• Pour en finir avec les histoires de "controverse Amérique du Sud vs Philippines"


    Les camarades d'Amérique du Sud (Brésil, Équateur etc.) et des Philippines sont des militants révolutionnaires communistes, maoïstes, qui évoluent et luttent dans des conditions spécifiques, particulières, différentes les unes des autres ; et qui ne doivent ou devraient à notre avis pas, à partir de ces conditions spécifiques et particulières, essayer de définir et dicter une "voie" mondiale pour la révolution maoïste.

    Telle est et a été de tout temps notre position sur ce sujet, ce concept de "Parti grand frère" dans le mouvement communiste international, au regard de l'expérience historique de ce mouvement.

    On a bien vu ce que cela a donné avec l'URSS, déjà avec un certain nombre de préconisations erronées du temps de Staline (en particulier vis-à-vis du Parti communiste de Chine !), et surtout par la suite avec l'ultra-majorité des Partis de la planète ne voyant pas et/ou suivant docilement la contre-révolution de Khrouchtchev au nom de la "fidélité à la Patrie des Travailleurs" ; et encore après cela, les perroquets de Pékin style PCMLF ça n'a guère été mieux, avec par ailleurs les mêmes conséquences catastrophiques lorsque la contre-révolution triompha là-bas aussi (1976 et déjà gros problèmes dès 1972).

    Cela n'enlève en rien le respect et les salutations que l'on doit à des Partis de camarades en train de mener ou ayant accompli une grande et héroïque révolution, comme en leur temps le Parti communiste bolchévik d'URSS, le Parti communiste de Chine ou celui du Vietnam, le Parti communiste du Pérou, et aujourd'hui le Parti communiste d'Inde maoïste, le Parti communiste des Philippines, le TKP/ML en Turquie et au Kurdistan, et bien sûr les camarades du Brésil (qui mènent déjà de grandes luttes dans les campagnes).

    Mais cela ne doit en aucun cas basculer dans le suivisme du côté des autres organisations communistes de par le monde ; et du côté de ces grands Partis, dans la prétention à définir non pas des grands principes théoriques universels (cela oui, c'est possible !) mais des "voies" CONCRÈTES pour mener la révolution dans n'importe quel pays du monde, aux conditions très éloignées des leurs.

    Alors bien sûr, des gens dont la mauvaise foi déborde par les narines et les oreilles pourraient peut-être tenter de nous sortir que nous serions "chauvins", ou pourquoi pas "des Blancs qui refusent la direction de non-Blancs"...

    C'est évidemment totalement ridicule lorsque l'on connaît nos positions (enfin, plutôt notre constat de réalité...) comme quoi la révolution dans les pays impérialistes, industrialisés, "avancés", n'aura lieu que forcément "portée" par une vague révolutionnaire partie (déjà partie, avec l'Inde etc.) du "Tiers Monde" ; comme cela a déjà été le cas au 20e siècle avec le pays très à la périphérie du "monde civilisé" qu'était la Russie, avant que la Chine et des expériences totalement du "Tiers Monde" ne prennent le relais.

    D'autre part, c'est donc un fait que les grands Partis dans une période de tendance générale à la révolution mondiale, ceux qui pourraient le plus crédiblement prétendre à une hégémonie, sont des Partis de la périphérie du monde capitaliste-impérialiste ; mais notre opposition de principe à ce que nous venons de voir s'adresse sur le principe tout autant (voire plus !) aux Partis et organisations du "Nord" et à des comportements du "Nord" vers le "Sud", tout comme "Nord-Nord" (comme par exemple les prétentions d'un certain groupe local, pour le coup pas vraiment à dominante colonisée-intérieure, à l'échelle de l'Amérique du Nord...) ou encore "Sud-Sud".

    Car l'on pourrait aussi, en fait, tourner la chose dans l'autre sens : le fait pour une organisation du "Nord", (en règle générale) moins avancée dans sa lutte révolutionnaire, de se REPOSER sur l’œuvre théorique, les directives et préconisations d'une organisation du "Sud" (actuelle ou du passé) plus grande et avancée, plutôt que de s'atteler au travail de titan absolument INDISPENSABLE d'élaborer une Pensée-Guide et un Plan Général de Travail pour SON pays. Vu ainsi... c'est vrai que ça évoque plus une chaise à porteurs qu'autre chose !

    En substance :

    1°/ Il est toujours flatteur, pour un Parti, d'être considéré comme un modèle par des gens tout autour du monde, à des milliers de kilomètres de son pays.

    2°/ Il est pareillement flatteur, pour des groupes tout autour du monde, de se voir ainsi "adoubés", reconnus par un Parti dont la pratique ressemble à quelque chose... contrairement, bien souvent, à la leur ; et de s'entendre dire que cette "sainte onction", signifiant en elle-même qu'ils ont la "ligne juste", leur garantit de rencontrer eux aussi le succès un jour ou l'autre...

    => Voilà concrètement le schéma néfaste dans lequel les choses, très vite, s'enferment.

    Et que l'on ne nous fasse pas non plus dire ce que nous n'avons pas dit : si un Parti n'importe où dans le monde s'engage sur la voie de la LIQUIDATION, il peut évidemment être critiqué et ne peut pas s'abriter de la critique sous prétexte qu'elle serait "illégitime", "coupée de la réalité" en venant de l'étranger plus ou moins lointain. Nous parlons bien ici de liquidation, c'est-à-dire qu'il y a, sur la base de l'expérience historique, une liste de critères qui permettent d'évaluer ainsi la situation dans un pays donné, même à des milliers de kilomètres de distance.

    Pour parler du sujet dont il est question dans cet article, nous laissons volontairement de côté ces cas bien particuliers (le dernier en date a été le Népal). Ce dont nous voulons parler ici, c'est du cas où rien ou alors fort peu d'éléments objectifs permettent d'envisager une telle situation ; mais où simplement un Parti ou groupement international de Partis voudrait, au sein de l'ensemble des Partis et organisations dont rien ne permet objectivement de douter du caractère révolutionnaire, affirmer une "voie" et des conceptions "mondialement" correctes sur la base de son expérience particulière, avec effectivement le risque que ceux qui ne suivent pas cette "voie correcte" soient arbitrairement déclarés "non-révolutionnaires".

    Cas extrême qui serait particulièrement injuste ; mais même sans en arriver là, de manière générale, nous pensons que cette quête de faire triompher une "voie" définie pour le monde entier est une déviation à éviter avec vigilance, car une déperdition des énergies dans des pratiques (que sans citer personne nous constatons parfois, ou dont nous avons vent...) qui sont une perte de temps y compris voire surtout pour le Parti "aspirant grand frère" qui s'y livre ; au détriment de la tâche essentielle qui est de construire la révolution dans son propre pays ; ce qui n'empêche certes pas non plus d'avancer ensemble mondialement dans la critique et l'autocritique et les enseignements des expériences des uns et des autres (et si une révolution triomphe réellement dans un pays, alors la question de la défense par le mouvement international de ce pays passé à l'étape supérieure de la marche vers le communisme est encore un autre sujet).

    **********************

    En dernière analyse, on peut dire que le MLM c'est la somme de 3 grands ensembles de lois UNIVERSELLES :

    - les lois du matérialisme dialectique (Marx et Engels) ; peut-être un peu longues à dégager des scories de la pensée "universaliste" européenne du 19e siècle, mais pas plus "strictement européennes" et "importées" voire "coloniales" ailleurs que le fait que la Terre tourne sur elle-même en 24 heures et autour du Soleil en 365 jours ;

    - les lois de comment faire la révolution (Lénine, avec l'importance de Gramsci encore-une-fois-sur-la-question-de-gramsci pour les pays d'Occident "où le capitalisme - pour citer Mao - a une histoire vieille de 250 voire 300 ans" et où "l'influence pernicieuse de la bourgeoisie est très profonde et infiltrée partout") ;

    - les lois de comment parvenir au communisme à travers le socialisme (Mao, en plus d'avoir apporté la théorie de la Guerre populaire, d'une lutte prolongée aux lois de "comment faire la révolution").

    Point barre. En dehors de cela, aucune vision ni "gonzaliste" ni "sisonienne" ni rien ne peut avoir de prétention universelle ; toutes émergent de PAYS aux conditions CONCRÈTES bien précises et deviennent erronées à mesure que les conditions s'éloignent de celles de ces pays.

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