• Pasqua répond à Zemmour…

    http://www.europe1.fr/politique/pasqua-zemmour-ne-connait-rien-a-la-realite-2257751

    … et, entré dans la Résistance à l’âge de 15 ans, il défend quant à lui l’autre mythe, le grand mythe officiel de la République bourgeoise post-1944, celui de la vraie-France-la-France-libre défendant les "valeurs de la Républiiiique" dont le refus de l’antisémitisme contre un Vichy-nul-et-non-avenu seul (soit-disant) à porter un discours et des sentiments anti-juifs :

    "Si M. Zemmour pense que Pétain a protégé les Juifs de France [...], c'est qu'il ne connaît rien à la réalité des choses", s'est énervé Charles Pasqua dans l'émission de Patrick Roger et Sonia Mabrouk. Il prend le polémiste à partie : "Je lui fais une proposition. Qu'il vienne me voir, nous irons dans le Midi ensemble", a-t-il lancé sur Europe 1. "Nous monterons sur la route Napoléon", pour rejoindre "un petit village qui s'appelle Séranon, dans lequel on verra des maisons détruites par les SS" et dont les habitants ont été "assassinés parce qu'ils avaient protégé des enfants juifs".

    L'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua a rappelé avoir fait partie d'un club secret d'anciens résistants, "le club des 22", "composé à parité de gens de droite et de gauche". Il déclare que "si quelqu'un était venu tenir le genre de propos de Zemmour devant nous, je ne sais pas dans quel état il serait ressorti".

    C’est bien, c’est beau… Sauf que cela a été démenti depuis longtemps, notamment par l’historien Simon Epstein (israélien comme Sternhell, mais dont les thèses quant à la genèse du fascisme BBR sont selon nous beaucoup plus intéressantes) dans ses deux ouvrages phare Les Dreyfusards sous l’Occupation et Un paradoxe français - antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance.

    En réalité, en dehors des communistes (qui purent connaître un certain "flottement" à l’époque du Pacte germano-soviétique mais ne furent jamais vichystes ni antisémites) et encore, si l’on ne tient pas compte de la scission de Doriot, toutes les familles politiques d’avant-guerre étaient représentées dans l’un comme l’autre camp, à Vichy comme à Londres. AUCUN clivage d’avant 1940 n’est significatif pour délimiter collabos et résistants gaullistes, ni entre "gauche" et droite ni (surtout pas !) entre catholiques et laïcistes, ni entre dreyfusards et anti-dreyfusards ni entre antisémites et "philosémites". Le seul clivage était entre ceux qui pensaient que l’Allemagne allait gagner la guerre et que la France devait se faire sa place dans le nouvel ordre européen "à l’heure allemande", et ceux qui trouvaient insupportable une telle tutelle étrangère (surtout allemande !) sur le pays et qui pensaient que les Anglais tiendraient bon et, bientôt rejoints par les Américains, finiraient par gagneril fallait donc être de leur côté. Bien entendu, ces derniers étaient une infime minorité en 1940 tandis que les premiers le seront devenus quatre ans plus tard, dans la débâcle du "Reich du Mille Ans" ; s’étant opéré entre temps un gigantesque transvasement de chefs d’entreprise, hauts fonctionnaires, intellectuels, militaires de carrière etc. etc. entre l'un et l'autre camp.

    Et puis bien sûr il y avait le clivage entre le camp de la révolution prolétarienne anticapitaliste qui, à quelques défections près, n’a jamais envisagé l’avenir des travailleurs sous la botte nazie et le camp de la bourgeoisie qui comme nous le voyons s’est divisé en deux (l’infime minorité du début devenant l’écrasante majorité de la fin et inversement).

    Par la suite le jeune "Français libre" Pasqua s’inscrira à la droite de la droite du gaullisme, étant notamment (en 1968) l’un des plus chauds partisans d’arrêter et parquer les "gauchos" dans les stades – comme le feront réellement les juntes du Chili ou d’Argentine quelques années plus tard. Tout un programme... Deux fois "Premier flic" de sinistre mémoire, en 1986-88 (R.I.P Malik Oussekine) et 1993-95, il tentera vers la fin des années 1990 d’exister politiquement entre le chiraquisme (gaullisme social à la Chaban, la tête de veau en plus), le balladurisme (devenu sarkozysme) et le Front National avant d’être peu à peu poussé vers une retraite politique bien méritée et (surtout) ne venant pas trop tôt.

    Quant à De Gaulle lui-même, on lui prête (de source plutôt fiable) ce florilège de propos :

    Juin 1940 : De Gaulle n'est rejoint que par une troupe hétéroclite. "Encore un juif...", soupire-t-il quand on lui annonce Georges Boris, ancien secrétaire de Loewenstein et ex-directeur de la "Lumière", conseiller financier. (Cité par J.R. Tournoux Pétain et de Gaulle. Ed Plon 1964)

    "Je n'aime pas les youpins". (Cité par André Le Troquer, La parole à Le Troquer, Ed. la Table Ronde 1962)

    Au député UNR Dronne, ancien héros de la libération de Paris :
    "Voulez-vous être bougnoulisés ? Voyons, Dronne ! Donneriez-vous votre fille à marier à un bougnoule ?" (Cité dans Le petit de Gaulle illustré. Ed. Le Crapouillot, 1967, et par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    À Léon Delbecque :
    "Et puis, Delbecque, vous nous voyez mélangés à des musulmans ?  Ce sont des gens différents de nous. Vous nous voyez mariant nos filles avec des Arabes ?" (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    Au général Koenig :
    "Évidemment, lorsque la monarchie ou l'Empire réunissaient à la France l'Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex ou le Comté de Nice, on restait entre Blancs, entre Européens, entre chrétiens... Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs, parlant mal le français". (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    Au soir des accords d'Evian, en mars 1962 :
    "Alors, Joxe, vous avez bientôt fini avec vos bicots ?" (Cité dans Le petit de Gaulle illustré. Ed Le Crapouillot, 1967-68)

    "Tous ces bicots se chamaillent. Ils aiment les fusils, ils aiment s'en servir. Ils ont la manie de la  fantasia." (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    "Les Arabes, ce n'est rien. Jamais on n'a vu des Arabes construire des routes, des barrages, des usines... Ce sont d'habiles politiques. Ils sont habiles comme des mendiants." (Cité par J.R. Tournoux, La tragédie du Général, Ed. Plon 1967)

    "Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très intelligents. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après-demain 40 ? Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !" (Cité par A. Peyrefitte. C'était de Gaulle. Ed Gallimard, 2000 et B. Stora, Le transfert d'une mémoire, Ed. La découverte, 1999. Propos tenus le 5 mars 1959)

    "Vous savez, cela suffit comme cela avec vos nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu’eux : il y a des nègres à l’Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de nègres, ici. […] Et puis tout cela n’a aucune espèce d’intérêt ! Foutez-moi la paix avec vos nègres ; je ne veux plus en voir d’ici deux mois, vous entendez ? Plus une audience avant deux mois. Ce n’est pas tellement en raison du temps que cela me prend, bien que ce soit déjà fort ennuyeux, mais cela fait très mauvais effet à l’extérieur : on ne voit que des nègres, tous les jours, à l’Élysée. Et puis je vous assure que c’est sans intérêt." (Entretiens avec Jacques Foccart, 8 novembre 1968. cité dans ses Mémoires, tome 2. Le Général en mai. Journal de l’Élysée. 1968-1969, éd. Fayard/Jeune Afrique)

    Charles-Pasqua-1280 


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :