• Quelques petites nouvelles de Syrie (en "finition" de partage impérialiste-expansionniste...)


    [Un article et pas de commentaires particuliers à faire dessus, sinon que plus d'un gauchiste hexagonal ou occidental enclin aux "brillantes" analyses sur la situation en Syrie serait bien avisé de simplement lire la presse arabe avant de l'ouvrir : "sans enquête"... on connaît la suite.]

    https://www.lorientlejour.com/article/1132321/qui-est-hayat-tahrir-al-cham-dans-le-viseur-du-regime-a-idleb-.html

    L'organisation, qui constitue le principal groupe armé dans la province située à la frontière turque, a souvent changé de nom mais le noyau dur a toujours été formé par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaëda.

    Le régime syrien et son allié russe brandissent la menace d'une attaque dans la province d'Idleb, ultime grand bastion insurgé du nord-ouest de la Syrie, où les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS) sont particulièrement dans le collimateur.

    Cette organisation, qui constitue le principal groupe armé dans la province, située à la frontière turque, a souvent changé de nom mais le noyau dur a toujours été formé par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaëda. Elle a toujours été exclue des trêves et cessez-le-feu parrainés par l'ONU ou la Russie.

    Qui sont les combattants de HTS ?

    HTS s'est d'abord fait connaître sous le nom de Front al-Nosra, apparu en janvier 2012. C'est par ce nom que le pouvoir de Bachar el-Assad et son allié russe continuent de le désigner. Classé groupe "terroriste" par Washington, l'Union européenne et l'ONU, il a été un prolongement de la branche irakienne d'Al-Qaëda.

    Son chef, un Syrien qui a pris le nom de guerre d'Abou Mohammad al-Jolani, a fait ses premières armes en Irak. En 2013, le groupe a prêté allégeance à Al-Qaëda, avant d'annoncer la rupture, en juillet 2016, et de se rebaptiser Front Fateh al-Cham. Début 2017, il s'autodissout pour devenir la principale composante de HTS.

    Le groupe englobe essentiellement des jihadistes syriens. Il compterait quelque 30.000 hommes, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

    Des jihadistes "très bien organisés et rompus au combat", estime l'expert sur la Syrie, Fabrice Balanche. Selon Charles Lister, analyste au Middle East Institute, les combattants étrangers représentent "peut-être 20% de ses effectifs". Ces étrangers sont notamment originaires de Jordanie, d'Arabie saoudite, de Tunisie, d'Égypte ou encore d'Asie centrale.

    Quel pouvoir ?

    L'organisation contrôle aujourd'hui près de 60% de la province d'Idleb. Elle y a mis en place une administration civile qui collecte des droits de douane à la frontière avec la Turquie et récolte des impôts auprès des commerçants.

    L'influence "de HTS est en grande partie due au fait qu'il contrôle les flux commerciaux qui entrent et sortent d'Idleb, ce qui aide à financer le groupe et lui confère un pouvoir plus grand que sa taille", estime Nicholas Heras, chercheur au Centre for a New American Security.

    Par le passé, le groupe était présent notamment dans les environs de Damas ou dans le sud. Mais, au fur et à mesure que le régime reprenait le terrain perdu, ses combattants ont été évacués vers Idleb.

    L'organisation a été la cible de raids aériens de Moscou ou de la coalition antijihadiste emmenée par Washington. Plusieurs hauts commandants ont été tués.

    Quels rapports avec rebelles et EI ?

    Autrefois allié à d'influents groupes rebelles islamistes, à l'instar de Ahrar al-Cham ou Nourredine al-Zinki, HTS s'était engagé en 2017 dans des luttes de pouvoir, menant à des combats sanglants avec ses anciens partenaires.

    Ahrar al-Cham et Noureddine al-Zinki ont annoncé début 2018 leur fusion parrainée par la Turquie, engageant des combats contre HTS. Ils ont rallié en août quatre autres factions rebelles pour former une nouvelle coalition, le Front national de libération (FNL).

    HTS a par ailleurs multiplié ces dernières semaines les raids contre les "cellules dormantes" de son rival, le groupe État islamique (EI), qui a revendiqué assassinats et attentats à la bombe contre dirigeants et combattants de l'organisation. Les deux entités jihadistes se sont affrontées ailleurs en Syrie, notamment à Raqqa.

    En juillet 2014, le chef d'al-Nosra avait affirmé son ambition de constituer un "émirat islamique", à l'instar du "califat" proclamé un mois plus tôt par l'EI.

    Quel avenir pour HTS ?

    Le 22 août dernier, M. Jolani a réitéré la détermination du groupe à résister face à une offensive de Damas.

    La Russie réclame la dissolution de HTS. Mais la Turquie voisine, qui parraine des rebelles du nord syrien, tente de négocier une solution avec les jihadistes, pour éviter une offensive majeure qui déstabiliserait sa frontière et provoquerait l'afflux de nouveaux réfugiés vers son territoire, selon l'OSDH. Vendredi, Ankara a officiellement désigné HTS comme une organisation "terroriste".

    "Une dissolution (de HTS) sur ordre de la Turquie le priverait d'une grande partie de son pouvoir, et remplacerait le contrôle de HTS par celui de la Turquie", estime M. Heras.

    [Cet article révèle donc bien les magouilles Bashar-Poutine-Erdogan pour se partager la Syrie ; et que quoi que l'on pense de Nosra-HTS, et surtout contrairement aux idées reçues, ce groupe n'est apparemment pas si "marionnette d'Erdogan" que cela... puisque ce dernier a monté une coalition contre lui.

    Il rejoint toutes les analyses sérieuses (quasi pléonasme d'étrangères à la gauchisterie française de tout poil...), dont les nôtres, sur la situation : Bashar-Poutine (et l'Iran), Erdogan et Trump-Macron (avec leurs laquais "progressistes" rojavistes) sont en train de se partager le pays ; avec l'entité sioniste en embuscade, qui ne veut pas d'un État failli bourré de djihadistes mais encore moins d'une base iranienne géante (ce qu'il est en train de devenir).

    Une zone au Nord-Ouest est allouée à Erdogan (ce qui seul donne sens à l'abandon d'Afrin, pour donner une continuité à cette zone) ; afin qu'il y exerce son influence et surtout pour servir de "dépotoir" aux groupes rebelles vaincus ailleurs, pour pouvoir organiser des évacuations (les "bus Poutine") et non qu'ils se battent jusqu'au bout pendant des années encore. La zone d'Idleb avait cette vocation. 

    Le problème, apparemment donc, c'est que l'ex-Nosra ex-AQ n'est pas si larbin d'Erdogan que cela et plus jusqu’au-boutiste que prévu ; et ne veut pas marcher dans la combine. Ils veulent qu'Idleb reste une place forte pour continuer la guerre contre le régime, jusqu'à sa (désormais utopique) chute. 

    Erdogan monte donc une coalition autour d'Ahrar al-Sham (Front_national_de_libération_(Syrie)) pour essayer de les contrer, tout en négociant avec le régime et Poutine une offensive "limitée" qui ne serait qu'un "nettoyage" d'HTS et non une reprise pure et simple de la province. Simple !

    Il faut (il est intéressant de) noter que Nosra-HTS non plus n'est plus Al Qaïda...

    Al Qaïda répondait totalement et strictement à la même analyse que nous avons faite de Daesh, que nous avons (en vérité) d'abord faite d'Al Qaïda la-fin-de-ben-laden avant Daesh : un projet totalement supranational de "califat" comme "Empire", base d'accumulation pour que les capitaux suraccumulés du Golfe puissent s'investir et fructifier ; la seule différence étant que Daesh a dit (est né de dire) "maintenant on arrête d'en parler, on le fait !" (lire ici). 

    Nosra de son côté, avec ses effectifs essentiellement locaux, syriens, semble plutôt avoir rompu avec "la Base" sur justement un rejet de ce supranationalisme et un retour vers un nationalisme arabe/syrien religieux sunnite...] 

    Quelques petites nouvelles de Syrie (en "finition" de partage impérialiste-expansionniste...)

    MAIS mais mais attention, CECI ÉTANT... dans le contexte d'éclatante victoire du régime et de ses alliés iraniens et russes, des CONTRADICTIONS de stratégie et d'agenda commencent à apparaître nettement entre ces derniers :

    https://www.lorientlejour.com/article/1132047/la-russie-et-liran-des-allies-de-plus-en-plus-rivaux-en-syrie.html 

    La guerre d’influence bat son plein entre Moscou et Téhéran pour fructifier les dividendes de leur soutien à Assad.

    Il ne sera probablement pas militaire, mais le prochain conflit en Syrie sera une guerre d’influence et une course pour la répartition des parts du gâteau en prévision d’une éventuelle reconstruction du pays entre les deux alliés du régime de Bachar el-Assad, la Russie et l’Iran. 

    Les préparatifs de l’offensive sur Idleb, dernier grand bastion rebelle en Syrie, ont montré les divergences sur le terrain entre Moscou et Téhéran, où chacun poursuit son propre agenda. Alors que la Russie s’active à trouver un compromis avec ses partenaires, notamment turcs, en vue de ménager leurs intérêts, rien n’indique que le régime et son allié iranien, qui amassent leurs troupes en vue d’une offensive, soient enclins à attendre les résultats des négotiations entamées par Moscou. Les seconds veulent en finir avec cette province rebelle contrôlée principalement par les jihadistes de Hay’at Tahrir al-Cham (groupe dominé par l’ex-branche syrienne d’el-Qaëda, le Front al-Nosra), ainsi que par d’autres factions rebelles, alors que Moscou préconise une offensive limitée afin de ménager Ankara et ses protégés. 

    Parallèlement à cette divergence tactique, on trouve des objectifs différents entre la Russie et l’Iran en Syrie. La Russie cherche par tous les moyens à renforcer et pérenniser le régime syrien afin d’affirmer son retour triomphal sur la scène internationale. Elle a par ailleurs renforcé durablement sa présence militaire sur la côte est de la Méditerranée, avec ses bases à Tartous et Hmeimim. Pour sa part, l’Iran vise à sécuriser un couloir stratégique reliant Téhéran à Beyrouth tout en ayant en ligne de mire son ennemi juré, Israël. 

    Israël

    Or les activités de la République islamique en Syrie provoquent l’ire des Israéliens qui ont dû sévir à plusieurs reprises cette année en frappant des cibles iraniennes à travers le pays. Mercredi, le Premier ministre israélien a affirmé que « les forces de sécurité israéliennes continueront à mener avec force et détermination des actions contre les tentatives de l’Iran d’implanter ses forces et des systèmes sophistiqués d’armement en Syrie ». « Nous réagirons en Syrie avec toute notre puissance contre tout objectif iranien qui menacerait Israël, et si la défense antiaérienne de l’armée syrienne intervient contre nous, elle en paiera le prix », a renchéri le ministre israélien des Renseignements, Yisrael Katz. 

    Toute escalade entre les deux pays risque ainsi de déstabiliser le pouvoir de Bachar el-Assad. L’agenda iranien en Syrie pourrait donc contrecarrer les plans russes pour leur protégé. Sans oublier l’hostilité des monarchies arabes du Golfe contre les tentatives hégémoniques iraniennes dans la région, alors que Moscou essaie de s’affirmer comme l’interlocuteur incontournable de tous les pays de la région. 

    Et face aux pressions diplomatiques israéliennes, les Russes ont mis de l’eau dans leur vin, faisant miroiter un retrait des forces iraniennes et des milices chiites à quelque 85 km de la frontière nord de l’État hébreu. La position ambiguë de la Russie a vite poussé Téhéran à sécuriser sa présence sur le territoire syrien en signant avec Damas un accord de coopération militaire. L’accord traite de la poursuite de la « présence et de l’implication » de l’Iran en Syrie, a ainsi affirmé lundi dernier le ministre iranien de la Défense, Amir Hatami, lors d’une visite dans la capitale syrienne. « L’élément le plus important de l’accord, c’est la reconstruction des forces armées et des industries militaires de défense syriennes, pour qu’elles puissent retrouver leur pleine capacité », a-t-il ajouté.

    La signature de cet accord qui concerne à la fois la présence iranienne en Syrie ainsi que l’exécution de projets en prévision de la reconstruction semble être un pied de nez non seulement aux pays considérés comme ennemis (Israël, les Arabes et les Occidentaux), mais aussi à l’allié russe.

    Course aux accords

    Hier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, s’est rendu à Moscou pour s’entretenir avec son homologue russe et déclarer que « l’alliance entre la Syrie et la Russie contre le terrorisme va se poursuivre par un partenariat dans la période de reconstruction ». M. Moallem a mis l’accent sur une coopération sur les plans économique, culturel et social entre les deux pays.

    Cette course effrénée aux accords et aux partenariats entre Damas, d’une part, et Téhéran et Moscou, d’autre part, montre la convoitise des deux alliés qui s’attendent à tirer le plus grand profit de la victoire d’Assad, à laquelle ils ont contribué, notamment du point de vue économique, où les enjeux sont de taille. Pétrole, télécommunications, infrastructure… chacun de ces deux alliés/rivaux voudra la plus grande part du marché quand ces projets seront initiés.

    Une bataille en coulisses semble ainsi se dessiner pour savoir qui contrôlera le régime Assad dans la nouvelle Syrie postguerre.

    [Ainsi donc l'Iran, rejoignant en cela le régime ou en tout cas ses "durs" (rappelons qu'il s'agit d'un régime protéiforme et multi-courants, bourré d’États dans l’État etc.), est plutôt en faveur d'une reconquête complète du territoire tout en y installant ses bases.

    La Russie, pour sa part, veut laisser une porte de sortie aux rebelles pour éviter que le conflit ne s'éternise (ce que les Occidentaux, soit dit en passant et en toute détestation de Poutine, ne font pas avec Daesh dans le Nord-Est, mais il est vrai que l'éternisation du conflit est peut-être précisément ce qu'ils recherchent...) ; ménager Erdogan au Nord et Israël au Sud.

    On se souviendra que lors de l'offensive d'Afrin, le régime était relativement "chaud" pour intervenir et stopper Erdogan ; commençant même à dépêcher des milices paramilitaires auprès de la capitale kurde assiégée dernieres-nouvelles-efrin-19-02 ; mais manifestement, selon toute vraisemblance en tout cas, Poutine lui a "retenu la main" et a laissé l'armée turque s'emparer du district dans une logique d'"échange" contre d'autres zones rebelles que l'alliance Russie-Iran-régime s'apprêtait à "nettoyer".]


  • Commentaires

    3
    Vendredi 7 Septembre 2018 à 10:58

    Les US n'ont jamais soutenu "les djihadistes", du moins non sans un "seuil de tolérance" que petit à petit 80% de ce qu'on appelait en 2012 l'"ASL" ont dépassé... Et ce seuil de tolérance était certainement plus haut avant les attentats de Paris et d'ailleurs qu'après, et du temps d'Obama que maintenant avec Trump.

    Israël non plus n'a jamais été "derrière Daesh", ce sont les théories complotistes délirantes véhiculées par les assadistes à la Meyssan, limite pour eux Rojava ce serait pareil aussi, un "plan" de l'"Ordre Mondial", et en gros ils auraient regardé entre ça et Daesh ce qui marchait le mieux...

    Non, Israël n'est pas "derrière le djihadisme" mais a simplement tendance à considérer comme menace stratégique principale la base iranienne-Hezbollah géante, et seulement derrière le "Djihadistan", alors que les Occidentaux ont le raisonnement inverse : djihadisme menace "agressive", incontrôlable et actualo-actuelle, mais dont on peut se débarrasser assez rapidement aussi, donc on le fait ; l'Iran est un ennemi "classique", un État avec un gouvernement, des diplomates etc., donc un conflit de longue haleine façon Guerre froide.

    Il est d'autant moins surprenant qu'Israël bombarde Daesh, qu'ils ont une petite "poche" de cette organisation collée au plateau du Golan occupé et qui leur fournit le prétexte rêvé pour intervenir (appuyés sur des rebelles locaux "contrôlables", pourquoi pas les Druzes, nombreux dans la région) et établir une "zone de sécurité" au Sud de la Syrie.

    2
    Pascal
    Jeudi 6 Septembre 2018 à 18:50

    D'une façon générale, en ce moment, les alliances sont extrêmement volatiles et pas seulement dans un Orient toujours aussi compliqué: Trump a coupé les vivres à ses mercenaires djihadistes, Israël a lancé des attaques aériennes contre Daesh...

    En tout cas, il y en a qui s'inquiètent carrément :

    https://www.mondialisation.ca/la-russie-sabote-le-nouveau-plan-de-trump-contre-la-syrie/5627627

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :