• Mort de Nelson Mandela : concert de louanges par les mêmes impérialistes qui le vomissaient il n'y a pas 25 ans...

     

    « Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d'oppresseurs les récompensent par d'incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d'en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d'entourer leur nom d'une certaine auréole afin de "consoler" les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l'avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire. »   Lénine - L'État et la Révolution 

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    "L'ANC est une organisation terroriste typique, [...] quiconque pense qu'elle va diriger le gouvernement en Afrique du Sud vit au pays des merveilles." - Margaret Thatcher, 1987.

    "Nelson Mandela aurait dû être fusillé." - Teddy Taylor, député conservateur britannique, vers la même époque.

    "Cela ne m'a ni ému ni ravi. J'ai toujours eu une espèce de méfiance envers les terroristes, quel que soit le niveau auquel ils se situent." - Jean-Marie Le Pen, lors de la libération de Mandela en 1990.

    Aux États-Unis, Mandela est resté sur la liste noire du terrorisme jusqu’en… 2008.

    Et aujourd’hui… :

    "Avec la mort de Nelson Mandela, c’est une grande voix de l’Afrique qui s’éteint. Je salue la mémoire de l’homme et de l’ancien président de la République d’Afrique du Sud qui, par patriotisme et par amour de son peuple, avait réussi à sortir son pays de la guerre civile en le préservant des déchirures. Par son autorité, Nelson Mandela a su imposer la paix et la réconciliation : cette victoire sur la division, la haine et la revanche marquera incontestablement l’histoire." - Marine Le Pen, la fille de son père...

    "Nelson Mandela était un homme d'exception qui aura mis toute son intelligence et tout son charisme au service des valeurs les plus nobles : la liberté, l'égalité, la tolérance", une "figure légendaire du XXe siècle" - Jean-François Copé, très thatchérien président de l'UMP.

    En revanche, le Président et le Premier ministre de l’État d’apartheid israélien, Shimon Peres et Benyamin Netanyahu, invoquant des raisons… budgétaires (!!! toute honte bue…), n’iront pas s’incliner sur le cercueil de celui dont le Mossad et le Shin Beth épaulaient les persécuteurs (voir aussi cette photo célèbre), le sinistre régime raciste de Pretoria fondé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par d'anciens supporters locaux... du Reich nazi. Cohérents avec eux-mêmes, en quelque sorte...

    mandela.jpgAlors certes Mandela n’était pas un marxiste-léniniste, pas même un communiste (bien qu’il y en ait eu dans son entourage, à commencer par Joe Slovo - son n°2 à la tête de la branche armée de l'ANC - ou encore Chris Hani assassiné en 1993 par l'extrême-droite blanche), a fortiori encore moins un maoïste. Il n'a d'ailleurs jamais rien prétendu de tel ; il a mené un combat principalement démocratique, pour l'égalité civile des habitants d'Afrique du Sud quelle que soit leur couleur de peau et sur ce point, grâce à l'ingouvernabilité du pays par le régime permise par la lutte de masse dans les années 1980 (état d'urgence proclamé en 1986) et aux revers militaires subis par celui-ci en Angola, associés à la fin de la Guerre froide supprimant la nécessité pour l'Ouest de tolérer cette "tâche sombre" sur le "Monde libre", il l'a emporté : l'apartheid a été officiellement aboli en 1991 et tous les Sud-Africains sont désormais égaux devant la loi.

    Certes il aura aussi été, avec Yasser Arafat, une figure de ces grandes "réconciliations" des peuples avec leurs bourreaux qui ont marqué la fin de la Guerre froide et la soi-disant "Fin de l’Histoire" ; avant d’assurer 5 ans de présidence fantoche relooké en "Gandhi noir/vieux sage africain" puis 14 ans comme icône "morale" "embaumée vivante" pendant que le capitalisme néocolonial sud-africain se restructurait, s’ouvrant à une mince élite noire (souvent ceux qui étaient déjà des leaders communautaires sous l’apartheid) sous la direction politique de l'ANC et le mythe de la "Nation arc-en-ciel".  

    mandela-et-de-klerk.1263570290C'est sur ce point qu'il a "trahi" : l'exigence de justice sociale que l'alliance avec le Parti communiste (SACP, dont il aurait même été secrètement membre à l'époque de son arrestation) et le COSATU (Congrès des Syndicats) avait imprimée au programme de l'ANC ; et l'exigence de justice tout court contre les assassins et les tortionnaires, pour la plupart toujours en vie et libres comme l'air, d'un régime d'oppression infâme ayant duré plus de 40 ans* (l'un d'entre eux, le nazi Eugène Terre'Blanche, a cependant reçu la Justice du Peuple en 2010).

    Soyons justes : les hommages un peu puants qui lui sont rendus ne viennent pas absolument de nulle part ; sa "canonisation" impérialiste, il ne l'a pas totalement volée... La "Nouvelle Afrique du Sud" qu'il a fondée a certes mené des combats progressistes honorables, comme celui contre les monopoles pharmaceutiques pour la libre production de traitements génériques contre le virus du SIDA (qui ravage le continent) ou pour construire une "Afrique forte" face au "Nord" occidental ("Triade") comme russe ou chinois ; prenant position contre les guerres impérialistes à outrance pour le repartage du monde en crise, contre les crimes (et pour cause !) de l'apartheid sioniste en Palestine etc. etc. Mais la structure sociale demeure celle de ces pays "émergents" comme la Chine, l'Inde ou le Brésil, avec des inégalités effrayantes nullement réduites voire même creusées en 20 ans, faisant passer en quelques kilomètres d'un centre-ville "européen" au pire "tiers-monde" africain, Hani.pngvivier d'une criminalité mondialement notoire. Le pouvoir économique reste largement aux mains des mêmes familles anglo-saxonnes ou afrikaners que sous l'apartheid, flanquées désormais d'une nouvelle bourgeoisie noire souvent issue... de l'appareil politique même de l'ANC, tandis que dans les campagnes la grande propriété foncière boer engendre son lot de "sans-terres". La révolte du peuple est encore parfois écrasée dans le sang comme à Marikana, ou détournée contre les immigrés des pays voisins comme en 2008 ; quant aux guerres impérialistes en Afrique et ailleurs, le "Pays arc-en-ciel" y a parfois aussi participé, directement ou par ces sociétés de mercenaires qui sont un secteur "phare" de son économie.

    En réalité, dans le rapport de force favorable instauré à la fin des années 1980 par l'Umkhonto et ses alliés namibiens (SWAPO), angolais, mozambicains et (surtout) cubains [l'Afrique australe était, en fait, le seul endroit au monde où le camp "rouge" - rouge bien pâle certes - était militairement gagnant], l'aile modérée (droite) de l'ANC (notamment Thabo Mbeki, futur président de 1999 à 2008 et très lié à la bourgeoisie "libérale" blanche) a tout simplement fait de l'abolition juridique de l'apartheid le prix à payer par l'Ouest pour mettre victorieusement fin à la Guerre froide en Afrique, éliminant ainsi (au passage) un régime exécrable et anachronique qui (avec le Chili de Pinochet) offrait à l'URSS une "dernière carte" de propagande contre l'Ouest malgré la faillite (économique et politique) de son "modèle" capitaliste d’État. Frederik De Klerk joua donc le rôle du Gorbatchev afrikaner et l'archevêque anglican Desmond Tutu celui du Jean-Paul II xhosa... et les "communisteries", les idées de "transformation sociale radicale" du pays furent remisées au rayon souvenirs - l'on peut dire sans crainte que l'assassinat de Chris Hani (1993) et la mort (cancer) de Joe Slovo en 1995 ne furent sans doute pas accueillis sans un "ouf" de soulagement dans certains milieux !   

    Il n’empêche que les mots de Lénine, qui ne faisaient d’ailleurs nullement allusion aux seuls marxistes orthodoxes** (fort peu nombreux dans les livres d’histoire à l’époque), trouvent leur illustration parfaite dans les "hommages" rendus ces derniers jours à l'ancien "plus vieux prisonnier politique du monde" !

    Enfin bon, il en reste quand même pour ne "rien lâcher"

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2013/12/06/deces-de-nelson-mandela-terroriste-communiste-anti-blancs-et-5239616.html

    http://medias-presse.info/nelson-mandela-le-communisme-le-racisme-et-le-terrorisme/3457

    ou encore http://www.contre-info.com/mort-du-criminel-mandela-un-terroriste-marxiste-antiblanc ("non, rien de rien, noooon je ne regrette rien" comme chantaient leurs idoles les putschistes d'Alger en 1961).

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    Nous rappellerons ici haut et fort que la France de Hollande et Sarkozy, qui "salue" l'homme enfermé 27 ans à Robben Island par l'apartheid boer, garde prisonnier depuis bientôt 30 ans GEORGES IBRAHIM ABDALLAH pour sa lutte révolutionnaire héroïque contre l'APARTHEID SIONISTE !

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    * Fondé sur trois siècles de colonialisme et mis en place à partir de 1948 (non sans s'appuyer sur de nombreuses mesures antérieures) par... d'anciens partisans de l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale, qui propagandaient voire même sabotaient alors pour le compte du Reich contre l'engagement militaire du dominion aux côtés des Alliés - chose qui ne gênera pourtant nullement (par la suite) leurs amis et soutiens occidentaux et même israéliens... (voir ici un extrait de La Férocité blanche de Rosa Amelia Plumelle-Uribe 1 - 2 - 3).

    ** À cette époque, Lénine ne pouvait en effet parler que de révolutionnaires socialistes n'ayant pas fait de révolution (comme Marx et Engels), ou ayant échoué et été écrasés (les révolutionnaires de 1848, les Communards), ou alors de révolutionnaires démocratiques petits-bourgeois ayant finalement "tout changé pour que rien ne change" (comme Garibaldi, typiquement). Il est évident que ces trois cas de figure pouvaient aisément être "canonisés" après leur mort ; et Nelson Mandela rentre finalement assez bien dans le troisième. Les révolutionnaires qui, en revanche, auront mené pendant des années ou des décennies une véritable tentative de transformation radicale de la société vers le communisme (abolition de toute domination d'une classe sur une autre), non sans erreurs et fautes certes, éventuellement lourdes, car c'est le lot de telles expériences sans précédent dans l'histoire, sont quant à eux bel et bien voués à être couverts de boue par la Réaction pour l'éternité : Lénine ("heureusement" pour lui mort prématurément...), Staline et tous les communistes soviétiques et internationaux de cette époque (sauf ceux "purgés" dans les années 1930 ou 40, soudain parés de toutes les vertus), Mao bien sûr (avec ses "60 millions de victimes") mais aussi Hô Chi Minh ou même Fidel Castro (grand ami de Mandela qui lui réserva sa première visite à l'étranger et soutien décisif de la lutte contre le régime d'apartheid, dont il précipita la chute en l'humiliant militairement à Cuito Cuanavale, mais qui n'aura certainement pas droit au même éloge funèbre...).



     


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