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    En Seine-Saint-Denis, Zacharie, 10 ans, est mort parce que les secours ont refusé de venir le chercher en urgence dans son quartier, un de ces "territoires perdus de la République" que dénoncent à longueur de journée les "républicains" à la Finkielkraut et les fascistes à la Le Pen...

    http://www.camer.be/35237/11:1/france-zacharie--10-ans-mort-pour-etre-ne-dans-un-quartier-malfame.html

    Zacharie080814300.jpg

    Bien sûr les copains fascistes à Ménard nous expliqueront que "c'est la faute aux islamo-racailles" : http://www.bvoltaire.fr/nicolepaquot/france-zone-droit,98248... Pour ces salopards, on ne le dira jamais assez, quatre murs c'est déjà trois de trop.

    En Palestine aussi - mais dans des proportions bien supérieures - on meurt pour être né du "mauvais côté" d'une barrière socio-raciale. Mais à part ça, il y en aura toujours pour se demander pourquoi les habitant-e-s des "quartiers sensibles" se sentent tant solidaires de ce pays... ou carrément pour y répondre : par "antisémitisme" bien sûr !

     


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  • Et si plutôt que de parler de "séisme politiiiiique", on parlait plutôt de ces milliers de petites luttes et résistances qui ne font pas la Une des chaînes d'info, ni les dimanches d'élection ni les autres jours et qui construisent petit à petit, à basse intensité et pas vraiment consciemment (bien que cela change, le nombre de nos lecteurs suffit à le montrer), la GUERRE et le POUVOIR DU PEUPLE contre les agressions du capitalisme subies au quotidien ?

    À Marseille, ville que l'on peut considérer comme la plus grande zone de relégation d'Hexagone après le 9-3 (c'est pourquoi l'article est classé en "Quartiers populaires"), des prolétaires à qui l'on dresse un parcours du combattant (numéro "39-machin", prise de rendez-vous etc.) entre eux et des revenus indispensables pour vivre occupent la CAF, et ne la quitteront pas jusqu'à ce que la direction de cet organisme recule et abandonne ses plans qui visent (c'est évident) à réduire le nombre de bénéficiaires par ras-le-bol du casse-tête.

    Voilà ce qui s'appelle lutter contre le "système", au lieu de voter FN comme des cons ! Surtout lorsque l'on sait ce que le parti "anti-francosceptique" pense de ces "assistés professionnels qui vivent des allocs sans en foutre une" et de Marseille, territoire d'ores et déjà "grand-remplacé" à leurs yeux...

    Dans tout l'Hexagone, des milliers de petites résistances populaires comme celle-là fleurissent chaque jour qui passe. À Lyon, ce sont des contrôleurs qui battent en retraite devant le soulèvement des passagers, abandonnant une opération de contrôle dans un bus et la verbalisation d'une mère de famille (le grand "classique" dans cette ville, depuis que Keolis a pris le contrôle de la société de transports, est que si vous montez au même arrêt que les contrôleurs ou à l'arrêt juste avant mais tardez un peu - car chargé-e, avec des enfants etc. - les machines sont déjà bloquées et vous ne pouvez plus valider votre ticket, étant dès lors bon-ne pour l'amende... le FN, lui, prévoit évidemment la "plus grande sévérité" pour de telles "rébellions contre l'autorité publique"). Si une force (ou deux ou trois, et ensuite "que la meilleure gagne"...) venait COORDONNER toutes ces petites résistances quotidiennes et leur donner une perspective consciente et réellement antagonique (offensive et non de "réagir au coup par coup"), nous serions déjà de fait dans une étape de défensive stratégique de la Guerre du Peuple, comme en Italie dans les années 1970. C'est ce qu'avec d'autres nous essayons de construire.

    De tout cela PERSONNE NE PARLE, pas de "séisme politique" faisant la Une des médias comme 4,7 millions de voix pour le FN aux européennes (1,7 millions de moins qu'à la présidentielle il y a deux ans et dans un contexte de "carton" des forces eurosceptiques et europhobes dans toute une UE en crise existentielle : Grande-Bretagne, Danemark, Autriche, Italie, Allemagne où elles font leur apparition, Grèce et "Espagne" où ce sont des forces euro-critiques de gauche etc.) ; pourtant nous observons au quotidien cette immense vague en train de se lever. Nous ne savons pas qui sont les centaines de milliers de "likeurs" internet des vidéos de Dieudonné, Soral ou Farida Belghoul, mais ce que nous savons c'est que dans les quartiers populaires leur discours est de plus en plus battu en brèche par la frange la plus consciente de ses intérêts de prolétaires et de colonisé-e-s intérieur-e-s, alors qu'il y a 5 ans dominait encore la compréhension et l'excuse du genre "c'est la persécution sioniste qui a poussé Dieudo dans les bras du FN", etc. etc. (évidemment cela ne se traduit pas par plus de tendresse envers les sionards, crypto- ou pas, donc à leurs yeux rien n'a changé voire la situation s'est aggravée). Face à une lepénisation des esprits bientôt majoritaire si elle ne l'est déjà, un vote FN estimé à 46% chez les "ouvriers" (des études montrent cependant qu'il faut faire très attention avec cette catégorie, recouvrant des réalités sociales très différentes), ces millions d'hommes et de femmes forment une MINORITÉ SILENCIEUSE ou plutôt... RÉDUITE AU SILENCE ; mais ils et elles sont la force de l'Histoire en marche de demain !

    Source

    Communiqué des usagers en colère des CAF de Marseille

    Lundi 26 mai, les usagers en colère des caisses d’allocations familiales des Bouches-du-Rhône ont décidé d’occuper les locaux de la direction de la CAF, chemin de Gibbes dans le 14ème arrondissement.

     

    Depuis plusieurs mois maintenant, la direction de la CAF a décidé de fermer ses bureaux d’accueil public pour ne plus recevoir les allocataires que sur rendez-vous, pris par un numéro surtaxé. Plus de contact direct, c’est l’obligation de payer plusieurs dizaines d’euros de téléphone pour réussir à prendre rendez-vous et c’est surtout l’impossibilité de régler des problèmes urgents avant plusieurs semaines.

     

    Ce sont des situations dramatiques. Des centaines d’allocataires se sont fait brutalement couper leurs aides au logement ou leur RSA, et ne peuvent plus aller demander un rétablissement de leur situation.

     

    Le choix de la fermeture des accueils dans les CAF de Marseille n’est qu’un test avant un élargissement national, et nous voulons faire entendre à la direction que ce dispositif ne passera pas auprès des usagers. Nous savons que ce dispositif est une mesure d’austérité qui se met en place. Elle vise à pousser des allocataires en situation précaire et excédés par la lourdeur administrative à abandonner les aides auxquels ils ont droit. À terme, elle vise également à supprimer des postes de personnels déjà débordés et en sous effectifs.

     

    Nous refusons ce dispositif et nous occuperons la CAF jusqu’à ce que les accueils publics soient ouverts de nouveau.


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    ... ne serait-il pas PLUS QUE TEMPS pour un BLACK PANTHERS PARTY hexagonal ?


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    Il y a 30 ans arrivait à Paris la "Marche pour l’Égalité", partie 7 semaines plus tôt de Marseille. Aboutissement d'années de mobilisations (et de luttes frontales, insurrectionnelles) contre les violences policières, la relégation des quartiers-ghettos ayant succédé aux bidonvilles et le racisme STRUCTUREL fruit du caractère impérialiste (colonialiste puis néocolonialiste) de l’État français, cette "Marche" marquait la première irruption sur la scène politique des COLONIES INTÉRIEURES proprement dites : les ENFANTS de la force de travail importée massivement des anciennes colonies au cours des décennies précédentes [jusqu'au milieu du 20e siècle, l'immigration avait été principalement européenne, et après quelques vicissitudes avait fusionné dans les Peuples hexagonaux d'accueil],  né-e-s en Hexagone et voué-e-s à y rester, décidé-e-s à ne plus "raser les murs" comme leurs parents des bidonvilles et des foyers 10 ou 20 ans plus tôt, dont certain-e-s certes s'organisaient et luttaient comme avec le Mouvement marche-egalite-1983.jpgdes Travailleurs Arabes (MTA) d'inspiration maoïste, mais qui fondamentalement et pour l'immense majorité avaient gardé "leur âme au bled" [la manifestation sauvagement réprimée du 17 octobre 1961 était ainsi totalement liée à la question algérienne et organisée par le FLN, elle refusait un couvre-feu raciste imposé aux seules personnes maghrébines mais ne posait pas réellement la question de l'égalité en "France"].

    30 ans après, on connaît évidemment tous les immenses espoirs trahis et les sinistres récupérations bourgeoises de ce mouvement, dont la plus emblématique est bien sûr l'escroquerie "SOS-Racisme", officine chargée de transformer cette jeunesse "française d'origine immigrée" en piétaille électorale du Parti socialiste [les fascistes ont aujourd'hui beau jeu de vociférer que "95% des musulmans/Arabes-et-Noirs votent pour le PS" : ils feraient bien de s'estimer heureux marche-illustre-2-77280de cela, plutôt que de se voir opposer la Guerre du Peuple qu'ils méritent !] ; tandis que la ghettoïsation n'allait qu'en empirant, que s'aggravait année après année "l'état d'urgence policier permanent" sur les "quartiers", le traitement colonial métropolitain des masses populaires y vivant, dans le cadre d'une IDÉOLOGIE SÉCURITAIRE de droite comme de "gauche" (la "Bande à Bauer" etc.) devenue la colonne vertébrale de la fascisation rampante, du durcissement continuel du Léviathan étatique bourgeois face à la crise générale du capitalisme et aux résistances et autres insoumissions populaires qu'elle suscite ; en premier lieu dans ces "quartiers" ghettos à prolétaires "indigènes" ou "blancs indigénisés", ces "territoires perdus de la République" dont les médias du Capital nous rebattent les oreilles au quotidien.

    Fidèles à notre ligne sur la question, nous avons choisi de ne pas écrire d'article à ce sujet, mais de laisser la parole aux masses populaires concernées. En effet, notre condition de Peuple (occitan) conquis et périphérisé par la formation de l’État français du Capital ne nous permet pas de nous mettre à leur place et de prendre la parole en leur nom, pour ce qui concerne leur propre histoire de luttes et de prise de conscience.


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    Voici donc une petite "revue de presse" sur le sujet, de sites émanant des colonies intérieures de l’État français :
    « Minguettes 1983 – Paix sociale ou pacification ? » (vidéo)
    30 ans de la Marche pour l’égalité, nouvelle spoliation du PS
    La Marche – Traversée de la France profonde [Bouzid]
    30 ans après la Marche pour l’Egalité des droits, Justice pour touTEs !
    Les réalités n’ont pas changé: Kaïssa Titous parle de la Marche pour l’égalité
    Abdellali Hajjat: «La Marche pour l’égalité est méconnue des jeunes issus de l’immigration»
    Jamais par eux-mêmes
    SOS Racisme… des potes qui nous voulaient du bien
    1983 : la Marche pour l’égalité
    La Marche pour l’égalité, un moment fondateur

    Et un appel au rassemblement pour demain samedi 7 décembre :
    Manifestation contre le racisme et pour l’égalité des droits le samedi 7 décembre 2013 à Paris
     


              panthers-e1300317875581emorydouglas PowerToThePeople1


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  • Cet article, publié dans la presse ‘alternative’ locale, revient sur un épisode particulièrement sinistre et (cela se comprend…) enterré dans l’oubli de l’histoire de nostre Occitània :


    Marseille, quarante ans après les ratonnades de 1973,
    peu de leçons ont été tirées


    1973, qui a connu les crimes racistes qui ont déferlé sur Marseille ? Qui a entendu parler de cette montée de haine que les Algériens ont dû subir ? Qui honore aujourd’hui leur mémoire comme toute journée d’hommage à laquelle ont droit les victimes de faits tragiques ? Ne pas occulter l’histoire du passé, c’est avancer sur celle du présent. Si Marseille s’affiche aujourd’hui comme la « capitale de la culture », il y a quarante ans, les journaux titraient « capitale du racisme ». En 1973, la cité phocéenne a connu l’une des pires flambées de racisme qui a pu exister dans l’histoire de France au XXe siècle. Un racisme ciblé, l’Algérien, le mot de tous les maux. Salah Bariki, un français d’origine algérienne arrivé en 1962 dans les bidonvilles de la cité phocéenne, a accepté de raconter sa vision et son ressenti des années 70. A cette époque, il était d’ailleurs responsable de l’Amicale des jeunes Algériens, rue Saint-Jacques dans le 6e arrondissement. 

    Quand le racisme répond à la crise économique

    default_15.jpegDepuis 1962 et ce durant dix années (1962-1973), les flux migratoires n’ont cessé de s’intensifier, Marseille devenant un point de passage voir d’ancrage de l’immigration. Une population immigrée constituée d’une forte communauté maghrébine et notamment algérienne, ce depuis la décolonisation. Le brassage des populations qui s’y est développé sera d’ailleurs l’un des atouts de cette ville. 1972, c’est aussi la saturation des marchés économiques qui mettra fin, dès 1973, à la croissance des Trente Glorieuses. Une crise économique qui a suscité la crainte, le trouble et le repli d’une partie de l’opinion. Une crise économique qui a trop souvent été mise sur le compte de l’immigration. Salah a évoqué ce contexte particulier : «  c’était le début de la crise économique, l’arrivée de Giscard qui voulait renvoyer les Algériens chez eux, l’Algérie qui voulait récupérer ses immigrés, au moins en parole. C’était aussi un moment de transition très difficile répondant au mythe du retour : nos parents qui étaient arrivés dans les années 60 n’étaient toujours pas rentrés au pays ». D’ailleurs, la circulaire Marcellin-Fontanet1 tentant de limiter l’immigration a été mise en application la même année, en 1972. Depuis le début des années 70, il y a un développement du racisme qui s’est créé, notamment des nord-africains. Selon Gérard Noiriel, historien et directeur d’études à l’EHESS, ce racisme anti-algérien a surtout été alimenté «  par les nostalgiques de l’Algérie française ». Peut-on également entendre par là les membres de l’ex OAS (l’Organisation Armée Secrète) qui ont toujours gardé une main mise dans les milieux d’extrême droite ? C’est à l’été 1973 que les violences racistes vont connaître leur apogée notamment à Marseille. Le 25 août, sur la ligne de bus 72, un déséquilibré algérien, Salah Bougrine, a assassiné un traminot du nom d’Émile Gerlache. Ce fait divers allait embraser la ville et attiser la haine de l’Algérien. L’ambassade d’Algérie avait pourtant tenu à être limpide sur l’état de santé de l’homme informant qu’il était malade mental depuis 1969 mais pour l’opinion, c’est son origine et seulement cette notion qui a été retenue. L’acte d’un individu s’est propagé à toute une communauté. Pour l’historien Gérard Noiriel, ce n’était qu’un « prétexte ».

    Le rédacteur en chef du quotidien des droites marseillaises Le Méridional, Gabriel Domenech, notamment connu pour ses éditoriaux anti-immigrés et anticommunistes avait titré, au lendemain du drame, son édito « Assez, assez, assez ! » d’où découlait le texte suivant, extrait :

    « Bien sûr, on nous dira que l’assassin est fou, car il faut bien une explication, n’est-ce pas, pour satisfaire ceux qui refusent d’admettre que le racisme est arabe avant d’être européen. Et qu’il n’y a, finalement, de racisme européen que parce que l’on tolère, depuis trop longtemps, tous les abus du monde arabe… pour de basses raisons pétrolières […] Assez des voleurs algériens, assez des casseurs algériens, assez des fanfarons algériens, assez des trublions algériens, assez des syphilitiques algériens, assez des violeurs algériens, assez des proxénètes algériens, assez des fous algériens, assez des tueurs algériens. Nous en avons assez de cette immigration sauvage qui amène dans notre pays toute une racaille venue d’outre-Méditerranée […] parce que l’indépendance ne leur a apporté que la misère, contrairement à ce qu’on leur avait laissé espérer ».

    Le Méridional, un quotidien de droite tendance extrême droite appartenait au maire de Marseille, Gaston Defferre, qui détenait également le journal de gauche, Le Provençal. En 1986, Gabriel Domenech est d’ailleurs devenu député FN. D’autres supports comme Minute et Faire Front ont également véhiculé cette image d’exclusion et de haine.

    Campagne anti-immigrés clairement affichée 

    Meridional_Edito_pour_pub_26_08_73-f566a.jpgCet écrit, partagé par une grande partie de la population, a résonné pour certains comme un appel à la ratonnade. La campagne anti-immigré tenue depuis quelques mois et qui avait échauffé les esprits, avait fait écho. Un Comité de défense des Marseillais s’était constitué au lendemain du drame afin « d’assurer la sécurité des Français » et avait appelé à manifester contre l’immigration sauvage, le 29 août, manifestation interdite par la Préfecture. Un Comité qui, domicilié à la même adresse que le mouvement fasciste « Ordre Nouveau », n’a sûrement pas calmé les ardeurs. Les déclarations racistes émanant de divers groupes politiques de droite se sont succédées. Du côté de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP) des Bouches-du-Rhône, on a proposé d’ « éliminer la pègre nord-africaine et antifrançaise ». Les Comités de défense de la République (CDR), de mouvance gaulliste, ont quant à eux réclamé « la peine de mort pour l’assassin ». Pour contrebalancer ces appels à la haine et calmer les ardeurs, Mgr Etchegarray, archevêque de Marseille a fait une déclaration au journal de 20 heures, le 27 août, la veille des obsèques d’Émile Gerlache, appelant chacun à la raison : « profiter de ce drame horrible pour exciter le vieux démon du racisme ou de la xénophobie qui dort en chacun de nous, cela me paraît dangereux, mais surtout injuste ». Un appel au calme pas assez fort pour être entendu puisque une vague de violence s’est installée dans la cité phocéenne répondant notamment à l’intensification des propos xénophobes. Selon Gérard Noiriel, «  des appels à la ratonnade sont suivis par le mitraillage de plusieurs foyers Sonacotra et des bidonvilles ».

    L’amalgame 

    Dans la nuit du 28 au 29 août, un Algérien, Lounès Ladj, est abattu à la sortie d’un café tandis qu’au même moment, un cocktail Molotov est jeté dans une entreprise de nettoyage, à la Ciotat, où travaillaient majoritairement des Algériens. Déjà mise à mal par les conflits sociaux liés aux conditions de travail et de logement, la communauté algérienne ne pouvait rester là, immobile, à subir ce tsunami d’actes racistes. Le 31 août, les travailleurs de la Ciotat sont entrés en grève pour dénoncer ces attentats xénophobes. C’est le Mouvement des travailleurs arabes (MTA) qui a pris le relais de cette solidarité en lançant un appel à la grève générale contre le racisme, le 3 septembre. Un mouvement qui sera honoré par au moins 20.000 travailleurs de la région marseillaise et qui s’étendra aux départements. La marche funèbre, en hommage à Lounès Ladj, le 1er septembre, a réuni des centaines de personnes. Un cortège funèbre a traversé la ville en sa mémoire.

    La passivité politique 

    Si les actes racistes se sont essoufflés, les décisions politiques se sont enchaînées. Du côté de l’exécutif, on a décidé de changer des têtes un peu trop aimables et serviables, notamment celles du pasteur suisse Perregaux de la Cimade et du frère Jean-Pierre Courtès. De l’autre côté de la méditerranée, le président Houari Boumédienne a décidé de suspendre l’émigration algérienne vers la France, dès le 20 septembre, Salah se souvient : « Boumédienne a dit clairement que les Algériens devaient rester chez eux même s’ils mangeaient de la pierre ». Une histoire de sécurité attentat-consulat-algerien-marseille.jpegtout autant que de dignité et de symbole. Le président algérien a alors fait connaître son regret de voir l’inertie des pouvoirs publics et notamment de l’actuel président, Georges Pompidou, devant de tels actes. De même pour l’ambassadeur d’Algérie en France qui a dénoncé la complaisance de Gaston Defferre, alors maire de Marseille, et la passivité de la police. L’interruption de l’émigration a su calmer cette fièvre raciste qui avait envahi le sud de la France même si dans les faits confie Salah «  l’immigration ne s’est jamais arrêtée puisqu’il y a eu la possibilité du regroupement familial ». Mais le 14 décembre 1973, un acte d’une violence encore plus terrible que les évènements passés a fait remonter cette peur qui avait pourtant réussi à s’enfouir dans un petit coin de la mémoire. Un attentat a été conduit au consulat d’Algérie de Marseille, rue Dieudé. Le bilan : quatre morts et vingt blessés. Cette fois-ci, l’attentat a été revendiqué par le groupe Charles Martel dont les liens avec l’extrême droite et des anciens membres de l’OAS ne faisaient aucun doute. Ce groupe d’extrémistes n’a jamais été identifié et donc n’a jamais été puni mais il a continué à « revendiquer plusieurs attentats contre des intérêts algériens ou des organisations d’immigrés originaires du Maghreb, de mars 1973 à mars 1986, notamment à Marseille et à Paris » a indiqué Le Monde. «  Là on peut dire que les Algériens se sont réveillés » a glissé Salah. Au lendemain de ce nouveau drame, 3.000 personnes selon l’INA mais dix fois plus se souvient Salah se sont réunies place des Mobiles à Marseille pour manifester leur indignation : «  je me souviens, j’avais dans la main un mégaphone, je voyais des gens à l’infini ». Si des mouvements, comme le MTA et l’Amicale des Algériens, ont su mobiliser l’opinion publique pour déclencher des grèves qui se sont propagées sur tout le territoire national, le mutisme des partis de gauche a été déroutant. Le 31 décembre, l’ambassadeur d’Algérie en France avait recensé 50 Algériens tués et près de 300 blessés sur la seule année 1973, sur le sol français.

    Les ambigüités du Gouvernement ont largement été mises en cause dans ces crimes racistes. De la circulaire Marcellin-Fontanet à la non-application de la loi antiraciste Pleven en passant par l’approbation des discours et meetings de l’extrême droite sur un fond de passivité des forces de l’ordre, ce nouveau phénomène n’a pas su ou n’a pas voulu être géré. Trente années sont passées et selon l’historien Yvan Gastaut, « le racisme semble être un comportement toujours présent dans notre société. Sa flamme […] se rallume dès qu’un problème apparaît ». Dès le début, l’immigration a été la réponse à tous les problèmes d’ordre social, économique et politique mais jusqu’à quand cette spirale et cette méconnaissance vont-elles rester ancrées dans les mentalités ?


    1. La circulaire Marcellin-Fontanet, du 23 février 1972 (mise en application en septembre 1972), adoptera des mesures strictes pour les étrangers. Elle limitera le nombre d’entrée des Algériens sur le territoire français et mettra fin à la régularisation de tout étranger entré sur le territoire sans autorisation de travail ni attestation de logement. Des mouvements de solidarité seront alors organisés. Elle sera donc assouplie par Georges Gorse, le nouveau ministre du Travail en mai et juin 1973.


    Sarah Lehaye/ Med’in Marseille


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    Voir ici un documentaire sur ces tragiques évènements : http://oumma.com/222650/marseille-1973-chasse-aux-arabes-documentaire


    Cette flambée de racisme pogromiste (qui imprègne encore aujourd’hui notre 'Sud' occitan) ne peut se comprendre que dans une CORRECTE compréhension du phénomène 'France-Empire' comme construction en cercles concentriques.

    Il n'est un secret pour personne que, dès le 16e siècle, les peuples périphériques de l'Hexagone furent les premiers pourvoyeurs en force de travail et/ou militaire de l'entreprise coloniale outre-mer. Ne serait-ce que déjà, pour certains (Bretons, Normands, Saintongeais, Basques, Occitans de Marseille ou de Sète), en raison de leur 'pied marin' (lorsque le transport était exclusivement maritime). Et, d'une manière plus générale, en raison de leur démographie importante, faisant que ni la 'métropole industrielle' régionale la plus proche (Lyon/Saint-Étienne, Aix/Marseille, Bordeaux ou Toulouse, Lille, Metz, Nantes etc.) ni même Paris ne pouvaient absorber toute la force de travail ainsi surproduite. Ces peuples iront donc très massivement, d'Amérique du Nord en Kanaky en passant par le Maghreb ou le Sénégal, grossir les rangs des colons et de l'administration ou des troupes coloniales*. Par la suite, lorsque les pays du Maghreb gagnèrent de haute lutte un semblant d'indépendance, c'est vers les terres méditerranéennes de l'Hexagone que se replieront principalement les très importantes populations de colons européens de ces pays : alors le 'Midi rouge' où l'on se rendait, au 19e siècle, un peu comme un journaliste du Figaro irait visiter Cuba ou le Venezuela aujourd'hui, se 'blanchit', se droitisa brutalement. Les social-trahisons mitterrandiennes des années 1980 feront le reste, pour pousser des masses ultra-majoritairement socialistes ou communistes (enfin, PC révisionniste...) dans les bras de la droite et du FN.

    Mais plus largement, le concept même de cette construction étatique-impériale en cercles concentriques c'est de pouvoir utiliser un cercle contre l'autre, par la 'petite supériorité' que le système fait 'intégrer culturellement' au cercle plus proche du 'Centre' vis-à-vis du plus éloigné. Marseille a des 'problèmes sociaux' ? Normal, c'est une périphérie... Alors, le Centre 'français' et ses caciques locaux, ses satrapes clientélistes à la Gaudin aujourd'hui ou Deferre hier, avec leurs merdias comme le 'Méridional' (vive le titre... plus francouille tu meurs !) à l'époque et les torchons gratuits, JT de Jean-Pierre Pernaut et autres émissions 'chocs' sur toutes les chaînes de télé aujourd'hui, vont dresser les Marseillai-se-s contre le bouc émissaire commode qu'est l''ambassadeur' du cercle plus éloigné, de la périphérie néocoloniale de l'Empire : l''Arabe', le travailleur immigré maghrébin (qui représente autour de 25% de la population de la ville).

    Les Occitans marseillais (et les descendant-e-s d'immigrant-e-s italien-ne-s, ibériques, corses etc. etc., qui ont généralement fusionné-e-s avec la 'souche' occitane) vont ainsi être nié-e-s et se nier comme peuple du Nord de la Méditerranée plutôt que du 'Sud de l'Europe', comme peuple absorbé et 'périphérisé' par la  construction étatique 'France' quelques siècles plus tôt ; et leur ressentiment, leurs revendications sociales et démocratiques seront ainsi détournés du véritable ennemi : le Capital BBR et son appareil politico-militaire et idéologique, la 'République une et indivisible' des grands bourgeois. C'est aujourd'hui, malheureusement, en Occitanie méditerranéenne (Languedoc, Provence) que l'on trouve l'un des plus forts vote et mouvement organisé d'extrême-droite en Hexagone BBR ; développant entre population 'blanche' et 'non-blanche' (principalement maghrébine) une ambiance de Deep South américain des années 1950 : le Gard a placé Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle 2012 et élu Gilbert Collard député aux législatives, tandis que le Vaucluse élisait Marion Maréchal-Le Pen et Jacques Bompard (ex-FN ayant fondé la 'Ligue du Sud'). Globalement, la candidate du FN a obtenu près de 24% des suffrages en 'PACA', près de 23,5% en 'Languedoc-Roussillon', 21% dans la Drôme et 20% en Ardèche, pour un résultat 'national' (hexagonal) de 17,9%. Et si la plupart de ces énergumènes se drapent gaiement dans le bleu-blanc-rouge, beaucoup aussi, hélas, revendiquent 'fièrement' les couleurs occitanes et/ou provençales : c'est le concept maurrassien de la 'petite patrie' 'charnelle' au sein de la 'grande France aux 1500 ans d'histoire' ; la 'France' dénoncée ici n'est pas (bien au contraire) la construction politico-militaire et idéologique monarcho-bourgeoise qui nous opprime (comme des dizaines d'autres peuples) depuis des siècles, mais un 'synonyme' d'idées démocratiques, progressistes et universalistes associées à 'l'université et à la gauche bobo parisienne', de 'banlieues à racailles' et de 'mariage gay', de 'pensée unique mondialo-gauchiste' et d''immigrationnisme/ multiculturalisme'.

    Le racisme est donc un confortable outil des classes dominantes pour diviser celles et ceux qu'elles dominent et les détourner du véritable ennemi et objectif qu'elles sont. Mais IL N'EST PAS SEULEMENT CELA : il est aussi structurel, il est 'dans le milieu de la société' ; il est le reflet dans la pensée de la construction et du partage impérialiste, par les grands États européens, de la planète depuis cinq siècles** ! Il structure le comportement social DE PAR et AU SERVICE DE la domination et de l'exploitation impérialistes. Même parmi les peuples dominés, il structure la pensée par l'intériorisation de la subalternité et/ou par un ressentiment stérile envers les 'peuples dominants' (les 'Blancs') sans distinction de classe, que l'on ne peut pas mettre sur le même plan que le racisme au service de la domination mais qui n'en est pas moins néfaste, entretenu par certaines 'élites' de ces peuples qui s'épargnent ainsi d'être remises en question (alors qu'elles sont généralement les premières des vendues à l'impérialisme)... La Guerre populaire révolutionnaire mondiale détruira cette construction impérialiste du monde et donc détruira le racisme, construction idéologique de et au service de celle-ci ; elle œuvre d'ores et déjà à sa destruction dans chacune de ses actions concrètes ; pour que les 'cercles de périphérisation' cessent d'être des 'étages (ou des sous-sols...) de la domination' et deviennent comme les cercles constricteurs d'un gigantesque serpent étranglant les Centres du Capital ! Une 'pensée révolutionnaire' qui intègre idéologiquement la hiérarchisation ('raciale' mais aussi, plus 'politiquement correcte', 'civilisationnelle') des peuples n'est pas révolutionnaire et ne peut conduire à la révolution et au communisme.

    Voilà pourquoi nous, Occitans révolutionnaires, communistes, ne montrons aucune tolérance envers le racisme ; et pourquoi nous considérons les éléments des peuples périphériques qui veulent allier 'libération nationale' et racisme, comme certains groupes de Bretagne, d'Alsace, de Corse ou de chez nous, comme de l'autre côté de la barricade au même titre que l’État bleu-blanc-rouge ! Voilà pourquoi nous ne revendiquons pas notre Occitanie comme un nationalisme, mais comme un PROJET RÉVOLUTIONNAIRE !!!


    [L'on peut d'ailleurs lire à ce sujet... cet article sur le racisme de l'organisation Pòble d'Oc en octobre 1977 (on comprend mieux pourquoi Roudier s'est arraché de ce groupe, effectivement né... facho - "Jeune Languedoc" - dans la foulée de 68 mais ayant ensuite radicalement tourné casaque et dont le principal meneur, Jean-Louis Lin, devait mourir assassiné en lien plus que probable avec son engagement anti-impérialiste, pour la Palestine en particulier - c'était l'époque de l'assassinat de Curiel, Goldman etc.) : 

    "Une fois de plus, le racisme a tué, tué lâchement, tué bêtement. L'affaire Navajo, ce docker marseillais qui a assassiné un travailleur maghrébin et qui était bien connu pour ses propos et pratiques raciste sur son lieu de travail, est là pour nous montrer que le mal est bien là, parmi nous les Occitans. Il n'est guère de peuple qui soit exempt de ce fléau et l'Occitan, malheureusement, ne fait pas exception, mais, par ailleurs, il n'est point de peuple qui puisse se dire révolutionnaire s'il n'extirpe pas, au préalable, de semblables réactions.

    Réactions viscérales dira-t-on... voire ! L'homme, l'Occitan, ne naît pas raciste comme il ne naît pas avec telle ou telle étiquette politique. Il le devient et un jour il s'y complaît. Il serait hypocrite de réagir par la seule condamnation individuelle, ce serait trop facile. On ne tue jamais le crime avec le criminel, c'est l'histoire de l'homme qui nous l'apprend. On n'extirpe vraiment le crime qu'en extirpant ses causes objectives : les causes sociales qui déterminent le geste criminel.

    Et là c'est un autre problème, car la réponse au racisme anti-arabe, pour ne prendre que celui qui est le plus répandu sur l'Occitanie méditerranéenne, c'est surtout la remise en cause intégrale de tous les clivages sociaux qui s'interposent entre les immigrés et les autochtones. C'est l'urbanisme des ghettos (que Marseille a le triste privilège d'avoir), c'est la division du travail selon l'origine, c'est l'éducation raciste sur la civilisation et la culture arabe. C'est aussi la mise en foyer et le refus actuel de l'immigration familiale, ce sont les renvois et les expulsions, c'est la bourgeoisie et ses groupes racistes qui ont tout intérêt à la division des travailleurs, c'est l'impérialisme français qui a besoin d'une bonne dose de chauvinisme national. Il n'y a pas d'effet sans cause et de racisme sans société responsable.

    Aussi les militants révolutionnaires occitans seront toujours au premier rang pour défendre l'intégrité des droits des immigrés en Occitanie. Pour nous, il n'y aura pas d'Occitanie autre qu'une Occitanie pour tout le monde."

     Ce qui est dit là est littéralement antiraciste politique ! ]


    * Comme l'explique bien l'(assez marxisant) historien belge Jacques R. Pauwels ici sur le blog de Jean-Pierre Anselme :  

    "En acquérant des colonies, les pays pouvaient se débarrasser de leurs citoyens « gênants » : les classes inférieures qui, aux yeux de l’élite, étaient surpeuplées. Les gens trop pauvres, on pouvait s’en débarrasser en les envoyant dans les colonies.

    L’impérialisme était donc aussi une manière de résoudre les problèmes sociaux. Les pauvres pouvaient faire carrière dans ces colonies. De la sorte ils se muaient en patriotes, au lieu de rester des emmerdeurs. En les laissant intervenir de façon agressive dans les colonies, ils ne posaient plus le moindre problème dans la métropole.

    Il y avait par exemple pas mal de fils de fermiers sans travail, et ce du fait que l’agriculture devenait trop productive. Ces gars, on pouvait les envoyer au Congo comme missionnaires. On a expédié là-bas une vingtaine de missionnaires de chaque bled agricole flamand. On leur a collé un uniforme sur le dos et, dès lors, ils ont pu aller jouer au patron chez les Noirs."

     

    ** Si la Chine ou l'Orient ottoman avaient, par les aléas de l'histoire, assumé le rôle qu'a assumé l'Europe (et son rejeton l'Amérique du Nord) depuis l'an 1500 jusqu'à nos jours, il est évident que nous (Européens) serions aujourd'hui des 'peuples inférieurs' et des 'racisés' ! Mais il n'en a pas été ainsi et les choses sont aujourd'hui ce qu'elles sont ; nous devons donc lutter et construire notre conception du monde dans la position qui est la nôtre : celle de classes populaires de nations perçues comme 'dans la tranche supérieure' de la 'hiérarchie' mondiale construite par le capitalisme...

                maocprc-peopleunited-1960s-poster 


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  • Il y a 50 ans, le massacre ordonné par le préfet de l'entité francouille MAURICE PAPON faisait entre 150 et 300 mort-e-s à Paris. S'inscrivant bien sûr dans le contexte des "évènements" de la Guerre de Libération algérienne, le 17 Octobre sanglant (pire massacre de prolétaires, dans la capitale de l'Hexagone bleu-blanc-rouge, depuis la Commune !) marque aussi, pour Servir le Peuple, l'acte de naissance de l'Empire colonial intérieur : les populations "importées" pour leur force de travail depuis les jeunes ex- (et néo-)colonies, parfois au moyen de véritables "sergents recruteurs" de Bouygues, Renault etc. ; parquées alors dans les bidonvilles et bientôt dans les cités-ghettos HLM, et se voyant appliquer en métropole même des méthodes d'administration et de contrôle directement inspirées (en les modernisant) du colonialisme. Une situation d'oppression particulière appelant une auto-organisation particulière, en lien indissociable, dialectique, avec la révolution prolétarienne hexagonale et mondiale. Situation qui peut aussi expliquer (même si ce n'est pas le seul facteur) le sentiment de fraternité éprouvé vis-à-vis de la Palestine, même si l'oppression y est, disons, "un cran au dessus" (mais bien sûr, il y aura toujours des gens pour mettre cela sur le dos de "l'antisémitisme culturel des banlieues islamo-fascistes").

    C'est cette continuité que l'article des Indigènes de la République, ci-dessous, ne manque pas de souligner en prenant pour exemple la "chasse aux racailles" lancée en 2007 par Sarkozy à Villiers-le-Bel.

    Continuité frappante, aussi, bien sûr, à travers la figure de Papon, emblème de l'administration francouille "vichysto-résistante" de l'époque : le déporteur de Juifs (et tss-tsss pas de "c'était l'Occupatioooon" : Papon sévissait certes à Bordeaux, occupée dès 1940, mais ses comparses raflèrent 11.000 Juifs en août 1942 en zone "libre" - Lyon etc. - sans le moindre uniforme allemand à l'horizon !) devenu massacreur de Maghrébins après s'être rallié au "Général Micro" de 1940. Passerelle entre fascisme d'hier et d'aujourd'hui, de Barrès (d'ailleurs célébré par... Sarkozy en 2007 !) aux "apéros" anti-musulmans et autres "marches des cochons"... Un esprit vichyste toujours bien vivant aujourd'hui, comme peuvent en témoigner Rroms et autres sans-papiers. Quand elle vous le dit, Marine, que la fRance est éternelle !!! 

    Article du PIR :  

    17 octobre 1961 : notre mémoire ne se brade pas !


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    L’année 2011 marque le 50e anniversaire d’une date funeste : le massacre du 17 octobre 1961. Ce jour là, des manifestants (femmes, hommes et enfants) marchaient pacifiquement, à l’appel du FLN, pour dénoncer le couvre-feu discriminatoire dont ils étaient victimes et la dure répression qu’ils subissaient alors.

    Même s’il a fallu pour ce faire attendre quarante années, la plaque commémorative inaugurée en 2001 sur le pont Saint-Michel par le maire de Paris a constitué un premier pas dans la reconnaissance officielle de ce crime. Cette avancée est le fruit du travail de nombreuses générations d’immigrés et de leurs enfants, et perpétué notamment par le collectif « 17 octobre 61 » qui, cette année encore, se mobilise pour que soient pleinement reconnues les responsabilités de l’État français dans ce massacre.

    Un arc de forces de plus en plus large se prononce en faveur de cette revendication. Il faut s’en réjouir. Mais, il est nécessaire également de s’interroger sur les conditions et les ambiguïtés de ce grand ralliement.

    « Ni vengeance, ni repentance », voilà en effet le credo final de l’appel signé par nombre de personnalités et relayé par Mediapart pour la « reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961 à Paris ». Pour ses rédacteurs, c’est la « justice de la vérité » et la « réconciliation des peuples » qui motivent leur initiative.

    Si l’on s’accorde sur la nécessité d’une reconnaissance du crime par l’État français, qu’est-ce qui est au juste mis en cause sous les termes de « vengeance » et de « repentance » ? Les initiateurs de cet appel craignent-ils que les anciens colonisés et leurs descendants aillent « trop loin », qu’ils et elles fassent preuve de « ressentiment » ou de « haine » ? Même si ces craintes ne sont pas forcément partagées par tous les signataires, cette mise en garde (« Ni vengeance, ni repentance ») est au moins un gage que cette revendication sera portée par des mains supposées responsables. Des mains dont les intentions seraient claires, et qui sauraient, elles, les expliciter face aux sommations récentes pour « en finir avec la repentance coloniale ». Des sommations comme celles énoncées par Nicolas Sarkozy lors de son discours de Toulon (début 2007), qui nous demandait, à propos des colons d’hier, « de quel droit jugez-vous », « de quel droit demandez-vous aux fils de se repentir des fautes de leurs pères, que souvent leurs pères n’ont commises que dans votre imagination ? » Le Président de la République nous a ainsi prévenus : « si la France a une dette morale, c’est d’abord envers eux ». Pour contrer cette injonction et ce renversement des torts, un débat responsable impliquerait notamment de reconnaître la légitimité du ressentiment des anciens colonisés et de leurs descendants. Nous n’exigeons pas de chaque Français qu’ils se « repente » mais de l’État qu’il reconnaisse ses crimes comme nous exigeons de lui des excuses officielles ainsi que l’inscription dans les programmes scolaires des crimes coloniaux. Les mises en garde de l’appel parrainé par Mediapart sont donc au mieux inappropriées, au pire insultantes.

    La « soirée de fraternité » qui a médiatisé l’appel de Mediapart a aussi été l’occasion de donner une tribune à David Assouline, sénateur, secrétaire national à la communication et la mobilisation du Parti socialiste, et acteur de l’équipe de campagne de Martine Aubry. À ce titre, et à l’aune des prochaines élections présidentielles, il est clair que sa présence et sa prise de parole n’ont rien d’hasardeux. Il est pour le moins particulièrement optimiste d’attendre du Parti socialiste qu’il se saisisse de l’occasion pour entreprendre la reconnaissance de sa propre implication dans les exactions coloniales et sa collaboration dans la consolidation de l’État raciste. L’histoire de ce parti en est indissociable. Souvenons-nous de François Mitterrand, qui en 1954, alors ministre de l’Intérieur, parlait d’ « abjecte rébellion algérienne », de sa « volonté de maintenir l’Algérie dans la République Française » ainsi que celle d’« employer tous les moyens pour préserver la France » : c’est bien lui qui n’admettait pas « de négociations avec les ennemis de la patrie » car « avec eux, la seule négociation, c’est la guerre, la guerre totale jusqu’à leur élimination. » C’est aussi le gouvernement du socialiste Guy Mollet qui, ayant obtenu des « pouvoirs spéciaux », donna pleins pouvoirs à l’armée qui en disposa de la manière que l’on sait en Algérie (tortures à échelle de masse, quadrillage de la population, etc.). Cette politique se poursuit aujourd’hui dans l’implication de ce parti dans toutes les politiques impériales de l’État français, sans négliger son soutien à la colonisation de la Palestine.

    Le rôle des collectifs engagés autour de la mémoire du 17 octobre 1961 n’est pas de livrer cet engagement sur un plateau au Parti socialiste qui feint de se montrer tout disposé à entendre nos revendications alors que des échéances électorales de premier ordre l’attendent.

    La mémoire de cette histoire n’est pas à brader, elle doit être une force vive pour façonner nos luttes d’aujourd’hui et pour comprendre les défis auxquels nous faisons face. Se contenter de mettre l’accent sur la responsabilité exclusive du préfet Maurice Papon constitue, par exemple, un obstacle à la prise en considération de l’implication des plus hauts niveaux de l’appareil d’État dans le crime du 17 octobre.

    Notre travail consiste à faire le lien entre cet événement et le racisme qui organise notre société contemporaine, et notamment avec la perpétuation de violences policières systématisées. Pour exemple, on relève souvent que c’est la petite phrase de Papon (« Pour un coup donné, nous en porterons dix ») qui a donné l’élan suffisant aux agents de la police française et à ses supplétifs pour déchaîner une violence hors du commun qu’ils savaient « autorisée ». Mais aujourd’hui, combien de petites phrases pour déchaîner l’appareil policier ou judiciaire à l’encontre des descendants de colonisés ?

    Deux jours après les révoltes de Villiers-le-Bel, le 29 novembre 2007, Nicolas Sarkozy déclarait devant des policiers et les gendarmes réunis au ministère de la Défense : « Mettez les moyens que vous voulez (...), ça ne peut pas rester impuni, c’est une priorité absolue. » Ces moyens ont notamment consisté en une distribution massive de tracts proposant la rémunération de témoignages anonymes. Il ne faut pas non plus oublier l’extraordinaire descente de CRS, de membres du Raid comme de la police judiciaire, tous en tenues anti-émeutes, qui ont pénétré les immeubles des habitants du quartier, armés de béliers pour défoncer les portes. Aujourd’hui, on parle de probables subornations de témoins. Ces déploiements d’exception ont conduit à l’arrestation de cinq présumés coupables dont le procès en appel est aujourd’hui en cours.

    Garder en mémoire le massacre organisé du 17 octobre 1961, c’est ne pas cesser de remettre en cause le caractère colonial, racial et impérialiste de l’État français.

    Parti des Indigènes de la République, Le 16 octobre 2011.

     

    Article aussi de Rebellyon, avec lien vers des documents d'époque :

    La rafle du 17 octobre (documents d’archives)

    Le 17 octo­bre 1961, en plus du mas­sa­cre per­pé­tré dans les rues de Paris, la Préfecture de police a pla­ni­fié l’incar­cé­ra­tion d’au moins 11 538 per­son­nes d’ori­gine algé­rienne – et 12 520 au plus, en recou­pant dif­fé­ren­tes sour­ces docu­men­tai­res de l’admi­nis­tra­tion. Des per­son­nes entas­sées durant plu­sieurs jours au Stade Coubertin, au Palais des sports de la porte de Versailles, dans le hall du Palais des expo­si­tions, et dans deux cen­tres poli­ciers du 3e arron­dis­se­ment et du quar­tier de l’Opéra.

    Dans ces lieux, selon des témoi­gna­ges concor­dants, plu­sieurs d’entre elles ont été vic­ti­mes d’exé­cu­tions som­mai­res – on estime qu’au moins 200 per­son­nes d’ori­gine algé­rienne ont péri dans la nuit du 17 octo­bre. Des notes confi­den­tiel­les de la Préfecture de police de Paris, alors diri­gée par Maurice Papon, et datées du 18 octo­bre 1961 à 6h30 du matin, comp­ta­bi­lise cette hor­reur. Les per­son­nes arrê­tées sont réper­to­riées par la police sous l’acro­nyme “FMA”, pour Français musul­mans d’Algérie.

    La suite à lire sur : http://owni.fr/2011/10/14/la-rafle-du-17-octobre-1961


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    Médine 17 octobre 1961 par Zindef93

     

    Déclarations communistes pour le cinquantenaire du massacre

    PCmF :

    17 octobre 1961-2011 : Honneur à celles et ceux qui sont tombés
    pour la Justice et la Liberté !


    Le 17 octobre 1961, après la décision du préfet de Paris Maurice Papon d’établir un couvre-feu discriminatoire contre les ressortissants algériens (enfants, femmes, hommes), le Front de Libération Nationale décide d’appeler à une manifestation pacifique de protestation. Bien entendu cette manifestation est interdite.

    De nombreux travailleurs algériens et leurs familles vivent à cette époque dans des bidonvilles, dans une misère indescriptible, avec seulement quelques points d’eau. Les hivers sont très froids à cette époque, le sol est gelé, et seuls des chauffages rudimentaires permettent de faire cuire la nourriture, se laver. L’éclairage est fait de bric et de broc.

    Le bidonville le plus peuplé est celui de Nanterre. C’est de là que vont partir des milliers d’Algériens en cortège vers le centre de Paris où doit se dérouler la manifestation. Le chemin est long.

    Le courage et la détermination des manifestations malgré la fatigue de la journée de travail exercé dans des métiers pénibles et dangereux comme la chaîne à l’usine, le bâtiment, le nettoyage, etc.
     
    Arrivé à hauteur du Pont de Neuilly, un immense barrage de police est déployé. Il bloque la manifestation et attaque le cortège pacifique avec une violence incroyable. Les manifestants sont frappés à coups de crosse de fusil, tirés à vue, frappés à coups de matraque, et pour finir, nombre d’entre eux, ensanglantés, morts, évanouis, sont jetés par-dessus le pont de la Seine où ils se noient dans l’eau glacée.

    Les autres manifestants ou ceux partis d’autres endroits sont raflés par milliers le jour même et les jours suivants, matraqués, jetés comme des chiens dans les paniers à salade. Sur le pont St Michel, les manifestants sont encerclés et tabassés, jetés dans la Seine. Au cinéma Rex où est prévu le regroupement pour démarrer la manifestation, la police tire sur la foule. C’est la grande rafle, comme celle menée par la police parisienne de nuit contre les Juifs qui furent concentrés au Vél’ d’Hiv puis remisés à Beaune la Rolande en attendant leur départ parqués pire que des bêtes dans des wagons à bestiaux scellés, jusque dans les camps de la mort, où ils seront exterminés. À cette époque, Maurice Papon, fonctionnaire scrupuleux au service de l’État fasciste et collaborationniste de Vichy, signait sans état d’âme à Bordeaux l’arrestation de centaines de Juifs qui finiront gazés à Auschwitz.

    De nombreux personnages criminels, tortionnaires du type Papon et autres ont été déclarés irresponsables, n’ayant fait qu’obéir, d’autres furent blanchis comme Bousquet dont Mitterrand est resté l’ami malgré ses turpitudes. La plupart n’ont encourus que de courtes peines, certains furent ignorés, voir aidés à se cacher ou à s’enfuir pour servir contre le communisme, les travailleurs, les mouvements de libération nationale comme le FLN, en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie, etc.

    Le 17 octobre 1961, le fascisme, le racisme a montré son visage au grand jour. Ce n’était pas un « incident » passager. La bête immonde tenue en laisse par la classe dominante et son appareil d’État  est en réserve. Aujourd’hui même il faut être vigilant. Une forme de « fascisme moderne » se fait jour au moyen de l’appareil d’État, car ces idées ne sont pas véhiculées que par l’extrême-droite, les groupes fascistes ou néonazis. La montée de cette forme nouvelle peut se développer en utilisant les vieilles méthodes du passé comme le racisme pour diviser les travailleurs. Les conciliateurs et réformistes, en faisant croire que l’on peut dompter le système, le mettre au service de l’homme, paralysent la volonté de la majorité de notre peuple en semant les illusions.

    Nous devons rester vigilants, nous organiser pour que les crimes et horreurs du passé ne soient de nouveau utilisés par la classe dominante pour conserver ce système pourrissant qui porte en lui la guerre comme l’orage porte la tempête.

    Pour en finir avec l’horreur capitaliste ce système, il ne suffit pas de renverser un dictateur ou changer de gouvernement. Les fantastiques révoltes populaires arabes qui sont un pas en avant montrent leurs limites actuelles. Sans direction, sans parti révolutionnaire, la bourgeoisie peut reprendre en main l’appareil d’État en repeignant simplement la façade.

    Ceux qui sont morts il y a 50 ans pour la justice et la liberté, pour un monde meilleur, sous les coups des « chiens de garde » de la classe dominante, nous regardent. Nous avons le devoir de poursuivre leur combat pour la justice et la liberté.
       

    Parti Communiste maoïste de France                Paris le 17 octobre 2011

     


     Coup pour Coup :

    ... construisons la Résistance !

    Nous reproduisons ci-dessous le tract du collectif Coup Pour Coup 87 autour du 17 octobre 1961. 

    Il y a tout juste 50 ans, le 17 octobre 1961 la police française réprimait sauvagement une manifestation d’algérien(ne)s dans les rues de Paris. Ce sont des centaines de personnes, battues à mort, mitraillées ou jetées dans la Seine qui ont péri ce jour-là… Avec la complicité silencieuse d’une bonne partie de la classe politique.

    Et aujourd’hui ?

    La répression frappe les travailleur(e)s sans-papiers ou les populations Roms, comme nous avons pu le voir le 31 août dernier où un camp de Roms situé à Saint Denis a été dévasté, les autorités ont parqué et séparé les hommes des femmes et enfants pour ensuite les expulser du département.

    Les ministres de la République désignent toujours l’étranger ou le « musulman » comme un ennemi ou une menace… Les contrôles au faciès ont toujours lieu et parfois un jeune «des cités » y laisse la vie.

    Au présent ou au passé, le pouvoir a toujours entretenu le racisme pour nous diviser et pour masquer son véritable rôle : organiser notre exploitation ici et le pillage d’une bonne partie de la planète.

    Ceux qui ont colonisé l’Algérie sont aussi ceux qui ont ensuite remis la main sur ses richesses, ceux qui pillent l’Afrique et qui imposent la loi de leurs armes en Afghanistan ou en Irak. L’impérialisme a deux visages : celui d’une misère toujours plus grande pour les travailleur(e)s et pour les peuples, celui de profits toujours plus colossaux pour la classe capitaliste.

    Si l’on fait mine de s’opposer : c’est la répression qui frappe impitoyablement

    Qui sait que le militant pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah entre cette semaine dans sa 28e année de détention en France? Libérable depuis 1999, après sept demandes présentées par ses avocats, les juges refusent toujours de le laisser sortir de prison.

    Son crime : représenter une soi-disant menace pour les intérêts français au Liban, comme l’ont écrit les services secrets français. Georges Ibrahim Abdallah représente le courant communiste et révolutionnaire au sein de la lutte pour la libération de la Palestine, il défend l’idée d’un seul État laïc où juifs, arabes vivraient en paix : c’est certainement cela la menace que craint la France, la menace qui effraie les impérialistes !

    Cette menace c’est la solidarité de classe qui unit tous les exploité(e)s quelle que soit leur origine contre leurs exploiteur(e)s.


    Rendre hommage à celles et ceux qui sont mort(e)s le 17 octobre 1961 c’est combattre l’impérialisme aujourd’hui.

    Organisons la solidarité internationale !

    Liberté pour tous et toutes les prisonnier(e)s politiques révolutionnaires !

     


    Voie Prolétarienne :

    Le 17 octobre 1961, à Paris, le FLN organise une manifestation pacifique contre le couvre-feu imposé aux Algériens depuis le 5 octobre. Elle est durement réprimée par la police qui procède à 15.000 arrestations et se déchaîne contre les Algériens faisant plus de 200 morts.

    1961, un tournant dans la guerre

    Le 8 janvier 1961, par référendum, 75 % des électeurs, las de la guerre, se prononcent pour l’autodétermination en Algérie. En février, les partisans d’une Algérie française créent l’Organisation de l’armée secrète (OAS) qui engage des campagnes de meurtres et d’attentats avec l’espoir d’empêcher l’indépendance. En Algérie, fin avril, des généraux se soulèvent. Ce putsch est un échec. Mais l’action de l’OAS va s’amplifier, en France et en Algérie, contre tous les partisans de l’indépendance de l’Algérie.

    La bourgeoisie accepte l’indépendance, par nécessité et intérêt, mais elle tente de l’imposer à des conditions inacceptables pour le FLN. Elle veut séparer de l’Algérie le Sahara où l’on a trouvé du pétrole. Les négociations engagées en mai avec le FLN échouent en juillet sur cette question. La bourgeoisie va alors combattre le FLN, plus que l’OAS, pour l’affaiblir et imposer à la table des négociations le MNA. En France, les militants FLN sont assassinés par la police et les harkis. Ils ripostent en tuant des policiers. Le 5 octobre, le couvre-feu est imposé aux Algériens à partir de 20 heures.

    Le mouvement ouvrier et le PCF face à l’indépendance du peuple algérien

    Sur l’indépendance de l’Algérie, le PCF a toujours été prudent. Jusqu’en 1956, il la conçoit dans une Union française. Puis, il s’y résout comme étant la seule issue conforme aux intérêts de la France. Le droit à l’indépendance est absent de ses mots-d’ordre. Il veut la Paix en Algérie par la négociation. Au nom de l’action de masse comme seule juste, il refuse son soutien au FLN.

    Ses militants arrêtés pour avoir aidé le FLN sont exclus. Début 1956, il n’hésite pas, voulant une alliance avec le PS, à voter les pouvoirs spéciaux demandés par un gouvernement de gauche qui permettent à celui-ci de renforcer l’effort de guerre et la répression en Algérie. Légaliste, il rejette l’insoumission et la désertion des soldats. Dans les usines, certains communistes soutiennent pourtant leurs camarades algériens. Quelques jeunes militants refusent de servir dans l’armée, comme Alban Liechti ou le fils de Raymond Guyot dirigeant du Parti. Mais ces cas sont isolés.

    La modération du PCF ne paie pas. Avant 1961, ses mobilisations pour la Paix en Algérie ont peu d’écho dans les usines. Les arguments chauvins sur l’intérêt de la France n’amènent pas les ouvriers à soutenir l’indépendance, même s’ils sont contre la guerre. Beaucoup d’ouvriers ont des fils à l’armée. Les Algériens sont pour eux « ceux contre qui on se bat ». En interne, le PCF constate la force des idées colonialistes parmi les travailleurs. Mais plutôt que de les combattre, il s’y adapte pour conserver son influence de masse.

    Le PCF et le 17 octobre.

    Dans les semaines qui précédent le 17 octobre, dans de nombreuses entreprises, la CGT dénonce les rafles d’ouvriers qui disparaissent des ateliers. De son côté, sachant que la manifestation sera réprimée, le FLN demande à des progressistes d’y participer pour témoigner ensuite des actes de la police. Le PCF invité à s’y associer ne répond pas.

    Le 17 au soir, les radios de la Police affirment faussement que des policiers ont été tués. Cela va les déchaîner contre les Algériens dont des centaines seront tabassés à mort et jetés à la Seine. Le bilan de police : 2 morts et des milliers d’arrestations. Le 18, l’Humanité dénonce les violences et sous-entend qu’il y a plus de victimes. Mais, le journal dit ne pas pouvoir tout écrire de crainte d’être censuré. Le bureau politique du PCF « dénonce les sanglants événements » et la CGT appelle à organiser des « protestations et des actions de masse ». Mais les actions à la base sont rares et très minoritaires. Les travailleurs français ne bougent pas pour défendre « leurs frères de classe algériens », comme les y appelle pourtant un tract du PCF à Renault.

    De novembre à février 1962, les travailleurs français se mobilisent contre les assassins de l’OAS qui multiplient les attentats. Ceux-ci attaquent des locaux de la CGT et des progressistes. Il y a des tués. Le 8 février la répression policière d’une manifestation contre l’OAS fait 8 morts, au métro Charonne. Tous militants communistes. Le lendemain, la grève générale de protestation est suivie par 2 millions de travailleurs. Le 13 février, les usines débrayent et plus de 500.000 personnes participent à l’enterrement des victimes.

    L’actualité du 17 octobre

    Pendant ces années de guerre, une fracture a partagé la classe ouvrière. Pour la majorité des ouvriers français seuls sont frères de classe d’autres Français, et pour eux compte plus la défense de la démocratie contre le fascisme que celle de la libération des peuples du joug impérialiste. Cette fracture, le PCF et la CGT ont essayé, vainement, de l’effacer en mettant en avant l’argument économiste les intérêts communs des ouvriers face à leur patron.

    Par chauvinisme (l’indépendance est conforme à l’intérêt de la France), par légalisme (pas de soutien au FLN), pour rester un parti de masse (préserver les positions acquises dans l’État), le PCF a trahi un internationalisme et une solidarité de classe qu’il affirmait en parole. Au contraire, un parti d’avant-garde doit savoir aller à contre-courant des idées dominantes dans la classe ouvrière, en faisant valoir les intérêts du prolétariat international et des peuples dominés, quitte à se couper, momentanément, de beaucoup de travailleurs ou à s’exposer à la répression.

    Gilles Fabre

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    Et sur le blog ouvalacgt :
      17 octobre 1961 : mémoire et politique
      17 octobre 1961 : les réactions de la CGT à l’époque

     


     Feu de Prairie :

    Le 17 octobre 1961, entre 20 000 et 30 000 algériens et algériennes défilent dans Paris pour protester contre le couvre-feu et plus généralement pour réclamer l’indépendance de l’Algérie.

    La manifestation a lieu dans un contexte extrêmement tendu. La situation est arrivée au point de non-retour, trois quarts des français sont favorables à l’indépendance de l’Algérie, le putsch des généraux a lamentablement échoué. Mais d’un autre côté l’Organisation Armée Secrète, ne pouvant accepter cette défaite, s’enfonce toujours plus loin dans la barbarie avec la complicité de la police française.

    Paris est donc un lieu d’affrontement entre le FLN et l’OAS, et donc un enjeu politique majeur.

    La manifestation pacifique du 17 octobre met la police sur les dents : commandée par le collabo Maurice Papon, elle se prépare à réprimer durement le rassemblement.

    Face à une population de tous âges, hommes et femmes, vieux et enfants, venant largement des bidonvilles, souvent ouvrière, les flics déploieront une violence incroyable : il y aura 15 000 arrestations et plusieurs centaines de morts, dont plusieurs jetés à la Seine à partir des ponts.

    Ce 17 octobre ne doit donc jamais être oublié. C’est une journée de deuil qui doit rappeler éternellement le courage de la résistance algérienne et la barbarie de l’état français. Pour que les morts ne soient pas tombés en vain il n’y a qu’une seule chose à faire : poursuivre la lutte contre l’impérialisme et le racisme.

    Source: feu de prairie


    http://www.setif.info/IMG/arton4851.jpg

    http://www.bastamag.net/local/cache-vignettes/L400xH263/arton1825-45efa.gif


    Un excellent documentaire sur ces évènements (durée 1h30) :

     

     


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