dzerjinski ont invoqué. Ordjonikidzé aurait dû, au contraire, montrer un sang-froid auquel aucun citoyen ordinaire n'est tenu, à plus forte raison s'il est inculpé d'un crime « politique». Car, au fond, les social-nationaux étaient des citoyens inculpés d'un crime politique, et toute l'ambiance de cette accusation ne pouvait le qualifier autrement.

    Ici se pose une importante question de principe : Comment concevoir l'internationalisme ?[3]

    Lénine

    30.XII.22.

    Consigné par M.V.

    sovietunited.jpgSuite des notes.

    31 décembre 1922.

    J'ai déjà écrit dans mes ouvrages sur la question nationale qu'il est tout à fait vain de poser dans l'abstrait la question du nationalisme en général. Il faut distinguer entre le nationalisme de la nation qui opprime et celui de la nation opprimée, entre le nationalisme d'une grande nation et celui d'une petite nation.

    Par rapport au second nationalisme, nous, les nationaux d'une grande nation, nous nous rendons presque toujours coupables, à travers l'histoire, d'une infinité de violences, et même plus, nous commettons une infinité d'injustices et d'exactions sans nous en apercevoir. Il n'est que d'évoquer mes souvenirs de la Volga sur la façon dont on traite chez nous les allogènes : le Polonais, le Tatar, l'Ukrainien, le Géorgien et les autres allogènes du Caucase ne s'entendent appeler respectivement que par des sobriquets péjoratifs, tels «Poliatchichka», «Kniaz», «Khokhol», «Kapkazski tchélovek».

    Aussi l'internationalisme du côté de la nation qui opprime ou de la nation dite «grande» (encore qu'elle ne soit grande que par ses violences, grande simplement comme l'est, par exemple, l'argousin) doit-il consister non seulement dans le respect de l'égalité formelle des nations, mais encore dans une inégalité compensant de la part de la nation qui opprime, de la grande nation, l'inégalité qui se manifeste pratiquement dans la vie. Quiconque n'a pas compris cela n'a pas compris non plus ce qu'est l'attitude vraiment prolétarienne à l'égard de la question nationale : celui-là s'en tient, au fond, au point de vue petit-bourgeois et, par suite, ne peut que glisser à chaque instant vers les positions de la bourgeoisie.

    Qu'est-ce qui est important pour le prolétaire? Il est important, mais aussi essentiel et indispensable, qu'on lui assure dans la lutte de classe prolétarienne le maximum de confiance de la part des allogènes. Que faut-il pour cela ? Pour cela il ne faut pas seulement l'égalité formelle, il faut aussi compenser d'une façon ou d'une autre, par son comportement ou les concessions à l'allogène, la défiance, le soupçon, les griefs qui, au fil de l'histoire, ont été engendrés chez lui par le gouvernement de la nation «impérialiste».

    Je pense que pour les bolchéviks, pour les communistes, il n'est guère nécessaire d'expliquer cela plus longuement. Et je crois qu'ici nous avons, en ce qui concerne la nation géorgienne, l'exemple typique du fait qu'une attitude vraiment prolétarienne exige que nous redoublions de prudence, de prévenance et d'accommodement. Le Géorgien qui considère avec dédain ce côté de l'affaire, qui lance dédaigneusement des accusations de «social-nationalisme» (alors qu'il est lui-même non seulement un vrai, un authentique «social-national», mais encore un brutal argousin grand-russe), ce Géorgien-là porte en réalité atteinte à la solidarité prolétarienne de classe, car il n'est rien qui en retarde le développement et la consolidation comme l'injustice nationale ; il n'est rien qui soit plus sensible aux nationaux «offensés» que le sentiment d'égalité et la violation de cette égalité, fût-ce par négligence ou plaisanterie, par leurs camarades prolétaires. Voilà pourquoi, dans le cas considéré, il vaut mieux forcer la note dans le sens de l'esprit d'accommodement et de la douceur à l'égard des minorités nationales que faire l'inverse. Voilà pourquoi, dans le cas considéré, l'intérêt fondamental de la solidarité prolétarienne, et donc de la lutte de classe prolétarienne, exige que nous n'observions jamais une attitude purement formelle envers la question nationale, mais que nous tenions toujours compte de la différence obligatoire dans le comportement du prolétaire d'une nation opprimée (ou petite) envers la nation qui opprime (ou grande).

    Lénine

    Consigné par M.V.

    31.XII.22.

    Suite des notes.

    31 décembre 1922.

    1123px-SovietCentralAsia1922.svg.pngQuelles sont donc les mesures pratiques à prendre dans la situation ainsi créée ?

    Premièrement, il faut maintenir et consolider l'union des républiques socialistes ; il ne peut exister aucun doute sur ce point. Cette mesure nous est nécessaire comme elle l'est au prolétariat communiste mondial pour combattre la bourgeoisie mondiale et pour se défendre contre ses intrigues.

    Deuxièmement, il faut maintenir l'union des républiques socialistes en ce qui concerne l'appareil diplomatique. C'est d'ailleurs une exception dans notre appareil d’État. Nous n'y avons pas admis une seule personne quelque peu influente de l'ancien appareil tsariste. Dans son personnel les cadres moyens comme les cadres supérieurs sont communistes. Aussi a-t-il déjà conquis (on peut le dire hardiment) le nom d'appareil communiste éprouvé, infiniment mieux épuré des éléments de l'ancien appareil tsariste, bourgeois et petit-bourgeois que celui dont nous sommes obligés de nous contenter dans les autres commissariats du peuple.

    Troisièmement, il faut infliger une punition exemplaire au camarade Ordjonikidzé (je dis cela avec d'autant plus de regret que je compte personnellement parmi ses amis et que j'ai milité avec lui à l'étranger, dans l'émigration), et aussi achever l'enquête ou procéder à une enquête nouvelle sur tous les documents de la commission Dzerjinski, afin de redresser l'énorme quantité d'irrégularités et de jugements partiaux qui s'y trouvent indubitablement. Il va de soi que c'est Staline et Dzerjinski qui doivent être rendus politiquement responsables de cette campagne foncièrement nationaliste grand-russe.

    Quatrièmement, il faut introduire les règles les plus rigoureuses quant à l'emploi de la langue nationale dans les républiques allogènes faisant partie de notre Union, et vérifier ces règles avec le plus grand soin. Il n'est pas douteux que, sous prétexte d'unité des services ferroviaires, sous prétexte d'unité fiscale, etc., une infinité d'abus de nature authentiquement russe, se feront jour chez nous avec notre appareil actuel. Pour lutter contre ces abus, il faut un esprit d'initiative tout particulier, sans parler de l'extrême loyauté de ceux qui mèneront cette lutte. Un code minutieux sera nécessaire, et seuls les nationaux habitant la république donnée sont capables de l'élaborer avec quelque succès. Et il ne faut jamais jurer d'avance qu'à la suite de tout ce travail on ne revienne en arrière au prochain Congrès des Soviets en ne maintenant l'union des républiques socialistes soviétiques que sur le plan militaire et diplomatique, et en rétablissant sous tous les autres rapports la complète autonomie des différents commissariats du peuple.

    Il ne faut pas oublier que le morcellement des commissariats du peuple et le défaut de coordination de leur fonctionnement par rapport à Moscou et autres centres peuvent être suffisamment compensés par l'autorité du Parti, si celle-ci s'exerce avec assez de circonspection et en toute impartialité ; le préjudice que peut causer à notre État l'absence d'appareils nationaux unifiés avec l'appareil russe est infiniment, incommensurablement moindre que celui qui en résulte pour nous, pour toute l'Internationale, pour les centaines de millions d'hommes des peuples d'Asie, qui apparaîtront après nous sur l'avant-scène historique dans un proche avenir. Ce serait un opportunisme impardonnable si, à la veille de cette intervention de l'Orient et au début de son réveil, nous ruinions à ses yeux notre autorité par la moindre brutalité ou injustice à l'égard de nos propres allogènes. Une chose est la nécessité de faire front tous ensemble contre les impérialistes d'Occident, défenseurs du monde capitaliste. Là il ne saurait y avoir de doute, et il est superflu d'ajouter que j'approuve absolument ces mesures. Autre chose est de nous engager nous-mêmes, fût-ce pour les questions de détail, dans des rapports impérialistes à l'égard des nationalités opprimées, en éveillant ainsi la suspicion sur la sincérité de nos principes, sur notre justification de principe de la lutte contre l'impérialisme. Or, la journée de demain, dans l'histoire mondiale, sera justement celle du réveil définitif des peuples opprimés par l'impérialisme et du commencement d'une longue et âpre bataille pour leur affranchissement.

    Lénine

    31.XII.22.

    Consigné par M.V.


    Les notes rajoutées par l’éditeur sont signalées par [N.E.]


    [1] Autonomie, projet d'organiser toutes les républiques formant la R.S.F.S.R. sur des bases d'autonomie [NDLR en clair : que les différentes nationalités forment des républiques "autonomes" (à quel point... à voir !) dans la Fédération soviétique de Russie, ce qui assurait clairement la domination russe ; et non des républiques nationales réunies en Union des Républiques socialistes, système qui sera lui aussi dévoyé avec le temps, mais enfin le premier était bien pire]. Le projet d'"autonomie" fut déposé par Staline. Lénine le critiqua sévèrement et proposa une solution foncièrement différente à cette question : formation de l'Union des républiques socialistes soviétiques englobant des républiques égales en droit. En décembre 1922 le 1er Congrès des Soviets de l'U.R.S.S. prit la décision de former l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques. [N.E.]

    [2] Il s'agit des sessions plénières du C.C. du P.C.(b)R. qui eurent lieu en octobre et décembre 1922 et qui délibérèrent du problème de la formation de l'U.S.S.R. [N.E.]

    [3] Plus loin, dans les notes sténographiées, la phrase « Je pense que nos camarades n'ont pas suffisamment compris cette importante question de principe » est barrée. [N.E.]


    [Sur cette même question, et tendant à prouver l'authenticité (parfois contestée) de ce que dit Lénine, lire aussi :

    https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1921/04/vil19210414.htm

    "Il importe infiniment plus de maintenir et de développer le pouvoir des Soviets qui constitue la transition au socialisme. Tâche difficile, mais parfaitement réalisable. Pour pouvoir s'en acquitter avec succès, il importe par-dessus tout que les communistes de Transcaucasie comprennent les particularités de leur situation, de la situation de leurs républiques, différente de la situation et des conditions de la République socialiste fédérative soviétique de Russie ; qu'ils comprennent la nécessité de ne pas copier notre tactique, mais de la modifier, après mûre réflexion, en fonction des différentes conditions concrètes." (...)]

    [NDLR la citation de référence de Lénine sur toute ces questions est la suivante : présentant le programme du Parti en 1917, Lénine dit que “Nous voulons la libre union des nationalités, c'est pourquoi nous devons leur reconnaitre le droit de se séparer : sans la liberté de se séparer, aucune union ne peut être qualifiée de libre”. Précisons ici que dans le même texte de référence, Lénine dit aussi que "Mais, d'autre part, nous ne souhaitons nullement la séparation. Nous voulons un État aussi grand que possible, une union aussi étroite que possible, un aussi grand nombre que possible de nations qui vivent au voisinage des Grands-Russes ; nous le voulons dans l'intérêt de la démocratie et du socialisme, en vue d'amener à la lutte du prolétariat le plus grand nombre possible de travailleurs de différentes nations. Nous voulons l'unité du prolétariat révolutionnaire, l'union et non la division"... ce que saisiront bien sûr au vol tous les jacobinards, espagnolistes et autres "britannistes" "rouges" pour alimenter et "confirmer" leurs "arguments" pourris ; alors que Lénine ne fait qu'exprimer là son internationalisme, son souhait (et c'est bien le moins que l'on puisse attendre de lui...) de voir le "maximum" de Peuples travailleurs unis autour de la révolution prolétarienne pour la libération de l'humanité et le communisme (et l'Empire tsariste, avec ses presque 22 millions de km² et ses 180 millions d'habitant-e-s à cheval sur deux continents, était bien sûr le cadre géographique "rêvé" pour cela), et nullement un quelconque centralisme jacobin conforme à leurs fantasmes (ou, mieux dit, à leur râtelier historique) de petits bourgeois et/ou d'aristocrates ouvriers. Il s'agit bien d'une union "la plus large et étroite possible" mais qui, comme on l'a dit, ne peut être qu'une union LIBRE, "librement" c'est-à-dire démocratiquement consentie et non forcée comme celle des 130 départements de la "France" "révolutionnaire" bourgeoise des années 1790-1800 ; une union d'ailleurs uniquement possible dans le cadre d'un système supérieur socialiste ("la révolution sociale met à l'ordre du jour l'union des seuls États qui sont passés au socialisme ou qui marchent vers le socialisme") ; et pour laquelle Lénine est d'ailleurs même prêt à "perdre" des Peuples au profit de la Réaction (Pologne, Finlande) au nom de ce principe supérieur de liberté d'union ou de séparation (une vision plus "jacobine" autoritaire était peut-être celle de Staline et de quelques autres ; ainsi que très certainement de Trotsky, Rosa Luxemburg et autres "hochets" perpétuellement agités par les "anti-staliniens" en réalité anti-léninistes ; mais elle fut - comme on peut le voir ici - impitoyablement combattue par Lénine jusqu'à son dernier souffle et le temps est révolu de faire dire à Vladimir Illitch tout et n'importe quoi - et surtout ce qui nourrit ses propres fantasmes de pathétique "soldat de l'an II" avec 220 ans de retard, d'"universaliste" impérial etc. etc.). Une telle union "libre" (démocratique) de Peuples marchant vers le communisme, il est bien évident que nous aussi la souhaitons la plus large possible, la plus "solide" au sens de détermination des Peuples associés à ne pas "lâcher" le projet révolutionnaire commun, et d'ailleurs pas (nous ne voyons pas pourquoi) limitée aux frontières hexagonales de l’État "français" légué par la bourgeoisie (les gens ne puent pas, à notre connaissance, au-delà de celles-ci).]

    [Précision importante suite à des réactions "fana-staliniennes" auxquelles il fallait s'attendre : il est bien question ici d'une mission (Dzerjinsky-Ordjonikidzé) envoyée par le Comité central "pansoviétique" de Moscou auprès du PARTI COMMUNISTE BOLCHÉVIK géorgien ; les "social-nationalistes" en question ne sont nullement des nationalistes bourgeois revêtus de thèses menchéviques comme il en existait un fort courant en Géorgie à l'époque (mais peu ou prou totalement écarté en 1922) ; c'est bien aux COMMUNISTES géorgiens* qu'est imposé (contre les conceptions de Lénine, malade et impuissant) un brutal hégémonisme grand-russe. Quant à l'idée (là encore il fallait s'y attendre !) d'une "falsification" de ces notes de Lénine republiées ("comme par hasard" diront-ils...) en 1956, connaissant le "grand-slavisme" russo-ukrainien de Khrouchtchev et consorts, nous en voyons mal l'intérêt... S'il y a bien un point sur lequel Khrouchtchev ne rompt pas avec Staline mais au contraire aggrave la tendance, c'est bien celui-là (d'ailleurs en cette même fatidique année 1956, une ville d'Ukraine était renommée... Ordjonikidzé) ! Et pour ce qui est des éructations de "SLP trotskyyyste" que nous voyons déjà (d'ici oui oui) germer dans certaines têtes qui ne se donnent pas pour autant la peine de nous lire, la réponse est ici : Sur la "révolution permanente" et le trotskysme. Il n'y a tout simplement pas de théoricien marxiste des années 1920-30 plus contraire à notre vision des choses que Trotsky !

    * Parmi eux, Mdivani connaîtra par la suite la répression du fait de sa proximité avec l'Opposition de Gauche trotskyste, quoi qu'il ait été un temps réhabilité dans les années 1930 et ait même occupé à nouveau des fonctions importantes à ce moment-là ; en revanche, Makharadzé ne sera jamais "victime de la répression stalinienne" et au contraire dirigera la Transcaucasie puis la Géorgie soviétique jusqu'à sa mort en 1941, devenant même peu avant vice-président du Soviet suprême de l'Union... De fait, les communistes géorgiens de l'"affaire" auront subi une défaite par la fusion de la Géorgie, pour un temps (jusqu'en 1936), avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans une grande république fédérative de Transcaucasie, ce qu'ils refusaient ; mais également remporté une victoire puisque cette Transcaucasie sera bien une république soviétique fédérée aux autres dans l'URSS, et non absorbée comme simple "république autonome" dans la Russie soviétique.]

    Sur la question spécifique du rapport de la Révolution bolchévique avec les musulmans (10% de la population de l'ex-Empire tsariste devenu URSS), nous pouvons aussi vous inviter à lire le texte suivant :

    Marx, Lénine, les bolchéviks et l’islam


    Tant la source (Investig'Action de Michel Collon) que l'auteur (Bruno Drweski, intellectuel tendance "Comité Valmy" parfois repris par la mouvance Asselineau-UPR/Cercle des Volontaires) sont sulfureux mais s'il vous plaît faites l'effort de lire, sur le plan des faits historiques c'est très intéressant (et d'ailleurs très largement "pompé" de sources marxistes tout à fait potables comme celle-ci par exemple, l'intérêt étant finalement d'en faire une "synthèse"). On y voit notamment comment Lénine a dû lutter contre les mêmes conceptions laïcardes et "civilisatrices" qui dominent aujourd'hui encore le débat politique hexagonal à "gauche" ; et pire encore contre des éléments qui se peignaient de "rouge" pour perpétuer leur domination coloniale... Cessons (nom de dieu !) de paralyser la réflexion communiste au nom de la dénonciation formaliste de "la souuuuurce" !!! C'est tout simplement faire insulte à l'intelligence individuelle, comme si les gens n'étaient pas capables de "prendre" le "bon" d'un texte (surtout si ce sont des faits historiques objectifs, authentiques peu importe qui les énonce !) et de "laisser" le "mauvais", les conclusions "rouges-brunes" (terme qui veut tout dire et rien dire, répétons-le encore une fois) qu'en tire l'auteur... [bien sûr nous éviterions de mettre en lien un texte aux propos ouvertement antisémites, racistes etc. mais ce n'est pas le cas ici].

    LIRE AUSSI ABSOLUMENT ces deux textes de Safarov, bolchévik historique qui fut chargé autour de 1920 d'asseoir le pouvoir soviétique en Asie centrale en s'y confrontant à la fois à la résistance nationaliste anticommuniste locale (basmashis) et à la tendance au chauvinisme grand-russe de trop nombreux cadres "révolutionnaires" ; s'engageant notamment dans une polémique avec l'autre haut responsable dans la région Mikhaïl Tomsky ; polémique dans laquelle il aura le soutien de Lénine :

    L'évolution de la question nationale

    L'Orient et la Révolution

    Sur la question des langues "régionales", lire aussi : Comment les langues du Peuple ont été rendues illégitimes - très bon article d'une occitaniste universitaire montpelliéraine rappelant ces évidences que "la Révolution de 1789 est une révolution bourgeoise, et les républiques qui l’ont suivie le sont tout autant" (ce qui fait toute sa différence avec la Révolution bolchévique de Lénine, ouvrière et paysanne) ; et que "ce qui est en jeu est fondamentalement d’ordre social" : "supprimer le « patois », c’est ôter un écran entre les masses et la parole normative des nouveaux maîtres", lesquels pensent "non sans naïveté" que "quand ils (les masses travailleuses) parleront comme nous (les bourgeois), ils penseront comme nous et ne bougeront que dans les limites que nous leur fixerons"...


    jour-colere-2377989-jpg_2043841.JPG3. Autre actualité ‘‘phare’’ du week-end écoulé, la manifestation d’ultra-droite ‘‘Jour de Colère’’ à Paris. Avec (selon les estimations les plus sérieuses) une grosse vingtaine de milliers de manifestant-e-s, contre plusieurs centaines de milliers (voire un million) pour les ‘‘Manifs pour tous’’ du début 2013, le ‘‘Mai 68 de droite’’ (formule bien trouvée, pour le coup !) que traverse le processus hexagonal de fascisation rampante (à l’œuvre depuis au moins 12 ans) semble être dans le creux de la vague, en repli tactique et réorganisation…  ce qui ne veut pas dire qu’une nouvelle déferlante plus terrible encore ne va pas se lever bientôt ; le contraire est même certain, vu la merde social-libérale qui sert de politique à Hollande et ses comparses !

    On ne reviendra pas en long, en large et en travers sur les revendications de la cinquantaine d'associations et collectifs appelants (homophobie, anti-IVG, "sécurité", "immigration", "identité nationale"), qui ne sont que de grands classiques de la droite-de-la-droite : identitaires, nationalistes, nationaux-catholiques et autres intégristes, petits entrepreneurs poujadistes, "Printemps français" etc. auxquels se sont joints, actualité oblige, des dieudonnistes pour la "liberté d'expression" antisémite de leur idole, bien que ce ralliement n'ait visiblement pas fait l'unanimité parmi les autres participants (1 - 2 ; "Résistance républicaine" de Christine Tasin a même finalement retiré sa participation). Le nom lui-même était sans équivoque, car "Jour de Colère" en latin se dit Dies Irae, ce qui est le nom d'un poème religieux catholique du 11e siècle mais aussi... d'un groupe national-catholique bordelais connu pour son extrême radicalité !

    Ce qui retiendra notre attention, en revanche, c'est plutôt la manière dont ce type de mouvement, malgré la faune haute en couleur de ses organisateurs, parvient tout de même à mobiliser. Ils jouent notamment sur la bonne vieille corde sensible poujadiste, le sentiment de VIE DE PIGEON, de vie de VACHE À LAIT qui habite une grande partie des masses populaires et qui ne se résume nullement aux impôts directs et encore moins aux ‘‘charges’’ sur les petits entrepreneurs : il suffit de penser aux 20% de TVA sur chaque produit alimentaire ou autre, aux 60% de TIPP sur le moindre litre de carburant, à la taxe d’habitation que tout le monde paye en fonction de la valeur de son logement et non de ses revenus, aux prix des transports, de l’électricité, du gaz, de l’eau etc. etc. Quand à un ménage populaire, aux revenus de (deux fois) 1 à 1,5 SMIC de l’heure, il ‘‘reste à vivre’’ 20% de ses revenus annuels, on peut dire qu’ils peuvent déboucher le champagne ! Certes, il est normal que chacun et chacune participe aux frais de la collectivité… mais pour quoi en retour ? Services de merde et mépris du peuple en permanence, cadeaux fiscaux au CAC 40 et comptes en Suisse de ministres, bureaucratie et parcours du combattant pour les prestations ou allocations les plus élémentaires (alors que tout travailleur a cotisé 25% de son salaire brut chaque mois pendant des années !), et on en passe et des meilleures. Comment s’étonner que ce sentiment aille nourrir une mobilisation réactionnaire fasciste… qui est la SEULE à y répondre ?

    Car si pendant longtemps, pour le mouvement révolutionnaire (marxistes comme anarchistes), il n’y avait pas d’équivoque et les travailleurs avaient raison de ne pas vouloir financer la forge de leurs propres chaînes ; si les choses étaient encore ainsi claires en Italie dans les années 1970 voire (pour certaines organisations) aujourd’hui ; l’hégémonie idéologique ‘‘républicaine’’ a depuis longtemps phagocyté le ‘‘peuple de gauche’’ hexagonal et aborder ces thèmes n’arrache désormais que soupirs et haussements d’épaules ou cris rageux de ‘‘poujadisme !’’. Enfin bref…

    La manifestation réactionnaire a vu, comme il fallait s’y attendre, profusion des fameux bonnets rouges devenus signe de ralliement ; avec la présence des Bonnets rouges… ‘‘frontaliers’’ (… la Bretagne n’a aucune frontière terrestre avec un autre État) ou des Bonnets rouges… ‘‘69’’, ce qui n’a aucun sens et s’appelle même une supercherie totale, puisque la Révolte des Bonnets rouges (1675) est une référence historique BRETONNE qui n’a de sens que dans la culture populaire bretonne ! Afin que les choses soient claires, vu que l’amalgame grossier est ce qui fait office d’arguments lorsqu’il n’y en a pas (mais qu’il faut bien défendre l’unité de la République ou de la ‘‘construction nationale historique bourgeoise-donc-progressiste France’’), les VRAIS Bonnets rouges bretons (collectif ‘Vivre, travailler et décider en Bretagne’, dont chacun-e est libre par ailleurs de penser ce qu’il/elle veut) n’ont pas participé à la manifestation et se sont même clairement exprimés là-dessus : ‘‘Les Bonnets Rouges, représentés par le Collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », ne s’associent pas à la manifestation du 26 janvier prochain à Paris. Cette manifestation intitulée « Jour de Colère » ne correspond ni aux objectifs ni aux valeurs des Bonnets Rouges tels qu’ils sont exposés dans la charte des Bonnets Rouges (http://bonnetsrougesbzh.eu/charte-des-bonnets-rouges/)". À bon entendeur (et à titre préventif)… 


    4. En tout cas, un autre enseignement de ce ‘‘Jour de colère’’ (suffisamment massif, malgré tout, pour cela) aura été de montrer clairement le caractère hétéroclite à l’extrême de la ‘‘droite radicale’’ et autres ‘‘nationalismes’’ ‘‘révolutionnaires’’ ou pas. À voir la multiplicité de ses ‘‘sensibilités’’, il apparaît plus clair que jamais que ce qu’il lui faut n’est pas même un(e) ‘‘rassembleur(se)’’ mais un(e) ARBITRE : une force qui non seulement réprime (on s’en doute) les révolutionnaires, progressistes et autres ‘‘ennemis intérieurs’’ désignés, mais soit prête à ‘‘sortir la boîte à claques’’ contre les groupes fascistes eux-mêmes, lorsqu’ils ne voudront pas se plier à de-gaulle-a-disparugaulle-massu-.jpgla discipline monopoliste élémentaire. Et cette force ne peut être que l’État ; sous une forme militaro-policière instaurée par ‘‘coup de force’’. C’est là que l’on voit toute l’erreur de considérer le fascisme comme un phénomène principalement extra-étatique, qui ‘‘prendrait’’ l’État ‘‘d’assaut’’ ; ce qu’il n’a d’ailleurs pratiquement jamais été dans l’histoire sauf (en apparence) en Allemagne et en Italie… face à des États particulièrement déliquescents (et encore… à un moment donné, il s’est bien trouvé des éléments à l’intérieur de l’État pour en ouvrir les portes aux chemises noires et brunes !). En réalité, nous en sommes de plus en plus convaincus, le ‘‘plan’’ pensé-sans-l’être est de laisser foisonner (dans certaines limites bien sûr) les ‘‘extrémismes’’ en tout genre que la crise générale du capitalisme engendre spontanément, les révolutionnaires communistes (marxistes ou libertaires) qui sont la bonne réponse à ladite crise mais aussi les MAUVAISES réponses réactionnaires, fascisantes, religieuses sectaires ou communautaristes (islamisme, sionisme), dieudonnistes et compagnie jusqu’à ce qu’enfin l’État militaro-policier intervienne pour ‘‘éviter la guerre civile’’… Il n’y aurait là rien que de très classique. Cet État fort ‘‘sauvant la France de la guerre civile’’ devrait en principe ‘‘trouver visage’’ dans une personnalité supposément ‘‘en dehors’’ et ‘‘au-dessus des partis’’, qui ne soit pas un(e) ‘‘politicien(ne)’’ (ce qui exclurait Marine Le Pen elle-même). Traditionnellement, de Mac Mahon après l’‘‘année terrible’’ des Communes (1871) à De Gaulle en 1958 en passant par Pétain et déjà De Gaulle (l’option ‘‘accepter le nouvel ordre européen nazi’’ contre l’option patriotique à outrance) en 1940, c’était souvent un militaire ; mais aujourd’hui, avec la fin du service militaire comme passage obligé de toute jeunesse masculine, la figure d’un galonné pourrait être beaucoup moins mobilisatrice (surtout qu’après le putsch, raté celui-là, d’Alger en 1961, l’Exécutif a beaucoup fait pour que les hauts cadres militaires deviennent de purs bureaucrates sans ‘panache’ ni ambitions politiques). On ne peut que se perdre en conjecture, mais ce n’est finalement qu’un aspect secondaire du processus qu’il importe, selon nous, d’avoir saisi.


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  • Depuis un mois, l’actualité politique hexagonale a été largement dominée par ‘‘l’affaire’’ : la volonté d’interdiction, proclamée par le Ministère de l’Intérieur, des spectacles de Dieudonné. Certains auraient peut-être voulu être les seuls à s’exprimer sur le sujet, mais bon, à ce moment-là c’est pas de bol : la quasi-totalité du mouvement communiste, révolutionnaire (anarchistes et libertaires compris) et progressiste (notamment la solidarité palestinienne, concernée au premier chef) a désormais pris position, de manière variée, allant de l’appel à un "Front populaire" avec Manuel Valls (on ne les présente plus…) à l’apologie de la ‘subversivité’ de ‘l’humoriste’ (site communisme-bolchevisme.net) [deux sites/groupes ayant en commun 1/ un fétichisme halluciné de Staline et du mouvement communiste de cette époque et 2/ d'avoir, comme quasi seuls sites ML/MLM francophones, "dominé" intellectuellement les années 2000, et qui se retrouvent désormais sur deux positions diamétralement opposées mais pas moins ultra-opportuniste l'une que l'autre : l'avenir est décidément derrière eux !]. Une grande majorité (dont nous-mêmes) étant tout de même sur la position que 1/ oui, Dieudonné a depuis très longtemps quitté le champ politique progressiste, c’est un démagogue véhiculant des thèses réactionnaires ignobles, fascistes, qui séduisent malheureusement trop de personnes dans les classes populaires et la jeunesse, et loin de nous de pleurer sur son sort, 2/ pour autant, nous ne tombons pas dans le panneau de la subite "offensive républicaine" de Valls, qui a déjà bien en tête le jeu à quatre coups devant le mener (il l’espère) à l’Élysée (primaire socialiste 1er et 2e tour, présidentielle 1er et 2e tour) et cherche à blinder son capital électoral sur la ligne ‘républicaine’ dont il a fait son fonds de commerce : un coup à ‘gauche’ un coup à droite, un coup contre les bandes fascistes ou le triste bouffon antisémite de la Main d’Or et un coup contre les prolétaires étrangers "qui n’ont pas vocation à rester sur notre territoire", contre les "territoires perdus de la République" à Marseille ou ailleurs ou contre les militant-e-s révolutionnaires ; en un mot, nous ne laisserons pas Valls en particulier, ni la ‘République’ bourgeoise en général s’acheter une virginité à si peu de frais.

    En arrière-plan de l’affaire a cependant ressurgi le vieux débat sur la loi Gayssot de 1990 et, plus largement, la question de la ‘‘liberté d’expression’’ des idées quelles qu’elles soient, autrement dit (pour ceux et celles qui viendraient de se réveiller, "nous sommes en démocratie") également des fascistes et autres ennemis radicaux du peuple. Et, encore au-delà, toute la question de l'"antifascisme" bourgeois, de la "lutte contre les idées incompatibles avec (ses) valeurs" dont se revêt occasionnellement la bourgeoisie républicaine au pouvoir. La position des communistes (marxistes) là-dessus a souvent été (et reste souvent) confuse. Tentons d’y voir clair, de faire la part des choses (séparer le bon grain de l’ivraie) et de dégager une LIGNE DE CONDUITE pour les grands combats qui nous attendent dans un proche avenir.

    Évidemment, dans la lourde masse de ce que nous allons dire, il se trouvera beaucoup de personnes pour ‘réagir’ devant une phrase, un mot, un passage. Le sujet casse-gueule que nous allons aborder va forcément susciter des ‘‘réactions’’, car tout ce que nous allons critiquer ci-après repose justement sur cela : un ‘‘débat’’ fait de ‘‘réactions’’ et non de réflexions posées, scientifiques, dialectiques ; de recherche déterminée des idées justes. Le capitalisme cherche plutôt d’habitude, pour régner, le consensus. Mais là, c’est tout l’inverse : il y a dissensus au sein de la bourgeoisie, il y a des camps et nous sommes sommés, pratiquement le pistolet sur la tempe, d’en choisir un. Refuser (ce que nous faisons haut et fort), c’est de toute façon rejoindre pour chacun le camp adverse, le pandémonium qu’il s’est fabriqué et qui fonde idéologiquement son existence. Pour les uns, le marxisme est le jumeau ‘totalitaire’ du national-socialisme hitlérien (il en serait même l'inspirateur, carrément) ; pour les autres, il serait le jumeau ‘juif’ (ou illuminati, c’est plus tendance en ce moment) du libéralisme ‘maçonnique’. Les premiers sont politiquement et idéologiquement hégémoniques (avec leurs ailes ‘gauche’ et droite) en Hexagone et dans la plupart des pays du monde, tout en pourrissant sur pied dans la fascisation rampante ; les seconds cherchent à le (re)devenir et rien n’exclut qu’ils y parviennent. Les premiers ont vaincu en 1945 le nazisme (un pur produit de ce capitalisme impérialiste dont ils sont les champions), qui avait simplement commis l’erreur de s’attaquer aux grands impérialismes occidentaux au lieu de faire ce pourquoi on l’avait ‘embauché’ (attaquer et écraser l’URSS et l’Internationale communiste). Ils ont, en quelque sorte, extirpé la tumeur principale (des centaines d’autres plus petites restant en place)… et l’ont exposée dans une sorte de bocal, qu’ils agitent désormais urbi et orbi en clamant combien le corps est sain. Ils ont construit leur ‘sainteté’ sur des monstres, ils ont BESOIN de monstres pour jouer les saints ; et le premier d’entre eux, le premier ‘jumeau’ de la tumeur nazie extirpée… est en réalité le REMÈDE à toutes les tumeurs du capitalisme moribond, la révolution prolétarienne. Mais de véritables monstres fascistes ‘‘façon 20e siècle’’ existent toujours bel et bien, la tumeur a évidemment laissé des métastases que la nouvelle crise générale du capitalisme mondial fait à nouveau se développer, et rallier leur camp (ou simplement celui de leur "liberté d'expression") reviendrait à dire que, contre la violence inouïe du capitalisme au 19e siècle, il ‘fallait’ revenir à l’Ancien Régime… De tout cela, de ces ‘querelles’ entre deux bandes d’exploiteur, on pourrait dire que l’on s’en tape. Malheureusement, l’un et l’autre des deux camps parviennent à exercer leur influence néfaste sur un mouvement communiste, révolutionnaire et même progressiste (depuis une trentaine d’années) en perdition, saisi de désarroi idéologique. Nous voulons briser cet étau et lui arracher les masses populaires politiquement avancées… mais nous savons que la tâche, en plus d’être ardue, ne nous attirera pas que des amis.

    237565118 B971805061Z.1 20140115212742 000 GSG1PM2V7.1-01. Tout d'abord, situer les choses : pour prendre position, il faut savoir de quoi l'on parle ; même si nous savons que cela n'est pas tellement dans les habitudes du débat politique (y compris révolutionnaire) hexagonal. Donc, qu'est-ce que la loi Gayssot ?

    Comme nous l’avons expliqué dans un précédent article, la loi Gayssot de 1990 est en fait un prolongement de la législation contre la haine raciale établie depuis 1972 par la loi Pleven. La plupart de ses articles ne sont que des retouches à celle-ci, sur le "droit de réponse" dans la presse et son exercice par les associations dites représentatives des groupes visés ; l’article 1 en est un rappel des principes : "Toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite. L'État assure le respect de ce principe dans le cadre des lois en vigueur". Outre l’établissement d’un rapport annuel de la Commission consultative des Droits de l’Homme sur le racisme (que nous avons également évoqué dans un précédent article), sa principale nouveauté et la source de sa notoriété et des polémiques qu’elle suscite est donc d’instaurer le délit de négationnisme, c'est-à-dire le fait de contester (ou minimiser) "l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale", autrement dit les crimes commis par les nazis et leurs alliés en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale (et non la seule Shoah, contrairement à ce que beaucoup imaginent : nier Oradour-sur-Glane, cela tombe sous le coup de la loi). Le négationnisme s’était en effet beaucoup diffusé dans les années 1980, notamment avec Robert Faurisson (à partir de 1978) ; mais il se heurtait à un vide juridique : en effet, il ne consiste pas à faire l’apologie des crimes nazis (ce qui tomberait sous le coup de la loi Pleven pour incitation à la haine raciale, et dans tous les cas sous le coup de l’apologie de crimes, comme le tortionnaire Aussaresses en 2001, poursuivi pour "apologie de crimes de guerre"), mais à en nier l’existence ou en tout cas, à prétendre qu’ils n’ont pas eu l’ampleur qu’on leur donne. Tuer 6 millions de personnes pour le seul fait d’être juives, c’est "horrible" en effet… mais cela "n’a pas eu lieu", ce serait la "propagande des vainqueurs", ou "des sionistes" pour "justifier" la création de leur État en Palestine (d’où le succès que connaissent malheureusement ces thèses dans les pays arabes et musulmans). La loi Gayssot est donc venue combler ce vide… et seulement cela ; ce n’est pas elle qui fait que, par exemple, on n’a pas le droit de tenir des propos ou de lancer des attaques antisémites contre une personne ou un groupe de personnes (cela, c’est la loi Pleven).

    Ainsi, lorsque Dieudonné dit au sujet du journaliste Patrick Cohen "les chambres à gaz... dommage", il ne tombe pas sous le coup de la loi Gayssot, mais bien de la loi Pleven, puisqu'il provoque à la haine et porte atteinte à la dignité d'une personne (en souhaitant sa non-existence, l'extermination de sa famille il y a 70 ans) "en raison de son origine ou de son appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée". La loi Gayssot n'est pas compétente ici ; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le Conseil d'État ne l'invoque pas pour valider l'interdiction du spectacle "Le Mur". La tristement célèbre "quenelle" est dans le même cas : elle n'a strictement rien à voir avec la loi Gayssot. Si elle est bien considérée comme un salut nazi à l'envers, alors, contrairement à l'Allemagne, elle n'est pas interdite en tant que telle en Hexagone (!), mais (ouf...) elle peut être assimilée "selon le contexte" (toujours la bonne vieille hypocrisie bourgeoise) à une incitation à la haine raciale ou une apologie de crime contre l'humanité. Si elle est un "bras d'honneur au système", donc une insulte, il appartient aux personnes ou groupes attaqués ("quenelle" devant des lieux symboliques du judaïsme, par exemple) d'engager des poursuites pour injure publique ou atteinte à la dignité : c'est pratiquement plus une affaire civile (préjudice moral) que pénale (trouble à l'ordre public). En fait, s'il ne fait désormais aucun doute pour nous (ni personne de progressiste) que Dieudonné est un négationniste, qu'il croit profondément que la Shoah n'a pas existé et que c'est une "invention des sionistes" ; il parvient néanmoins sans aucune difficulté à ne jamais franchir la "ligne jaune" Gayssot, la contestation des crimes contre l'humanité nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, et donc à ne jamais être incriminé pour cela... Et donc à dire que son antisémitisme serait, lui aussi, une "invention" de ses détracteurs ("sionistes"). Le pivot de son argumentaire, finalement, c'est "il est interdit de dire que c'est bien, interdit de dire que cela n'a pas existé... va-t-on maintenant interdire d'en rire ?". Nous avons déjà là une première illustration des limites de la législation "antiraciste" et "anti-antisémite" bourgeoise...

    1077708414 B971805061Z.1 20140115212742 000 GSG1PM30P.1-0Il suffit d'avoir dit cela pour réaliser la supercherie fasciste (dans laquelle tombent malheureusement des progressistes sincères) qu'est la prétendue lutte pour l'abrogation de la loi Gayssot autour de Dieudonné, que ce soit au nom de la "liberté d'expression" ou d'une supposée "sacralisation" de la Shoah et donc "hiérarchisation" des crimes contre l’humanité et des racismes. Nous, communistes, ne sommes pas pour la "liberté d'expression" mais pour la conquête de l'hégémonie : gagner le plus d'espace possible pour l'expression de nos idées (ce en quoi nous ne pouvons guère compter que sur nos propres forces...) et réduire le plus possible l'espace d'expression de nos ennemis, d'autant plus que ces derniers sont radicaux, ce en quoi nous pouvons éventuellement nous appuyer sur une partie de la bourgeoisie : Front populaire de 1936 avec la loi sur la dissolution des ligues, résistance avec les gaullistes et toutes sortes de républicains contre l'occupation nazie et le régime de Vichy, alliance avec les "intellectuels de gauche" et autres démocrates et humanistes (chrétiens progressistes notamment) pendant la guerre d'Algérie ou en 1968 et dans les années suivantes etc., et (donc) loi Pleven et sa prolongation Gayssot. De toute manière, depuis "1789" tant fantasmé, l'expression politique publique n'a jamais été "libre" : elle l'a toujours été "dans le cadre défini par la loi", c'est-à-dire pas du tout (censure a priori) jusqu'en 1881 (la fameuse loi sur la presse), et toujours strictement encadrée depuis : il faut répondre devant les tribunaux de la diffamation, de l'atteinte à la dignité ou à la réputation des personnes, de l'outrage à certains personnages importants (magistrats, gouvernants), de l'apologie de ce que la loi bourgeoise considère comme des crimes (meurtre, viol, crimes de guerre ou génocide) ou des délits (la consommation de cannabis par exemple), ou de propos "subversifs" attentant à la "légalité républicaine" et aux "institutions" (lois anti-anarchistes de 1893-94, interdiction de la Cause du Peuple en 1970 etc.). La "liberté d'expression" invoquée par nos nazillons et leurs gogos "démocrates" n'a donc jamais existé, ni sous la bourgeoisie depuis 1789 ni sous aucune classe dominante antérieurement ! La seule question est de quel côté va pencher la balance, et c'est une question de rapport de force : l'État va-t-il être "neutre" et frapper équitablement "tous les extrêmes", ou va-t-il être plus indulgent avec les fascistes ou (dans des limites évidentes) avec les révolutionnaires ? Ce qui vient d’être dit suffit (en principe) à répondre à un autre argument qui, pour faire court, est la ‘‘déclinaison de gauche’’ de la ‘‘liberté d’expression’’ : celui de la ‘‘contre-productivité’’ de ce type de lois, qui feraient des fascistes des ‘‘martyrs’’… Oui, nous communistes avons bien la ferme intention de clouer un jour le bec à l’expression des fascistes et autres réactionnaires en général ; et de remplir sur le chemin du communisme leur ‘panthéon’ d’une belle brochette de ‘martyrs’.

    Quant au risque d'une "hiérarchisation des souffrances" et des haines raciales, l'attitude réellement démocratique là-dessus consisterait, plutôt que d'abroger la loi Gayssot, à lutter pour une application maximale de la loi Pleven : telle serait la vraie voie progressiste pour faire reculer le sentiment de "concurrence" entre racisés ! Certes, nous y reviendrons, cette lutte ne peut qu'atteindre tôt ou tard ses limites : il est peut-être possible d'entraver l'expression et les actes racistes ou antisémites, mais les éradiquer n'est pas possible dans le cadre du capitalisme, sous le pouvoir de la bourgeoisie. Pour autant, l'attitude correcte n'est certainement pas de dire que, puisque certains fauves sont en liberté (Zemmour et compagnie), alors autant ouvrir toutes les cages et les lâcher tous dans la nature ! Pas plus que, sous prétexte que bien d'autres "devoirs de mémoire" devraient exister (la mémoire des peuples étant la dynamite contre les murailles idéologiques des dominants, dont la destruction de ce rempart signifie la fin), il faudrait rejeter le "devoir de mémoire" pour les crimes nazis-fascistes de la Seconde Guerre mondiale... Pour prendre un autre exemple, les conquêtes sociales des 150 dernières années (auxquelles les sympathisants de Dieudonné sont généralement attachés) ne sont pas le socialisme : faut-il pour autant les rejeter et revenir à la condition populaire de 1840 ? Ce que nous voulons : TOUT ! Mais ce n'est pas parce que nous n'avons pas ce "tout" que nous devons rejeter le peu déjà obtenu !!!  

    D'ailleurs les fascistes mainstream, ceux qui agissent à visage découvert, rêvent à des Srebrenica en Hexagone [1] sans encourir la moindre sanction et ne s'embarrassent pas de "draguer" les "progressistes" à la dérive et les "basanés" (colonisé-e-s intérieur-e-s) oubliés et/ou trahis par ces derniers, ne s'y trompent pas et demandent bel et bien (comme s'ils n'avaient pas encore assez les coudées franches) l'abrogation de toutes les lois antiracistes et "mémorielles", Pleven comme Taubira (reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité) comme Gayssot ("dommage collatéral", sans doute, pour ceux qui ne portent pas spécialement l’antisémitisme dans leur cœur, mais c’est ainsi)... Eux aussi, ils veulent TOUT, et c'est bien normal : c'est la moindre des choses pour qui se prétend militant politique !

    fnnazi04022. Défauts, critiques et débats. Les défauts et limites des lois Pleven et Gayssot sont tout entiers contenus dans leur nature de classe : ce sont des lois BOURGEOISES ; quelle que soit la "pression populaire" hexagonale et/ou internationale sous laquelle elles ont été votées. Elles tentent de lutter contre l’expression du racisme et de l’antisémitisme, instruments capitaux de mobilisation réactionnaire de masse, ce qui est louable ; mais elles prétendent (comme toujours) régler le problème ‘‘par en haut’’, administrativement, en mode "pas de panique chers concitoyens, la République veille sur vous", sans mobiliser les masses du peuple, sans mobilisation progressiste de masse contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (haine de l’autre) en général. Elles sont en contradiction avec bien des pratiques de l’État lui-même (chasse aux ‘sans-papiers’, violences policières au ‘faciès’ couvertes par la hiérarchie, stigmatisation des ‘quartiers difficiles’… et bien sûr son passé colonial et son présent néocolonial et impérialiste !), lesquelles sont évidemment ‘légitimes’ et jamais inquiétées par les lois (cela revient, finalement, à la même chose que la personne culpabilisée parce qu’elle ne trie pas ses déchets pendant que les usines – ayant ‘‘payé pour polluer’’ – crachent leurs fumées toxiques). Elles sont peu appliquées et d’une manière fluctuante, permise par le flou des textes (comme de tous les textes de loi : "provoquer à la discrimination, à la haine ou à la violence", "diffamation" ; la disposition anti-négationniste Gayssot est un peu plus précise) qui laisse un grand pouvoir d’appréciation aux procureurs et aux juges (dont il n’est pas besoin de préciser ici que l’indépendance est une farce). Elles débouchent généralement sur des condamnations pécuniaires (amendes, dommages-intérêts), beaucoup plus rarement sur de la prison (comme Vincent Reynouard) ; or, pour des personnes dont la haine est devenue un fonds de commerce (Faurisson, Soral, Dieudonné côté antisémite, Zemmour, Tasin et autres côté islamophobe et anti-‘immigrés’) beaucoup plus juteux que ce que leur coûtent d'éventuelles condamnations, où est l’efficacité ?

    De tout cela résulte une impression de schizophrénie judiciaire à laquelle répond l’incompréhension des masses, et les sentiments de ‘‘deux poids deux mesures’’ grandissent et se multiplient jusqu’à devenir aussi nombreux que les ‘‘groupes’’ censés être protégés. [MàJ avril 2014, alors que les 20 ans du génocide rwandais sont à la "une" : sur cette question du "deux poids deux mesures", voir les propos HALLUCINANTS d'Alain Jakubowicz, président de la LICRA et fer de lance de la croisade anti-Dieudonné (hallucinants lorsqu'on les met en parallèle avec cela, justement). Ce dernier n'a littéralement plus qu'à partager cela sur les réseaux sociaux... et crier "hourra" à la "preuve par 9" de tout ce qu'il affirme depuis 10 ans !]

    Prenons un exemple. Nous avons dit plus haut que le cœur de l’argumentaire de Dieudonné, c’est de dire ‘‘il n’est pas possible de faire l’apologie de la Shoah, il n’est pas possible de la nier, mais est-il au moins possible d’en rire ?’’. La réponse étant (manifestement selon lui) ‘non’, c’est donc qu’il y a un ‘lobby sioniste’ qui s’est emparé de l’État français, de la politique, des médias etc., et donc que toutes les thèses antisémites et négationnistes sont vérifiées. Concrètement, il est vrai qu’interdire de rire de quelque chose n’est pas simple en soi. Il y a, comme ‘ligne jaune’, la notion de dignité humaine. Mais pour que cela fonctionne, il ne faut pas seulement des lois et des tribunaux : il faut une réprobation morale de la société. C’est d’ailleurs l’esprit de toute loi contre le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie, l’handiphobie etc. : il ne s'agit pas seulement de punir des faits, mais de développer une conscience et un sentiment de réprobation dans les masses populaires. Ainsi, les imitations d’Africains de Michel Leeb (jamais condamnées une seule fois par la justice au demeurant) ‘passaient’ beaucoup moins bien au début des années 2000 qu’au début des années 1980 (moins d’invitations dans les émissions télé etc.) – depuis, la réprobation a sans doute reculé et plus de gens invoqueraient la ‘liberté de rire’, l’artiste est simplement devenu has been pour d’autres raisons. Il en va de même pour globalement tout l’‘humour’ sur les femmes, les homosexuel-le-s, les personnes handicapées etc. Or, avec la loi Gayssot et tout l’arsenal juridique permettant de punir l’antisémitisme et le négationnisme, le fait est que pour des milliers de personnes c’est l’effet inverse qui s’est produit : le ‘droit d’en rire’ n’est pas seulement resté une évidence, il est devenu une cause politique. Ne pas avoir ce droit ‘cache’ forcément ‘quelque chose’ (et lorsque les choses s’emmêlent avec le droit de critiquer, en riant ou pas, la politique israélienne, la situation devient inextricable…). Nous avons là une illustration parfaite, concrète, des limites d’une législation bourgeoise lorsqu’elle n’est pas appuyée sur une véritable mobilisation progressiste (à défaut d’être révolutionnaire) de masse. Mobilisation dont la bourgeoisie est tout simplement  INCAPABLE : soit elle n’en a pas la volonté, soit, dans tous les cas, pas la crédibilité !!!

    arton10498-c4125Outre les deux grandes critiques déjà évoquées précédemment ("liberté d'expression" et "sacralisation" d'un crime contre l'humanité au détriment des autres), a émergé une troisième qui se situe un peu dans le prolongement de la première : la question de la "liberté des historiens", auxquels "la politique n'aurait pas à dicter l'histoire". Cette critique a pu jaillir de milieux extrêmement éloignés du négationnisme et de toute sympathie pour les régimes fascistes des années 1930, et pour cause : sa manifestation la plus connue est la pétition "Liberté pour l'Histoire" sortie à la suite de la loi sur le "rôle positif" du colonialisme, goutte d'eau qui a fait déborder le vase... Signée par des personnalités "phares" de la "gauche" bourgeoise (Élisabeth Badinter, Jacques Julliard etc.) et aussi peu suspectes de négationnisme que Pierre Vidal-Naquet, juif occitan au parcours progressiste incontestable (PSU etc.) et (surtout) pourfendeur brillant de l'ignoble Faurisson, elle demande l'abrogation de la loi scélérate Mekachera mais aussi de toutes les lois qui "ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites" : loi Taubira sur l'esclavage crime contre l'humanité, loi sur la reconnaissance du génocide arménien (2001 toutes les deux) et... loi Gayssot. Le problème, c'est deux choses : d'une part, les personnes qui vont nier la Shoah ou tenter de diviser par X le nombre de victimes sont généralement des PSEUDO-"historiens" (comme typiquement Faurisson) qui usurpent le titre, pas des historiens sérieux, vu que des travaux sérieux ne peuvent pas aboutir à de telles conclusions ; de même que peu d'historiens (ni de juristes) sérieux vont nier que l'esclavage et la traite transatlantique, tels que pratiqués du 17e au 19e siècle, relèvent de la définition actuelle du crime contre l'humanité, et l'assassinat de masse des Arméniens en 1915 de la définition du génocide ; soulignant simplement que ces notions juridiques n'existaient pas à l'époque des faits (mais pas non plus à l'époque de la Shoah, puisqu'elles ont justement été établies pour celle-ci). Ce sont d'ailleurs souvent des historiens qui avaient appelé de leurs vœux, à la fin des années 1980, une loi contre les négationnistes qui se paraient abusivement de leur qualité. Donc, si la loi Mekachera peut effectivement poser "débat" aux historiens bourgeois (car tout dépend ce que l'on entend par "positif" : en gros, développement objectif des forces productives ou droits démocratiques des peuples et droits tout simplement humains ?), mais en réalité fort peu car elle ne les concerne pas (elle se pose, dans le passage incriminé, en "circulaire" à destination de l'enseignement), les autres n'en posent guère... L'association créée en soutien à la pétition a d'ailleurs annoncé, en 2008, ne plus demander l'abrogation de la loi Gayssot. D'autre part, nous sommes encore une fois là dans une vision typiquement bourgeoise-de-gauche de la "liberté" comme absolu, avec au passage une sorte de sacralisation élitiste du chercheur universitaire ; ignorant (voire rejetant ouvertement) la lutte des classes et la question de l'hégémonie. Pour les communistes et les révolutionnaires en général, tout dans le domaine de l'expression publique revient en dernier ressort à cette question ; ainsi, les trois premières lois (Gayssot, Taubira, génocide arménien) comme la loi antiraciste Pleven servent objectivement l'hégémonie de notre camp, le CAMP DU PEUPLE, même si nous verrons plus loin qu'elles restent bourgeoises et peuvent même, par des artifices juridiques, être retournées contre nous ; tandis que la loi Mekachera était clairement une artillerie idéologique de l'ennemi et même de notre pire ennemi, la droite radicale nostalgique du "temps béni des colonies".

    negationnisme1-436x327Il peut également sembler légitime de demander (et cela est parfois fait) pourquoi la loi Gayssot ne vise que la négation des crimes relevant du Tribunal de Nuremberg (les crimes nazis en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, dont la Shoah), et pourquoi l'on n'y ajouterait pas d'autres (génocides arménien ou rwandais, crimes en ex-Yougoslavie etc.). Certes mais alors, où s'arrêterait-t-on ? Si l'on fixe la limite dans le temps, disons, à 1900, toute l'Histoire du monde impérialiste n'est qu'une succession de génocides et de crimes contre l'humanité ! Et ce serait évidemment encore pire si l'on regardait l'Histoire jusqu'à 200, 300 ou 500 ans en arrière. Des crimes dans lesquels la bourgeoisie "française" a bien sûr plus que sa part... Une comédie musicale guillerette sur le "Roi Soleil" n'évoquant (bien sûr) rien de ses crimes contre les protestants occitans, de la répression de la révolte bretonne de 1675 ou encore de la traite esclavagiste des Africain-e-s avec le Code Noir etc. ; une hagiographie de Napoléon (big up à Max Gallo !) minimisant ou faisant silence sur les crimes génocidaires d'Haïti et de Guadeloupe ; un documentaire sur Pierre Messmer qui ne dirait rien du Cameroun... la liste de ce qui pourrait être qualifié de négationnisme historique est interminable, et pour cause : la légitimité même de la "France" comme construction politique historique repose sur ces "petits" oublis ! Pour la bourgeoisie ce serait donc un suicide, chose dont le marxisme nous enseigne qu'aucune classe dominante n'est capable dans l'Histoire.

    Et puis, nous y reviendrons, les "autres crimes" que l'on ne pourrait plus "défendre" ni "nier" pourraient bien être ceux du "communisme" (le débat hante, notamment, les couloirs du Parlement européen)... Ce qui, même si notre victoire future passe nécessairement par un bilan critique des expériences passées, serait évidemment un très dur revers dans notre bataille pour l'hégémonie.

    C'est là qu'effectivement, la question commence à tourner en rond et à se mordre la queue... Car c’est tout simplement la nature de classe de la bourgeoisie qui apparaît là : une classe qui s’est CONSTRUITE pendant des siècles sur l’exploitation, la domination impériale, l’esclavage des peuples et leur hiérarchisation dans une division mondiale du travail de production de la plus-value, la persécution et la spoliation des Juifs bien avant Hitler et le nazisme (Moyen Âge, 16e siècle) ; une classe qui a inventé le racisme là où il n’y avait auparavant qu’hostilité (à base économico-territoriale) et rapports de force entre communautés locales (cités), royaumes et civilisations (empires). Demander à la bourgeoisie une lutte conséquente contre le racisme, l’antisémitisme et quoi que ce soit de ce genre, c’est attendre d’un éléphant qu’il grimpe aux arbres ! [Ceci étant évidemment incompréhensible pour le logiciel économiste qui guide la quasi-totalité de la "gauche radicale" hexagonale, incapable de comprendre qu’une culture générée à travers des siècles puisse être devenue une réalité matérielle, concrète et agissante ; et se réfugiant derrière une piteuse explication du racisme comme "manœuvre de la bourgeoisie pour diviser les travailleurs" etc. etc.]

               black-panthers-party-people.jpegananas

    3. Telles sont donc les lois Pleven et Gayssot, à l'image de la classe sociale qui en est à l'origine, la bourgeoisie républicaine BBR "de gauche" ou "centriste" (libérale, démocrate-chrétienne comme Pleven) : objectivement utiles au camp populaire révolutionnaire lorsqu'elles font barrage à la diffusion du racisme et de l'antisémitisme comme mobilisation réactionnaire de masse, ou à la réhabilitation du nazisme par les plus ultras des fascistes ultras, car le négationnisme (arrêtons de tourner autour du pot à la Chomsky) c'est cela ; résultantes d'un rapport de force qu'il faut évidemment défendre et si possible consolider, comme une tranchée dans une guerre de position (qu'est la lutte des classes, cf: Gramsci). Mais en même temps, elles sont loin d'être parfaites... et difficilement perfectibles (cessons deux minutes de délirer à ce sujet), car en faire une application systématique et implacable ou étendre le délit de négationnisme à d'autres crimes que ceux du nazisme, on l'a dit, deviendrait rapidement intenable pour la bourgeoisie BBR.

    Elles sont même susceptibles, comme toujours l'"antifascisme" bourgeois, de se retourner en leur contraire. Nous avons déjà évoqué rapidement cela au sujet d'un article de VP qui disait "Si Valls interdit Dieudonné, ou un autre tribun, pourquoi n’interdirait-il pas les militants communistes de s’exprimer demain ? Toute atteinte aux libertés, même celles de nos ennemis, peut s’étendre à nous, ne l’oublions jamais", ce qui nous semble porteur d'une réelle préoccupation populaire-racisme_anti_blancs.jpgrévolutionnaire (prétendre "combattre les extrêmes de tout bord", frapper un coup les révolutionnaires et les progressistes, un coup ce qu'il définit comme "obscurantiste" ou "fasciste" est effectivement au fondement même de l'idéologie républicaine BBR, au point d'ailleurs que même Vichy prétendait cela, "l'extrême-droite" étant en l'occurrence les gaullistes venus de la droite de la droite d'avant-guerre), et en même temps d'une affirmation erronée revenant à du libéralisme chomskyen.

    Il est vrai que depuis longtemps déjà, des gens voudraient appliquer la loi Pleven au "racisme anti-blanc" ou "anti-français", à la "stigmatisation des chrétiens" etc., et juridiquement en effet rien ne l'empêche. Parmi les "autres crimes contre l'humanité" auxquels certains voudraient étendre la loi Gayssot, il y a bien sûr les "crimes du communisme" (appeler à un "Nuremberg du communisme" est un argument récurrent des avocats de négationnistes ou d'anciens kollabos et nazis, même si d'autres comme Vergès préféraient invoquer les crimes du colonialisme et de l'impérialisme) ; ce qui nous interdirait de défendre et de diffuser notre conception du monde même à travers un bilan critique constructif. L'argument "antisionisme = antisémitisme" (si copieusement nourri par Dieudonné et consorts) a déjà permis de poursuivre pour "incitation et la haine et à la discrimination" des initiatives contre l'apartheid israélien, comme BDS. Tout comme la loi de 1936 sur la "dissolution des groupes de combat et milices privées", qui visait évidemment à l'époque les ligues d'extrême-droite, a largement permis dans les années 1968 et depuis de frapper le mouvement communiste et révolutionnaire... Tandis que, parmi les "lois mémorielles" d'habitude tant décriées par les fafs et autres réacs nouveaux ou pas (loi Gayssot, reconnaissance de la traite et de l'esclavage comme crime contre l'humanité etc.) faisait bien sûr exception la "loi Mekachera" dont nous avons déjà parlé, sur le "rôle positif de la colonisation" et... l'indemnisation des militants fascistes de l'OAS (finalement modifiée devant la mobilisation populaire et intellectuelle). Et le délit de négationnisme ne pourrait-il pas, demain, être étendu à "oser" qualifier autre chose que le nazisme et la Shoah de crime contre l'humanité (sauf éventuellement les "crimes du communisme" pour certains, comme on l'a dit), àsocialisme4 "oser" comparer au nazisme (à raison ou à "tort", par cet excès qui fait souvent partie du "jeu" politique) d'autres situations présentes ou passées sur la planète, comme les soixante-huitards scandaient "CRS = SS !" ? Ce n'est pas encore le cas (c'est pourquoi Dieudonné n'a pas pu être condamné pour le sketch chez Fogiel), mais c'est ce vers quoi un certain nombre de "républicains" bourgeois, de sionistes plus ou moins ultras... et certains "maoïstes" semblent tenter de pousser.

    Nous voyons bien là comment toute loi, toute politique "antifasciste" bourgeoise peut du jour au lendemain se retourner en son contraire, puisqu'elle ne vise pas la fraction ultra-réactionnaire... de la même classe bourgeoise qui l'a votée, mais de manière idéaliste "l'extrémisme", "la violence" et "la haine de l'autre" ou "de la démocratie", l'atteinte aux "valeurs de la République" etc. etc. Pour autant, lorsqu'elle frappe les fascistes, nos ennemis jurés qui ne veulent pas seulement nous mettre quelques mois ou même quelques années en prison mais bien nous massacrer purement et simplement, façon Chili de Pinochet ou bataille d'Alger, il est évident que cela sert nos intérêts et nous n'allons pas nous en plaindre, nous n'allons pas pleurer sur le sort ni sur la "liberté d'expression" d'ennemis jurés de notre camp et des masses populaires que nous voulons libérer : c'est une question de pragmatisme militant, et le fait que l'État frappe plutôt les fascistes que les révolutionnaires peut aussi être le fruit d'un rapport de force que les masses révolutionnaires auraient su construire (le truc dans l'affaire Dieudonné-Valls, c'est qu'on voit mal lequel)... Des notions tout à fait justes et même essentielles ; mais que nous croyions justement étrangères à certains qui s'en font aujourd'hui les grands donneurs de leçons.

    Enfin, c'est aussi une réalité qu'il ne faut pas avoir peur de dire : tant la disposition particulière anti-négationniste (Gayssot) que l'application du cadre général antiraciste (Pleven), toujours en-deçà des exigences antifascistes certes, mais clairement plus ferme en matière d'antisémitisme et de négationnisme que d'autres formes de racisme (ou en matière de racisme "primaire", comme comparer Taubira à un singe, que de formes plus "subtiles"), s'inscrivent dans le CADRE IDÉOLOGIQUE construit par les vainqueurs occidentaux de 1945 (et rénové à la fin de la Guerre froide, dans les années 1980) qui fait des crimes nazis de la Seconde Guerre mondiale et de quelques autres cas "emblématiques" (génocide arménien, apartheid sud-africain etc.) l'arbre d'horreur absolue cachant toute la forêt de leurs crimes antipopulaires, colonialistes et impérialistes d'aujourd'hui comme d'hier - crimes qui sont non seulement encore le quotidien du capitalisme tout autour de la planète, mais le fondement même de son existence (depuis son "accumulation primitive" puis sa "révolution industrielle" jusqu'à son stade monopoliste et impérialiste actuel) et de la société capitaliste occidentale toute entière (on devrait enfin pouvoir dire, par exemple, que la colonisation et la déshumanisation des "nègres" et des "sauvages" ont permis de faire du paysan et du "plébéien" européen un être humain à part entière, débouchant directement sur la "Déclaration des Droits de l'Homme"... BLANC).  

    On retrouve cette même logique y compris (on s'en serait douté...) habillée d'un gloubiboulga pseudo-"marxiste" sur un site bien connu, expliquant de manière aberrante que ("contrairement" au nazisme plus tard) le colonialisme et l'esclavage des Africain-e-s n'auraient "pas vraiment servi" l'accumulation capitaliste européenne entre le 16e et le 19e siècle (pourtant Marx en parle bien dans son Capital et le PC d'URSS dans son Manuel d’Économie politique [2], et pourtant curieusement tous les pays européens à un certain stade de développement capitaliste sont entrés dans une dynamique d'expansion coloniale, ceux qui ne le pouvaient pas - Europe de l'Est - imposant à leur paysannerie un servage ultra-violent) ; le tout couronné (pour faire bonne mesure) de la bonne vieille thèse de la "Shoah économiquement inutile" (les nazis se seraient "contentés" d'exterminer les Juifs sans en tirer aucun profit, cf. ci-dessous), version "gauchiste" de la "haine éternelle contre le Peuple juif" des sionards.

    C'est malheureux à dire, mais le fait de mettre en avant des victimes avant tout européennes (nonobstant les torrents de boue et de déshumanisation qui s'étaient abattus sur elles le demi-siècle précédent) facilite forcément l'identification de l'Occidental "lambda" avec celles-ci et son "insensibilisation" à tous les autres crimes perpétrés depuis 5 ou 8 siècles, sur les cadavres desquels repose pourtant l'ordre capitaliste mondial que nous connaissons aujourd'hui... Le nazisme qui a commis des crimes épouvantables et sans précédent dans l'Histoire, mais qui les a surtout commis en Europe, a été vaincu en 1945 et il a, dès lors, immédiatement été "recyclé" en incarnation du "Mal absolu" qui relativiserait voire ferait oublier tout le reste ; en oblitérant, bien sûr, que le vecteur premier de l'arrivée d'Hitler au pouvoir avait été l'anticommunisme de la bourgeoisie allemande et internationale, mais aussi que les crimes (de guerre et raciaux) perpétrés en Allemagne et dans les pays occupés par elle ne relevaient pas d'une "folie EF004-Rwanda-94-38871criminelle collective inexpliquée" (ou "expliquée" par "la crise de 1929", le "ressentiment devant le Traité de Versailles" patati patata) mais s'inscrivaient bien au contraire dans ce qu'il convient d'appeler le centre légitime des idéologies capitalistes-impérialistes occidentales... Un centre légitime qui le RESTE encore très largement aujourd'hui [nous y reviendrons plus loin avec Aimé Césaire et Rosa Amelia Plumelle-Uribe] !

    Il suffit simplement de penser au génocide rwandais, encore plus "fulgurant" que la Shoah (plus de 10.000 morts/jour !) et tout aussi planifié, dès 1990, sur des "arguments" très ressemblants ("complot éternel" hima-tutsi pour dominer l'Afrique centrale, en alliance avec les "rouges" pendant la Guerre froide et avec les Américains ensuite) et avec l'appui ouvert de l'impérialisme BBR... en particulier de ce PS qui joue aujourd'hui les "antifascistes" à bon compte face à un sinistre bouffon youtubien ! Le chef de la diplomatie d'alors (1988-93) était notamment un certain Roland Dumas, connu depuis pour ses amitiés avec l'extrême-droite "tiers-mondiste" sauce Vergès, Chatillon... et Dieudonné. Lorsque Chirac arriva au pouvoir, un an après l'atroce massacre, il "enterra" alors celui-ci sous un flood d'initiatives positives (reconnaissance - timide - du rôle de l'État français dans la Shoah, intervention contre les massacres grand-serbes en Bosnie etc.).  

    Faire oublier les crimes impérialistes d'un bout à l'autre de la planète... sans même parler de la responsabilité (à la limite de la complicité !) des Alliés eux-mêmes dans la tragédie, par leur refus catégorique d'accueillir les réfugiés juifs persécutés (d'Allemagne et d'ailleurs) avant la guerre (aux États-Unis, la loi anti-immigration Johnson-Reed de 1924 reposait notamment sur les théories raciales de Madison Grant... un auteur fétiche d'Adolf Hitler !) et même d'accepter des "deals" pouvant sauver des centaines de milliers de vies pendant (affaire Joel Brand) !!! [Et même après la victoire, les statuts du Tribunal de Nuremberg ne feront pas des persécutions raciales (contre les Juifs et autres groupes) un crime en soi : elles ne seront poursuivies que comme crimes "en lien" avec la préparation puis la conduite de la guerre contre les "nations civilisées" (le "vrai crime" de l'Allemagne)... Il faut dire que pour l'Amérique des lynchages et les puissances coloniales française et anglaise, juger et condamner en tant que telles l'exclusion, l'oppression et la persécution d'un groupe humain aurait été quelque peu problématique !]

    Et cela a tellement bien marché qu'aujourd'hui, non seulement les groupes se revendiquant ouvertement du IIIe Reich restent relativement marginaux et isolés, mais il est devenu très à la mode pour les fascistes et autres ultra-réactionnaires... de se présenter comme la "résistance" : à "l'Axe américano-sioniste" pour Soral et Dieudonné ; au "nazislamisme" pour Riposte laïque et consorts qui organisent leurs "apéros saucisson-pinard" islamophobes le 18 juin ; à l'UE qui serait une nouvelle "Europe à l'heure allemande" pour les "souverainistes" de tout poil ; à la "dictature de la pensée unique" pour à peu près tous... (quant aux ultra-sionistes de la LDJ et compagnie, cela ne fait évidemment aucun doute : à les écouter, ils seraient des héros insurgés du ghetto de Varsovie ![3])

    Servir le Peuple a toujours été très clair là-dessus, afin d'écraser le confusionnisme, ce cancer pour la prise de conscience révolutionnaire du peuple. La Shoah, pire crime contre l'humanité de tous les temps ? Oui, sans le moindre doute : ni l'ère industrielle, ni l'ère capitaliste en général, ni même toute l'histoire de la société de classe n'offre d'exemples comparables en ampleur (victimes/temps, pourcentage de la population visée tué etc.) et surtout en méthodicité de planification et d'exécution... Tous les systèmes oppresseurs et conquérants dans l'Histoire, Assyriens comme Romains, Francs puis "Français" ou Mongols, Européens aux Amériques etc. ont allégrement massacré et réduit en esclavage les populations soumises, mais jamais dans de telles proportions ni de manière aussi "scientifique". Pour autant, nous avons toujours affirmé qu'avec les autres crimes de l'impérialisme, du capitalisme et de quelque système dominant et conquérant que ce soit, la différence est de DEGRÉ et non de nature. Certains défenseurs de l'"unicité absolue" avancent des arguments comme, par exemple, que les nazis ont exterminé les Juifs alors que la "logique" en temps de guerre aurait voulu qu'ils exploitent leur force de travail. Mais 1º/ d'une part c'est inexact : c'est oublier ne serait-ce que l'exploitation massive avant déportation (dans les ghettos de l'Est, les camps de travail en Allemagne et ailleurs, en Transnistrie immense "réserve juive" sous occupation roumaine etc.), cette dernière n'étant souvent que le point final d'un long processus (sauf sur le front de l'Est) ; puis que les déporté-e-s jugé-e-s "productif-ve-s" (hommes adultes et certaines jeunes femmes en bonne condition physique) étaient bel et bien mis-es au travail forcé (il y avait des dizaines de camps pour cela rien qu'autour d'Auschwitz, comme par exemple celui de Monowitz/Auschwitz III qui "fournissait" l'usine de caoutchouc Buna Werke de la firme IG Farben : 12.000 prisonniers-esclaves en grande majorité juifs), dans des conditions visant (certes) à les faire mourir à brève échéance (7% seulement survécurent), et envoyés à la columbus daychambre à gaz seulement lorsque "finis" d'épuisement [c'est ainsi qu'il a pu y avoir de (rares) survivant-e-s comme Primo Levi, Elie Wiesel ou Simone Veil] ; tout ceci sans même parler de la spoliation ("aryanisation") de valeurs parfois considérables aux malheureux-ses envoyé-e-s à la mort, tant au profit d'entreprises (grandes, moyennes et petites) que de l'État, de l'appareil NSDAP (État dans l'État - à ce sujet lire ici, article "férocement trotskyste" mais non moins intéressant) ou de simples particuliers, dans une véritable entreprise de vol institutionnalisé dont regorgent encore certaines banques en Suisse et ailleurs (dans tous les cas, la quasi-totalité des anciens propriétaires étant morts, les biens spoliés ont difficilement pu être "rejudaïsés") ; 2º/ d'autre part, c'est aussi oublier que d'autres politiques criminelles n'ont pas visé non plus l'exploitation des populations victimes mais bel et bien leur suppression (d'une manière ou d'une autre) d'un territoire donné, comme par exemple le nettoyage ethnique des années 1990 en ex-Yougoslavie ou... depuis 1947 en Palestine, où l'on préfère parfois embaucher-exploiter des Éthiopiens ou des Philippins que des Palestiniens dont la seule vocation est de "partir" ! Les Turcs auraient pu eux aussi mettre les Arméniens au travail forcé, pourtant ils les ont exterminés (comme "cinquième colonne" de la Russie). Que les Premières Nations d'Amérique meurent en masse d'épidémies et ne supportent pas le travail des champs ou des mines pouvait être "compréhensible" au 16e ou 17e siècle, mais au 19e la médecine avait progressé et il aurait été possible d'en faire une force de travail semi-esclave comme dans toute colonie qui se "respecte"... mais non : la ligne du gouvernement US était bel et bien qu'ils devaient disparaître des vertes prairies promises aux pionniers. Eh bien la Shoah, c'était aussi "simple" que cela : le nazisme avait un "plan" pour l'Europe (Generalplan Ost à l'Est mais aussi des "projets" pour les différents pays alliés ou vaincus à l'Ouest et au Sud) et dans ce "plan" les Juifs devaient disparaître de la surface du continent (quelques assassinats ont même été commis en Tunisie pendant les quelques mois d'occupation) après avoir "donné" jusqu'au dernier de leurs biens (spoliés/"aryanisés"), de leurs efforts (dans les ghettos avant déportation et dans les camps s'ils étaient affectés au travail forcé) et même leurs dépouilles une fois morts, atrocement "recyclées" (cheveux, peau, dents en or... au stade ultime de la barbarie capitaliste, pas besoin d'être vivant pour être transformé en marchandise !) car, "dernière des races inférieures", ils ne pouvaient jouer aucun rôle sinon de "virus" dans la "Nouvelle Europe" au service du Reich hitlérien. En définitive, le projet impérial nazi consistait - jusqu'à la Sibérie et au Caucase - en une véritable "Conquête de l'Est" dans laquelle les Slaves auraient été les Noirs à réduire en esclavage tandis que les Juifs (ou encore les Rroms) étaient les "Indiens" à surexploiter à court terme, mais surtout à éradiquer. Pour les nazis, le Juif était un être "faible" et peu combattif mais "sournois" et "contrôlant", par son intelligence "démoniaque", les forces "libérales" et "rouges" ; si bien que derrière toute action de résistance contre eux il y avait "le Juif" : la logique nazie est donc assimilable ici à l'extermination d'une population "irrémédiablement hostile" à la "race"/"civilisation" européenne, comme les "Peaux-Rouges" en Amérique du Nord ou les Héréros (nous y reviendrons plus bas) quelques décennies plus tôt en Namibie. Hitler aurait même eu l'occasion de confesser... combien l'extermination desdits "Indiens" par les colonisateurs US avait pu être source d'admiration et d'inspiration pour sa "Solution finale" [à ce sujet lire aussi ceci] ! Pour faire "place nette", Benjamin Franklin (un autre "grand homme" des "Lumières"...) louait les vertus de l'eau-de-vie et des couvertures contaminées à la variole... Les nazis, eux, préféreront la "simplicité" et "l'efficacité" d'un insecticide chimique surpuissant (chose qui n'existait pas 150 ans ou même quelques décennies plus tôt).

    [Lire : Johann Chapoutot - "Les nazis n'ont rien inventé, ils ont puisé dans la culture dominante de l'Occident libéral" (suivi de l'excellente aussi analyse de Losurdo).]

    algerie-211212L'on entend ou lit aussi que l'antisémitisme serait "autonome", que ("anticapitalisme romantique" ou autre) il ne serait "pas un racisme comme un autre"... Certes, mais quel racisme est "un racisme comme les autres" ? Tous les racismes sont différents selon le groupe visé et, de surcroît, selon le pays où ils sévissent (on n'est pas raciste de la même manière en "France" et en Allemagne, en "Espagne" ou aux USA). Le racisme anti-arabes/musulmans est historiquement un racisme de "guerre des civilisations" (Croisades oblige !), de combat "existentiel", de "eux ou nous" qui aurait plutôt vocation à s'exprimer par des crimes de guerre et des massacres façon Srebrenica ; le racisme anti-africains est un racisme de suprématie brute, de déni d'appartenance à l'espèce humaine (le racisme anti-"indiens" sur le continent américain est aussi un peu cela) et tend plutôt à s'exprimer par la servitude, le lynchage et la répression violente des révoltes (pour "garder l'animal à sa place") ; le racisme anti-asiatiques est un racisme de méfiance envers les "seuls" qui, allez savoir, "pourraient peut-être nous être supérieurs" ; le racisme anti-rroms un racisme anti-"voleurs-de-poules" et anti-ultra-pauvres typique du petit propriétaire aux abois (qu'est tout Européen aujourd'hui), tendant lui aussi à l'extermination version "hygiène sociale", etc. etc. L'antisémitisme européen est né contre une communauté vivant parmi les Européens depuis 2000 ans, autant dire depuis les origines (d'où le "ils sont partout", sous-entendu "parmi nous et on ne s'en rend pas toujours compte") ; la première à vrai dire contre qui s'est développée une discrimination et une persécution institutionnelle systématique (dès le 13e siècle) ; historiquement associée à "l'argent" et à la "spéculation" car souvent, pour ne pas rembourser les prêts obtenus d'eux (déjà sous la menace), les rois, grands féodaux et autres grands patriciens bourgeois les accusaient d'"usure" et les faisaient chasser ou massacrer [une politique, concrètement, d'extorsion de fonds en masse par les États modernes en formation à l'encontre des communautés juives, accompagnée d'expulsions et de massacres... dans laquelle on peut voir, peut-être, un des tous premiers mécanismes de l'accumulation primitive !!] (d'où l'"anticapitalisme romantique" ou "socialisme des imbéciles", mais "socialisme" HYPOCRITE serait sans doute plus approprié, car ce ne sont pas des personnes contre le capitalisme mais contre un capitalisme qui ne leur profite pas)... Il est donc logique qu'il ait des traits uniques, propres à lui et sans équivalent contre d'autres peuples ou groupes humains ; il suit historiquement le cheminement ghetto->pogrom->expulsion->nouveau ghetto, auquel s'est ajoutée au 20e siècle l'extermination massive. Il n'y a d'ailleurs pas l'antisémitisme comme phénomène uniforme, mais des antisémitismes  très nettement différents selon les pays et les rapports du corps social général à la communauté juive : ainsi si l'on prend l'Allemagne (antisémitisme nazi), la thèse bordiguiste (voir note 3) n'est pas si erronée et "abjecte" que cela puisque les Juifs, misérables au début du 19e siècle, appartenaient effectivement pour plus de 80% aux classes moyennes (50% d'entrepreneurs dans le commerce vers 1900) et très peu à la classe ouvrière au début du 20e ; elle ne fonctionne plus en revanche si l'on sort des frontières allemandes, en Europe de l'Est (juifs très pauvres des shtetl, beaucoup de prolétaires) mais aussi aux Pays-Bas (majorité ouvrière) ; tandis qu'en "France" le débat fit rage sur la distinction entre Juifs "de souche" et Juifs immigrés après 1919 (l'immense majorité des déporté-e-s et exterminé-e-s), en Italie le fascisme lui-même (sans être forcément "philosémite") rejetait, parfois ouvertement, l'antisémitisme obsessionnel des nazis jusqu'au "tournant" à 180° de 1938, etc. etc. Quant à l'argument, parfois invoqué, que l'antisémitisme nazi serait tellement "à part" que "les convois de Juifs à exterminer étaient prioritaires sur le ravitaillement des troupes", il relève sans doute de la légende et n'a jamais été prouvé - voir ici et ici... 

    Aucun argument de ce type ne tient donc la route : la seule unicité de la Shoah est quantitative et technique (planification et moyens techniques les plus modernes de l'époque) ! Ou plutôt, pourrait-on dire, la Shoah est unique tout comme aucun génocide ne ressemble à un autre : elle n’est pas unique dans son unicité.

    indexEt puis nous pensons aussi, avec Aimé Césaire, que "ce que l'on ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme BLANC, c'est l'humiliation de l'homme blanc, c'est d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les Arabes d'Algérie, les coolies de l'Inde et les Nègres d'Afrique" (Discours sur le Colonialisme, 1950)[4] ; que ce que la société capitaliste occidentale n'a pas supporté ce n'est pas la barbarie en soi mais la barbarie devant sa porte ; que si le nazisme avait fait 99,99% de ses victimes en Afrique ou en Asie et non en Europe, ou même s'il n'avait tué que des Juifs pauvres de l'Est, des communistes slaves et des Rroms (bref, s'il n'avait fait la guerre qu'à l'Est) il ne serait pas l'incarnation du Mal qu'il est devenu aujourd'hui : il suffit pour s'en convaincre de se rappeler les suppliques désespérées d'Haïlé Selassié à la tribune de la Société des Nations tandis que Mussolini mettait son pays à feu et à sang (300.000 morts au bas mot, gazages de populations etc.), ou comment la guerre en Asie-Pacifique, avec ses victimes des Japonais comme de la contre-offensive anglo-américaine (bombardements exterminateurs de Tokyo, Hiroshima et Nagasaki), n'a pas intégré le "devoir de mémoire" sur la Seconde Guerre mondiale... Qui (en dehors de quelques historiens spécialisés), lorsqu'il s'agit d'étudier les "racines du Mal" nazi, pense simplement à évoquer le génocide des Héréros de Namibie (alors colonie allemande) : un génocide quasi-total (85% de la population visée) où furent forgées bien des méthodes de la future Shoah... mais frappant un peuple noir africain ???

    Oui, nous assumons totalement l'idée de CONTINUITÉ entre l'histoire de l'Europe comme "civilisation" (capitalisme, État moderne, expansion coloniale, "révolution" industrielle, impérialisme) et le nazisme, régime criminel jailli non pas d'une "hystérie collective" ou des entrailles d'une "minorité illégitime" et marginale qui aurait "subjugué" un peuple entier, mais bien du centre légitime des idéologies du monde occidental [voir ABSOLUMENT à ce sujet le célèbre ouvrage de 2001 de la franco-colombienne afro-descendante Rosa Amelia Plumelle-Uribe (bombe à neutrons littéraire qui fit évidemment "scandale" à l'époque, allant jusqu'aux accusations de "négationnisme" ou en tout cas de relativisation du nazisme et de la Shoah), ou celui à peu près contemporain du spécialiste de la Shoah Enzo Traverso]... C'est là ce que disait déjà (en substance) Simone Weil dans ses écrits sur l'anéantissement médiéval puis absolutiste moderne de notre Occitanie où, juive, elle était venue chercher refuge en 1940 (un refuge bien illusoire puisqu'en août 1942 les Juifs de zone "libre" seront eux aussi raflés sous la conduite de René Bousquet - le Manuel Valls de l'époque - et en l'absence du moindre uniforme allemand, mais en 1940 on ne le savait pas encore) !

    rwanda wideweb 470x307,0Cet aspect est incontournablement à prendre en compte[5]. Il montre les limites, au-delà des lois Pleven et Gayssot, de l'"antiracisme" et de l'"antifascisme" bourgeois. N'en déplaise à ceux et celles qui, pour des raisons qui sont les leurs (aussi nobles soient-elles), sont attaché-e-s à l'"unicité" du génocide antisémite nazi, cette question agite une grande partie des masses populaires et elle est très concrètement soulevée par des milliers de personnes (or une question soulevée est forcément une question qui existe) ; un sentiment on-ne-peut-mieux résumé par la phrase : "à l’école on nous a beaucoup parlé des crimes de l’Allemagne mais beaucoup moins de ceux de la France : la colonisation et l’esclavage"... Et en l'absence de réflexion et de position révolutionnaire ou carrément face à un veto catégorique de l'extrême-gauche "blanche"[6] sur la question, elle ne recevra que de mauvaises réponses réactionnaires : négationnisme ou relativisme, complotisme, "Shoah invention-ou-exagération des Juifs pour justifier Israël" etc. etc. C'est un devoir révolutionnaire sur lequel il faut être extrêmement ferme, et ne pas céder au terrorisme intellectuel de l'idéologie dominante qui sait parfaitement (on l'aura trop vu, et encore une fois expliqué ici) se présenter comme "antifasciste". Sans jamais perdre de vue que Dieudonné aura apporté aux révolutionnaires, au cours de ces 10 dernières années, un seul mais immense enseignement : la première victoire sur le "système" qu'il prétend dénoncer... c'est justement de ne pas finir comme lui !

    images4. Les lois Pleven et Gayssot, comme derrière elles tout l'"antifascisme" de la "démocratie" bourgeoise, sont donc ambivalentes ; à l'image d'une classe qui a passé son histoire à sécréter des valeurs d'humanisme pour presque aussitôt les piétiner. Il n'est pas possible d'avoir sur elles une position "monolithique", "arrêtée" ; les communistes doivent (encore une fois, encore et toujours) PENSER AVEC LEUR TÊTE, sans schématisme, savoir être pragmatiques (prendre ce qui peut servir chez l'adversaire "démocrate" bourgeois) mais aussi être critiques et pas dupes. La question et la tâche centrales ne sont de toute façon pas là : elles sont de construire l'autonomie prolétarienne et populaire dans tous les domaines et dans ce cadre, de construire l'antifascisme populaire-révolutionnaire, fondé non pas sur les lois et les institutions démocratiques bourgeoises, mais sur l'autodéfense des masses populaires contre les milices de leur esclavage et de leur soumission par la terreur, ce qu'est le fascisme. Ne serait-ce que, par exemple, éjecter manu militari les militants dieudonnistes de toute mobilisation sociale, populaire, démocratique ou anti-impérialiste, suffirait déjà à vider le dieudonnisme de son objet, qui est justement d'infiltrer et gangréner ces luttes. Bien sûr, il faut encore (en ces temps où la confusion est partout) savoir de quoi l'on parle lorsque l'on parle d'autodéfense populaire, car les fascistes ont pris l'habitude de se poser en "victimes" et de dire "ne faire que se défendre"...


    Annexes :

    1°/ Intéressant pour ‘mémoire’, le dialogue entre l’‘‘islamo-gauchiste’’ Pierre Tevanian et un Dieudonné ayant tout juste (mais déjà ‘bien’) amorcé sa dérive, en 2005 (sur le site, hélas, de Fourest & co, mais c’était ça ou ‘‘Les Ogres’’ dieudonnistes, donc il fallait choisir…) :

    http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2005/09/21/349-quand-dieudonne-croise-un-indigene-de-la-republique

    Intéressant car dévoilant très précisément la mécanique de pensée ayant conduit l’humoriste ‘antiraciste’ du début des années 2000 là où il est aujourd’hui. On y voit notamment s’étaler son idéalisme républicain forcené, finalement digne des Finkielkraut et consorts qu’il pourfend ; et lorsque Tevanian réplique que la République c’est AUSSI l’impérialisme et la colonisation, le racisme ‘structurel’ etc., il rétorque que ‘‘vous ne me comprenez pas, la République pour moi ce n’est pas ce qu’il y a actuellement, c’est l’utopie, l’idéal’’. Eh oui ! Tel était le Dieudonné du début des années 2000 : une sorte de Mélenchon mêlé de José Bové… pris pour Malcolm X par des milliers de personnes. Et lorsque Tevanian lui explique que le cœur du pouvoir c’est justement cette République qu’il idéalise, une République ‘blanche’ c'est-à-dire bourgeoise et impérialiste, que le mouvement sioniste n’en est qu’un bras armé parmi d’autres, que ce n’est pas parce qu’il frappe fort (dans un contexte de 2e Intifada où, face aux crimes ultra-médiatisés de Tsahal, il était particulièrement aux abois) qu’il est le pouvoir, Dieudonné s’entête : non non, pour lui le centre du pouvoir c’est le ‘sionisme’ matérialisé dans le CRIF et les ‘juifs médiatiques’… Partant de là, il est clair que la dérive ne peut plus avoir de fin. Un dérive qui d’ailleurs, contrairement aux idées reçues, n’a pas commencé après le fameux ‘‘sketch Isra-Heil chez Fogiel’’ (décembre 2003, où Dieudonné parlait déjà d’axe ‘américano-sioniste’, preuve qu’il était déjà sous l’influence de Soral), puisqu’en 2002 par exemple, ‘candidat-et-pas-pour-rire’ à la présidentielle, il déclarait déjà dans un magazine lyonnais : "Le racisme a été inventé par Abraham. Le “peuple élu”, c’est le début du racisme. Les musulmans aujourd’hui renvoient la réponse du berger à la bergère. Juifs et musulmans, pour moi, ça n’existe pas. Donc antisémite n’existe pas parce que juif n’existe pas. Ce sont deux notions aussi stupides l’une que l’autre. Personne n’est juif ou alors tout le monde. Je ne comprends rien à cette histoire. Pour moi, les Juifs, c’est une secte, une escroquerie. C’est une des plus graves parce que c’est la première. Certains musulmans prennent la même voie en ranimant des concepts comme la “guerre sainte”, etc." (citation souvent tronquée pour en grossir le caractère antisémite, mais montrant déjà qu’il était sur une très mauvaise pente). En réalité, la dérive part du Code Noir, projet (plus que noble en soi !) de film sur la traite esclavagiste en 2002. Le projet fut refusé par le Centre national cinématographique (en fait un refus d’aide à l’écriture du scénario, ce qui arrive dans 90% des cas à la première demande), ce dont il a déduit une volonté juive/sioniste de ‘‘monopole de la souffrance’’ et ‘‘une guerre déclarée culturellement au monde noir’’, dans l’état d’esprit de l’époque autour de l’ouvrage de Finkelstein etc. Alors que si blocage il y a réellement eu, c’est parce que la mémoire de l’esclavage porte atteinte à LA FRANCE, nullement à Israël, au sionisme et aux Juifs ! D’ailleurs le Code Noir en question (promulgué par Colbert en 1685), loin de consacrer une quelconque ‘mainmise des Juifs’ sur la traite négrière… a pour article premier d’expulser les Juifs des colonies antillaises (ces Juifs étaient souvent néerlandais, il n’y avait alors pas de communauté juive importante dans beaucoup d'autres pays, or le royaume de Louis XIV était en guerre ouverte avec les Pays-Bas à l’époque).

    2°/ Voici un petit texte sympathique publié par le groupe révolutionnaires Les Enragés. Des inexactitudes... il y en a sans doute, car il se veut simple et pédagogique et c'est justement ce qui fait son intérêt (ce pour quoi nous le publions, nous qui avons un peu perdu, hélas, le savoir-être-simple...). Il remet, de manière très compréhensible par la grande majorité du Peuple, les pendules à l'heure au sujet de tous les discours (omniprésents) sur la "finance" ("mondialisée" ou pas), le "capitalisme financier" qui serait le problème et non le capitalisme (principalement monopoliste) en soi... et donc indirectement sur l'antisémitisme de Dieudonné et consorts, dont c'est là un moteur absolument primordial (le problème n'est pas le capitalisme mais le capitalisme "financier", et la "finance" c'est "qui vous savez"...) :

    Le capitalisme, ce n'est pas seulement la finance. Le capitalisme, ce n'est pas seulement la bourse, il existe une quantité importante d'espaces où les capitaux s'échangent en dehors de la Bourse.
    Le capitalisme, c'est l'accumulation des fruits du travail salarié par une minorité parasite.
    Le capitalisme, ce n'est rien d'autre que la concurrence que se livrent les bourgeoisies internationales et la concurrence que se livre une bourgeoisie donnée sur une territorialité, sur sa chasse gardée nationale.
    Un patron de PME de 250 employés à 9.000 € par mois est un parasite, un capitaliste, et pourtant il n'est ni côté en bourse, ni dans la finance.
    Le capitalisme n'est piloté par personne, c'est une structure.
    Il profite directement aux bourgeoisies qui possèdent déjà des lois, des normes fiscales et comptables faites sur mesure pour elles et qui agissent sur toutes les sphères qu'elles maîtrisent pour imposer une conduite économique favorable à leurs intérêts et au travers de la concurrence qu'elles se livrent.
    Mais il n'y a pas de pilote dans l'avion.
    Et on n’en veut pas de pilote, on veut que nous soyons tous les pilotes pour faire atterrir l'avion, pour sortir du capitalisme.
    Le capitalisme ne peut s'arrêter localement. Il ne peut être stoppé qu'en expropriant une à une chaque bourgeoisie donnée sur la chasse gardée de sa propre territorialité, par un mouvement d'union révolutionnaire du salariat, employé ou pas à un instant T, au travers de tous pays.
    Ami, l'ennemi n'est pas le travailleur allemand, grec ou américain. Il est derrière toi. Il parle ta propre langue!

    https://www.facebook.com/LesEnrages

    3°/ À la toute fin de cette très intéressante page théorique antifasciste (datant des tous débuts du blog, complétée par la suite), une petite analyse griffonnée par nos soins en 2011 : "Shoah, et s'il y avait PLUSIEURS explications ?".


    [1] "Bien sûr, il y aura contestations, émeutes et même menaces terroristes. Le pouvoir y mettra fin grâce à sa détermination sans faille, et, s’il faut sacrifier quelques extrémistes pour redonner à 65 millions d’habitants paix et protection, il faudra faire savoir que l’armée, dépêchée à chaque menace, n’hésitera pas à tirer dans le tas. C’est terrible, mais il n’y aura pas d’autre solution pour calmer le jeu et imposer notre loi" - Christine Tasin, "Que faire des musulmans un fois le Coran interdit ?"

    [2] "Le régime colonial donna un grand essor à la navigation et au commerce. Il enfanta les sociétés mercantiles, dotées par les gouvernements de monopoles et de privilèges et servant de puissants leviers à la concentration des capitaux. Il assurait des débouchés aux manufactures naissantes, dont la facilité d'accumulation redoubla, grâce au monopole du marché colonial. Les trésors directement extorqués hors de l'Europe par le travail forcé des indigènes réduits en esclavage, par la concussion, le pillage et le meurtre refluaient à la mère patrie pour y fonctionner comme capital. (...) De nos jours, la suprématie industrielle implique la suprématie commerciale, mais à l'époque manufacturière proprement dite, c'est la suprématie commerciale qui donne la suprématie industrielle. De là le rôle prépondérant que joua alors le régime colonial. Il fut « le dieu étranger » qui se place sur l'autel, à coté des vieilles idoles de l'Europe ; un beau jour il pousse du coude ses camarades, et patatras ! voilà toutes les idoles à bas ! (...) En somme il fallait pour piédestal, à l'esclavage dissimulé des salariés en Europe, l'esclavage sans phrase dans le Nouveau Monde." - K. Marx, Le Capital Livre I, 8e section, chap. 31 "Genèse du capitaliste industriel" (1867). L'on peut citer également ce passage dans Misère de la Philosophie (1847) :  "L'esclavage direct est le pivot de l'industrie bourgeoise aussi bien que les machines, le crédit, etc. Sans esclavage, vous n'avez pas de coton ; sans le coton, vous n'avez pas d'industrie moderne. C'est l'esclavage qui a donné leur valeur aux colonies, ce sont les colonies qui ont créé le commerce de l'univers, c'est le commerce de l'univers qui est la condition de la grande industrie. Ainsi l'esclavage est une catégorie économique de la plus haute importance."

    "La conquête de l’Amérique, qui s’accompagna du pillage massif et de l’extermination de la population indigène, procura aux conquérants des richesses incalculables qu’accrut plus rapidement encore l’exploitation des mines de métaux précieux d’une richesse extraordinaire. Pour faire valoir ces mines, il fallait de la main-d’œuvre. Les Indiens périssaient en masse par suite des conditions inhumaines dans lesquelles ils travaillaient. Les marchands européens organisèrent en Afrique la chasse aux nègres comme s’il s’était agi de bêtes sauvages. Le commerce des nègres d’Afrique réduits en esclavage était des plus lucratifs. Les négriers réalisaient des profits fabuleux. Le travail servile des nègres reçut une grande extension dans les plantations de coton américaines.
    Le commerce colonial fut, lui aussi, à l’origine de grosses fortunes. Les marchands de Hollande, d’Angleterre et de France fondèrent les compagnies des Indes orientales pour faire le commerce avec l’Inde. Ces compagnies bénéficiaient de l’appui de leurs gouvernements. Elles monopolisaient le commerce des produits coloniaux et avaient reçu le droit d’exploiter sans aucune restriction les colonies en usant des pires méthodes de violence. Leurs bénéfices annuels dépassaient de plusieurs fois le capital engagé. En Russie, le commerce avec la Sibérie qui mettait en coupe réglée les populations et la ferme de l’eau-de-vie, par laquelle l’État accordait à des traitants le droit exclusif de produire et de vendre des spiritueux contre le payement d’une certaine somme, procuraient de gros profits aux marchands.
    Le capital commercial et le capital usuraire concentrèrent de la sorte de prodigieuses richesses monétaires. C’est ainsi que par le pillage et la ruine de la masse des petits producteurs s’accumulèrent les ressources monétaires indispensables à la création de grandes entreprises capitalistes. Analysant ce processus, Marx a écrit que le Capital arrive au monde 'suant le sang et la boue par tous les pores'."  Manuel d'Économie politique de l'URSS (1954) chap. 3.7

    [3] C’est ainsi que, lorsque l'on en voit expliquer qu'il n'y a jamais eu historiquement que "deux forces affirmant l'autodéfense juive, les communistes et les sionistes dits 'révisionnistes' de Jabotinsky", il y a de quoi proprement halluciner… Si par "autodéfense juive" l'on entend, pour prendre l'exemple le plus héroïque et emblématique, l'insurrection du ghetto de Varsovie, celle-ci comptait essentiellement deux forces : la principale était l'Organisation juive de combat (OJC, en polonais Żydowska Organizacja Bojowa ou ŻOB) composée de marxistes-léninistes (Parti ouvrier polonais), de marxistes et de socialistes divers, de bundistes (comme Marek Edelman, dernier survivant mort en 2009) et de sionistes de gauche (Hachomer Hatzaïr comme le commandant 1287331298 194408 Resistantsjuifsen chef Mordechaj Anielewicz, Poale Tzion et Dror) ; l’autre était l'Union militaire juive (Żydowski Związek Wojskowy - ŻZW), effectivement de tendance jabotinskyste, mais beaucoup plus secondaire. Les sympathies de la première allaient (on s'en doute) plutôt à l'URSS, celles de la seconde plutôt aux Alliés occidentaux et au gouvernement polonais en exil à Londres. L'autodéfense juive, pour survivre ou au moins mourir dignement les armes à la main (contrairement à l'image de "bêtes" terrées ou conduites passivement à l'abattoir, justement véhiculée par l'imagerie impérialiste de la Shoah... et par le sionisme, qui méprise foncièrement ces "fautifs" restés en Europe alors qu'ils auraient "sauvé leur vie" en Palestine) était donc principalement communiste, socialiste et sioniste de gauche. Le Partizanenlied (chant des partisans juifs antifascistes du Yiddishland), que SLP a mis en avant voici bientôt 4 ans et que reprend aujourd'hui éhontément le 'p''c''mlm' tout en glorifiant le sionisme "révisionniste" de droite qui en est l'antithèse absolue, évoque d'ailleurs le Nagan - un revolver russe indiquant bien d'où venaient leurs livraisons d'armes (d'URSS), mais aussi le lien fun grinem palmenland biz land fun vaysen shney, "du vert pays des palmiers au pays des neiges blanches", ce qui est une claire référence sioniste "de gauche" : la résistance contre la machine de mort nazie unissait tactiquement ces deux composantes (on peut le critiquer a posteriori si l'on veut, tout comme le soutien soviétique à la résolution 181 des Nations Unies créant l’État sioniste, mais il en a été ainsi ; tout comme demain il faudra peut-être "faire front" avec des "communautaristes" de gauche et/ou des "bundistes 'indigènes'/musulmans").

    Affirmer (en les mettant sur le même plan que les communistes !) que les sionistes "révisionnistes" sont les seuls à avoir prôné l'autodéfense juive est donc une contre-vérité historique absolue, mais aussi une affirmation lourde de conséquences aujourd'hui. Car qui sont actuellement les sionistes "révisionnistes" de Jabotinsky ? Tout simplement le Likoud, actuellement au pouvoir en Israël avec Netanyahu, à travers la sinistre Irgoun qui s'illustra par les pires exactions dans le nettoyage ethnique de la Palestine entre 1946 et 1950 ; et son bras de jeunesse le Betar... Et qui sont les partisans de Likoud en Hexagone ? Tout simplement les personnalités soi-disant "représentatives" de la communauté juive qui assument ouvertement leurs sympathies, quand ce ne sont pas des liens directs et concrets, avec la pire extrême-droite : les Cukierman ("Le Pen au second tour [en 2002] c'est un message pour dire aux musulmans de se tenir tranquilles") et Prasquier, Goldnadel (avocat de l'ultra-fasciste alsacienne Anne Kling) et Sammy Ghozlan sans oublier l'inénarrable Jacques Kupfer (ex-président du Likoud de France, co-président du Likoud mondial), connu pour ses régulières prises de position ahurissantes pour ne pas dire (ce serait "antisémite" attention...) hitlériennes (lire encore ici) ; ou encore la LDJ (qui elle descendrait plutôt du Lehi ou "groupe Stern", encore plus radical que Jabotinsky et assumant l'alliance avec l'Allemagne nazie, ou encore des Birionim) qui fricote ouvertement avec les Identitaires mais aussi avec l'ex-GUDard (plutôt "antisioniste" en principe...) Philippe Péninque ! Si pour les auteurs d'une telle affirmation l'autre côté de la barricade n'avait pas été atteint auparavant, on voit mal comment il ne pourrait pas l'être à présent... 

    [4] L'on pourrait encore citer Frantz Fanon : "Il y a peu de temps, le nazisme a transformé la totalité de l’Europe en véritable colonie" http://quartierslibres.wordpress.com/2013/10/17/leurope-est-litteralement-la-creation-du-tiers-monde/

    [5] Et tant pis si d'aucuns voient en cela un "retour d'Auschwitz et le Grand Alibi", ce court article bordiguiste (marxiste "anti-stalinien", "gauche communiste italienne") auquel son titre maladroit (et/ou inutilement provocateur) et les utilisations négationnistes ultérieures ont "fait une réputation" largement sans rapport avec son importance ni (surtout) avec la réalité de son contenu, et qui est souvent devenu le dernier argument de ceux-là mêmes que le texte vise (les tenants de l'unicité pour minimiser tout le reste) lorsqu'ils sont bien incapables de trouver le moindre propos antisémite, négationniste ou de type "Shoah = propagande sioniste" dans un texte : en effet, si les (brèves) réflexions développées par l'article sur l'antisémitisme européen et la Shoah, marquées du sceau de l'économisme mécanique grossier et de l'anti-antifascisme politiquement identitaire de cette pensée proche du trotskysme (raison de sa rupture avec Gramsci et de son exclusion du PCI), sont profondément erronées (Juifs réduits à "une part importante de la petite bourgeoisie", rôle "central" de la petite-bourgeoisie dans le fascisme - caractéristique de ce courant, etc. etc.), le postulat de départ sur l'utilisation ultérieure du génocide (jamais nié ni minimisé à un seul moment dans le texte) par les impérialistes pour s'"absoudre" et relativiser tous leurs autres crimes n'est pas si idiot que cela ; d'autant moins qu'il avait déjà été évoqué (ou quelque chose de voisin) 10 ans plus tôt par Césaire (un crypto-nazi lui aussi ?)... Et que devrait-on dire, à ce jeu-là, du "négationnisme" de Mao, Staline, Hô Chi Minh et de la plupart des communistes de la Guerre froide, qui "osaient"  très fréquemment comparer l'impérialisme US et occidental à l'Allemagne nazie pour ses crimes en Corée, au Vietnam, en Algérie et ailleurs (ce militant Black Power afro-américain, par exemple, parlant devant les Gardes rouges de Pékin de "jungle hitlérienne" pour l'Amérique de Johnson) ? Ou encore de ces archives soviétiques "osant" évoquer, au delà de la liquidation systématique des Juifs en URSS occupée, celle des Rroms (on sait que Staline a quelque peu "dérivé" antisémite sur la fin de sa vie, entre "agents sionistes" et "cosmopolites sans racines", mais enfin bon...) ? Oser "comparer" ou "rapprocher", parler dans un même paragraphe de la Shoah et d'une ou d'autre(s) tragédie(s) ; oser dénoncer tout crime qui ne serait pas antijuif et y voir, sans que les faits soient comparables, la même matrice idéologique que la Shoah ; serait du "négationnisme" et une "agression" insupportable pour les personnes juives ? Ce n'est pourtant pas ce que l'Histoire comme le présent montrent pour beaucoup d’entre elles, que la tragédie des années 1930-40 a au contraire ultra-sensibilisées à celles d'autres peuples : Palestiniens victimes du sionisme, dont les survivants ou descendants de survivants de la Shoah sont nombreux à prendre la défense ; Afro-américains dont les Juifs liberals et progressistes US (l'immense majorité) furent souvent les premiers compagnons de route dans la lutte pour les droits civiques, tout comme avec les Noirs d'Afrique du Sud contre l'apartheid ; Premières Nations des Amériques (cas personnellement rencontré, peut-être nous lira-t-il et se reconnaîtra-t-il ?), etc. etc. Et faut-il n’avoir que ‘‘négationnisme !!!’’ à la bouche lorsque certain-e-s, y compris des enfants de survivants de l’horreur, disent non pas que la Shoah est une invention, non pas que la mémoire n'est pas nécessaire, mais que certaines utilisations de cette mémoire sont, pour tout dire, une insulte aux victimes ?

    [6] Dans une veine assez voisine, on se rappellera la désastreuse et contre-productive opération antifa de Lille contre le ‘vieux ML’ révisio-‘campiste’ limite ‘rouge-brun’ Michel Collon ; opération qui a suscité de la part du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) une réaction cinglante dont bien des passages sont des coups de poignard pour les révolutionnaires antifascistes que nous sommes : http://www.legrandsoir.info/les-antifascistes-du-fuiqp-59-62-a-propos-de-la-curieuse-coordination-antifasciste-lille.html (désolés pour la source, 'rouge-brune' elle aussi, mais le FUIQP n'a pas de site propre).

    Michel Collon n'est pas un "conspi tendance dure", quelqu'un qui verrait un "cénacle mondial secret" (illuminati, juif ou autre) derrière toutes les "mauvaises choses" de la planète (on a ici un aperçu de sa position de fond sur le sujet). En réalité, issu du PTB (pro-Deng Xiaoping et très anti-soviétique à sa création en 1979...), il a suivi l'évolution "vieille-stal"/brejnévienne et "campiste" de cette organisation belge depuis la fin de la Guerre froide (la Chine elle-même, soumise à des "déstabilisations" - "Printemps de Pékin" etc., tournant alors le dos à son alignement pro-occidental des 15 années précédentes). "Orphelin" de l'URSS et des "démocraties populaires" disparues en 1989-91, il se fabrique à partir d'un agglomérat de pays (Russie, Chine, Iran et alliés, pays de l'ALBA avec bien sûr Cuba) un "nouveau camp de l'Est" (du Bien) de substitution qu'il oppose au "camp du Mal" occidental (relativement inchangé, quant à lui, depuis les années 1980 de Reagan & co). Autrement dit, il a une vision extrêmement binaire et simpliste d'un monde en réalité beaucoup plus complexe, ce qui l'oblige à invoquer les "(média-)mensonges", la "manipulation" et l’œuvre des services secrets occidentaux derrière tout ce qui ne rentre pas dans ses schémas d'analyse ou tout ce qui a deux aspects (comme typiquement les soulèvements populaires en Libye ou en Syrie, devenus guerres "atlantistes" contre ces pays) mais dont il ne veut voir qu'un seul. C'est donc une vision du monde révisionniste ("stalinienne" diront les anarchistes et les trotskystes) qu'il est utile et nécessaire de contredire et combattre... Mais encore faut il avoir (dans sa petite tête) le matériel idéologique pour cela, ce qui aurait (carrément, même) rendu l'opération "coup de poing" très intéressante. Ce n'était malheureusement pas le cas ; et se contenter de hurler au "Collon conspi", "Collon fasciste" etc. et d'étaler ses "accointances" avec tel ou tel spécimen plus gratiné que lui dans le conspirationnisme, sans lui apporter la moindre contradiction sur le fond, n'a eu qu'un effet contre-productif auprès des personnes de classe populaire (et souvent "non-blanches" !) présentes. La "Coordination antifasciste de Lille" s'est tout simplement montrée incapable de la moindre confrontation d'idées (qui aurait fait avancer la compréhension communiste du monde) avec le journaliste belge. Pourquoi la controverse, la polémique, n'ont-elles pas été assumées de la sorte ? "Parce qu'on ne discute pas avec les fascistes", nous disent-ils/elles. Ah d'accord... Mais alors, dans ce cas-là, depuis quand va-t-on dans un meeting fasciste pour y lire une déclaration puis (compter) s'en aller tranquillement ?? Les meetings fascistes s'attaquent casqués et armés de barres de fer !!! Bref, tout cela ne tient tout simplement pas debout ; et l'"antifascisme" dans ce style ne sert clairement pas la cause révolutionnaire.


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  • Le site "lesmaterialistes" du 'p''c''mlm' évoquait déjà dans son éditorial du 7 janvier la nécessité pour les communistes et "tou-te-s les progressistes" de se ranger derrière le Ministère de l'Intérieur et le PS dans leur croisade contre l'antisémite Dieudonné. Il l'assume désormais clairement et l’argumente dans un article entier, faisant le parallèle avec... l'affaire Dreyfus. Ridicule ? Non, ce serait injuste de dire cela, et il n'est pas nécessaire d'être injuste dans le débat politique. "Bien tenté" serait plutôt le terme qui convient ; il faut dire que le virage à 180° du "Parti de la Science", de l'Olympe de la "pureté prolétarienne" à la remorque complète de la place Beauvau, nécessite de faire appel à des références historiques fortes – il a encore renchéri depuis avec le Front populaire.

    Degradation alfred dreyfusForte et convaincante, la référence à l'affaire qui marqua, en Hexagone, le passage du 19e au 20e siècle l'est indéniablement. Hélas, si l'on creuse les choses un peu plus avant, en marxistes, la comparaison-argumentation apparaît un peu plus compliquée.

    L'affaire Dreyfus a eu en effet DEUX ASPECTS ; or comme il fallait s'y attendre le 'p''c''mlm' n'en voit qu'un seul :

    1°/ D'un côté, au regard du rôle POLITIQUE de mobilisation réactionnaire de masse qu'allait jouer l'antisémitisme au demi-siècle suivant, la nécessité progressiste de "soutenir" le capitaine Dreyfus apparaît effectivement évidente. Toute l'idéologie exterminatrice qui allait sévir au Vel d'Hiv et à Drancy, et remplir les wagons vers Auschwitz 40 ans plus tard était déjà contenue dans la phrase de Barrès en 1902 : "Que Dreyfus soit capable de trahir, je le conclus de sa race" ; autrement dit le Juif est par nature "cosmopolite", "trans-" et "anti-national", loyal à sa seule communauté ou encore... à l'argent ("comme Judas"), "parti de l'étranger" (500.000 Juifs vivaient en Allemagne "donc" les Juifs étaient "forcément" pro-allemands ; les nazis feront ensuite la même déduction de "l'importance" des Juifs dans les directions politiques soviétique et française). Servir le Peuple l'a déjà affirmé sans ambigüité, et a dénoncé l'attitude dogmatique "sur l'Aventin" des marxistes de l'époque dans un article consacré à la grande mobilisation réactionnaire de notre époque qu'est l'islamophobie : Après le vote suisse, la vague fasciste islamophobe déferle sur l'Europe. Ceci dit, il apparaît également que la victoire dreyfusarde n'a finalement pas empêché grand chose, l'antisémitisme continuant à se répandre jusqu'à devenir omniprésent dans les années 1930 (alors que l’État français avait reçu un afflux très important d'immigration juive, la communauté passant de 80.000 personnes lors de l'affaire Dreyfus à plus de 300.000 en 1940), puis exterminateur ; réalité annonciatrice avant l'heure de l'impuissance de l'antiracisme/antifascisme bourgeois.

    2°/ MAIS de l'autre, la victoire des dreyfusards (grâce et libération du capitaine en 1899, réhabilitation totale en 1906) a aussi été celle de l'idéologie républicaine monopoliste, inaugurant quatre décennies de règne sans partage du Parti radical jusqu'en 1940... lorsque 90% des députés radicaux voteront les pleins pouvoirs à Pétain et à sa "révolution nationale" ; montrant bien là que quel que soit le problème (fascisme, antisémitisme ou autre), le cœur du problème est au cœur de l’État. Il faut bien comprendre que si le camp anti-dreyfusard comptait l'Action française, Maurras, Barrès et compagnie, auteurs d'une "synthèse des droites radicales" extrêmement moderne et matrice intellectuelle d'une grande partie de la "droite radicale" aujourd'hui encore, il comptait surtout une droite catholique, conservatrice, souvent anti-républicaine ou républicaine par pure résignation ("le régime qui nous divise le moins" disait Adolphe Thiers), représentant la vieille bourgeoisie traditionnelle du 19e siècle. Le camp du "progrès", de la "modernité", du 20e siècle, autrement dit des MONOPOLES était au Parti radical, autour de L'Aurore, de Zola et Clemenceau : du côté dreyfusard. Et sa victoire dans cette affaire (l'une des premières grandes "affaires médiatiques" de l'Histoire hexagonale), si elle n'a évidemment pas été déterminante (la tendance aux monopoles et l'affirmation politique allant avec étaient de toute manière inéluctables), a fait office pour elle de sacre symbolique : elle lui a permis, comme la campagne anti-catholique de 1905, d'affermir son pouvoir (pour objectivement acquis qu'il fut) et de le forger idéologiquement.

    Là encore, c'est toute la question de l'antifascisme populaire-révolutionnaire et de l'antifascisme bourgeois qui montrait ses prémisses. Si l'antifascisme populaire-révolutionnaire gagne l'hégémonie dans le combat antifasciste, il gagne des points pour la révolution. Si en revanche l'hégémonie est laissée à l'antifascisme bourgeois, soit (très souvent) celui-ci est impuissant et le fascisme l'emporte, soit le "blocage" temporaire du fascisme aboutit de toute façon à une "modernisation" et (donc) à un renforcement du capitalisme : c'est ce qui s'est produit avec l'affaire Dreyfus, même si à l'époque on ne parlait pas encore de fascisme et d'antifascisme ; et plus tard à la Libération (l'antifascisme communiste/progressiste avait versé son sang, mais la direction thorézienne laissa la victoire à De Gaulle et aux républicains bourgeois) ou encore avec l'antiracisme des années Mitterrand (SOS-Racisme et compagnie) face à l'émergence du FN. Cette "victoire" n'étant de toute façon qu'éphémère au regard de l'Histoire, avant qu'un nouveau boulevard ne s'ouvre devant le fascisme voire même que des "antifascistes" bourgeois d'hier deviennent eux-mêmes les fourriers du nouveau fascisme : combien de républicains bourgeois, forgés politiquement Affaire Dreyfus defenseurs 01 maxdans le dreyfusisme au début du 20e siècle, participeront à la fascisation des années 1930 et aux débuts (au moins) de la "Révolution nationale" en 1940, entre "décidément trop de Juifs et de métèques dans notre bonne vieille France" et peur panique du "bolchévisme" ? Dans la nouvelle extrême-droite qui formera le Front National en 1972, il y aura autant sinon plus d'anciens résistants et "Français libres", parfois de la première heure, que d'anciens pétainistes et même "vichysto-résistants" ; et combien de "potes" antiracistes des années 1980 servent aujourd'hui la soupe aux pires délires sécuritaires, anti-musulmans, "guerre des civilisations" etc. etc. ?

    C'est donc, en un mot, une question d'hégémonie au sein même de la lutte contre le fascisme qui est posée. Or, face à la haine réactionnaire antisémite qui s'était abattue sur l'innocent capitaine Dreyfus, le fait est que le mouvement ouvrier socialiste d'alors s'est soit mis à la remorque du dreyfusisme bourgeois de L'Aurore (Jaurès), soit retranché sur l'Aventin des "principes" et de la "pureté" prolétarienne (Guesde et Lafargue). Exactement comme aujourd'hui le 'p''c''mlm', qui nous avait plutôt habitué à la deuxième attitude (l'Aventin de la pureté MLM) sur tout un tas de sujets, adopte désormais la première, celle des jaurésiens, en se mettant à la remorque de l'anti-dieudonnisme républicain bourgeois de Valls, Tribalat et compagnie. Il cite comme les "deux grandes catastrophes", pour la cause révolutionnaire en "France", "l'apolitisme de la Charte d'Amiens" et "le fait que les réformistes socialistes du camp de Jean Jaurès ont été dreyfusards, mais pas les socialistes partisans de la révolution du camp de Jules Guesde"... Il aurait pu citer d'autres exemples (à notre sens) encore plus "catastrophiques", comme le fait qu'en 1914 Jaurès ait rejeté l'hystérie chauvino-militariste et se soit fait tuer pour cela, tandis que Guesde s'est rallié à "l'Union sacrée", devenant même ministre (!!!) jusqu'en 1916 : en réalité, le problème GÉNÉRAL du mouvement ouvrier révolutionnaire en "France" est d'avoir TOUJOURS été partagé entre un progressisme-humanisme sincère mais incapable de s'arracher au "possibilisme" réformiste, ou fantasmant carrément sur "la République" comme "première pierre" d'une société socialiste, et des "révolutionnaires marxistes" enfermés dans le dogmatisme des "principes" (accompagné ou non de luttes économiques radicales et/ou d'agitation démocratique et/ou internationaliste etc.), et capables au nom desdits "principes" de verser dans la réaction la plus totale ; car c'est au nom des "principes" que Guesde et ses "marxistes" refuseront la dénonciation de l'antisémitisme lors de l'affaire Dreyfus (en gros : "cela n'intéresse pas la classe ouvrière", rengaine encore omniprésente dans le mouvement "marxiste" aujourd'hui)... mais aussi qu'ils se rallieront à la Grande Boucherie de 1914 (la guerre étant "la mère des révolutions" dans l'esprit de Guesde, bercé de souvenirs de 1792 et 1871 ; ou encore l'idée que l'Allemagne et l'Autriche étaient les "forteresses de la Réaction" en Europe, etc.) ! Deux voies de garage ayant, au-delà des apparences, un point commun : le refus de construire le CAMP DU PEUPLE, camp idéologiquement autonome, PENSANT AVEC SA TÊTE et non soumis à la bourgeoisie (notamment à la "gauche" bourgeoise), que ce soit en se plaçant à sa remorque ou en "réaction" et en rejet systématique de celle-ci. Guesde et Jaurès ont en fait chacun vu les dangers, les terribles chausse-trappes de la position adverse (liquider l'autonomie du mouvement ouvrier dans une alliance avec la "gauche" bourgeoise vs se couper d'une actualité devenue phénomène de société et laisser, justement, la défense démocratique du capitaine à la "gauche" bourgeoise) ; mais ni l'un ni l'autre n'est parvenu pour autant à dégager la position juste des scories des conceptions erronées…
    Telle est encore largement la réalité (que nous voulons changer) aujourd'hui, et le 'p''c''mlm' s'inscrit totalement dans cette réalité. Il illustre même parfaitement une mécanique bien (et tristement) connue : celle de jouer les "purs", les "intouchables" par quoi que ce soit de "bourgeois" ou "petit-bourgeois" pendant des années... et puis, lorsqu'un "point de rupture" est atteint (c'est la cas avec Dieudonné pour eux), S'APLATIR devant la bourgeoisie et son État comme les pires carpettes. Cela fait vraiment peine à voir...

    trahison juif dreyfusAu contraire, lorsque l'on a développé comme nous (depuis des années) une véritable pensée autonome du camp du peuple, l'on peut sans problème DONNER SA POSITION sur l'actualité en cours, sans se réfugier dans le silence ou derrière un "cela n'intéresse pas le prolétariat", ni prendre le parti de Dieudonné ou du Ministère de l'Intérieur. Nous sommes capables devant les masses, sans perdre notre sang-froid, de remettre tranquillement chacun et chaque chose à sa place, de renvoyer chacun ("camp républicain" comme Dieudonné et dieudonnistes) à ses responsabilités et ses hypocrisies, etc. Au moment de l'affaire Dreyfus, le mouvement marxiste en Hexagone était nouveau-né, mais aujourd'hui il est supposé être plus qu'adulte ! Être capable de ne tomber ni dans l'un (opportunisme, suivisme) ni dans l'autre (dogmatisme, attitude "hors-la-réalité-sociale") de ces travers devrait être la marque de cette maturité ; ce n'est hélas pas toujours aussi évident...

    Pour le reste, comparaison n'est ici pas toujours raison, loin de là. Avec Dreyfus, c'était le Juif, le "racisé" qui était persécuté, frappé par une erreur judiciaire couverte par l’État "profond" ; et il était logique pour toute personne progressiste de ne pas laisser passer cela – ce qui ne fut pourtant pas, on l'a vu, évident. Au-delà même de l'antisémitisme se posaient d'autres questions démocratiques essentielles : l'erreur judiciaire et la possibilité de sa reconnaissance par la "justice" de la classe dominante, la "raison d’État" bourgeoise en particulier pour ce qui touche à la force armée (pilier de la domination), le contexte ultra-patriotard et militariste de l'affaire, etc. D'ailleurs, contrairement aux fantasmes du 'p''c''mlm', le fait même que Dreyfus soit juif n'était pas, pour beaucoup de personnes à l'époque, si important que cela : la question centrale était celle de la "Justice" (militaire en l'occurrence) et de son "infaillibilité", position idéologique capitale pour tout État au service d'une classe dominante, contre laquelle les révolutionnaires de l'époque auraient (normalement) dû voir un grand coup à porter (briser le mythe, montrer que la "justice" est au service d'une classe et de son État, qu'elle se moque des "petits", des pauvres et des "racisés", etc.), ce qui aurait distingué leur dreyfusisme de celui de Clemenceau et consorts.

    Car le débat (du coup) était essentiellement entre ceux qui voulaient préserver à tout prix l'infaillibilité judiciaire (surtout militaire, dans un contexte de "paix armée" avec l'Allemagne) même aux dépens de la vérité et au profit d’un antisémitisme qu’ils ne partageaient pas forcément, et (surtout !) ceux qui, dès lors que la manipulation et la condamnation d'un innocent étaient évidentes, voulaient au plus vite reconnaître et réparer l'erreur afin de "laver" et préserver "l’honneur" de l'institution et du pays pour l'avenir (le compte à rebours de la grande "revanche" contre l'Allemagne était enclenché et tout le monde le savait)… C'est AVANT TOUT dans cette optique que Clemenceau et Zola s'indignent dans L'Aurore et que Trarieux (républicain libéral plutôt de droite, très hostile aux droits sociaux) fonde la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) en 1898 ; et c’est la position sur laquelle s'alignera le social-réformisme de Jaurès et consorts, l'ultra-démocratisme "anarchiste" de Mirbeau etc. etc. Le texte du fameux J'accuse de Zola est, à ce titre, sans équivoque : le mot "juif" et la question de l'antisémitisme n'apparaissent en tout et pour tout que trois fois (le 'p''c''mlm' a déjà qualifié des textes d''antisémites par négation des personnes juives" pour moins que cela, comme "Nuit et Brouillard" de Jean Ferrat, mais là Zola aurait "sauvé l'honneur de la civilisation") ! Le propos du pamphlet tourne essentiellement autour du nécessaire "triomphe de la vérité", de l’urgence de "sauver l'honneur" de l'Armée, de la République et de la France ("Que de gens je connais qui, devant une guerre possible, tremblent d'angoisse en sachant dans quelles mains est j-accuse-zolala défense nationale ! et quel nid de basses intrigues, de commérages et de dilapidations, est devenu cet asile sacré où se décide le sort de la patrie !") ; ainsi que (prémisse à la grande offensive de la décennie suivante) de combattre l'influence catholique cléricale dans l'état-major ("victime des extraordinaires imaginations du commandant du Paty de Clam, du milieu clérical où il se trouvait", "Quel coup de balai le gouvernement républicain devrait donner dans cette jésuitière, ainsi que l’appelle le général Billot lui-même !"), l’anti-républicanisme (réel ou supposé) du haut commandement afin d'éviter en cas de guerre un nouveau "choix de la défaite" comme en 1870-71 ("choix" qui se répètera finalement en 1940 avec "plutôt Hitler que le Front populaire"... mais cette fois sans clivage cathos-roycos/républicains ni dreyfusards/anti-dreyfusards pour le coup...).

    Eh oui ! L’un des protagonistes les plus importants de l’affaire, le lieutenant-colonel Picquart qui se battra, sera envoyé en Tunisie et même emprisonné pour prouver l’innocence de Dreyfus, se trouvait même être plutôt antisémite sur les bords… mais plus attaché encore à "l’honneur de la Patrie et de l’Armée" et bien sûr à la nécessité d’arrêter les vrais coupables, qui pendant ce temps-là continuaient de transmettre des informations à l’Allemagne. La judéité de Dreyfus, bien plus que pour ses défenseurs de "gauche" ou libéraux bourgeois, importait surtout pour 1°/ les premiers instructeurs de l'affaire (du Paty de Clam etc.), encore qu'il semblerait que les origines alsaciennes de Dreyfus aient plus joué contre lui au tout début que sa religion ; 2°/ (évidemment) la communauté juive et sa bourgeoisie (qui soutiendra la création de la LDH), première concernée par la lourde menace montante, ou encore un journaliste austro-hongrois du nom de Theodor Herzl qui verra là la "démonstration" que "les Juifs ne seront jamais chez eux parmi les Gentils" et fondera le sionisme ; et puis bien sûr 3°/ ses adversaires de droite et d'extrême-droite, pour lesquels c'était un "indice" voire une "preuve irréfutable" de sa culpabilité permettant de préserver l'honneur et l'infaillibilité de la justice militaire avec d'autant plus de force que les preuves d'innocence (et de manipulation par des officiers "chrétiens") s'accumulaient… Dans un sens, il est possible de dire que l'affaire Dreyfus comme affaire centrée sur l'antisémitisme, sur la condamnation injuste d'un innocent parce que juif, est très largement une construction a posteriori (à travers le prisme du génocide ultérieur) : la "gauche", qui avait plus que fourni à Vichy ses contingents de kollabos et de chasseurs de Juifs (Laval himself, Déat, Bousquet et bien d'autres), ravivera alors le souvenir d'une affaire "au cœur de son identité politique" en se donnant – bien entendu – le beau rôle, celui de s'être "élevée contre la peste antisémite dès les premiers signes annonciateurs"... Alors même (pourtant) que la moindre étude historique sérieuse démontre aisément que le clivage dreyfusard/anti-dreyfusard de 1900 n'a JAMAIS été synonyme systématique, 40 ans plus tard, de clivage résistant/vichyste ! Un mythe de la "gauche" donc, et plus largement de la République bourgeoise ; donc un mythe de la France  qu'il importe par conséquent, comme tous les autres, de DÉCONSTRUIRE.

    arton10498-c4125Avec Dieudonné au contraire, c'est le lanceur d'anathèmes antisémites  qui est la cible de l’État ; plus précisément d'un Ministre de l'Intérieur (pilier de l’État français contemporain !!!) connu pour ses propos sur les Roms, les "musulmans", les banlieues "zones de non-droit", le douloureux manque de "blancs" dans sa bonne ville d’Évry et ses rafles et expulsions quotidiennes d'immigrant-e-s "clandestin-e-s" ; et plus largement de personnes diffusant quotidiennement les pires thèses sécuritaires et d'"ennemi intérieur" sur certaines populations. Autrement dit, nous sommes plutôt face à une contradiction au sein de la Réaction, entre un courant dont l'antisémitisme est le fonds de commerce et un autre pour qui c'est au contraire la "ligne rouge de l'inacceptable"... mais souvent bien la seule. Sur le plan tant du droit bourgeois que des conceptions prolétariennes, le niveau d'appel à la haine atteint par Dieudonné rend la sanction absolument incontestable, et même la moindre des choses. Ceux et celles qui soutiennent sa "liberté d'expression" soutiennent le "droit" de "rire" d'idées haineuses et de crimes contre l'humanité, et de faire passer par le "rire" un message politique fasciste : nous rejetons évidemment totalement cela, tout comme l'idée que "si Zemmour, Finkielkraut, Charlie Hebdo" etc. etc. "peuvent stigmatiser en permanence les immigrés (et descendants), les banlieues, les musulmans", alors "Dieudonné doit aussi pouvoir s'exprimer" sans quoi ce serait "deux poids deux mesures" : NON, l'un ne donne pas d'excuses à l'autre et nous, communistes, sommes pour leur clouer le bec à tous, sans exception. Si Dieudonné rencontre désormais des difficultés pour diffuser son discours (que l'on nous permette cependant d'en douter...), après tout, pourquoi pas et tant mieux ! Ce qu'il s'agit de dénoncer ici, c'est l'HYPOCRISIE des républicains bourgeois qui en le frappant s'achètent une "virginité" et un brevet d'antiracisme/antifascisme, alors qu'ils répandent du matin au soir la peur et la haine sécuritaire des "cités", de "l'islam", des Roms etc. etc. et même "mieux", mettent ce discours en pratique à coup de tasers et de flash-balls, de tonfas et de gazeuses (des armes non-létales... en principe, mais pour combien de temps ?).

    Il ne s'agit pas pour nous de considérer comme "plus acceptable" une haine raciale qui serait le fait de "parias du système" que celle répandue par des médias et des "intellectuels" "mainstream" ou des représentants de l’État ; tel n'est pas le propos. Dieudonné n'est de toute façon PAS "antisystème", qu'on se le dise une fois pour toute : une personne réellement "antisystème", de manière aussi affichée, identifiée et "dangereuse" que Dieudonné prétend l'être, est en PRISON, comme Georges Ibrahim Abdallah depuis bientôt 30 ans, les membres d'Action Directe ou des CCC pendant près ou plus de 20 ans (Joëlle Aubron y est même morte), Gaël Roblin et ses camarades d'Emgann ou les camarades du (n)PCI pendant des années et les anarcho-situationnistes de Tarnac pendant des mois (sur un dossier vide dans ces trois derniers cas) ; et non pas libre, millionnaire et condamnée de temps en temps à une amende comme Dieudonné ! Ce que nous pensons de "l'antisystémisme" de Soral (et donc de Dieudonné-Le-MurDieudonné, son élève), ce que pense tout marxiste authentique, ce n'est pas compliqué et c'est ce qui est écrit ici :

    http://www.marx.be/fr/content/études-marxistes?action=get_doc&id=95&doc_id=733 (si la littérature du PTB suffit, c'est qu'il n'y a pas besoin d'être agrégé de "Science MLM" !).

    Quant aux raisons de son succès auprès de toute une frange des masses populaires, en particulier de la jeunesse, que le politologue gauche-radicale Julien Salingue décrit comme une "démoralisation générale liée à une perte de crédibilité de la perspective de réellement changer les choses", et aux moyens de le combattre (une "(re-)construction, par en bas, de cadres de solidarités et de luttes collectives, antiracistes, progressistes, internationalistes, contre les dégâts de la crise, pour une vraie répartition des richesses et pour une démocratie réelle"), nous dirons plus simplement que c'est l'absence d'un mouvement communiste fort et culturellement hégémonique, et la nécessité de sa reconstruction.

    [Lire aussi : http://indigenes-republique.fr/en-finir-avec-le-soralisme-en-defense-des-lascars-de-quartiers-comme-sujets-revolutionnaires/

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/plutot-bon-article-sur-la-declaration-de-guerre-de-la-republique-a-die-a114093570]

    Mais il faut ABSOLUMENT démasquer et briser la manœuvre de la bourgeoisie "mainstream" national-républicaine, l'empêcher se poser à si peu de frais en "rempart contre le fascisme" alors que ses discours et ses politiques, d'une manière ou d'une autre, engendrent le fascisme chaque jour qui passe !!!

    Lorsque l'on a ainsi 1°/ "désacralisé" considérablement le dreyfusisme des Clemenceau, Zola, Jaurès, radicaux et autres libres-penseurs de 1895-1900 et 2°/ souligné les considérables différences avec l'actuelle affaire Dieudonné, la démonstration des "materialistes.com", sans être totalement dénuée de sens, apparaît immédiatement beaucoup plus fragile…

    La référence au Front populaire, elle, est en revanche beaucoup plus pathétique si l'on pense que le 'p''c''mlm', s'agissant d'antisémitisme et de sa bête noire Dieudonné, se jette aujourd'hui corps et âme dans un tel "front uni" avec des gens (Valls et compagnie) qui ont totalement le profil des voteurs radicaux ou "socialistes" des pleins pouvoirs à Pétain en 1940 (ou carrément de primo-vichystes à la Camille Chautemps) ; alors qu'il avait refusé en 2010 de soutenir le NPA (comparable aux pivertistes - gauche de la SFIO - de l'époque du Front pop') d'Avignon dans la curée islamophobe déchaînée par le Figaro contre la jeune candidate musulmane Ilham Moussaïd. Voudrait-on donner corps au "deux poids deux mesures" qui fait le fonds de commerce de Dieudonné (comme celui-ci donne lui-même corps à l'équation antisionisme = antisémitisme des ultra-sionistes) que l'on ne s'y prendrait pas autrement !

    vallsUn Front populaire, un "Front uni démocratique", comme nous l'avons déjà expliqué plus haut, ce n'est pas simplement "s'allier" avec la frange démocratique/ progressiste de la bourgeoisie ; c'est un RAPPORT DE FORCE, que l'on a à la base ou, dans le cas contraire, que l'on construit ; c'est à terme, comme disait Lénine, soutenir la social-démocratie, les démocrates et autres "républicains" bourgeois (face au fascisme) comme la corde soutient le pendu. Dans le cas contraire, on se retrouve caution "prolétaire" et "aile radicale" de la "gauche" bourgeoise, du système bourgeois ; c'est ce qui arrivé au PCF de Thorez en 1936-38 comme à la Libération et par la suite (PCF institutionnalisé "gérant" les villes ouvrières), au PC italien après la chute du fascisme et pendant toute la phase menant à la Constitution républicaine de 1947 (et là encore par la suite), et dans une large mesure au PC de l’État espagnol pendant la guerre antifasciste, conduisant à la défaite contre Franco. Un Front "populaire", "démocratique uni" ou tout ce que l'on veut, c'est garder fermement son autonomie prolétarienne-populaire comme l'a fait le PC chinois de Mao vis-à-vis du Kuomintang dans la résistance contre l'invasion japonaise, une situation d'occupation étrangère barbare à des années-lumière (en gravité) de la lutte contre un pseudo-comique fascistoïde ! Un "Front populaire" ou "uni", cela ne se "décrète" pas alors que la "démocratie" bourgeoise ne vous a pas sonné ; cela se négocie fermement et s'impose lorsque celle-ci sait pertinemment qu'elle n'a plus guère d'autre choix, que c'est les cocos ou Dachau... Et cela implique par ailleurs, et d'autant plus à la lumière de l'expérience, de bien faire la différence entre gens qui s'accrochent réellement à l'humanisme/universalisme démocratique bourgeois et gens qui participent au mouvement de fond fascisant : est-on bien certain que Manuel Valls, sans même parler d'Alain Finkielkraut ou Pascal Bruckner, soient dans la première catégorie ? N'ont-ils pas plutôt le profil de ces "néo-socialistes" et de ces "républicains" qui s’en allèrent grossir les rangs de Vichy par peur/haine du "bolchévisme", de la révolution et des "masses grouillantes" de "métèques rouges", autant d'"ennemis intérieurs" ? Le Front populaire, c'est avec le progressisme petit-bourgeois forçant la main à sa direction bourgeoise ; pas avec une branche du mouvement de fascisation (la branche Finkielkraut-Zemmour-Bruckner-Tribalat-Riposte laïque & co) contre une autre (la branche Dieudonné-Soral). "Socialiste" particulièrement droitier, Manuel Valls n'est là où il est que pour la simple et bonne raison que le PS sait pertinemment qu'il est minoritaire en "France", qu'il n'est au pouvoir que parce que Sarkozy (contrairement à 2007) n'a pas réussi à capter massivement l'électorat FN. Valls est un cadeau à l'électorat droitier majoritaire sur un thème qui lui est cher (la "sécurité"), et sans doute la seule carte du PS dans le vaporeux espoir de gagner à nouveau en 2017... Pas vraiment le genre de force socio-politique "intermédiaire" et "progressiste" avec laquelle on envisage, d'ordinaire, un Front uni ! Le Front populaire, ce n'est de toute façon pas s'empêcher de critiquer (le cas échéant) l'hypocrisie de ses "alliés" bourgeois. Le Front populaire dans les années 1930, cela ne devait pas vouloir dire ne pas critiquer la bourgeoisie "antifasciste" lorsqu'elle refusait d'accueillir les réfugiés de toute l'Europe fuyant la terreur fasciste (et sa compagne la misère), lorsqu'elle n'aidait pas suffisamment la résistance antifasciste en "Espagne", lorsqu'elle réprimait tout soulèvement populaire dans les colonies : si le PCF ne le faisait pas (et bien souvent, hélas, il ne l'a pas fait), il n'y a pas lieu de chercher ailleurs les raisons de sa dérive par la suite. De la même manière, combattre Dieudonné aujourd'hui ne veut pas dire faire silence lorsque Valls et ses comparses pourchassent, internent et expulsent les réfugié-e-s de la misère causée par les pillages de l'impérialisme BBR ; et ni nous ni personne à l'"extrême-gauche" n'avons dit autre chose : qui donc (hormis Vincent Gouysse, taulier du train fantôme stalino-dogmatique albanais communisme-bolchevisme.net, que le 'p''c''mlm' est bien emmerdé pour critiquer puisqu'il relève du même registre psychiatrique pignolage-sur-l'URSS-de-Staline que lui !) s'est prononcé CONTRE l'interdiction des spectacles de Dieudonné ? Personne ! Dieudonné est un fasciste, catégorie antisémite obsessionnel et s'il est réprimé, bien fait pour sa gueule... Simplement, cela n'implique pas pour nous une ovation à Valls et au gouvernement, encore moins un "Front uni" avec eux et surtout pas avec les fascistes catégorie islamophobe, "le-nouveau-fascisme-c'est-l'islam" etc. etc. qui se réjouissent eux aussi de cette interdiction !!!

    apero-identitaire-n.1276093395.thumbnailLe 'p''c''mlm' met en avant "1928 et 1935" et nous explique (une grande première de sa part !) que les communistes ne doivent pas être stupidement bornés, qu'ils doivent savoir s'adapter en fonction des situations etc. etc. Sauf que voilà, en réalité, pour eux, hors antisémitisme, écologie et patriarcat, c'est toujours 1928 : "classe contre classe" et "pureté prolétarienne" plus-rouge-que-moi-tu-meurs, aucune cause démocratique/progressiste qui vaille, ni contre l'islamophobie (cf. affaire Moussaïd) ni pour les peuples périphérisés de l’État-appareil d'oppression "France" (Bretagne etc.), ni contre la chasse aux sans-papiers et aux Roms (cf. affaire Leonarda-Katchik) ni avec les mouvements type Indignad@s ou Occupy, ni contre un coup d’État en Amérique latine ni avec les soulèvements populaires arabes, ni même avec les maoïstes du Népal, des Philippines ou d'Inde (pas assez dans la "pureté" MLM à leur goût) ; tout est "petit-bourgeois" voire "bourgeois" tout court, "lié à" ou "piloté par" tel ou tel impérialisme ou expansionnisme etc. etc. ; chacune de ces positions étant agrémentée de son lot de dérapages réactionnaires à la limite de l'inacceptable. Mais lorsqu'il est (par contre) question d'antisémitisme, de "biosphère" ou de féminisme, c'est toujours 1935 et toutes les alliances sont valables, avec Valls voire avec Sarkozy (quand ce n'est pas carrément défendre à mots à peine voilés le Betar, que le "génial leader" du groupuscule, il faut dire, connaît bien...), avec les "féministes" bourgeoises islamophobes (Pelenop & co) contre la "candidate voilée" du NPA avignonnais, avec un scientifique anglais ultra-réactionnaire et malthusien défendant la grotesque "hypothèse Gaïa"... Bref, en somme, pour le ‘p’‘c’‘mlm’, la lutte ‘antifasciste’ et ‘révolutionnaire’ c’est… ce qui lui tient à cœur, et le reste c’est de la merde. Fort bien… mais cela ne fait pas une conception communiste du monde !

    Et le 'p''c''mlm', comme toujours à son habitude, falsifie et déforme pour jeter l'anathème : c'est maintenant la plutôt sympathique organisation "guériniste" Alternative Libertaire (se trouvant compter dans ses rangs de nombreux Juifs antisionistes, comme Pierre Stambul de l'UJFP) qui est qualifiée de semi-fasciste, accusée d"attaquer la loi Gayssot" pour le fait de dire que "Ce n’est pas par la censure d’État qu’on fera reculer l’extrême droite"... Sauf que le propos exact, délibérément tronqué, est "Ce n’est pas par la censure d’État qu’on fera reculer l’extrême droite… surtout quand cet État mène lui-même des politiques xénophobes" : que la loi Gayssot soit "le fruit d'un rapport de force antifasciste", peut-être et même sans doute... mais au niveau de son application, si elle est appliquée par un gouvernement effectivement (au moins) progressiste sincère, humaniste-universaliste, c'est une loi antifasciste ; si par contre elle est appliquée par la-Valls-des-expulsions, soutenu en cela par des Finkielkraut, Bruckner et autres "nouveaux réacs" en tout genre, cela s'appelle un cache-sexe et rien d'autre ! Rappelons que la loi Gayssot, si elle fait du négationnisme un délit (c'est son grand apport), ne vise pas du tout uniquement l'antisémitisme, mais bien à lutter contre "toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion", reprenant et renforçant en cela la loi Pleven de 1972 (qu'elle ne modifie par ailleurs que marginalement - en instaurant par exemple l'action collective des associations - et avec laquelle elle est souvent confondue). Votée, pour le coup, sous une pression antiraciste internationale (Convention de 1965 sur l'élimination de toutes formes de discrimination raciale - ratifiée par l’État français en 1971, alors que les États issus de la décolonisation étaient entrés en masse à l'ONU, que les luttes anti-impérialistes faisaient rage au Vietnam et ailleurs, que le mouvement noir balayait la ségrégation aux États-Unis etc.), cette loi Pleven n'a connu de réelle (et bien timide) application qu'une bonne dizaine d'années plus tard, dans les "années Mitterrand" (il était ainsi encore possible en 1973 d'écrire dans un grand quotidien réactionnaire provençal "assez de voleurs algériens, de casseurs algériens (...) de syphilitiques algériens, de violeurs algériens, de proxénètes algériens, de fous algériens, de tueurs algériens (...) cette immigration sauvage qui amène dans notre pays toute une racaille venue d’outre-Méditerranée" ou de titrer carrément "Dehors les Algériens", d'entendre un maire déclarer que "les Arabes se comportent en terrain conquis, ils sont différents de nous, ils vivent la nuit, c'est vraiment très pénible d'être envahis par eux", le suppléant d'un député devenu ministre que "les immigrés finissent par croire qu'ils sont chez eux, ils alimentent la chronique du proxénétisme, du banditisme, ils sont à la charge du contribuable" etc. etc.). Elle prévoit notamment que "ceux qui, par l'un des moyens énoncés à l'article 23 [par voie de presse, télé, radio etc. NDLR], auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende"... autant dire que son application stricte et systématique ferait de sacrés dégâts !!! Quant à la disposition visant "tout dépositaire de l'autorité publique ou citoyen chargé d'un ministère de service public qui, en raison de l'origine, ou de l'appartenance ou de la non-appartenance d'une personne à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, lui aura refusé sciemment le bénéfice d'un droit auquel elle pouvait prétendre" (passée dans le nouveau Code pénal à l'article 432-7, qui prévoit 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende), elle aurait tout simplement pour effet de décimer le personnel de la place Beauvau (à commencer par le "Premier Flic" lui-même), de la police et de la gendarmerie, de la "justice" et des préfectures voire de l'enseignement... À vrai dire, l'État tout entier y passerait, rien que pour sa politique des étrangers ("en raison de l'origine" !!!) totalement arbitraire et discrétionnaire ! Certains d'ailleurs, malgré son taux d'application ridicule, s'en inquiètent et réclament son abrogation, alors même qu'ils ne portent pas spécialement Dieudonné dans leur cœur... Mais ce "combat" réactionnaire-là ne semble guère émouvoir nos cyber-"matérialistes" de pacotille !

    Désormais, les choses sont claires, écrites explicitement noir sur blanc. Servir le Peuple ne voit plus l'utilité de "répondre" aux élucubrations du 'p''c''mlm' ; chose qui nous a (sans doute) trop occupé pendant trop longtemps : ses publications sur le site "lesmaterialistes" nous semblent suffisamment parler d'elles-mêmes. Bon vent, et bon débarras ! Les lignes dans le mouvement communiste hexagonal sont désormais - et à tout jamais - claires...


    (Appendice) "Explosion de l'antisémitisme comme anticapitalisme romantique" ? La parole aux chiffres... 

    Depuis 1990 (dans le "fond d'ambiance" qui a vu le vote de la loi Gayssot etc., ce qui devrait donc faire autorité incontestable pour certains), la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme mène chaque année une enquête d'opinion sur le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme etc. des "Français". Il s'agit là d'un magnifique outil de mesure quant au niveau et, plus important encore, à la DYNAMIQUE de la haine et du rejet envers tel ou tel groupe défini ; haine qui pour nous marxistes, sans être la seule, est une composante incontournable de la montée du fascisme dans un grand pays impérialiste.

    La dernière de ces enquêtes à été menée fin 2013, mais ses résultats ne sont pas encore disponibles. Nous avons ceux de décembre 2012. Que montrent-ils ? Ils montrent, sur les dernières années, une nette progression du racisme et de la xénophobie... mais pas vraiment, et même bien au contraire, de l'antisémitisme.

    Photomontage-Taubira-singe-1Si le nombre de personnes à se déclarer "plutôt racistes" reste stable (7%) depuis décembre 2011, il sont 2% de plus (22%) à se déclarer "un peu racistes" et 3% de plus (25%) "pas trop raciste" (mais "quand même un peu des fois", sous-entendu), tandis que le nombre de personnes se déclarant "absolument pas racistes" chute de 5 points (44%). C'est une évolution assez conséquente si l'on a à l'esprit la réticence qu'il peut (évidemment) y avoir à se déclarer "raciste", fut-ce "un peu"... On ne sait pas, en revanche, si dans le racisme qu'il/elle confesse "un peu" ou "pas trop mais quand même un peu" ressentir, chaque sondé-e inclut ou non des sentiments antisémites. Ce qui est plus frappant encore, c'est la nette progression (depuis 2007) de l'idée que "certains comportements peuvent justifier des réactions racistes" (65% contre 57%), et l'effondrement de l'idée inverse que "rien ne peut justifier des réactions racistes", passant de 42% à 33%. L'idée que des réactions racistes peuvent être justifiées était forte (68%) en 2002-2003, avait baissé à 58% en 2004 avant de remonter à 63% en novembre 2005 (enquête réalisée au lendemain des grandes émeutes), mais s'était ensuite stabilisée à 57-58% jusqu'en décembre 2011. Elle a bondi depuis lors sans évènement "hors du commun" le "justifiant", et il faut attendre les résultats de fin 2013 pour voir si la tendance se confirme.

    On relève aussi un nette progression de l'idée de "racisme anti-français" ou "anti-blancs" (dans l'esprit de beaucoup de sondés c'est sans doute la même chose) : avec 12%, l'idée que les "de souche" sont la principale cible du racisme en Hexagone retrouve le niveau de son pic au lendemain des émeutes de 2005. Depuis lors, elle était restée stable entre 6 et 8%, comme d'ailleurs en 2004 (6%, et 10% en 2002-2003). Il faut dire que quand même des "antifascistes" "maoïstes" s'y mettent...

    Plus significatives encore sont les questions portant sur "former un groupe à part" (ce qui sous-entend un défaut/refus d'intégration dans la "République") et, à connotation plus racisante encore, sur "être des Français comme les autres". Ainsi, l'idée que les musulmans forment un "groupe à part", avec 55%, poursuit sa progression et a gagné 11 points en trois ans (44% fin 2009). À 57% en 2003-2004, elle avait connu un pic à 63% après les émeutes de 2005 puis avait baissé continuellement jusqu'alors, avant d'entamer une remontée soutenue. Portant plus précisément sur les Maghrébins, la question connaît une évolution parallèle (48%->54%->33%->42%), avec toutefois un écart entre "Maghrébins" et "musulmans" qui se creuse (13% contre "traditionnellement" 8-9%, et même seulement 5% en 2007) de manière continue depuis 2009. Là, c'est très clairement la mobilisation réactionnaire islamophobe qui semble porter h-20-2646346-1322211453ses fruits : on reste "prudent" (même si de moins en moins) à affirmer son rejet des "Arabes", mais on assume en revanche beaucoup plus facilement celui d'une religion décrite unanimement, y compris (parfois) à "gauche", comme "violente", "obscurantiste", "terroriste", "intolérante"... même si dans le "fond" de la pensée, c'est (très souvent) du pareil au même ! Le phénomène est encore plus frappant pour les "Noirs" (dont on peut considérer qu'une majorité aujourd'hui, d'origine sahélienne, est musulmane) : la courbe n'est que très faiblement remontée (18%->21% puis nouvelle baisse à 19%) depuis 2009, après avoir presque continuellement baissé depuis le pic de novembre 2005. Les "Noirs", après tout, comme le chantait Béranger, "un rien les amuse, ils sont toujours à rire, ce sont de vrais gamins"... "En soi" ils ont cette image "sympathique", baignée de condescendance coloniale : ils ne deviennent source d'inquiétude que lorsqu'ils sont musulmans ("d'origine" ou convertis) de manière "ostentatoire", ou alors "racailles en bandes ethniques" - mais le sondage ne pose pas la question... Concernant le fait d'être "des Français comme les autres", la question est posée seulement pour les musulmans et non sur des critères "ethniques" ("Maghrébins" ou "Noirs") : la réponse positive est de 70% soit le niveau de 2007, plus qu'en 2005-2006 mais en baisse (continue) de 9 points par rapport à 2009 (79%->76%->72%->70%). Dans le même temps, ils/elles ne sont que 22% (-7%) à avoir une opinion positive de l'islam contre 44% du catholicisme et 37% du protestantisme (inchangé), 34% du judaïsme (-1%)... et bien sûr 68% (inchangé) de la sacro-sainte "laïcité républicaine" (concept qui ne veut absolument rien dire, auquel personne ne sait vraiment quelle signification donner et qu'il est complètement ridicule de mettre en "compétition" avec des religions comme si c'en était une, mais c'est ainsi...). Les résultats de 2013 montreront si la "désinclusion" des musulmans de la "collectivité nationale" se poursuit, ce qui est plus que probable.

    Il faut bien comprendre que pour énormément, et sans doute de plus en plus de sondé-e-s, répondre à une question sur "les musulmans" permet consciemment ou non de mettre un nom "politiquement correct" sur les fameux "quartiers"-"zones de non-droit"-"territoires perdus de la République" qui font la "une" de la propagande sécuritaire depuis 15 ou 20 ans, où se mêlent islam important/majoritaire et "délinquance" petite ou grande, "insécurité", "trafics" etc. etc., quand bien même bon nombre d'habitant-e-s ne sont pas musulman-e-s et, chez ceux et celles qui le sont, le niveau de religiosité est variable. C'est d'ailleurs le "créneau" qu'a tenté de jouer Alain Soral pour se gagner une existence politico-médiatique : "réfléchissez deux secondes, un vrai musulman ne peut pas être une racaille, c'est incompatible... appuyons-nous donc sur les pieux musulmans contre les wesh-wesh".  Malheureusement pour lui, une majorité d'esprits populaires aliénés hexagonaux est restée hermétique à cet argumentaire et continue à mettre islam, terrorisme, délinquance, "insécurité" et "on ne se sent plus chez soi" dans un même grand sac longtemps appelé "immigration" (mais incluant bien évidemment des descendants d'immigrés à la deuxième, troisième voire quatrième génération : ce qu'il faut entendre c'est "non-blanc", "extra-européen", colonisé intérieur), mais qu'il est devenu plus "tendance" d'appeler "musulmans" (des discours de plus en plus nombreux tentent même de relier directement terrorisme, islam et délinquance, expliquant que cette dernière serait déclarée "licite" envers les non-musulmans et servirait à "financer le djihad").

    profanation_tombes_musulmanes69% (+10% depuis 2011 et +22% depuis 2009 !!!) considèrent, enfin, qu'il y a "trop d'immigrés", comprendre "trop de minoritaires visibles", trop de "non-blancs" en "France" ; et 61% que l'on "ne se sent plus chez soi en France" (ce qui revient pratiquement au même), soit une progression de 6 points en un an... et de 20 points depuis 2009 (il y avait eu auparavant une baisse de 55% à 41% depuis 2005) ! Il est évident que la communauté juive, guère "visible", ne compte pas au nombre de ces "immigrés" qui font que l'on ne se sent "plus chez soi"... "L'immigration" (les "non-blancs") est désormais la "première cause d'insécurité" pour une majorité de 54% (44% en janvier 2011 et 36% en novembre 2008), "les enfants" (et sans doute descendants en général) "d'immigrés (extra-européens s'entend...) nés en France" ne sont "pas vraiment français" pour 31% contre 21% fin 2009 ; et (en substance) "beaucoup d'immigrés viennent surtout profiter des allocs" pour 73% contre 62-63% en 2008-2009, dépassant les 71% de 2006 (pourcentage incluant désormais des "maoïstes", vu qu'il faut de tout pour faire un monde !). 56% considèrent que "l'intégration des personnes étrangères" se passe "mal" (42% "plutôt" et 14% "très"), et pour 60%, la responsabilité en incombe principalement aux "personnes d'origine étrangère" en question, contre seulement 29% incriminant "la société française". On retrouve, mais encore plus fortement, la même idée dans l'affirmation que "les étrangers qui viennent en France doivent adopter le mode de vie français". Qu'entend-t-on par "mode de vie français", mystère et boule de gomme (ou plutôt, vraisemblablement, autant de réponses que d'interrogé-e-s) ; mais l'idée, si profondément républicaine bleu-blanc-rouge la-main-sur-le-cœur, est hégémonique (+ de 85%) depuis que la question est posée (2006), et atteint en 2012 son plus haut niveau avec 94%.

    Comme il fallait malheureusement s'y attendre, les Roms "jouent hors catégorie" : pour plus de 70% des sondé-e-s, ils ne vivent strictement que de trafics, de vols et de l'exploitation de leur progéniture, et pour 77% ils sont réellement un groupe à part dans la société. Ceci, évidemment, repose sur un certain nombre de situations bien réelles ; mais il n'y a pas l'ombre d'un début de tentative pour comprendre l'origine sociale et historique de ces situations, pas même chez d'autoproclamés "phares du maoïsme"... On a là une haine de type génocidaire touchant absolument toutes les catégories de la société, depuis un notable de "province" comme Gilles Bourdouleix, maire UDI de Cholet ("Comme quoi Hitler n'en a peut-être pas tué assez") jusqu'aux prolétaires, principalement colonisés-intérieurs maghrébins, d'une cité marseillaise. Et cette haine envers les Roms d'origine balkanique, apparus en Hexagone depuis une grosse vingtaine d'années, "déteint" maintenant sur les "gens du voyage" de nationalité "française" (les "Manouches" au Nord et Gitans en Occitanie) que seulement 63% des sondé-e-s considèrent comme "des Français comme les autres", contre 74% en janvier 2011...

    En revanche, 85% des sondé-e-s considèrent les Juifs comme des "Français comme les autres", même proportion qu'en 2005 avec même un pic à 90% en 2009 (au plus "fort" du dieudonnisme !), contre seulement 70-74% au début des années 2000 (et un gros tiers de la population en 1946, au lendemain de la Shoah). 26% considèrent les Juifs comme un "groupe à part" contre 36% en 2003 et 41% en 2004, il y a 10 ans, au tout début de l'activisme de Dieudonné et avant le fameux "Non" au référendum européen (en baisse continue depuis, très légère remontée de 1% depuis 2011).

    En fait d'"explosion de l'antisémitisme comme anticapitalisme romantique" blablabla, c'est donc plutôt la dynamique totalement inverse que l'on observe, notamment à mesure que s'éteignent les vieilles générations, plus imprégnées de préjugés. Nous avons certes un recul continu (de 90% à 85%), depuis 2009, de l'idée que les Juifs "sont des Français comme les autres" ; il faudra voir avec les résultats de 2013 si la tendance se confirme, ce qui serait à prendre au sérieux, mais en tout cas la baisse est bien moins radicale que celle qui frappe les musulmans ou les "personnes d'origine étrangère" en général. Il faut également noter que les premières années de l'activisme dieudonniste (2005-2009) avaient au contraire vu une hausse crescendo de l'idée de "Français comme les autres", de 85 à 90%.

    a-mort-les-juifsDieudonné et Soral ont leur public, et il n'est pas mince : leurs vidéos font des centaines de milliers de vues sur Youtube et Daylimotion, leurs pages Facebook des centaines de milliers de "like"... Des personnes qui considèrent réellement les Juifs comme au cœur des problèmes de ce monde (et de leur vie) ; ou des personnes qui regrettent simplement le "bon vieux temps où l'on pouvait rire de tout", les années 1980-90 où, contrairement aux délires de certains, "passaient" beaucoup de choses qui ne "passent" plus du tout aujourd'hui, des imitations simiesques d'Africains par Michel Leeb à la "Zoubida" de Lagaf' en passant par les "Envahisseurs" racistes anti-arabes des Inconnus, l'ambiance hétéro-patriarcale et social-darwiniste sordide des "Grosses Têtes", les gribouillages ultra-sexistes de Reiser ou Vuillemin, la lourde caricature d'homosexuels de la "Cage aux Folles", les plaisanteries border line de Coluche et Desproges (souvent cités en exemple) etc. etc. [c'est que les contradictions de la société s'aiguisent et explosent, la société "française" se disloque, la "dérision" peut avoir des effets potentiellement incontrôlables et l’État, bien conscient de cela et fidèle à sa pratique historique depuis Henri IV et son Édit de Nantes (en passant par l'affaire Dreyfus), est dans la phase où il essaye de maintenir les choses artificiellement "sous cloche", d'imposer administrativement le "vivre-ensemble" par en haut (l'étape suivante, celle de Richelieu puis Louis XIV ou de Vichy, est celle où il choisit ouvertement le camp dominant et entreprend la liquidation des "ennemis intérieurs")].

    Pour autant, le fait est qu'une large et (surtout) croissante majorité de la population rejette l'antisémitisme et n'a aucun problème avec les personnes juives ; soit que, progressistes, ils/elles rejettent catégoriquement la haine de quelque groupe social que ce soit... soit que pour eux/elles, le "problème" en France et dans le monde est "tout" sauf les Juifs et Israël !

    L'extrême-droite de Dieudonné et Soral, on l'a déjà dit, n'est absolument pas une nouveauté, ni dans l'antisémitisme obsessionnel ni dans le "tiers-mondisme" façon "Quadricontinentale" au service de l'impérialisme européen, ni dans le "socialisme" sauce Rerum Novarum ni même dans l'appel aux "musulmans" que pratiquait déjà un groupe fasciste des années 1930 (Solidarité française, surnommé à l'époque "Sidilarité française" par ses détracteurs). Si quelque chose de nouveau a émergé depuis l'an 2000 environ, au niveau hexagonal comme européen, c'est plutôt un discours de "droite radicale" (éventuellement "nouveau réac", venant de la "gauche") qui non seulement n'est pas antisémite mais rejette ouvertement l'antisémitisme (Renaud Camus, sites comme "Euro-Reconquista" ou "Riposte laïque" & co, mouvance identitaire, English Defence League ou Geert Wilders à l'étranger, lire aussi cet entretien avec le philosophe Ivan Segré au sujet de son ouvrage La Réaction philosémite) ; voire... est directement le fait de personnes juives (Éric Zemmour, Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, Gilles-William Goldnadel etc. - lire ici un excellent article de Quartiers Libres ou encore ici sur le site de REFLEXes au sujet des connections LDJ-FN) . Et cela le plus sereinement du monde, dans les colonnes des grands hebdomadaires, sur les plateaux télé ou au micro de radios à grande audience (Zemmour sur RTL, Finkielkraut sur France Culture), sans essayer le moins du monde de faire croire que "c'est de l'humour"...

    1837151-anne-sophie-leclere-qui-est-la-candidate-fn-qui-comIl y a certes toujours eu, depuis la IVe République (premier soutien mondial de l’État sioniste à l'époque...), toute une extrême-droite pro-israélienne voyant dans ce pays un "rempart de l'Occident chrétien" contre le "communisme" hier et l'"islamisme" aujourd'hui ; mais cette extrême-droite restait jusque-là très largement antisémite "à domicile", dénonçant dans le Juif la quintessence des idées "antinationales" social-libérales et progressistes (plus tard "gauche caviar", "immigrationistes", européistes et "mondialistes", charity business etc.), ce que résumait on-ne-peut mieux la sentence de l'ancien "commissaire général aux questions juives" de Vichy Xavier Vallat : "Vive Israël, mort aux youpins !" (autre exemple : Serge de Beketchvolontaire dans les rangs de Tsahal en 1967 mais dont "(les) calembours suintaient l'antisémitisme et (qui) ne ratait jamais une allusion au génocide juif pour en relativiser l'ampleur"). Il a certes, aussi, toujours existé historiquement un certain fascisme non-antisémite ou (en tout cas) ne mettant pas particulièrement l'antisémitisme en avant : il suffit de penser au fascisme italien des débuts ou encore aux  Croix-de-Feu/PSF du colonel de La Rocque. >Il ne s'agit pas du tout de cela aujourd'hui, mais bien d'un phénomène nouveau qui fait de l'antisémitisme une "ligne rouge de l'inacceptable" et utilise cette idée (correcte en soi) pour mobiliser... contre les "musulmans", les colonisés intérieur "arabes" et "noirs" en général, qui seraient finalement les "derniers" à "maintenir vivante l'horreur antisémite" en Hexagone. Les personnalités citées ne sont même pas spécialement "sionistes", en tout cas pas des ultras du Grand Israël : elles sont généralement "pour la paix" et pour "deux États", regrettent que "de part et d'autre" (mais surtout côté palestinien, évidemment...) des "extrémistes sabotent le règlement pacifique du conflit" et pensent qu'il ne faut (surtout) pas "importer le conflit en France" (obsession du "communautarisme"). Elles ne sont pas, non plus, particulièrement "euratlantistes" (ce qui serait la position des BHL, Glucksman, Askolovitch etc.) et même plutôt, au contraire, sur un bon vieux discours républicain souverainiste de droite... Des conceptions finalement proches de celles de Soral mais pas avec le même "ennemi intérieur", le même "communautarisme" comme obsession principale : pour les uns c'est un "lobby juif" qui "noyauterait" la "finance", la politique, les médias etc. ; pour les autres ce sont (définitivement) les "musulmans", "graine" de délinquants et de terroristes. Néanmoins, la confusion "Juif ou anti-antisémite + déteste les musulmans = lobby sioniste" s'est installée dans beaucoup d'esprits, et des gourous de tout poil se font bien sûr une joie de l'entretenir...

    Le "niveau" d'antisémitisme relevé par l'enquête recouvre en fait deux réalités bien différentes. Chez les "blancs", c'est le fait de personnes âgées marquées par les préjugés dominants encore forts au milieu du siècle dernier ; ou alors un marqueur d'extrémisme absolu, de droite de l'extrême-droite, d'appartenance à la mouvance nazie-fasciste au sens le plus strict ou à l'ultra-intégrisme catholique. Par contre, dans une enquête menée en 2005 (la situation a donc pu encore empirer depuis...) auprès d'un échantillon de colonisé-e-s intérieur-e-s originaires d'Afrique du Nord et subsaharienne, de l’État turc etc. (en violation de l'interdiction bien française des "statistiques ethniques"), il apparaissait qu'un tiers de ces personnes avaient des conceptions pouvant être qualifiées d'antisémites contre seulement 18% du groupe "témoin" (personnes de toutes origines, cultures et confessions)... Un phénomène d'autant plus fort que les sondé-e-s sont jeunes (maximal chez les 18-25 ans, plus fort que chez les plus de 65 ans du groupe "témoin") et "fortement corrélé à un regain de la pratique religieuse" (traduction : de l'affirmation de sa culture populaire réelle - à travers l'islam - contre l'identité "républicaine française" imposée). Autrement dit, nous avons là non pas "une jeunesse (...) proto-fasciste, individualiste, acculturée, façonnée par le capitalisme (...) éduquée par Facebook, par une école bourgeoise décadente, par un capitalisme devenant monopoliste (...) graine de facho" (propos tout simplement ahurissants paraissant un "mix" de Finkielkraut... et de Soral), mais bien l'émergence d'une conscience et d'un refus de la ismrésignation envers "ce qu'il se passe" en Hexagone et dans le monde, d'une conscience anticapitaliste ("romantique" ou pas...), "anticoloniale intérieure" et anti-impérialiste sincère (marquée par une ultra-sensibilité à la question palestinienne) mais qui, en l'absence totale d'un mouvement communiste conséquent dans ces "quartiers" dont on parle autant que l'on redoute d'y mettre les pieds, tombe dans le marécage de conceptions réactionnaires et finalement fascistes (au service du fascisme), dont Soral représente une version directement liée à un courant ("eurasiste"-"tiers-mondiste") de l'impérialisme BBR, mais loin d'être la seule (il y a tous les courants réactionnaires religieux, liés ou non à certains États etc.). Le "jihad solitaire" de Mohamed Merah à Toulouse nous a offert, dans l'horreur, une illustration parfaite de cela : il commence par frapper des militaires, agents et symboles de la domination et de l'agression impérialiste BBR à travers le monde... puis, devant l'échec d'une nouvelle action de ce type, bascule dans la barbarie réactionnaire sans nom en abattant froidement trois enfants sans défense simplement parce que juifs, au nom des "petits Palestiniens tués par Israël"... Avec Youssouf Fofana, les préjugés antisémites ("les Juifs ont de l'argent, ils sont solidaires entre eux" etc.) s'étaient simplement greffés sur le cerveau crapuleux d'une sous-merde lumpen avide d'argent facile. Le cas Merah, lui, illustre dans une atroce quintessence cette dialectique infernale entre éveil à la conscience du capitalisme impérialiste, de ses crimes et de ses injustices ; résolution à lui déclarer une guerre sans merci... et basculement dans une idéologie réactionnaire, ici traduite en actes meurtriers : l'antisémitisme version salafiste. Un phénomène terrible qui ne concerne pas seulement des "décérébrés" lumpen (il les concerne, mais par répercussion) mais bel et bien ceux et celles qui devraient normalement être les intellectuel-le-s organiques de la révolution dans ces "quartiers".

    Là est pour nous l'aspect principal, le plus préoccupant et néfaste du "phénomène". Pour "lesmaterialistes.com", l'affaire est entendue : la jeunesse qui applaudit Dieudonné (et/ou Merah) ne vaut pas et n'a jamais valu la peine que l'on s'y intéresse, ce ne sont que des "individualistes façonnés par le capitalisme" et de la "graine de facho", et les "sujets révolutionnaires" sont à chercher ailleurs (mais où ?). Pour nous au contraire, Dieudonné (et Soral derrière lui) comme les sectes fondamentalistes ne nous "volent" pas seulement des "troupes" (cela, tout mouvement soutenu par des personnes de classe populaire le fait...), ils polluent aussi l'esprit de possibles CADRES de la révolution à construire ! Nous avons pu observer (notamment sur les réseaux sociaux) depuis deux ou trois ans un mouvement de rejet de Dieudonné et Soral dans la population des "quartiers" qu'ils ont voulu séduire (ou encore dans la solidarité organisée avec la Palestine) ; des "casseroles" du sinistre duo sont "déterrées" et des voix de plus en plus nombreuses les dénoncent pour ce qu'ils sont : des démagogues fascistes gérant un business de la haine. Néanmoins, la pollution des esprits reste toujours profonde même chez celles et ceux qui ont effectué ce rejet. Quelque part, le point d'arrivée actuel de Dieudonné est dénoncé mais le parcours qui l'y a mené n'est pas compris. Bien souvent, sa dérive est jugée regrettable mais la responsabilité principale en incombe à ceux qui l'y auraient "poussé", aux sionistes qui l'ont "lynché" etc. etc. et non à Dieudonné lui-même : ceci est totalement contraire au matérialisme dialectique (primauté des causes internes, même si des facteurs externes peuvent évidemment jouer) et devrait être invalidé par le seul fait que des milliers de militant-e-s pro-palestinien-ne-s qui subissent la pression (parfois même physique) des ultras du sionisme (et de l’État qui bien souvent les couvre), et qui n'ont pas la protection que sa fortune assure à Dieudonné, ne suivent pas ce parcours...

    La raison de cette pollution des esprits est, elle aussi, à rechercher en premier lieu dans les causes internes : ce n'est pas la "force" du discours inepte de Dieudonné et Soral qui amène des milliers de jeunes de classe populaire à "glisser des quenelles" à la Main d'Or (face à un fantasmagorique "lobby sioniste") plutôt que de lever fièrement le poing face au Capital exploiteur et à son État raciste ; c'est l'incapacité du mouvement communiste à avoir, vis-à-vis des masses populaires concernées, un discours 1°/ cohérent, 2°/ offensif et 3°/ audible. Nous progressons dans ce sens mais l'effort ne doit pas, JAMAIS, être relâché.

    ieri-partigiani-oggi-antifascisti-copy-copie-1Ce qui ressort de nos (déjà !) quatre années d'expérience et de travail politique, d'échange et de débat avec des groupes révolutionnaires en Hexagone et à l'étranger etc., c'est que la question principale vis-à-vis d'une quelconque action ou d'un quelconque mouvement agissant n'est pas la "pureté prolétarienne" de ce qui est dit et fait ("pureté" que chacun-e va mesurer selon ses propres critères...) mais la capacité des communistes à en assumer et exercer la direction consciente dans leur objectif qui est (encore faut-il que cela soit clair !) la prise de pouvoir par le prolétariat révolutionnaire ; "décrassant les esprits" dans le feu de la lutte et diffusant la conception communiste du monde : ce que Gramsci appelle construire l'hégémonie. Assumer et exercer cette direction révolutionnaire consciente sur un mouvement quel qu'il soit amène TOUJOURS, historiquement, les cadres démagogues contre-révolutionnaires à tomber le masque : il suffit de se souvenir comme quelque chose d'aussi imparfait que les Indigènes de la République a suffi pour voir Alain Soral livrer le fond de sa pensée sur les colonisé-e-s intérieur-e-s d'aujourd'hui (et colonisé-e-s tout court d'hier) dont il se prétend le champion : "Houria Bouteldja est la preuve de la réussite totale de la colonisation, c’est à dire que sans la colonisation, cette petite Algérienne serait aujourd’hui tatouée en bleu sur le front, dans un bled de moyenne montagne, elle aurait six gosses et aurait été mariée de force, ce qui est normal dans une société patriarcale et elle fermerait sa gueule. C’est grâce à la colonisation et à la France qu’elle peut être une révolutionnaire anti-française haineuse" !

    Lorsqu'en revanche cela n'est pas assumé ou (pire) lorsque l'on ne veut pas l'assumer, comme cela a trop souvent été le cas vis-à-vis de la "jeunesse de banlieue" sous des prétextes aussi divers que variés (de l'ouvriérisme économiste au laïcardisme cache-sexe du suprématisme culturel européen-judéo-chrétien), alors ce sont des forces réactionnaires au service de fractions de la bourgeoisie impérialiste, d’États réactionnaires divers (Dieudonné et Soral reçoivent beaucoup d'argent iranien, l'Arabie et le Qatar appuient les sectes salafistes etc.) ou de leur seul gourou qui assument cette direction concrète. C'est ce qu'il s'est passé avec le public de Dieudonné et il y a beau jeu, aujourd'hui, de lancer des charges de Don Quichotte contre lui en justifiant par affaire Dreyfus + Front populaire l'alliance avec la place Beauvau pour tenter d'évacuer cette responsabilité ! 

    (MàJ 02/04/2014) L’enquête 2013 est enfin sortie : http://fr.scribd.com/doc/215668601/CNCDH-Racisme-2013-Basse-Def-1 ; lire un résumé ici : http://www.midilibre.fr/2014/04/02/liberation-de-la-parole-raciste-en-2013-surtout-contre-les-roms-et-les-musulmans,843201.php

    Parmi les principales conclusions, on relève que :

    - Davantage encore de Français assument être racistes : 9% se disent "plutôt racistes" (+2 points par rapport à 2012) et 26% "un peu racistes" (+ 4 points). Ils sont aussi plus nombreux à considérer que l'intégration des immigrés fonctionne mal (63%, + 7 points par rapport à 2012).

    - L'islam est la religion la moins positivement connotée et 80% des sondés estiment que le port du voile pose problème pour vivre en société. Les musulmans ne sont "des Français comme les autres" que pour 65% des personnes interrogées contre 70% il y a un an (baisse de 5 points) ; et sont un "groupe à part" de la société pour plus de 55% (45% sur le critère "Maghrébins", contre "seulement" 30% pour les Juifs).

    - Les Roms migrants pâtissent d'une image extrêmement négative : 85% des sondés pensent qu'ils exploitent très souvent les enfants (+ 10 points par rapport à 2012) et 78% qu'ils vivent essentiellement de vols et de trafics (+ 7 points).

    - L'indice de tolérance, calculé à partir d'une série de questions posées aux sondés, recule pour la quatrième année consécutive. Ces résultats révèlent un "refus croissant de l'autre différent" mais dévoilent aussi une "défiance vis-à-vis d'un antiracisme perçu comme censeur".

    - Les Français condamnent en revanche sans équivoque l'antisémitisme et "l'indice d'acceptation" des Juifs "reste de très loin supérieur à celui de tous les autres groupes", selon une étude qualitative de l'institut CSA qui a mené 30 entretiens semi-directifs en face à face du 9 au 17 décembre 2013. 85 % des sondés (stable par rapport à l’an dernier, donc) estiment que les Juifs sont des Français comme les autres, contre 65 % pour les musulmans. Les clichés, comme la thèse d'un rapport particulier des Juifs à l'argent, restent cependant persistants et partagés comme le relève l'étude [concernant les personnes de culture musulmane, un "florilège" de ces préjugés (ainsi que de propos sur la "sacralisation" de l'antisémitisme par rapport aux autres racismes) est présenté page 65 du rapport].

    - Selon les chiffres du Ministère de l'Intérieur, les actes et menaces antisémites ont baissé de 31% entre 2012 et 2013 tandis que les actes antimusulmans ont progressé de 11 points [une progression annuelle constante depuis le début du nouveau siècle alors que les violences antisémites ont tendance à croître puis diminuer "en dents de scie" au gré (notamment) de l'actualité au Proche-Orient, bien que l'"année Merah" 2012 (marquée par une forte poussée) ait commencé à faire mentir cette corrélation].

    342564CercledeprecyRENAUDCAMUSOu en deux phrases :

    - La mobilisation réactionnaire de masse sur les thèmes anti-islam, anti-"immigration" (valable quand bien même il s'agit de la 3e génération née en Hexagone), anti-rroms etc. cartonne, progresse et a sans doute largement rempli les urnes de bulletins FN aux municipales ; on entend de plus en plus parler (Front National, Éric Zemmour, Ivan Rioufol etc.), comme une sorte de synthèse de ces différentes thématiques mobilisatrices, de la théorie du Grand Remplacement élaborée à partir des années 1990 et mise sur le papier en 2011 par l'écrivain Renaud Camus ;

    - La mobilisation sur une ligne antisémite (associée ou pas à la question palestinienne, mais généralement associée) fait du surplace, restant cantonnée à des milieux très particuliers (jeunes prolétaires décomposés-décérébrés des "minorités" ou au contraire petits bourgeois issus de ces mêmes minorités, qui râlent contre un ascenseur social trop lent à leur goût sans pouvoir ni vouloir remettre en cause le capitalisme comme mode de production) ; et même recule dans les actes concrets (sans toutefois exclure que cela remonte dans le futur).

    On peut évidemment supputer que tout cela ne va pas plaire à toute une nébuleuse "antifasciste" anti-antisioniste, anti-"communautariste" etc. caractérisée par ailleurs (généralement) par une conception ultra-jacobine (ou nihiliste nationale ce qui revient au même) de l’État français, au nom de l’anti-"régionalisme-névrose-identitaire"… Mouvance dont en ces temps brunâtres que nous traversons il faut oser clairement dévoiler l’objectif : arrimer, souder, SCELLER la légitime préoccupation antifasciste dans les classes populaires à l’aile "gauche" de l’idéologie républicaine, l’aile "gauche" de la République du Capital ! Objectif que certains d’entre eux ont d’ores et déjà ouvertement révélé, avec leur apologie de l’union "antifasciste" autour de Manuel Valls…


    Nouveaux articles parus sur le sujet :

    Feu de Prairie :  Au sujet de l’antisémitisme moderne 

    OCML Voie Prolétarienne : On ne combat pas le système en applaudissant un antisémite, on ne combat pas le fascisme en soutenant le PS ! [Totalement d'accord que si l'État "interdit aujourd'hui Dieudonné, pourquoi n'interdirait-il pas demain les militants communistes" ou révolutionnaires, les militants ouvriers et progressistes ; il ne s'en est d'ailleurs jamais privé ("groupe Tarnac", "anarcho-autonomes", Contis, BDS, antifas etc.) ; tout comme la loi sur les signes religieux pourrait très bien être étendue aux symboles politiques notamment communistes (en théorie ils sont déjà proscrits par une circulaire de... 1936) et la loi sur la burqa permet aussi de punir les manifestants cagoulés ; ou comme d'aucuns réclament une "loi Gayssot pour l'idéologie criminelle communiste", etc. : c'est l'esprit même de l'idéologie républicaine francouille que de prétendre "combattre les extrémistes de tout bord", d'ailleurs même Vichy (avec Pucheu) prétendait cela... Pas d'accord en revanche avec l'affirmation libérale que "toute atteinte aux libertés, même celles de nos ennemis, peut demain s'étendre à nous". Les communistes, selon nous, doivent savoir être "pragmatiques" : si la branche national-républicaine de la Réaction fout sur la gueule de la branche "national-révolutionnaire tiers-mondiste antisioniste" antisémite, tant mieux, on ne va pas pleurer ! Simplement nous ne sommes pas dupes...]

    Alternative Libertaire : Dieudonné-Valls, ni peste ni choléra !

    Communiqué de la Campagne BDS France sur Dieudonné et Valls

    Comité Anti-impérialiste : Contre la mobilisation réactionnaire des masses

    Communiqué de l'UJFP

    Lire aussi : À quoi sert Dieudonné ? Et qui en profite ? de Pierre Stambul (UJFP)

     


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  • Les fêtes de fin d’année auront été marquées par un ‘spectaculaire rebondissement’ dans le très-médiatique ‘cas Dieudonné’, avec la ‘déclaration de guerre’ du Ministre de l’Intérieur, le (néo-) "socialiste" Manuel Déat Valls, à l’ex-humoriste devenu tribun fasciste des pires thèses ‘nationalistes-révolutionnaires’ et antisémites.

    quenelle2.jpgVoilà qui aura eu le double ‘mérite’ de renforcer, d’un côté, l’aura de ‘martyr du système’ de l’antisémite de la Main d’Or et, de l’autre, d’offrir un joli cadeau de Noël à tou-te-s celles et ceux qui depuis des années ont fait de réclamer sa tête leur raison d'exister en ce bas-monde : défenseurs plus ou moins fascisants de l’État sioniste bien sûr (de l’UEJF et SOS-Racisme à la LDJ), de la ‘démocratie occidentale’ et autres ‘valeurs de la République’ ; mais aussi certains milieux ‘antifas’ en perdition et (bien sûr) pseudo-maoïstes qui accompagnent, depuis un mois, d’articles quasi-quotidiens l’offensive (alors pas encore officiellement annoncée…) de la place Beauvau.

    "Lesmaterialistes.com" (vous les aurez reconnus !) ont produit depuis environ un mois un certain nombre d’articles sur la question, auxquels on ne peut dénier de dire beaucoup de choses très justes, notamment sur la manière dont l’antisémitisme imprègne culturellement la société ‘française’ et, ‘greffé’ sur les masses populaires ‘non-blanches’ en particulier ‘musulmanes’ (arabo-berbères, anatoliennes, sahéliennes), développe la division du Peuple et un climat de guerre civile (parallèlement à l’ultra-sionisme et au racisme anti-"arabes"/"noirs" qui s’empare des masses juives). Mais face à cela, que proposent-ils sinon… exalter ‘la Fraaaaaance’, sa ‘Grande Cultuuuuure’ (Le Nôtre & compagnie) et ses ‘Lumières’ ; autrement dit une construction historique d’exploitation et d’oppression dont l’apparition et le développement de l’antisémitisme sont indissociables [rouelle de ‘Saint’ Louis IX, persécutions et interdictions en tout genre, édits d’expulsion de Philippe le Bel (1306), Charles VI (1394), Charles VIII pour la Provence (1498) etc. etc.] : PARTOUT, en ‘France’ comme dans les Îles Britanniques ou la Péninsule ibérique, la naissance de l’État moderne a vu le début de la persécution systématique des Juifs, communauté ‘transnationale’ par excellence avant l’apparition des Roms ; cela ne s’est JAMAIS passé autrement et a duré jusqu’à ce que les grands mouvements libéraux des 18e-19e siècles amorcent une politique d’égalité civile, mais non sans violentes contradictions et réticences au sein de la bourgeoisie, à l’origine de l’antisémitisme exterminateur du 20e siècle : la ligne des "materialistes.com" est donc là dans une auto-contradiction totale… 

    L’article ci-dessous, publié sur Mediapart, malgré un certain côté gnangnan-idéaliste-gauche-de-la-gauche-de-la-gauche et un côté ‘la Fraaaaance’ version ‘multiculturelle’ (‘prolétariat international de France’ caractéristique de la ligne politique de son auteur, Yvan Najiels est un proche d’Alain Badiou et de son ‘Organisation politique’ ex-UCFML), a le mérite de remettre un peu chaque chose à sa place et de bien résumer la position qui est la nôtre et celle de tous les révolutionnaires authentiques.

    vallsPour qui a compris la société civile selon Gramsci, il est évident que les faux débats, les faux antagonismes, les faux "choisir son camp" sont un élément essentiel du dispositif d'enfermement du Peuple ; et qu’en l’absence d’hégémonie intellectuelle réellement communiste, pour les masses populaires engluées dans les valeurs dominantes (racistes, capitalistes, impérialistes, patriarcales), l’émergence de pseudo ‘rebelles antisystème’ à la Dieudonné et Soral est aussi normale qu’indissociable de la responsabilité du ‘système’ et de la ‘pensée unique’ dominante (blanche, impérialiste ‘humanitaire’, raciste assimilationniste, en un mot républicaine bourgeoise) qui l’engendre en réaction, et s’en sert ensuite d’épouvantail ! Rappelons simplement et basiquement les choses :

    - Le fascisme, cela peut être 1°/ au sens concret, comme réalité agissante, une force paramilitaire de la Réaction ultra, une militarisation de la société civile, du ‘sens commun’ au service d’une lutte contre-révolutionnaire à outrance ; MAIS 2°/ au sens idéologique, l’ensemble des MAUVAISES RÉPONSES, des FAUSSES SOLUTIONS, réactionnaires mais parfois (voire souvent) présentées comme ‘révolutionnaires’, sécrétées et diffusées par l’idéologie dominante (la société civile) face aux PLUS LÉGITIMES (mais souvent mal formulées) colères et aspirations des masses ; des ‘solutions’ qui, dans un contexte de crise également marqué par la montée des affrontements entre puissances capitalistes/ impérialistes et par la contre-révolution déchaînée, peuvent effectivement parfois consister en l’extermination de populations entières.

    - La multiplication (dans une société civile élaborée, avancée) des ‘réponses’ de ce genre, des ‘solutions’ et des boucs émissaires amène des propositions différentes et, éventuellement, concurrentes ; ces fameux faux débats qui enferment encore une plus grande partie des masses, ne pouvant résister à ‘choisir un camp’ et lui trouver des excuses face à la répulsion plus forte que lui inspire le ‘camp adverse’ : ultra-libéralisme/mondialisation ou étatisme/ dirigisme/protectionnisme/souverainisme chauvin ? Défense de la ‘démocratie’ impérialiste occidentale (incluant Israël) ou des ‘régimes courageux qui résistent’, aussi antipopulaires et criminels soient-ils (Russie, Iran, Syrie, hier Libye etc.) ? Le problème principal de la ‘France’ c’est l’immigration/l’islam/la ‘racaille’ ou le ‘Nouvel Ordre mondial’ dont les ‘sionistes’ seraient le pivot ? etc. etc.

    - Quoi qu’il en soit, le rôle des communistes est d’identifier, derrière les formulations quelles qu’elles soient, les légitimes questions posées et aspirations exprimées, et de leur apporter la juste réponse révolutionnaire qui convient.

    Arrachons-nous une bonne fois à ce règne triomphant du pseudo-débat de merde, à ces ‘guerres’ qui ne sont pas les nôtres !! Développons et diffusons la CONCEPTION COMMUNISTE DU MONDE !!!

    Unis dans leurs différences ; différences dont l’exaltation (façon ‘lévriers et caniches’ cf. Serge Ayoub) comme la négation (au profit de petits soldats-robots statistiques de la production de plus-value) sont les deux faces d’une même machine de domination ; les Peuples d’Hexagone combattront l’État BBR du Capital comme les doigts d’un poing uni !

    Et l’Occitanie révolutionnaire, libre et socialiste que nous voulons, comme le pressentait la progressiste Simone Weil dans son exil marseillais il y a 73 ans (lorsqu'il était minuit dans le 20e siècle), sera la résurrection (à un niveau supérieur) de l’Andalus du Nord d’il y a 1000 ans, l’Occitanie de Maïmonide et Abraham ibn Ezra où la synagogue et la mosquée côtoyaient l’église romane et le temple cathare : une nouvelle Andalus du Nordne sera tolérée aucune haine des Juifs ni de personne, sur quelque critère que ce soit ; ni Zemmour ni Soral, ni ‘Riposte laïque’ ni Dieudonné, ni Gabriac ni Mohamed Merah, ni Ayoub ni LDJ ; tout ce ‘beau monde’ ira réfléchir en cassant des cailloux sous le soleil de plomb du Larzac !


    Ni Dieudonné, ni national-républicanisme !

    |  Par Yvan Najiels

    Face à la galaxie peu ragoûtante dont Dieudonné et Soral sont les chefs se développe un discours qui, avec Valls, Bruckner ou Tribalat, en appelle à des "valeurs communes" que pourrait en fait résumer le nom "Occident", pour faire front contre le comique perdu passé d'Elie Semoun à (ni) Égalité & (ni) Réconciliation. 

    blog--FN-stigmatise-Valls.jpgIl est hors de question d'accorder le moindre crédit à ces fêlés de la République française parce que précisément, ils ont, par leur racisme de salon, leur haine depuis longtemps distillée du prolétariat international de France et leur venin civilisé, une responsabilité inouïe dans la situation pourrie actuelle sur laquelle fleurit aussi une islamophobie absolument décomplexée. Qu'ils accusent, de façon à peine camouflée, Alain Badiou d'antisémitisme (pour mieux paraphraser son "De quoi x. est-il le nom ?"), finit de dire - si c'était nécessaire - à quels défenseurs de l'Occident on a ici affaire...

    Michèle Tribalat, signataire du texte mis en lien, est une islamophobe de choc. Elle est régulièrement invitée par un Finkielkraut qui, chaque samedi matin, transforme France Culture en Radio Courtoisie pour y déverser sa haine de la France au peuple multinational. C'est dire si ces deux-là s'aiment au nom de leur "identité malheureuse".

    Il n'y a pas d'échelle des haines, ni de gens dont la proscription est plus tolérable que d'autres (quoi qu'en pense une partie de la gauche). Les propos de Tribalat contre les minarets ou la Turquie musulmane ne valent pas mieux que Camille Chautemps craignant un trop grand nombre "d'israélites" étrangers en France en 1938 (cf. Jablonka) et le Papon du 17 octobre 1961 n'est pas moins odieux que celui de 1942.

    Il faut savoir que les signataires de ce texte, en service commandé du CRIF (antenne du consensus colonial anti-Palestiniens israélien en France), sont des gens dont la "pensée" est homogène à cette phrase de Roger Cukierman en 2002 et au lendemain de la présence du vieux Le Pen au second tour des Présidentielles, à savoir que cela "apprendr[ait] aux musulmans à se tenir tranquilles".

    Le piège - grossier, il faut bien le dire - est celui-là. Il ne faut pactiser avec aucun diviseur de l'humanité. Dieudonné est abject mais ces tristes sires républicains aussi. La clique Tribalat et la clique antisémite - dont certains énergumènes s'abonnent à Mediapart pour déverser leur insatiable haine - s'aiment au fond de détester ensemble. Ils se nourrissent les uns les autres. Qu'ils se mettent sur la figure s'ils le veulent - sans moi.

    La haine proprette mezzo voce des fous furieux de la République pour les banlieues de ce pays fait le succès de Soral et Dieudonné. À dire aux enfants de France venus des ex-colonies qu'ils sont des immigrés, des étrangers, des délinquants, des salafistes, des abreuvés de haine antisémite et de tournantes, la République qui se croit (mais qui le croit ?) juste et bonne fait prospérer Soral et sert le Front National dont le comparse de Dieudonné est une pièce non négligeable. 

    Le texte de Tribalat, Tarnero et consorts est un texte infâme qui veut profiter de l'aubaine Dieudonné pour un peu plus taper sur les cités populaires et proscrire un peu plus encore ses habitants. Nos cinglés de la nation et de la Reconquista de ses "territoires perdus" passent, comme Dieudonné, leur temps à soutenir qu'être juif c'est être sioniste (ce qui est évidemment éminemment contestable) pour ensuite, face à l'entremêlement de ces deux catégories dans certains discours, crier à l'antisémitisme. Appelons-les donc par leur nom : pompiers pyromanes. 

    des-supporters-de-dieudonne-font-le-salut-de-la-quenelle-de.jpgEn cela, les deux cliques qui se font face sont homogènes. Celle de Dieudonné/Soral fait un peu dans l'extrême-droite type Vergès [*] réduisant "l'Occident" à ses Juifs pour ramener les adeptes du "socialisme des imbéciles" (comme disait August Bebel) au bercail fasciste classique ; tandis que l'autre présente mieux parce qu'ayant une place de choix dans les médias du consensus raciste et islamophobe blanc (Zemmour et Finkielkraut sont au moins une fois par semaine à la télé ou à la radio) et se présentant plus qu'abusivement comme du bon côté de l'histoire (son rapport au CRIF montrant une captation de la mémoire du judéocide nazi au profit du sionisme et de l'Occident blanc) pour promouvoir une politique extrêmement réactionnaire à l'image de celle de Netanyahu et Peres mais également de Bush : défense de l'Occident contre les "barbares" orientaux mahométans.

    De ce point de vue, on peut donc dire que la chute du camp "socialiste" a fait éclater l'extrême-droite d'antan en deux. Le groupe Occident gueulait en 68 "Les Bolchos à Dachau !" tout en regrettant l'Algérie française. Les tâches sont aujourd'hui réparties entre groupes aussi opposés en apparence que proches en vérité l'un de l'autre dans leur haine de l'humanité générique. C'est pourquoi il faut les combattre l'un et l'autre avec la même véhémence. 

    Ne mangeons pas de ce pain-là, pour paraphraser Benjamin Péret.


    ---------------------------------------

    Je renvoie par ailleurs et sur ces questions au très bon entretien donné par Julien Salingue, spécialiste de la question palestinienne contemporaine et cible d'Alain Soral qui, pour l'occasion, est entré dans une régression anale qui aurait sans doute intéressé Sigmund Freud.

    http://www.femmesdechambre.be/julien-salingue-au-dela-des-quenelles-il-faut-remettre-du-politique/

    [Voir aussi l'article qui a valu au Julien Salingue en question la vindicte soralienne, intéressant : Alain Soral, national-socialiste décomplexé]

    Autres articles sur le même thème : Dieudonné, quenelle, Valls, fascisme : quelques mots ! 

    Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme télévisé ou xénophobie d’État, faut-il vraiment choisir ?

    Roger Cukierman, ce brillant VRP de Dieudonné

    Comme critique de la clique Dieudonné-Soral et de sa (désormais tristement) célèbre ‘quenelle’, il y a l’excellent site Quartiers Libres ; voix qui a le mérite de venir de la principale ‘cible’ politique des deux ‘antisystèmes’ : les colonies intérieures des ‘quartiers’ (lire l'article en lien et rechercher 'quenelle' dans le moteur du site). Ou encore, sur le site d'Alternative Libertaire, ce texte d'un ancien partisan "repenti" de l'"humoriste" : Pourquoi Dieudonné n'est pas fréquentable


    * Formule absolument excellente, mais que Najiels aurait pu approfondir en expliquant en quoi consiste exactement cette "extrême-droite à la Vergès" : un courant apparu dans les 1960, qui fait de l'affirmation de l'impérialisme BBR vis-à-vis de la superpuissance US l'aspect principal, quitte à flatter une certain "tiers-mondisme" à faire hurler la "bonne vieille" extrême-droite traditionnelle, "Occident chrétien", "Algérie française"... et souvent pro-israélienne en mode "Vive Israël, mort aux youpins". L'idée est de rendre à l'ancienne deuxième puissance mondiale son "rang" international en en faisant la "protectrice" du "tiers-monde" face à un "impérialisme" exclusivement anglo-saxon et "sioniste" (soutenant Israël), ce qui permet "accessoirement" de recycler les vieilles lunes antisémites d'antan (les gouvernements seraient "à la botte d'Israël", petit État de 7 millions d'habitants, ce qui démontrerait définitivement que "les Juifs contrôlent le monde" : anti-impérialisme des imbéciles pour le coup), et rappelle en effet la ligne de l'Allemagne nazie ou de l'impérialisme japonais avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Soral, depuis sa tentative d’infiltration du PC au début des années 1990, et Dieudonné son poulain et rabatteur depuis 2004-2005, s'inscrivent clairement dans ce courant où évoluait aussi Jacques Vergès, qui a des connections dans les grands partis bourgeois (Didier Julia et d'autres à l'UMP, Roland Dumas au PS) et qui a "satellisé" énormément de monde avec la décomposition du mouvement communiste/progressiste/anti-impérialiste dans les années 1980-90... Mais ce courant ne les a pas attendu pour exister, existerait très certainement sans eux et n'est pas le seul de l'impérialisme (et donc du fascisme) BBR, rien ne justifiant qu'il soit "plus à combattre" qu'un autre… 

    SLP ne voit pas plus aujourd'hui qu'hier de raisons de réviser la position qui est la sienne depuis le début : Dieudonné, "antiraciste" provocateur et assez narcissique au début des années 2000, est clairement devenu (depuis sa rencontre avec Soral) un tribun et un propagandiste de thèses fascistes, réactionnaires et antisémites ; mais son ASPECT PRINCIPAL, que démontre sans ambiguïté son hyper-médiatisation (pour ou contre lui !), est avant tout d'être (à la fois) un ÉPOUVANTAIL et une VOIE DE GARAGE : épouvantail pour la "démocratie"/"république" bourgeoise impérialiste bien-pensante, les défenseurs de l’État sioniste etc., pour faire de toute contestation envers eux une résurgence "rouge-brune" de la "peste totalitaire" dont l'antisémitisme serait le point de ralliement ; mais, contrepartie inévitable pour ne pas dire voulue, à mesure que Dieudonné est "diabolisé", il devient un "héros", un "résistant" et donc une voie de garage politique stérile pour toute une partie des masses, à qui aucune force conséquente ne donne de véritable perspective révolutionnaire ; tout cela s'alimentant réciproquement en permanence. Ainsi, pendant que toute une jeunesse populaire potentiellement révolutionnaire fait la "quenelle"... et toute une autre du combat contre celle-ci le nec plus ultra de l'engagement militant, la bourgeoisie, elle, comme le clamait Warren Buffet il y a quelques années, mène tranquillement sa guerre de classe et est en train (pour le moment) de la GAGNER. Aujourd'hui, la "diabolisation" de Dieudonné a fait de sa "quenelle" un phénomène de société obligeant, dans un mouvement de balancier, ladite "diabolisation" à franchir un nouveau cran, et ainsi de suite... tout cela menant dieu-sait-où, mais probablement nulle part sinon dans un mur, jusqu'au jour où le véritable fascisme sortira du bois, sous les formes qui ont toujours historiquement été les siennes, en 1940 comme en 1958. Alors, tant ceux qui auront suivi le "grand mal-pensant" de la Main d'Or que ceux qui auront voué toute leur énergie militante à le combattre apparaîtront comme les tristes dindons d'une effroyable farce. 

    La "fascisation rampante", la montée du fascisme en situation de crise générale, est une réalité ; Dieudonné s'y inscrit et la sert ; mais son "mouvement" informel n'est pas le CŒUR du problème, qui se trouve dans des officines beaucoup plus bourgeoises, distinguées et "blanches". Il est un rabatteur du mouvement de Soral (Égalité & Réconciliation) et a certainement contribué à populariser les thèses de cette "extrême-droite type Vergès" ("tiers-mondisme" au service de l'impérialisme BBR et "socialisme" puisé dans Rerum novarum, Soral apparaissant de plus en plus comme un agent d'une officine catho-décadente, peut-être l'Opus Dei) ; mais celle-ci, on l'a vu, lui préexistait et aurait sans doute trouvé d'autres canaux d'expression que lui en son absence. Tout comme le négationnisme, dont rien ne prouve qu'il ait beaucoup plus d'adeptes aujourd'hui qu'avant le "phénomène". Quant à l'idée que la Shoah a bel et bien existé et que c'est épouvantable, mais que l'on en fait "un peu trop" autour, que "d'autres peuples ont souffert" et que l'on "n'en parle presque jamais" etc. etc., c'est une idée qui s'est répandue depuis les années 1990 à mesure que s'affirmait le "devoir impératif de mémoire" de l'Holocauste et Dieudonné (qui disait finalement plus ou moins cela au début des années 2000, avant "l'affaire") en est un PRODUIT et non le "père" intellectuel. Il est là encore difficile de dire si elle a beaucoup progressé depuis 10 ans et, le cas échéant, si c'est surtout à cause de Dieudonné ou à cause d'utilisations effectivement indignes et crapuleuses de la mémoire des 6 millions de victimes juives du nazisme (au service qui de la politique criminelle israélienne, qui de l'"absolution" ou de la minimisation de tous les autres crimes impérialistes passés et même de la justification des présents, par la "nazification" systématique de l'adversaire)...

    Surtout, le "mouvement dieudonniste", s'il popularise un discours fasciste et réactionnaire, n'est ni idéologiquement ni organisationnellement capable de devenir un mouvement fasciste au sens de FORCE DE FRAPPE ultra-réactionnaire. Idéologiquement et organisationnellement, c'est une forteresse de sable. Il y a probablement autant de gens qui font la "quenelle" que de significations qui lui sont données ; 90% y voient sans doute effectivement un "bras d'honneur au système" et ne comprennent pas ce qu'elle signifie en réalité ; tandis que ceux qui la comprennent et la font en connaissance de cause, éventuellement dans des lieux "symboliques" de la communauté juive ou de la Shoah, sont souvent DÉJÀ des militants fascistes (ou islamistes) à la base. Enfin, on l'a dit, non seulement l'idéologie fasciste en Hexagone ne se résume ni au tandem Dieudonné-Soral, ni même au courant dont ils sont les représentants les plus visibles (autant grâce à leurs ennemis qu'à leurs partisans !), mais il existe nombre d'autres courants qui les critiquent et même les dénoncent ! Ainsi, un phénomène tout aussi marquant (sinon plus !) que Dieudonné ces 10 dernières années, c'est selon nous l'apparition de toute une extrême-droite (Renaud Camus, "Riposte laïque", exemples parmi beaucoup d'autres) qui non seulement n'est pas antisémite ni négationniste mais rejette même ouvertement cela et en fait une "ligne de démarcation absolue" (se centrant généralement sur une dénonciation enragée de "l'islam"), sans invoquer aucune "liberté d'opinion" que ce soit, acquérant ainsi une "respectabilité" qui lui ouvre des autoroutes politiques. Sous ce "parapluie de respectabilité" que lui confère (prétendument) le fait d'être anti-Dieudonné, la condamnation du "nouvel antisémitisme" ou encore (parfois) le rejet "de principe" de toute "fréquentabilité" du FN, le discours peut parfois aller extrêmement loin - en s'attirant tout de même à un moment donné (faut pas désespérer !) quelques remontrances du CRAN relayées par L'Humanité

    En fait, si le "mouvement dieudonniste" a une (autre) caractéristique principale, c'est de capter plus que n'importe quel autre des personnes qui devraient normalement aller vers le mouvement communiste. Sur ce plan-là, oui, il mérite qu'on lui donne de l'importance. Les communistes doivent absolument briser cet abominable cercle vicieux, cette mécanique auto-reproductrice qui derrière Dieudonné ou contre lui détourne des milliers de personnes de la véritable actualité : la révolution prolétarienne. Cela ne peut, en réalité, pas se faire négativement (en "rendant coup pour coup" contre Dieudonné et ses thèses) mais POSITIVEMENT : en PROPOSANT la véritable hégémonie intellectuelle révolutionnaire dont le "dieudonnisme" ne fait que venir combler l'absence de la pire manière qui soit ; pour, comme le dit l'autre article mis en lien, "non pas 'interdire' Dieudonné mais l’écraser". Les communistes ne doivent pas avoir peur de dire tout ce qui précède haut et fort, car telle est la juste compréhension marxiste de la question ; ils ne doivent pas céder au terrorisme intellectuel de toute une nébuleuse pseudo "progressiste", "antifasciste" et même "maoïste" désormais bien connue pour qui c'est être dieudonniste que de dire cela, que de "renvoyer dos à dos Dieudonné et ses critiques" ("démocrates" bourgeois impérialistes, national-républicains à la Finkielkraut, fana-sionistes et compagnie), que de refuser le piège mortel de l'"antifascisme" bourgeois [dans lequel "lesmaterialistes" tombent cette fois-ci explicitement et à pieds joints, en prétendant sans peur aucune du ridicule que leur "antifascisme sincère, populaire et cultivé" a "obligé l’État bourgeois français à réfuter en catastrophe Dieudonné et la peste antisémite qui se diffuse à grande vitesse" - l'explosion du mur du çon confine cette fois au dangereux, lorsque l'on refuse aussi aveuglément de voir les ficelles du cirque médiatique national-républicain vallsien !].

    Nous, communistes, prétendons mener une guerre totale contre le système capitaliste et son appareil politico-militaire et idéologique ; et non le dédouaner de la responsabilité des monstres fascistoïdes qu'il engendre ! L'antifascisme populaire révolutionnaire, c'est comprendre que le cœur du problème s'appelle le Capital !

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    Sur la question de l'"antisionisme" de Dieudonné, nous pouvons donc en définitive résumer les choses de la manière suivante :

    - Les tenants de l'impérialisme français ont aujourd'hui à peu près tous pris acte de sa perte de rang définitive au niveau mondial. Il n'y a pratiquement plus (à part Dupont-Aignan ? ou Asselineau ?) de tenants d'une France "seule contre tous". La question qui se pose est donc celle des alliances géopolitiques pour pouvoir (un peu) exister internationalement. C'est là que les clivages apparaissent.

    - Il y a une vision "social-impérialiste" qui voudrait s'appuyer sur la Russie, la Chine, les "BRICS" en général, l'Iran, l'ALBA etc. avec pour ennemi principal les États-Unis et leurs alliés : Angleterre, Japon, ISRAËL etc. Beaucoup d'antisionistes politiquement "limités" tombent malheureusement dans les pièges de cette tendance. On le voit bien chaque fois que les USA attaquent des personnages aussi "sympathiques" que Mouammar Kadhafi, Bachar el-Assad, Viktor Ianoukovitch ou hier Saddam Hussein. En même temps, ce genre d'impérialisme (à la Vergès, Dumas, Soral) est un impérialisme HONTEUX dont l'existence est objectivement une bonne nouvelle, même si l'aspect "piège" est un réel problème pour le mouvement progressiste. L'impérialisme de 1910 ne s'embarrassait pas de telles contorsions intellectuelles et faux-semblants : l'Europe était "légitime" (au nom de Dieu, de la République ou de la Civilisation) à dominer. Quelque part, il y a eu du progrès en 100 ans...

    - Il y a ceux qui veulent la Russie mais pas la Chine, l'Iran, les Arabes, les Sud-Américains bref le "tiers-monde". Il y a ceux pour qui cela implique de dénoncer le sionisme ; et ceux pour qui au contraire Israël est une pièce importante du dispositif anti-islam, et qui voudraient que la Russie le comprenne (Guillaume Faye).

    - Il y a ceux pour qui la France doit rester (comme "c'est sa tradition") alignée sur les USA et un soutien d'Israël. Évidemment ceux qui soutiennent à fond (dans tous ses crimes effectifs ou possibles) l'État sioniste vont se retrouver naturellement dans ce camp-là (à moins qu'ils ne considèrent plus les États-Unis comme un soutien fiable et commencent à regarder du côté de la Russie, cela existe).

    - Mais finalement, lorsque l'on regarde du côté de l'Ukraine et que l'on réalise dans quelle nouvelle Guerre froide nous sommes, on se dit qu'entre des gens avec des options géopolitiques aussi différentes, cela ne peut pas bien se passer. Les affrontements géopolitiques mondiaux vont forcément se refléter entre les propositions géopolitiques au sein de l'impérialisme bleu-blanc-rouge. On ne va pas s'envoyer des missiles dessus, mais au niveau du "débat d'idées" et (éventuellement) de l'emploi d'armes juridiques, voire de faire le coup de poing, il va y avoir "du sang sur les murs". La tendance "atlantiste", pro-US et pro-Israël est encore sans doute majoritaire (c'est la ligne de la grande majorité du PS au pouvoir et c'était celle de Sarkozy et de la majorité de l'UMP sous le mandat précédent) mais en perte de vitesse, d'où ses réactions de panique de plus en plus brutales vis-à-vis du succès croissant de Dieudonné et de la "proposition" géopolitique à la fois "eurasiste" et "tiers-mondiste" qu'il incarne. Ceux qui veulent s'appuyer sur les "émergents" montent en même temps (sur leurs scènes nationales respectives) que les "émergents" sur la scène internationale, c'est mathématique. Mais ils se heurtent forcément à de sérieux barrages d'artillerie médiatique.

    - Dieudonné se dit "résistant" et "persécuté" par un "système" qui serait "dirigé par le CRIF", par le "lobby sioniste" etc. etc. Mais la réalité c'est qu'il a tout simplement voulu jouer au con et s'est foutu dans ce qu'il faut bien appeler une GUERRE ; et il a compris à ses dépens ce que ce mot voulait dire. Il s'est pris des coups dans la gueule à la mesure (rationnelle ou pas) de la menace que le camp d'en face percevait en lui. D'où son mélodrame. Point à la ligne. Des dizaines d'antisionistes sont agressés par la LDJ chaque année et n'en font pas toute une histoire, ni ne disent que la France et le monde sont gouvernés par un lobby sioniste tout-puissant : ce sont tout simplement les risques de la lutte. On est contre la colonisation et l'apartheid israélien, il est logique que ceux qui sont pour n'apprécient pas et le fassent savoir. Les flics, les fascistes et autres nervis universitaires (UNI etc.) qui défendent l’État capitaliste le font eux aussi régulièrement savoir aux militant-e-s qui contestent l’État et le capitalisme.

    - Nous, c'est simple : nous rejetons TOUS LES IMPÉRIALISMES et les saloperies de l'un ne sont JAMAIS une justification aux saloperies de l'autre. C'est beaucoup plus simple et cela aide à vivre sereinement...

    *************************************

    Autre excellent texte à lire, par le Comité Anti-Impérialiste (ex-AGEN, maoïste) :

    Et puis bon... (MàJ 2017) le texte FONDAMENTAL pour ce que l'on pourrait appeler "comprendre Soral", le "phénomène" Dieudonné-Soral et son emprise sur toute une jeunesse populaire ; est et restera quand même pour longtemps celui-ci :

    http://indigenes-republique.fr/en-finir-avec-le-soralisme-en-defense-des-lascars-de-quartiers-comme-sujets-revolutionnaires/


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  • ... ce qu'il s'est passé dans les disons 20 années suivant l'indépendance (proclamée il y a 210 ans jour pour jour) ; et comment cela a mené à la situation, tragique comme on le sait, de ce pays aujourd'hui :

    http://ekladata.com/Le-caporalisme-agraire-Haiti-Ayiti.pdf

    Haïti : une documentation pour comprendre...

    Haïti : une documentation pour comprendre...


    Lire : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/haiti-la-malediction-c-est-l-imperialisme


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  • pistoleiros2En ce moment même au Brésil, un massacre contre des paysans sans terre de l’État de Rondônia est en préparation. Les forces de répression de l’État et de l’Union vont attaquer des paysans pauvres sous le fallacieux prétexte qu’ils occupent une réserve naturelle. Des émeutes ont déjà eu lieu et les paysans ont été victorieux de la première tentative d’expulsion. Mais une récente intervention du gouverneur de l’État, qui est un propriétaire terrien, où il qualifie les paysans de ‘vandales’ et ‘bandits’ laisse augurer le pire.

    Avec l’accentuation de la crise générale du capitalisme, la situation dans les pays semi-colonisés (dits du ‘Sud’) devient de plus en plus difficile. Au fur et à mesure que la crise s’approfondit, la pression impérialiste sur ces pays, pour la captation des ressources et l’accaparement de nouveaux marchés, provoque de nombreux troubles. Les plus apparents sont les interventions impérialistes militaires directes ou indirectes actuelles ou récentes (Lybie, Mali, Afghanistan, Irak, Syrie, Centrafrique etc.), mais cela signifie aussi pour les classes populaires et les peuples des pays d'Asie, d’Afrique et des Amériques une constante aggravation de leur situation sociale sans compter les ravages écologiques provoqués par l’exploitation dantesque de tout ce qui peut rapporter quelques dollars ou euros.

    Le Brésil ne fait pas exception à cette situation générale. Derrière le mensonge de la croissance et du développement, orchestrés par les gestionnaires du PT au pouvoir et du FMI, se cache en réalité une situation dramatique pour une grande partie de la population. L’explosion populaire de juin 2013 est venue rappeler que le groupe des BRICS comme ‘nouvelles puissances’ n’est qu’une chimère. La Coupe du Monde de Football en 2014, avec les JO de Rio en 2016, devait venir parachever cette propagande d’un Brésil sorti du sous-développement, mais la réalité est têtue !

    favelaLoin de sortir de leur lien de sujétion avec les pays impérialistes, les gouvernements de ‘gauche’ sud-américains sont en réalité les parfaits relais du règne planétaire des monopoles. Cela se traduit concrètement par une dégradation du niveau de vie et des conditions de travail, avec des loyers dépassant l’entendement, une inflation galopante, les violences policières toujours plus forte, des services sociaux de base en piteux état ou inexistants et une corruption généralisée. 50% du budget du Brésil va au remboursement des intérêts de l’immense dette publique, des milliards sont dépensés dans les projets du PAC, projets pour développer les infrastructures dans le seul but de satisfaire les monopoles impérialistes, et à côté les hôpitaux ferment. La situation dans les campagnes est tout aussi dramatique, la réforme agraire promise n’est jamais arrivée et pire encore, la répression contre les mouvements paysans s’accentue. Exécutions sommaires des leaders paysans par les milices des grands propriétaires, torture courante par la police, intimidations, tout est fait pour faire régner un climat de terreur dans le peuple. Cinq millions de familles paysannes au Brésil n’ont pas de terres à cultiver et les latifundias (grandes propriétés agraires, marque de la semi-féodalité) et autres exploitants agro-capitalistes sont présents dans tous les rouages de l’État, tandis que le monopole médiatique criminalise systématiquement toute contestation.

    Aujourd’hui, avec le capitalisme globalisé toutes les luttes dans le monde sont intimement liées ; le Brésil comme l’Inde est une pièce maîtresse dans l’économie mondiale. Il est une de ces fermes du monde vouées à la fourniture planétaire de nourriture marchandisée, et par conséquent plus la révolution avancera au Brésil plus l’impérialisme s’affaiblira, plus nous pourrons le combattre dans les pays impérialistes.

    Nous appelons tous révolutionnaires et progressistes sincères à appuyer les luttes révolutionnaires dans ces pays. Nous devons sortir d’un certain eurocentrisme idéologique ; le changement vient des périphéries du Vieux monde, là d'où souffle vers les Centres du capitalisme le vent d’un Monde Nouveau. Nous appelons à soutenir la révolution agraire au Brésil et à dénoncer les violences contre le peuple, notamment celles en cours dans l’État de Rondônia.

    Nous appelons à boycotter plus que jamais la mafia nommée FIFA et la Coupe du Monde 2014, ainsi que les futurs JO à Rio de Janeiro ; et à dénoncer les mensonges du gouvernent de pseudo-gauche du PT et de Dilma Rousseff.

    Nous envoyons un salut fraternel et révolutionnaire à tous les combattants du Peuple brésilien qui luttent au péril de leur vie pour une humanité libérée et égalitaire.

    VIVE LA RÉVOLUTION AGRAIRE AU BRÉSIL !

    VIVE LA JUSTE LUTTE DES PAYSANS DE RONDÔNIA ET DU MONDE ENTIER !

    À BAS LA FIFA !

    NÃO VAI TER COPA !

    Tous les révolutionnaires et progressistes conséquents, organisations mais aussi collectifs, websites et autres groupes sont invités à signer ce message de solidarité aux paysans brésiliens en lutte.


    ******************************

    INTERNATIONAL CALL TO DENOUNCE BRAZILIAN GOVERNMENT ! 


    At this very moment, in Brasil, a massacre is preparing against landless farmers in the State of Rondônia. State and Federal repressive forces are about to assault poor farmers under the pretext they occupy a wildlife reserve. Riots have already taken place and the landless have been victorious from a first eviction attempt. But a recent statement of the State governor (a big landowner), where he calls the landless farmers ‘hooligans’ and ‘criminals’, didn't bode anything well.  

    cp1-copie-1While general capitalist crisis increases, the situation in semi-colonial countries (so-called ‘South’) is getting more and more difficult. As crisis deepens, imperialist pression on these countries to harness their ressources and monopolize new markets is causing numerous unrests and troubles. The most apparents are the direct or indirect imperialist interventions of the last years (Lybia, Mali, Afghanistan, Iraq, Syria, Centrafrique etc.), but this also means, for the working classes and peoples of Asia, Africa and Americas, a constant worsening of their social situation, not counting with ecological disasters caused by dantesque explotation of anything able to bring in some dollars or euros.  

    Brasil is not an exception to this general situation. Behind the tale of economical growth and ‘emerging country’, mounted by IMF and ruling ‘Workers’ Party, actually lies a tragic situation for most people. June 2013 people's uprising came to remember us that the ‘BRICS’ group as ‘new powers’ is nothing but a myth. Football World Cup of 2014 and 2016 Olympic Games in Rio de Janeiro should complete this propaganda about a Brasil got out of underdeveloment. But reality is stubborn !

    Far from getting out their subordination to imperialist countries, South America's ‘left’ governments actually are the perfect go-between of world monopolist rule. This results in a concrete worsening of living standards and working conditions, housing rents defying comprehension, galloping inflation, increasing police violence, basic social services in a sorry state or nonexistent, and widespread bribery. 50% of Brazil’s budget is dedicated to repay the huge interests of national debt ; billions are spent in projects to develop infrastructures and facilites for imperialist monopolies whereas hospitals are closed.

    black red block brasil

    The situation in the countryside is far as tragic. The promised Land Reform never came and worse, the repression against farmers' movements increases. Summary executions of farming leaders, common torture by police forces, acts of intimidation, everything is done to spread a climate of terror in the people. Five millions of rural families have no land to farm and the latifundistas (big landowners) and other big agro-capitalist owners are present in all the State machinery, whereas media monopolies criminalize any form of protest.

    Today, with global capitalism, every struggle in the world is intimately linked to the others ; Brasil just as India is a major actor of world economical system. It's one of these World's farms dedicate to supply global merchandized food to the whole planet, so the more revolution will go on in Brazil, the more imperialist will weaken and we'll easily fight it in imperialist countries.

    We call all worldwide revolutionaries and genuine progressives to support revolutionary struggles in these countries. We shall get out from ideological euro-centrism ; change comes from these Old World's peripheries, from where the wind of a New World is blowing to the Centers of capitalism. We call to support Agrarian Revolution in Brazil and denounce the violences to the People, in particular those current in the State of Rondônia.

    We strongly and more than ever call to BOYCOTT the mafia called FIFA and the Football World Cup 2014, just as the future Olympic Games in Rio de Janeiro ; and to DENOUNCE so-called ‘left’ Dilma Rousseff government's lies.

    We address a brotherly and revolutionary salute to all Brazilian people's fighters, struggling at the risk of their lives for a free and egalitarian Humanity.

    LONG LIVE AGRARIAN REVOLUTION IN BRAZIL!

    LONG LIVE FARMER'S JUSTIFIED STRUGGLE IN RONDÔNIA AND ALL AROUND THE WORLD !

    DOWN WITH FIFA !

    NÃO VAI TER COPA !

    All revolutionaries and genuine progressives, organizations but also collectives, websites and other groups are called to sign this solidarity message to struggling Brazilian landless farmers.

    revolucionagraria[1]

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    CHAMADA PARA A DENUNCIA DO GOVERNO BRASILEIRO !


    Neste exato momento, no Brasil, um massacre contra os camponeses pobres e sua liderança no Estado de Rondônia está em preparação. As forças repressivas do Estado e da União planejam um ataque contra camponeses pobres sob o falso pretexto de ocupação a uma reserva natural. Vários tumultos já ocorreram e os camponeses foram vitoriosos na primeira tentativa de despejo. Porém num recente discurso do Governador do Estado Confucius Moura, um proprietário de terras, ele descreve os agricultores como vândalos "e " bandidos " e prenuncia o pior.

    Com a intensificação da crise geral do capitalismo, a situação dos países semi- coloniais (os chamados do 'Sul') tornam-se cada vez mais difícil. A medida que a crise se aprofunda, a pressão imperialista sobre esses países para captar recursos e pegar novos mercados vem causando muitos transtornos. Mais aparente são as intervenções imperialistas militares diretas ou indiretas atuais ou recentes (Líbia, Mali, Afeganistão, Iraque, Síria, Central etc), mas isso também significa para a classe trabalhadora e os povos da Ásia, da África, da Américas, um constante agravamento da sua situação social, além da devastação ecológica causada pela exploração monstruosa de tudo o que pode trazer alguns dólares ou euros.

    O Brasil não é exceção a essa situação geral, estão por trás do crescimento e desenvolvimento orquestrado pelos gestores do PT e do FMI, na verdade se esconde uma situação dramática para uma grande parte da população. O levante popular de junho 2013 foi um lembrete de que os BRICS revolucagraria2como "novos poderes" é uma quimera . A Copa do Mundo de Futebol em 2014, com os Jogos Olímpicos no Rio em 2016, traria a propaganda completa do Brasil do subdesenvolvimento, mas a realidade é teimosa !

    Longe de sair da sua ligação com a sujeição dos países imperialistas, os governos da "esquerda" da América do Sul são, na verdade, o reino perfeito do reinado global dos monopólios. Isso contribui para um agravamento das condições de vida e das condições de trabalho, com rendas superiores a compreensão, a inflação galopante, cada vez mais a violência policial, os serviços sociais básicos em mau estado ou inexistente, a corrupção generalizada. 50 % do orçamento do Brasil é utilizado pagar a enorme dívida, bilhões são gastos em projetos de PAC, projetos de desenvolvimento de infra-estrutura, com o único propósito de satisfazer os monopólios imperialistas e bem proximo disso ha hospitais que estão sendo fechados...

    A situação no campo é igualmente dramática, a reforma agrária prometida nunca chegou e, pior ainda, a repressão contra os movimentos camponeses aumenta. Execuções sumárias de líderes camponeses por milícias dos latinfudarios, tortura policial, intimidação, tudo é feito para criar um clima de terror entre as pessoas e os movimentos de resistência. Cinco milhões de famílias camponesas no Brasil não têm terra para cultivar e os latifúndios (grandes propriedades agrárias, marca do semi- feudalismo) e outros operadores agro-capitalistas estão presentes em todas as obras do Estado, enquanto o monopólio da mídia criminaliza sistematicamente qualquer desafio.

    Hoje, com o capitalismo global todas as lutas do mundo estão interligados, o Brasil como a Índia é uma peça central na economia global. É um pais-fazenda do mundo, dedicado à oferta global de alimentos mercantizados, e portanto, quanto mais avançar a revolução no Brasil mais enfraquecer o imperialismo, o mais que podemos lutar nos países imperialistas .

    Chamamos todos os revolucionários e progressistas sinceros para apoiar as lutas revolucionárias e nesses países. Temos de sair de um eurocentrismo ideológica, a mudança vem da periferia do Velho Mundo, para onde o vento está soprando um mundo novo. Chamamos para apoiar a revolução agrária no Brasil e denunciar a violência contra as pessoas, especialmente aquelas que ocorrem no estado de Rondônia .

    Fazemos uma chamada para o boicote, mais que nunca, da máfia chamada FIFA e da Copa do Mundo de 2014 e das futuras Olimpíadas no Rio de Janeiro, e para expor as mentiras do governante pseudo- esquerda do PT e da Dilma Rousseff.

    Enviamos uma salvação fraternas e revolucionárias a todos os lutadores do povo brasileiros que lutam para arriscar a sua vida para uma humanidade liberada e igual.

    VIVA A REVOLUÇÃO AGRÁRIA NO BRASIL !

    VIVA A JUSTA LUTA DOS CAMPONESES DO RONDÔNIA E EM QUALQUER LUGAR DO MUNDO !

    ABAIXO A FIFA !

    NÃO VAI TER COPA !


    *********************************************************

    ¡ LLAMAMIENTO INTERNACIONAL PARA DENUNCIAR AL GOBIERNO BRASILEÑO !


    En estos momentos, en Brasil, se está preparando una masacre contra los campesinos sin tierra en el Estado de Rondônia. Las fuerzas represivas estatales y federales están a punto de atacar a los campesinos pobres con el pretexto de que ocupan una reserva natural. Ya se han producido revueltas y los sin tierra han logrado la victoria de un primer intento de expulsión. Pero una reciente declaración del Gobernador del Estado (un gran terrateniente), en donde califica a los campesinos sin tierra de “gamberros” y “criminales”, no es buen augurio.

    Mientras la crisis capitalista aumenta, la situación en los países semicoloniales (denominados del “Sur”) se hace cada vez más difícil. Mientras la crisis se profundiza, la presión imperialista sobre estos países para aprovecharse de sus recursos y monopolizar nuevos mercados está causando numerosos disturbios y problemas. Los más aparentes son las intervenciones imperialistas directas o indirectas de los últimos años (Libia, Mali, Afganistán, Irak, Siria, República Centroafricana, etc.), pero esto también significa, para la clase obrera y los pueblos de Asia, África y América, un constante empeoramiento de su situación social, sin contar los desastres ecológicos causados por la dantesca explotación de cualquier cosa capaz de ganar algunos dólares o euros.

    No_vai_ter_Copa.jpgBrasil no es una excepción a esta situación general. Tras el cuento del crecimiento económico y de ser un “país emergente”, montado por el FMI y el Partido de los “Trabajadores”, yace en realidad una trágica situación para la mayoría del pueblo. En junio de 2013 el alzamiento popular nos vino a recordar que el grupo de los “BRICS” como “nuevas potencias” no es más que un mito. La Copa Mundial de Fútbol de 2014 y los Juegos Olímpicos de 2016 en Rio de Janeiro debe completar esta propaganda sobre un Brasil salido del subdesarrollo. ¡Pero la realidad es obstinada!

    Lejos de librarse de su subordinación a los países imperialistas, los gobiernos de “izquierda” de América del Sur son en realidad el perfecto intermediario del dominio monopolista mundial. Esto tiene como resultado un empeoramiento concreto de los niveles de vida y condiciones de trabajo, los alquileres de viviendas, la comprensión desafiante, la inflación galopante, la creciente violencia policial, los servicios sociales básicos en un estado deplorable o inexistente, y una extendida corrupción. El 50% del presupuesto de Brasil se dedica a pagar los enormes intereses de la deuda nacional; se gastan billones en proyectos para desarrollar infraestructuras e instalaciones para los monopolios imperialistas mientras se cierran hospitales.

    La situación en el campo se acerca a la tragedia. La prometida Reforma Agraria nunca se produjo y, peor aún, aumenta la represión contra los movimientos campesinos. Ejecuciones sumarias de dirigentes campesinos, frecuentes torturas por parte de las fuerzas policiales, actos de intimidación, todo se lleva a cabo para extender un clima de terror entre el pueblo. Cinco millones de familias rurales carecen de tierra para labrar y los latifundistas y otros grandes propietarios agrocapitalistas están presentes en toda la maquinaria del Estado, mientras los monopolios de la comunicación criminalizan cualquier forma de protesta.

    Hoy, con el capitalismo global, cada lucha en el mundo está íntimamente ligada a las otras; Brasil, al igual que la India, es un actor principal del sistema económico mundial. Es una región agrícola dedicada a suministrar alimentos comercializados al mundo, por lo que cuanta más revolución se desarrolle en Brasil, más se debilitará el imperialismo y con mayor facilidad le combatiremos en los países imperialistas.

    Llamamos a todos los revolucionarios del mundo y progresistas auténticos a apoyar las luchas revolucionarias en estos países. Saldremos del eurocentrismo ideológico; el cambio proviene de estas periferias del Viejo Mundo; de donde sopla el viento de un Nuevo Mundo. Llamamos a apoyar la Revolución Agraria en Brasil y denunciar la violencia contra el Pueblo, en particular la que ahora se está produciendo en el Estado de Rondônia.

    Hacemos un llamamiento enérgico y más que nunca al BOICOT a la mafia denominada FIFA y la Copa Mundial de Fútbol de 2014, al igual que los futuros Juegos Olímpicos en Río de Janeiro; y a DENUNCIAR las mentiras del denominado gobierno de “izquierda” de Dilma Rousseff.

    Enviamos un saludo fraternal y revolucionario a todos los luchadores populares brasileños, quienes combaten arriesgando sus vidas por una Humanidad libre e igualitaria.
     

     ¡VIVA LA REVOLUCIÓN AGRARIA EN BRASIL!

    ¡VIVA LA JUSTA LUCHA DE LOS CAMPESINOS EN RONDÔNIA Y EN EL MUNDO ENTERO!

    ¡ABAJO LA FIFA!

    NÃO VAI TER COPA ! 

    10a.jpg


    Ont déjà exprimé leur soutien à cet appel / Have already expressed their support to this call / Ya expresaron solidaridad con este llamamiento :

    - Servir le Peuple – Sheisau SorelhAuba Vermelha (Comité de Construction du Parti communiste révolutionnaire des Terres d’Òc, Occitània, État/Prison-des-Peuples "France") [à l’initiative de l’appel]

    - revue internationale Maoist Road (du PC maoïste d’Italie, PCmF, PCR Canada etc.)

    - Great Unrest Group / Yr Aflonyddwch Mawr (communiste-révolutionnaire de libération nationale, Pays de Galles, État "britannique")

    - collectif Feu de Prairie (média pour une culture révolutionnaire, État français)

    - Gran Marcha hacia el Comunismo (maoïste, Madrid, État espagnol)

    - Action antifasciste Aube Champagne-Ardenne (État français)

    - Comité de Construction du Parti communiste maoïste de Galice (Galiza, État espagnol ; site Dazibao Rojo)

    - Libertat! (Gauche révolutionnaire d'Occitanie, État/Prison-des-Peuples "France")

    - Organisation communiste Futur Rouge et Parti communiste maoïste de France (État français)

    - Breizhistance Dieub ha Sokialour (Gauche indépendantiste de Bretagne, État/Prison-des-Peuples "France")

    D'autres soutiens peuvent bien sûr être apportés après publication de cet Appel. Il suffit de nous envoyer un message par le formulaire de contact, ou de laisser un commentaire.

    Nouvelles signatures après publication / New signs after publication / Nuevas firmas despues publicar :

    - O Bloque independentista de Cuchas : Puyalon de cuchas - organizacion politica, Purna a organizacion chuvenil, A Clau Roya - colectivo feminista, A Enrestida, Centro Social y Seira, Colectivo sindical estudiantil (Aragon, État espagnol)

    - Collectif Odio de Clase (Cantabrie, État espagnol)

    - Ateneu Proletário Galego (Galice, État espagnol)

    - OCML Voie Prolétarienne (État français)

     


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  • forconi-bandiera-sicilia.jpgAprès un premier épisode au premier semestre 2012, l'État italien est à nouveau secoué par le mouvement des Forconi, que l'on peut traduire par "ceux qui brandissent des fourches", instrument symbole historique de révolte rurale. Désormais d'amplitude "nationale" (toute la Botte), le mouvement a cependant ses origines et reste principalement basé dans l'extrême-sud de la Péninsule, notamment en Sicile (lire ici et ici). D'abord paysan (depuis les exploitants relativement aisés jusqu'aux journaliers agricoles), il a ensuite été rejoint par des petits entrepreneurs, des transporteurs routiers (particulièrement affectés par les prix de l'essence, jusqu'à 1,75 € le litre !), des ouvriers et des employés, des chômeurs et des précaires, des éléments d'extrême-droite (Forza Nuova, Casapound, Ligue du Nord et son appendice sicilien du "Mouvement pour l'Autonomie", etc.), des partisans de Berlusconi (accablé par les condamnations et privé de son immunité parlementaire) ou de Beppe Grillo (en chute libre depuis son triomphe électoral aux législatives de février)... et des militants des centri sociali (immeubles occupés, d'extrême-gauche) ; dénonçant autant le "matraquage fiscal", les prix du carburant et des péages autoroutiers que les politiques gouvernementales d'austérité menées depuis maintenant plus de deux ans (gouvernement "technique" de Mario Monti, novembre 2011-avril 2013).

    Une grande ressemblance donc, vous l'aurez noté, avec le mouvement des "Bonnets rouges" qui secoue la Bretagne depuis octobre dernier. Une différence tient peut-être au fait que le mouvement des Forconi est parti de la paysannerie et du petit patronat, alors que le mouvement breton, avant d'arborer le fameux bonnet, était d'abord ouvrier (salariés de diverses entreprises menacés de plans sociaux), avant que ne se greffent dessus les agriculteurs, transporteurs et petits patrons anti-écotaxe. Nous ne savons pas vraiment, et n'en dirons donc pas plus : sans enquête, pas de droit à la parole.

    movimento_forconi_bandiera_N.jpgCe qui est certain, en revanche, c'est que la similitude entre les deux mouvements tient à leur nature de vent de la Périphérie soufflant contre le Centre ; d'insurrection non pas contre une mesure gouvernementale ou une crapulerie patronale en particulier, mais contre l'ensemble des problématiques d'exclusion, de relégation et de marginalisation frappant un (ou plusieurs) territoire(s), face aux "métropoles mondialisées" que sont les grands Centres de l'activité et du pouvoir capitaliste (Rome, Milan-Turin, "l'Europe" de la "banane bleue" etc.). Géographiquement, la Sicile est située à quelques 700 km de la capitale Rome et 1000 km de Florence ou de Pise, où commencent économiquement les "choses sérieuses", à 1250 km de Milan (la capitale économique), 1350 km de la frontière "française" (Menton) et plus de 1400 km du col du Simplon, porte de la Suisse et de la "métropole européenne" : situation ultra-périphérique, donc. Mais à côté de cela, il y a l'Histoire. Celle d'une terre qui a connu ses périodes de grande prospérité, lorsqu'elle faisait justement partie du Centre de l'Euro-Méditerranée d'alors : sous l'Empire romain dont elle était un des greniers ; puis sous les Empires byzantin et arabo-musulman qui se la disputèrent du VIe au XIe siècle. Mais ensuite, alors que le Centre du capitalisme naissant se déplaçait vers le Nord (de la péninsule et de l'Europe), ce fut la Contre-Réforme, qui sous domination "espagnole" étouffa dans l'œuf la bourgeoisie embryonnaire et maintint le Royaume de Naples (ou des "Deux-Siciles") dans une féodalité archaïque. La situation commença un peu à évoluer au XIXe siècle, dans les grandes villes comme Naples ou Palerme ; Naples fut ainsi la première ville de la future Italie à se doter d'un chemin de fer ou encore d'un éclairage public. Mais c'est alors que vint l'Unité, la construction de l'État italien contemporain par et pour la bourgeoisie capitaliste du Nord, du triangle Turin-Milan-Gênes ; laquelle brisa impitoyablement tout Centre méridional pouvant lui faire de l'ombre. Naples fut ravalée au rang de métropole du "tiers-monde", où s'accumulent aujourd'hui les monceaux d'ordure ; Palerme, Tarente ou encore Messine connurent un destin peu ou prou similaire. Après avoir, dans un premier temps, accueilli avec enthousiasme les Chemises rouges de Garibaldi et leurs idéaux républicains démocratiques, les masses populaires du Mezzogiorno entrèrent en résistance : la "Guerre des Brigands" durera jusqu’aux années 1880 et coûtera de part et d'autres plus alcuni briganti ucciside vies que toutes les guerres de l'Unité réunies (1859-60, 1866 et 1870) - environ 8.000 du côté des forces unitaires et plusieurs dizaines de milliers (peut-être 100.000...) côté "brigands". Les "brigands" survivants finiront par intégrer l'appareil de domination des masses dans un système de type colonial, donnant naissance à ce que le monde entier connaît aujourd'hui sous le nom de Mafia (en Sicile, N'drangheta en Calabre, Camorra en Campanie ou Sacra Corona Unita dans les Pouilles). D'immenses masses de migrants s'en allèrent chercher une vie meilleure au Nord (Turin, Milan etc.), en Europe (France, Suisse, Belgique, Allemagne etc.) ou aux États-Unis. Ainsi naquit ce que Gramsci et ses camarades, dans les années 1920, analyseront brillamment sous le nom de QUESTION MÉRIDIONALE (proposant en réponse une "République fédérale des ouvriers et des paysans"), question absolument fondamentale pour quiconque prétend mener la lutte révolutionnaire de classe en Italie. Mais il faut également avoir à l'esprit qu'une certaine périphérisation frappe aussi les régions du Nord-Est (ancienne République de Venise), de l'arc alpin ou de l'Apennin, et d'une manière générale toutes les zones rurales du Nord et du Centre où le mouvement connaît à présent un franc succès ; et où il est parfois pris en main par la Ligue du Nord, ce grand parti d'extrême-droite né à l'origine (ne l'oublions pas) comme mouvement de défense des petits et moyens entrepreneurs de ces territoires contre la fiscalité de "Rome-la-voleuse".

    De grandes similitudes, donc, avec la question bretonne et les Bonnets rouges auxquels elle a donné naissance ; et de grandes similitudes, aussi, dans les débats furieux que ces Forconi suscitent dans le mouvement communiste et plus largement révolutionnaire en Italie.   

    Le Parti communiste maoïste rejette ainsi violemment le mouvement et dénonce le (n)PCI qui (le contraire eût été étonnant) l'appuie. Il s'est fendu sur le site Maoist Road de ce communiqué lapidaire : "carc nPCI support reationary and fascist mouvement named FORCONI - no relations is possible with this degenerate group"… Une position d'autant plus surprenante qu'elle est totalement dénuée d'argumentaire, sinon que "les Forconi sont des fachos", "ce n'est pas la classe ouvrière" et "quiconque les appuie non seulement n'est pas communiste, mais pas même de gauche". C'est là une position décevante, sectaire, "centraliste" (au sens de personnes appartenant intellectuellement aux Centres du capitalisme, ce qui ne nous semblait pourtant pas le cas du PCmI), une profonde incompréhension de la situation et de sa place dans la lutte des classes que les communistes doivent transformer en Guerre populaire. D'autant moins compréhensible que le PCmF, lui (avec l’OC-FR), a pris une position profondément correcte sur les Bonnets rouges bretons. Elle a également étonné les camarades gallois de Democracy & Class Struggle, signataires habituels (comme nous) des Déclarations du 1er Mai avec le PCmI, qui ont pris la position suivante

    movimento-dei-forconi_sicilia-jpg-crop_display.jpgLa position du (n)PCI, au contraire, nous semble beaucoup plus conforme à ce que nous penserions spontanément de ces "porte-fourches" siciliens ou vénétiens. Nous traduirons ici quelques passages d'une particulière justesse publiés dans Resistenza, l'organe de presse du Parti des CARC, mettant parfaitement les points sur les i : "L’analyse de classe est souvent entendue, chez cette gauche qui n’a pas surmonté sa dépendance vis-à-vis des conceptions et de l’œuvre néfaste des réformistes et de la gauche bourgeoise, comme un simpliste “Ils sont des nôtres ? NON ! Alors ils sont fascistes !” : mais cela, camarades, ce n’est pas même le début d’une analyse. Toute aussi réductrice (et néfaste, aujourd’hui comme hier) est “l’analyse de classe” de ceux qui demandent “Ce sont des ouvriers, des travailleurs salariés ? NON ! Alors ils sont de droite”. Analyse de classe veut dire identifier l’affrontement d’intérêts déterminé dans le cadre de la crise en cours comme point de départ pour faire coïncider le plus possible la coalition et l’opposition dans la lutte politique avec la coalition et l’opposition dans le champ économique : pour conduire les masses populaires à assumer des comportements politiques cohérents avec leurs intérêts", ou encore "Il s’agit donc (dans la majorité des cas) de secteurs des classes populaires non-prolétaires, soumises par la crise à un processus de prolétarisation, devenues (à partir du gouvernement Monti) la cible directe de l’œuvre de rapine et de spoliation menée par le gouvernement pour le compte du Grand Capital italien et international, et que dans une mesure croissante ne parviennent plus à vivre comme auparavant. Il s’agit de secteurs qui par nature suivront l’orientation de la classe, entre les deux principales (classe ouvrière et bourgeoisie monopoliste), qui plus que l’autre saura se mettre à leur tête, les orienter, les diriger. Si nous prenons volontairement, par la force des choses, un exemple approximatif, l’affirmation selon laquelle la “petite bourgeoisie” a été le principal vivier d’Hitler en Allemagne et de Mussolini en Italie est vraie dans la mesure où le mouvement communiste n’a pas su orienter et mobiliser cette classe. Le parallèle avec l’actualité, pour qui veut en voir un, est justement dans le fait qu’estampiller préventivement comme “mobilisation fasciste”, “putschiste”, “réactionnaire” une mobilisation qui dans les faits est contradictoire, revient à la livrer par avance entre les mains des plus audacieux tribuns populistes ou chefs mafieux de la bourgeoisie". CQFD, rien à ajouter.

    Ceci n’enlève rien aux critiques que nous avons pu émettre vis-à-vis du (n)PCI (celui-ci nous a d’ailleurs répondu, mais seulement à moitié convaincus) : par exemple, pour dire les choses en toute clarté, l’idée que les "organisations ouvrières" (les secteurs radicaux-combattifs des organisations syndicales) puissent constituer un "gouvernement populaire d’urgence" et "le faire avaler aux hautes sphères de la République pontificale" relève selon nous du monde des Bisounours ; quelque chose qui ne s’est absolument JAMAIS vu dans l’Histoire et encore moins dans celle d’un grand État impérialiste. Et nous restons plus que dubitatif quant aux perspectives offertes à la révolution prolétarienne par un vote massif pour le Mouvement 5 Étoiles (M5S) de Beppe Grillo…

    movimento_dei_forconi.jpgEn réalité, c'est toute l'erreur du (n)PCI lorsqu'il soutient le M5S de Beppe Grillo qui apparaît là clairement. Le mouvement dit des Forconi, principalement basé en Sicile (pays et peuple conquis et périphérisés par l’État "unitaire" italien du Capital en 1860) et parent local des Bonnets rouges (soulevant dans la "gauche radicale" et le mouvement communiste italien les mêmes controverses), est un mouvement exprimant, réagissant, S'INSURGEANT contre les problématiques de cette périphéricité et de cette relégation socio-territoriale, avec ses BONNES QUESTIONS et ses BONNES OU MAUVAISES RÉPONSES, son "bon sens" populaire ("soif instinctive" de démocratie et de justice sociale réelles, en un mot de COMMUNISME) et son "sens commun" (idées et conceptions aliénées par l'idéologie dominante, du type "il faut bien qu'il y ait des patrons pour qu'il y ait des salariés, des entreprises pour qu'il y ait de l'emploi" etc.). Le M5S lui, s'il se prétend un "non-parti" (sans rire !), EST UN PARTI POLITIQUE, avec un programme, un ensemble de conceptions et de propositions qui non seulement sont "non-socialistes", mais carrément ANTI-socialistes, réactionnaires : c'est un pur instrument de "sens commun", de la "société civile" capitaliste, une MAUVAISE RÉPONSE (réactionnaire) en soi !

    Quand Beppe Grillo parle de "supprimer les syndicats", autrement dit oppose les salariés non-syndiqués (souvent des petites entreprises rurales, comme il y en a beaucoup dans les Forconiaux salariés syndiqués (des gros centres urbains-industriels, des grandes entreprises ou services publics) ; quand il dit (en substance) que "l'Italie est pleine" niveau immigration, autrement dit oppose les "Italiens de souche" aux travailleurs immigrés ; que fait-il sinon DIVISER LE PEUPLE, sinon dresser une partie des masses populaires contre une autre, manœuvre de la Réaction capitaliste que le (n)PCI dénonce fort justement depuis des années ? Beppe Grillo et sa clique de "têtes pensantes" "anarcho-poujadistes" font partie du problème, ils ne peuvent en aucun cas faire partie de la solution !

    Là se situe la ligne de démarcation entre "soutenir" les Forconi comme nous avons "soutenu" les Bonnets rouges, ou encore s'adresser aux gens qui croient sincèrement "renverser la table" en soutenant Grillo (ou, ici, des conneries du genre Dieudonné-Soral ou même Marine Le Pen !), autrement dit être aux côtés du Peuple qui lutte contre la crise avec toutes ses contradictions ; et appeler à voter pour le M5S, autrement dit pour un contrefeu explicite (conscient ou non n'est pas la question !) allumé par le Pouvoir capitaliste.

    Dans le premier cas, l'alternative peut se résumer aussi simplement qu'en ces termes : 
    - si les communistes et autres révolutionnaires conséquents FONT LEUR JOB, il y aura
    des Forconi del Popolo comme des "Bonnets rouges du Peuple" et même des Grillini del Popolo, comme il y eut voilà 92 ans des Arditi del Popolo ; peut-être 50% voire plus de ces mouvements passant dans le camp de la révolution prolétarienne et luttant contre la mobilisation réactionnaire de masse impulsée par l'aile du Grand Capital rendue ultra-agressive par la crise ;

    - si les "communistes" et autres "révolutionnaires" restent sur l'Olympe des idées "plus-rouge-que-moi-tu-meurs", il y aura 100% de nouvelles Chemises Noires car les mobilisateurs fascistes, eux, auront fait leur boulot.

    C'est aussi simple que cela. Mais de là à appeler à VOTER pour un mouvement qui est déjà EN SOI une mauvaise réponse réactionnaire aux plus justes colères du peuple qui soient, il y a un pas à ne surtout pas franchir.

    scontri-torino.jpgCet "angélisme" du (n)PCI , de vouloir faire la révolution à partir de la sphère superstructurelle des institutions élues, a fortiori en appelant à voter pour des forces populistes dont l’objet même est d'amener les masses en révolte vers des impasses politiques, le PCmI a raison de le critiquer. Là est la GRANDE LIMITE des PC occidentaux du siècle dernier, la principale de ces limites que le (n)PCI appelle justement à identifier et dépasser : avoir voulu PRENDRE l'État bourgeois en alliant "luttes" et participation électorale, et non le DÉTRUIRE, le nier par la construction du Pouvoir populaire jusqu'à ce que le Pouvoir bourgeois ne soit plus qu'un nom, que l'on balaye d'une pichenette. Nous sommes bien placés pour le savoir, dans notre Hexagone où le "communisme municipal" et les diverses "unions de la gauche" depuis 1936 jusqu’en 1981 ont été les puissants moteurs de la liquidation de toute identité révolutionnaire (déjà fragile au départ) du Parti communiste. Alors, qu’espérer de collectivités locales qui seraient simplement "de gauche" (social-démocrates) comme celle de De Magistris à Naples ou de Pisapia à Milan, sans même parler de forces qui ne le sont même pas ! Si nous étions le (n)PCI, face au mouvement des Bonnets rouges, nous nous adresserions sans doute à Christian Troadec en ces termes: "Chris, si tu assumes la mobilisation que tu as déclenchée, si tu veux rester sur le piédestal où t’ont placé les travailleurs bretons, tu dois immédiatement envoyer la préfecture à la merde et faire de ta communauté de communes du Poher une Administration populaire d’urgence qui prenne les mesures les plus urgentes pour faire face aux effets les plus dévastateurs de la crise"… Mais nous ne nous fatiguerons pas à cela, car nous ne croyons pas à ce genre de contes de fées. N'est pas Juan Manuel Sánchez Gordillo qui veut ! Christian Troadec est avant tout un ‘élu de la République’, pétri de ‘sens républicain’ et JAMAIS il ne se lancera dans une telle aventure, dans une telle déclaration d’indépendance d’un petit morceau de cette Bretagne que pourtant il chérit tant. Là est la caractéristique déterminante du personnage, et non le fait qu’il soit un "bourgeois" pour avoir fondé le lucratif Festival des Vieilles Charrues (145€ les quatre jours, mais enfin il y a "de l’affiche") et racheté la brasserie de bière Coreff (ce qui n’est certes pas très straightedge, mais visait avant tout dans l’esprit à maintenir de l’emploi et donc de la vie sociale autour de Carhaix). Pour qu’une personne socialement ‘entre deux eaux’ comme lui ‘choisisse son Forconi-piazzale-Loreto.jpgcamp’… et bascule dans le bon, il faut au prolétariat et aux classes populaires un tout autre rapport de force que celui que même un (n)PCI/P-CARC breton (du même ordre de grandeur) pourrait instaurer. Ne prenons pas nos rêves pour des réalités. Le même raisonnement est exactement applicable à un De Magistris napolitain ou un Giuliano Pisapia milanais (tout ex-avocat d’Abdullah Öçalan qu’il soit), comme à des élus M5S tout contents de vivre ce qu’il n’auraient jamais imaginé même dans leurs rêves les plus fous : s’asseoir un jour sous les lambris dorés du Parlement de la République !

    Pour autant, il serait profondément erroné (et condamnatoire à l’impuissance) de rejeter en bloc un mouvement contradictoire comme celui des Forconi ou des Bonnets rouges ; ou même celui qu’entraîne dans son sillage Beppe Grillo ; ce serait même, comme le dit si justement Resistenza, l’offrir sur un plateau d’argent à l’extrême-droite fasciste.

    En dernière analyse, il semble bien que depuis que la révolution industrielle puis l’entrée dans l’âge des monopoles ont donné naissance à ce que Gramsci appelle la société civile, tout mouvement populaire réel et DE MASSE (non ‘sectoriel’) est voué à se scinder, comme ces cellules que l’on observe en classe de bio au lycée, entre une mobilisation potentiellement révolutionnaire et une mobilisation réactionnaire entrant au service de la pire réaction, du fascisme. C’est précisément cette division en deux (un se divise en deux, principe de base du maoïsme !) de toute résistance spontanée des masses à l'oppression capitaliste que nie, par exemple, le ‘p’‘c’‘mlm’ lorsqu’il se répand contre le "syndicalisme révolutionnaire à la Sorel", "matrice du fascisme à la française comme nous l’enseigne Zeev Sternhell" (ce ‘grand’ universitaire démocrate-bourgeois israélien…), le "populisme/poujadisme", les mouvements "petits-bourgeois", l’"anticapitalisme romantique suintant l’antisémitisme", le "régionalisme identitaire" et autre "post-modernisme" (pour les mouvements ‘sociétaux’) : en d’autres mots, la négation même de la dialectique !

    movimento_forconi-405x270.jpg


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  • drapeau-franceLe drapeau tricolore de la République française n'a pas été inventé par un druide nazi adorateur du Soleil Nordique. Il a été formé en plaçant, au milieu des couleurs (bleu et rouge) de... Paris, le blanc... de la monarchie : tout un programme, aurait-on envie de dire ! Mais enfin, par le plus heureux des hasards, il se trouve aussi que par analogie avec le drapeau des États-Unis (cf. ci-dessous), de la Grande-Bretagne ou de la Hollande, ces couleurs étaient à l'époque celles de la "liberté" bourgeoise. Plus tard, on associera les trois couleurs du drapeau aux trois mots de la devise "nationale" : Liberté, Égalité, Fraternité. C'est ainsi qu'il fera "le tour du monde avec la gloire et la liberté de la patrie", comme le proclamait en 1848 Lamartine face au drapeau rouge de la "canaille partageuse". C'est l'emblème du pays des "Lumières" et des "Droits de l'Homme".

    etats-unis-drapeauLe drapeau des États-Unis d'Amérique, Stars and Stripes ou Star-Spangled Banner, n'a pas été inventé par un druide nazi adorateur du Soleil Nordique (en revanche, ledit druide s'en est inspiré pour le sien). Il est constitué de 13 bandes rouges et blanches symbolisant les 13 colonies d'origine, qui déclarèrent leur indépendance contre l'Angleterre en 1776, et d'étoiles blanches sur fond bleu symbolisant le nombre d’États (13 au départ donc, et aujourd'hui 50). Le choix des couleurs, des bandes et des étoiles est expliqué ainsi, en 1777, par Georges Washington lui-même : "Nous prenons les étoiles du ciel, le rouge de notre pays d'origine (l'Angleterre), avec des bandes blanches en guise de séparation montrant ainsi que nous nous sommes séparés d'elle, et les bandes blanches passeront à la postérité comme symbole de liberté". Il est probable que les couleurs bleue, blanche et rouge évoquent les drapeaux de la Grande-Bretagne et des Provinces-Unies (Pays-Bas), pays d'origine de la plupart des habitants d'alors et de surcroît "pays de la liberté" (liberté que bafouait le roi Georges III d'Angleterre en refusant aux Américains le droit de voter, dans un Parlement, les impôts auxquels ils étaient soumis). Drapeau des Lumières s'il en est, c'est vraiment le symbole de la liberté. Toutes les personnes libres dans leur tête, comme Johnny Hallyday par exemple, portent le Stars and Stripes en bandana, sur leur blouson, leur jean, leur sac à dos etc.

    union_jack.jpgLe drapeau du Royaume-Uni n'a pas été inventé par un druide nazi coupant le gui dans la forêt de Brocéliande. Il se contente de mêler harmonieusement les couleurs des différentes nations qui composent le royaume : Angleterre (croix rouge sur fond blanc), Écosse (croix en x blanche sur fond bleu) et, à partir de 1801, Irlande (à l'époque croix en x rouge sur fond blanc) ; en oubliant regrettablement le Pays de Galles mais bon, c'est pas grave. C'est tout de même un très joli drapeau, qu'il fait bon porter en badge, sur le capot de son Austin de bobo ou autre quand on est cool.

    israelLe drapeau de l’État d'Israël n'a pas été inventé (on s'en serait douté) par un druide nazi prônant la supériorité de la "race nordique" celte et la haine des Juifs. Il ne fait que reprendre un symbole religieux millénaire (la Magen David, étoile de David), qui signifierait sans doute l'alliance d'"en haut" (le Ciel) et d'"en bas" (le monde mortel, terrestre), avec les couleurs azur et blanche du talit, châle dont on se couvre traditionnellement pour la prière. Comme le chantait Serge Gainsbourg en 1967 lors de la Guerre des Six Jours, "les Goliaths venus des Pyramides" reculent devant cette magnifique étoile qui les terrifie tel l'ail avec les vampires...

    philippinLe drapeau des Philippines n'a pas non plus été inventé par un druide nazi. Ses couleurs bleue, blanche et rouge, que l'on retrouve sur les drapeaux de Cuba et de Porto Rico (concomitamment en lutte pour leur indépendance), sont les "couleurs de liberté" françaises, US etc. etc. en vogue à cette époque (fin du 19e siècle). Le triangle sur le côté gauche (également présent sur les drapeaux cubain et porto-ricain) est un symbole maçonnique, signature des démocrates et libéraux avancés qui menèrent la lutte de libération contre le colonialisme espagnol. C'est typiquement un drapeau de la Liberté, des Lumières triomphant sur le féodalisme !!! Les camarades communistes et/ou les simples ouvriers et paysans emprisonnés, torturés et/ou assassinés dans ce pays en savent quelque chose. 

    C'est bien pour cela que, comme chacun et chacune le sait, ces États sont parmi les plus cools de la planète !


          kim_phuc.jpghotel_ivoire.jpg

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               bloodysunday1972gaza en ruine

    massacremaguindanao


    Vous l'aurez compris, l'"intérêt" de ce petit article complètement débile est de répondre par l'absurde à l'article entier des "materialistes.com" sur les "origines réactionnaires du Gwenn ha Du" breton, article qui montre bien à quel point les évènements actuels en Bretagne les empêchent de dormir (ce que nous avons parfaitement analysé et expliqué). Un article sans l'ombre d'une réflexion, bien entendu, sur le pourquoi du comment ce symbole s'est depuis totalement intégré à la conscience populaire collective de la "région", ceci étant même... carrément nié ("Le Gwen ha Du n'est pas une bannière populaire, ce qu'il représente est étranger à la culture populaire authentique en Bretagne. Il est aujourd'hui l'emblème d'un capitalisme des terroirs français (lié à l'agro-industrie et au tourisme) et d'un milieu universitaire petit-bourgeois qui a fait mettre des panneaux en breton « unifié » à l'entrée de villes où personnes n'a jamais parlé breton... comme à Nantes ou à Rennes"), sans la moindre crainte du ridicule. Ils en remettent d'ailleurs un couche sur l'hermine qui orne historiquement ledit drapeau (à laquelle ils auraient pu opposer la fleur de lys, symbole beaucoup plus vegan montrant la supériorité indiscutable de la civilisation "française" !) ; et sur la manif de samedi dernier à Carhaix, à coup de photos manipulatoires se voulant "représentatives" du rassemblement* [méthode dont ils sont passés maîtres depuis les manifs pour Gaza en décembre 2008-janvier 2009 (un drapeau "islamiste" par-ci, une pancarte antisémite par-là), le mouvement des "Indigné-e-s" etc. etc. pour "fasciser", "antisémitiser" et "anticapitaliste-romantiser" tout ce qui ne leur plaît pas, tout ce qui "bouge" en dehors de l'avant-garde autoproclamée qu'ils prétendent représenter], accompagnées d'affirmations ouvertement mensongères lorsque c'est en réalité Thierry Merret (FDSEA Finistère) qui a tenu les propos ("sans patrons pas d'emplois") prêtés à Christian Troadec, lequel aurait quant à lui tenu un discours plus classiquement social-démocrate...

    morvan-marchal.jpgPour ce qui est du "druide nazi" en question, Maurice/Morvan Marchal (1900-1963), il fut effectivement proche de l'Action française maurrassienne au sortir de l'adolescence, avant de s'engager dans l'Emsav ; il était effectivement antisémite (d'abord par maurrassisme catholique, puis par anti-christianisme viscéral) et au-delà, en plein délire "nordique" et "celtique" (nous avons déjà publié une citation de lui à ce sujet dans un précédent article, intégralement repompée par "lesmaterialistes.com"). Il faut comprendre qu'en réalité, l'Emsav de la première moitié du 20e siècle a été "happé" dans le "tourbillon" d'une époque où les principales idéologies dominantes (Royaume-Uni, USA, Allemagne) exaltaient les "nordiques", la "celtitude" et la "germanitude" etc. Ceci était même très présent dans l’État français : toute l'idéologie autour de la "vraie France, celle du Nord" de Jules Michelet, que l'on retrouve dans les écrits "nordistes" (souvent financés par les lobbies du sucre de betterave) contre les Occitans en 1907, les propos de Céline en 1938 et 1942 etc. etc. ; même si les républicains radicaux, souvent "méridionaux", préféraient mettre en avant l'héritage gréco-romain. Les Bretons étaient opprimés, méprisés, même si l'on n’est peut-être pas allé jusqu'à les qualifier d'"Ibériens" intermédiaires entre l'"Aryen" et le "nègre" comme le fit l'impérialisme anglais pour les Irlandais. Ils n'avaient qu'une seule carte en main pour "jouer dans la cour des grands" et c'était ces "origines celtes", contre une République française qui se verra vite dénoncée comme "méditerranéenne et juive". Faute d'une compréhension SCIENTIFIQUE MARXISTE du problème breton, problème d'une "province" conquise à la fin du 15e siècle et devenue PÉRIPHÉRIE sous la botte du Centre parisien, ce sont malheureusement ces thèses réactionnaires qui domineront dès les années 1910 (époque où "rayonnait" le pangermanisme allemand, le "pan-nordisme" britannique etc.). Car il faut voir aussi que très souvent, faute de comprendre que "les masses font l’histoire", les deux premiers Emsav sont allés chercher appui du côté des rivaux impérialistes de la France, tout comme le nationalisme irlandais de la même époque, c'est notoire, s'appuyait sur les impérialistes US et allemands. Le "panceltisme" était ainsi souvent mis au service des intérêts impérialistes anglais (pour tisser des liens économiques avec le Pays de Galles, l’Écosse etc.) ; et à partir des années 1920 il y aura l'engouement pour le nazisme allemand et son exaltation des "races nordiques".

    gwenn-ha-du.jpgMais ce qu'"oublient" de dire "lesmaterialistes.com", c'est que Marchal était aussi positiviste (comme du reste l'Action française) et, passé son bref engagement maurrassien de jeunesse, républicain, franc-maçon (loge Volney du Grand Orient à Laval - cette franc-maçonnerie mayennaise qui était déjà un "vivier de Chouans" dans les années 1790), anticlérical et même antichrétien (ce qui l'amènera au druidisme et explique son refus de la Kroaz Du, la croix noire historique bretonne, comme emblème national) ; qu'il s'éloignera en 1931 du PNB** pour former la Ligue fédéraliste et la revue Bretagne fédérale, autonomiste à une époque où le clivage autonomisme/séparatisme recoupe à peu près le clivage "gauche"/"droite" dans l'Emsav ; qu'il fera même un détour... par le Parti radical (dont il sera tout de même exclu pour son anti-jacobinisme... mais pas pour autre chose !) avant d'atterrir au Rassemblement National Populaire de Marcel Déat (la "gauche" vichyste), autrement dit il rejoindra la collaboration PAR LA GAUCHE, par les "Lumières", comme beaucoup d’autres à cette sinistre époque... De même, prendre le drapeau US pour modèle de son Gwenn ha Du était plutôt un signe de modernisme et de libéralisme : pour le coup, l’Action française appréciait peu ce pays peuplé de "métèques" de tout poil, "sans racines", puissance "protestante et maçonnique" etc. etc. [très exactement, le Gwenn ha Du s'inspire des drapeaux US et grec : le "symbole de la démocratie moderne" et celui de la "démocratie antique"... pour un "anti-Lumières", waouh !]. Pas vraiment un "ennemi des Lumières" le Maurice/Morvan, donc, comme d'ailleurs personne (soyons sérieux deux minutes, messieurs les amis de Zeev Sternhell !) ne l'était dans les années 1920 ou 1930, un siècle et demi après la "révolution" bourgeoise de 1789, pas même l’Action française positiviste et dynastiquement orléaniste (pour la lignée de Philippe "Égalité", le Capétien régicide de son cousin Louis XVI)... et pas même le nazisme qui par exemple rendait hommage en 1936 à Frédéric II le Grand, précurseur en son royaume de Prusse de l'État allemand moderne (totalement logique pour une idéologie expression terroriste ultra dudit État bourgeois) et "despote éclairé" ami de... Voltaire (l'on pourrait encore parler de l'admiration d'Hitler pour Napoléon, Kant ou encore Hegel, pour l'Empire romain "vache sacrée" des "lumiéreux" etc. etc. : voir ici un très intéressant article où l'historien François Delpla remet en cause les thèses de Sternhell).  

    Pas un ennemi des Lumières et même, par bien des aspects, un "homme de gauche"... pour l'époque : "bouffeur de curé" à une époque où c'était une ligne de démarcation droite/gauche très nette, radical-socialiste ce qui était la "gauche" sous la 3e République, puis au RNP qui était censé être la "gauche" du Nouvel Ordre vichyste. Un "homme de gauche" anticommuniste (défenseur de la propriété, classe-moyenniste), "bleu" (républicain libéral, tocquevillien), ANTISÉMITE d'abord par antichristianisme (comme pouvait l'être un Anatole France par exemple... ou plus près de nous Dieudonné, qui est rappelons-le à la base un anti-religion farouche en mode "voltairien"), anti-antifasciste par pacifisme après la Grande Boucherie de 14-18 et chauvin en mode racialiste comme il y en avait des millions dans la première moitié du 20e siècle ; avant qu'être "de gauche" n'exclue bon nombre de ces choses, parfois remplacées par d'autres plus "respectables", comme l'islamophobie par exemple (là encore souvent sous couvert d'"anticléricalisme", on peut dire que le 'p''c''mlm' s'y connaît en la matière !). Il est à supposer qu'il n'était pas, non plus, spécialement gayfriendly (rappelons que même le PCF prônait encore dans les années 1970 l'hôpital psychiatrique pour les homosexuel-le-s) ni féministe (il se dit que le fameux Gwenn ha Du fut dessiné dans une maison close après une orgie mémorable). Un "na ruz na gwenn" ("ni rouge ni blanc"), slogan que l'on entend encore assez souvent en Bretagne dans un mouvement national bourgeois se voulant souvent "centriste" ; un de ces insupportables "esprits libres" made in Lumières qui "pensent comme bon leur semble" et que l'on ne "fera pas rentrer dans une case idéologique"... Pas de gros "mensonge" de l'UDB, donc, si l'on replace les notions de "droite" et de "gauche" dans le référentiel historique de la période dont on parle. Tel était Morvan Marchal : ni meilleur ni pire que bien de ses contemporains défenseurs de la "Nation française, patrie des Lumières" et de la "République une et indivisible", mais version breizhou et non BBR ; loin de vouloir revenir à la chevalerie et aux corporations médiévales et encore moins au clan celtique des temps arthuriens (500 après Jésus-Christ), bien loin, en un mot, du délire des "materialistes.com". Mais forcément, quand on base toute sa démonstration sur l'existence d'une "Nation française" qui serait le "produit de l'humanisme et des Lumières" et sur l'inexistence de la Nation bretonne dont l'affirmation serait un "rejet" de cela... ça la fout mal de montrer que les Lumières, Maurice/Morvan Marchal en était un pur produit !

    euskadi komunistaOn remarquera qu'exactement le même type d'article aurait pu être écrit au sujet du drapeau basque (ikurriña), dessiné en 1894 (à partir des couleurs "traditionnelles" basques, en particulier de la province de Biscaye***) par Sabino Arana Goiri : un personnage complexe, aux conceptions radicalement catho-conservatrices (évidentes dans les croix sur le drapeau) et racialistes (Basques "purs" contre Espagnols "métissés-dégénérés"), mais capable en même temps de féliciter les Cubains et les Philippins pour leur guerre d'indépendance contre l'Espagne, ou même... de prendre la défense des Hottentots d'Afrique australe pendant la Guerre des Boers, à une époque où personne n'en avait strictement rien à foutre. Ce n'est d'ailleurs pas seulement que l'on "pourrait" attaquer de la sorte l'ikurriña : ON PEUT, et toute une "gauche" voire un "communisme" espagnoliste, outre-Pyrénées, ne s'en prive pas !

    En réalité, le drapeau basque et le MLNV (mouvement de libération nationale) dont il est l'emblème sont un PARFAIT EXEMPLE de la TRANSFORMATION D'UNE CHOSE EN SON CONTRAIRE, en l'occurrence d'une résistance nationale réactionnaire-passéiste en mouvement révolutionnaire de libération (ce que le MLNV était, en tout cas, des années 1960 jusqu'à la fin du siècle, avant de devenir en majorité réformiste), sous l'effet de ses contradictions de classe internes (passage d'une hégémonie bourgeoise et paysanne-propriétaire à une hégémonie ouvrière-populaire). Dans le "sens inverse", de l'émancipateur vers l'oppresseur, du progressiste vers le réactionnaire, les drapeaux rouges de l'URSS entrant en Hongrie (1956), en Tchécoslovaquie (1968) ou en Afghanistan (1979) et de la Chine "populaire" ultra-capitaliste d'aujourd'hui nous semblent être des exemples indépassables. Dialectique-dialectique, quand tu nous tiens... ou pas ! 

    Strollad komunour breizhAlors, REPRENONS DU DÉBUT : il y a un Emsav breton depuis 120 ans, réaffirmation d'un Peuple nié par l’État français depuis plus de 5 siècles. Il y a un Emsav "progressiste", "moderne", rejetant les "chouanneries" passéistes et autres celtouillades racialistes depuis autant de temps ; malheureusement dominé pendant les trois premiers quarts de siècle par les tendances réactionnaires et (dans les années 1920-30) fascistes-racialistes, mais DOMINANT depuis les années 1960 et encore aujourd'hui, malgré un regain des courants d'extrême-droite dans le contexte hexagonal de montée du fascisme. Il n'y a pas d'Emsav assumant et inscrivant son combat dans la GUERRE POPULAIRE hexagonale dont les Périphéries, comme la Bretagne, sont les "campagnes" et les Centres, en premier lieu celui du pouvoir centraliste parisien, les "villes" à encercler et un jour prendre ; mais nous savons que cela viendra car telle est la tendance historique inéluctable, selon notre analyse qui est JUSTE en l'absence (à ce jour) d'une quelconque démonstration sérieuse du contraire ; et nous espérons, nous communistes révolutionnaires d'Occitània, y aider par notre exemple les camarades révolutionnaires bretons. Il y avait il y a 10 ans un PCMLM qui, a minima, reconnaissait ces faits et tentait de les analyser en termes marxistes (Manuel d’Économie Politique****). Il y a aujourd'hui, comme nous l'avons bien compris (et dit) depuis notre expulsion (suivie de peu par le coup d'envoi de Servir le Peuple) de leur forum "antifasciste" où nous étions venus porter le débat franc et ouvert (et qui passait plus de temps à dénoncer le "racisme anti-blancs", les affreux mangeurs de kebabs et de McDo halal ou pas, le reste de l'extrême-gauche "NR" et "antisémite" et les "z'islamiiiistes" ou les régimes réformistes sud-américains qu'autre chose), un groupuscule intellectualoïde aux abois qui dès que le vent de la remise en cause de l'ordre établi se lève, se replie en invoquant "l'orthodoxie" sur les positions les plus conservatrices qui soient, qualifiant la question bretonne de "mythe" et, systématiquement, tout mouvement populaire réel de "mythe mobilisateur à la Georges Sorel", "populisme", "poujadisme", "anticapitalisme romantique suintant le fascisme", "existentialisme" ou encore "post-modernisme décadent". CQFD.

    Le rôle des communistes est de prendre le réel TEL QU'IL EST pour le transformer. Il n'est pas de passer leur temps à pourfendre un réel qui ne correspond pas à l'idéal de "pureté" qu'ils s'en font.

    Lire ici la prise de parole de la Gauche Indépendantiste (Breizhistance) à la manifestation de Carhaix samedi.


    breizh gwenhadu komunour


    [* En tout cas, nous ne savons pas qui a pris ces photos, mais aller dénicher de telles "perles" au milieu d'un rassemblement de 30.000 personnes montre une volonté méthodique de jeter le discrédit sur un mouvement qui (pour les raisons que nous avons expliquées) dérange, par sa volonté affirmée de "Vivre, travailler et décider au pays" (mettant sur ce mot d'ordre un Breton sur cent dans la rue, l'équivalent de 660.000 personnes au niveau "français" !), autrement dit de ne plus être des pions du Capital, ce qui n'a qu'une seule traduction communiste : la COMMUNE POPULAIRE - le problème ici n'étant pas les réponses, erronées ou même réactionnaires, qu'apporte le mouvement, mais le simple fait de poser la question. Le même méthodisme est observé depuis plusieurs années envers les manifestations de soutien à la Palestine (qui sont tout simplement les seuls rassemblements anti-impérialistes conséquents en Hexagone, les seuls mobilisant réellement les masses populaires et en particulier les "indigènes intérieurs"). Il est généralement l’œuvre d'éléments "antifas" qui semblent faire totalement partie de l'aile "gauche" de l'Armée idéologique du Capital. Ces images (nous ne tomberons pas dans le conspirationnisme) sont authentiques ; pour autant, nous VOYONS ET PASSONS au-delà car LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP : nous préférons 100 fois un rassemblement POPULAIRE avec de telles "ratures" qu'un rassemblement "parfait" de bureaucrates syndicaux ou de bobos intellectuels, sans même parler de ceux qui n'existent que sur internet !]

    [** Le PNB adoptera pour sa part la Kroaz Du (emblème chrétien) surmontée du triskell (emblème païen celtique), symbolique reprise aujourd'hui par Adsav. Une partie de l'extrême-droite locale mène d'ailleurs campagne ‎ pour la réaffirmation de la Kroaz Du contre le Gwenn ha Du du "franc-maçon Marchal".

    Ce dernier aurait également signé en 1938 un étrange "Manifeste des Bretons fédéralistes" affirmant notamment "l'impérieux devoir de regrouper ceux de nos compatriotes qui ne veulent pas confondre Bretagne et Église, Bretagne et réaction, Bretagne et parti-pris puéril anti-français, Bretagne et capital, et encore moins Bretagne et racisme"...]

    [*** L'inspiration est ici clairement l'Union Jack britannique... Or il est notoire que si un solide capitalisme basque s'est développé au 19e siècle, c'est en lien étroit avec la Grande-Bretagne : globalement c'est tout le Nord atlantique de la péninsule qui était dans l'orbite économique de Londres, dans un Royaume d'Espagne principalement sous tutelle française. Le reflet des contradictions inter-impérialistes, qui sous-tendent tous les mouvements nationaux de l'époque, dans la symbolique de ces derniers apparaît ici nettement. Si par exemple le nationalisme irlandais adopte (au milieu du 19e siècle) un drapeau tricolore à bandes verticales c'est parce que la France est alors vue comme l'alliée "naturelle", puissance à la fois républicaine, majoritairement catholique et ennemie héréditaire de l'Angleterre, qui envoya un contingent (général Humbert) appuyer Wolfe Tone en 1798. De même, dans les couleurs (bleu, rouge et blanc) ou dans la forme (bandes horizontales de couleurs différentes) se dénote l'influence russe dans les drapeaux slaves (serbe et yougoslaves en général, tchèque, slovaque, bulgare) d'Europe de l'Est, nations dont la Russie appuyait la lutte contre l'Autriche-Hongrie ou les Ottomans ; tandis que le drapeau roumain montre les liens historiques de ce pays avec l'impérialisme français ; etc. etc.]

    [**** Ici un florilège de passages absolument ÉDIFIANTS, à mettre en parallèle avec la position actuelle pour mesurer combien le PIRE RÉVISIONNISME anti-peuples, tel que dénoncé par Ibrahim Kaypakkaya dans l’État turc, a pris le contrôle du 'p''c''mlm' :
    Après la conquête romaine suit la conquête bretonne. Venus de Grande-Bretagne, les Bretons dépossédés de leurs terres par les Angles et les Saxons viennent s'installer en Armorique. (...) Cette invasion apporta avec elle le christianisme ; les noms des principaux chefs religieux donnant le nom des principales villes après que ceux-ci aient largement développé l'organisation religieuse. (...) Cette phase marque le début de la formation de la nation bretonne ; elle est particulièrement marquée par le développement de la culture populaire (contes et légendes, etc.).
    (...) Cette phase va être particulièrement marquée par la lutte contre les Francs, lutte qui va sceller le parcours politique et économique de la Bretagne. La Bretagne était divisée politiquement en principautés ; la lutte contre les autres peuples va permettre l'unité.
    (...) Puis, profitant des rivalités de la féodalité bretonne, les Plantagenêts, qui dominaient l'Angleterre, dominèrent de manière éphémère la Bretagne (1148-1203). Cette défaite scelle la délimitation historique de la " petite Bretagne " ; elle détermine sa géographie. Ce moment marque le développement totalement autonome de la féodalité bretonne, le développement de son économie et ainsi sa formation définitive en nation. Les réactionnaires nient ce moment ; ils considèrent que la Bretagne est "celte", niant ses caractères nationaux propres, montrant que leur concept de Bretagne est un prétexte à une idéologie agressive.
    (...) L'histoire de la Bretagne se joue par la suite précisément à ce moment où la féodalité doit se stabiliser afin de permettre un développement continu de l’État. Ce moment est historiquement difficile pour les petites nations, puisque les grandes nations envahissent le pays ou soudoient des éléments féodaux pour s'approprier des territoires. (...) Mais la victoire de la France ne mit pas fin à l'existence de la Bretagne, qui continua la lutte contre la France qui dut reconnaître son existence en tant que duché. (...) Le duché de Bretagne connut alors un développement économique, politiquement plutôt indépendant tout en étant tiraillé par l'Angleterre et la France. Un siècle plus tard, les manœuvres de la France amenèrent une bataille à Saint-Aubin-du-Cormier où l'armée bretonne fut écrasée le 28 juillet 1488. Cette défaite décisive aboutit au traité du Verger par lequel le duc s'engagea à ne pas marier ses filles sans le consentement du roi de France.
    (...) Cette phase historique est caractéristique de celle des petites nations où la féodalité a su se stabiliser et se développer mais où l’État n'a pas pu affronter des États plus puissants. Mais la faiblesse de l’État ne remet pas en cause l'existence de la nation bretonne.
    Ce qui est écrit là est incroyablement juste, nous pourrions le signer des deux mains... Et aujourd'hui qu'avons-nous ? Des petits inquisiteurs "rouges", de petits Guillaume Arnaud et Bernard Gui pour qui l'"orthodoxie matérialiste" a remplacé le Saint Dogme catholique romain et à qui nous ferons, s'ils veulent encore une fois NIER LES PEUPLES D'HEXAGONE (pour en faire de la chair à usine de leur capitalisme "rouge"), une "conduite d'Avignonet" (village du Lauragais où en 1242 sept inquisiteurs dont Guillaume Arnaud, de cette Gestapo médiévale qui hérissait notre Occitanie de bûchers, furent surpris dans leur sommeil par les faidits - petits nobles occitans expropriés par les envahisseurs francs - de Ramon d'Alfaro et Pierre-Roger Bélissen de Mirepoix : réveillés en sursaut, ils n'eurent guère que le temps d'une dernière prière avant d'avoir le crâne pulvérisé à coups de masses d'arme. Mirepoix, qui commandait l'opération à distance et avait demandé qu'on lui ramène le crâne d'Arnaud pour en faire une coupe, se verra répondre dépité qu'il n'en restait plus rien... Dans le même esprit mais quelques siècles plus tard, on peut encore citer l'exécution de l'abbé du Chayla par les Camisards au Pont-de-Montvert en 1702).]

     


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  • Publié sur Auba Vermelha :

    Non au massacre des paysans au Brésil ! SOLIDARITAT !

    cp1Auba Vermelha continue d’informer sur la situation paysanne extrêmement tendue au Brésil et particulièrement en Rondônia (lire ou relire les anciens posts ici, ici et ici). Nous publions une note des camarades de l’Association internationale des avocats du peuple – IAPL, de l’Association Brésilienne des Avocats du peuple – ABRAPO et du Centre brésilien de solidarité avec les peuples – Cebraspo. La situation risque de dégénérer en massacre, la récente intervention du gouverneur de l’État ne laisse pas de place au doute. Au Brésil, quand une personne ou un groupe de personne est traitée de bandits par les médias ou l’État, cela signifie qu’elles peuvent être tuées sans risque.

    Nous vous proposons la traduction de la vidéo de l’intervention du Gouverneur, suivi d’un témoignage d’un paysan ayant subi des tortures lors de la première tentative expulsion par l’armée où la glorieuse résistance du peuple a dérouté les attaquants !

    pistoleiros2.JPGLa vidéo permet aussi de se rendre compte du cynisme des classes dominantes. Au nom de la préservation de la forêt amazonienne, cause qui est juste, le Gouvernement brésilien extermine les paysans pauvres et les indigènes. Tandis que de l’autre il appuie le pillage accéléré des ressources du pays par les agro-capitalistes et les compagnies minières, tous liés à l’impérialisme.  C’est une véritable guerre d’extermination qui se produit dans l’intérieur brésilien, loin des yeux du monde.

    Nous appelons tous et toutes à diffuser l’information, à faire connaître la réalité des peuples des pays semi-colonisés. Nous appelons aussi à boycotter la Coupe du Monde 2014 et les futurs Jeux Olympique de Rio en 2016.

    revolucagraria2.JPG

    Note de démenti de la déclaration du gouverneur de Rondônia (Brésil). 

    Le gouvernement de Rondônia prépare le massacre de paysans

    Des centaines de familles qui vivent dans la région du Rio Pardo (Etat de Rondônia) ont été violemment expulsées durant la seconde semaine de Novembre 2013. L’opération organisée conjointement par les gouvernements provinciaux et fédéral, ont envoyé l’armée, la police civile et militaire. Après l’événement , le gouverneur Confucius Moura a fait des déclarations à la presse , criminalisant le mouvement de la lutte pour la terre dans l’Etat de Rondônia , principalement la Ligue des Paysans Pauvres ( LCP ), en accusant de manière mensongère les paysans dans leur juste lutte d’être des «vandales», des « bandits » et même des « guérilleros ».

    Cette campagne de criminalisation a été faite par le monopole médiatique, en utilisant la mort d’un officier de l’armée (lors de l’opération) mais aussi l’occupation de Bom Futuro (parc national) pour justifier l’extermination des paysans. Ce parc national avait déjà été déplacé en raison des occupations illégales des propriétaires terriens. Les violentes menaces, la torture et les expulsions qui ont lieu dans la région sont directement liées aux intérêts des propriétaires terriens.

    Le résultat de l’enquête a démontré que le coup de feu qui a tué le policier est parti  d’en bas, ce qui indique que  au moment de la confrontation, les policiers ont accidentellement tiré la balle qui a tué le soldat, car les paysans ont résisté aux coups de feu et à la répression sans armes létales.

    Rondônia est un État qui a une longue histoire de crimes commis par les propriétaires terriens et par la police. Au cours des dernières années nous avons vu apparaître la systématisation du massacre de militants et de dirigeants paysans comme Maninho, Oséas Martins, Oziel Nunes, Dercy Francisco Sales, José Vanderlei Parvewfki, Nélio Lima Azevedo, Élcio Machado, Gilson Teixeira Gonçalves, le professeur Renato Nathan Gonçalves, pour ne citer qu’eux. Cette escalade répressive souligne la gravité de la question agraire au Brésil.

    L’Ouvidoria Agrária Nacional, qui a été créé durant le gouvernement Lula comme un instrument pour régler la question agraire, est en vérité un organe qui a comme rôle l’identification des leaders paysans, de les menacer et de légitimer l’action violente de l’État et des propriétaires fonciers .

    Nous ne pouvons pas autoriser le massacre en préparation contre le mouvement paysan en Rondônia, ni que l’État justifie ou légitime sa violence contre le peuple. 

    Association internationale des avocats du peuple – IAPL  

     Association Brésilienne des Avocats du peuple – ABRAPO  

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    ... ne serait-il pas PLUS QUE TEMPS pour un BLACK PANTHERS PARTY hexagonal ?


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    Il y a 30 ans arrivait à Paris la "Marche pour l’Égalité", partie 7 semaines plus tôt de Marseille. Aboutissement d'années de mobilisations (et de luttes frontales, insurrectionnelles) contre les violences policières, la relégation des quartiers-ghettos ayant succédé aux bidonvilles et le racisme STRUCTUREL fruit du caractère impérialiste (colonialiste puis néocolonialiste) de l’État français, cette "Marche" marquait la première irruption sur la scène politique des COLONIES INTÉRIEURES proprement dites : les ENFANTS de la force de travail importée massivement des anciennes colonies au cours des décennies précédentes [jusqu'au milieu du 20e siècle, l'immigration avait été principalement européenne, et après quelques vicissitudes avait fusionné dans les Peuples hexagonaux d'accueil],  né-e-s en Hexagone et voué-e-s à y rester, décidé-e-s à ne plus "raser les murs" comme leurs parents des bidonvilles et des foyers 10 ou 20 ans plus tôt, dont certain-e-s certes s'organisaient et luttaient comme avec le Mouvement marche-egalite-1983.jpgdes Travailleurs Arabes (MTA) d'inspiration maoïste, mais qui fondamentalement et pour l'immense majorité avaient gardé "leur âme au bled" [la manifestation sauvagement réprimée du 17 octobre 1961 était ainsi totalement liée à la question algérienne et organisée par le FLN, elle refusait un couvre-feu raciste imposé aux seules personnes maghrébines mais ne posait pas réellement la question de l'égalité en "France"].

    30 ans après, on connaît évidemment tous les immenses espoirs trahis et les sinistres récupérations bourgeoises de ce mouvement, dont la plus emblématique est bien sûr l'escroquerie "SOS-Racisme", officine chargée de transformer cette jeunesse "française d'origine immigrée" en piétaille électorale du Parti socialiste [les fascistes ont aujourd'hui beau jeu de vociférer que "95% des musulmans/Arabes-et-Noirs votent pour le PS" : ils feraient bien de s'estimer heureux marche-illustre-2-77280de cela, plutôt que de se voir opposer la Guerre du Peuple qu'ils méritent !] ; tandis que la ghettoïsation n'allait qu'en empirant, que s'aggravait année après année "l'état d'urgence policier permanent" sur les "quartiers", le traitement colonial métropolitain des masses populaires y vivant, dans le cadre d'une IDÉOLOGIE SÉCURITAIRE de droite comme de "gauche" (la "Bande à Bauer" etc.) devenue la colonne vertébrale de la fascisation rampante, du durcissement continuel du Léviathan étatique bourgeois face à la crise générale du capitalisme et aux résistances et autres insoumissions populaires qu'elle suscite ; en premier lieu dans ces "quartiers" ghettos à prolétaires "indigènes" ou "blancs indigénisés", ces "territoires perdus de la République" dont les médias du Capital nous rebattent les oreilles au quotidien.

    Fidèles à notre ligne sur la question, nous avons choisi de ne pas écrire d'article à ce sujet, mais de laisser la parole aux masses populaires concernées. En effet, notre condition de Peuple (occitan) conquis et périphérisé par la formation de l’État français du Capital ne nous permet pas de nous mettre à leur place et de prendre la parole en leur nom, pour ce qui concerne leur propre histoire de luttes et de prise de conscience.


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    Voici donc une petite "revue de presse" sur le sujet, de sites émanant des colonies intérieures de l’État français :
    « Minguettes 1983 – Paix sociale ou pacification ? » (vidéo)
    30 ans de la Marche pour l’égalité, nouvelle spoliation du PS
    La Marche – Traversée de la France profonde [Bouzid]
    30 ans après la Marche pour l’Egalité des droits, Justice pour touTEs !
    Les réalités n’ont pas changé: Kaïssa Titous parle de la Marche pour l’égalité
    Abdellali Hajjat: «La Marche pour l’égalité est méconnue des jeunes issus de l’immigration»
    Jamais par eux-mêmes
    SOS Racisme… des potes qui nous voulaient du bien
    1983 : la Marche pour l’égalité
    La Marche pour l’égalité, un moment fondateur

    Et un appel au rassemblement pour demain samedi 7 décembre :
    Manifestation contre le racisme et pour l’égalité des droits le samedi 7 décembre 2013 à Paris
     


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    « Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d'oppresseurs les récompensent par d'incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d'en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d'entourer leur nom d'une certaine auréole afin de "consoler" les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l'avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire. »   Lénine - L'État et la Révolution 

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    "L'ANC est une organisation terroriste typique, [...] quiconque pense qu'elle va diriger le gouvernement en Afrique du Sud vit au pays des merveilles." - Margaret Thatcher, 1987.

    "Nelson Mandela aurait dû être fusillé." - Teddy Taylor, député conservateur britannique, vers la même époque.

    "Cela ne m'a ni ému ni ravi. J'ai toujours eu une espèce de méfiance envers les terroristes, quel que soit le niveau auquel ils se situent." - Jean-Marie Le Pen, lors de la libération de Mandela en 1990.

    Aux États-Unis, Mandela est resté sur la liste noire du terrorisme jusqu’en… 2008.

    Et aujourd’hui… :

    "Avec la mort de Nelson Mandela, c’est une grande voix de l’Afrique qui s’éteint. Je salue la mémoire de l’homme et de l’ancien président de la République d’Afrique du Sud qui, par patriotisme et par amour de son peuple, avait réussi à sortir son pays de la guerre civile en le préservant des déchirures. Par son autorité, Nelson Mandela a su imposer la paix et la réconciliation : cette victoire sur la division, la haine et la revanche marquera incontestablement l’histoire." - Marine Le Pen, la fille de son père...

    "Nelson Mandela était un homme d'exception qui aura mis toute son intelligence et tout son charisme au service des valeurs les plus nobles : la liberté, l'égalité, la tolérance", une "figure légendaire du XXe siècle" - Jean-François Copé, très thatchérien président de l'UMP.

    En revanche, le Président et le Premier ministre de l’État d’apartheid israélien, Shimon Peres et Benyamin Netanyahu, invoquant des raisons… budgétaires (!!! toute honte bue…), n’iront pas s’incliner sur le cercueil de celui dont le Mossad et le Shin Beth épaulaient les persécuteurs (voir aussi cette photo célèbre), le sinistre régime raciste de Pretoria fondé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par d'anciens supporters locaux... du Reich nazi. Cohérents avec eux-mêmes, en quelque sorte...

    mandela.jpgAlors certes Mandela n’était pas un marxiste-léniniste, pas même un communiste (bien qu’il y en ait eu dans son entourage, à commencer par Joe Slovo - son n°2 à la tête de la branche armée de l'ANC - ou encore Chris Hani assassiné en 1993 par l'extrême-droite blanche), a fortiori encore moins un maoïste. Il n'a d'ailleurs jamais rien prétendu de tel ; il a mené un combat principalement démocratique, pour l'égalité civile des habitants d'Afrique du Sud quelle que soit leur couleur de peau et sur ce point, grâce à l'ingouvernabilité du pays par le régime permise par la lutte de masse dans les années 1980 (état d'urgence proclamé en 1986) et aux revers militaires subis par celui-ci en Angola, associés à la fin de la Guerre froide supprimant la nécessité pour l'Ouest de tolérer cette "tâche sombre" sur le "Monde libre", il l'a emporté : l'apartheid a été officiellement aboli en 1991 et tous les Sud-Africains sont désormais égaux devant la loi.

    Certes il aura aussi été, avec Yasser Arafat, une figure de ces grandes "réconciliations" des peuples avec leurs bourreaux qui ont marqué la fin de la Guerre froide et la soi-disant "Fin de l’Histoire" ; avant d’assurer 5 ans de présidence fantoche relooké en "Gandhi noir/vieux sage africain" puis 14 ans comme icône "morale" "embaumée vivante" pendant que le capitalisme néocolonial sud-africain se restructurait, s’ouvrant à une mince élite noire (souvent ceux qui étaient déjà des leaders communautaires sous l’apartheid) sous la direction politique de l'ANC et le mythe de la "Nation arc-en-ciel".  

    mandela-et-de-klerk.1263570290C'est sur ce point qu'il a "trahi" : l'exigence de justice sociale que l'alliance avec le Parti communiste (SACP, dont il aurait même été secrètement membre à l'époque de son arrestation) et le COSATU (Congrès des Syndicats) avait imprimée au programme de l'ANC ; et l'exigence de justice tout court contre les assassins et les tortionnaires, pour la plupart toujours en vie et libres comme l'air, d'un régime d'oppression infâme ayant duré plus de 40 ans* (l'un d'entre eux, le nazi Eugène Terre'Blanche, a cependant reçu la Justice du Peuple en 2010).

    Soyons justes : les hommages un peu puants qui lui sont rendus ne viennent pas absolument de nulle part ; sa "canonisation" impérialiste, il ne l'a pas totalement volée... La "Nouvelle Afrique du Sud" qu'il a fondée a certes mené des combats progressistes honorables, comme celui contre les monopoles pharmaceutiques pour la libre production de traitements génériques contre le virus du SIDA (qui ravage le continent) ou pour construire une "Afrique forte" face au "Nord" occidental ("Triade") comme russe ou chinois ; prenant position contre les guerres impérialistes à outrance pour le repartage du monde en crise, contre les crimes (et pour cause !) de l'apartheid sioniste en Palestine etc. etc. Mais la structure sociale demeure celle de ces pays "émergents" comme la Chine, l'Inde ou le Brésil, avec des inégalités effrayantes nullement réduites voire même creusées en 20 ans, faisant passer en quelques kilomètres d'un centre-ville "européen" au pire "tiers-monde" africain, Hani.pngvivier d'une criminalité mondialement notoire. Le pouvoir économique reste largement aux mains des mêmes familles anglo-saxonnes ou afrikaners que sous l'apartheid, flanquées désormais d'une nouvelle bourgeoisie noire souvent issue... de l'appareil politique même de l'ANC, tandis que dans les campagnes la grande propriété foncière boer engendre son lot de "sans-terres". La révolte du peuple est encore parfois écrasée dans le sang comme à Marikana, ou détournée contre les immigrés des pays voisins comme en 2008 ; quant aux guerres impérialistes en Afrique et ailleurs, le "Pays arc-en-ciel" y a parfois aussi participé, directement ou par ces sociétés de mercenaires qui sont un secteur "phare" de son économie.

    En réalité, dans le rapport de force favorable instauré à la fin des années 1980 par l'Umkhonto et ses alliés namibiens (SWAPO), angolais, mozambicains et (surtout) cubains [l'Afrique australe était, en fait, le seul endroit au monde où le camp "rouge" - rouge bien pâle certes - était militairement gagnant], l'aile modérée (droite) de l'ANC (notamment Thabo Mbeki, futur président de 1999 à 2008 et très lié à la bourgeoisie "libérale" blanche) a tout simplement fait de l'abolition juridique de l'apartheid le prix à payer par l'Ouest pour mettre victorieusement fin à la Guerre froide en Afrique, éliminant ainsi (au passage) un régime exécrable et anachronique qui (avec le Chili de Pinochet) offrait à l'URSS une "dernière carte" de propagande contre l'Ouest malgré la faillite (économique et politique) de son "modèle" capitaliste d’État. Frederik De Klerk joua donc le rôle du Gorbatchev afrikaner et l'archevêque anglican Desmond Tutu celui du Jean-Paul II xhosa... et les "communisteries", les idées de "transformation sociale radicale" du pays furent remisées au rayon souvenirs - l'on peut dire sans crainte que l'assassinat de Chris Hani (1993) et la mort (cancer) de Joe Slovo en 1995 ne furent sans doute pas accueillis sans un "ouf" de soulagement dans certains milieux !   

    Il n’empêche que les mots de Lénine, qui ne faisaient d’ailleurs nullement allusion aux seuls marxistes orthodoxes** (fort peu nombreux dans les livres d’histoire à l’époque), trouvent leur illustration parfaite dans les "hommages" rendus ces derniers jours à l'ancien "plus vieux prisonnier politique du monde" !

    Enfin bon, il en reste quand même pour ne "rien lâcher"

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2013/12/06/deces-de-nelson-mandela-terroriste-communiste-anti-blancs-et-5239616.html

    http://medias-presse.info/nelson-mandela-le-communisme-le-racisme-et-le-terrorisme/3457

    ou encore http://www.contre-info.com/mort-du-criminel-mandela-un-terroriste-marxiste-antiblanc ("non, rien de rien, noooon je ne regrette rien" comme chantaient leurs idoles les putschistes d'Alger en 1961).

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    Nous rappellerons ici haut et fort que la France de Hollande et Sarkozy, qui "salue" l'homme enfermé 27 ans à Robben Island par l'apartheid boer, garde prisonnier depuis bientôt 30 ans GEORGES IBRAHIM ABDALLAH pour sa lutte révolutionnaire héroïque contre l'APARTHEID SIONISTE !

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    * Fondé sur trois siècles de colonialisme et mis en place à partir de 1948 (non sans s'appuyer sur de nombreuses mesures antérieures) par... d'anciens partisans de l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale, qui propagandaient voire même sabotaient alors pour le compte du Reich contre l'engagement militaire du dominion aux côtés des Alliés - chose qui ne gênera pourtant nullement (par la suite) leurs amis et soutiens occidentaux et même israéliens... (voir ici un extrait de La Férocité blanche de Rosa Amelia Plumelle-Uribe 1 - 2 - 3).

    ** À cette époque, Lénine ne pouvait en effet parler que de révolutionnaires socialistes n'ayant pas fait de révolution (comme Marx et Engels), ou ayant échoué et été écrasés (les révolutionnaires de 1848, les Communards), ou alors de révolutionnaires démocratiques petits-bourgeois ayant finalement "tout changé pour que rien ne change" (comme Garibaldi, typiquement). Il est évident que ces trois cas de figure pouvaient aisément être "canonisés" après leur mort ; et Nelson Mandela rentre finalement assez bien dans le troisième. Les révolutionnaires qui, en revanche, auront mené pendant des années ou des décennies une véritable tentative de transformation radicale de la société vers le communisme (abolition de toute domination d'une classe sur une autre), non sans erreurs et fautes certes, éventuellement lourdes, car c'est le lot de telles expériences sans précédent dans l'histoire, sont quant à eux bel et bien voués à être couverts de boue par la Réaction pour l'éternité : Lénine ("heureusement" pour lui mort prématurément...), Staline et tous les communistes soviétiques et internationaux de cette époque (sauf ceux "purgés" dans les années 1930 ou 40, soudain parés de toutes les vertus), Mao bien sûr (avec ses "60 millions de victimes") mais aussi Hô Chi Minh ou même Fidel Castro (grand ami de Mandela qui lui réserva sa première visite à l'étranger et soutien décisif de la lutte contre le régime d'apartheid, dont il précipita la chute en l'humiliant militairement à Cuito Cuanavale, mais qui n'aura certainement pas droit au même éloge funèbre...).



     


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  • Premiers enseignements et quelques perspectives après le succès de la mobilisation de Karaez


    Quelques images de la "manifestation fasciste", que vous ne risquez évidemment pas de voir sur "lesfalsificateurs", pardon "lesmaterialistes.com" :


    manifestation carhaix bonnets rouges 25"Liberté, Travail, Pain !" : les slogans les plus révolutionnaires sont souvent les plus simples…


    nous qui travaillons nous qui décidons


    Et les Prolétaires de Gilles Servat, chantée sur la scène de Kerampuilh :

     

     CQFD... La Vérité triomphe toujours du mensonge ; la Vérité est révolutionnaire !

     


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  • ... signé cette fois du P'c'F 64, contre la gauche abertzale basque en lutte contre la spéculation immobilière. Publié à l’origine sur Sheisau Sorelh.


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    Récemment nous dénoncions les manigances politicardes du PCF/FdG, aujourd’hui c’est un communiqué que nous ne pouvons laisser passer, tant il est injurieux envers les gens qui osent résister.

    Après les éructations de Mélenchon contre les mobilisations populaires en Bretagne, le PCF/FdG continue sur sa lancée en défendant la spéculation immobilière organisée par la classe bourgeoise pour ses loisirs, aux dépens des classes populaires.

    7766925889 la-maison-incendiee-et-l-inscription-eh-ez-da-saCe communiqué, que vous pouvez lire ici, s’attaque aux actions de résistance des Basques face à la dépossession de leur terre et à l’impossibilité pour les classes populaires d’y vivre décemment. Le communiqué commence sur les chapeaux de roue en condamnant ‘avec la plus grande énergie’ ces actions de résistance populaire ; nous ne pouvons qu’être passablement ‘étonnés’ (enfin, seulement à moitié, connaissant le passif des intéressés) de retrouver dans la bouche d’un Parti se revendiquant des droits du peuple le même lexique que celui de la place Beauvau. Passons. S’il n’y avait que cela, nous pourrions mettre ce type de mimétisme langagier sur le compte de l’habitude de côtoyer et de participer au pouvoir.

    La suite du communiqué est bien plus grave car elle criminalise la résistance populaire. Pour le PC/FdG cette politique « criminelle est inadmissible » et de plus elle ne serait pas « les bons moyens ». Le PCF/FdG devrait savoir, en tant que (prétendus) ‘marxistes’, que là où il y a oppression il y a résistance et que si des gens décident de risquer des années de prison, c’est que la situation nécessite autre chose qu’une réponse « démocratique », c’est-à-dire suspendue à une hypothétique victoire (qui n’arrivera pas) des idéaux égalitaires par les urnes. Sachant que le PCF, d’après son nom, se revendique du communisme, nous lui proposons dans la foulée de relire quelques classiques de la littérature marxiste : Le rôle de la violence dans l’histoire ou l’Anti-Dühring de de F. Engels, le Manifeste du Parti communiste du même auteur et de K. Marx ou encore L’État et la révolution de V.I. Lénine. Tout y expliqué, notamment sur le rôle incontournable de la violence dans l’histoire et la nécessité de détruire l'ancien pour construire le nouveau. En bref, communisme et non-violence est un oxymore, là encore nous mettons cela sur le compte du trop long contact incestueux avec la démocratie bourgeoise, qui n’autorise la violence que quand elle est de son 'légitime' ressort.

    Le PCF/FdG continue dans la même veine en dénonçant la question ‘identitaire’. Là aussi, nous leur répondons qu’il n’est pas question ‘d’identité’ mais bien de droit des peuples à l’autodétermination, autre concept très important pour tout marxiste conséquent. Les Basques savent très bien qui ils/elles sont et ils/elles demandent avec justesse quelques droits démocratiques légitimes, notamment la séparation d’avec l’État qui les nie. Nous espérons simplement que l’utilisation de ce vocabulaire n’est pas confondre le juste droit des Basques à leur liberté avec un mouvement éponyme à tendance fasciste, n’est-ce pas ?

    agence_immo-jpb.jpgEn continuant, nous tombons dans l’absurde et nous voyons ce même Parti défendre le 'droit' des gens à venir s’installer où ‘il fait bon vivre’. Pourquoi pas, en soi nous n'y sommes pas opposés. Sauf qu’il oublie de préciser que cette ‘volonté de bien vivre’ s'inscrit purement dans un cadre de loisir et que c’est l’apanage de la bourgeoisie des grandes métropoles. Que les vacances et le bien-être de quelques uns durant un ou deux mois empêchent aux personnes les plus fragiles de se loger. Ces mêmes classes qui n’ont pas les moyens d’aller ailleurs pour ‘bien vivre’, et qui de toute manière ne le veulent pas, puisqu'apparemment il fait ‘mal vivre’ ailleurs et parce que c’est tout simplement ici, chez elles ! Le PCF/FdG devrait se demander pourquoi il fait encore ‘bien vivre’ au Pays Basque et beaucoup moins dans les immenses métropoles vidées de sens, simplement livrées aux bacchanales de la marchandise…

    Nous voyons le PCF/FdG défendre ce que K. Marx a dénoncé comme la plus grande aliénation du capitalisme, la supériorité de la marchandise sur l’humain, qu’il a résumée dans la formule : « le mort saisit le vif ». En un mot, il est plus important pour le PCF/FdG de défendre quelques biens immobiliers (biens mal acquis par l’exploitation du plus grand nombre, de surcroît) que d’être du côté du Peuple. Mais pourquoi cet empressement pour le moins ‘anticommuniste’, si ce n’est par opportunisme électoral ? Si tel est le cas, nous proposons au PCF et au FdG quelques solutions à proposer à leurs électeurs, allant dans un sens résolument égalitaire :

    ·         Interdire les agences immobilières.

    ·         Priorité aux populations locales

    ·         Fixer le prix du m² de manière autoritaire.

    ·         Saisir les logements vides et les redistribuer aux personnes en besoin et mal-logé.

    ·         Appuyer les occupations des maisons vides.

    ·         Fixer les loyers des HLM à 5% du salaire et des loyers privées à 15%.

    ·      Annuler les dettes absurdes sur des dizaines d’années contractées par les classes populaires pour acheter un logement.

    ·         Interdiction de construire sur des terres arables.

    ·         Et nous rajouterons le droit à l’autodétermination de tous les peuples.

     

    Voilà quelques mesurettes qui rapprocheraient le PCF/FdG des vrais problèmes des classes exploitées et qui auraient un semblant de politique égalitaire, ce qui ne serait pas plus mal en ces temps de montée du fascisme. Mais il est vrai que ce Front ne se revendique même plus d’un État un_toit.jpgsocialiste du Peuple, ni même de l’anticapitalisme mais bien de l’antilibéralisme, cache-sexe sémantique pour dire en fin de compte... rien du tout.

    Nous trouvons par contre franchement burlesque que ce Parti vienne donner des leçons de politique au Peuple basque. Normalement, un Parti communiste devrait être toujours du côté du peuple (le camp du peuple est notre camp), non pas en lui dictant ce qu’il doit faire, mais en le servant. L’utilisation de la violence dans ce cas n’est pas à discuter, car c’est à l’exploité qui résiste de choisir ses moyens et à nous militants politiques de proposer des réponses pour transformer la réalité et changer le monde. Mais de là à être révolutionnaire, il n’y a qu’un pas, et nous comprenons que la vielle machinerie usée du PCF/FdG ne se risquera pas à un tel saut dans le vide.

    Pour autant, nous savons qu'il y a de nombreux militants et militantes sincères cachés derrière les ambitions de quelques dents longues aux idées courtes : nous disons donc à ces camarades que la porte de notre Comité de construction du Parti communiste des Terres d’Òc est ouverte, s'ils/elles veulent venir lutter pour une véritable politique égalitaire devenue urgente.


    Intéressant à lire aussi, cet article du site corse "U Cumunu" : Le PCF : franchement communiste ou communément français ?

     


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