• Petite revue de presse - 12 octobre 2015 : nouvelle Intifada en Palestine ; "retour à la normale"... ou presque à Donetsk ; et chemise arrachée à Air France


    Voici quelques petits articles sympas et intéressants sur l'actualité du moment.

    On commence avec celui des camarades de Quartiers Libres (qui ne s'intéresseraient soi-disant - aux dires de certains bouffons - "qu'au triptyque Palestine - Black Panthers - crimes policiers", "offre politique classique de l'extrême-gauche pour les quartiers populaires") revenant sur la lutte à Air France qui a fait grand bruit ces derniers jours, avec son occupation du Comité central d'entreprise (CCE) et la fuite lamentable - ayant fait le tour du monde - de deux cadres supérieurs dont le DRH de la compagnie, la chemise arrachée :


    Air France : « la fierté des nôtres »


    2900 personnes vont être mises à la porte de l’entreprise Air France. La raison du plus fort est toujours la même : les salariés sont des privilégiés qui gagnent trop et ne transpirent pas assez et de ce fait ils nuisent gravement à la bonne santé de l’entreprise. C’est un classique du baratin patronal.

    Chez Air France, ce discours est porté par une direction qui se moque ouvertement des gens qui travaillent.

    Le plus bel exemple du mépris par des gens qui ne produisent rien mais qui tiennent les postes de direction se trouve dans cette vidéo :

    Le patron d’Air France est un spécialiste du droit du travail version 19eme siècle. Il regrette que ces 200 dernières années des contraintes liées au code du travail et donc aux conquêtes des travailleurs empêchent de pressurer les gens, pardon de « libérer les énergies créatives ». « Les enfants ne bossent plus à huit ans », c’est regrettable. Le droit de grève nuit aux rendements… toujours le même refrain du capitaine d’entreprise mais dans la bouche de Monsieur de Juniac, noblesse oblige, ça prend tout de suite un air du 19ème siècle.

    Ce que les patrons d’air France viennent de se prendre c’est ...  Lire la suite →

    Petite revue de presse - 12 octobre 2015 : nouvelle Intifada en Palestine, "retour à la normale"... ou presque à Donetsk et chemise arrachée à Air France

    Aux dernières nouvelles, ça y est : la Police de l'Air et des Frontières (PAF) vient de procéder à l'arrestation spectaculaire ("comme des membres du grand banditisme" selon un responsable syndical FO) de 5 ou 6 (selon les sources) salariés qui auraient participé à la mobilisation "musclée" de la semaine dernière, et auraient été identifiés sur des enregistrements vidéos :

    http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2015/10/12/quatre-arrestations-apres-les-violences-a-air-france_4787442_1656994.html

    http://www.revolutionpermanente.fr/Le-NPA-denonce-l-interpellation-volontairement-spectaculaire-de-5-salaries-d-Air-France

    Pour un œil les deux yeux, pour une dent toute la gueule ! (Bloc Rouge - Unification des maoïstes)

    Préparons-nous à la mobilisation contre la justice de classe !


    Pendant ce temps-là, la résistance populaire connaît une nouvelle montée en puissance en Palestine occupée. Quelles pourraient en être les perspectives ? C'est la question que soulève cet article d'un journaliste arabe publié sur le site de l'ISM :


    La prochaine Intifada devra être une révolution palestinienne jusqu'à la fin de l'occupation

    Par Samah Jabr

    Le discours de Mahmoud Abbas aux Nations unies, qui a été précédé par une propagande exagérée disant qu'il serait une « bombe », s'est avéré n'être rien de plus qu'une litanie de plaintes habituelles et d'appels à la communauté internationale. Le discours a indéniablement échoué à soulever de nouveaux défis, à offrir de nouvelles stratégies ou simplement à inspirer l'espoir aux Palestiniens bouillant sous l'occupation. Quelques jours après le discours, quand Israël a annoncé que l'Autorité palestinienne avait aidé à l'arrestation d'un groupe à Naplouse accusé d'avoir attaqué des colons illégaux, la réponse d'Abbas – la menace lasse et habituelle de ne pas s'engager dans des accords qui ne sont pas respectés par Israël – s'est révélée n'être rien d'autre qu'une « bombe assourdissante ».

    La jeunesse palestinienne avait espéré que cette annonce signifierait que l'AP allait arrêter de se comporter comme le sous-traitant d'Israël pour écraser la résistance palestinienne. Ils se sont alors levés pour combattre l'appropriation par Israël du lieu saint qu'est al-Aqsa à Jérusalem, pour résister à la fermeture de la ville à son propre peuple et pour s'opposer aux attaques sans relâche des colons dans des villages de Cisjordanie, comme celle qui a conduit à brûler vive une famille, un crime pour lequel personne n'a eu à rendre de comptes.

    La prochaine intifada devrait être une révolution palestinienne jusqu'à la fin de l'occupation

    Ces oiseaux de la liberté sont traqués, un par un. Ils sont poussés dans des cages israéliennes mais aussi palestiniennes, pourtant ils sont blâmés pour cette dynamique typique de violence : « Ils ont amené toute cette souffrance sur eux-mêmes et leurs familles ! ». Nous avons déjà entendu des commentaires similaires lorsqu'une femme se fait violer : « Elle l'a cherché, elle l'a provoqué, elle est celle à blâmer pour cela ». Israël a autorisé à tirer sur tout enfant palestinien qui est vu en train de jeter des pierres, demandant au minimum 4 ans de prison et exigeant des amendes prohibitives de la part des parents. Toutes ces mesures ont pour seule conséquence d'inviter plus d'enfants à défier la cruauté des lois israéliennes.

    Muhammad, 19 ans ; Amjad, 17 ans ; Fadi, 18 ans ; Hadil, 18 ans ; et Shurouq, 18 ans sont seulement quelques uns des jeunes palestiniens à avoir été exécutés sans procès dans les dernières semaines, accusés de porter des armes ou d'attaquer des colons ou soldats israéliens avec des couteaux. Leurs maisons vont être détruites pour punir leurs parents pour leur lien biologique avec leur enfant (même si les châtiments collectifs sont interdits par le droit international).

    La police israélienne a la gâchette facile quand il s'agit de Palestiniens mais tellement patiente avec les criminels juifs. Yishai Schlissel a poignardé 6 participants lors de la gay pride en mars dernier, mais aucun officier de police ne lui a tiré dessus. Les crimes de colons à l'encontre des Palestiniens sont vus, couverts et même encouragés par les autorités israéliennes, tandis qu'aucun Palestinien ne s'en sort pour n'importe quel acte de résistance. La police israélienne sous couverture entre dans des hôpitaux palestiniens pour kidnapper des blessés sous le regard de la police palestinienne, mais Israël échoue toujours à arrêter des Israéliens qui ont tués des Palestiniens ; quand des Palestiniens prennent des photos d'actes criminels, les autorités israéliennes trouvent des excuses sans fin pour minimiser la sanction.

    Lors des affrontements récents, Israël a fait usage de colons hors-la-loi opérant en toute impunité pour terroriser les Palestiniens, tirant sur les passants et brûlant leurs propriétés, leurs cultures et leurs oliveraies, leurs véhicules et leurs maisons. Des colons armés ont été vus précédant les soldats israéliens lors des incursions dans les villages entourant Naplouse. Étant donnée la totale impunité des autorités israéliennes, il n'est pas surprenant que de jeunes audacieux essaient de briser les chaînes de leur impuissance, retrouvant le sens du collectif dans une action dramatique et cherchant à venger leur nation humiliée et leur pays violé.

    Aujourd'hui, nombreux se demandent si oui ou non la révolte actuelle va mener à une 3ème Intifada ; ce nom même, comme les 1ère et 2ème Intifada, prédit une inquiétante destinée, celle d'une interruption avant la fin de l'occupation. En effet, ce sera interrompu aussi vite que les politiciens et les négociateurs auront récolter des avantages pour leurs intérêts personnels. Ma peur est que cette motivation – la perte de la liberté et de la vie qui nous a apporté une angoisse indescriptible – soit exploitée par nos mêmes représentants fatigués et momifiés qui se soucient peu de libération ou de la cause nationale, et dont le seul objectif en tant que sous-traitants est de prendre l'avantage sur la résistance palestinienne afin de maintenir leur job de « médiateurs » et de garder le silence.

    Ne laissons pas être cela cette 3ème Intifada dans laquelle nos espoirs seront ainsi anéantis. Laissons la devenir une révolution finale palestinienne qui mettre un terme à l'occupation. Laissons tous les Palestiniens dignes, et leurs soutiens internationaux, faire ce qu'il faut pour assurer la survie de nos oiseaux de liberté. Nous devons maintenir la gestion collective et l'ardeur morale de notre révolution face à tous les oppresseurs, de l'intérieur comme de l'extérieur, pour la libération ultime de notre peuple et de notre terre.

    Source : https://www.middleeastmonitor.com/articles/middle-east/21515-the-next-intifada-should-be-a-palestinian-revolution-until-the-occupation-ends

    Traduit de l'anglais par FS pour ISM-France


    Et puis tandis que les pourparlers se poursuivent entre les grands de ce monde au sujet de l'Ukraine, la relative accalmie dont bénéficie la ville de Donetsk après des mois de combats a favorisé le retour de beaucoup de personnes qui l'avaient fuie... et notamment les premiers à avoir eu les moyens de le faire, à savoir les classes aisées, la gentry locale. Mais voilà : eux qui s'imaginent pouvoir reprendre tranquillement le cours de leur vie s'aperçoivent bien vite que quelque chose a changé, que quelque chose ne sera plus jamais comme avant. En effet, et même si ce sont de toute évidence les intérêts de la bourgeoisie locale et de la bourgeoisie monopoliste russe qui ont triomphé et se sont installés à la tête des "Républiques populaires" du Donbass, ils se voient réserver un accueil plutôt froid et "tendu" de la part de ceux et celles qui sont resté-e-s et ont défendu la ville contre les troupes fascistes de Kiev, les armes à la main... ou simplement en y continuant et faisant continuer la vie avec un courage et une dignité exemplaires : ceux et celles-là semblent bien être devenu-e-s les véritables nouveaux maîtres des lieux.


    Les nouveaux maîtres de Donetsk


    Pendant la guerre, pendant le froid et la faim, alors que la mort ramassait chaque jour son tribut dans les rues de la ville, d’autres sont devenus les maîtres de Donetsk

    La paix revient à Donetsk, dans le Donbass, et avec elle ses habitants les plus fortunés, qui ont été les premiers à fuir la guerre, il y a plus d’un an. Ils retrouvent leur ville mais aussi tous ceux qui ont eu le courage d’y rester. Des rencontres qui ne sont pas toujours des plus chaleureuses. Le journaliste indépendant Andreï Babitski, qui vit aujourd’hui à Donetsk, décrit le quotidien de cette ville après 15 mois de combats et de bombardements.

    Un automobiliste se fait contrôler à Donetsk, en 2012. Crédits : ostro.org

    Quand je vois ces voitures de luxe, excessivement chères, qui ont fait leur réapparition dans les rues de Donetsk tout au long du mois dernier, cela me donne la nausée. Je me dis qu’en vendant rien qu’une seule de ces autos, on aurait pu sauver de la faim une centaine de vieillards qui ont difficilement survécu à cet hiver de guerre.

    Le retour massif des habitants dans la ville, qui a soudain cessé de servir de cible à l’artillerie ukrainienne, me fait penser à une invasion de sauterelles, enveloppant sous une couverture ininterrompue le paysage urbain. Le trafic n’a pas encore retrouvé son rythme d’avant-guerre, mais c’est tout comme. On s’est remis à croiser, dans les supermarchés, ces hommes et ces femmes de belle stature en vêtements « de haute couture », embaumant le parfum raffiné, scintillant de l’éclat de leurs bagues de diamants. On revoit, dans les bars, ces jeunes gens, tasse de café à la main, petit doigt levé. Les anciens « maîtres de la ville » sont de retour. Et tout ça pourrait être parfait ; en définitive, la ville a besoin de gens, ils sont sa chair et son sang, le « feu scintillant dans le vase » de son architecture et de ses paysages.

    Sauf que les anciens sont revenus en affichant exactement le même mépris pour les perdants, les pauvres, la gent urbaine ordinaire que celui avec lequel ils avaient quitté la ville il y a plus d’un an. De l’avis de ces « re-migrés », ceux qui ont subi les pénibles temps des bombes l’ont fait simplement parce qu’ils n’avaient pas les moyens de partir s’installer dans des contrées lointaines et sûres. Mais s’ils avaient eu trois sous, ils auraient fui en masse, battant le chemin de leur bottes bon marché, couvertes de la poussière de la route.

    Aujourd’hui de retour, les « ex- » prétendaient au droit d’être considérés comme les authentiques et les meilleurs habitants de Donetsk, ceux qui dicteraient, comme avant la guerre, les règles, la mode, le style et le rythme de la vie. Ils ne doutaient pas une seconde que les gens de peu, par habitude acquise, se remueraient sans se plaindre et leur libéreraient les lieux, qu’ils considèrent comme leur propriété simplement parce qu’ils sont une élite, une classe dominante qui tient fermement la chance par le cou. À l’époque, ils s’étaient placés en utilisant leurs liens dans les structures de pouvoir corrompues. Et ils étaient certains que l’ordre des choses n’avait pas changé d’un poil, et qu’ils conviendraient tout aussi bien aux nouvelles autorités. Le changement de façade politique, de drapeaux et de slogans ne signifie rien – la corruption mène toujours le bal, et il faut simplement frayer de nouveaux sentiers dans le vieux champ.   Lire la suite >>


    NDLR - Là où, en revanche, le terrain a été reconquis par les troupes de Kiev, la terreur fasciste se poursuit : http://www.secoursrouge.org/Ukraine-Les-escadrons-de-la-mort-a-l-oeuvre-en-Ukraine

    Lire également : Nostalgie de l'URSS chez les rebelles de l'Est de l'Ukraine (article bourgeois donc - évidemment - ne nous épargnant rien des cris d'orfraie du style "mais comment est-ce possiiiible" et de la propagande resucée notamment sur "les z'horribles répressions politiques" et sur "la famine des années 30", thème invariant depuis la psy-op Goebbels-Hearst de l'époque - lire ici un démontage en règle de ces foutaises, ceux/celles qui nous lisent régulièrement sachant par ailleurs combien nous sommes des maoïstes très critiques sur Staline et son action à la tête de l'URSS entre 1924 et 1953).

    Ou encore Le marxisme et la guerre dans le Donbass (ou "De l'internationalisme à géométrie variable d'une certaine extrême-gauche"), par le dirigeant de Borotba Victor Shapinov - excellent texte qui vient de paraître.

    Petite revue de presse - 12 octobre 2015 : nouvelle Intifada en Palestine, "retour à la normale"... ou presque à Donetsk et chemise arrachée à Air France


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