• Les 4 lignes de l'impérialisme français


    En tant que révolutionnaires communistes, avant-garde du prolétariat, nous combattons la bourgeoisie capitaliste et son stade suprême l'impérialisme comme un tout.

    Cependant, il serait gravement faux de croire que la bourgeoisie, en particulier la bourgeoisie impérialiste, forme un bloc soudé et sans divergences internes. Cette grave erreur peut conduire - et a déjà conduit - de nombreux camarades à des dérives tragiques.

    Comme le peuple, comme les communistes, la bourgeoisie est traversée par ce qu'on appelle des luttes de lignes, des divergences qui peuvent s'exprimer y compris très violemment.

    Par exemple, la bourgeoisie est divisée entre différentes approches de sa dictature de classe : approche libérale voire sociale-libérale, approche conservatrice autoritaire, approche ultra-réactionnaire pouvant aller jusqu'au fascisme.

    De même, sur le plan international, la bourgeoisie impérialiste a différentes "orientations stratégiques", qu'il est important de bien saisir en tant qu'anti-impérialistes, combattant principalement l'impérialisme français.

    À quelques nuances près, l'analyse des différentes positions exprimées permet de dégager 4 grandes lignes :

    - la ligne atlantiste ou "occidentaliste" : sans faire abstraction des intérêts de l'impérialisme français, elle prône un ancrage "occidental" clair, un partenariat solide avec les impérialismes anglo-saxons, principalement américain.

    - la ligne "européiste" : pour une "Europe forte" face aux autres puissances (USA, Japon, Russie, Chine...), dans un monde "multipolaire". C'est peut-être la ligne la plus réaliste, mais elle implique de "limiter" les intérêts français face à ceux des autres partenaires européens.

    - la ligne "souverainiste" ou "nationaliste intégrale" : "la France d'abord", envers et contre tous. Mais cette ligne se heurte à un obstacle majeur : elle surestime les capacités réelles de l'impérialisme français, incapable de faire "cavalier seul" depuis 1945, voire 1918.

    - la ligne "eurasiste" : "de Brest à Vladivostok". Violemment hostile à l'impérialisme US (et à son "appendice" sioniste), elle prône l'alliance avec tous ses adversaires : Russie, Chine, Iran, pays arabes ou nationalistes sud-américains... Elle prend ainsi souvent des accents "tiers-mondistes", antisionistes et contre les interventions US dans le monde.

    La première et la dernière sont radicalement inconciliables, les deux autres balancent en fonction des circonstances. Il n'est pas systématique que les "souverainistes" aillent avec les "eurasistes" et les "européistes" avec les "occidentalistes/atlantistes" : il existe des souverainistes atlantistes un peu sur la ligne des conservateurs britanniques (typiquement les villiéristes) et des européistes ou "euro-russistes" voyant dans l'"union des Européens" une force principalement contre l'hégémonie mondiale US (tout en étant parfois des défenseurs d'Israël contre "l'islam", voir ci-dessous).

    Bien sûr, le fascisme étant intimement lié à l'impérialisme (il en représente la tendance la plus agressive), chaque ligne a "son" fascisme :

    - Les "atlantistes" ont les "néo-conservateurs" à la française, comme Alexandre Del Valle (formant avec Rachid Kaci la "Droite libre"). L'écrivain Maurice G. Dantec est également sur cette ligne, mais on le voit peu dans les médias hexagonaux - il se considère "réfugié politique" de "l'islamo-socialo-communisme" au Canada. On peut y ajouter la Nouvelle Droite Républicaine fondée  en septembre 2008 par l'ancien frontiste Jean-François Touzé (nostalgique du FN "libéral, républicain, atlantiste et pro-israélien" qu'il aurait rejoint en 1982), devenue l'Alliance pour les Libertés un an plus tard puis, en janvier 2011, les "Nouveaux républicains". Le mouvement ne semble cependant pas avoir connu un franc succès, et Touzé est régulièrement et violemment attaqué sur le web d'extrême-droite. Pour autant, son départ du FN en 2007 pour cause (selon lui) de "gauchisation" (en pleine "période Soral", "discours de la dalle d'Argenteuil" etc.) et son hostilité féroce, aujourd'hui, à Marine Le Pen et à son "programme économique digne de Mélenchon" ne sont peut-être pas si peu représentatifs que cela : il est clair que tant sous Jean-Marie Soral en 2007 que sous Marine Philippot aujourd'hui, le FN de ces dernières années ne s'est pas franchement rapproché de cet "électorat plus bourgeois, moins populaire, moins focalisé sur l'immigration, plus attaché aux libertés économiques" (plus "euratlantiste" et moins souverainiste aussi) que célébrait (et évaluait à "15% de la population") Henry de Lesquen du Club de l'Horloge en 1997 ; cette droite radicale CENTRALE, urbaine, aisée et éduquée, moderne et "connected to the world" (typiquement les lecteurs de Valeurs Actuelles quoi...) à laquelle on peut rattacher Jean-François Touzé ou encore Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, les fondateurs de la "Droite forte" (courant de l'UMP) en 2012 [en dernière analyse, le dénominateur commun de toutes ces scissions et éloignements individuels du FN à partir de 1999, en apparence très différents, et de l'anti-marinisme aujourd'hui, c'est sans doute l'anti-"plébéianisme" : une "droite radicale" plus bourgeoise, rejetant le "populisme vulgaire" du clan Le Pen et que l'on peut effectivement estimer autour de 15% du corps électoral]. En 2013 est apparu le blog "L'Atlantiste", ce qui a le "mérite" d'être clair, net et précis. L'on peut consulter ici une (modeste) tentative de "cartographie" de cette galaxie atlanto-néocon hexagonale (qui couvre globalement toute la tendance atlantiste de l'impérialisme tricolore, pas uniquement l'extrême-droite fasciste).

    - Les "européistes" ont les tenants de l'Europe "civilisationnelle", de "l'Occident chrétien" contre les musulmans, les "Asiates" (capitalismes d'Asie-Pacifique) et autres "émergents", et l'Amérique "multiculturaliste" et "décadente". Ils se retrouvent en particulier chez le Bloc Identitaire, mais aussi dans la Nouvelle Droite Populaire et plus largement l'Union de la Droite Nationale autour de celle-ci. L'idée n'est en réalité pas nouvelle, puisque dans les années 1960-70 (avec Occident, Jeune Europe qui évoluera vers l'eurasisme ou la FANE de Fredriksen) et même 1980-90 (PNFE) était très présente l'idée d'"unité des Européens" à la fois contre les "rouges", les rugissements anti-impérialistes du "Tiers-Monde" et la montée de l'Asie-Pacifique, et aussi pour sortir l'Europe de sa vassalité (héritée de 1945) envers les États-Unis. Mais c'était alors la Guerre froide, et l'idée européenne rejoignait celle de défense de l'Occident capitaliste "libre" ; d'autre part, il était question d'une alliance de "nations souveraines libres". Lorsque sous l'égide social-démocrate et démocrate-chrétienne (symbolisée par le couple Mitterrand-Kohl) se mettra en place une Europe plus politique et "bureaucratique" (Acte unique de 1986, Maastricht 1992, Amsterdam 1999), la fraction la plus agressive de la bourgeoisie impérialiste BBR se caractérisera plutôt par un refus "souverainiste" de cette construction. Depuis le milieu des années 2000 cependant, la tendance connaît un renouveau certain et même fulgurant.

    Dans cette mouvance se trouve celui qui est sans doute l'un des plus brillants "intellectuels organiques" de la droite radicale BBR (au point que même un courant assez éloigné de ses idées, la très atlantiste Alliance des Libertés évoquée ci-dessus, a tenté de se l'approprier contre son avis fin 2009) : Guillaume Faye. Considéré un temps comme le "maître à penser" des Identitaires sur la ligne anti-islam, mais ayant pris ses distances par la suite, il reste néanmoins la principale référence intellectuelle des "grands-européistes", clairement "eurorussiste" même, hostile à "l'Union anti-européenne" de Maastricht "soumise à la géostratégie US". En revanche, avec son ouvrage phare (et polémique) La Nouvelle question juive (2007), il s'est également fait le champion de l'alliance des "nationalistes et identitaires européens" avec Israël et le mouvement sioniste, "contre l'Islam" bien évidemment. Il est sans doute de ceux qui verraient d'un bon œil la Russie "prendre la relève" des  États-Unis dans le soutien du "monde blanc" au "rempart" israélien.

    Le site Euro-Reconquista (comme, finalement, à peu près tout ce qui relève de la mouvance identitaro-zemmourienne anti-islam), relativement "phare" sur le Web d'extrême-droite, est lui aussi très clairement à classer sur cette ligne ; comme le montre clairement cet article magnifiant le projet d'"Europe-puissance" des années 1950-60 (la "Petite Europe" des 6 du Traité de Rome), "ignoblement torpillée" par les Nord-Américains par l'introduction (dans l'ordre) des Anglais en 1973 (c'est une vieille rengaine), des drogues (cannabis, LSD etc.), de la haine de la Science, du Travail (avec majuscules) et de l'école (sans, allez savoir pourquoi), de l'antiracisme et de la "repentance" (of course), puis de l'écologisme anti-nucléaire pour enfin déboucher sur la prise de contrôle d'ALSTOM moitié par Siemens (allemand, "petit-européen" : où est donc le problème ?) et moitié par General Electrics (US)... CQFD.

    Récemment a émergé le PSUNE (Parti socialiste pour l'Unité de la Nation européenne) de Thomas Ferrier, qui tient depuis fin 2009 un blog ouvrant régulièrement ses colonnes à Guillaume Faye. Ce "parti" ne semble guère engager que son "secrétaire général" (et probablement unique membre), mais il est tout de même révélateur d'une tendance qui se (re)dessine fortement depuis le milieu des années 2000, celle d'une acceptation (et même d'une exaltation) de la construction européenne par la fraction la plus agressive du Grand Capital français, après des "années Maastricht" (1985-2005) plutôt marquées par le scepticisme voire l'hostilité.

    Il y a aussi la thèse, exposée il y a quelques années par Alexandre Del Valle (devenu plus atlantiste depuis), selon laquelle les USA (dirigés par une "élite mondialiste") et l'Islam sont des alliés stratégiques objectifs contre la "civilisation européenne". Cette thèse est aujourd'hui toujours avancée par certains, dans les milieux identitaires notamment, mettant en avant le soutien US à l'entrée de la Turquie en Europe, le soutien au Kosovo "islamo-mafieux", les liens avec l'Arabie saoudite et le Pakistan etc. etc.  

    Concernant la Russie, qu'ils admirent pour sa "résistance à l'islamisation" en Tchétchénie ou au sujet du Kosovo, leur discours est généralement de l'inclure dans l'"Europe-civilisation", mais dans une position "partenariale" voire subordonnée, en aucun cas dominante comme pour les NR et autres nazbols se rattachant à "l'Internationale Douguine". Il est possible dans ce cas de parler d'"euro-russisme", tendance qui a notablement le vent en poupe depuis quelques années, surtout depuis que les USA sont redevenus démocrates sous la présidence d'un "gauchiste noir musulman" et (supposément) une puissance "islamo-laxiste" voire "islamophile". Dans un sens, on peut parler aussi "d'arracher la Russie à l'Asie", contrairement aux NR qui veulent une "Eurasie intégrée". Au sujet des évènements de mars 2014 en Ukraine, Guillaume Faye s'exclame ainsi sur son blog : "Provoquer la Russie au lieu de respecter sa sphère d’influence, c’est la pousser dans les bras de la Chine"... On ne peut guère mieux résumer les choses. Outre la géopolitique, il y a aussi (sur le blog de Guillaume Faye toujours, par exemple) une claire fascination pour la politique intérieure russe (très autoritaire, "verticalité du pouvoir") de Poutine, souvent décrite (pour reprendre la tonalité viriliste des intellectuels fascistes) comme "le seul gouvernement européen à avoir une paire de c****". Le très droitier Christian Vanneste (ex-UMP "Droite populaire" exclu pour ses déclarations homophobes, désormais président du RPF - à ne pas confondre avec celui de Pasqua - et soutien de Ménard à Béziers) dit des choses assez similaires sur le site DTOM.fr, que l'on peut sans doute classer dans la même catégorie : "Le rattachement de la Crimée à la Russie après référendum serait au moins aussi légitime que l’indépendance du Kosovo. Il faut en finir avec les ingérences et les intégrités territoriales à géométrie variable, en finir avec les émotions autour des effervescences populaires peut-être manipulées, les printemps dont on ne mesure pas les suites. C’est seulement en respectant la Russie que l’Europe peut créer les conditions d’une évolution favorable pour l’Ukraine", "L’Ukraine doit faire le choix d’être un pont entre l’Europe et la Russie plutôt que  de se déchirer intérieurement. Il doit être clair qu’elle ne s’intégrera ni à l’OTAN ni à l’Union Européenne, qu’elle gardera des relations militaires et économiques privilégiées avec la Russie, mais qu’elle devra aussi sous l’autorité de gouvernants plus honnêtes et davantage reconnus au plan international prendre toute sa place de pays européen au potentiel considérable".

    Même la mouvance sioniste radicale (plutôt rattachée à l'atlantisme, en principe) envisage, parfois, qu'un jour l'impérialisme US "lâche" Israël ou ne soit plus un "parrain" fiable, et qu'il faille se chercher une autre puissance tutélaire : la Russie, malgré son long passé (et présent) de soutien aux nationalistes arabes ou encore à l'Iran, est alors la "candidate" qui revient le plus souvent (surtout qu'Israël abrite désormais plus d'un million de personnes d'origine russe, parlant la langue etc.). Cela a ainsi fait l'objet d'un article du très pro-israélien "L'Atlantiste", où il est certes plus question que ce soit la Russie qui "entende où est son véritable camp" contre "l'islam fanatique" ; ou encore d'un billet d'opinion signé Greg Sulin sur le site sioniste JSS News.

    [MàJ] Dans une interview accordée début avril 2015 à l'hebdomadaire d'extrême-droite Rivarol, Jean-Marie Le Pen lui-même apparaît clairement sur cette ligne "euro-russiste" mais pas "eurasiste", avec la Russie pour "sauver l'Europe boréale et le monde blanc" mais très hostile à l'Asie et en particulier à la nouvelle et montante puissance chinoise : "L'Europe boréale intègre les Slaves, mais aussi la Sibérie dont je crains que les Russes ne puissent la garder seuls", ce qui est une allusion claire aux visées de Pékin (avec déjà l'infiltration économique de milliers d'entrepreneurs) sur cet immense territoire très éloigné de Moscou. Il fait même preuve d'une hostilité à l'immigration chinoise en Hexagone ("Il y a un million de Chinois en France ; ce sont des gens intelligents, actifs, discrets mais néanmoins puissants et redoutables") peu classique dans son propre camp politique, qui tend plutôt (généralement) à présenter les Asiatiques comme des "modèles d'intégration" qui ne "posent pas de problèmes" (par opposition aux "musulmans", "Arabes", "Africains" etc.).

    - Les "souverainistes" ont diverses tendances : Pasqua, Le Pen et le FN, le Parti de la France (PdF) de Carl Lang, le MNR ou De Villiers. On peut encore citer l'Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau, où encore la mouvance souverainiste du très droitier Nicolas Dupont-Aignan, le très confusionnistes Comité Valmy avec lequel fricotent le PR'c'F, le "Front syndical de classe" ou encore les "orthodoxes" du P'c'F, etc.

    Certaines tendances ont des penchants "occidentalistes/atlantistes" (De Villiers notamment, mais aussi MNR) et/ou sont clairement ancrées à droite (les villiéristes clament même "les Jeunes populaires [de l'UMP] se disent révolutionnaires, pas nous !") ; d'autre sont de tendance plutôt "eurasiste" voire "tiers-mondiste", farouchement anti-américaine (comme Le Pen lui-même depuis les années 1990, après avoir été "reaganien" dans les années 80) et, assez souvent, se veulent "ni droite ni gauche" et (au contraire) ouverts aux "patriotes de gauche" et autres "résistants au Nouvel Ordre mondial" : "Debout la République" (Dupont-Aignan), UPR, Comité Valmy, mouvance Soral bien sûr, Cercle des Volontaires (issu de la ridicule caricature 'française' des Indignad@s ibériques), bref toute cette mouvance-là. Avec les "eurasistes" et/ou "tiers-mondistes" ci-dessous, cette dernière tendance est celle qui entretient le plus le confusionnisme dans nos rangs populaires-révolutionnaires ; celle qui exige de nous, sur toutes les grandes questions hexagonales et internationales faisant l'actualité, la plus grande clarté idéologique.

    La mouvance Œuvre française/Jeunesses nationalistes (Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac), qui fait partie de l'UDN avec le MNR, la NDP, le PdF, le Renouveau français (national-catholique) etc., est peut-être classable dans cette catégorie ; il faut dire qu'elle est globalement sur la ligne du "nationalisme intégral" de Maurras. Elle se veut autant "antimarxiste", "antisioniste" (antisémite, "contre le judaïsme politique"), anti-UE (bien sûr, mais tout en entretenant des relations avec d'autres groupes fascistes européens) et anti-américaine qu'anti-islam (ici devant un projet de mosquée à Beauvais, avec Thomas Joly du PdF). C'est en quelque sorte le "nationalisme pur et dur" : tout ce qui "vient de l'extérieur" est "l'anti-France", une agression (présente ou potentielle) contre la "Nation". On peut y voir une "bonne synthèse" des différentes tendances ; mais aussi un concept assez vieillot, dépassé et peu moderne : fondée en 1968, c'est en fait la plus vieille organisation d'extrême-droite encore en activité en Hexagone. Sa "matrice" idéologique est antérieure à la Nouvelle Droite, au Club de l'Horloge et autres think tanks qui ont renouvelé la pensée réactionnaire ultra. Elle se revendique ouvertement de Pétain et de la collaboration, donc d'une période peu glorieuse de l'histoire hexagonale, ce qui n'aide pas forcément à se développer largement dans les masses.

    - Enfin, les "eurasistes" ou "tiers-mondistes" sont représentés par des groupes "nationalistes révolutionnaires" plus ou moins liés au national-bolchévisme russe, dont la tête de file est Christian Bouchet, par les "nationalistes (pseudo)anti-impérialistes" de la mouvance Soral et les "conspirationnistes" de type Thierry Meyssan (agent propagandiste déclaré du régime poutinien et de ses alliés syriens, iraniens etc., défendant ces alliances contrairement aux russophiles "européistes" qui les déplorent). Ou encore le Parti solidaire français de Thomas Werlet, proche de Kemi Seba et de la "liste antisioniste". Ces groupes se rattachent, parfois, à la fondation  Eurasia du national-bolchévik russe Alexandre Douguine, éminence grise du Kremlin et représentant de la bourgeoisie monopoliste russe la plus agressive. D'autres (beaucoup) se revendiquent de l'avocat "militant" et "anti-impérialiste" Jacques Vergès (qui, plus qu'un anti-impérialiste révolutionnaire ou même qu'un fasciste "tiers-mondiste", était d'abord et avant tout un agent international de l'État algérien auquel il est lié depuis la guerre d'indépendance ; c'est ainsi qu'il a pu défendre pendant 30 ans - jusqu'à sa mort en 2013, très certainement sur la demande d'Alger, le communiste libanais Georges Ibrahim Abdallah, arrêté en 1984 avec un passeport algérien ; et Klaus Barbie en 1987 à la demande de François Genoud, banquier suisse nazi reconverti dans le soutien aux nationalismes arabes et notamment au FLN).

    L'"eurasisme" est généralement (et farouchement) rejeté par les "euro-russistes" qui déplorent justement les alliances asiatiques et "islamistes" (chiites) de la Russie actuelle, l'exhortant à "retrouver son identité profondément européenne" et prophétisant sa (très possible au demeurant) rupture géopolitique avec la Chine (devant les ambitions chinoises en Extrême-Orient) et l'Islam (devant la "menace" que représenteraient les 20% des musulmans de la Fédération) : "si l'on gratte le Russe, on trouve un Varègue ou un Slave mais jamais un Tatar", clament-ils.

    Il est important de souligner quelque chose ici : ces eurasistes/"tiers-mondistes" et plus largement ces partisans d'un alignement impérialiste sur la Russie (et d'une défense systématique de ses positions internationales) sont effectivement des "révolutionnaires" au sens où ils prônent pour l'impérialisme français un sérieux virage géopolitique. Il est donc LOGIQUE QU'ILS FASSENT DU BRUIT... De fait, sur la Toile, la très grande majorité des sites qualifiables de fascistes sont sur une telle position, soit eurasiste/"anti-impérialiste" pure et dure soit "euro-russiste", souvent agrémentée de ce que les antifascistes ont pris l'habitude de qualifier de "conspirationnisme" (le "Nouvel Ordre Mondial", "les (américano ou pas)-sionistes qui contrôlent tout" et "les élites européennes mondialistes à leur botte", le 11 Septembre "coup monté" etc. etc.).

    POURTANT, nous connaissons tou-te-s dans notre entourage (au moins) une personne dont les idées sont sans ambigüité aucune qualifiable d'extrême-droite, de lepéniste... et nous savons tout-e-s (dès lors) que cela n'est JAMAIS SYNONYME AUTOMATIQUE d'adoration pour la Russie de Poutine et encore moins pour l'Iran, le Hezbollah ou Chavez. Ils/elles sont favorables, en politique intérieure, à une sérieuse "reprise en main" contre "toute cette racaille", "ces Arabes" (pour en rester au terme "poli"), "ces islamistes", "ces assisté-e-s", "ces syndicalistes" etc. etc. mais en politique étrangère ils/elles sont bel et bien sur de très classiques positions de "défense de l'Occident". Entre Israël et "ces Arabes", leur choix est très vite et définitivement fait. Il leur arrive, plus qu'à leur tour, d'être favorables à une intervention militaire tricolore voire même à une intervention US (contre un quelconque "dictateur tiers-mondiste") à laquelle la France ne participerait pas (comme en Irak) - et de ne pas bien comprendre lorsque le FN, comme cela a été presque systématiquement le cas ces 20 dernières années, s'y oppose (mais ce n'est pas grave : cela ne les empêchera pas de voter encore FN la prochaine fois). Quant à Dieudonné, il reste pour nombre d'entre eux/elles un "con de nègre". Il y a fort à parier, en réalité, qu'une très grande MAJORITÉ SILENCIEUSE du "peuple d'extrême-droite" pense ainsi... Mais elle ne passe pas sa vie à le publier quotidiennement sur Internet. À quoi bon d'ailleurs, lorsque l'on voit que le site "L'Atlantiste" (dont nous avons parlé plus haut) ne fait finalement que dire... ce que tous les grands médias disent et répètent déjà à longueur de journée (la "valeur ajoutée" se limitant alors à deux ou trois tirades racistes, islamophobes ou homophobes) ?

    Si l'on tire (donc) un bilan d'ensemble de ce qui précède, on s'aperçoit que la ligne "néocon atlantiste" a une audience plutôt confidentielle, hormis sur des thèmes comme le racisme "civilisationnel" anti-musulman. Elle implique en effet la soumission à une super-puissance (les USA), thème peu mobilisateur dans les masses.

    En revanche, un "cocktail" d'"euro-souverainisme" (Europe des nations) à tendance "occidentaliste" (anti-islam, anti-Chine etc) est envisageable et c'est ce qui est en train de se dessiner, avec le rapprochement villiéristes-identitaires par exemple.

    De même, le "nationalisme intégral" peut être mobilisateur, mais peu réalisable en pratique (d'où la division des souverainistes), tandis que l'eurasisme souffre du même handicap que l'atlantisme (soumission aux intérêts russes, en plus de son "tiers-mondisme" mal compris des "petits blancs" racistes). Mais un cocktail de nationalisme anti-américain et de causes "tiers-mondistes" mobilisatrices comme la cause palestinienne (ou le rejet de la guerre en Afghanistan) peut rencontrer un certain écho dans les classes populaires et moyennes.

    Dans tous les cas, la compréhension de ces différentes tendances est indispensable, tout simplement pour éviter de tomber dans les bras de l'une en combattant l'autre !

    Nombre de camarades (à peu près tous les communistes) se sont en effet jetés dans les bras des "nationalistes souverainistes" par anti-européisme (contre l'Europe capitaliste de Bruxelles), ou des "eurasistes/tiers-mondistes" par anti-américanisme... Et d'autres, par anti-nationalisme, tombent dans l'européisme voire le pro-américanisme (PCMLM) !

    La position communiste doit être claire : quelle que soit son "orientation stratégique", un seul ennemi : l'impérialisme capitaliste, UN SEUL CAMP : LE CAMP DU PEUPLE !!!

    En complément, intervention postée sur le FUC* :


    Eurasisme, nationalisme révolutionnaire : la lutte de ligne dans le fascisme reflet de la lutte de ligne dans l'impérialisme français.

    Lien très instructif sur le courant fasciste "eurasiste", qui s'inscrit dans la lignée du nationalisme-révolutionnaire du belge Thiriart : http://alexandrelatsa.blogspot.com/ 2009/09/ itv-christian-bouchet.html (copier-coller, pas de lien direct vers les sites fafs).

    Il s'agit d'une interview de Christian Bouchet, militant fasciste NR depuis 1969 et proche du Front National, sur un site lié à l'extrême-droite russe (Mouvement Eurasien d'Alexandre Douguine).

    Plusieurs passages sont instructifs à différents titres. D'abord celui-ci : "On peut donc se demander pourquoi j’ai persisté… C’est tout simplement parce que si je ne croyais pas à la réussite organisationnelle, j’étais en revanche convaincu – et je le suis toujours – par la justesse des idées et par leur influence possible." C'est extrêmement révélateur de la stratégie moderne du fascisme, particulièrement en France où diverses raisons historiques font obstacle à une coalition droite/extrême-droite, comme c'est le cas dans beaucoup de pays d'Europe (même un FN ultra-relooké et à 25% aurait du mal à surmonter cela, sinon à niveau très local) : les mouvements fascistes ne visent pas la prise du pouvoir, la "marche sur Rome", mais la CONTAMINATION de l'espace politique bourgeois, de la droite conservatrice (Raoult,  Delvalle...) à la gauche (Manuel Valls) et la gauche de la gauche (Gérin, profs trotskistes à l'origine de "l'affaire du voile" etc.). Ils ne se pensent pas comme des partis de gouvernement mais comme des think tanks, cherchant à faire reprendre leurs idées par les partis "traditionnels" (même si ils feignent ensuite de s'en plaindre, pour rester "anti-système"). Rares sont cependant ceux qui, comme Christian Bouchet, osent l'avouer.

    La suite est un développement des thèses "eurasistes" qu'il est important de bien cerner, surtout pour leur apparence "anti-impérialiste" qui peut berner de nombreux militants révolutionnaires/progressistes sincères.

    La base de tout, c'est de bien comprendre que l'impérialisme français est, depuis 1945, un impérialisme affaibli, ravalé à une puissance de second rang. Par conséquent, une lutte de lignes s'est développée au sein de la bourgeoisie impérialiste. L'une considère qu'il n'y a de salut que dans un partenariat "solide" et "loyal" avec les États-Unis, première puissance impérialiste mondiale, phare de la "démocratie" (bourgeoise) et de la "liberté" (d'exploiter).

    L'autre en revanche, rendue possible dès la fin des années 50 par l'abandon du socialisme en URSS, considère que c'est la vassalisation assurée et qu'il faut s'opposer par tous les moyens à l'hégémonie US, quitte à se tourner vers l'Est, la Russie, la Chine, les pays arabo-musulmans (en condamnant Israël) etc.

    La première a évidemment dominé jusqu'à la fin des années 50, l'URSS passant encore pour le "péril rouge". Puis sous De Gaulle et ses successeurs, dans les années 60-70, c'est la seconde qui a dominé. La première est revenue en force dans les années 80, dans l'union sacrée contre le social-impérialisme moribond, mais dès la super-puissance soviétique liquidée, le jeu des puissances a repris son cours et la France et les États-Unis se sont brutalements opposés, en Afrique (6 millions de morts, dont 1 million de rwandais) ou sur l'Irak (c'est la possibilité d'une levée des sanctions, au pétro-bénéfice de la France, l'Allemagne et la Russie, qui a probablement poussé les US à en "finir" avec Saddam... mais personne ne l'a vu à l'époque). Mais depuis 2005-2006, et surtout 2007 (avec Sarkozy, et Merkel en Allemagne) on observe à nouveau une inflexion atlantiste de la politique impérialiste hexagonale. C'est que le réveil de la Russie et l'émergence de la Chine, la formation d'un axe Iran-Syrie-Hezbollah-Hamas etc., ont conduit à un resserrement des liens transatlantiques.

    En tout cas, ce qui est sûr, c'est que chacune de ces lignes impérialistes a "son" fascisme, le fascisme  étant l'instrument de mobilisation de masse au service de l'impérialisme.

    Les atlantistes ont les "néo-cons" à la française, les disciples tricolores de Samuel Huntington, du choc des civilisations, de l'islamophobie maquillée en "laïcité", de la défense fanatique d'Israël "rempart de la civilisation occidentale" (Guy MillièreMichel Garroté de Dreuz.info etc.).

    Les partisans de l'opposition aux US, eux, ont les "eurasistes" comme Bouchet et les "anti-impérialistes" (impérialisme US exclusivement) et "anti-sionistes" (en fait nationalistes et antisémites) à la Soral et Meyssan.

    Bouchet attaque d'ailleurs très durement les Identitaires, accusés d'ultra-régionalisme et de soutenir les Serbes du Kosovo par pure islamophobie et non par "anti-impérialisme"... Normal, puisque le programme des Zids s'inscrit totalement dans celui de l'Europe "occidentale et chrétienne" des "identités régionales", et dans le discours dominant islamophobe quitte à être quasiment pro-sioniste. Inutile d'imaginer ce qu'il pense de De Villiers, dont la dernière - pitoyable - campagne a été financée par Libertas de l'irlando-américain Ganley, officine de l'impérialisme US pour dynamiter le projet impérialiste européen ; et qui a fini par rejoindre l'UMP.

    Les communistes, et tous les révolutionnaires et progressistes authentiques, doivent donc être extrêmement vigilants. Le seul salut contre les chausse-trappes réside dans l'analyse matérialiste, scientifique des situations, dans le combat contre TOUS les impérialismes et contre l'impérialisme français QUEL QUE SOIT son "penchant", atlantiste ou anti-US, du moment.

    Car on peut se demander, si la ligne dominante actuelle est à l'atlantisme, où est le danger de ces "NR"... Le danger, c'est qu'ils infiltrent le camp anti-impérialiste révolutionnaire authentique, et le contaminent, le déboussolent et servent ainsi objectivement le courant dominant. Et ensuite, si le courant qu'ils représentent redevient dominant, ils entraîneront des milliers de militants sincères dans le marécage du soutien à l'impérialisme français. Ce n'est pas à l'ordre du jour pour le moment, mais dans la première moitié de la décennie, on a vu des communistes et des anti-impérialistes applaudir le "résistant" Chirac, le "martyr" Saddam (bureaucrate-comprador boucher des communistes et de son Peuple) et le torchon complotiste antisémite de Meyssan.

    L'autre danger concerne l'antifascisme. Car bien sûr, le courant fasciste qui n'est pas dominant paraît plus agressif, plus nocif que le dominant, qui a pris les apparences de l'institutionnalité bourgeoise... C'est ainsi que les "antifascistes" du forum A"a", complètement focalisés sur les NR, Soral et les antisémites pseudo-antisionistes, en viennent à se faire la caisse de résonnance des arguments des néo-cons à la française, vont jusqu'à citer l'ultra-réactionnaire Taguieff, etc.

    Bref, face à ces pièges symptomatiques de notre époque, la clarté a toujours été et doit rester l'arme suprême des communistes.

    Il y a pourtant un moyen très simple de démasquer le fasciste : quelle que soit la "ligne internationale", il suffit... de parler de politique intérieure. Immigration, sans papiers, révoltes populaires des banlieues ou encore lutte de libération basque, corse etc. : à ces mots le fasciste tombe systématiquement le masque.

    [* à noter que l'auteur de ces lignes a été (en mai 2011) EXCLU (comme "ni-ni trotsko-maoïste") du FUC en question... JUSTEMENT pour avoir refusé de tomber dans un des pièges "NR" ci-dessus exposés, celui d'un soutien IDÉOLOGIQUE aux régimes clanico-mafieux, antipopulaires et criminels de Kadhafi et Assad. CQFD !] 


    Classification des fascismes


    Voici une ébauche de classification des phénomènes fascistes, publié il y a un an (fin 2008) sur le FUC (un peu retouchée...) :

    "Tout d'abord, rappelons la définition du fascisme donnée par Georgi Dimitrov, adoptée par l'IC :

    - idéologie de mobilisation de masse autour d'un projet impérialiste-monopoliste, de guerre et de contre-révolution préventive

    - dictature terroriste ouverte de la frange la plus réactionnaire de la bourgeoisie impérialiste-monopoliste (ou compradore dans les pays dominés, Dimitrov n'ayant pas pu historiquement analyser ce cas de figure).

    Il est à distinguer absolument de la dictature réactionnaire classique, les critères étant le caractère de masse et le modernisme (ainsi les thèses de Milton Friedman ne furent mises en application en premier ni par Reagan, ni par Thatcher mais par Pinochet ; de même Franco a considérablement modernisé l'économie espagnole, à partir de 1957, avec les "technocrates" liés à l'Opus Dei).

    Il n'est pas non plus une expression de classe de la petite-bourgeoisie (qui ne peut développer durablement une idéologie autonome), ni un bonapartisme appuyé sur celle-ci (à la rigueur on peut voir le bonapartisme comme un ancêtre, surtout le Second Empire).

    Cela dit, ces appréciations erronées ne sont pas spécifiquement trotskistes : c'était la position majoritaire des communistes au début du fascisme, dans les années 1920 (Clara Zetkin, Gramsci etc.). Ce n'est que dans la décennie suivante qu'une appréciation juste sera élaborée (et rejetée par les trotskistes).

    Le fascisme est idéologiquement un bric-à-brac où l'on met en vitrine ce qui "marche", ainsi le racisme et l'antisémitisme ne sont pas systématiques. En revanche, il a pour constante l'anticommunisme (puisque la contre-révolution est l'un de ses principaux buts) et le nationalisme - comme négation des contradictions de classe.

    Partant de là, j'ai distingué 4 "grandes" catégories de fascisme.

    - le fascisme comprador : dans un pays dominé ("provinces d'Empire"), face à une menace révolutionnaire intérieure et/ou une menace impérialiste extérieure. Pas toujours évident à distinguer de la dictature réactionnaire classique (ex. de DRC : les Somoza au Nicaragua). De bons exemples aujourd'hui seraient la Turquie militariste, la Colombie d'Uribe, l'on peut également classer dans cette catégorie Israël (avant-poste US au Proche Orient). Dans le passé : Pinochet au Chili, Mobutu au Zaïre, Suharto en Indonésie.

    - le fascisme "modernisateur" : au service d'un capital monopoliste en gestation, contre les résistances de classe (neutralisées ou écrasées). Exemples types : Italie fasciste, Japon militariste des années 1920-30.

    D'autres expériences, pourtant épargnées par la guerre, furent de semi-échecs : Espagne ou encore Portugal n'ont pas suffisamment modernisé leur capitalisme (cela n'a même de toute façon jamais été le but au Portugal, où il s'agissait uniquement de "contenir" les poussées révolutionnaires et de "gérer" le capitalisme pour le compte du "parrain" anglais). Trop dépendants des capitaux étrangers ("pompe à capitaux" du tourisme industriel), trop complaisants avec les secteurs féodaux "freins" au monopolisme (grands propriétaires terriens, Église)... De fait le stade monopoliste ne sera vraiment atteint, dans l’État espagnol, qu'après la "transition démocratique" (années 1975-95) et grâce aux dynamiques capitalismes basque et catalan (dont il faut à tout prix empêcher les velléités indépendantistes... ce qui pourrait bien ramener un jour une forme de gouvernement autoritaire !). Le Portugal en revanche est resté un pays dominé/dépendant, passant simplement de son statut d'annexe/relais britannique à celui de "condominium" ouest-européen.

    D'autres enfin ont complétement échoué dans leur projet monopoliste (de "rendre" leur pays impérialiste) : kémalisme turc, péronisme argentin, gétulisme brésilien etc. - capitalismes trop faibles et dépendants, ces pays sont restés dominés par l'impérialisme.

    - le fascisme "régénérateur" : puissance impérialiste vaincue ou humiliée, souvent confrontée à une grave agitation intérieure, qui tente de relever la tête et de retrouver son "rang". Exemples : Allemagne nazie, Russie actuelle. Le facteur "humiliation" a également joué en Italie et en Turquie kémaliste mais ce n'étaient pas de grandes puissances impérialistes (pays arriérés, semi-féodaux).

    - enfin, le fascisme "de déclin" : impérialisme en crise terminale, menacé de l'extérieur (anti-impérialisme et impérialismes rivaux) et de l'intérieur (révolution). C'est le plus actuel et le plus dangereux pour nous, puisqu'il s'agit de la "fascisation rampante" de nos sociétés occidentales (et de la société japonaise).

    [Cas du pétainisme : en 1940 la bourgeoisie impérialiste vaincue veut "redresser la nation" en partenariat avec l'Allemagne, dans un "nouvel ordre européen". Mais à mesure que les intentions d'Hitler (vassaliser la France) et sa défaite se précisent, elle lâche Vichy et rallie la fraction gaulliste/"française libre", restée fidèle à l'alliance britannique et au vernis parlementaire/"républicain". Sur ce point, voici une phrase de Céline claire comme de l'eau de roche : « Si demain Hitler me faisait des approches avec ses petites moustaches, je râlerais comme aujourd'hui sous les juifs. Mais si Hitler me disait : "Ferdinand ! c'est le grand partage ! On partage tout !", il serait mon pote ! »]


    Quelques mots encore sur le fascisme, afin de résoudre les nombreuses interrogations sur le phénomène. Beaucoup s'interrogent, en effet, sur comment faut-il qualifier l'Espagne de Franco, la Hongrie de Horty etc., sur les différences entre le fascisme italien et le nazisme...

    La réponse est à chercher dans la théorie de l'ancien et du nouveau.

    C'est une théorie marxiste-léniniste-maoïste qui consiste simplement à considérer que tout est progressif, rien ne tombe du ciel et rien ne disparaît en claquant des doigts. Le nouveau est toujours en germe dans l'ancien, et il reste toujours de l'ancien dans le nouveau.

    Ainsi, on ne passe pas du capitalisme pré-monopoliste au capitalisme monopoliste du jour au lendemain, c'est un processus, inégalement avancé selon les pays.

    La dictature réactionnaire classique correspond au stade pré-monopoliste. Lorsque émerge un mouvement autonome du prolétariat, la bourgeoisie s'allie aux vieilles classes féodales déchues, clergé, noblesse terrienne et militaire, paysannerie riche, pour le contrer et assurer sa domination.

    Le fascisme, lui, appartient au stade monopoliste. Les classes moyennes prises entre les monopoles et le prolétariat "sécrètent" de l'idéologie "sociale-réactionnaire". La bourgeoisie monopoliste s'empare de cette idéologie pour son caractère mobilisateur de masse et farouchement anti-révolutionnaire, et la plie à ses intérêts (en liquidant les courants trop "socialisants").

    Mais l'un comme l'autre existent rarement à l'état pur. Selon le degré de développement du capitalisme dans le pays considéré, on trouve des éléments de dictature réactionnaire classique dans le fascisme : Italie (surtout dans le Sud arriéré), Japon ; ou au contraire des éléments de fascisme dans une dictature réactionnaire classique : Espagne franquiste, Hongrie hortyste, Pinochet, Salazar...

    L'ancien est dans le nouveau, le nouveau dans l'ancien.

    Dans les pays dominés/dépendants, le fascisme à l'état pur, qui correspond à un pays monopoliste, est incompatible avec le statut de dépendance. C'est pourquoi il échoue, comme par exemple le péronisme.

    Le fascisme comprador comporte toujours des éléments de dictature réactionnaire classique, notamment en défendant la grande propriété terrienne.

     


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