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    La tragédie que l'on pouvait hélas redouter vient de se produire, dans l'orgie de répression qui s'abat sur la ZAD du Testet depuis des semaines.

    Un opposant au barrage vient d'être tué par un tir tendu de grenade de désencerclement. L'article ci-dessous est édifiant. C'est la première fois qu'un(e) militant(e) écologiste perd la vie sur ce type de mobilisation depuis Creys-Malville en 1977.

    EXCLUSIF - Testet : Rémi Fraisse a été touché par une grenade ou un flash-ball

    http://www.reporterre.net/<wbr>spip.php?article6496

    Isabelle Rimbert (Reporterre)

    lundi 27 octobre 2014

    Reporterre a recueilli les témoignages de personnes ayant participé aux événements de la nuit de samedi à dimanche sur la zone du Testet. Ils attestent que les gendarmes ont emporté le corps de Rémi Fraisse, qui est décédé cette nuit-là. Un témoin dit qu’il avait été touché par une grenade ou un flash-ball.


    - Lisle-sur-Tarn, reportage

    Dimanche 26 octobre, avant l’aube, dans la nuit, les affrontements se déroulaient sur le Testet, près du chantier où, après avoir terrassé la forêt défrichée, des engins devaient préparer la digue du barrage de Sivens. Parmi les groupes qui se confrontaient aux gardes mobiles, il y avait Rémi Fraisse, un étudiant toulousain de vingt-un ans. Il est décédé cette nuit-là, et son corps a été emporté par la police. L’autopsie aura lieu lundi après-midi.

    Les affrontements ont commencé dans l’après-midi de samedi, vers 16 heures, au lieu-dit Les Bouilles. De nombreux camions de CRS et de gardes mobiles sont arrivés en renfort sur la zone. Les affrontements ont fait une dizaine de blessés, dont cinq ont été évacués vers l’hôpital. Parmi eux, une personne a reçu un tir de flash-ball dans la figure. Le SAMU, appelé par l’équipe de secours d’urgence des opposants, a refusé de venir sur place.

    Après une accalmie vers 21 heures, les affrontements ont repris dans la nuit. Les gardes mobiles (GM) étaient positionnés au lieu-dit des Bouilles, derrière la grille.

    À midi, ce dimanche, sur le lieu des affrontements de la veille, il n’y avait aucune présence policière et aucune sécurisation de la zone où aurait eu lieu le décès.

    Témoignages recueillis dimanche matin. Les noms sont des pseudonymes. Voici leur récit. Une personne dit avoir vu M. Fraisse être touché par une grenade et tomber.

    - Baïk :

    « Entre 2 heures et 3 heures du matin, il y a eu des tirs tendus de grenades lacrymogènes incapacitantes et explosives [grenades dites de désencerclement, NDLR]. La scène était éclairée par les lumières des phares des camions de GM. À un moment, après un lancer massif de grenades, un groupe de GM s’est avancé sur la dalle de béton, a attrapé une personne à terre et l’a porté près de la route. Cette personne était à deux/trois mètres du grillage, elle a pu recevoir une grenade en tir tendu. On pensait que c’était une interpellation. Les affrontements ont continué jusqu’à au moins 4 heures du matin. »

    - C’est sur ce terrain, près de la digue projetée, que se sont produits les affrontements et qu’a eu lieu le drame. -

    - Ju :

    « À un moment, lors des affrontements nocturnes, il y a eu une grosse salve de grenades lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Six GM ont ramassé un mec qui était au sol et l’ont traîné puis porté jusque sur la route. Quand je suis rentré au campement [à la Métairie, à 1,5 km du lieu des affrontements, NDLR], il était 5 h moins le quart, il y avait encore des tirs de grenades. »

    - Impact au sol d’une grenade - assourdissante ou de désencerclement -, à quelques mètres du lieu où serait tombé Rémi. -

    - Christian :

    « J’étais sur le lieu des affrontements, devant, près des flics, sur la gauche, près de là où ça s’est passé. Entre deux et trois heures du matin, ils ont envoyé une grosse charge sur la gauche, gazé. Il y a eu un gros nuage opaque, puis dans les lumières des phares de fourgon, six ou sept gendarmes sont arrivés sur la dalle, ont attrapé quelqu’un au sol et l’ont porté à plusieurs. À la façon dont ils l’ont attrapé, le mec semblait inerte. J’ai crié : « Attention, ils embarquent quelqu’un. » On pensait qu’ils l’emmenaient en garde à vue. Environ vingt minutes plus tard, on a vu un gyrophare bleu. Ca semblait être des pompiers. C’était avant quatre heures du matin. »

    - Bonnie :

    « J’ai passé la soirée et la nuit sur le lieu des affrontements. Il y avait des tirs dans tous les sens. Vers 3 heures du matin, il y a eu une charge. Les GM se sont avancés sur dix mètres sur la route. Ils ont chargé à une vingtaine et tiré des lacrymos. C’était à droite, sur le lieu des affrontements. Sur la gauche, les flics se faisaient caillasser près du grillage sur la dalle en béton.

    « Il y a eu des tirs de grenades, puis j’ai vu un gars au sol se faire traîner en arrière, tenu de part et d’autre par des flics. Après çà, il y a eu un écran de fumée, ils se sont retranchés, et les tirs de grenade se sont calmés. Plus tard, on a vu des lumières bleues d’ambulance. Il y a eu un blackout : les lumières des phares des camions de GM ont été éteintes (il y avait deux camions dont les phares étaient allumés). Puis ils ont recanardé un max. Plus tard dans la nuit il y a encore eu une énorme charge avec une vingtaine de lacrymo tirées. Ca a fait un gros nuage de fumée. Quand la fumée s’est dissipée, tous les camions de GM étaient partis. Au cours de la nuit, il y a eu plusieurs blessés, environ une dizaine dont cinq ont été évacués. À partir de trois heures avant la fin des affrontements, il n’y avait plus de sommations avant les tirs de grenades. »

    - On voit le lieu où Rémi serait tombé, au deuxième plan. Le sang séché est cerclé de bleu. Au premier plan, à quelques mètres, l’impact au sol d’une grenade explosive. On observe dans le coin droit un bout de sangle de sac à dos. -

    - Camille :

    « Il était à trente mètres de moi sur ma gauche. Je l’ai vu se faire toucher alors qu’il y avait des explosions à côté. Ils ont envoyé des grenades explosives, des tirs de flash-balls. Après, cette personne s’est retrouvée à terre. Il y a eu une charge de flics, j’ai chargé aussi, mais je me suis retrouvé tout seul, du côté gauche. Mais tout le monde est arrivé trop tard, ils ont mis en joue ceux et celles qui arrivaient. J’ai vu ce gars à terre se faire trainer par les policiers et on n’a pas pu en savoir plus. »

    - On voit la direction dans lequel le corps sanglant de Rémi aurait été emporté par les gendarmes. -

    Source et photos : Isabelle Rimbert pour Reporterre.

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    Lire aussi :

    Un camarade tué au Testet – Appel à manifester contre la violence d’État – à Nantes et ailleurs

    Rassemblement ce lundi 18h devant la préfecture de Nantes –Rendez-vous dès 15H place du Bouffay pour préparer et informer

    Pendant la nuit de samedi à dimanche un manifestant, Rémi, a été tué au cours des affrontements qui se sont déroulés lors du rassemblement contre le barrage de sivens au Testet. Environ 7000 personnes ont convergé sur la ZAD du Testet après des mois d’attaques policières, de destruction de la zone humide et des habitats de ceux qui la défendaient. En fin d’après midi puis plus tard dans la nuit, des dizaines de personnes s’en sont pris aux forces de l’ordre qui protégeaient le chantier. Elles souhaitaient ainsi marquer leur colère et retarder la reprise des travaux, initialement prévue pour lundi. Elles ont été repoussées à coups de flashballs, de grenades assourdissantes, de désencerclement et de gaz lacrymogènes. D’après les témoignages des camarades du Testet, la personne décédée se serait écroulée suite à des tirs de grenade puis aurait été emmenée par les forces de l’ordre. La Préfecture affirme ne rien vouloir déclarer à ce sujet avant le résultat public de l’autopsie lundi. Le gouvernement a déjà commencé à stigmatiser les manifestants, et tente de diviser pour noyer le poisson. Mais ils savent bien que, quoi qu’ils fassent, cette mort aura des conséquences explosives.

    Ce décès révoltant n’est malheureusement pas suprenant dans ce contexte. A Notre Dame des Landes, au Testet et partout où nous nous opposons à leurs desseins, nous avons dû faire face au déploiement crû de la violence d’État. Si nous avons bien compris de notre coté que nous ne pouvions nous contenter de les regarder docilement détruire nos vies, eux ont démontré qu’ils ne nous feraient aucun cadeau. Pendant les mois d’expulsion de la ZAD de Notre Dame des Landes, de nombreux camarades ont été blessés gravement par des tirs de flasballs et grenades. Sur la seule manifestation du 22 février 2014 à Nantes, 3 personnes, visées à la tête par des flashballs ont perdu un œil. Depuis des semaines au Testet plusieurs personnes ont été blessées elles aussi et d’autres accidents tragiques ont été évités de justesse lorsque des opposants se sont faits délogés, notamment des cabanes qu’ils avaient construites dans les arbres. Pourtant c’est bien, entre autre, parce que des milliers de personnes se sont opposées physiquement aux travaux, aux expulsions, à l’occupation policière de leurs lieux de vie que le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes est aujourd’hui moribond, et que le barrage du Testet et ceux qui devaient lui succéder sont largement remis en question. C’est cet engagement en acte qui a donné une puissance contagieuse à ces luttes et qui menace partout aujourd’hui l’aménagement marchand du territoire.

    Plus quotidiennement la répression s’exerce face à ceux qui luttent dans les prisons, dans les quartiers et dans les centres de rétention et entraîne là aussi son lot de morts trop souvent oubliées, plusieurs dizaines chaque année. Face aux soulèvements et insoumissions, la démocratie libérale montre qu’elle ne tient pas seulement par la domestication minutieuse des individus et des espaces de vie, ou par les dominations économiques et sociales, mais aussi par un usage déterminé de la terreur.

    Nous appelons à occuper les rues et lieux de pouvoir partout dès demain, pour marquer notre tristesse, saluer la mémoire du camarade tué ce samedi et pour exprimer notre colère face à la violence d’État. Nous ne les laisserons pas nous tuer avec leurs armes dites « non léthales ». Réagissons avec force pour qu’il y ait un avant et un après cette mort. Affirmons plus fort que jamais notre solidarité avec tous ceux qui luttent au Testet et ailleurs contre leurs projets guidés par les logiques de contrôle et de profit, mais aussi avec tous ceux qui tombent plus silencieusement sous les coups de la répression partout ailleurs. Nous ne nous laisserons ni diviser ni paralyser par la peur. Nous continuerons à vivre et lutter sur les espaces qu’ils rêvent d’anéantir, et à leur faire obstacle.

    Nous ne laisserons pas le silence retomber, nous n’oublierons pas !

    Des occupant-e-s de la ZAD de Notre Dame des Landes

    Une seconde manifestation se prépare pour samedi 14h

    Plus d’infos zad.nadir.orgnantes.indymedia.org

    PDF - 8.3 ko

    Et cette vidéo :

    Un mort sur la ZAD du Testet // Appel à rassemblement from stéphane trouille on Vimeo.

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  •  Charles Maurras (1868-1952) disait en substance aux Occitans, aux Bretons, aux Corses, aux Catalans et autres Basques : "c'est dans une France 'nationaliste intégrale' monarchiste et catholique que vos 'identités', vos 'valeurs' (forcément réactionnaires dans son esprit) et vos 'libertés' seront le mieux gardées". Centralisme "uniformisateur" et république parlementaire, "progressisme", "juiverie" et franc-maçonnerie vont de pair, proclamait-il. En somme : il y a un "concept France" et vous sentez bien qu'il vous écrase et vous opprime (tout particulièrement depuis l'"accélération" centralisatrice post-1789), que vous n'en faites pas réellement partie, que vous n'êtes pas réellement les "Français" que l'on veut faire de vous... Eh bien, plutôt que de vous imposer l'uniformité "française" à coups de "hussards noirs" républicains, nous allons vous reconnaître dans vos particularismes, dans vos "petites patries" que sont vos nationalités réelles, mais nous allons néanmoins vous souder au grand projet "France" face à l'ennemi tant extérieur qu'intérieur des "quatre États confédérés" juif, franc-maçon, protestant (= Allemagne et Angleterre) et "métèque" (étrangers extra-hexagonaux), auxquels vient encore s'ajouter le socialisme révolutionnaire marxiste ou l'anarchisme (à moins qu'il ne s'agisse là d'une "création commune" des quatre...).

    L’État français était à l'époque plongé dans une double et énorme problématique : parachever son unité "nationale" encore imparfaite, fait largement nié aujourd'hui par l'historiographie du "siècle des révolutions", mais qui se reflétait pourtant quotidiennement dans la mobilisation politique elections-1849 (orléanisme ou républicanisme bourgeois "raisonnable" dans le Bassin parisien, agitation "rouge" républicaine avancée et socialisante dans le "Midi" occitan-arpitan ou le Nord voire en Alsace, royalisme catholique en Bretagne/Grand Ouest et dans une certaine mesure dans l'Est, "banditisme" = résistance populaire chronique en Corse voire dans les Pyrénées, émeutes régulières contre les forces de l'ordre dans toutes les périphéries rebellions-collectives-gendarmes-1800-1859...) ; et la confrontation avec une nouvelle et redoutable puissance, l'Allemagne, pour le contrôle de l'axe rhénan et la suprématie en Europe continentale (+ le partage impérialiste de l'Afrique et du reste de la planète) ; et voilà, à cette double problématique, la solution que Maurras proposait.

    C'est ce que l'on peut appeler le compromis maurrassien. Et c'est sans doute ce qui lui a valu l'hostilité d'une bonne partie de la droite de la droite de la IIIe République qui partageait pourtant, en dehors de ce "régionalisme", l'essentiel de ses conceptions ("État fort" autoritaire, militarisme, antisocialisme et anticommunisme, antisémitisme) ; et de passer à la postérité comme l'archétype d'une extrême-droite de l'époque qui ne se réduisait - en réalité - pas du tout à lui, avec au contraire des courants attachés au centralisme napoléonien beaucoup plus puissants que son Action française décentraliste (mais comme ces courants ont en bonne partie engendré le gaullisme, alors...).

    Cette ligne est aujourd'hui globalement reprise par les Identitaires (ce sont eux qui en sont le plus proche), en y ajoutant l'échelon Europe ("patrie civilisationnelle") maintenant que l'impérialisme bleu-blanc-rouge a compris l'intérêt de travailler en partenariat avec ses voisins et ne se vit plus comme entouré d'ennemis. Certains éléments comme le breton Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon, ses compatriotes d'Adsav ou de Breiz Atao ou encore (dans une mesure à déterminer) la Ligue du Midi de l'ex-identitaire languedocien Richard Roudier font même carrément "sauter" l'échelon "France" entre leur nationalité réelle (bretonne, occitane) et l'Europe-"civilisation" ; autrement dit font comme le Parti national breton (PNB) des années 1930-40 ; mais l'esprit reste globalement le même (et le rapport à l'entité France reste dans tous les cas très ambigu : on sent bien que ne lui est pas vraiment reprochée son existence ni sa négation des Peuples à travers les siècles, mais seulement de ne pas être l’État ouvertement raciste qu'ils voudraient qu'elle soit).

    Et en substance, Dieudonné et Soral disent aujourd'hui exactement la même chose aux colonisé-e-s intérieur-e-s ("indigènes"), aux personnes de culture musulmane et/ou afro-descendantes, et dans une certaine mesure directement aux néocolonies dont sont issu-e-s ces dernier-e-s : une France gouvernée par le Front National, par les "patriotes", serait la meilleure gardienne de vos "identités", de vos "valeurs" et de vos droits. "Tout ce dont vous souffrez au quotidien dans vos ghettos" (ou vos pays pillés) vient en réalité du "système" dirigé par les "sionisssses et les pédo-satano-francs-maçons", ceux-là mêmes qui se disent antiracistes et viennent vous dire qu'on est racistes alors qu'en réalité on est vos meilleurs potes.

    En somme : vous ne vous sentez pas réellement "français", vous êtes exclus et parqués dans des ghettos par des gouvernements successifs "de droite comme de gauche" qui ne cessent pourtant de proclamer "l'intégration" et l'"antiracisme" ; eh bien nous, "patriotes français authentiques", nous vous tendons la main et vous allez vous unir à nous contre "l'Empire américano-sioniste" et ses agents intérieurs que sont justement les gouvernements de-droite-comme-de-gauche successifs, contre le "mondialisme" et ses corollaires que sont le féminisme, le "lobby gay" et les "idiots utiles gauchistes"... et vous verrez que tout ira beaucoup mieux car après tout, nos bonnes valeurs françaises catholiques et vos valeurs musulmanes n'ont-elles pas de très nombreux points communs ? Et tout cela rencontre hélas, dans une mesure non-négligeable, un certain écho.

    Malheureusement (pour eux), la plupart des prises de position d'un FN en pleine "résistible ascension" viennent complètement contredire cela ; exactement comme la plupart des prises de position de la Fédération républicaine, des Jeunesses patriotes, des Croix-de-Feu, bref de 90% des forces d'extrême-droite des années 1930 et de la "Révolution nationale" (qui sera initiée en 1940 sur cette base idéologique) venaient contredire ceux qui avaient écouté Maurras ou d'autres dans le même style (comme le PNB).

    Le régime de Vichy, qui avait totalement recyclé l'appareil d’État de la IIIe République, méprisera souverainement les nationalistes bourgeois (bretons et occitans principalement) qui avaient vu en lui un "vent de changement" pour leur reconnaissance en tant que nationalités (quelques heures d'enseignement facultatif de l'occitan à l'école par-ci, une région "Bretagne" amputée du Pays nantais par-là) ; et ni les tentatives de jouer la surenchère anticommuniste et antisémite, ni celles de traiter directement avec l'occupant nazi n'auront plus de succès. À la Libération, la répression s'abattra sur eux sans l'ombre de la moindre indulgence tandis que dans le même temps un René Bousquet (qui avait envoyé à la mort des dizaines des milliers de Juifs - hommes, femmes et enfants - et d'antifascistes), après - certes - trois petites années de prison à Fresnes, s'en tirait avec "5 ans de d'indignité nationale" dont il fut au demeurant... immédiatement relevé pour "faits de résistance" (à partir de la fin 1943, arrestation par les Allemands peu après le débarquement de Normandie), avant de poursuivre une brillante carrière dans le secteur bancaire, la presse (Dépêche du Midi) et la politique (radical-socialisme, proximité avec Mitterrand...) ; sans même parler des centaines de Maurice Papon qui ne seront même pas inquiétés (poursuivant eux aussi de brillantes carrières en entreprise ou dans l'appareil d’État). 

    Il en irait exactement de même, demain, pour toute la clique des "régionalistes" identitaro-réactionnaires à la Tillenon... et pour les racisés qui auraient suivi Dieudonné et Soral.

    Ce qu'il faut bien comprendre, en réalité, c'est qu'en situation de crise générale du capitalisme vont pulluler les fantaisies réactionnaires chez les personnes "agressées" par cette crise, car le premier réflexe de l'être humain est d'abord de regarder vers le "paradis perdu" et les "valeurs sûres" plutôt que vers les lourdes tâches d'un avenir émancipé, lumineux mais totalement à construire. Et ces fantaisies réactionnaires vont bien sûr avoir leurs marchands du temple, car cela fait vendre des livres, des DVD et des t-shirts et donne - aussi - l'autosatisfaction du "tribun", du "gourou".

    MAIS VOILÀ, pour paraphraser (encore une fois) C.L.R. James :

    - le cours général de l'histoire de "France" est tel que tout mouvement fasciste d'étendue hexagonale (aussi déguisé soit-il) sera obligé de s'attaquer à la "puissance indigène", à l'affirmation et à la lutte des "minorités visibles"/colonies intérieures pour l'égalité ;

    - le cours général de l'histoire de "France" est tel que tout mouvement fasciste d'étendue hexagonale sera obligé de s'attaquer à l'affirmation des Peuples conquis au fil des siècles et emprisonnés dans l’État (puisque les classes populaires n'ont globalement d'autre voie pour cette affirmation que la voie révolutionnaire communiste et la "bourgeoisie nationale" autonomiste celle de se faire le "parti de l'étranger" - se lier à des États voisins et concurrents comme le Royaume-Uni, l’État espagnol, l'Italie, l'Allemagne ou la Suisse ; ce qui est d'ailleurs également valable pour les colonisé-e-s intérieur-e-s : voie révolutionnaire ou alors se lier aux États d'origine dont certains - Algérie, Turquie - sont "turbulents" et "affirmationnistes", au Qatar et autres pétro-monarchies arabes qui cherchent des terrains d'investissement pour leurs capitaux sur-accumulés, à l'axe Iran-Syrie avec Dieudonné etc. etc. ; or l'agitation sociale-révolutionnaire et l'intelligence avec l'étranger sont deux choses que ne peut tolérer le fascisme, qui est l'instrument terroriste de la fraction la plus réactionnaire du Grand Capital et de son État pour la contre-révolution préventive et la guerre impérialiste mondiale).

    Cela signifie - toujours en substance - qu'à l'arrivée, les "fantaisistes réactionnaires" qui auront suivi les Soral, Dieudonné et autres Kémi Séba ou qui auront fait du "régionalisme" identitaire à la Tillenon (sur le terreau idéologique putride de l'extrême-droite francouille) ne seront jamais que les PAUVRES DINDONS D'UNE SINISTRE FARCE.

              maurras_decentralisation.jpgliste_antisioniste.png


    * Il suffit pour s'en convaincre de jeter un œil aux positions du Front National sur la - toute bénigne - Charte des langues minoritaires et régionales : http://www.frontnational.com/terme/langues-regionales/


    Lire aussi (d'un blog militant réunionnais) : Comprendre le colonialisme et le racisme - le cas d’Alain Soral


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  • maocNous avions présenté, il y a quelques mois, une initiative organisée dans l’État espagnol comme le modèle de ce pour quoi nous nous battons : l'unité indéfectible des Peuples, au sein d'un même État capitaliste et au-delà, pour BRISER LES CHAÎNES de ces États et de tous les impérialismes.

    Nous allons maintenant tenter de vous illustrer, par un exemple, TOUT CE QUE NOUS NE VOULONS PAS. Car il faut bien comprendre qu'il y a des têtes dures et que quand bien même il ne resterait qu'UN SEUL petit facho, nazillon ou autre farfelu réactionnaire pour revendiquer, dans un État donné, l'indépendance d'un Peuple donné, les défenseurs dudit État (y compris "de gauche", les pseudo "citoyens du monde" et vrais gardiens du temple qui prônent son "dépassement" universaliste abstrait) s'en empareraient pour y assimiler et y réduire TOUTE affirmation des Peuples périphérisés et niés par celui-ci et toute remise en question de cette construction historique capitaliste qui est - on ne le rappellera jamais assez - le grand râtelier auquel ils bouffent*. C'est finalement un peu la même chose que l'antisémitisme ou le conspirationnisme en matière de soutien à la Palestine (en particulier) ou de lutte contre l'impérialisme (en général) : comment se faire les arguments vivants des pires ennemis de la cause que l'on dit défendre. Il faut donc mettre une fois pour toutes les choses au clair.

    Cet exemple, qui pourrait bien être un jour ce "der des ders", nous l'avons trouvé en la personne de Jean-Pierre/Yann-Ber (en breton) Tillenon.

    Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon est un cas typique de ces militants qui, pris dans l'"orbite" intellectuelle de la gauche révolutionnaire lorsque celle-ci était puissante (il a fréquenté le milieu autonome parisien des années 1970 et partagé un temps la vie de Joëlle Aubron), ont tout naturellement dérivé vers la droite radicale et les fantaisies réactionnaires en tout genre dès lors que cette force d'attraction s'est affaiblie (autre exemple : Patrick/Padrig Montauzier, fondateur et leader d'Adsav). Après avoir fréquenté (entre autres) Serge Ayoub ou encore Guillaume Faye, il se revendique désormais de... "l'extrême-centre" - mais si une telle identité politique peut exister de manière sincère (et assez largement) en Bretagne, pays de petite entreprise et de culture politique Tillenondémocrate-chrétienne, elle sert aussi (et pour cause) de paravent à des gens impossibles à classer autrement qu'à l'extrême-droite (une version locale du "ni droite ni gauche" en quelque sorte) ; et nous voyons mal, en l’occurrence, comment classer autrement un personnage qui a participé (en 2006) à une conférence sur "l'avenir du monde blanc" en Russie aux côtés de son grand collègue (donc) Guillaume Faye, de "Terre et Peuple" de Pierre Vial et de leurs amis internationaux (russes, allemands, "espagnols", grecs etc.).

    L'on pourra peut-être nous reprocher de nous en "prendre" à un activiste politique d'un autre Peuple, et donc de nous "mêler de ce qui ne nous regarde pas". Il est clair que Yann-Ber Tillenon n'est pas un cas unique, ni en Bretagne ni dans le reste de l'Hexagone, et il en existe sans doute de similaires en Occitanie même si le (tout petit) PNO, qui partage la même vision "ethniste", est issu d'une déviation du marxisme (François Fontan) et n'a pas dérivé plus à droite que le Modem ou l'UDI tandis que la droite extrême est plus généralement sur la vision maurrasso-identitaire "classique" (Occitanie-France-Europe). [MàJ : c'est confirmé cela existe bel et bien... Nous savions que Richard Roudier s'était fait (vers la fin 2012) jeter du Bloc identitaire - pour des embrouilles d'égo essentiellement. Suite à cette rupture, manifestement, sa "Ligue du Midi" a rejeté la reconnaissance de la "patrie historique" française pour évoluer vers une "ligne Tillenon" en mode "Ici (en Occitanie) c'est pas la France". Toute la critique de Yann-Ber Tillenon qui va suivre s'applique donc évidemment à ces énergumènes. Roudier a fait partie dans les années 1970 du groupe "Pòble d'Òc", issu pour l'essentiel de l'extrême-droite régionalo-européiste montpelliéraine ("Jeune Languedoc") ; une majorité du groupe évoluera cependant vers des positions plus "à gauche" (socialisantes, fédéralistes libertaires, écologistes) ce qui entraînera son départ en 1976. Il sera ensuite un membre fondateur d'"Unité radicale" puis du Bloc identitaire (la scission avec les "eurasistes" de Christian Bouchet se fit alors, rappelons-le, sur la défense des thèses de Guillaume Faye avec lequel le Bloc rompra cependant par la suite). MàJ nov. 2015 : mais ceci ne les empêche manifestement pas d'assurer la sécurité d'un élu du Front National, dont le symbole reste à ce jour (à notre connaissance...) une flamme tricolore et dont l'hostilité aux affirmations nationalitaires réelles est notoire...]

    Mais nous avons simplement trouvé que dans l'interview en lien ci-dessous (datant de 2007 mais ses idées n'ont guère changé depuis), la limpidité de ses propos ("foufous" en apparence mais en réalité très cohérents) donne un aperçu particulièrement clair de ce courant de pensée - à partir de quoi, libre à chacun-e de remplacer "Bretagne" par "Occitanie", "Corse", "Euskal Herria", "Alsace" ou ce qu'il/elle veut, cela revient au même ! Et puis, au-delà de cela, Occitans et Bretons sont embarqués sur le même "bateau France", la question de ce qui est proposé à l'encontre de ce "bateau" nous concerne donc tous et d'ailleurs, Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon a bel et bien un projet pour nous puisque l'Occitanie (d'un seul tenant ou pas, nous ne savons pas, il faudrait le lui demander) doit logiquement faire partie de la dizaine d'"États-régions" par lesquels il veut remplacer l’État français.

    Nous vous invitons donc à lire avec attention l'interview ci-dessous, donnée par Yann-Ber Tillenon à un web-magazine de "culture trash" : 

    http://www.vice.com/fr/read/extrmement--louest


    Et maintenant que vous avez bien lu (avec attention on l'espère), place à l'analyse en profondeur des choses.

    En somme, ce que prône Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon, c'est :

    - une "Europe-civilisation" autrement dit une Europe impérialiste complètement unifiée, vision (complètement idéaliste et utopique au demeurant) qui relève plutôt (d'habitude) du social-libéralisme, de la démocratie chrétienne ou de la libéral-démocratie bourgeoise mais que l'on trouve aussi (minoritairement) en version d'ultra-droite fasciste depuis toujours : c'est un peu ce que voulait Hitler mais sous suprématie allemande, le "courant non-pangermaniste de la Waffen SS" (dans les rangs duquel Marc Augier "Saint-Loup", qui serait l'auteur de cette carte : HcWSdiI.jpg) qui avait ce genre de projet à la toute fin de la guerre en 1945 ; puis le "nationalisme européen" avec la FANE ou encore l'hebdomadaire "d'opposition nationale et européenne" Rivarol, "l'Europe aux 100 drapeaux" du nationaliste réactionnaire et ex-collabo breton Yann Fouéré dont s'inspire certainement notre "druide", les eurasistes de Jean Thiriart et aujourd'hui les héritiers de ceux-ci ou encore les Identitaires, mais Tillenon pousse la vision encore plus loin ;

    antifabzh.jpg- consistant en une fédération d'"États-régions" fondés sur la "pureté" ethnique... Autrement dit il veut la même chose que les États-"nations" que nous avons actuellement, dans ce qu'ils ont de pire en matière de chauvinisme, xénophobie, suprématisme racial (même masqué sous un pseudo "respect des différences") et exclusion, mais correspondant aux nationalités réelles et non aux territoires que la bourgeoisie d'un Centre (ici en "France" : Paris) s'est annexée comme base première d'accumulation et a proclamé "Nation". Waouh, c'est clair qu'il y a comme un progrès ! Mais enfin, bien léger ; en termes de rupture avec l'idéologie dominante on va dire qu'on a vu mieux... L'on notera aussi que cet État bourgeois moderne, Yann-Ber Tillenon en connaît parfaitement les "piliers" : "1) la monnaie, 2) l’armée, 3) les frontières, 4) la législation" et qu'il reproche en définitive à la "France"... de ne plus les posséder ("L’État français n’a plus de monnaie propre, quasiment plus d’armée et plus de frontières. Quant aux lois, elles sont votées par Bruxelles à 80%").

    À l’État français, Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon va donc reprocher non pas sa périphérisation (dès la conquête à la fin du 15e siècle) puis sa négation pure et simple (à partir de 1789) du Peuple breton, parallèlement à la colonisation, à l’asservissement et au génocide d'innombrables Peuples outre-mer, mais son "cosmopolitisme" contraire aux "puretés" ethniques ; "cosmopolitisme" qui fait bien sûr démarrer "vraiment" l'oppression française en 1789 (la Bretagne, c'est bien connu, n'était pas du tout opprimée sous l'Ancien Régime et aucun Bonnet rouge de 1675 ne s'est jamais balancé au bout d'une royale corde !). D'ailleurs, si cet État du Capital bleu-blanc-rouge n'avait pas importé autant de "bicots" et de "bamboulas" pour faire face aux besoins du capitalisme des Trente Glorieuses, on y vivrait peut-être un peu mieux sa périphérisation et sa négation de Breton - c'est en tout cas ce que semblent sous-entendre ses propos ("Le patronat français n’arrivait pas à changer le peuple français. Il a donc préféré changer de peuple en laissant entrer une population allogène plus docile. Mais ça commence à se retourner contre lui." (...) "La France est au bord de la guerre civile." (...) Chevilly-Larue [en région parisienne hein, pour précision...], où j’ai ma maison, ma bagnole a cramé pendant les émeutes. Je l’ai vu aussi quand Ben Laden a réussi son coup, ça hurlait de joie dans les cités."). Et pour quelqu'un qui - manifestement - veut nier la construction historique "France" (puisqu'il prône son remplacement par une dizaine d’"États-régions" indépendants), les mots France et Français reviennent un peu beaucoup - et sans guillemets - dans son discours... Et n'est-ce pas un drapeau tricolore français qu'il nous semble bien voir en en-tête de son nouveau blog personnel ? Il y a un moment où il faut savoir !

    En définitive, Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon est un "Breton" profondément français d'esprit (de l'aile droite de l'idéologie française) qui vit d'ailleurs (il le dit lui-même) en... région parisienne (Chevilly-Larue) et qui s'imagine que par quelques mesures cosmétiques comme "bretonniser" son prénom, parler un brezhoneg "académique" (qui nie la richesse populaire des dialectes locaux) ou adopter un panthéisme druidique il est en "rupture" avec une construction historique vieille de 800 ans - et l'hégémonie idéologique qui va avec.

    Europe100drapeauxDepuis une quarantaine d'années la "France" est en crise profonde (la crise qui annonce, en réalité, sa fin comme réalité historique !) et comme beaucoup d'autres, Tillenon est à la recherche d'une "alternative" (non-révolutionnaire bien entendu, sans autre rupture avec le capitalisme que - éventuellement - le rebaptiser en "socialisme national", "solidarisme" ou autre foutaise). Pour un certain nombre de personnes, cette crise a pour nom "européisme" et il "faut" donc en revenir aux "souverainetés", aux frontières et à la maîtrise de la politique intérieure comme étrangère de naguère (des années 1960) - maîtrise que Tillenon semble d'ailleurs lui aussi regretter. Pour d'autres il "faut" au contraire aller encore de l'avant dans l'intégration européenne, qui serait le "seul avenir de la France" - nous avons vu que cette conception n'était pas vraiment un marqueur clair d'appartenance au libéralisme bourgeois, et que des fascistes pouvaient la partager. Il "faut", peut-être, redéfinir les alignements géopolitiques : il reste (et restera sans doute toujours) des BHL pour être d'un atlantisme inconditionnel, mais pour beaucoup il faudrait se tourner vers la Russie, qui serait actuellement le "conservatoire" des "valeurs européennes" ; une Russie qui devrait pour certains "plus regarder vers l'Europe" (et réciproquement) et moins vers l'Asie et le "tiers-monde" ; tandis que d'autres assument un "eurasisme tiers-mondiste". Pour certains cela doit inclure le "rempart" israélien (qui devrait du coup aller frapper à la porte du Kremlin) face à l'"ennemi mortel" arabo-musulman : c'est le cas de Tillenon qui est proche de Guillaume Faye (100% sur cette ligne) et défend totalement l’œuvre de "restauration nationale" sioniste. Pour d'autres, il faut absolument rejeter cette "jambe" de l'"ordre mondialiste" (l'autre étant bien sûr les États-Unis d'Amérique).

    Pour la plupart (comme les Identitaires mais aussi bon nombre d'eurasistes, "solidaristes" et autres nazbols qui se sont tournés vers cette thématique ces dernières années - voir ici et ici par exemple ; ou encore de "néo-païens" dans la mouvance "Terre et Peuple") il y a les "petites patries charnelles" locales qui fleurent bon l'"identité" organique et millénaire (depuis les "Gaulois", "ancêtres" de la moitié de l'Hexagone "français" au grand maximum mais c'est pas grave, voire carrément depuis le Néolithique...), il y a l'Europe "civilisation" et "puissance" à (re-)construire mais entre les deux il y a tout de même l'échelon "France" ("patrie historique") à respecter. Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon fait tout simplement partie des quelques uns (avec les gens d'Adsav par exemple) qui veulent purement et simplement "faire sauter" cet échelon pour rattacher directement leur nationalité réelle à un bloc impérialiste européen à construire ; en d'autres termes il refuse le compromis maurrassien entre les nationalités réelles et l'État/impérialisme BBR. Mais - comme nous l'avons dit - ce qu'il reproche à cette construction historique du Capital sous direction parisienne ce n'est pas son œuvre de transformation des classes populaires en chair à usine et à canon, mais son "cosmopolitisme" : la maigre esquisse de multiculturalisme que les nécessités du capitalisme (certes) et les luttes populaires ont imposé à la société capitaliste "française", et qui lui est déjà insupportable. C'est un séparatisme réactionnaire, visant des objectifs 100% capitalistes ("Californie de l'Europe" etc. etc.) sans même s'embarrasser des "formes" libérales et "humanistes" bourgeoises comme peuvent le faire le PNO ou le Parti breton (ex-aile gauche du POBL, l'aile droite ayant formé Adsav sur des thèses proches des siennes). 

    En définitive, Jean-Pierre/Yann-Ber Tillenon (qui livre ici quelques éléments biographiques révélateurs dans un "bel" esprit 100% patriarcal, militariste et temps-béni-des-colonies : "Ancien du 5e RMP né en 1947 à Paris 13e. Je suis d'origine bretonne et alsacienne (...) J'ai été volontaire pour le 5e RMP en Polynésie. Je voulais "voir du pays" et je pensais aux "Vahinés", aux "bains de soleil" et à la sieste sous les cocotiers. J’ai été agréablement surpris de constater que la Légion, en plus des histoires des héros au combat que j'entendais étant gosse pendant la guerre d'Algérie, était  une grande fédération, une grande armée  européenne" - tout un programme !!!) ne "reconnaît plus" la Bretagne ET LA FRANCE de sa jeunesse... et sa "solution" c'est donc le repli sur l'ethnicité "pure" des nationalités réelles, seule à même selon lui d'éviter le "cosmopolitisme" et son corollaire la "décadence", "produits inévitables" de l'appartenance à la construction "France".

    breizh gwenhadu komunourSon discours peut paraître "allumé" à première vue, mais en réalité tout se tient. Il a une volonté de puissance pour "sa" Bretagne et son modèle (puisque l'on a parlé d'"alternative" non-révolutionnaire et 100% capitaliste) il le revendique ouvertement : la... Californie ("faire de la Bretagne une Californie de l'Europe"). Excellent modèle en effet... d'un point de vue capitaliste : prise indépendamment, la Californie serait la 10e économie capitaliste mondiale et assurément un pays impérialiste (malheureusement nous sommes anticapitalistes et anti-impérialistes et ce pays n'est donc pas un "modèle" à nos yeux, ni pour la Bretagne ni pour l'Occitanie... nous nous rappelons que la Californie c'est aussi quelques 20 à 25% d'exclus dans une misère noire, une ségrégation sociale sur base "raciale" - mais aussi métropole/"cambrousse" - omniprésente - mais cela n'est sans doute pas pour déplaire au triste sire Tillenon ; des dizaines d'années de prison pour ceux qui "sortent des clous" pour survivre - parfois pour le vol d'une pizza si c'est le "third strike" - etc. etc.).

    Il est cependant bien conscient que pour une Bretagne seule (indépendante) cela n'est pas réalisable. Au sein de la "France" cela n'est pas réalisable non plus puisque cet État est (selon lui) un facteur de décadence et une bride pour les "énergies", qui inonde la Bretagne de "bougnoules" et de "négros" sous la chape de plomb d'une "bureaucratie soviétique" ("La France est le dernier régime totalitaire du monde avec la Chine" - il va de soi que pour lui, la Chine incarne encore le "communisme")... Reste donc une Bretagne fédérée au sein d'une Grande Europe blanche et "visionnaire". L'on voit mal comment, dans une telle Europe, la Bretagne pourrait être autre chose que la périphérie qu'elle est actuellement vis-à-vis des régions dominantes (la "Banane bleue"), mais cela n'a guère d'importance pour lui : le Peuple breton, dans le fond, ne l'intéresse pas ; "sa" Bretagne (où il ne vit d'ailleurs même pas) est un "idéal", une "super-vision", un "concept philosophique" et non une réalité sociale sur un territoire donné, fruit d'un processus historique et à transformer dans un processus historique, un projet révolutionnaire de libération pour le Peuple breton (c'est à dire les personnes qui vivent et travaillent aujourd'hui en Bretagne et n'y sont pas des ennemies du peuple, selon la conception léniniste de la nationalité ; et non les personnes qui pourraient revendiquer une "ascendance celte millénaire" !)... Et puis après tout, avec la "Banane bleue" on reste entre peuples "aryens" et respectables n'est-ce pas (Allemands, Flamands, Suisses, Alsaciens etc.) ; notre Yann-Ber étant lui-même à moitié alsacien, donc "banane-bleusien" (la "race supérieure" ?) dans un sens.

    Tout cela sent bon l'utopie totale et - donc - l'idiot utile, comme le furent déjà ses prédécesseurs du PNB dans les années 1940. C'est finalement la même chose que les conceptions religieuses réactionnaires (et leurs corollaires antisémites) dans les pays musulmans et les colonies intérieures de cette culture en Europe, ou encore le "kémitisme" de certain-e-s afro-descendant-e-s (conceptions que Soral et Dieudonné s'efforcent de "drainer" vers l'extrême-droite "gauloise" FN, tentant en quelque sorte de reproduire le "compromis maurassien" mais cette fois-ci avec les "non-blancs") : des résistances RÉACTIONNAIRES d'ensembles humains donnés contre la domination centraliste et impérialiste des États du Capital (domination dont un aspect possible est l'"uniformisation", à laquelle Tillenon réduit tout le problème) ; résistances tournées vers un passé idéalisé, vers le "paradis perdu" et la "tradition" ("une nouvelle SOCIÉTÉ TRADITIONNELLE celtique au 21e siècle, siècle de la postmodernité" - ici) et non vers la construction de l'avenir démocratique-réel et communiste de l'humanité ; mais auxquelles il ne faut pas non plus fantasmer plus d'importance qu'elles n'en ont, autrement dit en faire la menace fasciste stratégiquement principale de notre époque, car la (para)phrase de C.L.R. James qui s'applique aux colonies intérieures "non-blanches" s'applique également aux Peuples "blancs" niés par la construction historique de l’État : l'on peut affirmer sans problème que "tout mouvement fasciste d'étendue hexagonale (aussi déguisé soit-il) sera obligé de s'attaquer à l'affirmation des Peuples niés et périphérisés", ce que devraient suffire à prouver (toutes) les prises de position du Front National sur un sujet aussi picrocholin que la Charte européenne des langues minoritaires et régionales, ou encore l'expérience de la "Révolution nationale" Strollad komunour breizhvichyste en 1940-44 - quand bien même les amis de Yann Fouéré tentèrent de la court-circuiter en traitant directement avec les Allemands. Pour autant, cela existe et il nous faut donc prendre position dessus - ne serait-ce que, comme nous l'avons dit, parce que cela sert d'argument vivant à nos petits détracteurs "de gauche".

    Il faut dire hélas (mais l'autocritique est ici essentielle) qu'à cela, c'est-à-dire tant aux délires d'un Tillenon qu'aux "argumentations" jacobines élaborées à partir de ce genre de "cas d'espèce", les limites de nos luttes autonomistes ou indépendantistes de gauche (progressistes ou révolutionnaires) ont souvent tendance à prêter le flanc. Voici ce que nous pouvions déjà écrire il y a deux ans à ce sujet :

    "Il faut véritablement s'arrêter et insister lourdement sur ce point, car il est fondamental et l'aboutissement de tout ce que nous venons de voir. L'on observe en effet très largement, dans l’État français mais aussi dans les autres (État espagnol etc.), une tendance de l'affirmation (y compris progressiste, y compris révolutionnaire) des Peuples niés qui en constitue selon nous une grande limite : la tendance à vouloir prioritairement délimiter un territoire "national" "au village près", sur des critères notamment linguistiques (et "culturalistes"), débouchant parfois sur des prises de bec avec d'autres affirmateurs de Peuples voisins etc. etc. - l'on pourrait peut-être employer, pour qualifier cette déviation, le terme rabelaisien de "picrocholinisme".

    Un travers que l'ennemi (centraliste bleu-blanc-rouge, espagnoliste etc.) ne se prive d'ailleurs pas de retourner contre nous, se découvrant soudain... "anti-centraliste" et "anti-expansionniste" pour nous traiter précisément de cela, de centralistes et d'expansionnistes, nous accusant de vouloir nier la grande diversité régionale de l'Occitanie (bien réelle avec ses 6 ou 7 aires linguistiques et culturelles elles-mêmes subdivisées) ou mettant en avant la question du gallo en Bretagne ; ou encore, dans l’État espagnol, rappelant le particularisme de telle partie d'Andalousie (Almeria, Grenade) ou de tel pays catalan (Valence, Baléares). C'est là une tactique éprouvée et vieille comme le monde, qui porte un nom dont vous nous passerez la grossièreté : l'enculage de mouches. Autrement dit l'ergotage, le pinaillage sur des points de ce style pour faire s'effondrer la question principale d'une revendication sous un "bombardement" de questions secondaires. Ce à quoi nous avons, hélas, amplement tendance à prêter le flanc - de par les limites de notre compréhension des choses.

    Car il est bien évident que la diversité linguistique et culturelle des régions de la vaste Occitanie ne les inclut pas moins dans ce qu'il faut bien appeler la question méridionale de l'Hexagone, qui EST la question principale ; de même qu'en Bretagne le brezhoneg (parlé au Moyen Âge jusqu'aux portes de Rennes et Nantes) a finalement beaucoup moins reculé face à l'oïl du Val de Loire (donnant le gallo) que le gaélique irlandais face à l'anglais, et pourtant personne (en tout cas beaucoup moins de monde) ne se risque à nier l'Irlande comme réalité et question nationale face à son oppresseuse historique - l'Angleterre.

    C'est la raison pour laquelle il faut marteler et marteler encore, ici et ailleurs, maintenant et à l'avenir que la question est SOCIALE, la lutte est SOCIALE. C'est particulièrement net en Occitanie, qui ne peut pas se revendiquer historiquement d'un État unifié (ni moderne ni même pré-moderne) sur l'ensemble de son territoire : l'Occitanie existe par la France, comme POSITION SOCIALE (socio-territoriale) au sein de l'ordre français ; au même titre que (par exemple) le Mezzogiorno italien (qui s'identifie largement, mais pas totalement à l'ancien Royaume de Naples) ; et la lutte qui l'affirme est une lutte pour se libérer de cette position (mais cela est également valable pour la Bretagne ou pour la Corse, qui peuvent se revendiquer d'un État souverain par le passé). La "libération nationale", terme auquel nous préférons celui de Libération révolutionnaire du Peuple (LRP) car "national" inclut nécessairement la bourgeoisie, n'est pas quelque chose qu'il s'agirait de "combiner" d'une manière ou d'une autre avec la "libération sociale", autrement dit la lutte de classe : elle EST l'expression spécifique de la lutte de classe du Peuple travailleur, dans les conditions spécifiques d'un Peuple absorbé et nié par un grand État moderne lors de sa formation.

    La lutte pour la langue est une lutte pour la "reconquête de soi" en tant que Peuple, en antagonisme avec l’État qui veut faire de nous ses "citoyens" uniformisés autrement dit les petits soldats productifs de son Capital : c'est une lutte très importante mais subordonnée ou, plus exactement, impliquée par la lutte sociale qu'est la libération révolutionnaire (anticapitaliste) en tant que Peuple travailleur inscrit dans un certain ordre social au sein des frontières d'un État (des murs d'une prison, d'un enclos à force de travail).

    En définitive, soit l'on a compris cela soit on ne l'a pas compris ; et c'est alors la porte ouverte à toutes les dérives (isolement folklorique et inexistence politique, électoralisme et incrustation dans le système que l'on dénonce, populisme voire xénophobie réactionnaire) quelle que soit la quantité de vent que l'on brasse par ses moulinets nationalistes."

    Nous, nous ne vivons pas dans la nostalgie de notre jeunesse occitane en France ; nous ne la regretterions pas même si nous étions nés au Moyen Âge (avant la Conquista) ; mais ce n'est de toute façon pas le cas : nous avons toujours vécu dans un enclos à force de travail dénommé "France" et sur un territoire occitan qui s'est vu attribuer une certaine place - périphérique, provinciale - en son sein. Nous regardons vers l'avenir et l'avenir, pour nous comme pour toute l'humanité, c'est d'en finir avec cette réalité et ce paradigme historique pour passer à autre chose. Nous ne sommes pas non plus spécialement nostalgiques de l'époque où "80% des lois" qui servent à nous opprimer n'étaient pas "faites à Bruxelles" : nous combattons bien évidemment l'Union européenne comme appareil de classe capitaliste mais nous voyons aussi, il faut le dire, plutôt positivement ce symptôme d'affaiblissement de l’État et de l'impérialisme bleu-blanc-rouge.

    La "France" est le nom d'un appareil politico-militaire ET IDÉOLOGIQUE (= de "contrôle des consciences") servant à encadrer une masse de force laborieuse au service de l'accumulation de capital (production de plus-value). Ce mode de production, le capitalisme, a été une étape atrocement douloureuse mais nécessaire et incontournable de l'histoire de l'humanité, sans laquelle nous aurions encore une espérance de vie d'une trentaine d'années, nous serions à la merci du moindre aléa climatique ou de la moindre épidémie, etc. etc. Une étape "progressiste" en ce sens d'historiquement nécessaire, au sens où la longue marche de l'humanité vers le communisme devait passer par là exactement comme elle devait passer par le pire esclavage de l'Antiquité, ou comme la vie qui naît doit passer par l'accouchement, atrocement douloureux lui aussi (ce terme de "progressiste" a cependant pris aujourd'hui une connotation positive qui fait que nous évitons de l'employer au sujet du capitalisme et de son œuvre, car cela nous semble incompatible avec la LUTTE idéologique et physique que nous livrons contre lui).

    Mais aujourd'hui ce mode de production a fait son temps et n'est plus en mesure d'apporter le moindre progrès à l'humanité, seulement le lot de désastres et de violences inhumaines qui l'ont toujours accompagné (Marx disait que le Capital "arrive au monde suant le sang et la boue par tous les pores"). Dès lors, nous devons et voulons abattre ce mode de production capitaliste et EN FINIR avec ses États/appareils d'encadrement politico-militaire et idéologique. Cela conduira forcément, en brisant ces murs, à en libérer les Peuples (ensembles de travailleurs partageant une même culture, une même histoire, une même économie productive) qui pourront dès lors (à nouveau) avancer vers l'avenir : la Commune Humanité.

    Des Peuples LIBRES ET SOCIALISTES qui soient comme des PONTS JETÉS VERS L'UNIVERSEL, tel est ce pour quoi nous luttons ; et certainement pas pour des répliques en "modèle réduit" des États capitalistes que nous subissons et combattons actuellement, a fortiori dans ce qu'ils ont de pire (chauvinisme, racisme), au service d'une fantasmagorique "Europe puissance" pour la "défense du monde blanc" (traduction : des monopoles européens) !

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    * L'on s'arrêtera ici pour souligner la cocasserie de la chose car en réalité (et en dernière analyse), si l'on regarde bien les deux principales racines de l'extrême-droite "régionaliste", nous avons : 1°/ le courant de pensée maurrassien qui a toujours rejeté le centralisme parisien et exalté les identités "régionales" comme composantes de la "civilisation française" (certains éléments comme Tillenon "sautant" à présent l'échelon "France" pour inclure directement leur "identité" bretonne ou occitane ou autre dans l'"Europe blanche") ; et 2°/ des indépendantistes ou autonomistes qui ont été de gauche dans les années 1970, comme (dans une certaine mesure) Tillenon ou (surtout) Montauzier d'Adsav... et qui ont dérivé vers la droite selon exactement le même cheminement intellectuel qu'un nombre considérable (pour ne pas dire une majorité) de gens-de-gôôôche tout ce qu'il y a de plus "républicains", jacobins et "universalistes" "français" - en un mot, "tous ces immigrés/Arabes/Noirs/musulmans un peu ça va - on est pas racistes hein ! - mais trop c'est trop, et pis ils s'intègrent pas, ils veulent nous imposer leur religion et leur culture arriérée etc. etc., alors bon ils seraient peut-être mieux chez eux quand même"... Sauf qu'au lieu de tenir ce raisonnement dans le cadre de la "Républiiiiique"/"citoyenneté" et des "valeurs" bleu-blanc-rouges, ils le tiennent dans le cadre de l'"identité" et de la "patrie charnelle" de leur nationalité réelle (Bretagne, Occitanie etc.). Les jacobinards "républicains"-"universalistes"-"de gôôôche" ont donc beau jeu de nous donner des leçons, et feraient mieux de garder celles-ci et de ses les introduire dans un endroit plus approprié.

     


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  • thCOMPLOCRATIE- Le conspirationnisme consiste à voir dans tous les mécanismes de domination "cachés", "sournois", "détournés", fondés non sur la répression ni sur la persuasion franche des consciences populaires mais sur leur manipulation ou leur "apprivoisement", des "complots" alors qu'ils ne sont que des instruments parmi d'autres de la domination de classe. Cela sous-entend qu'il y aurait de "bons" mécanismes de domination, ceux qui sont "francs" et "ouverts", et des "mauvais" - ceux qui sont "occultes". Autrement dit qu'il y aurait une bonne et une mauvaise domination (aujourd'hui que le capitalisme domine le monde : un bon et un mauvais capitalisme). Tel est réellement le fond de la pensée des conspirationnistes. C'est bien sûr complètement utopique et idéaliste : le mensonge et la manipulation des consciences individuelles sont des mécanismes absolument indispensables à quelque domination de classe que ce soit, théorisés - pour l’État moderne au service du Capital - dès le 16e siècle avec Machiavel, voire avant. Toujours dire la vérité en "toute transparence" et réprimer (on suppose) les personnes qui n'accepteraient pas cette réalité des faits (sur laquelle on ne les aveuglerait pas) "tiendrait", comme mode de gouvernement, au maximum une dizaine d'années - a fortiori depuis qu'une théorie scientifique (le marxisme) est à la disposition de l'émancipation des exploité-e-s et des opprimé-e-s. Prétendre qu'un système capitaliste "éthique" pourrait exister sans mentir, dissimuler et manipuler est une imposture intellectuelle.

    S'y ajoute généralement un besoin de vision binaire du monde avec un "camp du Bien" et un "camp du Mal", refusant de voir la complexité des choses, les contradictions, les transformations en cours ou possibles : un exemple typique est par exemple l'affirmation que "les djihadistes sont une fabrication de l'Occident pour servir de prétextes aux guerres" (comme si l'impérialisme, occidental ou pas d'ailleurs, avait besoin de tels prétextes) alors qu'ils sont en réalité le produit de situations dans lesquelles l'impérialisme occidental joue certes un rôle, mais aussi bien d'autres facteurs et dans tous les cas, "islamisme" et "djihadisme" sont avant tout des phénomènes endogènes aux sociétés musulmanes. Mais comme ils sont "inclassables", s'opposant à TOUS les blocs et toutes les puissances impérialistes ("Croisés") et à toutes les forces qui ne partagent pas leur (très particulière) vision de l'islam sunnite, et qu'il faut bien (malgré tout) les faire rentrer dans un "camp" (en l'occurrence celui du "Mal"), alors...

    Il faut dire que très souvent, les "conspis" sont des gens qui militent pour que l’État où ils vivent renonce à son alignement atlantiste (pro-américain, favorable à Israël etc.)* et se tourne plutôt vers la Russie, la Chine, les régimes "nationalistes" arabes ou sud-américains, l'Iran etc. Des régimes incarnant selon eux le "bon capitalisme" (qu'ils appellent parfois, pour certains, "socialisme") et qui, c'est bien connu, ne dissimulent ni ne déforment "jamais" aucun fait (voilà qui illustre bien l'imposture intellectuelle dont nous parlons plus haut).

    Il est donc absolument clair que nous, communistes, sommes résolument opposés au conspirationnisme. Nous combattons le conspirationnisme car nous combattons tout ce qui altère la conscience politique révolutionnaire du Peuple et la juste compréhension communiste (scientifique) des choses, condamnant dès lors à l'impuissance (parce que pour ses "dénonciateurs" - Thierry Meyssan et compagnie - le "Grand Complot" est évidemment "surpuissant" et "invincible", tout ce que l'on peut faire c'est les écouter nous le "dévoiler" et éventuellement voir en eux et/ou en Poutine et Assad des "contre-pouvoirs" - et surtout acheter leurs livres). Pour prendre l'exemple le plus connu, les théories à la mords-moi-l'nœud sur le 11 Septembre empêchent de comprendre correctement la guerre mondiale non déclarée que traverse le monde depuis la fin de la "Guerre froide" ; guerre dans laquelle il y a (entre autres) un Capital arabe sur-accumulé qui "étouffe" dans ses petits États semi-coloniaux et qui se "rebelle" donc contre l'impérialisme occidental pour tenter d'instaurer un "califat" comme base d'accumulation adaptée (ces théories font au demeurant bien rire les "islamistes" eux-mêmes, qui revendiquent au contraire fièrement l'opération de "cheikh Oussama" contre "les Juifs et les Croisés").

    thconspiracy

    - La "chasse aux conspis" consiste non pas à lutter contre ce glissement sémantique de "mécanismes détournés de domination" à "complots" et cette idée qu'il y aurait une "bonne" et une "mauvaise" domination ; mais à asséner l'argument massue de "théorie du complot" devant chaque remise en cause, chaque voile levé sur les mécanismes de domination. Il n’y a pourtant nul besoin de croire en une quelconque "théorie du complot" pour constater l’existence de stratégies de la part des classes dominantes pour orienter l’opinion, pour masquer des réalités, pour imposer des choix en les présentant comme souhaitables et nécessaires. C'est que les gens qui croient aux théories du complot (nous ne parlons pas, bien sûr, de ceux qui les émettent), tout au moins, se posent des questions - auxquelles ils apportent ensuite de mauvaises réponses, celles que leur concoctent les théoriciens conspirationnistes et qui font partie des "défenses immunitaires" du "système". Les "chasseurs de conspis", au contraire, donnent souvent une lamentable impression d'acceptation bêta du monde tel qu'il est, de confiance ovine en tout ce qui se dit et se fait - du moins dans ce qu'ils appellent les "démocraties".

    Dans les faits, consciemment ou en mode "idiots utiles", les "chasseurs de conspis" sont en réalité les agents et les défenseurs de l'alignement géopolitique atlantiste et pro-israélien que combattent les "conspis" (l'on peut consulter ici - pas inintéressant - une petite "cartographie" de cette nébuleuse politique "néocon" dans laquelle les plus médiatiques/"gauche bourgeoise" d'entre eux trouvent pleinement toute leur place). Il est d'ailleurs notable qu'ils n'ont aucun problème à dénoncer les "média-mensonges" (qu'ils appellent pour le coup des hoax**) lorsque ceux-ci émanent des agences de presse d’États ou de forces anti-occidentales (Russie, Chine, Iran, Hezbollah ou islamistes sunnites) ou d'agitateurs qui (en Occident même) leurs sont liés. Seules sont "conspirationnistes", pour eux, les dénonciations de mensonges et autres mécanismes de dominations émanant du bloc impérialiste occidental 

    Le vrai problème, en définitive, de ces "chasseurs de conspis/confusionnistes" tellement indignés que l'on puisse balancer 4 vérités à la gueule de leur magistère intellectuel, c'est qu'ils ne sont pas là pour lutter contre le confusionnisme ; en d'autres mots ils ne sont pas là pour lutter contre les idées fausses, "pourries", "puantes" ou tout ce que l'on voudra, ce qui pourrait être fait très simplement en y opposant des idées justes, en apportant de bonnes réponses et analyses aux questions soulevées : non, ils sont là pour défendre leur conception du monde qui ne vaut guère mieux (qui n'est en dernière analyse que l'aile extrême-gauche de l'idéologie républicarde francouille universaleuse) et imposer celle-ci par le terrorisme intellectuel en faisant taire les bonnes questions auxquelles les "confusionnistes" apportent de mauvaises réponses.

    On retrouve d'ailleurs (et c'est intéressant) la même chose quant à nos luttes d'affirmation de Peuples (il se trouve pour le coup que "conspis" et "anti-conspis" nous vouent une même haine féroce). Pour les "conspis", généralement hostiles à l'Union européenne et à ce qu'ils appellent le "mondialisme", nous sommes des "euro-balkanisateurs" qui veulent détruire leurs si chers États-"nations". Mais pour les "anti-conspis", c'est encore plus "simple" : chaque fois que nous démontons une falsification historique, un mécanisme faisant qu'à l'heure actuelle (c'est un constat de fait) 90% des habitant-e-s de l'Hexagone se sentent "Françai-se-s", nous faisons de la "théorie du complot" ce qui est somme toute "bien normal" pour les "sales natios" que nous sommes. Car nos chers "anti-conspis" confondent, bien sûr, le phénomène infrastructurel et objectif que les marxistes appellent nation avec les "nations" que PRÉTENDENT être les États bourgeois (entendu dans ce sens, il est clair que nous sommes tout le contraire : nous sommes les theorie-du-complot.1261399536antinationaux par excellence !)... Et ils se font finalement (là encore) les idiots utiles de ces États-"nations" qu'ils appellent à "dépasser" (de manière totalement abstraite) "vers l'universel" au lieu d'en briser les murs et d'en libérer les Peuples (= les nationalités sans leurs bourgeoisies) qui pourront ensuite se fédérer, s'unir, éventuellement fusionner etc.

    À l'arrivée, il est intéressant et même - pour tout dire - amusant de voir cette "chasse au conspi rouge-brun antisémite" déboucher sur une véritable... "théorie du complot complotiste" (!), suivant exactement les mêmes "raisonnements" et méthodes (d'amalgame, d'"untel connaît untel qui - parfois plusieurs années en arrière - a repris un article d'untel sur son site" etc. etc.) que les "conspis" et autres "chasseurs" de "sionistes partout" qu'ils prétendent dénoncer, comme le conclut fort bien ce petit collectif socialiste dans sa réponse à Yves Coleman (l'un des "gourous" de cette petite mouvance).

    Nous recommandons de lire à ce sujet ce (très bon comme d'habitude) article de Quartiers Libres : Problèmes d’orientation chez les chasseurs de confusionnistes

    Il résulte de tout cela que nous, communistes et a fortiori communistes révolutionnaires de Libération des Peuples, ne sommes clairement pas "chasseurs de conspis" non plus. Pour donner un exemple, nous avons déjà fait part de notre jugement peu amène quant à l'"opération antifasciste" dirigée en juin 2013 contre le "conspi" Michel Collon à Lille. Michel Collon n'est pas un "conspi tendance dure", quelqu'un qui verrait un "cénacle mondial secret" (illuminati, juif ou autre) derrière toutes les "mauvaises choses" de la planète (on a ici un aperçu de sa position de fond sur le sujet). En réalité, issu du PTB (pro-Deng Xiaoping et très anti-soviétique à sa création en 1979...), il a suivi l'évolution "vieille-stal"/brejnévienne et "campiste" de cette organisation belge depuis la fin de la Guerre froide (la Chine elle-même, soumise à des "déstabilisations" - "Printemps de Pékin" etc., tournant alors le dos à son alignement pro-occidental des 15 années précédentes). "Orphelin" de l'URSS et des "démocraties populaires" disparues en 1989-91, il se bricole à partir d'un agglomérat de pays (Russie, Chine, Iran et alliés, pays de l'ALBA avec bien sûr Cuba) un "nouveau camp de l'Est" (du Bien) de substitution qu'il oppose au "camp du Mal" occidental (relativement inchangé, quant à lui, depuis les années 1980 de Reagan & co). Autrement dit, il a une vision extrêmement binaire et simpliste d'un monde en réalité beaucoup plus complexe, ce qui l'oblige à invoquer les "(média-)mensonges", la "manipulation" et l’œuvre des services secrets occidentaux derrière tout ce qui ne rentre pas dans ses schémas d'analyse ou tout ce qui a deux aspects (comme typiquement les soulèvements populaires en Libye ou en Syrie, devenus guerres "atlantistes" contre ces pays) mais dont il ne veut voir qu'un seul. C'est donc une vision du monde révisionniste ("stalinienne" diront les anarchistes et les trotskystes) qu'il est utile et nécessaire de contredire et combattre... Mais encore faut il avoir (dans sa petite tête) le matériel idéologique pour cela, ce qui aurait (carrément, même) rendu l'opération "coup de poing" très intéressante. Ce n'était malheureusement pas le cas ; et se contenter de hurler au "Collon conspi", "Collon fasciste" etc. et d'étaler ses "accointances" avec tel ou tel spécimen plus gratiné que lui dans le conspirationnisme, sans lui apporter la moindre contradiction sur le fond, n'a eu qu'un effet contre-productif auprès des personnes de classe populaire (et souvent "non-blanches" !) présentes. La "Coordination antifasciste de Lille" s'est tout simplement montrée incapable de la moindre confrontation d'idées (qui aurait fait avancer la compréhension communiste du monde) avec le journaliste belge. Pourquoi la controverse, la polémique, n'ont-elles pas été assumées de la sorte ? "Parce qu'on ne discute pas avec les fascistes", nous disent-ils/elles. Ah d'accord... Mais alors, dans ce cas-là, depuis quand va-t-on dans un meeting fasciste pour y lire une déclaration puis (compter) s'en aller tranquillement ?? Les meetings fascistes s'attaquent casqués et armés de barres de fer !!! Bref, tout cela ne tient tout simplement pas debout ; et l'"antifascisme" dans ce style ne sert clairement pas la cause révolutionnaire.

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    * Cet anti-américanisme virulent des "conspis" européens est d'autant plus cocasse lorsque l'on connaît... l'origine essentiellement nord-américaine des théories du complot, que l'on retrouve très largement dans une myriade de films (JFK d'Oliver Stone et autres thrillers politiques à la chaîne) et de séries télévisées (X-Files, Le Caméléon, Prison Break etc. etc.) archi-connues. C'est - tout simplement - que les États-Unis sont sans doute LE pays où l'hégémonie intellectuelle du capitalisme est la plus forte et où l'idée communément admise qu'il est "indépassable" et ne "peut pas être mauvais en soi" est la plus largement répandue dans les masses. Dès lors, comme le capitalisme en tant que mode de production ne "peut pas" être remis en cause mais que les masses populaires US (comme tout le monde) voient bien que "quelque chose ne va pas", celles-ci vont alors chercher la main de "groupements occultes" et autres "consortiums" de riches-et-puissants mal intentionnés derrière "ce qui ne va pas". Ces théories, qui ne peuvent évidemment être anti-américaines puisqu'on est en Amérique, sont assez souvent dirigées contre l'État fédéral ("bureaucratique", "étranger au peuple", "représentant des grandes multinationales et des banques" et "assassin des libertés") ; ce qui est une ligne constante de l'"anticapitalisme" populiste et (donc) de l'extrême-droite là-bas.

    ** Nous aurons l'occasion de revenir un jour prochain sur cette question des hoax, qui est encore différente. En somme et synthétiquement : le hoaxing consiste à FABRIQUER des faits qui viennent "confirmer" une certaine vision des choses lorsque les VRAIS faits manquent voire - pire - contredisent cette vision. Un exemple typique - et récent - est l'"information" relayée par la mouvance soralienne comme quoi des CRS auraient mis l'arme au pied et pris la tête d'une manifestation pro-palestinienne : Quand le fantasme sert de réalité aux soraliens...
    Dans le même veine (mais cette fois ouvertement antisémite), on peut citer l'"information" qu'ont fait courir les agences de l'axe Iran-Hezbollah (mais aussi parfois des islamistes sunnites hostiles à Daesh) comme quoi le dirigeant de l'"État islamique" Abu Bakr al-Baghdadi serait un "agent du Mossad du nom de Shimon Eliott, de père et mère juifs" : manipulation indispensable à leur vision binaire du monde. Il faut dire que depuis les années 1980 où il régnait sans partage sur le "réveil islamique" du monde musulman, le régime de Téhéran s'est considérablement fait damer le pion par ses rivaux sunnites saoudiens et du Golfe ! Voilà qui a très certainement de quoi provoquer son ire, et qui "justifie bien" que sa propagande qualifie ces redoutables adversaires de "créatures du Grand Satan occidental" et surtout du "sionisme", dans une région du monde où "sioniser" l'adversaire est le strict équivalent (différence de "centralité du Mal" oblige...) de le "nazifier" dans la propagande occidentale [dans la même veine, plus tard en 2015, il y a eu l'histoire de ce "général israélien capturé par l'armée irakienne à la tête d'une unité de l'EI" ; "fait" dont la seule source est l'armée irakienne en question et ses auxiliaires des milices chiites, leur allié/parrain iranien et ici la "soralosphère"...].

    Le hoax est très usité par le bloc Russie-Chine-Iran-ALBA (ou les islamistes) et, comme nous l'avons dit, les "anti-conspis" sont très dévoués à lui donner la chasse dans ce cas ; mais il faut aussi rappeler que le camp occidental/"atlantiste" ne s'en prive pas : quel plus grand hoax (aujourd'hui totalement dévoilé) dans l'histoire que les prétendues "armes de destruction massive" en Irak, ou encore les "charniers de Timișoara" lors de la chute du despote révisionniste roumain Ceaușescu (1989), les couveuses de bébés prématurés soi-disant débranchées par les Irakiens lors de l'invasion du Koweït en 1990 etc. etc. (pour ne parler que de hoax aujourd'hui communément admis... car attention, l'on a vite fait de se faire traiter de "conspi" si l'on dénonce un hoax occidental pas encore établi !).


    Post-Scriptum : Une polémique a récemment éclaté au sujet de la mise en avant par Quartiers Libres d'une conférence de l'universitaire "marxiste-léniniste" italien Domenico Losurdo, qui relève (à très peu de choses près) du même courant de pensée que Collon. C'est-à-dire qu'il a des positions et des analyses intéressantes comme lorsqu'il réfute (comme nous le faisons) la thèse du fascisme/nazisme "accident"/"anomalie"/"bug" de l'histoire - ou carrément produit... de la Révolution bolchévique d'Octobre 1917 ! - pour le placer au contraire dans la stricte continuité des idéologies capitalistes et impérialistes occidentales des trois derniers siècles nazisme-projet-white-supremacy-planetaire (logique impériale-coloniale que le "tort" d'Hitler serait d'avoir appliquée au cœur même de l'Europe) ; analyses qui ne sont au demeurant ni son exclusivité ni une nouveauté puisqu'elles sont partagées par bien d'autres (Enzo Traverso, Rosa Amelia Plumelle-Uribe etc.) et remontent aux combats intellectuels anti-coloniaux de Césaire et Fanon ; bref, lorsqu'il réfute l'idée d'un fascisme ou carrément d'un "totalitarisme" (fascisme et marxisme "jumeaux") d'origine externe et "prenant d'assaut" la démocratie capitaliste, système qu'il s'agit évidemment pour les tenants de ces thèses (BHL et autres "nouveaux philosophes", Nolte, Furet, Sternhell) de défendre. Et puis il a des positions pourries comme lorsqu'il part en mode "campiste" sur la défense de la Chine actuelle (100% capitaliste et impérialiste) et autres régimes "résistants" à l'impérialisme occidental (pléonasme selon lui : il n'y a d'impérialisme que occidental) comme la Syrie, l'Iran ou hier la Libye de Kadhafi ; à grand renfort de théories du complot made in Réseau Voltaire (auquel il contribue occasionnellement : on suppose que si ses textes sont repris par le site c'est avec son autorisation) puisqu'il faut forcément la "main de la CIA" pour expliquer que les classes populaires puissent se soulever contre de tels régimes du "camp du Bien" (même si bien sûr, le soudain intérêt et soutien de l'Occident à ces soulèvements quand tant d'autres sont qualifiés de "terrorisme" ou d'"instabilité" peuvent et doivent poser question).

    Losurdo fait tout simplement partie de ces "vieux ML" (il s'offre même le luxe de se réclamer beaucoup de Mao...) pour qui la Chine est "évidemment" socialiste vu qu'en 1949 "c'était le Moyen Âge" et qu'aujourd'hui elle envoie des taïkonautes dans l'espace ; la Libye kadhafiste d'hier et la Syrie baasiste d'aujourd'hui sont des "États nationaux" dont l'"opposition" à l'Occident et à Israël est supposée annuler les contradictions internes, etc. etc. "Progrès" économique fulgurant + proclamations "socialistes" et "révolutionnaires" = socialisme et peu importent les rapports de production et les rapports sociaux en général ; c'est aussi simple que cela pour lui. Pure théorie "vieux ML" des "forces productives"... Au nom du "front uni" contre l'ennemi principal qui est (selon lui) le "nouveau colonialisme", l'interventionnisme militaire "néolibéral" (c'est-à-dire le versant occidental de la guerre non-déclarée de repartage du monde en cours depuis 25 ans), il est possible d'"encourager la prise de position contre la guerre [en Syrie] qu’a assumée Marine Le Pen" sans pour autant "renoncer à soumettre celle-ci à une critique idéologique et politique serrée", les communistes devant "garder fermement leur identité" (autrement dit le courant anti-atlantiste de l'impérialisme français peut être un "possible interlocuteur d’un moment déterminé") : il l'a affirmé ouvertement au sujet des menaces d'intervention en Syrie l'année dernière, aux côtés d'Annie Lacroix-Riz qui appartient elle aussi plus ou moins à ce courant de pensée. Quant à nos luttes pour l'affirmation de nos Peuples (niés par les grands États capitalistes modernes), on suppose que sa position est celle de cette "mouvance-là" (PRCF, URCF etc. etc.) : l'accusation d'"euro-balkaniser" les sacro-saints "États-nations" n'est pas loin...

    Bien évidemment, c'est l'occasion pour l'habituelle petite clique "anti-antisioniste"/"anti-anti-impérialiste" (ou mieux dit les néocons-sionards masqués) de crier haro sur ce site haï ; mais de nombreuses réactions négatives ont également surgi dans leur entourage habituel : "comment pouvez-vous mettre en avant un rouge-brun pote du fasciste Meyssan ?", "vous me décevez" etc. etc. Il semble en fait pour tous ces gens que nos petits cerveaux de prolos et de "gauchistes" soient trop étriqués pour faire la part des choses, pour FAIRE DES TRIS : il ne serait pas à notre portée intellectuelle de dire "voilà, dans la pensée d'untel il y a telle et telle chose intéressante et telle et telle autre beaucoup plus critiquable pour ne pas dire puante, il y a à prendre et il y a à laisser". Le commentaire d'un intervenant est particulièrement évocateur : "il n'y a que des gens politisés comme vous, Quartiers Libres, qui sauront faire la part des choses"... Quelle vision élitiste de la lutte des classes !!! D'aucuns nous rétorqueront "et avec Soral, vous faites pareil, vous faites le tri ?"... Eh bien OUI, TOUT À FAIT, nous faisons le tri sauf que dans ce cas cela va très vite : une fois retiré le "vernis" des portraits du Che, de Lumumba, de Fidel Castro ou encore Sankara en devanture du site, il ne reste plus grand chose sinon un mélange de planisme et d'"association Capital-Travail" corporatiste Rerum novarum à la De Gaulle, Pétain ou Salazar, le tout baignant dans l'huile rancie du "complot juif international". Il y aura aussi des "matérialistes" (.com, tout est dans le .com !) pour nous expliquer qu'une fois qu'untel a des idées de merde toutes ses idées le sont (rien à prendre et tout à laisser), "tout est lié" dans le "mouvement éternel de la matière vers le communisme", autrement dit il ne peut pas y avoir de lutte de lignes, d'affrontement entre idées justes et idées fausses à l'intérieur même de chaque individu - bonjour le matérialisme !

    Pour notre part, nous pouvons effectivement considérer cette mise en avant de Losurdo (sans autre commentaire que "c'est un penseur atypique") comme un faux pas ; mais un faux pas qui n'efface en aucun cas l'IMMENSE TRAVAIL de Quartiers Libres pour "dé-dieudonniser" intellectuellement les quartiers populaires tout en restant CLAIRS ET FERMES sur les sujets où l'absence de clarté et de fermeté a (justement) fait le terreau de Dieudonné, à commencer par la Palestine ; ce qui leur vaut évidemment la haine féroce des tenants (y compris d'"extrême-gauche") de l'alternative "reconnaître la légitimité d'Israël ou être un antisémite soralien"...

    [PS 2 - Rebelote quelques mois plus tard, à plus grande échelle encore, avec cet excellent article : https://quartierslibres.wordpress.com/2015/04/27/problemes-dorientation-chez-les-chasseurs-de-confusionnistes/]


    Peut-être le "mot de la fin" (commentaire sur FB) :

    Pour dire les choses clairement : ce que vous appelez "confusionnisme" ne peut tout simplement pas être appréhendé, et encore moins combattu sans notions de dialectique marxiste.

    Parce que ce que vous appelez "confusionnisme" c'est tout simplement l'expression des CONTRADICTIONS qui traversent CHAQUE INDIVIDU comme elles traversent toute la société, entre idées progressistes/révolutionnaires et idées réactionnaires, influence des idées d'avenir (le communisme, vers lequel doit aller l'humanité) et aliénation du peuple par les dominants (détenteurs des moyens de "faire l'opinion"... au service de la préservation de leurs intérêts).

    Tout(e) un(e) chacun(e) est traversé(e) par ça !! Pas seulement les organisations politiques - les marxistes-léninistes/maoïstes (enfin, plus les maoïstes que les ML quand même lol) avec leur "lutte de lignes", les trotskystes avec leurs "tendances", les anars avec leurs "sensibilités", et même les partis bourgeois avec leurs "courants" (mais bon eux on s'en fout un peu, ce sont toujours les points de vue contre-révolutionnaires qui dominent). Les individus aussi.

    Alors après, qu'il y en ait qui fassent "COMMERCE" de la "confusion", cela oui on peut l'admettre. Mais même ces gens-là (comme Pierre Rabhi, au hasard) peuvent aussi être "sincères" : persuadés d'avoir trouvé "la voie de la vérité", prêchant celle-ci et contents de voir que plein de gens (tout aussi confus qu'eux dans leurs têtes) les reconnaissent comme les "génies" qu'ils "sont". Puisque "ça marche", c'est donc la "preuve" qu'ils ont "raison"... Qui ne profiterait pas de l'occasion de faire ainsi son beurre, ou même simplement de se sentir "famous" s'il en avait ainsi la possibilité ? Très peu de gens en vérité - peut-être les vrais révolutionnaires qui ont appris à "penser collectif"... et encore, cet apprentissage est-il vraiment parfait et chez tout le monde ? Pas sûr, lorsque l'on voit comment certains défendent "leur" "boutique" politique ! Les "marchands" d'idées confusionnistes existent... parce qu'il existe un "marché" pour ces idées !

    Donc en réalité, la seule vraie lutte contre le confusionnisme... c'est de dégager, définir, élaborer et compiler les idées justes/progressistes (celles qui vont vers l'émancipation, vers le communisme), grâce à l'outil scientifique qu'est le marxisme, et de les diffuser, de mener la bataille pour elles (et d'identifier, combattre et écraser les idées fausses/réactionnaires). Lutter pour que la contradiction interne à chaque personne que l'on rencontre se résolve en faveur d'une conscience progressiste/révolutionnaire ; ce que Gramsci appelle la "bataille d'hégémonie"... et faire ainsi disparaître l'"offre" confusionniste par disparition de la demande, tout simplement !

    "Traquer" le "confusionnisme" d'untel ou untel ne sert strictement à rien : vous ne faites, dans le cas des "penseurs", que mettre à jour leur "offre"... qui est précisément ce que des gens demandent ; et dans le cas de tartempion, mettre à jour une "demande" de réponses sans y apporter les BONNES (réponses), face à une offre de MAUVAISES que l'on sait colossale. Ceci pour ne parler que d'une traque "propre", en laissant de côté les procédés à vomir...

     


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  • ...dans l’État de Guerrero, suite à l'atroce enlèvement de 43 militant-e-s étudiant-e-s par des escadrons de la mort mafieux (28 corps atrocement assassinés ont déjà été retrouvés dans une fosse), la Justice du Peuple est en partie passée même si l'on a pas encore vu (hélas !) de dirigeants se balancer la tête en bas suspendus à une station-service.

    À Chilpancingo, capitale de l'État, des centaines d'étudiants et de pères de familles viennent d'incendier le palais du gouverneur et la mairie. C'était la moindre des choses après le massacre de masse commis par les forces de "l'ordre" et leurs alliés des Cartels à Iguala, après tant de violences commises contre les pauvres et les indigènes du Guerrero.

    ¡ Lucio Cabañas vive, la lucha sigue ! ¡ Victoria al Pueblo !!!

    mexic guerrero2 mexic 4mexic 3mex7mexic 5mexic 6mexic guerrero


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  • Nous avons déjà évoqué sur SLP la magnifique lutte du Peuple andalou (dans l’État espagnol) pour sa Libération révolutionnaire ; et nous avions alors souligné la très grande similitude entre cette lutte et la nôtre, ici en Occitanie : similitude par la position géographique méridionale dans les États qui nous renferment, certes, mais aussi et surtout par l'époque de nos Conquistas respectives (entre le début du 13e et la fin du 15e siècle pour l'essentiel, puis "pacification" jusqu'au 17e voire 18e) faisant de celles-ci l'acte fondateur et fondamental, le BAPTÊME DE SANG de nos États modernes (espagnol et français) respectifs. Nous sommes les uns et les autres, aux côtés du Mezzogiorno de l’État italien, la "question méridionale" de ces États !

    Et ceci se reflète aujourd'hui dans le beau témoignage de solidarité qu'adresse la jeunesse révolutionnaire indépendantiste d'Andalousie, l'organisation Jaleo!!!, aux camarades occitans de Libertat! face aux persécutions judiciaires qu'ils subissent actuellement.

    http://www.jaleoandalucia.org/joomla/index.php/component/content/article/3-internacional/352--jaleo-en-solidaridad-con-libertat-izquierda-revolucionaria-de-occitania.html

    De la part de Jaleo!!! – Jeunesse indépendantiste d'Andalousie, nous voulons exprimer notre solidarité avec Libertat, gauche révolutionnaire d'Occitanie, face à la répression politique subie de la part de l’État français. Depuis plusieurs mois déjà se multiplient les convocations policières contre les militants de Libertat, pour le seul fait de leurs actions en défense de la langue occitane ou d'espaces politiques comme le bar associatif la Tor deu Borrèu.

    Toutes ces procédures conduiront certains militants de l'organisation devant la justice, comme c'est déjà le cas pour un camarade qui passera en procès le 17 octobre prochain suite aux violences policières contre les concerts organisés par la Tor deu Borrèu dans le cadre de la dernière Fête de la Musique à Pau.

    Depuis l'Andalousie, nous adressons un salut chaleureux et solidaire aux camarades de Libertat et nous affirmons notre soutien à l'existence d'espaces politiques tels que la Tor deu Borrèu. Si l’État français met en cause ces espaces et ces organisations, c'est parce qu'il perçoit comme une menace la Résistance des Peuples.

    La répression des États capitalistes ne connaît pas de répit, ni dans l’État espagnol ni dans l’État français. La lutte des Peuples et la solidarité internationaliste non plus !


    Solidarité avec les Peuples en Lutte !

    La resisténcia qu’ei ua question de dignitat ! (La résistance est une question de dignité !)

    Occitània, socialisme et libertat ! (Occitanie, socialisme et liberté !)

    La Tor viurà ! (La Tor vivra !) 


    occitania.jpg
                 bandera-andaluciamaoc

     


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  • http://www.europe1.fr/politique/pasqua-zemmour-ne-connait-rien-a-la-realite-2257751

    … et, entré dans la Résistance à l’âge de 15 ans, il défend quant à lui l’autre mythe, le grand mythe officiel de la République bourgeoise post-1944, celui de la vraie-France-la-France-libre défendant les "valeurs de la Républiiiique" dont le refus de l’antisémitisme contre un Vichy-nul-et-non-avenu seul (soit-disant) à porter un discours et des sentiments anti-juifs :

    "Si M. Zemmour pense que Pétain a protégé les Juifs de France [...], c'est qu'il ne connaît rien à la réalité des choses", s'est énervé Charles Pasqua dans l'émission de Patrick Roger et Sonia Mabrouk. Il prend le polémiste à partie : "Je lui fais une proposition. Qu'il vienne me voir, nous irons dans le Midi ensemble", a-t-il lancé sur Europe 1. "Nous monterons sur la route Napoléon", pour rejoindre "un petit village qui s'appelle Séranon, dans lequel on verra des maisons détruites par les SS" et dont les habitants ont été "assassinés parce qu'ils avaient protégé des enfants juifs".

    L'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua a rappelé avoir fait partie d'un club secret d'anciens résistants, "le club des 22", "composé à parité de gens de droite et de gauche". Il déclare que "si quelqu'un était venu tenir le genre de propos de Zemmour devant nous, je ne sais pas dans quel état il serait ressorti".

    C’est bien, c’est beau… Sauf que cela a été démenti depuis longtemps, notamment par l’historien Simon Epstein (israélien comme Sternhell, mais dont les thèses quant à la genèse du fascisme BBR sont selon nous beaucoup plus intéressantes) dans ses deux ouvrages phare Les Dreyfusards sous l’Occupation et Un paradoxe français - antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance.

    En réalité, en dehors des communistes (qui purent connaître un certain "flottement" à l’époque du Pacte germano-soviétique mais ne furent jamais vichystes ni antisémites) et encore, si l’on ne tient pas compte de la scission de Doriot, toutes les familles politiques d’avant-guerre étaient représentées dans l’un comme l’autre camp, à Vichy comme à Londres. AUCUN clivage d’avant 1940 n’est significatif pour délimiter collabos et résistants gaullistes, ni entre "gauche" et droite ni (surtout pas !) entre catholiques et laïcistes, ni entre dreyfusards et anti-dreyfusards ni entre antisémites et "philosémites". Le seul clivage était entre ceux qui pensaient que l’Allemagne allait gagner la guerre et que la France devait se faire sa place dans le nouvel ordre européen "à l’heure allemande", et ceux qui trouvaient insupportable une telle tutelle étrangère (surtout allemande !) sur le pays et qui pensaient que les Anglais tiendraient bon et, bientôt rejoints par les Américains, finiraient par gagneril fallait donc être de leur côté. Bien entendu, ces derniers étaient une infime minorité en 1940 tandis que les premiers le seront devenus quatre ans plus tard, dans la débâcle du "Reich du Mille Ans" ; s’étant opéré entre temps un gigantesque transvasement de chefs d’entreprise, hauts fonctionnaires, intellectuels, militaires de carrière etc. etc. entre l'un et l'autre camp.

    Et puis bien sûr il y avait le clivage entre le camp de la révolution prolétarienne anticapitaliste qui, à quelques défections près, n’a jamais envisagé l’avenir des travailleurs sous la botte nazie et le camp de la bourgeoisie qui comme nous le voyons s’est divisé en deux (l’infime minorité du début devenant l’écrasante majorité de la fin et inversement).

    Par la suite le jeune "Français libre" Pasqua s’inscrira à la droite de la droite du gaullisme, étant notamment (en 1968) l’un des plus chauds partisans d’arrêter et parquer les "gauchos" dans les stades – comme le feront réellement les juntes du Chili ou d’Argentine quelques années plus tard. Tout un programme... Deux fois "Premier flic" de sinistre mémoire, en 1986-88 (R.I.P Malik Oussekine) et 1993-95, il tentera vers la fin des années 1990 d’exister politiquement entre le chiraquisme (gaullisme social à la Chaban, la tête de veau en plus), le balladurisme (devenu sarkozysme) et le Front National avant d’être peu à peu poussé vers une retraite politique bien méritée et (surtout) ne venant pas trop tôt.

    Quant à De Gaulle lui-même, on lui prête (de source plutôt fiable) ce florilège de propos :

    Juin 1940 : De Gaulle n'est rejoint que par une troupe hétéroclite. "Encore un juif...", soupire-t-il quand on lui annonce Georges Boris, ancien secrétaire de Loewenstein et ex-directeur de la "Lumière", conseiller financier. (Cité par J.R. Tournoux Pétain et de Gaulle. Ed Plon 1964)

    "Je n'aime pas les youpins". (Cité par André Le Troquer, La parole à Le Troquer, Ed. la Table Ronde 1962)

    Au député UNR Dronne, ancien héros de la libération de Paris :
    "Voulez-vous être bougnoulisés ? Voyons, Dronne ! Donneriez-vous votre fille à marier à un bougnoule ?" (Cité dans Le petit de Gaulle illustré. Ed. Le Crapouillot, 1967, et par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    À Léon Delbecque :
    "Et puis, Delbecque, vous nous voyez mélangés à des musulmans ?  Ce sont des gens différents de nous. Vous nous voyez mariant nos filles avec des Arabes ?" (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    Au général Koenig :
    "Évidemment, lorsque la monarchie ou l'Empire réunissaient à la France l'Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex ou le Comté de Nice, on restait entre Blancs, entre Européens, entre chrétiens... Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs, parlant mal le français". (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    Au soir des accords d'Evian, en mars 1962 :
    "Alors, Joxe, vous avez bientôt fini avec vos bicots ?" (Cité dans Le petit de Gaulle illustré. Ed Le Crapouillot, 1967-68)

    "Tous ces bicots se chamaillent. Ils aiment les fusils, ils aiment s'en servir. Ils ont la manie de la  fantasia." (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    "Les Arabes, ce n'est rien. Jamais on n'a vu des Arabes construire des routes, des barrages, des usines... Ce sont d'habiles politiques. Ils sont habiles comme des mendiants." (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    "Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très intelligents. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après-demain 40 ? Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !" (Cité par A. Peyrefitte. C'était de Gaulle. Ed Gallimard, 2000 et B. Stora, Le transfert d'une mémoire, Ed. La découverte, 1999. Propos tenus le 5 mars 1959)

    "Vous savez, cela suffit comme cela avec vos nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu’eux : il y a des nègres à l’Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de nègres, ici. […] Et puis tout cela n’a aucune espèce d’intérêt ! Foutez-moi la paix avec vos nègres ; je ne veux plus en voir d’ici deux mois, vous entendez ? Plus une audience avant deux mois. Ce n’est pas tellement en raison du temps que cela me prend, bien que ce soit déjà fort ennuyeux, mais cela fait très mauvais effet à l’extérieur : on ne voit que des nègres, tous les jours, à l’Élysée. Et puis je vous assure que c’est sans intérêt." (Entretiens avec Jacques Foccart, 8 novembre 1968. cité dans ses Mémoires, tome 2. Le Général en mai. Journal de l’Élysée. 1968-1969, éd. Fayard/Jeune Afrique)

    Charles-Pasqua-1280 


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  • eric zemmour iDifficile d'avoir échappé à la "grande" actualité de ces derniers jours : la polémique et le tollé médiatique déclenchés par les propos d'Éric Zemmour dans son dernier ouvrage, où il s'en prend aux thèses de l'historien états-unien Robert Paxton (l'un des premiers à avoir soulevé la question de la contribution active de l’État français à la Shoah) et affirme que "le régime de Vichy a sauvé les Juifs français".

    Voici une petite revue de presse non exhaustive (dans le champ politique progressiste) :
    http://blogs.mediapart.fr/blog/francois-delpla/071014/vichy-non-zemmour-non-berstein-le-choix-nest-pas-entre-robert-paxton-et-robert-aron
    http://www.slate.fr/story/93245/zemmour-vichy-deportation-juifs-paxton-rue89
    http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/09/robert-paxton-largument-zemmour-vichy-est-vide-255385
    http://blogs.mediapart.fr/blog/albert-herszkowicz/131014/zemmour-rehabilite-petain-les-dessous-de-son-combat
    http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/06/comment-troll-eric-zemmour-attire-piege-255313
    http://blogs.mediapart.fr/blog/m-bentahar/101014/mensonges-sur-letoile-jaune-zemmour-rehabilite-vichy

    Rien de bien surprenant, dans cette dernière "sortie" en date du sinistre personnage, pour nous qui - antifascistes, révolutionnaires - observons dans nos vies quotidiennes les résultats concrets du discours ultra-réactionnaire dont il est l'un des porteurs (parmi BEAUCOUP d'autres). Rien de plus (ni de moins) que la "bonne vieille" rengaine droitarde réchauffée de "l'épée" (De Gaulle, la "France libre") et du "bouclier" (Pétain, Vichy, qui auraient "adouci" le sort des Français pendant que les premiers luttaient pour leur libération) ; un peu tombée en disgrâce ces 20 dernières années mais vieille comme la Libération et largement tolérée, aux côtés du culte "officiel" de la "France résistante vs Vichy-nul-et-non-avenu", dans des décennies d'après-guerre où pullulaient jusqu'aux plus hauts sommets de l’État (place Beauvau avec Raymond Marcellin, Matignon avec Maurice Couve de Murville puis carrément... Élysée avec Mitterrand) l'engeance très particulière des "vichysto-résistants" : ces partisans fervents ou (du moins) "consciencieux" de la "Révolution nationale" qui s'étaient ralliés au "Général Micro" de Londres à mesure que le vent de la guerre tournait en défaveur du Reich, et dont d'"excellents" exemples ont été (entre autres)... René Bousquet et Maurice Papon (globalement et sauf à avoir vraiment été milicien, combattu sous l'uniforme nazi et/ou commis des atrocités, s'être rallié à De Gaulle même le jour de la libération de sa ville ou de son département valait absolution).

    Ce qui est finalement (plus qu'autre chose) rigolo, c'est plutôt l'"indignation" de toute une intelligentsia bords-de-Seine - "canalplusienne" dirait l'intéressé... - qui fait mine de découvrir MAINTENANT ce qu'est réellement la pensée d’Éric  Zemmour, auquel ils ouvrent pourtant grands leurs plateaux radio et télé depuis des années (notamment sur i>Télé, filiale de... Canal Plus ce qui ne manque pas de sel, où il étrille hebdomadairement le ridicule représentant social-républicard de la démocratie bourgeoise Nicolas Domenach). Il faut croire (manifestement) que s'en prendre quasi-quotidiennement aux "délinquants-noirs-et-arabes", aux joueurs noirs de l'équipe de France ou aux Turcs de celle d'Allemagne ne choquait pas autant leurs bonnes consciences. 

    Concernant les faits historiques dont il est question, nous avions écrit ce qui suit à l'époque de la sortie du film "La Rafle" :

    La responsabilité de l’État français de Vichy, qui n'est plus niée depuis les années 1990, est bien sûr clairement montrée.

    Mais Vichy, conformément à l'Histoire officielle depuis 1945 (et en particulier de la Ve République), est montré comme un "accident" de l'Histoire de France, "à jamais nul et non avenu", une anomalie. Un régime d'occupation également, fantoche, totalement illégitime...

    Cela apparaît clairement dans les propos de Roselyne Bosch, l'épouse du producteur : "même si la France a collaboré, même si les policiers ont exécuté les ordres, les Français, dans leur ensemble, désapprouvaient la politique antisémite de Vichy. Sur les 24 000 juifs que les Allemands comptaient déporter en juillet 1942, il en a manqué 10 000. C'est bien que la population les a aidés."

    parcajeu.jpgOui, c'est une réalité : beaucoup des 300.000 Juifs/Juives présent-e-s en France à l'époque (les 3/4 environ) ont survécu parce qu'ils/elles ont été protégé-e-s par de simples français-e-s (ou résident-e-s de France), souvent des gens de classe populaire.

    Mais Vichy n'est pas un accident de l'Histoire, Vichy n'était pas "illégitime" : sur le Parlement bourgeois de 1936 (celui du Front populaire !), les pleins pouvoirs à Pétain (donc le régime de Vichy et la "Révolution nationale") ont été votés par 569 députés et sénateurs, contre 80 et 20 abstentions.

    D'un point de vue juridique, du point de vue du droit et des institutions bourgeoises, Vichy était parfaitement légitime. Le régime ne perdra sa légitimité que progressivement, en 1942-43, lorsqu'avec l'entrée en guerre des États-Unis et les revers de l'Allemagne en URSS, de plus en plus de hauts fonctionnaires, d'hommes politiques, de militaires et de capitalistes se rallieront à la "France libre"... parmi lesquels le premier artisan de la rafle (!), le chef de la police René Bousquet (qui prendra contact avec la Résistance fin 1943, sera arrêté et transféré en Allemagne en juin 1944 puis libéré par les Américains à la fin de la guerre et, de retour en France, emprisonné trois ans à Fresnes ; mais sera pratiquement "blanchi" lors de son procès en 1949).

    Et pour ce qui est des rafles elles-mêmes... les Allemands, comme leurs supplétifs flics, gendarmes et miliciens français n'auront souvent qu'à "pêcher dans un aquarium".

    Il ne s'agit pas seulement du premier (octobre 1940) et du deuxième (juin 1941) "statut des Juifs", ou du "fichier Tulard" regroupant les noms et adresses des personnes juives.

    Non, car Vichy, loin d'être un "accident de l'Histoire", s'inscrit pleinement dans l'idéologie dominante de son époque, pourrissement ultime d'une "idéologie française" en vigueur peut-être depuis Napoléon, l'idéologie nationale de la France bourgeoise.

    Bien avant le Statut des Juifs... Bien avant même les premiers bruits de guerre....

    C'est dès le 12 novembre 1938 que le législateur français (la même Assemblée qui votera les pleins pouvoirs à Pétain) promulgue des décrets sur la "situation et la police des étrangers". Ces décrets prévoient le placement sous surveillance étroite des "apatrides" et des "indésirables", et même... l'internement d'une grande partie d'entre eux dans des "centres spéciaux" !

    Or, ces "apatrides indésirables" sont bien souvent des réfugiés politiques antifascistes... ainsi que des Juifs (ainsi, en 1938, la Pologne a déchu les Juifs installés à l'étranger de leur nationalité, faisant d'eux des apatrides).

    C'est donc dès 1939 que se met en place le système concentrationnaire français. Les premiers, début 1939, sont les réfugiés espagnols "rouges" de la retirada, la retraite devant la victoire franquiste.

    Bientôt les camps fleurissent : en Catalogne-Nord (Argelès, St-Cyprien, Rivesaltes) pour les "Espagnols rouges", à Rieucros (Lozère), à Gurs (Béarn), aux Milles (près d'Aix-en-Provence). Femmes et enfants sont internés au même titre que les hommes.

    Puis, avec la déclaration de guerre (septembre 1939), ce sont les ressortissants "ennemis" qui sont internés.

    Mais en fait "d'agents du Reich", ces réfugiés d'Allemagne, d'Autriche, d'Italie ou de Hongrie... sont à 90% des réfugiés antifascistes dont, là encore, un grand nombre de Juifs !

    Avec la défaite de juin 1940, l'Occupation et la collaboration de l’État français avec ces nazis qu'il a refusé jusqu'au dernier moment de combattre (espérant encore début 1940 qu'ils se retourneraient contre l'URSS...), le sort de tous ces internés était scellé...

    On voit donc bien comment la Rafle du Vel d'Hiv' est un acte de barbarie extrême, mais d'une barbarie qui s'inscrit dans une logique... Qui n'est que l'aboutissement extrême d'une logique dans des circonstances particulières (l'occupation nazie, la "croisade européenne contre le judéo-bolchévisme") : une logique de chasse au "subversif" et au "métèque" (forcément "subversif") dont le Juif "cosmopolite" était forcément l'archétype le plus parfait... Il faut d'ailleurs souligner que quelques semaines plus tard, sous la conduite du chef de la police René Bousquet (radical-socialiste, homme de gauche pour l'époque !), étaient conduites d'autres rafles... mais en zone "libre" celles-ci (11.000 Juifs raflés en août 1942), c'est-à-dire en l'absence et sans la pression du moindre occupant allemand (fait unique en Europe) !

    scan0012.jpgCeci s'inscrivait, comme vous l'aurez bien compris, dans notre préoccupation de montrer que le fascisme n'est pas un "bug", une "anomalie" de l'Histoire mais qu'il s'inscrit au contraire dans la totale continuité des idéologies et des pratiques de l’État où il voit le jour - continuité française donc, dans laquelle s'inscrit tant Vichy hier que le FN et Zemmour aujourd'hui.

    Et pour ce qui est de l'étude des faits, ce qu'il en ressort est que factuellement Zemmour a raison. Les forces du régime de Vichy, qui allaient rappelons-le (au même titre que celles de la "France libre" à Londres) de l'extrême-droite cagoularde, maurrassienne ou larocquienne à... la "gauche" bourgeoise radicale et radicale-socialiste (René Bousquet, Maurice Papon) sans oublier les "néo-socialistes" de Marcel Déat, les doriotistes issus du PC et quelques trotskystes autour d'Henri Molinier ou Jean Rous, ont majoritairement fait pression pour que soit établi un distinguo entre les Juifs "français" (les "Juifs de 1791" à qui la révolution bourgeoise avait accordé l'égalité civile - principalement les communautés historiques d'Alsace, Lorraine, Provence et Gascogne), au nombre d'environ 80.000, et les Juifs étrangers immigrés principalement entre les deux guerres (1919-39) et de l'ordre de trois fois plus nombreux (250.000). Si les premiers, qui se recrutaient de fait dans toutes les classes sociales et dans tous les partis politiques (sauf peut-être l'extrême-extrême-droite), pouvaient voir reconnaître leur "patriotisme" ("démontré" notamment dans les tranchées de 14-18), les seconds quant à eux, généralement pauvres et proches des idées marxistes ou anarchistes ou au contraire très religieux et "communautaristes", ne trouvaient pas grâce aux yeux de grand monde - incarnations de cette "anti-France" que prétendait combattre la "Révolution nationale", "virus" humains de cette "décadence" qui avait (à travers le Front populaire) "conduit à la catastrophe" de 1940.

    Et ce distinguo s'est traduit de manière très concrète dans les chiffres : si PRÈS DU TIERS des Juifs "métèques" ont été arrêtés et déportés (et plus de 97% n'en sont jamais revenus)* ; aux côtés (d'ailleurs) des réfugiés politiques antifascistes de toute l'Europe, déjà entassés dans des camps par la République dès 1939 et allègrement livrés à la Gestapo (ils eurent cependant un taux de survie légèrement supérieur) ; cela n'a été le cas que de moins de 10% des Juifs catégorisés "français" (nés ou naturalisés français avant 1919). Ainsi, lorsqu'il dit que "Vichy a sauvé 95% des Juifs français", Zemmour dit vrai (il se "trompe" certes de quelques % mais pourra toujours taxer son contradicteur de "pinaillage") ; et c'est à vrai dire un classique du personnage de savoir très exactement ce qu'il dit...

    Reste à expliquer (ce qu'il ne fait bien entendu pas...) ce que cela enlève à l'ignominie de la chose. Pour tout esprit sensé, bien évidemment RIEN : un-e innocent-e, homme, femme ou enfant envoyé-e à la mort est un-e innocent-e envoyé-e à la mort. Mais pour le francouillasse que s'évertue à être ce fils de la très antique communauté juive amazigh ("berbère", tribus converties au judaïsme il y a près de 2000 ans), cela semble clairement faire une différence : Vichy a "protégé" "ses" nationaux... Ouf, le grand roman patriotique francouille est sauf ! Et le pire c'est que dans tout le tollé médiatique qui fait rage depuis des jours, "spécialistes" et autres "éditocrates" ergotent sur à peu près tout sauf cela : EN QUOI le fait d'avoir établi une "ligne de démarcation" entre Juifs français (nés en France avant telle date) et "métèques" atténuerait en quoi que ce soit la collaboration active de l’appareil d'État français dans la déportation des Juifs vers les camps d'extermination nazis... Voilà qui montre bien l'hégémonie acquise ces dernières années par les idées zemmouriennes, ou plutôt comment les idées de Zemmour s'inscrivent dans une pensée profondément française (de fait, la VRAIE idéologie dominante bleu-blanc-rouge !) qui, après avoir été quelque peu battue en brèche entre Mai 68 et la fin du siècle dernier, revient désormais en force... et égale à elle-même !

    affiche antisemite frUne autre chose dont (par exemple) Zemmour se garde bien de parler, outre les "Statuts des Juifs" 1 (octobre 1940) et 2 (juin 1941) déjà d'initiative très largement (pour ne pas dire 100%) française, c'est de ce fait unique dans l'Europe de l'époque : la France de Vichy est le seul pays européen à avoir arrêté des Juifs (transférés ensuite à Drancy puis déportés vers la Pologne...) sur une partie NON OCCUPÉE de son territoire, en l'absence du moindre soldat ou SS ou gestapiste allemand, en zone dite "libre" au mois d'août 1942 (cette zone ne sera occupée que trois mois plus tard)** :
    http://www.ugoprod.fr/documentaires/les-rafles-de-lete-1942-en-zone-libre
    http://www.cercleshoah.org/spip.php?article87
    http://jewishtraces.org/les-rafles-du-26-aout-1942-rafles-oubliees/

    Près de 7.000 personnes seront raflées en quelques jours, presque autant qu'en région parisienne un mois plus tôt... Pourtant ces évènements sont - encore aujourd'hui - très largement méconnus du grand public et c'est la Rafle du Vel' d'Hiv' que l'on commémore chaque année, car elle permet  (ayant eu lieu en zone occupée) de s'en tenir au "roman national" 2e édition tel qu'écrit par Jacques Chirac en 1995 : la "folie criminelle" (sic) de l'occupant a été SECONDÉE par des Français... mais JAMAIS, en AUCUN CAS la Fraaaaance (monsieur !) n'a pris elle-même l'initiative d'envoyer des personnes juives (pour le seul fait de l'être) à la mort dans les camps d'extermination et les chambres à gaz !!

    Personnage emblématique (s'il en est) de ce qu'était la "Révolution nationale" puisque (comme nous l'avons dit) d'engagement politique radical-socialiste donc de gauche, René Bousquet aurait tenu au moment de ces rafles à un responsable de la police suisse (qui s'inquiétait de l'afflux de réfugiés à sa frontière) ces propos terriblement représentatifs de l'idéologie française de la persécution raciale : "Ces personnes ne nous ont pas été reconnaissantes et c’est la raison pour laquelle nous devons en libérer notre pays, pour sortir de la crise que nous traversons". N'a-t-on pas l'impression de lire là des propos quotidiens au jour d'aujourd'hui, bien que tournés désormais (principalement) vers d'autres communautés que les Juifs ?

    Tout ceci relève tout simplement des spécificités du fascisme français qu'a été la "Révolution nationale". Il s'agit tout simplement de la combinaison, du compromis qui a été trouvé entre la volonté d'affirmation souveraine, le patriot(ard)isme d'un régime qui ne voulait pas apparaître comme "à la botte de l'étranger", et la volonté d'éradiquer le "virus de l'anti-France" couplée à l'hostilité aux Juifs qui structure profondément la pensée dominante de l’État "France", dont elle est indissociable de la formation historique comme nous l'avons bien expliqué ici : http://servirlepeuple.over-blog.com/article-il-y-a-800-ans-la-rouelle-premiere-etoile-jaune-123806591.html

    Un compromis, aussi, entre le courant idéologique ("dreyfusard") favorable à une certaine acceptation assimilatrice des Juifs (à condition qu'ils sachent se montrer "reconnaissants", aurait ajouté Bousquet...) et les tenants de la ligne anti-juive "dure" traditionnelle (cf. ci-dessus), celle d'un Touvier par exemple - nous avons déjà vu que le clivage dreyfusard/anti-dreyfusard de 1900 n'a JAMAIS été synonyme systématique, 40 ans plus tard, de clivage résistant/collabo.

    Tel est le genre de contradiction qu’Éric Zemmour (qui n'en est pas à une près...), petit Amazigh (son nom signifie "olivier" dans cette langue) de religion juive dont la famille a reçu de l'Occitan shuadit Crémieux (en 1870) une citoyenneté française qui lui sera retirée trois années durant (1940-43)... par Vichy, mais qui se veut maintenant plus français que la France, a dû apprendre à gérer... Et qu'il gère plutôt avec brio - mais non sans quelques "omissions" bienvenues de la part de son immense culture historique.

    Quant à nous, nous sommes fiers d'appartenir à ce que la "Révolution nationale" de Vichy appelait haut et fort l'ANTI-FRANCE - et que la République bourgeoise issue de la "France libre" continue à penser comme tel tout bas !


    la-rafle-du-Vel-dHiv1petain.jpg1287331298 194408 Resistantsjuifs

     

    * Les chiffres fournis par Serge Klarsfeld indiquent que 75.000 Juifs ont été déporté de France vers les camps nazis et que seulement 2.000 d'entre eux en sont revenus (97,4% de mortalité). 24.500 (soit près du tiers) étaient de nationalité française mais ceci incluait environ 8.000 enfants nés en France de parents étrangers et 8.000 naturalisés (Vichy déchoyait de leur nationalité les naturalisés après 1919). Ceci ne laisse donc "que" 8.500 Juifs "vraiment" français à avoir été déportés.

    ** Erratum : il y a eu aussi la Slovaquie "indépendante" national-catholique de Mgr Tiso. Mais la source citée (Ivan Kamenec) affirme donc à tort que ce fut "le seul État non occupé à déporter "ses" Juifs par ses propres moyens". Il y eut aussi la France de Vichy... autre chose qu'une petite république fantoche d'Europe centrale !

     


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  • Au Mexique, dans l’État de Guerrero (Sud), une action politique d'étudiants des Écoles normales rurales* s'est soldée par une terrible et barbare répression dans la ville d'Iguala. Des policiers municipaux ont d'abord ouvert le feu sur un bus dont s'étaient emparés les militant-e-s, tuant plusieurs d'entre eux/elles. Ensuite de quoi, quelques 43 étudiant-e-s ont purement et simplement disparu... avant de réapparaître, pour plusieurs dizaines, sauvagement assassiné-e-s et enfouis dans des fosses communes. Comme une grande partie du Mexique, l’État de Guerrero est à la fois aux mains de gouvernants corrompus et un fief du crime organisé, les terribles cartels qui sèment la terreur dans tout le pays depuis de nombreuses années. Il avait déjà été le théâtre d'une violente répression anti-étudiante en 1960 ; il est également connu pour être l'un des théâtres d'opération de l'Armée populaire révolutionnaire (EPR) ainsi que de l'Armée révolutionnaire du Peuple insurgé (ERPI, scission de la première sur une vision - dit-on - plus "horizontaliste"/"basiste" de l'organisation et de la société à construire, ce qui en ferait finalement nos "préférés" : ils ont entendu et répondu aux bonnes questions soulevées par le zapatisme sans pour autant jeter le marxisme aux orties - l'ERPI a par ailleurs annoncé la création d'une "brigade punitive" contre les personnes et les intérêts du cartel des Guerreros Unidos, en réponse au massacre d'Iguala).


    La disparition de 43 étudiants provoque la colère des Mexicains


    10170834 876642719014871 45657632461819550 nLes recherches se poursuivaient, vendredi 3 octobre, dans l'Etat de Guerrero, dans l'ouest du Mexique, une semaine après la disparition de quarante-trois étudiants dans la ville d'Iguala, à la suite de violents affrontements avec la police, qui ont fait six morts. La veille, dix mille personnes manifestaient dans la région pour dénoncer les dérives sécuritaires et mafieuses des autorités, alors que le pays célébrait le 46e anniversaire d'un massacre d'étudiants à Mexico.

    « Nous les voulons vivants ! », scandaient les manifestants dans les rues de Chilpancingo, capitale du Guerrero, en solidarité avec les parents des jeunes disparus vendredi 26 septembre. Ce jour-là, les étudiants d'une Ecole normale manifestaient à Iguala contre la réforme de l'enseignement. Les bus de transport public qu'ils avaient confisqués dans la soirée ont été pris pour cible par des policiers municipaux. Bilan : trois morts et vingt-cinq blessés. Les agents ont aussi attaqué un bus transportant les joueurs d'une équipe de football locale et un taxi, faisant trois victimes supplémentaires. Des témoins assurent avoir vu des dizaines de manifestants se faire emmener par la police municipale.

    Depuis, vingt-deux policiers ont été arrêtés, et quatorze des cinquante-sept portés disparus sont réapparus. Les autres restent introuvables. Jeudi, les manifestants ont bloqué l'autoroute qui mène à la station balnéaire d'Acapulco, sur la côte pacifique. La circulation a été rétablie après l'annonce d'une rencontre, vendredi 3 octobre, avec le ministre de l'intérieur, Miguel Angel Osorio Chong.

    LES POLICIERS SUSPECTÉS D'ÊTRE LIÉS AU CRIME ORGANISÉ

    « Tout est mis en œuvre pour trouver les disparus », assure le gouverneur du Guerrero, Angel Aguirre, qui offre un million de pesos (59 000 euros) pour toute information permettant de les retrouver. Menées par la police et par l'armée, les recherches mobilisent aussi plus de dix-huit cents fonctionnaires locaux. Mais des soupçons sur les liens entre les policiers impliqués dans ces disparitions et le crime organisé font planer un climat d'angoisse au sein de la population. Des inquiétudes attisées par la fuite, mercredi 1er octobre, du maire d'Iguala, Jose Luis Albarca, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt.

    « La population est en colère face aux nombreuses violations des droits humains par les autorités, qui ravivent les vieux démons d'un passé autoritaire, marqué par le massacre de Tlatelolco », explique Sergio Barcena, politologue à l'Institut technologique de Monterrey. Le 2 octobre 1968, à Mexico, des militaires ouvraient le feu sur des milliers d'étudiants qui protestaient contre le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui a gouverné le pays sans partage soixante et onze durant, jusqu'en 2000. Quarante-six ans plus tard, l'omerta règne toujours sur les circonstances d'une répression qui aurait fait cent cinquante à trois cents morts, selon des enquêtes indépendantes.

    « Aujourd'hui, l'Etat central n'est plus aussi autoritaire, souligne M. Barcena. Mais les gouvernements locaux gardent une culture de répression et de corruption, accentuée par l'infiltration des institutions locales par les cartels de la drogue. » D'autant qu'une autre affaire provoque la colère des Mexicains. Le 1er octobre, trois militaires ont été accusés d'avoir assassiné de sang froid vingt-deux délinquants présumés, le 30 juin à Tlalaya, dans l'Etat de Mexico. Cinq autres soldats ont été arrêtés, après un témoignage contredisant l'affirmation précédente de l'armée selon laquelle les victimes avaient trouvé la mort dans un affrontement avec des soldats.

    HAUSSE DES DISPARITIONS

    Le 29 septembre, la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) a exprimé sa préoccupation face à « de possibles exécutions extrajudiciaires » à Tlatlaya et à Iguala. Sans compter les dénonciations des organisations non gouvernementales Human Right Watch (HRW) et Amnesty International (AI), de la hausse ces dernières années des actes de torture et des disparitions forcées.

    Ces abus relancent la polémique sur le recours à l'armée, accusée de mettre le feu aux poudres, dans la lutte contre le narcotrafic. Le président Enrique Peña Nieto, dont l'élection en juillet 2012 a marqué le retour du PRI au pouvoir, ne parvient pas à mettre fin aux assassinats liés à la guerre des cartels de la drogue, entre eux et contre le gouvernement, qui s'élèvent à six mille depuis janvier, selon le quotidien Milenio, soit plus de quatre-vingt mille morts depuis sept ans et demi. « La protection des droits humains doit être une pratique systématique dans l'exercice de l'autorité », a promis, le 1er octobre, M. Peña Nieto. Le temps presse pour retrouver les disparus d'Iguala. Sinon la politique sécuritaire du gouvernement risque d'être décrédibilisée.

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    Finalement donc, comme nous l'avons dit, les disparu-e-s ont été retrouvé-e-s... sauvagement assassiné-e-s :


    Mexique : deux criminels avouent avoir tué 17 étudiants


    Quarante-trois étudiants avaient disparu fin septembre à Iguala. Des fosses contenant 28 corps ont été découvertes samedi ; des analyses ADN viendront dire si certains des étudiants disparus en font partie.

    Le doute sur le sort des 43 étudiants mexicains disparus le 29 septembre à Iguala s’est dramatiquement réduit dimanche soir : deux membres présumés d’un gang criminel ont avoué avoir tué 17 d’entre eux, a annoncé un procureur régional. Iñaky Blanco, procureur de l’Etat du Guerrero, a également annoncé lors d’une conférence de presse que 28 corps avaient été retrouvés jusqu’à présent près de la ville d’Iguala. Mais il faudra au moins deux semaines pour établir avec certitude qu’il y a parmi ces cadavres certains des étudiants disparus, a-t-il dit.

    Les 43 jeunes portés disparus depuis 10 jours sont des élèves de l’école normale d’Atzoyinapa, proche de Chilpancingo, capitale de l’Etat de Guerrero, connue pour être un foyer de contestation. Ces étudiants étaient venus le 26 septembre avec des dizaines d’autres du même établissement à Iguala, à 100 km environ de leur école pour, selon leurs dires, récolter des fonds et manifester. Ils s’étaient ensuite emparé de trois autobus des transports publics locaux pour rentrer chez eux.

    Des policiers municipaux et des hommes armés non identifiés avaient tiré sur ces autobus, faisant trois morts, et d’autres fusillades dans la soirée avaient fait trois autres morts. Puis on est resté sans nouvelles de 43 étudiants. Des témoins ont assuré avoir vu des dizaines d’étudiants être emmenés peu après dans des voitures de police vers une destination inconnue.

    Le directeur de la sécurité publique et le maire en fuite

    Le procureur Blanco a annoncé que deux présumés criminels du groupe Guerreros Unidos - sur la trentaine de personnes arrêtées dans cette affaire - «ont indiqué avoir participé directement au meurtre d’étudiants». Les tueurs ont fait descendre les étudiants d’un autobus, «se sont emparé de 17 d’entre eux pour les transférer vers les hauteurs d’une colline de Pueblo Viejo (commune d’Iguala) où ils ont des fosses clandestines et où ils disent les avoir abattus», a déclaré le procureur.

    Les deux détenus ont assuré que l’ordre de venir sur les lieux où se trouvaient les étudiants avait été donné par le directeur de la sécurité publique d’Iguala. L’ordre de les capturer et de les assassiner aurait été donné par un des dirigeants des Guerreros Unidos, surnommé «El Chucky». Tant le directeur de la sécurité publique que le maire d’Iguala, Jose Luis Albarca, ont pris la fuite après les fusillades. Ils sont actuellement recherchés par la justice.

    Dans ces fosses découvertes samedi, les autorités ont exhumé jusqu’à présent «28 corps au total, certains complets, d’autres fragmentés et présentant des signes de calcination», a aussi dit le procureur. «Dans les fosses localisées à Pueblo Viejo, a été mise en place une couche de branches et des troncs sur lesquels ont été placés les corps des victimes, qu’il ont arrosé d’une substance inflammable, du diesel, de l’essence ou du pétrole», a-t-il détaillé.

    Un des pires massacres au Mexique

    dt.common.streams.StreamServer.clsIñaky Blanco a demandé que l’on attende les résultats des tests génétiques pour confirmer qu’il y a parmi eux certains des étudiants disparus. Des spécialistes argentins, dirigés par l’anthropologue et légiste Mercedes Loreti, vont participer aux travaux d’identification des cadavres. Des représentants des étudiants de l’école normale ont accepté de participer aux travaux.

    Dans la journée de dimanche un avocat des familles, Vidulfo Rosales, avait indiqué que 35 parents des victimes avaient déjà fourni des échantillons d’ADN. Mais ce travail risque de durer : «Les spécialistes en la matière considèrent que le processus pour déterminer l’identité des restes va osciller entre 15 jours et deux mois», a souligné le procureur.

    Tandis que les familles attendaient des nouvelles dans l’angoisse, des centaines de collègues des élèves-enseignants ont bloqué l’autoroute menant de Chilpancingo à Acapulco, exprimant leur colère à l’intention des autorités. Le gouverneur de Guerrero, Angel Aguirre, a lancé un appel au calme et à «éviter la violence».

    S’il se confirmait que les corps trouvés sont ceux des étudiants disparus, il s’agirait de l’un des pires massacres au Mexique depuis le début de la guerre lancée en 2006 contre les narcotrafiquants et qui a fait plus de 80 000 morts.

    AFP


    Lire aussi :

    MEXIQUE. Une fosse commune à l'endroit où 43 étudiants ont disparu


    Ou encore l'article (en castillan) d'une organisation marxiste-léniniste du Panama :
    http://nuevademocraciapanama.<wbr>blogspot.fr/2014/10/mexico-<wbr>matanza-de-57-estudiantes.html


    En français, l'article du site "zapatiste" Basta! offre une bonne présentation militante des faits :


    Mexique - "Y el señor andaba bailando" : la nuit d'Iguala


    par Fausto Giudice, 7/10/2014

    Un maire mafieux, complice d'un gouverneur d'État mafieux, couvert par un Président mafieux, donne l'ordre à ses hommes de tuer puis va danser, pendant que les tueurs agissent dans la nuit, tuant, blessant, kidnappant des jeunes étudiants en lutte, mais aussi des passants, des footballeurs, des passagers de taxi, bref tout ce se trouve sur le parcours de leurs projectiles. Bilan provisoire de l'horreur qui vient d'ensanglanter la ville d'Iguala de la Independencia : 49 morts, 17 blessés, 22 policiers municipaux détenus, un maire en fuite, recherché par Interpol, et un pays tétanisé par ce nouvel épisode la chronique noire d'une plongée dans l'abîme. Retour sur les événements de la nuit d'Iguala.

    D'abord un peu d'histoire et de géographie.

    Les scènes se passent dans l'État du Guerrero, dans le sud du Mexique, nommé d'après Vicente Guerrero, le 2ème président éphémère (8 mois) du Mexique indépendant au destin tragique : venu au pouvoir par un coup d'État, il fut destitué par un autre coup d'État et capturé puis fusillé par un acte de traîtrise (une invitation à déjeuner) préfigurant un acte similaire qui provoquera la mort, presque un siècle plus tard, d'Emiliano Zapata. Le Guerrero, connu à l'étranger pour son haut lieu de cauchemar climatisé touristique d'Acapulco – une Babylone du Pacifique – est à l'image du reste du Mexique : livré à la prédation sauvage de la part d'un conglomérat de groupes criminels – narco-gangs, partis politiques, policiers pourris, bureaucrates corrompus, entrepreneurs mafieux, élus par achat de votes - collaborant tous entre eux. Ce pauvre Mexique, "si loin de Dieu et si proche des USA", est aujourd'hui réduit à l'état d'une Colombie où les frontières entre "politique" et "parapolitique" (terme colombien désignant les représentants parlementaires des groupes paramilitaires auxquels l'armée et la police sous-traitent le "sale travail") se sont effacées, et connaît une très forte conflictualité sociale. Les conflits qu'il vit portent sur des thèmes universels : la terre, l'eau, l'éducation, la santé, bref la défense des communs contre la prédation qui, au nom du marché, détruit le cadre de vie et les conditions mêmes de survie de la population. Une des batailles les plus spectaculaires qui se livre depuis des années concerne l'éducation. Dans ce domaine comme dans d'autres (la structure agraire) les régimes qui se sont succédé au Mexique depuis 20 ans ont tous poursuivi le plan visant à démanteler les acquis de la Révolution mexicaine de 1910, autrement dit l'éducation libre et gratuite pour tous. 

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    Une des structures les plus importantes issues de la Révolution sont les écoles normales rurales, qui forment les instituteurs ruraux, généralement eux-mêmes issus de milieux paysans et indiens (les Mexicains disent "indigènes"). Vivant en internat, les normaliens alternent formation théorique et pratique, passant la quatrième année de leur cursus comme instituteurs-stagiaires dans une école primaire rurale. Le gouvernement d'Enrique Peña Nieto veut tout simplement les liquider comme "résidu anachronique", arguant que désormais on n'en a plus besoin. Cela entraînerait tout bonnement la disparition de l'école de base dans toutes les zones rurales abandonnées par l'État. Les normaliens font donc de la résistance depuis plusieurs années, payant un lourd tribut : 2200 d'entre eux ont été arrêtés depuis 2000.

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    Les luttes des normaliens sont des luttes de survie, donc violentes. Les lieux et objets emblématiques de ces luttes sont les autobus, les péages d'autoroutes et les boîtes en fer blanc. Explications : les normaliens ont en permanence la fringale et le ventre vide, vu que le gouvernement leur coupe les vivres. Ils sont obligés de financer eux-mêmes leurs déplacements entre les écoles où ils sont internés, leur lieu d'origine et les localités où ils font leurs stages. Ils récupèrent donc des autobus privés ou publics, occupent – "libèrent" - des péages d'autoroutes, dont ils demandent aux préposés de dégager et démontent les caméras de surveillance et organisent des "coperachas", des collectes d'argent, parfois un peu trop insistantes, ce qui déclenche parfois des bagarres généralisées, par exemple avec les chauffeurs de taxis collectifs, de bus ou de camions qui s'insurgent contre ce "racket". Les malheureux chauffeurs ont des circonstances atténuantes : ils sont déjà soumis aux exigences de "mordida" (orig. morsure), le bakchich traditionnel prélevé sous tout prétexte par les policiers, et au racket des gangs criminels. Mais le plupart des gens sollicités acceptent sans problèmes de mettre un petit billet dans les boîtes de conserves tendues par les normaliens en lutte, qui pourraient être leurs enfants ou leurs petits frères.

    Venons-en à Iguala de la Independencia. C'est une ville de 120 000 habitants, à mi-chemin de Mexico et d'Acapulco. Elle est entrée dans l'histoire puisque c'est là que fut signé et proclamé le Plan d'Iguala, déclaration d'indépendance du Mexique, fruit d'un accord entre Iturbide, le monarchiste qui se voulait empereur, et Guerrero le libéral, républicain et franc-maçon. Et c'est à Iguala, en ce même jour historique du 24 février 1821, que le tailleur et coiffeur José Magdaleno Ocampo inventa le drapeau mexicain. Jamais depuis la conquête espagnole Iguala n'avait si peu mérité son nom originel en langue nahuatl (la langue des Aztèques) de yohualcehuatl, qui signifie "là où la nuit apporte la sérénité".

    Ce qu'a apporté la nuit du vendredi 26 au samedi 27 septembre 2014, à Iguala, a été tout le contraire de la sérénité. Dans l'après-midi, les normaliens en lutte de l'École normale rurale Raúl Isidro Burgos d'Ayotzinapa, à 126 km de là, étaient arrivés en ville pour collecter de l'argent afin de financer leur déplacement collectif vers la capitale, pour y participer à la grande manifestation prévue le jeudi 2 octobre, en commémoration du massacre de Tlatelolco. Le 2 octobre 1968, plusieurs centaines d'étudiants en lutte de la capitale avaient été massacrés par des snipers des escadrons de la mort sur la Place des Trois-Cultures. Ce traumatisme n'a jamais été guéri, le crime étant resté impuni à ce jour, 46 ans plus tard. Symbole de la criminalité du pouvoir en place, Tlateloco déclenche une prise de conscience qui conduit certains militants étudiants à rejoindre la voie de la lutte armée, dans laquelle divers militants se sont engagés durant les années 1960. Parmi eux Lucio Cabañas et Genaro Vázquez, étudiants de cette même école d'Ayotzinapa. Lucio fonda le Parti des Pauvres et tomba au combat le 2 décembre 1974, âgé de 36 ans. Genaro, plus âgé que lui (il avait 7 ans de plus) et avec une déjà longue expérience de lutte syndicale, passa à la lutte armée en 1968, après avoir été libéré de prison par ses camarades, créant l'Asociación Cívica Nacional Revolucionaria (ACNR). Il est mort le 2 février 1972 à Morelia, dans des circonstances restées mystérieuses à ce jour : il semble qu'il ait été laissé mourir par les militaires qui avaient découvert son identité suite à un accident de voiture dans lequel il avait été gravement blessé.

    Cabañas et Vázquez sont considérés comme des héros, au même titre que Che Guevara ou Emiliano Zapata, par les normaliens en lutte d'aujourd'hui. Ce vendredi-là, les normaliens se retrouvent en plein Iguala face aux policiers municipaux accompagnés de tueurs du gang criminel Guerreros Unidos, sous les yeux de militaires et de policiers fédéraux complices, qui laisseront faire. Les tueurs attaquent et tirent. Les normaliens se dispersent, les tueurs les poursuivent. Bilan de la nuit : 6 morts, 17 blessés graves et une soixantaine de normaliens disparus, c'est-à-dire kidnappés par les escadrons de la mort. La réaction de toute la société mexicaine est un mélange d'indignation et de résignation rageuse. Tout le monde se met à enquêter : la "justice" – le procureur ordonne l'arrestation de 22 policiers municipaux -, les citoyens, les médias. Quelques jours plus tard une douzaine de kidnappés réapparaissent, vivants. On vient de retrouver les corps des 43 autres, brûlés, dans 6 fosses communes.

    Les travailleurs de l'Ecole normale d'Ayotzinapa exigent :
    -le châtiment des assassins de normaliens
    -la destitution des fonctionnaires complices
    Ayotzinapa unie jamais ne sera vaincue

     

    Entretemps, les normaliens ont participé activement et en masse au grand rassemblement du 2 octobre sur le Zócalo de Mexico en commémoration de Tlatelolco.

    Zócalo, 2 octobre. Photos Argelia Zacatzi Pérez mezcali

    Les normaliens exigent de revoir en vie leurs camarades disparus

    Por mi raza hablará el espíritu (« pour ma race parlera l'esprit »), la devise de l'Université nationale autonome du Mexique forgée par l'écrivain José Vasconcelos qui en fut le recteur de 1920 à 1921. La « race » fait référence à la « race cosmique » décrite par Vasconcelos, celle issue, en Amérique latine, du métissage de deux cultures (européenne et amérindienne). Elle n'a rien à voir avec le "concept" européen de "race"

     

    Pour demain mercredi 8 octobre, est prévue au même endroit une grande manifestation contre la boucherie d'Iguala, qui s'ajoute à la longue liste qui va de Tlateloclo à Acteal en passant par Aguas Blancas en 1995 et le massacre d'étudiants dit du Jour de Corpus Christi, le 10 juin 1971, effectué par le groupe clandestin des Halcones, les "faucons" formés par la CIA, crime pour lequel le président d'alors, Luis Echeverría Álvarez, inculpé en 2005, a bénéficié d'un non-lieu pour "absences de preuves" en 2009. Faudra-t-il attendre l'an 2048 pour que des poursuites soient engagées contre le président Enrique Peña Nieto, auquel les deux premiers responsables du massacre d'Iguala sont étroitement liés ?

    Ces deux hommes sont :

    - Le maire d'Iguala, actuellement "en fuite" et recherché par Interpol : après avoir donné l'ordre à ses sbires de tirer sur les normaliens, dans la soirée, il est allé danser. "Y el señor andaba bailando", commentait une présentarice de télévision. L'homme a le profil classique du "parapolitique" mexicain du XXIème siècle. José Luis Abarca Velázquez a commencé comme marchands de sombreros sur les marchés, puis s'est retrouvé à la tête de grands supermarchés et d'autres entreprises lucratives. L'explication du mystère de son enrichissement est simple : c'est un blanchisseur d'argent du crime organisé. Avec cet argent, il a pu s'acheter un poste de maire après s'être acheté une place au PRD, le parti de la "Révolution démocratique", qui mérite ses guillemets car il n'est qu'un PRI bis, c'est-à-dire, une machine mafieuse de pouvoir (remarque en passant : les 2 partis sont membres de l'Internationale socialiste, lisez ceci si vous cherchez encore de bonnes raisons de vous foutre en colère. Mais bon, l'IS a quand même attendu le 17 janvier 2011 pour exclure le RCD du dictateur tunisien Ben Ali, trois jours après sa chute et sa fuite, et le 31 janvier 2011 pour exclure le PND de Moubarak, 12 jours avant la chute de celui-ci). Le PRD a bien sûr exclu Abarca de ses rangs… il y a deux jours, ce qui fait rire jaune les Mexicains. Je vous mets sa photo, au cas où vous le croiseriez, Interpol vous donnera une récompense. Sa page existe toujours sur Facebook, où son dernier post, en date du 29 septembre, souhaite un bon dimanche à ses administrés. Vous pouvez écrire à Mark Zuckerberg pour lui demander de supprimer cette page, puisque c'est celle d'un criminel recherché par Interpol…

    - Le gouverneur du Guerrero, Ángel Aguirre Rivero, lui aussi, bien sûr "militant" du PRD et élu en 2011. Lui aussi lié aux Guerreros Unidos, le gang local de narcotueurs, il a pratiqué les retours d'ascenseur avec Abarca, ce qui est normal puisqu'ils mangeaient au même râtelier. Voici deux photos du bonhomme: la première, photoshopée, de sa campagne électorale de 2011 et la seconde, qui le montre sous son vrai visage. Notez l'impudence du candidat, qui a carrément utilisé comme message de sa campagne le subliminal "Unidos transformaremos Guerrrero" (Unis nous transformerons Guerrero), qui évoquait immédiatement ses narcocriminels d'amis, protecteurs et financeurs, les Guerreros Unidos.

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    Nous avons déjà eu l'occasion de caractériser - dans cet article d'août 2013 - le phénomène latino-américain des cartels (crime organisé) comme une expression, au même titre que les islamistes dans les pays musulmans, du "capitalisme d'en bas" qui émerge de manière informelle et spontanée des entrailles de la "société civile" (où les gens produisent et vendent, bref font du bizness, et certains deviennent riches et d'autres pas...) face au "capitalisme d'en haut", celui que l'impérialisme perçoit comme "normal" et impulse à travers une bourgeoisie bureaucratique-compradore à sa solde. Une expression particulièrement visible et violente (du fait du caractère illégal de la marchandise qu'elle manie) de ce capitalisme "spontané" "d'en bas" qui, contrairement au capitalisme bureaucratique-comprador "d'en haut", ne va pas permettre au surproduit (plus-value "sur-accaparée") de "remonter" correctement jusqu'aux monopoles impérialistes - qui le combattent donc en conséquence, dans leur perspective de domination totale des économies du "Sud" (comme l'explique doctement  au sujet du Mexique cet expert en renseignement, spécialiste du crime organisé : "le pays a besoin d’investisseurs étrangers et ceux-ci risquent d’y regarder à deux fois si la corruption et l’insécurité sont galopantes"...).

    Mais nous avions également expliqué - et nous en avons maintenant la terrible illustration - que ces forces expression du "capitalisme d'en bas" n'étaient nullement "subversives" et encore moins "progressistes" : elles se caractérisent généralement par une grande barbarie dans leurs pratiques quotidiennes et dès que le vent de la révolte populaire se lève, elles ont systématiquement tendance à "faire bloc" avec la classe dominante "d'en haut" pour l'écraser. Cela ne date pas d'hier : il suffit de penser au rôle des fameuses triades dans la répression-massacre des communistes en Chine, en 1927.

    Au Mexique cette collusion est totale, certains groupes armés des cartels étant même directement issus des forces armées contre-révolutionnaires de l’État, comme les tristement célèbres Zetas.

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    Il faut bien avoir à l'esprit un certain nombre de choses :

    - Le Mexique partage plus de 3.000 km de frontière avec la première puissance impérialiste mondiale, les États-Unis ; une frontière qui en bien des endroits n'a plus grand chose à envier au fameux et défunt Rideau de Fer (dont les anticommunistes nous ont rebattu les oreilles pendant 40 ans...) ou au mur de séparation des territoires occupés en Palestine ; gardée d'ailleurs (du côté US) par de féroces patrouilles policières militarisées et de sinistres milices racistes (les Minutemen) qui ont sans doute déjà assassiné des milliers de personnes (lire ici, ici et ici ; on rappellera aussi qu'au Nord de cette frontière se trouve... la moitié de l'ancien territoire mexicain, annexé en 1848 après deux ans de guerre sanguinaire puis colonisé). Il s'agit donc d'une ligne de front directe entre "Nord" et "Sud", entre le monde impérialiste et le monde semi-colonisé, comme il y en a peu à travers le monde (la Palestine en est une autre, ou encore les enclaves "espagnoles" de Ceuta et Melilla au Maroc). C'est là tout le sens de ce que proclamait déjà, à la fin du 19e siècle, le président-dictateur Porfirio Díaz lui-même : "Pauvre Mexique, si loin de Dieu, si près des États-Unis !". Cette ligne de front ne se traduit pas (pour le moment) par une lutte armée entre les deux bords, mais par la puissance des flux dans un sens comme dans l'autre : la force de travail (migrants) et la marchandise vont du Mexique vers les États-Unis (dont cette marchandise illégale et ultra-lucrative que sont les stupéfiants) tandis que le capital, les dollars redescendent dans le sens inverse - investis dans des entreprises à bas coût de main d’œuvre installées près de la frontière (les maquiladoras) ou dans les poches des touristes qui viennent les claquer à cœur-joie, y compris dans des "commerces" aussi sordides que la prostitution (l'ultra-violence qui règne depuis une dizaine d'années a cependant "refroidi" les moins téméraires). Tous ces facteurs donnent à l'économie "souterraine" du Mexique des caractéristiques très particulières (notamment le fait que certaines organisations criminelles sont... plus riches que bien des administrations locales, voire des États fédérés !) et débouchent sur des pratiques de guerre contre le peuple absolument effroyables, comme ces disparitions de centaines de femmes (salariées des maquiladoras sans doute en quête d'un "passage" vers le Nord et/ou plus ou moins acculées à la prostitution) dans la région de Ciudad Juárez. Ces flux gigantesques de capitaux descendant du Nord et de marchandises (ou de force de travail) en provenance du Sud forment en fait un gigantesque "gâteau" que des dizaines de centres de pouvoir concurrents cherchent à se partager (il faut bien comprendre que la drogue - aux côtés du jeu, de la prostitution ou encore du "passage" d'immigrants - est une base d'accumulation permettant de se constituer très vite un énorme capital, mais qu'ensuite les investissements se font dans toutes sortes d'activités économiques y compris tout à fait légales). La violence atteint un degré de barbarie sans nom, avec de macabres mises en scènes des victimes qu'il serait insoutenable de montrer ici (on peut voir ici la photo d'un des étudiants retrouvés mais vous n'êtes pas obligés de cliquer sur le lien - cette pratique de l'arrachement du visage est courante chez les cartels, trouvant peut-être son origine dans l'ancien culte nahua de Xipe Totec). Plus on s'approche de la frontière avec les États-Unis plus le phénomène est fort, mais c'est tout le territoire qui est concerné.

    iguala father- C'est un État très décentralisé (fédéral selon sa constitution) avec des pouvoirs locaux très puissants et autonomes, qui ne sont pas de simples rouages de l’État central. Ce n'est pas que nous (affreux "régionalistes" occitans que nous sommes) soyons de grands défenseurs de la centralisation étatique ; mais c'est un constat de fait : les pays dominés, les États semi-coloniaux d'une certaine taille se caractérisent TOUJOURS par cette importance des pouvoirs et des potentats locaux. C'est même ce qui permet de distinguer un pays semi-colonisé "émergent" (à forte croissance) comme le Mexique, le Brésil ou l'Inde d'un nouvel impérialisme comme la Chine (où l’État central est très fort). Un État qui devient impérialiste passe toujours par une phase de centralisation autoritaire (y compris les États-Unis fédéraux après la Guerre de Sécession). C'est absolument logique : un État faible livre littéralement en pâture ses forces productives aux capitalismes plus puissants. Au Mexique, donc, ces pouvoirs locaux forment véritablement ce que les communistes turcs appelleraient "l’État profond" : des régimes despotiques, clientélistes, répressifs brutaux et corrompus, alors que l’État central essaye  - depuis une vingtaine d'années du moins - d'assumer une certaine "respectabilité" internationale. C'est surtout contre eux que les grands soulèvements populaires des 10 dernières années ont éclaté, comme par exemple la "Commune de Oaxaca" contre le corrompu et tyrannique gouverneur Ulises Ruiz (1-2-3-4). C'est encore le cas aujourd'hui dans le Guerrero. Et ces pouvoirs locaux n'hésitent que rarement à pactiser avec les tout-puissants cartels, forces susceptibles de commander au comportement social (donc à la loyauté envers le pouvoir en place) de centaines de milliers de personnes auxquelles elles inspirent soient le respect, soit la terreur soit un peu des deux...

    - Du fait même de l'illégalité de leurs activités, les contacts entre les cartels et les forces de sécurité de l’État sont de toute façon permanents. Les premiers ont systématiquement affaire aux secondes, qui sont en principe chargées de les mettre hors d'état de nuire. Alors on s'affronte, affrontements qui ont fait plus de 80.000 morts depuis 2006 ; mais on s'arrange aussi... L’État est parfois prêt à "fermer les yeux" sur certaines choses, à laisser se faire tranquillement certaines "affaires" en échange de quelques "menus services". Et notamment des "services" consistant à l'aider à "tenir" ces foutues masses populaires dans un pays considéré comme l'un des plus inégalitaires au monde, où les revenus moyens de 10% les plus pauvres sont de l'ordre de 20 fois inférieurs à ceux des 10% les plus riches... 10% les plus riches dont font évidemment partie les capos des cartels ! Ainsi, petit à petit, le "jeu" du gendarme et du voleur s'est mué en une interpénétration totale et profonde entre l’État et le crime organisé ; jusqu'au point où - comme on l'a vu - des policiers et des militaires à la retraite (ou éventuellement radiés pour corruption) passent directement au service de ce dernier, quand ils ne sont pas carrément flics le jour et sicarios (hommes de main, tueurs sur contrat, chargés d'enlèvements contre rançon etc.) la nuit !

    C'est donc un ennemi protéiforme qu'affrontent les masses et notamment la JEUNESSE populaire du Mexique, en lutte contre le "néolibéralisme" qui est le nom donné là-bas à l'ordre semi-colonial semi-féodal dans la forme très dure qu'il a pris depuis une trentaine d'années. Protéiforme mais formant néanmoins un tout indivisible, malgré la violence (apparente) des affrontements qui peuvent "opposer" l'aile étatique centrale à l'aile mafieuse liée aux pouvoirs locaux. La violence criminelle pourrait bien, par exemple, servir un jour de prétexte (c'est d'ailleurs déjà un peu le cas) à un état d'exception militarisé qui ferait tout sauf les affaires des progressistes... Dans cette situation, au demeurant, une partie des forces mafieuses serait peut-être éliminée mais une autre trouverait très certainement un modus vivendi avec le pouvoir, comme cela a pu se passer en Russie avec Poutine (ou dans le Sud italien sous Mussolini).

    L'ennemi des masses et de la jeunesse du Mexique, c'est le système semi-colonial semi-féodal mis en place par l'impérialisme (principalement US) à son service ; un système qui doit être balayé par la Guerre du Peuple.

    Ce jour-là les assassins mafieux et fascistes verront s'abattre sur eux le bras du juste châtiment ; et ce seront leurs cadavres qui pourriront suspendus aux branches des belombras !

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    * Créées après la "révolution" (modernisation bourgeoise radicale sous pression populaire) des années 1910, les ENR accueillent de manière relativement démocratique les jeunes de milieu populaire des campagnes pour devenir instituteurs. Elles font l'objet (depuis une quinzaine d'années environ) d'une offensive du gouvernement mexicain pour les priver de moyens et (à terme) les liquider - le président actuel, Enrique Peña Nieto, a parlé de "résidus anachroniques" à leur sujet. Leurs enseignants et étudiants sont donc en résistance depuis de nombreuses années et ont déjà payé un lourd tribut : on parle de plus de 2.200 arrestations depuis l'an 2000.
     

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  • harcelée par l'État français pour son combat quotidien d'affirmation progressiste du Peuple occitan :

    http://comitat-libertat-tor.blogspot.fr/


    tract-a5-repression17oct_verso.jpgtract-a5-repression17oct recto


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  • kurd2Après avoir évoqué la mort tragique d'Hervé Gourdel aux mains d'émules algériens du sinistre Daesh, et rappelé quel "phare" de la Révolution mondiale devait être - pour tout maoïste et même tout marxiste - la Guerre populaire en Inde, il nous faut maintenant parler de ce qui n'est peut-être pas encore un "phare" mais très certainement une lueur d'espoir dans la nuit d'horreur qui s'est abattue sur le Proche et le Moyen Orient : la résistance héroïque du Peuple kurde qui, notamment en Syrie mais aussi en "Turquie" et en Irak, combat aussi bien les régimes bureaucratiques-compradores à la solde de l'impérialisme (impérialisme occidental comme l’État turc ou bloc russo-chinois comme le régime Assad, peu importe !) que le nouveau monstre du clair-obscur du djihadisme ("État islamique"/Daesh, Front al-Nosra etc.), jailli des entrailles putrescentes de cet état de fait impérialiste.

    Telle est en effet la réalité des choses : l'impérialisme, la concurrence (entre puissances) en son sein et les monstres qu'il engendre (de fait, les expressions armées de concentrations capitalistes locales qui n'acceptent plus la tutelle du "Nord") parsèment la planète de conflits sanguinaires, mais dans tous ces conflits ou presque existent des forces positives auxquelles les communistes se doivent d'apporter leur soutien. Au Proche et Moyen Orient, la résistance et surtout (bien entendu) la résistance PROGRESSISTE des Kurdes (PKK, PYD) en fait partie.

    Nous l'avions déjà évoquée il y a quelque mois en traduisant un article maoïste états-unien qui y voyait l'embryon d'une Guerre populaire locale - en Syrie du moins, car en Irak les peshmergas luttent non moins héroïquement mais sous l'autorité d'un Kurdistan "autonome" (depuis 1992) totalement bourgeois et lié à l'impérialisme occidental (c'est même son "meilleur élève" dans la région).

    kurd820 Dans la région de l’État syrien appelée Rojava (ce qui signifie "ouest" en kurde : "Kurdistan occidental"), c'est en réalité depuis 2012 que les Unités de Protection du Peuple (YPG du PYD, lié au PKK du Kurdistan "turc") ont rejeté tant la botte du régime baasiste que celle de l'opposition pro-occidentale et djihadiste et ont conquis une autonomie de fait où sont mis en application les principes du "confédéralisme démocratique" (lire aussi ici et ici).

    C'est une lutte inégale et difficile car si l'impérialisme occidental s'oppose lui aussi (officiellement) tant au régime de Damas et à son allié iranien qu'aux djihadistes (et l'impérialisme russo-chinois tant aux forces pro-occidentales de l'ASL qu'aux mêmes djihadistes), il ne souhaite évidemment pas voir se consolider dans la région ce qui pourrait bien devenir une BASE ROUGE de la Révolution mondiale.

    Les combats font actuellement rage dans le secteur de Kobanê :
    http://www.actukurde.fr/<wbr>actualites/687/les-kurdes-<wbr>syriens-seuls-mais-determines-<wbr>a-vaincre-daesh.html
    http://www.actukurde.fr/<wbr>actualites/686/les-kurdes-<wbr>avancent-en-syrie-et-en-irak.<wbr>html
    http://www.actukurde.fr/<wbr>actualites/688/kurdistan-<wbr>syrien-la-resistance-de-<wbr>kobane-est-la-stalingrad-du-<wbr>moyen-orient.html
    http://www.dailymotion.com/<wbr>video/x26tg9l_vive-la-<wbr>resistance-de-kobane-au-<wbr>kurdistan_news

    Du côté "turc", la jeunesse prolétaire et paysanne kurde se rue à la rescousse de ses frères "syriens" pour combattre à leurs côtés, mais l’État turc (qui "combat" officiellement le Daesh au sein de la coalition occidentale) ne veut bien entendu pas entendre parler d'un tel sentiment populaire kurde transfrontalier et les réprime très brutalement :
    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20141008.OBS1410/kobane-les-emeutes-kurdes-ont-fait-14-morts-en-turquie.html
    http://www.leparisien.fr/international/en-turquie-les-manifestations-kurdes-pour-kobane-font-14-morts-08-10-2014-4196665.php

    En Hexagone, les communautés kurdes ont appelé à des rassemblements en solidarité avec la lutte là-bas, comme par exemple ce samedi à Marseille/Marselha.

    À Paris, les militant-e-s d'Alternative Libertaire ont prononcé une allocution que (bien que maoïstes et non libertaires) nous partageons très largement dans les grandes lignes - et que nous reproduisons donc :


    ALLOCUTION D’ALTERNATIVE LIBERTAIRE


    kurd3 Aujourd’hui, Kobanê, au Kurdistan occidental, est assiégée par les forces barbares de l’État islamique – Daech.

    Aujourd’hui, Kobanê se bat pour la liberté, pour la démocratie et pour les droits des femmes.

    Aujourd’hui, Kobanê se bat héroïquement, malgré le double jeu du gouvernement turc, malgré les atermoiements de la coalition dirigée par Washington.

    Aujourd’hui, Kobanê est devenu le symbole de la résistance du Rojava syrien, mais pas seulement.

    Si Kobanê tombe, ce n’est pas seulement tout le Rojava qui sera menacé, c’est aussi un modèle politique et social : celui du confédéralisme démocratique et de l’autonomie démocratique, édifié depuis le 19 juillet 2012.

    C’est pourquoi, sous le drapeau des Unités de protection populaire (YPG) qui défendent Kobanê, on trouve côte à côte des miliciennes et des miliciens kurdes, arabes, turcs, qu’ils soient musulmans, yézidis, chrétiens ou athées. Toutes et tous se battent côte à côte contre les fanatiques.

    C’est pourquoi la défense de Kobanê et du Rojava syrien intéresse non seulement le peuple et la diaspora kurde, mais aussi toutes et tous les partisans de l’émancipation, les féministes, les anticolonialistes et les anticapitalistes.

    Kobanê doit pouvoir compter sur les milliers de jeunes gens, révolutionnaires, syndicalistes, anticolonialistes, libertaires qui sont venus de toute la Turquie pour défendre la ville, et qui aujourd’hui sont bloqués à la frontière par l’armée turque.

    Car Kobanê et le Kurdistan n’ont pas pour seul ennemi l’État islamique.

    Ils ont d’autres ennemis, plus sournois, qui aimeraient que Daech fasse le « sale boulot » à leur place : Bachar el-Assad et Recep Tayyip Erdoğan.

    kurd1Quant aux États-Unis, après avoir longtemps hésité, ils ont bombardé les forces de Daech qui assiègent Kobanê. Cependant, il faut savoir que s’ils ne souhaitent pas la victoire de Daech, ils ne souhaitent pas non plus la victoire du modèle politique et social que représente le Rojava.

    On parle aujourd’hui d’une possible intervention terrestre contre Daech dans la région de Kobanê. Pourtant ce serait une catastrophe si demain, au nom de la lutte contre le djihadisme, l’armée turque occupait militairement le Rojava. Ce serait la fin de l’autonomie populaire, le démantèlement des milices d’autodéfense, la prison pour les révolutionnaires.

    Le peuple kurde a besoin d’armes pour défendre Kobanê et le Rojava. Il n’a pas besoin de subir l’occupation de l’armée turque ou américaine.

    Vive Kobanê libre, vive le Kurdistan libre, vive la révolution.


    ***************************************************************

    On signalera aussi qu'à Strasbourg (Elsass), des militants kurdes ont subi l'agression de nationalistes turcs.

    Les camps de la Révolution et de la Réaction mondiale se cristallisent de manière tous les jours plus claire, même lorsqu'au niveau des "relations internationales" et de la "géopolitique" le plus grand "méli-mélo" semble régner...

    kurd6

    De fait, si les conceptions de ces héroïques combattant-e-s kurdes (voir aussi ici) peuvent sembler fort éloignées des canons du marxisme voire apparaître comme "pure hérésie (pardon) révisionnisme" à d'aucun-e-s*, elles nous semblent bien - à nous - tendre vers notre conception de la société à construire : un "État" oui, au sens d'instrument politique d'une classe (en l’occurrence le prolétariat et les autres classes populaires, laborieuses) pour défendre ses intérêts et son projet politique (en l'occurrence la vraie démocratie qui est le socialisme, l'émancipation humaine totale qui est le communisme !), mais un "État" qui par sa nature de classe différente (non-bourgeoise) ne peut être que de type radicalement nouveau ; un État par et pour le Peuple consistant en une fédération des unités de base du Pouvoir populaire que nous appelons (en référence à notre histoire occitane et "française") les Communes (mais que les Kurdes et les autres peuples peuvent tout à fait appeler autrement), fondé sur la subsidiarité et la délégation du bas vers le haut et permettant au demeurant, comme expression des Peuples qui sont frères et non des bourgeoisies qui sont par nature concurrentes, d'unifier de vastes territoires en transcendant les appartenances "ethniques" et/ou religieuses et sans reposer sur la suprématie d'un groupe sur un autre - ne serait-ce pas d'ailleurs (justement) cette rupture avec la conception bourgeoise de l’État qui aurait été insuffisante chez les marxistes-léninistes du siècle dernier, tout juste (peut-être) esquissée dans la Chine de la Révolution culturelle ou l'effervescence cubaine des années 1960 ?

    De fait et en définitive, avec leur confédéralisme qui veut faire coexister démocratiquement tous les Peuples et toutes les confessions, ils et elles sont les véritables héritier-e-s de Salah ad-Dine (kurde lui-même) À UN NIVEAU SUPÉRIEUR, n'en déplaise à tous ces sionistes musulmans djihadistes qui prétendent "restaurer le Khilafah" !

    SOLIDARITÉ INTERNATIONALISTE AVEC L'HÉROÏQUE RÉSISTANCE DU PEUPLE KURDE !


    kurd5.jpgKurds.jpg


    * D'aucuns pourront notamment souligner la ressemblance de ces thèses avec la pratique des caracoles (communautés auto-gouvernées) des zapatistes (EZLN du "sous-commandant Marcos") au Chiapas, dont il n'est d'ailleurs pas improbable qu'elles s'inspirent, ou encore (à une bien moindre échelle) avec les squats de totos en Occident, telle ou telle expérience d'autogestion en entreprise (Lip etc.) ou coopérative agricole de babas cools dans les Cévennes ou ailleurs etc. ; pour les recouvrir bien évidemment de tous les épithètes qui leur servent d'arguments politiques : "petit-bourgeois", "idéaliste" etc. etc. Mais le problème de ces caracoles mexicains ou de ces entreprises autogérées, est-il vraiment là ? Est-il de ne pas être des formes d'organisation sociale et de rapports de production tendant vers le communisme ? NON, le problème n'est pas là. Les caracoles zapatistes du Chiapas sont des modèles très intéressants pour ce que nous appelons la Commune populaire. Les entreprises autogérées et les coopératives "néo-rurales" constituent des rapports de production tout à fait conformes à ce que nous appelons le socialisme. Leur problème, c'est de penser pouvoir coexister avec un État et une économie encore totalement capitalistes. Leur problème, c'est de penser que l’État et l'ordre social bourgeois se dissoudront devant eux et non qu'ils doivent être DÉTRUITS par une Guerre du Peuple. L'EZLN du "sous-commandant Marcos" assume ouvertement son refus de combattre l’État bourgeois (semi-féodal semi-colonial) mexicain pour le détruire : elle estime que les caracoles "peuvent" exister en son sein et que petit à petit, face à cette expérience sociale, l’État "évoluera", se "démocratisera" etc. etc. (et l’État, lui, s'est accommodé de cette "épine dans le pied acceptable" du moment que la situation est sous contrôle - si tel n'était pas le cas, bien évidemment, il mettrait tout en œuvre pour écraser le zapatisme). C'est également en substance (à une bien plus petite échelle on l'a dit) la conception de l'"autonomie" et des squats dans les pays occidentaux : l’État est contesté, confronté mais pas vraiment combattu au sens d'une véritable GUERRE pour le DÉTRUIRE. On s'imagine qu'il s'"effondrera" de lui-même devant le développement de l'auto-organisation populaire. Les entreprises autogérées et autres coopératives d'esprit égalitaire et collectiviste s'imaginent de la même manière pouvoir exister au sein d'un appareil productif national totalement capitaliste, espérant peut-être faire "tache d'huile" etc. etc.
    Les Kurdes, pour le moment, luttent les armes à la main contre les États turc et syrien et la proposition étatique ("califat") des djihadistes sur le Nord de l'Irak et l'Est de la Syrie : l'idée d'une "coexistence" entre leur projet de société et celui de leurs adversaires ne semble donc pas leur effleurer l'esprit. Mais attention : les zapatistes, après tout, ont eux aussi pris les armes au début (le conflit, début 1994, a fait plusieurs centaines de victimes), nonobstant leur ligne de non-destruction de l’État... Et l'on sait que depuis l'an dernier des négociations ont pu s'amorcer entre le direction (emprisonnée) du PKK et l’État turc - de fait, le dialogue a commencé à se nouer voilà plus de 10 ans, dep uis qu'en 2002 le gouvernement AKP a mis partiellement fin à l'intransigeance kémaliste sur la question. Le "confédéralisme démocratique" kurde se trouve donc à cette croisée des chemins : s'il comprend et assume la nécessaire destruction des États qui emprisonnent les Kurdes au Proche et Moyen Orient (et le rejet radical de l'impérialisme dont ils sont la création et l'instrument), il devra nécessairement assumer la Guerre populaire et le maoïsme. S'il croit au contraire (comme l'EZLN de Marcos avant lui) pouvoir "coexister" avec eux (genre "sous la protection des Nations Unies" et autres fadaises), il dégénèrera en une nouvelle forme d'ultra-démocratisme "participatif'" petit-bourgeois...

     


    3 commentaires

  • La ligne de démarcation que constitue ce soutien apparaît désormais d'autant plus claire que les pseudo-"maoïstes" qui en rejetée la Guerre du Peuple indien (sous couvert de critique "orthodoxe" du "déviationnisme" des maoïstes là-bas) ont totalement tombé le masque avec des positions contre-révolutionnaires désormais clairement assumées (éloge de la police bourgeoise, soutien à Manuel Valls et à son Parti "socialiste", appel à un "Front populaire" digne de Thorez avec l'"antifascisme" républicain bourgeois et à la "démocratie populaire"... dans la 5e puissance impérialiste mondiale qu'est la France, défense des "Lumières" bourgeoises et de la construction absolutiste de l’État moderne au service du Capital, crachats sur les luttes LGBT, les luttes des colonisé-e-s intérieur-e-s et autres qualifiées de "post-modernes", négation de l'islamophobie première mobilisation réactionnaire de masse de notre époque, etc. etc.).

    Le lien peut paraître extrêmement lointain voire absurde et pourtant, pour les matérialistes dialectiques que nous sommes, il est évident : la Guerre populaire en Inde (avec toutes ses contradictions, ses erreurs, ses avancées et ses revers) est le "phare", le Centre d'agrégation de la Révolution mondiale et ceux qui la rejettent ne peuvent que s'éloigner, à des degrés divers, du camp de la révolution ; tomber dans la force gravitationnelle d'un Centre de la Réaction.

    Une conférence internationale de solidarité s'est tenue ce week-end en Italie. Voici la déclaration que lui a adressée l'OCML-VP, qui n'a hélas pas pu y participer :


    Message à la Conférence internationale de soutien à la Guerre populaire en Inde (Italie, 27-28 septembre 2014)


    Chers camarades,

    Nous regrettons de ne pouvoir être parmi vous à l’occasion de cette conférence, alors que nous avions participé à celle qui s’était déroulé à Hambourg l’année dernière. Nous défendons que le soutien à la Révolution indienne est une ligne de démarcation importante dans le mouvement communiste international.

    Nous réaffirmons notre soutien aux organisations révolutionnaires de l’État indien qui dirigent la Guerre populaire sur la voie de la Nouvelle démocratie et du socialisme, ainsi que plus généralement au mouvement populaire et démocratique de ce pays, et à tous ceux qui s’affrontent à l’impérialisme, au féodalisme et au capitalisme. En tant que communistes de France, nous avons la responsabilité d’êtres particulièrement vigilants aux ingérences de notre propre impérialisme.

    Nous souhaitons plein succès à cette conférence, et nous en félicitons les organisateurs.

    Vive la solidarité internationale avec la Révolution indienne !


    Organisation Communiste Marxiste-Léniniste Voie Prolétarienne

    soutien_a_la_rebolution_en_inde.jpg

    Cette conférence internationale ne se tenait pas à n'importe quelle date : en effet, cela a fait 10 ans le 21 septembre que la Guerre du Peuple indien (commencée de fait à la fin des années 1960) s'est synthétisée dans le Parti communiste d'Inde (maoïste) pour aller de l'avant vers la victoire.

    Voici la déclaration du Parti communiste maoïste de France à ce sujet :

    Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !


    Le Parti Communiste d'Inde (maoïste), fut fondé le 21 Septembre 2004. Il résulte de la fusion du Parti Communiste d'Inde (marxiste-léniniste) People’s War et du Centre Communiste Maoïste.

    Depuis plus de 30 ans, les maoïstes d’Inde mènent la Guerre Populaire contre le système semi-colonial semi-féodal de l’Inde. Aux côtés des paysans pauvres et sans terres, des Adivasis (populations tribales), des Dalits (« intouchables »), des femmes, des travailleurs, bref, aux côtés de tous et toutes les exploités et opprimés du pays, les maoïstes développent la lutte contre le système capitaliste-impérialiste. Mettant en place des Gouvernements Populaires, ils font en sorte que les masses populaires relèvent la tête et reprennent leurs affaires en main.

    Le premier mai de cette année fut un grand jour. En effet, il représente l'aboutissement d'un processus qui a conclu à l'Unification du PCI(m) et du PCI(ml) Naxalbari dans le PCI(m). Cette grande nouvelle change la donne et ouvre de nombreuses perspectives quant au développement de la guerre populaire en Inde.

    Nous tenons à célébrer aujourd'hui le 10ème anniversaire de la formation du PCI(m). Le mouvement maoïste indien est un des fers de lance de la révolution mondiale. Si c'est un espoir pour les masses populaires en Inde, la guerre populaire en est également un pour les prolétaires du monde entier, qui voient en elle la possibilité de la reconstruction d'un véritable camp socialiste à l'échelle internationale.

    Le PCI(m) et la guerre populaire en Inde nous montrent le chemin de la révolution. En effet, la théorie de la guerre populaire n'est pas comme le pensent certains une application chinoise de la révolution, ou une stratégie militaire propre aux pays semi-coloniaux semi-féodaux. La guerre populaire est un principe universel du maoïsme, valable partout, y compris dans les pays impérialiste comme la France. En menant la guerre populaire en Inde, le PCI(m) ouvre la voie pour les révolutionnaires du monde entier.

    Pour nous, célébrer le 10ème anniversaire de la fondation du PCI(m) ne consiste pas seulement en des déclarations de principes, mais également en des engagements de solidarité.

    Aujourd'hui plus que jamais nous devons rendre vivant l'internationalisme prolétarien et soutenir la guerre populaire en Inde. Cela revient à informer la classe ouvrière de l’État français du développement de la révolution en Inde, mais également à frapper au cœur notre propre impérialisme par tous les moyens nécessaires.

    C'est dans cet esprit que nous prenons l'engagement d'un soutien accru à la révolution indienne. Cela tout d'abord en assumant les tâches qui incombent au mouvement maoïste en France, et en première ordre d'aboutir à l'unification des maoïstes dans un parti qualitativement et quantitativement supérieur.

    C'est en ce sens que nous faisons de la campagne de solidarité avec la guerre populaire en Inde un de nos axes de travail principaux à l'heure actuelle et que nous allons intensifier significativement notre campagne d'actions, d'information et de propagande.

    Nous faisons notre le combat de nos frères et sœurs de classe, des milliers de martyrs tombés pour la révolution. 


    À BAS L’IMPÉRIALISME FRANÇAIS !
    À BAS L’OPÉRATION GREEN HUNT !
    GLOIRE AU 10ème ANNIVERSAIRE DU PCI(m) !
    VIVE LA GUERRE POPULAIRE EN INDE !


    Bloc Rouge (Unification des maoïstes)


    Ci-dessous, quelques photos des dernières actions menées en soutien à la Guerre Populaire en Inde dans plusieurs villes de France :


    Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !

            Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !

            Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !

            Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !

             Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !Vive le 10ème anniversaire du PCI (maoïste) !


    Et puis le plus important, le texte du Parti communiste d'Inde (maoïste) lui-même :

    Un appel au Peuple de l’Inde : Détruire les chaînes de l’impérialisme et du féodalisme, détruire ce système pourri ! Construisez votre futur et celui du pays avec vos propres mains !

    Vous pouvez aussi suivre quasi quotidiennement les progrès de la Guerre populaire en Inde sur le site du Secours Rouge belge : http://www.secoursrouge.org/mot/inde

     


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  • La RouelleIl y aura 800 ans l'an prochain que s'ouvrait à Rome, en 1215, le IVe concile du Latran. Cette réunion "au sommet" des principaux "princes" de l’Église, qui vue d'aujourd'hui peut sembler enterrée au fin fond des âges obscurs, a été en réalité un évènement capital pour le processus alors en train de donner naissance aux États modernes qui nous asservissent encore aujourd'hui, et notamment pour l'une des expressions de ce processus à laquelle aucun pays d'Europe (sauf peut-être la Pologne-Lithuanie) n'offre de contre-exemple historique : la persécution systématique des personnes de religion juive. Car c'est au cours de ce concile, entre beaucoup d'autres choses, que sera préconisé d'imposer aux Juifs le port de la rouelle, signe distinctif et infâmant (sa forme ronde et sa couleur jaune symbolisant les 30 deniers de Judas, marque du "peuple qui a crucifié le Christ") qui sera repris 7 siècles plus tard, sous la forme d'une étoile de David, par les nazis et leurs alliés fascistes en Europe (notamment en fRance).

    C'est l'époque où, malmené par les partisans de l'Empereur germanique (son grand rival pour la primauté sur l'Occident) dans la péninsule italienne, le Saint-Siège tend à chercher l'alliance avec les monarchies en train de fonder l’État moderne (en "France", "Espagne", Grande-Bretagne), en particulier (vieille tradition depuis Clovis...) avec la monarchie capétienne franque de Paris, et à s'en faire le bras armé idéologique voire policier (avec l'Inquisition fondée en 1199) ; ce qui ne va pas sans susciter des ruptures (comme l'hérésie vaudoise, d'ailleurs condamnée à ce même concile du Latran, sans même parler des Cathares) et des dissidences internes (ordre des franciscains), qui défendent la solide alliance de classe passée deux siècles et demi plus tôt (mouvement de la Paix de Dieu, ère romane) entre l'Église et les masses populaires pauvres contre les seigneurs féodaux.

    Jewish man - worms - 16th centuryCette alliance avec la Couronne capétienne durera jusqu'à ce que Philippe le Bel (début du 14e siècle) prétende carrément subordonner l'institution religieuse à son autorité, ce que la haute aristocratie de pourpre romaine rejettera, entraînant le schisme d'Avignon (où le Bel installe "son" souverain pontife). Au 15e siècle, le Vatican se tournera alors vers les Habsbourg d'Autriche et les rois de Castille et d'Aragon bientôt fusionnés en "Espagne" (puis unis aux Habsbourg) comme nouveaux porte-glaives de la foi apostolique romaine ; tandis que le royaume capétien mettra en avant le gallicanisme (Église catholique "autonome" sous contrôle du roi, sans aller toutefois jusqu'à la rupture totale comme en Angleterre).

    Mais en attendant, au 13e siècle, la Papauté est en plein "pacte d'acier" avec la Couronne franque dont elle a fait son auxiliaire, à moins que (beaucoup plus probablement en fait) ce ne soit l'inverse... C'est l'époque où la sanglante conquête de nostra Patria d'Òc va donner naissance au Royaume de France ; conquête déjà bénie par Rome pour "extirper l’hérésie albigeoise" (parmi ses autres prises de décision, d'ailleurs, le concile du Latran est celui qui accorde à Simon de Montfort les terres du comte de Toulouse !), et dont l’Église et sa toute nouvelle Inquisition (aux mains de l'ordre dominicain, fondé en cette même année 1215 par le castillan Domingo de Guzmán) vont se faire à la fois la Gestapo et les Einsatzgruppen [quelques-unes de ces vermines grouillantes recevront malgré tout la monnaie de leur pièce par la main de quelques valeureux faidits, ces chevaliers occitans dépossédés qui avaient pris la tête de la résistance].

    La construction de l’État moderne, concept politique servant à la fois la famille royale et ses affidés (domaines = rentrées d'impôts dans la po-poche), la bourgeoisie du Bassin parisien (qui voit ainsi briser et soumettre ses redoutables rivales du Sud) et l’Église qui y trouve un bras armé pour accumuler elle aussi les domaines et les richesses, implique la liquidation impitoyable de toute "dissidence". C'est bientôt chose faite des Cathares sur le bûcher de Montségur (1244). Les Juifs, eux, représentent la communauté transnationale par excellence de cette Euro-Méditerranée de l'An Mille où le morcellement et la subsidiarité politique n'ont d'égal que l'absence totale de véritables frontières, y compris entre Peuples de religion différente (chrétiens et musulmans). Les individus mais aussi les groupes (ces gentes, familles élargies brillamment étudiées par Engels) Les Juifs du pape en Provencecirculent tout à fait librement, chaque autorité locale (seigneur ou plus généralement "conseil" de la communauté urbaine ou villageoise) décidant de leur ouvrir les portes ou pas. S'ils viennent en paix et apportent quelque chose à la communauté déjà présente, ce qui est généralement le cas, il n'y a aucun problème ; et les Juifs, vivant bien sûr dans leur nationalité de résidence (comment pourrait-il en être autrement ?) dont ils parlent la langue (tout en développant parfois leur dialecte propre à renfort de vocabulaire et de grammaire hébraïque : shuadit ou "judéo-provençal", ladino ou "judéo-espagnol", yiddish "judéo-allemand" etc.) mais reliés aussi par la religion et des traits culturels partagés aux autres communautés juives d'Europe et du Bassin méditerranéen, sont plus que tous les autres dans ce cas de figure.

    Pour les nouvelles monarchies à grande échelle, bientôt absolues, plus question de tolérer cela. Chaque individu et chaque parcelle de terre est une source de revenus (impôts) à ponctionner, et à défendre bec et ongles. Mais le projet politique étatique doit aussi être forgé dans une loyauté et une allégeance absolue au royaume et à son souverain - qui est un prince chrétien. Mieux vaut se débarrasser des mauvais sujets : de là le mouvement de balancier, contradictoire en apparence seulement, entre assignation à résidence des Juifs (accompagnée d'extorsions permanentes), massacres "spontanés" par la population chrétienne, bûchers et invitation régulière à vider les lieux presto... sous peine de mort (mais bien souvent là aussi, pour pouvoir partir sain et sauf... il faut payer !). S'ajoute à cela l'habitude vite prise, sans enfreindre le moins du monde la morale chrétienne vu qu'ils ne le sont pas, d'emprunter aux Juifs (déjà sous une forte pression de menaces) des sommes d'argents puis... de les expulser voire massacrer, sous l'accusation d'avoir pratiqué l'usure (le judaïsme n'interdit pas, en effet, le prêt à intérêt), lorsqu'il s'agit de les rembourser : de là l'ignoble assimilation, encore prégnante de nos jours, des Juifs à "l'usure" et à "l'argent".

    [Une politique, concrètement, d'extorsion de fonds en masse par les États modernes en formation à l'encontre des communautés juives, accompagnée d'expulsions et de massacres... Dans laquelle on peut voir, peut-être, un des tous premiers mécanismes de l'accumulation primitive !!]

    L’Église, quant à elle, ne prélève par définition sa dîme que sur les chrétiens : elle doit donc veiller à ne pas perdre ses fidèles au profit d'une autre religion (interdiction des mariages mixtes), à empêcher la communauté juive de s'étendre et aussi (surtout) de "gêner" économiquement les affaires des bourgeois chrétiens (desquelles provient une bonne part de la Juifs bûcher 15e siècledîme)... Ce que ces derniers, bien entendu, vont acquiescer de bonne grâce ! De plus les intellectuels juifs, 600 ans avant la Haskala, sont déjà souvent porteurs d'idées humanistes assez "subversives" pour l'époque - diffusées notamment depuis l'Andalousie musulmane, dans le contexte de la "Renaissance médiévale". Nous voyons bien là comment tous les intérêts parallèles du processus alors en cours convergent pour refermer les mâchoires du dispositif de persécution.

    C'est à partir de 1269 que "Saint" Louis IX (dont l'entité France reconnaissante célèbre aussi, cette année, les 800 ans de la naissance en 1214 : "année Saint Louis") met en œuvre l'imposition de la rouelle dans son tout-beau-tout-neuf royaume. Vraisemblablement les 3/4 des Juifs qui peuplent celui-ci vivent alors dans notre "Midi" occitan fraîchement conquis par son père (Louis VIII) et son grand-père (Philippe Auguste), et dont il achève lui-même la "pacification". Cette présence juive (et la tolérance envers elle) dans les cités du Lengadòc a précisément été l'un des motifs d'"hérésie" de notre Peuple. La mesure de persécution religieuse se double ici indissociablement d'une mesure COLONIALE, de ce premier colonialisme médiéval puis absolutiste dont ont fait les frais, on l'oublie souvent, les Peuples de ce que l'on considère aujourd'hui comme la métropole.

    Pour la brillante culture judéo-occitane shuadit commence alors un chemin de souffrance s'achevant sur les édits d'expulsion en série, locaux puis généraux (1306, 1322, 1394). La Provence, alors semi-indépendante sous la branche capétienne cadette d'Anjou, offre un relatif refuge pour deux petits siècles de plus ; mais celui-ci s'effondre avec le rattachement du comté au domaine royal (1482) : les édits d'expulsions s'abattent très vite dans la foulée (1498 et 1501). Ne reste plus alors aux Juifs occitans que le petit "réduit" papal du Comtat et d'Avignon (resté territoire pontifical après la fin du Schisme d'Occident), dans des conditions très discriminées (carrières = ghettos[1]),Plan carriere Cavaillon d'où ils ne sortiront qu'en 1791 avec le rattachement du futur Vaucluse à la France et la simultanée émancipation générale des Juifs par la bourgeoisie révolutionnaire. Cette émancipation de 1791 marque le début du long chemin des Juifs d'Europe vers ce que les "indigénistes post-modernes" (ironie ironie) appellent la "blancheur sociale", l'européité/occidentalité pleine et entière. Un chemin qui n'ira pas sans violents conflits (affaire Dreyfus), entre tentations assimilatrices ("tout leur accorder en tant qu'individus, tout leur refuser en tant que nation" dixit le député libéral Clermont-Tonnerre en décembre 1789) et excluantes ; conflits qui ne seront pas la moindre des racines de l'Holocauste des années 1940. Ce n'est en définitive qu'au 20e siècle que les Juifs deviendront pleinement des "Blancs" européens à part entière ; certains se faisant colonisateurs impérialistes au Proche-Orient avec le projet sioniste (dès les années 1910) ; et plus généralement dans le cadre de l'"expiation" impérialiste générale après la défaite de l'horreur hitlérienne. Cela parfois aux prix de quelques distorsions historiques : ainsi dans les fictions consacrées à la Shoah, la famille juive traquée est souvent moyenne-bourgeoise, laïque et éduquée afin que le spectateur occidental d'aujourd'hui puisse s'identifier à elle ; les juifs misérables, illéttrés, souvent très religieux et ne parlant que yiddish des shtetl d'Europe de l'Est ne sont pratiquement jamais montrés alors qu'ils ont représenté, en réalité, plus de 95% des victimes. Mais l'identification à eux serait, c'est certain, une autre paire de manche...

    À la fin du 16e siècle, fuyant les persécutions dans les royaumes d'"Espagne" et du Portugal où leur conversion forcée (souvent de façade) ne suffit même plus aux autorités (qui en doutent par principe : limpieza de sangre), des communautés séfarades s'installent en Gascogne, à Bordeaux et autour de Bayonne, où elles obtiennent non sans difficultés un droit de résidence spécial et dérogatoire (l'"Espagne" et le Portugal, unifiés en 1580, sont alors l'ennemi juré du Royaume de France qui est disposé à quelques dérogations pour leur nuire).

    judéo-occitanSéfarades de Gascogne et Juifs "du Pape" provençaux sont les deux grandes communautés juives historiques de nostre païs, avec les noms célèbre de Pereire ou Mendès France pour les premiers et de Crémieux (Gaston le communard marseillais et Adolphe le "citoyenniseur" des Juifs d'Algérie), Naquet ou encore Vidal-Naquet pour les seconds.

    S'y sont évidemment ajoutés depuis des Ashkénazes (des rives du Rhin jusqu'aux plaines d'Ukraine), notamment (comme dans tout l'Hexagone) des réfugiés de l'antisémitisme ambiant d'Europe de l'Est puis du nazisme dans l'Entre-deux-guerres [dont beaucoup croyant à tort, en 1940, trouver la sécurité en "zone libre" vichyste puis en zone italienne (1942-43, du Rhône aux Alpes)], des Séfarades "balkano-égéens" (des Balkans, de Grèce et de Turquie, les fameux "Juifs de Salonique" de langue judéo-espagnole) et (surtout) des Séfarades du Maghreb arrivés en masse dans la tourmente de la "décolonisation" (années 1960) - par ressentiment anti-arabe, ces derniers sont souvent en première ligne du soutien à Israël. Originaire de l'actuelle Pologne, arrivé (après un détour de sa famille par la Palestine) à Toulouse en 1931, Marcel Langer restera à jamais une figure incontournable du mouvement communiste (Brigades internationales) et de la résistance antifasciste dans la région. Il mourra guillotiné par la "justice" de Vichy en 1943, après que le procureur Lespinasse ait lancé à l'audience "Juif, étranger et communiste : voilà trois bonnes raisons pour moi de réclamer votre tête" (l'ignoble personnage sera liquidé quelques mois plus tard par les FTP-MOI, et plus aucun procureur toulousain n'osera requérir la peine de mort jusqu'à la fin de la guerre...).

    Tout cela (mis à part le dernier paragraphe) s'est déroulé il y a des siècles ; mais comme l'expliquait (de manière idéaliste certes) la philosophe marxiste "hétérodoxe" passée au christianisme progressiste Simone Weil, elle-même d'origine juive, il s'agit là de la RACINE DIRECTE de l'ordre dominant dans lequel nous vivons, que le siècle dernier a vu se déchaîner dans l'horreur et qui nous prépare encore de très sombres heures pour le siècle qui commence. Nous ne pouvons combattre et abattre ce système qu'en l'attaquant idéologiquement (puis physiquement) dans ce qu'il a de plus profond et STRUCTUREL, et en français "structurel" a pour synonyme "800 ans". Il se trouve aujourd'hui de sinistres imbéciles pour venir expliquer que les Juifs (les "sionistes") contrôlent et dirigent l’État français et même le système impérialiste mondial, et il se trouve malheureusement un nombre important de personnes pour les écouter. Mais la réalité est que dans le monde impérialiste blanc européen-chrétien d'aujourd'hui, sous des formes certes différentes des édits royaux et des décrets révolutionnaires bourgeois d'autrefois, les Juifs restent des "Blancs" par assimilation, par octroi de ce statut de "Blancs" sociaux ; ils demeurent des tolérés. Que l'on appelle à l'anéantissement militaire d'Israël au profit d'un quelconque État comprador oriental "ami" (ce qui n'arrivera jamais, mais permet de caresser les oligarques "nationalistes" de ces États dans le sens du poil) ou que l'on soit "prêt", depuis les bords de Seine, à se "battre" pour la place-forte impérialiste sioniste jusqu'au dernier "Juif patriote et enraciné" israélien Medieval manuscript-Jews identified by rouelle are being bu("Vive Israël, mort aux youpins !" en quelque sorte - voir aussi ici), c'est finalement la même pensée structurelle qui domine : lorsque le Juif n'est pas une vermine à éradiquer, il est au mieux de la chair à canon ou un "argentier" de bon cœur ("ils ont de l'argent", c'est bien connu...) pour la domination impérialiste occidentale au Proche-Orient. Jusqu'au milieu du 20e siècle, à l'exception d'une certaine bourgeoisie républicaine BBR post-affaire Dreyfus, le mot "juif" était ultra-principalement l'objet de tous les fantasmes réactionnaires ou pseudo-"socialistes" plus ou moins haineux ; depuis lors il est aussi devenu le faire-valoir de tout un "républicanisme"/"démocratisme" bourgeois et "universalisme" impérialiste ; il y avait dans les années 1920-30 un fascisme francouille qui voyait et dénonçait partout la main du "judéo-maçonno-bolchévisme" tandis qu'aujourd'hui la contre-révolution préventive capitaliste a évolué et il y a en définitive deux fascismes, celui qui crie au "sionisme partout" et celui qui crie à "l'antisémitisme partout" ; mais dans un cas comme dans l'autre (même pour de prétendus "porte-paroles" bourgeois de la communauté juive...) "les Juifs" restent une figure tout aussi abstraite, fantasmée et utilisée : cristallisant et personnifiant, pour les tenants de "l'antisémitisme partout", les "valeurs" de leur sacro-sainte "Républiiiique" bourgeoise (il n'est pourtant pas sûr qu'un militant libertaire comme Pierre Stambul, par exemple, les partage) et pour ceux du "sionisme partout" la dissolution de celles-ci ; prétextes pour les uns à une géopolitique impérialiste alignée sur les USA et pour les autres à une géopolitique "eurasiste", "pro-arabe" ou "tiers-mondiste" opposée à eux... Dans tous les cas, tout ce qui vient d'être exposé précédemment n'intéresse absolument personne voire est purement et simplement ignoré ; y compris chez ces prétendus "antifascistes" sionards qui n'ont que les mots "juif" et "antisémitisme" à la bouche pour nazifier leurs contradicteurs, à savoir les militant-e-s conséquent-e-s avec la solidarité internationaliste envers la Palestine. Mais en même temps, comme aurait dit ce bon Jésus-Christ, il faut leur pardonner : en effet, la bourgeoisie est une classe assumant la totalité du pouvoir depuis la fin du 18e siècle et déjà très influente au cours des deux siècles précédents, et qui écrit depuis lors l'Histoire à sa "sauce" et à son avantage. C'est notamment cette historiographie bourgeoise qui décrit le Moyen Âge comme un âge des ténèbres (auquel nos "régionalisme identitaires féodaux" chercheraient à revenir, "argument" ultra-récurrent) dont les "symboles" (Inquisition, bûchers, paysans révoltés massacrés et pendus, écartèlements en place publique etc.) relèvent en réalité de sa toute dernière phase (13e-15e siècles) et se prolongent bien au-delà jusqu'au 17e voire 18e siècle, autrement dit sont concomitants et indissociables de la construction de l’État moderne dans lequel elle a bâti sa prospérité, question que nous avons déjà maintes fois abordée. De cet "âge des ténèbres" émergent seulement les figures de quelques "grands rois", ceux qui ont "fait la France" autrement dit le cadre territorial et le bras politico-militaire de son accumulation capitaliste, et dont "Saint" Louis IX n'est pas des moindres ; jusqu'à la "Renaissance" qui marque sa première consécration économique et culturelle suivie du "bon Henri IV", du "Roi Soleil" Louis XIV trônant à Versailles puis des portraits plus "mitigés" de Louis XV et Louis XVI jusqu'à la "révolution" de 1789. Devenue après moult péripéties (affaire Dreyfus, régime de Vichy) majoritairement anti-antisémite depuis une soixantaine d'années, la bourgeoisie est dès lors bien obligée de gommer consciencieusement que ses "grands rois qui ont fait la France" sont aussi ceux qui ont mis en place puis maintenu des mesures d'exclusion contre les Juifs n'ayant rien à envier aux lois de Nuremberg.

    Synagogue Avignon Paul KlijnÀ vrai dire, très comparable dans sa précarité est la "blancheur" de nos Peuples "provinciaux" d'Europe, guère mieux considérés que du bétail il y a encore 300 ou 400 ans et "blanchis" par la "grâce" de l'Empire colonial au détriment des Peuples colonisés d'outre-mer, accédant ainsi aux Droits "naturels" (mais tout FORMELS) de l'Homme BLANC jusqu'à faire partie de ce que l'on peut qualifier d'"aristocratie ouvrière mondiale", "aristocratie" que le capitalisme en crise générale entraîne désormais dans sa chute. Un "blanchissage" qui n'est là encore pas allé sans accrocs ; ainsi au 19e siècle les Occitans (hormis les classes aisées/francisées) étaient-ils pour Jules Michelet "tout autre chose" que français, "peut-être espagnols ou maures", pour Hippolyte Taine "un mélange de carlin et de singe" (!), pour Joris-Karl Huysmans (parisien de père hollandais) des "gens qui ont de l'astrakan bouclé sur le crâne et des palissades d'ébène le long des joues", des "latins mâtinés d'arabes" (...) "race de mendiants et de lâches, de fanfarons et d'imbéciles" (!!), et plus tard pour l'ignoble Louis-Ferdinand Céline "la partie vinasseuse de la République, profiteuse, resquilleuse, politique, éloquente, creuse" (1938) puis carrément "peuplée de bâtards méditerranéens, narbonoïdes dégénérés, nervis, félibres gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord (...) rien que pourriture, fainéantise, infect métissage négrifié " (!!!).

    D'ailleurs à la "grande" époque du nationalisme antisémite francouille des Barrès, Drumont et compagnie, lorsque la moitié sud de l'Hexagone votait massivement à gauche (radical ou socialiste, incarnant ainsi "l'infâme" république parlementaire) tandis que la moitié nord penchait nettement plus à droite, et comme pour faire écho aux temps du "bon" roi "Saint"-Louis-la-rouelle, le trait d'égalité entre "Midi" et "juiverie" était pour ainsi dire omniprésent : "Dans la politique, c'est le Juif qui dirige et le Méridional qui agit. Derrière Rouvier, il y a Rothschild" écrivait ainsi Gaston Méry, journaliste d'extrême-droite et disciple d’Édouard Drumont en 1891 [ou encore si l'on regarde cette caricature de 1907, pourtant publiée dans un journal se voulant "socialo-anarchiste" (mais manifestement hostile au mouvement), les vignerons occitans affamés sont représentés gras et repus, vêtus bourgeoisement... mais aussi sous des traits rappelant fortement les caricatures antisémites de l'époque, le personnage au deuxième plan formant même une sorte de triangle (maçonnique ?) avec ses mains devant la statue de la République]. Mais s'en étonnera-t-on maintenant que nous avons vu comment le "rouleau compresseur" anti-juif du Royaume de "France" a été indissociable de la Conquista de nos Terres d'Òc et de la sanglante soumission de notre Peuple, et lorsque l'on se souvient que face à la Grande Révolte de 1907 le réactionnaire Figaro brandissait encore la figure "héroïque" de Simon de Montfort ?

    Nous avons là le parfait reflet intellectuel de la réalité matérielle : l'expansion en cercles concentriques du système "France", d'abord jusqu'aux rives de la Méditerranée et de l'Atlantique puis au-delà, à partir d'un Bassin parisien certes économiquement moins avancé au départ (12e s.) mais à qui l'exploitation féroce de ses producteurs (servage "dur") et, comme on l'a vu, la bénédiction pontificale donneront la supériorité politico-militaire. Pour les Bretons comme pour leurs cousins irlandais de l'autre côté de la Manche, celtes donc "nordiques" en principe, on ira jusqu'à imaginer que les "vrais" Celtes (après apport romain et germanique) sont les Français et les Anglais ainsi que les classes "supérieures" de Bretagne et d'Irlande, tandis que la populace descendrait d'"Ibères" venus d'Afrique à la fin de la préhistoire. L'antisémitisme, d'abord religieux puis (à partir du 19e s.) "racial" ("ce sont des Asiatiques"), n'est qu'un autre reflet de cette même réalité matérielle structurelle. Tout cela pour déboucher aujourd'hui, dans la nouvelle crise générale du capitalisme et avec les autres Peuples-"provinces", sur cette "France des périphéries" non moins systématiquement rabaissée que celle des "quartiers sensibles" par l'idéologie dominante, surtout lorsqu'elle a l'outrecuidance de "l'ouvrir"... Est-il envisageable aujourd'hui qu'au sein d'un même État européen, la bourgeoisie d'une partie dudit État voie (et propose aux masses) une "sortie" de la crise générale du capitalisme dans l'asservissement brutal, voire le massacre d'autres régions ? L'exemple de l'Ukraine semble hélas nous montrer que ce n'est pas pure politique-fiction. En parlant de l'Ukraine, les ultra-Synagogue Carpentras 3nationalistes des régions de l'Ouest y proclament ouvertement leur volonté de "purger le pays de 400.000 Juifs" ce qui n'empêche pas Washington, Londres, Paris, Berlin et Bruxelles de les soutenir tandis que la presse sioniste fait part de ses sueurs froides : en toute logique, le délire comme quoi "les Juifs/sionistes dirigent le monde" devrait être mort sur le bords du Dniepr...

    Tel est le monde dans lequel nous vivons ; le monde que nous voulons et devons changer.

    Les Juifs habitant l'Occitanie font partie intégrante du Peuple occitan en tant que communauté culturelle spécifique, dans toute leur judéité (c'est-à-dire sans injonction assimilationniste) ; comme au demeurant tous les Juifs d'Hexagone font partie intégrante de leurs Peuples respectifs ; sauf peut-être les Séfarades d'Afrique du Nord venus dans les années 1960, qui peuvent avoir certaines caractéristiques d'une colonie intérieure - bien que leur antagonisme avec la colonie intérieure maghrébine musulmane (arrivée pour l'essentiel à la même époque...) soit savamment entretenu par le système dominant.

    Le Mouvement révolutionnaire de Libération du Peuple occitan (MRLP) ne tolère pas la haine antisémite sur le sol d'Occitanie, d'où qu'elle vienne, y compris de la part de personnes colonisées-intérieures comme cela s'est produit à Tolosa (Mohamed Merah).

    À vrai dire, si l'on regarde la liste des "villages des Justes" et autres lieux de mémoire dressée par le mémorial de Yad Vashem, il est même possible de dire que le rejet de l'antisémitisme est une composante intrinsèque de la culture populaire occitane : l'histoire de l'antisémitisme en Occitanie se confond avec celle de la conquête et de la domination francouille et un "Occitan" antisémite est un francisé du cerveau[2] ; fut-il un (soi-disant) farouche "occitaniste" tel Charles Maurras ou Louis Alibert.

    Ceci ne signifiant pas pour autant (et nous avons suffisamment expliqué que cela n'a rien à voir) avoir de l'indulgence pour le projet sioniste au Machrek arabe, violemment colonisateur et ségrégateur, ce qu'un Peuple avec l'histoire qu'a le nôtre ne peut accepter.

    De fait, le Mouvement révolutionnaire de Libération du Peuple occitan combat tout aussi impitoyablement la merde idéologique sionarde (y compris camouflée sous des salmigondis d'"extrême-gauche", "ultra-marxistes" ou "libertaires") défendant les crimes colonialistes et d'apartheid israéliens, merde idéologique généralement indissociable (là encore sous tous les dehors que l'on veut) de l'idéologie républicarde bleu-blanc-rouge, à laquelle la bourgeoisie juive (qui a commencé à impulser le projet sioniste dès la fin du 19e siècle) est historiquement arrimée.

    D'ailleurs, plutôt que d'aller exproprier et martyriser un Peuple qui n'a aucune responsabilité dans les tragédies subies, il est possible d'affirmer sans crainte devant les communautés juives (européennes comme nord-africaines comme orientales) que l'Occitanie révolutionnaire pour laquelle nous luttons peut et veut être la nouvelle Andalus qui peuple leur imaginaire collectif. 

    Et que surtout, nul n'oublie jamais cette phrase d'un grand ennemi de l'oppression qui s'adresse à tous les Peuples niés, racisés, "provincialisés" ou impérialisés : "Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l'oreille, on parle de vous" (Frantz Fanon) !


    [1] Ainsi, trois siècles après avoir initié la persécution systématique des Juifs, la Papauté devenait l'un de leurs tout relatifs refuges tandis que "l'élève" État moderne avait "dépassé le maître"... On retrouvera cette même tolérance en ghettos dans d'autres parties de l'Europe n'ayant pas encore donné naissance à un véritable État moderne, notamment l'Empire polono-lithuanien des 15e-18e siècles (berceau du Yiddishland) mais aussi les multiples petits États du Saint-Empire germanique (= Allemagne, Autriche, Tchéquie actuelles), d'où le fait que l'on trouvait 10 fois plus de Juifs dans ces pays (ashkenazim, Ashkenaz étant dans la Bible l'arrière-petit-fils de Noé et l'ancêtre des peuples germaniques et slaves, servant donc à désigner cette partie de l'Europe) qu'en "France" au moment de l'émancipation de 1791. Mais un siècle et demi plus tard, le nazisme anéantira cette brillante culture (90% d'assassiné-e-s) qui survit aujourd'hui un peu dans la diaspora, principalement aux États-Unis (l'idéologie sioniste d'Israël étant quant à elle très hostile aux cultures juives d'avant l'alya).

    [2] maurras-charlesLes jacobinards "rouges" citeront évidemment l'exemple de Maurras pour "démontrer" qu'en "France", le fascisme et l'horrible antisémitisme sont forcément "régionalistes". Pourtant, Charles Maurras (né à Martigues, Provença, en 1868) était typiquement ce qu'il faut appeler un Français du cerveau. En fait, si l'on schématise (pour les besoins de la démonstration) l’État français et ses "provinces" comme un Empire colonial, alors Maurras était un bourgeois comprador souhaitant "refonder le pacte" sur une base plus favorable aux "provinces" ; en fin de compte une sorte d'Houphouët-Boigny ou de Senghor lorsqu'ils voulaient substituer à l'Empire une "Union française" ; d'ailleurs dans une démarche "nationale" purement culturaliste (Félibrige vs "négritude") assez similaire à la base. La seule différence est que pour Houphouët ou Senghor cette "refondation" impliquait une "avancée" démocratique à Paris (bien qu'au final ce sera le "coup d’État permanent" gaulliste qui la mettra en œuvre, et qu’eux-mêmes deviendront des despotes implacables de la "Françafrique"), alors que pour Maurras elle impliquait un "recul" : la république bourgeoise étant "forcément" centralisatrice, il fallait un retour à la monarchie dont l'autorité "naturelle" pouvait seule permettre de décentraliser. Mais l'esprit était finalement le même ; et à des années-lumière de celui à la fois républicain démocratique, socialisant et décentralisateur des luttes occitanes de 1848, 1851 et 1870-71. Le problème est que, Maurras étant devenu le leader de l'Action française après avoir été un "compagnon de route" du Félibrige, il offre aux jacobinards de tout poil cet argument facile : l'occitanisme comme tout "régionalisme" est forcément réactionnaire, preuve que c'est un mouvement qui veut "faire tourner la roue de l'histoire à l'envers"... Jacobinards qui "omettront" bien sûr commodément de citer d'autres noms de l'extrême-droite anti-républicaine et antisémite de l'époque : le lorrain Barrès, et a fortiori les parisiens pur jus Bernanos et surtout Drumont, que Maurras lui-même définira comme son maître à penser ("la formule nationaliste est ainsi née presque tout entière de lui, et Daudet, Barrès, nous tous avons commencé notre ouvrage dans sa lumière") et dont le disciple Gaston Méry, comme on l'a vu, faisait des Occitans le "bras armé du Juif". D'ailleurs, dans une époque littéralement baignée d'antisémitisme, Maurras n'était même pas forcément le plus virulent (Drumont étant de très loin beaucoup plus "gratiné") : il était avant tout anti-allemand, anglophobe et anti-protestant (voyant dans la franc-maçonnerie un crypto-protestantisme, ce qui n'est d'ailleurs pas entièrement faux, et dans les Juifs des alliés de cette dernière).


    Quelques réflexions au sujet du débat qui agite actuellement le mouvement antifasciste et révolutionnaire, sur le caractère "structurel" ou non de l'antisémitisme aujourd'hui alors même qu'il n'est plus assumé ouvertement par l’État :

    - "Structurel" signifie par définition quelque chose, produit d'une situation matérielle, qui imprègne profondément les représentations sociales et les agissements qui en découlent dans les masses populaires. Ainsi, par exemple, le monde capitaliste que nous connaissons repose depuis plusieurs siècles sur la suprématie mondiale des "Blancs" (Européens et euro-descendants d'Amérique du Nord) qui dominent et exploitent (la bourgeoisie exploite directement, les travailleurs récupèrent des miettes de cette exploitation) les Peuples des autres continents (et de surcroît, tendent à instaurer des hiérarchies/rapports de domination entre et au sein de ceux-ci). Le racisme est donc un phénomène structurel qui sous-tend tous les rapports sociaux des "Blancs" avec les "non-blancs" (tant au niveau mondial que dans les "pays blancs"), mais aussi des "non-blancs" entre eux et avec les "Blancs" (comme le fameux "racisme anti-blanc" - avec ses penchants plus ou moins... antisémites - qui est un produit en réaction de cette situation, mais aussi - beaucoup plus souvent - le mimétisme servile, la honte de soi et le mépris pour sa propre identité culturelle etc. etc.).

    - L'antisémitisme est né comme produit d'un des nombreux crimes fondateurs (une des "douleurs de l'accouchement") du capitalisme : la spoliation systématique des Juifs à la fin du Moyen Âge et au début de l’Époque moderne, sous l'accusation fréquente d'être des "usuriers", des "rapaces" ainsi qu'un Peuple ayant "renié le Christ", "ennemi des chrétiens" ("enlevant" par exemple des enfants chrétiens pour les assassiner rituellement, empoisonnant les puits pour répandre les épidémies etc.). Il s'est maintenu après le triomphe des "révolutions" bourgeoises et l'entrée dans l'ère industrielle comme expression du conservatisme anti-libéral... et aussi comme "anticapitalisme des imbéciles" en forme de nostalgie du "bon vieux temps" pré-industriel (une grande et grave maladie infantile du mouvement ouvrier !) ; avant d'être mis au service de la lutte contre la tendance historique à la révolution socialiste.

    - Ensuite de quoi les crimes nazis l'ont, comme disait (l'antisémite lui-même) Bernanos, "déshonoré"... Pour autant, étant (comme on l'a dit) le produit d'un des crimes fondateurs du capitalisme et intrinsèquement lié à celui-ci, la disparition véritable de la base matérielle de l'antisémitisme ne peut être que celle du capitalisme lui-même. Et même si l'on admettait que cette base aurait disparu (quelque part entre 1945 et nos jours...), l'on sait que les idées et les représentations sociales ont une certaine "autonomie" et "inertie" par rapport à la réalité matérielle qui les a engendrées, et qu'elles peuvent lui survivre pendant un temps assez long. Alors à plus forte raison à un "simple" "déshonneur" bernanosien...

    - En clair : il n'est tout simplement pas possible que quelque chose qui a structuré (signification de "structurel" !) la pensée politique européenne et occidentale pendant des siècles, depuis l'émergence du capitalisme au Moyen Âge jusqu'au triomphe des monopoles et à leur lutte contre la révolution prolétarienne au 20e siècle, ait pu cesser "du jour au lendemain" (ou en quelques décennies) après la défaite du nazisme d'imprégner le "sens commun" (= la conscience populaire aliénée/arriérée) de l'"Occident chrétien".

    - Pour autant, c'est une réalité (dans les pays impérialistes occidentaux en tout cas) que la position des États bourgeois a changé ; peut-être parce que (plus que "déshonoré par Hitler"...) si le génocide nazi a heureusement pu être arrêté dans son œuvre criminelle, la "solution finale à la question juive" a finalement été trouvée... dans le sionisme, transformant une population dispersée d'éléments "antinationaux" et "subversifs" (démocrates radicaux ou révolutionnaires) en citoyens et soldats ou (du moins) en défenseurs acharnés d'un État faisant office de "rempart de l'Occident" au Proche-Orient et (par-là) de la politique impérialiste et des "valeurs" occidentales en général ; avec comme "salaire" de ceci le "philosémitisme" affiché par (la majorité de) nos directions politiques bourgeoises. Les États bourgeois occidentaux n'assument plus et même répriment les opinions (exprimées "trop fort") et les actes antisémites (l’État français entre 1789 et 1940, par exemple, n'était pas officiellement antisémite et ne discriminait pas les Juifs mais laissait la haine la plus sordide avoir pignon sur rue)... et cela, qu'on le veuille ou non, fait une sacrée différence !

    - Cette différence peut s'observer très simplement, de manière chiffrée, dans les études d'opinion qui montrent que tant la haine ouverte que les préjugés (pourtant plus résistants) reculent constamment depuis l'après-guerre dans la population générale, et encore plus si l'on ne prend que les seuls "Blancs". En 2013, 85% de la population hexagonal n'avait pas une opinion négative des Juifs ; et même des éléments au discours extrêmement raciste les placent aujourd'hui (souvent aux côtés des "Asiatiques") en "modèle de communauté bien intégrée qui ne pose pas de problèmes". Les derniers éléments antisémites "blancs" sont des militants politiques nostalgiques des régimes fascistes des années 1930, n'ayant pas accepté la défaite de ceux-ci à l'issue de la Seconde Guerre mondiale (ou quelques intellectuels "rouges-bruns" admirateurs d'une certaine URSS "terminale" et voyant dans la Russie de Poutine sa continuation, sensibles aux théories "eurasistes" d'Alexandre Douguine etc. etc., et niant le génocide antisémite nazi comme "invention de l'Occident et prétexte au sionisme" - ceci rejoignant l'"anti-impérialisme des imbéciles" cf. ci-après). En revanche, ce que l'on observe depuis une vingtaine d'années est une montée des opinions antisémites chez les "non-blancs", principalement les personnes de culture musulmane. Il s'agit là essentiellement de deux phénomènes : 1°/ autour des personnalités "phares" de Dieudonné et Alain Soral, d'une "rencontre" entre l'antisémitisme européen résiduel (d'autant plus virulent qu'il est résiduel, et se sent cerné par un État "philosémite" !) et ce que l'on pourrait qualifier d'"anti-impérialisme des imbéciles", un sentiment spontané et "primaire" de révolte face aux crimes impérialistes perpétrés "contre les musulmans" qui se focalise sur la question palestinienne et tend à faire du gouvernement israélien (et de ses partisans les plus acharnés dans les pays occidentaux, aux États-Unis en particulier) le "maître d’œuvre" de la politique impérialiste occidentale et de tous ses crimes autour du globe ; sachant aussi que déjà à l'époque coloniale, les gros colons tricolores du Maghreb s'évertuaient à détourner vers les Juifs (qui avaient obtenu la citoyenneté française en Algérie, ce que certains supportaient mal...) la colère des indigènes qui leur était normalement destinée ; 2°/ dans la mouvance dite "salafiste/djihadiste", d'une rencontre entre cet "anti-impérialisme des imbéciles" et le projet impérial ("Califat") des oligarques aux pétro-dollars suraccumulés du Golfe, qui font du "Dôme d'Al-Aqsa (la grande mosquée de Jérusalem) aux mains des Juifs" l'un des grands points de mire de leur mobilisation réactionnaire de masse auprès de populations ayant toujours le sort tragique des Palestiniens "à fleur de peau". C'est (comme chacun-e le sait) dans cette dernière mouvance que les sentiments anti-juifs peuvent aller jusqu'à l'assassinat physique (Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, Amedy Coulibaly etc.).

    Cette résurgence de l'antisémitisme sous une forme "inattendue", dans des sociétés qui à l'heure de la "Fin de l'Histoire" pouvaient le croire réduit à une poignée de "nazillons dégénérés", a évidemment eu de quoi surprendre, choquer et bousculer les schémas pré-établis de tout un camp progressiste "simpliste" (qui pourra alors se réfugier dans un silence "gêné" que d'aucuns interprèteront comme "ambigu", ou alors tomber dans la force d'attraction de l'un ou l'autre des deux "pôles" réactionnaires sur la question - "philosémitisme" anti-"islamo-gauchiste", "anti-conspi", anti-anti-impérialiste et anti-antisioniste ou alors "anti-impérialisme des imbéciles" vu comme "le sentiment des opprimés").

    Mais ce qu'elle montre surtout, c'est que l'extinction de l'antisémitisme n'est possible (et encore, pas du jour au lendemain) que par l'extinction de sa base matérielle d'existence qui est le capitalisme.


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  • Il s'appelait Hervé Gourdel, il avait 55 ans, il était guide alpiniste et venait des Alpes occitanes (Saint-Martin-Vésubie, Mercantour).

    Était-il de gauche ou de droite ? Se considérait-il plutôt français ou occitan ou les deux ? Nous n'en savons rien et nous ne voulons pas le savoir : ce que nous savons nous suffit.

    Ce que nous savons c'est qu'il n'était ni un militaire de métier ni un mercenaire de ces abominables sociétés privées qui sèment la mort aux quatre coins du monde, ni même un de ces "coopérants" et autres "ONGistes" qui sont les nouveaux "missionnaires" de la "civilisation occidentale" en terre "barbare". Il était simplement un montagnard venu en Kabylie pour y vivre sa passion, la montagne.

    Seulement voilà : "l'actualité internationale", cette "actualité" que nos bons Français (occitans ou autres) regardent d'un œil un peu distant, tout en dînant, au JT du soir l'a rattrapé pour lui infliger une mort atroce.

    Hervé Gourdel est tout simplement un Occitan de plus, comme des centaines de milliers d'autres avant lui (au nom du Roy, de l'Empereur ou de la République), à être mort au "champ d'honneur" d'une guerre qui n'était pas la sienne : celle que se livrent désormais (et vont sans doute se livrer pendant des années encore) l'Occident impérialiste, dont fait partie notre État-prison la France et dont les armées sanguinaires ensanglantent la planète depuis des siècles ; et ses créatures : les gros poussahs de la Péninsule arabique, gorgés depuis des décennies de pétro-dollars pour lesquels ils cherchent désormais un terrain d'investissement et qui financent le djihadisme pour se tailler, justement, cette base d'accumulation sous le nom de "Califat".

    Comme l'écrivait en 1912 (après avoir eu des positions hasardeuses sur le sujet quelques décennies auparavant) le grand socialiste de cœur occitan Joan Jaurès : "Mais si les violences du Maroc et de Tripolitaine achèvent d’exaspérer, en Turquie et dans le monde, la fibre blessée des musulmans, si l’Islam un jour répond par un fanatisme farouche et une vaste révolte à l’universelle agression, qui pourra s’étonner ? Qui aura le droit de s’indigner ?"... Un siècle plus tard, il y a eu bien des Marocs et bien des Tripolitaines et nous y sommes désormais : le "fanatisme farouche" s'est levé, il est devenu pour des milliers de personnes ici-même - au "cœur du monstre" impérialiste européen - le "phare" d'un impressionnant et aberrant "sionisme musulman", et les pétro-dollars suraccumulés du Golfe - en quête de terrains où s'investir et se valoriser - en ont fait leur soldatesque. Et nous ne pouvons, en effet, ni nous étonner ni nous indigner ; mais seulement pleurer les vies innocentes que cette déferlante de barbarie emporte.

    Elle a emporté la vie d'Hervé Gourdel dont il est à peu près certain que du haut de ses cimes, dans le parfum des génépis, il n'avait jamais voulu même la plus petite de ses causes. Comme elle a déjà emporté et emportera encore des centaines et des centaines de milliers d'autres sur peut-être un quart ou un tiers de la planète, sunnites ou chiites ou chrétiens, juifs ou yézidis ou agnostiques ou athées, Arabes ou Kurdes ou Turcs ou Somalis, "Orientaux" ou "Occidentaux", Blancs ou Noirs ou entre-les-deux, sous les bombes de la "civilisation" comme sous les balles et les couteaux de boucher de la "barbarie".

    Alors nous, ni étonnés ni indignés, nous ne nous jetterons pas plus dans les bras de cet "Occident civilisé" qui nous l'enjoint que dans ceux des "barbares" qu'il a lui-même engendré : comme les glorieux compagnons de Lénine avant nous - au plus noir de la nuit de 14-18 - nous proclamons le DÉFAITISME RÉVOLUTIONNAIRE ABSOLU vis-à-vis de ces "camps" réactionnaires et nous DÉCLARONS LA VÉRITABLE GUERRE SACRÉE, la GUERRE DU PEUPLE À LA FACE DU MONDE CAPITALISTE, père de toutes ces abominations !

    Nous déclarons et livrerons la Guerre populaire révolutionnaire, car elle est la Fraternité des Peuples contre les ennemis de toute humanité.

     

             Herve-Gourdel.jpg1MAM Aniane 3

     


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  • Depuis bientôt 10 ans que l'on entend parler de ces personnages (Soral, Dieudonné, puis toute la ribambelle des "quenelliers" plus ou moins "associés", du moins jusqu'au "clash" qui arrive plus vite qu'on le pense), on a l'impression qu'il s'agit de démons jaillis des portes de l'Enfer qui justifieraient "pour la culture et la civilisation" (comme disent les autres) les alliances "antifascistes" les plus hallucinantes, comme avec le P's' bourgeois de Valls (le Parti radical de notre époque)...

    Alors que nous avons tout simplement là des PETITS CAPITALISTES plus ou moins dandys qui ont trouvé dans la mobilisation politique de masse (la "dissidence") un créneau commercial vendeur et qui disent "juif" (enfin, plutôt "sioniste" ou "talmudiste" pour éviter les condamnations, qui coûtent du fric) pour ne pas dire CAPITALISME, car dire "capitalisme" les foutrait dans la merde en tant que petits bourgeois. Qui mettent leur "dissidence" au service du Front National car même la mettre au service du NPA ou de Mélenchon exigerait des remises en cause personnelles trop importantes, une autocritique trop difficile de ce qu'ils sont. Et qui ne vont nulle part sinon au bout d'un croc de boucher car dans ce pays, pour paraphraser C.L.R. James, "le cours géné­ral de l'histoire est tel que tout mouvement fasciste d'étendue nationale (aussi déguisé soit-il) sera obligé de s'attaquer à la lutte des 'minorités visibles'/colonisé-e-s intérieur-e-s pour l'égalité"*.

    Ainsi donc, sur l'effondrement idéologique du soralisme dont nous avions déjà parlé :

    Soral avait tort et "nous" avions raison

    Réponse de l'intéressé sur les réseaux sociaux : "Je ne résiste pas au plaisir de relayer ce magnifique article de ces sous-merdes d'antifas sous sponsoring trotsko-sioniste !". Waow, on peut dire que ça, c'est de l'argument politique !

    L'on pourra également vous inviter à lire ce cinglant article d'un blog anticolonialiste basé et luttant dans l'une des dernières colonies directes tricolores (la Réunion) ; autrement dit à qui on ne fait pas prendre des vessies "antisionistes" antisémites pour des lanternes anticapitalistes et anti-impérialistes :

    Comprendre le colonialisme et le racisme : le cas d'Alain Soral

     

    * La prise de position d'Aymeric Chauprade (le "Monsieur International" du FN) en faveur d'Israël et de ses partisans, lors du dernier conflit-massacre à Gaza et des grande manifestations populaires le dénonçant, et la rupture consécutive d'Alain Soral et de sa nébuleuse avec lui - donc avec le FN (1 - 2 - 3) - sont venues confirmer cela et ce que nous disons depuis des années quant à l'INCONSISTANCE politique du soralo-dieudonnisme (ce qui ne nous empêche pas de dénoncer son fond idéologique, ses buts politiques et ses conséquences néfastes dans les classes populaires). En fin de compte, il est possible de dire que la différence entre Médine et Dieudonné (deux "idoles des quartiers" à leurs époques respectives) c'est que quand Dieudonné a rejoint Soral, cela pouvait encore passer pour une démarche "d'avant-garde" vouée à un certain succès. Cette différence se voit bien, d'ailleurs, dans la manière qu'a Médine (contrairement à Dieudonné qui est "à fond" dans son truc) d'assumer un jour à 100%, un jour à moitié, un jour presque pas etc., en mode "je prends pas parti mais un peu quand même".


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  • Nous reproduisons ici un article de François Delpla, historien indiscutablement progressiste (normalien à la rue d'Ulm en 1968, il a sans doute croisé plus d'un mao voire en a carrément été, puis il a participé en 1998 au Livre noir du capitalisme - l'anti-torchon-de-Courtois - et contribue actuellement à Mediapart) qui critique de manière intéressante (bien que limitée) la thèse du fameux Zeev Sternhell, cet historien israélien porté aux nues par certains "maoïstes", comme quoi le fascisme serait d'abord et avant tout un "mouvement de rejet des Lumières".

    Rappelons - car il faut le rappeler - que bien que "de gauche" et "du camp de la paix", Sternhell est d'abord et avant tout un sioniste pour qui il est absolument fondamental de "démontrer" cette "centralité anti-Lumières" du phénomène fasciste : d'abord parce qu'elle est synonyme, pour lui, de "centralité anti-juive" et apporte donc une caution "antifasciste" à la thèse de la "haine éternelle contre le Peuple juif" qui fonde son idéologie ; ensuite parce qu'elle permet, encore une fois, de "dissocier" le fascisme du CAPITALISME dont il est pourtant le pur produit (et dont les Lumières ont été au 18e siècle l'idéologie du triomphe), autrement dit de l'exclure du centre légitime des idéologies occidentales dans lequel il s'inscrit pourtant totalement. Le fascisme doit donc À TOUT PRIX être présenté comme un phénomène extérieur qui "prend d'assaut" le système politique capitaliste "normal" (caractérisé sans autre forme de nuance comme la démocratie libérale)[1] ; et non comme quelque chose qui naît en son sein même, au plus profond de celui-ci, dans un processus de fascisation dont les régimes comme le nazisme ne sont que l'aboutissement ultime et effroyable ; processus à l’œuvre pendant des décennies comme par exemple les 40 années préparant (ici à coup de "hussards noirs" etc.) la Première Guerre mondiale, et auquel nous assistons une nouvelle fois aujourd'hui en Europe et dans la plupart des grands Centres capitalistes mondiaux (Amérique du Nord, Russie, Extrême-Orient) bien que rien de comparable au Reich allemand ni même au fascisme italien n'y ait encore vu le jour.

    frederic de prusse nazisUn bon exemple du fait que le fascisme, pris dans sa version la plus radicale c'est-à-dire le nazisme, n'était que tout relativement "anti-Lumières" est par exemple cet hommage (voir l'affiche ci-contre) rendu par le IIIe Reich en 1936 (pour les 150 ans de sa mort) à Frédéric II le Grand (1740-86), archétype du "despote éclairé", ami de... Voltaire et ayant (surtout) jeté les bases en son royaume de Prusse de l’État allemand moderne. Un État allemand moderne 1°/ produit et serviteur (comme tous les États modernes) du capitalisme dont les Lumières, on l'a dit, sont l'idéologie de la consécration et 2°/ dont le nazisme, dans un contexte bien particulier non seulement de crise capitaliste générale et de menace révolutionnaire mais aussi de bourgeoisie militairement vaincue et humiliée, n'a jamais été que l'expression particulièrement terroriste. Qu'y avait-il d'incongru, par exemple, à ce que le nazisme se revendique de Frédéric II lorsque l'on sait que le nom même de Prusse ne désigne pas la région de Berlin (celle-ci est le Brandebourg) mais des territoires actuellement situés en Pologne et en Russie (enclave de Kaliningrad) dont la population originelle, slave et balte, avait été exterminée ou asservie au Moyen Âge par les Chevaliers teutoniques jusqu'à ce que ces derniers (convertis entre temps au luthérianisme) ne les transmettent au 17e siècle à la principauté de Brandebourg - qui sera alors proclamée "Royaume de Prusse" en 1700 ? Un État , donc, d'une démarche colonialiste meurtrière que l'on ne retrouvera pas bien différemment dans le Generalplan Ost nazi, avec simplement la technologie du 20e siècle en plus ! [Le Reich exaltera donc aussi, logiquement, "l'épopée" de l'Ordre teutonique et l'URSS lui répondra en 1938 par le célèbre film d'Eisenstein Alexandre Nevski - histoire d'un prince russe victorieux des sinistres chevaliers au 13e siècle.]

    Expression terroriste ultra, donc, de l’État moderne dans un contexte de crise générale du capitalisme et de révolution prolétarienne à l'ordre du jour, le fascisme peut par conséquent difficilement être un "rejet" des Lumières qui ne sont pas la remise en cause mais la consécration de cet État - se débarrassant simplement de l'instrument politique obsolète de l'absolutisme. Les "anti-Lumières" eux-mêmes n'étaient d'ailleurs (visiblement) pas si "anti-Lumières" que cela puisque, nous dit Delpla, ils cherchaient fréquemment à opposer les "bonnes" révolutions anglaise et américaine (Burke, par exemple, avait soutenu cette dernière) à la "mauvaise", la révolution bourgeoise française (conception que l'on trouvait déjà dans les maquis chouans et vendéens, dont bon nombre de leaders avaient fait la Guerre d'Indépendance américaine aux côtés de La Fayette, et que l'on a revue au goût du jour lorsqu'en 1989 le bicentenaire de ladite révolution a coïncidé avec la "chute du communisme") ; une "mauvaise" révolution française à laquelle ils reprochaient essentiellement son "dérapage" égalitariste "totalitaire" de 1792-94 et surtout... son expansionnisme "universaliste" (qui, lui, devait survivre à Thermidor) : rappelons qu'ils appartenaient souvent à des nations envahies et/ou en guerre contre les armées "révolutionnaires" bleu-blanc-rouges (Burke anglo-irlandais, Herder[2] allemand, Joseph de Maistre savoyard)... Un "universalisme" expansionniste qui devait forcément plus tard, pour les bourgeoisies du 20e siècle, évoquer celui de l'ennemi absolu : la Révolution bolchévique russe et son Internationale communiste !

    Une autre grande référence de l'extrême-droite, ayant notamment donné son nom à un sinistre hebdomadaire, est elle aussi dans la même veine : Antoine de Rivarol. En parcourant sa biographie, l'on s'aperçoit que son œuvre la plus célèbre est un Discours sur l’universalité de la langue française (ce qui ne devrait pas déplaire à nos "maoïstes" sternhelliens !) prononcé à l'Académie de Berlin où il était l'invité de... Frédéric II ; et que dès Thermidor (chute de Robespierre et des ultra-démocrates) et a fortiori après le 18 Brumaire (coup d'État de Napoléon Bonaparte) son retour en France (qu'il avait quittée en 1792) était plus qu'une option - mais il mourra à Berlin en 1801 sans avoir pu réaliser son projet. Son attachement viscéral à l'institution monarchique et son rejet de l'égalitarisme (il était lui-même un "parvenu" de fausse noblesse...) n'en faisaient pas moins un "homme des Lumières", comme lorsque dans deux Lettres à M. Necker (en 1788) il professe un épicurisme élevé et soutient la possibilité d’une morale indépendante de toute religion, ou lorsqu'à partir de 1789 il participe aux Actes des Apôtres, une revue satirique monarchiste se réclamant de... Voltaire. Il n'était certainement pas hostile au "Progrès", au capitalisme d'ores et déjà triomphant ni (sans doute) à l'idée que l’État français d'Ancien Régime devait rapidement se réformer. Il voyait simplement dans la monarchie ou encore dans l’Église de nécessaires garantes d'ordre et de stabilité ; les "bafouer" revenant selon lui à ouvrir grandes les portes aux forces incontrôlables de la "populace" (ce à quoi, dès 1789, les faits ont pu sembler donner raison) : "quand les peuples cessent d'estimer, ils cessent d'obéir" proclamait-il. 

    L'on pourrait encore citer, comme l'évoque Delpla, l'admiration d'Hitler pour l'Antiquité romaine (référence plutôt "lumiéreuse" s'il en est) ou encore pour Napoléon (à la pierre tombale duquel il réserva sa première visite à Paris) ; cette dernière étant bien sûr partagée avec une grande partie de l'extrême-droite hexagonale (Pierre Taittinger, fondateur des "Jeunesses patriotes" en 1924, était ainsi bonapartiste et l'on trouvait également des traces évidentes de bonapartisme chez les Croix-de-Feu/Parti "social" français, qui ont été - rappelons-le - la matrice idéologique du gaullisme, mais aussi chez le fondateur de "Jeune Nation" et de l'Œuvre française Pierre Sidos, qui revendique cette référence alors qu'il est traditionnellement plutôt classé national-catholique/maurrasso-pétainiste).

    Nous avons déjà vu ici (deuxième partie de l'article : "Le fascisme entre tradition et modernité") comment le fascisme, s'il puise allègrement ses références dans le passé pour mobiliser en exaltant une communauté "organique" millénaire [et non un État simple construction politique historique, abritant parfois des nationalités (autres produits de l'histoire) différentes ("emprisonnées") et dans tous les cas des classes luttant entre elles, et voué à se transformer voire à disparaître dans cette lutte], n'est jamais "déconnecté" de son contexte historique réel aux problématiques duquel il est censé répondre. Il n'est donc, comme phénomène du 20e et maintenant du 21e siècle, JAMAIS véritablement "anti-Lumières" ; tout au plus (comme le suggère à un moment Delpla) une tentative de synthèse entre "Lumières" et "anti-Lumières" (entre gros guillemets maintenant que nous avons vu toute la relativité de ces définitions), dans un esprit d'"assumer toute l'histoire" de "l’État-nation" glorifié [l'on observe (aujourd'hui) particulièrement cette logique d'"assumer toute l'histoire" en Russie, où invalides.jpgtsarisme et capitalisme d’État soviétique sont gaiment réunis dans une même "continuité éternelle russe", mais aussi ici-même en France où convergent de plus en plus les tenants (principalement) de l’œuvre monarchique et ceux de l’œuvre bonapartiste et républicaine (clivage qui a sans doute lourdement handicapé le mouvement fasciste des années 1920-30), les uns (par exemple) acceptant la laïcité d'autant plus facilement qu'elle ne réprime plus que les "allogènes" tandis que les autres reconnaissent pour leur part les "racines chrétiennes" du pays, etc. etc.].

    Derrière tout cela se trouve en réalité une contradiction intellectuelle fondamentale du capitalisme que nous avons déjà longuement évoquée : le capitalisme sécrète en permanence de l'humanisme (car il arrache l'individu producteur aux soumissions traditionnelles de "droit divin", oppose le "libre et créatif entrepreneur" au féodal parasite et doit aussi, très tôt, gérer le caractère social de la production) mais il doit aussi, immédiatement et continuellement, PIÉTINER cet humanisme à peine sécrété car son moteur reste fondamentalement un vol (l'extorsion de la plus-value au salarié) et la condition de cela reste et demeure "l'ordre" et le respect des hiérarchies sociales établies. Une contradiction que le fascisme (comme toutes les contradictions du capitalisme) doit et veut nier et qu'il nie donc, au besoin en niant le capitalisme lui-même (le terme ne désignant plus que la spéculation irraisonnée, les fortunes édifiées trop rapidement, le mode de production laissé en "roue libre" sans intervention de l'autorité politique ou tout simplement la "rapacité" économique, associée ou pas à l'épithète "juif")[3]... Mais cela ne veut pas dire que des tentatives de synthèse/négation de cette contradiction n'ont pas existé antérieurement, dès l'époque des Lumières (celles-ci ne sont-elles pas en elles-mêmes un ensemble de telles tentatives ?) voire de la Renaissance, avec peut-être moins d'urgence en l'absence de crise systémique du mode de production et de mise à l'ordre du jour de son renversement - encore que le tour "incontrôlable" pris (un moment) par la révolution bourgeoise française ait pu faire ressentir une telle urgence.

    Ainsi, en substance, le fascisme n'est pas "anti-moderne" (ce qu'a peut-être voulu entendre Sternhell par "anti-Lumières") : il est un produit du capitalisme donc de la modernité que celui-ci induit. Ce qu'il veut c'est assumer cette modernité dans le respect de l'ordre et des "traditions" (synonymes de "valeurs d'ordre"), que "tout" ne "foute pas le camp", ce qui est finalement la problématique centrale du capitalisme en tant que tel : besoin de modernité (= développement des forces productives) mais, en même temps, conscience que cette modernité met chaque jour un peu plus son renversement à l'ordre du jour. De ce fait, si filiation du fascisme et en particulier du nazisme il y a, cela semble bien plus être avec l'aile droite des "Lumières"[4], celle-là même que Sternhell et tant d'autres qualifient à tort d'"anti-Lumières" [confusion que Delpla ne conteste pas voire... défend lorsque Sternhell lui-même en sort, au sujet de Burke], celle qui assume la nécessaire modernité mais sans vouloir rompre avec "l'héritage" et la "tradition", qui critique le "despotisme", le "cléricalisme" et vénère la "Raison" mais refuse les "excès égalitaristes" français de 1792-94 (autrement dit l'irruption des aspirations populaires sur la scène révolutionnaire bourgeoise - c'est typiquement la critique que Taine adresse à la période par exemple), qui admire l'Empire romain et ses "résurrections" temporaires (Charlemagne, Louis XIV, Napoléon), qui sanctifie la "liberté" et le "droit naturel"... pour les hommes blancs et aisés seulement et exècre les Juifs non en tant que non-chrétiens mais en tant (justement) que "pères" du christianisme... bref, bien plus avec ces "Lumières d'ordre" si bien incarnées par Frédéric II de Prusse qu'avec un supposé jésuitisme[5] qui rejetterait toute modernité postérieure au Moyen Âge (cela a-t-il seulement existé historiquement, passé le procès de Galilée en tout cas ?) ou même avec le "parti catholique" tel qu'il a pu exister en France au 19e siècle, opposé à la franc-maçonnerie (enfin surtout au Grand Orient, aile gauche la plus anticléricale de la franc-maçonnerie, beaucoup moins aux loges "écossaises" nettement plus conservatrices) : Hitler, comme le rappelle Delpla, détestait tout autant les catholiques (et à vrai dire le christianisme en général) que les francs-maçons... et autant de catholiques que de francs-maçons trouvèrent un modus vivendi tout à fait acceptable avec le régime !

    Quant aux fameux fascistes "venus de la gauche" que met tant en avant Sternhell (voyant en eux l'aspect principal et le "moteur" du phénomène), les Valois, Déat et autres Doriot, ils se réclamaient carrément et sans hésitation... de la Convention montagnarde, du Comité de Salut Public et de "l'An II" ("L’État révolutionnaire de 1793 est singulièrement proche de l’État totalitaire ; ce n'est pas du tout l'État capitaliste et libéral (...). Disons en raccourci que la Révolution française a tendu vers un national-démocratisme, et que nous tendons maintenant vers un national-socialisme. Mais le premier mouvement était aussi révolutionnaire que le second, il avait le même sens, il allait dans la même direction. Il est absolument faux de vouloir les opposer l'un à l'autre" - Déat, Pensée allemande et pensée française, 1944) : non seulement les "Lumières", mais encore l'aile GAUCHE de celles-ci !

    Pour ce qui est de l'"anticapitalisme" fasciste ("anticapitalisme romantique" comme disent les sternhelliens), il serait erroné de le réduire à une simple "démagogie pour mobiliser les travailleurs contre leurs propres intérêts" (bien que cette dimension ne soit pas à exclure, surtout aujourd'hui). Mais il faut bien comprendre que le terme de "capitalisme" émerge au milieu du 18e siècle, ne se répand réellement qu'au 19e ("révolution" industrielle)... et qu'au début du 20e encore, tout le monde ne lui donne pas le même sens strict que les marxistes : très souvent ne sont appelés "capitalisme" que les excès de celui-ci, l'inquiétude qu'il suscite dans une société bouleversée par la "révolution" industrielle (choc de modernité), voyant surgir sur la scène politique le prolétariat et ses revendications. On voit d'ailleurs bien qu'aujourd'hui, le fascisme ne se définit plus tellement comme "anticapitaliste" mais plutôt "contre le libéralisme", nouveau terme pour désigner les excès, "l'absence de régulation", la "finance mondialisée" et la "spéculation" auxquels est opposé le "bon" capitalisme "productif" et "enraciné". Eh bien, ce qui est entendu aujourd'hui par "libéralisme" équivaut peu ou prou à ce que les fascistes du 20e siècle dénonçaient comme "capitalisme". Le fascisme n'est pas "anticapitaliste", même lorsqu'il s'affirme tel : ce qu'il rejette c'est un capitalisme qui ne "gère" pas la société et permet à la révolution socialiste de se mettre à l'ordre du jour. Son modèle, en fin de compte, c'est le capitalisme des 16e-17e-18e siècles, qui s'appuyait sur les États "forts" absolutistes (ou "despotiques éclairés" comme la Prusse de Frédéric II...) mais leur devait aussi des comptes. Le fascisme est une certaine vision du capitalisme et non (comme l'affirment Sternhell et ses disciples) une autre vision du monde opposée à lui, ce qui mettrait notre époque politique dans une curieuse situation de "billard à trois bandes" : capitalisme-communisme-fascisme.

    voltaireatable.gifQuant à l'antisémitisme, nous avons déjà vu qu'il plonge ses racines aux sources médiévales mêmes de l’État moderne et qu'il en est absolument indissociable (tant en Allemagne qu'en "France", en "Espagne", au Royaume-Uni  etc.) ; et nous savons également que la place des Juifs dans la société a toujours FAIT DÉBAT, jamais l'unanimité dans le mouvement des "Lumières" - entre partisans de leur rejet, de leur acceptation en tant que tels, de leur acceptation à condition de s'intégrer/assimiler etc. etc. ; la "main tendue" pouvant d'ailleurs (assez fréquemment) être suivie d'un violent rejet lorsque les Juifs semblaient la refuser, comme déjà au 16e siècle avec Martin Luther (dont le pamphlet Des Juifs et de leurs mensonges deviendra un livre de chevet des nazis), mais on retrouve très largement la même véhémence chez Voltaire et beaucoup de ses contemporains "éclairés" (... dont Frédéric II, là encore : faire Ctrl+F et chercher "juif" ici dans son Testament politique). Les Lumières n'ont JAMAIS été synonymes de "philosémitisme" systématique, la position consistant le plus souvent (au "mieux") en une sommation de se dissoudre dans l'"État-nation" ("tout leur accorder en tant qu'individus, tout leur refuser en tant que nation" - Stanislas de Clermont-Tonnerre, député libéral, décembre 1789) et la vieille hostilité médiévale se recyclant souvent (comme envers l'islam aujourd'hui !) sous couvert d'anticléricalisme (rejet des religions révélées dont le judaïsme est la "matrice")[6].

    Ce n'est (comme nous l'avons dit) qu'après la Seconde Guerre mondiale, dans une volonté de dissocier le capitalisme des régimes fascistes vaincus qu'il avait pourtant engendrés, que s'est développée cette conception "philosémite" parant de manière complètement irrationnelle les Juifs de toutes les qualités (donc tout aussi différentialiste que l'antisémitisme...) et proclamant que "s'en prendre aux Juifs c'est s'en prendre à la démocratie [capitaliste occidentale] elle-même"... tout cela restant d'ailleurs très relatif - tout le monde a en mémoire les "Français innocent" de Raymond Barre après l'attentat de la rue Copernic (1980), la "tronche pas catholique" de Laurent Fabius dans la bouche de Georges Frêche (pourtant défenseur acharné du sionisme !) ou encore le ramdam médiatique (comme par hasard au lendemain de la catastrophe financière de 2008) autour de l'affaire Bernard Madoff, cet escroc n'ayant certainement pas provoqué la crise à lui tout seul mais brusquement érigé en "symbole" de la délinquance financière... et se trouvant être juif. 


    http://www.delpla.org/article.<wbr>php3?id_article=261

    À propos de Sternhell (Zeev), "Les anti-Lumières"

    Paris, Fayard, 2006


    Ce livre qui se lit comme un roman (si ce n’est qu’on l’apprécie plus encore à la seconde lecture !) montre l’intérêt de l’histoire des idées, même sans la moindre référence au contexte de leur élaboration, comme si elles se transmettaient d’auteur à auteur. Elles se transmettent aussi comme cela, et c’est certes, en amont, un facteur important de leur genèse, de même qu’un éclairage non négligeable, vers l’aval, sur leur portée. Une telle méthode donne au chercheur une légèreté qui lui permet de se déplacer à travers les siècles plus facilement que s’il devait traîner les impedimenta des conditions économiques, sociales et politiques -auxquelles Sternhell ne s’interdit d’ailleurs pas de faire allusion.

    Au cœur du propos, le repérage d’une double modernité : contrairement à l’idée commune suivant laquelle tout adversaire des Lumières serait un réactionnaire, ceux que présente le livre sont bien de leur temps et d’ailleurs, le plus souvent sans le reconnaître, ils profitent largement de l’apport des Lumières. Celles-ci postulent l’unité du genre humain : l’homme, animal raisonnable, vit en société sur la base d’un contrat le plus souvent implicite ; les philosophes français, inspirés par Locke et prolongés par Kant, travaillent à l’expliciter pour montrer qu’on peut l’améliorer, en diminuant la part des superstitions et en augmentant celle de la raison. « L’autre modernité », celle des anti-Lumières, ne consiste pas à ce que chaque auteur exalte les institutions de son propre pays ou demande qu’on les rétablisse dans leur état ancien si on vient de les changer : ces penseurs ne sont donc ni conservateurs ni réactionnaires. Ils sont, comme les Lumières, cosmopolites : c’est partout, d’après eux, que l’existant est préférable au changement, car il est légué par d’innombrables générations qui savaient ce qui était bon dans tel endroit pour tel peuple. Ce qu’il y a ici de moderne, c’est un relativisme moral et politique, qui tend à répudier toute norme générale.

    AVT_Zeev-Sternhell_7583.jpg Cette modernité initiée par Burke et Herder, relayée entre autres par Renan, Taine, Barrès, Sorel, Spengler et Meinecke, puis, après la seconde Guerre mondiale, par le professeur d’Oxford Isaiah Berlin et les néo-conservateurs américains, calomnie les Lumières en prétendant, par exemple, qu’elles conçoivent l’homme comme partout identique -alors qu’un Montesquieu ou un Voltaire se sont beaucoup penchés sur les différences entre les civilisations. On prétend aussi, avec beaucoup de mauvaise foi, que les Lumières sont « européocentristes » et exaltent la supériorité de la civilisation occidentale. Or Voltaire, peu indulgent pour le « fanatisme » qu’il avait sous les yeux, savait au contraire lui opposer de sympathiques manifestations de tolérance repérées sous d’autres climats. [Là on ne peut être qu'en désaccord et s'étonner d'une telle méconnaissance, chez un historien, des propos violemment racistes et antisémites de Voltaire dans son œuvre : http://www.contreculture.org/<wbr>AG%20Voltaire.html... Et dans un souci (certes) de contourner la censure monarchique et ecclésiastique, c'étaient plutôt les exemples de "fanatisme" qu'il allait chercher sous "d'autres climats" !]

    Si le livre contient de savoureux passages sur Burke et sa condamnation intéressée de l’élargissement du suffrage, lui qui devait tant au système bien nommé des « bourgs pourris », il s’attarde surtout sur Herder, dont Sternhell montre à la fois qu’il a influencé plus de gens qu’on ne croit d’ordinaire et qu’il a exprimé des idées qu’on attribue volontiers à des auteurs plus tardifs, notamment à propos des Juifs : la thématique antisémite d’un Drumont est déjà, pour l’essentiel, en place dans son œuvre.

    Il y a donc, pendant un bon siècle et demi, une accumulation d’écrits qui préparent le fascisme, en habituant les esprits à penser en termes nationaux et à ne prêter d’intérêt qu’aux entreprises qui permettent d’augmenter la puissance d’un pays, plutôt que le bonheur des hommes. Dans « fascisme », il faut entendre aussi « nazisme », et moins que jamais Sternhell ne cherche à distinguer les deux. C’est là sans doute la principale faiblesse de sa construction. S’il les mentionne à l’occasion, il n’explique en rien les formes infiniment plus nocives prises par le phénomène en Allemagne et méconnaît le caractère local et transitoire du fascisme partout ailleurs : témoin le fait que l’antisémitisme fut, en dépit de la révérence des dictateurs envers les anti-Lumières, bien peu virulent en Italie, en Espagne ou au Portugal. Pire, l’une des rares occurrences du nom de Hitler (p. 575) consiste à accuser Ernst Nolte, qui a certes de gros défauts mais non celui-là, d’exagérer son rôle :

    En faisant du nazisme un reflet du communisme et une réponse légitime au danger bolchevique, en le coupant de ses racines idéologiques et culturelles, en mettant un accent démesuré sur le rôle du Führer, le nazisme peut être quasiment évacué de l’histoire nationale.

    barbarossa2Cette impuissance même à distinguer le cas de l’Allemagne en prenant en compte la personnalité exceptionnelle de son leader, montre la voie à suivre pour tirer pleinement parti de ce maître livre et prolonger ses découvertes. D’une part, Hitler, qui était peut-être moins inculte que Sternhell ne l’imagine, avait probablement lu Herder et assimilé son antisémitisme, pour en faire, avec la logique implacable qui le caractérisait, une dimension essentielle de sa politique. D’autre part et surtout, la doctrine nazie n’était pas banalement ni entièrement « anti-Lumières ». Hitler était purement et simplement pro-allemand et d’ailleurs il réintégrait dans le panthéon intellectuel de sa patrie deux auteurs vomis par Herder et consorts, à savoir Kant et Hegel. Plus largement, il faut le considérer au moins en partie (et sans en faire un philosophe ni un intellectuel) comme un anti-anti-Lumières ou, en termes hégéliens précisément, comme l’auteur d’une synthèse qui prolonge, en les dépassant, la thèse et l’antithèse. L’idée d’un progrès l’intéresse, et non moins celle de l’unité du genre humain : c’est bien pour cela que les Juifs, ces parasites à détruire sans faiblesse, n’en font pas partie, et que les autres hommes forment des races et non des espèces.

    Une autre différence irréductible entre le nazisme et les anti-Lumières apparaît lorsqu’ils pèsent les mérites de l’Empire romain mais Sternhell, qui montre que les anti-Lumières le détestent pour son cosmopolitisme, ne paraît pas s’aviser que Hitler le porte aux nues, et omet en conséquence de se demander pourquoi. C’est que les nations n’intéressent précisément pas le dictateur allemand... si ce n’est la sienne. Il n’a donc rien contre un empire qui les étouffe et les mélange... pourvu que ses élites présentent un semblant d’unité « raciale ». Créé et dominé par des peuples indo-européens, cet empire maintient ceux qui ne le sont pas dans une double infériorité, par l’esclavage à l’intérieur et par le terme de « barbares » appliqué aux étrangers. Par ailleurs, il dégénère lorsqu’il devient chrétien, c’est-à-dire, pour parler comme Hitler, s’abandonne à l’influence juive. Effacer 2000 ans de christianisme : voilà bien l’essence du projet nazi et ce qui le distingue le plus des régimes dits fascistes, tous plus ou moins tolérants envers les Églises.

    Les anti-Lumières eux-mêmes ont pour les religions les yeux de Chimène, à condition qu’elles ne soient pas trop missionnaires, puisqu’ils révèrent partout les traditions. Ils conçoivent l’homme comme inscrit dans la nature, et les sociétés comme des arbres. Ils n’ont que faire d’un jardinier volontariste qui révère aussi, à sa façon, la nature, mais en privilégiant une de ses leçons les plus inhumaines : tout est lutte et il ne faut pas s’opposer, au nom d’une vaine sensiblerie, à l’écrasement des faibles. Chez les anti-Lumières, montre Sternhell, il n’y a pas de contrat social mais un donné qui partout s’impose à l’individu et devant lequel il doit s’incliner. Parmi les passages les plus intéressants du livre figurent ceux qui montrent ces auteurs en extase devant les préjugés de caste ou de classe. Hitler en fait plutôt table rase : l’homme fort a tous les droits, et le devoir de plier tout ce qui existe à sa volonté. Loin de respecter l’état de choses existant comme une œuvre sacrée de la nature, il entend, en quelques années, remodeler la carte du monde en même temps que la biologie ! Or ce programme ne peut s’accomplir par la seule force brutale, sinon le réel se rebifferait immédiatement. Il faut apprivoiser et chloroformer les futures victimes, les diviser, sérier les questions, avancer à pas comptés et sous un masque, bref faire triompher la folie à grand renfort d’intelligence et de raison.

    nazisme hitlerEn conséquence, il convient de dialectiser non seulement le rapport de Hitler aux Lumières, mais l’usage qu’il fait des anti-Lumières. Il flatte tant et plus leurs aspirations, lorsqu’il se présente comme un conservateur raisonnable qui met au pas ceux qui transgressent les règles admises ou menacent de le faire : homosexuels, suffragettes, marxistes, artistes modernes etc. Il séduit et neutralise d’autant plus sûrement ses précurseurs, adeptes d’une « révolution conservatrice », qu’il cultive son personnage d’autodidacte brouillon et vociférant, semblant leur dire qu’il a besoin de leurs compétences et aussi que, s’il va trop loin et commence à leur déplaire, ils pourront facilement se débarrasser de lui. La violence nazie se fait admettre à la fois parce qu’elle est beaucoup moins meurtrière qu’elle ne s’annonçait elle-même (et va jusqu’à se retourner apparemment contre elle-même lors de la nuit des Longs couteaux) et parce qu’elle semble temporaire. Elle arrive à se présenter comme un instrument, apte à rééquilibrer un pendule qui penchait trop vers la réforme ou le débraillé, et à rentrer ensuite sagement dans la boîte à outils. De ce point de vue, on peut bien dire que les anti-Lumières allemands des années 1920 (Spengler et Carl Schmitt notamment) ont fait le lit du nazisme, à condition de préciser qu’ils croyaient le faire dans la chambre d’amis et qu’ils se sont à leur grande surprise (et à leur désappointement impuissant) trouvés prestement interdits de séjour dans les pièces principales.

    Sternhell écrit là un livre de combat à l’usage de notre époque. Membre de la gauche israélienne (comme il le suggère dans une note de la p. 499), il exalte la démocratie en dénonçant ses contrefaçons et montre implicitement les États-Unis à la croisée des chemins. La Guerre froide a vu l’Occident se réclamer de la liberté plus que de la démocratie, et ce n’est pas un hasard. Sternhell montre qu’on peut aimer celle-là en détestant celle-ci, à l’instar d’I. Berlin et de son œuvre la plus connue, une conférence de 1958 sur la différence entre liberté négative et liberté positive. Il y proclame que seule la liberté négative (freedom from) est à rechercher et à défendre : celle qui consiste à ménager autour du citoyen un espace où il fait ce qu’il veut, sans limite ni contrainte légales. La liberté positive (freedom to), c’est-à-dire le droit d’aménager la cité de concert avec ses semblables, serait le germe de tous les totalitarismes. Or la liberté positive seule, rappelle Sternhell, a partie liée avec la démocratie -que ce texte de Berlin répudie donc sans le dire. Il ne va pas toujours aussi loin. Il ne se proclame pas adversaire des Lumières et il faut souvent un œil exercé pour s’en rendre compte, ainsi quand il annexe aux Lumières Burke en personne, en jetant un voile pudique sur ses anathèmes contre le peuple, assimilé tout au long de son œuvre à une populace excitée [c'est pourtant, pour le coup, tout à fait exact : Edmund Burke était un whig (libéral) qui défendra même au Parlement anglais (à ses risques et périls, donc) les Burke-Edmund-LOC.jpgindépendantistes américains et ne se détournera de la Révolution française que devant ses "excès"... et se méfier de la "populace excitée" n'a jamais été en soi antinomique des "Lumières"]. Il y a chez ces anti-Lumières tardifs beaucoup de confusion et, l’auteur n’hésite pas à l’écrire, de malhonnêteté, par exemple lorsqu’un disciple de Berlin reproduit ses articles en les réécrivant subrepticement (p. 521).

    L’époque des Lumières est marquée par trois révolutions, l’anglaise de 1688, l’américaine et la française. Sternhell insiste sur leurs points communs et montre que l’effort d’une bonne partie des anti-Lumières consiste à les opposer, comme si la Manche formait une barrière idéologique : la mauvaise révolution française, trop démocratique, jurerait avec les deux autres, réduites à des mouvements d’humeur de portée locale contre les abus du despotisme. Sternhell dit après bien d’autres, mais en décryptant comme personne les efforts des anti-Lumières, depuis deux siècles, pour masquer cette vérité, que les révolutionnaires français puisaient aux sources anglo-saxonnes, mais poussaient plus loin sur la voie des droits de l’homme. Ce faisant, il rétablit le rôle majeur de la France dans la diffusion de la démocratie, tout en y associant le nom de Kant : l’ouvrage parle d’un bout à l’autre des « lumières franco-kantiennes » et les oppose, sur la scène allemande, au Sturm und Drang qu’anime Goethe aussi bien que Herder.

    Ces rappels sont propres à doper le moral des démocrates d’aujourd’hui et le pourront d’autant mieux qu’on ne fera pas du nazisme le produit quasi-mécanique d’une accumulation d’idées obscurantistes. Le libre débat qui avait permis à la France de se doter d’une république stable en dépit de Renan et de Maurras était en passe de produire cahin caha les mêmes effets dans l’Allemagne de Weimar... si Hitler avait été un vulgaire Boulanger. Mais ce politicien à l’intelligence insoupçonnée, et encore aujourd’hui généralement sous-estimée, sut exploiter les affrontements idéologiques pour imposer ses propres thèses, d’une grossièreté radicalement inédite. Ce livre, en aidant à connaître le milieu intellectuel dans lequel a baigné sa formation et qu’il a, par la suite, manipulé, affinera la connaissance du Troisième Reich et les leçons tirées de ce moment catastrophique de l’histoire, à condition de reconnaître que le terreau n’a pas spontanément engendré son laboureur.


    À lire aussi sur l'"anti-Sternhell", Robert Soucy :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/le-fascisme-en-france-l-analyse-de-robert-soucy-a118788000


    [1] Une idéologie qui proviendrait selon lui de la "rencontre" entre la droite nationaliste "anti-Lumières" et une certaine gauche "syndicaliste révolutionnaire" et/ou "anticapitaliste romantique" ayant rejeté le marxisme - ce qui donne en fin de compte un étrange vernis d'"orthodoxie" marxiste (mais alors, comment être en même temps sioniste ?) posé sur les thèses de l'"antitotalitarisme" bourgeois (le fameux "les extrêmes se rejoignent", rappelons par exemple que Bernard-Henri Lévy partage globalement les mêmes analyses dans son ouvrage L'idéologie française)... En fait, tout ce que ceci montre c'est que Sternhell ne comprend absolument pas le concept marxiste-léniniste d'hégémonie (Gramsci). La réalité c'est qu'en situation de crise générale du capitalisme, ce que l'on qualifiera d'extrême-droite exerce petit à petit une HÉGÉMONIE intellectuelle TOTALE sur l'INTÉGRALITÉ du champ politique de la société capitaliste... ceci pouvant inclure jusqu'à des éléments de la "gauche de la gauche" [et bien sûr de la "gauche radicale d'affirmation des Peuples", comme typiquement Yann-Ber Tillenon ou Padrig Montauzier en Bretagne] - et s'ils ne sont pas ou que très superficiellement marxistes, c'est évidemment encore plus facile ! Mais ce sont des éléments de la mobilisation fasciste PARMI D'AUTRES ; il suffit de penser par exemple à la quantité de radicaux de la 3e République (qui seraient l'équivalent de notre PS d'aujourd'hui !), bien francs-maçons et "libres penseurs" comme il faut (purs produits des Lumières en quelque sorte !), qui se rallieront à la "Révolution nationale" pétainiste en 1940 ! Or Sternhell choisit de focaliser sur ce phénomène pour en faire la véritable "fécondation" de ce qui deviendra le fascisme (par exemple le "Cercle Proudhon" où peu avant la Grande Guerre "convergeaient" des militants de l'Action française - à l'initiative du truc, ce qui ne trompe pas ! - et quelques "syndicalistes révolutionnaires" comme Édouard Berth ou Georges Valois, proches de Georges Sorel - mais ce dernier était lui-même plutôt hostile à la démarche).

    [2] En parcourant la biographie Wikipédia de ce dernier, on découvre même qu'il a totalement été un homme des Lumières, ami de Goethe et même... membre des "Illuminés de Bavière", société secrète de type maçonnique ayant donné naissance au délire des "Illuminatis" qui persiste encore aujourd'hui. Il a simplement pris ses distances avec la Révolution française après les Massacres de Septembre (1792). En revanche, il était bel et bien violemment hostile aux Juifs (dans un esprit très voisin de celui de Voltaire...) ; un antisémitisme des Lumières qui a sans doute autant sinon plus nourri l'antisémitisme exterminateur du 20e siècle que le vieil antijudaïsme chrétien (qui laissait, rappelons-le, l'opportunité aux Juifs de cesser de l'être en se convertissant, alors que l'antisémitisme les voyant comme une "race abjecte" ne le permet pas). C'est donc là encore une formidable illustration du "sérieux" de l'analyse de Sternhell et (donc) des "maoïstes" qui s'en réclament.

    [3] Bien sûr, au même titre qu'avec le proudhonisme en Hexagone, l'une des composantes (loin d'être la seule...) de ce bric à brac idéologique va être l'exaltation du capitalisme naissant médiéval (généralement non désigné comme capitalisme) dépeint comme "pur", par opposition à "ensuite" - le capitalisme "en grand", triomphant, à partir du 18e siècle. C'est ainsi que le 'p''c''mlm' va nous présenter en ce moment même un certain Rudolf Jung (Allemand des Sudètes) et son "socialisme national" comme "à la base même" de l'idéologie nazie (il en a, en effet, été un contributeur important mais pas le seul) ; et va particulièrement insister sur "l'éloge de la paysannerie médiévale et du petit commerce" par celui-ci dans ce qui se veut une allusion "cryptée" et, en réalité... une compréhension complètement de travers de notre longue étude sur la société médiévale en général (occitane en particulier) publiée l'automne dernier. Toute l'activité du 'p''c''mlm' depuis 6 mois (au moins) consiste en effet à nous présenter sans jamais nous nommer comme des "anticapitalistes romantiques" et des nazis en puissance qui exaltent la société précapitaliste et rejettent le "progressisme" de sa destruction par le capitalisme et l’État moderne, "fantasment" une Occitanie conçue comme une communauté "organique" et "socialiste en soi" à laquelle le capitalisme serait "étranger" et "imposé de l'extérieur" etc. etc., tout ceci devant (bien sûr) nous conduire tôt ou tard à l'antisémitisme (à moins que ce ne soit déjà le cas, c'est en tout cas la position de certains), obligés que nous serions de pointer "le Juif" comme "seule explication possible" à ce que nous avançons. Travestissement grotesque - entre lecture en diagonale et mauvaise foi caractérisée - de ce que nous disons, mais passons.
    Nous avons en substance, dans notre étude sur le païs médiéval (communauté paysanne/villageoise), défini celui-ci comme ayant deux aspects, comme étant à la croisée des chemins en quelque sorte : la communauté ancestrale collectiviste (produisant de manière collectiviste ce qui ne veut pas dire pour le seul bénéfice de la collectivité : il y avait évidemment le seigneur des lieux qui ponctionnait sa part du produit) qui se meurt, et le capitalisme rural qui émerge en générant d'un côté (un se divise en deux) une couche de notables, gros fermiers et autres possédants et de l'autre, un prolétariat rural et une paysannerie paupérisée que le développement du capitalisme dans les villes viendra peu à peu "aspirer". Tout ce processus est bien entendu interne et intrinsèque au païs considéré (cette société paysanne et villageoise qui représente 99% de la population au Moyen Âge et encore près de 90% à la veille de la "révolution" industrielle). L’État moderne comme cadre politique adapté et nécessaire à cette affirmation du capitalisme vient se superposer à cela, il ne "l'importe" pas même si en Occitanie, en l'occurrence, il est le fruit d'une conquête militaire par le Nord capétien. L'Occitanie du 13e siècle était, de fait, bien plus capitaliste que le Bassin parisien ; mais pour passer à un niveau supérieur de développement capitaliste il lui fallait un cadre politique (l’État moderne) qu'elle n'a pas su, pu ou (simplement) eu le temps de se donner et qui lui a (donc) été apporté par son annexion meurtrière au domaine capétien, futur État français : voilà ce que nous disons. Ceci, si l'on distingue très schématiquement une masse des producteurs et des couches possédantes (possesseurs de moyens de production, au titre du droit féodal évidemment à l'époque, mais prérequis indispensable à une économie capitaliste), s'est imposé de force à la première (comme tout appareil de domination de classe) mais de gré à une partie des secondes et de force à une autre - qui aurait peut-être "préféré" un cadre politique strictement national, ceci étant déjà (tout de même) en gestation alors, mais aussi dans bien des cas sans la moindre conscience de ce qui se jouait, dans un pur cadre de concurrence entre possédants (untel et untel et encore untel se tournant vers le roi de France contre ses ennemis héréditaires, etc.). La même chose (avec ses spécificités dans chaque cas) s'est déroulée à peu près pareillement dans toutes les parties des grands États qui composent aujourd'hui l'Europe, que ces territoires aient eu (d'ailleurs) des caractéristiques nationales à l'époque ou non (dans tous les cas la subsidiarité politique médiévale a été "tuée" au profit de l’État moderne centralisé dirigeant "du haut vers le bas" et l'autosuffisance économique des communautés populaires a été liquidée, ainsi que Marx le décrit en Angleterre sous l'État... anglais).
    Ce que nous avons mis en avant dans notre étude (et d'autres documents), c'est donc surtout l'aspect collectiviste primitif résiduel du païs médiéval tout en soulignant bien le caractère inévitable du processus qui a suivi ; ainsi que la subsidiarité politique qui prévalait alors parce qu'elle rejoint notre conception de la société socialiste de demain, avec ses Communes populaires comme cellules de base et ses échelons territoriaux plus grands, indispensables mais ne devant s'occuper que de ce que la Commune ne peut pas faire toute seule. Quant au fait que l’État du Capital, là où nous vivons et le combattons (en Occitanie), soit le produit d'une conquête et d'une soumission militaire... nous le soulignons tout simplement parce que c'est la réalité et que comprendre cette réalité (et non la refuser) nous permettra seul de lutter victorieusement. Nous avons observé qu'une fois l’État constitué, le Capital... de la capitale (Paris) s'est naturellement retrouvé au sommet de la pyramide et qu'il a agencé le développement capitaliste et l'organisation sociale de la production (= l'organisation de l’État) conformément à ses intérêts, en Centres et en Périphéries où se concentrent respectivement le POUVOIR (politique, économique et culturel) et l'exploitation, l'oppression et l'aliénation... et nous avons formulé à partir de là que la Guerre révolutionnaire du Peuple devait consister en un encerclement des premiers par les secondes. Nous avons également observé que l’État français, durant 8 siècles, a consacré d'immenses efforts à briser la résistance des couches possédantes réfractaires (bien sûr) mais aussi des masses populaires ; le premier combat s'inscrivant (en dernière analyse) dans le cadre de la concurrence capitaliste tandis que le second, lui, s'inscrit dans ce que Marx a décrit comme l'accumulation primitive du capital et l'arrachement des producteurs à tout moyen de production et de subsistance autre que leur force de travail (à "vendre" quotidiennement au capitaliste) ; les deux prenant dans tous les cas un aspect culturel : l'imposition de la langue et de la culture française à l'Occitanie. Or si ce combat culturel a presque totalement réussi dans les couches aisées, il n'en a pas été de même auprès des couches populaires, travailleuses, ouvrières et paysannes ; et ceci, cette conscience occitane résiduelle, n'est pas selon nous un "vestige obscurantiste du passé" qu'il faudrait achever de balayer mais au contraire la base de la prise de conscience de tout le reste, pour pouvoir engager le combat contre ce "tout le reste"... qui n'est autre que le capitalisme et l’État français. Voilà ce que nous disons !!! Pour ce qui est du "progressisme" du capitalisme et de l'État moderne, il est vrai que nous évitons ce terme devenu au fil du temps synonyme de "bien", de "positif". Nous voyons l'imposition du capitalisme et de l'État moderne (qui va avec) comme un passage souvent douloureux, parfois positif (progrès technique et scientifique, développement de la considération humaniste pour l'individu) et dans tous les cas nécessaire et incontournable de l'espèce humaine vers le communisme... ce qui n'est ni plus ni moins que la conception de Marx (il suffit de lire le Capital). Il nous semble simplement que la confusion entre progrès objectif (l'humanité devait objectivement en passer par là) et "progressiste" au sens de "positif" (connotation morale) a pu amener par le passé à célébrer l’œuvre de l'ennemi (l’État moderne devenu "République une et indivisible" par la révolution bourgeoise)... que l'on peut alors difficilement combattre. Nous, nous COMBATTONS l’État français appareil politico-militaire de la classe dominante capitaliste. Mais nous ne sommes pas non plus pour un État occitan, un État breton, un État corse etc. etc. qui seraient autant de petits États français miniatures : nous sommes pour une organisation sociale radicalement nouvelle, l'"État" des Communes populaires fédérées !
    L'approche de Rudolf Jung, elle (puisque c'est l'exemple que veut mettre en avant le 'p''c''mlm'), nous semble bien différente... Son "éloge de la paysannerie médiévale et du petit commerce" nous semble surtout être un éloge de l'aspect capitaliste naissant de la société médiévale... tout en "déplorant" l'évolution par la suite, le capitalisme "en grand" avec ses banques, sa grande industrie (et mort de la petite), sa "spéculation" (et mort du petit commerce) etc. etc., toutes choses pourtant inévitables mais que Jung rejette et (seules) regroupe sous le vocable de "capitalisme". Et comme ce capitalisme "en grand" ne "peut pas" (dans son esprit) être le fruit naturel et inévitable... du capitalisme naissant, il ne peut donc résulter que d'une intervention extérieure et/ou d'un mal ("l'avidité") qui se serait emparé du "corps sain", et qui se trouve très vite identifié avec la "main du Juif" (identification pratiquement inévitable dans la région d'Europe où il vit). En tant que Sudète, la culture populaire de Jung est celle de ces petits villages de "défricheurs" de l'épaisse forêt médiévale, peuplée de deux "espèces nuisibles" : le loup et le Slave. Il est donc tout logiquement aux avant-postes pour célébrer cette mythologie du paysan-entrepreneur libre "défrichant" les terres sauvages et "construisant tout de ses mains", faisant "avancer la civilisation" sans l'intervention néfaste des "banques" ni de la "bureaucratie"... Un esprit que l'on retrouve, par exemple, omniprésent dans l'extrême-droite nord-américaine célébrant le "pionnier" et qui a rejailli de là (un peu) sur l'ancienne métropole britannique, elle aussi (à l'origine) nation de "défricheurs" libres (les yeomen) - sauf que dans tous ces pays le mot "socialisme" (quasiment synonyme de "marxisme" ici) est absolument tabou et il ne viendrait à l'idée de personne de s'en réclamer, c'est plutôt la "liberté" qui est mise en avant, mais l'idée de petits producteurs "libres" et "librement associés", "naturellement solidaires" sans imposition "bureaucratique" (idée que l'on retrouve ici chez Proudhon...) est en dernière analyse la même que dans le "socialisme national" de Jung.
    Quant à la conception de l’État... Jung est tout simplement un partisan de la "Grande Allemagne" englobant toutes les communautés de langue germanique, comme des millions et des millions de ses contemporains (la "Petite Allemagne" de 1871 s'était plus imposée par défaut qu'autre chose), ce qui correspond particulièrement bien (de surcroît) à sa culture de "pionnier" sudète face au monde slave (Drang nach Osten). Cet État grand-allemand aurait dû être (selon lui) l'émanation "naturelle" de la communauté médiévale capitaliste primitive qu'il encense - il a correctement saisi que l’État moderne (dont il est un partisan) procède directement de l'émergence/affirmation du capitalisme (qu'il n'appelle pas ainsi et dit rejeter) ; mais des aléas ont fait que cela n'a pas été le cas et il ne comprend pas, ou refuse carrément de comprendre ces aléas (ce que seule une grille d'analyse marxiste permettrait). Ce ne peut donc être que "la faute à" la monarchie autrichienne (Habsbourg) qui serait tombée "aux mains des Juifs" (avec lesquels elle s'est effectivement montrée libérale à partir du 18e siècle). L’État est vu par Jung comme la "destinée" d'une communauté nationale (Volk) et l’État des Volksdeutsche doit être la Grande Allemagne, un point c'est tout, seule une "force maléfique" (= les Juifs) pouvant contrarier cette "destinée". Il n'est pas vu comme un instrument de classe (il n'y a pas de classes dans la communauté nationale idéalisée de Jung) ni le fruit d'un processus complexe et aléatoire, marqué notamment par la concurrence entre Centres capitalistes pour se tailler une base fondamentale d'accumulation et n'ayant d'ailleurs jamais, en Europe ni ailleurs, vraiment engendré d’États qui correspondent exactement à ce que les marxistes définissent comme une nationalité.
    Par exemple, s'il n'y a pas d’État occitan, c'est parce qu'au moment décisif (13e siècle) les tentatives des classes dominantes occitanes (toujours partielles : Aquitaine-Gascogne, Languedoc, Provence, jamais l'Occitanie entière) ont échoué pour tout un faisceau de raisons et ont été écrasées par l'expansionnisme capétien, porté par la bourgeoisie francilienne. De même, s'il y a une Allemagne et une Autriche, c'est parce qu'au 19e siècle il y avait deux grands Centres de pouvoir (les Hohenzollern de Prusse appuyés sur la bourgeoisie brandebourgeoise et rhénane et les Habsbourg d'Autriche appuyés sur la bourgeoisie de Vienne) qui n'ont jamais réussi à s'entendre, revendiquant chacun l'unification des peuples de langue germanique sous sa seule coupe [de fait, si quelque chose marque la singularité du nazisme au sein du fascisme européen en général, c'est peut-être cet échec historique de la bourgeoisie allemande à assouvir son "grand" projet : un État allemand correspondant peu ou prou au Saint-Empire de l'An Mille et exerçant sa domination sur toute l'Europe centrale et orientale]. Tout cela est aussi aléatoire (dépend d'autant de facteurs) que le fait que dans la nature, le lion attrapera tel jour la gazelle et tel jour non ; mais Jung refuse d'admettre de tels aléas car il ne voit pas les choses en matérialiste mais en idéaliste, en termes de "peuple" comme communauté organique et d’État comme "destin" de cette communauté. Jusqu'en 1918 les Allemands des Sudètes se trouvaient dans l'Empire austro-hongrois, puis ils se retrouvèrent dans un nouvel État dénommé "Tchécoslovaquie". Ceci, effectivement, n'était pas démocratique : les Sudètes étaient niés à l'intérieur d'un État base d'accumulation pour la bourgeoisie tchèque (en réalité celle-ci était très faible et une telle chose n'était possible qu'avec le soutien impérialiste de l'Entente, les vainqueurs de la Première Guerre mondiale). Mais tout ceci n'était pas le problème de Rudolf Jung, qui avait d'ailleurs déjà commencé son militantisme pangermaniste depuis bien longtemps (sous l'Autriche-Hongrie), définitivement forgé son idéologie et mis le point final à son œuvre maîtresse (Le Socialisme national) alors que la Tchécoslovaquie voyait à peine le jour. Son problème, son objectif, c'était la Grande Allemagne qui n'avait pas réussi à se constituer au 19e siècle, projet impérialiste fort peu soucieux (d'ailleurs) de "pureté" ethnique allemande lorsqu'il s'agissait d'annexer (et d'asservir) des populations slaves.
    Tout cela, ce sont des contradictions du capitalisme que le fascisme (ce qu'était l'idéologie de Jung) et, dans un sens, l'idéologie bourgeoise en général (mais de manière moins ouvertement agressive) a pour vocation existentielle de nier et dissimuler sous des mythes pour tenter de les "surmonter" et de faire exister ce que chaque bourgeoisie perçoit comme sa "destinée", plus ou moins contrariée par l'histoire ! [Il en va exactement de même du mythe de la "Gaule" et de "l'Hexagone", ce "cristal" parfait qui "ne pouvait avoir une autre forme", correspondant exactement aux "frontières naturelles" de la base d'accumulation "idéale" visée par l'expansion parisienne "française" tout au long des 17e, 18e et 19e (voire 20e) siècles.]
    Nous, notre prétention est seulement de comprendre les processus du passé car de ceux-ci découle le présent ; afin de pouvoir transformer ce présent et construire l'avenir !!!

    [4] Dans le cas spécifiquement français, au demeurant, dès 1789 et totalement dans la seconde moitié du 19e siècle, le clivage entre droite et gauche des Lumières tendra à recouper assez nettement un clivage Nord-Sud et à se coupler, dès lors, à une hostilité aux Juifs puisque l'Occitanie avait été leur Sion médiévale et puisqu'à l'époque les Juifs de France étaient soit alsaciens ou lorrains, soit occitans (communautés de Provence-Languedoc issues du Comtat papal et communautés gasconnes)... le clivage s'ancrera rapidement et par la suite, si les exceptions sont devenues célèbres (Maurras), l'Occitanie restera relativement hermétique à la "droite révolutionnaire" dont parle Sternhell - en revanche, sous Vichy, il existera une collaboration de gauche (René Bousquet etc.).

    [5] Les Jésuites ne se caractérisaient d'ailleurs pas par un antisémitisme particulièrement virulent pour leur époque : http://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_Juifs_et_Jésuites...
    Il s'agit vraiment du seul courant de pensée (en tout cas l'avant-garde du seul courant) réellement qualifiable d'"anti-Lumières"/"anti-moderne" à l'époque considérée. Ils s'opposaient à vrai dire non seulement aux Lumières mais à toutes les "idées nouvelles" surgies depuis le 16e siècle, y compris les grandes découvertes scientifiques indiscutables comme l'héliocentrisme de Copernic (le fait que la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse), et non seulement à l’État bourgeois (monarchie ou même république parlementaire) voulu par les Lumières mais aussi à l’État moderne sous sa forme monarchique absolue (mouvement des monarchomaques), tel que théorisé par Jean Bodin par exemple. Ils étaient, en réalité, les derniers défenseurs de la "république populaire" et de la subsidiarité médiévale sous le "patronage" bienveillant de l’Église ; et bien qu'attachés à certaines hiérarchies sociales et à l'obéissance à ces hiérarchies, ils opposaient même à la modernité de leur époque (affirmation quotidienne de capitalisme et de son État) des conceptions très démocratiques voire sociales, qu'ils mirent notamment en pratique dans leurs missions du Paraguay [l'origine basque des deux principaux fondateurs de l'ordre, Ignace de Loyola et François Xavier, contemporains (au demeurant) de l'exécution militaire du Royaume de Navarre par le jeune État moderne espagnol, n'est sans doute pas dissociable de ce catholicisme "populaire", "foi du charbonnier" et "républicain" anti-absolutiste porté par les Jésuites, ainsi que d'un certain esprit de syncrétisme avec les croyances ancestrales pré-chrétiennes que l'on retrouvera notamment dans les missions du Paraguay, puisque tout cela était caractéristique de la très catholique mais aussi très égalitaire et "républicaine paysanne" (dénuée de conception monarchique forte) société basque de l'époque]. Ils admettaient et faisaient même (pour certains) la propagande du tyrannicide, autrement dit l'élimination par n'importe quel individu du souverain devenu 'despote'. Ceci leur vaudra, bien avant les révolutions bourgeoises qui les vouaient évidemment aux gémonies (comme incarnations de l'"obscurantisme"), des relations exécrables avec toutes les grandes monarchies absolues (y compris de religion officielle catholique : France, Autriche, Espagne, Portugal) mais aussi tumultueuses avec la Papauté qui, bien que fortement "anti-moderne" elle aussi, voulait ménager les États absolutistes et en était, au demeurant, un elle-même (en Italie centrale). Ils refusèrent toujours catégoriquement de participer à l'Inquisition qui rappelons-le, bien qu'institution de l’Église, avait été l'un des premiers instruments de terreur de masse de l’État moderne ; et leurs ouvrages furent fréquemment mis à l'Index par elle.
    Ce courant de pensée n'a pas de continuateurs directs au 20e siècle et encore moins aujourd'hui, après que les révolutions bourgeoises et la "révolution" industrielle aient tout balayé sur leur passage. On peut lui trouver un héritier très indirect dans le christianisme social, c'est à dire les éléments qui (vers le milieu ou la seconde moitié du 19e siècle) ont finalement accepté la modernité et le système politique issu des Lumières en endossant le rôle de "critique sociale humaniste et modérée" de la nouvelle société : c'est la position politique actuelle de 99% de la Compagnie de Jésus (qui existe encore bien entendu et compte 17.000 membres à travers le monde). Ceci peut parfois les conduire à droite, comme l'actuel pape Bergoglio (ex-"provincial" argentin des Jésuites) qui a milité dans sa jeunesse à l'aile droite du péronisme, mais aussi (souvent) très à gauche, vers la théologie de la libération (comme les franciscains, un peu dans le même esprit mais nés bien avant, dès 1210), ce qui vaudra à beaucoup la torture et/ou la mort sous les dictatures sud-américaines (d'où la polémique actuelle sur le rôle de Bergoglio/"François" pendant cette période). Nous avons vu comment, passées les Lumières et la "révolution" industrielle, la religion en tant qu'idéologie ne peut plus avoir aucun caractère autonome : elle "marque", certes, culturellement les différents pays du monde, mais les interprétations du corpus doctrinal peuvent aller de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. L'hégémonie intellectuelle sur la planète appartient aux idéologies issues des Lumières (aile gauche ou aile droite), combattues par l'idéologie communiste. Les pensées religieuses se positionnent par rapport à cela et non l'inverse - définition de l'hégémonie selon Gramsci.

    Le fascisme quant à lui, surtout dans les pays catholiques, a pu s'appuyer sur les thèses "sociales" de l'encyclique Rerum novarum - qui marque le véritable ralliement de la Papauté à la modernité triomphante (ralliement de l'Église aux Lumières, donc, et non l'inverse) tout en en critiquant les "injustices", et qui prétend "associer" Capital et Travail dans un esprit paternaliste. Mais sa filiation profonde n'est pas là : véritablement, Zeev Sternhell confond "anti-Lumières" et aile droite des Lumières ("Lumières d'ordre"). Le fascisme cherche d'abord et avant tout à arracher le capitalisme à la "mauvaise pente" sur laquelle il le voit, et il fait preuve dans cela d'un grand pragmatisme. En Allemagne, pays partagé entre catholiques et protestants et dont cette division a (justement) été le principal frein à l'unité et à la "volonté de puissance", Hitler "solutionne" la question en rejetant tout simplement le christianisme ("idéologie de la faiblesse" selon lui, dans un esprit nietzschéen) et en invitant les croyants à en faire une affaire strictement privée : au-dessus de tout doit être l’État, la Grande Allemagne et son unité face aux concurrents impérialistes et à la menace communiste.

    De même, en France, Charles Maurras est profondément un homme de raison et sa démarche n'est pas celle d'un fanatique opposé à toute "idée nouvelle", mais celle d'un pragmatique. Provençal, il est attaché à sa "petite patrie" et hostile à la centralisation parisienne, mais non moins soucieux de la "Grande France" et de sa puissance internationale. La puissance nécessite l'unité et "l'ordre" contre les luttes de partis (bourgeois) et de classes ; elle nécessite un "État fort" que la IIIe République parlementaire n'est selon lui pas capable de lui donner. La lutte des classes marxiste doit s'effacer devant une "solidarité nationale" appuyée sur des "corps intermédiaires" librement organisés et non-étatiques, dont seul un État fort peut constituer la clé de voûte. Quant à la centralisation, avec ses conséquences l’étatisme et la bureaucratie (rejoignant ainsi les idées de Proudhon), elle est selon lui inhérente au régime démocratique : il estime que les républiques ne durent que par la centralisation, seules les monarchies étant assez fortes pour décentraliser. La république parlementaire libérale associe à ses yeux centralisme bureaucratique et décadence. Il faut donc un roi, appuyé sur le catholicisme comme religion ultra-majoritaire des Français (contre les "États confédérés de l'anti-France" que sont les Juifs, les protestants, les francs-maçons et les 'métèques', mais il s'agit là d'un catholicisme très gallican où l'autorité de Rome n'a pas vocation à être au-dessus de celle de l'État français) ; bien qu'il ait été lui-même (longtemps) un républicain modéré et un agnostique. Minoritaire au départ, il parviendra avec beaucoup d'habileté à imposer ce point de vue aux fondateurs de l'Action française, Henri Vaugeois et Maurice Pujo, hommes du Bassin parisien plutôt républicains (eux aussi), anticléricaux et... jacobins/bonapartistes, centralistes.

    Au sujet de Maurras et de l'Action française (car pour Sternhell le fascisme n'est pas seulement "anti-Lumières" mais aussi né en France, ce qui pour le coup - d'ailleurs - est une thèse plus qu'intéressante à contre-courant des postulats "blanchisseurs" de René Rémond & co), voici ce que nous pouvions écrire il y a une dizaine de mois : "Combien n'a-t-on pas entendu, par exemple (et pas seulement du 'p''c''mlm'), que "Maurras et l'Action française, c'est le rejet des Lumières"... ? ARCHI-FAUX : Maurras et l'Action française se revendiquaient du POSITIVISME (dont on dit souvent, en "France", que "le marxisme s'inspire" alors que dans toute son œuvre Marx consacre peut-être trois paragraphes à Auguste Comte pour dire que c'est un triple crétin...) ; autrement dit des "Lumières", de la pensée bourgeoise et du "scientisme" du 19e siècle. À l'origine RÉPUBLICAINS de tendance conservatrice, anti-socialiste et chauviniste revancharde, souvent agnostiques (comme Maurras) ou en tout cas très "séculiers", ils se tourneront par pur pragmatisme vers l'idéologie nationale-catholique (comme "ciment" du "nationalisme intégral") et le principe monarchique... mais choisiront pour monter sur le trône la branche d'Orléans, celle de Louis-Philippe (Monarchie de Juillet) et du régicide Philippe "Égalité" (qui avait voté la mort de son cousin Louis XVI à la Convention), autrement dit la branche capétienne acquise aux "idées nouvelles" et aux "Lumières". Ce que voulaient simplement les maurrassiens, c'était un État fort et même "en acier trempé" au service du Capital ; et ils pensaient qu'aucun système républicain (forcément parlementaire dans leur esprit) ne pouvait l'assurer en termes de légitimité : il fallait donc un roi (comme en avaient d'ailleurs tous les États européens à l'époque où naissait l'AF, sauf la France et la Suisse). Ils n'avaient absolument aucun projet d'"effacer" toute la pensée bourgeoise produite au long des 16e, 17e et 18e siècles (celle qu'apprécie tant le 'p''c''mlm')... De même, parmi les théoriciens racialistes du 19e siècle qui seront repris sous toutes les coutures par le fascisme au siècle suivant, Joseph Arthur de Gobineau, certes légitimiste à l'origine, était un protégé de Tocqueville, tandis que Paul Bert était profondément "libre-penseur", positiviste, républicain et anti-clérical ; il est même considéré comme l'un des "pères fondateurs" de "notre" école républicaine publique et laïque... Comme "hommes des Lumières", il est difficile de faire mieux !"

    [6] Les sternhelliens et autres postoniens (c'est un peu la même chose) nous disent que "l'antisémitisme n'est pas un racisme comme les autres" (mais quel racisme est comme les autres ? l'arabo/islamophobie est un racisme de "guerre des civilisations" depuis le Moyen Âge, la négrophobie un racisme de rabaissement infra-humain à l'état de "singe" ou de "grand enfant" idiot mais potentiellement dangereux etc.) : c'est un "anticapitalisme romantique" qui assimile les Juifs à "l'argent", l'usure, la spéculation, "l'avidité" etc. etc. Mais ceci n'est réellement "sérieux" qu'en prenant au mot... les antisémites eux-mêmes et leur définition du capitalisme !
    Loin d'être "anticapitaliste", l'assimilation des Juifs à "l'usure" et à "l'avidité" accompagne en fait TOTALEMENT le développement du capitalisme durant TOUTE sa phase historique ascendante, du 12e au 20e siècle. De fait, princes et puissants "très chrétiens" du Moyen Âge obtenaient (déjà plus ou moins sous la menace...) des "prêts" des communautés juives, puis les accusaient d'"usure" pour refuser de les rembourser... et au contraire les chasser, les spolier voire les massacrer : de là vient la "légende" [une politique, concrètement, d'extorsion de fonds en masse par les États modernes en formation à l'encontre des communautés juives, accompagnée d'expulsions et de massacres... dans laquelle on peut voir, peut-être, un des tous premiers mécanismes de l'accumulation primitive !!]. Et être contre "l'usure", la "spéculation" et "l'avidité" n'est NULLEMENT "anticapitaliste" : c'est au contraire une ABSOLUE NÉCESSITÉ du capitalisme lui-même, mode de production en lutte (en INSURRECTION) permanente contre sa propre crise (dont la spéculation est un symptôme) et qui, bien que basé sur la concurrence entre entrepreneurs, a besoin pour fonctionner de pratiques "loyales" et d'un certain nombre de "règles". Dans des pays où les Juifs sont historiquement associés à la spéculation, à l'avidité et à la déloyauté en affaires, cela peut effectivement faire "très mal" lorsque la crise capitaliste atteint un certain degré d'acuité ; et cela n'a pas attendu le 20e siècle (même si bien sûr les moyens techniques de celui-ci ont donné à la persécution une dimension jusque-là inégalée). Il y a alors (peut-être) des gens pour n'appeler "capitalisme" QUE les pratiques déloyales, l'avidité et l'accumulation "excessive", l'usure et la spéculation etc. Mais ce n'est pas la définition marxiste du capitalisme. Les gens qui définissent ainsi le capitalisme (pour ensuite, éventuellement, associer ce "capitalisme" aux Juifs et les persécuter à ce titre) ne sont pas des "anticapitalistes". Ce sont de PURS REPRÉSENTANTS d'un capitalisme en INSURRECTION CONTRE SA PROPRE CRISE. 


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  • ZAD-Testet 8973Depuis quelques mois c'est un nouveau Notre-Dame-des-Landes qui a pris ses quartiers en terre occitane : le barrage de Sivens devrait en effet recouvrir quelques 48 hectares de la zone humide remarquable du Testet (pourtant classée en 2011) et de terres agricoles près de Gaillac dans le Tarn, à 60 km de Toulouse ; une région sur laquelle pèse déjà la lourde épée de Damoclès des gaz de schiste.

    Déjà des centaines, peut-être un millier de personnes ont convergé sur le site qu'elles ont proclamé "ZAD", zone à défendre.

    Cette retenue (projet qui remonterait à 25 voire 40 ans selon les sources) n'a pas pour vocation de produire de l'énergie, mais de permettre l'irrigation des exploitations agricoles alentour. La petite rivière (le Tescou) qui arrose le secteur serait en effet souvent à sec... Pourtant, il ressort d'une étude un peu plus approfondie que la capacité du barrage, de l'ordre d'un million et demi de mètres cube, est nettement surdimensionnée par rapport aux besoins réels des agriculteurs, dont les fermes ayant besoin d'eau sont en réalité peu nombreuses selon le porte-parole du collectif anti-barrage, Ben Lefetey. De fait, lorsque l'on voit l'empressement de la FDSEA à soutenir le projet, on comprend immédiatement que ce n'est pas n'importe quelle agriculture qui a besoin d'un tel réservoir mais bien l'agriculture PRODUCTIVISTE, celle qu'incarne typiquement ce syndicat agricole (il suffit de voir le CV de son président...), qui court après les subventions étatiques et européennes et qui, par cette même logique productiviste et absence de concertation (entre entrepreneurs concurrents, forcément)... assèche elle-même le Tescou par ses pompages estivaux !  [Voir ici la position opposée de la Confédération paysanne, qui "calmera" les habituelles tirades des petits réacs de tout poil sur "les pauvres paysans qui triment dur" face aux "sales bobos étudiants crasseux qui veulent même pas qu'ils aient de l'eau"...]

    Barrage de Sivens (Tarn), la ZAD occitaneLe Conseil général des caciques locaux (à majorité PS...) soutient évidemment la Fédération - véritable État dans l’État dans les territoires ruraux - et pense évidemment aux juteux marchés publics qui graisseront la patte des copains entrepreneurs du BTP. Tant pis pour les "cocus" (adhérents FDSEA et/ou électeurs PS ou pas) dont les terres se retrouveront noyées, aux côtés - on l'a dit - de l'une des dernières zones naturelles de biodiversité de la région (voir ici une vidéo montrant que le soutien au barrage est loin d'être unanime dans la paysannerie locale ; ou encore cet article). 

    Nous avons là l'illustration parfaite d'un capitalisme (en l'occurrence agraire, mais ce pourrait être n'importe quel secteur de production) qui, comme nous le disons et le répétons depuis des années, est depuis l'origine une pure machine à dégager du profit mais s'affirme de plus en plus comme tel jour après jour, se moquant tant des territoires et de leurs équilibres écologiques que de ses propres producteurs (les petits, en tout cas) et des masses populaires en général ; chaque territoire et sa population n'étant rien de plus que des rouages à la place bien attitrée dans le grand cadre productif qu'est l’État des monopoles. Le capitalisme commande aux agriculteurs de produire, produire et encore produire ceci ou cela (quoi, ce sont les subventions qui le décident...) pour le bien du commerce extérieur "national" couplé à la survie des uns (les "petits") et aux profits des autres (les "gros"), commerce extérieur qui dans le domaine agricole, on le sait, souffre grandement de la concurrence des pays de l'Est et du Sud ; pour produire il faut de l'eau alors on pompe, pompe et re-pompe (d'autant plus que l'on est "gros", bien entendu) ; et à l'arrivée tout le monde (gros et petits) se retrouve à sec et à soutenir la "solution miracle" du barrage (sauf, bien sûr, ceux dont les terres vont être expropriées et englouties). Un capitalisme incapable de concilier l'inconciliable : le caractère social de la production (même dans une p1030865production agricole à première vue individuelle) et la propriété privée des moyens/ appropriation privée du produit ; et donc de gérer de telles contradictions entre les producteurs, entre l'homme (producteur) et la nature (écosystème... de tous) etc. etc. ; l'appareil politique n'intervenant nullement (contrairement aux illusions "citoyennistes") en protecteur de l'"intérêt général" mais bien en bras armé de la classe dominante - ici la bourgeoisie rurale, locale, et ses représentants élus.

    Car une autre chose dont nous avons l'illustration ici, contrairement à Notre-Dame-des-Landes ou aux LGV qui sont des projets d'aménagement de niveau hexagonal (bien qu'impliquant les "grands décideurs" "régionaux"), c'est bien la nature putrescente de la bourgeoisie "nationale" occitane elle-même, particulièrement éclatante à l'échelle très locale du projet (et qui explique, aux côtés des gendarmes mobiles, la présence et l'extrême virulence d'un mouvement pro-barrage qui attaque les opposant-e-s). Nous voyons parfaitement là comment la négation/périphérisation de nos Peuples et la mise en coupe réglée de nos païs n'aurait jamais été possible, en 8 siècles, sans le concours de logiques locales étroitement imbriquées dans le schéma d'ensemble "français" : l'Occitanie des caciques, des notables, des coteries et des clientèles avec laquelle nous voulons EN FINIR.

    C'est en cela que notre conception et notre lutte ne sont pas "nationalistes" ni "identitaires" : l'Occitanie n'est pas un "corps" organiquement parfait et simplement "parasité" de l'extérieur. L'Occitanie est le territoire d'une nationalité (réelle) subordonnée au Centre capitaliste parisien dans le cadre politico-militaire de l’État français ; mais le MOTEUR de cette subordination est INTERNE : les contradictions INTERNES à la Nation occitane, principalement la contradiction entre bourgeois/dominants/possédants et masses populaires ouvrières et paysannes qui sont les deux 201408261140-fullcomposantes d'une nationalité. Le capitalisme occitan, qui fleurissait au début du millénaire dernier (11e-13e siècles), a engendré la Nation occitane ; mais il l'a aussi "tuée" politiquement par ses propres contradictions, ne serait-ce que parce que les capitalistes sont par définition concurrents entre eux et que certains se sont (en conséquence) tournés vers l'envahisseur français contre leurs concurrents - et sur le dos du Peuple, de la masse des producteurs.

    C'est la raison pour laquelle le Peuple travailleur d'Occitanie ne peut pas obtenir son émancipation au travers de réformes institutionnelles ("plus d'autonomie", "nouvel acte de la décentralisation") NI MÊME de la proclamation (utopique) d'un État capitaliste indépendant, mais SEULEMENT dans le cadre d'une RÉVOLUTION POPULAIRE SOCIALISTE, d'une libération DE CLASSE !

    Nous, communistes pour la libération révolutionnaire du Peuple occitan (LRP), apportons notre total soutien à la ZAD du Testet et à ses militant-e-s, dans l'héritage des grands combats du Larzac dans les années 1970 et dans l'esprit du cri de combat : Volem viure, trabalhar e decidir al Païs !


    Voici une petite revue de presse concernant la situation :

    Presse bourgeoise :
    http://www.ladepeche.fr/actu/<wbr>economie/energie-<wbr>environnement/barrage-de-<wbr>sivens/
    http://www.lepoint.fr/societe/<wbr>tarn-la-guerilla-se-poursuit-<wbr>contre-le-projet-de-barrage-<wbr>de-sivens-09-09-2014-1861657_<wbr>23.php
    http://lexpansion.lexpress.fr/<wbr>actualite-economique/sivens-<wbr>trois-questions-autour-d-un-<wbr>barrage-polemique_1574891.html
    http://www.lepoint.fr/societe/<wbr>tarn-la-guerilla-se-poursuit-<wbr>contre-le-projet-de-barrage-<wbr>de-sivens-09-09-2014-1861657_<wbr>23.php

    Presse alternative et révolutionnaire :
    http://iaata.info/Tarn-contre-<wbr>la-construction-du.html
    http://www.reporterre.net/<wbr>spip.php?article5409

    Site du collectif : http://www.collectif-testet.<wbr>org/

    Autre site d'information sur l'opposition au projet : http://<wbr>tantquilyauradesbouilles.<wbr>wordpress.com/

    Ça a déjà commencé à barder sévère, avec gazages et coups de tonfas à la clé :
    http://www.networkvisio.com/<wbr>barrage-de-sivens-tarn/tv-zad-<wbr>du-barrage-de-sivens-dans-le-<wbr>tarn-les-opposants-malmene.<wbr>html
    http://www.informaction.info/<wbr>iframe-environnement-barrage-<wbr>du-tarn-zad-du-testet-<wbr>nouvelles-echauffourees-le-<wbr>conseil-general-confirme-le-<wbr>projet
    http://paris-luttes.info/la-<wbr>zad-testet-tarn-a-besoin-de
    http://www.reporterre.net/<wbr>spip.php?article6252

    Contrairement aux affirmations des pro-barrage, ce n'est pas qu'une affaire de "bobos parisiens" et la cause mobilise largement dans la population locale, notamment la jeunesse : http://www.reporterre.net/<wbr>spip.php?article6316

    Un soutien de Breizh : http://www.bigouden-nddl.org/<wbr>actualites/item/181-soutien-a-<wbr>la-zad-du-testet-non-au-<wbr>barrage-de-sivens

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  • des-partisans-de-l-independance-de-l-ecosse-Le verdict des urnes est donc tombé ce matin, assez conformément à ce que nous (comme la plupart des sondages) avions prévu : après deux ans de débats acharnés et même deux semaines de suspense "tendu" (quelques rares sondages ayant donné le "oui" vainqueur...), l'Écosse vient de "refuser" par 55,3% (2 millions de voix) de quitter le Royaume-Uni. Un résultat nettement moins serré, d'ailleurs, que ne l'annonçaient les dernières enquêtes d'opinion...

    Pour le Premier ministre indépendantiste Alex Salmond et son Scottish National Party (SNP, plutôt social-libéral voire social-démocrate), c'était quoi qu'il arrive un pari gagnant à tous les coups : si le "oui" l'emportait c'était évidemment un triomphe comme peu d'hommes peuvent en rêver dans leur vie (être le "père d'une nation")... mais même une défaite par 40% ou plus de "oui" représentait dans tous les cas un énorme succès et un rapport de force considérable dans les relations du pouvoir autonome avec Londres, pour exiger la "dévolution" de nouvelles prérogatives (des promesses de larges transferts de compétences au gouvernement écossais après le référendum avaient déjà été faites depuis des mois, et encore réitérées à la veille du scrutin). C'est ce qui explique les gesticulations de David Cameron ces derniers jours : il fallait non seulement empêcher à tout prix une victoire du "oui" (qui aurait été un coup terrible pour l'impérialisme british, même si la vengeance de celui-ci contre l’Écosse aurait ensuite été toute aussi terrible), mais aussi un score indépendantiste trop important et un Salmond en insupportable position de force dans les futurs pourparlers. Le résultat de ce matin le met finalement dans une position "raisonnablement acceptable" - il eut été beaucoup plus difficile pour Londres que les choses se soient jouées à quelques dizaines de milliers de voix.

    Quoi qu'il en soit, de ce résultat ressortent deux conclusions essentielles :

    - C'est un coup de tonnerre de plus dans le ciel européen et mondial : la crise générale du capitalisme balaie tout sur son passage et remet même en question les États produits dudit capitalisme (comme appareils politico-militaires d'un Centre capitaliste, ici Londres) ; États semi-coloniaux fantoches comme ceux dessinés au Proche-Orient après la Première Guerre mondiale mais aussi grands États impérialistes d'Europe y compris les plus anciens (l'Écosse a partagé le même souverain avec l'Angleterre dès 1603 puis été formellement réunie en 1707, donnant naissance au Royaume-Uni), qui se disloquent de toute part. Les Peuples travailleurs* niés et périphérisés par ces constructions capitalistes se réaffirment avec force ; ils comprennent et rejettent ce qu'ils sont : de simples pions, des rouages de la machine à valoriser le capital, chacun à une place bien définie qui lui a été attribuée par le Centre dans l'ensemble productif étatique. Ils se réapproprient leur histoire - celle de cette négation - et la brandissent fièrement comme un étendard de libération. Lorsque les États capitalistes (produits du développement historique du capitalisme) étaient florissants, ils pouvaient encore duper et aliéner les masses populaires dans des "citoyennetés" et des "patries" fictives : "britannique", "espagnole", "française" etc. ; mais à présent tout s'effondre et l'illusion se dissipe comme les effets de quelque drogue. scottish republican faucille marteauDans deux mois est censée voter la Catalogne... Tel est le mouvement historique bien réel qui s'est exprimé dans ce scrutin écossais : l’Écosse reste "britannique" mais quelques 44,7% (1,6 millions de personnes) ont voté pour en faire un nouvel État indépendant (vote majoritaire, même, avec 53% dans la première ville Glasgow), quelle que soit la "folle aventure" que cela représentait, voyant là la réponse aux terribles difficultés que la crise capitaliste leur inflige au quotidien (plusieurs études ont montré que c'étaient principalement les jeunes, à la situation économique toujours plus précaire, et les revenus modestes qui se prononçaient pour l'indépendance).

    Il faut dire que l'Écosse, contrairement à la Catalogne qui est plutôt (historiquement) une associée flouée du pouvoir castillan, sait plutôt bien ce qu'être une périphérie veut dire : dès son annexion définitive par Londres suite à la guerre victorieuse de Guillaume d'Orange contre les jacobites partisans de Jacques II Stuart (1688-1702), ponctuée d'affreux massacres et débouchant finalement sur l'Acte d'Union de 1707, elle a été littéralement mise en coupe réglée par le capitalisme britannique dans le rôle de productrice de matières premières (charbon et autres minerais, moutons pour la laine de l'industrie textile) à travers une expropriation brutale de la communauté productive traditionnelle qu'était le clan (processus notamment décrit par Marx dans le Capital chap. XXVII,  L'expropriation de la population campagnarde) ; expropriation souvent menée (d'ailleurs) avec la complicité des chefs de clans eux-mêmes devenant landlords ("seigneurs de la terre") et entraînant une émigration massive vers l'Angleterre ou l'Amérique du Nord... Peu d'industries de transformation y ont été développées (essentiellement dans la région de Glasgow, la Clydeside) et elles ont de toute façon été violemment démantelées sous Thatcher ; aujourd'hui encore le pays se caractérise par son sous-peuplement (5,3 millions de personnes sur 78.772 km², soit 67 habitants/km²) et l'importance de sa diaspora (plus d'un million de personnes nées en Écosse mais expatriées, principalement en Angleterre bien sûr) ainsi qu'un très important problème foncier (des milliers de kilomètres carrés sont la propriété de quelques landlords et leurs habitants de purs et simples locataires). C'est sans doute au Royaume-Uni que les territoires et les peuples périphérisés ont le plus les caractéristiques john macleande véritables colonies. La conscience de cela a toujours profondément empreint le mouvement révolutionnaire socialiste/communiste local avec notamment la figure (hélas peu connue) de John MacLean, l'un des plus grands dirigeants communistes du 20e siècle à nos yeux [même si bien sûr, comme ici avec nos jacobinards, a toujours existé un "communisme" (plutôt anglais) mettant en avant un "unionisme rouge"].

    - Mais c'est aussi, comme au Québec il y a 19 ans et comme en Catalogne dans deux mois (où là pour le coup le "oui" devrait être massif mais le référendum non reconnu par Madrid** - d'autant plus massif que le référendum ne sera pas reconnu et sans doute largement boycotté par les anti-indépendantistes...), une démonstration éclatante de l'impossibilité de la voie légaliste, institutionnelle et (surtout) à l'intérieur du capitalisme pour cette (ré)affirmation ; l'illustration parfaite qu'il n'y a de voie véritable que dans la Guerre populaire, pour la Libération révolutionnaire du Peuple (LRP qui n'est pas la "libération nationale" marxiste-léniniste "étapiste" classique, incluant la bourgeoisie***).

    Réaffirmer un Peuple comme le Peuple écossais contre l’État moderne (ici britannique) qui l'emprisonne depuis des siècles, c'est une négation au sens marxiste de cet État moderne qui est le produit du capitalisme : cela ne peut donc être qu'une négation du capitalisme lui-même ! Toute tentative qui 1°/ ne remet pas en cause le système capitaliste et 2°/ tente de passer par la voie des institutions bourgeoises, des référendums etc. et non par une mobilisation révolutionnaire de masse est en principe vouée à l'échec fut-ce "d'un cheveu" (comme au Québec en 1995) et, dans l'hypothèse où elle réussirait, à donner naissance à un État fantoche, faussement "libre" et totalement dépendant : à quelques encablures des côtes écossaises, les 26 comtés irlandais formant la "République d’Éire" en donnent un bon exemple - au demeurant, cet État n'est pas né d'un référendum mais bien d'une guerre de libération trahie par une partie de sa direction bourgeoise

    Les forces marxistes (voir ci-dessous) qui rejetaient le référendum et l'indépendance sur l'air de "cela ne changera rien pour la classe ouvrière", "c'est 'bon' capitalisme écossais contre 'mauvais' capitalisme anglais", "blanc bonnet et bonnet blanc" etc. etc. n'avaient pas tort dans l'absolu... et dans l'immédiat. Leur problème c'est de nier un mouvement historique bien réel en considérant, finalement, qu'elles détiennent la vérité et que les millions de gens qui ont voté "oui" sont des cons qui n'ont rien compris - autrement dit une posture aristocratique. Leur problème, c'est de ne pas voir les profondes aspirations populaires qui s'expriment ainsi et leurs possibilités de transformation en mobilisation révolutionnaire - autrement dit une attitude non-matérialiste.

    jacobitesQuant aux archi-classiques arguments comme quoi "le prolétariat n'a pas de patrie", les revendications nationales populaires "diviseraient le prolétariat international" etc. etc., de fait c'est bien Rosa Luxemburg dans ce qu'elle avait de pire qui semble être la référence politique de ces 'marxistes' - indifféremment qu'ils se réclament d'elle ou de Lénine-Trotsky, Lénine-Staline, Lénine-Staline-Mao, Bordiga ou qui que ce soit. Il semble nécessaire de leur opposer ce que disait Lénine lui-même en 1914 dans une controverse (justement) avec Luxemburg au sujet de la séparation (totalement pacifique d'ailleurs) entre la Suède et la Norvège, intervenue quelques années plus tôt : "Il ne peut faire le moindre doute que les sociaux-démocrates suédois auraient trahi la cause du socialisme et de la démocratie s'ils n'avaient pas combattu, par tous les moyens, tant l'idéologie et la politique des landlords suédois que celle des 'Kokoshkin' locaux [Fédor Kokoshkin était un 'constitutionnel-démocrate' ('cadet') russe de l'époque de Lénine, favorable à la 'libéralisation' de l'Empire vis-à-vis des nationalités mais fermement hostile à toute autodétermination], et s'ils avaient manqué à exiger non seulement l'égalité des nations en général (ce à quoi les Kokoshkin peuvent souscrire) mais aussi leur droit à l'autodétermination : le droit de la Norvège à faire sécession. L'alliance étroite entre les travailleurs norvégiens et suédois, leur complète et fraternelle solidarité de classe, n'a pu que gagner à la reconnaissance par les travailleurs suédois du droit des Norvégiens à l'indépendance. Ceci a convaincu les travailleurs norvégiens que les travailleurs suédois n'étaient pas infectés par le nationalisme, et qu'ils plaçaient la fraternité avec les prolétaires norvégiens au-dessus des privilèges de la bourgeoisie et de l'aristocratie suédoise. [...] Ils ont démontré qu'en dépit de toutes les vicissitudes de la politique bourgeoise - les relations bourgeoises pourraient très possiblement amener une répétition de la sujétion forcée des Norvégiens aux Suédois ! - ils seraient capables de de préserver et défendre la complète égalité et la solidarité de classe entre les travailleurs des deux nations, contre à la fois la bourgeoisie suédoise et la bourgeoisie norvégienne". CQFD... On ne peut pas dire que la Norvège indépendante soit devenue un modèle d’État socialiste prolétarien ; et pourtant telle était la position de Vladimir Illitch Oulianov !

    L'objectif du référendum (côté écossais) était certes une indépendance 100% bourgeoise et capitaliste : le modèle revendiqué du SNP d'Alex Salmond est la social-démocratie scandinave et son projet était de faire du pays une autre Norvège assise sur la rente pétrolière de la Mer du Nord, le tout en tentant (comme la "République" d'Irlande du Sud avant lui) de jouer l'UE (l'axe franco-allemand) contre l'Angleterre. La monarchie n'était pas remise en question (Élisabeth II devait rester "reine d'Écosse" comme elle "règne" symboliquement sur l'Australie, le Canada etc.) et le grave srsm1problème foncier que nous avons évoqué ne devait pas faire l'objet de plus que quelques mesurettes. La question de la véritable libération, celle du Peuple travailleur vis-à-vis de l'exploitation capitaliste, restait absolument entière.

    Mais il est tout aussi absurde et ridicule de présenter les choses comme du "nationalisme réactionnaire" ou carrément du "fascisme". Ce que les partisans de l'indépendance revendiquaient souvent dans les débats, c'était d'être les "derniers défenseurs du modèle britannique d'après-guerre", celui de l'"État-providence" et du progrès social laminé par 35 ans de thatchérisme et de blairisme - d'ailleurs la perspective d'un maintien des conservateurs au pouvoir à Londres, à l'issue des prochaines élections, influait considérablement sur les résultats des sondages. Du SNP social-démocrate jusqu'à la gauche révolutionnaire "socialiste" (= marxiste), républicaine-socialiste sur le modèle irlandais ou anarchisante comme le fameux groupe de punkcore antifasciste Oï Polloï, c'est clairement à gauche de l'échiquier politique que se trouve le camp pro-indépendance ; même si évidemment des forces de "gauche" unionistes existent aussi, à commencer par les travaillistes (qui perdraient là un de leurs derniers grands réservoirs électoraux et une quarantaine de députés à Westminster !) mais aussi, bien sûr, toutes sortes de "marxistes" tant "staliniens" que trotskystes ou apparentés pour qui l'"orthodoxie" dogmatique fait office de ligne politique [on peut voir un bon aperçu ici http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=9760 des positions au Royaume-Uni, ainsi que la déclaration du Parti 'communiste' 'écossais' (en fait la section écossaise de PC de Grande-Bretagne, il existe sinon un PC d’Écosse qui soutient l'autodétermination) et ici la version in french de la position du WSWS, tandis qu'en 'France' c'est bien sûr le festival jacobinard tant attendu 1 - 2 (position du PRCF ultra-partagée à la 'gauche de la gauche') et les incontournables "ça changera rien pour la classouvrièèèère" trotskystes 3 - 4]... En somme, toutes les forces de gauche n'étaient pas pour l'indépendance, mais toutes les forces pour l'indépendance étaient de gauche ! La droite conservatrice et réactionnaire était intégralement hostile à l'indépendance et farouchement pour le maintien de l'Union, des tories de David Cameron jusqu'aux souverainistes-populistes du UKIP de Nigel Farage - le FN britannique, arrivé en tête aux dernières européennes au Royaume-Uni mais obtenant (et pour cause) ses plus mauvais scores en Écosse (partagée entre SNP au nord, Labour au centre et libéraux-démocrates au sud ; l'UKIP n'étant en tête nulle part). De fait, comme en Bretagne, en Corse, au Pays Basque ouanti-independance dans certaines (nombreuses) régions d'Occitanie, la conscience et l'affirmation de Peuple nié par l'État moderne agit plutôt comme un antidote efficace à la mobilisation réactionnaire "nationaliste" étatiste qu'autre chose... Une droite réactionnaire qui a fait défiler 15.000 personnes pour le "non" à Édimbourg samedi sous la sinistre bannière "orangiste" des assassins d'Irlande du Nord : voilà de quel côté sont les fascistes là-bas !

    Quelle que soit la voie erronée (légaliste, institutionnaliste, capitaliste comme "horizon indépassable") où elle s'engage, c'est donc une aspiration profondément populaire et juste qui s'exprime là, et qui s'exprime avec des "mots" ultra-majoritairement progressistes. On voit d'ailleurs nettement, au regard des résultats électoraux, comment le thatchérisme a fait massivement glisser à gauche un électorat jusque-là - en dehors de la Clydeside - plutôt conservateur (résultats de 1979, 1992 et 1997) ; puis comment le sentiment indépendantiste est inexorablement monté avec la phase terminale de la crise générale du capitalisme jusqu'à porter le SNP au pouvoir en 2007 et le reconduire triomphalement en 2011, ce qui a conduit au présent référendum (23% pour le SNP en 2003, 33% en 2007 et 45% en 2011, score équivalent à celui du "oui" aujourd'hui).

    Bien sûr, ce projet de société indépendantiste n'est "progressiste" et idyllique que dans l'idéal car si, contrairement à Madrid pour la Catalogne, Londres a accepté la tenue du référendum et la reconnaissance de son résultat, elle tenait également prêt tout un arsenal de mesures visant à décourager le vote indépendantiste et, en cas de succès du "oui" malgré tout, à "torpiller" immédiatement l'économie du nouvel État : refus, par exemple, que l'Écosse conserve même temporairement la livre sterling, sachant que Bruxelles avait par ailleurs clairement rejeté l'intégration automatique du pays dans l'UE et donc dans l'euro (qui a pourtant cours dans de nombreux pays ex-yougoslaves non membres comme la Bosnie, le Monténégro ou encore le Kosovo... ah oui mais c'est vrai : là pour le coup ce sont des "indépendances" totalement voulues et pilotées par l'Union pour se faire des néocolonies !), etc. etc. - de fait, contrairement aux fantasmes de "complot balkanisateur" de certains, Bruxelles semble plutôt attachée à défendre bec et ongles l'"intégrité" territoriale de ses grands États membres... Ceci voulait bien sûr dire ce que cela voulait dire : aller mendier les republican socialistbonnes grâces du FMI et de la Banque mondiale pour permettre à l’Écosse indépendante d'être viable, avec les conséquences que l'on imagine. C'est sans doute ce qui a fait pencher un bon nombre d'électeurs vers le maintien du statu quo, ou en tout cas vers l'abstention (autour de 15% tout de même, même si la participation a été exceptionnelle et l'avance du "non" - nettement plus large que dans les derniers sondages - tend à montrer que c'est vers ce choix que se sont portés les "8 à 14% d'indécis" qui ressortaient de ces enquêtes).

    Voilà (et le même raisonnement vaut pour le référendum catalan prévu le 9 novembre) un bon exemple d'où se situe la différence entre une démarche institutionnelle légaliste et une démarche de lutte de libération révolutionnaire mobilisant véritablement le Peuple, "seul créateur de l'histoire universelle" comme disait Mao, pour construire une société nouvelle (par mobiliser nous n'entendons évidemment pas faire voter, mais mobiliser dans une dure lutte qui transforme au quotidien les rapports sociaux). Si en apparence "le Peuple décide souverainement de son destin", la "libération" est ici en réalité quémandée à l’État central qui va tout faire pour qu'une majorité (même courte) refuse l'"aventure" de l'indépendance, et si d'"aventure" le Peuple en question "passait en force", le lui faire payer très cher en faisant de la Grèce un paradis sur terre à côté de la situation économique et sociale du nouvel État. En d'autres termes : on va demander à des millions d'hommes et de femmes qui ne sont pas des hommes et des femmes nouveaux/velles forgé-e-s dans le feu d'une longue et dure lutte révolutionnaire, ayant appris l'autonomie populaire etc. etc., de se prononcer majoritairement pour ou contre un incroyable saut dans l'inconnu... Il est absolument évident qu'une majorité (même courte) va à tous les coups préférer la sécurité de ce qu'ils/elles ont toujours connu ! Mais ceci peut et doit, aussi, être un moyen de faire prendre conscience au Peuple de l'impasse institutionnaliste et de mobiliser sa fraction avancée dans la voie révolutionnaire - ce qui est évidemment impossible en niant, comme certains "marxistes", la réalité des aspirations exprimées dans le mouvement populaire pour l'indépendance et en n'y voyant qu'"aliénation" ou "aspirations petites-bourgeoises", en un mot "conneries contre-révolutionnaires".

    100 0745Ni panacée, ni "pure merde réactionnaire" : telle est notre position sur ces mouvements indépendantistes qui connaissent une expansion radicale en Écosse ou en Catalogne, a fortiori lorsqu'ils s'expriment dans un langage progressiste (nous avons évidemment beaucoup plus de mal avec un mouvement "de riches" et d'expression majoritairement réactionnaire comme en Flandre, même si nous ne considérons pas plus l’État belge comme une "nation" que les États français, britannique ou espagnol et même si les Flamands étaient, jusqu'au milieu du 20e siècle, une nationalité profondément méprisée et opprimée par la bourgeoisie francophone bruxelloise, avant de devenir une nation capitaliste dynamique voyant les Wallons pauvres et socialistes comme des boulets - un côté "marre des pauvres" que l'on sent aussi pointer parfois dans le discours catalan, hélas). Nous voyons là de la matière sociale en mouvement pour des raisons objectives et légitimes - historiques - et qu'il s'agit de mettre en mouvement dans un sens révolutionnaire, car elle est (actuellement et évidemment) politiquement confuse et peut aussi (bien sûr) aller dans un sens réactionnaire, qui la verra soit être écrasée soit être récupérée pour consolider l'ordre social européen et mondial - et non l'affaiblir. Nous n'avons pas dit autre chose au sujet des aspirations (en l'occurrence) autonomistes et en apparence "interclassistes" voire "réacs" qui se sont exprimées en Bretagne à l'automne 2013. Cela nous a bien sûr valu l'hostilité de tous les défenseurs de l’État moderne tel qui l'est (ou soi-disant de son "dépassement" "a-national" idéaliste et abstrait), y compris "rouges" ou "anars" (soi-disant révolutionnaires et en réalité petits bourgeois vivant de cet ordre social historiquement construit). Mais aussi, parfois (comme au sujet de la Catalogne), l'incompréhension de personnes partageant nos convictions "occitanistes" mais voyant (terrible "crise de confiance" que connaissent les personnes révolutionnaires depuis un quart de siècle) dans ce genre de démarche institutionnalo-légaliste leur référence absolue...

    saoirseNotre position concernant notre propre pays l'Occitanie, quant à elle, a déjà été exposée et expliquée plusieurs fois : nous ne sommes pas indépendantistes au sens "commun" (= "mauvais mais hélas répandu", cf. Gramsci) de créer à tout prix un État occitan, peu importe son contenu de classe. Nous sommes pour créer une BASE ROUGE de la révolution mondiale en Occitanie et si cela implique la séparation d'avec l’État français (tel qu'il est actuellement cela l'implique forcément) alors nous nous séparerons ; mais si cela peut se faire au sein d'un "Hexagone rouge" ou de tout autre cadre territorial plus grand, alors nous nous y fédérerons sans aucun problème... mais sans accepter pour autant un quelconque hégémonisme de qui que ce soit.

    Cette logique de libération révolutionnaire d'une périphérie en tant que territoire géographique permet d'ailleurs de "dés-ethniciser" la revendication et d'éviter ainsi que d'éventuelles minorités nationales (issues de l'immigration par exemple) soient inquiétées et finalement gagnées par la propagande unioniste/centraliste qui présenterait l'affirmation du Peuple nié comme "xénophobe", avant de se retrouver ensuite accusées d'avoir fait "capoter" les choses comme au Québec en 1995 (division des masses populaires au service du système dominant, mais là dans l'exemple québécois c'était inévitable vu la logique bourgeoise et "petite-blanche" qui est celle du PQ). S'il existe (en Occitanie comme ailleurs) des secteurs sociaux comme ce que nous appelons les colonies intérieures (et d'autres "indigènes"), ou encore les Rroms, qui sont dans une situation spécifique appelant une lutte autonome spécifique, c'est bien (à travers un processus que nous avons exposé en long, en large et en travers) l'Occitanie en tant que TERRITOIRE qui est une province et une périphérie de la construction capitaliste "France" avec l'ENSEMBLE des classes populaires vivant dessus, et non "les Occitans" comme communauté "organique" fantasmée et supposée descendre des paysans du Moyen Âge ou carrément des peuples antiques conquis par Rome - il est hélas probable que beaucoup de personnes trompées par l'ennemi croient que cette vision est la nôtre, et que nous ne luttons pas contre l’État français comme appareil d'oppression qui nous périphérise mais contre les "allogènes"...

    saorsaNous pensons de toute manière qu'une indépendance occitane capitaliste est impossible, car seule une fraction infinitésimale de la bourgeoisie occitane y est favorable - la grande majorité trouve son compte dans l’État français, fut-ce au prix d'une certaine "décentralisation" - et par conséquent, spontanément, seule une petite minorité des masses populaires l'est aussi. Nous ne sommes pas et ne serons certainement jamais dans le cas du Québec, de l’Écosse ou de la Catalogne, où une portion plus que conséquente de la classe dominante veut son propre État. La conscience de Peuple occitane existe, elle est beaucoup plus répandue que ne veulent bien le croire les thuriféraires de la "République une et indivisible", mais elle ne peut prendre un caractère réellement affirmatif et offensif que dans le cadre et au service d'une démarche révolutionnaire, d'une lutte pour une nouvelle société, une société socialiste puis communiste. L'Occitanie existe objectivement (territoire d'une langue et d'une culture du nord du "Massif central" aux Pyrénées et du Golfe de Gascogne aux Alpes) mais elle ne peut exister subjectivement (dans la conscience de masse) que comme PROJET RÉVOLUTIONNAIRE. Dans un sens, c'est mieux : nous ne nous trouverons jamais confrontés aux rudes débats d'une prise de position face à la perspective d'un État bourgeois indépendant, même si quelques esprits "gagne-petit" pourraient faire jouer ce rôle à une quelconque "avancée institutionnelle". Mais la tâche n'en est que plus immense, car nous devons TOUT CONSTRUIRE : nous n'avons pas la matière première d'une conscience collective léguée par la bourgeoisie, que nous pourrions "travailler" et transformer... Nous devons partir de cette conscience 100% populaire qui existe bel et bien, largement, mais diffuse, peu structurée et subissant l'hégémonie intellectuelle de la bourgeoisie dominante.

    Dans ce combat qui, répétons-le encore une fois, n'a de sens qu'inscrit dans une lutte révolutionnaire MONDIALE, nous saluons et encourageons le Peuple travailleur écossais CONSCIENT dans la poursuite de sa lutte pour la Libération !


    Saor is Sòisealach Alba !
    Free an Socialist Scootlund !

    (Écosse libre et socialiste !)


    * Ce terme (fréquemment taxé de 'révisionnisme' par les guignols pour qui le dogmatisme fait office de pensée politique) englobe le prolétariat http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/les-classes-le-proletariat-a114084216 et les classes populaires assimilables par leur niveau de vie, autrement dit les personnes qui tirent l'essentiel pour ne pas dire la totalité de leurs ressources de leur propre force de travail (de manière salariée ou 'à leur compte'), et non de l'emploi de la force de travail d'autrui (définition de la bourgeoisie et des classes dominantes en général).

    ** Cette différence d'approche idéologique procède de la réalité matérielle. L'Angleterre peut tenir ses périphéries et donc se permettre de les reconnaître comme nations (ce qu'elle a toujours fait, dans le sport comme dans les régiments militaires), présentant le Royaume-Uni comme une "famille" de nations et non comme un "État-nation" contre toute évidence. Elle peut même se permettre de laisser se tenir un référendum pouvant déboucher sur l'indépendance d'une "nation constitutive" de la "famille", sachant qu'elle aurait de sérieux moyens de rétorsion contre la "fugitive" (elle l'a déjà montré, en 1920 et depuis, en Irlande) au cas où tous les moyens de pression préalables n'auraient pas empêché la victoire du "oui".
    La Castille ne peut pas se permettre cela car économiquement, au Nord de la péninsule en tout cas (Catalogne, Pays Basque), ce ne sont pas des périphéries mais des capitalismes bien plus dynamiques que le sien, superposés sur des classes populaires très conscientes par rapport à la moyenne européenne (cela, par contre, au Nord comme en Castille comme au Sud : partout). L'"espagnolité" d'ailleurs, pour dire les choses clairement, est "monnayée" depuis la "transition" de 1975-82 aux bourgeoisies nationales contre le maintien de l'ordre... Elle peut aussi l'être, éventuellement, sur l'argument que dans le "concert" européen et international "l'Espagne pèse ensemble 47 millions (d'habitants) et 1.300 milliards (de dollars de PIB) alors que les Catalans, les Basques etc. seuls ne pèseraient que quelques millions d'habitants et quelques centaines de milliards de PIB". Mais si une bourgeoisie (comme la catalane ou la basque) se sent réellement en mesure de se "faire la malle" et se montre manifestement capable de mobiliser en masse en ce sens, Madrid n'a pas le 1/10e des moyens de Londres pour rendre (d'abord) très improbable une victoire de l'indépendance et (le cas échéant) faire payer très cher celle-ci aux sécessionnistes. Elle est donc obligée de bloquer les choses autoritairement, en refusant par exemple - catégoriquement - que se tienne le référendum, et de reconnaître ses résultats au cas où il se tiendrait quand même.

    *** Il est clair que 100 ans ou presque après que Lénine ait théorisé la libération nationale, il faut être capables de constats de faits pour avancer. Le ridicule du nihilisme national des luxemburgistes, de certains anarchistes, certains trotskystes etc. a été amplement exposé et le fond de l'ignoble a même été atteint ces dernières années au sujet de la Palestine (cherchez sur Facebook le groupe "Révolution permanente", vous verrez). Mais la faillite des libérations nationales bourgeoises est aussi un fait établi et la perspective d’États "indépendants" que l'"ex"-métropole (qui le reste sur le plan économique...) mettrait immédiatement en faillite ne fait plus recette, même comme "premier pas", ainsi qu'on peut le voir dans les dernières colonies directes tricolores ("Dom-Tom") qui s'accrochent désespérément à Paris et même dans d'anciennes colonies, comme l'île comorienne d'Anjouan, qui voudraient... redevenir "françaises". Ce n'est pas là une position que nous trouvons particulièrement intelligente ni que nous soutenons, mais c'est une bonne illustration des limites qu'il nous faut à tout prix dépasser. Vive la Libération révolutionnaire des Peuples !

     


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    Albert Woodfox est, avec Robert King et Herman Wallace, l’un des « Trois d’Angola » : trois prisonniers politiques Noirs incarcérés en 1971 dans la prison d’Angola, prison de l’État de Louisiane aux États-Unis, après une condamnation pour vol à main armée.

    Pendant son procès, Albert Woodfox s’évade et rejoint les rangs du Black Panther Party. Une fois rattrapé et réincarcéré, il poursuit son activisme et monte avec Wallace et King une section du Black Panther Party à l’intérieur de la prison d’Angola, symbole du système industrialo-carcéral raciste nord-américain et de l’esclavage moderne, situé sur les lieux mêmes d’une ancienne plantation de coton.

    En 1972, Woodfox et Wallace furent reconnus coupables du meurtre d’un gardien blanc de la prison. King, qui n’était pas directement accusé du meurtre, fut déclaré complice et les « Trois d’Angola » furent placés à l’isolement.

    Robert King est resté en cellule d’isolement 23h sur 24h jusqu’en 2001, Herman Wallace jusqu’en octobre 2013, avant de mourir d’un cancer trois jours après sa libération.

    Albert Woodfox, lui, y croupit toujours, refusant de renier son engagement politique pour l’organisation des prisonniers Noirs, la résistance à l’esclavage moderne des prisons, la défense des droits des prisonniers, et affirmant son innocence. Les autorités pénitentiaires refusent de le libérer et de mettre fin à son isolement malgré le fait que son procès ait été déjà invalidé trois fois pour discrimination raciale.

    Reflet de l’organisation populaire portée par le Black Panther Party, la vie d’Albert Woodfox témoigne de la lutte populaire et politique pour l’auto-défense et la libération de la communauté Noire s’attaquant à toutes les réalités de l’oppression raciale et économique du peuple Noir : des quartiers à la prison, de la traite négrière à l’esclavage industriel du travail carcéral, de l’aliénation culturelle et mentale à l’écrasement institutionnel.

    Dans ce court texte publié le 23 avril 2014, Woodfox s’adresse à un psychologue envoyé par l’institution judiciaire ayant le pouvoir de légitimer un isolement de plus de quarante années.

    Il lui répond à quel point seul quelqu’un comprenant le sens de la lutte pour l’autodétermination et la résistance à l’oppression peut appréhender une telle sentence, non pas dans le sens d’une « peine », mais comme une réalité historique et politique : le point central de l’oppression du peuple Noir, de la domination capitaliste et dans le même temps le point de départ d’une prise de conscience de soi et de sa puissance d’agir.

    C’est la force politique de cette résistance et l’héritage de combattants révolutionnaires qui ont fait tenir Albert Woodfox durant ces 42 années d’isolement, et ce sont eux qui doivent alimenter la campagne de solidarité internationale pour sa libération et contre le système oppressif raciste des prisons états-uniennes.

    Pour lui apporter un soutien financier :

    www.jpay.com (#00072148)

    Texte traduit et présenté par les Éditions Premiers Matins de Novembre

    pmneditions@gmail.com

     

    Sized-Web_Hero

    Quand je me remémore certaines choses que j’ai faites étant plus jeune, lorsque j’apprenais à survivre dans le quartier de Six Ward Highsteppers à la Nouvelle-Orléans, je réalise que la société m’enseignait à être l’ennemi des pauvres, des ignorants et même celui de mon propre peuple. Je déplore certaines choses que j’ai faites à l’époque. Et parfois, je me demande ce que je serai devenu si rien de tout cela ne s’était passé de cette manière.

    Mais mon engagement au sein du Black Panther Party lorsque j’étais à New York, m’a offert une autre possibilité de survie. Cet engagement a changé la donne. Les Black Panthers étaient les premiers Noirs que je n’ai jamais vu avoir peur. En les regardant, en leur parlant et en apprenant d’eux, ma vie a changé à jamais. C’était la première fois que j’entendais une voix plus forte que celle de la rue. Et quand je retournai en Louisiane et que je fus envoyé à Angola, le programme en dix points du Black Panther Party m’accompagna.

    Le programme en dix points parlait d’autodétermination, d’assumer ses responsabilités en matière de prise de décision personnelle, s’agissant de ta vie, de ta communauté. C’est alors que j’ai commencé à réaliser que je pouvais modifier le cours des choses. Que je voulais le faire et que j’étais en colère. J’étais de toutes les radicalités et absolument convaincu que des changements sociaux majeurs en Amérique étaient à portée de main.

    Quand Brent Miller a été assassiné et qu’ils nous ont raflé [Herman Wallace] et moi, et jeté au trou, il ne m’a jamais traversé l’esprit que j’allais passer les quatre prochaines décennies suivantes enfermé 23 heures par jour dans une cellule de deux mètres sur trois. Il ne m’est pas venu à l’idée que nous serions condamnés. Nous étions innocents ! J’étais optimiste, pensant que le peuple – nos frères et sœurs à l’extérieur – se dresseraient, s’organiseraient et les empêcheraient de nous avoir.

    Puis, alors qu’ils nous emmenaient afin d’être présentés devant un tribunal, un des frères de Brent Miller nous coupa la route avec un camion. Il dérapa et s’arrêta près de la camionnette dans laquelle nous étions, et il bondit avec un fusil à pompe en hurlant : « Où sont ces négros ? Laissez-les moi ! Je vais tuer ces fils de putes ! » Soudain, tout devint sérieux. À ce moment-là, je fus submergé par la prise de conscience que nos vies étaient en jeu et que la loi ne pourrait pas nous protéger.

    Aujourd’hui, après toutes ces années, l’audience au civil concernant notre isolement prolongé approche. Si bien qu’ils ont envoyé ce psychiatre me questionner. Bien évidemment, il a essayé de me faire dire que quarante ans d’isolement n’ont en définitive pas été une si mauvaise chose. « Vous avez l’air de vous être très bien adapté » m’a-t-il dit.

    Je lui ai répondu qu’à moins de s’être retrouvé bouclé dans une cellule 23 heures par jour pendant quarante ans, il n’avait aucune idée de ce dont il parlait. Je lui ai dit : « Vous voulez savoir de quoi j’ai peur ? J’ai peur de commencer à crier et ne pas être en mesure d’arrêter. J’ai peur de me transformer en bébé, de me recroqueviller en position fœtale et de gésir ainsi tous les jours du reste de ma vie. J’ai peur de m’en prendre à mon propre corps, de peut-être me couper les couilles et les jeter à travers les barreaux comme que j’ai vu d’autres le faire quand ils n’en pouvaient plus. »

    Ni la télévision, ni aucun loisir, magazine ou quoi que ce soit d’autre que vous appelez vous-même « autorisés » ne peuvent atténuer le cauchemar de cet enfer que vous aidez à créer à et maintenir.

    J’ai été soutenu dans ma lutte par trois hommes. Nelson Mandela m’a appris que si vous poursuivez une noble cause vous pouvez porter le poids du monde sur vos épaules. Malcolm X m’a appris que l’endroit où vous commencez n’a peu d’importance, seul compte l’endroit où vous finissez. Et Georges Jackson m’a appris que si vous n’êtes pas prêt à mourir pour ce en quoi vous croyez, c’est que vous ne croyez en rien.

    Je sais que vous faites seulement votre travail, Doc. Vous avez votre travail et j’ai le mien. Je suis un professeur. Et je suis la preuve vivante que nous pouvons survivre au pire en nous changeant nous-mêmes et en changeant notre monde, peu importe où nous vivons. Je ne veux pas mourir dans cette cellule, mais si cela doit se produire pour que cette leçon soit tout à fait claire, alors je suis prêt à le faire.

    Albert Woodfox, prison d'Angola (Louisiane), 23 avril 2014

    a3mural

     


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    Islamophobie et "échappatoire" salafiste

     

    La proclamation du "califat" par l’État islamique en Irak et en Syrie est en train de donner naissance à un véritable "sionisme musulman" :

     

    famille jihad


    Pourquoi des Français sont attirés par le djihad
    Jeunes hommes radicalisés, femmes mais aussi familles, près d'un millier de Français ont rejoint les rangs de l'État islamique. Explications.

    Une famille entière s'enrôle pour le djihad en Syrie

     

    La famille disparue dans l'Isère a bien pris la direction de la Syrie

     

    Une fillette de 2 ans et demi emmenée par son père a pu être récupérée et remise à sa mère : Assia, la fillette sauvée du djihad en Syrie

     

    Des adolescentes fuguent même de leur famille pour s'y rendre : http://www.ladepeche.fr/article/2014/03/27/1849563-lezignan-corbieres-soeur-sarah-ete-enrolee-syrie-reseaux-sociaux.html

     

    http://www.bladi.net/nora-marocaine-15-ans-jihad-syrie.html

     

    djihad-famille.jpgComme l'expliquent bien ces articles de la presse bourgeoise, il ne s'agit pas vraiment pour ces gens de se battre (ceux qui étaient prêts à le faire y sont déjà) mais bel et bien de participer à la construction du nouvel État et de la "nation islamiquement pure" proclamée par Abu Bakr al-Baghdadi à Mossoul au mois de juin... Nous avons donc là une logique qui, bien qu'avec des différences évidentes (que ne manqueront pas de souligner les critiqueurs professionnels sans arguments), rappelle celle du sionisme dans la première moitié du siècle dernier ou encore les projets comparables de "retour en Afrique" pour les Noirs américains et antillais, dont le plus célèbre est celui de Marcus Garvey : une logique consistant, pour une minorité ciblée par une mobilisation réactionnaire de masse, non pas à lutter concrètement là où elle se trouve pour ses droits démocratiques et son autodétermination en tant que minorité nationale, mais à chercher le "salut" dans la fuite vers une "terre promise" fantasmée (le plus souvent au détriment des populations qui s'y trouvent déjà comme on a pu le voir en Palestine, au Libéria grande "terre promise" du Back to Africa et maintenant dans les territoires du Machrek arabe sous le contrôle de l'"État islamique").

     

    Sur le site Oumma.com, un intellectuel musulman ose ouvertement le parallèle : L’État islamique d’Iraq et Syrie et le projet sioniste

     

    Cette démarche va évidemment se coupler à celle, expansionniste, du Capital arabe/musulman qui la finance et l'arme et va (dès lors) se chercher des "justifications" dans les textes sacrés pour prendre une tournure réactionnaire ultra-violente et fasciste, absente chez les quelques (rares et sympathiques) communautés rasta ayant pu s'installer en Afrique mais en revanche bien présente dans la colonisation et le "nettoyage" ethnique de la Palestine par les sionistes (bien que nous ayons Etat islamique Raqqalà un cas de "barbarie" "mentalisable" et donc finalement acceptable par les esprits occidentaux), l'idéologie puisant là aussi ses "justifications" dans l'Ancien Testament (bien que s'affichant - au début du moins - "laïque" et même "socialisante" devant des masses juives d'Europe séduites par les idées progressistes).

     

    Cette logique a été vigoureusement combattue, en ses lieux et temps, par les marxistes juifs (Bund et léninistes) pour le sionisme et par les grands dirigeants communistes noirs américains comme Harry Haywood et C.L.R. James, Robert F. Williams puis les Black Panthers pour le Back to Africa ; dans une compréhension correcte que c'est seulement l'absence de réponse révolutionnaire et rationnelle à l'oppression subie qui entraîne les masses vers des réponses réactionnaires, irrationnelles et mystiques (qui sont essentiellement l'intégrationnisme - négation de son identité d'opprimé pour tenter de nier l'oppression et d'obtenir quelques miettes de "reconnaissance" des oppresseurs, l'exemple de faillite le plus tragique étant sans doute celui des Juifs d'Allemagne et d'Autriche ; le repli "attentiste" et passif sur sa communauté ou la fuite vers l'"ailleurs" idéalisé - sionisme, garveyisme et maintenant émigration salafiste vers l'"État islamique").

     

    Les militant-e-s révolutionnaires des colonies intérieures catégorisées "musulmanes" doivent à présent prendre à bras le corps ce phénomène de recherche de réponses dans la religion et (désormais) l'émigration vers une soi-disante "Terre promise de l'Islam", afin d'apporter une RÉPONSE COMMUNISTE aux questions que se posent ces personnes (de plus en plus nombreuses) des classes populaires.

     

    trinquier.jpgDe l'autre côté et à la source de cette fuite en avant identitaire et réactionnaire (car il faut bien être clairs sur les liens de cause à effet), il y a la France de la vague bleue-et-bleue-marine du printemps dernier, la France de la haine raciste (en général) et anti-musulmane (en particulier) qui a motivé (selon leurs propres dires dans toutes les enquêtes) 99% des électeurs FN (un FN qui d'ailleurs, une fois n'est pas coutume, soutient l'intervention militaire occidentale contre l'"État islamique") et dont un "bon exemple" a été donné cet été par la petite ville de Wissous dans l’Essonne (tout près de l'aéroport d'Orly).

     

    Il est intéressant de souligner ici que le maire Richard Trinquier n'est pas "n'importe qui" : il est le fils du colonel Roger Trinquier, dont la théorie de la guerre contre-révolutionnaire moderne s'est exportée jusque dans l'Amérique du Sud des Pinochet en consorts... Autant dire qu'en matière de "lutte contre l'ennemi intérieur", il en connaît plutôt un rayon ! :

     

    Wissous, la ville où l'islam est pointé du doigt

     

    Déferlante de haine islamophobe et raciste à Wissous, le maire responsable

     

    valeurs actuelles Le battage autour de l'"islamisation" de notre bonne vieille "fille aînée de l’Église" apparaît encore une fois bel et bien (ainsi que nous le disons depuis des années) comme la grande mobilisation réactionnaire de masse de notre époque. Nous en avons déjà de nombreuses fois analysé les causes : le racisme, présent depuis qu'il existe une immigration extra-européenne significative en Hexagone, reflète la domination impérialiste européenne et française sur le "tiers-monde" et la PEUR devant la contestation croissante de cette domination par celui-ci, dont les "immigrés" sont perçus comme les "ambassadeurs" ; ce racisme s'est spécifiquement centré sur la religion musulmane depuis que ("révolution" iranienne, guerre civile algérienne et attentats de 1995 puis 11-Septembre 2001) les forces militant au nom de cette religion apparaissent comme les plus agressives ; on peut aussi évoquer dans les masses une crainte devant le "choc de modernité" (crainte d'un monde qui "change trop  vite") représenté par la "mondialisation", à laquelle l'immigration extra-européenne est associée ainsi que l'émergence d'acteurs internationaux non-européens dont (là encore) les pays musulmans sont perçus comme les plus inquiétants ; exactement comme la crainte devant le "choc de modernité" représenté par la "révolution" industrielle et la modernisation très rapide de la société entre 1800 et 1940 s'était projeté sur les Juifs, qui obtenaient au même moment l'égalité civile dans la plupart des pays d'Europe et connaissaient pour certains une vertigineuse ascension sociale - avant d'être perçus, aussi, comme l'"avant-garde" des "idées nouvelles" démocratiques, socialistes et communistes "menaçant" l'ordre social "millénaire"... Il n'est donc pas étonnant (même si c'est à combattre) que face à cela, comme face à l'antisémitisme principale mobilisation réactionnaire de masse lors de la première crise générale du capitalisme (années 1870-1940), une réaction populaire possible soit de dire "puisque nous sommes des 'merdes' ici, allons donc nous 'réaliser' loin d'ici sur une terre 'à nous', où nous serons entre gens comme nous, entre frères et sœurs, avec nos valeurs et pas celles des autres qui nous détestent" etc. etc. !

     

    extermination.jpg Parallèlement (et en illustration) à tout cela (à ce fond d'ambiance), on notera que des amendes d'un montant "exorbitant" de... 3.000 euros (même pas un mois voire un demi-mois de revenu pour ces personnes) ont été prononcées contre Christine Tasin (de "Résistance républicaine" et "Riposte laïque") pour avoir proclamé et revendiqué sa haine des musulmans ainsi que contre le maire CNIP de Cholet, Gilles Bourdouleix, pour avoir déclaré au sujet des Rroms que "Hitler aurait dû finir le travail" (!!). Voilà qui devrait suffire (si c'était nécessaire) à illustrer la MASCARADE qu'est la "lutte" bourgeoise "républicaine" contre les idées fascistes, sauf dans certaines circonstances très particulières comme une "bouseuse" FN des Ardennes qui s'en prend à une ministre guyanaise (et encore a-t-il fallu un tribunal guyanais pour cela...) ou un "comique" afro-descendant antisémite... et le RIDICULE de voir dans l’État "républicain" un allié potentiel contre le fascisme !

    L'antifascisme venu du cœur des classes populaires, lui, vient encore de donner un exemple lumineux à Calais face à quelques centaines de fascistes venus cracher leur haine des prolétaires migrants (qui s'entassent autour de cette ville dans les conditions inhumaines que l'on sait) : http://quartierslibres.wordpress.com/2014/09/10/rassemblement-de-sauvons-calais-racisme-autorise-solidarite-interdite/


      Revue de presse - mi-septembre 2014Revue de presse - mi-septembre 2014

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