• Le problème avec la Palestine...


    Le problème avec la Palestine... ... c'est que certains ultra-sionistes ici comme là-bas sont assimilables à des fascistes (portant parfois des t-shirts caractéristiques des fascistes européens), que d'après les militants progressistes, anticolonialistes et anti-apartheid locaux les choses se tendent de plus en plus au niveau de la droite radicale (comme c'est d'ailleurs le cas en Europe), que les actes d'une extrême brutalité de l’État et des colons d'Israël contre les Palestiniens peuvent être qualifiés de "fascistes" au sens de "violemment réactionnaire contre les masses populaires", mais que le problème ne se réduit pas à cela.

    Le problème avec la Palestine, comme nous l'avons déjà dit, c'est d'être un modèle réduit, sur la superficie de l'Auvergne ou de la Bretagne, du monde impérialiste dans lequel nous vivons ; un territoire où l'Occidental "blanc" voisine tout simplement avec le "sauvage" impérialisé (qui se trouve normalement, pour un "Français" par exemple, à des milliers de kilomètres) et "doit" le tenir en respect en permanence à coup de murs en béton, de checkpoints et de bombes.

    Le problème avec la Palestine c'est que les Palestiniens ne sont principalement pas opprimés au nom d'une idéologie fasciste, mais tout simplement au nom de la meilleure conscience occidentale qui soit.

    Le problème avec la Palestine, c'est que questionner à fond la situation (ne pas en rester "à la surface", à la condamnation "humaniste" etc.) amène donc à questionner non pas ce phénomène très particulier, aux conditions très particulières qu'est le fascisme mais bien le centre légitime des idéologies capitalistes-impérialistes occidentales qui, dans lesdites conditions, engendre le fascisme, mais qui en dehors de ces conditions existe et régit la planète au quotidien. En un mot : questionner à fond la situation palestinienne amène à questionner des idées (et leurs traductions en actes) de nature SYSTÉMIQUE.

    Israël se targue d'être... et EST EFFECTIVEMENT, pour ses habitants reconnus comme juifs, une "démocratie" libérale bourgeoise, la seule du Proche-Orient, où l'on vote librement pour ses représentants au Parlement (Knesset) etc. etc., bref une république parlementaire capitaliste tout à fait similaire à celles d'Europe (avec même des aspects sociaux-démocrates) ; mais ceci a pour condition... que les Palestiniens, vivant à quelques kilomètres de là, soient privés des droits démocratiques les plus élémentaires comme celui de vivre et décider souverainement dans leur pays, celui de circuler librement et sans encombres ou encore celui de ne pas vivre dans la peur quotidienne d'une balle perdue ou d'un missile sur le coin de la tronche lors d'un "raid" contre les "terroristes" qui résistent à ce qui précède. Questionner la situation en Palestine c'est donc questionner le visage "démocratique", "libéral" et "bien-pensant" de l'impérialisme et non son visage fasciste, assumant ouvertement la barbarie comme pouvaient le faire l'Allemagne nazie en Europe ou le Japon impérial en Asie dans les années 1930-40.

    Le problème que pose Israël est PRÉCISÉMENT d'être cette "seule démocratie libérale à l'occidentale" du Proche-Orient", car si Israël était un strict régime fasciste les choses seraient beaucoup plus simples : nous nous dirions simplement "encore un régime fasciste"... Lorsque le sang coule en Syrie ou en Libye, en Turquie ou en Birmanie, cela ne soulève pas des débats aussi acharnés car il est évident pour tout le monde que ce sont des régimes fascistes, despotiques, qui se comportent comme tels. Mais Israël, en étant la "seule démocratie parlementaire de la région", nous montre que la démocratie occidentale est en réalité une démocratie grecque (tel que pouvait déjà l'entrevoir Lénine en 1916) : il y a les citoyens qui jouissent de la démocratie (plus ou moins selon leur rang social...) et il y a les "autres", les "hilotes", auxquels (comme au bon vieux temps de Sparte) la "chasse" est de temps en temps ouverte pour une "raison" ou une autre (Irak, Afghanistan, Côte d'Ivoire, Libye, Mali etc.). Et dans le cas d'Israël, où le "hilote" est le voisin et non situé à des milliers de kilomètres (comme dans le cas de la "cité grecque" France), celui-ci se voit appliquer en permanence des méthodes... fascistes, aux portes mêmes de la seule-démocratie-occidentale-du-Proche-Orient.

    Montrer que la "démocratie" libérale occidentale n'est pas différente en nature du fascisme, voilà en définitive le problème existentiel que nous pose Israël et la source de tous les débats qu'il suscite, ce qu'il montre au monde entier et qu'il est si difficile de regarder en face et d'admettre. Le fascisme consiste, en dernière analyse, ni plus ni moins qu'à appliquer (pour les besoins du capitalisme) dans son propre pays les méthodes que la "démocratie" capitaliste applique au loin, chez les autres, de préférence en dehors du "monde civilisé" (sauf que pour Israël les autres sont ses voisins, la frontière du "monde civilisé" étant sa propre frontière avec les territoires palestiniens) ; ou qu'elle y fait appliquer... par des régimes fascistes comme le sont les régimes arabes entourant Israël. Et le nazisme, comme le disait très justement Césaire, n'a jamais consisté en dernière analyse qu'à transposer au cœur du "monde civilisé" (en Europe) les méthodes jusque-là réservées à l'au-delà-des-mers colonial. Mais le crime en soi (toujours Césaire) n'est pas différent, on ne souffre ni ne meurt pas "plus" ou "moins", on n'est pas "plus" ou "moins" "nettoyé" du lieu où l'on vit ou carrément exterminé selon que l'on est la victime intérieure d'un régime fasciste ou la victime extérieure (fut-ce "aux portes") d'une "démocratie" occidentale impérialiste et/ou colonialiste (dont les citoyens intérieurs, eux, vivent "bien" et "heureux" sur le dos de l'oppression quotidienne "ailleurs"). Voilà ce que révèle la problématique israélo-palestinienne et qui est si insupportable aux yeux de beaucoup de personnes.

    e3759ca98ce339adb7650fae3e10e9f0Il est également possible de dire ("petite" digression) que la Palestine met à l'épreuve notre capacité occidentale à nous solidariser de celui qui ne nous ressemble pas (le Palestinien, en particulier partisan du Hamas), contre celui qui au contraire nous ressemble (la république bourgeoise israélienne). Dans les films sur la Seconde Guerre mondiale (très éloignés, il va de soi, de la réalité), le nazi est une espèce de grand Terminator blond aux yeux bleus, une machine à tuer dénuée de tout sentiment humain qui ne s'exprime qu'en criant et "a les moyens de vous faire parler", tandis que ses victimes (Juifs ou personnes des pays occupés) sont dépeintes de manière à ce que le spectateur puisse s'identifier à elles : des personnes de classe moyenne, cultivées, aimant la musique et la littérature, riant avec leurs enfants, jouant avec leur chien etc. etc. (jamais pauvres, sales, illettrées et religieuses ou communistes comme l'étaient pourtant la plupart des victimes du nazisme). L'objectif est évidemment (et on peut le comprendre) que les gens ne s'identifient pas aux nazis mais à leurs victimes. Lorsque, dans l'actualité, des Russes ou autres Slaves sont de la partie (comme en Ukraine), les perceptions formatées issues des films de la Guerre froide vont également venir gêner l'identification à eux, quand bien même ils seraient les victimes de l'affaire. Mais enfin ils sont blancs, européens... Lorsqu'en revanche la Palestine apparaît au JT du soir, il est évident que l'identification spontanée du téléspectateur va aller aux Israéliens avec leur mode de vie occidental, leur "liberté" etc. Le Palestinien, lui, appartient à un autre monde : il "grouille" dans ses rues poussiéreuses où il promène ses morts en cortège, il vocifère dans un arabe guttural en brandissant (souvent) des armes, il est souvent barbu et la femme qui l'accompagne voilée des pieds à la tête, etc. etc. Il est clairement victime d'une injustice, mais s'identifier à lui demande un grand effort. Cela demande et met à l'ordre du jour, en fait, de briser d'énormes "carcans mentaux" de formatage idéologique, de faire triompher le bon sens gramscien sur le sens commun ; ce qui recèle un danger mortel pour l'ordre capitaliste-impérialiste dans lequel nous vivons et que celui-ci, par conséquent, cherche à tout prix à empêcher.

    C'est peut-être cet effort que tentent de contourner les comparaisons fréquentes (et inappropriées) entre Israël et l'Allemagne nazie, Gaza et le ghetto de Varsovie etc. (on pense notamment aux dessins du brésilien Carlos Latuff) : plutôt que de lutter contre ce "blocage" culturel à l'identification, on va tenter de l'éluder en plaquant artificiellement les figures cinématographiques du bourreau et de la victime de la Seconde Guerre mondiale sur la réalité (sauf que cela éloigne de la juste compréhension de celle-ci...). On a besoin, là encore, d'un soldat israélien habillé en SS et d'un Palestinien habillé en Juif des ghettos de Pologne ("oubliant" que ceux-ci ont aussi résisté les armes à la main) pour assumer la solidarité avec ce dernier, plutôt que d'assumer simplement la solidarité avec un Arabe armé qui résiste au colonialisme d'une république bourgeoise occidentale tout à fait semblable à la nôtre. Évidemment, le premier parallèle venant à l'esprit d'un colonisé intérieur en Hexagone (surtout d'origine maghrébine) serait plutôt de comparer le Palestinien à un combattant algérien de la guerre de libération, référence de SON champ politique... Mais référence beaucoup moins "porteuse" auprès de l'opinion "blanche" ! Nous ne nous attarderons pas sur ceux qui, plutôt que de l'éluder, nieront ce nécessaire effort d'identification en se cachant de toutes les manières "progressistes", "marxistes" ou "anarchistes" imaginables derrière le rejet de "l'obscurantisme religieux/féodal" ou derrière la "classe ouvrière porteuse des valeurs de progrès" (sachant pertinemment que la classe ouvrière telle qu'ils la conçoivent n'existe pratiquement pas dans un pays comme la Palestine).

    Le problème avec la Palestine, particulièrement en "France" (aussi inimaginable que cela puisse paraître, le questionnement est souvent plus libre en... Israël !), c'est que questionner la situation amène inexorablement à mettre à nu des QUESTIONS DE FOND, structurelles, touchant non seulement à un "passé douloureux" (colonialisme, "décolonisation", Algérie etc.) mais aussi à sa continuité dans le présent voire carrément à l'existence même de l'entité "France", puisque cela questionne la manière dont toute classe dominante, avec ses sabreurs, se taille une BASE D'ACCUMULATION GÉOGRAPHIQUE en soumettant et niant les Peuples (force de travail) qui s'y trouvent... Ce que l'État-Empire français, contrairement aux États-Unis (État impérialiste beaucoup plus puissant... où la parole est elle aussi beaucoup plus libre !), ne peut pas se permettre que l'on questionne.

    Le problème avec la Palestine... Le problème avec la Palestine en "France" ce n'est donc ni l'existence d'un "lobby sioniste" qui contrôlerait tout et bâillonnerait la "liberté d'expression", ni (comme le prétendent les anti-antisionistes) "le fait que l'oppresseur soit juif" ce qui "expliquerait la monomanie (sous-entendue "antisémite") de certains", ni même le fait que la mémoire de la Shoah serait un "blocage" pour aborder le problème (la bourgeoisie bleu-blanc-rouge était encore plus ouvertement pro-sioniste dans les années 1950-60, alors que la Shoah n'était pas encore vraiment "individualisée" des autres crimes nazis). Le problème, il est là ; dans ce que nous venons de dire.

    Pour citer un exemple (parmi des milliers), lorsque de soi-disants "antifascistes anarchistes autonomes" comme il y en a des milliers (et malheureusement occitans... comme quoi personne n'est parfait) nous expliquent que "se définir comme étant “antisioniste” c’est donc se définir contre le droit des juifs à habiter ensemble un lieu, en l’occurrence il s’agit d’être contre l’existence d’Israël et de ses habitants", ne nous y trompons pas : c'est, comme jadis les "philosophes" des "Lumières", une "métaphore persane" (en l'occurrence "palestinienne") appuyée sur le sous-entendu infâmant de haine des Juifs qui transparaît de l'affirmation. Mais ils pourraient tout aussi bien dire (et ils le pensent sans doute très fort) que l'affirmation de Peuple occitane ou bretonne ou basque c'est "se définir contre le droit des non-occitans/non-bretons/non-basques à habiter l'Occitanie, la Bretagne ou le Pays Basque" ; ou pourquoi pas (carrément) que l'anticolonialisme c'est/c'était "se définir contre le droit des Blancs à habiter l'Afrique" ; comme s'il s'agissait de cela, comme si le problème était là : le "droit d'habiter" ou non un endroit, et non L'EXPLOITATION et toutes les oppressions qui vont avec par la main d'un système colonial et/ou centraliste !

    Le problème et la "preuve par la Palestine" donc, en somme, c'est qu'il n'y a pas de "complot juif" ni de "gouvernement sioniste mondial" : ce qu'il y a c'est un État colonialiste, Israël, où les colons sont des Juifs, victimes d'un des plus terribles génocides de l'histoire ; et ce fait fournit une excuse morale pour "lâcher" son suprématisme impérialiste occidental blanc. En soutenant Israël, on dit ce que l'on pense d'un "monde qui va bien" : un monde où les "civilisés" ne se laissent pas marcher sur les pieds par les "sauvages" ; mais que l'on n'oserait pas dire aussi ouvertement s'agissant de "civilisés" blancs chrétiens... Raison pour laquelle Israël est finalement plus utile à "gauche" (même "extrême" ou "ultra") que pour la droite radicale décomplexée, qui s'embarrasse moins de ces pudeurs !

    Face à de tels propos, nous pouvons (et c'est tentant) gueuler tous les "connards de pro-sionistes de merde !!!!!" que nous voulons. Il n'en reste pas moins que ces propos ne sont pas le fait de gens "payés par les flics" et encore moins "par le Mossad" ; ils ne sont pas non plus le fait de "l'anarchisme" puisque beaucoup d'anarchistes sont tout à fait conséquents sur ces questions et beaucoup de marxistes (on ne présente plus certains...) ne le sont pas. Ils sont le REFLET (en l'occurrence sous couvert d'"anarchisme" et de "à bas tous les nationalismes") d'une PENSÉE SYSTÉMIQUE. Le problème est dans cette pensée systémique et non dans tel ou tel groupuscule "anarchiste", "trotskyste" ou "maoïste" qui s'en fait l'expression. Cette pensée systémique a pour fonction de défendre l'ordre existant : l'entité "France" comme construction historique du Capital, qu'il peut être question de "dépasser" (dans une "Commune planétaire" ou autre "République universelle des travailleurs"...) mais en aucun cas de déconstruire ; et la suprématie impérialiste occidentale "blanche" sur la planète... autrement dit le grand râtelier auquel bouffent (ou espèrent bouffer) toutes les personnes ayant un certain degré d'inclusion, lesquelles forment malheureusement la majeure partie de l'"extrême-gauche" de régime (nous y reviendrons dans de prochaines publications). C'est cette pensée systémique qui va se combiner avec le sentiment d'une partie des personnes juives (sentiment savamment entretenu par la République bleu-blanc-rouge et par l’État israélien, qui cherche à susciter un exode en sa faveur pour gagner de la force de travail) d'être "au bord d'un nouvel holocauste" pour mobiliser ces personnes comme les plus efficaces des nervis physiques et intellectuels. C'est aussi cette pensée systémique qui, "grâce" aux milliers de personnes qui analysent le problème de travers et au fond historique anti-juif de l'entité "France", produit cet "antisionisme" aux relents antisémites qui va jouer (nous l'avons dit) un rôle d'agent provocateur sur la question.

    C'est cette pensée systémique qui fait que chaque fois que la Palestine revient sur le devant de l'actualité les épithètes infâmants volent... et LES CENSURES S'ABATTENT.

    C'est cette pensée systémique qui hier soir, sans aucun doute suite à un "courageux" signalement, a conduit la page Facebook de Servir le Peuple à disparaître de facto sous le prétexte fallacieux que "vous n'êtes pas une personne mais un groupe ou une communauté, veuillez vous transformer en communauté ou nous vous supprimerons" (cette transformation conduisant à la perte de toutes les publications antérieures, la disparition de tous les commentaires etc. bref l'effacement de tout le travail politique mené depuis des années sur le réseau social).

    Peu importe : un nouveau compte a été ouvert (la page SLP, comme nous venons de le dire, permettant toujours de partager les articles et d'échanger avec ceux qui les commentent mais pas d'intervenir dans des débats externes bref de mener un vrai travail politique comme une page "personnelle"). Pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons cependant (hélas) pas la mettre en lien ici, une première tentative s'étant déjà traduite par un nouveau "courageux" signalement et une nouvelle liquidation.


    LA LUCHA SIGUE !


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