• L'appel lancé au début de l'année par le MLKP (Parti communiste marxiste-léniniste de Turquie) s'est concrétisé :

    http://www.signalfire.org/2015/06/11/internationalist-free-brigade-established-in-rojava/

    Une Brigade internationale de Libération a été créée en RojavaPrenant en compte la puissance de Rojava et des Peuples du Moyen-Orient, une Brigade internationaliste de Libération a vu le jour au Kurdistan occidental.

    Le MLKP a été impliqué dans la mise en place de cette brigade depuis janvier, et des organisations comme Reconstruction communiste (État espagnol), TIKKO (TKP/ML, maoïste de Turquie), les Forces unies de Libération (BÖG, formé en août 2014 par des organisations marxistes et révolutionnaires de Turquie), le Front révolutionnaire MLSPB (Ligue Marxiste-Léniniste de Propagande Armée, petite organisation du Turquie née dans les années 1970) ainsi que des révolutionnaires venus de Grèce se sont joint aux combattants. La déclaration suivante a été prononcée :

    “Le Moyen-Orient a été plongé dans un bain de sang par la main des exploiteurs et des suceurs de sang impérialistes. Ces mêmes forces ont favorisé la formation de Daesh afin de soumettre les Peuples de la région à l'occupation et à l'oppression. Les bandes de Daesh massacrent les chrétiens, les yézidis, les assyriens et les musulmans. Ils vendent femmes et enfants comme esclaves sur les marchés et organisent des exécutions de masse d'une manière qui ressemblent aux stratégies de leurs maîtres impérialistes depuis des siècles.

    La résistance organisée des Peuples contre ces forces qui veulent détruire leurs langues, leurs croyances, leurs identités et leurs vies s'est placée sous la direction des YPG-YPJ [NDLR - les YPJ sont les Unités de Protection de la Femme, unités de combattantes féminines que les djihadistes craignent par-dessus tout car être tué par une femme interdit - selon eux - d'accéder au "paradis d'Allah"] et a remporté de grands succès dans des lieux tels que Kobanê, Şengal, Til-Hemis et Serekaniyê.

    La Révolution de Rojava s'est retrouvée au premier plan de la politique mondiale et la résistance des YPG-YPJ est admirée et soutenue par les masses pauvres du monde entier. Avec ses combattants internationalistes, Rojava est devenue la Bekaa et la Palestine de notre époque. La Révolution de Rojava est la Commune de Paris assiégée par les Allemands [en réalité les Versaillais de Thiers et Mac Mahon, "petite" erreur historique ici (bien que les Allemands occupaient aussi des positions à l'Est de la capitale)], Madrid lors de la guerre civile antifasciste en Espagne et Stalingrad durant la Seconde Guerre mondiale impérialiste.

    La Révolution de Rojava a bouleversé l'équilibre des pouvoirs dans les pays environnants, particulièrement en Turquie, et est devenue le cœur des révolutions de la planète et le phare de la résistance des peuples opprimés.

    En tant que révolution féministe, Rojava a renforcé la volonté des femmes et est devenue le symbole de la lutte contre le patriarcat et la réaction religieuse globale.

    Les révolutionnaires du monde entier ont tourné leurs regards vers Rojava et n'ont pas hésité à venir combattre et mourir pour la victoire afin d'étendre cette révolution.

    Les forces révolutionnaires de Turquie et de différentes parties du monde sont venues en Rojava pour renforcer la révolution et l'étendre vers leurs pays d'origine.

    Nous combattons en Rojava, mourrons en martyrs et levons haut la bannière de la résistance.

    Nous combattons en première ligne contre l'impérialisme et le fanatisme religieux dans la région.

    Nous affrontons les attaques brutales des bandes de Daesh contre la révolution.

    Nous vivons la révolution et nous la sentons palpiter dans nos veines et chaque cellule de notre corps.

    Nous sommes le Peuple du Kurdistan qui mène la Révolution de Rojava, les travailleurs, les opprimés, les femmes et les révolutionnaires internationalistes qui combattent sous le drapeau des YPG-YPJ.

    Nous sommes espagnols, allemands, grecs, turcs, arabes, arméniens, lazes, circassiens et albanais.

    Nous sommes des forces et des organisations révolutionnaires qui se sont unies depuis différentes parties du monde pour former la Brigade internationale de Libération.

    Tous les opprimés, ouvriers et travailleurs de la terre, femmes, jeunes, groupes religieux, écologistes, anti-impérialistes, antifascistes, anticapitalistes, démocrates et révolutionnaires à travers le monde, nous vous appelons à venir combattre sous la bannière de notre Brigade pour défendre la Révolution de Rojava et instaurer la Fraternité des Peuples au Moyen-Orient et dans le monde entier.”

    Une Brigade internationale de Libération a été créée en Rojava
    Une Brigade internationale de Libération a été créée en Rojava

    Et aussi : https://nouvelleturquie.wordpress.com/2015/06/11/une-brigade-internationale-de-liberation-a-ete-fondee-a-rojava/ (un grand merci aux camarades de Nouvelle Turquie, car traduire des documents en turc n'est pas donné à tout le monde !)

    Rojava a été témoin de l’inauguration d’une nouvelle unité militaire à caractère international. La fondation de la Brigade internationale de Libération a été annoncée aujourd’hui lors d’une cérémonie.

    Etkin Haber Ajansı / 10 juin 2015 Mercredi à 19:46 CİZÎRE (Rakel Asîman) – La Révolution de Rojava a été d’une part un exemple historique de résistance et a d’autre part joué un rôle unificateur pour la lutte internationale des peuples.

    Alors que le nombre d’individus et d’organisations venants de pays et de peuples différents dans le monde se multipliaient de jour en jour pour protéger la Révolution de Rojava, eux ont fait gagner une nouvelle position pour la lutte révolutionnaire internationale avec l’inauguration de la Brigade internationale de Libération.

    L’inauguration de la brigade a commencée par une cérémonie militaire, ensuite a eu lieu une conférence de presse. Durant la cérémonie, des banderoles écrites en kurde, en arabe, en turc et en anglais ont été déployées, où était inscrit : « Vive la Révolution de Rojava»

    Avec le MLKP qui depuis longtemps préparait cette brigade, d’autres organisations y prennent part également : l’Organisation pour la construction d’un Parti Marxiste-Léniniste en Espagne [Reconstruction communiste NDLR], le TKP/ML / TIKKO, les Forces Unies de Libération (BÖG) et le MLSPB. À côté de ce front révolutionnaire, beaucoup de révolutionnaires circassiens, grecs, turcs, allemands et arméniens participent également à la brigade.

    Lors de la conférence de presse de la Brigade internationale de Libération, les porte-paroles ont prononcé une déclaration, celle en turc a été faite par Arya Yeter et celle en anglais par Ernesto Beimler. 

    Rojava est aujourd’hui la Commune de Paris, Madrid et Stalingrad

    Dans la déclaration, l’accent était mis sur le fait que la Révolution de Rojava est une révolution qui est actuelle. Il a notamment été dit : « Rojava est aujourd’hui la Commune de Paris assiégée par les Allemands [en réalité les Versaillais de Thiers et Mac Mahon, petite erreur historique ici], Madrid lors de la guerre civile antifasciste en Espagne et Stalingrad durant la Seconde Guerre mondiale impérialiste ».

    Alors qu’elle spécifiait que la révolution a changé l’équilibre des forces dans la région, la déclaration portait l’attention sur le fait que Rojava était le cœur des révolutions du monde entier et le symbole de la résistance des Peuples opprimés.

    Alors qu’il était souligné que cette révolution était une révolution de femmes, l’évaluation suivante a été faite : « contre le monde patriarcal et réactionnaire, une grande volonté des femmes a émergé et ceci est devenu un symbole ».

    Dans la déclaration, il était indiqué que « Les révolutionnaires du monde entier ont tourné leur tête vers le Moyen-Orient. Ils ont accepté la mission et la responsabilité historique de défendre la Révolution de Rojava et d’approfondir sa raison d’être. Ils n’ont pas hésité une seconde à venir combattre au front, à faire couler leurs sangs ainsi qu’à mourir pour la victoire ».

    “Nous vous appelons à lutter et à remporter la victoire”

    La déclaration était comme suit :

    « Nous, qui nous battons en tout lieu à Rojava, donnons des martyrs et portons la bannière de la résistance.
    Nous qui nous battons à l’avant-garde du front contre l’impérialisme et les réactionnaires.
    Nous, peuple qui vivons au Kurdistan et menons la Révolution de Rojava sous le drapeau du YPG et YPJ, nous combattants de toutes nationalités, ouvriers, exploités, femmes et révolutionnaires internationalistes.
    Nous espagnols, allemands, grecs, turcs, arabes, arméniens, lazes, circassiens, albanais, organisations et forces internationalistes et révolutionnaires venants des quatre coins du monde entier, nous nous sommes unis pour défendre la Révolution de Rojava.
    Travailleurs, ouvriers, femmes, jeunes et gens de différentes foi et identité, écologistes, anti-impérialistes, antifascistes, anticapitalistes, démocrates et révolutionnaires du monde entier : nous vous appelons tous à défendre la Révolution de Rojava, à gagner encore plus de droits, à lutter et remporter des victoires pour étendre la révolution du Moyen-Orient et pour élargir la fraternité entre les peuples sous le drapeau de la Brigade Internationale de Libération.  »

    Suite à cette déclaration, le porte-parole a répondu aux questions des journalistes.

    La brigade sera sur le front

    La brigade a répondu à une question qu’en tant que “brigade en mouvement”, elle sera sur tous les fronts défensifs.

    Les combattantes internationales ont expliqué que la brigade : “DAESH mène des politiques sexistes (anti-féminines). Notre révolution est une révolution féministe. L’objectif des actions de DAESH est d’essayer de détruire les droits que les femmes ont gagnés par cette révolution. C’est pour cette raison qu’en tant que femmes, nous nous devons de la défendre avec hargne. Par conséquent, ceci est un appel aux femmes du monde : les femmes dans cette révolution doivent défendre leurs libertés.”

    Les anarchistes grecs : nous sommes ici pour montrer notre solidarité avec la révolution

    L’anarchiste grec et combattant de la brigade Odisef a déclaré : “Nous sommes ici pour montrer notre solidarité avec la révolution qui de Rojava sur un plan politique et pratique. La lutte contre DAESH n’est pas limitée à combattre contre le fascisme croissant qui est représenté par les forces réactionnaires locales du Moyen-Orient. DAESH est un symbole de la pourriture liée à la crise du capitalisme et de l’impérialisme.”

    Les communistes espagnols : « une nouvelle porte s’est ouverte »

    Paco Arcadio a déclaré au nom de l’Organisation pour la construction d’un Parti Marxiste-Léniniste en Espagne qu’aujourd’hui une nouvelle porte s’est ouverte avec la Brigade Internationale de Libération, “c’est un honneur pour nous de faire partie de ce projet, parce que cela unira tous les révolutionnaires internationaux ensemble dans cette lutte contre DAESH.”

    Arcadio a declaré que DAESH a été créé par les forces impérialistes contre la souveraineté du Peuple kurde, disant : “Ceux de la classe ouvrière internationale qui le peuvent devraient prendre part activement à cette guerre. Non seulement dans cette lutte contre DAESH, mais ils devraient également être impliqués dans le processus révolutionnaire de Rojava. Tout comme en 1936 en Espagne, en 1942 en Stalingrad, encore une fois, les Peuples de la classe ouvrière de toutes nationalités devraient venir pour la victoire de cette révolution. Pour soutenir Rojava et pour lutter pour la révolution dans le monde entier. Pour cela, nous devons de toutes nos forces prendre part à cette lutte.

    L’inauguration a pris fin avec le slogan “Vive la lutte internationale” et avec un grand intérêt des médias.

    Une Brigade internationale de Libération a été créée en Rojava

    [NDLR - Nous nous sommes maintes fois exprimés sur le point que nous ne partageons pas l'analyse de Daesh comme une "création de l'impérialisme pour dominer les Peuples de la région". Daesh peut, certes, être qualifié de "produit" de l'impérialisme dans le sens où la politique impérialiste dans la région depuis un quart de siècle (depuis la fin de la Guerre froide et la Guerre du Golfe, en fait...), que ce soit le blocus meurtrier puis l'invasion génocidaire de l'Irak par les impérialistes US et leurs alliés occidentaux ou le soutien russe... et dans une large mesure français au régime Assad en Syrie, a créé le terreau sur lequel le phénomène a pu prospérer. En ce sens, nous sommes plutôt d'accord avec l'anarchiste grec de la Brigade : "DAESH est un symbole de la pourriture liée à la crise du capitalisme et de l’impérialisme" ; une explosion dans le ventre du vieux monde, un monstre du clair-obscur entre "l'ancien qui se meurt et le nouveau qui tarde à apparaître" (Gramsci), comme le sont souvent et dans une large mesure (avant leur récupération par des intérêts grand-capitalistes et/ou impérialistes) les phénomènes de type fasciste, nazi etc.

    Il y a certes eu de nombreuses complaisances au bénéfice de la sinistre organisation : complaisance de l'Occident lui-même pour diviser dans le sang la résistance irakienne en pensant qu'un projet aussi nihiliste et ultra-réactionnaire ne pourrait jamais se concrétiser (sauf qu'il a gagné progressivement à lui les populations mécontentes du Nord de l'Irak et de l'Est de la Syrie...) ; complaisance (outre ses soutiens financiers privés directs) des monarchies wahhabites de la Péninsule arabique contre l'"axe chiite" Iran-Syrie (motif qui a également pu influencer des éléments occidentaux ou israéliens) ; complaisance de l’État turc contre les Kurdes et dans un contexte où l'expansionnisme "néo-ottoman" du régime AKP se voit sévèrement contrarié (après le retournement d'alliance de 2011 en faveur de l'insurrection syrienne, tablant sur une chute rapide du régime de Damas qui ne s'est finalement pas produite...) et affaibli à l'issue des dernières élections ; voire même complaisance du régime syrien qui a libéré des milliers de fanatiques salafistes de ses prisons et se retrouve ainsi face à une "opposition" contre laquelle il peut largement mobiliser l'opinion mondiale en sa faveur. Il n'en reste pas moins que le djihadisme a aussi ses ressorts propres et autonomes, que nous avons analysés comme des éléments particulièrement agressifs de l'oligarchie du Golfe qui tentent de se tailler un "petit Empire" comme base d'investissement et de valorisation de leur Capital sur-accumulé à travers des décennies de rente pétrolière. Aujourd'hui, tous ces créateurs de conditions et autres complaisants se retrouvent en position de pyromanes devenus pompiers, formant à la hâte une coalition contre les "égorgeurs barbares" ; et il est vrai que la résistance de Daesh depuis près d'un an (alors que le régime de Saddam Hussein, par exemple, s'était effondré en trois semaines) a de quoi laisser songeur - les seuls revers significatifs infligés à l'organisation l'étant par les forces kurdes.

    Mais quoi qu'il en soit, cette erreur (selon nous) d'analyse est tout à fait secondaire par rapport à l'importance historique d'un tel évènement pour le mouvement communiste international renaissant. Le combat contre l'hydre djihadiste qui - comme le souligne le communiqué de la Brigade à un moment - offre en quelque sorte un "concentré miniature" de toutes les méthodes criminelles barbares de la construction d'Empire par le Capital (ou encore de l'accumulation primitive capitaliste) est un grand et nécessaire combat des Peuples qui, victorieux (et il le sera !), pourra donner naissance à une potentielle base rouge révolutionnaire et - comme le souligne encore la déclaration - être un marchepied pour la lutte révolutionnaire dans tout le Proche/Moyen-Orient et le monde entier. Ceci à la condition bien sûr - mais aucune ambigüité là-dessus ne semble planer dans le texte - de ne pas céder à l'opportunisme vis-à-vis de l'impérialisme tant occidental qu'"oriental" (russo-chinois, à travers l'Iran et les forces d'Assad), qui se retrouve l'"allié" objectif et temporaire de Rojava mais qui a créé toutes les conditions du surgissement du "monstre" Daesh dont aucune des méthodes, nous l'avons dit, n'est étrangère à celles de l'Occident dans sa conquête du monde et dans le maintien de sa domination sur celui-ci (en vérité, elles sont mêmes très en-deçà et "artisanales" en comparaison !).

    Nous ajouterions aussi - si nous pouvons nous permettre une suggestion - que les combattants djihadistes de base (pas les cadres et idéologues bien sûr), tant locaux (irakiens ou syriens) que venus d'ailleurs (notamment des métropoles impérialistes occidentales), sont selon nous des personnes dont la place aurait dû être dans les rangs de la révolution mondiale mais que la faiblesse (encore pour le moment) de celle-ci a amené dans une autre voie, violemment réactionnaire. La Révolution de Rojava pourrait dès lors réfléchir à des centres où seraient rééduqués politiquement les prisonniers, dont une minorité significative pourrait bien comprendre son erreur et changer de camp (de fait les personnes qui comprennent ce qu'est réellement le "djihad" de Daesh sont nombreuses et tentent fréquemment de s'enfuir, mais elles sont bloquées par le fait que seule la prison les attend généralement dans leur pays d'origine, et sont régulièrement reprises par leurs anciens compagnons d'armes et affreusement assassinées).]

    Une Brigade internationale de Libération a été créée en Rojava


    4 commentaires

  • À l'occasion des dernières élections en Turquie, il nous a paru intéressant de rédiger ce petit "dossier" récapitulatif sur la nature du parti d'Erdogan et ses évolutions (car ce n'est pas non plus une force politique monolithique et immuable...), afin de pouvoir le mettre en lien dans les multiples articles où nous aurons l'occasion d'en parler.

    L'AKP, une force politique qui nécessite une analyse fine en non schématique ; car si elle est la force de gouvernement d'un État fasciste que des camarades communistes combattent et dont ils subissent la répression et les crimes, elle a aussi au fil de ses années de pouvoir acquis une popularité considérable parmi les masses populaires de culture musulmane en Europe et à travers le monde ; une contradiction à laquelle il est impossible de ne pas être confrontés tôt ou tard.

    Une analyse, finalement, TRÈS SATISFAISANTE (un marxiste qui passait par là, sans doute...) peut déjà être offerte par l'article Wikipédia consacré à Necmettin Erbakan, le fondateur du mouvement à l'origine de l'AKP (Milli Görüş puis Refah) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Necmettin_Erbakan#Biographie

    En gros, l'AKP comme successeur de ce mouvement représente la BOURGEOISIE NATIONALE provinciale/rurale, mais ayant la particularité d'être très liée à la fraction la plus conservatrice et religieuse de la grande propriété foncière (ce qui entame donc considérablement son caractère progressiste).

    "Le Parti de la Justice s'est constitué depuis sa création en 1961 sur une alliance de principe entre la petite bourgeoisie commerciale de province, les grands propriétaires terriens (très religieux) et la haute bourgeoisie capitaliste industrielle (plus occidentale) [NDLR parfois qualifiés de... "Turcs blancs" (beyaz türkler), par opposition aux (terme moins employé) "culs terreux" anatoliens "Turcs noirs" - kara türkler]. Le PJ, dirigé par l'équipe du Premier ministre Demirel, tient un discours ambigu sur la religion pour favoriser la domination de la haute bourgeoisie sur la bourgeoisie provinciale, et limiter les nombreux antagonismes qui les opposent.

    Mais le développement du capitalisme accentue les inégalités existantes entre la grande bourgeoisie occidentalisée, qui s'accapare tous les bénéfices de la croissance, et la petite bourgeoisie religieuse qui s'appauvrit.

    La bourgeoisie de province (liée aux grands propriétaires), qui s'oppose de plus en plus à la direction du PJ (accusée de défendre les intérêts des classes dominantes occidentalisées et anti-religieuses), trouve son porte-parole en la personne de Necmettin Erbakan. Il milite depuis les années 1960 au sein de la section jeunesse du Parti et s'était déjà fait remarquer par ses discours religieux virulents contre la laïcité kémaliste et l’impérialisme des grands bourgeois. [Lire : http://ekladata.com/Kaypakkaya-kemalisme.pdf]

    La direction du PJ, pour mettre un terme au mouvement de sécession qui s'est entamé en son sein, fait élire en 1968 Erbakan (qui s’est fait le porte-parole de la petite bourgeoisie) au poste de secrétaire de la Chambre du commerce et de l'industrie. Le Premier ministre Demirel croit pouvoir manipuler Erbakan et ainsi contrôler le mécontentement de la petite bourgeoisie.

    Mais Necmettin Erbakan refuse de se soumettre aux injonctions du PJ et commence à formuler de violents réquisitoires contre lui (et donc contre la grande bourgeoisie occidentalisée), ce qui lui permet d’asseoir sa popularité sur les classes populaires religieuses.

    Ces antagonismes de classes au sein du parti provoquent une première scission du PJ en 1969, et donnent naissance au Parti démocratique (dirigé par le frère de l'ancien Premier ministre Menderes). Cette première rupture décide la grande bourgeoisie, qui contrôle le PJ, à démettre Necmetin Erbakan pour ne pas accentuer la division qui le mine.

    Millî Görüş est la première grande organisation turque d'Europe. Fondée en 1971, à Braunschweig, à l'initiative de Necmettin Erbakan en tant qu'Union turque d'Allemagne, elle a pris son nom actuel en 1994. Le terme milli görüş signifie « vision nationale ». (...)

    Expulsé par le Premier ministre Demirel du PJ, Erbakan fonde le 26 janvier 1970 sa première formation politique, le Milli Nizam Partisi (ou MNP, « Parti de l’Ordre National », membre du Milli Görüş). Cette nouvelle formation politique, créée au nom de la bourgeoisie provinciale, s'ouvre à l’ensemble de la classe moyenne en proie au désarroi devant l'évolution des mœurs et des valeurs de la société turque, et qui se sent exclue du développement économique que connait le pays. Le Parti de l’Ordre National prône un retour aux valeurs traditionnelles de l’ancien Empire ottoman (et de l'islam), couplé à un développement économique axé sur l'industrie lourde et exportatrice.

    Son rejet catégorique des réformes kémalistes (dont la laïcité) fait remarquer le MNP par les forces de sécurité. Le coup d'État de 1971 en Turquie provoque sa dissolution par la Cour constitutionnelle le 20 mai 1971 pour atteinte au principe fondateur de la laïcité turque. Ses dirigeants restent cependant en liberté.

    En 1973, Necmettin Erbakan fonde, en compagnie des anciens dirigeants du MNP, le Milli Selamet Partisi (ou MSP, « Parti du Salut National »). Le nouveau parti politique, bien que très proche des principes de l'ancien, reste très prudent à l'égard de l’idéologie islamiste et essaye de s'intégrer davantage au système politique parlementaire (pour limiter les risques de dissolution). Le PSN rationalise l'idéologie religieuse pour la diriger contre ses adversaires (le PJ et le PRP), et défend une société utopiste égalitaire et juste fondée sur les principes de l'islam.

    Cette approche paie puisque le parti obtient 10 % des suffrages aux élections législatives de 1973 et s’intègre aux coalitions politiques du parlement. Erbakan est ainsi adjoint au Premier ministre lors de trois coalitions différentes de 1974 à 1978. En 1976, le jeune Recep Tayyip Erdoğan (futur président turc) adhère à l'organisation de jeunesse du Parti du Salut National.

    À la suite du coup d'État du 12 septembre 1980 en Turquie, le PSN est une nouvelle fois dissous par la Cour constitutionnelle. Cette fois-ci, Erbakan est arrêté pour activités anti-laïques (notamment pour une interview donnée au journal Milliyet en 1973, où il critiquait la réforme d'habillement d'Atatürk) et se voit signifier en 1982 une interdiction d’exercer des activités politiques pendant dix ans. Cette interdiction est levée en 1987 à la suite d'un référendum.

    Mais la légitimation politique de l’idéologie islamiste par les militaires (synthèse turco-islamiste) provoque un important engouement pour l'islam populaire et les partis qui s'en réclament. Le Refah Partisi, créé en 1983 après le retrait de l'armée de la vie politique, profite de cette vague populaire islamique.

    En 1987, Erbakan est élu président du Refah Partisi (ou RP, « Parti de la Prospérité »), sous les couleurs duquel il sera Premier ministre entre 1996 et 1997.

    Il est partisan d’un grand marché commun islamique du Maroc à l'Indonésie et s’oppose à la politique kémaliste favorable à l’Europe et à l’Occident : « Nous ne sommes pas occidentaux, nous ne sommes pas européens ». Il qualifie alors l'Union européenne de groupe maçonnique. En 1989, dans la ville néerlandaise d'Arnhem, il tient un discours aux accents djihadistes qui fait scandale : « Les Européens sont malades… Nous leur donnerons les médicaments. L’Europe entière deviendra islamique. Nous conquerrons Rome. »

    Le 30 juin 1997, il démissionne sous la pression des militaires ; le RP est alors interdit et Erbakan se voit signifier une nouvelle interdiction de son activité politique pour deux ans et quatre mois de prison pour incitation à la haine raciale et religieuse. Fin 1997, alors que le gouvernement tranche sur la suppression du parti d'Erbakan, le Refah, déjà des structures alternatives se mettent en place et Recep Tayyip Erdoğan, futur président du pays, en émerge comme nouveau leader."

    [Cette même analyse pourrait de fait s'appliquer à l'"islamisme" en général : une alliance de bourgeoisie nationale, de "capitalisme d'en bas" opposé au capitalisme "d'en haut" bureaucratique-comprador au service de l'impérialisme, et de propriété féodale la plus hostile à la "modernité" impérialiste ; le tout appuyé sur des masses populaires animées par le même sentiment. Quelque part, de par sa composition de classe, il est possible de dire que l'"islamisme" est une... Chouannerie géante, et qui va bientôt fêter son 100e anniversaire - voir ici un-film-reactionnaire-sur-la-vendee-a133902500 "notre" analyse (basée sur celle des historiens matérialistes sérieux qui se sont penchés dessus) à ce sujet.]

    En 2010, à l'occasion de l'attaque d'un navire humanitaire turc pour Gaza par la flotte israélienne, évènement qui a peut-être représenté l'apogée de la popularité d'Erdogan tant dans son pays que dans les masses musulmanes mondiales, nous avions publié cet article qui expliquait la nature de l'AKP à ce moment-là et les contradictions l'opposant aux autres forces politiques locales (y compris le mouvement communiste et le mouvement national kurde) :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/turquie-iran-kurdistan-israel-qu-en-est-il-a114095668

    Mais depuis cette époque, une nouvelle évolution s'est encore dessinée. Durablement installé au pouvoir, le parti d'Erdogan a tout d'abord littéralement "phagocyté" l'électorat des partis de la Juste Voie et de la Mère Patrie, qui ont littéralement disparu des "radars" parlementaires (ce qui, si l'on se réfère aux origines de l'erbakanisme dans le parti de Süleyman Demirel, est en quelque sorte une "revanche"...) ; partis classiquement considérés comme la DROITE kémaliste "laïcité ouverte" (sur l'islam) du pays, et qui ont notamment régné suite au (sanglant) coup d’État de 1980 jusqu'au milieu des années 1990. Et d'autre part, après les menaces de coup d’État en série qui ont émaillé la fin des années 2000, une sorte de "compromis" semble avoir été trouvé avec le national-républicanisme et l’État profond, faisant finalement ressembler l'idéologie du pouvoir erdoganien (de plus en plus autocratique) à celle du mouvement "Jeune-Turc" ("Union et Progrès") des années 1900-1910 (à l'origine du génocide arménien...), ou encore à celle du MHP (les fameux "Loups Gris" ultra-fascistes) qui du coup, après avoir honni l'AKP dans les années 2000 (notamment pour son "libéralisme" face aux Kurdes), a commencé à le soutenir ouvertement !

    "Ces ‘pragmatiques’ issus de l’‘islamisme’, c'est-à-dire de l’expression du ‘capitalisme d’en bas’ (émergeant des ‘entrailles’ de la vie sociale, où les gens produisent et vendent, bref font du bizness et certains deviennent riches et d'autres pas...) contre le capitalisme bureaucratique ‘d’en haut’, sont en fait les véritables ‘nouveaux Menderes’ ; entre libéralisme économique, ‘ouverture’ politique par rapport aux ‘vaches sacrées’ du kémalisme, charité ‘sociale’ islamique, néo-ottomanisme tourné vers l’Orient et europhilie frustrée ; tandis que les partis de la ‘Juste Voie’ et de la ‘Mère Patrie’ (les héritiers ‘officiels’, fusionnés en 2007 dans un nouveau Parti démocrate’) sont en réalité plutôt ‘kémalo-libéraux’ (ce sont en fait les ‘partis’ des coups d’État militaires des années 1970 et 80, qui visaient aussi l’aile ‘sociale’/‘dirigiste’ du kémalisme afin d'instaurer le ‘néolibéralisme’). L'on observe d'ailleurs très nettement que ces forces 'semi-kémalistes semi-menderistes' özalo-demireliennes ont tendu ces dernières années à purement et simplement disparaître de la scène politique [aucun élu aux élections législatives de 2011 et encore - MàJ - à celles de 2015], qu'elles ont pourtant dominée entre les épisodes putschistes des années 1970 à 1990. Disparaître... phagocytées par l'AKP, ce représentant de la nouvelle bourgeoisie - petite, moyenne voire grande - de l'intérieur du pays (c'est très net sur les cartes électorales), hier déshérité par rapport aux régions de la Mer Égée et d'Istanbul (Turquie "moderne", "utile", économiquement avancée) et qui a connu au cours des dernières décennies un développement économique conséquent ("tigres anatoliens") : une nouvelle bourgeoisie qui a produit des militaires (y compris hauts gradés) permettant de contrecarrer les menaces latentes de coup d’État de l'aile "dure" kémaliste laïciste [les services secrets, le MİT, sont ainsi réputés totalement sous contrôle de l'AKP qui a interdit en 2012 toute poursuite judiciaire contre eux, et n'ont subi aucune purge après le coup d’État "güleniste" - "islamiste" modéré pro-occidental et kémaliste "turco-islamique" de droite - de 2016] ; peuplé la capitale économique stambouliote à la faveur de l'exode rural (Erdoğan devenant maire de la ville dès 1994) et petit à petit imposé l'hégémonie intellectuelle d'une sorte de "kémalisme islamisé" plus indépendant (voire hostile : "idéologie Vallée des Loups") vis-à-vis de l'Occident et "ottomanisant" (comprendre, tourné économiquement et diplomatiquement vers les pays arabes voisins), mais tout aussi réactionnaire ; une sorte (finalement) de nouvelle idéologie jeune-turque (l'idéologie du génocide arménien...) prête à toutes les malfaisances. C'est peut-être là, dans cette mutation de l'idéologie dominante de l’État, qu'il faut voir malgré les menaces la raison du succès et de la longévité de l'AKP - exceptionnelle pour un gouvernement civil issu des urnes depuis le milieu du 20e siècle."

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/honneur-communiste-a-ibrahim-kaypakkaya-assassine-il-y-a-40-ans-par-l--a114094360 

    "Nous y faisions d'ailleurs - notamment - remarquer qu'après avoir semblé dans un premier temps amorcer une certaine libéralisation de l’État (surtout sur le plan de la négation des nationalités), une réduction du rôle de l'institution militaire (Conseil de Sécurité Nationale) face aux élus civils et un "désalignement" vis-à-vis de l'Occident et d'Israël (refus de servir de base pour l'invasion de l'Irak en 2003, un incident portant même presque au bord de l'affrontement militaire, soutien ouvert au "parti frère" Hamas en Palestine), l'AKP au pouvoir depuis 2002 a finalement été happé à son tour dans la fuite en avant autoritaire et répressive (lire aussi ici au sujet du "mouvement de Taksim" de 2013) indissociable de la crise générale terminale du capitalisme, surtout dans la région proche- et moyen-orientale où celle-ci aiguise particulièrement toutes les contradictions (il suffit de voir la Syrie), et a en fin de compte (en quelque sorte) "refondu" l'idéologie étatique turque dans un sens moins "laïc intégriste" et plus "ouvert" à l'islam sunnite, religion de la majorité de la population... et surtout de toute une nouvelle bourgeoisie - petite, moyenne voire grande - de l'intérieur du pays (chose très nette sur les cartes électorales) qui a connu au cours des dernières décennies un développement économique fulgurant et peuplé la capitale économique Istanbul à la faveur de l'exode rural (Erdoğan devenant maire de la ville dès 1994), produit des militaires (y compris hauts gradés) lui permettant de contrecarrer les menaces latentes de coup d’État de l'aile "dure" laïciste [les services secrets, le MİT, sont ainsi réputés totalement sous contrôle de l'AKP qui a interdit en 2012 toute poursuite judiciaire contre eux, et n'ont subi aucune purge après le coup d’État "güleniste" - "islamiste" modéré pro-occidental et kémaliste "turco-islamique" de droite - de 2016], et imposé ainsi l'hégémonie intellectuelle d'une sorte de "kémalisme islamisé" (assez semblable finalement... à l'ultra-nationalisme d'extrême-droite "pantouranien" du MHP, qui multiplie d'ailleurs ces derniers temps les déclarations d'amour envers le parti au pouvoir) ; phagocytant de fait la base sociale de la "droite kémalo-libérale" özalo-demirelienne (totalement disparue des écrans radar...) qui avait dominé la vie politique entre 1974 et 1996 (faisant entrer le pays dans l'ère du "néolibéralisme" entre deux coups d’État militaires sanglants...) tout en maintenant une ligne géopolitique "ottomaniste" de puissance régionale, tournée économiquement et diplomatiquement vers le voisinage oriental quitte à entrer en conflit avec l'Occident ("idéologie Vallée des Loups") ; ce qui associé (donc) au tournant autoritaire-répressif de ces dernières années, fait finalement ressembler le régime... à celui d'"Union et Progrès" !"

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/il-y-a-100-ans-l-etat-fasciste-turc-naissait-dans-le-sang-du-genocide--a117493162

    Voilà plus ou moins histoire de situer...

    *********************

    Le Parti démocrate de Menderes, puis les successifs "Parti de la Justice", "de la Juste Voie" etc. de Demirel ont été les partis historiquement chargés d'encadrer la Turquie "noire", rurale, traditionnelle, attachée à l'islam et à l'orientalité.

    Et il est possible de dire que l'AKP a repris le flambeau dans ce rôle ; mais à la différence d'un populisme anti-occidental et d'un "indépendantisme" géopolitique nettement plus marqué (les autres avaient toujours opté pour un alignement "sage" sur l'Occident dans le contexte de la Guerre froide).

    En ce sens il est possible de dire que, bien qu'Erdogan soit généralement considéré "de droite", il a joué sensiblement le même rôle canalisateur et de "soupape" que les "gauches" en Amérique latine.

    Le TKP(ML) terminait son texte de 1992 ou 93, "On ne peut pas être communiste sans défendre le maoïsme", par "Les conditions sont bonnes" ; détaillant en quoi elles l'étaient malgré les apparences de la "Fin de l'Histoire" proclamée par l'impérialisme.

    Et la même chose aurait très certainement pu être écrite au sujet d'à peu près tous les pays d'Amérique latine.

    Mais c'était sans compter l'irruption de ces "gauches" pour canaliser la colère populaire dans des illusions réformistes, "socialistes du 21e siècle" etc. etc.

    Comme, strictement de la même façon, Erdogan et son AKP sont donc intervenus en 2002 pour la canaliser dans un "islam de justice" et des discours "musclés" d'indépendance vis à vis de l'Occident, de solidarité avec la Palestine et les pays musulmans agressés par l'impérialisme (Irak, Afghanistan) etc.

    Ce qui peut sembler "surréaliste" ou "bancal" comme raisonnement, ne l'est en réalité pas du tout : dans l’État turc, la monopolisation de la richesse a été historiquement assurée par une force de "centre-gauche", laïque et moderniste (le kémalisme) ; et le "ruissellement" de cette même richesse un thème porté par la droite conservatrice, islamiste ou du moins "ouverte" vis-à-vis de l'islam majoritaire de la population. On peut à la rigueur y voir un parallèle avec le PRI mexicain, lui aussi classé au "centre-gauche", et son renversement après 80 ans de pouvoir (lui aussi) par le PAN conservateur de droite. Faute de véritable perspective révolutionnaire anticapitaliste, supposément enterrée par la "Fin de l'Histoire", c'est un appel au "ruissellement" de la richesse nationale qu'émettaient les masses ; et ont surgi comme "soupapes" politiques les forces à même (en apparence du moins) de le satisfaire. Dans le reste de l'Amérique latine, la monopolisation au service de l'impérialisme était assurée peut-être parfois par des forces anciennement de "centre-gauche" (APRA péruvienne, AD vénézuélienne, divers "sociaux-démocrates" brésiliens ou radicaux argentins), mais depuis les années 1980 totalement converties au "néolibéralisme" donc de droite ; et c'est donc sur leur gauche, à coups de "socialisme du 21e siècle" qu'un contrefeu "soupape" a pu être allumé.

    Et aujourd'hui, strictement de la même manière, les deux "modèles" sont en faillite.

    Dans une Turquie en crise économique galopante, le régime d'Erdogan a achevé de montrer un visage néolibéral et fasciste que l'on peinerait désormais à distinguer des politiques des années 1980-90 dans ce pays ; sans pour autant que les médias occidentaux ne cessent d'exprimer la volonté impérialiste erdogan-est-un-fasciste de le voir remplacé par un bon vieux kémaliste bon teint à la Ince ou une nationaliste reconvertie en Macron locale comme Meral Akşener turquie-kurdistan-elections-anticipees.

    De même que les "gauches" latino-américaines soit ont capitulé devant l'ordre capitaliste-impérialiste occidental ("néolibéralisme"), soit sont soumises à l'asphyxie économique et à une déstabilisation fasciste de type Maïdan si elles s'accrochent à leur "socialisme" et à leur alignement sur la Russie et la Chine (Venezuela) ; subissent dans tous les cas la crise économique de leur "modèle" extractif ou agro-extensif "redistributeur" ; même des dirigeants qui n'avaient qu'infiniment peu bousculé les intérêts du Grand Capital local et impérialiste se retrouvent la cible de "coups d'État" institutionnels et judiciaires (Correa en Équateur, Lula et Dilma au Brésil, Cristina Kirchner en Argentine) ; etc. etc., bref.

    Tout l'enjeu à présent, dans les uns et les autres cas, est de parvenir à transformer ces situations en ENSEIGNEMENT pour les masses qui avaient voulu voir en ces régimes un Peuple turc (mais c'est aussi valable pour beaucoup de minorités nationales, Arabes, Lazes et même une bonne partie des Kurdes !) ou une Amérique latine "debout" ; afin de montrer que le seul moyen d'être "debout" contre l'impérialisme et la misère qu'il impose est dans la Révolution démocratique et la Guerre populaire.


    votre commentaire

  • Fin avril, nous écrivions dans un article consacré au génocide arménien et à l’État fasciste turc actuel (dont le crime de 1915 est à la racine) : "Le jour où l’État fasciste turc tombera, les atroces assassinats du camarade Ibo et de tant d'autres révolutionnaires comme du million et demi d'Arménien-ne-s génocidé-e-s seront vengés à tout jamais... et LE MONDE ENTIER TREMBLERA !!!".

    L’État fasciste turc n'est certes pas tombé, même s'il vient de prendre une belle claque (pas adressée, pour le coup, au seul AKP d'Erdoğan au pouvoir !) avec les scores électoraux du parti progressiste et défenseur des minorités HDP (Parti démocratique des Peuples), qui cartonne notamment dans les régions kurdes et remporte 80 députés.

    Néanmoins un grand criminel fasciste vient de recevoir la Justice du Peuple ; un tortionnaire impliqué notamment dans la mort atroce d'Ibrahim Kaypakkaya et de son camarade Ali Haydar ! Vu ce que représente pour nous l'héritage du camarade Ibo, une telle nouvelle se doit d'être partagée avec nos lecteurs.

    Voici l'article publié sur le (tout nouveau) site Nouvelle Turquie :


    MKP a pris des mesures pour punir Fehmi Altınbilek


    MKP BayrakLe Maoist Komünist Partisi (MKP) revendique son action punitive du 6 juin, à Beşiktaş à Istanbul, visant à tuer Fehmi Altınbilek, membre actif de la JİTEM et de la contre-guérilla, assassin d’un grand nombre de révolutionnaires communistes, tel que le leader communiste İbrahim Kaypakkaya, Ali Haydar Yıldız et Mahir Çayan. Le MKP a annoncé que l’action a été faite par ses forces militaires les Partizan Halk Güçleri.

    REDACTION (08.06.2015) – Le Maoist Komünist Partisi (MKP) a publié une déclaration indiquant avoir pris des mesures pour punir le célèbre tortionnaire Fehmi Altınbilek à Beşiktaş le 7 juin. Selon les déclarations que nous avons reçues par email, ce sont les Partizan Halk Güçleri (PHG) qui sont liés au MKP qui ont commis l’action. Ils s’excusent d’avoir visé également son épouse par erreur et déclare : « Même si c’est tardif, il s’agit de justice prolétarienne exécuté par les Partizan Halk Güçleri sous l’autorité du MKP qui a condamné à mort le colonel retraité Fehmi Altınbilek. »

    Comme nous l’avons appris hier dans la presse bourgeoise, Çetin Oğuz était la fausse identité sous laquelle vivait le célèbre tortionnaire après ses massacres et sa promotion au grade de colonel. La presse bourgeoise a expliqué qu’on a tiré sur Altınbilek et son épouse alors qu’il se rendait au bureau de vote et qu’à ce moment ils étaient gravement blessés à l’hôpital.

    Nous partageons la déclaration du MKP que nous avons reçu : Lire la suite >>>

    PS - Au cours de la campagne électorale un attentat fasciste a également ensanglanté la ville d'Amed (Diyarbakir) au Kurdistan, où se tenait un meeting du HDP, faisant 3 morts et plus de 400 blessés dont 16 graves. À ce sujet lire (toujours sur Nouvelle Turquie) cette autre déclaration du MKP : Suite à l’attentat d’Amed, le Maoist Komünist Partisi (MKP) a publié une déclaration s’intitulant « les responsables de cet attentat sont Erdoğan et le gouvernement de l’AKP »

     


    votre commentaire

  • Depuis de nombreuses années se sont développées un certain nombre de campagnes de boycott des produits et des entreprises issus de l’État d'Israël, en raison de la dépossession, de l'apartheid et de la violence militarisée permanente que celui-ci inflige au Peuple palestinien. Ces campagnes ont globalement convergé sous le label BDS : Boycott - Désinvestissement - Sanctions.

    Ceci est vu comme un moyen de pression efficace sur le gouvernement israélien pour qu'il mette fin - a minima - à sa politique d'occupation et de colonisation des territoires de 1967, avec toutes les violences meurtrières (des morts pratiquement tous les jours, 2.300 tué-e-s à Gaza l'été dernier) et les atteintes aux droits humains (liberté de circulation, propriété individuelle avec les maisons rasées ou les cultures détruites) que cette politique implique. Simplement, ce type de mobilisation se heurte fréquemment à un argument "massue" (c'est-à-dire particulièrement difficile à contrer) : "et pourquoi donc ne boycottez-vous que les produits israéliens et pas ceux de toutes les dictatures bananières de la planète ou carrément des pays impérialistes qui sèment la mort, à commencer par la 'France' ?" (avec toute l'accusation d'"antisémitisme" que sous-entend cette remarque)...

    Il est vrai en effet qu'un tel argument peut facilement laisser sans réponse : pourquoi, en tant que communistes d'Hexagone, ne commencerait-on pas par boycotter les produits issus des dernières colonies de notre État ("DOM-TOM") ou de ses néo-colonies, la fameuse "Françafrique" aux mains de sinistres despotes dont la liste est longue comme le bras (les Bongo, Eyadéma, Biya, Déby etc. etc.) ? Pourquoi ne commencerions-nous pas par boycotter les produits d'Inde ou des Philippines, où d'héroïques Guerres populaires sont menées contre l'oligarchie semi-coloniale semi-féodale, ou encore de Turquie où à l'oppression des révolutionnaires s'ajoute celle de la nationalité kurde ?

    Pourquoi, sous-entendent nos contradicteurs anti-antisionistes et autres "anti-confusionnistes" d'"extrême-gauche" (l'extrême-gauche de l'idéologie républicarde-universablabla), sinon parce que nous serions "obsédés par Israël et les Juifs, Israël parce qu’État juif" et donc "antisémites" plus ou moins inavoués ?

    Certain-e-s d'entre vous s'en souviennent peut-être, d'autres (trop jeunes) peut-être pas, mais à la fin des années 1990 avait émergé une campagne de dénonciation de la banane Chiquita (ex-United Fruit, connue pour ses appuis à des dizaines de coups d’État sur le continent américain et dernièrement rachetée par... deux magnats brésiliens - "monde multipolaire" quand tu nous tiens !), produite dans des conditions proches de l'esclavage en Amérique centrale et du Sud, incitant à boycotter cette marque. Le problème était que cela revenait à dire d'acheter uniquement des bananes ACP (ou à ne plus manger de bananes...), les bananes labellisées "Afrique-Caraïbe-Pacifique"... autrement dit la banane de l'impérialisme européen, dont on peut légitimement douter qu'elle soit produite dans des conditions bien meilleures (un poil peut-être dans les dernières colonies bleu-blanc-rouge, où s'applique en partie le Code du Travail français, mais certainement pas ailleurs). Vous pouvez consulter ici la liste des pays ACP signataires des Conventions de Lomé puis de l'Accord de Cotonou avec l'Union européenne (partenariat économique en particulier pour l'exportation de produits agricoles), et admirer le florilège de belles et grandes démocraties où un Code du Travail épais comme la cuisse règne en maître... La campagne anti-Chiquita conduisait donc automatiquement à favoriser l'exploitation féroce de l'impérialisme agro-alimentaire européen, ce à quoi le mouvement anticapitaliste à peine et péniblement renaissant après la "Fin de l'Histoire" du début des années 1990 n'avait pas pensé (considérant peut-être réellement que la lutte contre le "modèle ultra/néolibéral américain" était la seule à mener !), et qui s'exposait en conséquence aux mêmes "arguments massues" difficilement contrables - "anti-américanisme franchouillard", "défense du capitalisme français/européen contre ses concurrents d'outre-Atlantique" etc. etc., et dans le cas d'Israël c'est encore pire puisque comme nous l'avons dit le spectre de l'antisémitisme flotte en permanence sur ce combat politique.

    La réponse qui pourrait être efficacement apportée, c'est celle de la VALEUR SYMBOLIQUE de l'oppression israélienne en Palestine et donc de la lutte internationale contre celle-ci :

    Petites considérations sur le sionisme et l'identification-"obsession" palestinienne

    Pour toutes les raisons expliquées dans cette article, raisons qui font que le drapeau palestinien est devenu le drapeau vietnamien de notre époque, les produits issus de la terre spoliée aux Palestiniens (qui sont, il n'est de pas trop de le rappeler, à l'origine de l'appel à les soutenir de cette façon !) SYMBOLISENT en quelque sorte tous les produits issus de l'exploitation impitoyable du "Tiers-Monde" dominé par le "Nord".

    Après tout, comme le dit très justement un camarade sur les réseaux sociaux, de même que nous sommes anti-impérialistes et non simplement "contre les vilains crimes tout sionistes d'Israël", nous sommes anticapitalistes (pour le renversement du capitalisme, pour le communisme) et non pour un "capitalisme à visage humain". Pourtant, nous allons soutenir les mouvements de grève lorsqu'une entreprise (pour maintenir son taux de profit) va passer à l'offensive contre les travailleurs et se comporter de manière particulièrement "inhumaine" et crapuleuse : en effet, cette entreprise s'érige alors en symbole et - en quelque sorte - en "maillon faible" du système capitaliste à l'instant donné, ouvrant la voie à une expérience de lutte des classes qui va non seulement permettre aux travailleurs concernés de conserver quelques droits et avantages matériels et aussi (surtout) un peu de dignité, mais aussi être pour eux une école de lutte et d'organisation pour la révolution de demain.

    C'est exactement la même chose avec Israël ; qui par ses crimes quasi-quotidiens mais aussi par le fait de ne pas être une de ces satrapies africaines ou arabes dont nous "avons l'habitude", mais au contraire une "démocratie" parlementaire bourgeoise occidentale (pour les Juifs du moins... et encore pas tous) enrobée de toute la bonne conscience et le "bon droit" qui va avec, s'érige en symbole et "maillon faible" de l'ordre impérialiste mondial (domination du "Nord" sur le "Sud", placée ici sur une ligne de front directe).

    Ceci rejoint le rôle que joue la solidarité palestinienne en général (et BDS en particulier) comme école de lutte, d'organisation et de conscientisation révolutionnaire pour les classes populaires colonisées intérieures en Hexagone même ; qui ont depuis longtemps tourné le dos à une "gauche radicale" qui n'a finalement jamais su avoir envers elles une autre approche que paternaliste/"civilisatrice". Cette école de lutte et de conscientisation va évidemment se heurter à une virulente contre-offensive de l'ordre établi et de tous ses tenants plus-ou-moins assumés, qui savent que là résident leurs "pieds d'argile" - une contre-offensive dans laquelle l'accusation d'antisémitisme est un instrument évident dont l'ennemi serait fou ou idiot de ne pas se saisir (surtout quand des connards à la Dieudonné ou en mode "djihad internet" viennent le lui servir sur un plateau)...

    Toute la question ici est que l'intérêt de cette fonction symbolique mobilisatrice suppose qu'elle soit assumée comme telle ; c'est-à-dire que l'on en "reste pas là" mais que cette lutte contre Israël et pour le Peuple palestinien soit assumée comme un tremplin vers la prise de conscience du GÉNÉRAL ("rapports Nord-Sud" c'est-à-dire de domination impérialiste, racisme ouvert/haineux ou "bien-pensant"/"civilisateur" comme reflet de ces rapports à l'intérieur des métropoles, capitalisme et ses États comme bases d'accumulation en expansion permanente - l'exploitation s'étendant à la fois dans l'espace et se durcissant à chaque endroit donné) à partir du cas symbolique particulier ; exactement comme les luttes ouvrières d'entreprise doivent servir de tremplin à la prise de conscience du problème capitaliste à partir du cas particulier de plan social ou autre. Il faut donc désormais affirmer ouvertement que l'oppression sioniste en Palestine est combattue comme symbole de toutes les dominations Nord-Sud (impérialistes sur les pays coloniaux et semi-coloniaux) et que les mesures comme BDS qui sont prises contre elle sont des mesures symboliques contre toutes les dominations Nord-Sud. C'est en effet si l'on ne saisit pas le "tremplin" du particulier vers le général que l'on risque, sur la question du sionisme et de la Palestine, de verser dans une monomanie poreuse aux discours antisémites sponsorisés par telle ou telle force bourgeoise réactionnaire (peu importe par qui, en vérité) ; tout comme dans les luttes sociales d'entreprise l'on bascule vite dans un économisme poreux aux discours réformistes de la gauche bourgeoise... ou populistes du fascisme.


    Considérations diverses : sur la question du boycott des produits israéliens (BDS)Considérations diverses : sur la question du boycott des produits israéliens (BDS)
    Considérations diverses : sur la question du boycott des produits israéliens (BDS)


    votre commentaire

  • http://democracyandclasstruggle.blogspot.fr/2015/05/boris-kagarlitsky-on-ukraine.html 

    Peu ou pas connu en Europe occidentale avant l'affaire ukrainienne, Boris Kagarlitsky est un intellectuel marxiste russe aux points de vue controversés comme peuvent l'être le "vieux stal" belge Michel Collon ou l'italien Domenico Losurdo*.

    Il est clair que nous avons plus d'une divergence avec sa vision des choses et c'est pourquoi nous publions également l'introduction critique des camarades gallois de Democracy & Class Struggle, que nous partageons pour ainsi dire à 100% [parce que voilà : c'est bien de gueuler comme un veau au "rouge-brun", au "confusionniste" ou à la "taupe réactionnaire dans la gauche radicale", mais c'est beaucoup mieux d'expliquer en quoi les analyses d'un Kagarlitsky ou d'un Collon ou d'un Losurdo se placent (d'un point de vue marxiste de notre époque c'est-à-dire maoïste) sur un terrain glissant - et dans les trois cas cela commence par ne pas qualifier correctement la Russie et/ou la Chine de pays capitalistes impérialistes, mais cela ne les empêche pas d'avoir aussi des analyses intéressantes qui "brisent" le consensus "Fin de l'Histoire" qui emprisonne la pensée occidentale depuis un quart de siècle].

    Après la mort de Mozgovoï, un point sur la situation en Ukraine avec Boris Kagarlitsky

    Democracy and Class Struggle publie cet entretien avec Boris Kagarlitsky car il met en lumière l'héroïque lutte du camarade Alexeï Mozgovoï [bon, nous avons aussi expliqué que Mozgovoï n'était selon nous pas à proprement parler un "camarade" : nous considérons qu'il évoluait sans doute trop dans le "bon" sens pour que "certains" souhaitent et obtiennent sa mort, mais qu'il était encore très loin du "compte" marxiste]. 

    Nous avons un certain nombre de désaccords avec lui sur la question de l'impérialisme et en particulier de l'impérialisme russe que nous voyons plutôt basé sur le nationalisme russe et non sur le Capital financier, de manière similaire à l'analyse de Lénine sur les origines premières de l'impérialisme japonais.

    Nous voyons la faiblesse du Capital financier russe comme l'une des raisons pour lesquelles l'impérialisme US n'a pas eu le dessus dans la présente crise - avec un secteur capitaliste financier plus important, l'économie russe aurait été mise à genoux par l'impérialisme US/anglo-saxon (c'est une des rares bonnes nouvelles dans le conflit en cours).  

    Nous voyons l'impérialisme US comme l'impérialisme planétaire hégémonique et la Russie et la Chine engagées dans une lutte anti-hégémonique, mais pas anti-impérialiste avec les impérialistes anglo-américains. 

    Nous voyons la notion de sous-impérialisme [SLP préfère parler de puissance ou d'expansionnisme régional (dans le cas d'une classe dirigeante dotée d'un "agenda propre"), ou encore d'"antenne-relais" ou "gendarme" régional lorsque l’État en question agit clairement comme "courroie de transmission" d'une puissance impérialiste - typiquement Israël vis-à-vis des États-Unis et de l'Occident en général, ou le Tchad pour l'impérialisme bleu-blanc-rouge en Afrique], en particulier dans le cas de l'Inde, comme un instrument utile pour développer une pensée marxiste critique ; mais clairement ni la Russie ni la Chine ne sont des "sous-impérialismes" de l'hégémonie mondiale US, en dépit de la volonté de celle-ci de les voir telles. 

    Les deux puissances ont de sérieuses contradictions avec l'impérialisme US ; contradictions qui ne peuvent être résolues que par la guerre impérialiste. 

    Pour autant, si nous ne sommes pas d'accord avec certaines analyses géopolitiques de Boris Kagarlitsky, son point de vue sur les contradictions internes à l'Ukraine et aux Républiques de Donetsk et Lugansk est très instructif et nous apprécions grandement son travail - comme le travail d'un camarade. 

    Amener la lutte anti-hégémonique vers l'anti-impérialisme authentique au niveau international et, à l'intérieur de chaque pays, la lutte populiste anti-oligarchique vers l'anticapitalisme sont les tâches de notre époque et le meilleur moyen de faire honneur au camarade Alexeï Mozgovoï. 

     
    Placée dans une perspective plus large, la crise en Ukraine peut être vue comme le dernier épisode d'un conflit de longue date. L'expansion de l'OTAN vers l'Est a commencé avec la République tchèque, la Hongrie et la Pologne en 1999 sous l'administration Clinton puis s'est poursuivie avec la Slovaquie, la Slovénie, la Bulgarie, la Roumanie, l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie en 2004.

    Bien entendu, le désir d'installer un régime pro-occidental en Ukraine a aussi été démontré avec la "Révolution orange" en 2004. Après les élections de 2014, le nouveau gouvernement de Kiev a annoncé un référendum pour rejoindre l'OTAN tandis que la Russie annonçait clairement qu'elle ne tolèrerait pas une Ukraine membre de l'alliance sur sa frontière.

    Quelle est la raison profonde derrière l'insistance de l'Ouest à étendre son influence en Ukraine, sachant que cela va forcément conduire à une confrontation avec la Russie ?

    Est-ce la conséquence d'une stratégie US craignant un rapprochement entre l'Europe et la Russie ?

    Boris Kagarlitsky : Le conflit géopolitique engendré par l'expansion de l'OTAN est le produit d'un processus économique et social ayant lieu en Europe. C'est en fait la logique du modèle néolibéral [NDLR - ce que nous qualifions de logique issue du triomphe du capitalisme impérialiste occidental sur les mouvements sociaux révolutionnaires et même réformistes conséquents, la menace (internationale) révolutionnaire communiste et finalement même le "contre-pouvoir mondial" représenté par l'URSS, entre les années 1970 et 1990] qui stimule l'expansionnisme otanien.

    Ceci est très semblable à ce que nous avons pu voir à la fin du 19e siècle, avec la vague de colonialisme engendrée par la "Dépression victorienne tardive" [la crise mondiale de 1873 NDLR : nous avons déjà expliqué que celle-ci est en fait le début de la première crise générale du capitalisme, qui sera "résolue" temporairement vers 1895-1900 par l'expansion coloniale dont parle Kagarlitsky ; mais cette "résolution" conduira directement à la Première Guerre mondiale qui conduira elle-même à la crise de 1929 et à la Seconde, dont la fin en 1945 sera aussi celle de cette première crise générale - une nouvelle crise débutera autour de 1970, c'est celle où nous nous trouvons et qui est entrée dans la seconde moitié des Après la mort de Mozgovoï, un point sur la situation en Ukraine avec Boris Kagarlitskyannées 2000 dans sa phase terminale]. Pour stabiliser le système sans le changer et pour faire face à la chute brutale du taux de profit sans transformer la manière de produire et de distribuer, vous devez créer de nouveaux marchés, soumettre aux lois du marché des secteurs qui ne le sont pas encore et faire irruption dans les marchés existants pour les réorganiser conformément aux besoins d'une exploitation plus dure encore.

    C'est ce que David Harvey appelle le "spatial fix" [intraduisible, ce terme évoque à la fois un nouvel ancrage géographique dans la quête de ressources ou de débouchés mais aussi le caractère temporaire d'une telle solution, à l'image du bien-être momentané d'un "fix" de drogue]. L'expansion de l'OTAN en Europe de l'Est et l'actuelle crise ukrainienne répondent de la même logique, mais la différence est que dans les années 1990 l'expansion occidentale n'était pas désespérée - elle exprimait la force des capitalismes européens et nord-américains.

    Aujourd'hui, la politique de prise de contrôle et de colonisation de l'Ukraine est le fruit de l'extrême gravité de la crise économique : c'est un acte de désespoir.

    Et contrairement à l'Europe centrale, qui a souffert du processus d'intégration mais a aussi réussi à en retirer quelques bénéfices, il n'y a rien que l'Ouest puisse offrir à l'Ukraine sinon une satisfaction symbolique et un appui militaire à l'oligarchie.

    De l'autre côté, la Russie et certains segments du Capital industriel ukrainien veulent protéger leur propre sphère d'intérêts.

    C'est pourquoi ils ont soutenu la rébellion populaire en Novorussie**. Mais ils l'ont fait à contrecœur, car les forces sur le terrain sont plutôt radicales et veulent renverser le système oligarchique et le néolibéralisme en tant que tels.

    La lutte en Novorussie se déroule donc sur deux fronts simultanément, et le rôle du Pouvoir russe est contradictoire.

    La Russie soutient la rébellion, tout en essayant de l'écraser en tant que mouvement social.

    Jusqu'ici les dirigeants de Moscou se sont efforcés de placer leurs hommes à la tête des républiques novorusses, mais ils ont échoué à contrôler la situation sur le terrain où les groupes de gauche et radicaux sont armés et influencent idéologiquement les combattants. 

    Que dire de l'influence et des intérêts russes de longue date en Ukraine, autrement dit, peut-on parler d'un impérialisme russe ?

    Le rêve des élites russes est d'avoir de bonnes relations avec l'Ouest. Leur argent est à l'Ouest, leurs enfants sont à Oxford ou Harvard, leurs propriétés en Suisse ou en Angleterre. Elles sont prêtes à pratiquement toutes les concessions qui ne déstabiliseraient pas la Russie elle-même. Mais l'Ouest n'accepte pas ces offres. Les cercles dirigeants de l'UE préfèrent parler de menace russe plutôt que de coopération avec la Russie.

    C'est en partie parce qu'ils pensent pouvoir retirer toujours plus de la situation, en partie parce qu'ils sont otages de leur propre propagande, et en partie parce qu'ils ne comprennent réellement pas ce qu'il se passe dans la société russe.

    La situation en Crimée en est l'exemple parfait : aucun gouvernement russe ne va jamais abandonner la région car au moment même où il le fait, il tombe.

    Par rapport à la thèse de l'"impérialisme russe", il faut être absolument clair : la Russie est la force dominante dans la région et tente de se maintenir dans cette position. Cela ressemble à la situation du Brésil en Amérique latine ou de l'Inde en Asie du Sud. Parallèlement, chacun peut constater que la Russie est aujourd'hui un pays capitaliste avec une classe dominante qui a ses propres intérêts. Mais cela rend-il la Russie impérialiste ?

    Après la mort de Mozgovoï, un point sur la situation en Ukraine avec Boris KagarlitskyNon, en tout cas pas au sens marxiste du terme [NDLR nous sommes en désaccord total bien entendu]. Nous ne parlons pas d'impérialisme indien ou brésilien dans des conditions similaires. Pour ce qui est de la Chine, l'on peut se poser la question de savoir si l'on peut maintenant la regarder comme un impérialisme en Afrique. Mais dans le contexte de l'Ukraine, il est très clair que la Russie est dans une position défensive.

    Le paradoxe est que beaucoup de grandes entreprises russes sont opposées à une défense active des positions stratégiques en Ukraine, car elles sont plus intéressées par garder de bonnes relations avec l'Ouest. Mais globalement, sur cette question, la classe dominante russe est totalement désunie.

    Les raisons officielles de l'ajournement par Ianoukovitch de l'accord d'association avec l'UE - l'évènement qui a déclenché le conflit - vont de son refus de la libération de Timochenko comme condition préalable jusqu'aux termes très rudes de l'accord avec le FMI, qui demandait des augmentations sèches des prix du gaz à domicile ou encore des coupes sévères dans les dépenses publiques. 

    Cependant, les médias occidentaux ont beaucoup clamé que c'est la rencontre secrète entre Poutine et Ianoukovitch qui a en réalité conduit à l'ajournement de l'accord quelques semaines seulement avant la date prévue pour sa signature.  

    L'Union européenne avait pourtant considérablement avancé dans la substitution à la Russie comme premier partenaire commercial de l'Ukraine ; et elle l'a désormais clairement surpassée. 

    Ayant observé la situation depuis un long moment, pourquoi la Russie aurait-elle décidé de menacer Ianoukovitch de sanctions économiques quelques semaines seulement avant la signature de l'accord d'association avec l'UE, après des négociations qui ont duré des années, et attendu ce moment pour faire sa contre-proposition d'intégrer l'Ukraine à son Union économique eurasiatique ?  

    Et quel a été le rôle des intérêts capitalistes de Donetsk représentés par Ianoukovitch ?   

    Les articles économiques de l'accord exigeaient des changements dans les standards technologiques et autres de l'industrie ukrainienne. Ceci signifiait une mort immédiate pour l'économie ukrainienne et la perte soudaine de tous ses marchés traditionnels. C'était exactement le but de l'accord : détruire l'économie souveraine de l'Ukraine et transformer la population en réservoir de force de travail immigrée pour l'UE [comme les Roumains et les Bulgares aujourd'hui, ou les Polonais pendant longtemps, pour des "missions" de "travail temporaire international" en particulier dans le BTP], en main d’œuvre bon marché pour les "investissements directs" étrangers et en consommateurs de produits d'importation.

    C'est pourquoi non seulement Ianoukovitch, mais aussi son gouvernement étaient réticents à signer un tel accord. Et même aujourd'hui il n'est toujours pas en application, dans des conditions de guerre civile toujours en cours qui pourrait bien mener à l'effondrement du régime de Kiev.

    Pour ce qui est de l'attitude de Gazprom dans les négociations avec l'Ukraine, il est absolument clair qu'il y a toujours eu des pressions sur l'entreprise pour maintenir des prix bas vis-à-vis de Kiev, afin de garder de bonnes relations entre les deux pays. Lorsqu'il est devenu clair que l'Ukraine était en train de sacrifier ses relations avec la Russie pour rejoindre l'UE, Gazprom a utilisé comme menace la possibilité d'oublier ses obligations politiques envers ses partenaires ukrainiens et d'augmenter les prix. Il est important de souligner que la situation financière de l'entreprise n'était pas bonne à ce moment-là : elle avait besoin d'argent.

    Toutefois, par la suite, les pressions politiques ont repris et Gazprom fournit à nouveau du gaz à l'Ukraine à prix discount.

    Quelle est votre perception des mouvements Maïdan et anti-Maïdan ? Quelles sont leurs respectives bases de classe ? S'agit-il de mouvements populaires endogènes et spontanés ou de soulèvements fabriqués sous influence étrangère, dans un but impérialiste ? 

    Après la mort de Mozgovoï, un point sur la situation en Ukraine avec Boris KagarlitskyMaïdan était une étrange combinaison d'éléments marginalisés de l'Ouest de l'Ukraine soutenant l'extrême-droite et de catégories moyennes et moyennes-supérieures de Kiev qui soutenaient les nationalistes libéraux. Le mouvement du Sud-Est est quant à lui composé d'ouvriers, de salariés et de petits entrepreneurs.

    Mais cette fracture géographique ne reflète pas la totalité de la situation. La résistance au gouvernement en place à Kiev n'est en aucune manière limitée au Sud-Est. En réalité, la résistance est très forte à Kiev même. Il y a aussi des groupes de résistance en Ukraine occidentale, bien qu'ils soient confrontés à une forte répression. La question linguistique a joué un rôle très mineur dans la détermination des allégeances, contrairement à ce que disent les médias russes. En réalité, les deux bords sont à prédominance... russophone.

    Au printemps 2014, nous (l'Institut pour la Recherche globale et les Mouvements sociaux, IGSM) avons organisé à Belgorod [en Russie, juste de l'autre côté de la frontière en face de Kharkov] une école pour activistes sociaux ukrainiens, à laquelle ont assisté des militants de tout le pays. La composition de classe de ces mouvements de résistance était très claire comme pouvaient l'être leurs sympathies, que l'on peut qualifier de "gauche populiste".

    Cela n'est pas forcément anticapitaliste, mais le socle commun est un rejet du néolibéralisme et le sentiment qu'il faut lutter pour restaurer l’État-providence (la "République sociale") et la souveraineté populaire. L'attitude vis-à-vis de la Russie est contradictoire. D'un côté, Moscou aide le mouvement à résister à Kiev. De l'autre, la Russie s'oppose aux réformes politiques et sociales qui sont vues comme l'objectif de la lutte. En ce sens les déclarations d'Alexeï Mozgovoï, l'un des plus populaires commandants de la rébellion, sont assez parlantes.

    En mars 2014, l'enregistrement d'une conversation téléphonique entre la cheffe de la politique étrangère européenne Catherine Ashton et le Ministre des Affaires étrangères estonien Urmas Paet a été éventé. Dans cette conversation, Paet affirme avoir été informé lors de sa visite en Ukraine que la nouvelle coalition arrivée alors au pouvoir était derrière les snipers qui avaient tiré sur les manifestants et la police sur la Place de l'Indépendance en février 2014. Que pensez-vous de ces évènements qui ont conduit Viktor Ianoukovitch à fuir le pays quelques jours plus tard ? 

    Il a pu y avoir une provocation, mais probablement pas dans le cas des snipers. Il y a un grand nombre de supports vidéo qui sont assez clairs : les snipers de la police ont commencé à répliquer en ouvrant le feu seulement lorsque les forces gouvernementales ont été attaquées. Le bilan des pertes est également clair : environ 50 policiers ont été tués le premier jour. Ce n'est que les jours suivants qu'il y a eu des pertes parmi les protestataires. Cela ne ressemble pas vraiment à un cas classique de répression policière...

    Alors que la Russie avait signé à la hâte la Déclaration de Genève en avril 2014, acceptant des termes aussi défavorables que “le désarmement de tous les groupes armés illégaux”, avec la retraite des troupes ukrainiennes vers la fin de l'été 2014 ce sont Kiev et l'Ouest qui se sont précipités pour signer le Protocole de Minsk en septembre. Ils ont annoncé une semaine plus tard que l'accord de libre-échange entre l'Ukraine et l'Union européenne allait être ajourné sine die. Ceci semble indiquer un changement rapide dans le rapport de force sur le terrain. Depuis la signature de Minsk I en septembre 2014, où en est-on en termes de rapport de force entre la Russie et l'Ouest ? 

    Après la mort de Mozgovoï, un point sur la situation en Ukraine avec Boris KagarlitskySur le terrain les opolcheniye (forces rebelles) gagnent toutes les batailles, et ceci se reflète dans les négociations. Bien sûr le matériel militaire russe fourni aux Républiques de Donetsk et Lugansk en août 2014 et par la suite a joué un rôle important, tout comme les conseillers et les volontaires.

    Mais la diplomatie russe accepte systématique les pires conditions possibles pour la Novorossiya au regard du rapport de force du moment.

    Y avait-il toujours une chance pour l'élection de gouvernements de gauche à Donetsk et Lugansk, ou le Kremlin contrôlait-il totalement les choses, s'assurant que cela n'arrive jamais ? Quelle est la situation dans les Républiques aujourd'hui, et quelle est exactement la politique de Moscou vis-à-vis de la Novorussie et de l'Ukraine ? 

    Les mouvements de gauche étaient assez forts à Donetsk et Lugansk au printemps 2014, ce qui se reflétait dans leur forte présence au sein des Soviets suprêmes des deux républiques. Cependant, à partir d'août 2014, les représentants de la Russie ont réussi avec succès à marginaliser la gauche dans les structures de pouvoir de celles-ci.

    Le principal instrument pour cela a été la fourniture d'aide humanitaire et de matériel militaire, soumise en contrepartie à de sérieuses concessions politiques. Certains dirigeants des Républiques qui n'étaient pas d'accord avec cette politique ont dû se démettre. Vers la même période, l'école IGSM pour les mouvements sociaux a été fermée à Belgorod (nos comptes à la Sberbank ont été tout simplement bloqués).

    Il y a eu des attaques physiques contre d'importantes figures de centre-gauche comme Pavel Gubarev***. En automne, ceci a été suivi par la décision de ne pas valider les candidatures de gauche aux élections pour le nouveau parlement, désormais totalement sous contrôle russe.

    Toutefois, une grande partie de la gauche représentée par l'organisation Borotba, le Parti communiste (KPU) et d'autres groupes a trouvé refuge dans les structures des milices populaires, qui se sont radicalisées politiquement. Ceci se reflétait dans les déclarations d'Alexeï Mozgovoï.

    En tant que commandant de la "Brigade Fantôme", Mozgovoï avait appelé à la démission des pantins de Moscou dans les gouvernements de Donetsk et Lugansk, qui bloquaient selon lui la lutte populaire pour libérer l'Ukraine des oligarques.

    Ceci n'a cependant pas conduit à un véritable conflit interne, car en janvier les affrontements militaires avec Kiev ont repris.

    Il faut tout de même préciser que cette situation ne peut être reprochée seulement aux dirigeants de Moscou. La gauche à Donetsk était plutôt naïve et inexpérimentée. Elle a par conséquent non seulement perdu beaucoup d'opportunités, mais elle était aussi totalement impréparée aux attaques qu'elle a subi.

    Mais il faut encore plus blâmer pour ce résultat la gauche internationale et une grande partie de la gauche russe qui n'ont rien fait pour soutenir politiquement ou matériellement les forces progressistes en Ukraine du Sud-Est. Au lieu d'aider la lutte réelle, ces personnes et ces organisations étaient engagées dans des débats honteux sur le caractère "politiquement correct" des combattants sur le terrain et sur le fait qu'ils méritent ou non leur soutien [NDLR : le même problème surgit à chaque fois qu'il est question de la Palestine, ajouté au fait que "trop" dénoncer les crimes de l’État sioniste et leurs défenseurs intellectuels ou même physiques (LDJ, Betar etc.) à travers le monde serait faire preuve d'"antisémitisme"... La vérité c'est que les combattants populaires du Donbass étaient et sont certainement très loin d'être "parfaits" selon nos standards progressistes occidentaux et que d'ailleurs, comme le souligne Kagarlitsky lui-même, ce sont désormais les courants "grand-russes" directement liés à l'impérialisme de Moscou qui ont pris l'ascendant (courants qu'il ne s'est par ailleurs jamais agi de soutenir, mais au contraire de renforcer la gauche contre eux !) ; mais surtout que la "gauche" ukrainienne pro-Maïdan (social-démocrate, "anarchiste" voire "marxiste")Après la mort de Mozgovoï, un point sur la situation en Ukraine avec Boris Kagarlitsky grassement sponsorisée par les "ONG" impérialistes sait parfaitement sur quels "sujets sensibles" manipuler l'extrême-gauche occidentale - comme par exemple les propos sexistes qu'aurait tenus Mozgovoï, encore que cette affaire soit elle aussi contestée (des sources affirment qu'il parlait au second degré, moquant justement l'idée que le fait que les femmes sortent la nuit "expliquerait" qu'elles se fassent violer), ou encore le passé nationaliste de Gubarev et toute la campagne de démolition visant Borotba à partir des propos ou des "relations" d'untel ou untel, etc. etc.].

    Vous avez pu écrire que les élections de novembre 2014 à Donetsk et Lugansk, qui ont vu un taux de participation élevé, tendraient à atténuer les tensions à l'intérieur de ces républiques, en particulier entre le pouvoir politique et les forces rebelles. Comment la situation a-t-elle évolué depuis, avec la reprise des combats en janvier suivie d'une nouvelle trêve (accords de Minsk II en février 2015) ? Observe-t-on des tensions entre le pouvoir politique et les forces rebelles dans les Républiques ? Y a-t-il des désaccords stratégiques significatifs ? 

    Lorsque l'accord de Minsk I a été signé, tout le monde savait bien que ce serait une trêve de courte durée et que les hostilités allaient reprendre très rapidement. La même chose peut être dite au sujet de Minsk II.

    Pour ce qui est des tensions entre les combattants opolcheniye et la direction politique, elles sont très importantes particulièrement à Lugansk. Mais avec le soutien de Moscou, les dirigeants parviennent à maintenir les opolcheniye sous contrôle. Ils tentent aussi de renvoyer chez eux les volontaires russes à motivations idéologiques, et de les remplacer par des éléments loyaux envers le Kremlin et la direction actuelle des Républiques.

    Certains avancent que la chute brutale des prix du pétrole et du gaz (depuis septembre et novembre 2014 respectivement) serait le fruit d'une attaque coordonnée états-unienne et saoudienne contre la Russie (et possiblement aussi l'Iran et le Venezuela). L'Ukraine se trouve-t-elle elle-même au milieu de cet échiquier géopolitique énergétique ? Et que pensez-vous de l'accord alternatif russo-turc après l'abandon du South Stream en décembre ?

    La chute des prix du pétrole n'a rien à voir avec une quelconque conspiration. La seule chose étrange est qu'elle ne se soit pas produite beaucoup plus tôt. Dès 2011 Sergueï Glaziev, conseiller économique de Poutine, avait publié un livre prédisant l'effondrement des prix du brut en 2014 au plus tard. L'expert économique de l'IGSM, Vassili Koltashov, a lui aussi écrit à plusieurs occasions qu'il n'y avait aucune chance de maintenir des cours élevés au-delà de l'automne 2014. C'était totalement prévisible en raison de l'énorme surproduction de pétrole depuis 2011, avec l'entrée sur le marché des États-Unis eux-mêmes en tant que producteurs. Les prix élevés des hydrocarbures résultaient de la politique de facilités de la Après la mort de Mozgovoï, un point sur la situation en Ukraine avec Boris KagarlitskyRéserve fédérale américaine. Cette politique avait de sérieuses limites, et il était clair qu'elle ne pourrait pas durer beaucoup plus longtemps que ce qu'elle a en fait duré.

    En ce qui concerne le South Stream et le nouveau projet de pipeline à travers la Turquie, le principal problème pour Moscou n'est pas de trouver un tracé alternatif mais plutôt de faire face à la chute de la demande et à des changements sur le marché de l'énergie qui ne font que commencer... La Russie doit trouver les moyens de réorienter son économie vers le développement du marché intérieur plutôt que de fournir de l'énergie à l'Ouest ; mais ceci ne se produira pas sans des changements sociaux et politiques radicaux vu que cela affecte la structure même, la composition et les intérêts de la classe dominante actuelle.

    L'assassinat de Boris Nemtsov a été décrit par beaucoup comme un tournant. Est-il susceptible d'avoir un impact important, d'une façon ou d'une autre, sur l'opinion publique russe ou sur la politique du Kremlin vis-à-vis de l'Ouest et de l'Ukraine ?

    Même au sein de l'opposition libérale, personne ne prenait vraiment Nemtsov au sérieux avant qu'il ne soit tué. Bien sûr, sa mort a été utilisée par l'opposition pour mobiliser ses troupes dans des marches de protestation mais même ainsi, la participation à ces marches a été bien inférieure à celle de l'hiver 2011-2012.

    Ce qui peut être vu en revanche comme un tournant, c'est la décision des autorités britanniques d'attirer les investisseurs russes à Londres. Ceci a eu un sérieux effet démoralisant sur les décideurs de Moscou, augmentant encore leur volonté de faire des concessions. Mais tant que l'Ouest n'est pas prêt à accepter le moindre terme raisonnable de compromis... ou même de reddition à moins que le gouvernement russe n'accepte d'anéantir son propre pays, cela ne suffira pas pour sortir de l'impasse. Du moins, pas dans l'immédiat.

     Source : http://www.potemkinreview.com/kagarlitsky-interview.html


    L'on pourra lire également cette excellente mise au point par le dirigeant de l'organisation marxiste-léniniste Borotba Victor Shapinov (septembre 2015) : Le marxisme et la guerre dans le Donbass (ou "De l'internationalisme à géométrie variable d'une certaine extrême-gauche").

     


    * Les habituels petits donneurs de leçons ultra-gauchistes, notamment, n'ont pas tardé à crier haro sur le baudet sitôt sa (petite) notoriété acquise à l'ouest du défunt Rideau de Fer : on peut lire ici un bel exemplaire de tissu de mensonges, de raccourcis et d'amalgames typique de cette engeance politique (engeance que nous avons beaucoup "pratiquée" chaque fois que "le camp du Peuple est notre camp" a impliqué d'être aux côtés d'une lutte contre Israël ou contre une "révolution colorée" made in NED, d'une lutte "soutenue" par la Russie ou l'Iran ou Chávez etc. etc. ; histoire de nous changer des volées de "trotsko-maoïstes BHL !!" reçues depuis le camp "Collon-LGS" lorsque nous soutenons un juste soulèvement populaire contre un despote "anti-impérialiste"). Sinon, avant la crise en Ukraine, le nom de Boris Kagarlitsky apparaissait dans une "liste de proscription" de "rouges-bruns-verts" dressée en 2004 par... l'essayiste et "géopolitologue" d'ultra-droite Alexandre del Valle, ancien souverainiste proche de Philippe de Villiers (plutôt anti-américain, anti-atlantiste, pro-serbe etc. à l'époque) devenu au début des années 2000 néocon ultra-islamophobe et anti-anti-impérialiste, "défense de l'Occident judéo-chrétien" et pro-Israël, fondant avec le harki Rachid Kaci le courant de la "Droite libre" au sein de l'UMP : dis-moi qui te dénonce, je te dirais qui tu es ; dis-moi aux côtés de qui tu dénonces, et je te dirais où tu peux aller te carrer tes sermons "anti-confusionnistes"...

    ** Cette question de "Novorussie"/"Novorusses" a été très largement débattue, et non sans raisons. En effet, les cartes "ethnographiques" tendent à montrer que les véritables Russes (selon, sans doute, l'ancienne classification soviétique des nationalités) ne sont majoritaires qu'en Crimée (~ 60%) et dans quelques raïons (districts) du Donbass, de la région de Kharkov ou encore proches de la Moldavie (Boudjak). Mais alors, sur quoi (diable) repose donc cette (fichue) identité "novorusse" du Sud et de l'Est de l'Ukraine ? Eh bien, elle repose peut-être précisément sur cela : ni les Russes, ni les Ukrainiens ni qui que ce soit d'autre (Bulgares, Tatars, Roumains/Moldaves, Gagaouzes etc.) ne représentent une écrasante majorité de 90% ou plus dans ces régions. La caractéristique locale est justement le multiethnisme.

    Le bandérisme, cet ultra-nationalisme fondé sur une "pureté" ethnique ukrainienne "plus-vraie-que-vraie", n'y fonctionne donc pas (sans même parler du fait que sa collaboration passée avec le nazisme, dans des régions martyres de la guerre d'extermination lancée par Hitler contre l'URSS, ne plaide pas en sa faveur...). Des idéologies au service de l'impérialisme russe telles que l'"eurasisme", le "panslavisme" (unité plus ou moins fédérale de tous les Peuples slaves) ou encore un certain "néo-soviétisme" peuvent y fonctionner - et de fait y fonctionnent ; mais le bandérisme, la population du Sud et de l'Est de l'Ukraine le vomit. Si l'Ouest (à 90 ou 95% ukrainien "ruthène") en veut, "tant mieux" pour lui ; mais au Sud et à l'Est on n'en veut pas, c'est ainsi.

    On notera que cette culture de coexistence nationale s'accompagne généralement d'un usage de la langue russe comme lingua franca ou plus localement (surtout le long du Dniepr - en orange sur cette carte) d'un dialecte populaire mêlant russe et ukrainien, le sourjyk ; d'où la confusion qui tend à s'installer entre russophones (notion linguistique), "pro-russes" (notion politique) et "Russes" au sens de la classification soviétique des nationalités (notion "ethnique"). La carte de l'usage principal du russe dans la vie quotidienne, ou encore celle des partisans de sa co-officialité (aux côtés de l'ukrainien) montrent ainsi des réalités notablement différentes de celle des pourcentages de Russes "ethniques".

    *** C'est là aussi, concernant ce Gubarev, un peu plus compliqué que cela... et cela illustre parfaitement le fossé qui sépare notre conception du monde ici de celle des masses populaires de là-bas ! Pour l'extrême-gauche occidentale, mais aussi pour (à vrai dire) tout le champ politique bourgeois à l'exception de l'extrême-droite russophile (majoritaire) qui y voit un "patriote", Pavel Gubarev est un homme d'extrême-droite - nationaliste, militariste, "grand-russe" etc. et d'ailleurs "autrefois membre du groupe fasciste Unité nationale russe". Mais pour la perception "commune" en Russie et en ex-URSS, y compris (donc) pour un marxiste comme Boris Kagarlitsky, il est effectivement un homme de "centre-gauche"... Il n'est pas (en tout cas plus : "errements de jeunesse" selon ses dires) quelqu'un se réclamant ouvertement du nazisme et/ou de ses alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, ce qui est la première définition d'"extrême-droite" là-bas (souvenir de la Seconde Guerre mondiale - justement - oblige), mais au contraire quelqu'un qui combat les hitléro-nostalgiques pro-Kiev ; et il n'est pas non plus un ultra-ultra-libéral... ce qui est l'autre définition. Il est considéré là-bas comme de "centre-gauche" tandis que Poutine, réputé moins "social" et plus proche des milieux d'affaire, est considéré comme de "centre-droite". De "centre-gauche" comme l'"opposition" officielle à "Russie unie" de Poutine, le parti "Russie juste" formé notamment à partir de l'ancienne organisation Rodina... elle aussi considérée en son temps comme d'"extrême-droite" par les Occidentaux (de fait il s'agissait d'un "missile" politique de Poutine qui a mécaniquement "siphonné" l'électorat du Parti "communiste" - KPRF - mais aussi... du Parti "libéral-démocrate" de Jirinovski, lui aussi unanimement considéré comme d'extrême-droite - y compris en Russie même). Ou encore, de "centre-gauche" comme le Parti "socialiste progressiste" ukrainien dont il se dit désormais proche.
    C'est qu'il faut bien comprendre que là-bas, le nationalisme n'est pas du tout considéré en soi comme un marqueur de droite ou d'extrême-droite - pas plus que le positionnement sur les questions démocratiques dites "sociétales" (sexisme, homophobie etc.) : en réalité, la classification sur l'axe gauche-droite dépend presque uniquement du positionnement plus ou moins "social" ou au contraire ouvertement pro-capitaliste, sauf comme on l'a dit à se réclamer ouvertement du IIIe Reich ou de forces similaires. En Serbie dans les années 1990, Milosevic avec son Parti "socialiste" et son épouse Mirjana Markovic avec sa "Gauche yougoslave" (aux thèses finalement proches du PSP d'Ukraine...) étaient vus d'ici tout simplement comme des fascistes... Mais là-bas ils étaient considérés comme "de gauche", des "communistes", des "rouges" et c'est d'ailleurs en tant que tels qu'ils ont été renversés en 2000 (victoire électorale de Vojislav Kostunica suivie de soulèvements populaires) et déjà secoués par une forte contestation en 1996 : non pas en tant que nationalistes mais en tant que "socialistes"/"communistes", par des personnes se réclamant "de droite"... et tout aussi nationalistes (sinon plus) qu'eux !
    Il ne s'agit pas - encore une fois ici - de "justifier" ceci mais de le comprendre. Comprendre par exemple que là-bas le nationalisme n'est pas l'expression d'une domination tranquille et en toute bonne conscience (comme en Occident où il n'est souvent même plus assumé comme tel, mais où l'on se gargarise de "nos valeurs" et de "notre civilisation"), mais bien l'expression d'une peur existentielle : les "retours de bâton" sont vite arrivés et spectaculaires, et le dominant voire le génocidaire d'hier peut devenir le génocidé ou le "nettoyé ethnique" de demain - on l'a bien vu en Yougoslavie où la majorité des crimes ont été commis par les Serbes, mais au premier retournement de rapport de force (1995) au profit des Croates, les Serbes de Dalmatie et de Bosnie se sont retrouvés chassés par centaines de milliers dans des violences faisant des milliers de victimes (ceci "justifiant" a posteriori, aux yeux des Serbes, leur politique nationaliste antérieure). Et en Ukraine, après que Viktor Ianoukovitch ait régné pendant 4 ans comme "homme de la Russie" (encore que ç’ait été plus "équilibré" que cela, ce dont Moscou semblait se satisfaire), ce sont à présent les personnes réputées "russes" ou "mauvais ukrainiens" (demi-russes, russifiés/russophones ou en tout cas hostiles au nationalisme ukrainien excluant) qui font face aux violences des tenants bandéristes (considérant les collaborateurs du nazisme comme des héros) d'une Ukraine "ukrainienne pure"... S'ajoutant à cela la violente offensive capitaliste (tant interne - avec les "oligarques" - qu'étrangère) en cours depuis 25 ans pour mettre en coupe réglée une force de travail sortie brutalement du mode de vie relativement "protégé" de l'époque soviétique ; l'on comprend facilement qu'il n'est pas possible de plaquer artificiellement sur ces pays et ces sociétés nos notions et définitions de "droite" et de "gauche" - c'est presque aussi absurde, à vrai dire, que de le faire sur la situation palestinienne ou sur les pays arabes en général (et ceux qui le font sont d'ailleurs généralement les mêmes).

    Bien sûr, ceci est un constat de fait mais pas la solution, et n'a pas vocation à durer. Dans un monde revenu - pour ainsi dire - au début du 20e siècle, nous partageons totalement pour cette partie de l'Europe (revenue au temps des guerres balkaniques...) l'analyse léniniste reprise dans le Manuel de formation MLM du PC maoïste d'Inde : reconnaissance et respect absolu des réalités et sentiments nationaux à travers le droit à l'autodétermination (donc droit au respect et à la sécurité de la minorité russe et de toutes les minorités en Ukraine et droit des habitants du Donbass, de la Crimée et d'autres régions encore à ne pas faire partie d'une Ukraine nationaliste fanatique qui les considère comme des sous-hommes) ; mais rejet absolu des nationalismes bourgeois chauvins et "purificateurs" et recherche de l'unité et de la fraternité des prolétariats ("La tâche du prolétariat dans ces pays est de soutenir le droit des nationalités à l'autodétermination. Dans cette perspective, la tâche la plus difficile mais aussi la plus importante est de faire converger la lutte de classe des travailleurs des nations oppresseuses avec celle des travailleurs des nations opprimées" - sachant que la nationalité oppresseuse et la nationalité opprimée sont là-bas des notions évolutives : l'opprimé d'hier peut très vite devenir l'oppresseur de demain). Pour sortir, enfin, du cycle infernal des revanches et contre-revanches national-identitaires qui ne servent que les impérialistes dans leurs luttes de repartage permanent de la région !

    Flash info - Ukraine : le commandant Alexeï Mozgovoï assassiné... Était-il TROP sur la bonne voie ?


    2 commentaires

  • Beaucoup moins connu que l'afro-américain (new afrikan) Mumia Abu-Jamal ou l'amérindien Leonard Peltier, Oscar Lopez Rivera est un activiste portoricain emprisonné depuis 1981 pour sa lutte contre la colonisation de son île (sous domination états-unienne depuis 1898, "État associé" depuis 1952) et le colonialisme intérieur subi par la communauté émigrée sur le continent US.

    http://www.prolibertadweb.org/oscar-lopez-rivera

    Un autre prisonnier révolutionnaire méconnu : Oscar Lopez Rivera va entrer dans sa 35e année de prisonOscar Lopez Rivera est né à San Sebastian, Porto Rico le 6 janvier 1943. À l'âge de 12 ans, il immigre à Chicago avec sa famille.

    Il a été un militant de la communauté portoricaine et un important dirigeant indépendantiste pendant de longues années avant son arrestation. Oscar a été l'un des fondateurs du collège Rafael Cancel Miranda High School, aujourd'hui connu sous le nom de Dr. Pedro Albizu Campos High School, ainsi que du Centre culturel portoricain Juan Antonio Corretje. Il a été un organisateur de la communauté pour l'Organisation de la Communauté du Nord-Ouest (NCO), l'ASSPA, l'ASPIRA et la 1ère Église congrégationaliste de Chicago. Il a également aidé à fonder FREE (un centre d'aide aux toxicomanes) et ALAS (un programme d'éducation pour les prisonniers latinos à la prison de Stateville en Illinois).

    Il a été actif de nombreuses de lutte de la communauté, principalement dans les domaines de l'accès aux soins médicaux, de l'accès à l'emploi et des violences policières. Il a aussi participé au développement du Comité pour la Libération des 5 nationalistes portoricains [qui avaient ouvert le feu dans la Chambre des Représentants en 1954 NDLR]. En 1975, il doit plonger dans la clandestinité aux côtés d'autres camarades des Forces Armées de Libération Nationale (FALN). Il sera arrêté le 29 mai 1981, après cinq ans de traque par le FBI comme l'un des fugitifs les plus recherchés par la "justice" américaine.

    Oscar, qui a une fille prénommée Clarissa, purge actuellement une peine de 55 ans d'emprisonnement pour "conspiration séditieuse" et d'autres charges. Il a été reconnu coupable de conspiration pour avoir fui aux côtés de Jaime Delgado (vétéran de la lutte d'indépendance), Dora Garcia (une importante militante communautaire) et Kojo Bomani-Sababu, prisonnier politique new afrikan.

    Oscar fait partie des 12 prisonniers portoricains qui se sont vus offrir une mesure de clémence par l'administration Clinton à l'automne 1999. D'après le Chicago Sun Times, il a refusé l'offre présidentielle qui l'aurait laissé avec 10 années à purger pour les charges de conspiration. Il lui reste maintenant au moins 20 ans à passer en prison. Sa sœur Zenaida Lopez a expliqué qu'il aurait refusé car il s'agissait d'une libération sur parole, revenant pour lui à être "en prison hors de la prison". Elle a néanmoins ajouté que son frère était "en total accord" avec la décision des 11 autres d'accepter cette libération conditionnelle.

    Il est à ce jour emprisonné au pénitencier de Terre Haute dans l'Indiana, et sa date prévisionnelle de libération est le 27 juillet 2027.


    Autres sites ou pages Facebook :

    http://boricuahumanrights.org/

    https://www.facebook.com/freeoscarlopezriveranow


                            Un autre prisonnier révolutionnaire méconnu : Oscar Lopez Rivera va entrer dans sa 35e année de prisonUn autre prisonnier révolutionnaire méconnu : Oscar Lopez Rivera va entrer dans sa 35e année de prison
               Un autre prisonnier révolutionnaire méconnu : Oscar Lopez Rivera va entrer dans sa 35e année de prisonUn autre prisonnier révolutionaire méconnu : Oscar Lopez Rivera va entrer dans sa 35e année de prison
          Un autre prisonnier révolutionnaire méconnu : Oscar Lopez Rivera va entrer dans sa 35e année de prison
      Un autre prisonnier révolutionnaire méconnu : Oscar Lopez Rivera va entrer dans sa 35e année de prison


    votre commentaire
  • Contropiano - traduction SLP

    "C'est une terrible nouvelle, tragique par les conséquences qu'elle aura pour le conflit en cours dans les régions orientales de l'Ukraine qui viennent de perdre aujourd'hui [23 mai] un combattant formidable.

    Flash info - Ukraine : le commandant Alexeï Mozgovoï assassiné... Était-il TROP sur la bonne voie ?Le commandant de la Brigade "Fantôme" (Prizrak) - qui se déclarait ouvertement communiste - Alexeï Mozgovoï a été assassiné en fin d'après-midi entre les villes d'Alchevsk et Lugansk. Le chef de la Prizrak a été victime d'un guet-apens dans lequel ont également péri sa secrétaire Anna, deux miliciens et plusieurs civils. Pour le moment les informations ne sont pas encore détaillées, mais l'annonce officielle de sa mort a été diffusée par sa brigade et des organes de presse locaux et russes. L'auto à bord de laquelle se déplaçait Mozgovoï et son escorte a été propulsée dans les airs par une explosion, puis ses occupants ont été criblés de balles. Trois autres automobiles du même convoi ont été attaquées à l'arme automatique.

    Il y a quelque jours, en dépit des tergiversations du gouvernement de la République de Lugansk [plus que tergiversations : pressions bureaucratiques, sabotages, menaces etc. - lire ici], Alexeï Mozgovoï et sa brigade avaient assumé la responsabilité d'accueillir plus de 100 internationalistes en provenance d'une dizaine de pays d'Europe, parmi lesquels une cinquantaine de militants italiens ayant rejoint le Donbass dans le cadre de la Caravane antifasciste organisée par [le groupe communiste] Banda Bassotti. On ignore à l'heure actuelle qui est à l'origine de cette attaque et de ces assassinats. Mais il est certain que Mozgovoï - tout comme les combattants sous ses ordres - n'avait pas seulement des ennemis du côté du gouvernement nationaliste de Kiev, à qui ses forces avaient infligé au moins par deux fois une cuisante défaite."

    Nous avions déjà eu l'occasion, dans de précédents articles, d'évoquer le cas de ce commandant donbassien Mozgovoï qui personnifiait selon nous tout le contradictoire mélange local de chauvinisme "panslave" pro-Poutine (avec toutes les valeurs réactionnaires que cela peut charrier) et de socialisme/anticapitalisme soviéto-nostalgique ; et son caractère à la croisée des chemins, face à deux voies : la voie d'un "national-socialisme" au service de l'impérialisme russe dans sa stratégie de défense et de "revanche" face à l'Occident, ou la voie révolutionnaire anticapitaliste et antifasciste tendant (à très long terme bien sûr) vers la Guerre populaire dans cette partie périphérique et déshéritée de l'Europe.

    Nous en avions en fait (tout simplement) oublié une troisième : celle de l'"explosion en vol", de la mort "tragico-héroïque" fermant définitivement l'une comme l'autre des deux hypothèses. C'est ce qui s'est produit et ne nous voilons pas la face : comme l'évoque à mots couverts (car il y a des antifascistes italiens là-bas qu'il ne faut pas mettre en danger) l'article de Contropiano dans sa dernière phrase, le coup ne vient très probablement pas de l'armée ou des paramilitaires fascistes Kiev mais bel et bien de l'intérieur même des "Républiques populaires" du Donbass, Flash info - Ukraine : le commandant Alexeï Mozgovoï assassiné... Était-il TROP sur la bonne voie ?que les positions de Mozgovoï (quelles que fussent ses limites et même ses idées déplaisantes de notre point de vue progressiste)* gênaient dans leurs intérêts et leur conception 100% capitaliste de l'avenir du Donbass (une fois une large autonomie négociée ou une indépendance de fait arrachée au gouvernement central)*.

    C'est donc là (hélas) une claire victoire pour le côté sombre de la lutte du Donbass (bien connu, il suffit d'ouvrir les journaux...), l'aspect "proxy du Kremlin et de l'oligarchie russe pour reconquérir leur protectorat ukrainien perdu" qui triomphe aux dépens de l'autre aspect, celui de mouvement de résistance populaire défendant une société d'esprit soviétique face à l'ultra-nationalisme fasciste et au capitalisme à outrance impulsés par l'Occident - aspect qu'en tant que média révolutionnaire nous nous sommes efforcés de souligner depuis un an, car 1°/ dire la même chose (les mêmes simplismes) que le Monde ou Libération ne nous intéresse pas et n'est pas notre rôle et 2°/ car nous y voyons non seulement une autodéfense légitime des ouvriers et des paysans locaux contre des ultra-libéraux qui veulent les laminer socialement et des nazillons qui voudraient les "nettoyer" ethniquement, mais aussi des potentialités importantes de prise de conscience révolutionnaire.

    Finalement (comparaison que nous avons déjà osé quelques fois), le Donbass aura un peu suivi la trajectoire de Fiume, cette ville promise par les Alliés à la Yougoslavie et occupée par des anciens combattants italiens (conduits par D'Annunzio) au lendemain de la Première Guerre mondiale 1 - 2 : un mouvement parti sur des bases nationalistes/chauvines voire expansionnistes (il s'agit de "rattacher" d'une certaine manière la Novorossiya à la Russie comme il s'agissait de rattacher Fiume/Rijeka à l'Italie**), qui de par la situation concrète et la mobilisation de masse connaît une embardée "ultra-démocratique" populiste, "républicaine égalitariste" voire "socialisante" ("sans-culotte" en quelque sorte !) avant d'être toutefois "repris en main" et ramené sur les rails d'une stricte manœuvre expansionnistes impérialiste. Reste à savoir ce que deviendront les (très vastes) forces sociales mobilisées dans cette affaire... Beaucoup des Arditi de Fiume et du reste de l'Italie (soutenant et militant à distance pour l'opération) sont certes devenus des soutiens du fascisme ; mais il y aura aussi des Arditi del Popolo qui, s'apercevant de la trahison et de l'escroquerie du très "républicain" et "social" programme fasciste initial lorsque Mussolini s'allie à la droite conservatrice pour les élections de 1920-21, se retourneront contre lui et lui résisteront les armes à la main (l'on trouvera notamment parmi eux Alceste De Ambris, syndicaliste révolutionnaire et co-rédacteur avec D'Annunzio de la "Charte du Carnaro" - la "constitution" de Fiume).

    Nous avons aussi dit que dans l'actuelle guerre impérialiste non-déclarée et permanente pour le repartage du monde, le sentiment d'encerclement et d'humiliation et les aspirations à la "riposte" de la Russie sont aussi lourds de menace pour l'avenir que dans l'Allemagne du Traité de Versailles et peuvent s'appuyer sur un très large sentiment populaire ; et que conjurer cela (faire que l'anticapitalisme "instinctif" et spontané des masses ne soit pas mobilisé derrière un revanchisme impérialiste de type hitlérien) repose très largement sur la clarté de notre attitude internationaliste, aux côtés des Peuples bien sûr (et non des directions russes ou "séparatistes"), et de notre combat sans concessions contre notre propre impérialisme français/franco-allemand/occidental qui n'hésite pas à soutenir ou fermer les yeux sur les pires barbares fascistes (côté Kiev) et dont la politique internationale, aussi abjecte que roulée dans la bien-pensance, crée comme dans les années 1920 les conditions de monstres qui précipiteront l'humanité au bord de l'abîme - nous avons déjà Daesh... à quand le Hitler russe ?

    Flash info - Ukraine : le commandant Alexeï Mozgovoï assassiné... Était-il TROP sur la bonne voie ?

    [* Bien entendu les porte-paroles des républiques séparatistes accusent Kiev... À vous de voir si vous les croyez sur parole ou non. L'attentat a eu lieu entre la capitale Lugansk et le quartier-général de la Prizrak (Alchesk), autrement dit bien à l'intérieur de la république séparatiste dont Mozgovoï était l'un des principaux commandants militaires : si ce devait être un coup du régime thatchéro-fasciste ukrainien, cela n'aurait de toute façon pas pu se faire sans complicités.

    Au sujet des limites et des aspects déplaisants de la pensée de Mozgovoï, lire ici la traduction d'un article de nos camarades gallois de Democracy & Class Struggle qui donne un bon aperçu de son profil idéologique, avec beaucoup d'honnêteté et sans taire "honteusement" les aspects "gênants".]

    [** Cette question de "Novorussie"/"Novorusses" a été très largement débattue, et non sans raisons. En effet, les cartes "ethnographiques" tendent à montrer que les véritables Russes (selon, sans doute, l'ancienne classification soviétique des nationalités) ne sont majoritaires qu'en Crimée (~ 60%) et dans quelques raïons (districts) du Donbass, de la région de Kharkov ou encore proches de la Moldavie (Boudjak). Mais alors, sur quoi (diable) repose donc cette (fichue) identité "novorusse" du Sud et de l'Est de l'Ukraine ? Eh bien, elle repose peut-être précisément sur cela : ni les Russes, ni les Ukrainiens ni qui que ce soit d'autre (Bulgares, Tatars, Roumains/Moldaves, Gagaouzes etc.) ne représentent une écrasante majorité de 90% ou plus dans ces régions. La caractéristique locale est justement le multiethnisme.

    Le bandérisme, cet ultra-nationalisme fondé sur une "pureté" ethnique ukrainienne "plus-vraie-que-vraie", n'y fonctionne donc pas (sans même parler du fait que sa collaboration passée avec le nazisme, dans des régions martyres de la guerre d'extermination lancée par Hitler contre l'URSS, ne plaide pas en sa faveur...). Des idéologies au service de l'impérialisme russe telles que l'"eurasisme", le "panslavisme" (unité plus ou moins fédérale de tous les Peuples slaves) ou encore un certain "néo-soviétisme" peuvent y fonctionner - et de fait y fonctionnent ; mais le bandérisme, la population du Sud et de l'Est de l'Ukraine le vomit. Si l'Ouest (à 90 ou 95% ukrainien "ruthène") en veut, "tant mieux" pour lui ; mais au Sud et à l'Est on n'en veut pas, c'est ainsi.

    On notera que cette culture de coexistence nationale s'accompagne généralement d'un usage de la langue russe comme lingua franca ou plus localement (surtout le long du Dniepr - en orange sur cette carte) d'un dialecte populaire mêlant russe et ukrainien, le sourjyk ; d'où la confusion qui tend à s'installer entre russophones (notion linguistique), "pro-russes" (notion politique) et "Russes" au sens de la classification soviétique des nationalités (notion "ethnique"). La carte de l'usage principal du russe dans la vie quotidienne, ou encore celle des partisans de sa co-officialité (aux côtés de l'ukrainien) montrent ainsi des réalités notablement différentes de celle des pourcentages de Russes "ethniques".]


    [PS : Les nouvelles ne sont pas meilleures (mais cela, par contre, ne relève d'aucune contradiction interne...) de l'autre côté du front, où vient d'être votée une loi reconnaissant comme "libérateurs" les organisations fascistes bandéristes (OUN, UPA) collaboratrices du nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale et interdisant toute "négation publique de la nature criminelle du régime totalitaire communiste entre 1917 et 1991", autrement dit toute présentation positive de tout ou partie de la période soviétique, ce qui revient à interdire l'activité politique marxiste dans le pays (tant ML que révisio et même dans une large mesure trotskyste, par contre les "anarchistes" qui passent leur temps à relayer la propagande de Kiev en couvrant d'ordures les communistes antifascistes comme Borotba peuvent être contents, ils pourront sans problème se joindre au concert avec leurs "30%-c'est-pas-trop" de copains nazis de Maïdan...). Ici http://www.theguardian.com/world/2015/apr/20/ukraine-decommunisation-law-soviet dans la "grande presse" anglo-saxonne ; sources en français : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/c09346ee-e14f-11e4-aa18-ff4de01147fa/LUkraine_veut_effacer_sa_mémoire_soviétique ; http://francais.rt.com/international/2456-osce--loi-decommunisation-lukraine ; http://ruptures-presse.fr/ukraine-lois-memorielles-interdiction-communisme/ (source un peu PRCF dans son genre, ça vaut ce que ça vaut mais l'information est véridique dans tous les cas) ; http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/Ukraine-La-loi-anticommuniste-signee-par-Porochenko_a9370.html]

    Flash info - Ukraine : le commandant Alexeï Mozgovoï assassiné... Était-il TROP sur la bonne voie ?


    votre commentaire

  • Voici une petite revue des réactions militantes face au scandaleux verdict rendu le 18 mai par le tribunal de Rennes :

    Quartiers Libres : Pour Zyed et Bouna, une condamnation à nous battre

    Cases Rebelles : C’est une vieille histoire

    Alternative libertaire : Zyed et Bouna sont bel et bien « morts pour rien »

    Affiche-position du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) :

    Revue de presse : affaire Zyed et Bouna

    Voir aussi cette vidéo où Mathieu Rigouste aborde la question de l'état d'exception policier permanent :

    Le verdict a bien sûr provoqué des mouvements de colère, notamment dans le 9-3 où vivaient et sont morts Zyed et Bouna (et qui s'était le plus enflammé après leur mort) : Rassemblement à Bobigny, la justice a tué une deuxième fois Zyed et Bouna

    Le nouveau (et très bon) site Quartiers XXI "profite" de l'évènement pour revenir sur une expérience militante lumineuse et (pour des raisons qui nous échappent) totalement oubliée aujourd'hui, alors qu'elle a pris fin il n'y a pas 6 ans : celle du Mouvement de l'Immigration et des Banlieues (MIB), en s'entretenant avec un de ses anciens membres (qui continue à militer pour la justice sociale dans le quartier montpelliérain du Petit-Bard).


    « S’il y a toujours reproduction du racisme policier, la muraille de l’arbitraire s’est fissurée »


    Quartiers Libres est d'ailleurs aussi revenu sur cette expérience dans un récent article :


    Les slogans ne tombent pas du ciel


    Beaucoup de militants issus des quartiers populaires ont été influencés directement ou indirectement par les animateurs d’un réseau qui a fini par se regrouper sous le sigle du MIB (Mouvement de l’Immigration et des Banlieues).

    La relaxe des policiers impliqués dans la mort de Zyed Benna et Bouna Traore est l’occasion de rappeler la contribution de ces militants à la mise en place d’expériences, de méthodes et de stratégies : d’une ligne politique, en somme.

    Lire la suite >>>>


    Ici un excellent documentaire où l'on peut voir le MIB en action dans les années 2001-2002 :



    M.I.B. (engl. subt.) from POPLAND on Vimeo.


    votre commentaire

  • Signalfire

    Répondons par la contre-information, la dénonciation, la solidarité internationale et internationaliste !!

    Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le PeupleL’État indien, dirigé par le régime fasciste de Narendra Modi [dirigeant de la droite fascisante nationaliste hindoue BJP-RSS, qui a pris le pouvoir il y a un an] au service de ses maîtres locaux et impérialistes, est en train de développer une nouvelle étape de féroce répression dans tous les domaines dans le but d'écraser le Peuple, de stopper la Guerre populaire et d'attaquer les maoïstes qui la mènent. Afin d'accélérer les plans de livraison des ressources naturelles du pays aux grandes entreprises nationales et étrangères, le régime indien est en train de restructurer l'ensemble de son appareil répressif : armée, force aérienne, police, groupes paramilitaires. Ils ne s'attaquent pas seulement à la "menace naxalite", mais à tous les mouvements s'opposant à leurs politiques et résistant à l'"Opération Green Hunt". Ils s'attaquent aussi aux intellectuels démocratiques, aux militants des droits humains et à toute voix dissidente qui s'élève, pour faire le vide autour des mouvements populaires et de la Guerre populaire conduite par les maoïstes. Ils attaquent les populations adivasis ["aborigènes", populations "tribales" vivant de manière communautaire traditionnelle dans la forêt] qui vivent sur les terres riches en ressources naturelles, là où la Guerre populaire est la plus forte, afin d'éliminer le Nouveau Pouvoir populaire qui germe là. Au cours des dernières semaines notamment, le régime a largement médiatisé les arrestations illégales d'intellectuels révolutionnaires et d'activistes sociaux reconnus, déjà précédemment criminalisés et forcés à la clandestinité, présentés comme des terroristes pour le seul crime d'appartenir au Parti communiste d'Inde (maoïste).

    Les camarades Murali Kannampally et Ismaïl Hamza ont été arrêtés à l'hôpital de Talegaon Dabhade où le premier suivait un traitement médical, tandis que le camarade Roopesh, son épouse Shyna et d'autres ont été arrêtés à Coïmbatore. Il est de notoriété qu'au moins deux d'entre eux ont été privés de l'assistance juridique et des soins médicaux qu'ils nécessitent, tandis que d'autres prisonniers ont révélé que lors de leurs interrogatoires la police les a menacés de les amener dans les bois et de les exécuter dans de faux affrontements armés, ou encore d'arrêter et détenir les membres de leurs familles. Sous n'importe quel prétexte, leur détention illégale est prolongée et l'on peut craindre qu'ils ne subissent des Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le Peupletortures, comme cela s'est déjà produit par le passé. Face à ces arrestations, une large mobilisation s'est développée ces derniers jours dans le pays pour la libération des prisonniers et la défense de leurs conditions de vie et de détention.

    La persécution des intellectuels et des démocrates à l'Université ne s'est jamais arrêtée. G.N. Saïbaba, professeur à l'Université de Delhi et frappé par une invalidité de 90%, est emprisonné depuis un an tandis que le procès n'a toujours pas débuté et que le tribunal a systématiquement rejeté ses demandes de liberté sous caution, en dépit du fait qu'il ne représente aucun danger et n'a aucune chance de s'échapper. Pendant ce temps, la chasse aux sorcières continue contre les étudiants et les intellectuels taxés de "liens avec les maoïstes", menacés, harcelés, arrêtés et détenus pendant des années dans l'attente d'un procès qui, lorsqu'il se tient enfin, finit généralement par les acquitter. En Inde et tout autour du monde, les initiatives de solidarité demandent leur libération immédiate et l'abrogation des lois draconiennes héritées de l'époque coloniale, qui sont utilisées pour les persécuter. Les mêmes lois ont été utilisées pour condamner à perpétuité pour "sédition" Raja Sarkhel et Prasun Chatterjee, membres du Front révolutionnaire démocratique, une organisation non-officiellement interdite, aux côtés de Chatradhar Mahato et trois autres militants populaires très connus.

    Le régime de Modi renforce sur une large échelle la répression et les déplacements forcés, souvent accompagnés de massacres, contre les Adivasis et les populations qui refusent d'être expulsées de leurs terres pour faire place à de "grands projets" qui dévasteront celles-ci à tout jamais. Le Parti maoïste a révélé que l’État indien est en train de préparer un "Salwa Judum 2", réplique du premier Salwa Judum lancé il y a quelques années. Salwa Judum est le nom donné à ces infâmes gangs paramilitaires de fondamentalistes hindous qui se sont vus accorder les mains libres et la plus totale impunité pour commettre les pires atrocités, incendies et destructions, massacres et viols au nom du "développement" dans d'innombrables villages. Il s'agit là d'une nouvelle escalade dans la guerre contre le Peuple - l'Opération Green Hunt - qui dure depuis 2009 et que les masses populaires en lutte et tous les secteurs démocratiques de la société indienne combattent dans les domaines, comme cela a été le cas pour le premier Salwa Judum dont les gangs ont été affrontés et défaits par les masses et la Guerre populaire, dirigée par le PC d'Inde (maoïste).

    Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le Peuple

    Les initiatives de résistance pour arrêter la guerre contre le Peuple se multiplient à travers l'Inde, tandis que le mouvement populaire pour abattre la classe dominante grandit. La répression n'arrêtera pas la révolte, mais au contraire la nourrit. Les camarades arrêtés sont bien connus et aimés du Peuple, qui exprime sa solidarité et intensifie la lutte. Mais nous devons aussi absolument intensifier la solidarité internationaliste, qui s'est manifestée ces dernières années de diverses manières, pour stopper les mains génocidaires de Modi et soutenir la lutte des masses d'Inde. Le Comité international de soutien à la Guerre populaire en Inde appelle l'ensemble du mouvement à se mobiliser dans une campagne prolongée de contre-information et de dénonciation du régime indien et de l'impérialisme qui le soutient.

    Stoppons Green Hunt !

    Défendons les camarades arrêtés et les prisonniers politiques !

    Soutenons les masses en lutte !

    Nous appelons à un mois d'actions et d'initiatives devant les ambassades, les consulats et les centres d'intérêts économiques indiens, de réunions publiques pour informer et développer la solidarité populaire, pour rendre honneur aux martyrs de la révolution et présenter des ouvrages et des publications du PC d'Inde (maoïste) et d'intellectuels pour apprendre de la situation en Inde et des avancées de la lutte révolutionnaire du Peuple.

    Comité international de soutien à la Guerre populaire en Inde

    20.05.2015

    Contacts :

    csgpindia@gmail.com

    icspwindia@wordpress.com

    Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le Peuple
    Inde : le régime fasciste hindou de Narendra Modi déchaîne une nouvelle vague de répression d’État et de guerre contre le Peuple


    votre commentaire

  • Publié initialement sur Breizhistance

    Gwadloup - Matinik - Gwiyan : histoire d'une infatigable résistance

    Bien que peu de médias s’en soient faits l’écho, de nombreux leaders et organisations de défense des Peuples guadeloupéen et martiniquais ont peu goûté la visite du président Hollande ces deniers jours.

    Ainsi Élie Domota, syndicaliste de l’UGTG et porte-parole du LKP, a-t-il choisi de boycotter l’inauguration du Mémorial de l’Esclavage pour protester notamment contre le non versement d’indemnités aux descendants d’esclaves, et pour redire aussi combien l’injustice sociale, raciale et coloniale est criante sous le joug français.

    Un autre militant indépendantiste guadeloupéen d’une autre génération a donné de la voix en abondant dans le même sens : Luc Reinette. Il s’agit de l’un des protagonistes du mouvement de résistance armée en Guadeloupe et Martinique, dans les années 1980.

    Pour faire connaitre cette page d’histoire de la résistance caribéenne et guyanaise au pouvoir colonial français, nous republions une brochure retraçant l’histoire de  la résistance armée dans ces pays, et plus particulièrement celle de l’Alliance Révolutionnaire Caraïbe.

    Ce travail a été réalisé par d’anonymes camarades anti-impérialistes parisiens et couvre la période 1939-2003. S’il y a forcément des manques, il a le mérite de recontextualiser au niveau régional et mondial le mouvement de décolonisation et permettra au lecteur de mieux connaître les grandes dates constitutives de la conscience nationale des Peuples guadeloupéens, martiniquais et guyanais en lutte contre l’impérialisme français.

    [Cliquer sur l'image pour ouvrir le PDF]

    Gwadloup - Matinik - Gwiyan : histoire d'une infatigable résistance

    Lire aussi : http://ugtg.org/article_2207.html

    Gwadloup - Matinik - Gwiyan : histoire d'une infatigable résistance

     


    1 commentaire

  • Le 13 mai 1985, un hélicoptère de la police de Philadelphie (États-Unis) larguait deux bombes incendiaires sur un immeuble occupé par la communauté afro-américaine radicale MOVE, épilogue de plusieurs années de conflit avec ce groupe de Black liberation accusé d'"indisposer le voisinage par ses monceaux d'immondices attirant les rats et les cafards" (on croirait presque du Chirac dans le texte, lol) ainsi que par ses "messages politiques diffusés toute la journée par mégaphone".

    Il y a 30 ans : massacre raciste à PhiladelphieLes pompiers, d'abord présents sur les lieux pour... tenter de déloger les occupants avec leurs lances à eau, regarderont impassiblement partir en fumée le 6221 Osage Avenue et... plus de 60 habitations voisines ; ayant reçu l'ordre laconique de "Let the fire burn" ("Laissez cramer" !). Le bilan est de 11 morts dont 5 enfants et seulement deux survivant-e-s dont l'une, Ramona Africa, relatera que la police ouvrait même le feu sur les personnes qui tentaient de s'enfuir...

    Il n'est bien sûr pas interdit de discuter de ce qu'était MOVE : par certains aspects, la communauté pouvait éventuellement être qualifiée de "secte" (nous n'aimons cependant pas ce terme, car comme beaucoup d'autres il évacue confortablement l'analyse scientifique et politique des choses - comme au sujet des religions par exemple). Elle arborait néanmoins des positions que l'on ne peut que qualifier de progressistes [voir ici un site qui lui est consacré] : écologisme radical (d'où la fabrication de compost qui "indisposait" soi-disant les voisins), mode de vie collectiviste et bien sûr libération noire avec une forte mise en avant des racines africaines (tou-te-s les membres portant des dreadlocks et prenant le patronyme d'"Africa")... Le tout en assumant ouvertement l'autodéfense armée d'où déjà de gros ennuis en 1978, après la mort d'un flic lors de la tentative d'expulsion d'un précédent squat.

    Il est à la rigueur possible de dire, sans trop se hasarder, que le groupe était une incarnation du reflux et de la décomposition du mouvement de libération afro-américain ; et non de son apogée radicale et révolutionnaire de 1965-75 avec le Black Power de Carmichael et bien sûr le Black Panther Party (puis la Black Liberation Army etc.).

    Voici ce qu'en dit le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) sur sa page Facebook : "L’organisation se définit elle-même comme « une organisation révolutionnaire, mais pas dans le sens commun enseigné à la plupart des gens. John Africa, son fondateur, enseignait à MOVE la révolution totale et le principe de la vie ; il n’y a rien de plus important que la vie, et tout ce système qui nous opprime va contre la vie : c’est un système qui assassine, qui mutile, qui empoisonne, qui exploite et qui asservit. C’est pourquoi l’organisation MOVE combat ce système. Nous ne céderons jamais à ce système tant que la justice, l’égalité et la liberté seront bafouées. Pas seulement pour les Noirs, les femmes ou les hommes de couleurs, mais pour tous les êtres vivants » (Ramona Africa est ministre de la communication pour l’organisation MOVE, seule survivante adulte du bombardement et ancienne prisonnière politique pendant cinq ans)".

    Cet activisme lui avait bien sûr valu la haine inexpiable des autorités bourgeoises blanches de la ville (avec à leur tête, pendant de nombreuses années, le sinistre ex-"super-flic" Frank Rizzo), qui avaient assez efficacement réussi à dresser les "honnêtes gens" ("très majoritairement afro-américains" comme ne manque pas de le souligner la propagande...) contre ces "zozos mal peignés", mais ne parvenaient toutefois pas à en finir "une bonne fois pour toute".

    Il y a 30 ans : massacre raciste à Philadelphie

    Pour autant, son extermination par un véritable mini-bombardement au napalm n'en reste pas moins révélateur du caractère semi-nazi du colonialisme intérieur US ; cet État capitaliste, impérialiste et raciste qui se présente au monde entier (au même titre que son alter ego bleu-blanc-rouge...) comme le "phare de la liberté et des valeurs démocratiques" - ce devant quoi se prosternent tous les petits et grands bourgeois de la planète. "Semi-nazi", oui et cela n'a rien de la provocation gratuite : au stade des monopoles tout État capitaliste et impérialiste est finalement un nazisme en puissance, avec ses éruptions épisodiques de praxis ultra-fasciste, jusqu'à ce que les conditions objectives (comme celles rencontrées par l'Allemagne au début des années 1930) l'amènent à se convertir en nazisme "franc et ouvert".

    Les "Africa" délivraient certes un message politique radical et subversif, mais ils/elles étaient tout de même très loin de représenter une menace révolutionnaire existentielle pour les possédants de Pennsylvanie. Leur massacre est révélateur de la disproportion totale des moyens employés aux États-Unis dès lors qu'il s'agit de "remettre les Nègres à leur place" - une "place" sur laquelle repose, il faut le dire, tout l'ordre social capitalo-raciste.

    Si l'organisation MOVE a acquis une certaine notoriété à travers le monde, c'est aussi grâce à un journaliste et ex-combattant des Black Panthers qui avait pris dès le début fait et cause pour elle : un certain Mumia Abu-Jamal. Un combat qui, parmi d'autres, l’amènera à se confronter au sinistre maire et ancien chef de la police Frank Rizzo ; et qui sera sans doute pour beaucoup dans la sordide machination qui le conduira pour 30 ans dans le couloir des condamnés à mort (condamnation commuée en perpétuité sans possibilité de libération en 2011).

    Il y a 30 ans : massacre raciste à Philadelphie


    votre commentaire

  • PCmF - Bloc Rouge :


    8 mai 1945 : victoire contre le nazisme et massacre du peuple algérien


    8 mai 1945 : victoire contre le nazisme et massacre du peuple algérien


    Le 8 mai 1945, le général Keitel signait la reddition totale et sans condition de l'Allemagne nazie.

    Le jour même, le matin du 8 mai à Sétif, alors que l'Algérie était encore une colonie française, des Algériens se rassemblaient autour de la mosquée, des gens affluaient de toute part. Ceux des douars se rassemblaient à l'entrée de la ville. La manifestation prévue était pacifique. Sept à huit mille Algériens défilaient, précédés par les scouts de la ville, drapeau algérien en tête et banderoles déployées avec les inscriptions : « Pour la libération des peuples» ; « Vive l'Algérie libre et indépendante ». Malgré l'interdiction de banderoles politiques, le cortège se mit en route. Le sous-préfet donna l'ordre d'enlever les banderoles. La police se mit à tirer, pendant que des européens voulaient empêcher le défilé. Des coups de feu sont échangés. La juste colère des algériens éclate, la gendarmerie intervient. À onze heures, le calme est revenu. La nouvelle du massacre se répand.

    À Guelma, peu d'Algériens assistent aux cérémonies officielles. Une manifestation est organisée avec des pancartes : « Vive la démocratie », « À bas l'impérialisme », «Vive l'Algérie indépendante». La police tire sur la foule et disperse les manifestants. Le 9 mai, Guelma est assiégée par des groupes armés des douars voisins venus venger leurs morts. D'autres défilés ont lieu à Batna, Biskra, Khenchela, Blida, Bel-Abbès, Saïda où la mairie fut incendiée. À Bône et à Djidjelli, des milliers de manifestants se joignirent aux manifestations officielles de la victoire contre le nazisme et sortirent leurs banderoles. À Alger, les fidèles ne se joignirent pas à la manifestation officielle de la Grande Mosquée.

    En 1830, le débarquement des militaires français ouvrait la voie à la colonisation de l'Algérie qui commença dès 1836 dans la plaine de la Mitidja jusqu'en 1847, malgré la résistance héroïque d'Abd-el-Kader. Les colons rachetaient à vil prix les terres ou confisquaient celles des domaines des propriétaires fonciers algériens et turcs. Ils établirent ainsi d'immenses propriétés foncières. En 1844, Bugeaud organise l'administration.  Dès 1848, l'Algérie est divisée en 3 départements. En 1870, le décret Crémieux accorde la citoyenneté française aux 32 000 juifs d'Algérie, puis en 1889 à tous les enfants d'origine européennes nés en Algérie, pour renforcer la colonisation. Les Algériens musulmans, eux, sont régis par le code de l'indigénat (1881) et sont considérés comme des sujets et non des citoyens. Le pouvoir économique est représenté par l'assemblée des délégations financières des colons, des non-colons et des indigènes musulmans qui n'ont que 21 représentants sur 69 membres.

    En Algérie, la colonisation a été une colonisation de peuplement. Les Algériens ont été spoliés, exploités par les colons, étaient considérés comme des citoyens de seconde zone, et massacrés alors qu'ils avaient participé à la première guerre mondiale. Les algériens ont remplacé en métropole le million de morts de la guerre dans les usines, sur les chantiers pour relever l'économie française. La révolution d'Octobre a affirmé le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et a accordé un soutien au mouvement de libération naissant qui a commencé à revendiquer l'égalité pour les musulmans en Algérie. Le refus de l’État français et des colons d'accéder à ces revendications légitimes a renforcé le sentiment national algérien. Durant la seconde guerre mondiale, les Algériens musulmans ont contribué à la libération de la France. Aussi était-il d'autant plus légitime de faire valoir leur droit à disposer d'eux-mêmes, leur droit à l'indépendance.

    Les fusillades et massacres du 8 mai 1945 étaient la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. La lutte pour l'indépendance nationale avait dès lors franchi une étape supérieure. L'agitation se développa dans les campagnes. Les événements de Sétif et de Guelma furent considérés comme le signal de la guerre de libération nationale, les attaques contre des bâtiments officiels se sont multipliées.

    La répression coloniale se déchaîna : à Sétif, à Guelma, la police, la gendarmerie, tirèrent sur la foule. Des européens organisèrent des milices et entreprirent la « chasse à l'Arabe ». À Guelma le sous-préfet créa une milice approuvée par les présidents des Anciens Combattants, de la «France combattante» et du secrétaire de l'Union locale des Syndicats.

    L'armée organisa la « guerre » contre les mechtas qui subirent de jour et de nuit des attaques sanglantes. C'était une nouvelle guerre coloniale que la France et son armée engageait contre le peuple algérien ; la marine et l'aviation furent autorisées à mitrailler les douars par le gouvernement provisoire de la France.

    Non seulement massacrés par l'armée française et les civils européens, le peuple algérien, ses masses populaires et son avant-garde nationale furent condamnés politiquement par les partis de gauche représentés dans le gouvernement provisoire et qui se réclamaient de la résistance contre l'occupant nazi et le gouvernement de Pétain. Pour les socialistes on « avait sali la grande heure de la victoire des démocraties ». Le Parti communiste dénonça dans l'Humanité la collusion des « pseudo-nationalistes et des éléments hitlériens connus » et « il faut tout de suite châtier impitoyablement et rapidement les organisateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigés l'émeute » ; et encore « Ceux qui réclament l'indépendance de l'Algérie sont des agents conscients ou inconscients d'un autre impérialisme. Nous ne voulons pas changer notre cheval borgne pour un aveugle ». Certes il y eut par la suite condamnation des excès de la répression, la réclamation d'une « justice et rien que la justice », puis plus tard celle de l'amnistie. Mais la condamnation politique restait.

    La terreur contre le peuple algérien permit au colonialisme de se maintenir jusqu'en 1962. Mais la volonté de se libérer n'était pas morte et après neuf années de préparation, la lutte de libération nationale allait reprendre en novembre 1954 et aboutir 8 ans plus tard à l'indépendance du peuple algérien.

    Il y eu près de 50 000 algériens massacrés, exécutions massives de populations, d'otages, de suspects sans jugement, la torture fut pratiquée à grande échelle et le viol fut utilisé comme arme de guerre. Les exactions de l’État français en Algérie constituent un « crime contre l'humanité ».

    Aujourd'hui, à Béziers notamment, Robert Ménard, maire affilié au Front National, s'attaque à la mémoire de la lutte de libération nationale menée par le peuple algérien. Il a osé débaptiser la « rue du 19 mars 1962 » (date des accords d'Évian traduits par un cessez-le-feu immédiat) pour la renommer au nom de Hélie Denoix de Saint-Marc, résistant et partisan de « l'Algérie française » ayant participé au putsch des généraux.

    Face aux nostalgiques de « l'Algérie française », nous réaffirmons le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et notre combat contre l'impérialisme !

    Nous soutenons également la lutte qui s'organise pour que l’État français reconnaisse officiellement le « crime contre l'humanité » qu'il a commis en Algérie et pour qu'une stèle en mémoire aux victimes algérienne soit érigée à Paris.


    Hommage aux martyrs de la lutte de libération nationale algérienne !

    Pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes !

    À bas l'impérialisme !

    Prolétaires et peuples opprimés de tous les pays, unissons-nous !



    8 mai 1945 : victoire contre le nazisme et massacre du peuple algérien

     

    Et puis un très intéressant article d'époque, tiré d'un journal de FTP "dissidents" et trouvé sur le site "Non au musée fasciste à Montpellier !"  :


    Journal FTP ohé partisan


    Oradour sur Glane en Algérie


    La vérité sur le drame d’Afrique du Nord

    Une censure sournoise et une presse bien sage: voilà pourquoi si peu de gens ont une idée précise des événements qui ont ensanglanté l’Algérie.


    La situation

    Les populations d’Afrique du Nord n’ont jamais connu les « bienfaits de la colonisation ».

    La richesse des gros colons, et des industriels a été faite de la sueur et du sang des esclaves coloniaux.

    Depuis la guerre, une famine effroyable a augmenté terriblement la mortalité.

    En Algérie, les deux tiers des enfants indigènes meurent avant l’âge de deux ans.

    Dans certaines régions, les Algériens ont pour toute nourriture 120 grammes de grain par jour.

    Des milliers d’Arabes vivent dans des loques et à peu près nus.

    Multipliez par dix les restrictions que nous connaissons ici, et par vingt la pourriture vichyssoise: vous avez la situation en Afrique du Nord.

    La colère des masses en est multipliée d’autant.


    Les partis algériens

    Par leur politique de soutien du gouvernement, les partis ouvriers français ont perdu une grande partie de leur influence.

    Les Algériens réalisent nettement que les paroles du P.S. et du P.C.F. contre les gros colons ne sont que de la démagogie.

    Il est évident que les colons ne pourraient exploiter longtemps le peuple algérien s’ils n’avaient pour les soutenir, les baïonnettes du gouvernement « démocratique » auquel participent le P.S. et le P.C.F.

    Ce sont donc les partis nationalistes algériens qui bénéficient de la confiance des masses populaires.

    Le Parti du Peuple Algérien (P.P.A.) qu’une certaine presse hypocrite a tenté de confondre avec le P.P.F. Inutile de dire qu’il n‘y a rien de commun.

    Le chef du P.P.A., Messali Hadj, fut emprisonné sous le gouvernement de Daladier puis sous celui de Pétain et enfin sous le gouvernement actuel.

    Le deuxième parti est le « Mouvement des Amis du Manifeste », de Ferhat Abbas.

    Devant la poussée des masses laborieuses, la bourgeoisie ne pouvait freiner le mouvement par des appels au calme de chefs ouvriers traîtres (à la mode de chez nous), ces derniers n’ayant plus de crédit en Algérie.

    Pour briser les reins au mouvement d’émancipation, elle prépara une monstrueuse provocation.

    La préparation du massacre fut l’œuvre des colons fascistes et de l’administration algérienne (cela, toute la presse de gauche l’a reconnu en France.)

    Mais la complicité du gouvernement (sur laquelle la presse se tait) ressort des faits qui suivent.


    Oradour sur Glane en Algérie


    Le drame

    Le 8 mai, le drame éclate à Sétif. Une manifestation indigène avait lieu. Une foule de plusieurs milliers de Nord-Africains défilent avec des banderoles : « Vive l’Algérie Indépendante » ! « Libérez Messali Hadj » !

    La police intervient. La foule refuse de retirer les mots d’ordre. Un commissaire de police sort son revolver et tire sur les manifestants. Plusieurs s’écroulent ; la foule se disperse. Alors, un groupe d’indigènes parcourt la ville en tuant un certain nombre de personnes.

    En tout, 102 morts, d’après les chiffres officiels.

    Le prétexte est fourni à une répression sauvage et l’État français se garde bien naturellement d’inquiéter les fomentateurs de la provocation.

    Au contraire, la répression est organisée contre la population indigène.

    Les Versaillais ont fait des petits !

    La loi martiale est décrétée à Sétif. Il est interdit aux indigènes de sortir de chez eux s’ils ne sont pas munis d’un brassard spécial indiquant qu’ils se rendent au travail.

    Tout musulman vu sans brassard est tué sans avertissement.

    En pleine ville de Sétif, dans un square, un gamin qui cueillait des fleurs est tué par un sergent.

    Dans la région de Sétif, la répression est faite par la Légion étrangère et les Sénégalais qui massacrent, violent, pillent les demeures des indigènes et incendient.

    La marine dépêche le Duguay-Trouin de Bône. Il bombarde les environs de Kerrata. M. Tillon a demandé aux ouvriers de travailler à construire une forte aviation. Fort bien, les fascistes algériens savent utiliser cette aviation pour semer la mort dans les villages indigènes. Elle bombarde et mitraille toute la région au Nord de Sétif qui est aujourd’hui partiellement un désert (presse démocrate d’Algérie).


    Contre le centenaire de l'Algérie française


    Le massacre atteint son comble.

    À Guelma. La presse pétainiste a fait du beau travail et suscité une véritable folie raciste dans la population européenne, à telle point que la répression est dirigée par des éléments de la France combattante et même du Parti communiste local !

    Le 11 et le 12 mai, selon l’aveu du sous-préfet Achiary, les officiers français font fusiller 300 (trois cent) jeunes musulmans (6 à 800 selon d’autres témoignages)… Les voila bien les officiers vichystes (qui ne demandaient qu’à se racheter) !

    Partout le carnage continue, et à Taher, à la sortie d’une conférence faite par M. Lestrade-Carbonel, préfet de Constantine, plusieurs vichystes notoires peuvent dire : « c’est un jour de victoire pour nous ! ». En effet.

    En France, les gardes civiques du peuple n’existent plus, mais en Afrique du Nord la réaction constitue une « Garde civique » à elle, dans laquelle ce sont les anciens membres du S.O.I. de Darnand qui occupent les principaux postes de commandement.

    Des militants communistes qui s’étaient élevés contre la tuerie sont frappés par des naphtalineux. Certains militants disparaissent même mystérieusement.

    A Djidjelli, les 9, 10 et 11 mai, l’armée pille les quartiers indigènes.

    La fédération des syndicats confédérés proteste et demande à être reçue par le préfet qui refuse en répondant à la manière de Gœring : « L’armée fait son devoir ! »


    La manœuvre classique

    Bien entendu, la réaction essaie de brouiller les cartes selon le procédé classique. Elle déclare que c’est la main de l’Allemagne qui est derrière tout cela.

    C’est là un procédé qui prend avec les niais qui oublient que c’est le Capital qui a fait Hitler et non Hitler qui a fait le capitalisme.

    A la mairie de Douera, lors d’une réunion des maires du Sahel, un certain M. Dromigny applaudit le nom du général De Gaulle, puis fait une diatribe contre la « propagande allemande »… et enfin réclame le maintien de la loi martiale et de la répression contre les indigènes.

    Or ce M. Dromigny était, avant guerre, le représentant en Algérie du fasciste Dorgères I


    Oradour sur Glane en Algérie


    Bilan de la répression

    « Quelques centaines de victimes ».

    C’est faux!

    Alors M. Tixier-Stulpnagel lâche du lest…

    « Douze cents Algériens tués ». C’est faux!

    Les culottes de peau chargées de la répression avouent huit mille morts !

    Le consul américain d’Alger déclare 35.000 victimes indigènes.

    « L’ordre règne en Algérie » !

    Sur les Champs-Élysées, la foule applaudit les SS de la Légion en képi blanc.

    (Ce sont de vrais soldats, ma chère).

    Comme tout devient clair dans le « problème allemand »…

    Et là-bas dans les ruines d’un village, un vieil Arabe parle à ses enfants du « peuple des seigneurs ».

    Nous ressentons une grande honte en songeant à cela, nous qui avons lutté pendant quatre ans contre l’oppression.

    Non ! camarades algériens, nous ne voulons pas être complices du gouvernement bourgeois et de ses tueurs !

    Vive la lutte du peuple algérien pour son indépendance !

    Prolétaires de tous les pays, unissez- vous !


                    Vuillemin.

     


    votre commentaire
  • Tournée hexagonale de soutien à la Guerre populaire en Inde

    L’Inde est présentée par les gouvernements et les médias comme, à la fois, un modèle de démocratie et de croissance économique. De la vente de Rafales à la réception en grande pompe du Premier ministre indien Narendra Modi en avril à Paris, tout est bon pour resserrer les liens politiques, économiques et militaires entre l’État indien et l’impérialisme français. Néanmoins, la réalité est toute autre. Le système de castes issu du féodalisme perdure ; la destruction de villages entiers avec les projets miniers ou hydro-électriques se multiplient ; la misère dans les villes s’accroît, le développement industriel se fait au prix d’une exploitation de plus en plus dure, etc.

    Face à cette situation, le Peuple indien s’organise et résiste. À partir des années 1960, les maoïstes indiens ont commencé à organiser les paysans sans terre, les ouvriers, les castes inférieures, les femmes opprimées, etc. On les appelle les "naxalites" du nom de la révolte emblématique du 3 mars 1967 à Naxalbari, un village du Bengale Occidental. Dans les campagnes, des centaines de milliers de personnes vivent, combattent et construisent une nouvelle société dans les zones libérées par la Guerre populaire dirigée par les naxalites. Au programme, distribution de la terre aux paysans, mise en place de coopératives, éducation et santé accessibles à tous, lutte pour l’égalité femmes-hommes, système de gouvernement et de justice aux mains du peuple. Les naxalites nous montrent par l’expérience concrète qu’il est possible de changer la société.

    C’est parce que ce mouvement est pas, peu ou mal connu en France que nous organisons une tournée de soutien à la révolution en Inde, pour mieux apprendre à connaître la situation dans ce pays et voir quelles leçons nous pouvons en tirer. Cela sera aussi l’occasion d’organiser une collecte de solidarité avec les prisonniers de la Guerre populaire qui subissent par milliers l’arbitraire et la torture dans les prisons indiennes.

    Avec J. Adarshini, secrétaire adjointe du Secours Rouge International, traductrice du film "Red Ant Dream" ("Le rêve des Fourmis Rouges") et du livre "Dans le sillage de Naxalbari", de retour d’un voyage en Inde.

    Mardi 19 mai 2015
    Toulouse
    à 19h30 au CASC - 10bis rue du Colonel Driant - Métro Empalot ou Saint Michel (Ligne B)
    L’évènement Facebook : ICI

    Mercredi 20 mai 2015
    Nantes
    à 18h30 au local B17 - 17 rue Paul Bellamy (au fond de la cour à gauche) - Trame 50 Otages
    Garde d’enfants assurée
    L’évènement Facebook : ICI

    Jeudi 21 mai 2015
    Rennes/Roazhon
    à 19h au bar - tavarn 1675 - 44 rue Legraverend
    Co-organisé avec la gauche indépendantiste (Breizhistance)
    L’évènement Facebook : ICI

    Samedi 30 mai 2015
    Paris
    à 15h au local de l’ACTIT (Association Culturelle des Travailleurs Immigrés de Turquie) - 54 rue D’Hauteville - métro Château d’eau
    Garde d’enfants assurée
    L’évènement Facebook : ICI

    Tournée hexagonale de soutien à la Guerre populaire en Inde


    votre commentaire

  • Ce 1er Mai 2015, dans un contexte de crise générale du capitalisme qui va chaque jour en s'aggravant, de montée permanente des agressions antisociales et impérialistes contre les Peuples ainsi que du fascisme et de l’État policier, cela a pour le moins castagné dans pas mal d'endroits où les classes populaires ont montré leur magnifique combattivité :

    En Colombie

    Revue de presse - début mai 2015

    Au Chili

    Revue de presse - début mai 2015Revue de presse - début mai 2015

    En Turquie (mais c'est "de coutume" là-bas...)

    Revue de presse - début mai 2015

    À Montréal au Québec

    Revue de presse - début mai 2015Revue de presse - début mai 2015

    À Milan (Lombardie, État italien) où la contestation vise aussi (surtout) l'Exposition universelle qui s'ouvrait le même jour, avec sa flopée de mesures antipopulaires dans la veine de la Coupe du Monde et des futurs JO au Brésil etc.

    Revue de presse - début mai 2015

    En Corée du Sud

    Revue de presse - début mai 2015

    À Paris aussi il y a eu quelques échauffourées... suite à des agressions de la LDJ et du Betar contre des manifestant-e-s portant des signes de soutien à la Palestine. Comme l'été dernier, ces attaques ont ensuite été "retournées" par la presse en "pogrom antisémite" de la part des agressé-e-s (!) : http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2015/05/02/attaques-de-la-ldj-le-1er-mai-communique-de-generation-palestine-paris/
    http://www.afapb.org/recit-dun-1er-mai-sous-le-signe-de-la-repression-policiere/

    Ces accusations ont même été reprises par... le Front National, qui n'était jusque-là pas spécialement connu (on devine facilement pourquoi...) pour utiliser l'argument de l'"antisémitisme" contre ses adversaires politiques suite à une agression sionarde suivie d'envolées victimaires, laissant plutôt cela à ce qu'il appelle communément l'"UMPS"... Désormais "dédiabolisé", voilà qu'il semble s'y mettre - sur Paris en tout cas, l'ultra-droite sioniste n'étant pas vraiment un acteur significatif ailleurs mais "comptant" non-négligeablement sur la capitale où elle a déjà travaillé avec les Identitaires, fourni ses "gros bras" à la droite étudiante (UNI, Corpos diverses) lors de grèves etc. etc. [d'une manière plus générale, ce n'est pas tant que l'électorat sioniste et plus largement juif soit d'une telle "importance" (d'où l'on glisserait vite à "influence" et à des raisonnements fétides) que le Front se "l'arracherait" avec les autres partis : c'est plus prosaïquement que lui "tendre la main" attire ou en tout cas ne fait pas fuir l'électeur blanc-européen-Revue de presse - début mai 2015chrétien-"de souche", alors que "tendre la main" au "musulman racaille-de-banlieue" (comme le préconise Soral) est beaucoup plus problématique...].

    Voilà une nouvelle démonstration, s'il en fallait, que le fascisme du 21e siècle en fRance consistera en ce que le FN et l'UMP, le PS et autres "gardiens du temple républicain" de plus en plus FNisés pourrissent dans le même jus de haine ouverte et de guerre "sécuritaire" contre les classes/quartiers populaires et la gauche progressiste ou révolutionnaire militante ; un discours qui peut mobiliser sur beaucoup d'angles d'attaque mais on imagine aisément, dans un pays ayant connu l'occupation nazie et ses atrocités, la force mobilisatrice que peut revêtir une accusation d'être le dernier repaire de l'hydre antisémite (dont l'extrême-droite serait quant à elle exempte et immaculée...) - ce fameux "concept" développé dans les années 2000 par des Taguieff, Finkielkraut, Cukierman et une foultitude d'autres... et que relaie allègrement toute une pseudo "extrême-gauche" généralement anti-léniniste mais aussi (y compris) prétendument "maoïste" [cette "extrême-gauche" reconnaît pour sa part la dangerosité et la nocivité du FN, mais fait immédiatement son deuxième "grand démon" de l'"antisémitisme de gauche et des banlieues" et ignore complètement le durcissement réactionnaire et la fascisation rampante finkielkrautienne de la bourgeoisie "républicaine" (celle qui se définit ainsi par opposition au Front National et autres "extrêmes") - il est vrai que ce durcissement ne se fait pas tellement sur la base de l'antisémitisme, d'où - peut-être - cette indulgence, mais plutôt sur le thème de "l'islam est-il vraiment compatible avec la République ?" ou encore de l'"insécurité" nouveau nom des "classes dangereuses"...].

    Un contexte d'offensive traduit par exemple (rien n'ayant "rien à voir" dans une compréhension matérialiste des choses) par l'hallucinante et hystérique offensive virtuelle de cette même "extrême-gauche" qu'a suscitée un excellent-comme-d'habitude article des camarades de Quartiers Libres (dans la même veine que l'un des nôtres publié il y a quelque temps), dont le tort était de leur balancer à la face quatre vérités qui (comme toutes les vérités) font mal, à savoir 1°/ qu'ils ne sont que des représentants de "la suprématie blanche de gauche qui a peur parce qu'elle voit qu'elle a perdu son hégémonie culturelle sur les quartiers populaires il y a très longtemps, qu'elle n'arrive pas à se reconnecter avec eux et qu'on le lui fait savoir" (pour reprendre mot pour mot l'excellent commentaire d'un intervenant), 2°/ qu'ils ne sont que des serviteurs idiots mais utiles de cette mobilisation réactionnaire "philosémite" finkielkrau-taguieffienne contre les quartiers populaires et le militantisme anticapitaliste et anti-impérialiste conséquent (mobilisation à laquelle, on l'a vu, même le FN n'hésite plus à se joindre), 3°/ qu'ils ne sont pas des "anti-confusionnistes" mais une autre variété de confusionnisme, un confusionnisme "rouge-bleu" qui n'est pas dérangé par les crimes et l'apartheid sionistes, le néoconservatisme et l'impérialisme tendance "atlantiste" là où l'antisémitisme, les régimes réactionnaires et antipopulaires du bloc "anti-occidental" Russie-Chine-Iran-et-compagnie, les délires de Thierry Meyssan et de la "Dieudosphère" ne dérangent pas leurs alter égos "rouges-bruns", 4°/ que ce n'est pas parce que Quartiers Libres a publié des dizaines d'articles contre la "galaxie" Dieudonné-Soral-Chouard & co qu'il fallait croire que c'était leurs potes, et qu'ils faisaient allégeance à cette merde confusionniste-là contre l'autre (certains n'ayant cependant jamais considéré QL comme des "potes", mais les ayant au contraire toujours "attendu au tournant" pour les "dégommer" au premier faux pas comme ils le disent désormais explicitement - quel état d'esprit admirable !).

    En réalité, le problème de ces "chasseurs de confusionnistes" tellement indignés que l'on puisse balancer 4 vérités à la gueule de leur magistère intellectuel c'est qu'ils ne sont pas là pour lutter contre le confusionnisme ; en d'autres mots ils ne sont pas là pour lutter contre les idées fausses, "pourries", "puantes" ou tout ce que l'on voudra, ce qui pourrait être fait très simplement en y opposant des idées justes, en apportant de bonnes réponses et analyses aux questions soulevées (cf. l'affaire de l'opération anti-Collon à Lille en 2013) : non, ils sont là pour défendre leur conception du monde qui ne vaut guère mieux (qui n'est en dernière analyse que l'aile extrême-gauche de l'idéologie républicarde francouille universaleuse) et imposer celle-ci par le terrorisme intellectuel en faisant taire les bonnes questions auxquelles les "confusionnistes" apportent de mauvaises réponses.

    Tout ceci ne voulant bien sûr pas dire qu'il n'y a pas de "ménage" à faire ni de positionnements à clarifier, dans tous les milieux (ML "stal" comme maoïste, trotskyste comme libertaire, "anti-impérialiste", "pro-palestinien", "militants des quartiers" etc.), sur la question de l'antisémitisme... mais pas seulement (pourquoi seulement ?) : racisme façon paternaliste/"c'est-à-toi-d'accepter-nos-valeurs-et-nos-vérités", sexisme et homophobie, mépris des vraies classes populaires auxquelles la militance appartient encore trop peu souvent, etc. etc. ; les problématiques abondent et l'indignation sélective, très peu pour nous ! Il ne s'agit pas non plus de nier la force mobilisatrice que peut conserver l'antisémitisme, fut-il dilué/insinué dans un discours plus large contre les "élites mondialisées" ou la "finance sans visage", au service d'un repli chauvin de la frange la plus agressive du Capital (un discours de "bon" capitalisme qui serait "bien d'chez nous") ; pas plus que le caractère réactionnaire (y compris meurtrier) et l'influence nocive sur le prolétariat d'idéologies telles que le salafisme takfiri ou la mixture Dieudonné-Soral, qui placent quant à elles ouvertement l'antisémitisme au cœur de leur discours ; mais sans qu'il soit question non plus de voir dans ces idéologies la menace principale pour le Peuple et les progressistes, menace principale qui demeure le durcissement réactionnaire, antipopulaire et répressif des grands partis du Capital (la FNisation de la droite et la droitisation du PS...) et une extrême-droite fascisante axée sur la "défense du monde blanc" (et non sur des alliances "tiers-mondistes" contre le "grand-méchant"-sionisme, qui peut au contraire tout à fait être un allié face aux remous dudit "tiers-monde" - autre exemple ici).

    Et on ne peut clairement pas prétendre à un semblant de sérieux et affirmer que Quartiers Libres, dont on pourra si l'on veut (ce n'est pas notre cas mais admettons...) critiquer la "maladresse" ou l'"imprécision" dans l'article en cause, n'a pas passé les 4 dernières années à pourfendre l'antisémitisme, le conspirationnisme et autres "confusionnismes" comme l'"anticapitalisme/anti-impérialisme des imbéciles" qu'ils sont ; et ceci devant des quartiers populaires supposément "foyers" de ces affreuses abominations... quartiers où les "chasseurs de conspis/confusionnistes/antisémites/rouges-bruns" ne mettent jamais les pieds* !

    Revue de presse - début mai 2015

    Sinon, à part cela et la Fête de Jeanne d'Arc du FN (quelques milliers de participant-e-s) marquée par le happening de trois "Femen" aux seins nus (ce qui fait totalement partie du "plan de com'" du fascisme : réduire ses adversaires à de telles provocations pathétiques), à laquelle a curieusement semblé se résumer ce 1er Mai 2015 dans la plupart des grands médias, plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé dans tout l'Hexagone pour les droits des travailleurs - malgré une météo généralement peu clémente...

    Et pendant ce temps-là, en Israël, la violence raciste (qu'on aurait tort de croire limitée aux Palestiniens) frappe et pousse à la révolte les Juifs falashas originaires d’Éthiopie, présents depuis un transfert de population organisé avec le tyran social-fasciste Mengistu dans les années 1970-80 [il y a également d'autres communautés africaines en Israël, mais non-juives : ce sont principalement des Sud-Soudanais (pays dont Israël a soutenu la lutte d'indépendance et qui se retrouve maintenant dans une guerre des clans pour le pouvoir) et des Érythréens, qui fuient leur pays depuis que le pseudo-"maoïste" Afeworki s'est transformé en despote à la Mugabe et en a fait une immense caserne à ciel ouvert (enfin bon c'est ce que disent les médias occidentaux, lire ici et ici pour peut-être relativiser un peu) ; ces immigrants avaient subi des violences pogromistes notamment en 2012]. On parle déjà ici et là d'"Intifada noire" ou de "Baltimore israélien" :

    http://www.neverwalkalone.info/les-ethiopiens-disrael-menacent-dune-intifada-noire/

    http://www.etatdexception.net/baltimore-cest-ici-les-ethiopiens-israeliens-protestent-a-jerusalem-contre-la-brutalite-policiere/

    Revue de presse - début mai 2015


    * Le plus attaqué dans l'article de QL a été la question de l'antisémitisme "de gauche" (et de sa prétendue "négation"). Mais le problème (ce que QL n'a peut-être pas suffisamment saisi et explicité), c'est que l'antisémitisme "de gauche" cela veut tout dire et rien dire... parce que "de gauche" veut tout dire et rien dire ! C'est quand même un sacré coup de mou dans l'analyse politique que d'employer de telles catégories, aussi floues, sur un sujet aussi grave !

    C'est quoi une personne "de gauche" ? Un marxiste, un marxisant ? Dans ce cas un "marxiste" antisémite va à l'encontre de la sentence définitive d'August Bebel : "socialisme des imbéciles" ; ainsi qu'à l'encontre de milliers de héros et de martyrs de la cause du communisme... qui étaient tout simplement juifs, sans oublier les millions de victimes d'un des pires crimes contre l'humanité de tous les temps. Il s'auto-exclut donc automatiquement de ce champ politique. Un anarchiste, un "anarchisant" ? Il va alors à l'encontre des combats de Mirbeau et d'autres encore au moment de l'affaire Dreyfus, ainsi que de milliers de héros et de martyrs anarchistes qui étaient également juifs. Il s'auto-exclut donc pareillement. Si "de gauche" signifie un corpus clair de valeurs progressistes, l'antisémitisme n'en fait pas partie quand bien même il aurait une dimension "anticapitaliste" (ce n'est pas que l'antisémitisme est différent du racisme : c'est que tous les racismes sont différents les uns des autres et ont leurs caractéristiques, et l'une caractéristique de l'antisémitisme est celle-là). Une personne l'utilisant dans son raisonnement ne peut donc pas être "de gauche", quand bien même elle l'aurait été précédemment.

    L'antisémitisme de gauche "ça existe" "parce que Proudhon" ? Proudhon défendait la petite entreprise individuelle "librement fédérée" sans État qui vient casser les pieds, ce qu'aujourd'hui aux États-Unis on appellerait un libertarien ; assaisonné d'une dose de nostalgie des corporations de métiers abolies par Le Chapelier en 1791. Cela fait tout de même un moment que le caractère "de gauche" d'une telle vision est sérieusement questionné... y compris dans les milieux anarchistes eux-mêmes. Idem pour le "socialisme" fouriériste d'un Toussenel, avec son célèbre "Les Juifs rois de l'époque".

    Si par contre "de gauche" signifie se proclamer tel (ou "anticapitaliste" ou quoi que ce soit dans le genre), "je me proclame donc je suis" tel Étienne Chouard... ou Manuel Valls ; à ce moment là oui : il y a "à gauche" des racistes en mode plus ou moins paternalistes, des impérialistes et des colonialistes, des patriarcaux, des homophobes, des "trousseurs de domestiques" (DSK), des moqueurs de "sans-dents" (un certain François H.), des pro-nucléaire, des pro-corrida... alors pourquoi pas des antisémites ? N'importe qui de nos jours peut (hélas) se proclamer "de gauche" sans en partager les plus basiques valeurs, qui sont celles du mouvement socialiste/communiste du prolétariat et de ses presque 170 ans d'histoire consciente et pour soi, de luttes et d'héroïsme (avant ces 170 années, "la gauche" avait également une autre signification politique et être antisémite "de gauche" - au même titre que raciste ou violemment misogyne, sans même parler d'homophobe - n'avait effectivement rien d'invraisemblable).

     


    votre commentaire
  • 6 mois après Ferguson dans le Missouri (centre du pays), c'est à Baltimore (Maryland, Côte Est) que la mort d'un jeune homme aux mains de la police raciste du Capital a provoqué une explosion de colère populaire des colonisé-e-s intérieur-e-s afro-descendant-e-s - la ville est à présent en état de siège.

    Sur le site d'Alain Bertho :


    Nous vous invitons à lire et/ou relire nos publications à l'époque de l'"affaire" de Ferguson :

    Revue de presse : aux States comme en Hexagone, les classes populaires ne veulent plus être tirées comme des lapins

    Revue de presse - août 2014 : des rives du Tigre à celles du Missouri (deuxième partie)

    "La question noire est réellement le secret de l'impuissance du prolétariat aux États-Unis comme pouvait l'être (lorsque Marx employa le terme) la question irlandaise en Grande-Bretagne, comme l'a été et peut encore l'être la question méridionale si brillamment traitée par Gramsci en Italie... et comme le sont clairement le jacobino-républicanisme, l'Empire colonial hier et le néocolonialisme (Françafrique) ainsi que le colonialisme intérieur ("question indigène") aujourd'hui dans "notre" État français. Ceci s'expose en quelques mots : il ne peut pas y avoir de révolution socialiste dès lors qu'une partie des classes populaires se définit comme "petite-bourgeoise" vis-à-vis d'une autre, et/ou plus largement "fait bloc" avec la bourgeoisie, son État et son idéologie contre un "autre" plus ou moins défini - "ennemi"/"barbare" extérieur ou beaucoup plus souvent intérieur ; et ce n'est pas quelque chose de "binaire" (groupe social A vs groupe social B) mais plutôt en "couches superposées" (ou en cercles concentriques) et en cascade, la "couche" immédiatement au contact d'une autre étant souvent la plus haineuse envers celle-ci tandis que les couches supérieures de l'édifice se permettent plus volontiers le paternalisme ou même carrément de jouer les "chevaliers blancs" défenseurs de l'opprimé ("antiracisme" paternaliste bourgeois et "cohésion sociale")." 

    Nouvelle insurrection de la colonie intérieure afro-américaine à Baltimore

    Voir aussi ce documentaire sur la lutte héroïque des Black Panthers :

    Documentaire : The Black Panthers - All Power to the People (Lee Lew-Lee, 1996)

    Aux dernières nouvelles, parmi les centaines d'arrestations se trouvent plusieurs militant-e-s du Comité de Coordination des Étudiants révolutionnaires (SRCC, communiste) : https://revolutionarystudents.wordpress.com/2015/04/30/pack-the-court-rooms-defend-rscc-comrades-against-police-repression/

    Nouvelle insurrection de la colonie intérieure afro-américaine à Baltimore


    votre commentaire
  • Communiqué de la Red de Blogs Comunistas (Réseau de Blogs Communistes, RBC) pour le 1er Mai, "jour en lequel les ouvriers de tous les pays célèbrent leur éveil à une vie avec conscience de classe"

    Camarades ouvriers ! S'approche le Premier Mai, jour en lequel les ouvriers de tous les pays célèbrent leur éveil à une vie avec conscience de classe, leur solidarité dans la lutte contre toute violence et toute oppression de l'homme par l'homme, dans la lutte pour libérer des millions de travailleurs de la faim, de la misère et de l'humiliation. Deux mondes se dressent face à face dans cette grandiose lutte : le monde du Capital et celui du Travail, le monde de l'exploitation et de l'esclavage et celui de la liberté et de la fraternité”.

    Communiqué du 1er Mai de la Red de Blogs Comunistas (Réseau de Blogs Communistes - RBC)

    Nous avons voulu ouvrir cet appel à la lutte en ce 1er Mai, jour international des travailleurs, par une citation du camarade Lénine tirée de son Manifeste pour le Comité central et l'Organe central du POSDR de 1904. Nous le faisons parce que la classe ouvrière d'aujourd'hui semble avoir oublié ce qu'est le 1er Mai, pourquoi il fut proclamé par l'Union soviétique comme journée de grève générale, et quelles sont ses origines et des objectifs.

    Depuis 1890, le 1er Mai est célébré comme journée de lutte par tous les travailleurs conscients de la planète en hommage tant aux Martyrs de Chicago en 1886 qu'aux héros d'Octobre 1917, et en réalité en l'honneur et à la gloire de tous ceux qui ont lutté en de multiples occasions, y compris au sacrifice de leur vie, pour conquérir ce monde sans exploitation de l'homme par l'homme qui est le phare et le point de mire de tous les communistes.

    Nous vivons en des temps où le capitalisme montre chaque jour plus ouvertement son véritable visage de barbarie criminelle contre la classe des travailleurs et les Peuples de la planète. Son caractère nécessairement impérialiste fait que les agressions contre les Peuples qui veulent rester souverains est brutale, que ce soit sous la forme d'ingérences couvertes dans les affaires internes des pays ou sous celle d'interventions armées directes avec leur lot de massacres, de sang et de destruction de forces productives créées et accumulées depuis 5 siècles, par leur machine de guerre en particulier l'OTAN.

    De même nous assistons à une période d'offensive du Capital contre le Travail, de reculs permanents dans les droits, portés par l'euphorie du triomphe apparent de la loi du marché sur celles de l'égalité et de la solidarité - les deux prérequis nécessaires pour que chaque personne puisse jouir pleinement de la véritable liberté.

    Prise sous le bombardement idéologique et le contrôle absolu des médias de communication et d'information capitalistes, la classe ouvrière qui en majorité assume inconsciemment la culture et l'idéologie bourgeoises est en plein processus de reddition et de soumission à la classe qui l'exploite, désorganisée et manquant cruellement d'un Parti d'avant-garde qui la dirige et lui donne espoir dans la lutte pour son émancipation sociale. 

    Communiqué du 1er Mai de la Red de Blogs Comunistas (Réseau de Blogs Communistes - RBC)C'est pour cela que nous croyons nécessaires de repasser à la contre-offensive, de cesser de reculer et commencer à unir nos forces par-delà les dogmatismes et les personnalismes hélas si courants dans le mouvement communiste international (MCI) d'aujourd'hui, particulièrement dans le monde virtuel où l'organisation, la discipline et l'auto-dépassement en tant que personne comme en tant que Parti afin de nous convertir en de meilleurs révolutionnaires laisse beaucoup à désirer ; beaucoup dans le MCI ayant en définitive jeté aux oubliettes leur mission de renverser la barbarie capitaliste par la révolution.

    Transformer de l'avant-garde révolutionnaire pour qu'elle remplisse son obligation d'agir comme telle, commencer à gagner les masses travailleuses pour qu'elles retrouvent la dignité combattante qui les conduisit à conquérir tant de droits tout au long de l'histoire, telles sont nos tâches, comme nous l'avons dit, par-delà les dogmes, les opportunismes, les sigles et les questions d'égo. 

    Au-delà de la lutte au niveau de notre État, il est indispensable d'affirmer une coordination croissante de la classe ouvrière internationale. L'impérialisme sanguinaire se combat par l'internationalisme ; la barbarie capitaliste par l'organisation communiste ; l'exploitation par la révolution ouvrière. Nous affrontons le Capital, la classe bourgeoise, le fascisme impérialiste avec toutes nos forces et par tous nos moyens car, comme l'écrivait Marx dans le Manifeste communiste, mots dont le Réseau de Blogs Communistes a fait sa devise : “Les communistes n'ont pas à garder couvertes leurs intentions. Ils déclarent ouvertement que leurs objectifs ne peuvent être atteints qu'en reversant par la violence l'ordre social existant”.

    Revenant, pour terminer, sur les paroles de Lénine, nous ne devons pas oublier et nous avons l'obligation de faire comprendre aux travailleurs que Seul le prolétariat conscient et organisé pourra conquérir pour le Peuple la véritable liberté, et non une liberté factice. Seule le prolétariat conscient et organisé pourra tenir en échec toute tentative de tromper le Peuple, de tronquer ses droits, d'en faire un pur instrument entre les mains de la bourgeoisie”.


    POUR UN 1er MAI DE LUTTE ET DE RÉSISTANCE !

    POUR L’UNITÉ D'ACTION DU MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL DANS LA VOIE DE LA RÉVOLUTION !

    POUR LA CONTRE-OFFENSIVE COMMUNISTE FACE À LA BARBARIE CAPITALISTE, POUR LA CONQUÊTE DU SOCIALISME  !

    VIVE LE 1er MAI RÉVOLUTIONNAIRE  !


    L'original en castillan


    La RBC s'est également jointe à la Déclaration maoïste que nous avons précédemment publiée, et que voici sur son site en castillan.

    Communiqué du 1er Mai de la Red de Blogs Comunistas (Réseau de Blogs Communistes - RBC)


    votre commentaire

  • Un Premier Mai rouge et internationaliste !

     

    Crises, guerres, répression, oppression, chômage, pauvreté !

    Prolétaires et peuples opprimés, unissons-nous et prenons le futur entre nos mains !


    Vive… la Révolution !

     

    L'impérialisme continue à traverser une profonde crise économique et à la faire supporter aux prolétaires et aux peuples du monde. Ils parlent de relance mais la seule chose qui se relance est la ruée vers les profits, les richesses et les armes.

    Pour les prolétaires, les paysans pauvres et les autres couches du peuple dans tous les pays du monde, au contraire, nous voyons le chômage, des lois du travail augmentant la précarité, l'exploitation et l'esclavage, la misère, le pillage des matières premières et des ressources énergétiques, la dévastation de l'environnement et des territoires.

    Aujourd’hui, la jeunesse sans travail constitue la majorité malgré un meilleur niveau d’instruction et de culture.

    Les nouvelles technologies sont utilisées pour faire plus de profit, pour intensifier l'exploitation, la direction despotique et le contrôle sur le travail et pour augmenter la puissance destructrice des armes.

    Contre cette situation, les prolétaires et les masses se soulèvent dans les pays impérialistes aussi bien que dans les pays opprimés par l'impérialisme. Les prolétaires et les masses ne peuvent accepter des conditions de vie et de travail toujours pires, une vie de souffrance sans aucun espoir ni futur, et ils haïssent de plus en plus leurs oppresseurs et harceleurs.

    Dans les pays opprimés, les travailleurs, les paysans et les jeunes descendent régulièrement dans la rue, bravant la sévère répression pour contrer les attaques contre leurs conditions de vie ; la paysannerie, force principale de la Révolution de Nouvelle Démocratie, résiste à la politique réactionnaire de déplacement et d'anéantissement visant les paysans et poursuit ses luttes pour la terre contre les anciennes et « nouvelles » formes de domination semi-féodale, base de la domination impérialiste.

    Dans les pays impérialistes, les soulèvements de la jeunesse et des immigrés de Ferguson à Stockholm jusqu'aux banlieues de Paris, la généralisation des luttes des travailleurs, se heurtent souvent à l'appareil répressif de l’État.

    Tout cela montre que la révolution, en tant que tendance et nécessité, émerge de plus en plus et s'affronte à la réactionnarisation et à la fascisation des États et gouvernements.

    Partout, dans les luttes et les guerres populaires, le rôle de premier plan des femmes progresse pour mettre fin à la haineuse oppression de classe et de genre qui remplit les rues du monde de viols, de féminicides, et pour exiger une révolution amenant une réelle libération.

    Dans le but de prévenir et faire face à la révolte du peuple, les impérialistes, leurs États, leurs gouvernements de droite ou de fausse “gauche”, répondent par une répression féroce, des massacres, des persécutions ; avec la démagogie et la tromperie. Ils établissent des États policiers qui effacent les libertés politiques, sociales et individuelles dans une vaine tentative de stopper la vague populaire et l'organisation révolutionnaire des masses.

    Ils emploient aussi la séduction de la farce électorale du réformisme, des sociaux-démocrates et des révisionnistes dans le but de contenir la rage des masses à l'intérieur de leur système réactionnaire.

    Ces forces entretiennent l'illusion qu'un quelconque gouvernement « populiste » puisse surmonter les ravages produits par la crise ; notamment en Grèce, la plus haute expression de la crise en Europe, des forces de la nouvelle social-démocratie comme SYRIZA sont arrivées au pouvoir comme dernier recours, mais ne sont pas capables de s'opposer aux diktats du capital européen ni aux banques, ni de répondre aux besoins ou aux luttes des masses.

    Aussi, si le service rendu à l'impérialisme par ce type de fausses forces de gauche, qui fourvoient les masses reste un obstacle, dans beaucoup de pays les masses répondent avec l'intensification de la lutte des classes et par l'intensification de l'abstention et du boycott massifs.

    En Ukraine et dans l'Europe de l'Est, des forces réactionnaires, même néo-nazies, avancent soutenues par les États-Unis, l'Union Européenne et l'OTAN dans le cadre d'une confrontation inter-impérialiste avec la Russie de Poutine.

    Les masses combattent justement contre le fascisme et l'impérialisme occidental, mais elles ont besoin d'une vraie direction communiste pour ne pas être des pions de l'expansionnisme de la Russie impérialiste.

    La révolte des prolétaires et des masses exige un changement radical. Le seul moyen pour y arriver est de renverser, les armes à la main, les classes dominantes, et d'établir une nouvelle société libre de l'exploitation, de l'oppression et de l'impérialisme.

    Avec la crise, les contradictions inter-impérialistes s'aiguisent et la tendance à une nouvelle guerre de repartage du monde devient de plus en plus insistante - bien que la contradiction entre impérialisme et peuples et nations opprimées demeure la contradiction principale dans le monde - la révolution reste la tendance principale et est incarnée par la potentielle nouvelle vague d'une révolution prolétarienne mondiale.

    Pour pouvoir devenir des révolutions de nouvelle démocratie victorieuses, marchant vers le socialisme dans les pays opprimés, et des révolutions socialistes et prolétariennes marchant vers le communisme dans les pays impérialistes, la révolte des masses a besoin d'un authentique parti communiste révolutionnaire dans chaque pays, d'un front uni des masses opprimées et exploitées dirigé par le prolétariat et d'une armée populaire révolutionnaire.

    Là où les masses n'ont pas ces instruments, leurs luttes fortes et héroïques sont vaincues et/ou finissent par être la proie des forces réactionnaires, toujours liées au système impérialiste, qui ne peuvent les libérer de leurs chaînes sociales, politiques et économiques.

    Au nom de la guerre contre le terrorisme, l'impérialisme déclenche des guerres et la terreur. C'est lui le véritable terroriste, le monstre que nous devons combattre et vaincre.

    Qu'est ce qui est pire, dans le monde, que l'impérialisme ?

    L'impérialisme, en particulier celui des États-Unis, continue sa politique de guerre, d'invasion et d’agression en Irak, en Afghanistan et encourage les guerres en Syrie, en Lybie, au Yémen et à travers le Moyen-Orient et l'Asie de l'Ouest. Les impérialistes répondent aux révoltes populaires dans les pays arabes en installant au pouvoir des forces qui continuent la politique des vieux tyrans et régimes, comme en Égypte, en connivence et en alliance avec le gendarme sioniste, Israël, et avec les autres régimes réactionnaires de la région, de la Turquie à l'Iran, l'Arabie Saoudite.

    Dans ces guerres et interventions, ils arment les forces réactionnaires et féodales qui se retournent ensuite contre eux, en apportant la guerre à l'intérieur des pays impérialistes eux-mêmes avec des attaques féroces qui ébranlent la sécurité et la force de ces États, dans lesquels se trouvent des masses et des parties des immigrés rebelles qui détestent l'impérialisme.

    Là où ces interventions directes se sont déroulées, l'impérialisme continue à appliquer la politique du Conflit de Basse Intensité (CBI) avec des agents et des intrigues pour monter les masses contre les masses, pour dévier de leur cible les luttes des peuples opprimés de leur ennemi principal, dans le but de diviser le front uni anti-impérialiste, comme maintenant en Syrie en opposant masses arabes et kurdes.

    Là où l’État Islamique avance, les masses ripostent et résistent, comme les masses kurdes, avec un rôle dirigeant des femmes, au premier rang au Rojava, à Kobané. Mais c'est seulement en combattant avec une guerre populaire, pas seulement l'EI mais aussi l'impérialisme et les régimes réactionnaires de la région, que les masses peuvent se libérer elles-mêmes de l'oppression sociale et nationale.

    La bourgeoisie et ses intellectuels sophistiqués, dans les citadelles impérialistes comme dans les centres de culture dans les pays opprimés par l'impérialisme, chantent l’oraison funèbre de la classe ouvrière et de son idéologie puissamment établie par Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao ; mais à chaque coin du monde nous sommes témoins d'une grande reprise des luttes ouvrières, de classe et combattives, qui font trembler les citadelles du Capital, même en Chine, aussi bien que dans tous les pays avec un développement allégué du capital, les prétendus pays émergents.

    Dans le système impérialiste, les grands pays, comme le Brésil, la Turquie, etc, sont traversés par de fortes luttes ouvrières et populaires, et montrent comment l'essor économique de ces pays sous le règne de l'impérialisme en fait des “géants aux pieds d'argile” et la terre de la révolution.

    Il n'y a pas d'endroit dans le monde où l'on ne voit pas les tensions et la lutte des classes s'aiguiser.

    Dans ce cadre, c'est la Guerre Populaire, dirigée par les partis Marxiste-Léniniste-Maoïstes, qui est la seule référence stratégique de la lutte de libération.

    « La Guerre Populaire en Inde, frappant directement l'un des plus grands bastions de l'impérialisme et de la réaction dans le monde, a soulevé un grand enthousiasme parmi les masses révolutionnaires dans le monde entier et est devenue un puissant pôle internationaliste de ralliement. Aux côtés des guerres populaires aux Philippines, au Pérou, et en Turquie, elle continue à ébranler l'impérialisme et elle montre la voie à suivre pour renverser le système d'exploitation et d'oppression de l'impérialisme et les forces réactionnaires féodales et pour construire un nouveau pouvoir et une nouvelle société. »

    Les communistes Marxiste-Léniniste-Maoïstes doivent construire et renforcer les Partis Communistes pour accomplir leurs tâches de direction et de développement, débarrasser leurs rangs des tendances capitulationnistes et révisionnistes, comme le prachandisme au Népal, l'avakianisme aux États-Unis, la LOD (Ligne Opportuniste de Droite) dans toutes ses formes au Pérou, etc., sans tomber, dans le même temps, dans le révolutionnarisme petit-bourgeois stérile et le dogmatisme.

    La construction de partis communistes doit prendre place dans le feu de la lutte de classe en lien étroit avec les masses, en rapport avec la lutte révolutionnaire pour le pouvoir.

    Ce Premier Mai 2015 nous appelle à lever haut et fort le drapeau rouge du communisme et de la révolution dans chaque manifestation, dans chaque lutte anti-impérialiste dans le monde, en amenant et renouvelant avec force le slogan : “Prolétaires et peuples opprimés de tous les pays unissons-nous !”

    Unissons-nous pour stopper les guerres impérialistes et réactionnaires, pour écraser l'impérialisme et la réaction à travers le monde !

    Saluons les martyrs du peuple et de la révolution, soutenons la lutte et la libération des prisonniers politiques communistes et révolutionnaires à travers le monde !

    Apportons un internationalisme prolétarien authentique dans la direction des luttes prolétariennes, dans les luttes des peuples pour créer les conditions et avancer vers une organisation internationale des communistes !

    Soutenons les guerres populaires jusqu'à la victoire !

    Prenons le futur du communisme entre nos mains !


    Signataires :

    Parti Communiste d'Inde (Maoïste)
    Parti Communiste Maoïste de Manipur
    Ligue Révolutionnaire Maoïste - Sri Lanka
    Front Culturel Intellectuel Révolutionnaire - Népal
    Voix des Travailleurs - Malaisie
    Parti Communiste de Turquie/Marxiste-Léniniste
    Mouvement Communiste Maoïste - Tunisie
    Parti Communiste d'Afghanistan (Maoïste)
    Collectif maoïste iranien
    Parti Communiste Maoïste - Italie
    Bloc Rouge (Unification des Maoïstes) - France
    Servir Le Peuple - Sheisau Sorelh - Occitanie - État français
    Comité de Construction d'un Parti Communiste Maoïste de Galice - État espagnol
    Longue Marche vers le Communisme - Espagne
    Comités pour la Fondation d'un Parti Communiste (maoïste) - Autriche
    Comité de Construction d'un Parti Marxiste-Léniniste-Maoïste - Allemagne
    Democracy and Class Struggle - État britannique
    Great Unrest Groupe WSRP - Pays de Galles, État britannique
    Revolutionary Praxis - Royaume-Uni
    Mouvement Communiste de Serbie
    Servir Le Peuple - Ligue Communiste de Norvège
    Parti Communiste du Brésil Fraction Rouge - PCB (FR)
    Parti Communiste d’Équateur Soleil Rouge - PCE (SR)
    Parti Communiste du Chili Fraction Rouge (
    PCCh - FR)
    Mouvement Populaire Pérou (Comité pour la Réorganisation) - MPP (CR)
    Parti Communiste Révolutionnaire (PCR-RCP) - Canada
    Nouveau Parti Communiste - Comité de Liaison - États-Unis
    Groupe Communiste Maoïste - États-Unis

    Déclaration internationale maoïste pour le 1er Mai


    votre commentaire

  • Il est difficile, pour ne pas dire impossible à un État moderne (c'est-à-dire capitaliste, produit et au service de l'accumulation du Capital) de naître sans perpétrer ce que la bourgeoisie mondiale qualifie elle-même, depuis 1945, sous le vocable de "crimes contre l'humanité".

    Tous les pays d'Europe, au même titre que les colonies européennes établies sur les autres continents à partir de 1492, ont connu cela. Tout simplement parce qu'un État/Empire moderne, produit et au service du capitalisme, consiste en dernière analyse en une extension perpétuelle du marché/base d'accumulation comme condition de la REPRODUCTION DU CAPITAL, transformant les territoires et leurs populations en forces productives/force de travail vouées à cette reproduction... et "balayant" sans pitié tout ce qui leur apparaît (à tort ou à raison) comme un "obstacle", qu'il s'agisse d'éléments du milieu naturel... ou de personnes et même d'entières communautés humaines.

    Depuis le début du 20e siècle, cette impossibilité est encore plus totale et de surcroît, va de pair avec l'impossibilité de constituer un État économiquement indépendant des puissances capitalistes-impérialistes déjà "installées". Vers 1900 le vieil Empire ottoman était l'un de ces derniers États au monde qualifiables de "non-modernes", non-fondé sur une idéologie "nationale" d’État mais sur l'allégeance de territoires (vilayets, beyliks, pachaliks) et de communautés ethno-religieuses (milliyets) à un souverain sur une ligne théocratique (celui-ci étant en même temps le "Commandeur des Croyants" - le "Pape" de l'islam en quelque sorte - et le "protecteur" des autres confessions), sans véritable pouvoir politique et économique central etc. ; bien qu'une tendance "modernisatrice" s'y soit affirmée au cours du siècle précédent avec notamment la Constitution de 1876 (mais tout ceci déjà dans un contexte de soumission semi-coloniale toujours grandissante aux puissances impérialistes européennes, à la fois "inspiré" par et "en réaction" à celles-ci).

    Pour "entrer dans la modernité" sous l'égide des "Jeunes-Turcs" (Comité Union et Progrès, parti moderniste de la bourgeoisie turque), il "devait" donc forcément brandir une idéologie "nationale"-étatique fanatique et commettre de grands crimes de masse pour "balayer" les "obstacles" sur cette voie ; dans un contexte de conflit avec la Russie et les puissances européennes qui cherchaient à le dépecer en s'appuyant sur les populations chrétiennes ; et en se plaçant (impossibilité d'un État bourgeois réellement indépendant au 20e siècle) sous le "parrainage" de l'impérialisme allemand.

    Le règne modernisateur des "Jeunes-Turcs" débute donc en 1908, sous des auspices plutôt libérales mais très vite, deux tendances se dessinent dans le Comité : les fédéralistes, qui souhaitent un Empire fédéral et multiculturel afin d’assurer le ralliement des minorités à la citoyenneté ottomane, cherchant leur inspiration du côté de l'Autriche-Hongrie par exemple (une "double monarchie" est un temps envisagée avec la partie arabe de l'Empire), et les unionistes qui veulent quant à eux un empire centralisé et unitaire et regardent plutôt vers le "modèle"... jacobino-bonapartiste français (quelle surprise !!), ou encore la façon (plus monarchiste) dont l'Italie s'est constituée une unité "nationale" à partir de 8 entités préexistantes. Les guerres balkaniques de 1912-13, qui se concluent par la perte (très largement pilotée par la Russie "mère des orthodoxes") de toute la partie européenne de l'Empire à l'exception de la petite région d'Andrinople (Edirne), achève de mettre les fédéralistes sur la sellette ; et l'assassinat du Grand Vizir Mahmoud Chevket, le 21 juin 1913, marque leur défaite définitive et le triomphe des unionistes qui mettent alors en place, sous la direction du triumvirat Talaat-Enver-Djemal, leur politique de répression féroce des minorités nationales.

    La guerre éclate en 1914, l'Empire ottoman s'engageant naturellement aux côtés de l'Allemagne... et la Russie menaçant ses frontières orientales avec son armée tout en appuyant ouvertement les revendications et les groupes nationalistes des Arméniens chrétiens qui se voient ainsi très rapidement, par-dessus le marché de l'idéologie unificatrice déjà au pouvoir, considérés comme une "cinquième colonne" ennemie.

    C'est ainsi qu'entre 1915 et le début des années 1920 périront un million et demi d'Arménien-ne-s, mais aussi des centaines de milliers de chrétiens "assyro-chaldéens" ou de Grecs (la Grèce entre à son tour en guerre en 1916, et la termine en se voyant attribuer d'énormes territoires qui lui seront repris par Kemal), sans oublier la répression de la révolte arabe appuyée par les Anglais.

    Par la suite, amputé de ce qui est aujourd'hui le Machrek arabe et réduit (après tout de même une contre-offensive menant au Traité de Lausanne) à ce qui constitue son territoire actuel (Anatolie et un petit bout de Thrace en Europe), l’État turc sera dirigé par le kémalisme dans un prolongement total de l'idéologie "jeune-turque" (sous couvert d'une "condamnation" de principe de la politique des années 1910, et d'un modernisme laïciste encore plus affirmé) : le même cocktail de modernisme bourgeois (ne débouchant cependant sur aucune révolution anti-féodale réelle : "révolution" bourgeoise inachevée) et de chauvinisme grand-turquiste qui conduira à l'oppression féroce de toute minorité nationale (non-turque) et religieuse (non-"sunnilaïque") et à de nouveaux massacres en se tournant notamment contre les anciens "partenaires" kurdes (qui se soulèvent dès 1924 avec Cheikh Saïd... à l'époque sur une ligne conservatrice religieuse et anti-républicaine) ; tandis qu'après une période de "neutralité" affichée ("neutralité"... à forts penchants pro-nazis jusqu'en 1945) le régime trouvera sa place comme "pièce maîtresse" dans le dispositif du "monde libre" face à l'URSS et au nationalisme arabe, dans le contexte de la Guerre froide.

    Mais quoi qu'il en soit, inachevée et "dépendante" de l'impérialisme ou pas, c'est bien une révolution bourgeoise qui a eu lieu en Turquie entre la prise de pouvoir des Jeunes-Turcs en 1908 et le règne de Mustafa Kemal Atatürk (1920-38), période dans laquelle s'inscrivent le génocide arménien et les autres massacres ("Assyriens", Grecs, Dersim)... et n'en déplaise aux tenants d'un certain marxisme "primitif" et mal digéré (à la limite du positivisme), une révolution bourgeoise est par essence À LA FOIS anti-féodale et CRIMINELLEMENT ANTIPOPULAIRE - comme en témoignent les massacres et autres lois "anti-vagabonds", enclosures et evictions de la "longue révolution" britannique (1640-~1840) au même titre que les violences et les résistances qui ont jalonné la "longue révolution" hexagonale de 1789 jusqu'à la répression des Communes en 1871 (violences et résistances évoquées par exemple ici concernant la Bretagne, ou montrées par cette carte des rébellions populaires contre les forces de l'"ordre" au 19e siècle).

    La seule différence étant que dans le cas turc (au 20e siècle, très tard, trop tard...) l'aspect anti-féodal aura été par nature tronqué, limité à la superstructure (abolition du sultanat qui était en même temps le califat, "papauté" des musulmans ; sécularisation de la société etc.) sans toucher réellement à la semi-féodalité comme rapport social et de production (grande propriété agraire dans les campagnes, métayers payant un "loyer" exorbitant à leurs propriétaires etc. etc.) ; et l'aspect antipopulaire n'en sera que d'autant plus prédominant et ne pourra déboucher (surtout à l'ère de la révolution prolétarienne à l'ordre du jour) que sur une forme de gouvernement directement et profondément fasciste. Pour autant, ces massacres visant à transformer les résidus d'un Empire multinational/multiculturel en État-"nation" uniformisé n'auront nullement été une quelconque "résistance" à la "modernité" et à ses "Lumières" (Talaat Pacha était franc-maçon...), comme le sous-entendent bon nombre d'analyses marxistes en insistant sur ce caractère incomplet de la lutte anti-féodale, mais bien au contraire les affres de la pleine entrée dans cette "modernité" capitaliste en question (comprendre par là que pour avoir été plus "radicaux" dans la dé-féodalisation, les États capitalistes occidentaux - France, Royaume-Uni, USA etc., sans même parler de l'ultra-moderne Allemagne nazie - n'en auront pas été moins exterminateurs, comme beaucoup de Peuples peuvent hélas en témoigner...). Une "modernité" qui comme nous l'avons déjà dit plus haut, pour "triompher" c'est-à-dire donner à la bourgeoisie une véritable base d'accumulation et de reproduction de son Capital, doit obligatoirement commettre des crimes de masse pour "balayer" ce que ladite bourgeoisie juge être "en travers de son chemin". Et une "modernité" capitaliste qui, à présent qu'elle a pleinement rempli son rôle historique de "sortir l'humanité de la préhistoire", doit à son tour être balayée dans le fracas de la Guerre du Peuple pour ouvrir la voie à l'avenir communiste !

    Bien sûr, en conséquence de ce qui vient d'être dit, la condamnation du génocide arménien par les puissances impérialistes occidentales suinte l'hypocrisie par tous les pores : non seulement (en dehors de la propagande de guerre sur le moment même) elle a été extrêmement tardive, pas avant les années 1980 (auparavant il ne fallait surtout pas froisser l'allié kémaliste, essentiel comme on l'a dit dans le cadre de la Guerre froide !), mais elle émane d’États qui devraient déjà commencer par balayer devant leur propre porte de crimes coloniaux et impérialistes en tout genre (s'attirant en ce sens les répliques bien senties d'Ankara...) et fait au demeurant comme si le massacre des Arméniens était "tombé du ciel" dans un monde idyllique et n’avait aucun lien avec la Première Guerre mondiale impérialiste... déchaînement de violence et de barbarie sans précédent pour le partage des colonies et des zones d’influence, dont ces États sont bien sûr les premiers responsables devant l'Histoire !

    Il n'en reste pas moins que ce crime contre l'humanité a été le baptême de sang d'un État moderne particulièrement réactionnaire et fasciste (pouvoir du haut-commandement militaire, etc.) et d'une Prison des Peuples (y compris pour le Peuple turc lui-même !). Tous ces évènements sanglants, massacres et nettoyages ethniques du sultanat tardif (1876-1908), de l'ère jeune-turque (1908-1918) et des débuts de la République kémaliste (années 1920), dont le génocide arménien est en quelque sorte le "clou", sont en effet absolument FONDAMENTAUX pour comprendre l'identité même de l’État-"nation" turc actuel et les questions dont il sait qu'elles signifient sa fin : la réalité, en effet, est que dans cette "nation" de 80 millions de personnes les "Vrais Turcs" ne sont en réalité qu'une petite minorité (l'article Wikipédia sur les Turcs en tant qu'ethnie ne fait ainsi état que de... 27 millions en Turquie, ce qui ferait un tiers seulement de la population) [tiens tiens... depuis que nous avons mis ce lien, les chiffres ont été modifiés sur la base... du CIA World Factbook (!!) qui donne 70-75% des "Turcs" soit dans les 60-65 millions], et que l'immense majorité sont des populations turquisées et/ou "sunnisées" DE FORCE (bien plus nombreuses encore, en fait, à l'époque, que les massacré-e-s ou expulsé-e-s : lire ici et ici) [ces populations comptant sans doute pour beaucoup dans ce qu'on appelle parfois les "Turcs noirs", ruraux d'Anatolie réputés "arriérés" par opposition aux "Turcs blancs" d'Égée-Marmara aisés-éduqués et "modernes" Turcs-Noirs-Turcs-Blancs de-quoi-les-beyaz-turk-sont-ils-le-nom, généralement descendants des élites (souvent d'origine caucasienne ou balkanique islamisée-turquisée) de l'Empire ottoman final ; en revanche il est vrai que cette identité "turque noire" s'exprime rarement à travers des positions politiques de gauche et anti-national-étatistes, bien au contraire...] ; que des millions de personnes le savent (tou-te-s les Kurdes, déjà...) et des millions d'autres pourraient sans difficulté le découvrir ; et donc que ceci explique pourquoi l’État fasciste ne peut "rien lâcher" sur ces questions, notamment face aux Kurdes ou aux Alévis (religion plus ou moins reliée au chiisme et que des millions d'Arméniens ou de Grecs chrétiens rescapés des massacres auraient rejointe), car cela signifierait sa FIN en tant que construction politico-militaire et idéologique (patriotisme et roman national érigés au rang de véritable religion...) au service de l'impérialisme dans la région – autrement dit, la RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE ; une chute qui serait un Jour de Libération pour les 80 millions d'hommes et de femmes qui le peuplent et un tremblement de terre pour l'ordre capitaliste-impérialiste dans toute la région et même dans le monde entier.

    Un jour qui VIENDRA, bien sûr... Des milliers de camarades y œuvrent jour après jour au péril de leur vie, suivant notamment la voie tracée par l'une des plus lumineuses pensées communistes du siècle dernier : celle d'Ibrahim Kaypakkaya.

    Voici l'article que nous lui avions consacré il y a deux ans :


    Honneur communiste à Ibrahim Kaypakkaya, assassiné il y a 40 ans par l’État fasciste turc


    [Nous y faisions d'ailleurs - notamment - remarquer qu'après avoir semblé dans un premier temps amorcer une certaine libéralisation de l’État (surtout sur le plan de la négation des nationalités), une réduction du rôle de l'institution militaire (Conseil de Sécurité Nationale) face aux élus civils et un "désalignement" vis-à-vis de l'Occident et d'Israël (refus de servir de base pour l'invasion de l'Irak en 2003, un incident portant même presque au bord de l'affrontement militaire, soutien ouvert au "parti frère" Hamas en Palestine), l'AKP au pouvoir depuis 2002 a finalement été happé à son tour dans la fuite en avant autoritaire et répressive (lire aussi ici au sujet du "mouvement de Taksim" de 2013) indissociable de la crise générale terminale du capitalisme, surtout dans la région proche- et moyen-orientale où celle-ci aiguise particulièrement toutes les contradictions (il suffit de voir la Syrie), et a en fin de compte (en quelque sorte) "refondu" l'idéologie étatique turque dans un sens moins "laïc intégriste" et plus "ouvert" à l'islam sunnite, religion de la majorité de la population... et surtout de toute une nouvelle bourgeoisie - petite, moyenne voire grande - de l'intérieur du pays (chose très nette sur les cartes électorales), "turque noire" comme on la qualifie parfois par opposition aux "Turcs blancs" de l'élite occidentalisée kémaliste, qui a connu au cours des dernières décennies un développement économique fulgurant ("tigres anatoliens") et peuplé la capitale économique Istanbul à la faveur de l'exode rural (Erdoğan devenant maire de la ville dès 1994), produit des militaires (y compris hauts gradés) contrecarrant les menaces latentes de coup d’État de l'aile "dure" laïciste [les services secrets, le MİT, sont ainsi réputés totalement sous contrôle de l'AKP qui a interdit en 2012 toute poursuite judiciaire contre eux, et n'ont subi aucune purge après le coup d’État "güleniste" - "islamiste" modéré pro-occidental et kémaliste "turco-islamique" de droite - de 2016], et imposé ainsi l'hégémonie intellectuelle d'une sorte de "kémalisme islamisé" (assez semblable finalement... à l'ultra-nationalisme d'extrême-droite "pantouranien" du MHP, qui multiplie d'ailleurs ces derniers temps les déclarations d'amour envers le parti au pouvoir) ; phagocytant de fait la base sociale de la "droite kémalo-libérale" özalo-demirelienne (totalement disparue des écrans radar...) qui avait dominé la vie politique entre 1974 et 1996 (faisant entrer le pays dans l'ère du "néolibéralisme" entre deux coups d’État militaires sanglants...) tout en maintenant une ligne géopolitique "ottomaniste" de puissance régionale, tournée économiquement et diplomatiquement vers le voisinage oriental quitte à entrer en conflit avec l'Occident ("idéologie Vallée des Loups") ; ce qui associé (donc) au tournant autoritaire-répressif de ces dernières années, fait finalement ressembler le régime... à celui d'"Union et Progrès" ! En forme de récap' ici : qu-est-ce-que-l-akp]

    [Et un autre enseignement fondamental du camarade Ibrahim... rejoignant ce que nous avons expliqué précédemment, c'est que "les Turcs" n'existant en fait pas vraiment, les "vrais" Turcs étant une minorité des 80 millions d'habitant-e-s de l’État et le reste une pseudo-identité "nationale" étatique construite par et pour la contre-révolution, pour cette raison précise une lutte nationale qui prendrait le chemin du chauvinisme "anti-turc" (PKK des années 1980-90), sans même parler d'un "autonomisme qui démocratiserait l’État" masquant en réalité l'idée d'une Nation kurde apportant la "lumière démocratique" à des "Turcs" (et des Arabes) à "l'obéissance servile" (PKK actuel ), est vouée par nature à l'échec ; à ne faire que renforcer en réaction le ciment pseudo-"national" "turc" contre-révolutionnaire, et à ne trouver de réel débouché politique qu'au service d'un impérialisme ou d'un autre cherchant à contrer la "Turquie" dans une perspective géopolitique (déjà l'URSS dans les années 1980, et la Russie comme l'Occident aujourd'hui).

    A contrario, ce que nous enseigne (donc) Kaypakkaya est que la question nationale kurde comme TOUTE revendication démocratique de quelque nationalité que ce soit n'a de véritable solution possible que dans la RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE ANTI-IMPÉRIALISTE de tout l’État turc et (très vraisemblablement) de toute la région proche-orientale (mais bien sûr pas au sens où l'entend le PKK actuel, dont la conception de toute façon vaseuse oscille en mode "grand écart" entre une vague autonomie négociée avec les États en place, et une promesse messianique de "révolution confédéraliste démocratique régionale abolissant l’État-nation et l'autoritarisme"... conçue en réalité comme un Empire kurde !). Telle est la ligne que nous défendons.]

    Rien ne sert de larmoyer et de "commémorer", surtout aux côtés d'impérialistes hypocrites qui tentent de faire oublier non seulement leurs propres crimes, mais même leur propre responsabilité dans la situation terreau du génocide : le Pouvoir est dans l'action, et la Victoire est au bout du fusil !

    Le jour où l’État fasciste turc tombera, les atroces assassinats du camarade Ibo et de tant d'autres révolutionnaires comme du million et demi d'Arménien-ne-s génocidé-e-s seront vengés à tout jamais... et LE MONDE ENTIER TREMBLERA !!!


    Il y a 100 ans, l’État fasciste turc naissait dans le sang des Arménien-ne-s... Demain, dans le sentier de KAYPAKKAYA, il périra sous les baïonnettes de la Justice des Peuples !Il y a 100 ans, l’État fasciste turc naissait dans le sang des Arménien-ne-s... Demain, dans le sentier de KAYPAKKAYA, il périra sous les baïonnettes de la Justice des Peuples !

    Il y a 100 ans, l’État fasciste turc naissait dans le sang des Arménien-ne-s... Demain, dans le sentier de KAYPAKKAYA, il périra sous les baïonnettes de la Justice des Peuples !

    Il y a 100 ans, l’État fasciste turc naissait dans le sang des Arménien-ne-s... Demain, dans le sentier de KAYPAKKAYA, il périra sous les baïonnettes de la Justice des Peuples !


    Hommage a Ibrahim Kaypakkaya par Socialisme44


    [Sur la Turquie actuelle et ses contradictions, lire aussi (l'article date un peu - 2010 - et certaines choses ont pu changer sensiblement, comme les alliances géopolitiques par exemple, mais l'article consacré au camarade Kaypakkaya  - en lien plus haut - a aussi été l'occasion d'un "point" plus actualisé) : Turquie, Iran, Kurdistan, Israël : qu'en est-il ?]

    À lire aussi absolument, l'œuvre de référence de Kaypakkaya sur le sujet, traduite par nos soins :


    Réflexion à posteriori (avril 2021) :

    "Le 24 avril 1915 débutait le génocide arménien.

    Rappel toujours utile, à l'heure où le discours dominant a tendance (confortablement il faut dire) à mettre le génocide sur le dos de "l'islam" :

    "Les Jeunes-Turcs ont eu au départ une politique libérale, ils avaient pour but d’instaurer un État réformé et multiethnique. Puis, pendant la révolution, les unionistes (homologues des Jacobins français) et les fédéralistes se disputèrent le pays. Les fédéralistes voulaient un empire fédéral afin d’assurer le ralliement des minorités à la citoyenneté ottomane. Les unionistes voulaient quant à eux un empire centralisé et unitaire.

    Les fédéralistes libéraux sont accusés par la population d'avoir bradé l'empire après la défaite des deux guerres balkaniques. L'assassinat du grand vizir Mahmoud Chevket, le 21 juin 1913, marque la défaite définitive des fédéralistes.

    Les unionistes gagnent en légitimité et se font les gardiens d’une structure unitaire de l’Empire. Le pouvoir passe à un triumvirat constitué par Talaat, Djemal et Enver. Un nationalisme strict est alors mis en place, une répression accrue frappe alors les « minorités » (majoritaires dans de nombreuses provinces), et le triumvirat conduit l'Empire ottoman déclinant à commettre plusieurs massacres et un génocide."

    [En réalité, les réformateurs décentralistes/fédéralistes étaient en tout cas à partir de 1911 un autre parti, le Parti de la Liberté et de l'Accord https://en.wikipedia.org/wiki/Freedom and Accord Party qui après des élections truquées "remportées" par Union et Progrès, a mené un premier coup de force en 1912 https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup d'État ottoman de 1912

    Auquel les "jacobins" CUP répondront par un autre coup d'État en janvier 1913. De là sortira le gouvernement Chevket, assassiné quelques mois plus tard par un "vengeur" des victimes du coup d'État, et de là ce sera le pouvoir total du triumvirat Talaat-Enver-Cemal.

    J'en profite pour dire que je suis en total désaccord avec cette analyse du DHKP-C que je viens de lire (et dans laquelle concrètement je reconnais, au regard du prestige de cette organisation dans les années 90-2000, l'influence sur les analyses selon moi totalement erronées de l'extrême gauche européenne sur les questions anatoliennes...) : http://lesmaterialistes.com/dhkpc-fascisme-en-turquie

    Pour moi, définitivement sur les positions de Kaypakkaya, c'est EXACTEMENT L'INVERSE qui est la réalité : le kémalisme est l'héritier direct de l'unionisme et du triumvirat, et, au-delà d'avoir eu raison de conjurer le dépeçage impérialiste total du pays en 1920, la PRINCIPALE force réactionnaire, profondément fasciste de la politique bourgeoise turque. 

    Il est le représentant central de la bourgeoisie "beyaz" ("turque blanche") de la région des Détroits, ou rapatriée des Balkans après les guerres, profondément européanisée/occidentalisée.

    Les partis de type "démocrate" (Menderes) ou "Juste Voie" (Demirel) étaient au contraires les héritiers des fameux "libéraux fédéralistes", ottomanistes, représentants d'une partie de l'élite "beyaz" stambouliote mais tournée vers et appuyée sur les notables de la Turquie anatolienne, moyen-orientale, "noire" ("kara") ; mais bien sûr, à cette époque, devenue largement inféodée au national-unitarisme triomphant beyaz-kémaliste, pour mieux contrôler les masses anatoliennes et leur potentiel tropisme asiatique et anti-occidental (rappelons que ça a longtemps été le camp politique de la grande majorité des Kurdes, le leader politique Özal étant lui-même de cette origine... les Alévis du Dersim apportant quant à eux par contre, en dépit du massacre dont ils ont été victimes de sa part en 1938, leur soutien au kémalisme).

    Des forces bourgeoises, réactionnaires comme tout ce qui est bourgeois, mais voilà... pas le "cœur" du fascisme turc.

    Aujourd'hui l'électorat de ces courants s'est pratiquement totalement "transféré" à l'AKP d'Erdogan, qui a ressuscité l'idéal ottomaniste et les références positives à l'islamité nationale ; mais dont, hélas, la politique plus "libérale" en direction des nationalités a rapidement tourné court (face notamment à l'irruption d'un nouvel acteur, lié à l'origine au nationalisme kurde non-islamique du PKK : le HDP qui capte désormais une bonne partie de l'électorat kurde, ainsi qu'alévi et même l'aile la plus "à gauche", "jeune dynamique et connectée" des métropoles beyaz d'Égée-Détroits traditionnellement kémalistes).]"


    2 commentaires
  • ... les troupes de l'Armée populaire vietnamienne et du Front national de libération (FNL, Việt Cộng pour ses ennemis) faisaient leur entrée dans la capitale de la fantoche "République du Viêt Nam", marionnette de l'impérialisme pour écraser son propre peuple depuis près de deux décennies.

    Un certain 30 avril 1975 à Saïgon...
    La ville sera bientôt rebaptisée en l'honneur du glorieux dirigeant de la lutte de libération : Hồ Chí Minh qui, mort en 1969, n'aura hélas pas pu voir cette grande victoire de son vivant.

    Les traîtres collabos et les derniers "conseillers" impérialistes US présents (le gros des troupes ayant été retiré en 1973) s'entassent dans les hélicoptères pour déguerpir en quatrième vitesse :

    Un certain 30 avril 1975 à Saïgon...

    Depuis le départ des occupants japonais et la proclamation de l'indépendance 30 ans auparavant (septembre 1945), la lutte héroïque du Peuple vietnamien pour s'arracher aux griffes de l'impérialisme lui aura coûté entre 1 et 3 millions de martyrs (les bombes non-explosées et le sinistre agent orange tuent et handicapent encore aujourd'hui...) et valu plus de bombardements que toute l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale...

    À partir du début des années 1960, cette authentique Guerre du Peuple deviendra aussi un phare pour toute une multitude de mouvements révolutionnaires qui, sur les cinq continents, feront vaciller l'ordre capitaliste-impérialiste mondial :

    Par un beau 30 avril 1975 à Saïgon...Par un beau 30 avril 1975 à Saïgon...

    Malheureusement, la victoire finale avec la prise de Saïgon verra aussi - pour ainsi dire immédiatement - l'alignement total du pays réunifié sur l'URSS et (sur fond également de contre-révolution en Chine, qui avait été le principal soutien de la lutte jusque-là) le début de la liquidation révisionniste de la Révolution vietnamienne, culminant dans la "perestroïka" du Đổi mới (1986) : le première vague révolutionnaire mondiale, partie de Russie en 1917, était hélas entrée dans sa phase de reflux irréversible et généralisé.

    Bien que toujours dirigé par un soi-disant Parti "communiste", le Vietnam est aujourd'hui un pays tout aussi capitaliste que son grand voisin chinois (avec qui le triomphe des tendances chauvines - reines des valeurs bourgeoises - de part et d'autre entretient une solide inimitié), et un vaste atelier de sous-traitance internationale. Mais le Peuple vietnamien, fort de la mémoire et de l'expérience de ce glorieux passé, a assurément tout son rôle à jouer dans la nouvelle vague révolutionnaire qui se lève aujourd'hui partout dans le monde !

    Autres articles de SLP sur le Vietnam :

    Il y a 60 ans, Điện Biên Phủ

    Honneur internationaliste à Võ Nguyên Giáp

    Par un beau 30 avril 1975 à Saïgon...


    votre commentaire
  • Lu sur Cameroonvoice

    Des paysans spoliés de leurs terres occupent une plantation de cette saloperie de palmier à huile appartenant à une "figure" du Grand Capital monopoliste bleu-blanc-rouge :

    Des paysans camerounais occupaient jeudi une plantation de la Société camerounaise des palmeraies (Socapalm), dont le groupe français Bolloré est l'un des actionnaires, a constaté un journaliste de l'AFP.

    La Socapalm exploite près de 26.000 hectares de terres pour la culture du palmier à huile au Cameroun. L'entreprise contrôle environ 42% du marché national d'huile de palme brute, selon des ONG.

    "Nous bloquons le travail dans la plantation de Dibombari", dans le sud du Cameroun, a affirmé l'un des organisateur de la manifestation, Emmanuel Elong, assurant que l'activité était paralysée jeudi.

    "Nous demandons (aux responsables de la Socapalm) de rétrocéder aux riverains les terres que l'Etat leur a rétrocédées", a-t-il ajouté.

    Cameroun: des paysans occupent une plantation de Bolloré pour dénoncer l'accaparement de leurs terresSelon M. Elong, le mouvement va se poursuivre jusqu'à samedi à Dibombari, et s'étendre à d'autres plantations de la Socapalm à travers le pays.

    Présents sur place, des responsables de Socapalm ont refusé de s'exprimer devant la presse.

    L'entreprise Socapalm est une filiale de Socfin, une holding luxembourgeoise dont le capital est détenu à 39% par Bolloré, et qui possède des plantations de palmiers à huile et d'hévéas dans plusieurs pays africains ainsi qu'en Indonésie et au Cambodge.

    Cette action au Cameroun est la première d'une série de manifestations que des paysans africains et asiatiques entendent mener pour protester contre l'"accaparement" de leurs terres par la holding luxembourgeoise.

    "Les paysans privés de leurs terres" ont prévu d'occuper les plantations de Socfin au Cameroun, au Liberia, au Cambodge et en Côte d'Ivoire "jusqu'aux assemblées générales des groupes Socfin (27 mai) et Bolloré (4 juin)", selon un communiqué de l'Alliance internationale des riverains des plantations Socfin Bolloré.

    L'expansion de ces plantations est "continue" depuis 2008, affirme l'Alliance des riverains, citant une hausse d'un quart des surfaces cultivées par la société en Afrique entre 2011 et 2014.

    "Ces expansions provoquent de graves conflits avec les populations riveraines qui sont privées de terres et voient leurs conditions de vie sans cesse se dégrader", dénoncent les riverains, qui ont créé l'Alliance en 2013 après avoir été mis en relation par l'ONG française ReAct.

    Le groupe Bolloré est très actif en Afrique via "Bolloré Africa Logistics", un opérateur privé de concessions présent dans 43 pays et qui emploie 22 000 salariés du continent.

    Au Cameroun, le groupe industriel contrôle en grande partie le port autonome de Douala (sud, la capitale économique du pays), les chemins de fer et des plantations de palmiers.


    Cameroun: des paysans occupent une plantation de Bolloré pour dénoncer l'accaparement de leurs terres
    Cameroun: des paysans occupent une plantation de Bolloré pour dénoncer l'accaparement de leurs terres

     


    votre commentaire